Cela faisait quelques jours qu’Anynduil était passé la voir, mais Lianna avait l’impression que cela faisait des années qu’il était partit, il lui manquait horriblement et elle voulait le voir, maintenant. Un caprice ? Pas vraiment, mais plutôt un cri venant d’un cœur qui se sentait bien seul. Depuis que le village avait appris sa relation avec le bel elfe, elle était encore plus mis à l’écart que jamais, ne servant uniquement que de guérisseuse, la recevant et la payant avec froideur et distance. Oh bien sûr, elle était habitué et était forte, elle se défendait avec son obstination tout en gardant le sourire : son envie de protéger la vie la protégeait de la bassesse humains. Et puis, les enfants l’adoraient toujours malgré les recommandations de leurs parents, alors leurs rires et leurs adorations lui réchauffaient le cœur.

Secouant la tête, Lianna s’habilla et se prépara pour aller dans le marché au village voisin pour y vendre ses potions et acheter des ingrédients qu’elle ne trouvait dans son village. Embrassant ses parents, la jeune enfila rapidement un châle et attrapa son panier avant de partir du village, direction le village d’à côté. Le ciel était bleu, le soleil doux et une brise légère faisait voleter sa longue jupe et ses cheveux, Lianna se sentait bien malgré un léger tiraillement au niveau du cœur dû au manque de son elfe. Elle venait de faire la moitié du chemin quand un bruit d’éclaboussure attira son attention : un homme se baignait dans la Wylorel, surveillé non loin par un loup. Ah ! Tiens d’ailleurs, on l’avait remarqué.

- Oh euh hum e-excusez-moi de vous déranger ainsi, bredouilla-t-elle en rougissant furieusement quand elle le vit à demi-nu et ruisselant d’eau. J-je m’appelle Lianna Engel, je s-suis guérisseuse, hum e-et vous? rajouta-t-elle un peu plus fortement mais toujours rougissante et très gênée par la situation qui était très embarassante.

Il se retourna partiellement, observant du coin de l'oeil cette personne qui l'épiait dans son dos. Aucune menace, aucune violence, aucune aura maléfique n'en émanait, mis quelle importance lorsque l'on ne juge pas les gens sur leur affinité avec le Mal mais sur leur appartenance à une race? Il l'observa de loin, immobile, l'eau atteignant ses genoux et le courant se brisant sur ses jambes. Son regard observa d'abord le contour de sa silhouette, de bas en haut, des pieds jusqu'à la tête. Une surprise, la personne qui l'observait était une femme, une humaine de surcroît, mais il ne fallait pas s'attendre à croiser un Elfe dans l'empire humain, bien que l'endroit convienne parfaitement en terme de beauté. Il se reconcentra sur cette femme, silencieux et scrutant. Elle n'était pas armée, sa tenue n'était pas une armure, la sûreté qu'elle dégageait était bien à l'image de ce qu'elle portait. Il la regarda de loin, au niveau du visage, son teint paraissait étrangement rougissant comparé à la pâleur de sa peau, mais il ne s'attarda pas sur la justifiation de ce détail. Il se retourna pour lui parraître de profil et, d'une voix sombre mais peu farouche, il la questionna.

Qui êtes-vous, que faites-vous ic? Je n'aime ni donner ni recevoir d'humains comme vous s'ils sont motivés par l'avidité ou la cupidité.

Sa phrase était volontairement désagréable, il cherchait à se préserver des humains vaniteux et jugeait qu'il ne devait prendre aucune proximité avec eux pour ne pas risquer d'être trompé dans un proche futur. Dans le fond, il n'avait rien contre cette femme qui l'observait, même le fait qu'elle l'observe alors qu'il se lavait dans le Wylorel ne l'avait pas dérangé car il n'avait aucune pudeur à s'afficher comme ça tout comme un animal n'a aucune honte à faire a toilette devant un humain. Elle lui répondit quelques instants après.

Oh euh hum e-excusez-moi de vous déranger ainsi, j-je m’appelle Lianna Engel, je s-suis guérisseuse, hum e-et vous?

Il avait retenu son prénom, Lianna, encore une personne qui lui confie son identité comme si elle attendait qu'il en fasse de même en retour, mais lui n'accordait plus cette importance que les humains donnent à leur nom car il ne se considérait plus comme dépendant d'une réputation au sein de sa communauté, lui était simplement un ermite dont le nom n'était plus qu'un lointain repère, un lien qui lui rappelait son passé et son exil. Mais il n'avait pas oublié cette valeur qu'est la politesse et savait qu'il n'aurait pas été de bonne augure pour sa morale et sa pacificité de s'attaquer à elle, il se contenta alors de lui répondre.

Je m'appelle Lumen, et je ne suis qu'un ermite qui voyage. Mon destin n'est plus lié à ceux des peuples de ce monde, je ne souhaite qu'être oublié des Hommes. Vous qui semblez voyager dans un but précis, n'espérez pas tirer quoi que ce soit en me fréquentant car je n'ai plus rien pour satisfaire des plaisirs ou ambitions d'humain.

Il la quitta du regard, se dirigeant vers la berge avec un regard neutre, comme pour ne pas parraître trop hautain ou irrespectueux, mais sans pour autant donner l'air sympathique et fréquentable. Etalant sa chemise noire, sa cape et ses bottes sur l'herbe, il s'allongea lentement sur celle-ci et ferma les yeux, savourant les rayons du soleil réchauffant et séchant sa peau. A quelques mètres, le loup d'argent qui n'avait que peu compris l'entretien des deux humanoïdes, contemplait la silhouette gracile debout au loin, sans aucune hostilité, comme s'il avait décelé dans le comportement de son maître une légère affection à son égar...

Lianna se vit envoyer paître mais froidement, comme ça, sans aucune raison valable, et cela la fit voir rouge mais alors rouge. Ulcérée, elle descendit la berge et se planta devant lui, ses mains posées sur ses hanches et fronçant les sourcils, le défiant du haut de son petit mètre 62 et de son poids plume sans soucis apparent.

- Dis donc vous, j’ai été gentille il me semble et je n’attend rien d’autre que vous qu’un peu d’amabilité je vous signale, une simple politesse désintéressée et indifférente, j’aurais poursuivis mon chemin sans aucun soucis, cingla-t-elle, vexée de si peu de considération.

Oh, elle savait sans hésitation qu’elle n’avait aucune chance par rapport à cet homme bien bâti et le loup qui semblait l’accompagner, qu’elle devait faire brin de paille comparé à lui et que sa timidité précédente jouait en sa défaveur mais ce n’était absolument pas une raison pour la balayer d’un revers de la main comme si elle n’était qu’une misérable poussière insignifiante. Tapant du pied pour montrer son agacement et sa colère, elle faisait rire plutôt qu’autre chose tellement elle était frêle et délicate au regard, pas du tout menaçante ni dangereuse.

- Cependant, je suis enchantée de vous avoir rencontrée, messire Lumen, à jamais votre seigneurie, rajouta-t-elle avec ironie avant de ramasser panier et jupons pour faire demi-tour et poursuivre son voyage, ignorant cet individu déplaisant et sans manière, outrée d'aussi peu de galanterie d'un homme qui semblait pourtant en avoir.