Cela devait faire des heures qu'ils avaient repris la route et Eliow se sentait exténué. Oui, exténué. Marcher ainsi de jour était des plus éprouvants pour lui et il peinait même parfois à suivre le rythme. D'autant plus qu'il soupçonnait l'elfe chasseuse de prendre parfois un malin plaisir pour forcer l'allure rien que pour l'accabler plus encore de fatigue. Heureusement dans cette histoire qu'il y avait le chanteur pour calmer les tensions qui montaient si souvent dans le petit groupe, où nul doute qu'il y aurait déjà eu un pugilat depuis longue date. Bon certainement Eliow aurait-il tenté de se retenir tout de même, ne serait-ce que pour prouver aux autres, à ces mortels qui pourtant chuchotaient, murmuraient des paroles parfois abjectes sur leur passage quand ils ne barricadaient pas portes et fenêtres avant même que l'équipée n'arrive à leur hauteur, que son peuple n'était pas si sauvage que cela et savait aussi se comporter civilement en certaines circonstances. Quand on ne l'affamait pas. Et quand on ne le traquait pas outre mesure non plus...

Il avait après tout sa dignité et était déterminé à l'exhiber aussi longtemps qu'il le pourrait. Malgré les regards haineux. Malgré l'effroi qu'il sentait courir au devant de lui sur le sentier. La rumeur de leur étrange groupe sillonnant les routes d'Armanda en quête du dernier oeuf avait effectivement couru plus vite qu'eux et ils n'étaient pas même arrivés dans un village que déjà une cohue semblait prête à les accueillir. Pas forcément chaleureusement d'ailleurs. Plutôt le contraire, surtout le contraire même. Si encore vis à vis des elfes, les mortels semblaient montrer une défiance polie teintée d'une légère crainte, vis à vis de lui et de son dragon c'était tout autre. Les sentiments qu'il sentait palpiter dans les coeurs autour de lui étaient plutôt teintés de haine, rancoeur, et farouche envie de destruction aussi. Bref, rien de bien réjouissant.

Tout ceci ajouté, il n'était pas bien difficile de comprendre pourquoi Eliow était alors des plus à cran. N'y tenant plus un jour, il s'était même arrêté et avait menacé de les laisser tous en plan la nuit tomber pour marcher plus rapidement, à son propre rythme... de nuit, si l'on ne tenait pas compte de ses besoins à lui aussi. A savoir boire du sang de temps en temps (du sang de Meri ?) et aller moins vite de jour, ou marcher plutôt dans des coins sombres. Et qu'importe si cette menace signifiait prendre une avance considérable sur eux alors. Car nul doute qu'au plus haut de ses capacités, il pourrait aisément les distancer, s'ils cheminaient de nuit. Et il n'était guère prudent de le tenter plus longuement. Ce ne fut toutefois que grâce à l'intervention de l'elfe chanteur que le petit groupe trouva un compromis : partir à minuit environ et marcher jusqu'à midi passé d'une ou deux heures, avec une ou deux pauses entre. Cela permettait alors à Eliow de bénéficier un peu de la nuit, et d'éviter toutefois les heures les plus chaudes donc les plus difficiles pour lui de la journée, tout en permettant aux elfes de profiter un peu du soleil et de s'assurer que le vampire ne leur fausse pas non plus totalement compagnie. En effet, en faisant la halte en milieu de journée, nul doute que le vampire se risquerait à partir seul. trop vulnérable.

Un compromis que tous semblaient avoir alors accepté, de plus ou moins mauvaise grâce. Cela devait faire un ou deux jours qu'ils marchaient ainsi à ce rythme, du coup un peu plus rapidement et efficacement que précédemment, Eliow trainant moins la patte du coup, quand ils arrivèrent aux abords d'Aldaria. Aldaria, la magnifique cité blanche de la magie. A peine l'avaient-ils aperçue au loin, sur le sentier qu'ils empruntaient, quelques badauds s'écartant avec un respect ou une terreur non feinte sur leur passage, qu'Eliow ressentit une étrange sensation l'envahir. Une sensation qui remontait à des centaines d'années, aurait-il dit. Et bien vite, il comprit pourquoi. Il connaissait cette ville. Cette ville avait été sienne, il fut un temps. De son temps humain.

- Je connais cette ville, murmura-t-il alors doucement, un peu pour lui-même et son dragon, mais aussi un peu pour l'elfe chanteur qui marchait alors à ses côtés et avec qui il avait, étrangement, envie de partager ce moment fort.

Fort de souvenirs qui, bien que brumeux, semblaient vouloir revenir en grappes, sans même la décence de mettre un peu d'ordre entre eux...

- C'était ma ville avant. La ville de mes parents. De mes ancêtres. Ma ville. Avant que...

Avant que je ne sois transformé, ne put-il finit, une émotion qu'il croyait ne plus connaître l'étreignant sauvagement, sans préavis, et lui bloquant les mots au fond de la gorge.

- Aldaria. Douce Aldaria. Cela me fait étrange d'y revenir... après si longtemps.

Oui, étrange. Et cela le bouleversait pour tout dire. Enfin ils arrivèrent aux portes, Eliow s'enfonçant alors dans un silence plutôt contemplatif, laissant Meri et Shaynar répondre pour lui aux interrogations que les humains mages gardant la ville leur posaient. C'est vrai que ces derniers devaient être méfiants et quelque peu perplexes devant leur groupe. Comme tout le monde l'avait été avant eux. Un vampire, deux dragons et deux elfes... Voilà qui aurait pu paraître louche. Toutefois les mages gardiens de la ville étaient suffisamment sages pour comprendre aussi que pareille équipée était bien trop faible pour être une réelle menace pour la ville. Sans compter que les dragons étaient le seul salut véritable au retour de la magie. Au retour de leur magie. Aldaria ne fonctionnant et ne se défendant quasiment que par magie, les dragons étaient bel et bien leur seul espoir. Un espoir auquel ils ne pouvaient décemment pas fermer leurs portes. C'est pourquoi ils décidèrent de laisser le petit groupe entrer.

Quelques précautions d'usage furent prises toutefois. Leurs noms furent notés sur un registre, et un des plus anciens mages tiqua d'ailleurs quelque peu au nom d'Eliow mais ne dit rien de plus, préférant apparemment garder un silence songeur. Leurs armes furent répertoriées aussi. On leur laissa, mais ils furent avertis qu'ils seraient surveillés (voire suivis) et que les archers mages étaient prêts à intervenir au moindre signe d'agression. A cette dernière consigne, Eliow sentit un regard lourd de sens s'accrocher sur lui, notamment de la part du plus ancien qui avait tiqué à son nom. Il répondit par un simple haussement d'épaules. Il avait envie de leur répondre qu'au point où il en était, il n'en avait que faire de leurs consignes et leurs avertissements. Mais il était suffisamment intelligent pour comprendre la chance qu'on lui laissait de pénétrer ainsi la ville. Il garda donc un silence obtus, laissant encore une fois les autres régler des détails. Il préféra se concentrer sur la contemplation des lieux.

Même quand la compagnie reprit sa route, allant de place en place, d'auberge en auberge, il ne pipa mot, laissant ses yeux sombres divaguer de maison en maison, d'allées en allées, s'imprégnant en silence de cette douce magie qui avait dû le bercer il y a longtemps. Si longtemps... Il entendait bien les refus qu'on leur imposait d'auberge en auberge, de pas de porte en pas de porte. S'il n'y avait eu que les elfes, sans nul doute auraient-ils trouvé quelques abris pour la nuit, même si difficilement. Mais avec lui dans l'équipe... la tâche semblait alors relever de l'impossible. Et quelque part, si Eliow en voulait à tous ces mortels, il ne pouvait que les comprendre aussi. Quand il songeait à la faim qui le tenaillait et à tous ses coeurs palpitant de vie qui l'entourait... La tentation était grande. Très grande. Et assurément que sans les elfes, il aurait déjà commis un geste irréparable. Faim. Il avait faim, encore une fois...

- J'ai faim, ne put-il s'empêcher de lâcher tout haut d'ailleurs, réalisant, trop tard, ce qu'il avait laissé échapper.

Et que d'autres que les elfes semblaient aussi l'avoir entendu. A voir les armes qu'ils venaient de lever doucement mais sûrement devant eux...

La fatigue, il la sentait dans l'esprit de son dragonnier.
Depuis combien de temps marchait-il ? Des heures oui pour aujourd'hui mais depuis le début de leur périples ? Cela faisait des semaines...
Le dragon se souvenait de cette vision qu'ils avaient tous eu, de cet ordre du Dracos et de la déception qu'il avait pu voir dans les yeux de l'impératrice Elfique lorsqu'elle n'avait eu d'autre choix que de les laisser partir... La liberté, enfin... Il se souvenait de l'exubérance avec laquelle il avait gambadé comme un fou lorsqu'on l'avait enfin libéré. Oh pas tout de suite bien sur, il avait attendu d'être hors de vue du peuple elfique pour ça. Le peuple elfique il ne lui avait offert que son mépris, montrant les crocs sans ambiguïté à une impératrice qui ne méritait selon lui pas le moindre respect. D'ailleurs un dragon devait-il le respect à un deux pattes ? Foutaise.
Ils étaient parti dignement, sans un regard en arrière et il avait adopté la démarche calme et majestueuse de son espèce, refusant d'accorder le moindre regard à l'endroit où lui et Eliow était restés si longtemps prisonnier. Ce n'était qu'une fois hors de vue qu'il avait enfin laissé éclaté sa joie, se roulant dans les feuilles avec l'insouciance et le bonheur de sa toute jeunesse. Il avait battu des ailes à toute vitesse, heureux de se dire qu'il aurait enfin la place pour apprendre à voler dans cet univers si vaste. Un univers qui s'ouvrait à lui et à la troupe qui partait ainsi joyeusement à l'aventure. Arriveraient-ils au bout sans s'entretuer ? Voilà qui était moins sur, mais à cet instant là il était trop ivre de liberté pour vraiment y penser.

Cette ivresse avait mit bien des jours à se dissiper, des jours et des jours où il avait marché sans faillir et même avec un sacré plaisir. Mais la fatigue avait fini par se faire sentir, une fatigue anormale pour un dragon de son âge et il avait fini par comprendre qu'elle ne venait pas de lui. Eliow... Bien sur la marche de jour ne pouvait pas lui plaire, de plus il allait commencer à manquer de sang... Dès lors le dragon perdit totalement la joie de vivre qui l'avait habité pour redevenir taciturne et grognon. Il n'aimait pas le rythme que l'on imposait ainsi à Eliow, s'offusquant de voir que les elfes refusaient de marcher de nuit. La situation se tendait de jour en jour et même les chants purs que le baptistrel fredonnait parfois ne suffisait plus à calmer le colère sourde du dragon. Ses volettement même qui l'avait tant amusé alors qu'il s'efforçait d'apprendre enfin à décoller correctement ne suffisait plus à occuper ses pensées pour le distraire de la peine de Eliow. Si encore il avait pu le prendre sur son dos pour soulager ses souffrances... Mais puisque ce n'était pas le cas à quoi bon ?

*Ce n'est plus possible, faisons leur entendre notre colère*

Il répétait ce refrain sur tout les tons dans l'esprit de son dragonnier, enrageant de ne pas obtenir l'autorisation de flanquer une bonne fois la frousse à tout le petit groupe pour les obliger à marcher de nuit. Enfin quoi ? Il était gros maintenant, ayant allégrement dépassé la taille taille d'un ours. Ses écailles étaient toujours aussi noires et avait gardé cet étrange tendance qui donnait l'impression qu'elles absorbaient la lumière et donc qu'il assombrissait tout autour de lui. Ses yeux rubis n'en ressortait que plus, de même que la blancheur de ses crocs et de ses griffes impressionnantes. Des muscles puissants roulaient sous les écailles et servaient une paire d'aile à présent suffisamment larges pour le porter bien qu'il lui resta encore pas mal de progrès à faire dans cet art. Il ne serait certainement pas beaucoup plus doué que la moyenne des dragons dans ce domaine, mais il se défendait...

Cela n'aurait pu continuer ainsi bien sur, le vampire se serait certainement écroulé ou bien le dragon aurait explosé avant. Dans tout les cas il fallu bien trouver un compromis et on y parvint, cette nouvelle décision de marcher moitié nuit et moitié jour plaisait bien à Shaynar qui se plaisait à contempler le monde sous ces deux facettes. Il aimait toujours le jour et sa belle lumière mais on devait bien avouer que la nuit avait pris un tout autre attrait, il aimait son silence et son obscurité. D'ailleurs la créature qu'il était semblait bien faite pour cela puisqu'elle n'en semblait que plus belle sous les rayons de la lune. Comme quoi le Dracos faisait bien les choses...
L'empire... Voilà donc qu'il le retraversait... Le dragon se souvenait très bien de la première traversée qu'il avait effectuée en grande partie sur les épaules d'Eliow. Il se souvenait de sa curiosité à l'égard des deux-pattes qu'il avait pu voir de très loin, mais le dragonnier n'avait pas voulu le laisser approcher. Maintenant il comprenait pourquoi...
Son caractère colérique se remit en branle très rapidement lorsqu'il vit les regards dégoutés que les humains posaient sur son vampire de dragonnier et sur l'accablement qui semblait s'abattre sur eux lorsqu'il comprenait que lui, le dragon était lié à cette créature. Enfin quoi, encore ?? Allait-on lui reprocher éternellement son choix ? Il avait choisit un vampire oui, et alors ? A voir la couardise de certains humains qui filaient sans demander leur reste en apercevant le groupe il ne risquait pas de regretter. D'ailleurs il était toujours sur de lui, l'instinct ancestral ne trompait pas. Et ça ne leur plaisait pas ? Grand bien leur en face, il brulerait vif le premier qui oserait lui faire un reproche. Mais pas de danger, personne ne les approchaient. Pestiféré oui, c'était bien le mot pour désigner leur petite troupe... Les gens observaient les deux dragons avec curiosité, saluait parfois respectueusement les elfes de loin et tournait les talons en apercevant Eliow, pitoyable vraiment...

La vue de la ville blanche aurait-dû être un soulagement, mais pour Shaynar elle ne fut que source d'inquiétude. Pourquoi diable les humains se serraient-ils ainsi dans un si petit espace ? Comment être heureux en étant serré de la sorte ? Et surtout, plus ils seraient nombreux et plus il y avait de chance pour que la haine à peine dissimulée qu'il ressentait contre Eliow n'éclate au grand jour !
Toutefois il passèrent la porte relativement sans encombre et le dragon ne pu qu'observer son dragonnier avec étonnement lorsqu'il lui fit part de ses souvenirs. Ainsi Eliow avait grandit ici ? Shaynar observa les yeux d'un œil neuf, intéressé par tout.
Attentif aux réactions de son dragonnier il s'amusa avec lui des souvenirs qui semblaient remonter à la surface. Cela les occupa un instant mais la réalité reprit rapidement ses droits et la tension recommença à monter. On les refusait dans toutes les auberges, le bouillonnant dragon ne pu s'empêcher de gronder férocement à cette insulte et voilà que Eliow commettait la bourde du siècle :

« J'ai faim... »

Un silence de mort s'était établit autour d'eux, les gardes avait leurs armes en main. Shaynar aurait peut-être dû rabrouer son lié d'avoir fais ainsi une telle gaffe mais il était en colère et il ne pu qu'appuyer :

«C'est une vrai fourmilière, un de plus ou un de moins... »

Il avait projeté sa pensée autour de lui de telle sorte que tout le monde puisse l'entendre dans son esprit. Voilà qui n'était pas prudent, une façon comme une autre de mettre le feu aux poudres mais sans doute y réfléchirait-il à deux fois avant de s'attaquer à un dragon de sa taille, d'autant qu'il avait plaqué ses ailes contre son dos en reprenant la posture ancestrale des dragons au combat...

La route semblait sans fin... un long chemin de terre battue et de roc, de poussière et de vide qui serpentait le long de gigantesques champs d'herbes vertes et moelleuses... comme il aurait aimer pouvoir si reposer un moment et rêver un peu, loin de cette route sordide et interminable, loin de la poussière qui envahissait sa gorge et de la fatigue qui commençait à lui rongeait les muscles. Combien de temps marchaient il ainsi, il ne pouvait en être certain... plusieurs semaines sûrement mais la notion du temps ne lui avait pas vraiment importée jusque là, jusqu'à cet instant précis devant les portes de la ville des mages alors que son corps annonçait enfin sa limite. Pourtant tout avait débuter dans une ambiance relativement joyeuse...

Suite à la vision du Dracos Honoris Eliow et Shaynar avaient enfin été libéré, bien qu'avec réluctance et dégout, par l'impératrice elfique après un long moment d'incompréhension... Il n'y avait tout d'abord pas accorder crédit, pensant qu'ils avaient tout simplement eu une hallucination collective mais la vérité s'était bien vite imposée à son esprit et il avait détaler en courant, Lyroe sur les talons et toujours accompagnée de son dragonet, vers la demeure de la reine, une joie incommensurable inondant son cœur tans et si bien qu'il en était qu'à la moitié du chemin lorsque l'envie de chanter à tue-tête s'empara de lui. Et c'est donc en chantant et suivit d'un cortège d'oiseaux qu'il avait fait irruption dans le jardin priver de la reine sans plus de cérémonie, les yeux pétillants de joie et la lueur flamboyante de la victoire irradiant ses yeux comme des soleils miniatures, un sourire de triomphe aux lèvres... Il serait peu dire que de prétendre qu'il fut accueillit avec tempérance, lui même aurait plutôt qualifié la tentative de frileuse et réservée voir de froide et il n'avait pas le moindre doute sur la raison de cette frilosité à son égard , leur dernière entrevue s'étant achevée sur le départ précipité du chanteur en proie à la plus grande colère de toute son existence, une colère qui avait fait taire la forêt pendant plus de deux jours entiers... jusqu'à l'éclosion du dragonet banc pour son amie. Étrangement l'archère avait été le centre d'intérêt du peuple elfique pour le reste du séjour, libérant ainsi le chanteur d'un poids énorme et lui offrant la possibilité de cesser son rôle maternel pour retourner à ses serments... et notamment celui de faire libérer Eliow et son compagnon écailleux et il avait enfin le moyen d'achever sa promesse... un moyen rien moins que royal puisqu'il leurs était offert par le Dracos lui même... si il avait été mit au courant qu'il serait si impliquer dans les affaires du monde il aurait certainement prit plus de temps à améliorer sa perception...
Et tout avait fonctionné à merveille, la reine s'était incliner devant la volonté de l'esprit dragon et Merithyn s'était fait une joie de détruire la barrière magique qui le retenait prisonnier tandis que son ami goutait de nouveau cette liberté qui lui avait été si injustement retirée, cette liberté immuable de chaque être que les siens avaient bafoué sans la moindre pensée, sans le moindre remord ou la moindre pitié, ne se comportant guère mieux que les soit disant monstres qu'ils se faisaient un devoir d'occire. Ce jour là il ne s'était pas priver ni pour faire remarquer à quel point les geôlier avaient été stupide... ni pour sauter au cou de son vampire d'ami alors que celui-ci le regardait avec des yeux ronds, il n'avait pas seulement serrer ce jour là... Si tout cela n'avait tenu qu'à lui il n'aurait même jamais lâcher le vampire et l'aurait étreint ainsi jusqu'à sa mort, la patience n'était pas son point faible loin de là. Si on lui avait permit il aurait guidé immédiatement Eliow et Shaynar vers la lisière de la foret pour qu'ils puissent partir mais la tolérance de l'elfe royale n'avait pas été jusque là et ils s'étaient vus, à leur grand mécontentement, octroyé un vigile permanent en la personne de Lyroe qui fut assigner à la recherche du dernier œuf, l'œuf… précisément la quête que le vampire envisageait d'entreprendre avec l'aide de son compagnon et de lui même, le chanteur quis 'était lier à son sort par des chaines bien plus résistantes que du métal... si résistante en vérité, mais était ce vraiment grâce à elles qu'il était si déterminer à les accompagner ? Quelque chose lui disait le contraire, une petite voix au fin fond de son esprit, dans cette partie silencieuse réservée à ses seules pensées et à sa seule imagination, cette petite voix qui lui affirmait que son serment n'était en rien dans la force de sa décision, dans l'ardeur qu'il mettait à défendre le vampire contre tous... autre chose... Merithyn n'avait aucune illusion concernant cela mais s'y accrochait tout de même avec toute la force qu'il pouvait déployer car cette petite chose était presque devenue sa raison de vivre, il le savait malgré tout et malgré lui aussi... Il avait longtemps cherché la cause pour laquelle il se dédierait corps et âme et ce jour là, alors qu'il observait Shaynar et Eliow savourer le parfum enivrant de la liberté... ce jour là il avait comprit que le vampire et son compagnon était devenu ce qu'il cherchait depuis si longtemps... la réponse à son existence, le but pour lequel il avait vécu jusque là.

Lorsqu'ils avaient quitté la foret le dragon noir avait laisser éclater sa joie et son exubérance, heureux de sa liberté et de ce qu'il était... voletant follement au dessus de la grande plaine et faisant scintiller ses écailles dans la lumière du jour. Il s'était engageait sur la route l'esprit serein et le cœur en paix, simplement heureux de se trouver là et savourant son existence comme jamais, savourant aussi l'impression de légèreté qui lui insufflait tant de vitalité depuis leurs départ de l'anneau central du royaume sylvain. Il avait éprouver de la nostalgie pour son pays alors qu'il recherchait l'œuf de Cymbor et même auparavant alors qu'il s'apprêtait à tourner le dos à son pays pour s'engageait dans sa quête, le jour où il avait rencontrer le duo mais après son retour il n'avait connus que souffrance et désespoir sous le couvert des arbres et craignait de ne plus pouvoir associer les grandes ramures des antiques végétaux au moindre souvenir heureux... Il avait cependant vite mit ses inquiétudes de coté lorsque le voyage avait véritablement commencé car outre l'imposition de Lyroe de marcher de jour le chanteur devait également tempérer les querelles entre les deux dragonniers qui ne pouvait décidément pas vivre cote à cote et qui, il en était certain, auraient bien besoin de sa présence pour calmer les esprits et trouver des arrangements satisfaisant pour tous... un véritable défi qui lui tenait lieu d'exercice de raison lorsqu'il ne pouvait pas composer de morceau ou s'entrainer à l'énumération... mais un exercice pesant en fin de compte et qui aurait vite raison de ses forces mais peut-être pas autant que l'attitude des humains à l'égard de leur groupe...
La première fois il avait sourit, un sourire tristement paisible, tandis qu'ils traversaient le hameau soudain emplit de mortel curieux venu voir les étrangers, il avait même salué deux ou trois humain un peu plus ouvert que les autres, discret signe d'encouragement à leur égard et avait même sortit sa flute d'alouette pour jouer un air qui avait ravi les cœurs et les esprits de tous ceux présents, mais il avait vite abandonner la partie en voyant la peur et l'hostilité croissante des paysans lorsqu'ils traversaient de nouveaux villages où la rumeur de leurs existences était venu se loger tel une vermine mal intentionnée. La tristesse prenait le pas sur sa curiosité et même sur sa bonne volonté alors qu'il était confronté à la haine ou à la peur du monde humain... jamais il n'aurait penser, ni dans ses réflexions ni dans ses pires cauchemars, qu'une race puisse se montrer si bornée et si... ridiculement superstitieuse et effrayée... si petite dans ses raisonnements et si fermée à la diversité du monde qui l'entourait... il était déçu et blesser, et la nostalgie s'empara doucement de lui jusqu'à le faire tomber dans un silence de pierre et une neutralité uniquement brisée par ses chants et ses mélodies. Il aimait toujours les hommes,il aimait toute les créatures vivantes en ce monde, mais pour la première fois il comprenait la véritable nature de sa charge... protéger sans être protéger, offrir sans attendre le moindre retour aussi simple et dénué de sens soit il, aimer un peuple en étant mit à l'écart par celui-ci... pour la première fois il ressentait le poids de son serment, il était leur serviteur mais ceux qu'il servait le rejetait et pourtant il devait poursuivre sans y prendre gare... sans s'en offusquer... et pour la première fois il découvrait la différence entre son devoir et son cœur, entre envie et volonté, entre rêve et réalité... Plus il observait Eliow souffrir du rythme imposé par l'archère et plus il voyait la différence, cette différence fondamentale entre l'attachement qui ressentait envers le monde, ce monde si précieux qu'il servait avec diligence depuis plus de deux cents ans et l'attachement qu'il voyait grandir envers cet être si étrange mais si... entiers,vivant,vrai... encore une fois le mot exacte lui échappait, mais l'idée était là... Il ne servait pas les seigneurs terrestres,il ne devait sa loyauté à personne et pourtant il le savait... si Eliow lui avait demander sa fidélité il lui aurait offert sans autre pensée. C'était ca la différence...

Il le voyait peiner et trainer à l'arrière du groupe alors qu'ils avançaient sous un soleil de plomb, mince ombre sur la route baignée de lumière tandis que sa force vitale faiblissait à chaque nouveau rayon de l'astre du jour... il n'avait pas réussit à faire ralentir la marche même après plus d'une dizaine de tentative et avait finalement abandonner sa discutions stérile avec l'archère pour venir cheminer aux cotés du vampire, soutien muet mais bien présent... et il fallut que l'elfe pousse son ami à bout avant d'avoir l'occasion de se faire entendre, et de faire entendre la voix de la raison par la même occasion... crise d'où avait découlé un nouveau rythme de marche bien plus aisé pour le vampire et bien plus paisible pour le baptistrel qui n'avait plus envie que d'une chose, trouver un endroit sombre et douillet pour dormir un peu et restaurer ses forces dans le calme et la sérénité... sérénité qu'il finirait par imposer si la situation ne s'améliorait pas bientôt, car après tout même sa légendaire patience avait des limites et le reste du monde, en dehors d'Eliow et Shaynar, risquait fort d'apprendre qu'il valait mieux ne pas réveiller l'eau qui dort. Une bonne averse torrentiel calmait n'importe qui, y comprit une dragonnière et un troupeau d'humain qui décidément ne comprenait vraiment rien... et seul la perspective de voir Aldaria la blanche réussit à faire remonter son moral à son niveau habituel... une ville de mage, voilà bien quelque chose que Merithyn se ferait un plaisir de voir et d'explorer si on lui en donnait l'autorisation... un sanctuaire de savoir et de puissance comme jamais les hommes ne pourraient en reconstruire et une fierté certaine,il s'en doutait, pour ce peuple si faible et sans défense... Il espérait secrètement que le chemin vers la ville ne serait plus très long...

Et en effet ils étaient parvenu à destination en début d'après midi le jour suivant alors que l'astre solaire se faisait de plus en plus rayonnant. Il s'était chargé de parlementer avec les mages-gardes gardant les portes de la ville et avait répondu à toute les questions qu'ils lui avaient poser avec sa franchise habituelle et sans s'offusquer des regards qu'on leurs lançait. Il ne fit en réalité attention à rien alors que son esprit été tourner vers les paroles d'Eliow lorsque la ville était apparue dans le lointain... sa ville... sa ville avant sa transformation... étrangement il était triste à cette pensée et ne comprenait en rien ce qui causait cette détresse... peut-être s'inquiétait il juste pour son ami...
Les mages notèrent leurs noms dans un registre et catalogua leurs armes, s'arrêtant bien entendu pour examiner l'épée d'Eliow et la sienne, Freya et Clarion étaient bien entendu des armes magies mais étrangement pas la moindre question ne survint à leurs propos bien qu'il nota distraitement les regards que les armes attiraient.
Puis ce fut la ville et rien ne retint la trille admirative que le chanteur produisit en voyant l'intérieure de la citadelle d'un blanc immaculé... les maisons élégantes étaient agencées à la perfection et les murs décorés avec goût, de même que les fontaines et les statues... et tout transpirait la magie. Mais pas la magie disproportionnée et sauvage que produisait en général les mages peu qualifiés, c'était une magie ordonnée et paisible qui se fondait dans l'univers miniature de la ville comme une peau invisible mais totalement sur mesure... un chef d'œuvre, dommage que les habitants ne soit pas créer sur le même modèle... Si il avait user d'euphémisme il aurait à coup sûr affirmait que les habitants étaient peu accueillant mais dans l'état des choses ils étaient bien pire que cela... pas une auberge ne les acceptait, pas une maison d'hôtes, pas un abris pour deux sauveurs de la magie et leurs compagnons, les hommes étaient décidément bien ingrats... et il n'avait pas la force de servir d'intermédiaire... il n'avait d'ailleurs pas la force de quoi que se soit pour le moment tant la déception était grande devant l'attitude des humains de ce lieu. Il avait bien l'intention de prendre du repos ce soir et si on le poussait dans ses retranchements c'était eux même qu'ils devraient blâmer et non lui ou même...

« Eliow... »

Ou même Eliow qui venait d'énoncer la même pensée qui lui tenaillait les sens depuis plus de deux heures, il avait faim... horriblement faim et doutait même qu'un menu des meilleurs herbes du royaume sylvain lui soit bénéfique dans l'état de famine où il se trouvait. Il avait passer toute la semaine à puiser sur ses réserves et à se soutenir avec l'aide du chant du feu et cette fois il atteignait la limite de son endurance... il devait se poser quelque part et manger de toute urgence. Mais bien évidement il y avait une autre urgence à régler pour le moment et il se releva en soupirant alors que le commentaire mentale de Shaynar envahissait son esprit... et le chanteur ne pu s'empêchait de renvoyer au dragon un petit message sous forme d'amusement, et de reproche paisible... il valait mieux ne pas provoquer une esclandre en ce lieu si ils devaient y passer la nuit. Puis Merithyn s'étira, soupirant avec fatalisme, avant de venir se placer entre les gardes suspicieux et ses amis, formant un mince bouclier entre les deux... un bouclier ne valant pas grand chose il le savait, aussi convoqua il son autorité de vérité pour tenter de faire entendre raison aux hommes d'armes...

« Allons messieurs je vous en prie, baissez vos armes il n'y a pas le moindre danger notre ami sait se contrôle et nous somme là... nous avons suffisamment d'organisation pour ne pas vous causer de tord, pardonnez leurs réactions nous somme épuiser par notre voyage et aimerions simplement nous reposez »

Sa tirade finit il s'inclina légèrement devant ses vis à vis et attrapa la main d'Eliow, lui faisant signe de le suivre vers la fontaine qu'il avait repérer quelques minutes plus tôt et où il espérait pouvoir souffler un peu avant de résoudre leurs problèmes.

[HRP : Voila si besoin d'un edit dite le moi ^^]

La vie avait souvent cette manie de vous faire des surprises, et vous met entre les mains un choix, un chemin à emprunter un peu curieux.
Voilà que l’esprit même d’Armanda venait leur murmurer tout bas la voie à prendre par l’intermédiaire de l’impératrice. La libération du dent pointu et de son noble dragon en furent la conséquence. Incompréhension, stupeur et colère de la part de la jeune archère. Comment l’impératrice pouvait-elle choisir de relâcher leur ennemi de toujours sans aucune autre forme de procès? Était-elle sûr de son choix? Le Dracos avait parlé certes, mais…mais… ces « mais » se turent dans le regard froid et sans appel de la grande impératrice et Lyroë n’eut d’autre choix que d’abdiquer sans un mot de plus.

Et quelques jours plus tard, la voilà arpentant les routes du pays à la recherche d’un autre œuf de dragon. Au plus profond de son cœur, Lyroë espérait que son peuple puisse offrir à Cymbor un compagnon de route. Mais surtout une assurance de protection pour son peuple, car avec le monde vampire en ayant un, leur chance en cas d’attaque des dents pointus était égale. Une inquiétude pour l’elfe qui ne la quitta pas depuis leur départ pour cette quête qu’elle prenait avec le plus grand des sérieux. Une mission de l’impératrice ne se prenait jamais à la légère. La quête d’un œuf de dragon non plus, mais mettre des flèches dans le chemin du vampire était devenu presque viscéral. L’impératrice ne lui aurait pas proposé d’accompagner Mery qu’elle serait venue quand même. Elle n’avait pas confiance en ce trio insolite et l’elfe était persuadée que le baptistrel serait capable, une fois l’œuf trouvé, de l’offrir au sang froid en cadeau de rédemption de son peuple.


Leur petite troupe avait une particularité qui ne l’enchantait guère. La présence d’Eliow n’avait rien pour ravir la jeune fille et elle ne se cachait pas pour le lui montrer et ce malgré les regards sombres et orages de son ami. C’était plus fort qu’elle et en rien l’archère ne se serait montrée honteuse ou bien coupable d’un tel agissement.
En bonne guerrière, elle imposait un rythme de croisière des plus rapides, pas de temps à perdre, il leur fallait trouver au plus vite cet œuf avant qu'il tombe entre deux mauvaises mains. Autant dire qu'elle avait vu d'un mauvais œil, le changement de temps de marche, ne voyant que là une manœuvre du vampire pour mieux les devancer et leur faire un coup de trafalgar comme lui et ceux de son espèces en avaient l'habitude. Mais encore une fois Mery avait eut le dernier mot, sans que la jeune elfe eut d'autre choix.
Autant dire qu'elle en profitait le jour pour avancer à pas de géant, Cymbor toujours à ses côtés. Il était le côté réconfortant de cette folle quête.

Leur arrivée à Aldaria la magnifique fut enfin la goutte d'eau qui déborda le vase trop rempli de l'elfe. De hameaux en hameaux, les habitants les regardaient de travers, n'acceptant que peu leur présence. Le sang froid en était l'unique cause. Même la présence de son dragon n'y faisait rien. Eux comme Lyroë voyait sa vraie nature.
Et les habitants de cette ville avaient de nombreuses raisons de se méfier et Eliow en plus leur donnait les clés pour ça.
Un coup d'éclat ou la jeune elfe n'aurait su où se positionner: auprès des habitants contre le sang froid ou bien auprès des siens et de Mery.
Lyroë emboita le pas de son comparse en lançant sèchement, à voix basse:

"- J'espère que tu sais ce que tu fais, Mery. Un être de cet envergure ne peut se contrôler quand il a sous les yeux une quantité de nourriture à son service. Un renard dans un poulailler."
Elle lança un regard noir au vampire avant de leur passer devant et d'aller à la fontaine. Cymbor devait avoir soif et faim aussi.
*Je vais essayer de te trouver de quoi te mettre quelque chose sous la dent...autre qu'un humain.* dit-elle avec un mélange d'amertume dans la voix et de clin d'œil au fait qu'eux seuls pouvaient entendre.

Eliow adorait l'humour noir, parfois douteux selon les critères de ses compagnons de route, de son dragon. Oui, c'était une véritable fourmilière. Et c'était bien ce qui attisait les sens aiguisés du vampire, qui ne sentait alors plus que l'odeur enivrante du sang. Les humains avaient finalement raison d'avoir peur de lui : à avoir affamé son peuple de la sorte en les acculant dans des contrées reculées et inhabitées, ils avaient fait des vampires des créatures dangereuses qui étaient difficilement controlables en présence d'humains. En présence de ce sang frais, merveilleusement frais et palpitant de vie, de cette vie qui lui manquait tant, et qui pourtant était alors à portée de croc en si grande quantité ! Une ville humaine était un don inespéré pour un vampire, un havre d'orgie inégalé, à bien y penser. Peut-être Lorenz avait-il raison au final. Peut-être tous ses stupides humains n'étaient finalement destinés qu'à être considéré comme du bétail tout juste bon à servir de garde-manger aux dignes et nobles vampires qu'ils étaient. Oui, dignes et nobles. Les vampires ne suintaient pas comme cela de ces sentiments humains si... si... arg si répugnants !

A cet instant précis, Eliow avait alors véritablement envie d'en mordre un ou deux. Ou trois. Ou quatre peut-être ? Hum... C'est qu'il avait faim. Ou plus encore, il se sentait gourmand. Gourmand d'un sang au si bon goût qui lui avait tant manqué. Non parce qu'on avait beau dire, le sang d'elfe, c'était bien beau, mais ca n'avait pas un goût très agréable. Juste ce qu'il fallait pour être nutritif et lui éviter de tomber en inanition devant cette elfe chasseresse, mais c'était tout. Même s'il appréciait Merithyn et ce sang qu'il lui offrait... il préférait le goût du sang humain. Un goût qui semblait alors n'être qu'un lointain souvenir, que ses sens enivrés par cette odeur pourtant familière lui rappelaient bien cruellement.

Eliow se contenta alors de ricaner doucement, d'un ricanement qui aurait pu paraître presque dément pour qui ne le connaissait pas et ne connaissait pas la propension de son peuple à cet humour particulier. Et même la remontrance à peine voilée de l'elfe chanteur ne calma le doux amusement, teinté d'agacement toutefois, qui l'animait soudain. Oui, amusant. Ces humains étaient amusants. Dangereux certes, surtout à le menacer ainsi, mais c'était tellement amusant finalement de sentir la peur suinter de tout leur être. Et donner à leur sang une autre saveur encore, dont il sentait les douces effluves sucrées, qui lui donnaient encore plus envie de s'en délecter. Non vraiment, si ces humains pensaient le calmer en brandissant leurs armes, ils n'avaient décidément rien compris...

Le vampire ne dit rien de plus toutefois, regardant simplement la scène qui se jouait devant lui comme s'il n'y était plus lui-même. Il s'amusait plutôt à tenter de happer tout ce qu'il pouvait ressentir et qui 'émanait de ces êtres improbables et étonnants qu'étaient les humains. Humains... Etrange comment il peinait parfois à comprendre ce peuple. Tout comme ce peuple devait peiner à comprendre les siens, pensa-t-il soudain. Incompréhension. Peur. Terreur. Et donc destruction. Voilà tout ce qui les liait en fait. Et pourtant... Pourtant... A bien y réfléchir, les vampires n'avaient-ils pas été, pour la plupart du moins, humains dans une vie antérieure ? Humains... Ils avaient été humains et pourtant ils étaient presque incapables de comprendre les hommes et les hommes étaient terrifiés par eux. Non, pas par eux. Plutôt par la malédiction terrible qu'ils portaient...

Rhlalala, voilà, il sentait une migraine arriver. Il pensait trop. Vraiment, il devrait arrêter de songer ainsi, surtout en situation si critique. Un jour, cela lui jouerait de bien méchants tours, assurément ! Et se reconcentrant sur ce qui l'entourait, non pas sur les effluves de peur et de bon sang frais qui l'entourait, mais bel et bien sur les faits qui se jouaient devant lui, Eliow se força à revenir à la réalité. Enfin, disons plutôt à la réalité terrestre, si bassement elfique et humaine...

S'il avait écouté plus attentivement ce qu'avait dit Merithyn pour tenter de calmer les ardeurs haineuses des Hommes, sans doute aurait-il ricané de plus belle. Se contrôler ? lui ? En cet instant oui, peut-être... mais dans quelque temps, il n'en était plus très sûr... Suffisamment d'organisation ? Par le Dracos Honoris, mais quelle organisation ?! Oui, mais voilà. Il n'avait rien écouté de tout cela. Et fort heureusement, car le rire ironique qu'il n'aurait pas manqué lâcher aurait certainement raviver la flamme des envies meurtrières qui le menaçaient.

Mais au lieu de tout cela, Eliow se laissa trainer au bord de la fontaine, tel un gentil pantin dont un autre tirait les ficelles. Un autre appeler alors Merithyn. Ce Merithyn irait-il jusqu'à redonner un peu de sa sève de vie pour donner vie justement au pantin qu'il tirait ? Eliow l'espérait secrètement. Faim, il avait faim. Et à moins de lui donner, à lui aussi, comme on l'aurait fait aux autres, de quoi se sustenter, il risquait bien de commettre un massacre d'ici peu.

"- J'espère que tu sais ce que tu fais, Mery. Un être de cet envergure ne peut se contrôler quand il a sous les yeux une quantité de nourriture à son service. Un renard dans un poulailler."

Bon là, il ne pouvait totalement donner tort à cette détestable elfe tueuse. Mais bon, rien que ces paroles donnèrent un regain de détermination au jeune vampire pour prouver à cette provocante qu'elle avait tort. Que les vampires pouvaient se montrer dignes et civilisés, qu'ils savaient se controler, même en face d'une si grande et si dangereuse tentation, et que non, ils n'étaient pas que des bêtes assoiffés de sang comme elle se plaisait si bien à le croire.

Mais encore une fois, il n'eut pas le temps de répliquer quoique ce soit que l'autre dragon s'y mettait à son tour, en piquant sa crise lui aussi. Certainement une crise d'adolescence d'un dragon écailleux qui venait juste de comprendre qu'il fallait étirer ses ailes pour voler... Pensée acerbe certes, mais qu'il ne manqua pas d'envoyer de toutes ses forces mentales aux dragons alentour. Bon en fait il aurait voulu ne parler qu'au dragon blanc, mais... mais il ne savait pas encore très bien contrôler ce lien étrange quand il parlait à un autre dragon. Son propre lié en profitait donc aussi. Mais comme cela ne lui était pas destiné... il ne devrait pas s'en offusquer, n'est-ce pas ? Et pour tout dire, offusqué ou pas, Eliow n'en avait que faire pour le coup. Il en avait marre qu'on lui reproche sans cesse quelque chose.

Oui, il était vampire ! Oui, il se nourrissait de sang ! Oui son peuple avait certainement commis des massacres et autres atrocités ! Mais son peuple n'était peut-être pas non plus le seul en tort dans l'histoire. Et maintenant, il était dragonnier, comme l'elfe ! Il méritait donc comme elle un certain respect, à défaut d'une certaine reconnaissance ! Marre, marre et marre. Voilà tout ce qu'il avait envie de dire.

Et d'un geste rageur, il se releva du bord de la fontaine, sur lequel il n'avait pas même eu conscience de s'asseoir, et tenta de s'éloigner un peu à l'écart de tous ces elfes et de ce dragon qui commençaient à l'insupporter. C'était compter sans les hommes qui, non loin de là, même si en gardant une certaine distance, semblaient vouloir lui barrer la route. Croisant leur regard déterminé et haineux, Eliow n'eut d'autres choix que de se raviser. Et de retourner s'asseoir, dépité.

- Que la peste emporte tous les armandéens, maugréa-t-il entre ses dents, rageant plus que jamais intérieurement.

Et cette faim qui le tenaillait encore...

Quoi ??? Avait-il envie de dire à la vue des regards atterrés voir courroucés que lui décochaient certains à lui et à son dragonnier. Et bien oui Eliow avait faim, oui Shaynar avait un humour déplorable et oui ils étaient tous les deux en colère et alors ? Ils avaient de bonnes raisons de l'être non ? Se voir observé comme un pestiféré depuis sa sortie de l'œuf ne pouvait pas adoucir le caractère d'un dragon et oui d'accord ce n'était pas lui qui était observé ainsi mais c'était son dragonnier donc c'était tout comme.
Il promena un regard suprêmement méprisant sur la horde d'humains aux alentours qui serraient leurs armes de toutes leurs forces et aurait très certainement montré les crocs sans laisser place à la moindre ambiguïté si le musicien ne s'en était pas mêlé :

« Allons messieurs je vous en prie, baissez vos armes il n'y a pas le moindre danger notre ami sait se contrôler et nous somme là... nous avons suffisamment d'organisation pour ne pas vous causer de tort, pardonnez leurs réactions nous somme épuiser par notre voyage et aimerions simplement nous reposer »

Il parlait sagement encore une fois et le jeune dragon ne pu que lâcher un petit grondement d'approbation, tout agacé et téméraire qu'il était il n'avait pas particulièrement envie de se battre avec une horde d'humains en colère. D'ailleurs il était fatigué, quand pourrait-il enfin reposer ses pattes ?
Apercevant du coin de l'œil le musicien qui attrapait la main de son dragonnier il trottina à leur suite jusqu'à la fontaine et pencha la tête par dessus la rambarde. Son dragonnier n'était pas le seul à mourir de soif même si par chance lui était plus attiré par l'eau claire que par le sang. Ses yeux rubis se posèrent sur une ribambelle de gamins qui ouvraient de grands yeux en l'observant et semblaient suffisamment hardis pour s'approcher de plus en plus près. Fermant à demi les paupières il se pencha un peu plus et souffla bruyamment sur l'eau fraiche, arrosant au passage la moitié de la petite bande qui éclata de rire en se dispersant à toute vitesse. Content de lui il but à grande lampée et ne releva la tête que lorsque la dragonnière prit la parole :

"- J'espère que tu sais ce que tu fais, Mery. Un être de cet envergure ne peut se contrôler quand il a sous les yeux une quantité de nourriture à son service. Un renard dans un poulailler."

Il gronda sourdement, et envoya sa pensée dans l'esprit de Eliow :

*Plus le temps passe et plus elle m'agace... Le sang coulera avant la fin de cette expédition.*

Allait-il se mettre à faire des prophéties ? Sans doute pas mais il n'y avait pas vraiment besoin d'être devin pour faire ce genre d'affirmation. Croire que ces trois là, quatre avec l'autre dragon pourraient marche en bonne entente jusqu'aux territoires escarpés relevait d'une gageure. Il gronda sourdement lorsqu'elle lui passa devant mais elle ne sembla pas s'en formaliser, il fallait dire que c'était loin d'être la première fois. Il n'aimait pas les elfes à une seule exception près, et elle il l'avait classé dans les pires des pires elfes. Voilà qui ne risquait pas de s'arranger.
Il n'avait pas fait attention aux réactions de l'autre dragon, remarquant à peine qu'il n'avait pas suivi sa liée et fut surprit par la soudaine tirade dans son esprit :

«Débrouillez-vous pour vous entendre, je ne bouge plus d’ici. Si vous tenez à aider ce monde, faites les mains dans la main! Sinon ça ne vaut même plus la peine de se suivre. Autant faire chacun pour soit! Et si ça vous plait dans ce sens, pas à moi! »*

Tiens, il avait peut-être plus de caractère qu'il n'en avait l'air celui-là. Shaynar s'était peu intéressé à lui en fait, partageant son temps entre son dragonnier et en plus faible proportion son musicien. Oui il disait son, un peu possessif le dragon en effet mais c'était comme ça. Il appréciait le calme et la pondérance de cet elfe si différent des autres et surtout le contraste que cela offrait avec son propre caractère bouillant et celui de Eliow. Le dragon blanc lui avait semblé bien silencieux, bien calme par rapport à sa propre exubérance et donc en un sens inintéressant. Il avait bien essayé de l'agacer à certains moment juste pour voir et pour combler l'ennuie mais l'autre n'avait même pas pris la peine de répliquer. Pas drôle vraiment... A quoi bon avoir un partenaire d'écaille si il ne pouvait même pas se chamailler avec ?
La pensée acerbe de Eliow vint le tirer de ses propres pensées et il renâcla bruyamment : « une crise d'adolescence d'un dragon écailleux qui venait juste de comprendre qu'il fallait étirer ses ailes pour voler ? » Il ne semblait pas s'adresser à lui mais même dans ce cas c'était vexant et il répliqua ironiquement :

« Les dragons ont une mémoire ancestrale Eliow, je suis sorti de l'œuf depuis moins d'un an mais j'ai pas mal de siècles d'avance sur toi, et lui aussi. Je te déconseille de jouer aux charades avec un dragon, tout vieux et expérimenté que tu es. »

Et vlan, voilà qu'il défendait le dragon blanc maintenant... M'enfin ce n'était pas le but, Shaynar ne pouvait tout simplement par supporter qu'on manque ne serais-ce que d'un chouïa de respect à la race ancestrale et prenait cela comme quelque chose de personnel. Non mais ce n'était quand même pas les deux pattes qui allaient commencer à leur sortir des choses pareilles quand même ?
Les yeux ronds il observa son dragonnier qui se levait d'un air fort mécontent pour marcher droit vers une rue... Barrée et revenir piteusement en jurant.

Que la peste emporte tous les armandéens,

*Je suis d'accord avec toi, demain je traverse l'océan.*

Plaisanterie futile et d'un goût douteux encore une fois, il avait à nouveau laissé filtrer sa pensée dans tous les esprits présents. Espérant choquer la foule et lui faire prendre conscience de la bêtise de sa réaction, voulaient-ils vraiment tous se mettre un dragon sur le dos ? Ne comprenaient-ils pas que lui et le vampire étaient l'espoir du continent et qu'ils devraient de toute façon faire avec ? Les deux-pattes étaient bien lents d'esprits...

Si il avait trouver le mot en cet instant pour définir ses sentiments il aurait sans doute choisit désillusionné dans ce monde trop jeune et brulant comme les feus du cœur de la terre des feus si puissants et si concentrer que leurs puretés égalaient celle du soleil, un monde humain, un monde dont les valeurs étaient aussi brumeuses que les embruns de la mer et aussi volatiles que des mouettes, un monde où la haine et la suspicion avaient prit le pas sur l'ouverture et la générosité, un monde où les étrangers étaient accueillis par les armes et non par un festin, un monde où le mensonge était omniprésent... était ce dont cela que les dragonniers devaient sauver ? Un monde qui s'étouffait sous la violence et les préjugés ? Était il vraiment digne d'être sauvé ou l'esprit du monde avait il fait une erreur de jugement... comment pouvait on vouloir sauver pareil univers, comment pouvait on en avoir la force alors qu'il vous rejetait sans même une chance de prouver votre valeur... Il était désillusionné et déçu, déçu par ceux qui symbolisaient la force vive de cette terre, par ces apôtres du changement et de l'adaptation qu'il admirait tant autrefois pour leurs endurance et leurs organisation... il savait d'avance que les humains étaient des créatures faibles et pleine d'imperfection mais c'était précisément ces imperfections qui faisait leurs valeur à ses yeux, leurs aptitude à pallier les faiblesses dont ils souffraient, leurs volonté de progresser... il les admirait pour cela... mais que voyait il à présent ? Des êtres hostiles et superstitieux qui traitaient les siens comme des ennemis... il ne pouvait s'empêcher de trouver leurs conduite inacceptable.
Et l'atmosphère qui planait lourdement dans le groupe était tout aussi inacceptable... ils étaient unis par un même objectif, par un même espoir et une même force mais ils refusaient de collaborer et se contentaient de regard ombrageux à l'occasion et de quelques remarques toutes plus insupportables les une que les autres. Jusqu'ici il avait tenu bon, il avait garder foi et s'était contenté de tempérer les ardeurs des deux camps à se passer mutuellement au fil de l'épée... mais le long voyage, les rixes continuelles et l'attitude des humains avaient émousser sa patience et sa raison comme jamais auparavant et plus les minutes s'écoulaient et plus il craignait de craquer sans plus de cérémonie et cette simple pensée le faisait trembler intérieurement... il servait de relai entre les deux dragonniers depuis le début, si il n'avait pas été là il était certain que l'un des deux aurait tué l'autre sans une once de tristesse, alors que se passerait il si il ne pouvait plus les empêcher de se battre ? Tout deux lui étaient cher, tout deux étaient important et tout deux devaient vivre... Il ne pouvait laisser leurs ressentiments les ralentir mais en cet instant Merithyn savait en lui même qu'il n'avait plus la force de jouer les portes paroles.

Il retint un soupir lorsque les mots sévère de Lyroe parvinrent à ses oreilles et se contenta de marcher d'un pas résolut vers la fontaine en tenant toujours la main froide de son ami. Intérieurement cependant il ne cessait de se faire des remontrances, utilisant toute son énergie pour contrôler la réplique qui menaçait de s'échapper de ses lèvres... il intériorisait une fois de plus, il enfouissait profondément en lui même ce qu'il ressentait, ce qu'il pensait, cette partie véritablement vivante de son être, cette parcelle qui jamais ne pourrait être dressée et brisée, cette parcelle qui échappait à l'emprise de sa formation et de son devoir... Il n'avait pas le droit de montrer cela, il était hors de question que quiconque voit cela...
Et Eliow qui ne réagissait toujours pas... son inquiétude grandissant à chaque pas, à chaque mouvement, à chaque inspiration... il ne réagissait toujours pas, il se laissait conduire comme une poupée de chiffon sans même protester, les yeux vide et la démarche irrégulière semblant perdu dans son propre univers. Merithyn avait peur que leurs arrêt dans cette ville ne marque la fin de la santé du vampire et il ne pouvait s'empêcher d'imaginer d'imaginer les pires scénarios, dans lesquels son ami était soit abattus par les gardes de la ville soit par Lyroe, ou bien échapper à son étreinte et commettait un carnage... Depuis leur entrée dans la ville Eliow n'avait fait que se renfermer, tel un coquillage cachant son précieux trésor, et il devait avouer que cela le blessait profondément... il ne définissait toujours pas ce qui le rattachait au vampire, il ne trouvait pas encore quel sentiment lui nouait l'estomac et lui faisait perdre son calme quand il approchait de lui mais ce dont il était certain c'était que le silence maussade et la distance de son compagnon enfermaient son cœur dans un étau implacable. Il aurait tant voulu que l'autre lui parle, même si il devait se mettre à hurler l'elfe aurait tout de même voulu entendre la voix profonde de l'autre s'exprimer. Mais le silence persistait, lourd et attristant...

Il s'assit avec lenteur sur le bord en pierre de la fontaine et soupira doucement, appréciant la fraicheur salvatrice et le délicat bruit de l'eau, les échos que celle ci portait en elle tel mille et une histoire fantastique, comme un soupire bas de la vie en ce monde, comme un baume sur son esprit meurtrit. Il se détendit un peu en tentant de se rassurer, de reprendre des forces au contact du champ de l'eau qui se rependait près de cet endroit comme le parfum des fleurs au printemps et qui lui apportait un soulagement sans équivalent dans cette ville si inamicale... et pourtant, pourtant même cette présence réconfortante ne lui épargna pas la morsure de la surprise lorsque Cymbor rugit à en faire trembler les pavés de la place, blessant ses oreilles sensibles et brouillant le chant de la terre sous eux comme une vague déferlant sur le rivage, produisant des sons étouffés et contradictoires et éveillant des centaines d'échos puissants dans l'air comme le grondement de centaines de vies restées jusque là en sommeil. Supporter un dragon en colère en plus de tout le reste n'était pas un point positif surtout si la seconde créature écailleuse, Shaynar, décidait de rejoindre le tableau cauchemardesque qui se présentait à ses yeux...
La pensée du dragon blanc frappa son esprit avec force et il ne put qu'approuver la tirade, il leur était vitale d'apprendre à travailler main dans la main ou il serait tous perdu, l'avenir du continent reposait dans l'entente non dans la haine. Si les peuples ne trouvaient pas le moyen de vivre en paix et en harmonie tout les efforts du monde n'auraient pas le moindre effet, un simple jet de pierre dans l'immensité de l'océan...
Il sentit la violence des sentiments d'Eliow quelques secondes avant qu'elle ne se manifeste et il eu juste le temps de retirer la main qu'il avait poser sur celle de son ami avant que celui ci ne se relève avec colère. La réaction surprit l'elfe qui n'avait pas eu conscience que le vampire était enfin sortit de ses pensées tant il s'était préoccuper de ses idées noires... et ce qui émanait de lui infligea une claque au chanteur... jamais Eliow n'avait montrer ce genre de réaction ou de pensée auparavant, même lors de son emprisonnement il avait été étonnamment détaché et voilà que soudain sa rage et ses sentiments s'épanchaient en vibrations puissantes tout autour de lui dans un vortex chaotique qui l'effraya. Il amorça tout de même un geste pour le rattraper avant de se raviser... si le vampire voulait être seul il n'avait pas le droit de l'en empêcher et il se résigna à attendre en observant Shaynar et le jeux de lumière sur ses écailles, tentant de vider son esprit de l'angoisse qui l'étouffait mais sans grand succès...

Merithyn releva vivement la tête lorsque son ami revint s'asseoir lourdement sur le bord de la fontaine en grondant. Et la phrase acerbe qui lui échappa plongea un poignard glacé dans son cœur... il chercha affolé les yeux de son ami dans l'espoir fou que ce qu'il avait entendu était le fruit de son imagination, que le vampire n'avait pas prononcé un seul des mots terribles qui se gravait en cet instant dans son esprit comme autant de coup de fouet sur sa conscience à vif... Non... il ne pouvait pas... mais l'intervention de Shaynar lui ôta le maigre espoir qu'il avait... traverser l'océan, partir, abandonner Armanda à son triste sort... un goût métallique envahit sa bouche sous l'effet de la peur et il ne put retenir un léger cri alors que des centaines d'aiguilles brulantes et glacées traversaient ses membres, s'infiltraient dans son cœur et dans sa tête, ralentissant son sang et tiraillant ses nerfs... la sensibilité de son ordre au mensonge, une fois de plus il se retrouvait à la merci de la souffrance sans nom que lui valait une atteinte à la vérité. Il serra les dents et lutta contre la douleur, se relevant péniblement après avoir glisser à terre et plongea son regard voilé dans celui du dragon d'ébène puis lentement il se tourna vers Lyroe et Eliow...
Il craqua, il ne réussit pas à contenir la bouffé de tristesse qui le submergea telle un raz de marée... la tension qu'il avait accumuler pendant leur voyage, la réaction des humains, l'intervention de Cymbor, tous avaient ajouter un peu plus de poids sur ses épaules et finalement la réflexion de Shaynar avait fait éclater le vase de sa fatigue... Ses yeux gris s'emplir soudain de larmes et son visage fut soudain transcendé par un mélange si complexe d'émotions qu'il pensa s'évanouir sous leurs poids...tristesse, honte, peur, incompréhension, douleur... et par dessus tout son attachement envers le vampire. Il ne refusa de voir leurs réaction et se releva enfin d'un bond, tournant les talons et s'enfuyant le long de la rue jusqu'à ce que le groupe et la fontaine soit hors de vue...

Il avait besoin de solitude, il avait besoin d'entendre le chant premier, il avait besoin de trouver sa voie...

*Mère que dois je faire ? *

Si on lui avait dit que devenir dragonnière allait déjà l’amener à vivre une expérience pareil. Obligé à courir à travers Armanda pour quérir un nouvel œuf pour son peuple, mais surtout de devoir côtoyer autant de personnalités différentes. Lyroë était plus habituée à être seule dans la vaste forêt sylvaine, à l’écouter, la protéger. Là, le monde, la vit en groupe, elle n’aimait guère et ne se trouvait pas à sa place. Mais un ordre est un ordre et jamais elle n’avait dérogé à cette règle. Surtout quand il émanait de l’Impératrice elle-même.
Mais là c’était le bouquet. L’apothéose de l’ineptie de ce voyage. Le vampire avait les crocs, sans mauvais jeux de mots, et voilà que son dragon se mettait à faire des siennes. Au fil du temps, même court soit-il, l’elfe avait vite compris qu’il avait son caractère et un sale caractère. Certains diront que le dragon fait le maitre et vis versa. Mais Lyroë ne laisserait personne le lui dire, donc personne n’osa. Du moins pour le moment.

Cymbor renforça l’impression de la jeune elfe, que cette expédition n’était qu’une mascarade et que sa place n’était pas là. Même si, pour rien au monde, elle serait rester au royaume elfique alors que Mery serait partit avec ce vampire. Et en plus, il lui faisait la morale. C’était un comble. Entre colère et agacement, elle lui cependant avec répondit avec douceur, après inspirer un grand coup.
*« Je n’ai rien à apprendre de tueurs en son genre Cymbor. Il faut que tu comprennes ce qu’il est. Mais pour toi, pour toi, pour les dragons et ce que les dragonniers représentent, je tairai ce que je pense de lui, je laisserai ma rancœur de coté pour mettre en son centre cette mission. Mais je ne peux plus pour le moment. »*
Peu pour Cymbor peut être, mais pour l’archère, c’était un bond en avant de plusieurs mètres. Elle ne savait pas s’il l’entendait. Son dragon boudait au soleil. La guerrière s’approcha de lui, elle voulait s‘assurer qu'il ne lui en voulait plus. Eliow laissa échapper une plainte maugréant « Que la peste emporte tous les armandéens! » Lyroë lança un dernier regard à Cymbor et se tut. Même si elle mourrait d’envie de répondre au vampire une réplique bien cinglante de son cru. Mais pour toute réponse, elle se mordit la langue pour s’empêcher de parler. Preuve encore de sa bonne foi. Du moins de son envie d’effort pour Cymbor.

L’elfe n’avait jamais aimé ni prit en compte vraiment le ressenti des autres, mais depuis que Cymbor avait fait son apparition dans sa vie, certaines choses avaient changé en Lyroë. Elle apprenait peu à peu à ne plus être seule, mais à vivre avec une autre personne qui pouvait pensé autrement qu’elle. Cymbor faisait partie d’elle et de sa vie et il comptait chaque jour un peu plus pour elle. Un lien étrange qu’elle n’arrivait pas à comprendre et à saisir. L’elfe avait pris parti de le laisser vivre en elle, sans chercher à comprendre. Sinon, elle aurait perdu la tête à se poser trop de questions. Déjà, pourquoi elle?

Et le départ de Mery n’arrangea en rien la situation. La fatigue parlait aussi, tout autant que l’amertume. Lyroë décida de taire du moins la faim qui les tiraillait tous. Sauf pour Eliow, mais là, elle ne pouvait rien y faire. Sauf donner son sang, mais là, plutôt mourir.
Elle regarda à droite, à gauche pour voir où trouver de quoi les rassasier. Une auberge au loin dégageait une odeur alléchante. Elle s’adressa à Eracus.
« Reste là, que les gardes ne nous donnent pas une raison de nous battre. Je reviens. »
Ou comment ne pas dire, surveille le vampire qu’il ne mange pas tout le monde.
Lyroë s’en alla chercher vers l’auberge, quelques regards sur elle tandis qu’elle traversait la place.

[HJ: pardon si ce post ne mène nulle part mais parce que je suis en minorité, j'ai du l'écrire à minuit pour arrivé à l'heure de dimanche francais! ]

Cymbor n’était pas blessé. Il n’était même pas touchable. Du moins, en apparence. Mais il avait mal, au fond de son âme. On aurait dit un échos de quelque chose qui ne venait pas de lui, se répercutant dans son être et torturant son esprit sans qu’il ne sache encore de quoi il en retournait. Tout jeune qu’il pouvait être toutefois, il démontrait déjà toute la sagesse ancestrale empreinte en cet univers. Il se montrait même particulièrement sensible à ce qui l’entourait. Un peu grâce à Lyroë, tout d’abord, qu’il apprit à écouter la terre tourner, les plantes respirer et le ciel pleurer sous la catastrophe guerrière qu’engendrait autant l’espèce humaine, vampirique qu’elfique. Et les dragons? À cette pensée, il ne pu retenir un curieux regard pour l’écaillé noir. Un doute immergea à travers ses pensées et il resta planté là dans son imaginaire. Il ne savait pas. Il n’avait pas de mot à mettre sur les choses en ce qui concernait l’autre dragon. Cela l’embêtait, d’ailleurs. Il pouvait dire tout sur les êtres qui l’entourait, connaissant sur chacun un point qui le caractérisait, le différenciait des autres êtres vivants. Mais lui? Autant au début avait-il souhaité apprendre de lui que maintenant, il s’en indifférait complètement. La vérité était qu’il ne voyait pas quoi apprendre de lui, justement. Ce n’était pas de la vantardise de sa part, seulement une fatigue flagrante face à ce comportement. Plus vieux que lui, oui. Mais… Ho, le blanc gardait tout le respect du pour la créature mythique sorti tout droit d’un conte de fée que pouvait représenter le dragon. Mais voilà… Il avait envie de lui répliquer cette manière cinglante et claquante en coup de fouet : ‘’Grandit un peu.’’ Mais rien ne sortait jamais de ses pensées qu’il gardait indéfiniment pour lui.

Au moment où il s’apprêtait à chasser ceci de sa tête pour se concentrer sur autre chose, à poursuivre son apprentissage du monde, une pensée le traversa. Un sentiment. Ça ne lui appartenait pas. Ni à lui, ni à sa dragonnière. Il en fut tout d’abord surpris, mais l’agressivité qu’il y perçu le laissa muet. Tout d’abord, il fit comme si de rien n’était. Il ignora, tout simplement, la réplique du premier dragonnier d’Armanda, le laissant croire qu’il ne l’avait pas entendu, tout bonnement. Il n’était pas choqué, il n’était pas assez inconscient pour se laisser absorber par la colère même que ressentait cet être. Et il ne lui en voulait pas non plus, même s’il avait tout autant cette envie de lui en mettre une, sachant en même temps que cela déclencherait le cataclysme qu’il refusait. Mais il darda ses grands yeux couleur de ciel sur le vampire, le suivant dans ses mouvements, gardant son silence.

Il fut toutefois obligé de lâcher prise sur l’individu, reportant son attention plus sévère sur son elfe, son amie, sa sœur, son cœur ainsi que son âme tout réunis en la même personne qu’était Lyroë. Un sentiment de tristesse émana alors de lui qu’il dirigea vers elle et son regard joyeux et pourtant de bonne humeur malgré sa mauvaise volonté du moment se perdit dans le vide.


*Je comprend ce qu’il est plus que toi, Lyroë… Quand tu seras prête, tu comprendras aussi… Ce que je crois, moi, c’est un monde de paix… La seule chose qu’on m’a montré, toutefois, ce n’est que la haine entre deux peuples… Sans oublié les humains qui se joignent à ça… Juste la paix, Lyroë… Juste l’égalité… Juste… un sourire pour des peuples…*


Malgré le fait qu’il s’était décidé à bloquer tout contact avec elle, il n’avait pu s’empêcher de lui faire partager ses sentiments à ce sujet, s’en trouvant beaucoup trop perturbé. Et il continua cette fois doucement, faisant résonner chez l’elfe un rayon de lumière délicat, pour la rassurer…


*J’aime ce monde, Lyroë. *


C’était tout. Il n’ajouta plus rien et espérait, au fond, qu’elle se taise aussi pour garder pour elle les réflexions qu’il lui faisait et ainsi les réfléchir. Toutefois, une phrase crachée le secoua et il tourna de nouveau son attention sur le dragonnier et son dragon. Rapidement il sentit les sentiments de sa dragonnière… Mais rien… Rien. Elle ne dit rien. Surprit, agréablement surprit, il ronronna dans sa satisfaction amusé. Il la remercia d’un murmure mental et se tut complètement. Il fini tout de même de se lever de terre sous quelques regards humains un peu plus loin, ne trouvant guère digne de trainer dans la poussière. Deux battements d’ailes et il avait rejoint le duo dragonnier dragon que formait son frère d’écaille et le vampire. Il les ignora un peu et se laissa carrément plonger, voir chuter dans l’eau de la fontaine. Vraiment, il ne supportait pas la poussière sur ses écailles et même s’il aimait le soleil, il s’savourait autant la fraicheur de l’eau. Lorsque Lyroë s’en soit allé et que le dragon aux yeux de rubis eut crié sa menace qui ne l’affecta pas une seconde, que l’elfe musicien s’en fut dans la douleur et les larmes, il sorti pour se faire sécher, à l’opposition du duo, leur tournant le dos. Il étira momentanément ses pensées vers le vampire, sachant bien que l’autre Dragon ne pourrait l’y en empêcher de toute façon…


*Mes ailes m’amènent déjà plus loin que tes jambes, Dragonnier… *


Tout. Juste une pique de plus. Tout, il n’ajouta rien d’autre et n’espéra pas plus de la part de celui à qui il adressa avec un amusement emprunté d’acide ces quelques notes.

Lyroë venait de traverser la place menant à l'auberge d'un pas actif, tendu. L'elfe serrait ses poings, énervée par l'attitude de ses compagnons de route et d'infortune et triste d'avoir mis dans un état de boudage excessif son dragonet. Mais elle n'avait pas choisit d'accompagner cette troupe peu commune. Et de ne pas maitriser chaque point de la quête la rendait d'une humeur massacrante. Puis la guerrière avait faim et était à bout de force.

Elle entra dans l'auberge à l'odeur de grillades, d'épices et de victuailles. Son ventre se serra d'envie. Mais il se serra bientôt pour une toute autre chose: les yeux des personnes présentes étaient à présent tous posés sur elle et un silence de mort régnait dans la pièce. Celle-ci était en piteuse état. Un bon coup de peinture ne serait pas du luxe. Tout était en vieux bois, des tables aux chaises et même le comptoir. Il y avait une cheminée au fond de la pièce et non loin d'elle un vieille appareil à musique. Installée au comptoir, deux hommes de fortes corpulences, des humains qui semblaient sales et sentaient bien trop fort un mélange de vieux cochons et de boue. Au fond de la pièce, deux hommes qui ne semblaient pas être de la région. Ils étaient bien trop propre et en retrait, à l'abri des regards des curieux. Elle y penserait pour la suite.

Lyroë se redressa et avança, toujours fière et un brin hautaine. Se dirigeant vers le comptoir, où se trouvait derrière, un serveur, la jeune elfe ne regarda guère plus la salle. Elle en avait déjà vu et en savait assez sur ce qu'elle voulait savoir sur l'auberge. Mais elle devrait s'en contenter et ses compagnons aussi.
Le gros aubergiste se remit à essuyer ses verres tout en regardant la guerrière. Il ne semblait pas aimable et enclin à un discours de courtoisie. Qu'importe, elle voulait juste manger et dormir.

"-Une table et des chambres s'il vous plait."

"-On en a pas. On ne veut pas d'histoire." Répondit l'homme bougon et hargneux.

Toujours calme et placide, malgré son envie d'en finir au plus vite, Lyroë rétorqua:

"-Ça tombe bien, moi non plus. Et des tables, il y en a."
Elle jeta un coup d'œil aux tables quasiment toute vides.

"-On ne veut pas de lui." L'aubergiste parlait-il encore d'Eliow? Surement. Que dire de plus.

"Moi, non plus, mais il va falloir faire avec. Une table et trois chambres."

"-Comment être sûr que mes clients et mon personnel ne finira pas en dîner?"

Il insistait en plus.

"- Il finira sous mes flèches avant qu'il n'est eu le temps de s'en prendre aux vôtres."

Lyroë avait une voix froide malgré son calme. Son regard ne laissait guère le choix quand à la démarche à suivre. L'elfe n'avait pas que ça à faire. Tenter de convaincre un imbécile à tolérer un vampire. Elle ne pouvait que comprendre ses inquiétudes, être d'accord avec lui, mais là, elle était à bout. Il lui fallait cette table et vite, sinon elle décocherait ses flèches bien plus vite que prévu pour manger.
L'aubergiste regarda les deux hommes, comme pour leur demander leur accord ou bien le choix de la décision finale. Que les hommes pouvaient être lent, peu sûr d'eux et chipoteur. Ne venait-elle pas de leur affirmer qu'elle les protégerait? Une chose que Lyroë n'aimait pas parler dans le vent et encore moins que l'on doute de sa parole.
L'homme semblait peut enclin à résister plus, il savait que c'était peine perdu, puis les deux hommes semblaient être de l'avis de Lyroë. Elle devrait se méfier plus tard. Peut être était-ce un guet appens? Tout ça à cause de cet être... Elle aurait dû le faire fuir ou taire sous ses flèches quand elle en avait eu l'occasion, n'en déplaise à Mery.
L'aubergiste acquiésa d'un signe de tête lui accordant les trois dernières chambres de l'auberge. Il s'empressa d'ajouter que le vampire ne rentrerait pas pour le souper. Logique pensa Lyroë.
A ce moment, la porte grinça de nouveau et laissa entrer deux autres personnes. Encore des voyageurs, ça se voyait au premier coup d'œil. L'aubergiste se redressa comme pris de panique. Il n'avait pas l'air d'aimer le trop pleins de gens non habitants de la ville.
Et zut, Lyroë allait devoir attendre encore un instant.

Quand un mercenaire cherche des clients le mieux est de se rendre dans une taverne, il si passe toujours des choses intéressante, de plus les aubergistes ayant un tant soit peu d’intelligence savait qu’en faisant des réductions à ce corps de métier il y gagnait en clientèle.
Wollf était arrivé une petite demi-heure auparavant il ne savait toujours pas pourquoi il était venu ici mais le temps lui a appris à toujours écouté son instinct.

Aldaria la dernière qu’il y était passé il en était ressorti…changer mais en y réfléchissant il est vrai que comme la recherche de sa sœur était relié à une prophétie il est tout naturelle que sa quête le mène jusqu’ici après tout c’est un haut-lieu de la magie humaine. Le mercenaire était donc à une table à siroter une bière et réfléchissant à la suite des évènements lorsqu’une elfe entra dans la taverne bien-sûr il a entendu parler du groupe qui se baladait en ville mais il les prenait pour des racontars d’ivrogne.

Un silence de mort se fit dans la salle la créature se dirigea vers le tenancier et demanda des chambres et une table mais le patron ne l’entendait pas de cette oreille, il refusa tout net, le ton monta et le barman chercha du soutien parmi ses clients, il n’en trouva pas.

Wollf lui était plutôt curieux de rencontré ces voyageurs et si ce qui était raconté était vrai avec des dragonniers il se passe toujours des choses intéressante et de plus quand on cherche quelqu’un que l’on n’a pas vu depuis près de quatorze ans on ne sait pas forcément par où commencé en plus la possibilité de fréquenter un vampire sans avoir à y laissés trop de plume était une occasion unique !
Et puis la porte s’ouvrit une seconde fois laissant entrer deux autres personnes dont l’une d’elle ne parut pas étrangère à Wollf.

Merithyn... Merithyn et sa satané habitude de ne pas supporter les mensonges et le conflit. Le dragon noir ne pu réprimer un grognement agacé lorsque la douleur traversa le regard du baptistrel. Il n'aimait pas faire de mal aux gens qu'il appréciait, et il n'aimait pas non plus que qui que ce soit leur fasse du mal mais qu'y pouvait-il ? Le mensonge faisait partie de ce monde, il faudrait bien qu'il s'y fasse ! Comment ça il ne pouvait pas ? Et alors ? Qu'il se débrouille avait envie d'exploser l'antique créature.
Il était tellement occupé à observer l'elfe et à se demander si il devait tenter de lui parler ou pas qu'il ne remarqua même pas le départ de la dragonnière et ce ne fut que lorsque l'autre dragon fila de son coté qu'il remarqua que le groupe était en train de se disloquer. Mais enfin où allaient-ils tous ? Il n'allaient quand même pas laisser le vampire, SON vampire tous seul au milieu d'une horde d'humain qui le regardaient haineusement ? Il reporta son regard flamboyant sur l'un d'eux, notant le mépris qui brillait dans ses yeux et gronda. Non mais pour qui se prenait-il ce peuple ? Shaynar avait été très déçu des elfes, plus que déçu même et apparemment il ne faudrait pas qu'il espère un meilleur accueil chez les humains. Décidément...
Il n'avait pas réagit lorsque Cymbor s'était adressé à son dragonnier, décidant de les laisser se débrouiller. Après tout, Eliow l'avait bien cherché non ?

-Oui d’accord veux bien rester si je peux faire quelque chose sinon faudra vous trouver quelqu’un d autre.

Il dressa la tête, tournant un regard curieux vers l'autre elfe. Il ne le connaissait pas bien celui-là, pour ne pas dire pas du tout. A qui parlait-il ? Aucune idée mais le dragon noir s'en fichait pas mal pour tout dire, il avait d'autres chats à fouetter, à commencer par un chat vampire-dragonnier qui semblait bien décidé à bouder jusqu'à la fin des temps.
Il lança un dernier regard mauvais à l'homme qui n'avait pas détourné le regard et se détourna pour trotter jusqu'à l'objet de ses inquiétudes. Il sentait la rancœur dans l'esprit ouvert, il n'était certainement pas très agréable d'être ainsi rejeté de partout. Shaynar pouvait le comprendre puisque son choix l'avait embarqué dans le même bateau. Il ne regrettait rien toutefois, n'étant pas du genre à se soucier de l'avis des gens quelque soit leur race.

*Partons d'ici avant que je ne décide d'en manger un ou deux. J'ai comme l'impression que ce serait mal vu. *

Un souffle railleur s'échappa de lui tandis qu'il exprimait ainsi sa pensée à son dragonnier, lui exprimant son soutien face aux regards mauvais qui les fixaient. Conscient d'être le centre de l'attention, il s'approcha encore jusqu'à toucher la main du vampire de sa tête écailleuse.

* On y va ? *

Un murmure parcouru à nouveau la foule à son geste, presque un soupir. Et bien oui ! Avait-il envie de répondre, j'ai choisis un vampire. Et alors ça vous embête ? C'est pareil.
Il marcha alors, fendant la foule sans la moindre douceur et montrant les crocs lorsque certains ne s'écartait pas assez vite. Il se déplaçait lentement, gardant sa fière tête aussi haut que possible et toisant les humains de son regard brûlant. Les muscles roulaient sous sa peau écailleuse tandis qu'il se déplaçait majestueusement, son dragonnier à ses cotés.

* Si ils ne peuvent pas nous aimer alors je ferais en sorte qu'ils nous respectent. *

Sa pensée farouche fut balancée dans chaque esprit, sans la moindre exception. Ne tournez jamais le dos à un dragon ! Voilà une maxime que les humains feraient bien de garder à l'esprit.
Ils arrivèrent ainsi devant l'auberge, pile à temps pour voir le dragon blanc s'y engouffrer en se glissant dans les jambes d'un homme qui en sortait. La porte reclaqua à leur nez et Shaynar piaffa de frustration.

« Je vais avoir du mal à me glisser là dedans, et même si j'y arrive je vais casser la moitié du mobilier. Allez entre. »

Du nez, il poussa le vampire vers la porte sans s'occuper des jérémiades qu'il ne manquerait pas d'exprimer. De son coté il se dirigea vers la plus proche fenêtre qui était par chance ouverte et étira son cou. Une femme poussa un cri strident lorsque sa tête apparu tout à coup à travers l'ouverture et il souffla avec impatience avant de porter son attention vers la scène qui se jouait juste à temps pour entendre la voix de l'elfe dragonnière :

« -"- Il finira sous mes flèches avant qu'il n'est eu le temps de s'en prendre aux vôtres."

Il eut brusquement envie de rugir de toute ses forces au beau milieu de l'auberge mais se dit que ce ne serait pas forcément le meilleur moyen d'obtenir le droit de rester. Il se contenta donc d'envoyer une pensée vers le dragon blanc :

«Explique donc à ta dragonnière qu'un dragon prend en général très mal le fait de tirer des flèches sur son dragonnier. Si elle s'attaque à lui je rôtirais la ville entière à commencer par elle. Qu'elle se le tienne pour dit. »

Shaynar s'attendait à ce que l'autre lui réponde aussitôt mais un homme semblait avoir attiré l'attention de plusieurs personnes. Un homme étrange qui ne se mêlait pas à la conversation mais qui attirait l'oeil de Shaynar et lui faisait dresser les écailles. Il n'aurait pas su dire pourquoi mais ce gars là ne lui plaisait pas. Il lança un souffle télépathique vers Eliow

« Fais attention à toi. »

C'était ridicule bien sur et celui-ci ne risquait pas grand chose bien sur, d'autant que Shaynar aurait très vite fait de briser la fenêtre et une bonne partie du mur si il lui prenait fantaisie de débarquer tout à coup dans la pièce mais voilà, il avait un mauvais pressentiment...

Et voilà. Comme si la situation ne pouvait pas être pire, son dragon le réprimandait maintenant. D'accord, ce qu'il avait dit sur les tentatives de vol, parfois désastreuses, du moins maladroites, du dragon blanc était peut-être, je dis bien peut-être, déplacé. Mais tout ce qu'on disait sur lui depuis le début du voyage, en omettant alors ce qui avait pu être dit ou fait à son encontre au pays maudit des elfes, n'était pas déplacé non plus ? Pourquoi serait-il le seul à devoir supporter sarcasmes sur sarcasmes, remontrance, méfiance, haine et tout ce qui allait avec, sans que les autres partagent ce qui ne cessait de le ronger ? A parcourir ce monde en cette si étrange compagnie, il avait de plus en plus l'impression de ne pas avoir sa place en ce monde justement. Et il était devenu dragonnier, censé défendre ce continent à l'agonie et sa magie ? Alors qu'on ne cessait de le rejeter de toute part ?

Non, vraiment, tout ceci ne pouvait être qu’une macabre comédie. Ce poids était bien trop important déjà pour lui, qui ne s'était pas senti prêt pour cette aventure et encore moins pour une telle charge qu'était celle de dragonnier. Démissionnaire ? Oui, peut-être. Mais au vu de toute l'hostilité qu'il n'avait cessé de rencontrer depuis tout ce voyage, il ne pouvait s'empêcher de penser que, finalement, Lorenz avait peut-être bien raison, et que les hommes n'étaient tout justes dignes qu'à servir de garde-manger aux vampires. Quant aux elfes... et bien au vu de leur déplorable comportement envers lui, pourquoi les vampires devraient-ils mieux se comporter envers eux ? Les dires de Kylian ? Pour le moment, il avait plutôt envie de penser inepties impossibles et futiles utopies.

Eliow sentait alors son coeur mort s'empourprer d'une colère fourbe et furieuse. Colère contre les elfes, contre les hommes, contre le Dracos de lui avoir imposé un destin finalement si funeste, contre Armanda toute entière. Même Shaynar n'échappait pas à sa colère. Tant et si bien, que même lorsque ce dernier confirma être d'accord avec lui et vouloir fuir ce monde, Eliow ne répondit rien. Il savait inutile de tenter de fermer son esprit au dragon, mais à cet instant, il en aurait bien eu envie. Puisque tous le rejetaient, même son dragon au point de soutenir son congénère, que tous aillent au diable. Et le laissent en paix. Car finalement, lui, c'était tout ce qu'il demandait : la paix. Et juste un peu de sang frais peut-être, rajouta-t-il tandis qu'il sentait la faim l'assaillir de nouveau, traitre sensation.

Le vampire ne réagit même pas quand Merithyn s'en alla, ou plutôt fuit. Fuir quoi ? Lui sans doute. Ses sarcasmes, son caractère, ses paroles acerbes et amères, son dragon peut-être, allez savoir. A cet instant précis, Eliow n'en avait plus que faire. Être seul pour être seul, autant qu'il le soit complètement non ? Et quand bien même la perte de cet elfe étrange semblait tout au fond de lui créer une étrange sensation de manque et de tristesse, il s'empressa d'enfouir le tout sous une couche épaisse de haine. Oui, haine Voilà tout ce qu'on lui offrait finalement. Voilà tout ce qu'il offrirait dès lors... Quant au dragon blanc, qui venait de répliquer à son tour, ou sa dragonnière, qu'ils aillent voir s'il était allé rejoindre le Dracos !

Sans plus trop s'occuper du monde qui l'entourait, des regards qui s'ancraient sur lui, Eliow s'enfonça ainsi dans ses pensées, tentant de chasser toute autre pensée ou sensation inopportune.

*Partons d'ici avant que je ne décide d'en manger un ou deux. J'ai comme l'impression que ce serait mal vu. *

Pas de réponse. Eliow n'avait pas envie de répondre. En fait, il n'avait pas envie d'entendre non plus, mais encore une fois on ne lui en laissait pas le choix. Mais on n'allait pas l'obliger à répondre quoique ce soit non plus.

* On y va ? *

« Aller où ? » Avait-il envie de hurler. Mais encore une fois le silence fut la seule réponse qu'il offrit. Pas un geste envers son dragon, pas un mot. Pas même un regard. Bon finalement, il sentait bien son coeur fléchir et la rancune qu'il nourrissait envers son lié s'évanouir peu à peu dans les limbes de ses sentiments si entremêlés, mais il n'avait ni l'envie ni la force de répondre quoique ce soit. De toute façon, répondre quoi ? Il sentit alors l'inquiétude de son dragon envers lui, et constata effectivement les regards, haineux pour changer, qu'on lui lançait. Ce fut peut-être cette inquiétude, plus que toute autre chose, qui le décida enfin à obtempérer et à réagir aux paroles de Shaynar. Pas par peur d'être attaqué, mais par peur que shaynar soit blessé en voulant s'interposer. Il avait beau en vouloir parfois à son dragon, il s'y était lié plus qu'il n'était décent de le dire.. Nous pourrions dire qu'il l'aimait même, si tant est qu'un vampire puisse aimer.

« Je vais avoir du mal à me glisser là dedans, et même si j'y arrive je vais casser la moitié du mobilier. Allez entre. »

Encore une fois, il se contenta d'obtempérer, lançant un regard étrange envers son dragon. Culpabilité envers ses précédentes paroles malheureuses et son mutisme alors acéré, tristesse mélancolique, teintée d'un désespoir qui se creusait encore, colère et haine envers ce monde qui ne voulait pas d'eux... tant de choses alors en lui. Tant de choses qu'il aurait voulu partager avec son dragon, sans savoir vraiment comment, comme espérant que tout ceci disparaîtrait par le pouvoir du Dracos Honoris...

" Il finira sous mes flèches avant qu'il n'est eu le temps de s'en prendre aux vôtres."

Hum... Finalement, il n'avait plus trop envie de rentrer. Etait-il vraiment obligé ? Et encore un coup de pelle pour creuser plus profondément son désespoir qui semblait alors sans fond !

« Fais attention à toi. »

" Mouais, si tu le dis ", daigna-t-il enfin répondre, faisant un effort incommensurable pour revenir dans la réalité et s'extirper de ses sombres et déprimantes pensées.

Et c'est dans un soudain lourd silence qu'il fit son entrée dans l'auberge.

- Quoi ? Vous n'avez jamais vu de vampires peut-être ? Ne put-il s'empêcher de susurrer d'une voix moqueuse et haineuse.

Une voix toutefois parfaitement audible pour être entendue dans toute la salle.

Il était seul, loin de ses amis, loin de la raison de leurs voyages, loin de la lumière qu'il suivait avec tant de foi depuis le début de leur longue marche... seul sans le moindre repère, sans la moindre indication de la route à suivre, seul alors que sa conscience s'était enfoncée dans le noyau même de son être, loin de tous ceux qui le blessait, loin de tous ceux qui lui était hostiles, loin de la méchanceté, loin du mensonge et de la haine, dans la partie la plus intime de lui même où rien ne pouvait l'atteindre et où, enfin, il retrouvait la paix qui avait été la sienne autrefois... Le monde extérieur semblait totalement étranger à ses sens, un simple théâtre sans le moindre goût qui se jouait devant lui, un spectacle de mime depuis longtemps obsolète, une antique tragédie qu'il aurait délaissait dans l'instant si il l'avait put tant il en était dégouté et désillusionné... il continuait de courir le long de l'avenue sans se soucier des regards qui se posaient sur lui, il avançait résolument, s'éloignant du groupe mais même sa course effrénée ne semblait pas l'affecter, il courait mais ne se sentait même pas effectuer le moindre pas en avant, le monde était gris devant lui et les bruits de la ville lointain tel la rumeur d'une tempête en approche, les bâtiments couleur d'argent défilaient sous ses yeux sans qu'il ne s'en émerveille plus, teintés d'un voile grisâtre de cendre et les faces des humains ressemblaient soudain à des masques grimaçant et terrifiant, mais même ceux ci le laissait de marbre tant il était tourné vers son être intérieur, vers les vibrations qu'il dégageait, vers le chant de la terre mère qu'il aimait tant et qui semblait monter vers lui pour tenter de le rassurer et de lui offrir un peu de réconfort... Il avait toujours mal, les muscles de son corps se crispaient, ses dents claquaient et le sang dans ses veines semblait plus lent, le mensonge et la menace avait eu un effet dévastateur sur lui d'autant qu'il commençait à accuser la fatigue de leurs longue marche et de ses efforts pour qu'il n'y est pas de massacre, et la menace de Shaynar résonnait toujours en lui, un coup de poignard en plein cœur provoquant une blessure qui semblait ne pas vouloir se refermer... Il ne lui en voulait pas, pas plus qu'à Eliow, les responsables s'étaient tous ceux qui étaient trop aveugle et trop bornés pour voir leurs salut, trop butés et trop xénophobes, trop superstitieux pour accepter le duo à sa juste valeur... c'était les humains qui étaient en tord, c'était les elfes qui étaient en tord, et plus le temps passait, plus la douleur se rependait en lui, plus il observait ses amis, oui plus il apprenait d'eux et plus le ressentiment gonflait en son cœur, lui qui avait toujours été bon et juste, lui qui toujours avait été ouvert et complaisant avec tous, lui ne pouvait plus supporter de voir à quel point ce monde était corrompu et pourri par la suspicion et le doute, par la haine... même lui, pourtant élevé dans le respect et le pardon, ne pouvait empêcher son cœur de rugir de dégout devant l'injustice que le vampire et son dragon subissaient... Ils n'avaient rien demandé à quiconque, ils n'avaient fait de mal à personne, pourquoi devaient ils subir cela, pourquoi les autres n'acceptaient ils pas de voir l'être en lui même et non la bête assoiffée de sang pourquoi... pourquoi...pourquoi.... la question tournait sans fin en lui, empoisonnant ses pensées, affolant les battements de son cœur, faisant monter les larmes aux coins de ses yeux gris perles, était il tellement naïf et rêveur qu'il ne comprenne pas pourquoi ? Encore et toujours pourquoi... Ses pairs avaient raison, leurs ordre s'était trop éloigné du monde des êtres pensant, ils n'avaient plus les même notions, ils n'avaient plus les même code et les même valeurs que les autres, un bien ou un mal ? La réponse, seul le Dracos et la gardienne des préceptes la connaissait peut-être...

La gardienne, il aurait tant voulut qu'elle soit la en cet instant, elle aurait trouver une solution, elle serait restée fière et droite aux cotés du vampire sans s'occuper de ce que ses paroles provoqueraient, elle aurait forcé le respect de la ville entière sans prononcer la moindre parole... elle était forte, digne et puissante, un modèle pour lui qui tentait de marcher dans ses pas. Il devait se montrer digne d'elle, digne de son ordre et de son serment... Il avait jurer d'être aux cotés d'Eliow et de Shaynar... et pourtant il ne parvenait pas à serrer les dents devant la douleur que certaines de leurs paroles provoquaient. Il devait être plus fort, il devait être plus brave et plus présent, plus constant et sûr de lui, plus droit et franc que jamais auparavant, pour eux, pour leurs amitié naissante, pour ce que le Baptistrel pressentait comme étant le début d'une très longue épopée.... peu importait le reste du monde, peu importait les ordres de l'impératrice, il était un chante-ciel, un serviteur de la terre avant tout, l'un de ceux qui avait l'honneur d'entendre le doux murmure de la terre nourricière, le chant allègre du feu, l'hymne mélancolique de l'eau et les trilles allègres du vent... il avait trouvé son combat en ce monde, il avait trouvé celui qui méritait plus que tous les autres sa protection, son soutient, son attachement, son... non, c'était lui, il n'y avait rien d'autre à dire, il devait rester à ses cotés et peu importe ce que le reste du monde dirait, il se savait sur le bon chemin et était certain que ses pairs l'auraient soutenu dans son choix. Et Lyroe pouvait bien dire ce qu'elle vouait, il était certain qu'Eliow était différent du reste des vampires, il n'était pas juste un vampire, un cauchemar pour le genre humain, il était lui, il était Eliow... il aurait tant voulut être plus fort, il aurait tant voulut pouvoir lui faire entendre le chant dans lequel il baignait constamment, le chant de la terre dont les vampires étaient coupés, il aurait voulut lui faire partager la raison de ses choix, de sa vie... à lui mais aussi à tous les autres, leurs montrer ce qu'ils ne pouvaient comprendre, leur montrer ce que leurs bêtise et leurs haine aveugle risquaient de détruire... mais il n'en avait pas encore la force, pas encore le pouvoir, il aurait put oui, au prix de sa vie, mais la vie lui était encore douce et il ne pouvait abandonner ceux qu'il avait juré d'aider.

L'avenue sans fin déboucha finalement sur une magnifique place aux pavés blancs brillant et aux maisons coquettes et bien entretenues et il fut surprit de s'apercevoir que sa vision était de nouveaux coloré... il était sortit de sa transe furieuse sans s'en rendre compte. Et il comprit l'ampleur de la tristesse qui avait dû l'habiter lorsqu'il était parti car la vision qui se présentait à lui était d'une beauté qu'il trouvait saisissante, tant par le goût des constructions que par le fait qu'il s'agisse d'un travail humain... il ne les voyait pas comme des barbares loin de là mais il avait toujours penser qu'il s'agissait d'enfants turbulents qui avaient du mal à s'ancrer en ce monde... combien de fois les membres humain de la Rhapsodie avaient tenter de lui ouvrir les yeux, il ne s'en rappelait même plus bien que chaque tentative soit ancrée en lui comme autant de souvenir appartenant à une autre vie, des souvenirs heureux que ces heures passées en compagnie d'êtres qui comme lui n'étaient plus vraiment membre d'une race particulière mais avait oublier leurs attaches de sang pour se mettre au service du bien absolut tel que la terre le voyait.... Comme la Gardienne le voyait, comme le Dracos le voyait, et comme les elfes et les hommes, et même les vampires ne le voyaient pas... un bien au delà des sens mortels, au delà de l'entendement de beaucoup, un bien qui ne se contenterait pas de satisfaire les exigences des créatures conscientes mais élèverait la parole des éléments au dessus de tous. Un jour peut-être leurs rêves verrait le jour en ce monde, un jour peut-être lorsque les hommes atteindront l'âge de raison de leur race, un jour lorsque elfe et vampire auront pansés les plaies d'un passé depuis longtemps révolu et que les dragons voleront de nouveaux, libres et sans peur, dans les cieux azurés de leur terre....peut-être alors la longue vigilance de leurs ordre prendrait fin, peut-être alors le monde connaitrait la véritable paix, en cette âge béni peut-être les siens abandonneront ils leurs serment de vérité pour se mêler à la foule et oublieront leurs passé reclus... mais en attendant un tel âge d'or ils étaient encore là, veillant en silence sur le monde qui les avait oublié, régénérant une parcelle du monde jusqu'à ce que l'océan les engloutissent et que le feu céleste des étoiles les consument jusqu'aux os...

De nouveaux les regards se tournaient vers lui tandis que les jeunes enfants qu'étaient les hommes faisaient fi de leurs crainte à l'égard de son apparence pour venir voir d'un peu plus près... il avait de nouveaux émergé de ses réflexions intérieur et avait découvert qu'il s'était assit sur le socle de la statue de marbre qui trônait au milieu de la place, un cavalier brandissant l'étendard de la famille royale humaine, son visage altier à moitié caché sous son lourd casque et le regard tourné vers le lointain. Il se demandait distraitement qui était ce personnage, un héros humain ayant aider nombre des siens, un combattant de grande envergure peut-être, un noble ou un ancien roi, peut-être une figure allégorique... un homme qui avait surmonté la faiblesse de sa race et les obstacles de la nature et qui, fort de sa sagesse si rare chez humains, avait conduit les siens vers cette lueur d'espoir que lui même tentait aujourd'hui de retrouver en cette ville pourtant si prestigieuse mais si pleine de préjuger. Comment le héros réagirait il en voyant son peuple bien aimé rejeter ceux qui leurs apportait le salut et le renouveau, serait il en colère, ou triste ou résigner à voir les sien sombrer dans un nouvel âge d'obscurantisme alors que les autres peuples s'élevaient de nouveau vers l'immatériel sagesse, vers cet idéal que le Dracos leur avait offert une fois de plus... tenterait il de leur faire entendre raison, ou abandonnerait il pour rejoindre le camp de ceux qui voit la lumière, aurait il accepter son propre salut au prix de celui de son peuple tout entier ou se serait il battu jusqu'au bout même sans le moindre espoir afin que les siens de sombres pas sans honneur dans l'immensité de la vie et du destin... Aurait il combattu de toute ses forces ce sombre futur ou aurait il jeter ses armes en maudissant le Dracos de ne pas les porter dans son cœur impalpable... Il était certain qu'il se serait battu, il le sentait au plus profond de ses os, presque comme si l'être de pierre le lui avait soufflé à l'oreille, il se serait battu jusqu'au bout, jusqu'à la mort et même après si il l'avait put, jamais il n'aurait renier son peuple même si celui ci régressait au stade de l'animal, même si il était exsangue et sans aucun espoir que celui d'une mort rapide il aurait combattu pour lui. Tout comme lui même aurait fait quelques semaines plus tôt lorsqu'il respirait l'air frais et parfumé de la foret elfique, lorsqu'il chantait sous le feuillage majestueux de son enfance, lorsqu'il discourait auprès de ses pairs de la Rhapsodie et qu'il parcourait les chemins secrets de ce gigantesque sanctuaire de vie... Avant il l'aurait fait, mais en cet instant en aurait il était capable ? Il ne savait pas et ne voulait pas de réponse tant il redoutait d'en entendre une.

Mais ce dont il était certain en cet instant c'était de l'envie furieuse qu'il avait de noyer ses compagnons sous un torrent d'eau afin de leur rafraichir les idées... non pas seulement ses compagnons mais toute la ville, oui toute la ville était responsable et toute la ville devait savoir. Si personne n'avait tenter de leur apprendre auparavant alors il le ferai même si il échouait lamentablement... et comme en réponse à son désir il sentit le pouvoir de l'eau monter en lui comme un tsunami irrésistible et féroce, et pourtant douce et délicate à la fois, une vague gigantesque comme les larmes qu'il menaçait de verser depuis qu'il avait quitté le groupe, comme l'eau qu'il aurait rêver de boire en cet instant, comme la pluie magnifique qui tombait peut-être en cet instant dans la grande foret et sur le toit du manoir de son ordre, comme les centaines de rivières et de lacs de cette terre, comme le lac noir qui avait abrité un œuf de dragon quelques mois auparavant. Il le sentit monter en lui et se releva comme dans un rêve alors que la fatigue quittait ses membres et son esprit, alors que la peur disparaissait et était remplacer par une détermination sans faille... le chant de l'eau, l'eau elle même mais aussi tout ce qu'elle représentait, le calme et les rêves qui permettaient de renouveler l'énergie de l'esprit, la bienfaisance qui offrait la vigueur aux corps fatigués et harassés, le chant de la purification et de la protection par les soins... mais également le chant des contes et des allégories... Il attrapa sa harpe et pinça une première fois les cordes, attirant encore l'attention sur lui alors qu'il se mettait à jouer une mélodie lancinante et poignante et que sa voix s'élevait vers les cieux comme un appel de détresse envers celui qui les avaient envoyés dans cette folle quête, une hymne à la paix et à la tempérance qu'il dédiait à ce peuple si jeune et si hostile mais aussi à ses compagnons...

… des hautes collines d'Everevens,
Où doucement coulent les sources d'argent,
Ses ailes le portèrent, lumière errante,
Au-delà du puissant mur de la montagne.
Du bout du monde alors il se détourna,
Et brûla de nouveau de trouver, loin de là,
Son pays, en voyageant par les ombres,
Et flambant comme une étoile insulaire
Haut en dessus des brumes il vint?
Flamme lointaine devant le Soleil,
Merveille avant l'éveil de l'aurore
Où, grises, coulent les eaux de Norlandes.

Par dessus la terre il passa,
Et entendit enfin les pleures de douleurs
Des femmes et des vierges elfiques
Dans les temps anciens, au temps jadis.
Mais sur lui régnait un destin puissant,
Jusqu'à la disparition de la lune: passer, étoile en orbite,
Sans plus jamais demeurer
Sur nos rivages où sont les mortels;
A jamais héraut en une mission sans repos,
Portant au loin sa brillante lumière,
Flammifère de l'ouest lointain.

Le chant était long, si long et si fort, et pourtant lorsqu'enfin ses doigts cessèrent de jouer, lorsque sa voix se brisa, à présent frêle et fin comme un souffle d'air, lorsque la foule des humains qui s'étaient assemblé se remit à respirer convenablement, il fut surprit par les émotions qu'il avait insufflé au chant. La place était plongée dans le silence qu'avait imposer son intervention, plus un bruit, plus le moindre murmure pas même le plus petit chant d'oiseau, seulement une foule d'yeux humains qui le regardait, qui l'observait et suivait le moindre de ses mouvements... il respira profondément et tenta de calmer ses tremblements alors qu'une goutte d'eau venait tomber sur son visage, puis une seconde et une troisième et bientôt une légère averse se mit à tomber sur la ville blanche. Une pluie fine et fraiche ressemblant à un voile précieux fait de milliers de diamants cousues les un aux autres et qui scintillaient dans la lumière du soleil tandis qu'il restait là, immobile comme un arbre à observer le fruit de son chant, cette eau bénie qui nettoyait la ville et lui apaisait le cœur, il sourit, n'ayant même pas eu conscience d'avoir chanter les deux chants en même temps mais très heureux du résultat. La foule sur la place s'était réduite mais un nombre encore important de curieux bravaient la pluie pour continuer à le regarder... son allégresse retomba un peu et il descendit de son socle pour retourner vers l'auberge où il ressentait les vibrations des dragons, fendant la foule sur son passage et tentant de faire abstraction des regards qui le suivaient. Il quitta la place à pas mesurés et en savourant toujours l'eau qui lui inondait le visage, qui trempait ses vêtements et qui plaquait ses cheveux contre son visage...

Alors qu'il s'engageait dans l'avenue une imitation miniature du tonnerre retentit derrière lui et son visage s'éclaira d'un grand sourire lorsqu'il reconnu les voix des humains et il se réjouit secrètement, espérant qu'il en ai retiré quelque chose. Les murs blancs des maisons avait prit une couleur gris perle avec l'humidité soudaine, le même gris que ses yeux, et les vitres brillaient comme la surface d'une rivière... il trouvait la ville encore plus belle à présent, dans cette atmosphère fraiche et douce, libératrice... elle lui rappelait les récits des Baptistrels humains lorsque ceux ci faisaient le voyage jusqu'au manoir du conseil, il en avait tellement rêver de ses récits, rêver de voir un jour les fière citées humains... et ce jour là il avait vu son souhait se réaliser, bien que les circonstances ne soient pas telle qu'il l'aurait souhaitées. Un jour peut-être aurait il la chance de revenir ici et de découvrir tout ce que la ville avait à offrir... il aurait aimer discuter avec les mages humains, voir les échoppes et les quartiers, découvrir les petites merveilles qui rendaient une ville agréable, chanter des heures pour emplir la ville de vibrations apaisantes, en faire un havre... Oui un havre comme jamais il n'en existerait d'autre, un havre où tous pourrait trouver la paix et la joie. Un jour peut-être...

Shaynar apparu dans son champ de vision, forme sombre dont le long cou rejoignait la fenêtre d'une auberge aux lueur rassurantes, pas de signe du reste de la troupe mais il n'en avait pas besoin, la présence réconfortante du dragon noir était un signe qui ne trompait pas. Il hâta le pas et atteignit la porte de l'auberge, il s'arrêta un instant devant la lumière qui filtrait du bas de la porte en bois, devant les bruits qui lui parvenait, devant les odeurs qui assaillaient ses sens.... la porte s'ouvrit enfin sous son commandement et il entra en silence observant la scène qui se jouait devant lui tout en songeant à l'image qu'il devait offrir aux hommes avec ses vêtements mouillés, ses mèches d'ébène lisses et lourdes autour de son visage et sur ses épaules mais une lueur de pur bonheur dansant dans ses pupilles d'orages. Il prit quelques minutes pour observer où se trouvait chaque membre de leurs groupe , Lyroe près des humains, en train de négocier il ne savait quoi, Cymbor non loin qui l'observait, Eracus, Shaynar dont le museau noir dépassait de la fenêtre et qui semblait de mauvaise humeur et enfin... Eliow, debout à quelques pas de lui, semblant toiser le reste de l'auberge et apparemment toujours en colère... Son cœur, apaisé par la pluie et par son chant, se remit à battre follement et il hésita un instant avant de s'avancer vers le vampire, s'arrêtant devant celui ci, cherchant ses yeux et guettant les modifications de ses vibrations... inquiet, oui il était inquiet de savoir ce qui s'était passé pendant son absence et à voir l'expression du vampire il ne s'agissait pas de quoi que se soit de joyeux. Il hésitait dans le choix de l'attitude à adopter, se demandant comment le vampire réagirait si... si il... et pourtant, il se sentait presque contraint de le faire, contraint de lui montrer qu'il n'était pas entourer d'adversaire et cela même contre son grès, même si il devait être rejeter et attaquer il devait le faire... Et il le fit, il s'avança encore et cette fois ne retint pas le geste qu'il avait refuser de faire au royaume elfique... il passa ses bras autour de son cou, se hissant un peu dans l'opération en raison de sa petite taille, et posa la joue contre la poitrine du vampire, presque comme si il tentait d'écouter son cœur battre, il serra, serra doucement, tendrement, une simple étreinte entre deux êtres radicalement différents mais dans laquelle il mettait tout ses sentiments, tentant de lui faire passer le message... il ignora les différentes réactions des humains de l'auberge, refusant d'accorder son attention à des enfants et se focalisant sur la raison de sa présence en ces lieux...
Plusieurs minutes passèrent avant qu'il ne bouge de nouveau, et il déclara à mi-voix et pour les seules oreilles du vampire :

« Je croit me souvenir que tu avait faim »

Et sur ses mots il le relâcha et recula quelques peu, souriant avec douceur et rayonnant de joie, plus aucune traces des épreuves de la journées visibles sur lui, il ne respirait plus que le bonheur pur et parfait, ainsi que le calme et la sérénité, en cet instant il avait perdu le voile terne qui l'avait couvert pendant leurs longue marche... il était de nouveau lui même, il avait retrouver sa détermination et sa paix intérieur, cette assurance tranquille avec laquelle il abordait le reste du monde. Et en cet instant le reste du monde n'avait vraiment plus beaucoup d'importance....

La civilisation! Enfin!! Que le Dracos soit loué, les deux jeunes filles étaient sauvées!! Avec un peu de chance, elles pourraient se mêler à la foule et disparaître sans laisser de traces! Ou encore mieux, elles pourraient tomber sur une âme charitable de deux mètres sur deux avec cent kilos de muscles prêt à les défendre pour leur beaux yeux, sans rien demander en retour! Mais il ne fallait pas trop rêver! Les alentours d'Aldaria n'étaient pas réputés pour ses colosses, mais plutôt pour ses badeaux! Mais on avait bien le droit de rêver! Et puis, de toute manière, elles n'avaient pas le choix!

Les deux jeunes filles continuaient à courir sans s'arrêter, essayant de ne pas penser aux points de côtés, cette fichue pluie, à la fatigue et à ce maudit cailloux au fond de sa botte gauche... Entre perdre la sensation d'un orteil et la vie, le choix était vite fait!
Ha elles étaient belles, ça, c'était sûr! Trempés jusqu'aux os, épuisées, affamées, le visage envahit par la peur qui leur donnait des ailes, courant au milieu des rues et des gens, cherchant désespérément une planque, un abris, ou encore quelqu'un d'assez grand derrière qui elles pourraient se camoufler. Lylou n'osait même pas se retourner, elle ne se fiait qu'à son oreille , se fixant sur la respiration haletante de Mila juste derrière elle. Mais si le vampire était toujours à leur trousse, elles ne pourraient certainement pas courir plus vite que lui longtemps.

C'était déjà la seconde fois qu'elle se retrouvait à courir à perdre haleine pour fuir un vampire, mais lorsqu'Eleyna l'avait poursuivit, elle était chez elle, la petite bergère connaissait les bois presque comme sa poche, elle était capable de dénicher des cachettes sans problèmes, des armes, et de l'aide! Ici elle était perdue! La ville semblait immense et elle ne voyait que des murs froids autour d'elle, aucun arbre ou elle pourrait grimper pour se cacher, aucune grotte ou caverne qui pourrait les dissimuler! Il n'y avait que ces bâtiments qui devenaient de plus en plus grands, et de moins en moins de cachette.

Jusqu'ici, Lylou s'était toujours fié à son instinct, et avait misé sur sa chance. Elle continua à courir, ses yeux balayant le paysage tout autour d'elle, cherchant avec Mila un échappatoire... Mais sa chance finit par lui sourire: droit devant elles , une sorte de place avec un attroupement d'humains! Enfin, sans devenir paranoïaque, ils ressemblaient à des humains, et un si grand rassemblement de vampire n'aurait pas pu passer si inaperçu! Apparemment il n'y avait pas de garde ou de soldats, la voie était libre! Elle ralentit tout de même le pas légèrement, histoire de ne pas être trop suspecte. En s'approchant du groupe, elle sentit comme un vent de panique parmi eux, comme si quelque chose d'exceptionnel s'était produit! Le vampire serait-il passé par là? Si c'était vraiment le cas, les demoiselles n'avaient pas de soucis à se faire pour que l'on croit enfin en son récit! Mais dans le bruits des conversations, elle ne distingua que quelques bribes de phrases, certains parlaient de musique, d'autre de gros chiens avec des ailes bleues... Finalement, cet attroupement n'était sûrement que le résultat d'une soirée bien arrosée!! Avec un signe de tête, elle fit comprendre à Mila qu'il faudrait qu'elles sortent de la foule pour se diriger prudemment vers l'auberge. Les aubergistes étaient réputés pour leur corpulence et leur force, avec un peu de chance, il serait assez costaud pour les cacher toute les deux derrière son tablier!

Lylou attrapa la main de Mila et tira la jeune fille en courant presque jusqu'à l'auberge. Elle remonta correctement son capuchon et le foulard qui masquait le bas de son visage, et poussa vivement la porte de l'auberge. Une douce chaleur et une odeur de bons petits plats virent envelopper les deux fuyardes, une sensation aussi agréable que si sa mère l'avait prise dans ses bras! Mais le bruits des conversations remplit presque aussitôt les oreilles de Lylou, comme un bourdonnement sourd. Baissant la tête, tenant toujours la main de Mila, se frôlant le plus discrètement possible un chemin parmi les clients de l'auberge, en quête d'une table tranquille, loin des fenêtres, on ne sait jamais si leur vampire s'amusait à regarder par les fenêtres!

Elle lâcha un instant la main de Mila, ayant repéré une table à la fois assez à l'écart, mais en même temps pas très loin de la sortie de derrière. A moins que le vampire ne passe par derrière, elles auraient le temps de s'enfuir en attendant qu'il se nourrissait des alcooliques de cette auberge! Pensant déjà à ce qu'elles allaient bien pouvoir manger de bon, elle ne se retourna qu'une seconde pour observer une assiette sur une table qui lui mit l'eau à la bouche, qu'elle sentit son corps percuter quelque chose à la fois mou et dur, et grand!
"Oh! Pardon je...." commença-t-elle en se frottant énergiquement le crâne au point d'impact.

Elle leva lentement les yeux, apparemment elle avait percuter un homme, habillé étrangement, ses yeux remontant alors sur une espèce d'épée étrange, sans doute la cause de sa soudaine migraine, et plus elle levait les yeux, et plus ils s'écarquillaient.... Outre la beauté manifeste de l'homme, son petit côté mystérieux, c'était ses longues.... oreilles??? Un elfe??!?! Ici? Dans cette auberge? mais qu'est-ce qu'il faisait ici loin de ses forêts légendaires?
Pour une première rencontre avec le peuple sylvain, ce n'était vraiment pas ainsi que Lylou imaginait que ça se déroulerait! Quelle honte!
Elle allait balbutier quelque chose mais sentit une présence derrière elle, et se tourna vers l'interlocuteur de l'elfe....

Cette fois ça y est, si ce n'était pas l'infarctus, c'était très ressemblant! Ce teint pâle comme la lune, ses yeux et surtout, ses dents! Il n'y avait aucun doute! Elles venaient de courir pendant une éternité pour échapper à une vile créature, elles entraient dans une auberge pour se mettre à l'abri, et il fallait que Lylou manque de renverser un vampire....
"Oh non... Pas encore..." chuchota-t-elle sur un air de désespoir.

Elle n'avait plus la force de fuir, elle était épuisée, elle ne voulait que dormir et se réveiller le lendemain en constatant en rigolant que ce n'était qu'un mauvais rêve! Il n'était pas possible qu'en si peu de temps, elle rencontre autant de vampires sur sa route alors qu'ils étaient censé avoir disparut ou presque! Pas se balader tranquillement dans les villes et blaguer avec les aubergistes, et encore moins des elfes!!!
Ne sachant plus où donner de la tête, partagée entre le désir de contempler un peu plus l'elfe ou l'angoisse de ne pas perdre de vue une seconde le vampire. On lui avait déjà fait la blague du vampire végétarien, ça ne lui avait pas réussit! Elle se contenta de lutter pour ne pas tomber dans les pommes sur le coup de l'émotion...

Se pouvait-il que... ?
Qu'elles aient parcouru tant de lieues...
Une foule de questionnements stériles assaillaient l'esprit de Mila déjà encombré de tant d'aventures. Majestueux sous la pluie battante, de hauts remparts immaculés se dressaient... aucune autre ville qu'Aldaria n'en possédait la superbe !
Mila, dans un élan d'espoir souriait à Lylou :
"Nous sommes sauvées ! Ce ne peut être qu'Aldaria la Superbe, la légendaire cité de la Magie, ici aucun Vampire ne saurait nous approcher !" Affirma-t-elle en redoublant sa course. Par le Grand Dracos, qu'elle souffrait Mila ! Sa blessure dans le dos s'était rouverte à force de fuir. Si le Vampire les suivait, nul doute que ces odeurs de sueurs et de sang mêlées le rendraient totalement fou... et cette seule supposition glaçait d'effroi la Gamine. Elle ne manquait pas d'agilité, de force et de bagou la Belle de Valblanc, mais d'endurance oui. Elle peinait à suivre Lylou pour qui cette fuite semblait presque habituelle, que pouvait-elle bien cacher ? Mila et elle n'avaient pas échangé beaucoup plus depuis l'épisode du Rocher. Tout juste s'était-elle excusée de lui avoir menti sur son nom. Mila s'était sentie un peu honteuse mais après tout, cette jeune femme aurait très bien pu être une voleuse, voire un assassin...
Mila fut surprise du peu de contrôle aux Grandes Portes. Quel doux euphémisme ! Les-dites Grandes Portes étaient deux colossales battants de plain-bois inexpugnables. Flanqués de deux Tours de marbre blanc absolument énormes, des donjons à eux seuls ! En pénétrant dans les larges rues de la ville, la Gamine de Valblanc ressentait un bien-être rassurant. Elle réalisait à sa grande surprise combien elle se sentait infiniment plus citadine que campagnarde. De la ville elle connaissait tous les rouages, surtout dans les hautes sphères... et lorsque les pas de Lylou la menèrent vers cette auberge, elle appréhendait un peu se mêler au "bas-peuple"...

Mila passa la porte trempée jusqu'aux os. Sous elle dégoulinait une eau teintée de rouge clair... confirmant si besoin que la longue plaie de son dos, heureusement peu profonde, n'avait pas eu le temps de cicatriser correctement. *Me faudra payer les services d'un bon Soigneur" pensa-t-elle alors que Lylou demeurait figée devant elle, blême.
Mila tâchait de comprendre quelle pouvait bien être l'origine de cette peur soudaine, et, croyant regarder dans la bonne direction, contempla la tête reptilienne qui passait par une des fenêtres !!!
"IIIIIIIIIIHHHHHHHhhhhhhh" Cria-t-elle en s'éloignant du danger que représentait ce... ce quoi d'ailleurs ? Etait-elle la seule à l'avoir vu pour que si peu de monde réagisse.. ou bien était-ce une blague de mauvais goût, une tête empaillée, un masque ?
Oui, ce devait être cela mais bougrement bien imité, suffisamment pour qu'elle aie cru voir...
*UN DRAGON !* osa-t-elle formuler en Elle, entre panique et jubilation soudaine !
Se pouvait-il... que ce Dragon soit "le Sien" ? La Prophétie des Valblanc serait ainsi une vraie Destinée, et non un conte de grand-mère ? Nombre de gens la dévisageaient, elle qui venait de crier bêtement. Fourbue et lasse de tant courir, Mila aspirait à du repos, mais tel ne pouvait être le cas, pas tout de suite. Elle saisit la main de Lylou, plus pour se rassurer qu'autre chose, au moins connaissait-elle une seule personne ici, il ne lui fallait pas la perdre ! Mila décida céans de retenir ses émotions, ne plus crier, ne pas parler, ne pas se faire remarquer, il y avait dans cette auberge, outre une tête de Dragon à la fenêtre, une tension manifeste... alors seulement Mila quitta la Bête du regard pour contempler le reste du monde.
Elle ne fut pas déçue de sa décision de se taire coûte que coûte... le spectacle était époustouflant et elle comprenait seulement maintenant pourquoi Lylou était blême sans même avoir vu la Créature Céleste...
Dans un chuchotement à peine perceptible elle balbutia à Lylou :
"Est-ce que tu vois les mêmes choses que Moi ?" Une question qui n'appelait pas de réponse tant Mila la connaissait déjà, la redoutant : Nul doute possible, en un même lieu où elle se trouvait, étaient réunis au moins un Elfe et un Vampire... et un Dragon. L'Empaillé bougeait la tête, ses yeux Rubis et son Souffle témoignaient pour Lui de sa vraie Nature... il était bel et bien en Vie !!!
Pour ne pas s'évanouir, Mila s'agenouilla, ferma les yeux et inspira longuement pour chercher la Paix en Elle.

Enfin ils avaient un lieu de repos et une table pour manger. Ce fut laborieux et rude. Les hommes étaient bien souvent bornés et têtus, mais là, l’aubergiste avait dépassé tout entendement. Il avait été presque grossier et impoli. Un outrage pour Lyroë et une animosité envers les humains qui ne serait guère près à changer. Pour qui se prenait-il? Un homme de modeste condition rechignant à faire son travail. Certes, leur groupe avait ses défauts, mais elle lui garantissait une sécurité qui n’était pas à discuter. Puis, étant dragoniers, n’avaient-ils pas une légitimité à défendre? Un respect dû à leur rang? Ou bien le temps avait effacé les règles de respects des êtres?? La peur, la peur devait être la seule réponse à cette attitude méfiante et haineuse. Elle non plus n’était guère ravie de la présence du vampire, mais ça la regardait elle. Et c’était elle seule qui pouvait rechigner, médire et maudire à son sujet. Pas ce vieil ivrogne, puant. Elle s'était retenue de ne pas lui lancer une flèche entre les deux yeux.
De toute façon, ils ne feraient pas de vieux os ici. Une nuit de repos, un ventre plein et des provisions dans les sacoches et ils repartiraient de suite. Ils avaient du chemin à faire et autre chose qu’à se faire regarder de travers à chaque paire d’yeux.

Mais pour le moment, il était temps de se rafraichir et de faire taire se ventre criard. L’elfe alla rejoindre son ami d’enfance, ignorant au possible le longues dents. A cet instant, une jeune humaine percuta Mery. Décidément, ces humains avaient tout pour plaire à l’archère. Celle-ci en plus semblait fortement perturber par son acte ou bien par la prestance de son ami. Il pouvait y avoir de quoi. Un elfe ne devait pas courir les rues de leur ville tous les jours. Qu’importe. Lyroë s’approcha de cette étourdie et de sa compagne d’infortune pour rejoindre Mery après que celle-ci sembla reprendre ses esprits. Les deux humaines semblaient tomber de Charybde en Scylla quand elles virent le vampire. Il y avait de quoi, mais l’elfe n’avait aucune envie de perdre un instant de plus parce que deux humaines se perturbaient l’esprit par la présence d’un être céleste et un souterrain. Elle leur jeta un coup d’œil de haut, un brin hautaine, avant de prendre parole à voix basse, s‘approchant à lui comme pour lui faire une confidence.

« - Nous avons une table, en fond de salle. Au calme. Il y a une porte au cas où…et de cette façon, le dragon noir pourra être près de nous. L’aubergiste va nous servir des mets de nos convenance, sauf peut être pour lui. Pour la nuit, nous avons à notre convenances une chambre et l’écurie pour les dragons. Mais je n’ai guère confiance envers les hommes de cette ville pour les laisser seul. Même si ces humains seraient fou de tenter quoique se soit. »

L’archère se baissa pour que son jeune dragon vienne à elle. Certes, elle pouvait lui communiquer ses pensées à distance, mais le contact avec celui-ci passait avant tout par la proximité. Elle cherchait aussi par cette façon de montrer aux spectateurs silencieux et curieux que ces nobles créatures n’étaient pas des monture de foire ou bien un simple apparat qui agrémentaient la noblesse des elfes.

* « - Rassure toi, il y aura aussi de quoi rassasier ton ventre. Toi et ton frère d’écailles. Ton air bougon s’effacera peut être ainsi. »*

Son ton de d’esprit était léger et ironique, mais en rien méchant. Elle voulait qu’ils effacent et rangent dans les limbes de l’oubli cette petite altercation. Lyroë posa sa main tendre sur le haut de sa tête, comme signe de paix, avant de se redresser et de lancer un coup d’œil à Mery pour qu'ils se dirigent vers leur table. Loin de ces yeux poser sur eux.

Sans un regard de plus, Lyroë alla s'installer la première, laissant le soin à Mery de dire au sang froid de les suivre. Plus vite son ventre serait plein, plus vite les provisions seraient faite, plus vite ils partiraient.

Décidément il y avait du monde dans cette auberge... Les yeux curieux du dragon passait d'un bipède à un autre, s'intéressant à tout et à n'importe quoi et s'amusant de bien peu de chose. Qui était donc cette jeune femelle qui était carrément entré dans le baptistrel ? Et cette autre qui... Il n'eut pas le temps de terminer sa pensée qu'elle croisait son regard et ouvrait aussitôt la bouche pour lâcher un terrible hurlement qui lui brisa littéralement les tympans. Arrrg ! Mais quelle idée de hurler comme ça ? Il lui lança un regard de reproche, sachant très bien que lui grogner dessus ne serait pas la meilleure façon de la rassurer et espéra qu'elle se calmerait assez pour ne pas le rendre complétement sourd dans les minutes qui suivraient. Non mais franchement... Il était un dragon d'accord mais aux dernières nouvelles il n'avait encore mangé personne... Un petit faon par-ci par là mais à part ça...
Surprit, il l'observa qui s'agenouillait, complétement déconcertée apparemment, et l'effleura doucement de son esprit. Voilà une humaine qui semblait un peu différente des autres... Il cligna paresseusement des paupières, la saluant de cette façon.

Intéressant donc, mais il y avait encore bien d'autres choses à observer dans l'auberge désormais bondée. Il reporta à nouveau son attention vers la dragonnière, elle semblait avoir réussi à convaincre l'aubergiste. Peut-être n'était-il pas aussi piètre diplomate que cela ? Bon certes elle ne semblait toujours pas avoir prit la peine d'apprendre son nom et le désignait par la couleur de ses écailles mais on ne pouvait pas en demander plus à un elfe, si ?
Comment ça il était injuste ? Et pourquoi donc ne devrait-il pas en vouloir à un peuple qui l'avait carrément emprisonné pendant des mois ? Qui avait tout fait pour ridiculiser et peut-être même tuer son dragonnier et qui n'avait pas témoigné la moindre once de respect à la créature ancestrale qu'il était ? Il était jeune et ne connaissait pas encore grand chose à ce monde mais il avait déjà eu le temps de se faire une opinion et il fallait bien dire que le peuple Elfique n'entrait pas vraiment dans son cœur. Où comment partir sur de mauvaises bases... Mauvaise idée d'ailleurs lorsque l'on connaissait son caractère rancunier !

La rancune et la colère... Voilà ce qui semblait couver dans l'esprit du jeune dragon blanc. Son coup d'énervement de tout à l'heure n'avait pas échappé à Shaynar, même si cela l'avait laissé de marbre et il aurait très certainement dû se douter que ce qu'il lui avait dit n'allait pas lui plaire. Qu'importe, il n'avait pas pour habitude de taire ses pensées. L'autre non plus apparemment car sa réaction fut rapide :

*Expliques donc à ton dragonnier qu’un dragon prend en général très mal qu’on menace le monde que l’on veut protéger. Pareillement pour toi. Si elle fait des efforts, vous n’en faites pas du tout. Et menacer de bruler la dragonnière d’un autre dragon est de lui déclarer la guerre. De plus, si vous ne menaciez pas Armanda au complet, peut-être que l’envie de vous embrocher à coups de flèches ne serait pas.*

Qu'est-ce qu'il racontait ? Et d'une l'elfe ne faisait pas le moindre effort, il n'y avait qu'à voir le rythme qu'elle avait imposé pendant le voyage. Et de deux il ne lui semblait pas qu'il était véritablement une menace pour le continent, c'était plutôt le continent qui le menaçait lui en menaçant son dragonnier ! Plus que l'idiotie totale de tout ce que l'autre était en train de lui dire, ce fut le ton qui déplut à Shaynar. Comment ce petit être aux écailles de neige osait-il s'adresser à lui sur ce ton ?? Son orgueil suprême et terrible qui était le fondement de son caractère ne pouvait laisser passer une telle chose. Susceptible, lui ? Bien sur qu'il était susceptible ! Hyper susceptible même, pour ne pas dire ultra susceptible et même pire ! La vague de colère phénoménale qui le secoua aussitôt fit trembler le lien qu'il entretenait avec son dragonnier, le renversant très certainement sous sa puissance. Ainsi il osait lui répondre ainsi et même le menacer à moitié ?? Il n'avait jamais connu la colère du dragon noir et il allait y gouter. L'enjeu de la discussion qu'avait eut l'elfe avec l'aubergiste pour enfin leur obtenir une place et les regards nombreux qui s'abattaient sur eux n'avaient plus la moindre importance pour Shaynar. Plus rien ne comptait que sa colère ravageuse et explosive, il voyait rouge et l'autre allait très vite le comprendre. Sa pensée mauvaise fut envoyée avec la force d'un boulet de canon vers l'esprit du dragon blanc, quand à son corps rétracta aussitôt de la fenêtre pour se diriger à toute vitesse vers la porte clause

*Ne commet pas l'erreur de te sentir à l'abri dans ce bâtiment et derrière ta dragonnière, lâche !*

L'insulte était lancée, et le craquement terrible qui retentit dans la pièce la ponctua. Shaynar n'était pas un dragon qui faisait dans la demi mesure, loin de là et il venait purement et simplement de se jeter contre la porte ! Son corps musculeux et protégé par les robustes écailles ne fit qu'une bouchée du pauvre morceau de bois qui tourna aussitôt sur ses gonds pour laisser entrer la créature. Une rangée de dent à la vue de tous, des écailles brillantes et tranchantes, des griffes solides et des ailes repliée en posture de bataille. Le grondement terrible qui s'échappait de sa gorge et le flamboiement mauvais de ses yeux rubis avaient de quoi semer la panique dans le bâtiment ! C'était mauvais pour leur image ? Et alors ? Il était bien trop énervé pour s'arrêter à ce genre de considération. Il avait oublié la troupe, il avait oublié les races, il avait oublié le lieu, il en avait même oublié son dragonnier ! Pour le coup, il ne voyait qu'une chose : un jeune dragon blanc qu'il voulait mettre en charpie.

*Défends toi si tu ne souhaites pas que je te tranche en deux.*

La sommation eu juste le temps d'arriver à l'esprit du dragon blanc que Shaynar lui rentrait déjà dedans ! Emporté par son élan et surtout par sa fureur il avait traversé toute l'auberge sans prendre garde au tables et aux humains qu'il renversait sur son passage. Le choc fut terrible mais ne calma par pour autant sa colère, déjà il ouvrait largement sa mâchoire dans la ferme intention de briser l'échine de l'autre. Rien n'avait d'importance à cet instant, il se battait pour tuer.

Dire que le vampire était heureux et soulagé de voir réapparaître l'elfe chanteur était un doux euphémisme. sa colère n'était pas calmée pour autant, mais il se sentait moins seul. Bon il n'était jamais seul, puisqu'il avait Shaynar constamment à ses côtés, avec lu et en lui. Mais ce n'était pas pareil. Le dragon noir était mis au ban comme lui et ne pouvait rien faire vraiment pour l'aider à mieux être toléré. Il ne parlait même pas d'être apprécié ou autre. Mais si déjà la tolérance pouvait se lire sur les visages autour de lui, Eliow s'en sentirait soulagé et n'aurait plus cette affreuse sensation d'être devenue la proie traquée et non plus le chasseur traqueur... Non avec Merithyn, c'était différent. Merithyn savait se faire apprécié, voire aimé. Les gens autour de lui paraissait calme et apaisé. Presque propice à lui tendre la main et à lui concéder tous ses voeux. Ou presque. Il enviait presque cette faculté à l'elfe d'ailleurs, lui qui semblait n'inspirer que crainte et haine partout où il allait.

Il fut toutefois plus que surpris de voir l'elfe soudain l'enlacer. L'enlacer tendrement, délicatement, comme s'il était un précieux cadeau qu'il fallait chérir et surtout ne pas casser. Eliow se sentit si surpris, si pris au dépourvu, qu'il sentit toute colère s'évaporer. Il ne fit pas même attentionné aux regards consternés qui devaient se tourner vers eux. de même qu'il ne prêta aucune attention aux murmures interrogateurs qui semblaient voler dans la salle tel un essaim d'abeille devant une fleur inconnue... Eliow était bien trop absorbé par ce qui le submergeait soudain pour prêter attention à quoique ce soit ou à qui que ce soit. Il mit d'ailleurs un certain temps à réagir. Et sans même qu'il ne comprenne pourquoi ce geste, il enserra délicatement l'elfe dans ses bras, de gestes certainement un peu gauche tant il n'en avait pas l'habitude.

« Je croit me souvenir que tu avait faim »

Un fin sourire lui échappa alors. oui il avait faim. très faim même. Et sentir cette veine palpitante à quelques centimètres à peine de ses crocs n'arrangeait rien. Mais il ne voulait pas mordre l'elfe devant tout le monde. pas là. Pas comme ça. Et surtout pas sauvagement guidé par des instincts primaires qu'il se devait de contrôler à tout prix.

- Oui. Très. Mais je ne crois pas que ce soit tout à fait le moment, répondit-il dans un murmure audible que pour Merithyn qu'il venait d'écarter doucement, avec tout le controle dont il était capable malgré l'éclat rougeâtre de faim intense qui vrillait son regard à cet instant.

Il n'eut toutefois pas le temps d'en dire davantage qu'une irruption bruyante vint interrompre cette scène étrange. Deux petites humaines, ma foi à l'odeur fort charmante, arrivèrent telle une bourrasque déchainée dans l'auberge, et bousculèrent Merithyn. Si Eliow s'en trouva fort contrarié, ce ne fut rien quand il vit la panique gagner la petite humaine quand elle reconnut en lui un vampire. Bon c'est bon, inutile de le regarder ainsi, il n'allait pas, pas encore du moins, se jeter sur elle comme si elle était sa dernière chance de survie... Certes l'odeur de sang qui suintait de l'autre humaine, plus calme, plus sereine, même si la peur la gagnait aussi, du moins la méfiance, ne l'aidait en rien à rester maître de lui.

Heureusement l'archère, qu'Eliow remercia intérieurement même si pour rien au monde il ne le lui avouerait de vive voix, les invita à s'éloigner à la table du fond. Légère distraction qui permit à Eliow de reprendre pied dans la réalité et de détacher son sombre regard des humaines. Pour mieux le replacer sur l'elfe chanteur pour qui, il en était sûr, son coeur aurait pu battre si tant est qu'il ait pu en avoir un.

Tout semblait alors s'apaiser. Même l'archère semblait vouloir lui proposer une trêve. Mais c'était compter sans deux dragons de mauvaise humeur. Et sans qu'il ne comprit réellement pourquoi, Eliow sentit la colère monter chez Shaynar.

"Shaynar, que se passe-t-il ?" Demanda-t-il à travers le lien. "Que t'arrive-t-il ?"

Mais aucune réponse ne vint si ce n'est cette vague déferlante de sourde rage qui n'attendait que le déclic pour pleinement exploser. Et ce déclic ne sembla guère attendre. Tel un volcan en irruption, Shaynar défonça la porte de l'auberge sans aucune forme de procès.

- Shaynar, hurla alors Eliow tentant de s'interposer devant le dragon furieux.

Mais il s'écarta bien vite quand il le vit foncer sans même sembler le reconnaître. Par le Dracos, comment était-il censé arrêter son lié avant qu'il ne commette l'irréparable ? Ils étaient censés être liés justement, mais pourtant Shaynar ne semblait pas même l'entendre. Ou alors était-il devenu sourd ? Assourdi de rage ?

- Shaynar, non, hurla-t-il de nouveau quand il comprit contre qui son lié en avait.

L'autre dragon. Que s'était-il passé pour que Shaynar en vienne ainsi aux crocs ? Il n'en savait rien, mais ce n'était certes pas le moment de se poser de question. Et sans même réfléchir aux conséquences de son acte, Eliow s'interposa, fou qu'il était, se ruant entre les dragons, face à Shaynar, plantant son regard bleu nuit dans les orbes rubis.

- Shaynar, non, supplia-t-il alors dans un ton sourd.

Si cela ne l'arrêtait pas, alors ils étaient perdus...

Toujours sous le choc, Lylou parvint tout de même à fermer la bouche, mais elle joua à nouveau les carpes quand un autre elfe s'approcha d'eux, mais pas n'importe quel elfe! Une femme! La plus magnifique que Lylou ait jamais vu! Toute en grâce, en légèreté, en finesse! La jeune fille avait toujours considéré que sa grande sœur était la plus belle du village, la voilà relégué tréééééééés loin derrière l'elfe! Et, en point bonus, cette dernière avait un arc! Pas un simple arc taillé dans une vulgaire branche de bois, mais un qui semblait être sculpté par de fines mains agile pendant des jours entier!
Cette fois , c'était sûr, Lylou était amoureuse!
Elle ne fit même pas cas du regard hautain qu'elle leur gratifia, en revanche, la petite brune fut bien étonnée de la voir s'adresser ainsi au vampire. Ainsi non seulement elfes et vampires existaient, se baladaient en ville comme n'importe quel quidam, mais en plus ils se faisaient des restos ensemble!

Malheureusement, notre bergère n'était pas au bout de ses surprises! Elle reprit conscience de la présence de Mila à ses côtés, toujours blessée, dont le sang allait surement aiguiser l'appétit du vampire! A moins que celui-ci ne se prenne pour un végétarien, ce qui expliquerait sa présence avec ces amis de la forêt! L'espoir fait vivre!
Elle put à peine se pencher vers Mila, lui poser sa main sur l'épaule et lui tendre l'autre pour l'aider à se relever qu'un autre vision d'horreur fit son apparition. Couvert de sortes d'écailles toutes noires, une longue queue, des yeux brillants, des dents aiguisés, et des ailes pour compléter le tableau!
*Un cauchemar, c'est un cauchemar!....*

Les yeux de Lylou restèrent fixés sur la créature, incapable de s'en détacher, se répétant que ce n'était pas possible. Elle avait vu sur des vieux livres, des créatures semblables, mais elles étaient 10 fois plus grande et forte!
*Un dragon.....!!!* Enfin une bonne nouvelle dans les légendes! Les vampires étaient aussi maléfiques que ce qui était raconté, les elfes plus beaux encore que sur les illustrations, mais les dragons, ces bêtes féroces et magique n'étaient en fait que de minuscules créatures! La légende semblait avoir prit le pas sur la réalité!

Enfin, de là à les considérer comme inoffensif, il y avait un monde, surtout que le dragon en question était en train de foncer droit dans leur direction! Une grosse tapette à mouche n'aurait jamais suffit à l'arrêter, elle ne put que fermer à demi les yeux en prenant Mila dans ses bras pour la protéger, incapable de fermer complètement les yeux, trop curieuse , même face à sa mort!
Heureusement, il ne fit que les bousculer, dévia et fonça sur.... Un autre dragon???
*Ma parole, c'est une épidémie!! Ils poussent comme des pâquerettes!!!*

L'autre dragon, blanc, semblait légèrement plus petit, mais restait dans la limite d'un gros, gros chien! Ce qui ne le rendait apparemment pas moins hargneux qu'un bouledogue!
Elle grimaça quand le choc arriva, et vit le vampire s'interposer! Mais qu'est-ce qu'il croyait? Ce vampire était dingue, tout simplement! Il allait se faire massacrer!
*Depuis quand je me soucis de ce qu'il arrive aux vampires???*
Sans savoir pourquoi, elle se redressa et cria:
"Attention!" Attitude stupide bien sur, il devait bien avoir vu que les dragons allaient lui foncer dessus pour l'aplatir comme une crêpe! Mais, qu'on le veuille ou non, parler pour ne rien dire était humain, et une spécialité de Lylou! Elle chercha des yeux n'importe quoi, un objet, un steak, quoi que ce soit qui aurait pu calmer les deux monstres enragés!
Dans tous les cas, il fallait détourner leur attention où bien ils détruiraient toute l'auberge, et Lylou et Mila comprises!
Elle fit rapidement le tour de la pièce du regard, et vit à un mètre d'elle une chaise démonté par le passage du dragon noir. Elle se saisit d'un pied, tout d'abord dans l'optique de défendre leur peau, jusqu'à ce que, soudain, dans le méli-mélo d'écailles, elle vit passer une queue noire. Sans même réfléchir elle frappa avec son bout de bois en criant:
"Mais ça suffit!!!"
Cette situation commençait vraiment à prendre une mauvaise tournure, et Lylou était à deux doigts de prendre Mila, sur son dos si nécessaire, et de sortir détourner dans la forêt! Elles étaient bien plus en sécurité là-bas! Quelle auberge de malade! Plus jamais elle ne remettrait les pieds dans une ville! Jamais! Enfin, si déjà elle arrivait à rester vivante, car comme on dit, elle n'était pas sortie de l'auberge!

Pour la jeune Mila, les épreuves s'enchaînaient une à une sans répit... pas un souffle, pas un repos ne lui était permis, et des sollicitations de plus en plus ardues et inédites l'assaillaient jusqu'à lui donner le tournis. Mais par le Grand Dracos, Mila de Valblanc était d'une opiniâtreté sans pareille, une "vraie teigne" comme s'en plaignait la vieille rombière Dame Jézabelle auprès de sa mère désabusée par le caractère de sa fille...
Mila se releva sans bruit, considérant les évènements qui l'entouraient comme un honneur, une chance de pouvoir les vivre ! Car enfin, qui à son âge pourrait être soumis à semblables faits ? Que les Dieux puissent régir cela et sciemment la confronter à une telle Epreuve la gratifiait, elle ne souhaitait les décevoir.
*Je me montrerai à la hauteur, je saurai vaincre ma peur et prouver ma vaillance !* S'assurait-elle en son for intérieur. Il y avait donc en ce Lieu non pas un mais Deux Dragons ! Le Vampire quant à lui, dans un geste de folie pure s'interposait entre les deux Célestes, génie ou fou, les deux sans doute... tandis qu'une Elfe de toute beauté semblait "diriger" tout ce beau monde.
Soit.
Ainsi donc étaient les faits, Mila devait s'en accommoder et les attentions de Lylou à son égard la réconfortait. Elle était bien agréable cette humaine à prendre soin d'elle, alors même qu'elles ne savaient pas grand chose l'une de l'autre...
Plus troublant encore avait été cet effleurement, cette caresse insolite, psychique, comme un mot doux, Mila en était certaine, le Dragon Noir aux Yeux Rubis l'avait sondée, juste un instant, une éternité dans un fragment de seconde ! *Il m'a reconnue !* osa Mila pour elle-même... * Je serais donc l'Elue ?*
Considérant la tournure des évènements, certaine de son incapacité à intervenir physiquement, Mila projeta son Intention vers Shaynar *Car tel est ton nom Noble Dragon !* sa voix intérieure était empreinte de paix, de calme et... d'amour ! Elle avait adoré cette sensation lorsque Shaynar l'avait frôlée mentalement.
*Vois comme la Colère est sourde, vois comme la Paix est belle ! La Première est facile, les Faibles y cèdent sans effort, la Seconde est un chemin, et elle est Noblesse, comme Toi... comme Moi. Tu dois montrer l'exemple, vivre petitement n'est pas digne de Toi !*
Mila revivait les sermons paternels. Jamais elle n'aurait cru qu'ils pourraient un jour prendre sens, elle les avait toujours détestés ! Et là, dans cette adversité inégalée, les leçons de vie des De Valblanc prenaient une profondeur nouvelle. Mila vivait cela comme un illumination. Une larme coula le long de sa joue alors qu'une forte émotion la gagnait. Elle aurait voulu que son Père sache. Qu'il apprenne qu'elle avait enfin compris...
Elle ignorait tout de ce que son laïus pouvait produire, elle y avait mis son coeur, sa naïveté. Elle sentait que le Noir compromettait bien au-delà d'une simple rixe jusqu'au devenir du Monde. La solennité de son monologue psychique en portait la gravité. Comment pouvait-elle faire entendre sa propre Peur de voir s'effondrer tant d'espoirs... Les Dragons étaient revenus, elle en était le témoin privilégié et qui sait... une Elue ?
Avant même de percevoir le moindre effet éventuel, Mila tâcha de repérer dans l'assistance si qui que ce soit agirait de façon dramatique, auquel cas elle avait la ferme intention d'empêcher que d'irréparables actes soient commis. Elle se posta en attente, sur ses gardes, la Rapière à la ceinture pour ne pas susciter de doute, les sens aux aguets... prête à bondir sur tout inopportun !

Il n'avait pas rêvé, quelques secondes auparavant alors qu'il entourait Eliow de ses bras, il l'avait sentit, la pression sur son dos alors que le vampire lui rendait timidement l'étreinte, une simple pression des bras mais qui lui réchauffa le cœur comme la présence d'un bon feu. Il ne put se cacher qu'il aimait être ainsi dans les bras de son ami, il se sentait protégé et serein, il se sentait à son aise et surtout... à sa place, bien plus encore qu'aux cotés du vampire et de son dragon, il ne pouvait cesser de savourer le contact déjà longtemps différé avec celui qui occupait la plupart de ses pensées depuis déjà un très long moment, il aurait aimé rester là pour le restant de sa vie tant il était bien. Il ne pouvait cependant pas laisser la situation se prolonger, ils étaient déjà l'objets de tous les regards et il était hors de question d'attirer encore un peu plus d'attention en restant blotti contre la poitrine du vampire avec son expression de bonheur sans fin comme si on lui avait offert un cadeau sans prix, il devait vraiment paraître étrange aux humains à être aussi proche d'un être censé faire parti de ses ennemis mortels...

Il s'éloigna à contre cœur mais ne le montra pas tandis qu'il observait le sourire du vampire en face de lui, encore proche mais plus autant, une certaine complicité semblait de mise en cet instant, tous deux comprenant ce qu'impliquait sa phrase et ses conséquences... et le fait qu'il ai une mémoire très nette de la dernière fois où il avait offert son sang à Eliow n'arrangeait en rien les choses, il avait agit ce jour là dans la précipitation et la peur de voir le vampire disparaître à jamais et il n'avait jamais regretter, pas un seul instant, cependant il en avait déduit quelque chose... il appréciait tellement d'être proche du vampire qu'une morsure ne le mettait pas le moins du monde mal à l'aise, au contraire il aimait même par certain aspect le fait de faire un tel don, d'une part en raison de son attachement envers le dragonnier mais également en raison de l'incroyable sensation que provoquait la morsure lorsqu'il chantait...lui même, son nom, il l'avait sentit et en était sûr, pendant un court instant Eliow avait prit le contrôle de ses notes, un court instant mais qui avait réunit bien plus de sensations et de sentiments que toute une vie et il devait bien avouer que l'effet était impressionnant, il aurait très volontiers recommencer l'expérience pour voir si le même effet se reproduisait ou si il s'agissait d'un mystère de la nature. Il entendit avec un temps de retard les mots que le vampire lui adressa mais sourit de nouveau, le remerciant en silence de l'éloigner avant qu'il ne s'embroche de nouveau sur ses crocs sans comprendre comment ou quand...

Il venait à peine de voir la lueur rouge dans les yeux de nuit de son compagnon quand un choc faillit le faire atterrir à l'endroit précis où il se trouvait quelque minutes plus tôt et il se rattrapa avant de tomber tout en se retournant pour observer la raison de cette interruption. Une humaine... très, trop jeune pour les critères elfiques, plutôt petite et jolie dans le style fruste des humains vivant à la campagne, un arc dans le dos et trempée de la tête au pied, résultat de son chant mais elle ne pouvait le savoir, et manifestement aux abois pour une raison totalement inconnu de l'elfe qui d'ailleurs n'en aurait eu que faire n'eus été son devoir qui le poussa à décocher un regard doux et curieux sur la petite créature tremblante lorsque celle ci commença à tenter de s'excuser, elle semblait surprise de voir qu'il était du peuple sylvain à en croire son regard et ses balbutiements mais ce fut surtout la façon dont elle regarda Eliow qui l'irrita... encore une qui prenait les vampires pour des bêtes assoiffées de sang alors qu'ils pouvaient très bien se contenir comme l'avait prouvé plus d'une fois son ami au cours des derniers mois, elle pensait sans doute qu'il allait l'attaquer et la dévorée sans attendre mais lui savait que le dragonnier n'était pas ainsi. Il soupira et se détourna à moitié lorsque la seconde enfant se mit soudain à hurler en lui perçant les oreilles avec la même efficacité qu'une lame de rasoir et il pivota de nouveau en grimaçant pour jeter un regard à la chose innommable qui avait produit le bruit en priant la Terre mère pour qu'elle ne recommence plus ce genre d'essais vocal sans quoi il serait contraint de la prier de faire ses vocalises ailleurs que près de ses sens...

Mais heureusement pour lui, Lyroe intervint à ce moment et lui sauva la mise et il écouta avec attention lorsqu'elle se pencha pour lui parler en confidence et il soutint les dires de son amie d'enfance avec de jeter un œil à Eliow près de lui. Le plan de l'archère était simple et suffisamment sûr pour qu'il se sente en accord avec le principe et montra franchement son assentiment en emboitant le pas de l'autre elfe pour se diriger vers la table qui leur était réservée... Il était heureux que son amie fasse des efforts pour calmer les tensions du groupe, même si il s'agissait encore d'efforts minimes ils étaient là et c'était tous ce qui comptait, cela signifiait qu'elle commençait à comprendre les choses et cette pensée lui mit du baume au cœur. Un jour tout irait mieux il en était certain un jour elle comprendrait qu'Eliow n'était pas une bête, pas une cible à abattre mais bien un être pensant et méritant le respect... il ne demandait pas qu'elle lui serre la main ou aille en chasse avec lui, mais juste qu'elle cesse de vouloir le tuer à tous moments et à toutes heures du jour ou de la nuit. Il aimait bien Lyroe mais elle était têtue et semblait prendre les vieilles doctrines elfes pour argent comptant un point sur lequel tous deux divergeaient grandement car le chanteur ne prêtait jamais attention aux traditions classiques du peuple elfe, préférant mettre en valeur les croyances de son ordre et les faire valoir de manière peut-être parfois trop naïve tant il avait foi en elle, comme il avait foi en la bonté de l'archère même si celle ci le montrait rarement. Il aurait bien voulut lui prouver qu'elle avait tord de ne pas être plus tendre mais il comprenait ses raisons et n'avait jamais chercher à pousser trop loin les choses de peur qu'elle ne décide qu'il était intrusif...

Il n'eut, une fois de plus, pas le temps de poursuivre ses pensées et il s'écarta rapidement lorsque Shaynar défonça l'entrée de l'auberge et fila droit sur... Cymbor ? Le chanteur se demanda un court instant ce qui venait de se produire avant de voir, et d'entendre, la réaction d'Eliow encore près de lui et il sentit son cœur accélérer sous l'effet de la peur... Le dragon noir qu'il avait vu minuscule sur l'épaule de son dragonnier, qu'il avait bercé de ses chants et vu voler pour la première fois en compagnie de son compagnon, témoin privilégié de la scène à ce moment là, la petite créature fragile était devenue un puissant moteur de destruction qui semblait impossible d'arrêter par un quelconque moyen à leurs portée... Il bousculait tables et hommes sans distinctions et, lorsqu'Eliow s'interposa, le cœur du chanteur rata un battement tant il craignait que le dragon ne le blesse; il ressemblait à une vague noire rugissante et d'une violence sans nom...
Et voilà que les humain avaient décidés de s'en mêler... il retint un hoquet de surprise en voyant celle qui l'avait bousculé s'élancer vers Shaynar avec un simple morceau de bois pour arme et frapper la queue du dragon de toutes ses maigres forces tandis que son amie se redressait et se tendait comme une corde d'arc. S'en était trop, il se devait d'agir...

Et il agit, rapidement et sans perdre de temps pour éviter une catastrophe, il attrapa l'inconsciente qui avait frappé le dragon noir par un pans de sa tenue et la tira violemment en arrière avant de poser une main sur l'épaule de l'autre jeune fille et de la regarder profondément dans les yeux. Il mit tout son pouvoir de maitre de vérité dans les paroles qu'il lui adressa, ne souhaitant pas qu'elle soit tuée en raison du coup de folie destructrice de Shaynar mais se sentant lui même bien moins assuré que ce qu'il devait montrer...

« Recule jeune fille, tu risque d'être tuée si tu reste près de lui, nous nous en chargeons ne t'inquiète pas »

Puis il s'approcha rapidement de Lyroe et la tint par le bras comme il ne l'avait jamais fait jusqu'à présent, l'observant comme il ne l'avait jamais fait depuis qu'ils s'étaient rencontrer, tentant de lui communiquer ce qu'il ressentait. Il tremblait et semblait complètement différent de ce qu'il était habituellement et il parle alors de cette même voix puissamment chargée en vérité qu'il avait utilisé avec l'humaine mais avec une urgence encore plus grande du fait qu'il craignait pour Eliow...

« Aide moi Lyroe je t'en prie, je t'en supplie, nous devons faire quelque chose et vite ! Essaye de les retenir je vais avoir besoin d'un peu de temps... »

Et du temps il n'en disposait malheureusement pas... il se mit donc à inspirer et à expirer profondément pour entrer en Odhr, la transe complète qui multipliait l'effet des chants, avant d'aller chercher le flux de vibrations de la terre et de s'y attacher pour débuter son hymne du vent. Il n'était pas certain de l'effet final mais si il pouvait offrir un peu de temps à ses compagnons pour qu'ils raisonnent leurs liés alors s'était suffisant, pas besoin de plus... Il libéra le chant et y insuffla la cinquième note, Dia l'intervention, qui produisait une trêve forcée durant laquelle personne ne pouvait se battre et sourit au fond de lui même lorsqu'un vent sourd s'éleva dans l'auberge en tournoyant et en portant les mots qui n'en étaient pas, les sons qui n'étaient pas audibles, la magie qui était vibration, répétant inlassablement la même suite de vibrations... réussirait il ? Il ne savait pas et rien ne lui importait en cet instant en dehors de l'espoir qu'Eliow en sorte indemne et que les deux titans écailleux ne dévastent pas la ville...

[HRP désolé si le post est pas génial ^^' pas trop d'inspi pour le coup, et j'ai changé un petit truc par rapport à ce que j'avais dit, si ca ne vous va pas ditent le moi et j'éditerais Fin du HRP]

Le mercenaire étant resté assis tout le temps la discussion se préparait à se lever pour voir de plus près les…curiosités du moment quand il vit entrer un dragon scintillant, tout d’abord il crut qu’il rêvait mais quand il vit la tête du tenancier il sut que c’était réelle. Alors qu’après l’apparition de la créature légendaire Wollf n’avait pas bougé il se décida d’aller voir les elfes et surtout le vampire d’un peu plus près et c’est là qu’un autre dragon fit son apparition, celui-ci était à l’inverse de l’autre noir avec des yeux rouge…en un mot effrayant et apparemment vu l’attitude adopter on allait assister à un duel de dragon !
Le tenancier n’étant pas idiot l’avait manifestement compris et il s’apprêtait à aller prévenir la garde, le jeune homme voyant cela fit un détour vers le comptoir et s’approcha du patron en disant sur un ton avenant espérant régler le problème de façon diplomatique:

-Hep patron t’inquiète pas, je vais te payer les dégâts occasionné mais laisse les donc j’imagine qu’ils vont régler ça sans trop de dégâts.

-Tu raconte quoi là même la fortune du duc ne suffirait pas pour réparer tout ce que ces bestioles vont détruire…

-Oh du calme je crois que tu surestime un peu ton bouge miteux là…

-Quoi !? Comment ose-tu sale blanc-bec tu ferais bien de t’estimer heureux que je n’aille pas te trainer devant la garde, ils se feront un plaisir de te mettre au cachot !

La façon diplomatique ayant manifestement échoué le mercenaire passa à la manière forte :

-Alors écoute moi bien le pekno, je voulais éviter que toute cette histoire termine dans un bain de sang mais vu que t’es trop idiot pour écouter t’as raison il va falloir que je te l’explique, tes gardes je te les élimine les yeux bandés et avec une main dans le dos et…

-Tu raconte quoi là ? Les gardes et les mages d’Aldaria ne vont qu’une bouché de ta misérable vie.

Wollf porta la main à son visage et écarta la mèche de cheveux qui tombait devant sont œil anormal et fixa le barman droit dans les yeux, dévoilant un rictus capable de faire pâlir un montagnard, il reprit d’une voix basse et pleine de menace :

-Tu as bien vu mon œil ? Oui donc grâce à sa couleur…spéciale j’ai plus de pouvoir que les grands maîtres magiciens réunis et je suis aussi capable d’anéantir toute la garnison de cette ville, alors si tu veux que je me fâche tu vas traiter ce groupe comme n’importe lequel de tes clients compris ? Et si jamais tu trahis je te retrouverais ou que tu sois et je te ferais tellement souffrir que mourir dévorer de l’intérieur par des fourmis ne sera qu’une douce caresse…compris ?

Le patron était à présent si pâle que il ressemblait presque au vampire, après un petit moment de flottement il se décida à répondre sa voix trahissant l’étau de frayeur qui enserrait son âme :

-Ou…ou…oui…

-Bien.

Wollf se retourna se disant que finalement s cette accident magique pouvait être bénéfique… et alors qu’il allait vers le groupe et les dragons la jeune fille que le mercenaire avait rencontré quelque jours plus tôt…la dénommé Aadria venait de taper un dragon avec son arc, autant dire que c’était un acte stupide. Et alors qu’il allait parler l’elfe masculin entonna un chant si apaisant que le jeune homme resta sur place, son esprit dérivant.

Les choses allaient vite, très vite, trop vite peut-être ? La colère avait à un tel point aveuglée Shaynar qu'il s'était à peine aperçu du craquement horrible et de la frayeur que son entrée à travers la porte avait causée dans le bâtiment.
Dans le grondement terrible de fureur qui le rendait sourd à toute autre chose, il lui sembla entendre une voix. Non pas dans son esprit, non, il était bien trop furieux pour pouvoir être contacté de cette façon. Une voix dans le monde réelle, une voix qu'il connaissait mais dont il se fichait comme d'une guigne à l'instant présent.
Son dragonnier dites-vous ? Son dragonnier en plein sur sa trajectoire ? Et alors ? Le dragon blanc était derrière, c'était tout ce qui importait, non ?
Une sonnette d'alarme retentit dans son cerveau pile au moment ou il allait rentrer en plein dans le vampire, risquant sans doute de le tuer ou tout au moins de le blesser gravement sous la violence du choc. A quoi jouait-il ? Tuer l'autre dragon ce n'était pas un soucis, c'était plutôt une exigence mais blesser sans dragonnier, il ne fallait pas aller trop loin quand même...
Freiné dans son élan, l'énorme créature érafla le sol dans un horrible grincement dans son effort pour s'arrêter avant le drame. Il aperçu du coin de l'œil le dragon blanc qui s'apprêtait à recevoir son attaque et qui se dressait sur ses pattes arrières dans l'espoir de l'accueillir par un coup de croc bien placé. Un dragon pouvait-il avoir peur ? Apparemment oui puisqu'une trouille incommensurable secoua alors Shaynar lorsqu'il vit Eliow sur la trajectoire de l'attaque qui lui était destinée, l'autre ne voulait pas le toucher certes mais était-ce vraiment simple de viser dans de telle conditions ? Plein de rage, le dragon noir s'élança, donnant un formidable coup de poitrail au vampire imprudent qui se tenait devant lui pour l'envoyer voler un peu plus loin sans pour autant le blesser. C'est dans ces moments là qu'il était heureux d'être lié à un vampire et pas à un humain !!

En voilà un qui était à l'abri donc, sans doute n'y resterait-il pas très longtemps mais au moins le chemin vers le dragon blanc était libre pour quelques secondes. La tentative de celui-ci avait avorté suite au mouvement qu'avait fait Shaynar pour mettre son dragonnier à l'abri, sans doute que la prochaine passe d'arme serait plus violente. Le dragon noir avait dévoilé ses crocs, les ailes plaquées sur son dos et était sur le point de bondir à nouveau, d'autant que l'autre continuait à le provoquer par ses pensées agressives mais une soudaine attaque le détourna de ses intentions, le coup avait été léger et presque risible sur son épaisse carapace écailleuse mais ça restait une attaque !

"Mais ça suffit!!!"

Il ne prit même pas le temps d'analyser et de chercher à regarder la personne qui osait ainsi s'en prendre à sa queue, il en donna un coup violent. Véritable arme lourde et pleine d'écailles coupantes, celle-ci aurait sans doute blessée gravement la petite humaine si le baptistrel n'était pas intervenu pour la faire reculer au dernier moment, en voilà une qui ne perdait rien pour attendre. Il était fou furieux et il entendait bien leur faire comprendre qu'on n'insultait ou n'agressait pas un dragon sans en payer les conséquences !

*Vois comme la Colère est sourde, vois comme la Paix est belle ! La Première est facile, les Faibles y cèdent sans effort, la Seconde est un chemin, et elle est Noblesse, comme Toi... comme Moi. Tu dois montrer l'exemple, vivre petitement n'est pas digne de Toi !*

Il entendit la pensée qui lui était apparemment dédiée mais n'y prit sur le moment pas garde, les mots ne l'atteignait pas, il était bien trop occupé à ouvrir la gueule pour envoyer un jet de flamme vers l'autre dragon, et tant pis pour les conséquences dans cet environnement plein de bois !
L'attaque de la petite humaine l'avait gêné une première fois, l'intervention du baptistrel le bloqua pour la deuxième ! Décidément il était écrit qu'il ne parviendrait jamais à atteindre cet avorton... Un grondement de colère phénoménal s'échappa de sa gorge lorsque la magie lia chaque occupant de la pièce, empêchant toute violence. C'était terminé, il n'était pas encore assez vieux et puissant pour s'opposer à la magie d'un baptistrel, tout dragon qu'il était.
Alors ça il le lui payerait ! Un silence de mort s'abattit sur la scène tandis qu'il fixait l'autre dragon de toute l'intensité de son regard flamboyant, il n'avait jamais été aussi frustré de toute sa vie...

*Tu me le payeras, à un moment ou à un autre. Ne crois pas qu'il y aura toujours des gens pour te protéger.*

C'était terminé, l'elfe avait étouffé la bataille dans l'œuf mais il ne pourrait rien contre la haine qui étouffait à présent le cœur de Shaynar, deux ennemis mortels sur la même terre...

*La paix se construit à deux au minimum.*

C'est ainsi qu'il répondait à Mila, une réponse brève et emplie de rancune. Son regard mauvais fit le tour de l'assistance, jugeant le désastre qu'il avait accomplit en ce lieu et il gronda sourdement en projetant sa pensée dans tous les esprits présents :

*Qui se risque ici à juger un dragon ?*

Il attendit, cherchant une nouvelle querelle sans vouloir vraiment l'avouer. L'un d'eux oserait-il s'opposer à lui et lui chercher des noises ? Il n'en serait que ravie, qu'ils viennent donc ! Il était seul contre tous à cet instant mais n'en céderait pas moins.
Seul... Etait-il si seul que cela ?

*Eliow...*

Une inquiétude sourde l'étreint tandis qu'il retrouve peu à peu son calme, l'a-t-il blessé dans sa fureur ? Si c'est le cas, il ne s'en remettra sans doute jamais... Il s'approcha de l'endroit où il l'avait propulsé, sachant qu'il avait frappé de façon suffisamment contrôlée pour ne pas lui faire de mal mais qui sait ? Des murmures s'élevaient dans l'auberge tandis qu'il se déplaçait, au moins sa petite incartade avec eux le bénéfice de rapprocher tout le monde ! Si certains faisaient connaissance maintenant, ce serait grâce à lui... Et tant pis si ça n'excusait pas tout...

Sa main venait à peine de quitter les écailles chaudes et rugueuses de son dragon qu'une sorte de supplique vint à elle. Un frisson parcourut son échine. Le dialogue mentale avec son lié était encore une chose nouvelle tout comme le ressentit de ses sentiments, mais Lyroë s'était faite à ce lien particulier qui les unissait. Elle qui avait toujours été une solitaire se retrouvait à partager non plus seulement ses propres sentiments mais aussi ceux de son noble compagnon. L'archère l'écouta avec une attention particulière, cela semblait important pour lui, donc ça l'était pour elle. Un simple sourire discret lui fit comprendre qu'elle appréciait ce geste et que oui elle ferait un effort, pour Cymbor. Mais pas avant d'avoir mangé! Un elfe qui a les crocs peut être tout aussi bougon qu'un vampire assoiffé de sang. Avec hâte, l'elfe se dirigea vers la table, non sans avoir répondu au dragonet: *"- Moi aussi, je t'aime petite boule d'écailles!"*

Enfin à table. Un elfe, et qui plus est un ou une guerrière, pouvait certes combattre le sommeil et la faim, bien plus que le commun des mortels, mais là Lyroë avait les os brisés par la fatigue et le ventre qui ne cessait de gronder famine. Depuis des jours à gambader sur les chemins d'Armanda avec pour compagnon de route un vampire n'aidait en rien à la tranquillité d'esprit de la jeune femme. Et les tensions ne semblaient pas se calmer une fois dans cette ville. Leur petit groupe peu commun attirait déjà tout les regards, la fatigue et l'énervement de tous n'aideraient en rien la suite de leur long périple. Lyroë n'avait hâte que d'une chose, que tout cela finisse et qu'elle retrouve la quiétude de la Grande foret elfique, sa sécurité, sa sérénité, et surtout être loin de cette créature de la nuit.
A peine eut-elle poussé sa chaise pour s'assoir qu'un vacarme assourdissant retentit dans l'auberge, cessant le bourdonnement des voix qui ne cessaient depuis leur entrée dans la vieille demeure.
L'elfe eut à peine le temps de comprendre que le dragon noir en était la cause. Elle ne pensa en cet instant qu'à une chose: "-Cymbor."

Elle laissa tomber la chaise à ses pieds pour accourir près de son dragon.
"-Shaynar, non."
Les mots du vampire, sa voix montrèrent qu'il fut tout aussi surpris qu'elle de l'agissement de son dragon. Il fut cependant plus rapide qu'elle en se postant comme bouclier devant Cymbor. Lyroë se stoppa net auprès de Mery, comme glacé et stupéfaite devant tant de force et de hargne en une seule créature. Pourtant habituée à voir des choses étranges, de connaitre la folie des hommes ou des elfes, là il y avait quelque chose de nouveau, de fascinant, de terrible qui la laissait comme envouter par un tel spectacle. Elle ressentait une peur grandissante au fond de son coeur sans pour autant la laisser s'exprimer. Etait-ce la sienne ou celle de son dragon? Les deux? Qu'importe, seule la boule d'écaille qui était sa moitié à présent comptait.
Son ami d'enfance semblait plus à même de réagir, il venait de saisir l'humaine qui leur était rentrée dedans et qui s'imaginait pouvoir stopper un dragon en furie avec... un bâton.
« Aide moi Lyroe je t'en prie, je t'en supplie, nous devons faire quelque chose et vite ! Essaye de les retenir je vais avoir besoin d'un peu de temps... »
Si la situation avait été autre, Lyroë aurait ri aux oreilles de Mery. Très drôle et je retiens comment un dragon dix fois plus gros et puissant que moi, par les ailes? Mais là, elle ne riait pas. L'archère se posta derrière Eliow, un peu sur sa droite, si sa tentative se révélait être vaine, elle serait contrainte et obligée d'utiliser les grands moyens. Elle insuffla et ordonna à son lié de rester loin derrière eux et de ne répondre à aucune forme de menaces s'il voulait pouvoir voler un jour. Au même instant devant elle, Lyroë vit le vampire dévié de sa trajectoire et se retrouver à terre comme un brin de paille souffler par le vent. Le dragon noir était prêt à tout pour assouvir sa colère. Si un vampire, qui plus est son dragonnier n'avait pas réussit à calmer le dragon qu'est ce qu'une pauvre elfe pouvait faire?
L'elfe ne désirant pas vraiment être le second brin de paille, elle se dirigea à grand pas vers le vampire. Il n'était pas vraiment bon ton de laisser un vampire assoiffé et énervé seul ni des humains contrariés près à n'importe quoi par rage et colère. Puis si Shaynar ne se calmait pas, une menace sur Eliow le ferait peut être?

A ce moment les mots de Mery s'insufflaient dans l'auberge et laissa un espoir à la jeune femme que cette situation cesse au plus vite. Le temps était comme suspendu et cette peur qui grouillait dans son ventre semblait s'apaiser et vouloir se taire, tout comme le grondement de la colère de Shaynar. Lyroë était toujours prostrée près du sang froid à attendre la suite des évènements. Elle se doutait bien que ça ne s'arrêterait pas là. Une fois le tonnerre terminé, il fallait toujours réparer les dégâts causer et là l'aubergiste et les humains présents dans la ville ne resteraient pas les bras croisés à attendre qu'ils mangent et dorment d'un sommeil du juste.
La jeune femme se redressa et se leva quand le dragon noir approcha de son dragonnier. Nul était besoin de réactiver les flammes d'un feu à peine éteint. L'elfe ne voulait qu'une chose, sentir son dragon blanc auprès d'elle.

Plus rien n'existait pur Eliow mis à part Shaynar. Shaynar et la rage qui le rongeait. Shaynar et sa fureur dévastatrice. Shaynar et ses rubis incandescents qui menaçaient de le pulvériser en un souffle. Il devait bien l'avouer : son dragon était impressionnant. Beau et impressionnant. Si impressionnant que même Eliow en avait un peu peur à cet instant. Son lié semblait pris de folie et rien ni personne ne semblait pouvoir le sortir de sa transe. Le vampire crut l'espace d'un instant son dernier moment arriver, quand il aperçut, du coin de l'oeil, le dragon blanc se mettre sur ses pattes arrières et menacer de ses griffes antérieures son lié. Pour rien au monde toutefois le vampire n'aurait bougé ni changé de place. il savait sa décision suicidaire, et s'attendait d'un instant à l'autre à s'écrouler à terre, mort pour la deuxième fois...

Mais rien de tout cela ne s'abattit sur lui. Et ce ne fut pas la griffe acérée du blanc qui le frappa, mais le poitrail, ou la tête, il devait avouer ne pas bien savoir, de shaynar, qui venait de l'éjecter hors de sa trajectoire. Eliow se sentit jeter alors comme une simple pierre contre le mur de l'autre côté de la pièce. C'est dans un vacarme assourdissant qu'il s'écrasa sans grâce contre le mur, fracassant table et chaises sur son passage, les éclats de bois s'abattant ensuite sur lui quand il glissa au sol dans un bruit mat et sourd. Pour nul autre que lui, sans doute la mort aurait-elle été assurée par une telle chute. Mais pour lui, il se retrouva simplement assommé.

Il fut tenté l'espace d'un instant de se laisser happé par cette douce inconscience qui lui tendait si gentiment les bras. Noir et silence semblaient alors si réconfortants, si... si doux. Oui mais voilà, inconscience n'était pas bien connu chez les vmapires et son corps bien que meurtri ne semblait pas vouloir lâcher son esprit dans les limbes inexplorées des rêves et du sommeil. Quand bien même ce sommeil aurait pu être réparateur pour tout autre être que lui.... Sans compter que la pensée de son dragon enragé ne l'avait toujours pas quitté. Il avait beau haïr tous les autres hôtes de cette auberge, à quelques exceptions notables près, il n'avait pas envie non plus qu'on relate le massacre engendré par le dragon d'un vampire. Il avait bien assez d'ennuis comme ça, n'est-il pas ? C'est donc avec l'énergie du désespoir qu'il lutta et tenta de reprendre pied dans la réalité.

Tout ce qui se passait toutefois dans la salle n'était plus pour lui à cet instant que bruits sourds et chant apaisant. Hum... un instant. Chant apaisant dites-vous ? Pourtant, rien n'avait l'air d'être apaisant précédemment quand il avait quitté la scène ? Relevant péniblement la tête, en se débarrassant des morceaux de bois qui le jonchaient encore, Eliow put alors apercevoir l'elfe chanteur s'adonner à son activité préférée : chanter. un chant qui semblait avoir ramener tout le monde à la paix et au calme. Enfin presque... Le vampire pouvait encore sentir la colère vrombissante de son lié, mais il semblait s'être arrêté dans son élan destructeur...

Eliow tentait tant bien que mal de se relever, flageolant tout de même sur ses jambes, alors encore indécisives quant à savoir si elles voulaient encore le soutenir ou pas, quand il aperçut le museau de son dragon se pointer devant lui. Le vampire sentait bien quelques entailles sur sa peau froide et blafarde, maculée très certainement d'un sang noir très particulier. Un sang de vampire. Il sentait déjà d'ailleurs que certaines plaies se refermaient d'elles-mêmes, donnant alors un spectacle assez... hum... effrayant sans doute pour les hôtes de l'auberge qui auraient survécu à la colère d'un dragon. Et encore, d'habitude ses plaies se refermaient beaucoup plus vite que ca, surtout pour des plaies si superficielles... Mais là il avait faim, il n'avait pas étanché sa soif depuis quelques temps et était fatigué, à bout de force. Ce n'était donc guère étonnant que son organisme soit plus lent à réagir.

Il fut un instant partagé entre l'envie d'aller consoler son dragon, et son envie de lui reprocher son inconscience. Les deux sentiments bataillaient en lui alors. Mais au final, il était tant décontenancé, et encore un peu sonné, il faut le dire, qu'aucun mot ne franchit ses lèvres, le seul silence répondant d'abord.

"Serais-tu devenu fou ? Comme si nous n'avions pas assez de soucis comme ça. Que tu veuilles étriper ton confrère soit, je t'aiderais même volontiers à faire de même avec sa dragonnière. Mais pas devant témoin si possible... ou alors en pleine cambrousse."

Oui, finalement le mécontentement avait pris le pas. Bon il ne lui avait pas reproché de s'attaquer au blanc. Mais juste de s'y être attaqué devant tout le monde et dans une auberge. Il allait devoir donner un peu de sens tactique à son lié s'il voulait survivre quelques mois encore...

Et alors qu'il s'avançait d'un pas vers son dragon, il sentit une étrange sensation dans son flanc droit. Une sensation... d'avoir le flanc transpercé, constata-t-il mi horrifié, mi dépité, tandis qu'il aperçut le morceau de bois passer de part en part son flanc droit. Certainement pas une blessure mortelle. Pas pour un vampire. Mais une blessure qui lui drainait ses forces. Et sans crier gare, Eliow se retira ce qui l'empalait, tout en s'écroulant sur les genoux dans un sourd gémissement, sans même faire attention au sang noir qui jonchait le sang. Du sang... Du sang frais... Il lui fallait du sang frais....

- J'ai faim, murmura-t-il à nouveau, la tête basse, tout en montrant ses crocs, une lueur rougeâtre de faim à l'état pur vrillant son regard sombre. Cette fois, il me faut boire, et vite...

"Ou sinon je fais un malheur" pensa-t-il fortement, les deux dragons devant avoir aisément perçu sa pensée.

Et non il n'allait pas mourir. Mais nul doute que s'il ne buvait pas là, maintenant, il y allait avoir des morts. Rien de tel qu'un vampire blesser et affamé pour faire un carnage sans nom...

Tout se passa trés vite, et Lylou n'eu que le temps de voir arriver une grosse queue pleine d'écailles tranchantes arrivée droit sur elle. Elle voulut reculer, mais elle savait qu'elle ne serait pas assez rapide! Heureusement, elle se sentit tirer en arrière par sa chemise et le dragon la manqua de quelques centimètres à peine. Elle soupira de soulagement et leva la tête, pour voir que son sauveur était le magnifique elfe. La petite bergére ne put que le remercier d'un hochement de tête, incapable de prononcer le moindre mot pour l'instant.
Elle se contenta de le regarder tenter d'apaiser Mila, et de suivre le combat. Se relevant, elle tira Mila par sa manche pour qu'elles s'éloignent un peu plus du champs de bataille, voyant avec une grimace la force avec laquelle le vampire, race réputée assez costaud, s'était fait écarté du chemin.

Lylou retint la leçon: ne pas se fier aux apparences: même si les dragons étaient petits, ils avaient assez de force pour détruire une auberge avec un vampire. Mais surtout, que ces petits bras et son morceau de chaise ne lui avait pas fait plus d'effet qu'une piqûre de moustique. Moralité, mieux vallait encore affronter un vampire! Ce qui se confirma quand elle vit des flammes sortirent de leur gueule!
Tandis qu'elle cherchait tout de même encore un moyen soit de se sortir de là, soit d'arrêter le massacre, elle entendit comme un chant se détaché du vacarme et des cris, un chant apaisant, tranquillisant! En tournant un peu plus la tête, elle put voir que le chant venait de l'elfe. Non seulement il était magnifique, même les vampires semblaient l'apprecier et se tenir tranquilles en sa présence, il lui avait sauvé la vie, mais en plus il chantait! Est-ce que par hasard il ferait la vaisselle?
En quelques instants, toute la salle se détentit, et l'ambiance redevint plus calme, pour finir en un silence quasi totale, brisé seulement par quelques grognements de dragons et de l'aubergiste.
*Incroyable...!*

Tout semblait s'arranger, malgrés une voie sourde qui raisonna dans sa tête et apparement dans toutes celles des gens présents, et qui semblait venir du petit dragon noir. Visiblement il n'avait pas l'air trés content d'avoir été stoppé ainsi mais au moins, il n'attaquait plus! C'était déjà un point positif! Mais malheureusement le vampire, lui, semblait s'être bléssé. La bonne nouvelle pour Lylou était que : oui, un vampire ça s'empale! La mauvaise c'était que: non, ça ne le tue pas, et en plus, ça lui donne faim!
La petite bergére se retourna avec un masque d'éffroid vers Mila, dont la blessure continuait à saigner, et dont l'odeur allait sûrement l'attirer rapidement! Et la lueure maléfique qui brillait dans les yeux du vampire confirma les soupçons de Lylou : il fallait partir, et vite!!

"Heu... Je crois que c'est le moment de filer en douce, Vite!!" chuchota-t-elle à Mila en se plaçant entre elle et le vampire, essayant de masquer comme elle le pouvait l'odeur de sang qu'elles devaient dégager toutes les deux...
Sans compter le vampire qui représentait un danger immédiat, il ne fallait pas oublier le dragon qu'elle avait tenté d'attaquer! Et Lylou n'avait aucune idée si ce genre de créature était rancuniéres ou pas... Dans le doute, elle préférait ne pas satisfaire sa curiosité aujourd'hui!

Ce chant était réconfortant au-delà de tous ses espoirs... et Mila prenait de longues inspirations pour se refaire une santé, au moins mentale. La compassion de Lylou à son égard lui faisait du bien, en revanche c'est la Peur qui semblait diriger les choix de son amie, et Mila ne voulait y céder :
"Non Lylou... je ne sortirai pas de là car mon Destin se joue en ce lieu et avec ces gens ! Je le sais, je le sens, Dragons, Elfes et Vampires ensemble cela est un signe très fort que je ne peux me permettre de rater. Ma place est ici, dussé-je affronter la faim d'un Vampire, ici je ne suis pas seule, dehors je serais infiniment plus en danger... paradoxalement."
Mila se concentrait sur les faits et gestes de chacun, y compris de tous les témoins "extérieurs" à ce groupe hétéroclite. Il y avait dans la Grand Salle de cette Auberge une dizaine de clients abasourdis ou terrorisés. Seuls deux colosses à une table avaient porté la main à leurs longues et lourdes lames, pour finalement succomber au charme du Chant magique... ces hommes devaient être frères tant leurs traits étaient semblables, ils portaient de solides vêtements rapiécés de cuir, et des bagages imposants gisaient sous leur table. Le seul à avoir gardé ses esprits était encore l'Aubergiste qui ne cessait de crier pour qu'on ne mette pas son auberge en ruines... pour sa Porte c'était déjà trop tard ! Il ne semblait pas prendre la mesure de la menace, voire du danger et houspillait tout le monde : "Ah mais c'est que ça ne se passera pas comme ça, je vous le dis moi, vous m'avez tout cassé et je vous préviens..."
Sa voix disparaissait derrière le Chant de paix et finissait par paraître insignifiante.
Mila quant à elle, se déplaça derrière cette Elfe de toute beauté, son port altier lui était rassurant. Elle se sentait protégée à cet endroit... car le sang que sa plaie répandait au sol était une invitation à la boucherie, elle le savait pertinemment désormais que le Vampire affichait aussi une souffrance primale, celle de la Faim.
*Je ne suis pas comestible* se disait-elle comme pour conjurer le sort !
Le fait de se parler à elle-même lui rappela que Shaynar lui avait répondu. Elle adressa au Dragon Noir sa nouvelle pensée :
*Puisque la Paix se construit à Deux, et que le Blanc ne semble pas correspondre à tes attentes... montre-lui ce qu'est la Paix ! Tu sembles plus grand, plus puissant aussi, il est du devoir du plus Fort d'élever le plus Faible, et non de lui imposer sa Loi. La Paix c'est la Liberté de chacun !*
Mila parlait avec son coeur, craignant être confuse, les leçons de vie de son Père se mélangeaient en une sorte de Morale passe-partout. Elle aurait aimé lui dire qu'il n'était pas Noble de s'abaisser à tuer un ennemi moins valeureux, mais elle refusait de considérer les deux dragons comme ennemis. Elle aurait voulu préciser qu'elle le jugeait juvénile de céder à tant de colère sans même raisonner, que cela était une faiblesse, mais qui était-elle pour juger pareille Créature Divine, elle, la Gamine humaine de 18 printemps ? Quelle sagesse pouvait-elle revendiquer ?
Elle était d'autant moins sage qu'une pulsion soudaine lui fit hurler comme un cri de rage, intérieur et sourd à tous, sauf aux deux dragons peut-être :
"Un jour je monterai un Dragon... car il en est ainsi !!!*
Réalisant la folie de ce qu'elle venait de penser, pour peu que cela soit mal compris, elle regrettait déjà ce cri du coeur... et rougissait à l'envi. En fait Mila n'y connaissait rien à ces Histoires de dragonniers, elle espérait tellement être Celle de la Prophétie des Valblanc qu'elle pensait que parmi ces deux-là se trouvait peut-être "son" Dragon. Et si tel était le cas, comment le saurait-elle ? Etaient-ce Eux qui devaient la "choisir" ?
Elle n'attendait aucune réponse des Célestes, tâchant de guetter le Vampire affamé et ses gestes. Comment faisaient-ils ceux-là lorsqu'ils semblaient "civilisés" ?
*Un meurtrier ! Voilà ce qu'il faudrait, le sang d'un condamné à mort... ce serait justice que de donner ce sang-là...*
Mila glissa, depuis le dos de l'Elfe, son idée à l'intention de la Belle Dame :
"Noble Femme Elfe, ne pourrait-on pas donner le sang d'un condamné à mort à votre "compagnon" Vampire ? Ainsi ne risquerait-on pas qu'une innocente victime succombe à son appétit... et rendrions-nous Justice d'une honorable façon."
Elle avait chuchoté pour éviter que d'indiscrètes oreilles ne l'entendent.

Le temps n'était plus un élément de son monde, pour lui il n'y avait plus rien que le vent doux qui caressait son visage et son âme, qui apaisait l'auberge et le plongeait dans une douce somnolence, il était profondément impliqué dans son chant, son odhr lui ayant permit de plonger avec plus de force dans le chant de la terre pour nourrir ses forces, pour donner sa puissance au chant du vent, à cette trêve forcée mais nécessaire à leur survit à tous, poussé en avant par son sentiment de danger, par sa peur et par sa colère il sentait la terre lui répondre avec la même puissance, lui accordant son autorité pour la durée du chant tandis que l'élément maitre lui répondait, et si il n'avait pas été certain qu'un élément ne ressentait pas de sentiment comme les êtres qui vivaient en Armanda il aurait été heureux de lui venir en aide. Le lien d'un Baptistrel avec les éléments est fort, bien plus que beaucoup d'être, mais ils ont en général un élément de prédilection et il fut surprit par la facilité avec laquelle le chant vint à lui, lui qui était un affin du feu, le vent n'était pas sa plus grande réussite et pourtant il semblait soudain si fort, si naturel et fluide alors que les vibrations sans notes se répandaient hors de lui pour enchainer tous les êtres de l'auberge et les lier de telle façon qu'ils ne pouvaient plus se battre... il avait réussit mais la transe était si profonde qu'il lui fallut quelques minutes pour en sortir et ce fut la pensée redoutable de Shaynar qui frappa son esprit et le ramena les deux pieds sur terre pour admirer son travail. Il fut contraint de reconnaître que son chant avait marché au delà de ses espérances, et sa propre force le surprit un peu, il escomptait que Shaynar et Cymbor soient incapable de s'approcher mais de là à ce qu'ils soient aussi inoffensifs que les autres... il y avait un monde.

Il sentit le contre coup de ses sentiments fondre sur lui comme un vol de corbeau, sa peur de voir Eliow blessé ou mort, il n'aurait pas supporter un tel coup du sort, il le savait aussi sûrement qu'il avait comprit que le seul moyen d'arrêter l'escalade de la violence était d'utiliser ses dons, si Eliow venait à mourir à cause de l'attitude d'un dragonnet de quelques semaines il aurait fait fi de la survie du monde et de tout le reste et aurait certainement massacrer Cymbor sans une once de compassion, il n'était pas un être violent, il ne supportait pas la violence, il n'avait jamais put et ne le pourrait jamais, mais il savait aussi qu'il se refusait à voir le vampire mort, son serment l'autorisait étrangement à se servir de ses pouvoirs pour Eliow, pour le protéger et il n'aurait pas hésité malgré tous ses principes. Et même si le petit être était un dragon, les seigneurs de ce monde bien plus que les races attachés au sol, il n'aurait rien put faire contre lui à un stade si juvénile, en temps normal un maitre chanteur pouvait déjà causer des soucis à un dragon adulte bien qu'il lui soit clairement inférieure mais si le dragon était encore à peine sortit de l'œuf... la démonstration avec Shaynar avait renforcé cette certitude en lui... un dragonnet n'avait pas beaucoup de chance contre lui, n'eus été son pacifisme. Il était un être doux par nature, simple et pensif, fragile même, comme Lyroe n'avait jamais cessé de le lui dire, il était sensible et délicat et n'avait rien d'un guerrier, pourtant il sentait une sourde colère ronger son cœur en cet instant, une colère qui agissait comme un feu en foret, brulant tout sur son passage, détruisant et disloquant... il avait oser, ils avaient oser, mettre Eliow en danger, ce petit lézard blanc avait osé causer du tord à celui qu'il protégeait et Lyroe, Lyroe ne semblait même pas en tenir compte, non bien entendu elle détestait le vampire, même après des semaines pendant lesquelles il avait essayer de lui expliquer, essayer de tempérer sa haine et son dégout, des semaines à user de sa magie pour influer sur son esprit, à servir de mande paix, à soutenir un groupe qui avait menacé de se décomposer depuis le départ... elle! Sa meilleurs amie, sa presque sœur ! Comment pouvait elle lui faire une chose pareil à lui.... le serpent venimeux de la colère comprimait son esprit et brouillait ses pensées, il serra les poings et ses yeux gris scintillèrent d'une lueur à la fois triste et mauvaise, il savait qu'il s'abaissait en jouant le jeux de la colère mais ne supportait pas la situation, il avait une patience à toutes épreuves, il était capable de pardonner presque tout mais pas cela, pas la trahison de Lyroe que son cœur avait toujours tenu au dessus de tout les autres, la seconde personne après Eliow pour laquelle il serait mort, trahison.... Mais elle n'était pas importante pour le moment.

Il sentit les effets de son chant diminuer légèrement alors que les dernières parcelles de sa transe se dissipaient et il vacilla légèrement, observant les alentours avec un regard brumeux, il avait besoin de se reposer mais n'en aurait pas la chance avant un long moment il le savait. Il prit finalement son courage à deux mains et porta son attention sur le vampire... et retint une exclamation en voyant les dégâts, ses yeux s'emplissant de larmes de douleur pour son compagnon et de fureur devant l'odieux massacre, il sentit son cœur s'emballer et rejoint le vampire, se jetant près de lui et l'attrapant par les épaules pour avoir un meilleurs aperçut de la blessure. Il gronda et jeta un regard vers le blanc avant de puiser dans ses réserves d'énergies et de se mettre à chanter, utilisant la magie elfique pour soigner l'horrible blessure, cherchant à soulager Eliow d'un peu de son fardeau... il ne mit que quelques minutes pour refermer la plaie mais sentit l'énergie qu'il avait drainée lui manquer, lui qui habituellement n'avait pas à utiliser son souffle vital pour obtenir ce qu'il cherchait. Il murmura à l'adresse du vampire, trop bas pour que quiconque d'autre entendu mais d'une voix certes calme mais emplit d'une froide détermination.

« Attend moi un tout petit peu, je revient »

En se relevant il nota avec détachement que l'auberge devenait de plus en plus chaude... il perdait de nouveau le contrôle de ses forces et son chant gardien envahissait la pièce de manière dérangeante, il ne manquait plus qu'un incendie de son fait et la coupe serait pleine. Il se tourna vers Cymbor et parla à voix haute, contenant sa colère mais utilisant son ton Baptistral, forçant son autorité...

« J'ai réussit à contenir la tempête cette fois ci dragon, mais je n'en serais peut-être pas capable à l'avenir je te conseil donc de veiller à ce que cela ne se reproduise pas, si tu avait blessé Eliow ou Shaynar sache que tu aurait dû m'affronter en plus de celui ci et je ne le désir pas. Je ne sait pas ce que tu a dit pour le mettre dans un état pareil mais quoi que se soit je ne te pense pas apte à juger qui que se soit... apprend donc tes devoirs, apprend ce que tu doit savoir et ne te fait pas donneur de sermons, d'autre s'en chargerons si le besoin s'en fait sentir. Toi qui est l'élégie d'un peuple et qui est symbole de renaissance, toi plus que quiconque d'autre devrait être capable de comprendre... depuis le début Shaynar et Eliow attire la méfiance et la peur, depuis le début ta dragonnière menace leurs vies et tu voudrait qu'ils se conduisent comme si de rien n'était ? Peut-être est ce ainsi.... peut-être pas, qui sais je ne suis pas toi et à vrais dire après ce qui vient de ce passer je ne voudrais pas être toi, pour rien au monde... à présent c'est terminé,mais si quoi que ce soit se produit de nouveau... »

Il laissa sa phrase en suspend, ne doutant pas une seule seconde que le message est été saisi puis il détacha son attention de la créature aux écailles blanches pour la porter sur la plus proche des deux humaines. C'était la jeune fille qui l'avait bousculé et avait tenté de frapper Shaynar, il lui prit la main en souriant et vint souffler la note d'Alea, l'entre aide et la force commune, lui offrant sa paix intérieur pour apaiser ses tourments, il la regarda droit dans les yeux et sourit affectueusement, ses yeux pleins d'une soudaine tendresse pour ce petit bout d'humaine qui semblait si attachante.

« Reste un peu, je suis vraiment désolé que la rencontre ne soit pas plus paisible mais ca peut encore s'arranger, donne nous une chance »

Et Il lui fit un clin d'œil en s'approchant de l'autre humaine avec la même douceur, il sourit en la voyant se cacher derrière Lyroe mais n'accorda aucune attention à celle ci, elle aurait tout aussi bien put être un poteau de soutien de l'auberge, et s'abaissa pour être à la hauteur de la jeune fille. Il procéda avec la même attention que pour Eliow et soigna ses plaies, y ajoutant un morceau de son chant oublié pour chasser la peur de son jeune esprit, il était véritablement désolé de la première impression que le groupe avait dû avoir sur les deux humaines, elles qui ne devaient penser aux dragons et aux autre races que des les légendes ou leurs imaginations, pas étonnant après ce massacre qu'elles soient effrayées. Il aurait bien voulut faire connaissance mais une voix en lui même lui rappela qu'il avait un vampire à nourrir si il souhaitait éviter de devoir de nouveau chanter une trêve, il reprit la parole d'une voix douce mais où pointait le reproche, le reproche d'un ainé à un enfant encore en apprentissage et très loin du ton qu'il avait adopter avec Cymbor. Les chuchotements de la jeune humaine ne lui avait pas échappés tant ses oreilles étaient sensibles...

« La seule véritable justice est celle de ce monde même jeune fille, ceux qui marchent à sa surface sont des enfants en apprentissages et les enfants sont tous innocents devant notre mère la terre, il n'est rien d'honorable à offrir la mort d'un être, même un être qu'une race condamne comme hors la loi... ça c'est le mal. Personne ne devrait juger qui doit vivre et qui doit mourir... »

Il avait dirigé cette phrase non seulement à l'humaine mais également au nouveau poteau de maintient de l'auberge, à quelques centimètres d'eux même si son regard n'avait pas quitté la petite fille. Il ne lui laissa d'ailleurs pas le temps de répondre et enchaina en se relevant et en élevant la voix, une lueur de défit des les yeux.

« C'est moi qui m'occuperait de nourrir mon ami et si quelqu'un à quelque chose à dire la dessus je me ferais une joie de m'entretenir avec lui... après que les êtres qui m'importent disposent d'une paix … même relative »

Il retourna ensuite auprès d'Eliow sans plus un seul regard pour le reste du monde, il posa une main sur l'épaule du vampire, un geste devenu rituel entre eux lorsque l'elfe montrait son soutien, et il s'adressa à lui tout en attrapant sa main. Il n'avait plus le temps pour les banalités et si quiconque osait se mettre en travers de sa route il risquait fort de ne pas être très diplomate, et même les inhibitions précédentes du vampire n'avaient plus de place dans son esprit, tout ce qui comptait à présent était le bien être de son compagnon...

« Vient Eliow, je n'aurais jamais pensé que nous serions tellement retardé et je m'en excuse mais à présent tout ira bien. Et pas besoin de perdre encore de tes forces à se cacher dans tous les cas rien ne pourrait être pire que ce qui est déjà... boit, ici et si ils y voient un inconvénient je m'en chargerais »

Il détacha le col de sa tunique brillante et mit son cou en évidence, attendant que le vampire réagisse, il n'avait pas l'intention de voir Eliow tomber à terre encore une fois à cause de quelque chose d'aussi triviale que de l'énergie. Il n'avait rien précisé mais il savait que l'autre avait dû comprendre qu'il comptait le laisser s'abreuver à volonté afin de se restaurer complètement tout comme la première fois... il prit une profonde inspiration et enlaça de nouveau le vampire en attendant le contact des crocs pour débuter son chant de survit. Il souffla pourtant doucement à l'intention de Shaynar, remarquant que le dragon devait nourrir à son encontre un grand ressentiment pour l'avoir empêcher de tuer l'autre et se dit qu'il devrait régler se problème le plus tôt possible.

« Shaynar je te prie de bien vouloir me pardonner, j'aimerais beaucoup pouvoir discuter de tout cela avec toi plus tard et si tu souhaite quelque chose de moi pour m'être interposé alors tu l'aura si je puis te le donner soit en certain ».

L’elfe termina son chant et toutes les personnes présentes dans l’auberge en fur calmer, enfin presque. Visiblement les dragons même si leurs envie de s’entre tuer avais été stoppé leurs ressentiments restait et selon les apparences leurs dragonniers n’étais pas près de s’entendre comme larrons en foire, après tous quoi de plus normal déjà qu’entre humains et elfes les relations était parfois tendu mais là entre les représentant du beau peuple et les créatures de la nuit…et dire que l’avenir d’Armanda reposait sur eux, de quoi avoir peur. A moins que l’autre être sylvestre ne soit là pour tempérer leurs ardeurs, selon toute probabilité c’étais un baptistrel et il s’entendait bien avec le vampire, la preuve après que la personne la plus pâle de l’auberge ce fut fait empaler et eu survécu ce qui fait que les vampires doivent être hachés menu pour les éliminer ? Mais la proposition que l’elfe fit stupéfia le mercenaire. Tendre sa gorge pour abreuver le vampire.

Et puis des questions qu’il s’était longtemps posé sans jamais trouvé de réponse lui revinrent en mémoire et maintenant qu’il avait un vampire devant lui pourquoi ne pas les posés ?
Le mercenaire approche décider à posé au moins une question mais au moment ou son interrogation allait franchir ses lèvres il se retint, pour survivre à la morsure le… garde-manger ? du vampire allait surement utilisé la magie baptistral qui était le plus souvent chanté, Wollf risquait donc de la distraire au plus mauvais moment !
Finalement il décida d’attendre et lorsque le vampire planta ses crocs dans le cou tendu de l’elfe, l’humain tressaillit involontairement et alors qu’il voulait jeté un œil à Aadria, Lylou ou quelque soit son véritable prénom et son amie mais une sorte de fascination l’en empêcha mais les bruits caractéristique des armes tirés de leurs fourreau ajouté aux vitupérations incessantes du tenancier le força à se détourner, en effet tous les clients armé de l’auberge s’était levé dégainant leurs lames et c’étais regroupés pour former une sorte de mur de protection. Le mercenaire évalua la menace qu’ils représentaient pour lui mais le fait d’avoir deux dragons et une elfe entre lui et eux en ajoutant au fait que leurs réputations « de gros bras abruti par l’alcool » valait moins que leurs propres existence il se détourna pour fixer un moment l’aubergiste hurlant et gesticulant histoire de lui rappeler la menace qui pesait sur lui en cas d’actes inconsidéré et il reporta son attention sur les êtres qui bien qu’appartenant à des races qui se haïssait depuis leurs rencontres semblait lier une sorte d’amitié.
Lorsque le vampire se fut abreuvé Wollf attendit quelques minutes puis il posa la question qui lui brûlait les lèvres :

-Bonjour à vous…Pourquoi vous ne pouvez-vous nourrir de sang animal ?

Et voilà comment en un instant tout bascula. De la tranquillité à un désordre sans nom. Et il y en avait bien un qui régnait dans cette auberge. Tout comme un silence de plomb, celui là même qu'on entend après l'orage, avant que la vie reprenne le court de son existence. Lyroë regardait autour d'elle. Tout n'était que morceau de bois jonchant le sol, qui par ailleurs avait aussi subit la colère du dragon noir. Les spectateurs commençaient peu à peu à reprendre leur esprit.
L'archère aussi, et après une peur sans nom, un sentiment d'impuissance, c'est une colère sourde ainsi qu'une gêne immense qui prit place au fond de son estomac. L'esclandre, voilà bien une chose que l'elfe détestait. Cela allait à l'encontre d'elle même, de son peuple. Se faire remarquer de la sorte, montrer du doigt. Depuis leur entrée dans la ville, ce sentiment était présent, mais il s'était considérablement atténué depuis que l'aubergiste avait accepté leur présence. Un signe en faveur de leur troupe peu commune. Un signe de tolérance, même si elle n'arrivait pas à le faire. Un encouragement quand à ce qu'elle pouvait ressentit vis à vis des humains. S'ils y arrivaient pourquoi pas elle? Ne valait-elle pas mieux? Mais maintenant, les choses allaient être difficile à rattraper.

Ce fut la voix du sang froid, à côté du quel elle était, qui la fit revenir de sa contemplation des lieux. Un sentiment étrange de dégout la fit presque envie de vomir. Il était maculé de... de quoi d'ailleurs? D'une sorte de liquide noir, semblable à du sang. Rien que ce qu'on lui avait dit sur les vampire ne put lui faire autant de chose que la vision du vampire blessé. Elle ne fit même pas attention à ses paroles. Après tout, Lyroë n'allait pas en plus avoir le toupet de les lui reprocher, pensant exactement la même chose que lui, mais les concernant. La vision d'un vampire transpercé était bien plus forte que ça.

"- J'ai faim. Cette fois, il me faut boire, et vite...

Là par contre, la dragonière entendit et ne put que laisser passer sur son visage un sentiment d'effroi. Non parce que après un dragon en furie, voir un vampire faire le "retour du carnage dans l'auberge" n'était pas une bonne suite de plan. Le premier réflexe de l'archère fut de lancer un regard à Mery. Mais celui-ci préférait donner une leçon de moral à son dragon. En autre situation, Lyroë lui aurait ri à la figure en lui disant que parler au vent serait plus efficace et que Cymbor n'avait de leçons à recevoir de personne. Mais là, l'elfe se sentit offusqué, insulté, et un sentiment de rage grondait en elle. Était-ce son dragon ou elle? Les deux surement? Mais quoiqu'il en soit, elle ne laisserait pas son ami s'en prendre ainsi à son lié.

L'archère se dirigea vers son ami de longues dates quand les deux humaines qui était entrées dans Mery. L'une semblait particulièrement enthousiaste à leur présence en ces lieux. Étrange. Cela dénotait avec l'aubergiste qui raillait:
"Ah mais c'est que ça ne se passera pas comme ça, je vous le dis moi, vous m'avez tout cassé et je vous préviens..."
Lyroë de son air fier lui répondit que les dommages causés seront réparés et dédommagés, comme il se devait.
La jeune humaine s'adressa à elle. Décidément, elle était bien curieuse, à parler à Shaynar, s'adresser à elle, au vampire comme si leur connaissance datait de la nuit des temps.

"Noble Femme Elfe, ne pourrait-on pas donner le sang d'un condamné à mort à votre "compagnon" Vampire ? Ainsi ne risquerait-on pas qu'une innocente victime succombe à son appétit... et rendrions-nous Justice d'une honorable façon."

Lyroë la regarda d'un air dubitatif, mais de quoi parlait-elle? Rendre justice? Pour cela, il faudrait achever tous les vampires d'Armanda, pas celui d'un humain stupide pour avoir fauté et s'être fait prendre.

"-Justice? La mort d'un homme quel qu'il soit n'est pas une façon de rendre justice. Même le pire d'entre eux. Quand à ce vampire, n'ayez crainte, vous ne lui servirez pas de déjeuner."

L'archère arriva aux côtés du baptiserel, ne pouvant effacer de son visage le sentiment de dégout quand il proposa son cou au dents longues. Elle ravala son envie de vomir face à une telle scène, le moment n'était pas venu pour en parler, et si cela pouvait éviter un bain de sang... après tout.

"- Tu n'es guère le mieux placé pour en donner des sermons Mery, surtout à un dragon, cherches-tu à m'insulter? Fait le au lieu de le faire par son intermédiaire, c'est humiliant et blessant venant de ta part.
Je ne sais pas plus que toi ce qu'il s'est passé entre eux, mais sache que dans les deux cas, ils n'ont fait que protéger leurs dragonniers. Les torts nous en reviennent, donc pas eux, ils ne reproduisent que la haine que leurs dragonniers se portent. Et jamais Cymbor n'aurait agit en autre cas avec violence. Peut être que tu en doutes, mais tu n'as pas à douter de moi. Quand à la méfiance vis à vis du peuple de la nuit, toi même tu sais pourquoi il est enclin dans la destinée elfique. Si tu peux voir au delà du temps, vas y montre nous le chemin à suivre. Sinon, excuse moi de ne pouvoir faire confiance à un peuple qui ne vit que pour nuire à l'équilibre de ce monde. Tu veux que des efforts soit fait, dans ce cas tient en rigueur aux principales intéressés et non à son intermédiaire. Tu cherches à être compris, comprends donc les autres avant. Tous n'ont pas ta faculté à croire en un monde juste. Pas plus lui que moi!

Elle lança un regard sans âme à Eliow avant de partir priant Cymbor de la suivre dehors. Une fois que ce fut fait, elle s'accroupit devant son dragon et entoura ses bras autour de son cou. D'une voix suppliante.

"-Cymbor, je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec le dragon du vampire, mais promets moi, je t'en prie, de ne plus répondre à ses attaques. Je sais que tu as fait ça pensant à bien, mais... La simple idée qu'il aurait pu te blesser ou...pire... Je ne me serai jamais remise de ça.
Petite boule d'écailles, tu vaux plus que tout ça! Tu es un des sauveurs de ce monde, tu ne dois pas le quitter trop vite. Et sache que sans toi, je ne serai plus entière. Tu comprends??"
Je ne suis guère plus enthousiaste que toi à les suivre, mais nous le devons. L'avenir de mon peuple en dépend. Mon avenir et le tien. Nous devons faire un effort pour mener à bien cette quête. Je ne te demande pas d'être jouasse quand à leur présence, mais l'ignorance est le meilleur des mépris, alors montrons à quel point, leur mesquinerie n'est rien pour nous.

Elle se releva, les yeux humides. L'elfe avait eu si peur que son lié soit attaqué, sans qu'elle ne put faire quelque chose. Cette altercation eut au moins un effet sur la jeune archère. Elle tenait à son dragon bien plus qu'elle ne se l'imaginait. Leurs liens devenaient une force et une faiblesse.

"- Vient! Allons chercher de quoi nous ravitailler pour ce soir et pour le reste du voyage. Je ne crois pas que ce gros aubergiste nous serve ce soir. Le chemin est encore long et nous ne tiendrons pas sans nourriture. L'écurie nous servira ensuite de gite pour un repos dont nous avons besoin. Il calmera nos ardeurs."

Lyroë lui caressa le haut de la tête avec douceur. Elle lui ouvrit son cœur pour qu'il comprenne qu'elle ne lui en voulait pas. Seule la peur de le perdre dominait.
Après avoir trouvé tout ce qu'ils désiraient dans différentes échoppes, Lyroë et son dragonet prirent possession de l'écurie. La seule chose qu'elle désirait était de se poser et oublier un temps les sentiments qui s'entrechoquaient dans son esprit. Elle ne voulait surtout pas que Cymbor les ressentent. Il semblait suffisamment en proie avec ses propres démons. La dragonière lui prépara un festin digne d'un dragon ancestral pour compenser l'état ambiant dans lequel ils se trouvaient, avant de leur préparer un nid douillet dans la paille fraiche. La nuit serait courte et mauvaise. Elle ne dormirait que d'un œil sachant que le dragon noir et son dragonier se trouveraient près d'eux, près à les tuer dans un moment de faiblesses. Les vampires avaient cette faculté de mieux vivre la nuit et de profiter des ces moments. Lâches!

Lylou regarda Mila avec de grands yeux: son destin? Mais de quoi parlait-elle? Ca y est, elle devait avoir perdu trop de sang et commencé à perdre la tête! Elles étaient venues se réfugier dans cette auberge pour échapper aux gardes, mercenaires et autres vampires, et voilà que dans la même piéce elles se retrouvaient avec le mercenaire qui l'avait laissé fuir dans la forêt, un vampire, et deux Dragons prêts à tout massacrer sur leur passage. Comment pouvait-elle considérer que dehors elles seraient moins en sécurité?
Même la seule vision des deux elfes, que Lylou aurait pu passer des heures entiéres à regarder, ne l'encouragé pas à rester: l'archére était accompagné du petit dragon blanc qui avait ravagé la moitié de l'auberge, et le second elfe était en train de..... se proposer pour nourir le vampire????

*C'est un cauchemard!* pensa la jeune fille, tout en regardant Mila qui semblait être comme un poisson dans l'eau au beau milieu de cette situation invraissemblable! Elle l'entendit même proposer des idées pour mieux nourrir le vampire: utiliser des condamnés à mort!!!! Lylou déglutit lentement et écouta avec soulagement l'elfe lui oter cette sugestion de la tête.
Elle tira discrétement Mila par la manche pour lui souffler à l'oreille avec une voix mélèe d'angoisse et de colère entre ses dents:
"Des idées comme ça la prochaine fois tu les gardes pour toi s'il te plait! Je te rappelle que je suis recherchée, morte ou vive! J'aimerais autant ne pas finir comme dessert de Mônsieur!"

Elle était prête à embarquer de force Mila sur son épaule comme un sac à patate pour la faire sortir d'ici et aller ailleurs, n'importe où tant qu'il n'y avait d'autres prédateurs plus dangereux qu'un cafard. Lorsque soudain, l'elfe revint vers elle pour la rassurer et lui prendre la main. La petite brune cru qu'elle allait s'envoler quand elle le regarda de si près droit dans les yeux. C'était tout simplement incroyable, et si il lui avait demandé de faire le poirier au milieu de la pièce, elle n'était pas sûr qu'à cet instant elle aurait beaucoup réfléchit avant de le faire!
Rester.... Et donner une seconde chance.... Il y a quelques instants plus tôt, elle aurait rit jaune et serait partie en courant le plus loin possible, mais il avait comme chanté quelques notes, apaisantes, un peu comme tout à l'heure quand la bataille faisait rage! Encore un des mystéres des elfes que Lylou ne s'expliquerait sûrement jamais! Alors soit, elle resterait, c'était demandé si gentiemment!
Mais que faire maintenant? Elle se serait volontier caché derrière la femme elfe et son arc en attendant de voir comment les choses évolueraient, mais cette dernière partit parlementer avec l'autre elfe, pour finalement sortir avec le dragon blanc et laisser l'homme elfe dans les bras du vampire!

Voir cette petite scéne de pick-nique ne disait vraiment rien à Lylou! Elle ne se rappelait que trop bien lorsqu'Eleyna avait joué avec son cou pendant ce qui lui avait parrut une éternité, comme un enfant sadique jouerait avec une mouche en lui arranchant une à une pattes et ailes avant de l'achever. Il était hors de question qu'elle revive un moment pareil!
Elle ne pouvait qu'espérer que larchére serait bientôt de retour au cas où le vampire ait encore un petit creux dans la nuit!
L'elfe partie, l'auberge s'activa à nouveau comme une fourmillière et Lylou en profita pour ramener Mila sur Terre:
"Vient allons nous coucher, il faudra qu'on se lève tôt demain pour partir discrétement loin de cette ville de fous!"

Pourtant, elle devait avouer que malgré tout, sa curiosité ne cessait de grandir depuis le début de la soirée. Pourquoi deux elfes voyageaient avec un vampire, le tout accompagné de deux petits dragons? Et pour aller où? Pour faire quoi? Et ils sortaient d'où ses deux dragons d'abord?
Un millions de questions se bousculaient dans sa petite tête, et ça augmenta encore plus lorsque, pour éviter de regarder l'elfe se faire mordre, elle pencha le regard et tomba sur le dragon d'ébène. Pourquoi ils s'étaient mis à se battre comme ça d'un coup? Et qu'est-ce qu'il faisait ici? Ca n'avait nullement l'air d'être son milieu naturel... Peut-être devrait-elle s'escuser de lui avoir taper sur la queue avec sa chaise? Mais elle n'était même pas sûre qu'il l'ai sentie ou qu'il ait pu voir qui lui avait fait ça... La rage l'aveuglait apparement au point d'avoir blesser le vampire qui semblait être son dragonnier. Après avoir vu une telle demonstration de force, lui avouer qu'elle avait voulu le frapper était peut-être un peu risqué comme entreprise non? Qui sait à quel point il pouvait être rancunier et comment il allait réagir! Quand elle serait certaine qu'il serait calmé et qu'il ne lui sauterait pas à la gorge, elle s'excuserait, mais il y avait vraiment peu de chance qu'elle le revoit un jour après tout!

Quand elles finirent enfin par aller se coucher, Lylou ne put trouver le sommeil et tourna pendant des heures avant de pouvoir enfin s'étendre dans les bras de Morphée, tant sa tête était remplie de questions et de réfléxions, mais aussi de peur... La peur avec laquelle elle vivait depuis la première nuit de sa fuite, à savoir celle de se faire attaquer, attraper par des gardes ou des mercenaires, ou encore finir entre les crocs d'Eileyna... Par reflexe comme tous les soirs, elle s'endormie la main contre son cou, comme pour se proteger. Futile certe, mais assez rassurant pour la laisser rêver tranquillement.

Mila avait peine à croire ce que ses sens lui renvoyaient. Elle s'était même entendue proposer le sang d'un condamné à mort... elle en rougissait encore. Peut-être l'émotion avait-elle altéré son sens critique, ou était-ce cette impuissance à voir se nourrir un Vampire sans que qui que ce soit puisse s'y opposer ?
Toujours est-il que la Gamine demeurait totalement hypnotisée par la scène :
L'Elfe offrait son cou au Vampire !
Elle ne comprenait rien, cela dépassait son entendement, elle ne parvenait à trier ses pensées tant elles étaient antagonistes les unes aux autres. C'était sans compter les agissements de chacun ! Elle se doutait bien avoir raté quelques éléments prépondérants dans cette histoire de fous. La furie des dragons devait être antérieure à cette seule Auberge, car comment expliquer tant de colère soudaine ? Par bonheur, l'autre Elfe chantait à merveille et les sons de ses mélodies semblaient chargés de pouvoirs étranges... ses propres plaies s'étaient refermées ! Mila éprouvait une chaleur réconfortante gagner son dos tandis que la peau de sa plaie se refermait par enchantement. Avant que l'Elfe ne la quitte pour accomplir son geste de folie pure, celui qu'elle observait en l'instant, elle lui avait glissé discrètement :
"Je me nomme Mila... et je vous suis infiniment reconnaissante pour ce que vous venez de faire. Pardonnez ma jeunesse d'esprit et mon irresponsabilité... rapport à mon idée sur les condamnés, en fait j'ai terriblement peur je crois ! J'aimerais...
Enfin voudriez-vous bien m'apprendre quelques sortilèges afin que je progresse dans les Arts Magiques ? Oh pas maintenant je m'en doute bien. Mais disons... les jours prochains ?"
Mila tombait de fatigue. Refusant de voir la suite, elle réagit promptement à la proposition de Lylou en acquiessant par un hochement de tête compulsif.
"Excuse-moi Lylou, je n'aurais jamais du proposer au Vampire des condamnés à mort mais... je crève de peur !
Et oui cela est mon Destin, je le sais, et demain mon amie, je les suivrai ! Si nos routes se séparent tu m'en vois désolée, j'aurais tant aimé continuer mon chemin en ta compagnie... mais je ne peux assurément pas quitter ces deux Dragons !
Allons dormir, tu as raison."
Pour tirer l'Aubergiste du mauvais pas dans lequel sa colère le mettait, Mila s'adressa délibérément à lui :
"Messire l'Aubergiste, merci de nous montrer une chambre libre, nous sommes fourbues par ce voyage et ces évènements insolites !" Elle avait parlé fort, espérant que les autres clients profiteraient de cet échappatoire pour quitter le théâtre de ces actes insensés. L'Aubergiste lui ne se fit pas prier, il semblait ravi de pouvoir laisser tout ce monde régler leurs différends...
Il accompagna les deux Humaines jusqu'à une porte de petite taille, sous la pente des toits de son bâtiment. Une chambre avec deux lits attendaient Lylou et Mila, proprette et exigüe. Les jeunes Femmes remercièrent leur hôte qui ne se pressa pas pour redescendre. En fait, l'Homme était terrorisé. Il voulait de la compagnie mais ni l'une ni l'autre ne souhaitait offrir de son temps. Mila peina à refermer la porte, l'Aubergiste en occupait l'entrée sans même s'en rendre compte. Par chance les deux frères de la Grand Salle, ceux qui étaient restés si stoïques devant la colère des dragons, arrivaient sur le palier pour réclamer également le coucher...
Mila et Lylou partirent dans un fou rire nerveux... la tension accumulée lâchait enfin, d'autant qu'elles avaient eu la même idée en même temps :
Coincer la porte avec leurs deux lits !
Mila trouva le sommeil bien vite. Froide et aiguisée, sa lame noire d'Elena dormait le long de ses flancs...

*Puisque la Paix se construit à Deux, et que le Blanc ne semble pas correspondre à tes attentes... montre-lui ce qu'est la Paix ! Tu sembles plus grand, plus puissant aussi, il est du devoir du plus Fort d'élever le plus Faible, et non de lui imposer sa Loi. La Paix c'est la Liberté de chacun !*

Il ne répondit que par un grognement sourd, plongeant son regard brulant dans les yeux de la petite humaine. De quoi se mêlait-elle ? Comment osait-elle faire la leçon à un dragon ? Il était d'autant plus agacé qu'il savait qu'elle avait raison, il y eu donc plus de hargne qu'il ne l'aurait voulu dans sa réponse :

*Les dragons n'ont que faire de la supposée sagesse des hommes. Cesses d'être impolie et laisse à mon dragonnier la place qui lui est dû dans mon esprit. *

Ou comment congédier une présence indésirable dans son esprit. Rares étaient ceux qui ignorait à quel point il était impoli de s'adresser directement à un dragon lorsqu'il ne vous avait pas lui-même adressé la parole au préalable. A moins bien sur d'être son dragonnier, ce n'était tout de même pas ce qu'elle espérait cette petite humaine ? Certes elle était mignonne, pleine de bon sens et de désir de bien faire mais pour Shaynar, il n'y avait qu'Eliow. Il ferma son esprit aux autres, agacé par toutes ces pensées parasites.

"Serais-tu devenu fou ? Comme si nous n'avions pas assez de soucis comme ça. Que tu veuilles étriper ton confrère soit, je t'aiderais même volontiers à faire de même avec sa dragonnière. Mais pas devant témoin si possible... ou alors en pleine cambrousse."

La remontrance l'avait laissé de marbre, il était encore bien trop en colère pour être touché par de simples paroles, fussent-elles celles d'Eliow. Qu'avait-il à en faire des témoins puisque de toutes façons le monde entier semblait voué corps et âme à les haïr lui et son vampire de dragonnier ? Qu'est-ce que cela y changerait qu'ils soient toux deux considérés comme des brutes et de vulgaires meurtriers puisque c'était de toutes façons déjà le cas ? D'ailleurs quelle importance pouvait bien avoir le regard des autres alors qu'ensembles ils formaient un tout qui n'avait pas grand chose à faire du monde extérieur ? Toutes ces questions se bousculait dans son crâne et il ne tentait pas de discipliner ses pensées, les envoyant en un flot continu vers son dragonnier dans l'attente d'obtenir une réponse. Mais elle ne venait pas...

*Eliow ?*

Une inquiétude sourde lui étreignait le cœur et il accéléra son pas afin d'arriver plus vite là où le vampire était tombé, et se relevait. Dracos merci, il se relevait...
Quelque chose n'allait pas... La marche du vampire était étrange, vacillante. Il ne devait pas être très agréable d'être ainsi propulsé contre un mur mais ce genre de créatures étaient habituellement bien plus solides que cela et le premier choc passé Eliow aurait dû se relever et marcher bien plus vite. Les yeux rubis s'agrandirent tandis qu'une lueur horrifiée s'y allumait. Il avait posé le regard sur le morceau de bois planté dans le flanc de son compagnon. Un gémissement sourd et il est déjà sur lui, s'aplatissant auprès du blessé tombé à genoux

*Qu'est-ce que j'ai fais ? Oh Eliow je suis désolé, je suis vraiment vraiment désolé. Je n'aurais pas dû réagir comme ça je suis trop colérique, je vais m'amender. Je le jure sur leu feu qui brûle en moi mais s'il te plait, dis moi que ce n'est pas trop grave ! *

La voix rauque qui résonna alors le rassura en partie. Si il avait faim c'était que ce ne devait pas être trop trop grave. Non ? Il ne savait pas, il était incapable de réfléchir pour tout dire. Son ouïe fine capta la proposition de la gamine et il faillit approuver, tout en lui n'était que panique totale et reste de fureur. Sans doute aurait-il été chassé lui-même un humain pour Eliow si Merithyn ne s'était pas approché :

« Attend moi un tout petit peu, je revient »

Quoi ??? Attendre ? Alors qu'il avait le flanc transpercé et qu'il mourrait littéralement de soif ? L'elfe chanteur avait-il perdu la tête ? Un grondement mauvais s'échappa de la gorge du dragon lorsque le baptistrel s'éloigna, il voulait apparemment parler avec Cymbor. Était-ce vraiment le moment ? Shaynar était à deux griffes de piquer une nouvelle colère et d'aller chercher le repas sur patte par le col pour la ramener entre les crocs du vampire mais il se doutait que cela serait encore mal perçu, allez savoir pourquoi ?
Il finit par revenir tout de même, soulagement...

« Shaynar je te prie de bien vouloir me pardonner, j'aimerais beaucoup pouvoir discuter de tout cela avec toi plus tard et si tu souhaite quelque chose de moi pour m'être interposé alors tu l'aura si je puis te le donner soit en certain ».

Il renâcla bruyamment, blessé au plus profond de l'âme :

*Sottise. Ce sera à moi de t'offrir un jour quelque chose chanteur, sans toi les choses auraient été pires. Bien que je ne vois pas très ce qui peut-être plus honteux que de blesser son dragonnier pour un dragon.*

Il baissa la tête, la peine avait remplacé la colère dans son regard et il termina :

*Prends soin de lui veux-tu ? Je sais que tu es digne de confiance et certainement moins dangereux pour lui que moi je ne l'ai été. J'ai besoin d'être un peu seul.*

Il effleura doucement le dragonnier de son museau, lui envoyant une dernière pensée avant de sortir :

*Je te présente toutes mes excuses, je ne regrette pas ma colère mais rien ne me permettait de te faire courir le moindre danger. Ça ne se reproduira plus, sois-en certain. Je te rejoins plus tard*

Il quitta ainsi l'auberge, les ailes encore farouchement collées contre son dos mais la démarche bien moins altière. La honte le submergeait encore tandis qu'il volait sans but précis, ne cherchant même pas à chasser et montant aussi haut qu'il le pouvait et espérant presque ne pas avoir à redescendre. Ce n'est que bien des heures plus tard qu'il consentit enfin à passer le seuil de l'écurie, se plaçant aussi loin que possible de l'elfe et du jeune dragon pour aller dormir non loin du vampire qui veillait. Peut-être que s'il fermait les yeux vraiment fort il s'apercevrait au moment de repartir que tout cela n'avait été qu'un épouvantable cauchemar ?

Sans qu'il ne s'en rende vraiment compte de suite, tant il était monopolisé sur sa soif qui le taraudait de plus en plus mesquinement, il sentit le bout de bois se retirer de sa plaie et celle-ci se refermer doucement mais sûrement, tandis que son nectar de jais cessait de s'épancher hors de son corps mort. Ce n'est que quand l'elfe chanteur lui murmura quelques mots, lui demandant visiblement de l'attendre, qu'il réalisa enfin ce qui venait d'arriver. L'elfe. L'elfe l'avait encore une fois aidé et soigné. Toujours et encore cet étrange elfe qui semblait mettre un point d'honneur à prendre soin de lui encore et encore, envers et contre tous. Eliow baissa le regard vers son corps pour constater que non, il n'y avait plus de plaie béante. Plus de douleur, même s'il se sentait encore un peu faible, sans doute par manque de sang frais...

*Qu'est-ce que j'ai fais ? Oh Eliow je suis désolé, je suis vraiment vraiment désolé. Je n'aurais pas dû réagir comme ça je suis trop colérique, je vais m'amender. Je le jure sur leu feu qui brûle en moi mais s'il te plait, dis moi que ce n'est pas trop grave ! *

Le vampire tourna un regard un peu hébété vers son dragon, semblant peiner à reprendre pied dans le monde des humains.

"Ce n'est pas trop grave, non", répondit-il presque comme un automate par la pensée.

Il avait au fond de lui envie de dire plus, de dire à son lié que non il ne lui en voulait pas, qu'il l'aimait comme cela, avec ses colère set son mauvis caractère, avec ce feu brulant en lui, qu'il ne lui en voudrait jamais même s'il lui avait fait alors la plus belle peur de toute sa non-vie. Mais rien ne vint. Pas un mot, pas une pensée. Comme s'il était sous l'effet d'une puissante aneshésie qui l'empêchait d'émettre toute parole intelligible ou même toute pensée cohérente... Et rien de ce qui puovait se dire autour de lui ne l'atteignit. Le vampire semblait alors dans un autre monde. Un monde de soif et de faim, qui bientôt prendrait tout contrôle de lui. Il n'était pas encore de ses anciens vampires capables de se contrôler en toute occasion. S'il parvenait dans la majeure partie du temps à contenir cette faim grondante en lui ou cet appétit parfois insatiable, il lui arrivait encore assez souvent de perdre controle de lui et de laisser sa volonté enfermée aux confins de son esprit. Comme s'il redevenait alors une bête sauvage idomptable.

Non. Pas indomptable. Deux êtres avaient réussi à le dompter... Son lié... et l'elfe chanteur...

Ce ne fut alors que la main dudit elfe qui le sortit de sa torpeur. L'elfe qui s'agenouillait devant lui. l'elfe qui venait de poser une main si réconfortante sur son épaule. L'elfe qui... qui lui proposait sa jugulaire si appétissante, si palpitante, si tentante... si... L'elfe qui l'enlaçait alors doucement, dans une étreinte si chaleureuse et si savoureuse.

Mais, alors qu'il allait planter ses crocs dans le cou de son ami, son dragon reprit contact dans son esprit.

*Je te présente toutes mes excuses, je ne regrette pas ma colère mais rien ne me permettait de te faire courir le moindre danger. Ça ne se reproduira plus, sois-en certain. Je te rejoins plus tard*

"Shaynar... Ne... ne..."

Ne quoi ? ne pars pas ? ne m'abandonne pas ? Aucune pensée ne parvint à clairement se formuler, Eliow alors en proie à un fort dilemme : rattraper son lié et le consoler ? ou mordre à pleine dent dans cette jugulaire si palpitante ? Un dilemme qui semblait alors le paralyser soudain. Son lié était mine de rine devenu aussi important que sa propre survie.

Mais l'elfe qui semblait avoir compris cet étrange combat intérieur, ne lui laissa guère le choix et empalait presque son cou dans les crocs du vampire. Ce qui fit réagir la créature de la nuit sans plus attendre, les crocs acérés s'apprêtant enfin à transpercer cette chair tendre pour en extraire le si délicieux nectar au goût de vie.

- Arrête moi si je vais trop loin, parvint-il à murmurer dans un dernier élan de lucidité, avant que le feu faim ne l'embrase complètement.

Dernier élan qui s'acompagna d'une petite pensée pour son lié :

"Ne t'en veux pas Shaynar. Je t'aime."

Mais non, il ne le retint pas. Son dragon semblait avoir besoin de se défouler et de prendre l'air. Au sens litérale du terme. Certes, il venait d'encaisser une crise qui aurait du mal à cicatriser pleinement, mais Eliow sentait qu'au fond de lui la sincérité et la véracité des sentiments qui l'agitaient envers son dragon n'étaient en rien entachés.

Et le vampire s'abreuva, se laissant emporter par cette vague déferlante qui fracassa tout en lui sur son passage. Etrangement, même s'il but tout son saoul, il parvint à s'arrêter de lui-même, contrairement à la toute première fois où il avait eu bien du mal à s'extraire du corps de l'elfe. Un coup d'oeil inquiet vers Merythin lui indiqua que oui celui-ci était plus qu'exténué et à deux doigts de perdre conscience, par tous les efforts qu'il avait dû produire aujourd'hui, mais non il n'était pas mort.

- Ca va aller ? S'enquit-il auprès de l'elfe chanteur, son regard nuit perlant d'inquiétude.

Et alors qu'enfin il allait se relever pour aller il ne savait où, une voix l'interrompit dans son élan.

- Bonjour à vous…Pourquoi vous ne pouvez-vous nourrir de sang animal ?

Relevant alors un regard courroucé vers cet innoportun qui venait de casser la magie de cet instant, et essuyant à la va vite le sang qui goutait encore au coin de ses lèvres, d'un geste presque soudain honteux en réalisant les regards qui devaient se braquer alors sur lui, Eliow considéra un long moment le jeune homme.

- Nous pouvons, répondit-il. Mais... Si vous buviez du vin acide, votre soif serait-elle rassasiée et vous sentiriez-vous revigoré ? Pour nous, c'est exactement la même chose, répondit-il d'une voix grave qui ne demandait aucune réplique.

Et sans plus attendre, il détourna le regard, et, se releva doucement, aidant par le même geste Merithyn à se relever. Il était temps maintenant de ravitailler l'elfe, qui devait aussi reconstituer ses forces. L'assaillant de force sur un siège, en attendant qu'il revienne, il partit vers le tenancier, le menaçant d'un regard polaire, faisant fi des possibles armes qui pourraient tenter de le menacer.

- Il lui faut de quoi manger. J'ai de quoi payer, rajouta-t-il tout en sortant une bourse peu remplie.

Le peu d'argent que Lorenz leur avait donné à chaque élu vampire avant de partir...

- Il est... herbivore, rajouta-t-il d'un air presque dégoûté rien qu'à la pensée de quelqu'un ne mangeant que de l'herbe.

Après un instant d'hésitation, l'aubhergiste sembla se décider et alla lui chercher quelques fruits et légumes qu'Eliow paya sans rechigner.

- Je réquisitionne ma place auprès de mes compagnons de route dans votre bergerie, fit-il d'une voix froide qui ne réclamait aucune réplique.

Autant dire qu'avec tous ces événements, il n'était plus d'humeur à supporter la moindre remarque ou le moindre geste contre eux. Et ayant recouvré ses forces, même si encore un peu ébranlé par tout cela, il n'était pas de bon ton de le mettre en colère.

Et sans plus de cérémonie, il tourna les talons, avec son butin accompagné d'une gourde d'eau fraiche, et vint chercher l'elfe encore assis non loin de lui. Le prenant doucement sous le bras, il le guida à l'extérieur, puis jusqu'à la bergerie, où l'elfe pourrait se sustenter tranquillement. Quelques heures plus tard, ils étaient tranquillement installés, l'elfe presque couché sur lui comme s'il le prenait pour un nouveau coussin, quand Shaynar vint les rejoindre.

Avec un doux sourire, il invita son lié à se raprocher encore.

" Tu m'as manqué shaynar. Viens. Ne restons pas seuls".

Et se disant, il caressa d'une main douce le museau de son lié non loin de lui.

- Nous pouvons. Mais... Si vous buviez du vin acide, votre soif serait-elle rassasiée et vous sentiriez-vous revigoré ? Pour nous, c'est exactement la même chose.

Le vampire se détourna allant vers le tenancier bien pâle. Le mercenaire regarda autour de lui et constata que quasiment tous le monde était partit, il commençait lui-même à sentir la fatigue revenir au galop et après les évènements récent il était plus prudent pour lui d’aller dormir ailleurs. Il se détourna et sortit de l’auberge après s’être repéré à l’astre solaire Wollf prit la direction approximative de la sortie de la ville.
Multiples tours, détours et crises de nerf plus tard il sortit enfin de la ville avisant un bosquet à environ une demi-lieue du labyrinthe urbain, le jeune homme s’y dirigea il rattrapera le groupe hétéroclite le lendemain après une bonne nuit de sommeil au clair de lune. S’enfonçant dans le bois il jugea ne pas avoir besoin de feu avec la température ambiante clémente. L’obscurité était la meilleur amie du jeune homme, rassurante, silencieuse,…mortel. La nuit la nature reprenait ses droits sans crainte d’être dérangé par l’espèce soi-disant civilisé plus grand prédateur d’Armanda. Le mercenaire dénicha un arbre assez gros pour ce qu’il prévoyait de faire, grimpa dessus et il se rendit compte que deux des branches avaient poussé de tel manière à offrir une sorte de hamac naturel, content de sa bonne fortune Wollf s’y installa et là il vit que grâce à une trouée dans les feuillages on voyait très bien l’entrée Aldaria.

Il y en avait temps... tant de sentiment qui se bousculaient en lui en cet instant, tel une vague gigantesque l'envahissant et l'emplissant comme une coupe et le faisant légèrement trembler tandis qu'il poussait son cou contre les crocs d'ivoire en faisant abstraction des réactions diverses et variées que son geste provoquait autour d'eux. Le monde était toujours présent, certes, mais il semblait... lointain, lointain et brumeux comme un vague souvenir appartenant à un passé antique et fragile qui n'avait plus que de vague contour dans son esprit, il ne s'agissait plus d'un monde vif et vivant, plein d'âmes et de cœurs, il ne s'agissait plus d'une entité infiniment puissante et bienveillante tel qu'il le ressentait au travers du chant immémorial de la vie elle même, pour lui il s'agissait d'une fenêtre sur une peinture curieuse mais sans attrait immédiat, un souffle porteur de murmures dont il n'avait que faire tant l'instant était important à ses yeux, si important qu'il occultait tout le reste, plongeant la scène extérieur à eux dans un voile terne. Il ne voyait pas plus loin que les écailles de jais de Shaynar disparaissant hors de l'auberge, pas plus loin que les yeux d'onyx du vampire si près de lui, des yeux saturés d'émotions eux aussi et comment lui en vouloir ? Les derniers évènements semblaient tous plus surréalistes les uns que les autres... Il aurait tant voulu le réconforter, l'aider, il aurait tant voulu lui apporter réellement un peu de chaleur mais il s'en savait incapable pour l'instant, il ne pouvait que lui offrir son sang, sa vie et peu importait les conséquences il ne pouvait faire autrement, c'était son devoir, sa place, celle qu'il avait choisit et accepté pleinement... Il repoussa ses hésitations et s'avança encore un peu, le bout des crocs entaillant la peau en envoyant un frisson le long de son dos.

Il ferma les yeux en sentant enfin Eliow réagir et sourit doucement à l'attention de son compagnon qui devait se douter qu'il ne l'arrêterait pas même si il l'avait voulu, la précédente expérience l'avait prouvée, il avait la force de l'obliger à avancer mais pas d'arrêter et pourquoi l'aurait il fait ? Il ne craignait rien, lui qui régénérait son sang et son énergie en permanence grâce à son nom, la certitude de ne pas courir de risque et sa confiance envers le vampire le confortait dans son choix de laisser Eliow se rassasier à sa guise et à vrais dire... même si cela avait causé sa mort il ne l'aurait pas arrêter. Il avait perçut les réactions des autres par leurs vibrations même si il n'y avait pas vraiment prêter attention, il avait vu les jeunes humaines se détourner, Lyroe être prise de nausées... seul l'homme à la senteur si étrange était resté pour son plus grand malheur, il n'y avait pas fait attention tant son esprit été tourné vers le vampire mais ses sens semblaient plus aiguë soudain et il les chassa rageusement, qu'auraient ils fait, ils ne comprenaient pas, ils ne comprenaient rien... ni les enfants humains, ni Lyroe ni personne d'autre, ils ne pouvaient pas comprendre quelque chose qui différait autant de leurs codes et il découvrit qu'il n'en avait que faire, tant qu'Eliow ne le rejetait pas, car c'était le vampire qui comptait et non le reste.

Il sentit les crocs se planter dans sa chair et il poussa un soupire alors que le chant qu'il avait retenu dans la prison de ses lèvres jaillit comme une fontaine, comme une rivière en crue qui venait nettoyer et assainir les terres, refondant continuellement son être dans un éclair de lave brulante et implacable tandis que sa vie s'échappait de ses veines pour venir abreuver le vampire, les sensations étaient identiques à la première fois mais, peut-être en raison de sa fatigue et de son état nerveux, chaque tressaillements, chaque aspiration et chaque note semblaient frapper ses sens au centuple et le laissait faible et haletant alors qu'il sentait la présence enivrante d'Eliow s'écarter de son cou. Le vampire avait la peau froide mais en cet instant il se sentait si faible et si perdu que la disparition du dragonnier de son espace vital lui semblait la perte d'un feu doux et salvateur mais il n'avait pas la force de se rapprocher de cette potentielle source de chaleur et de réconfort, il sentait le monde tourner autour de lui en une sarabande effrénée et fut incapable de se relever, restant à genoux et tentant de retrouver une respiration stable... le contre coup du reste de cette journée éprouvante avait finit par le rattraper et il été prit de nausée, sa résistance avait finit par lui faire défaut une fois de plus malgré ses provisions d'énergie et il fut incapable de seulement effectuer un geste rassurant en direction d'Eliow lorsque sa voix douce vint chatouiller ses oreilles sensibles, et ce ne fut qu'en pensée qu'il sourit à la réponse sans appel qu'il livra à l'homme puant... il aurait tant voulu que celui ci s'écarte de l'endroit où il se trouvait, le relents de charnier qu'il dégageait le faisait suffoquer bien qu'il soit le seul, semblait il, à sentir l'odeur abominable. Il se laissa faire, poupée de chiffon sans force entre les doigts du vampire, lorsque celui ci le releva, mettant péniblement un pied, puis l'autre sur le sol et se soutenant aux vampire désormais revigoré et ne protesta pas lorsque celui ci l'assit sur une chaise pour se diriger vers le comptoir et engageait ce qui ressemblait de loin à des pourparlers...

Il n'arrivait presque pas à bouger et n'était pas encore totalement sortit de son cycle fou de régénération qui le coupait des sources naturelles d'énergie en temps normal il aurait put user du chant de la terre pour se restaurer mais n'étant pas encore totalement corporel il en était encore couper et pour plusieurs heures, il lui fallait donc trouver son énergie comme le commun des mortels, en mangeant et une vague de soulagement se déversa sur lui lorsqu'il sentit faiblement les vibrations de ce que portait le vampire dans ses mains. Étrangement la pression de la main d'Eliow sur son bras était bien plus nette que tout le reste, tout comme sa haute silhouette qui le surplombait alors qu'il le soutenait pour sortir de l'auberge.

Il tenta de mettre de l'ordre dans ses pensées et nota avec curiosité l'emplacement des vibrations des deux humaines qu'il avait vu plus tôt mais également, cette fois avec quelque chose qui aurait put être de l'hostilité, les formes endormis de Lyroe et Cymbor de l'autre coté de la bergerie. Il finit son repas et bu un peu tout en se demandant ce qui se passerait le lendemain, par quel miracle ils pourraient ressouder les débris d'une entente aussi fragile, il fit cependant la promesse silencieuse qu'il ne serait pas à l'origine de l'étincelle qui les réuniraient, il ne le voulait pas en faite... il était encore si remonté contre l'archère qu'il espérait secrètement qu'elle refuserait de voyager avec eux, tout en se maudissant au plus profond de lui même d'être si mesquin et si fruste, ce n'était pas lui et il le savait pertinemment mais la peur qu'il avait eu et ses sentiments pour Eliow avait prit le pas sur le lien amicale et presque fraternelle qui avait toujours exister entre les deux elfes. Son esprit vogua ensuite vers Shaynar qui avait semblait si triste en s'adressant à lui et qui avait quitter le bâtiment comme un proscrit sous le regard de ses juges et il résolut de tout faire pour ne jamais plus le voir ainsi tant la vision, même avec du recul, avait été poignante... il ne comprenait pas pourquoi les humains avaient peur de lui, à ses yeux il aurait put passer pour une incarnation du Dracos en personne tant il transpirait la majesté et la sûreté. Oui... si l'esprit gardien avait eu un corps, il serait apparu comme Shaynar il en était certain...

Mais la tension et la fatigue reprirent vite le dessus et il sombra progressivement dans un sommeil profond, tout près d'Eliow, la tête presque sur le torse du vampire tandis qu'il s'imprégnait de ce moment magique malgré le reste de la journée épouvantable. Il sentit ses yeux se fermer, son corps s'alourdir et son esprit s'apaisait pour couler doucement vers les rêves et dans un dernier sursaut de lucidité il tenta de se redresser un peu et de parler, sa voix un doux et léger murmure à peine audible même pour le vampire...

« Eliow... »

Le reste de la phrase ne fut qu'un chuchotement mental, loin des oreilles des peuples, loin de la curiosité des étoiles et de la lune, loin du vent porteur de message, dans les confins de leurs esprits, résonnant timidement mais avec certitude, quelque mot pour un monument de sentiments et d'émotions qu'eux seuls partageaient en cet instant et qui ,pour lui, comptait bien plus que le monde entier.

*Je t'aime...*