Il était une fois un monde à l'agonie,un monde dont les souffrances semblaient impossible à atténuer et qui hurlait en silence, inondant sa surface encore active de ses pleures et de ses suppliques, tentant vainement d'appeler ses enfants à l'aide, de leur rappeler que leur vie si chère à leur yeux venaient d'elle et d'elle seul et que rien ne les retiendraient dans son sein si elle succombait … un monde autrefois emplit de magie mais ou celle ci disloquait peu à peu sans que rien ne puisse l'éviter, cette magie bénie sans quoi la vie des peuples n'était plus la même, sans quoi les merveilles du monde disparaitraient irrémédiablement pour le plus grand malheur de tout ceux qui vivraient pour en être témoins et sans quoi le futur comme le passé serait perdu, hors d'atteinte pour tous même pour les plus fort et les plus sages … qu'était la sagesse des peuples devant l'étendu d'un tel désastre … qu'était la puissance d'un seul d'entre eux … qu'était leur poids si infime dans la grande balance qui régissait le monde ? Rien … ils n'étaient vraiment rien … triste constatation et pourtant la vérité était la … terrible et grave et si douloureusement tangible qu'elle écrasait le petit cœur qui battait sous elle,grande chape de désespoir et de peine qui battait comme deux ailes gigantesques … elle était la,indéniable et glorieuse dans son voile de folie et de résignation et plus les jours passaient plus le poids de cette vérité s'était alourdit … tant et si bien qu'il avait finit par avoir raison de leur espoirs et de leur foi en la bonté du monde, ils avaient douter … jamais ouvertement,jamais à voix haute … mais le fait était incontestable,ils avaient abandonner leur chemin pour suivre le sentier coulant du désespoir et de l'angoisse … de cette angoisse mordante et cruelle qui prenait plaisir à admirer le gibet qu'ils avaient dresser pour sa sœur l'espoir … les ombres s'étaient allongées dans la foret, le déclin les avait touché comme un gel tardif mais puissant, le silence avait prit le pas sur les chants …

Et enfin après des années de sourde colère et de tristesse, après des années de tourmente sans fin ils avaient été bénis d'une nouvelle lueur, une lueur plus puissante et plus enchanteresse que toute leur précédentes sources de force … et ils avaient retrouvés le chemin,le vrai chemin,celui qu'ils n'auraient jamais dû quitter … Des œufs,trois œufs … trois chandelles dans la tempête qui les malmenaient et leur cachait le soleil et la vie … Trois petite source de vie, de magie et d'exaltation qu'ils se devaient de protéger à tout prix et les protéger ils le feraient, même si cela signifiait perdre la vie. Les prières innombrables que les peuples du monde avaient adresser au Dracos Honoris avaient enfin payer … le monde aller renaitre de ses cendres tel un phœnix et un nouvel age d'or prendrait place … un age ou il n'y aurait ni peu ni douleur, ni guerre ni conflit d'aucune sorte, un monde sans mensonge et sans faux semblant … un monde ou il n'y aurait plus jamais d'agonie tel qu'ils avaient connus …
Non jamais plus il ne laisserait un tel désastre prendre place … Et cela même si la reine semblait plus tenir à la fonction politique et militaire d'un dragonnier qu'a celle de sauveur d'Armanda. Elle cherchait à utiliser leur individualité à son avantage, elle contraignait les leurs à agir en sa faveur et menaçait presque ouvertement leur neutralité pourtant établie de longue date et affaiblissait leur autonomie et le poids de leur conseil … Elle envoyait les leurs au quatre coin du monde pour tenter de trouver les œufs, prétextant leur attachement au monde,leur lien avec son intégrité et leur force de persuasion … des pions, elle pensait donc qu'ils étaient de simple pions … tout juste bon à la servir ? Tout juste bon à penser les plaies de son peuple et à le réconforter … ils n'étaient pas que ca,elle ne voulait pas voir mais elle serait contrainte tôt ou tard à regarder la vérité dans les yeux … même si ceux ci avaient une forme qu'elle n'appréciait pas. Ils n'étaient pas belliqueux mais ils n'étaient pas non plus des êtres passifs, juste asses éveillés pour reconnaitre un affront d'une faveur … un jour ils lui prouverait … Le monde bougeait et de nombreux acquis que leur peuple pensait immuable seraient bientôt bouleversés par un grand cataclysme lorsque la marée du destin s'abattrait sur eux.

Et elle avait déjà débutée, petit à petit le barrage que les elfes avaient ériger autour d'eux allait céder, pouce après pouce, pied après pied,jusqu'à ce que leur frères soient projetés dans le nouveau monde et contraint de s'adapter. Enfin … le soulagement qu'il éprouvait … qu'ils éprouvaient à l'idée de voir leur pairs bien aimés de nouveau en mouvement était vraiment indéfinissable, ils avaient longtemps penser que même si il y avait de l'espoir pour Armanda les elfes étaient condamnés … ils s'étaient tromper et ils l'admettaient sans réserve …

…

Une lueur et un silence, des pas qui s'estompent sur l'herbe encore humide de rosée et le bruit diffus d'une respiration … une silhouette solitaire, aussi immobile qu'une statue et aussi frêle qu'un jeune arbre entre les tronc centenaires aux vibrations profondes,une chevelure noir dans le vent frais et libre qui parcourt la foret,deux yeux qui observent et médites … la cage est la,la paroi invisible mais lumineuse juste devant l'être,iridescente comme une toile d'araignée et pourtant aussi solide qu'un mur d'adamantine … une cage qui renferme en elle un trésor sans prix, un trésor dont on a ôter la liberté par discrimination racial … encore un sujet de différent entre eux et le conseil … combien de fois ont ils plaidés l'entente ? La paix ? L'entraide ? Des centaines et encore quelques dizaine depuis que lui est ici … il les a avertis,il voulait le sauver … il a demander de l'aide à ceux qui l'écouterait et ceux la se sont battus bec et ongle … ils ont tout essayer mais rien n'y a fait, il est toujours la, dans cette prison si irritante qui les séparent, cette prison … ce … couperet, il le hait comme jamais,il le hait avec la même passion qu'il a mit a défendre sa cause … il ne cesse de reprendre ceux qui l'insulte,ceux qui souhaitent sa mort,il se battra jusqu'au bout pour lui quelque soit son chemin,il aurait même sacrifié son don pour lui … même … sa vie … et pourtant il est la, laisser seul à souffrir de sa condition dans cette cage étroite sans le soutien de qui que se soit,sans ami et sans aide. Il haïssait cette prison …

il se rappelait encore la réaction des gardes lorsqu'il avait franchit la barrière quelques jours avant … horreur,colère .. dégout et étonnement, il aidait un vampire,il lui offrait de la nourriture et aller à l'encontre des directives de l'impératrice … Il avait détruit le barrage comme si il s'agissait d'un fétu de paille mais celui ci semblait intact après son passage … peur … et la foret était si silencieuse sur son passage ce jour la … elle n'émettait plus ses ondes bienveillantes, elle ne voulait pas le perturber ? … doute …
Un tourbillon de sentiment qui n'avait cesser de l'assaillir depuis cette journée fatidique … depuis qu'il avait sacrifié une part de lui pour son ami,si rare si précieux ami … il ne se sentait pas à l'aise avec les autres elfes malgré les efforts qu'il avait fait pour chasser son trouble … et quel trouble ! Il avait du mal à dormir, l'esprit emplit par la scène de cet après midi si singulier et par les mots et les actes qu'il avait accomplit … ses muscles le tiraillaient toujours et sa gorge brulait, souvenir peu bienvenu de l'intrusion du feu en lui lorsqu'il avait perdu le contrôle de ses pouvoirs … il avait toujours penser que son don servait uniquement le bien et la création mais il avait eu la preuve qu'il était dangereux … il avait peur de blesser quelqu'un,peur de bruler un végétale, peur que les autres ne le considère comme un pestiféré et le rejette mais fier, fier d'avoir prouver qu'il était loyal à un idéal bien plus élever que les alliances terrestre, que les liens visible en se monde n'était pas la limite de son âme … Mais il était cependant troublé,il n'avait pas faim,pas froid … il n'était pas épuiser … il flottait sur un nuage cotonneux qui le berçait, guidé par le chant du feu … Même la cérémonie de l'œuf et la découverte que son … ami … Lyroe était l'un des dragonnier avait été secondaire, son esprit tout entier tourné vers les deux êtres reclus dans leur cage, quelque part au beau milieu du royaume sylvestre, ses deux êtres si chers à son cœur et dont il ne pouvait plus désormais se séparer … il n'avait pas oublier son serment … « je ne vous quitterez plus » avait il dit et il tiendrait parole … et même si il n'avait pas été lié au couple par des chaines indestructible ses sentiments concernant le vampire auraient eu raison de ses réticences … ses sentiments,il ne savait pas comment décrire cela … amitié,complicité,confiance ? Il ne trouvait pas le mots juste .. peut être n'y en avait il pas,peut être était il contraint à ne jamais être capable de mettre un nom sur ce qu'il ressentait pour cet autre qui avait prit une place si importante dans sa vie,qui avait remplit le vide qu'il s'était évertuer à combler sans aucun résultat,lui qui,d'une simple pensée,effacer ses doutes tout en créant davantage … c'était la sensation la plus déconcertante qu'il avait expérimenté dans sa longue vie. Et c'était aussi la raison de sa présence en ce lieu …
Une lueur,une souffle et un tintement … la barrière vole de nouveau en éclat, incapable de contenir la force qui vaporise ses fondements en proie à un adversaire trop différent de lui pour l'arrêter et trop proche pour comprendre ce qui advient d'elle … tout comme eux. Lui l'elfe,le pacifiste,le chanteur et lui le vampire,le dragonnier,le buveur de sang,cauchemar des hommes mortels et pourtant il ne cesse de hanter ses pensées et annihile ses forces et sa résistance … ou peut être est ce lui qui ne veut pas se battre ? Peut être ne veut il pas être sauver ? Peut importe ce qu'il veut … pour lui c'est ce que veut l'autre qui lui importe et il veut sortir,il veut savoir … qui était il,lui, pour lutter contre ca …
Il pose un pied à l'intérieur du cercle de la prison, hésitant et troublé, craignant de voir ce qu'il est advenu de son compagnon et pourtant sentant irrépressible envi de courir et de l'étreindre dans ses bras à tout jamais, de lui dire qu'il est désolé,qu'il voudrait à tout prix le libérer mais qu'il ne peut pas,le supplier de ne pas lui en vouloir pour son manque de soutien … il aimerait tant pouvoir lui dire ce qui bloque son souffle,ce qui lui comprime la poitrine et l'empêche de dormir paisiblement mais il ais qu'il est contraint au silence par sa propre détresse et la honte le blesse plus terriblement encore … un autre pas … tout est silencieux et vide, l'atmosphère est si pesante et si triste … l'isolement de cette partie de la foret à causer des ravages que lui seul peut voir,plus une vibration,plus un seul chant … privé de leur source mère les plantes et le bois est devenu muet et triste et attend sa propre mort sans réagir,dans cette contemplation si particulière qui résulte d'un destin déjà connu et tracer sans possibilité d'écart et il aimerait tant pouvoir les secourir, il aimerait tant leur rendre la force de vivre mais il ne peut pas … il n'est pas asses fort,pas asses puissant … encore une fois … sa faiblesse lui semble à l'origine de tout les maux dont son entourage est accablé et il ne peut qu'émettre une plainte intérieur devant cet état de fait qu'il voudrait pouvoir briser …

Il avance doucement, les jambes tremblantes et l'esprit en ébullition tandis que son cœur entamait une sarabande folle et incontrôlable devenu son lot chaque fois qu'il était en présence du vampire. Il observait la petite hutte et le long appendice noir qui s'en échappait et qui serpentait sur l'herbe comme un ruisseau étrange et mouvant … et qui remontait jusqu'à la masse déjà écrasante d'un dragon aux écailles d'un noir impénétrable. La morsure de la haine et de la honte le mordit de nouveau à l'idée que qui que se soit puisse retenir cet être fabuleux ainsi prisonnier sans le moindre scrupule et le condamne à périr d'une mort atroce, la simple idée lui donner la nausée et il ressentit une profonde envi de détruire la source de se qui retenait la créature prisonnière tout en sachant qu'il n'en avait pas le droit … il ne souhaitait pas que le duo soit tué par sa faute,il ne s'en remettrait jamais …
La hutte se rapprochait à grand pas et son appréhension allé grandissante tandis qu'il essayait de se faire remarquer du couple tapis à l'intérieure de la construction en bois, elle était si petite et si fragile, si mal adaptée à ses occupant … une hutte d'elfe, peu différente de la sienne à l'intérieur du cercle symphonique et pourtant ses habitants n'avait rien d'elfique … comme le prouvait les deux paires d'yeux qui scintillaient dans la pénombre. Son cœur fit une nouvelle embardée et il stoppa son avancée,observant la lueur des orbes couleurs d'abysses en face de lui … tentant de trouver les mots juste,combattant son envi de réconforter le duo et de se justifier … il n'y avait aucun mots, aucune phrase asses appropriée pour un tel instant et il sentait sa résolution trembler … puis avec lenteur il parla enfin,sa voix un mélange de culpabilité,de peur, de joie et de tendresse … un caléidoscope de tonalités et de sentiments qu'il n'aurait jamais imaginer …

« Il a éclot ... »

C'est la simple vérité, que pouvait il dire d'autre ... ?

Long. Tout ceci lui paraissait long à en mourir. Nul doute que s'il n'était pas déjà mort, il le serait alors à force d'attendre, d'attendre et encore d'attendre. D'attendre quoi ? Il n'en savait trop rien lui-même. Sa situation lui paraissait de plus en plus désespérée au fil des jours qui passaient. Cela devait faire deux, trois jours tout au plus, que l'étrange elfe chanteur était revenu d'il ne savait où, de cette maudite quête aux oeufs, et lui avait offert son sang, le sauvant d'une folie sans nom. Peut-être cela faisait-il plus longtemps, en fait, se demanda-t-il soudain, songeur. Pour tout dire, il n'aurait su répondre. Le temps s'effilait à l'infini, tel une toile d'araignée géante dans laquelle il serait prisonnier sans espoir d'en voir la fin...

Le temps. Quelle notion vague au final. Quelle notion décousue et dénuée de sens... Du moins l'était-ce pour lui à cet instant.

Il fit un pas dans cette maudite cage. Un pas qui en représentait des centaines dans son esprit. L'espace et le temps... tout lui semblait dérisoire, déraisonné, dénué de toute matérialité. Même la terre de ce sol poussiéreux, même les arbres qui l'emprisonnaient si sagement, fiers gardiens de son antre imposée, même la hutte qui était censée le protéger des rayons ardents de l'astre solaire, même la lune qui se montrait de plus en timide ces derniers temps entre les hautes cimes des arbres, même le vent qui caressait alors son visage comme cherchant à apaiser sa solitude et sa douleur... Tout ceci n'avait plus de sens, tout ceci n'était que folie. Folie de son esprit peut-être, folie d'un monde en déclin sûrement. Oui, folie. Voilà ce qu'il devenait lui-même, en proie à toutes ces chimères que la torture de la captivité lui faisait entrevoir et lui enlevait aussitôt après. Une douce folie alors qui l'enveloppait de ses bras puissants pour ne jamais le libérer sans doute...

En fait, de toutes ces inepties sans nom qui peuplaient sa solitude, et qui habitaient son esprit, une seule entité prenait de plus en plus d'ampleur. Une seule entité devenait de plus en plus réelle, de plus en plus présente. Là. Avec lui. Emprisonné aussi. Son dragon. Shaynar. Doux et sauvage Shaynar qu'il avait appris à réellement apprécier et accepter pleinement. Oui, il lui avait fallu être captif avec son lié pour accepter pleinement ce lien qui lui avait pourtant été imposé. A croire que tout devait lui être imposé pour qu'il les accepte finalement et apprenne à apprécier ce qu'il avait. Peut-être parviendrait-il également à accepter ce statut de prisonnier ? Ou pas. Il doutait fortement, pour être honnête, qu'il parviendrait un jour à se faire à cette sinistre condition. Lui, être sauvage et solitaire, comme tout vampire qui se respectait, ne tolérait pas de chaîne. Quand bien même elles étaient magiques et invisibles.

Il deviendrait fou avant. Ou partirait en cendres quand la folie serait bien trop insupportable.

Tournant en rond, désespérant de revoir finalement cet être étrange et envoûtant qu'était le chanteur, ne croyant plus aux belles promesses que l'autre leur avait faites, Eliow choisit de retourner à sa hutte, le soleil ayant décidé d'enfin se lever et caressant déjà sa peau d'albâtre, menaçant de réduire encore ses forces à néant. Il n'avait plus touché au sang animal qu'on lui avait fourni. Cela lui levait trop le coeur et il préférait mourir de nouveau de faim, quitte à rompre les dernières barrières de sa raison, plutôt que d'entendre les ricanements mesquins et les mauvaises moqueries elfiques à le voir boire ce sang infect. Si tant est qu'on puisse appeler cela sang. Heureusement, le cadeau de Shawdowsong avait été suffisant pour lui conserver ses forces actuelles et il ne se sentait pas encore assez faible pour implorer un repas digne de ce nom. Bien qu'il ne rechignerait pas à mordre un ou deux humains par ci par là... Arf, c'est vrai, il n'y avait pas d'humains par ici !

Alors qu'il commençait à errer encore et encore dans ses pensées moroses et sans fin, il entendit un bruit inopinée. Comme un souffle de vent qui sifflait une douce musique à ses oreilles. Des pas. Des pas crissaient maintenant dans l'enceinte de sa misérable prison. Des pas légers, discrets, mais qui ne pouvaient échapper à son ouïe fine. Et Eliow commençait à bien connaître ses pas. Merythin. L'elfe chanteur était revenu. Un rapide regard vers Shaynar lui apprit que son dragon aussi avait entendu et avait reconnu l'elfe. Tous deux aux aguets, ils décidèrent toutefois de ne pas bouger, abrités qu'ils étaient dans la petite hutte. Attendant. Comme des enfants boudeurs qui attendaient qu'on vienne enfin leur offrir ce qu'ils réclamaient tant. Mais après tout, aux yeux de ce monde séculaire, ils n'étaient que des enfants encore, n'est-ce pas ?

Le vampire peina toutefois à ne pas réagir quand il entendit, sentit même, les battements de coeur effrénés qui venaient de doubler leur saccade en l'elfe. Qu'il aimait ce bruit. Qu'il aimait le souvenir que ce martèlement sourd mais régulier, bien que plus rapide que la norme, évoquait en lui. Doux souvenir alors. Pourtant le sang elfique n'avait pas un goût désirable, bien loin de là. Mais... Mais ce sang là... C'était un cadeau de sang et un cadeau de vie, un cadeau inestimable. Un cadeau qui avait alors un goût unique, que jamais Eliow n'oublierait. Quand bien même sa rancoeur envers le peuple elfe s'était vivement acérée ces derniers temps. Cet elfe-là... cet elfe-là était et serait à jamais l'exception pour lui. Un elfe... Un elfe unique, un elfe au sang somptueux et à la voix mélodieuse, un elfe de parole aussi. Il était revenu. Il était revenu finalement. Il avait eu tort alors de douter de lui...

« Il a éclot ... »

Ou pas. Ses simples mots eurent l'effet d'une douce glacée sur lui. Il avait éclot. L'autre oeuf avait éclos. Eclos pour un elfe ! Il n'était donc plus un possible sauveur de la magie pour les elfes, ils avaient leur sauveur, leur élu ! Ils n'auraient donc plus aucun scrupule à le tuer lui. Plus aucun. N'est-ce pas ?

Eliow se voyait déjà mort, et Shaynar avec lui. Ils avaient pourtant tant de choses encore à voir et vivre ensemble ! Pourquoi avait-il fallu que tout se finisse si tôt ?

- Alors c'est fini, souffla-t-il simplement d'une voix sombre.

Les jours passaient, s'étirant encore et encore et le dragon allait certainement en devenir fou. Il ne supportait plus les regards goguenards des elfes qui venaient de loin pour voir le nouveau dragonnier et son lié. Sa colère montait jour après jour, tournée contre les elfes avec pour seule exception le musicien qui avait été le seul à venir les aider. Qui avait été jusqu'à mettre sa propre vie en péril pour sauver celle de Eliow, Shaynar n'était pas prêt de l'oublier.
Les elfes n'étaient donc pas tous des gens ignobles ? C'est sans doute ce qu'aurait dû en conclure Shaynar mais il ne réagissait pas ainsi, il avait cette façon de raisonner bien à particulière et typiquement dragonne. Pour lui Merithyn était le musicien et les autres étaient les elfes, il haïssait les elfes. Voilà le mot était dit, ce peuple été parvenu fort lamentablement à se mettre le seul dragon existant à dos. Mais il fallait dire qu'ils l'avaient peut être un peu cherché aussi, tant pis pour eux.
Le seul vraiment ? Il semblerait bien que le mot ne puisse plus convenir. Il n'avait pas bougé lorsqu'il avait vu Merithyn au loin, se contenant de le fixer de ses yeux rubis. Il avait attendu que celui-ci arrive enfin dans la hutte et qu'il parle :

« Il a éclot ... »

Les conséquence de ce qu'il venait de dire écrasèrent Shaynar comme il ne l'avait jamais été. L'accablement de son dragonnier s'ajouta au sien et il ne pu réprimer un grondement de mécontentement. Que venait de dire Eliow ? Que c'était fini, simplement fini ? Ainsi la vie du jeune dragon devait se terminer maintenant alors qu'il n'avait encore rien vu de la vie et de ce continent dont il était sensé incarner le renouveau ? Impossible, il ne le permettrait pas. Il était bien trop fier pour admettre le fait qu'il soit ainsi condamné, soumit à la décision d'un peuple qu'il méprisait de plus en plus. Pas question que cela se termine ainsi, il fit part de sa fougue à Eliow :

*Si ils pensent que cela va se régler comme ça... Qu'ils viennent donc nous donner le coup de grâce, ils vont être bien reçu ça je peux te le certifier. *

L'intensité de son regard était presque insoutenable, il avait relevé ses babines pour montrer des crocs impressionnants. Il fanfaronnait bien sur, sachant très bien que tout dragon qu'il était il ne pourrait pas s'opposer à lui seul à tout le royaume elfique mais il serait tout de même un formidable adversaire. Nul doute que celui ou ceux qui seraient désignés pour accomplir l'exécution auraient bien du soucis à se faire, il en emporterait autant que possible avec lui. Il frappa le sol de sa queue avec agacement, semblant presque impatient d'en découdre. Quelque part ce ne serait peut être pas plus mal d'en terminer ainsi, il n'en pouvait plus de cette hutte. A quoi bon vivre si c'était pour rester enfermé ici ? Il se battrait au coté de son dragonnier jusqu'au bout puis il laisserait à leur triste sort ce peuple armandéen qu'il n'avait pas encore connu en son entier mais qui l'avait déjà tant déçu.

Comment allaient-il procéder ? La question le passionna un moment. Par magie certainement, c'était la grande force du peuple elfique et ils ne tenteraient certainement pas de se mesurer à un dragon si jeune soit-il avec une épée. Les arcs aussi peut être... Il rumina sombrement cette information en se demandant si tout ceci pourrait traverser la barrière magique. Si les elfes tiraient à partir de l'extérieur alors il serait carrément impossible de contre-attaquer. Ils pourraient rester dans la hutte bien sur mais tout en bois comme elle était, elle aurait vite fait de bruler. Les dures écailles qui recouvraient son corps pourraient les protéger un moment, pas éternellement et ce serait la fin. Mais par contre si leurs ennemis devaient baisser cette barrière pour tirer alors il suffirait de leur rentrer dedans, de renverser toute la ligne et de filer. Filer où ? Excellente question... Il ne savait pas voler et penser à prendre Eliow sur son dos actuellement était une gageure. Ni l'un ni l'autre ne connaissait le royaume elfique, ils n'iraient certainement pas loin... Son humeur s'assombrit encore quand, bon gré mal gré il dû admettre qu'ils ne pourraient pas s'en sortir d'eux même. Son regard brulant se posa sur le musicien, pourrait-il les aider ? Il avait déjà dit que non mais là les choses avaient changés, ils risquaient la mort !
De plus il leur avait fait une promesse, il ne pourrait pas vraiment reculer... De nouveau plans se mirent en place dans l'esprit de la créature. Le musicien pourrait être un allié précieux, s'en sortiraient-ils avec lui ? Leur chances restaient infimes mais grandissaient encore un peu... Non il ne pouvait pas croire que cela se terminerait comme ça, impossible. Il était un dragon, une créature ancestrale : nul ne pouvait rien contre lui. C'était ainsi, il était persuadé de sa supériorité sur ces ridicules deux pattes. Une question le traversa tout à coup et il en fit part à son dragonnier :

« Je me demande pour qui il a éclot... J'aurais aimé que ce soit pour Merithyn, cela aurait certainement réglé nos problème mais je ne serais pas du tout étonné que l'élu soit un fanatique haïssant les vampires. *

Avait-il raison ? Un bruit à l'extérieur lui fit tourner la tête. Qui venait ? En une seconde il comprit : Eliow était le seul dragonnier existant au monde, il était clair que l'élu devait avoir très envie de le rencontrer. Le dragon noir se dressa sur ses pattes, tendu : de cette rencontre pouvait dépendre bien des choses... Voilà il sentait l'esprit de l'autre dragon... Ainsi il n'était plus le seul ? Cette pensée le laissa rêveur et quelque peu perturbé...

Lyroë avait enfin admis que son destin était tout autre maintenant. Elle n'avait plus à sa charge que la protection des frontières de son pays. Non maintenant, elle avait en plus la garde de l'avenir de celui-ci par la seule présence de Cymbor à ses côtés. L'elfe prenait de plus en plus l'importance et l'immensité de sa tâche. Et perfectionniste comme elle était, Lyroë ne voulait pas faillir. Pas seulement pour elle, mais pour son peuple, et pour le dragonnet qui n'avait rien demandé autre que de vivre. Elle s'attachait à lui sans sans rendre compte. Maintenant, il faisait parti d'elle. Il était une extension de son être. L'archère ne réalisait pas encore tout ce que cela pouvait signifier à long terme. Ne voyant que le présent et la découverte de l'autre.

Voilà pourquoi, après avoir passé un temps en tête à tête avec Cymbor, à comprendre les prémices de leurs relations, de leurs mode unique de communication, Lyroë devait en savoir plus. Et malheureusement pour elle, la seule personne apte à lui répondre, à la guide sur la voix de l'inconnu n'est nul autre que le buveur de sang qu'elle a fait faire prisonnier. Cet être de la nuit et elle avaient maintenant un point commun: leurs dragons. Cette simple idée la révulsait au plus haut point. Ne serait-ce qu'avoir un point commun avec un vampire...brrrr ça lui donnait des frissons. Pourtant, elle devait bien se résoudre à le voir autrement maintenant. Il était comme elle, un dragonier, il avait comme elle une mission à remplir. Elle devait savoir, connaitre ses intentions.

Mery était parti bien avant elle, surement pour commencer à préparer le terrain, car les choses seraient autre quand elle arriverait avec ses gros sabots.
Son dragon la suivait derrière elle, Lyroë s'avança d'un pas sûr vers la prison du vampire et du dragon. Elle arriva derrière son ami, l'air fière, droite comme un I, un peu hautaine face aux prisonniers.
Elle entendit le souffle du vampire et sa dernière supplique. D'un ton rude, elle répondit:

"Tout dépend de ce que tu as à me donner"


[HJ: désolée, un peu court, mais j'ai peu de temps, je voulais pas vous bloquer plus longtemps^^]

Tout le temps qu’il avait passé, depuis son éclosion, tout du moins, il l’avait passé en sa compagnie, à mieux comprendre le monde dans lequel il vivait. Si elle répondait à toutes et la moindre petite interrogation du dragon, il ne l’aidait pas vraiment. Non il ne lui fournissait pas les réponses qu’elle avait besoin à son sujet. Normal. Il ne les connaissait pas lui-même. Même pas un petit doute. Rien du tout. Mais sa dragonnière avec un sentiment étrange d’agacement. Il le sentait émaner d’elle et s’en interrogeait, sans lui poser la question directement. Malgré leur grand rapprochant, il semblait toujours rester une petite différence entre les deux êtres que le dragon n’arrivait pas encore, pour le moment, du moins, à éliminer complètement. Il n’en fit rien… Il continua d’apprendre au cours des jours suivants. Jusqu’à ce qu’il n’apprenne à son dépit l’existence d’un autre dragon ainsi que d’un autre dragonnier. Tout comme eux. Il ne savait pas exactement comment prendre la nouvelle. Il savait être plus jeune et cela l’inquiéta un peu. Mais elle voulait les rencontrer. Elle voulait le rencontrer, surtout, pour apprendre à mieux comprendre l’ami qu’il était avec elle.


*Je n’en vois pas l’intérêt.*
Avait-il murmuré dans la conscience de l’elfe, sans toutefois insister à la contredire. Ce qu’il ne voyait pas, surtout, était l’intérêt de demander conseil à l’autre en question. Il croyait que ce qu’ils avaient à découvrir, ils devaient le faire eux-mêmes et se débrouiller seuls. Aussi en fit-il part à Lyroë, sans insister sur cette question. Juste lui laisser sa propre opinion, flotter, sans qu’il ne s’oppose à sa décision. Et même si cela l’effrayait un peu, il la suivrait jusqu’au bout. Parce qu’il fallait bien l’avouer, Cymbor se découvrit comme n’était pas exactement très courageux. Ou du moins, pas dans le sens de prendre des risques inutiles. Il donnerait toutefois sa vie pour elle. Mais c’était un cas un peu à part, non? Ho, absolument!

Et elle voulu le rencontrer. Et comme prévu, il ne chercha pas à la contredire. Elle aussi, au fond, avait son propre chemin à faire, sa propre voie à suivre. Lui? Lui croyait surtout à pouvoir lui servir de guide dans ses faux pas si nécessaires, à lui indiquer le chemin qu’il pensait être le mieux lorsqu’elle ne savait pas lequel prendre, à réconforter et surtout, à supporter le poids horrible du fardeau qu’il avait volontairement déposé sur ses épaules. Elle ne semblait pas lui en vouloir, fort heureusement.

Alors qu’il la suivait derrière (comme déjà dit, il est un peu trop lourd maintenant pour aller sur l’épaule), sa queue battait l’air anxieusement. L’idée de rencontrer cet autre être, tout à fait comme lui ou dans le même genre, du moins, l’ennuyait un peu. S’il avait craint au début de se retrouver seul en tant qu’ailé, il s’inquiétait maintenant d’en rencontrer un. Parce qu’il savait, au plus profond de lui, que la prochaine rencontre qui suivrait, autant entre lui et l’autre dragon que sa dragonnière et le sien, allait être un tournant important. Alors qu’ils s’approchaient un peu plus à chaque pas, il le perçu. Il perçu l’autre. Sur le coup, il fut porté à fermer complètement son esprit au sien, refusant le moindre contact avec le dragon. Ce n’était pas en signe d’agression de sa part, mais une crainte en provenance d’un être encore très jeune et sans conscience réel des actes qu’il posait. Au fur et à mesure qu’ils avançaient et qu’ils se rapprochaient, toutefois, l’ailé blanc fut porté à s’ouvrir un peu plus, jusqu’à laisser complètement l’autre le frôler puisqu’il fit un peu de même, à sa manière. Il entendit une voix, et il sentit les muscles de Lyroë se tirer. Il ne comprenait toujours pas ce comportement mais la suivait encore… Lorsqu’enfin elle s’arrêta et se pointa particulièrement hautaine, il tiqua intérieurement. Ce n’était pas comme ça qu’il la visionnait. Et il savait que ce n’était pas sa Lyroë… Elle prenait une autre personnalité pour cacher la sienne, tout simplement. Mais lorsqu’il compris le sens de ce qu’elle venait de dire, mélanger aux murmures qu’il avait entendu, il paru s’attrister.


*Lyroë?*


Un point d’interrogation clair. Il leva sur l’elfe ses deux perles du bleu des cieux et de la mer pure. Un mélange d’incompréhension s’y trouvait. Le nom qu’il lança sur elle, cette fois, ne se fit pas doux… Il voulait comprendre l’intérêt qu’il était porté à garder un dragon captif de la sorte. Aussi fit-il comprendre à sa dragonnière le sentiment qui le dérangeait face à la scène. Bien sûr, il n’en fit part à personne d’autre qu’à elle...

Il tourna finalement sa tête vers le dragon. L’autre. Il l’observa plus clairement. Plus gros que lui, plus en muscle. Bien plus fort, finalement. Étrange contraste qu’il avait l’impression de faire avec lui. Les écailles noires frappaient dure et le regard de rubis intriguait le bleu azure. Il se montra toutefois aussi majestueux que la race ancestrale avait laissé comme trace dans les mémoires, redressant la tête et vrillant un regard d’une rare intensité sur lui. Cymbor se montrait ainsi tout à fait digne représentant, fier, de sa race. Il laissa toutefois planer chez le dragon noir ce sentiment un peu triste, de désolé… Il aurait probablement voulu communiqué avec lui, mais comme dit… Il ne prenait pas de risque inutile… Et s’il ne l’aimait pas? Ça serait un peu ennuyant…

[hj: Me le dire si ça ne va pas :/]

Le silence de mort qui s'était abattu sur la hutte après ses mots était plus que douloureux, bien plus terrible et intolérable dans sa présence par ce qu'il signifiait pour eux... pour eux trois. Si lourd, si froid... un silence blessé et offensé dont l'effet ressemblait a une chape de gel sur un champ de fleur en plein été... une brume malveillante qui étouffait ses sens et le faisait suffoquer, il se noyait dans ce silence comme dans un lac à l'eau profonde et insondable et était totalement impuissant, sans aucune force et sans aucune volonté de se battre contre la fatalité... Une fatalité et un funeste destin semblait il alors que la lueur qu'il avait vu scintiller quelques secondes auparavant dans les yeux de son ami se dissipait comme un rêve au matin et laissait la place à un morne éclat mêlant la compréhension au fatalisme et à la résignation... un éclat que Merithyn fut incapable de supporter tant l'accusation qu'il ressentait envers lui même était forte... tout était de sa faute... Il sentit de nouveau irrépressible envie de le prendre dans ses bras et de s'excuser, de lui avouer combien il avait honte de ne pouvoir faire quoi que se soit pour le tirer des griffes de son peuple et lui rendre sa liberté... Il n'arrivait pas à s'apaiser, son esprit bouillonnant ne cessait de se rebellait contre la situation, contre les siens, contre la vision bornée et simpliste que ce monde feuillu avait adopté et auquel il se raccrochait depuis tant d'années, cette stupide haine qui menaçait ses amis... Son cœur était déchiré entre son amour pour son peuple et sa patrie et les sentiments, la loyauté et l'attachement qui le liait au vampire et à son compagnon à écailles... la honte le brula de nouveau mais à ses cotés se tenait immobile comme une déesse la résolution, icône d'un possible salut dans une robe d'un blanc pur et immaculé, l'espoir sous un déguisement de gloire... peut-être que les siens ne le tuerait pas après tout, il pouvait s'en sortir, ils pouvaient s'en sortir, ils avaient une chance. Et si par malheur il avait tord... et si l'impératrice ordonnait tout de même sa mort... si elle refusait de voir la vérité en face... Et comment s'y prendraient ils alors, ils n'oseraient jamais faire de mal à leur forêt bien aimée et ne tolèreraient pas que qui que se soit la souille, pas d'armes de corps à corps donc, par magie sans doute mais en auraient ils le courage il se le demandait... peut-être le laisserait il tout simplement seul et sans nourriture dans cette cage grotesque jusqu'à ce qu'il trépasse, se délectant du spectacle de son agonie comme du meilleur des vins mais en prenant le risque qu'on outrepasse leurs autorité... Si les autres pensaient une seule seconde qu'il resterait là les bras ballants sans rien faire pendant qu'ils massacraient ses amis ils se trompaient et de loin... jamais il n'abandonnerait ceux à qui il tenait tant, plutôt périr que de trahir ses compagnons.

Jamais... Non jamais il ne les abandonnerait... et sa détermination ne fit que grandir alors qu'il observait le duo, Shaynar était prêt à se battre et Eliow... Eliow reprendrait courage,il en était certain, il le sentait au plus profond de lui même... le vampire ne se laisserait pas tuer aussi facilement... il suffisait d'allumer la flamme. Oui... Cette petite flamme si insignifiant à première vue et qui pourtant se transforme en gigantesque brasier inextinguible lorsque la vie de son propriétaire est menacée... une minuscule chandelle sur le point de s'éteindre mais qui ne nécessiterait presque rien pour être de nouveau vive et dansante... Si seulement il pouvait trouver le moyen de lui rendre sa vivacité il n'aurait pas hésiter une seule seconde. Mais pour le moment, dans cette espace clos si silencieux et si immobile, il se sentait incapable de la moindre pensée raisonnable et son esprit tournait et retournait les faits sans parvenir à une analyse cohérente et objective... Mais peut-être que le compagnon du vampire pourrait y parvenir lui, car après tout n'était il pas une part de l'âme de son dragonnier aussi sûrement que si ils n'avaient eus qu'un seul cœur, peut-être que lui parviendrait à lui insuffler ce qui lui manquait... Il l'espérait de tout cœur et avait toute confiance en lui, jamais il n'aurait abandonner son dragonnier.
Ses pensées le firent redescendre sur terre et il amorça un geste en direction d'Eliow avant de s'arrêter net et de tourner son regard vers la imite invisible de la prison, à l'écoute des ondes de l'univers. Elle approchait enfin, plus tôt qu'il ne l'aurait penser mais sans forcer l'allure, son nouveau compagnon probablement sur ses talons si il interprétait correctement les murmures du monde de la forêt... les chuchotements fervent de la nature et le doux bruissement de la terre, les chandelles des esprits animaux et les vibrations des végétaux... ils approchaient, les second nés, les élus du peuple elfique... ceux dont le devoir imposait la renaissance du royaume sylvain... et la menace de la vie d'Eliow. Le dragon noir se dressa sur ses pattes et Merithyn dû bien avouer qu'il était impressionnant, bien plus que le petit être blanc qui gambadait derrière Lyroe tandis que celle ci approchait d'un pas de bourreau, le regard de pierre et une expression sombre sur ses traits fins... et Merithyn fut profondément désolé de la voir si hautaine et dédaigneuse face aux prisonniers, ils souffraient suffisamment d'être ainsi menacer elle n'avait vraiment pas besoin d'envenimer la situation en se gaussant d'eux. Il grimaça finalement en entendant sa réplique et sentit un mélange de tristesse et de reproche envahir son cœur à l'idée qu'elle puisse se montrer si dure avec Eliow... elle n'aimait certes pas les vampires, elle les haïssait avec cette ferveur qu'il voyait brillait dans les yeux de tout ses frères lorsqu'ils abordaient le sujet de leur ennemis de toujours, elle ne voulait rien avoir à faire avec un vampire... pas de connexion, pas de point commun, pas de contact et pourtant... pourtant ils étaient tout deux, la chasseuse et le vampire, des dragonniers à présent, des défenseur du monde, des hérauts d'un nouvel âge pour les êtres de ce monde... Ils étaient à présent plus proche que quiconque n'aurait réussit à le prévoir, l'idée le fit sourire... Il retrouva finalement sa voix, et son courage et il s'avança pour venir se poster entre les deux dragonniers, une lueur de défi dansant dans ses prunelles...

« Ce n'est pas finit... C'est loin d'être finit »

Il resta là, tremblant sous la bataille qui faisait rage dans son esprit et repoussant l'envie d'assommer l'elfe pour leur permettre de partir... Il n'en retirerait rien de bon, mieux valait être là et assister Eliow dans son épreuve plutôt que d'agir en tête brulée...

[ HPR : Sorry un peu court :s je me rattrappe au prochain ]

L'assurance de son dragon, si elle mit du baume au coeur pourtant mort du vampire, ne suffit pas pour autant à lui donner toute la force qu'il aurait aimé avoir. Son côté pessimiste qui voyait toujours tout en noir était bien trop fort, bien trop ancré en lui dès lors, surtout après tant de jours d'inactivité et d'attente inutile, qu'il lui semblait impossible de voir les choses autrement. Et qu'il lui semblait surtout impossible pour lui de combattre ce qui lui semblait alors si inévitable. Si fatal.

*Si ils pensent que cela va se régler comme ça... Qu'ils viennent donc nous donner le coup de grâce, ils vont être bien reçu ça je peux te le certifier. *

"Fanfaron", ne put-il s'empêcher de répondre en silence, à travers leur lien.

Oui, tout ceci n'était que pure fanfaronnade. Ils n'avaient aucune chance. Et il était grand temps que Shaynar se rallie aussi à la réalité des choses ou la chute serait dure. Très dure. Plus dure qu'elle ne l'était déjà pour lui, qu'un brin d'espoir avait fauché sauvagement la dernière fois, pour souffler ces dernières braises sur ses cendres déjà presque éparses. Que le vent lui semblait soudain bien mesquin de rager ainsi au dehors, alors que bientôt eux même expireraient leur dernier souffle. Enfin du moins pour le dragon. Que les arbres semblaient soudain bien moqueurs à chanter cette noble chanson qu'Eliow peinait encore à entendre, alors que bientôt il n'aurait plus le temps pour l'apprendre. Car bientôt on lui ravirait son temps. Du temps... Ce temps, qui leur avait semblé si long alors, semblait devenir finalement bien trop court pour ce qu'il leur restait...

Oui, lui aussi aurait aimé que ce soit pour le chanteur que l'oeuf éclose. Mais comme sa malédiction semblait bien ancrée dans son destin tout aussi maudit, le Dracos Honiris, maudit soit-il lui aussi, en avait visiblement décidé autrement. Meri aurait pu faire pourtant un si bon partenaire... un si bon... Hum... Passons. Inutile de s'attarder sur des si qui jamais n'existeraient maintenant. Il en était à cette constatation, quand une voix qu'il ne connaissait que trop bien l'interrompit dans ses sombres pensées. Une voix qu'il n'était pas bien sûr de bien apprécier.

"Tout dépend de ce que tu as à me donner"

Une voix qu'il n'appréciait pas, cette fois il en était sûr. Et un sourd grandement monta de sa gorge en guise de réponse, sans qu'il ne puisse le retenir. Qu'il la détestait à cet instant. Et pire que la renommée rage destructrice des dragons d’antan, la haine semblait soudain le ronger plus encore que la basse résignation qui l'avait envahi quelques instants plus tôt. Et sans qu'il ne comprenne pourquoi ni comment, c'était comme si on venait de lui insuffler un dernier souffle de rébellion. Oui, rébellion. Plus question de se résigner, quand bien même elle venait alors le tuer lui et son dragon. Non pas question qu'il se résigne devant elle, pas question qu'il la laisse le rabaisser de la sorte et encore moins qu’il la laisse se moquer de la faiblesse qu'il avait pu laisser échapper devant l'elfe chanteur. Hors de question de lui laisser en fait quelque victoire que ce soit.

Il se leva alors d'un bond, tous ses muscles endormis alors tendus à l'extrême et prêts à riposter à toute attaque ou toute menace. Décidé, comme son dragon l'avait été quelques secondes auparavant, à défendre le peu de non vie qu'il lui restait, de toute son âme, de toutes ses forces. De toute sa folie. En fait, si Merithyn ne s'était pas interposé soudain entre lui et l'autre elfe, il était fort possible qu'il se serait lui-même jeté sur elle, sans aucune autre forme de procès.

- Que veux-tu donc que je te donne que tu n'as pas déjà ? Cracha-t-il, d'un ton plus qu'acide qui déformait alors sa voix pourtant basse et veloutée.

La pique de son dragonnier cassa net l'élan du dragon. Non pas qu'il avait tort car en effet tout ceci n'était que pur fanfaronnade mais tout de même, ce n'était pas la peine de le dire si ?
Vexé, il fallait bien le dire il souffla bruyamment et une gerbe d'étincelle vint jaillir de ses naseaux tandis qu'il foudroyait le vampire du regard.

*Tout vaut mieux que d'attendre la mort passivement.*

Et vlan, qu'il médite ça et si cela pouvait lui redonner un peu de courage pour le combat perdu d'avance ce serait parfait. Eux deux savaient parfaitement qu'ils ne se garderaient pas rancune plus de quelques secondes, et c'était heureux vu leur fort caractère.

Il aurait bien continué cette conversation ma foi fort intéressante mais il avait autre chose à faire. Son esprit avait effleuré celui du dragonnet, sans véritable douceur mais sans volonté d'agression non plus. Juste une immense curiosité pour ce petit être qui était à présent en vue. Blanc, il était blanc comme la neige et avec des yeux azur qui fixait à présent les siens. Saphir contre rubis, un choc rude et étrange qui remua le jeune dragon jusqu'à la moelle. L'avenir était en marche...

Il avait été tellement passionné par l'arrivé du dragonnet qu'il n'avait même pas fait attention à qui l'accompagnait. Il ne pu retenir un grondement de fureur en la reconnaissant : elle ! C'était elle qui l'avait fait enfermer ici ! La scène lui rappela étrangement celle de la caverne, encore une fois il se tenait devait elle, les écailles hérissés et les crocs à découvert. Un grondement sourd et impressionnant de constance s'échappait de sa gorge, un grondement qui tenait en respect. Un pas vers Eliow et il lui sautait à la gorge, cela n'aurait pu être plus clair. Il n'était plus un dragonnet innocent et il comprenait à présent très bien les choses. De plus il était bien plus gros que la première fois qu'il l'avait vu, il ne résista pas à l'envie de lui rugir en plein visage lorsqu'elle parla de ce ton hautain. Lui aussi savait être impoli, elle risquait de l'apprendre très vite si elle ne changeait pas de ton et tant pis pour les conséquences.

* Réponds lui que nous n'avons rien à lui donner, si ce n'est notre mépris pour son arrogance illégitime.. *

Il avait envoyé sa pensée vers Eliow mais ses yeux brûlants ne lâchaient pas la fille elfe. Ainsi c'était elle que le dragonnet avait choisit ? Qu'avait-il bien pu lui trouver ? Mystère, mais c'était ainsi. Peut-être était-il un peu moins arrogant que sa compagne ? Le jeune dragon tenta :

*Soit le bienvenue frère d'écaille, et pardonne cet accueil si désagréable. Nous n'avons pas eu de bonnes expériences avec ta dragonnière... *

Il n'aurait pas pu dire plus vrai, ne restait plus qu'à savoir comment le petit être prendrait cela. Il n'avait pas osé prendre la parole en premier mais il répondrait bien à son interlocuteur non ? Un peu gêné le dragon ne savait pas trop comment réagir ni que faire, dans le doute il resta là. Le regard tantôt fixé sur le dragon blanc et tantôt sur sa dragonnière. Ah si seulement celui là avait pu choisir Merithyn, comme les choses auraient été simples alors !

Que veux-tu donc que je te donne que tu n'as pas déjà ?

Ah ben il avait réagit sans prendre compte de l'avis de Shaynar, mais bon il n'avait pas tort non plus... Que pouvait-on bien lui donner alors qu'elle avait déjà tout ? Elle était libre elle, et dragonnière aussi. Mais soudain la raison lui vint à l'esprit : mais si bien sur... Il fit aussi part de ses impressions à Eliow :

*Elle est morte de trouille à cause de son nouveau rôle. Elle veut des réponses et elle croit que tu peux lui apporter en temps que dragonnier...*

La situation était amusante, les deux ennemis mortels se retrouvaient rapprochés par la force des choses et allaient bien devoir apprendre à travailler ensembles. Intéressant...

Toujours fière et droite dans l'embrasure de la porte Lyroë sentit une étrange sensation s'emparer d'elle. Était-ce l'interrogation de Cymbor qui s'insinuait en elle, tout comme son sang dans ses veines ou bien l'étrange ambiance qui régnait en ce lieu fermé?
Ce huis-clos n'avait qu'un but pour elle, et rien ne la changerait de ce but précis, pas même le sentiment de culpabilité que tentait de lui faire sentir le regard lourd de Mery.

L'elfe quitta un instant des yeux le dent pointu pour les poser avec bien plus de douceur sur son dragon.
*Il est notre ennemi. Les vampires ne sont que des suceurs de sang. Ils ne vivent que pour ça. Ton semblable n'y est pour rien. Je n'ai rien contre lui. Au contraire.*
Ses mots étaient sincères et emprunt d'une foi et d'une détermination telle un rocher au milieu de l'océan, pourtant battu par la houle et le vent. Pour rien au monde, l'elfe voulait que Cymbor, son dragon, une part d'elle maintenant, s'imagine qu'elle avait une dent, et c'était le cas de le dire, contre un des siens.
Non, c'était ces créatures de la nuit, ces bêtes assoiffées de sang qui lui posait problème. Une haine viscérale qui datait de toujours, dès sa prime enfance on lui avait apprit à se méfier, à traquer et à haïr les vampires. Ils étaient les maux d'Armanda, ils étaient la terreur des hommes et même si Lyroë n'avait pas d'affection pour ces derniers, leurs faiblesses face aux crocs et à la force des Hommes de la nuit la rendait révoltée.

"- Que veux-tu donc que je te donne que tu n'as pas déjà ? "
Rien que sa voix lui hérissait les poils et les cheveux. Son regard se faisait plus dur qu'il n'était possible de l'être et tout son être montrait une révulsion, comme si d'un coup, Lyroë allait sortir de la pièce et vomir.
Elle lui répondit entre ses dents, sèches, après avoir marqué un instant de pause. C'est vrai, que voulait-elle? Qu'était-elle venue chercher? Des réponses qu'il n'avait peut être pas plus qu'elle. L'œuf lui était-il tombé dessus comme à elle? Ou bien avait-il déjà une connaissance littéraire ou poétique des dragons?
Mais elle n'irait pas par quatre chemins pour le savoir, de plus, il n'était pas en position de négocier.
-"Que sais-tu sur les dragons?"

Nul était besoin de se lancer dans une discussion de taverne. Ni elle ni lui n'en avait surement l'envie.

[Je m'excuse de mon retard de réponse!]

Il se tenait là, entre ses deux amis, essayant de maintenir un équilibre précaire entre les forces qui se jouait là tel le corps d'une balance d'ivoire dont les plateaux vivants tentaient de briser leurs socles pour se jeter l'un contre l'autre comme des loups affamés et féroces n'aspirant plus qu'au sang de leurs adversaires... Eliow dans son dos, silhouette tendue et féroce dégageant un bourdonnement de frelon furieux, projetant des ondes semblables à des coups de vents sur ses sens sensibles tandis qu'il vrillait Lyroe des yeux; celle ci, en face de lui était toujours hautaine et impassible, tel un mur de fer ou de pierre qui jamais ne vacille même face à la plus terrible tempête, fière et droite elle observait le vampire avec un mélange de dégout et de colère qui laissait le chanteur triste et résigné sur la capacité d'ouverture d'esprit de son amie, elle ne pourrait pas être amie avec un vampire, c'était une évidence... mais une évidence qu'il brulait de rejeter, de nier de tout son âme même si cela signifiait perdre son don le plus précieux, si cela avait pût ouvrir les yeux de la nouvelle dragonnière il l'aurait fait sans hésiter un seul instant, de même qu'il aurait volontiers donné sa vie pour Eliow si celui ci était en danger... ses amis passaient avant tous, bien avant tous... Shaynar se manifestait de nouveau dans une gerbe d'étincelle couleur de feu et une fois de plus Merithyn dû bien admettre que le dragon couleur de nuit était une force que personne n'aurait jamais dû se permettre d'entraver...

De toute évidence les deux créatures écailleuses étaient en pleine découverte l'une de l'autre, ils s'observaient, ils s'évaluaient... Blanc d'argent contre Noir de jais, Neige contre ombre, révélation contre furtivitée comme l'image d'un même être qui se reflétait dans un miroir coloré... Bleu de mer et de ciel contre rubis sanglant et enflammés, fraicheur contre chaleur, naissance contre vie... et le plus beau n'était pourtant pas celui qu'on aurait crût. Mais Shaynar reporta bien vite son attention sur la compagne du petit être blanc et sa réaction fut à la hauteur du souvenir de leur première rencontre...Belliqueuse, et il comprenait parfaitement pourquoi il agissait ainsi, ne se souvenant lui même que trop bien de cette journée où l'archère les avaient surprit à l'ombre d'une grotte tandis qu'Eliow et Shaynar se reposaient et profitaient de la fraicheur du nid de pierre... elle n'avait pas accepter d'entendre raison et avait ouvertement menacer le vampire, prétextant son appartenance au peuple sombre pour le classer sans plus de considération sous la bannière 'ennemi'. Et cette rencontre inattendue avait conduit à la situation présente, cet affrontement entre deux mondes totalement opposés qui venaient soudain de fusionner en la personne de leur dragonnier respectifs, de ses êtres exceptionnels destinés à sauveur le monde de sa lente agonie... En cet instant leurs différences importaient peu, ils étaient les premiers d'un nouvel ordre qui changerait le monde, ils n'avaient personne pour leurs apprendre leurs devoirs, leurs valeurs, ils devaient découvrir cela par eux même et s'entre-aider afin de progresser plus vite... c'était en parti pour cela que Lyroe était là et en parti pour cela aussi que Eliow et elle ne s'étaient pas encore sautés au cou toutes griffes dehors tel des chats sauvages...
Mais pour le moment l'elfe était suffisamment maitresse d'elle même pour éviter un carnage, ou du moins il l'espérait de tout son cœur tandis qu'elle fixait toujours Eliow de ses yeux perçants. Merithyn soupira avec soulagement lorsque la voix de l'archère s'éleva de nouveau, elle savait peut-être se montrée diplomate parfois, ou au moins pouvait elle adopter une neutralité de façade... ils arriveraient peut-être à terminer cette entrevue sans dégâts si ils y mettaient tous du leurs...

Il se tourna vers le vampire avec une expression concernée, ses yeux gris cherchant ceux de son ami et il posa une main sur son épaule, et communiquant à Eliow la chaleur de la certitude afin de le soutenir, de lui prouver qu'il était là pour lui et qu'il n'allait pas l'abandonner entre les griffes de la tueuse de vampire. Il sourit mais ne fit rien de plus, se contentant de rester près de son ami et de Shaynar, les yeux de nouveaux fixés sur Lyroe, conscient qu'il n'avait pas le pouvoir d'empêcher ce qui allait suivre...

« Eliow... »

Eliow soutint sans sourciller le regard vexé et coléreux de son dragon. Ce n'était pas la première fois, et ce ne serait certainement pas la dernière, que Shaynar lui lançait un tel regard. Tous deux avaient déjà eu, et auraient encore, des échanges houleux. Non pas qu'ils ne s'appréciaient pas, bien au contraire même, et Eliow était même persuadé que parfois Shaynar appréciait tout autant que lui les petites piques acerbes qu'ils s'échangeaient. Mais ils avaient des caractères très particuliers tous les deux, et la cohabitation n'était pas toujours des plus simple. D'autant plus qu'il n'y avait aucun moyen d'échapper à l'esprit du dragon pour lui cacher des choses, des sentiments... Shaynar savait tout de lui, lisait tout en lui...

Là où Eliow était calme, observateur, presque passif face aux événements et à l'adversité, Shaynar était impatient, emporté, et bouillonnant d'activité même si rentrée. Mais ils avaient un point indéniable tus deux : leur caractère bougon, grognon, boudeur même, facilement vexable, un brin pessimiste, un esprit qui voyait souvent les choses en noir. Sans mauvais jeu de mot. Bref, ils étaient à la fois très différent, et très semblables. Une étrange complémentarité s'installait alors entre eux sans qu'ils ne s'en aperçoivent encore vraiment. Et malgré toutes les petites disputes et autres tensions qu'ils avaient connu, il ne s'en gardait jamais rancune. cette fois ne fit pas exception. Eliow ne répondit rien à la pique agacée que lui lança Shaynar, lui concédant cette victoire bien méritée. Après tout, sans Shaynar, sans doute le vampire se serait-il laissé aller depuis bien longtemps et ne serait plus de ce monde... Il devait beaucoup à son dragon, comme cet acharnement à le garder dans ce monde envers et contre tout.

Il laissa alors son lié à la contemplation de l'autre dragon qui venait de faire son entrée. C'était la première fois qu'ils en voyaient un autre... Normal, me direz-vous, Shaynar devant bien être le premier dragon depuis pas mal d'années. Pas mal de siècles même. Visiblement, son dragon n'appréciait pas que son comparse ait choisi l'elfe. Et pour le coup, Eliow ne pouvait qu'être d'accord avec lui. Pourquoi avait-il fallu que de tous les elfes, ce soit elle qui soit l'élue ? Rien qu'à la vision de ce duo honni, le vampire sentait tout s'effondrer en lui, comme si on venait de lui assener le coup de grâce. Seule l'idée, que, peut-être, si l'elfe chasseuse avait besoin de lui pour quelque chose, il pourrait enfin gagner un peu de liberté. Juste un petit peu ? De quoi élimer la frustration de son dragon au moins ?

*Elle est morte de trouille à cause de son nouveau rôle. Elle veut des réponses et elle croit que tu peux lui apporter en temps que dragonnier...* disait Shaynar.

Et bien soit, elle voulait des réponses ? Elle allait devoir les réclamer. Et les mériter. Chaque chose avait un prix.

-"Que sais-tu sur les dragons?"

Et voilà. The question. Elle avait craché le morceau, sans aucune finesse. Mais si elle croyait que lui allait faire de même... C'était bien mal le connaître. Eliow capta le regard de Merithyn tout près de lui.? Ce bon vieux elfe qui tentait toujours d'apaiser les querelles et qui, étrangement, ne cessait de vouloir le protéger et l'aider dans toute cette histoire. Etrange comment au contact de cette main elfe, il se sentit apaiser, serein. Et soudain sûr de lui. Le vampire était pourtant quelqu'un qui hésitait souvent sur la voie à suivre, qui n'était jamais totalement sûr de ses capacités. Enfin, il en connaissait certaine, comme son intelligence, le savoir accumulé en consultant les archives qu'il devait protéger, et ses talents de magicien. mais pour le reste... Et pourtant, à cet instant, il se savait fort et assuré. Sans pouvoir se l'expliquer.

- Tout dépend de ce que tu veux savoir. Savoir ce qu'est un dragon ? Tu n'as qu'à le demander au principal intéressé. Ou savoir ce qu'est le lien ? Hum... Ou peut-être veux-tu que je te conte les légendes que j'ai pu lire à leur sujet ? Les légendes d'antan qui ont fait vibrer et vont bientôt faire vibrer de nouveau tout le peuple armandéen ?

Un fin sourire narquois se profila sur ses lèvres.

- Mais ce que tu veux à un prix, tu sais. Ma liberté contre mon savoir, sa liberté, continua-t-il en désignant son dragon, contre mes possibles conseils et ma petite expérience en matière de dragon.

Liberté, il n'avait plus que ce mot à la bouche : "liberté, liberté, libertéééé", avait-il envie de hurler.

*Pourtant, frère, même sans savoir de quoi il en retourne… Une guerre ne mérite pas d’être lancée pour une querelle… n’est-ce pas ? Je m’excuses pour Lyroë. Elle n’est pas mauvaise.*

La réponse de son vis à vis de laissa de marbre, comment pouvait-il comprendre ce dragon si jeune et qui semblait déjà si doux ? Shaynar et son dragonnier étaient les mêmes êtres, le même esprit et la fierté faisait partie intégrante de leur caractère. Une fierté mal placée, inutile et dangereuse mais qu'ils ne pouvaient pas ignorer. Elle n'était pas loin de l'arrogance cette fierté, dans le cas de Shaynar en tout cas et elle ne pouvait tolérer qu'on l'insulte. Comment un dragon pouvait-il supporter d'être traité ainsi et enfermé comme un animal ? Difficile, surtout lorsqu'on s'appelait Shaynar.

* Aucune insulte ne peut-être ignorée, on ne peut enfermer un dragon et son lié sans en payer le prix un jour ou l'autre. Le peuple auquel tu t'es lié ferait bien de l'apprendre, sinon c'est nous qui lui donnerons cette leçon. Quand à tes excuses je ne peux les accepter, tu es proche de ta dragonnière mais tu n'es pas elle, tu ne peux donc t'excuser à sa place. *

Son esprit était calme, il ne cherchait pas à ennuyer l'autre ou à s'opposer à lui mais ne faisait que lui donner son point de vue. Il était un peu tôt pour savoir quelle seraient les relations entre ces deux là, pour le moment elles étaient froides et prudentes. Le petit dragon se recula alors, s'asseyant dans un air attentif.

Le baptistrel était resté silencieux de son coté, observant d'un air un peu attristé cette rivalité entre les deux dragonniers. Il était vrai que les choses commençaient assez mal, comment pourrait-il seulement songer à travailler ensembles si ils ne se supportaient pas ? Cela n'intéressait pas vraiment Shaynar qui n'avait pour sa part d'autre projets que celui de suivre son dragonnier dans ses choix, il n'avait aucune préférence pour un camp ou un autre et n'avait pas l'intention de servir tel ou tel roi.

« Eliow... »

C'était tout... Merithyn n'avait pas besoin d'en dire plus pour faire savoir qu'il était du coté du vampire. Etonnant cet elfe vraiment.. Shaynar n'était pas sur de bien comprendre encore toute la portée du lien qui s'était instauré entre le musicien et le dragonnier, et donc lui au passage... Mais il sentait que c'était quelque chose d'important, Merithyn risquait de faire un sacré bout de route avec eux mais cela ne lui déplaisait pas. Il semblait au dragon noir que cet être avait sa place auprès d'eux et que son absence aurait été un étrange manque. Il était là, et il était fait pour être là. C'était le destin et la volonté du Dracos.
Eliow mit quelques secondes avant de répondre à la question de l'elfe, Shaynar dressa la tête pour mieux entendre et imposer sa présence :

Tout dépend de ce que tu veux savoir. Savoir ce qu'est un dragon ? Tu n'as qu'à le demander au principal intéressé. Ou savoir ce qu'est le lien ? Hum... Ou peut-être veux-tu que je te conte les légendes que j'ai pu lire à leur sujet ? Les légendes d'antan qui ont fait vibrer et vont bientôt faire vibrer de nouveau tout le peuple armandéen ?

Il parlait bien, et avec ce petit air narquois et presque méprisant qui devait tant agacer son interlocutrice mais qui l'amusait beaucoup, lui. Ce vampire lui plaisait, logique me direz vous.
Il sentait sa soif, il sentait son désir tandis qu'il parlait et qu'il le désignait. La liberté... Ainsi c'était ça qu'il négociait contre son aide ? Elle n'accepterait jamais, impossible... Mais c'était bien trouvé, bien essayé en tout cas et le jeu en valait la chandelle. Suprêmement intéressé, il plongea ses yeux pleins de flammes dans le regard de la dragonnière elfique. Qu'allait-elle répondre ?

*Elle n'acceptera pas, notre incarcération est plus importante que ses doutes. Il faudra qu'on essaye autre chose, mais c'est bien essayé...*

Sa pensée fut envoyée rapidement vers son dragonnier mais il n'avait pas lâchée l'elfe des yeux, attendant sa réponse avec une certaine tension et se demandant comment elle allait prendre ça.


HJ : on laisse encore Lyro répondre et je fais l'intervention avec le Dracos si personne n'y voit d'inconvénients ^^

Lyroë s'attendait à ce genre de réponse. Évasive, emprunt de négativité, d'insolence et d'amertume. Il n'allait pas lui répondre avec la bouche en cœur et amabilité. Elle pouvait le comprendre et par pure mauvaise foi, elle ajouterai que de toute façon venant d'un vampire, il ne fallait pas s'attendre à autre chose qu'à du mépris et de l'indifférence. Mais l'elfe se garda bien de le dire, de toute façon ses yeux parlait pour elle. Ils se firent noirs et perçant et elle le plongea dans celui du sang froid sans ciller, le visage de marbre. Que cherchait-elle à y lire, Pas grand chose, elle le savait. Il n'y avait plus rien à y lire, mais Lyroë ne cherchait pas à montrer quoique se soit au vampire. Aucune émotion, elle en avait déjà trop fait en venant.
La présence de Mery fut surement la seule raison pour laquelle, elle abdiqua. Puis, il y avait cet autre dragon. Elle était tout aussi fascinée par lui que par Cymbor. Ces créatures d'antan, pilier de la vie à Armanda. Elle ne voulait en aucun cas le blessé, de n'importe qu'elle manière.
Qu'importe, au final, elle aurait ses réponses. Avec ou sans son aide. Même en guidant son désir de réponse, il continuerait à jouer au chat et à la souris avec elle, ne lui répondant que de façon rhétorique.
Jusque là, l'archère s'en était sortie avec son dragon. Il y avait certes toujours des hésitations, des incompréhensions entre eux. Mais d'instant en instant, Lyroë se sentait plus sûre d'elle auprès de son dragon, il était là. Une simple présence qui lui apportait peu à peu la confiance, qui effaçait ses doutes arrivés en même temps que lui. Cymbor lui donnait une légitimité qu'elle n'avait pas avant. Et même si Eliow avait la même la donne était différente. Il n'était qu'un ennemi aux yeux de son peuple.

- Mais ce que tu veux à un prix, tu sais. Ma liberté contre mon savoir, sa liberté, continua-t-il en désignant son dragon, contre mes possibles conseils et ma petite expérience en matière de dragon.
Ah voilà où il souhaitait en arriver. Négocier. L'elfe ne put réprimer un sourire en coin, par pur moquerie. Les vampires étaient-ils aussi naïfs que les humains?? Que répondre à ça à part:
Je suis responsable de votre capture, mais je ne suis plus responsable de votre libération. Vos vies ne m'appartiennent plus... Même si mon envie de libérer le dragon noir n'est pas à discuter.
Elle se tourna vers Mery en cet instant. Comme pour le convaincre, qu'il comprenne mieux son attitude. Il y avait parfois un fossé entre eux, un monde différent et Lyroë n'arrivait plus à comprendre son ami d'enfance.


(Petite conclusion, je m'en excuse. J'ai toujours été nulle en conclusion )

Une terre de feu, au milieu d'un océan glacé.
Il était tout cela, et il était bien plus. Au moment de son choix, le Dracos n'avait pas soupçonné une seule seconde toute la portée que prendrait son sacrifice. Sa terre se mourrait et son départ l'aurait condamnée, il n'avait donc fait que réagir de son mieux en parant au plus pressé et le don de son corps lui avait semblé un bien maigre apport à un continent qui se mourrait. Pas à un seul instant il n'aurait pu deviner ce qu'il allait devenir, fière et libre créature ancestrale liée à jamais à une terre qu'il lui incomberait de protéger pour l'éternité. Comment aurait-il pu savoir que son esprit se mêlerait à un tel point à ce continent qu'il avait voulu sauver ? Il avait été un dragon, il était devenu pur esprit et il observait à présent les timides tentatives des trois peuples avec le regard attentif et parfois inquiet du protecteur qu'il était. Comme ils étaient jeunes !

Avaient-ils eut raison, ses congénères les autres dragons de prendre leur envol ? Ces races destructrices étaient-elles véritablement irrécupérables et vouées à l'échec, voir à la disparition ? Son sacrifice était-il vain ?
Le Dracos ne voulait pas y croire. En tout temps de sa vie et de sa non-vie il avait défendu et protégé les bipèdes avec un acharnement qui lui avait parfois attiré rancunes et moqueries. Comment un peuple enfant pourrait-il ne pas faire d'erreur ? Qui donc était parfait pour pouvoir le prétendre ? Certainement pas le peuple draconique. D'ailleurs, Dracos lui-même le pouvait lire dans l'avenir.

*Qu'ils apprennent, qu'ils grandissent et qu'ils puissent un jour êtres fiers de leur parcours. »

Telle était sa pensée, puissante et appuyée elle semblait flotter sur tout le continent comme le souffle léger du fantôme qu'il était. Il croyait en eux comme au premier jour, il n'avait jamais changé d'opinion et il n'en changerait sans doute jamais.
Deux souffles magiques. Deux puissances en devenir qui avait soudainement fait éclater le tissu magique du continent pour redonner des forces à un Dracos qui s'épuisait à contenir un monde sur le point de s'écrouler. La naissances des deux dragonnets n'avaient bien entendu échappée à personne et tous avait ressenti consciemment ou non cette nouvelle inspiration que prenait Armanda. Etait-ils prêts ces hommes, ces vampires et ces elfes ? Peut-être pas... Sans doute les guerres allaient-elles reprendre très vite mais le Dracos croyait en eux, cette fois ils trouveraient le chemin de la paix. Une dernière chance pour un monde... Un dernier œuf pour un avenir.



L'espoir... Un souffle puissant et irrésistible qui s'engouffra soudainement dans les cœurs des deux dragonniers, de leur compagnons et de tous ceux qui les entouraient à cet instant précis.
Le vent se levait sur les montagnes, un rapace affamé survolait son territoire pour y dénicher la proie imprudente qui se montrerait à découvert.
L'odeur pure de l'altitude et l'éblouissement graduel provoqué par la vision des quelques nappes de neige non loin des sommets fut envoyée dans leurs esprits, ancrant le goût du voyage dans les regards pensifs.
Le bondissement souple d'un lynx un peu plus bas, un mini éboulement de pierres soulevant des tonnes de poussières et il est là. Un œuf brûlant déposé au fin fond d'une grotte obscure. Les esprits s'emballent et le dracos sent leur désir de s'emparer du trésor ainsi dévoilé mais un grondement sourd se fait entendre, une silhouette terrible se dresse et les esprits victimes de la vision ont tout juste le temps de reconnaître les griffes et les crocs d'un ours avant d'être brutalement renvoyés dans leur corps, comme déconnectés...



Un peu obscure peut-être cette vision... Était-ce la meilleure solution d'abriter ainsi leurs esprits au sein du sien afin de leur montrer cette image ? Peut-être pas, mais ils comprendraient. Le peuple Elfique n'aurait d'autre choix que de relâcher le premier des dragonniers et alors ils voyageraient tous ensembles. Une marche interminable vers l'est, un nouveau départ pour une ancienne terre.