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Misérable (PV)[TERMINÉ]

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MessageSujet: Misérable (PV)[TERMINÉ] Misérable (PV)[TERMINÉ] Icon_minitimeLun 23 Nov 2015 - 3:24

8 Juillet

Le regard vide du Corbeau s’étendait sur la plaine sablonneuse. Il observait le ciel rouge, orange et rosé. Une semaine déjà, une semaine en prison, et il n’avait toujours pas eu de nouvelle de l’Épervier. L’empêchait-on de venir voir le Corbeau? Avait-elle été détenue elle aussi pour collaboration avec un ennemi de l’État protégé? N’avait-elle pas réussit à trouver sa cible malgré le pendule d’Opale qu’il lui avait prêté? Dans son champ de vision, perché sur le cadre de la fenêtre, Nox s’amusait à dépecer un énorme insecte à la carapace épaisse. Cela avait été son centre d’Attention pendant la dernière heure. Il appréciait le divertissement, la mise à mort d’une proie redoutable sur un fond de couché de soleil, un luxe rare dans sa geôle. Il n’avait pas reçu de visiteur depuis le deuxième jour, où Cliquetis était passé le narguer. Et depuis ce jour-là, la folie avait été de mal en pire.

Au début, d’horrible cauchemars, pire que ce qu’il avait vécu auparavant. Puis, l’anxiété avait commencé à manifester des visions horrifiques alors que le Corbeau avait les yeux bien ouvert. L’homme avait donc tenté de rester éveillé et alerte, mais la fatigue avait accentué ses troubles psychologique déjà aigu. Dans l’une de ses crises, il avait transformé Ergot en lame, alors passé inaperçu et s’était battue contre l’une de ses hallucination, une espèce de spectre abordant un visage qu’il ne connaissait pas. Cela ressemblait à l’image de son défunt père, sans être exactement ce dernier. Dans l’affrontement fictif, il s’était blessé lui-même a de multiple endroit et avait été immobilisé par la garde. Guérit de force, il avait été retourné dans sa prison, privé d’Ergot, confisqué à la suite de la découverte de sa réelle identité. Il avait perdu son pagne, alors son seul vêtement potable et avait refusé tout assistance basique de la part de ses geôliers. Il restait donc ainsi, nu, couvert de saleté, de sang séchés et de pue séché provenant de des boursoufflures au visage. Dans sa cellule, une forte odeur de rejet humain s’élevait, au point où l’un de ses gardes s’était plaint de l’odeur à son homologue.

Ainsi nu, il subissait intensément le froid la nuit, mais était relativement à l’aise le jour, lorsque la pierre des murs de la prison transmettait l’intense chaleur émise par le soleil. L’homme ne protestait pas contre cette douleur omniprésente. De nature culpabilisatrice, la folie ne faisait qu’affermir ses pensées noires. Il méritait la douleur. Il méritait le froid. Il méritait la solitude, et la faim horrible qui lui déchirait les trippe. Son totem protecteur, le vautour, était un oiseau vorace de nature, et la faim ainsi conféré au chasseur devenait une plaie insoutenable ainsi. Fatigué, épuisé, tremblant et faible, il était pitoyable, mais pas autant que ce qu’il pensait de lui. Ses réflexions insensées occupaient majoritairement son esprit, quand Nox ne le distrayait pas comme il le faisait actuellement. Cependant, l’oiseau arrêta soudainement de dévorer sa proie alors inerte sur le dos, le ventre ouvert. Il regarda derrière l’homme, avant de s’envoler et de se poser délicatement plus loin, dans un petit raclement métallique causé par la pierre de la cellule et sa patte d’Acier. Le voilà qui commençait à brailler à nouveau, fort, de façon soutenue, et inhabituelle.

Le Corbeau ne bougea pas pour commencer. Il n’avait pas entendu qui que ce soit, mais concentré et exténué comme il l’était, il aurait bien pu passer à côté du passage d’un dragon. Il se retourna donc lentement dans une moue faible. Puis il figea net. Paralysé par un frisson dévorant qui lui traversa le corps. Le feu qui le prenait aussitôt au ventre. La peur, la peur toute puissante l’envahissait. Un autre spectre de son passé venait de surgir devant lui. Certes, ce n’était pas les même vêtements, mais c’était la même personne, la même que dans son esprit, la même que dans ses cauchemars. Ce regard profond, ces cheveux à la couleur inoubliable, ce visage immortel, fin et délicat. Elle était là, la dame de la forêt, la femme au champignon. L’homme tomba sans retenu sur son derrière, avant de reculer vivement en jouant ses talons sur le sol rocailleux. Il sentait la pierre l’éraflé sous lui, mais il se fichait de la douleur. Il regardait avec effroi l’apparition l’observer, illuminé par un millier de couleurs chaudes provenant de la fenêtre, renforçant la force de l’image projeté par la femme.

-NON! NON! PAR PITIÉ!

Sa voix n’était que pure effroi et terreur. Il tourna son corps de côté, redressa ses genoux contre lui, baissa son visage et dressa ses bras aux dessus de ce dernier en posture défensive. Ses larmes avaient instantanément envahit son visage déformé par la peur, visible malgré l’acier de son masque. Son œil gauche percevait encore la nouvelle arrivée, et la détaillait abondamment, volant dans tous les sens, tremblant dans son orbite, incapable de ne pas retomber à chaque fois sur la silhouette de lumière. Son ton baissa, plus faible, plus tremblant, pareil à une prière faite pour soi. Audible et émotive.

-Pitié… Ayez pitié… Pitié… Le Corbeau est désolé… Le Corbeau est désolé… Il ne voulait pas… Il n’a pas voulu… Pitié… C’était un accident… Il ne voulait pas vous tuer… Il ne vous a pas mangé… Il ne vous a rien fait de mal! Pitié… Allez-vous en… ALLEZ-VOUS-EN!

Tremblant et gémissant, ce qui était l’ombre d’un homme se balançait doucement, marmonnant des suppliques incompréhensible, incapable de regarder la femme plus longtemps.

@Luna Duruisseau


Dernière édition par Saemon Methus le Ven 5 Fév 2016 - 12:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Misérable (PV)[TERMINÉ] Misérable (PV)[TERMINÉ] Icon_minitimeMar 1 Déc 2015 - 5:40

L’azur s’était posé sur l’homme que Luna connaissait, mais qu’aujourd’hui ne ressemblait à rien du tout. Il n’y avait aucun doute, Sighild ne lui avait pas menti lorsqu’elle lui avait dit plus tôt dans la journée que le Corbeau avait été fait prisonnier et qu’elle le retrouvait enfermé dans les cellules de Sandur. Mais ça? Elle était loin de s’être attendu à le voir dans pareil état. Avant de venir, elle avait longuement délibéré sur ce qu’elle voulait lui dire, quelles questions lui demander et pour avoir sa version des faits. Le chasseur de tête avait suscité d’énormes craintes au sein du Protectorat et à chaque fois que la gamine avait entendu son nom, un sentiment de soulagement prenait naissance en son cœur, soulagée de le savoir vivant. Ce sentiment se mélangeait rapidement à l’amertume et à la frustration de le savoir là-bas, de l’autre côté de la barrière des Esprits, à chasser les gens qu’elle considérait comme ses proches. Qu’était devenu son ancien maître? Cette question l’avait tiraillée durant trois longues années et elle allait enfin pouvoir connaître la réponse. Y avait-il encore une empreinte de la personne qu’elle avait aimée à l’intérieur de ce monstre qu’on décrivait? Elle appréhendait la réponse, mais elle gardait fermement espoir qu’ils allaient pouvoir se retrouver à nouveau en toute harmonie.

Mais Dracos avait toujours voulu que les retrouvailles entre Saemon et Luna soient compliquées et mémorables, cette fois-ci encore ne faisait pas exception. L’idée de retrouver quelqu’un dans une prison était déjà particulière, mais ce n’était rien lorsqu’on réalisait dans quel état était cette personne. Calmement, elle s’était approchée de lui et il ne l’avait visiblement pas remarquée même si elle l’avait appelé par son nom. Pendant de longues minutes où elle le croyait endormi, elle l’avait observé sans savoir quoi penser. Que lui était-il arrivé?

Et soudainement, il s’était mis à hurler! Luna avait écarquillé les yeux sous la surprise et s’était raidie. Des plis se logèrent sur son front tandis qu’elle ne comprenait pas la situation et elle ne put qu’observer, impuissante, la scène se déroulant face à elle. Elle ne comprenait pas. De quoi avait-il peur? D’elle? Elle jeta même un regard derrière elle pour confirmer qu’il n’y avait personne d’autre. La peur qu’elle lut frappa douloureusement son cœur qui fut ensuite déchiré par les larmes qui s’étaient formées à ses yeux dorés.

Pitié de quoi? La princesse des lumières arqua un sourcil. L’homme parlait de lui à la troisième personne? Mais de quoi parlait-il à la fin? Elle avait cru d’abord qu’il cherchait le pardon pour tous les Protégés qu’il avait entraînés dans la mort, mais ce n’était visiblement pas ça. C’était à elle qu’il s’adressait directement ou plutôt, à la personne qu’il pensait qu’elle était. Euh… Il ne l’avait pas mangée…?! Mais qu’est-ce qui se tramait dans sa tête?

- Ombre… murmura-t-elle doucement.

S’il s’appelait désormais le Corbeau, Luna continuait toutefois d’utiliser le premier nom qu’il lui avait donné. Non, elle n’était pas partie et elle ne comptait pas le faire. Si des barreaux ne l’avaient pas empêchée de l’atteindre, elle l’aurait secoué pour le ramener à la réalité.

- Ombre? De quoi parles-tu? C’est m… Poursuivit-elle.

Un bruit métallique l’interrompit et cherchant la provenance, la jeune soldate remarqua l’oiseau noir à la patte et au bec métallique. Nox la reconnaitrait-il? Elle leva le bras en sa direction et attendit, elle ne forcerait pas les choses. Des battements d’ailes plus tard, il était venu se poser sur son bras et l’avait grimpé jusqu’à transformer son épaule en perchoir. Il n’eut pas l’air de détester le passage de ses doigts dans son plumage.

- Qu’est-il arrivé à ton maître? Lui murmura-t-elle tristement.

Il gazouilla en guise de réponse et elle le gratta sous le menton, là où il avait toujours aimé. Si seulement elle pouvait comprendre le langage des oiseaux. Au moins, une des « personnes » dans la salle semblait encore la reconnaître, c’était rassurant.

- Ombre. C’est moi. Luna! Prononça-t-elle d’une voix assurée. Regarde-moi.

L’azur triste avait à nouveau recouvert le prisonnier. Elle n’aimait pas le voir dans cet état. Elle hésita puis s’avança lentement. Ses mains se posèrent sur les barreaux.

- Tu me reconnais, n’est-ce pas? Demanda-t-elle. Tu sais bien que je ne te ferais pas de mal…?

Sa voix s’était voulue douce et rassurante.
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MessageSujet: Re: Misérable (PV)[TERMINÉ] Misérable (PV)[TERMINÉ] Icon_minitimeVen 11 Déc 2015 - 2:59

Il continuait ses gémissements, incapable de quitter l’apparition du coin de l’œil, mais tout aussi incapable de poser ses deux yeux sur cette dernière. Peut-être que s’il le désirait assez fort, elle disparaitrait? Non! Non! Ca ne fonctionnerait pas! Il désirait déjà très fort qu’elle disparaisse, et elle était toujours là, présente, existante. Elle le regardait, mais pourquoi?? Pourquoi elle ne quittait pas? Simplement, comme ça, en le laissant calmement dans sa misère, sans plus de peine ou de douleur? Encore une fois, le pourquoi dominait. Il était encore là lui aussi, comme la dame au champignon. L’homme gémis un peu plus fort lorsqu’elle parla. Il l’entendait! Ses oreilles réagissaient à sa présence!! L’écho de la voix du spectre traversait l’espace pour le percuter de plein fois. L’écho sur les murs de sa geôle. Ombre? Ombre! Ombre… Ombre!?! L’Ombre? De quoi parlait-elle? De quelle Ombre? De quelle absence de lumière? De quel soupir de ténèbres? Elle parlait, mais elle ne lui parlait pas, elle parlait d’ombre. Mais ce nom lui disait quelque chose, quelque chose de viscérale, de creux en lui, loin, engouffré. Les mots résonnaient toujours.

Un cliquetis métallique, délicat et familier. Un croassement rassurant, d’autre cliquetis, ce grincement du métal contre la pierre qu’il avait entendu tant de fois en quatre ans. Nox! Que faisait-il encore? Il la voyait? Impossible! Improbable! Stupide! Cette réflexion était stupide! Il ne pouvait pas la voir, car elle était dans la tête du fou! Et le fou ne composait pas la matière. Il ne matérialisait pas ses cauchemars. Il les subissait, de peine, et tentait de les oublier. Elle parlait encore, cette fois, à Nox. Elle le voyait? Ils se voyaient? L’épave ne comprenait rien. Il cessa de se faire balancer, sans pour autant faire front à la dame. Il guettait Nox, espérant que son ami ne se volatilise pas, ou pire… Une autre des grandes peurs du Corbeau : perdre l’un de ses rares amis encore vivant…

Un autre mot qui le percuta. Un autre nom, une autre poussière dans un désert passé. Un nom qu’il semblait connaitre. Luna… Ombre… Luna et Ombre? Ombre de la Lune… Lumière de la lune… La lumière? La lumière de la Lune? De Luna? Luna et la lumière… Cela énonçait tellement dans sa tête, mais rien de claire, comme un millier de chuchotement peu clair, étrange. Une soudaine douleur lui fit perdre le fil de sa réflexion. Avec surprise, l’homme lâcha ses jambes et tomba simplement en position assise, ramenant sa main douloureuse vers lui. Il lui manquait un bout de peau, son sang fuyait. Avec curiosité, il regarda Nox, les ailes dressé à ses côtés, lâchant un braillement étrange, bondissant sur place. L’homme mit le bout blessé de sa main dans sa bouche, goutant la saleté et le sang reposant sur sa peau. Bien malgré lui, il leva ses yeux rougis en direction de l’apparition, toujours baignée dans la lumière. C’était bien elle, la dame au champignon… Toujours aussi magnifique. Le cœur du Corbeau battait fort dans sa poitrine, la peur le tenaillait à un point ou ses muscles refusaient de lui obéir. Il entendu le bruit délica que firent les mains de la Dame sur les barreaux en les saisissant. Le cœur de l’homme stoppa net une fraction de seconde. Elle était là! Elle était vraiment là!

Il se mit à sangloter. La peur était horrible, il avait peine à respirer. Elle ne lui ferait pas de mal? Mais qu’est-ce qu’elle voulait dire? Elle ne lui avait jamais fait de mal, mais bien le contraire! Entre deux sanglots, il réussit à articuler quelque vain mots :

-Et Le Corbeau vous a fait mal… Il vous a fait mal… Tellement mal… Tellement… Il ne voulait pas… Il ne voulait pas…

Elle s’était vidé de son sang, le sourire au visage, tenant dans ses bras la petite larve humaine encore rougie et gluante. La petite créature à l’arche de sang sur le front… La petite Luna… Luna? Luna! C’est de là qu’il avait entendu ce nom! Le nom de la petite chose! Le nom de la gamine! LA gamine? Quelle gamine? Elle ne s’appelait pas Luna. Elle se nommait… Il ne savait plus, il avait oublié… Quoi que… Non, son nom était là… Florence… Et Luna? Il ne savait plus, il avait tellement mal à la tête! Il ne sanglotait plus, mais il était toujours aussi pétrifié, dévisagé tant par son ami que par la Dame devant lui.

-Il ne comprend pas… le Corbeau ne comprend pas… Il vous à tuer… Comment pouvez-vous être là?... Comment?

Il baissa ses yeux, incapable de tenir le poids du regard de la femme.

-Il a sauvé la petite… Il vous l’avait promis… Elle allait bien… Pourquoi venir le voir?...

Il releva ses yeux, se risquant face au déluge titanesque des yeux bleus de l’apparition… Bleu? Deux yeux bleus?? Non… Il devait être vert! C’était impossible! C’était Luna qui avait des yeux bleus… Luna? Elle avait les yeux bleus? Mais oui… La Dame au champignon avait des yeux de la couleur de la forêt, là où elle était morte… La petite avait…

…Le ciel dans ses yeux… La lune dans ses cheveux… Et le soleil sur les lèvres…

Il écarquilla ses yeux, incrédule. Il tremblait. Sa tête élançait douloureusement. Sa chair tremblait de toute part. Il avait eu peine à faire passer le soupir qui s’échappa de sa bouche :

-…Luna…?
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MessageSujet: Re: Misérable (PV)[TERMINÉ] Misérable (PV)[TERMINÉ] Icon_minitimeLun 28 Déc 2015 - 4:34

Les mains serrant les barreaux, Luna n’avait pas quitté son vieil ami des yeux. Le voir dans cet état lui fendait le cœur, lui qui avait toujours été un modèle de force et de sang-froid. Aujourd’hui, il était tout le contraire et elle n’arrivait pas à saisir ce qui se déroulait dans son esprit. Qu’était l’être se trouvant face à elle? Quelles épreuves avait-il subi pour le transformer ainsi? Notamment, sa façon de parler était tellement différente de ce qu’elle avait eu l’habitude d’entendre. Parler de lui-même à la troisième personne, c’était… particulièrement déroutant.

Le seul moment où l’azur quitta le prisonnier fut lorsque le corbeau s'envola de son épaule pour se faufiler entre les barreaux et rejoindre son maître. Heureusement, il y avait des choses qui ne changeaient pas et qui ne devaient pas changer. Si l’état mental de Saemon en avait pris tout un coup, qu’en aurait-il été sans son fidèle Nox? La gamine aurait préféré taire cette pensée qui lui disait qu’il était devenu fou, mais elle était bien là… Même si elle tentait de l'ignorer, elle avait taillé sa place dans son esprit.

La princesse des lumières répondit d’un signe de négation. Elle ne dit pas un mot, continuant d’écouter le non-sens qu’il faisait. Quand lui avait-il déjà fait mal? Jamais de ce qu’elle se rappelait. Il avait toujours été gentil avec elle et particulièrement attentionnée. Il l’avait sauvée d’une mort presque certaine et l’avait prise en charge suite à l’attaque de son village. Il avait pris la peine de partager son savoir et lui avait offert son amitié même si ce n’était pas son intention au départ. Elle continua de le laisser parler sans l’interrompre. Il lui avait fait du mal? Il l’avait tuée? Il lui avait promis de sauver sa fille…? Une lumière chassa enfin les ténèbres de son esprit embrumé. Ce n’était pas d’elle qu’il parlait, pas de Luna! Mais de celle dont la culpabilité l’avait longuement hanté. Comment s’appelait la dame? La soldate ne savait pas, elle ne l’avait jamais su et elle ne lui avait jamais donné le nom de mère malgré que c’était ce qu’elle était réellement. C’était de la dame aux champignons dont il faisait référence, de celle qu’il avait tuée tandis qu’elle-même naissait.

C’est un regard empli d’affection qu’elle posa sur Ombre et un fin sourire se dessina sur ses lèvres.

- Oui, c’est moi Luna. Prononça-t-elle doucement.

Sa main droite avait quitté le barreau pour désigner la jeune femme au niveau du cœur.

- Tu te rappelles de moi, n’est-ce pas? Demanda-t-elle ensuite tout aussi doucement.

Elle avait finalement reculé d’un pas et avait tourné sur elle-même pour qu’il la voie au complet. Elle se rapprocha ensuite, lui offrant à nouveau l’océan.

- Oui, j’ai changé. Mais c’est toujours moi, c’est toujours Luna. Juste un peu plus grande… Dit-elle. La jeune femme avait cru bon de le préciser, histoire de le ménager le plus possible. Quand on s’est rencontré pour la première fois, je devais être grande comme ça environ. Ajouta-t-elle en gesticulant la grandeur qu’elle se rappelait avoir à ses treize ans. Tu m’avais sauvée des brigands. On est allé à ton repère dans les bois et tu m’avais soignée. J’avais perdu mes deux doigts… Poursuivit-elle en lui montrant sa main droite qui, désormais, était complète. Il y a quelques années, une baptistrelle m’a soignée et j’ai retrouvé mes doigts manquants. J'ai grandi... J'ai changé depuis. Mais je suis toujours la même Luna. Précisa-t-elle pour faire plus de sens.

La petite lune se tut un instant, laissa le silence être seulement brisé par les croassements du corbeau. Que dire de plus? Est-ce que ce qu’elle lui disait faisait moindrement du sens pour lui ou parlait-elle inutilement? Peu importe, elle n’était pas prête à abandonner, à l’abandonner, pour autant.

- Ombre? Tu me replaces? Moi, Luna? Tu te rappelles de tout cela? C’est même toi qui m’as montré à tirer de l’arc. Prononçant ces mots, elle avait même rapidement fouillé dans son sac pour en ressortir Mélodie qu’elle avait toujours conservée. Mais qu'est-ce qui t'es arrivé…? Murmura-t-elle finalement.
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MessageSujet: Re: Misérable (PV)[TERMINÉ] Misérable (PV)[TERMINÉ] Icon_minitimeLun 28 Déc 2015 - 6:58

Et le silence fut.

Pareil à un oiseau confus, le Corbeau ouvrit la bouche, prêt à parler, seulement pour la refermer, sans mot dires. Il n’arrivait plus à dire quoi que ce soit. Il n’arrivait plus à penser, à ressentir même! Ses émotions venaient d’exploser, et aucune ne prenait le dessus. Peur, joie, en pareil force. Confusion, Ô douce folie, tout y était! Que pouvait-il faire? Rien! Alors il ouvrait la bouche, et la refermait. Comme un prédateur devant une proie blessé, l’homme se retrouva incapable de ne pas suivre des yeux chaque mouvement de la femme, ne sachant pas trop quoi pourquoi. Il ne craignait pas ses gestes, il n’avait pas l’intention de l’attaquer, mais il la guettait d’un air pratiquement animal. L’homme ne pleurait plus, bien que son masque fût complètement mouillé par ses larmes. Il avisait les mimiques de la blonde aux yeux d’océan, particulièrement sa démonstration référentielle de sa taille passé. Il était encore en train de se demander s’il n’était pas en train de divaguer. Elle était baignée par la lumière du soleil passant par la fenêtre, et elle semblait ainsi si… Irréelle. Il n’oserait pas lui toucher, mais il tentait de trouver plusieurs preuves de sa réelle présence. Quelque chose pour démentir une illusion.

Sans s’en rendre compte, il était bien droit, debout malgré sa nudité, marchant très lentement vers les barreaux. Ses yeux fous détaillaient chaque centimètre de la peau de la femme devant lui. Ses doigts, il y en avait cinq par main… Si étrange… Si étrange… Il continuait de tenter de parler, toujours en silence, bougeant ses lèvres inutilement, perdu dans le fil de ses idées. Le village, l’attaque, l’adoption, l’entrainement… Il se rappelait de tout comme si cela avait été hier… Et pourtant, cela faisait si longtemps. Cinq ans déjà… Mais était-ce réellement possible qu’elle soit là en ce moment? Peut-être… Mais pourquoi? Il y avait une raison… Une bonne raison… Il cherchait simplement la raison exacte… Il attendait la visite de l’Épervier, et cette dernière devait contacter Luna… La chance que cette dernière passe le voir avait été présente, sans réellement être une probabilité. Les yeux coulant pareils à un fleuve, le Corbeau se contenta d’hocher la tête sans arrêt, acquiesçant les dires de Luna, et prouvant sa présence d’esprit momentané. Lorsqu'il parla, sa voix fut vacillante et faible.

-Oui… Oui… Il te reconnait… Il te reconnait Luna… Il… Il…

Il leva sa main au niveau de son visage, étouffant un sanglot horriblement brutal qui lui saisit le ventre, tentant de ravaler ses larmes. C’était impossible! Il était un monstre! Une abomination! Comment pouvait-elle seulement désirer le voir? Comment faisait-elle pour être ainsi délicate avec lui? Si calme? Et ce regard… Cette inquiétude!... Il ne comprenait pas, il ne comprenait rien, rien ne faisait plus de sens!. Il aurait bien explosé sur le moment, mais c’était hors de ses capacités magiques. Disparaitre… Quelque chose qu’il avait fait longtemps, et qui était impossible à présent.

-P..p..p..pp…Pourquoi?

Il figea. Respirant profondément. La douleur était bien réelle. Luna était bien réelle. Cette situation était bien réelle, pareil au questionnement du Corbeau. Dans une longue expiration, l’homme se redressa de toute sa taille, au point où il sentit certaine de ses plaies galées s’étirer dangereusement. Son dos craqua lugubrement, sa respiration était lourde a présent, et son regard, agressif.

-Pourquoi es-tu ici?... Pourquoi?... Pourquoi es-tu venu voir… Le Corbeau?...

Dans un gémissement, il plongea sa tête vers l’avant, masquant son visage dans ses mains, tremblant comme une feuille, au point ou ses pieds se balancèrent au sol, menaçant l’équilibre précaire du prisonnier. Il gardait son visage entre ses mains, les yeux fermés, ses muscles crispés contre lui-même. Il retenait ses pleurs, il retenait sa rage. Il s’haïssait, mais il ne pouvait rien faire contre cela. Il n’avait pas le droit de se montrer agressif, surtout pas devant elle... Mais le feu en lui était si grand…

-Il… Il voulait s’excuser… S’excuser pour ce qu’il a fait… S’excuser au Rossignole… Et livrer un message… L’Épervier… Elle l’a fait… N’est-ce pas?... Elle l’A fait?... Elle a livré le message? Le message du Salvateur?

Il avait parlé entre ses mains tout le long, sauf à la fin, où il s’était soudainement relevé, seulement pour s’approcher des barreaux de sa prison, un regard dynamique volant en tous sens. Il était malodorant, repoussant, imprévisible, et en ce moment plus que jamais, perdu. Il agrippa les barreaux de sa cellule sous les regards inquiets de ses geôliers, mais il se fichait d’eux. Toute son attention était portée vers la femme devant lui. Son expression de folie changea encore, cette fois contre une tristesse des plus amères.

-Il… Il à Marcher... Avec les Marcheurs… Il…Il…Il a été trahi… Et il fut faible… Le Blanc… Il était trop fort… Et le Corbeau était faible… Il EST faible…

Les sanglots reprirent de plus belle, alors que l’homme se tenait fermement après les barreaux de métal, sous l’air incrédules de ses gardes, et le regard curieux de grand oiseau reposant au sol.
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MessageSujet: Re: Misérable (PV)[TERMINÉ] Misérable (PV)[TERMINÉ] Icon_minitimeMer 6 Jan 2016 - 4:45

Il était temps! Luna sembla redonner un peu de sens dans l’esprit troublé du Corbeau et elle fut soulagée d’entendre qu’il la reconnaissait. Toujours aussi étrange de l’entendre parler de cette façon, mais elle n’allait pas s’en plaindre. Les mots qu’elle avait prononcés semblaient porter fruit et c’est un sourire se voulant rassurant qu’elle lui offrit. Elle resta muette tandis qu’il se relevait et tâcha de fixer l’or pour ne pas regarder ailleurs… Son cœur tressaillit à chaque sanglot, déchiré de voir son ami dans pareil état. Jamais elle ne l’avait vu aussi triste et aussi désemparé. Pouvait-elle faire quelque chose pour l’aider? Il était certain qu’elle ferait tout pour l’aider. Il fallait sortir le Corbeau de sa cage et si la protégée de Korentin pouvait utiliser son statut, elle le ferait sans hésiter.

Pourquoi était-elle là? La réponse était simple pourtant. Et même que Luna s’en voulait de ne pas être venue le voir plus tôt. Depuis combien de jours traînait-il dans cette cellule? Si seulement elle avait pu revoir Sighild plus tôt et ainsi apprendre plus rapidement sa présence. Mais 2 jours auraient-ils fait une grande différence? En ces trois ans passés, aurait-elle dû essayer de le retrouver et de l’arrêter? Mais l’influence de Vraorg était puissante et ses efforts auraient été en vain. Avoir essayé, n’aurait-elle pas été fauchée par la main du chasseur de tête? Elle chassa ses questions et se concentra sur les siennes.

Séparés par des barreaux, il n’y avait pas grand-chose que Luna pouvait faire. Mais elle s'avança d’un pas vers Saemon sous le regard inquiet des gardes prêts à réagir rapidement. Ses mains se posèrent délicatement sur les siennes.

- Parce que tu es mon ami, Ombre... Ma famille. Commença-t-elle doucement.

Un sourire se voulant rassurant se dessina sur ses lèvres et elle serra tendrement ses poings refermés sur les barreaux. Les derniers doutes, s’ils existaient encore, sur la réelle présence de la soldate devaient s’envoler avec son geste. Contrairement aux gardes, elle avait confiance qu'il n'y avait aucun risque.

- Tu es vivant, c’est ce qui compte à mes yeux. Lui murmura-t-elle.

Ce n’était pas une question d’être faible ou fort. L’important, au final, c’était d’être vivant. Vraorg payerait pour tout ce qu’il avait fait! Il n’est pas vrai qu’il règnerait indéfiniment sur leur vie. Les Protégés finiraient par avoir le dernier mot et en cela, la jeune femme n’avait pas perdu espoir.

- C’est Sig qui est venue me voir. C’est elle qui m’a dit que je te trouverais ici… Avoir su avant, tu peux être certain que je serais venue plus tôt. Pardonne-moi de t’avoir fait attendre. Prononça-t-elle suivi d’un sourire gêné. Je vais essayer de te sortir de là. Ne fais pas de bêtises jusque-là, d’accord?

La princesse des lumières laissa planer un léger silence avant de le briser.

- Sig m’a dit… Elle m'a raconté le message. C’est vraiment vrai? Vraiment? Demanda-t-elle à l’égard du Corbeau.

La jeune soldate avait du mal à croire au message du salvateur. Ça lui paraissait digne d’un songe, mais avec tout ce qu’elle avait vécu, entendu et vu, qu’est-ce qui était désormais impossible?
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MessageSujet: Re: Misérable (PV)[TERMINÉ] Misérable (PV)[TERMINÉ] Icon_minitimeMer 13 Jan 2016 - 21:53

Le choc. L'éclat. Un contacte. La chaleur sur ses doigts, et pas n'importe qu'elle chaleur... Celle de la gamine. Et sa présence... Elle était vraiment là, pleinement et totalement. Le choc n'était pas uniquement dut au contacte, mais aussi par les paroles prononcés par la visiteuse. Le choix des mots n'aurait pas put être plus poignants et viscérale. Son ancien nom... Ce qu'il pensait avoir été pour la jeune femme, ce qu'elle pensait de lui. Elle espérait même qu'il soit toujours en vie, elle était heureuse de ce fait, et cela le toucha profondément. Il avait déjà peine a faire du sens dans sa tête, alors ces nouvelles émotions n'aidaient en rien a contrer le chaos présent. Il ne bougea pas ses mains, il ne détourna plus le regard. Il serrait les barreaux, ressentant la chaleur envahir sa chair par le biais du contacte avec Luna. Il nageait dans le regard bleu fixé sur lui. La bouche pâteuse, il était incapable de dire le moindre mots, hochant simplement la tête à la question de la femme, incapable de faire un réelle sens de ce qui venait d'être dit. La lumière fut plus tardivement, où il comprit ce que Luna venait de dire. Sig... Sighild sans doute, sans nul doute... Elle l'avait fait, elle l'avait réellement trouvé, elle lui avait transmit les mots du Salvateur... Et elle s'excusait même! Elle s'excusait... Réellement? Lui qui avait retourner ciel et terre, os et chair, il avait fait tout ce qui était innommable, ou presque, et c'est celle qui était restée dans la lumière qui lui demandait pardon? Cette situation n'avait aucun sens, aucune logique.

-La Lune n'a... N'a pas à s'excusez à la nuit... Parce qu'elle brille... Elle brille, et les ténèbres subissent en silence.

Il baissa les yeux au sol, soudainement très humble et modeste en repensant à son guide aux écailles de sang. Le message avait été livré... Mais quel était le but de cette opération? Sa mémoire lui faisait défaut... Chose qui n'arrivait jamais. Jamais il n'avait oublié des choses importantes, particulièrement lorsqu'il s'agissait de principe lié à la fin du monde. Il se rappelait de plusieurs fraction des paroles du salvateur, mais leur ensemble était trouble, peu clair et confuse.

-Le Cycle touche a sa fin. Vraorg périra... Par la lame de l'épée Astral... Alf... Alford... Il a cette épée... Non... Il l'aura, il l'aura bientôt... C'est ce que l'Ire à dit... Gorder aura l'épée, et le Grand Blanc périra...

Nerveux, ses mains se dérobèrent de sous la douce chaleurs des mains de la gamine, pour aller s'ancrer contre son visage. L'une masquait sa bouche, alors que l'autre balaya son loup d'acier pour aller se situer derrière son crane sale et laid. Ses yeux redevinrent fou, instable. Le Corbeau se mit à faire les cent pas dans sa cellule, cherchant à reformer ses souvenirs, et les paroles du grand Rouge.

-Mais il y a plus... Il oublié quelque chose... Quelque chose de grand!...

Le feu l'avait envahit. Il en oubliait la faim et la fatigue. Pareil à sa peur qui l'avait précédé. Son esprit maitrisait son corps, mais cela ne venait pas sans corruption. Il tremblait, son visage était envahit de spasmes involontaires, ses mains cherchaient la réponse à ses interrogations sous la chair de son visage. Le fait que le Corbeau n'avait plus d'ongle était la seule chose qui l'empêchait de se griffer jusqu'au sang. La réponse vint enfin, et l'homme stoppa net sa frénésie, regardant le mur devant lui. Il redécouvrait les dire de Verith de l'Ire, et ses paroles vint le saisir aux tripes une fois encore. Un regard effrayé vint se poser sur son interlocutrice. Ses mains se baissèrent lentement. Il expira, tentant de stopper ses tremblements incessant.

-Les Esprits, les Grands Esprits... Ils sombreront... Ils... Ils périront... Ils périront... Ils périront eux aussi.. L'épée les pourfendra... L'épée céleste... Il faut la trouver...

Il agrippa les barreaux fermement, rapprochant son visage contre les barreaux, faisant frotter momentanément son masque contre ces derniers. Il se retint agripper la femme, trop mal dans sa peau pour poser un geste du genre. Le Corbeau retint un sanglot, dévisageant amplement son interlocutrice. Bien qu'il ne voyait plus la femme au champignon concrètement, elle se reflétait sur le visage de sa fille, pareil à un écho. Délicatement, il tendit la main, sentant une larme couler sur sa joue au même moment. Il posa sa main malmené sur la joue de Luna, délicatement, tentant de faire taire ses tremblement.

-Il... Il t'a encore perdu... Encore... Il voulait sauver le monde... Pour la Lune... Mais il l'a perdu... Et il te perdra encore...

Sa voix fini en un soupire désolé, alors que sa main quitta la peau du visage de la gamine.
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