La journée avait été particulièrement chaude et même au cœur de Fort Espérance, l’air avait été lourd cela même alors que la ville était à l’abri des fortes chaleurs du désert grâce aux Esprits. A cause de cela, en ce début de soirée Orfraie se sentait particulièrement harassée, ce qui n’était définitivement pas dans son habitude. La militaire était prête à faire une croix sur son habituelle sortie nocturne hors de Sandur, lorsqu’elle croisa l’un de ses Rôdeur. Avec chacun, elle entretenait de bon rapport et ce dernier voyant sa Générale fatiguée, lui évoqua l’existence non lointaine d’une petite oasis où il était agréable de se baigner après une longue journée. Il lui proposa de prendre sa monture pour s'y rendre, celle-ci connaissant le chemin. L’idée plu instantanément à l’Elfette, qui accorda à son interlocuteur un franc sourire avant de disparaître, rejoignant sa chambre. De par son rang et son grade, Orfraie avait la chance de vivre à l’intérieur même de Fort Espérance où elle jouissait d’un certain confort, sans que celui-ci puisse égaler ce qu’elle avait connu à la cours Elfique, toutefois. Néanmoins, cela lui convenait parfaitement, loin d’elle l’idée de se plaindre !

Une fois la porte close, Orfraie s’attaqua à son armure et ôta celle-ci. Elle fit d’abord tomber ses spalières et toutes les protections métalliques, puis le reste qui était en cuir gainé et renforcé par de la fibre de feuille. Nue, elle ne le demeura pas bien longtemps puisqu’elle se rhabilla. Toutefois, il s’agissait là d’une tenue mille fois plus légère… Ofraie n’avait pas l’habitude de revêtir ce genre de vêtement, mais pour se rendre à cette oasis cela lui semblait le mieux. Il s’agissait d’une robe blanche de confection Elfique, tout ce qu’il y avait de plus basique. Le devant se fermait avec un lacet et dévoilait un décolleté agréable à regarder. Les manches étaient longues et évasées. Enfin, elle lui arrivait au pied. Avec cette robe pour seul vêtement, l’Elfe quitta sa chambre pieds nus et se dirigea vers l’extérieur du Fort où elle savait qu’elle trouverait une monture pour la conduire. Elle n’emporta que son épée.

Le cheval du Rôdeur se trouvait dans sa stalle, comme il le lui avait dit. Il s’agissait d’une jument à la robe aussi blanche que la sienne. Le fourreau de son épée dans le dos, elle grimpa avec souplesse sur l’équidé et, en Elfique, lui demanda de partir au grand galop, ce que la jument fit, emportant avec elle la princesse qui se tenait à sa crinière. Rapidement, la route rocailleuse de Sandur laissa sa place aux dunes de sable, plus haute et moins stables. Toutefois, sa monture était robuste et parcouru les dunes avec une étonnante aisance. Orfraie soupçonnait ses guerriers d’entraîner leurs montures à marcher dans le désert…

Le temps avançant inexorablement, les dernières lueurs du jour laissèrent leur place à la nuit. Une nuit comme Orfraie les aimait : Sans nuages, les étoiles et la lune éclairant la voûte céleste. Quel magique univers. Doucement, elle sentit sa monture ralentir et lorsque l’Elfe porta son regard devant elle, l’Oasis était en vue. Elle était petite, entourée de verdure et de palmier… Mais pourvue d’un point d’eau dont la température devait être plus qu’agréable. La jument s’arrêta au pied d’un palmer où son fardeau pu descendre de son dos. Pied nus, la sensation du sable mêlé à la verdure était plus qu’agréable. Se tournant vers la jument, Orfraie vint caresser son encolure et posa son front sur le sien, la remerciant en Elfique pour l’avoir amené jusqu’ici. Elle la poussa ensuite doucement, autorisant l’équidé à aller brouter un peu plus loin.
Orfraie se tourna alors vers l’eau, un léger sourire aux lèvres. Voilà bien longtemps qu’elle n’avait pas nagé… En quelques pas, elle se trouvait au bord, non loin de là où – elle ne pouvait le savoir – se trouvait une autre personne. L’Elfe retira alors les sangles qui maintenant son fourreau dans son dos et posa celui-ci contre une petite pierre puis, sans gêne, elle fit tomber sa robe à ses pieds. Quelques pas lui furent ensuite suffisant pour prendre de l’élan et plonger, crevant la surface de ses bras.

Plouf !

Immergée, les paupières closes, les bras le long du corps… Orfraie se sentait bien, ainsi dissimulée sous la surface de l’eau. Quel dommage qu’elle ne soit pas capable de respirer sous l’eau, pensait-elle. Depuis toujours, l’Elfe aimait nager et pouvoir le faire en plein cœur du désert était plus que bienvenue.
Lorsqu’elle perça la surface de l’eau, la guerrière se retourna et se laissa flotter sur le dos, les yeux grands ouverts, explorant le firmament. Toutefois, le léger vent qui soufflait doucement la fit frissonner et l’Elfe fut obligée d’immerger à nouveau son corps – jusqu’aux épaules – pour ne pas sentir la fraicheur de la nuit. D’une main, elle ramena ses cheveux en arrière, ceux-ci collant légèrement à sa peau, puis elle se mit doucement à nager vers la rive, légèrement sur le côté. De cette façon, elle ne faisait aucun bruit…

Près de la berge, l’Elfe se rattrapa à une plante aquatique qui se trouvait là, et qu’elle ne fut pas sa surprise de sentir le végétal changer sous ses doigts ! Jusqu’à trouver la douceur de la peau nue. Le sang d’Orfraie ne fit alors qu’un tour et, surprise, ses gestes furent instinctifs. Alors qu’une jeune fille apparaissait devant elle, les doigts de l’Elfe trouvèrent son cou et se refermèrent dessus avec force. Le bras tendu, les muscles de ses bras étaient contractés. Si elle l’avait voulu, la guerrière aurait pu soulever l’humaine hors de l’eau, mais elle n’en fit rien. A la place, elle laissa sa proie se débattre et glisser malencontreusement sur une pierre, perdant pied et se retrouvant soudainement la tête complètement immergée. Celle-ci se débattait avec vigueur et parvint, aidé par l’Elfe, à sortir la tête de l’eau. Le regard bleu glacier d’Orfraie croisa alors celui de la jeune fille… Elle ne devait même pas avoir vingt ans, pensa la princesse.

L’air trouva alors son chemin dans la trachée de l’enfant, car celle-ci parvint à parler. « Ami », cria t-elle aussi fort qu’elle pu. Malheureusement, le son qu’entendit Orfraie fut incompréhensible. Celle-ci desserra alors sa prise et l’humaine pu réitérer, prononçant cette fois ci un mot Elfique que la guerrière comprit parfaitement : Paix.

Les doigts d’Orfraie quittèrent le cou de la jeune fille mais vinrent rapidement se poser sur sa clavicule. Elle n’empêchait plus Luna de respirer ou de parler, mais il était clair qu’au moindre signe suspect elle raffermirait sa prise pour l’empêcher de bouger. Avec suffisamment de force, peut être Orfraie pourrait-elle endommager son os… Toutefois, pour l’heure, la guerrière souhaitait savoir qui se trouvait face à elle. De l’eau jusqu’au dessus de la poitrine, l’Elfe se rapprocha jusqu’à empiéter dans l’espace personnel de Luna.

« Man naa Lle ? » Demanda t-elle en Elfique, sans douceur aucune toutefois. Elle se reprit ensuite, et s’exprima une nouvelle fois, en langue commune cette fois ci : « Qui es tu ? Il n’est guère conseiller de surprendre ainsi un Elfe, jeune fille… »

Le soulagement s’était peint sur le visage de la jeune fille dès qu’elle pu a nouveau respirer normalement. Il était clair qu’être privé d’oxygène était une expérience peu agréable et mourir à cause de la privation d’air était une fin peu enviable, longue et douloureuse.

Quoi qu’il en soit, Luna pouvait de nouveau respirer mais s’en sortait tout de même avec une large marque au niveau du cou. N’importe qui pourrait reconnaitre cette marque, caractéristique d’un étranglement… L’humaine voulu probablement masser la zone meurtrie mais se ravisa devant le regard de l’Elfe, qui ne la lâchait pas. A la place, Luna leva donc ses mains, faisant ainsi comprendre à Orfraie qu’elle ne désirait pas l’attaquer.

La guerrière s’éloigna quelque peu de Luna, sortant de son espace vital. Cette proximité avait, désormais, quelque chose d’étrange. Toutefois, l’Elfe demeura suffisamment proche pour pouvoir réagir, dans l’optique où Luna changeait d’avis…

Les quelques mots prononcés en Elfique par Orfraie laissèrent place à un grand silence, forçant celle-ci à se reprendre en langue commune. Il n’était guère étonnant que Luna ne comprenne pas parfaitement l’Elfique, il s’agissait après tout d’une langue compliquée… et étrangère, pour l’humaine…

La jeune fille se présenta comme étant Luna, du moins ce fut ce qu’Orfraie comprit entre deux quintes de toux. L’humaine se reprit une fois sa respiration calmée, confirmant son nom. Elle poursuivit ensuite en jurant qu’elle n’avait pas dans l’intention de surprendre l’Elfe, qu’elle avait seulement vu arriver et afin d’éviter un éventuel danger, elle s’était cachée. L’Elfette devait avouer qu’il s’agissait d’un raisonnement tout à fait normal, elle-même aurait peut être fait de même… De plus, le ton de l’humaine poussait Orfraie à la croire. Toutefois, comme pour s’assurer que l’Elfe n’allait pas bondir sur elle une fois de plus, l’humaine rajouta quelques mots dans un Elfique correct, si ce n’était un accent à travailler. L’effort était remarquable, peu d’humain parlait l’Elfique suffisamment bien pour construire de vrai phrase et non seulement prononcer quelques mots apprit par cœur.

Les paupières d’Orfraie se fermèrent quelques instants, son pouce et son annulaire se posant sur l’arrête de son nez. Elle semblait songeuse. Toutefois, cela ne dura qu’un instant et son regard revint se poser sur l’humaine.

« Ce n’est rien. Il est déjà remarquable que vous soyez capable d’aligner une phrase correctement. Peu d’humain le sont. » Expliqua Orfraie, avec sincérité, d’un ton redevenu plus doux. « Je suis Orfraie. Orfraie Ataliel. » Se présenta simplement la rôdeuse. « Et je suis vraiment navrée pour votre cou. J’ai étais surprise, j’ai attaqué. » se justifia t-elle, comme Luna précédemment, d’un ton navré.

Et aucunement gênée par leur proximité et leur nudité...

Les présentations étaient désormais faites. Un air navré s’était peint sur le visage de l’Elfette, qui regardait à présent la jeune fille d’un air coupable. Celle-ci posa sa main gauche sur son cou afin de masser la peau meurtrie, mais le mal était fait. Luna aurait une marque, difficile à cacher avec cela… L’humaine révéla qu’elle avait déjà vu pire. Orfraie ne savait plus, avec cette révélation, comment elle devait prendre la chose. D’un côté, Luna avait vécue pire et cet étranglement n’était donc pas grand-chose… Mais de l’autre, le geste restait grave. La guerrière soupira et son regard demeura grave, ses trais fermés.
Luna du reconnaitre que ce n’était pas la chose à dire et se permit un petit sourire gêné, au quel Orfraie répondit malgré elle. Sa main droite se glissa dans sa chevelure lie de vin et flotta nerveusement l’arrière de son crane. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas retrouvée dans une telle position, si gênée. Toutefois, la jeune humaine fit preuve de lucidité et expliqua qu’elle n’en voulait pas à l’Elfe, qu’il était normal qu’elle se soit défendu alors qu’elle avait été prise par surprise. La main de la princesse retomba dans l’eau, provoquant quelques éclaboussures au passage.

Luna fit alors quelque chose qui surprit Orfraie, mais qui la ravie également. Recommencer du début ? Excellente idée ! Le ton courtois employé par Luna fit sourire l’Elfette.

« Bonsoir, je suis Orfraie Ataliel, Générale des Rôdeurs Elfiques. » Dit-elle doucement, sur le même ton courtois tout en omettant sciemment de préciser qu'elle était aussi une princesse. L’Elfette ne se départant pas de son sourire, ajouta : « Mais de grâce, appelez moi simplement Orfraie. »

Orfraie leva alors sa main et saisit celle de Luna, qu’elle serra doucement. La poignée de main était une tradition typiquement humaine que la guerrière avait eu le temps d’appréhender tout au long de sa longue existence. La première fois que quelqu’un lui avait tendue la main, sa réaction avait été tout autre.

« Mellyn » prononça à son tour Orfraie avec l’accent typique des Elfes, en écho à la jeune fille. Jeune fille dont le regard dériva vers la poitrine de la Générale. Si celle-ci était à demi immergée, ce qui n’était pas dans l’eau était suffisant. Il ne fallait qu’un peu d’imagination pour visualiser le reste. Tandis que le rouge montait aux joues de Luna, les lèvres de l’Elfette s’étirèrent en un sourire. Orfraie était consciente de l’effet qu’elle avait sur la jeune humaine et en jouait. Elle devait être la princesse la plus anticonformiste qui existait. Surtout pour une Elfe.

« Quelque chose que vous voyez qui vous plais, Luna ? » Lui demanda t-elle doucement, presque dans un murmure. Son regard bleu glacier, lui, plongea dans les azurs de la jeune fille. Il était d'une tel intensité que cela pouvait être dérangeant... ou au contraire particulièrement excitant.

Orfraie sembla lire l'étonnement dans le regard de Luna lorsqu'elle évoqua son grade au sein de l'armée Elfique. Il était vrai que ce n'était pas tous les jours qu'on se retrouvait à patauger dans l'eau en compagnie d'un haut gradé Elfe, totalement nue qui plus est. Toutefois, l'humaine sembla bien prendre la chose et lui indiqua même qu'elle pouvait la tutoyer. La guerrière n'avait pas pour habitude une telle familiarité aussi rapidement, toutefois elle n'allait pas se le faire dire deux. Ainsi, en écho à la jeune femme, Orfraie reprit :

" Je suis également enchantée de te rencontrer, Luna. Tu peux également me tutoyer, si tu le souhaite, je ne vois pas pourquoi je serais la seule à le faire. " ajouta l'Elfette avec un sourire, le plus naturellement du monde.

Une telle familiarité, si vite et si naturellement et avec une Elfe, qui plus est, pouvait être étrange mais Orfraie était de ceux qui préférait croquer la vie à pleine dent. Ce comportement était à des lieux de celui qu'elle adoptait dans l'exercice de ses fonctions, mais ainsi était elle faite. La princesse avait gardé cette joie de vivre et pour rien au monde, elle ne souhaitait l'abandonner. Elle avait vécue toute sa vie ainsi et était décidé à mourir ainsi, en restant elle-même … Et ce même si cela pouvait la faire mal voir.

La question de l'Elfette laissa l'humaine au dépourvu, celle-ci écarquillant les yeux de surprise. Orfraie était, pour ainsi dire, ravie de son petit effet et son sourire ne s'en retrouva que plus grand. Les quelques mots balbutiés par Luna ne firent, d'ailleurs, qu'étirer ses lèvres un peu plus. Le corps de l'humaine la trahissait, son teint rougissant à vue d'œil… Et si elle continuait à se mordre la lèvre inférieure ainsi, Orfraie allait rapidement laisser libre court à ses envies et s'en emparer avec les siennes… Car si la guerrière avait bien une chose en commun avec Luna - si ce n'était l'art de le l'épée - il s'agissait bien d'apprécier la gente féminine. Cela n'était pas particulièrement bien vu chez les Sylvains, toutefois Orfraie ne se souciait que très peu de l'avis des autres… Elle préférait les laisser s'enfermer dans leur ignorance et leur bêtise. Cependant, la guerrière n'était pas fermé à la gente masculine… au contraire. Pourquoi se contenter d'une chose quand il était possible de gouter les deux ? L'expérience étant par ailleurs différente avec un homme ou avec une femme … Et si Luna comprenait que l'Elfette qui lui faisait face n'avait rien contre, qui sait ce qui allait découler de cette rencontre …

L'Elfette revint à elle et se surprit à regarder intensément les lèvres de l'humaine, en écho aux pensées qu'elle venait d'avoir … Humaine qui la regardait avec une intensité rare qui la fit frissonner … Malheureusement, Luna se détourna et l'Elfette perdit son sourire. Ses sourcils s'arquèrent dangereusement et ses trais devinrent soucieux. Quelque chose tracassait sa nouvelle amie –et Orfraie se doutait qu'elle n'y était pas pour rien – mais celle-ci semblait également… malheureuse ? La guerrière sentait qu'il y avait quelque chose et décida donc de se rapprocher, doucement, et de poser délicatement sa main sur l'épaule de Luna.

" Díheno nin, Man anírach cerin an le? (Pardonne moi, que puis-je fais pour t'aider?)." Demanda t-elle doucement, dans un Elfique murmuré à son oreille. Elle rajouta ensuite, sur le même ton : " Tiro nîn, Luna. (regarde moi, Luna) "

L'Elfette n'était pas certaine d'être parfaitement comprise, toutefois le simple fait de poser sa main sur l'épaule de la jeune femme devrait suffire...

Orfraie était à des lieux d'imaginer ce qui était en train de se passer dans l'esprit de Luna, loin d'imaginer la lutte intérieur qui se menait à l'intérieur de son crane. Par sa faute… Ou … grâce à elle. Toutefois, du bout de ses doigts, l'Elfette était en mesure de sentir le rythme cardiaque de sa jeune amie et celui-ci allait crescendo. Les sourcils de la guerrière s'arquèrent une nouvelle fois, marquant son incompréhension. Seule Luna, si elle acceptait de lui répondre, était en mesure d'expliquer à Orfraie ce qui était en train de se passer. Bien sûr, la guerrière avait sentit l'humaine frissonner sous ses doigts, mais avait mit cela sous le coup de la fraicheur de l'eau et de l'air… pas sur elle-même.
Le regard bleu glacier d'Orfraie se posa sur la main de Luna, qui recouvrait à présent la sienne. Ce simple touché déclencha chez l'Elfette un long frisson, autant d'excitation que d'appréhension, comme si ce simple geste avait permit à la princesse de comprendre. Elle aurait pu retirer sa main, lui dire non avant même que Luna ose formuler sa réponse… Toutefois, elle n'en avait pas envie. Orfraie devait se l'avouer, cette jeune femme lui plaisait. Ce n'était peut être pas un coup de foudre… Mais l'Elfette n'avait pas envie de voir Luna s'en aller, se détourner. Alors, doucement, la guerrière serra doucement les doigts de sa cadette.

Enfin, Luna répondit. Son Elfique était parfaitement compréhensible, même s'il était teinté par son accent humain. L'indécision transparaissait dans sa voix, dans ses mots. La jeune humaine semblait soudainement perdue. Orfraie, pour sa part, préféra demeurer silencieuse et attendit la suite … Qui ne tarda guère. Cette phrase permit à l'Elfette de comprendre parfaitement ce qu'il en était, de comprendre qu'elle lutte Luna était en train de mener. Pendant un instant, la guerrière se sentit flatté, mais son regard redevint bien vite concerné. Elle comprenait les craintes qui se formaient dans son esprit.

Les derniers mots prononcés par Luna firent accélérer le rythme cardiaque de l'Elfette, qui demeura interdite quelques instants. Que voulait-elle elle-même ? Elle n'avait jamais réussi à se lier durablement tout au long de sa longue vie, préférant finalement ne jamais s'attarder dans une relation … Quant au fait que Luna était une femme, cela ne gênait pas Orfraie le moins du monde. La princesse avait, en vérité, un faible certain pour la gente féminine. Ce qui n'était pas spécialement bien vue, mais de cela aussi elle se moquait. Son corps lui appartenait, après tout… Luna lui plaisait-elle ? C'était certain, sinon ses réactions devant sa détresse auraient été tout autre.

Enfin, les azurs de l'humaine rencontrèrent les saphirs d'Orfraie, qui plongeant son regard dans le siens. Que Luna se soit arrêtée quelques instants sur ses lèvres ne lui avait pas échappé, bien sûr, mais l'Elfette préféra ne rien faire. Pour l'instant. Elle voulait que l'humaine choisisse d'initier la suite, ou non… Et le choix de Luna ravit Orfraie, qui laissa celle-ci s'approcher, approcher ses lèvres des siennes. Toutefois, l'humaine s'arrêta avant de les avoir touché, comme en attente d'une permission.

L'Elfette baissa les yeux vers les lèvres de l'humaine, puis remonta doucement jusqu'à croiser de nouveau son regard. C'était à elle de décider, désormais. La suite ne dépendait que du choix qu'elle allait faire incessamment sous peu.
Les doigts d'Orfraie remontèrent doucement le long de l'épaule de Luna et vinrent se poser sur sa nuque. Doucement, l'elfette attira l'humaine vers elle et franchit les derniers centimètres qui les séparaient, scellant leurs lèvres en un doux baiser. La guerrière n'avait rien dit, et elle n'avait pas besoin de le faire pour l'instant.

Des papillons avaient élus domicile dans son estomac. Ou du moins c'était la sensation que l'Elfette avait. Ce baiser était la promesse de beaucoup plus, il ne pouvait en être autrement ce soir. Toutefois, ce n'était pas une raison pour presser les choses, Orfraie en avait conscience et comptait bien en profiter… et en faire profiter la jeune Luna.

Dès l'instant où la Guerrière avait scellé ce baiser, elle avait cessé de réfléchir. Son instinct avait prit le dessus. Qu'elle soit une Elfe et que Luna soit humaine lui importait peu. Leur différence d'âge lui importait peu. Qu'elles soient deux femmes lui importait peu. Elles s'embrassaient et personne ne viendrait les déranger, les séparer. Seules les étoiles étaient témoins de cette étreinte, semblant même briller avec une nouvelle intensité. La guerrière s'était abandonnée à la passion, sans regret. Un baiser remplit de cette passion partagée. Les lèvres de Luna étaient exigeante, celle d'Orfraie l'étaient également. La jeune humaine maintenait l'Elfette près d'elle, une main dans sa nuque, l'autre explorant son dos. Cette simple caresse faisait naitre chez la pluri-centenaire d'innombrables frissons qu'elle ne tentait pas de contenir. Puis les doigts de l'humaine vinrent se poser sur son abdomen, caressant un instant les abdominaux de l'Elfette, qui se contractèrent sous la caresse. Orfraie ne pu réprimer un soupire, trouvant la sensation délicieuse, d'autant plus lorsque Luna décida de continuer son exploration un peu plus haut.

Ne suivant que ses envies, Orfraie décida d'approfondir ce baiser, quémandant l'accès à sa langue à Luna. Le contact l'électrisa et les bras de l'Elfe se refermèrent sur la taille de l'humaine, l'attirant à elle alors qu'elle se laissait allait en arrière, les immergeant un peu plus dans l'eau fraiche. Toutes deux nues, leurs corps se rencontrèrent invariablement, déclenchant chez l'Elfe des sensations oubliés depuis un certain temps. Sa main droite trouva la cuisse de l'humaine, non sans tracer du bout des doigts son chemin jusque là. Exigeante, Orfraie invita Luna à passer ses jambes autour de sa taille, afin que l'Elfette ait elle-même les mains libres.

A bout de souffle, la guerrière se sépara des lèvres de Luna. Toutefois, elle ne souhaitait pas s'arrêter pour autant. Ses lèvres se posèrent à la commissure de ses lèvres, puis dérivèrent lentement vers son cou, zone qu'elle avait très envie de parcourir, curieuse de savoir si elle arriverait à arracher à Luna quelques soupires. Et si celle-ci ne souhaitait pas aller plus loin, il était l'heure de le dire, avant que l'Elfe franchisse le point de non retour.

Les étoiles seules étaient témoins de ce qui se déroulait au cœur de la petite Oasis. Dans l'eau, deux personnes s'embrassaient sans se soucier d'être femmes, ou d'êtres de deux races différentes. Tout du moins, c'était le cas d'Orfraie. Celle-ci prenait grand plaisir à arracher quelques frissons et soupirs à Luna, ses doigts découvrant peu à peu son corps. Toutefois, l'Elfe n'était pas en reste et répondait aux caresses de l'humaine, son corps parcouru de frissons ou quelques soupirs lui échappant également.

L'esprit d'Orfraie était à des lieux de celui de Luna, qui se posait tant de questions. La Rôdeuse avait lâché prise, sans se soucier de ce qu'elle faisait. Quoi qu'il arrive, elle en assumerait les conséquences. Pour l'heure, elle avait simplement envie d'explorer ce corps qui lui était offert. Un corps qui se colla et s'agrippa au sien lorsque deux jambes s'enroulèrent autour de sa taille. Dès lors, la princesse cessa de réfléchir, laissant son instinct et ses envies la guider…

Plus tard, leur étreinte poussa les deux femmes à sortir de l'eau et à s'allonger, protégée du sable froid par la couverture des saisons de Luna.

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Leurs deux corps nus reposaient cote à cote sur la couverture, leurs respirations ayant enfin retrouvé un rythme plus normal. Orfraie gardait sa main droite au niveau de sa poitrine, les doigts légèrement repliés. Sa main gauche reposait le long de son corps, toute proche de la hanche de Luna. Son regard aigue marine observait la voute céleste, reliant les étoiles entre elle pour former des constellations. Elle en connaissait quelque une, vestige d'un passé plus intellectuel.

A aucun moment, Orfraie remit en cause se qu'elle venait de faire. Bien entendu, ses pensées s'étaient égarées un instant vers Aléria, la Maître Bapsitrelle, mais celle-ci était parfaitement au courant des tendances de la Rôdeuse et était d'accord avec cela. Ainsi, Orfraie ne regrettait aucunement l'étreinte qu'elle venait de partager avec la jeune humaine. Doucement, l'Elfette tourna la tête vers sa gauche, son regard se posant sur le visage de Luna. Celle-ci semblait pensive, ses beaux yeux bleus observant les étoiles.

Soudain, celle-ci prononça le nom de l'Elfe. Un murmure qui fit se redresser l'intéressée sur un coude. Il y avait dans ce murmure quelque chose d'inquiétant. Et cela fut confirmé lorsque Luna poursuivit d'une voix teintée de chagrin. Le regard de la Rôdeuse se teinta d'inquiétude, ses sourcils s'arquant pour marquer cet état d'esprit. Son regard vint se poser sur les mains jointes de l'humaine, remarquant sans mal l'anneau à son index. A la façon dont Luna caressait le bijoux, celui-ci semblait avoir une grande valeur à ses yeux… Les anneaux étaient souvent utilisés pour symboliser un lien fort, un lien d'amour…

L'information fit rapidement son chemin dans l'esprit affuté de la Rôdeuse. Celle-ci leva sa main droite et posa délicatement le bout de ses doigts sur la joue de Luna, forçant doucement celle-ci à la regarder. Les longues mèches lie de vin de l'Elfe étaient encore humide, mais suffisamment longue pour dissimuler sa poitrine dans sa position actuelle.

" Pourquoi ferai-je cela ? " demanda l'Elfe dans un murmure, ses lèvres étirées en un léger sourire se voulant rassurant. " Qui est cette personne à qui tu pense et qui t'a offert cet anneau ? " ajouta t-elle, toujours à voix basse.

Orfraie n'était ni fâchée, ni déçue. Pourquoi aurait t-elle dû l'être ? A aucun moment, la Rôdeuse s'était attendue à être la seule et l'unique pour la jeune Luna. Alors, en cet instant, le regard aigue-marine de l'Elfette était d'une grande douceur, son inquiétude clairement lisible. Et son calme, aussi, ainsi que sa curiosité.

Ainsi, la jeune humaine avait fait faire deux anneaux jumeaux, offrant l'autre à la personne chère à son cœur. C'était là un véritable acte d'amour sincère. Orfraie ne pu s'empêcher de se sentir triste pour Luna. Cette personne ne devait pas se trouver au Protectorat, et au vue de la façon dont elle en parlait, elle devait être en vie… Une Théocrate … ? Soudainement, au vue de sa détresse, Luna lui parut jeune et fragile. Ce qu'elle était, au final. Après tout, elle ne devait pas avoir plus de vingt ans …

Voir cette détresse dans les yeux de Luna était difficile pour Orfraie. Elle connaissait la jeune fille depuis quelques heures seulement, mais il était dans la nature profonde de la guerrière de s'inquiéter pour autrui. Elle avait été maître baptistrelle, après tout, c'était donc compréhensible.

Luna reprit la parole et valida les pensées d'Orfraie. Si son amour se trouvait près de Gloria, cela voulait dire que cette personne était Théocrate. Toutefois, cela ne voulait pas dire qu'il s'agissait d'un ennemi. Beaucoup s'était soumit au Blanc pour survivre… Et s'il s'agissait de son premier amour, cette personne devait être aussi jeune que Luna… Mais quelque chose attira l'attention de la princesse qui, après des siècles au Conseil Elfique, faisait très attentions aux mots employés par ses interlocuteurs. Luna n'avait cessé d'utiliser le féminin… Cette personne était – elle une femme? Cela ne serait guère étonnant au vue de l'étreinte que les deux femmes venaient de partager.

Finalement, Luna s'excusa, sincèrement désolée d'avoir fait souffrir Orfraie. Du moins, pensait-elle l'avoir fait souffrir. La princesse soutint son regard avec douceur, se voulant rassurante par ce simple contact. Elle se redressa ensuite et s'assit en position du tailleur, ses longues mèches dissimulant sa poitrine. Elle prit ensuite appui sur ses coudes, légèrement penchée vers Luna.

" Ne t'excuses pas pour une souffrance que tu ne m'infliges pas. " Lui répondit –elle doucement, cherchant à la rassurer. " J'ai 669 ans et suffisamment d'expériences derrière moi pour ne plus m'attendre à ne pas être la seule et l'unique. Je ne l'ai jamais recherché, d'ailleurs. " Se sentit-elle obligé d'ajouter, avouant sans le dire qu'elle n'était – elle-même – pas exclusive. " Cette personne … Est une femme, n'est-ce pas ? ... Souhaites-tu m'en parler ? Je suis prête à t'écouter, si tu le souhaite. J'imagine sans mal que vous avez toujours gardé cette relation secrète et que cela peut être particulièrement lourd à porter pour toi. " Lui dit-elle avec douceur en choisissant avec attention ses mots, souhaitant faire comprendre à Luna qu'elle pouvait en parler sans filtres, qu'elle pouvait partager son fardeau avec la princesse.

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HRP : Je suis sceptique, préviens moi si tu as du mal à répondre.

Combien même Orfraie avait été blessée par les propos de Luna, celle-ci ne s'en serait même pas rendu compte. En effet, la princesse était connue pour son flegme légendaire. De mémoire d'homme, elle n'avait jamais haussé le temps, même alors que la colère la submergeait. De mémoire d'Elfe, la Rôdeuse avait dû le faire quelques fois, notamment lorsqu'elle siégeait au Conseil, trois siècles plus tôt.

Luna fut donc rapidement rassurée et se permit un petit sourire qui fit plaisir à l'Elfe, celle-ci n'aimant pas particulièrement l'idée de faire peur à la jeune fille. Cette dernière se redressa ensuite et calqua sa position sur celle d'Orfraie. Consciente de la nudité totale de Luna, la princesse força son regard à ne pas quitter le sien, jugeant le moment mal choisit pour détailler son corps une nouvelle fois, au combien même cela était agréable. Le silence qui s'était installé dura un certain temps jusqu'à ce que Luna le brise d'un soupire.

" Tu as ma parole. " promit Orfraie en réponse à la question de Luna. Sa parole royale, même si cela la Rôdeuse ne l'évoqua pas à voix haute. Personne ne savait, ou presque, et cela ne devait pas changer. Quelque part, l'Elfe était fière d'avoir ainsi la confiance de la jeune fille. Ce fut donc d'un sourire se voulant rassurant, qu'Orfraie poussa Luna à parler. Ce qui ne tarda guère.

Ainsi, si cela se savait, le père de cette amoureuse mystère risquait fort probablement de tuer Luna. Une situation délicate, sans le moindre doute. Mais quel Elfe serait capable de cela, simplement parce que sa fille avait une relation avec une humaine ? Orfraie savait de nombreux Elfes contre les relations, même amicale, entre Elfes et Hommes, mais de là à tuer… Cela lui fit penser à Artaher Terendul, un ami et collègue, connu pour sa haine envers le peuple humain … Chose que la princesse n'avait jamais approuvé.

Luna poursuivit, très sérieusement, et approuva le fait qu'il s'agissait d'une femme. Elle commença ensuite à la décrire et, assez rapidement, Orfraie pensa comprendre de qui il était question. Un regard gris perle, une chevelure nacrée et probablement un jeune âge … un père capable de la tuer s'il venait à apprendre l'existence de cette relation ? Ce pourrait-il que l'amour de Luna soit Enetari Tarendul ? Une jeune elfe que la princesse avait eu l'occasion de croiser par le passé … Une Elfe qu'elle imaginait capable de défier ainsi son père.

Orfraie était quelque peu dans ses pensées lorsque Luna lui demanda soudainement si cela pouvait fonctionner entre une humaine et une elfette. Le regard aigue-marine de la rôdeuse se fit pensif, tandis qu'elle dévisageait longuement Luna. Elle imaginait sans mal le genre de réponse attendue par la jeune fille, mais la vérité était tout de même différente.

" Cela peut fonctionner, je le pense sincèrement. Toutefois, il s'agit d'une relation compliquée pouvant être très douloureuse pour l'Elfe en question. L'espérance de vie humaine est courte, l'Elfe qui décide de se lier à un Humain prend le risque d'énormément souffrir lorsque son aimé mourra. Il aura eu le temps de s'y préparer, mais en fin de compte cela restera toujours douloureux. C'est un choix à faire… Mais si on aime vraiment, c'est un risque à prendre. Le temps fera ensuite son œuvre et si la douleur ne disparaît pas, on apprend à vivre avec. " acheva Orfraie, sur un ton qui laissait supposer qu'elle connaissait cette douleur. " Je sais que tu aurais aimé entendre quelque chose de plus joyeux, mais je ne veux pas te mentir... "