27 Janvier

Eh bien ce que l'on pouvait dire c'est que cette petite réunion avec quelques autres hauts officiers avait été peu animé, et de façon surprenante il n'y avait eu aucun, mais aucun sujet de dispute, ou de débat, mais plutôt des discussions sur des sujets où tout le monde était à peu près d'accord, et le nécessaire, notamment la vérification des stocks des officiers chacun de leurs côtés, c'est qu'il fallait tâcher de s'assurer que l'équipement était suffisant, malheureusement le protectorat n'était guère aussi riche que son ennemi la théocratie, et avec le peu de moyen pourtant l'on devait vaincre un ennemi plus riche...

Et pour cela il fallait de la rigueur, et surtout éviter le gaspillage. Cela n'importe quelle manche en stratégie pouvait aisément le deviner, enfin pour sa part Weren n'avait pas à se plaindre, les alayiens vérifiaient très souvent leurs stocks, c'était particulièrement à ce genre de moment qu'il ressentait une certaine fierté par le fait qu'il faisait partie d'une armée aussi discipliné que l'alayia. Et qui n'avait rien perdu de sa discipline légendaire malgré les derniers événements, que les soldats obéissent à leurs officiers, et fassent ce qu'on attende d'eux voilà bien l'une des des choses essentielles pour vaincre.

Enfin du coup il ressortait du conseil d'humeur plutôt neutre, pas franchement énervé, ni de bonne humeur, c'était une journée comme une autre, et le général temporaire réfléchissait encore à tout ce qu'il devait faire aujourd'hui, ah bon sang le métier d'officier était complexe, et exigeant, mais soit c'est tout à fait normal qu'il tâche de faire tout ceci avec application. Néanmoins il ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe d'admiration pour ses supérieurs comme Aldakkin, et les anciens serviteurs du Néant car après tout ces derniers avaient dû, et devaient digérer une somme de travail bien plus conséquente, et lorsqu'Aldakkin reviendrait nul doute que lui aussi aurait beaucoup à faire, en somme il y avait clairement de quoi se dire que Néant avait fait un bon choix en les choisissant.

Enfin, faire, faire, peut-être qu'il devrait profiter du moment de temps libre qu'il avait pour aller assister à l'entraînement de ses hommes, ou s'entraîner lui-même ? Ce serait une idée car le corps d'un guerrier comme une épée devait souvent être aiguisé pour garder son tranchant pour dire de façon détourné sa force. Sur un champ de bataille la vie, et la mort peux se jouer de peu souvent, et il est inacceptable de négliger ne serait-ce qu'un petit peu son entraînement.

Et puis s'entraîner avec ses hommes était toujours bien vu de la part d'un officier, cela donnait moins l'impression d'être l'un de ces supérieurs de papiers qui commande toujours depuis un bureau sans jamais avoir vu la couleur du sang, ou entendu le craquement des os. Tiens ce serait comme une capitaine de navire qui commande son navire depuis les quais, une belle absurdité... Mais il en avait déjà tellement vu des absurdités de tout type que peut-être que cela devait exister, même s'il espérait que non sincèrement, et puis de toute manière l'on n'avait cure des bateaux pour le moment…

« Loren Arcaë ? » Dit-il calmement en reconnaissant le vampire qui venait de passer, un vampire arrivé depuis pas si longtemps, de ce qu'il savait c'était un ancien intendant théocrate qui était venu vendre ses services au protectorat, pas vraiment le genre de personne à qui Christan donnerait sa confiance, et bon le fait qu'il était un vampire déjà n'aidait pas, mais il était certain que ce dentu pouvait avoir son utilité, et surtout il se rappelait qu'on avait parlé de l'intendant vampirique pendant le conseil…

« Vu que vous êtes là, j'aurai deux trois choses à vous dire pour faire gagner du temps à tout le monde... » Christan savait que Loren n'était pas sous sa responsabilités, mais cela ne l'empêchait pasbien entendu de prévenir le vampire de ce qu'on avait dit sur lui pendant le conseil, après tout on devait tenir ce dernier informer de certaines choses, et comme il tombait sur lui par hasard autant en profiter, sauf si bien entendu le vampire avait mieux à faire, mais bon cela ferait gagner du temps à tout le monde s'il pouvait patienter un peu.

Une semaine s'était écoulée depuis l'arrivée de Lorën au Protectorat. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne se passait rien de particulièrement intéressant dans ce lieu isolé, perdu au fin fond du désert d'Esfelia. Seul y régnait un ennui mortel.

Fort heureusement, en raison de ses compétences de gestionnaire et de son ancien rôle de grand intendant au sein de l'armée vampirique, le nocturne s'était vu confié un poste d'intendant. Il devait vérifier scrupuleusement les stocks, en tenir un inventaire détaillé, trouver de nouvelles fournitures et surtout gérer celles disponibles avec parcimonie. Et cela afin d'éviter tout gaspillage, d'autant plus que le Protectorat demeurait beaucoup plus pauvre que son ennemie mortelle, la Théocratie.

Le vampire poussa un soupir en noircissant des tableaux de chiffres sur un document. La position du Protectorat s'annonçait pour le moins délicate en raison de son dénuement. A côté, les combattants impériaux disposaient d'innombrables ressources. Il était bien placé pour le savoir étant donné qu'autrefois c'était lui qui tenait une grande partie de leur inventaire.

Cette pauvreté, ajoutée à leur isolement dans un milieu naturel particulièrement hostile, compliquait la situation des protégés. Afin d'essayer de rétablir un semblant d'équilibre entre ces deux camps; il était impératif d'éviter tout gaspillage et de faire beaucoup avec peu de moyens.

Cependant, Lorën possédait une grande habileté dans ce domaine grâce à son expérience parmi les vampires. En effet, ces derniers disposaient de ressources limitées et étaient souvent contraint de voler celles-ci aux humains. Mais le vampire savait faire des "miracles" avec trois fois rien et possédait un instinct très sûr pour dégoter des bons plans.

C'était essentiellement grâce à sa ruse et à ses habiletés en gestion qu'il était parvenu à progresser dans la hiérarchie vampirique et à se hisser au rang de bourgeois. Depuis toujours, Lorën savait que s'il désirait gagner en influence et s'enrichir, il ne pouvait compter que sur la seule arme en sa possession, son esprit. En dépit du fait que sa transformation en vampire l'ait rendu beaucoup plus fort sur le plan physique qu'un humain, celui-ci demeurait faible comparativement à nombre de ses congénères. Or dans une société aussi hiérarchisée et compétitive que celles des vampires, seule comptait la puissance. Les individus ne possédant ni la force physique ni l'intelligence étaient balayés d'un revers de la main, tel des insectes encombrants.

A présent, une fois encore, Lorën espérait utiliser ses "talents" afin de prospérer dans son nouveau camp. Certes, cette fois-ci, les choses s'avéraient différentes car les vampires ne bénéficiaient d'aucun traitement de faveur, comme c'était le cas chez les Théocrates. Néanmoins, ils ne faisaient pas non plus l'objet de persécution ou de discrimination particulières car les esprits veillaient au traitement égalitaire des trois races.

Et pour l'instant, le vampire s'accommodait de cette situation inédite, même si elle bousculait certains de ses préjugés. A dire vrai, se retrouver un des rares vampires au milieu d'une population composée essentiellement d'elfes et d'humains avait de quoi faire "réfléchir".

En raison de cela, Lorën ne passait pas inaperçu et faisait probablement l'objet de certaines interrogations ou discussions. Par ailleurs, son ancienne allégeance à la théocratie et à sa proximité avec le prince noir, Lorenz Wintel, risquait de jouer en sa défaveur, du moins au début.

Le vampire était parfaitement conscient du fait que s'il souhaitait "s'intégrer" parmi les protégés, il devait tenter de dissiper toute suspicion à son encontre et participer de manière active à l'effort de guerre.

Même s'il ne combattait pas, son rôle d'intendant demeurait essentiel dans ce contexte de conflit et de grandes responsabilités reposaient sur ses épaules. De plus, il pourrait peut-être réussir à tirer son épingle du jeu par ce biais...

Lorën sortit du bâtiment où étaient entreposés les stocks destinés à l'armée et s'apprêtait d'aller vaquer à d'autres occupations. Tout d'un coup, ses sens aiguisés de vampire décelèrent une présence humaine non loin de lui. Un instant plus tard, il entendit une voix grave et masculine prononcer ces mots:

" Lorën Arcaë ?". Le ton était calme et assez neutre, le vampire ne percevait aucune animosité particulière dans la manière dont cet inconnu s'adressait à lui. Il répondit donc d'une manière aussi calme et détachée que son interlocuteur.

- Oui, c'est bien moi. Que puis-je faire pour vous ?

Le regard mordoré du vampire scruta attentivement ce dernier, détaillant le moindre de ses mouvements et ses postures corporelles. Il ne se rappelait pas l'avoir rencontré auparavant mais n'en était pas très sûr..... L'homme qui se tenait en face de lui, ou plutôt devrait-il dire l'énorme tas de ferraille grinçant, était entièrement revêtu d'un armure rutilante: même sa tête était dissimulée par un casque et le nocturne put entrevoir à travers la visière deux petits yeux cruels qui l'observaient...

En temps normal, Lorën aurait ricaner à la vue d'un tel monceau d'acier. Mais cette fois-ci, mieux valait demeurer prudent, d'autant plus que cet inconnu paraissait sortir tout droit de la salle du conseil...

Le vampire décida donc de garder un visage parfaitement impassible, attendant d'en savoir un peu plus sur cet humain qui l'avait interpellé. Grand et musclé et vêtu d'une tenue de militaire, Lorën en déduisit qu'il s'agissait certainement d'un officier haut-gradé.

Il attendit donc patiemment que cet individu lui face part de la raison pour laquelle il s'adressait à lui:

"Vu que vous êtes là, j'aurai deux ou trois choses à vous dire pour faire gagner du temps à tout le monde..."

Lorën observa l'homme avec curiosité: qui pouvait bien être ce mystérieux "monsieur tête d'acier" ? En tout cas, ce n'était pas son supérieur ni même une personne ayant autorité sur lui, du moins pour ce qu'il pouvait en juger à ce stade. Toutefois, il valait mieux écouter ce qu'il avait à dire avant d'aviser de la marche à suivre. Peut-être cet humain pourrait lui donner quelques informations intéressantes ou lui être utile d'une manière quelconque.

Par ailleurs, en tant qu'ancien théocrate fraîchement arrivé au Protectorat, Lorën avait tout intérêt à essayer d'entretenir de "bonnes" relations avec ses nouveaux alliés.

- Je vous écoute, faites-moi part de ces informations, répondit le vampire d'un ton neutre en continuant à fixer l'inconnu au masque de fer.

Visiblement le vampire semblait disponible, bien cela lui éviterait de perdre du temps car ce n'est pas non plus comme s'il aimait ce genre de chose, l’oisiveté, déjà que c'était un péché, en plus ça n'apportait rien de bon surtout pour quelqu'un de sa position, et par ses temps où il fallait faire de son mieux pour le protectorat. Après tout chacun aurait tout le temps qu'il désirait pour se reposer une fois mort n'est-ce pas ? Ou deux fois mort dans le cas des vampires bien entendu. Ce qui en tarderait pas à arriver avec un peu de chance dans le cas des vampires théocrates, mais ce serait pour plus tard si Néant était avec eux.

« Moi, et les autres hauts officiers présents au conseil avont discutés aujourd'hui de plusieurs détails. L'un d'entre-eux est la vérification prochaine des stocks, y compris ceux sous vôtre supervision, je viens donc vous dire de vous tenir prêt à cette prochaine inspection, comme vous vous en doutez celle-ci va être particulièrement rigoureuse. » Après tout on ne pouvait pas accepter le gaspillage, ou autre formes d'usage idiot de la marchandise au sein d'un protectorat où l'on manquait presque de tout, ce n'était pas riche, mais spartiate par ici, pour Christan cela n'était pas gênant car il n'avait pas besoin de luxe pour vivre, mais un peu plus de ressource aurait donné moins à s'inquiéter pour la question de l'approvisionnement militaire néanmoins.

« Sinon autre chose sortant de ce cadre, étant donné que vous étiez l'ancien intendant. Vous avez pensé à faire part des emplacements de ravitaillement, ou de quelques connaissances précieuses de ce genre à la triade ? D'ailleurs... Il serait une bonne chose que veniez assister à l'un de nos conseils, vos connaissances sur la théocratie pourraient s'avérer précieuses, et cela pourrait aider l'effort de guerre. » Ce qui était l'essentiel, l'effort de guerre, voilà ce qui était dans les pensées de la plupart des protégés qui devaient sans cesses contribuer à cette guerre contre la théocratie pour espérer seulement pouvoir vaincre un jour…

« D'ailleurs si vous avez un peu de temps à disposition, j'aimerai vous demander quelques informations au sujets par exemple des déserteurs alayiens sévissant en théocratie. » Après tout tout ce qu'il pouvait savoir sur ces sales chiens de traître pour possiblement les tuer était bon à prendre n'est-ce pas ?

Enfin parler aussi poliment, si on pouvait appeler ça poli n'était pas courant pour lui, enfin avant qu'il soit officier, maintenant il commençait à maîtriser un peu la chose, enfin les bases, pas qu'il ait le choix sur le fait de les maîtriser, ou pas après tout… Il fallait savoir se tempérer au protectorat. Une chose que Christan n'était pas habitué à faire, mais les circonstances ont fait qu'il a développé une patience, faiblarde, mais une patience...

Lorën continuait à observer avec curiosité ce mystérieux homme enfermé dans son armure d'acier. Qui pouvait-il bien être et pourquoi dissimulait-il ainsi son visage derrière un épais casque ? Cherchait-il à conserver son anonymat et si oui pour quelle obscure raison ?

Toutefois, il ne faisait aucun doute que cet humain occupait une haute fonction et participait aux conseils. Ce simple fait justifiait une certaine politesse à son égard malgré le fait qu'il n'était pas son supérieur. Quoiqu'il en soit, ce dernier pouvait malgré tout avoir une certaine utilité.

Faisant preuve de patience, le vampire écouta ce que ce haut-officier avait à dire; celui-ci l'informa qu'une inspection aurait lieu prochainement et qu'elle serait particulièrement rigoureuse. Cette annonce n'étonna nullement le vampire car il avait déjà remarqué que le protectorat disposait de ressources...pour le moins "limitées". Et encore, il s'agissait d'un euphémisme et ces conditions précaires imposaient de sérieuses restrictions et économies de moyens.

- J'en prends bonne note, répondit le vampire d'un ton neutre. Je me doute bien que l'inspection sera très sévère car le Protectorat est très pauvre comparativement à son ennemie la Théocratie. Donc il est indispensable d'éviter tout gaspillage et d'utiliser au mieux le peu dont nous disposons.

Puis le vampire poursuivit calmement en continuant à fixer l'homme à la tête d'acier:

- Mais n'ayez crainte, je possède une solide expérience de gestionnaire en raison de mon ancien rôle de grand intendant dans l'armée vampirique. J'ai donc utilisé les compétences acquises durant cette fonction afin de gérer au mieux les stocks du Protectorat malgré le manque criant de moyens. Mais à la guerre comme à la guerre...

Ensuite le haut-officier lui demanda s'il avait fait part de l'emplacement des stocks de ravitaillement théocrates à la Triade. En entendant le nom de cette puissante organisation marchande, Lorën se crispa légèrement. Ce dernier gardait encore à l'esprit la "guerre froide" qui l'opposait autrefois à ces trafiquants du marché noir et qui à présent appartenaient également aux protégés. Certes, il ne les appréciait guère mais mieux valait faire "bonne figure" auprès de ces nouveaux alliés.

- Dès mon arrivée, j'ai immédiatement transmis ces informations à mon supérieur hiérarchique et je ne doute pas qu'il en ait fait bon usage. Je savais qu'en temps de guerre, celles-ci pouvaient se révéler essentielles et donner un avantage aux protégés face aux théocrates, répondit le nocturne d'une voix doucereuse.

- Par ailleurs, je connais bien les dirigeants de la Triade, surtout Corinne et Aldaron, et je suis certain qu'ils seront ravis de notre collaboration afin de contribuer ensemble à vaincre ce terrible dragon blanc, ajouta t'il en affichant un large sourire.

Dans les faits, Lorën trouvait cette phrase très ironique car il détestait la Triade qui le lui rendait bien. Après tout, il n'avait eu de cesse de tenter de les berner et de les voler pendant des années et il doutait du fait que cette "radine" de Corinne "oublie" si facilement leurs petits "différends" passés. Néanmoins, le vampire n'était pas contre l'idée de leur transmettre des informations si nécessaire et d'en tirer un "avantage" si possible...

- Bien entendu, je suis prêt à participer aux conseils et je me tiens à votre disposition pour toute information utile susceptible d'aider le Protectorat dans cette lutte acharnée que nous menons face aux troupes Théocrates. Mais pourrais-je savoir à qui ai-je l'honneur ?

Après que Lorën eut terminé sa phrase, le mystérieux homme masqué lui demanda s'il était disponible afin d'obtenir de plus amples informations à propos de déserteurs Alayiens présents dans les rangs Théocrates.

Le vampire le regarda fixement et une lueur d'intérêt s'alluma dans ses prunelles dorées; en voilà une question intéressante, surtout qu'un "Alayien" servant sous la bannière de Vraorg, il en avait croisé un récemment à Caladon. Bien sûr, ce n'était pas le seul qui sévissait en Théocratie mais celui-là il ne l'avait pas oublié...Cet ô combien arrogant soldat nommé Alauwyr Iskuvar.

- Il y a des déserteurs Alayiens en Théocratie et certains d'entre eux servent comme soldats dans l'armée de Vraorg. Ils sont peu nombreux mais bel et bien présents, répondit le vampire d'un ton détaché. Que désirez vous savoir ?

Ce vampire connaissait au moins le point de vue protégé sur l'aberration qu'était le gaspillage à l'heure actuelle, et ce malgré les quelques vols de matériel théocrates il était rare que les protégés aient vraiment de quoi entièrement faire, enfin cela au moins permettait de pouvoir exercer ses compétences d'officiers dans des conditions difficiles ce qui était toujours mieux pour devenir meilleur, le problème c'est que pour les nouveaux, ou récents officiers comme lui cela était assez difficile vu qu'ils manquaient d'expérience contrairement aux anciens commandants qui savent déjà comment y faire a peu près, mais de toute manière c'est bien on forgeant qu'on devient forgeron, et sur un plan tactique au final la situation actuelle était on pouvait le dire presque inédite.

« Il vaut mieux car si le protectorat échoue c'est nos têtes à nous protégés qui finiront sur le billot au mieux. » Juste pour préciser qu'ils étaient tous embarqués jusqu'au coup dans cette histoire, pas que c'était vraiment nécessaire, mais après tout aux dernières nouvelles le vampire en face de lui avait trahit son camp depuis peu, et il valait mieux pour ce dernier qu'il sache que soit maintenant il vit avec le protectorat, ou il meurt avec le protectorat, le retour en arrière était de ce fait proprement impossible.

« Bien avec de la chance cela aidera grandement. » Dit-il ensuite en hochant la tête, visiblement le vampire avait eu quelques réflexes de bases, cela ne pouvait qu'aider grandement pour le futur au final. Après tout ne pas avoir apporté les informations qu'il avait aurait quand même était à même de faire jaser surtout sachant que les protégés avaient besoin le plus possible de tout ce qui pouvait aider même ne serait-ce qu'un peu l'effort de guerre. Et ne pas avoir pensé à cela aurait été une marque d'incompétence, heureusement pour ce vampire il n'était pas un incompétent visiblement.

« Christan Weren commandant, et aussi général alayien temporaire en l'absence de l'honoré Aldakkin du Néant. » Dit-il simplement à la question du vampire sur son identité, enfin les anciens rebelles le connaissaient aussi sous le surnom de sans cœur pour avoir amené un commando au sein de la cité d'Aigue Royale, et commit un massacre à l'arrière des lignes rebelles lors de la bataille de l'Aube Rouge. Donc il n'était pas tant un anonyme que cela.

« Tout bien entendu, nous les alayiens n'aimons pas ces sales chiens de traîtres, la mort est un sort trop doux pour eux. Et ils devront tous répondre de leurs trahison le moment venu. » Il réfléchit courtement, et acheva ensuite quand il pensa à un alayien en particulier. « Mais avant d'en demander plus, j'aurai une question à vous poser, il y a un alayien dont je n'ai plus eu de nouvelle, c'était un ancien guerrier alayien, je crois qu'il est mort, mais n'en suit pas sûr… Alauwyr Iskuvar cela vous dit quelque chose ? » Il espérait que la réponse soit mort, mais le fait qu'il soit vivant était toujours possible, et vu qu'il n'était pas protégé… Enfin voilà une questions plus anecdotique qu'autre chose sans doute .

Après que le vampire ait répondu aux questions du haut-officier, ce dernier lui rappela l'importance d'une collaboration entre protégés afin d'éviter les fâcheuses conséquences qui découleraient d'une défaite contre Vraorg.

En entendant ces paroles, Lorën esquissa un sourire d'ironie amère. En effet, il ne connaissais que trop bien le sort qui les attendait tous si le terrible dragon blanc remportait la victoire dans cette guerre qui l'opposait aux esprits. Par ailleurs, le nocturne avait déjà risqué gros en trahissant le prince des vampires, Lorenz Wintel, qui ne manquerait pas de lui faire payer, au centuple, cet acte séditieux si l'occasion se présentait. Dès lors, il était dans son intérêt de contribuer au maximum à l'effort de guerre et d'aider de son mieux ses nouveaux alliés.

Lorën hocha la tête en signe d'acquiescement avant de répondre d'un ton calme:

- Je connais le funeste sort qui nous attends si nous échouons car le dragon blanc ignore la pitié. Mais je ferai le nécessaire pour que les protégés remporte cette bataille en contribuant le plus possible à l'effort de guerre.

Ensuite, l'étrange homme entièrement revêtu d'une armure se présenta. Il se nommait Christan Weren et occupait le poste de commandant voire même celui de général, en l'absence d'Aldakkin du Néant, au sein de l'armée Alayienne.

Le vampire demeura un peu abasourdi à l'annonce de son identité; certes, il avait deviné sans peine qu'il s'adressait à un haut-gradé mais ne s'attendait à une telle révélation. Le nom de cet humain ne lui était nullement inconnu car les anciens rebelles l'avaient surnommé "le sans-cœur". Ce fanatique Alayien s'était tristement illustré en menant un commando au sein de la cité d'Aigue-Royale et en perpétrant un massacre dans les lignes rebelles durant la sanglante bataille de l'Aube rouge.

Après s'être présenté et demandé au nocturne des informations à propos des déserteurs Alayiens. Le commandant poursuivit et expliqua à Lorën la "punition" que les Alayiens réservaient aux traîtres à leur cause. Sans surprise, il s'agissait d'un sort peu enviable mais après tout ce peuple n'était guère réputé pour sa magnanimité.

Tout d'un coup, le militaire prononça un nom ô combien familier et honni: Alauwyr Iskuvar !

Le vampire regarda fixement Christan, du moins son casque, et les petits yeux sombres qui apparaissaient derrière ce masque de métal, tentant de deviner ses émotions. Tiens donc, ces deux-là se connaissaient ! Voilà qui devenait très intéressant, surtout après que ce cher commandant l'ait informé du traitement infligé aux transfuges de l'armée Alayienne.

Lorën émit un petit ricanement et afficha un large sourire, dévoilant un peu ses canines acérées.

- Commandant Weren, on dirait bien que c'est votre jour de chance. Vous avez bien dis Alauwyr Iskuvar ? Il se trouve que j'ai croisé une énergumène portant ce nom le douze décembre dernier à Caladon. Celui-ci servait comme soldat dans l'armée Théocrate. Ainsi c'est un traître, cela ne m'étonne guère de sa part.

Puis le nocturne réfléchit un bref instant avant de poursuivre:

- J'ai un compte à régler avec cet homme et il sera certainement très heureux de me revoir. Serait-il possible pour moi d'assister à son châtiment le jour où il sera capturé par les protégés ? Car je ne doute pas que ça sera le cas. Par ailleurs, je possède un espion posté à Caladon qui connaît parfaitement son signalement et ne manquera pas de m'informer s'il réapparaît là bas ou dans les environs. Bien entendu, je vous en ferai part, dit Lorën, en continuant à dévisager le masque d'acier de son interlocuteur.

Bien au moins ce vampire ne se faisait pas de fausses illusions, et ne serait-ce que par pur instinct de survie il tâcherait de faire de son mieux, cela en faisait donc quelqu'un d'à peu près fiable dans l'optique de l'effort de guerre. Car après tout on ne pouvait pas vraiment considérer un vampire totalement fiable selon Christan, cette race était tellement apte à la fourberie, et autres petites choses, il n'y avait qu'a voir la trahison des vampires envers la cause rebelle il y a trois ans, comme celle des loyalistes envers les alayiens, au fond en faîte il ne valait mieux se fier à personne si l'on voulait perdurer.

Enfin en somme on pouvait aller au vif du sujet, et vu que l'on avait parlé de la prochaine inspection du matériel militaire, Christan pouvait poser quelques questions pratiques à Lorën au sujet des déserteurs alayiens, au passage peut-être demander des nouvelles de quelqu'un qu'il n'avait pas vu depuis longtemps, après tout il y avait peu de chance qu'Alauwyr soit encore en vie, mais on ne savait jamais après tout? Néanmoins il posa la question malgré les faibles chances que la réponse soit affirmative après tout quelles chances avait ce vampire de savoir qui était Iskuvar qu'il soit en vie, ou non ?

Mais visiblement ça devait être le cas au vu du ricanement, et du sourire du vampire, et de la réponse de ce dernier.

« Ce sale chien... » Dit Christan d'un ton sombre, et mauvais en entendant qu'Alauwyr servait dans l'armée théocrate, et était un traître.

« Sa description physique, pourriez vous me faire sa description physique ? Cela a peu de chance d'être un malentendu, mais on ne sait jamais après tout, une simple formalité. » Dit-il d'un ton grave. « Vous savez bien que le protectorat n'autorise ni la torture ni les exécutions publiques, le pire qu'il aurait ici serait l'emprisonnement, s'il y a châtiment il devra être livré arbitrairement dans les plaines rebelles... » Donc pas vraiment l'idéal en somme sauf s'ils gardent ça pour eux. « Néanmoins si c'est bien lui vôtre aide sera utile pour l'attirer dans nos filets, sa capture sera une excellente chose, mais avant de le ramener au protectorat je devrai lui faire passer un petit interrogatoire pour extirper la vérité, et décider de son sort par la suite. Considérer que vôtre présence non loin fera partie de son châtiment. Après tout les blessures morales sont souvent aussi rudes que les blessures physiques… Alauwyr est quelqu'un de fier, et têtu, blessé son orgueil lui fera bien plus mal que lui retirer les entrailles à mains nues croyez-moi. Nous ne pouvons pas le torturer, mais aucune loi n'interdit l'humiliation n'est-ce pas ? » Dit Christan d'un ton teinté d’une certaine malveillance tout d'un coup. L'idée de coopérer avec un vampire ne lui était pas forcément jouasse, mais châtier un traître était bien plus important que la fierté personnelle...

Lorën continuait à détailler le commandant Alayien qui se tenait face à lui avec une certaine curiosité. L'épais casque d'acier qui masquait ses traits ne l'autorisait pas à observer les expressions de son visage. Néanmoins, les sens sur-aiguisés du vampire lui permettait de percevoir les battements de son cœur et de scruter avec une acuité sans pareille la moindre de ses postures corporelles.

Ce dernier semblait également désireux de collaborer activement à l'effort de guerre, y compris avec un vampire et cela en dépit de son dévouement fanatique à la cause de Néant. Mais après tout, ce commandant avait peut-être décidé de surmonter sa répulsion initiale envers les elfes, les vampires et la magie afin de sauver sa chère Néant.

Le nocturne, lui-même avait décidé de mettre de côté ses vieilles inimités car il en allait de sa survie et, surtout, de l'influence qu'il cherchait à gagner au sein du Protectorat. Mieux valait donc ne commettre aucun faux-pas et se montrer sous un jour favorable. Par ailleurs, Lorën excellait à ce petit jeu de faux-semblants et avait été à bonne école lorsqu'il servait son ancien maître, Lorenz Wintel. A l'époque aussi, le vampire avait dû lutter pour sa survie et faire preuve d'hypocrisie et de ruse pour s'élever au sein de la hiérarchie vampirique.

Toutefois, Lorën ne put s'empêcher d'être un peu surpris que ce haut-officier lui demande s'il connaissait un certain "Alauwyr Iskuvar". C'était une sacrée coïncidence mais cela faisait rudement son affaire. Depuis leur altercation à Caladon, le nocturne avait une dent contre cet Alayien trop arrogant. Ce dernier s'était permis de le menacer avec son épée et de chercher à l'intimider. Mais il allait bientôt payer sa témérité ! Et grâce à Dracos, le destin avait mis ce commandant sur sa route; peut-être que celui-ci servirait d'instrument à son désir de vengeance.

Quand le nocturne lui annonça qu'Alauwyr Iskuvar avait survécu et rejoint le camps théocrate par dessus le marché, le militaire lâcha une injure d'un ton grave.

"Magnifique", pensa le vampire en esquissant un sourire. C'était leur jour de chance à tous les deux et il se pourrait que leur future collaboration s'avère très fructueuse.

Après cela le commandant Alayien demanda au nocturne de décrire le déserteur et l'informa que la torture n'était pas autorisée au Protectorat.

Lorën ne put s'empêcher de se sentir déçu, il aurait adoré voir Alauwyr se faire torturer. Celui-ci avait sans doute reçu une bastonnade ou s'était fait "malmené" par le sergent et ses hommes à Caladon. Hélas, il n'avait pas pu y assister.

- "Quel dommage que la torture soit interdite au Protectorat car cet Alauwyr le mérite amplement. Cela lui ferait le plus grand bien. Et encore c'est un châtiment trop doux pour un être abject de son espèce", répondit le vampire avec une moue dégoûtée.

Christan demanda à Lorën de plus amples informations quant au physique du traître en question afin de s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un malentendu. Par chance, le vampire l'avait vu d'assez près pour être capable de le décrire avec précision et de le reconnaître entre mille.

- L'homme que j'ai rencontré à Caladon avait une démarche très particulière, des cheveux d'un blanc neigeux, des yeux foncés et le visage couturé d'une ancienne cicatrice. De taille, il était plutôt grand, environ un mètre nonante et approchait la quarantaine.

Néanmoins, malgré le fait qu'il ne puisse pas torturer ce cher Alauwyr, le commandant Alayien expliqua au vampire que son aide serait très profitable pour capturer le transfuge. De plus, il était désireux de lui faire passer un petit "interrogatoire" avant de décider de son sort. Et les lois du Protectorat n'interdisait pas l'humiliation, ce qui représentait une excellente nouvelle. En effet, comme l'avait dis le haut-officier Alayien, cet Alauwyr possédait un Ego surdimensionné et des blessures morales lui feraient sûrement plus mal que la souffrance physique.

Une lueur sombre s'alluma dans les prunelles dorées du vampire:

- Parfait. Puisque nous poursuivons le même but, à savoir la capture d'Alauwyr Iskuvar, je chargerai mon homme de main de m'informer lorsqu'il pointera le bout de son nez et je le ferai tomber dans mes filets. Ensuite, vous pourrez procéder à ce petit "interrogatoire" auquel j'aurai bien du plaisir à assister, dit-il avec un petit rire sardonique.

Ce qu'on pouvait dire des vampires c'est qu'ils aimaient la torture, et même si Christan devait avouer qu'il appréciait aussi celle-ci quand elle était prodigué à ceux qui le méritaient comme les traîtres il pensait que la passion des vampires pour cette dernière était malsaine, après tout les vampires semblaient selon lui aimait la torture pour tout, et pour n'importe quoi, il se rappelait encore d'ailleurs de ce maudit vampire roux qui s'était amusé avec lui, voilà bien un chien qui s'il tombait entre ses mains allait regretter d'être né. Bien entendu ce vampire s'il était encore en vie devait être du côté théocrate comme quoi la race vampirique avait bien aussi ses chiens ignobles, au vu de la dite race en question on pouvait imaginer le niveau de perversion de ces dits vampires. Qui ne valaient pas mieux que des bêtes bonnes à égorger. Des loups qu'il fallait abattre pour protéger le troupeau en somme.

Néanmoins Christan grinça des dents quand la description que lui fit le vampire d'Alauwyr semblait totalement exacte, ce chien… Voilà bien une chose qu'il ne s'attendait pas, Alauwyr, il s'était battu avec lui, il lui avait sauvé la vie, ce qui était le plus proche d'un ami pour lui dans l'armée alayienne avait trahit. Bon sang ! Cela prouvait bien qu'il ne fallait pas faire confiance aux piètres croyants, Alauwyr n'avait jamais eu un tatouage très développé, Weren aurait mieux fait de le mépriser pour cela que d'essayer de lui faire voir la lumière du Néant. Sans doute qu'Iskuvar avait dû prendre Vraorg pour un dieu plus digne de lui, eh bien soit. Alauwyr mourrait pour son dieu si c'était cela, et Christan lui montrerait au passage que la foi en Néant était la vrai force d'un fidèle. Et non celle envers un faux dieu comme Vraorg…

« Ce sera une bonne façon de faire le ménage... » Il se demandait même si après son interrogatoire il ne passerait pas une épée à Alauwyr puis le provoquer en duel, connaissant ce dernier il se battrait jusqu'au bout, et ce serait en somme l'occasion idéale pour faire un combat à mort contre lui, après tout ce traître en plus d'être humilié mériterait de perdre une bonne fois pour toute la compétition qu'il avait entamé pour Christan. Après rien ne disait qu'Alauwyr n'était pas devenu plus fort depuis le temps, mais pour sa part Weren n'avait pas perdu son temps pour s'améliorer en trois ans, un beau combat en somme, mais il verrait bien en temps voulu.

« Vous devriez réfléchir aussi à des façons de l'humilier, j'ai des idées, mais vous les vampires vous êtes doué dans ce genre de chose après tout... » On voyait bien les préjugés alayiens ressortir, mais bon après tout il y avait une part de vérité là-dedans, mais pour Weren il restait que les vampires avaient un goût malsain pour faire souffrir, et humilier selon lui, et la façon dont l'autre se réjouissait de ce qui arriverait à Alauwyr semblait beaucoup démontrer.

« En parlant de cela d'ailleurs quand j'y pense, je n'ai pas à rendre des comptes qu'a ce crottin de sous alayiens d'Alauwyr, mais… Il y a un vampire aux long cheveux roux à l'air assez effémine, si vous avez une quelconque piste sur lui, ce sera très très apprécié… Et même si je n'apprécie pas devoir quoi que ce soit à quiconque, mais je me rappellerai que je vous devrai une faveur en retour d'un de ces services… Mais ceci tâchez de le garder pour vous, compris? » Acheve t-il à vois basse. APrès tout il n'y avait que Néant qui passait avant l'honneur aux yeux de Weren, et si l'honneur lui dictait qu'il devrait rendre un service à un vampire pour ce genre de chose car ce dernier s'était montré utile, eh bien qu'il apprécie, ou pas la chose il devrait le faire sauf si cela allait à l'encontre des intérêts de Néant bien entendu...

Quelle ironie du sort que de croiser la route de ce commandant Alayien qui connaissait Alauwyr Iskuvar; à croire que le grand Dracos était joueur et éprouvait un immense plaisir à manipuler les destinées des êtres. Cependant, Lorën n'allait pas s'en plaindre, que du contraire, cette rencontre fortuite lui fournissait une occasion rêvée de se venger de cet ignoble Alauwyr. Le vampire gardait encore en mémoire, le souvenir cuisant de leur rencontre dans une ruelle de Caladon, juste devant un poste de garde. Le soldat balafré, au regard sombre, n'avait pas hésité à faire preuve d'une rare arrogance à son égard en refusant de répondre à ses questions concernant une jeune elfe. De plus, celui-ci avait même eu l'outrecuidance de le menacer à l'aide de son épée, comme s'il espérait l'occire. Un tel comportement était inadmissible aux yeux du nocturne et il n'avait nullement l'intention de laisser cet épéiste sans tirer à si bon compte.

Hélas, à son grand regret, la torture était proscrite par les lois du Protectorat; qu'importe, Lorën ne manquait pas d'imagination et l'idée de nuire à l'Alayien l'inspirait tout particulièrement. Il trouverait bien un moyen créatif d'humilier cet avorton car comme l'avait souligné le haut-officier, pour un homme aussi fier qu'Alauwyr, cela représentait une souffrance plus lancinante que de les affres de la torture physique.

Face à lui, Christan Weren demeurait imperturbable mais les sens aiguisés du vampire sentirent le pouls de ce dernier s'accélérer dans sa poitrine lorsqu'il acheva de décrire le soldat rencontré à Caladon. Nul doute n'était permis, il s'agissait bien de l'homme recherché par ce commandant.

"Ce sera une bonne occasion de faire le ménage", grinça le militaire entre ses dents. Lorën acquiesça de la tête; de toute évidence, son interlocuteur nourrissait lui-aussi certains griefs à l'encontre du déserteur. Après tout, celui-ci n'aurait pas questionné le vampire à son sujet, mettant provisoirement de côté sa répugnance envers les créatures de la nuit, sans posséder une excellente raison d'agir de la sorte.

Le nocturne était curieux de voir de quelle manière se déroulerait les retrouvailles entre le haut-officier et le transfuge de l'armée Alayienne. Certainement pas sous les meilleurs auspices et avec un peu chance, il pourrait même y avoir quelques effusions de sang.

En tant que prédateur, le vampire conservait cet attrait pour la cruauté et l'idée de participer à un carnage attisait son instinct meurtrier. Néanmoins, il savait que sa cohabitation pacifique avec les autres races peuplant le Protectorat l'obligerait à tempérer quelque peu ses ardeurs et à respecter les lois en vigueur.

Ensuite Christan demanda à Lorën, de sa voix grave, de réfléchir aux multiples façons d'humilier le traître, mettant en avant le fait que les vampires excellaient dans cet art ô combien délicat.

Le nocturne afficha un large sourire, en plongeant ses yeux dorés dans le regard foncé du commandant Alayien, dissimulé derrière son masque de métal:

- J'aurai le plus grand plaisir à humilier ce cher Alauwyr, de toutes les manières possibles et imaginables. Croyez-moi, il risque de ne jamais l'oublier et de regretter amèrement le jour où il a croisé ma route une première fois.

Après cela, le haut-officier lui demanda s'il possédait des informations concernant un vampire roux à l'air efféminé. Lorën demeura silencieux un bref instant, le temps de réfléchir à qui pouvait bien correspondre une telle description. Il avait bien quelqu'un en tête...
Toutefois, c'était un peu surprenant qu'un Alayien lui demande des informations concernant l'un de ses congénères. Sans doute, avait-il eu affaire à ce dernier par le passé et cherchait-il un moyen de se venger, tout comme Lorën désirait châtier Alauwyr pour son arrogance.

Un autre vampire aurait peut-être manifesté une certaine réticence à "trahir" l'un de ses semblables, mais il n'était pas de ceux-là. Peu lui importait le sort de ce "rouquin efféminé" que le commandant Alayien recherchait.

- Ce vampire roux et "efféminé", il s'appelait pas Kedrilan Maralawë par hasard ? Il existe bien un vampire roux et "efféminé" qui est dragonnier et sert Vraorg. D'après certaines rumeurs, celui-ci vivrait dans le luxe et l'opulence.

Puis Lorën ajouta avec un petit sourire en coin:

- Bien entendu, je suis persuadé que vous ferez un très bon usage de ces informations. Et je serai muet comme une tombe à ce sujet car je ne doute pas que vous saurez vous souvenir de ce service rendu le moment venu.

Il n'aimait pas les vampires, mais maintenant qu'il était au protectorat il devait savoir coopérer avec eux dans l'optique de détruire la théocratie, et aussi d'être plus efficace, une fois Vraorg vaincu on verrait bien comment les choses tourneraient, et si Néant désirait encore que l'on purge tout ces impurs de non humains, ce serait alors ce qu'il ferait avec joie si l'unique le désirait, mais pour le moment libérer Néant était plus important que tout. Pensa t-il en soutenant le regard du vampire, le fait de devoir coopérer avec des abominations de la magie après tout était une épreuve de foi comme une autre, et il vaincrait vaille que vaille ce maudit dragon blanc car l'unique ne saurait plus longtemps subir l'affront que Vraorg le blanc lui a fait, et ce bien trop longtemps…

« Bien, l'efficacité, voilà tout ce importe quand il s'agit d'un traître. Et si vous mettez la main sur lui avant moi ne lui laissez pas l’occasion de se défendre, car cette andouille serait fichu de se battre à mort plutôt que de se rendre pour avoir la vie sauve. » Cela il ne le savait que trop bien, à vrai dire Christan aurait même fait pareil, se battre à mort plutôt qu'être capturé vivant, un vrai guerrier meurt, ou bat son adversaire, celui qui se fait capturer échoue sur tout les plans car il n'a même pas pu compenser le déshonneur de la défaite par une mort honorable.

Puis ensuite il pensa à autre chose, cette sale vipère effémine de vampirette aux faux airs masculins… Ah oui il ne l'avait pas oublié ce sale vampire, et sûrement pas pardonné. N'oublie jamais, ne pardonne jamais...

« Kedrildan, et un dragonnier en plus de ça... » Dit-il d'un ton plus que malveillant, ah oui dragonnier, ou pas rien ne protégerait ce vampire du général si ce dernier mettait la main sur lui, il allait le faire souffrir, et le dépecer longuement, un être aussi ignoble n'avait pas le droit d'exister, il arracherait la peau du vampire, et serait presque capable d'en faire un étendard à envoyer à Vraorg pour lui montrer que les chiens qui le servent dragonnier, ou pas n'étaient pas à l'abri, enfin ce serait beau, mais dur à faire. Néanmoins Weren ne manquerait pas de détermination dans l'accomplissement de cette tâche ci.

« Bien… » Que la chose ne s'ébruite pas ne pouvait que l'arranger, après tout il n'avait aucunement envie que tout le protectorat sache qu'il avait un service à rendre à un vampire, coopération ou non il avait une réputation à entretenir…

« D'ailleurs je préfère savoir d'avance quel genre de service vous pourriez me demander, que je puisse ainsi me préparer d'avance à vous le rendre, car la situation du protectorat est toujours changeante, et pas forcément stable,et il peut se passer beaucoup de chose en peu de temps, et on ne sait pas comment les choses évolueront... »

Le vampire gardait ses yeux dorés plongés dans ceux de l'homme, au visage dissimulé derrière un masque de fer. Celui-ci ne les détourna pas un seul instant et l'intendant crût y lire une farouche détermination. Qu'est-ce qui pouvait pousser un fanatique tel que ce Christan Weren à coopérer aussi "facilement" avec des vampires ? Loren était trop lucide pour croire à un revirement de personnalité ou à une quelconque "ouverture" d'esprit à l'égard de créatures "magiques" telles que les elfes et les vampires. Non, il devait forcément y avoir d'autres raisons plus "pragmatiques", telles que vaincre Vraorg et sauver Néant.

Toutefois, cette "alliance" pour le moins inattendue et surprenante ne le dérangeait pas outre mesure. L'intendant ne possédait pas la faiblesse d'esprit de nourrir des idéaux ou de vénérer une quelconque divinité. La seule chose qui l'intéressait, dans l'immédiat, était de tirer profit de la situation afin de parvenir à ses fins. Bien évidemment, le nocturne n'avait nullement, en son for intérieur, oublié les atrocités commises par les soldats Alayiens lors de la terrible bataille de l'Aube Rouge. Cependant, les circonstances actuelles valaient bien de faire un petit "sacrifice".

Après cela, le haut-officier Alayien lui demanda de ne pas laisser l'occasion au traître de se défendre si celui-ci tombait entre ses mains. D'après ses dires, cet imbécile serait capable de combattre jusqu'à la mort plutôt que de se rendre.

En entendant ces paroles, Loren afficha un sourire empreint de froide ironie et se remémora sa rencontre avec Alauwyr Iskuvar, à Caladon en décembre dernier. L'homme s'était montré si fier et téméraire qu'il n'avait pas hésité à brandir son épée, face à un vampire, dans le seul but de ne pas s'avouer vaincu. Pourtant, l'avorton serait contraint de plier face à plus fort que lui...
Tout comme la plus solide lame d'une épée pouvait être brisée un jour.

- Je connais suffisamment ce crétin d'Alauwyr pour savoir qu'il tentera de se battre jusqu'au bout, même s'il n'a aucune chance, juste à cause de sa satanée fierté. Mais, mon objectif n'est pas le tuer car cela représenterait un châtiment trop doux pour quelqu'un comme lui. Je désire qu'il reste en vie et qu'il endure, chaque jour, le cruel châtiment de l'humiliation qui sera la sienne. C'est là que réside une véritable victoire sur cet homme.

Quand l'intendant révéla l'identité et la fonction honorifique de Kedrilan, l'officier manifesta sa colère d'un ton empreint d'agressivité. Ce qui ne manquât pas d'amuser Loren car il imaginait une relation, pour le moins orageuse, entre les deux individus. Si tous deux se rencontraient prochainement, cela ne manquerait pas de "piquant".

Ensuite, le commanda demanda avec prudence quel genre de service l'intendant lui réclamerait ultérieurement, afin qu'il puisse s'y préparer. D'autant plus que la situation du Protectorat demeurait très instable et changeante.

- Il s'agira très probablement d'avoir des informations à propos de l'un ou l'autre individu que, de par votre situation de haut-officier ou le hasard des circonstances, vous seriez amené à détenir. Et peut-être également une coopération si nous poursuivons un objectif commun comme c'est le cas aujourd'hui avec la capture de ce traître d'Alauwyr.

Puis, il ajouta d'un ton calme:

- Si vous n'avez rien d'autre à me demander, je dois vous laisser car j'ai encore du travail qui m'attend. Je vous tiendrez au courant si j'obtiens une information de quelque nature que ce soit à propos d'Alauwyr Iskuvar.

Quand il eut achever sa phrase, Loren salua Christan Weren d'un signe de tête avant de s'éclipser pour vaquer à ses occupations d'intendant.

Spoiler:

Décidément Alauwyr était doué pour se faire des ennemis pas très conseillés, la preuve il s'était fait comme ennemi un vampire protégé, et nul autre que Christan Weren son ancien camarade de combat. Ah rien ne pourrait s'interposer entre le sans cœur, et sa vengeance pour la traîtrise d'Iskuvar, il tâcherait de lui démontrer ce que c'était de renoncer au Néant pou un dieu impie, et usurpateur comme le dragon blanc. Et maintenant qu'il avait perdu Néant Iskuvar devait perdre tout le reste que ce soit sa fierté, et son honneur, là il verrait ce qu'il en coûtait de trahir Väsà juste pour assurer sa petite survie, car un vrai fidèle se battrait à mort du côté du Néant, et n'irait sûrement pas rejoindre le rang des hérétiques…

« Je vois, nous verrons ce que cette coopération pourrait apporter à l'avenir. » Ce n'était guère vraiment une coopération officielle, et ce n'était pas plus mal à vrai dire, car il n'avait pas envie de devenir ami avec un vampire, ou un elfe. Ils restaient après tout des êtres de magie, et la seule raison pour laquelle ils acceptaient les alayiens actuellement c'était bien pour terrasser Vraorg, car ce dernier était une menace encore pire, et après tout l'ennemi de mon ennemi n'est pas ami… Juste un problème pour plus tard. Néanmoins s'ils pouvaient coopérer pour vaincre pour le moment autant le faire, il serait bien le temps après de faire selon la volonté du Néant... Quand Néant sera à nouveau capable d'exprimer cette dernière.

« Je n'ai rien d'autre à ajouter, qu'il en soit ainsi si telle est la volonté de Néant... » Acheva t-il ensuite placide, après tout lui aussi avait des choses à faire au final, et il lui tarderait bien de faire table rase d'un passé encombrant surnommé Alauwyr Iskuvar quand il en aurait l’occasion… Comme quoi le vrai fidèle ne devait jamais se relâcher que ce soit pour châtier les traîtres, ou faire en sorte de ne pas devenir soit-même l'un de ces honnis filons…

[Hrp : Je vais m'occuper des demandes du coup^^.]