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Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE

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Esmelda Kohan
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MessageSujet: Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Icon_minitimeMar 11 Fév 2014 - 22:08

L'hiver était bien là. Le vent glacial de l'est ne cessait de souffler et la pluie fine et froide jouait à cache cache avec les nuages et laissait parfois le matin se parer d'un joli givre étincelant. Un hiver rude, qui ne laissait aucun répit aux populations les plus démunis. Entre ce maudit temps qui menait à mal les récoltes et les quelques raides vampiriques qui brûlaient et ruinaient les greniers et réserves des villages, les basses couches de la population souffrait et par conséquent la princesse aussi. De se sentir ainsi démuni face à des enfants ayant faim, une mère demandant l’aumône de quelques pièces pour un peu de lait. Alors que les repas au palais étaient opulents et regorgeaient de toutes sortes de mets dont beaucoup finissaient à la poubelle. Un gâchis qui énervait la jeune princesse. De ce fait, elle avait demandé à Miss Padmore, la responsable des cuisines, une femme forte, qui n'avait pas la langue dans sa poche, de laisser les restes se glisser hors du palais et être servi à ceux qui en avait besoin. Esmelda laissa aussi quelques pièces de plus pour augmenter le trafic en produit nécessaire dans ce cas de figure. Mais hélas cela ne s'étendait que pour Gloria. Et les autres. Il y avait aussi à faire dans les petits villages.

Et à peine revenu des vacances d'hivers à Aldaria et sur les côtes, la princesse insista pour suivre son frère un peu plus à l'est, à peine quelques heures de cheval, pour suivre l'empereur à Monasterevin. Son frère devait s'y rendre en urgence, un village non loin avait été attaqué par des vampires et le jeune baron qui venait de prendre la succession de son père avait accepté de les recevoir avec les grands honneurs. Voyage rude, triste, et Esmelda chercha à apporter son aide du mieux qu'elle pouvait aux familles dans le besoin. Trop peu à son goût. Encore la faute de ces satanés vampires. Oui, il fallait couper l'herbe sous le pied de ce prince vampirique. Et ils n'y parviendraient qu'avec l'aide de Kylian, lui connaissait mieux que quiconque les plans de ce vampire de malheur et leurs façons d'agir.

Sur le chemin du retour, elle demanda d'ailleurs à bifurquer par le vieux chêne pour voir si le vampire rebelle lui avait laissé une lettre. Accompagné de Ninna, en prétextant une excuse bidon, crédible ou pas, en tout cas elle eut ce qu'elle désirait. Galopant au travers de la plaine, Esmelda sentait le vent du nord frapper son visage. La pluie avait cessé une chance.

La princesse saute de son destrier blanc d'un pas léger, laissant son Galaad brouter quelques herbes qui séjournaient sous les arbres abritant la petit foret dont le vieux chêne trônait comme un prince.
Fouillant entre les pierres, la jeune femme sourit quand elle vit une lettre pliée. Des nouvelles, peut être meilleures que celle qu'elle avait pu voir ces derniers jours. Mais une fois la lettre dans la main, elle ne put constater que la noirceur de tâche sur le parchemin. Un coup au cœur vint la frapper et ouvrit bien vite. Elle lu avec attention les quelques phrases couchées avec tristesse dans ce qui semblait être une lettre d'adieu. La main venant se poser sur son cœur, elle se retourna vers son amie, en lui tendant la lettre.

«- Cela ne peut. Pourquoi ? Je dois le trouver. Les tâches ? Du sang ? Ninna il nous faut le retrouver. Part vers le nord, je vais vers le sud. »

La princesse remonta à cheval et partir en talonnant son destrier dans l'urgence. Cherchant dans les buissons, fourrées, recoins une trace, un indice qui pourrait montrer la présence du vampire, du moins si elle était sur la bonne voie. Mais rien. L'angoisse venait tordre de douleur le ventre de la princesse. Elle ne pouvait le laisser mourir, non il n'avait pas le droit de la laisser. Seule, elle n'y parviendrait pas. Esmelda le savait. Et surtout, la jeune femme ne voulait pas perdre un si gentil correspondant qui l'aidait à sortir de son quotidien et à apprendre sur le peuple des vampires.

Au loin, une vieille cabane de chasse. La princesse s'en approcha, peut être que ? Après tout, c'était un lieu couvert et tranquille.
La princesse remit pied à terre, et s'approcha à petits pas de la cabane, un peu craintive. Elle s'avança vers la fenêtre pour regarder à l'intérieur. Là son cœur faillit chaviré, quand elle vit une masse informe au sol.

Esmelda se mit à courir et ouvrit la porte avec fracas pour se jeter presque auprès du corps du vampire. Non, elle ne pouvait être arriver trop tard.
Avec une force insoupçonnée, elle retourna l'homme à demi pour entrevoir sous lui, une mare de sang noir. Une forte odeur de mort lui fit craindre le pire quand un mouvement lui fit prier et louer le Dracos.

«-Par tous les esprits !! »

Que dire de plus face au spectacle qui s'offrait à elle. Ses vêtements étaient imbibés de son sang. Ce qui surpris la princesse. Pour elle, les vampires se régénéraient. Il devait avoir subit une sacré attaque pour ne pouvoir compter sur ses capacités physiques. La princesse ressortit en vitesse chercher sa sacoche accrochée à sa selle.

Revenue près du vampire, Esmelda sortit un flacon de potion de guérison ultime. Elle passa son bras sous la nuque du vampire et apporta le flacon à sa bouche pour lui faire boire. En espérant que cela fonctionne sur les créatures de la nuit.

« -Par le Dracos, buvez, je vous en prie. Cela vous aidera. »

Les mains tremblantes, la jeune femme reposa le flacon et le corps du vampire contre le sol. Elle posa ensuite ses mains sur la chemise noire pour laisser sa magie aider celle de la potion. Il fallait que cela fonctionne. Esmelda ferma les yeux pour mieux se concentrer et se souvenir des mots de sa mère en matière de guérison.
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MessageSujet: Re: Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Icon_minitimeSam 15 Fév 2014 - 13:35

Il se souvenait vaguement avoir réussi à franchir la porte du petit relais de chasse dont il avait prévu de faire sa dernière demeure. Il se souvenait également s'être avancé de quelques pas dans la seule pièce du cabanon, avant que ses jambes ne se refusent définitivement à le porter. La suite, c'était l'image du sol montant à sa rencontre au rythme de sa chute, suivit d'un choc sourd lorsque son corps s'effondra sur les planches de bois irrégulières. Enfin, les ténèbres les plus épaisses l'avaient enveloppé et le silence le plus total s'était installé.

Il ne pourrait dire exactement combien de temps s'écoula ainsi, sans doute parce qu'il n'aurait pu dire non plus s'il avait alors été conscient ou pas, ni même s'il était encore de ce monde ou pas. Il s'en moquait éperdument, en vérité, car aussi étrange que cela put paraître, il se sentait presque bien, étendu là sur le plancher à se vider de son sang. A sa grande satisfaction, il était en effet parvenu à avertir la princesse, et c'était bien là la seule chose qui lui importait vraiment : qu'elle sache pourquoi elle ne recevrait plus ses courriers, qu'elle ne s'imagine pas qu'il ait pu se détourner d'elle volontairement.
Il aurait vraiment souhaité pouvoir se concentrer sur les trop rares souvenirs qu'il avait de cette jeune femme pas comme les autres, mais dans son esprit retentissaient les gémissements plaintifs de la Bête assoiffée circulant dans ses veines, agonisant en même temps que lui. Elle le torturait inlassablement, quand bien même son corps n'avait tout simplement plus assez de force pour répondre à l'appel du sang, et ce calvaire promettait de le suivre peut-être jusqu'aux côtés de l'esprit de la mort lui-même. Il n'en savait rien.

Le silence qui l'entourait fut soudain brisé par le son caractéristique des sabots ferrés d'un cheval s'approchant, lequel cessa rapidement pour laisser place quelques instants après au grincement des charnières usées d'une vieille porte. Ce grincement, Kylian le connaissait, il l'avait entendu lorsqu'il était lui-même entré dans le cabanon. Quelqu'un venait de le rejoindre, et à en juger par les battements cardiaques qui venaient de brutalement raviver la complainte de sa malédiction vampirique, ce quelqu'un était humain ou elfique, quoiqu'on pouvait douter croiser un représentant du Beau Peuple dans pareil endroit.
Le renégat aurait bien voulu réagir, dire à l'intrus de quitter les lieux, mais son corps refusait de lui obéir et il ne parvint qu'à remuer pitoyablement mais sans doute était-ce mieux ainsi, finalement. S'il était incapable de parler, il serait tout autant incapable de tuer, non ? Il sentit de frêles mains se saisir de lui pour le retourner et s'il voulut se débattre, il n'y parvint pas.

«-Par tous les esprits !! »

Cette voix... Non, impossible. Et pourtant il n'y avait aucun doute possible, c'était bien la princesse qui venait de pénétrer dans le cabanon. Etait-il possible que la mort approchant, le vampire agonisant fut pris de délire et s'imagine des choses qui n'étaient pas ? Des pas précipités quittèrent la pièce, et si Kylian eut un instant espéré ne pas les entendre revenir, cet espoir s'effrita bien vite et déjà un bras venait l'enlacer pour l'aider à redresser la tête.

« -Par le Dracos, buvez, je vous en prie. Cela vous aidera. »

Il sentit un liquide doux couler sur ses lèvres et s'il entrouvrit la bouche, c'était dans l'espoir de protester plus que de boire ce qu'on essayait de lui faire avaler, mais la potion ne fit guère de différence et s'écoula entre ses lèvres, imprégnant sa langue desséchée d'un désagréable goût de sang avarié avant de glisser dans sa gorge. Des mains se posèrent sur lui, près de sa blessure, et la douleur s'atténua progressivement.
Tant et si bien qu'au bout de quelques minutes, la plaie commença à se refermer lentement sous l'effet de la régénération vampirique désormais libérée du poison qui la souillait, et aidée par la magie qu'on apposait sur lui. Esmelda ne devait pas faire ça, le renégat devait la mettre en garde, il fallait qu'elle parte au plus vite... mais sa voix ne fut qu'un murmure à peine audible :

« Princesse... Non... »

Lorsque le prédateur eut finalement retrouvé suffisamment de force, ses yeux s'ouvrirent brusquement et avant même qu'il put poser le regard sur la silhouette féminine qui se tenait à côté de lui, ses instincts bestiaux avaient expédié l'une de ses mains refermer ses doigts sur la gorge délicate et se saisir fermement de celle qui lui apparaissait alors comme une vulgaire proie. La bouche du vampire, quand bien même celle-ci tenait alors davantage de la gueule d'un animal, s'ouvrit sur une paire de crocs effilés avides de sang et laissa entendre une vocifération brutale.
Ce ne fut que devant la lueur effrayée qui traversa les prunelles couleur noisette qu'il parvint à retrouver un semblant de contrôle, relâchant immédiatement sa prise pour s'écarter vivement de sa guérisseuse en rampant sur le flanc, tournant vers elle un regard dans lequel se mélangeaient la cruauté du monstre et la peur panique que lui inspirait le geste qu'il venait de poser bien involontairement.

« Je suis désolé, Princesse, je... Vous ne... Il ne faut pas rester ici. »

Probablement pas les remerciements qu'elle était en droit d'attendre pour s'être portée à son aide, mais au regard du vampire, la jeune femme avait surtout commis une terrible erreur en se portant ainsi à son secours. Il continua de ramper, telle la bête blessée qu'il était, jusqu'à s'adosser au mur du cabanon. Prudent, il gardait la tête basse, n'osant relever les yeux vers elle, et si sa main gauche demeurait accrochée à son flanc pour éviter que la plaie encore fraîche ne s'épanche de nouveau, sa main droite se tenait crispée et tremblante sur le plancher, grattant de ses ongles le bois tendre.
Sa voix s'éleva alors de nouveau, faible et plaintive, presque suppliante :

« Partez... Partez... »
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Esmelda Kohan
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MessageSujet: Re: Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Icon_minitimeDim 16 Fév 2014 - 13:37

L'obscurité de la pièce, son odeur de renfermer ajouté à celle de la mort et le silence rodant autour, tout inspirait dans cette pièce la peur, l'envie de fuir à dix mille lieux de ce cabanon de chasse.
Et pourtant, la princesse de l'empire Kohan, peu habitué à ce genre d'endroit mais bien plus au luxe, à la clarté et à la vie se trouvait en beau milieu de la pièce de bois, à tenter de ramener à la vie, si on pouvait appeler ça ainsi, un vampire blessé, dont le sang baignait ses vêtements, le sol et dont la seule force venait de ce qui coulait dans les veines du frêle oisillon. Mais à aucun moment, la princesse ne s'était occupée de ce léger soucis, cette malédiction dont lui avait parlé Kylian. Cette soif de ce précieux liquide. Non, elle voyait juste quelqu'un ayant besoin de son aide, une blessé, une personne œuvrant pour le bien d'Armanda, la paix des peuples et la lutte contre l'ombre noire qui grondait à l'est du pays.

Mais cette bête qui insufflait la soif aux vampires avait décidé un bien autre programme qu'un sauvetage et un soin prodigué à un humain...normal. D'un geste vif, la main du vampire se resserra sur sa gorge et sa peau. La surprise lui laissa échapper un cri de souffle. Sa vie allait se finir là ? Soit. Si ainsi elle pouvait sauver le rebelle vampirique, sauver un espoir de paix entre leur peuple, alors oui, elle accepterait que l'esprit de la mort vienne la délivrer. Mais entre la volonté et la réalité, il y avait une différence. La peur se distillait dans ses yeux ambrés. Pas de la mort en elle même, mais de la souffrance avant, les dents dans sa chaire, le sang coulant sur sa tenue claire, puis l'attente du dernier soupir, qu'elle allait pousser en murmurant un mot, un prénom...

« -Kylian... »


La prise se lâcha autour de son cou. Esmelda se mit à respirer à toute vitesse, la main sur son cou gracile. La douleur se diffusa dans tout son être. Ses muscles se relâchèrent posant ses mains tremblantes au sol crasseux et poussiéreux. Les yeux perdus sur le sol, Esmelda tentait de reprendre contenance et rassembler ses idées.

« -Je ne partirai pas sans avoir l'assurance que vous allez bien... »

Oui, elle était folle. Toute personne normalement constituée devrait fuir, sortir de la pièce en courant. Du moins en vitesse, avant que le vampire ne se laisse de nouveau envahir par la malédiction de la soif de sang. Mais bon, elle restait là, se redressant non sans trembler, sans sentir la peur se glisser dans son être. Mais une force intérieure, une petite voix lui disait de ne pas laisser cet homme dans le besoin, la souffrance, surtout qu'elle pouvait l'aider.
De sa douce voix, laissant son totem vibrer ses paroles.

« -Ce n'est pas vous...c'est ce poids qui pèse sur vos épaules, laissez-moi donc vous en décharger un peu. »

La princesse se leva et se dirigea vers le vampire blessé, prenant sa sacoche dans la main. D'un pas hésitant, peu sûr, Esmelda avançait cependant, bravant les conseils de l'homme, se moquant bien de la violence et la cruauté de la bête. Il fallait secourir le rêveur, le politicien, celui qui lui avait apporté un espoir. La violence de son geste, ce n'était pas lui. Esmelda devait se tenir à cette idée. Il l'avait lâché. Kylian avait repris contenance et le bien avait tût la bête qui grondait en lui.

La jeune humain s'agenouilla près de lui, cherchant deux petits flacons et les posant près du vampire. Si c'est de manger dont il avait besoin, elle ne le laisserait pas en lutte interne. Les blessures se refermaient, ses soins avaient fait leur œuvre, mais il était encore faible, ses forces ne lui permettraient pas de se nourrir de façon correcte et sans heurts. La jeune femme ne voulait pas laisser un membre de son peuple mourir alors qu'elle pouvait le faire. Un sacrifice peut être vain, mais si elle pouvait sauver un être, pourquoi pas un enfant, alors elle le ferait.

« -La bouteille verte est de l'anti-venin vampirique, la bleuté une potion de guérison. Je sais que vous ferez ce qu'il faut au cas où... »

Esmelda sortit un petit poignard qui se situait à sa ceinture et le long de son bras gauche laissa glisser la lame sans un visage de douleur. La princesse se mordit les lèvres pour retenir un cri de douleur. Le long de sa peau se mit à couler le précieux sésame rouge, brûlant la chaire et le cœur de la jeune femme. Elle lui tendit son bras, qui reprenne force et vite, que cette douleur cesse.

« -Allez-y, vite...et ne prenez pas tout. »

S'il pouvait lui en laisser pour continuer à vivre ce doux rêve ensemble.
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MessageSujet: Re: Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Icon_minitimeMar 18 Fév 2014 - 17:46

Elle n'aurait jamais dû le voir ainsi. Blessé, tremblant et haletant sous le coup d'instincts brutaux et primaires, Kylian n'avait alors plus rien de commun avec cette image de maîtrise, de paix et de tolérance qu'il s'efforçait normalement de renvoyer. Car comment pourrait-elle jamais croire en ce dont il se défendait désormais ? Comment pourrait-elle encore lui faire confiance ? Elle était venue l'aider, il l'avait agressée, menacée et encore là, alors même qu'il était parvenu à refouler ses pulsions de violence et de mort une première fois, son esprit demeurait assailli d'images sanglantes. Il avait voulu lui montrer que les vampires pouvaient être différents, il n'avait fait que lui prouver la barbarie de sa race.

« -Je ne partirai pas sans avoir l'assurance que vous allez bien... »

« Je vais bien ! »

Il avait brutalement haussé le ton, sous le coup d'une colère qu'il ne comprenait pas vraiment et maîtrisait encore moins, tandis que son poings s'était brutalement refermé pour frapper un coup sec sur le plancher. Une rage intense étreignait son esprit, se heurtant violemment avec ce qui lui restait de raison dans un combat dont l'enjeu n'était ni plus ni moins que la domination de son corps et de ses gestes. Pourtant, il ne le savait que trop bien : la lutte interne qu'il était en train de mener était de ces batailles perdues d'avance, la seule question qui demeurait encore n'était pas de savoir s'il plierait, mais bien quand il plierait. Ce fut d'une voix radoucie qu'il reprit :

« Partez, je vous en prie... Je ... Je ne veux pas vous faire de mal ... Je ne veux pas ... Mais il faut fuir ... »

Elle devait absolument se résoudre à l'abandonner, et le plus tôt serait le mieux car sous peu, sa volonté serait vaincue. Elle en avait pourtant déjà eu un aperçu, alors pourquoi refusait-elle de fuir ? Pour toute réponse, la princesse laissa sa voix s'élever de nouveau, captivante et séduisante, douce caresse aux tympans affûtés du prédateur :

« -Ce n'est pas vous...c'est ce poids qui pèse sur vos épaules, laissez-moi donc vous en décharger un peu. »

Joignant le geste à la parole, elle se releva et s'approcha prudemment. Elle avait peur, et pourtant, elle continuait d'avancer, un pas après l'autre, comme si elle se moquait éperdument de cette mort certaine qui l'attendait entre les crocs du vampire. Ce dernier pour sa part demeurait courbé sur lui même, le regard perdu dans la contemplation d'un noeud défigurant le bois du plancher. Il s'efforçait de chasser de son esprit la présence féminine dans le vain espoir de faire taire sa soif de sang, mais plus elle approchait, plus cela lui était difficile.
Son supplice trouva son apogée lorsqu'elle s'agenouilla auprès de lui pour exhiber deux fioles qu'elle lui présenta, l'une comme un antidote au venin vampirique et l'autre comme une potion de guérison, au cas où... Au cas où quoi ? Que voulait-elle en faire ? Qu'avait-elle en tête ? La réponse semblait évidente, mais pas pour lui : à cet instant, il ne comprenait pas, ne parvenait plus à réfléchir. Toute sa force mentale était concentrée vers une seule pensée, vers sa volonté de ne pas céder aux assauts incessants de la bête hurlante en lui.

Une lueur effrayée traversa le regard clair du vampire lorsque la princesse dégaina un poignard avec l'intention évidente d'en faire usage, non pas pour délivrer le renégat de sa malédiction, mais bien pour l'abreuver.

« Non... »

Sa voix n'était que supplique douloureuse, conscient qu'il était qu'il ne parviendrait jamais à l'en dissuader. Et de fait, lorsqu'elle fit glisser le métal tranchant sur sa peau, entaillant la chair pour faire apparaître un mince filet écarlate, elle fit s'abattre en même temps les derniers remparts du vampire.

S'il avait été en présence de toute autre personne, nul doute qu'il aurait totalement cédé : sitôt l'odeur enivrante du sang coulant sur la peau fraîche serait-elle venue flatter ses sens, ses mains se seraient refermées sur son infortuné bienfaiteur tandis que ses crocs auraient plongés vers la gorge de sa victime, le vampire s'abandonnant totalement à une tuerie sanglante. Mais pour une raison qu'il ne s'expliquait pas encore véritablement, la jeune femme semblait avoir le don de décupler la force de sa volonté. A ses côtés, Kylian se sentait plus fort, mieux armé pour combattre l'obscurité qui menaçait de l'envahir. Pas suffisamment que pour qu'il fut capable de totalement la dominer, mais assez pour lui éviter de succomber à cette folie sanguinaire sous-jacente. A condition toutefois de ne pas s'attarder.

Avec des gestes lents et minutieux, le vampire leva une main tremblante vers le bras offert. Ses doigts caressèrent un instant le poignet délicat, avant de se refermer d'un mouvement brusque pour l'ensserrer dans un étau d'acier. C'en était terminé, elle ne pouvait plus retourner en arrière, le monstre ne la lâcherait qu'après s'être rassasié. Les yeux du renégat plongèrent dans ceux de sa proie, s'abreuvant autant de la peur qu'il pouvait y lire que du courage qui les éclairait. Tout en douceur, sa main tira sur l'avant-bras sanguinolent pour l'attirer à lui. L'instant fatidique approchait, à mesure que diminuait la distance qui séparait la peau subtilement parfumée de la bouche du prédateur. Pour mieux se concentrer et affermir encore un peu ce qu'il gardait de conscience, Kylian ferma les yeux à l'instant même où ses lèvres froides venaient effleurer l'épiderme de la belle.
Ce fut d'abord un simple baiser qu'il y déposa timidement, à quelques centimètres à peine du liquide écarlate qui s'écoulait lentement, avant d'entrouvrir la bouche et laisser l'extrémité de sa langue glisser avec sensualité sur la peau rosée pour s'en aller rejoindre le flux sanguin. Il goûta avec tendresse à ce don de la vie, exquis nectar à la saveur ensorcelante délicatement sucrée qui vint abreuver cette soif macabre, compagne de l'éternité.

Le vampire maudissait autant qu'il chérissait cet instant, son esprit oscillant entre le plaisir voluptueux d'assouvir ses pulsions primaires, et la douleur d'infliger pareil sacrifice à un être aussi pur que celle qui venait de lui faire ce présent. Mais la Bête qu'il dissimulait voulait plus, beaucoup plus. L'instinct lui dictait de mordre avec rage, de percer la peau de ses crocs pour en déchirer les chairs et s'inonder de sang mais le renégat, dont l'esprit se renforçait à mesure qu'il absorbait plus et plus de cette énergie volée, refoulait de plus en plus fermement ces pulsions meurtrières. En guise de morsures, ce furent de baisers qu'il couvrit la blessure sanguinolente, s'emparant avec une douceur lascive de chaque goutte écarlate et laissant sa langue caresser les bords de la plaie, tel un amant désireux d'enflammer sa conquête.

Lorsqu'il estima avoir récupéré suffisamment de force que pour ne plus succomber, Kylian écarta non sans regrets ses lèvres du bras dont il s'était nourri, signant d'un baiser final cet échange hors du temps avant de reprendre pied dans la réalité présente. Il se redressa pour porter le regard sur la silhouette féminine agenouillée auprès de lui. La satisfaction de la bête rassasiée laissa cependant la place à la peur, et la panique le gagna rapidement lorsqu'il prit pleinement conscience des risques et des implications de l'acte qu'il venait de poser : épuisée par la perte du sang qu'elle venait de lui céder, mais aussi et surtout par le poison dont la salive de son prédateur l'avait souillée, la jeune femme vacilla.
Le bras du renégat vampire vint aussitôt se porter autour des frêles épaules pour la soutenir, tandis que sa voix tremblante de peur s'efforçait de la maintenir à la conscience :

« Princesse ! Princesse, vous m'entendez ? »

Son regard se posa sur la flasque de couleur verte posée non loin et dont sa main s'empara d'un geste vif pour venir la porter aux lèvres de la jeune femme.

« A votre tour de boire, et n'essayez pas de vous y soustraire, je peux être au moins aussi têtu que vous. »

Il aurait pourtant bien aimé pouvoir l'être bien plus encore, comment par le Dracos avait-il pu accepter de céder à pareille folie ? Il n'aurait jamais dû accepter de lui faire courir un risque si grand, jamais, les conséquences auraient pu en être terribles. Fort heureusement, il était parvenu à s'abstenir de la mordre, réduisant d'autant le traumatisme qu'elle avait subi et les quantités de poison vampirique qu'elle avait absorbée. L'antidote parviendrait certainement à neutraliser la toxine dans de brefs délais.
D'un geste teinté d'une douceur infinie, il fit lentement basculer la jeune femme pour qu'elle prenne appui contre lui, ses bras l'enlaçant tendrement en une étreinte qu'il espérait réconfortante.

« L'antidote devrait faire effet rapidement, mais vous allez vous sentir un peu fatiguée. C'est le contrecoup de la perte de sang, le prix à payer pour votre audace, en quelque sorte. »

Sa voix se voulait rassurante et amicale, un peu taquine même, mais alors qu'il se rassurait sur le fait que tout irait bien pour elle, son ton se mua bien vite en un murmure plus sévère tandis qu'il reprenait :

« Jamais je n'ai rencontré princesse plus déraisonnable que vous, Altesse. Etes vous seulement consciente des risques que vous avez pris ? Pourquoi n'êtes vous pas repartie quand je vous l'ai ordonné ? »

Certes, il n'avait en fait jamais rencontré d'autre princesse, la plupart de ces demoiselles de haute lignée préférant la compagnie de la noblesse et la sécurité d'un palais bien chauffé plutôt que la perspective de laisser filer leur vie dans les bras d'un vampire renégat, entre les planches vermoulues d'une vieille cabane perdue dans les bois. Pourtant, en dépit de ses intonations réprobatrices, il était difficile pour lui de totalement nier apprécier que cette princesse-ci fut différente, et pas seulement parce qu'elle venait de lui sauver la vie en risquant la sienne. Mais bien parce que plus son regard s'attardait sur la silhouette qu'il serrait entre ses bras, plus elle le fascinait ; plus les souvenirs de leurs échanges défilaient dans son esprit, plus elle le charmait ; et enfin, plus ses pensées s'attardaient sur ce qu'il avait ressenti ces derniers instants, plus elle le séduisait. Tant et si bien qu'une graine de folie, plantée quelques mois plus tôt lorsque son regard avait trouvé celui de la belle quelques mois plus tôt, germa dans son esprit.
Sans doute aurait-il été plus sage d'écraser cette jeune pousse insensée, mais le jeune rebelle ne se révélait en définitive pas plus raisonnable que celle qu'il sermonnait présentement.
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Esmelda Kohan
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MessageSujet: Re: Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Icon_minitimeJeu 20 Fév 2014 - 17:05

Si la douleur que la jeune princesse avait pu vivre auparavant était synonyme de cris, de pleurs ce n'était rien en comparaison à celle qu'elle s'était infligée avec son propre poignard. Heureusement, que la plaie de la nuit n'agissait que sur les vampires et pas les humains, sinon, la douleur serait bien plus intense et sa folie à sauver le renégat des plus stupides si l'esprit de la mort venait pour elle. Le but de sa manœuvre n'était-il pas qu'il reste en vie tous les deux ?
Et pourtant, en cet instant, le doute se distilla dans son esprit : et si en plus de la douleur la mort venait lui proposer un voyage pour l'éternité. La jeune femme espérait au moins que le vampire continuerait ses rêves d'espoir. Les humains et les vampires marchant côte à côte sur le même sentier...douce utopie, mais belle image à laquelle, elle devait se raccrocher : il en était l'investigateur, le créateur.

Le liquide rouge coulant sur son bras, la princesse se sentit mal. Une nausée s'empara de son ventre remontant le long de son œsophage pour mourir dans sa gorge qui se serra. Cette fois-ci pourtant aucun vampire ne tenait son cou fragile entre ses mains, mais son poignée venait de se faire enserrer avec force et détermination.

Ses iris ambrés diminués croisèrent les yeux clairs du prédateur. Une lueur de peur traversa le visage de la jeune femme. Était-elle aller trop loin ? Son cerveau ne put lui permettre de tergiverser plus, car déjà il ne pensait qu'à la douleur à venir. La main qui serrait son poignet fragile lui faisait mal tout autant que les palpitations le long de sa plaie. La princesse avait envie de lui hurler de faire vite, de faire taire sa douleur.

Les yeux fermés, l'esprit de plus en plus embrouillé, la jeune femme se laissait aller à ne sentir, ne plus ressentir, que le Dracos lui permettent de ne plus souffrir.
Il dut entendre ses prières, car le surcroît de ses peines n'arriva pas. Non, sa peau se mit à frissonner et à s'échauffer de nouveau sous le doux poids des lèvres du vampire. Ses lèvres... caresses sur sa peau. Étrange sensation, mélange de tourment des sens et de délectation délicate. Elle avait chaud, froid, mal et se sentait apaiser. Pourquoi cette délicatesse sur sa peau...Pourquoi ce sentiment étrange au creux de son ventre ?

Sentiment qui l’entraîna peu à peu à sombrer vers un sommeil sans fin, l'effet du venin ? Ou bien de plaie qui la piquait atrocement malgré la douceur du supplice.

Combien de temps avait-elle sombré, était-elle morte ? La tête tournant, elle entendait au loin une voix douce, inquiète.

« Princesse ! Princesse, vous m'entendez ? »

Esmelda voulait lui crier que oui, elle l'entendait. Mais aucun son ne sortit. Ses muscles quel qu’ils soient n'arrivaient pas à lui dire qu'elle l'entendait. La seule chose qu'elle savait c'est que le sol appelait son corps à un doux repos contre le sol de bois miteux. Mais elle n'y parvint pas. Un bras la saisit pour l'amener contre lui. Puis un liquide, contre sa gorge serrée, douleur qui ne la quittait pas. Puis un autre liquide coula comme un réconfort pour son corps. Celui-ci peu à peu semblait remonter à la surface de ce lac profond dans lequel elle avait été plongée. Ses muscles se détendirent, son regard se fit plus précis, malgré sa tête qui tournait à une vitesse vertigineuse.

D'une petite, voix dans un murmure :

« -Si vous êtes si têtu que moi, vous comprendrez mon geste. Mon audace vous a sauvé la vie, alors je paie le prix, même s'il est douloureux. La fatigue ne sera qu'un petit tribut face à mon bonheur de vous savoir en vie. »

La princesse referma un instant les yeux, et se recala contre son charmant support.

« -Je n'ai jamais rencontré de vampire, pour ma part. Peut être que cela m'a aidé à continuer. Je suis consciente de vous avoir sauvé la vie. Si j'étais partie vous seriez mort. Je ne pouvais me résoudre à vous perdre. »

Oui, Esmelda ne pouvait se résoudre à perdre cet être que tout oppose, mais pour qui elle éprouvait des sentiments étranges. Fascination et peur jouaient avec la curiosité et l'abjection de sa race. Et pourtant, elle se trouvait dans ses bras, le bras marqué encore par son sauvetage, à plonger son regard ambré dans celui plus clair du vampire. Et à ne pas avoir la moindre envie d'y partir. Était-ce cela ce pouvoir que provoquait les créatures de la nuit sur ce peuple éphémère ? Ce magnétisme animal et cette révulsion écœurante.

« -Vous m'avez parlé de votre rêve. Je ne pouvais me résoudre à le construire sans vous, quitte à devoir affronter votre côté sombre. Vous... vous avez réussi à le dominer, cela prouve beaucoup...sur votre volonté d'apaiser votre peuple, que cela est possible. Il y a toujours une lueur d'espoir, même quand les ténèbres semblent vous envahir le cœur. »

La jeune femme lui sourit avec espoir. Que même s'il sentait les ténèbres de son cœur, la malédiction prendre le dessus, il existait toujours un rayon de lumière auquel se raccrocher pour se relever et continuer à avancer. Oui à ses yeux cela signifiait beaucoup. Les vampires n'étaient pas que mort et désolation. Il avait vaincu cette force noire, il avait réussi à ne pas la faire souffrir, par le biais de ces crocs. Et si on enlevait la douleur de la plaie dans son bras, il avait été d'une douceur délicate avec elle.

« -Pourquoi m'avez-vous écrit ? Pourquoi cet adieu ? »

Esmelda allait d'un œil à un autre, cherchant une réponse ou des réponses. Se redressant un peu, quittant son cocon chaleureux et accueillant, elle mit un temps avant que sa tête ne cesse de tourner. Elle posa sa main couverte de sang sur son front. Elle aurait bien mieux fait de tarder encore un peu ainsi lover contre lui, mais quelque chose d'étrange au creux de son ventre, de son cœur, lui disait que ce n'était pas comme d'habitude. Elle se devait de bouger, de ne pas rester statique. Cela devait être l'effet des potions. Elle ne voyait pas d'autres explications.

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MessageSujet: Re: Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Icon_minitimeVen 21 Fév 2014 - 21:03

Elle ne pouvait se résoudre à le perdre. Maintenant que la situation s'apaisait, que la peur et la panique n'étaient plus que mauvais souvenirs, ces mots s'attardèrent un long moment dans l'esprit du renégat. C'était bien la première fois depuis bien longtemps que quelqu'un accordait une réelle importance à son existence. Certes, avant l'avènement de Lorenz et l'exil des rebelles, il y avait bien eu Roëric, quoique l'amitié qui les liait reposait sur ce que ce dernier avait considéré être une dette d'honneur, mais l'épéiste vampire demeurait porté disparu depuis lors et la solitude avait été la seule compagne du rebelle. Alors s'entendre subitement dire de la bouche d'une jeune femme, princesse humaine de surcroît, qu'elle avait été prête à affronter sa propre fin dans l'unique but de lui venir en aide... Cela avait de quoi réchauffer le coeur, quand bien même le-dit coeur n'était qu'un muscle froid et inerte encombrant inutilement sa cage thoracique.

Et cette même princesse se tenait là, dans ses bras, sans chercher à s'en dégager. Que du contraire d'ailleurs puisqu'elle semblait même rechercher son étreinte. Comment croire que quelques instants plus tôt, il s'abreuvait encore de son sang et absorbait, à travers le précieux liquide écarlate, sa vitalité et son énergie ?

« Merci... »

Que dire de plus ? Les paroles lui semblaient bien trop fades que pour pouvoir exprimer à leurs justes valeurs les sentiments qui l'étreignaient alors, et lui-même aurait été bien incapable de mettre des mots sur ses émotions : réconfort, paix, bonheur, soulagement, peur, douleur, tristesse ? D'autres encore ? Rien de tout cela ne semblait convenir, et en même temps, chacun occupait une partie de son esprit. Il était en proie à une véritable déferlante de sensations sans qu'il lui parut possible de jamais colmater cet afflux.
Mais alors qu'elle levait sur lui ses beaux yeux couleur noisettes, alors que sa mélodieuse voix venait lui caresser les tympans en une douce musique, alors qu'un sourire plus sincère qu'il n'en avait jamais vu venait illuminer un visage qui déjà resplendissait, cinq lettres vinrent former le mot tant recherché dans son esprit : amour. C'était là le seul terme qui lui sembla pouvoir exprimer ce qu'il ressentait vraiment, et aussi délirante que pouvait sembler cette perspective, il ne parvenait pas à s'en défaire. Il en était tombé amoureux, mais après tout, elle n'était que bonté et beauté, bienveillance et tolérance, douceur et gentillesse, splendeur et magnificence, rêves et espoirs... alors comment pourrait-il en être autrement ?

Il n'osa pas vraiment lui sourire, trop anxieux à l'idée de l'effrayer en dévoilant ses crocs, et se contenta d'afficher un discret rictus. Mais le regard qu'il posa sur elle tandis qu'elle se redressait ne trompait pas. Il se reprit toutefois, avant que la princesse n'ait eu le temps de déceler cette flamme qui couvait en lui, et sembla brutalement embarrassé devant le fait accompli. Dracos merci, les vampires n'étaient plus capable de rougir sans quoi, il aurait probablement viré à l'écarlate sitôt qu'elle avait évoqué sa dernière lettre. Des adieux, oui, qui lui paraissaient soudain incroyablement ridicules maintenant qu'il avait survécu à ce qu'il pensait être sa mort prochaine, et c'est d'une voix surprenamment tremblante et hésitante qu'il lui répondit :

« Je ... Je ne voulais pas que vous ... Enfin, je veux dire ... J'étais blessé, je ... Je ne devais pas avoir toute ma tête alors ne ... »

Un peu bateau comme discours, d'autant qu'il ne se souvenait plus exactement des mots qu'il avait couché sur le papier, mais s'emparant de son courage à deux mains, il s'efforça de poursuivre néanmoins :

« Je voulais à tout prix éviter que vous pensiez que j'aie pu me détourner de vous. La seule chose qui m'importait alors était de vous faire savoir que je ne voulais pas vous abandonner, que ce n'était pas votre faute et que... Je regrettais de n'avoir pu vous faire vivre ce rêve qui est le mien, qui est le nôtre. »

Les mots qu'il avait écrit lui revinrent peu à peu en mémoire, ce qu'il ne pourrait jamais lui écrire, les paroles qu'il ne pourrait jamais lui dire, les gestes... Qu'il ne pourrait jamais poser. Son regard demeurait toujours fermement accroché dans la contemplation des yeux qui le dévisageaient avec une certaine forme de ... Non, il était ridicule de même y penser... Et pourtant... Et pourtant, sans trop savoir pourquoi ni comment, il se surprit à s'avancer inexorablement vers elle, approchant lentement son visage du sien. Il s'immobilisa un instant, face à elle, pour risquer quelques mots encore :

« Je crois que j'ai trouvé ma lueur d'espoir, mais ce ne sont pas les ténèbres qui envahissent mon coeur. »

Il n'avait pas encore tout à fait cessé de parler qu'il ferma les yeux et s'approcha plus encore, tant et si bien qu'il finit par totalement combler la distance qui les séparait pour venir presser tendrement ses lèvres contre les siennes. Il demeura ainsi quelques instants, goûtant avec ivresse à ce contact agréablement doux et tiède, alors qu'il s'attendait à tout moment à ce que retentisse dans le silence du petit pavillon de chasse le claquement sec de la main qui viendrait saluer son geste d'une bonne gifle, mais rien ne vint. Il serait volontiers resté ainsi des heures durant, tant ce simple baiser dont il ne mesurait pas encore toutes les conséquences lui était agréable. Après quelques secondes qui s'écoulèrent bien trop vite à ses yeux, il se recula néanmoins et libéra la bouche qu'il venait d'embrasser, cherchant du regard une réaction tout en s'expliquant d'un murmure à peine soufflé :

« Vous ne m'avez pas seulement sauvé la vie, Princesse, vous lui avez donné un sens : depuis que je vous ai vue, ce soir d'été, dans les jardins du palais, j'ai su que vous étiez différente et je découvre aujourd'hui en quoi... »

Kylian plongea les yeux dans ceux de la demoiselle avant d'articuler aussi distinctement que possible les trois mots que prononça finalement sa voix tremblante :

« Je vous aime. »

L'aveu d'une vie. Mais si la jeune femme avait su trouver le courage de s'avancer vers un vampire réduis à l'état d'une bête blessée qui aurait pu lui sauter à la gorge, rien ne permettait encore d'affirmer qu'elle ne s'enfuirait pas en courant devant un vampire qui venait de lui avouer des sentiments parmi les plus... contre nature.
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MessageSujet: Re: Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Icon_minitimeSam 22 Fév 2014 - 13:16

Au détour de leur correspondance, des risques pris aussi bien par lui que par elle ou Ninna, il ne serait jamais venu à l'esprit de la jeune princesse que le vampire aurait préféré la voie de la facilité en fuyant. Il s'était bien trop avancé, il semblait bien plus courageux que la fuite, facile et menant à un rien redondant.

« -Je ne l'aurai jamais pensé. Je me serai fait un sang d'encre par contre, en imaginant un pire qui se serait avéré vrai. »

Mais rassurée de voir que ce n'était plus le cas, Esmelda lui sourit. Non, il était en vie, auprès d'elle à pouvoir continuer de voir ce rêve auquel il tenait tant se réaliser. Seule, elle n'aurait pas eu la force de ses mots, seule, comment aurait-elle pu lutter auprès des créatures de la nuit. Il était la preuve de son rêve. Sans lui, plus d'espoir de voir les deux peuples vivre en harmonie. Sans compter sur le vide qu'il aurait laissé. La jeune femme s'était attachée à leurs mots couchés sur le papier, simples mots, mais espérance dans le gris de sa vie déjà toute tracée.

« -Et l'espoir que vous revoir un jour n'aurait jamais quitté ma pensée, quand à cette rencontre in fortuite ce soir d'été, et des lettres qui en ont découlé, je les aurai chéri au fond de mon cœur. A chaque nouvelle lune, je me serai précipitée auprès du vieux chêne voir si une lettre... »

Le dernier mot se mourra dans sa gorge, les lèvres du vampire venait à se poser sur les siennes, faisant sursauter son cœur et laissant se répandre des millions de fourmis à l'intérieur de son corps. Dans son ventre dansaient des papillons en transe, caressant d'un émoi naissant les parois de son être. La pièce devint chaude, à moins que ce ne soit elle. Et pourtant les lèvres du rebelle étaient exquisement chaudes. La princesse ferma les yeux un court instant, se laissant aller à l'extrême douceur du moment, avant de sentir la panique montée en elle.

La jeune femme se recula, laissant son cœur dans un doute sans nom. Pourquoi tapait-il contre son corps, comme si un danger imminent allait arriver ? Il n'y avait aucun doute que le danger n'était pas celui de se trouver dans les bras d'un vampire, alors quel était-il ? N'écoutant que les réactions étranges et inconnues de son corps, Esmelda glissa un peu plus en arrière sur le sol.

« -Je...Je...je suis désolée...il ne faut pas. »

Esmelda l'implora presque,quittant la douceur et la chaleur des bras du vampire pour retrouver l'obscurité et la fraîcheur des lames de bois du cabanon. Son cœur battait toujours aussi vite. Le ressentait-il ?

« -Je ne peux pas... »

La jeune femme se redressa pour se lever. Il lui fallait aller au plus loin de ce qu'elle ressentait en cet instant. Tremblante, elle chercha cependant le regard du vampire. Mais il ne fut que confirmation de ce sentiment. Un court regard et son cœur se remit à lui faire mal, à bondir contre sa poitrine. Signal que quelque chose n'allait pas. Messager mal habile de sentiments confus, pour une jeune femme dont le simple mot aimer faisait peur. Aimer. Une princesse pouvait aimer ? Autre que son peuple. Réellement aimer, pas un mari imposé, un devoir, ou bien sa famille. Mais aimer, tout simplement.

« -Ne dites pas ces mots que vous regretterez demain. »

La princesse baissa la tête, tandis qu'un grand vide l'envahit peu à peu, la laissant dans un tourment sans nom. Car après l'amour, quand celui-ci quitte votre cœur, il ne reste que des souvenirs douloureux et ce sentiment de vide. Elle avait vu sa mère souffrir de la disparition de son âme sœur, de celui avec qui elle avait tant bâtit. Esmelda ne voulait pas vivre une telle chose... Et pourtant, elle avait une fascination pour cette notion, ces cinq lettres à peine palpable.

« -Il n'y a rien de pire que l'illusion d'aimer, surtout un être éphémère... »

Mais après tout ne pourrait-il pas être cet « inattendu » ? Celui qui lui permettrait de vivre sa vie jusqu'à la fin, de faire battre son cœur, celui qu'elle aimera pour toujours ? Celui qui marcherait dans les mêmes pas que les siens, auprès de qui la moindre question ne serait que solution. Celui avec qui les minutes, les heures ne seraient que secondes. Celui avec qui la vie ne serait plus une lutte incessante, une lumière au milieu de ce brouillard qu'était sa vie ?

Mais alors pourquoi ce sentiment de tristesse envahit son cœur ? L'amour était-ce cela ? Tristesse et non pas bonheur ? Ou bien était-ce parce qu'elle ne pouvait lui apporter ce dont il désirait. Ce sentiment si beau, si simple qui vous fait sourire d'un rien, qui vous donne la force de vous relever après une chute. Alors pourquoi ce sentiment, ses larmes dans ses yeux. Est-ce parce qu'elle ne se sentait pas à la hauteur ? Ou bien parce qu'elle ne l'aimait pas. Mais pourtant cette distance qu'elle venait de mettre en eux, la chaleur de ses lèvres mortes sur les siennes, son cœur s'affolant comme un cheval au galop... qu'est-ce que cela pouvait-il bien être si ce n'était pas de l'amour ? De la peur. Non, la peur, elle l'avait ressenti quand il s'était saisit d'elle, quand ses crocs se trouvaient près de sa peau. Là, la peur se distillait dans chacun des pores de sa peau et fibres de son être. La peur c'était que demain, la princesse se rencontre que tout ceci n'était qu'un rêve illusoire.

Tout les séparait. Et même sans compter sur leur races diamétralement opposées, une princesse avec un renégat... Non, c'était même pas envisageable, alors pourquoi tenter l'impossible, l'irraisonnable. Sous peu, elle serait fiancée, mariée, femme d'un haut noble de l'empire. Ne donnait-on pas encore une énième fête au palais en ce sens ? Esmelda le savait sa liberté ne serait bientôt plus qu'un feu de paille. Elle devrait capituler face à ses devoirs de princesse et vivre une vie morne et sans amour, sans goût, sans espoir. Enfermée un peu plus entre les quatre murs de sa prison dorée. Oui, elle ne pourrait lutter, surtout pas face à son frère qui commençait lui aussi, à vouloir la mettre à l’abri de ce futur incertain. Ne fallait-il pas mieux qu'elle se rende de suite à ce prince vampirique et être libre morte que de vivre une vie sans aucun autre rêve et sentiment qui puisse faire battre son cœur ?

Et pourtant, là face à elle se dressait ce qu'elle attendait pour fuir cette tristesse, brisant les chaînes de son cœur, de sa vie, traversant le pont de la solitude, rejoignant les étoiles scintillantes et brillantes dans le ciel noir.
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Kylian Wallam
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MessageSujet: Re: Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Icon_minitimeMar 25 Fév 2014 - 17:51

Venait-il vraiment de faire ce qu'il venait de faire ? Étaient-ce vraiment ses propres lèvres qui avaient prononcé les quelques mots qu'il venait de formuler ? Oui, indubitablement, et pourtant il peinait encore à totalement l'assimiler, comme si son esprit l'avait privé l'espace de quelques interminables secondes de tout sens des réalités.
Les réactions de la princesse ne laissaient pourtant planer aucun doute, Kylian pouvait distinctement percevoir le rythme effréné du coeur battant à tout rompre de la jeune femme. La peur, ou ... autre chose ? Elle semblait plutôt confuse et effrayée, terrifiée même. Déjà, elle s'éloignait, rampant à demi sur le plancher de bois usé pour mettre autant de distance que possible entre elle et le responsable de tant d'embarras, balbutiant des excuses avant de se relever. Elle allait fuir, c'était inévitable. D'une seconde à l'autre, il la verrait se ruer précipitamment vers la porte pour se hisser sur sa monture et disparaître sans se retourner. Cruel paradoxe que celui-là : quand elle était entrée dans le cabanon, il avait voulu l'en chasser mais elle s'était obstinée et avait affronté avec un courage remarquable le monstre qu'il dissimulait en lui ; maintenant qu'il avait retrouvé la maîtrise de son corps et lui avouait ses sentiments, elle voulait fuir au plus vite et ne surtout pas se retourner. On bravait la mort, mais on fuyait l'amour.

Il ne pouvait pas la laisser partir, pas sans explications, aussi le vampire se releva-t-il à son tour, d'un geste fluide et rapide. Sa blessure était en bonne voie de guérison, grâce aux soins qu'il avait reçu, et les forces qu'il avait récupérées en s'abreuvant du sang de la belle lui permettaient de se tenir debout sans difficulté. Il écarta les mains, paumes ouvertes en direction de la jeune femme pour essayer de l'apaiser tout en répliquant :

« Non, ne... Ne soyez pas désolée, c'est à moi de l'être. »

Il fallait absolument qu'il se justifie avant qu'elle ne détale en courant, sans quoi il serait trop tard.

« Je ... Je n'aurais pas dû faire ça, je vous ai manqué de respect mais je ne voulais pas... Je ne sais pas ce qui m'a pris, je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise, je ... J'ai pensé que... »

Il avait pensé quoi ? Qu'elle aurait pu éprouver de semblables sentiments à l'encontre de celui qui venait de s'abreuver de son sang ? Qu'elle aurait pu oublier qu'il n'était qu'un monstre sanguinaire dissimulant sa nature véritable sous de beaux discours et un semblant de maîtrise qui n'était en définitive qu'une illusion dont il demeurerait à jamais esclave ? Qu'une princesse, humaine de surcroît, pourrait jamais s'éprendre d'un renégat vampirique exilé et pourchassé qui ne lui apporterait que violence et désolation, là où des dizaines, des centaines peut-être, de jeunes, beaux et riches prétendants défilaient chaque jour devant elle ?
Il ne savait pas, il ne savait plus pourquoi ni même comment il en était arrivé à faire ce qu'il avait fais, mais une chose lui paraissait toutefois aussi limpide qu'une eau puisée à la source : si c'était à refaire, il le refairait.

Il se détourna subitement, pivotant sur place pour lui tourner le dos tandis qu'il se prenait la tête entre les mains et murmurait dans un soupir inaudible quelque malédiction à son encontre. Il fit ensuite quelques pas vers la droite, puis revint vers la gauche, tel un lion en cage, avant de laisser retomber ses bras le long du corps pour tourner le regard en direction de la demoiselle au coeur battant qui le mettait dans cet état de trouble indescriptible.
A sa grande surprise, elle était toujours là et ne s'était pas encore enfuie, aussi reprit-il :

« J'ai déjà regretté ces mots, princesse. Alors que je me vidais de mon sang dans ce même cabanon, je les regrettais. Je regrettais de n'avoir pas eu la clairvoyance de comprendre plus tôt, de n'avoir pas eu la chance de les prononcer ou le courage de les écrire.
Je peux museler la malédiction qui coule dans mes veines, je peux maîtriser cette obscurité qui sommeille en moi, mais ne me demandez pas de faire taire les sentiments qui me donnent la force d'y parvenir.
»

C'était véritablement une supplique de sa part, tant l'idée même de devoir rejeter cette douce et enivrante sensation l'effrayait. Il en serait tout simplement incapable, en vérité, et ne pourrait que poursuivre son existence damnée avec un poids désormais bien plus douloureux à porter.

Il fit un pas vers elle mais s'immobilisa aussitôt, craignant qu'un second ne la fasse définitivement fuir :

« S'il m'est donné de choisir, je préfère l'illusion d'un amour éphémère à la réalité d'une solitude infinie. »

Avec des gestes lents et mesurés, il tendit la main vers elle, comme pour l'inviter à venir s'en saisir, tandis que ses mots s'enflammaient de la passion d'un coeur amoureux :

« Je ne crois pas que le courage seul puisse expliquer que vous ayez pris tant de risques pour me venir en aide, tout comme je ne crois pas que la volonté seule m'ait permis de contrôler ce que je suis. Il doit forcément y avoir autre chose. Je sais qu'il y a autre chose. Je le vois dans vos yeux, je l'entends au rythme de votre coeur, je le ressens dans vos mots : vous avez peur, mais pas du vampire que je suis. Vous avez peur de vous et de ce que les peuples pourraient en penser, mais n'est-ce pas justement là le rêve que nous partageons ? Faire changer les mentalités ? Prouver que nos différences ne sont pas une fatalité ? »

Son regard s'illumina d'un espoir aussi fou que fabuleux tandis qu'il plongeait les yeux dans les prunelles ambrées qu'elle levait vers lui. L'implorant presque, il termina :

« Ne laissez pas le monde décider pour vous... »

Le silence lui succéda, à peine troublé par le souffle du vent au dehors et l'inaudible murmure de ses lèvres s'agitant pour répéter sans les prononcer véritablement les derniers mots qu'il avait eu.
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Esmelda Kohan
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MessageSujet: Re: Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Icon_minitimeMer 26 Fév 2014 - 17:51

Les yeux d'Esmelda était perdu dans le vague cherchant à se rattacher à un point fixe ou bien à quelque chose qui la rassurait dans ce trouble dans lequel venait de la jeter le vampire. Son esprit lui envoyait de nombreuses questions, sans réponses. Elle ne parvenait pas à se focaliser sur une seule de ses idées et encore moins d'un de ses sentiments.Ils venaient pas vague, mais un seul dominait. Fuir. N'était-ce pas ce que son cœur lui disait de faire ? A cogner de façon si vif et à se contracter dans une délicieuse douleur. Pourquoi le froid de ce cabanon laissait place à la chaleur de son être ? Et pourquoi n'arrivait-elle plus à plonger son regard dans les yeux clairs et envoûtant du vampire. Là où elle s'était sentie si bien après la douleur de sa blessure, en sécurité, dans un moment hors du temps, apaisée, sereine, tout simplement heureuse.

Mais elle était sûre d'une chose dans le fracas de son esprit, elle ne voulait pas qu'il lui en veuille. Non, elle ne se le pardonnerait pas.

Plantée au milieu de la pièce, cherchant à fuir le flot de ses émotions, elle lui répondit d'une petite voix.

« -Vous ne m'avez pas manqué de respect. Rassurez-vous, je ne l'ai pas pris de cette manière. C'est juste que... »

Juste qu'elle ne pouvait répondre à son amour, enfin pas de cette façon. C'était pure folie, et surtout, se bercer d'illusions fausses seraient une erreur. Dans quelques jours, une énième fête serait donnée au palais, et on la presserait encore, même si par chance cette fois-ci, sa mère serait là, la protégeant des dents longues de la noblesse. Mais pour combien de temps encore. La princesse devrait finir par se faire une raison et renoncer à sa liberté et à son envie d'être seule, le cœur vide d'un amour inconnu.

Mais là, dans ce cabanon lugubre, ses mains pleines de sang, du sien, de celui du vampire, les vêtements cependant moins souillés que celui du blessé, ce cœur ne s'emplissait-il pas de ce quelque chose inconnu.

« -Kylian, tout ceci...vos paroles ne trouvent pas résonance en moi. Pas de cette façon. Je suis désolée. Je n'ai nullement peur de ce que vous êtes. Et s'il me restait une once de ce sentiment, ayez l'assurance qu'en cet instant, il est mort dans un murmure silencieux. Vos mots, vos sentiments ne peuvent être réalités. Pas dans celle-ci...»


Qu'il sache que ce n'était pas de sa faute, en rien. Juste elle. Elle et son statut, elle et son empire, elle et son nom... et elle et son cœur de pierre, même si elle se refusait encore à le voir fondre dans le regard clair du vampire. Oui, elle s'y refusait, y mettant des barrières au fur et à mesure des secondes. Pourquoi ?
Alors qu'elle cherchait cet amour pour enfin faire taire les rapaces. Elle y parviendrait. Mais trop de chose s'entrechoquaient dans sa tête qui tournait, à moins que se ne soit l’œuvre de la potion suite à sa blessure.

« - Et cette chose que vous voyez dans mes yeux est l'espoir de ce rêve dont vous me parler. De cette paix et vie en harmonie de nos deux peuples. La germe encore frêle qu'un jour, je ne serai pas la seule jeune femme à ne pas vous dire qu'elle n'a plus peur des vampires. »

Mais là, rooo par le Dracos pourquoi lui avait-il dit cela ? Mettre des mots...Pourquoi ne pas juste se laisser aller. Ne pas réfléchir, juste ressentir...Mais ses mots certes remplis de tendresse, de détermination, d'entrain, d'amour... brisant le moment trop court et simple de se retrouver dans les bras d'un inconnu, au regard profond, aux espoirs similaires au moins, aux rêves et idéaux si proche de ceux de la princesse. Par Dracos, que devait-elle faire ?

« -Et je n'ai pas peur de ce que je suis. Ni de faire changer les choses. Mais je ne suis pas libre. Le monde ne décide pas pour moi, mais mon nom et mon statut si. Je suis princesse, destinée à épouser un noble du monde humain, de diriger l'empire auprès de mon frère et de mon époux. A protéger mon peuple, chaque homme, femme ou enfant, à l'aider dans la rudesse de ce monde. »

Le jeune homme lui tendit la main. Sa spontanéité avait envie de lui dire de la prendre, la serrer contre son cœur. Mais sa raison, lui demandait de fuir dehors, de reprendre sa monture et de retrouver Ninna, afin de rentrer au palais, vivre sa vie de petit oiseau en cage.

« -Nos différences seront notre force dans votre rêve, dans notre rêve, mais pas mes sentiments... ils ne doivent pas entrer en compte. Ce que je ressens ne doit pas compter, seul compte votre sécurité et celle de mon peuple. »

Elle parlait comme une politicienne, elle le savait mais c'est ce qu'elle était, ce qu'elle devait être. Pas une amante, pas une amoureuse. Non, elle ne pouvait pas. Esmelda avait envie de crier et de pleurer, mais une princesse ne le pouvait pas. Une princesse ne pleure pas et se doit de suivre ce chemin tracé par son destin.

« -Je suis désolée... »

dit-elle dans un murmure.

« -Je rêve de tout ce que vous dîtes, mais pas au détriment de mon peuple, de vous, de cet espoir. Il y a trop en jeu, dont votre vie. »

Par tous les esprits, tout était si simple il y a quelques minutes, maintenant... C'était absurde. Vampire ou pas, sa famille n'accepterait jamais d'un homme n'ayant pas des lettres de noblesse auprès de la sœur de l'empereur.

Elle recula d'un pas, elle voulait fuir et en même temps se jeter dans ses bras. Était-elle devenue folle ?

« -Je dois y aller. Si je ne reviens pas, la garde va être lancer sur mes traces... Je n'aimerai pas qu'ils vous trouvent, pas après vous avoir soigné. »

Elle baissa des yeux tristes sur le sol crasseux. Mensonge ou pas, elle devait y aller, trop faible pour réfléchir plus, trop inonder par ses sentiments pour lui répondre. Mais la peur de ce qu'elle pouvait ressentir la pétrifiait au point et marquer un temps avant de franchir la porte. Dans un dernier murmure, elle lui dit, dans un regard triste :

« -Mais vous avez ma promesse de continuer à vous soutenir comme la plus fidèle de vos amies. Vous êtes cher à mon cœur. Mais celui-ci ne m'appartient plus."
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MessageSujet: Re: Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Larme ultime [Flashback 1751] TERMINE Icon_minitimeSam 1 Mar 2014 - 14:36

Lentement, sa main se referma dans le vide, ses doigts n'enserrant guère plus que de l'air. Il la regardait toujours, encaissant en silence des mots qui le frappaient au coeur plus durement encore que n'auraient pu le faire les lames les plus aiguisées ou les sorts les plus destructeurs. Figé dans une attitude défaitiste, épaules basses, son visage n'exprimait que tristesse et désillusion. Il ne parvenait ni à parler ni à bouger, ne sachant tout simplement plus ni quoi dire ni quoi faire. Il se sentait tout à la fois fou de rage et de douleur. D'une part, il était furieux contre lui même, de n'avoir pu contenir ses sentiments et de s'être ainsi laissé aller à croire en l'impossible, de l'autre, il souffrait piteusement devant les restes de ses espoirs brisés, balayés ainsi d'un simple geste, d'un simple mot : désolée. Il avait pourtant voulu y croire, avec toute la sincérité qui était la sienne, mais il apparut finalement que l'imbécilité était un terme bien plus adapté pour qualifier ses attentes. Imbécilité de croire en un avenir différent, imbécilité de penser l'utopie possible. Pourtant, il comprenait, et sans doute était-ce pour cela qu'il se refusa à user des sorts de charme et de séduction pour la contraindre à l'aimer contre sa volonté. Il comprenait, mais il ne l'acceptait pas. Il ne l'accepterait sans doute jamais.

Elle recula, et cette fois, il ne tenta rien pour la retenir. Un pas, un geste de sa part maintenant, et il ne pourrait plus se restreindre à ne pas s'imposer devant elle pour l'empêcher de nier la réalité de ses sentiments et le fuir. Étrangement, maintenant qu'elle lui avait clairement fait comprendre que son avenir ne serait pas auprès d'elle et réciproquement, il n'avait plus qu'une hâte : qu'elle parte. Qu'elle s'en aille et l'abandonne, puisque c'était là son rôle de princesse. Protéger le peuple, le protéger lui aussi, d'une certaine manière, et se protéger elle. Il eut un sourire amer à l'évocation de la garde. Lui se moquait bien désormais que des hommes en armes puissent soudain débarquer dans le cabanon pour le tailler en pièces, sans doute même les remercierait-il de lui épargner davantage de souffrances et de désillusions.

Elle partait pour de bon cette fois, mais comme si elle estimait ne pas l'avoir déjà suffisamment torturé, elle s'immobilisa sur le seuil de la porte, faisant naître bien malgré elle une dernière étincelle d'espoir dans le regard clair du vampire. Lueur éphémère toutefois, car loin de soulager ses peines, la promesse que lui fit la jeune femme n'était pour lui que supplice. Comment pourrait-il encore jamais oser lui écrire ou la lire, maintenant ? Pire encore, comment pourrait-il jamais oser la revoir ou lui parler ? Il ne répondit rien, de nouveau, et se contenta d'un léger signe de tête pour lui faire comprendre qu'elle ne s'était déjà que trop attardée. Pas un au revoir, pas un adieu, juste un silence lourd.

La jeune femme avait quitté la pièce depuis plusieurs minutes maintenant, mais il n'avait toujours pas bougé. Son esprit lui ressassait sans cesse le goût délicat de ce trop bref baiser échangé et c'est finalement d'un triste murmure que personne n'entendrait qu'il troubla le silence des lieux :

« Ce n'était pas d'une amie dont j'avais besoin... »

Comme si son corps n'avait attendu que ce signal pour retrouver sa mobilité, il s'effondra à genoux, crispant les poings à en faire blanchir les jointures de ses doigts, tandis qu'une larme sombre s'écoulait le long de sa joue pâle. Il se redressa alors brusquement, sa main se refermant sur l'une des deux chaises qui encerclait la table constituant le seul mobilier du cabanon pour la projeter avec violence vers le mur contre lequel elle se brisa. C'était inutile, mais d'une certaine manière, cela le soulageait que d'entendre ainsi le craquement plaintif du bois cédant sous sa colère. Il lui fallait extérioriser ce qu'il avait sur le coeur, ou plutôt ce qui lui restait de coeur, afin de ne pas se laisser totalement abattre et pouvoir repartir de l'avant. Seul.
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