La journée était déjà bien entamée quand Vétéran arriva à Gloria. L'hésitation avait été sienne quand il arrivait à hauteur de l'énorme porte d'entrée, qui lui permettra de pénétrer dans la capitale. Un instant, il avait grimacé face à une vague soudaine de souvenirs récurrents. Le temps de quelques secondes, son esprit avait paru se rappeler d'un fragment de son autre vie, celle qu'il cherchait à retrouver. Dans ce morceau qui s'était vite dissipé, Vétéran avait vu des bâtisses différentes de celles qu'il avait vu à l'entrée... une période de temps plus ancienne ? Le temps que son mal de crâne se dissipe, il comprit qu'il était déjà venu ici. En même temps, cela tombait sous le sens.... On ne pouvait pas passer à côté d'une cité telle que celle là, impressionnante et sentant la magnificence par l'architecture qu'il contemplait.

Il avait fini par y entrer, pour ne pas trop attirer le regard des gardes en faction. Déjà qu'il paraissait être un vagabond sorti de sa plaine perdue. Heureusement, aucun d'eux ne l'accosta pour lui poser quelques questions. Une bonne chose. Et une fois à l'intérieur... Qu'est ce qu'il allait pouvoir faire ? La question était simpliste, mais d'importance malgré tout. Vétéran regarda autour de lui, et finit par prendre une décision : Se trouver une chambre modeste le temps de passer une nuit plus agréable que de dormir à la belle étoile. Avec le peu d'argent qu'il lui restait, il devra miser sur des petites tavernes un peu miteuses. De toute façon, au vue de son apparence de vagabond....

Une apparence qui pourrait être trompeuse. Même s'il portait sur son épaule un baluchon des plus basique, on sentait dans la posture de l'homme qu'il ne succombait guère dans le malheur d'une vie d'affligée et malheureusement. Sous sa vieille cape sombre, on devinait la présence d'un sabre rangé dans son fourreau. Drôle de vagabond en somme.

Vétéran se dirigea donc vers des quartiers plus modestes pour trouver une taverne pas trop chère....

une semaine. Une semaine que j'étais dans cette ville et déjà je m'y ennuyais. Il n'y avait rien à faire, rien d'intéressant. D'ailleurs Akïa et Zéphyr avaient décidés de rester chez l'ami qui nous accueillait au lien de m'accompagner me promener. Ils n'avaient qu'à y rester ! Je pouvais bien trouver quelque chose pour me divertir toute seule. C'était ainsi que je me promenais seule dans les rues avec ma petite mallette sous le bras en scrutant chaque visage à la recherche d'une personne suceptible d'avoir besoin de mes compétences contre un peu d'argent. Pas que j'en manquais, mais juste que je ne me voyais pas du tout rendre un service gratuitement et que mon côté cupide jouait aussi un peu là dedans. Je déambulais comme ceci toute l'après midi dans les rues. Je détestais ça, qu'il n'y ait pas un peu plus d'action ici. J'allais vraiment finir par agresser un inconnu rien que pour pouvoir m'amuser un peu. J'avais quand même mis mon armure ce matin avec l'intuition qu'aujourd'hui, je pourrais un peu me défouler.

Je commençais un peu à perdre espoir quand il apparût. Un homme assez grand. Il portait une longue cape et une capuche cachait une partie de son visage. À l'instant où je le vis, mon coeur se mit à tambouriner dans ma poitrine et un petite voix me souffla «c'est lui!» au creu de l'oreille. Oui ! C'était sûrement lui que je voulais. Mon sang afflua dans mon corps et je sentis mes sens être à l'affût. Je décidais de le suivre. Je n'avais aucune intention de camoufler à l'homme que je le pistais parce que je ne pouvais pas vraiment discrète avec mon armure et ma valise marron. Il devait avoir conscience que je le suivais à moins qu'il fut tres stupide. Au tournant d'une ruelle je pus apercevoir sa chevelure. Elle était d'un gris comme un ciel orageux. Je l'avais enfin trouvé. L'homme que je cherchais inconsciemment...

Celui dont je voulais voir le sang couler et teinter de rouge le sol. C'était son sang que je voulais admirer. Je voulais que mes yeux puissent se délecter de chaque goutte de son sang qui coulerait gracieusement hors de son être. Admirer leur lente chute et la fluidité de leur réception. Sentir mes mains recouvertes de ce fluide vitale si poisseux mais si doux. Contempler le rouge pourpre de sa souffrance, sentir cette odeur si jouissive de la mort. Celle qui te sature presque l'odorat par sa lourdeur. Sa douleur devait être tellement magnifique. Et ses cris ? Oh, je voulais qu'il crie alors que je lui découperai chaque parcelle de son grand corps au ciseaux. Je souhaitais voir la peur et la douleur dans ses yeux. Qu'il crève de cette douleur. Que son corps après s'être vidé de son sang, s'éteingne lentement avec impuissance.

Quand on a cette étrange impression d'être observé, cela pèse dans le dos. La sensation était désagréable comme elle apportait son lot de frisson. Mais peut être était-ce au fait qu'il venait e mettre les pieds dans une grande cité, où chaque badaud pouvait le fixer par simple curiosité ou autre. Depuis qu'il avait perdu la mémoire, c'était comme s'il découvrait pour la première fois de sa vie une zone à la forte densité de population. Rien à voir avec le petit village où il avait mené par Lewyn quand ce dernier l'avait trouvé à moitié agonisant.

Cette sensation désagréable passa qu'à moitié. Vétéran jeta un coup d'oeil autour de lui, mais pour le moment, il ne voyait que les habitants et les gens de passage à Gloria vaquer à leurs occupations. Dans le doute, il décida de rester prudent. D'ailleurs, il l'était presque constamment. N'ayant plus de souvenirs sur lesquels se raccrocher pour le moment, il préférait jouer cette carte car s'il venait à tomber sur une personne qu'il avait connu... Il ne saura dire si elle serait immédiatement amicale ou dangereuse. Il restait à l'idée qu'il était un combattant averti et aguerri... mais d'un bord encore indéterminé. Combattant pour les bonnes causes ou brigand ?

Il avait décidé de voir ce qu'il pourrait trouver comme armure quand cette sensation d'être observé le reprit. Il porta son regard en arrière et vit à travers la foule une personne qu'on aurait peine à ne pas remarquer. Une jeune femme à la chevelure rousse et à l'armure bien ferreuse. Et elle le regardait. Voilà donc l'origine de son mal-être. Il serra les dents. Il ne reconnaissait pas cette jeune femme. Mais savoir qu'elle le suivait ne l'enchantait guère.

Il fit comme s'il n'avait rien remarqué ; ou presque et prit la direction d'une rue moins fréquentée. Puis quand il jugeai bon de faire face à cette inconnue, il stoppa sa marche et se retourna vers elle, dardant un regard sombre assez persistant. Il lui faisait face et sa main n'était pas loin de son sabre....

''Vous me suivez tout à l'heure... Que me voulez-vous ? ''

Il marchait toujours, je ne sais pas depuis combien de temps je le suivais. Cette magnifique sensation d'être comme un prédateur qui traquais sa proix m'embrumait les sens et je n'avais plus conscience du temps et du lieu. Seulement de ses pas à lui, et ceux de la foule qui marchait tranquillement autour de moi. Je me fondais étrangement mal dedans même sans armes. Je ne regrettait pas de ne pas avoir de quoi me battre, je ne comptais pas m'en servir pour arriver à mes fins. À scruter l'homme que je pistais j'avais remarqué qu'il aurait peut-être le dessus sur moi et je ne comptais pas me faire massacrer dans cette triste ville. De toute manière Zéphyr m'avait interdit de prendre Extinction et Déchéance et je n'avais pas voulu le contrarier.

Au bout d'un moment, l'homme tourna dans une petite ruelle éloignée. Je compris bien que ça s'inifiait qu'il comptait réagir à ma poursuite. Sinon pourquoi ? Avant de passer l'angle de la rue, je rabattis une mèche rousse devant mon oeil vert, il pouvais prendre une lueur espiègle qui trahirais forcément mon jeu. Et je ne tenais pas à ce qu'il doute de moi déjà que l'armure n'inspirait pas confiance. Alors que j'étais à sa suite, il se tourna vers moi, et mes yeux captèrent son regard noir de méfiance. Un peu logique. Lorsqu'il me demanda ce que je lui voulais je remarquai qu'il était armé et moi je ne l'étais pas. Je serra ma mallette contre ma poitrine et dis avec sincérité mais sans pour autant afficher d'expression précise sur mon visage :
«Dès que je vous ai vu, vous m'avez beaucoup intriguée...»
Et c'était vrai après tout, même si ce n'était pas le genre de curiosité à laquelle on pouvais s'attendre.

Je pris une attitude qui se voulait assez amicale et lui sourit timidement, après tout j'allais devoir gagner sa confiance si je voulais pouvoir le découper. Et ce n'était pas très dure d'être agréable avec lui, après tout je ne le connaissais pas donc je ne le détestais pas du tout. Je repris ensuite :
«Comment vous appelez-vous ? Moi c'est Jaënna enchantée ! Que faites vous à Gloria ?»
C'était vrai que c'était la première fois que je le croisais ici et bien que je n'étais pas du coin, je m'étais assez balladée ici et il n'avait pas l'aire du coin. Il m'avait paru un peu perdu en fait, à chercher quelque chose visiblement. Enfin, ce n'était que des suppositions.

Vétéran n'avait pas bougé. Il avait à peine cligné des yeux, le temps d'observer cette jeune femme inconnue. Même quand elle venait de lui affirmer qu'elle l'avait trouvé intriguant. Il se demandait bien en quoi.... A moins qu'elle n'est jamais vu de vagabond de sa vie... ou de mercenaire miteux. Il resta prudent.

Elle avait pris une posture sereine, comme pour montrer qu'elle n'était pas là pour chercher la bagarre. Même un sourire avait vu le jour sur son visage. Chose certaine vis à vis des questions qu'elle posa par la suite, était qu'elle ne le connaissait pas. Une bonne chose donc. Restait à savoir ce qu'elle lui voulait. car même si elle s'était présentée et qu'elle cherchait déjà à savoir qui il était, il trouvait que cette rencontre allait vite. Trop vite.

''Vous me paraissez bien curieuse pour une personne que j'aurai intriguée. Ce n'est pas les gens bizarres qui manquent pourtant dans les rues et dans les abords du marché. ''

Son ton était froid mais ne sonnait pas dans l'agressivité.et il restant méfiant envers elle.

''Avant que je me présente, Jaënna, puisque c'est ainsi que vous vous nommez, j'aimerai savoir en quoi je vous ai intriguée... D'ordinaire, les gens ne s'intéressent pas à moi sans un but précis en tête. ''

Et il n'avait pas relevé la question sur ce qu'il faisait au sein de Gloria. Il était arrivé depuis peu et il n'allait pas révélé au premier venu ; ou à la première venue, ce qu'il cherchait à y faire. Si elle acceptait de répondre à ses questions, peut être qu'il pourrait faire un effort et causer un peu plus de lui. Mais en attendant... Sans souvenirs aucun, il préférait jouer le demi-rustre solitaire que le grand sociable.

Après, peut être qu'elle cherchait à engager une conversation amicale en vue de lui proposer quelque chose. Comme un petit boulot.... A voir son allure, il passait aisément pour l'homme à tout faire, quand on avait besoin de faire quelques menues tâches un peu ingrates et salissantes...

Tsss. Il semblait encore sur la défensive. Mais j'étais patiente, je n'allais pas abandonner alors que nous avions à peine échangé quelques mots. Et d'un certain côté, il avait raison de ne pas se fier aux inconnus et c'était une qualité que je lui reconnaissais. Surtout que j'avais des marques rouges tatoués sur le visage et ça n'inspirait clairement pas confiance et j'avais parfois tendance à l'oublier. Mais bon, ce serait vraiment ennuyant si c'était simple de gagner sa confiance. Je voulais du défi et finalement, je semblais l'avoir trouvé chez cet homme. Il n'avait même pas répondu à ma question et avait préféré poser les siennes. J'allais bien sûre lui répondre le plus franchement possible, ça ne me coûtait rien ! Mais avant de le faire, je détaillait son physique plus précisément. Il était de carrure plus imposante que moi, et c'était assez normal vu ma stature. Il n'était pas vraiment soigné et il aurait pu passer pour n'importe quel pauvre de Gloria si il ne dégageait pas cet confiance en soi que les gens à la rue ont presque tous perdus. Et il fallait souvent plus se fier à ce que les gens dégageaient et laissait penser être plutôt qu'aux apparences. Mais hormis de la méfiance, il avait quelque chose de plus suptile. Une certaine mesure. Rien dans son allure ne laissai paraître ses émotions mêmes pas ses yeux noirs. Les seules informations que je pouvais avoir moi même sur lui était ce que l'on ne pouvait pas cacher. La grande cicatrice qui barrait son visage me laissait penser qu'il n'en était clairement pas à son premier combat. Les gens qui savent se battre ne sont pas des gens qui vivent à la rue ce qui me conforta dans cette idée.

Je me demandais si une jeune fille comme moi pouvais lui faire peur. J'espérais sincèrement que non, je ne voulais pas l'effrayer. Après cet longue minute à l'observer en silence, je lui dis donc toujours en souriant et légèrement amusée au final :
« Quand on est intriguée, c'est normal de s'intéresser à la personne qui nous intrigue. Et je suis une personne qui ne s'encombre pas de règles de bienséance innutiles. Et qu'es qui vous fait penser que vous m'intriguez parce que vous être bizarre ? »
En fait, je n'avais vraiment pas de talent pour différencier les gens qui étaient considérés comme bizarres. En quoi pouvait-il l'être ? Il ne me semblait pas plus extravagant que certaines personnes. Je croisai les mains devant moi, toutes les deux sur la poignée de ma valisette marron et plongeai mon oeil bleu dans les siens. Si je voulais des réponses, je devais d'abord lui en donner. C'était un marché équitable il me semblait. Je pensai donc à son autre question pour tenter d'y répondre au mieux : En quoi il m'avait intrigué. Et surtout pourquoi lui en particulier ? SON SANG ! PAR INSTINCT PRÉDATEUR ! Hum, j'imaginais que répondre que c'était sa douleur que je voulais découvrir n'était pas conseillé pour débuter une relation que l'on voulait amicale. Et en plus, je ne savais même pas pourquoi c'était lui que j'avais décidé vouloire faire souffrir. C'était venu comme ça sans raisons un peu comme ...
« Le coup de foudre ! »

La réponse qu'apporta la jeune femme ne parut pas convaincre l'humain. Il en avait même haussé un sourcil.

''Quand on est intrigué, c'est pour une raison précise. Hors, là, vous m'en donnez aucune. et pourquoi je pense à la bizarrerie ? parce que ne voyez pas que je suis guère bien vêtu ? ''

Et puis d'ordinaire, les femmes de son genre ne s'approchaient guère des hommes à l'aspect louche ou qui était des loqueteux. Non, pour Vétéran, soit la curiosité l'avait poussé à venir le voir, soit elle avait un objectif indéchiffrable en tête. Et ne pas savoir quoi pourrait irriter Vétéran. Mais il savait se montrer patient. Il finirait bien par lui tirer les vers du nez. Car la réponse qui avait suivi était soit à rester stupéfait, soit à en rire. Ou encore autre chose.

Le coup de foudre.... Une réponse tellement spontanée qu'elle pourrait être vrai. Mais c'était tellement risible. On ne voyait cela que dans les histoires pour les enfants ou les naïfs de la vie.

''Le coup de foudre hein.... Je peine à le croire. Vous n'êtes pas dans les symptômes de ce qu'on appelle un amour foudroyant. Vous ne balbutiez pas, vous n'êtes pas en train de rougir... Alors quoi ? ''

Il n'aimait pas rester sans avoir les vrais motifs. Surtout quand il était lui-même incapable de savoir bien des choses à cause de son amnésie. Il croisa les bras et guetta la réponse de cette femme. Décidément, il se demandait s'il n'était pas destiné à croiser des énergumènes.

''Je pense que j'ai assez répondu à vos questions. A vous de répondre aux miennes et si cela me convient, peut être qu'on pourra avancer dans la conversation, n'est ce pas ? ''