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Orfraie Ataliel Administratrice Capitaine Lame Ecarlate Garde personnelle de Luna Dragonnière
| Sujet: Kaegen Althius Sam 3 Déc 2016 - 19:22 | |
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| Sujet: Re: Kaegen Althius Lun 12 Déc 2016 - 1:26 | |
| Histoire Chapitre I Une nouvelle ère - Chapitre 1:
6 Septembre, An 1271. Quelque part dans les Plaines Sauvages. Sous une pluie torrentielle, un bruit assourdissant et ponctuel autre que les gouttes s'abattant à même le sol se faisait entendre. Les pas lourds et lents ainsi que les hennissements des chevaux, le son d'un attelage en bois qui parvenait tant bien que mal à avancer de quelques mètres, c'était là tout un convoi en route. Ce dernier était constitué d'une vingtaine de carrosses toutes les unes derrière les autres tentant de rester sur le semblant de route qui se dessinait devant eux. La boue formée se révélait être l'ennemie de chaque être se trouvant dans cet attroupement. Parmi tout ce groupe, une caravane se trouvant précisément au milieu du convoi se démarquait de par ses motifs luxueux ainsi que sa couleur dorée parsemée de rouge à divers endroits. A l'intérieur, un homme et une femme, tous deux semblaient se trouver dans la moitié de leurs vingtaines. Leurs atours étaient luxueux, contrastant sans scrupule avec le reste de leur entourage. En considérant les deux bagues qu'ils portaient chacun à leurs annulaires gauche, il était aisé de deviner de quelle nature était la relation qui les liait. Le marié, lui, s'avérait être un grand homme incroyablement bien bâti, une longue barbe était présente malgré sa jeune apparence, c'était un homme de labeur à en juger par ses mains d'artisan rugueuses. Tandis que la femme, en revanche, représentait son exact opposé. Il était facile de croire que son visage avait été dessiné par les Esprits en personne tant sa beauté était invraisemblable. De longs cheveux châtains et soyeux transformaient cette créature de rêve en un songe d'une vie que chaque homme désirerait l'obtenir par tous les moyens nécessaires.
Des sabots retentirent, à chaque galop, l'eau se faisait entendre comme si le cheval tentait de traverser un fleuve, preuve de la densité de l'orage qui s'était manifesté dans le ciel depuis d'interminables heures durant. Le cavalier arriva à hauteur de la prestigieuse caravane et cria d'une voix caverneuse.« Sire, nous serons à destination dans moins d'une demie heure. Souhaitez-vous que l'on augmente la cadence ? »L'homme dans le carrosse ouvrit la porte de son transport et acquiesça de la tête en direction du cavalier. Ce dernier se frappa le cœur du poing tout en inclinant légèrement sa tête avant de galoper hâtivement en direction de la tête du convoi. La porte se referma aussitôt dans un mouvement brusque pour ne pas permettre à l'eau de s'infiltrer à l'intérieur. La femme, assise à côté de son mari, se pencha pour laisser sa tête reposer sur l'épaule de son bien-aimé. Elle murmura d'une voix presque inaudible, comme si elle voulait parler sans qu'on l'entende.« Ghoryn, es-tu certain de vouloir me suivre... ? »L'homme, dont le prénom fut dévoilé, entendit sa femme et décerna le doute dans sa voix si douce mais si faible.« Alyna, tu sais bien que tes rêves sont les miens. Où que tu ailles, j'irais et... Très honnêtement ? Je pense que ton idée est la bonne. Elle nous fera le plus grand bien. »« Mais... Ton père... » essaya-t-elle de rétorquer.« Mon père ne veut que mon bonheur et puis il n'est pas idiot. Il sait très bien que ses enseignements resteront gravés en moi à jamais. Je continuerai son travail, que ce soit à Gloria ou ici, je poursuivrai son héritage. Ce même héritage que j'enseignerais à celui-ci... » répondit-il, approchant avec affection sa main du ventre rond de sa femme.« Promets-moi que tu iras rendre visite à tes parents de temps en temps. Ton père est mourant, je n'arriverai pas à trouver la force de me faire pardonner de te l'avoir arraché à cause de mon égoïsme sans bornes, je sais à quel point tu respectes ton... »« Alyna. » dit-il en lui coupant la parole. « Tu es celle que j'ai décidé de suivre, ceci fut mon choix et uniquement le mien. J'irais rendre visite à mon père avant qu'il ne soit trop tard mais avant cela, je veux m'assurer que tout soit prêt lorsqu'il arrivera. » continua-t-il en faisant allusion à l'enfant qui s'apprêtait à venir au monde.« Merci, Ghoryn, je suis sûre que tout sera parfait. » lui répondit-elle, esquissant un sourire radieux envers son époux.
Le convoi venait d'augmenter en vitesse. La construction du Comté avait démarré des années auparavant, dotée d'une superficie n'ayant rien à envier aux plus prestigieux fiefs. Les Althius avaient décidé de s'y installer plus tôt qu'initialement prévu, à quelques mois de la fin des travaux. 31 Décembre, An 1271. Nouveau Comté d'Althius. Ghoryn, sur son destrier, galopa à travers le Comté à une vitesse fulgurante, poussant sa monture jusque dans ses derniers retranchements. Sa cape noire s'éleva au vent rejoignant la même position horizontale que ses cheveux. L'inquiétude se lisait sur son visage. Il faisait encore jour malgré le fait que la nuit menaçait d'envahir le ciel de ses ténèbres d'un moment à l'autre.
Il arriva à sa destination, se hâtant de descendre de son cheval. Il traversa à toute allure l'immense jardin qui arborait fièrement toutes les plus belles créations d'Armanda parmi la flore. Le gigantesque espace naturel aux multiples couleurs faisait lieu d'entrée à l'époustouflante demeure des Althius. Leur château, celui faisant office de lieu de pouvoir du Comté d'Althius. Là où toutes les décisions étaient prises mais également là où demeurait Ghoryn & Alyna.
A l'entrée du bâtiment, une poignée de domestiques l'attendait. A l'instant même où Ghoryn entra dans leur champ de vision, ils le guidèrent précipitamment à travers les couloirs de l'édifice jusque dans une chambre précise. Au centre de celle-ci, un immense lit. Alyna était allongée dessus, entourée de servantes sélectionnées pour leur loyauté ainsi que leur efficacité. La porte de la chambre se referma aussitôt qu'il fut entré et il s'approcha de l'amour de sa vie, se jetant par terre, glissant sur les genoux jusqu'à arriver au chevet d'Alyna, il entreprit de lui tenir la main.« Maîtresse Alyna a commencé ses contractions. » déclara l'une des servantes à l'attention de Ghoryn. Néanmoins, ce dernier ne tint pas compte des paroles de sa domestique, trop horrifié par l'expression de douleur qu'affichait le visage de sa douce. La voir dans cet état lui déchirait le cœur, des larmes coulèrent le long de ses joues. Il était désemparé face à une telle situation. Les cris d'agonie d'Alyna s'accentuèrent pour enfin se calmer lorsqu'elle sentit la poigne de son mari sur sa main.« Tu es là...»« Je me suis hâté de revenir à tes côtés aussitôt que j'ai appris la nouvelle.»« Maintenant que j'ai vu ton visage, je suis apaisée. Laisse-nous je te prie. Je ne veux pas que tu me voies dans cet état. »« Jamais je ne t'abandonnerais. » répliqua-t-il, serrant plus fort encore la main de son épouse.
Les cris reprirent à un volume bien plus élevé qu'avant, résonnant à travers le château. Alyna lança un regard significatif à Ghoryn, ce dernier comprit immédiatement qu'elle voulait absolument qu'il parte. Tiraillé entre son désir de rester à ses côtés et celui de respecter son souhait, il s'était figé. La responsable des servantes, Thrynx, avait saisi l'ampleur de la situation et aida Ghoryn à se relever afin de l'escorter en dehors de la chambre avant de refermer la porte, laissant le maître des lieux livré à lui-même dans cet immense couloir dont les torches murales ne suffisaient pas à réchauffer son cœur glacé par l'effroi. Les heures passèrent, accompagnées par les hurlements incessants de sa femme.
Finalement, après ce qui lui avait semblé être une éternité, la porte de la chambre s'ouvrit de nouveau. Le visage de Thrynx apparut avec un grand sourire. Elle lui fit signe de rentrer. Ne trouvant plus la force de marcher, il dut rassembler tout ce qui lui restait afin de mettre un pas devant lui, puis un autre. Il revint lentement au chevet d'Alyna et son regard se riva sur la serviette blanche que sa femme tenait dans ses bras d'une manière peu naturelle. Il comprit lorsqu'il aperçut la teinte rosée qui dépassait, il vit d'abord un minuscule pied. Ghoryn s'approcha doucement et découvrit pour la première fois son enfant. Ce minuscule être qui allait être le réceptacle de tout l'amour que ses parents avaient à lui offrir. Alyna parvint à sourire malgré le calvaire qu'elle avait subi quelques minutes auparavant et chuchota à l'attention de son bébé.« Regarde, Kaegen, c'est ton père... »Ghoryn sentit les larmes lui monter aux yeux une fois de plus et ne put les contenir . Il approcha ses mains de son fils et le prit dans ses bras, sous le regard aimant d'Alyna.« Mon fils, Kaegen, tu seras le plus heureux des êtres en Armanda... Et tu as fait de nous les parents les plus comblés du monde. »Il le porta de longues minutes avant de le remettre dans les bras de sa mère. Ils regardèrent tous deux la bénédiction de leurs vies. Les yeux bleus de Kaegen commencèrent peu à peu à se fermer. L'enfant des Althius venait de s'endormir paisiblement dans les bras d'Alyna, baignant dans cet océan d'amour qui s'était déversé dans la chambre, semblable à un torrent de chaleur bienfaitrice.
Chapitre II L'interdit incarné - Chapitre II:
Début Juin, An 1293. Comté d'Althius. Un martèlement se fit entendre, répété, précis et ponctuel. Métal contre métal, c'était là le vacarme quotidien d'un forgeron. Un homme, dans sa vingtaine, brandissait d'une poigne ferme cet outil contondant vers le haut avant de l'accompagner dans sa collision contre la lame brûlante à la couleur orangée de par l'extrême chaleur qui l'animait. A partir de la silhouette de l'individu, on pouvait penser qu'il s'agissait d'un amateur, son corps ne présentant pas la forme que la populace avait généralement en tête lorsqu'on mentionnait un forgeron. Elle était svelte, pas vraiment grande et loin d'être une montagne de muscles, pourtant, la façon dont elle maniait le marteau en attestait de son expertise et de son savoir. Une personne se faufila à l'intérieur de l'atelier, profitant du tapage qui régnait sur les lieux. De derrière l'homme s'éleva alors une voix féminine. « Kaegen, ton père t'attend. C'est l'heure de ton entraînement. » « Mère ! Merci d'être venue me prévenir. Ici, entre ces murs, j'en viens à perdre la notion du temps. » « Crois-tu être le premier homme de cette famille à prononcer ces mots ? » répliqua-t-elle, un sourire en coin. « Cela fait tellement longtemps que je ne l'ai plus vu à l’œuvre. Il avait cette expression sur son visage à chaque fois qu'il forgeait... Comme si son marteau le complétait, comme s'il n'y avait que lors de ces moments qu'il se sentait... » « Qu'il se sentait entier. » répondit Alyna, terminant la phrase de son fils.
Elle hocha lentement la tête avant d'ajouter : « Il m'a dit lui-même que son métier et sa famille étaient les seules choses en cette terre qui ont réellement de l'importance à ses yeux. Tu as élargi sa vision lorsque tu es entré dans nos vies. Il t'a désormais transmis sa passion, son amour pour la forge. Jamais plus il ne tiendra de marteau entre ses mains, il t'a confié la tâche de le porter à sa place, à toi et à toi seul, mon fils. » Kaegen baissa légèrement la tête, souhaitant éviter le regard de sa mère, tentant vainement de dissimuler l'afflux d'émotions qui déferlaient en lui. Fierté, doute, amour. Alyna, détectant le conflit émergeant en lui, s'avança doucement vers lui et lui caressa tendrement la joue de sa main droite. « Tu es sa plus grande fierté, il n'y a pas plus grand honneur pour un père que de voir son fils arpenter de son propre choix le même chemin qu'il eut lui aussi choisi à l'époque, tout comme son père avant lui. Tu perpétues la tradition de notre famille. Il t'a appris tout ce qu'il savait. Allons, maintenant, ton père s'impatiente.»Kaegen releva la tête et afficha un grand sourire, à présent en pleine possession de ses moyens et d'une grande confiance malgré le poids des responsabilités qui lui incombent. Tous deux sortirent de l'atelier, Alyna prenant les devants. Ils se dirigèrent alors au château, plus précisément dans l'arrière-cour. Là, Ghoryn les attendait de pied ferme. A la vue de son fils, il s'écria : « Alors comme ça mon fils se cachait, mort de peur à l'idée de la dérouillée que je vais lui mettre ! » « C'est étrange, je ne vois pas de chaise autour de toi. Permets-moi d'aller t'en cherche une, tu en auras besoin une fois que j'en aurais fini avec toi, vieille peau ! » « Ah ! Petit effronté ! C'est l'heure de récolter la leçon qui t'est due ! » Ghoryn lança une épée longue dans la direction de son fils. Ce dernier l'attrapa en plein vol et vint bloquer sa lame contre celle de son père. Kaegen n'avait pas hésité une seule seconde et Ghoryn le remarqua aussitôt. « Je vois que tu es prêt à t'entraîner avec des armes réelles ! L'époque des épées en bois sont révolues, jeune homme ! » annonça l'homme le plus âgé, une teinte de malice se trouvant dans ses yeux.
Ils s'éloignèrent l'un de l'autre et reprirent de plus belle leurs passes d'armes, accélérant en cadence au fil du temps. Alyna s'était assise plus loin, près de l'arbre qui fut planté au milieu de la cour des dizaines d'années auparavant. Elle regarda les deux hommes de sa vie s'affronter dans un duel qui pouvait sembler très hostile du point de vue d'un inconnu mais pas elle, Alyna avait pris l'habitude de cette complicité hors norme qui liait les deux hommes. Ghoryn, lui, prenait son pied et semblait tout à coup l'emporter sur son fils, le poussant dans ses derniers retranchements. Kaegen, ne souhaitant pas abdiquer, se releva après une chute causée par un coup de pied de la part de son paternel. Il leva la lame de son arme en direction de son père, avant de se lancer à toute allure sur lui.
Quelques dizaines de minutes plus tard, Kaegen était affalé à même le sol, défait. Sa respiration était rapide, beaucoup trop rapide. La fatigue avait resserré son étreinte sur son corps. Ghoryn quitta l'arrière-cour dans un ricanement moqueur, non sans avoir déposé un doux baiser sur la joue de sa femme, toujours assise au même endroit. Cette dernière se releva et alla à la rencontre de son fils, penchant sa tête pour regarder son fils dans les yeux. Ce fut Kaegen qui prit la parole en premier, entre deux bouffées d'air. « Alors, combien cela fait-il, Mère ? » « 2046 défaites et 0 victoire pour toi ! » répliqua-t-elle sur un air amusé. « Au moins, tu l'as battu en terme de ténacité ! Ton père a toujours admiré cette détermination en toi, tu sais ? Même s'il se refuse à l'admettre. » « Je sais qu'il a été formé par les plus grands maîtres d'armes de Gloria mais quand bien même, de là à ne pas réussir à le battre ne serait-ce qu'une seule fois... » « Tu sais, il a même fini par surpasser en un temps record ses instructeurs. On lui avait même proposé le poste de Général au sein de l'armée ! »Kaegen afficha de gros yeux écarquillés, incrédule. « Pourquoi n'a-t-il pas accepté ? » demanda-t-il, l'air sérieux. « Il a refusé car deux jours auparavant, je lui avais annoncé la bonne nouvelle. » « Laquelle ? » « Toi. » répondit-elle simplement, un sourire aux lèvres.
Kaegen ne chercha pas à obtenir plus de détails, comprenant de lui-même les enjeux que cela présentait alors. Alyna ne lui avait jamais révélé cette information. Ghoryn non plus. Peut-être que ses parents ne voulaient pas qu'il l'apprenne, de peur qu'il ne se sente coupable de cette opportunité ratée. Il s'empressa de chasser ces pensées de sa tête et se releva. Sa mère attrapa son avant-bras droit, analysant l'entaille présente sur celui-ci, causée par Ghoryn dans le feu de l'action. « Tu devrais aller faire traiter cette plaie. Ça tombe bien, nous venons tout juste d'accueillir la nouvelle famille d'apothicaires qui vient de s'installer dans le Comté. Je te suggère d'y aller dès à présent et d'en profiter pour faire leur connaissance. Je les ai déjà rencontrés et ils sont très charmants ! Ils ont même... une ravissante fille de ton âge.» Alyna avait terminé sa phrase sur une note à la fois mystérieuse et taquine. Kaegen soupira et promit à sa mère d'y aller plus tard dans la journée. Il souhaitait à tout prix finir sa toute nouvelle création dans son atelier. Ils se séparèrent alors et partirent vaquer à leurs occupations respectives.
Les heures passèrent et Kaegen venait tout juste de terminer de forger une nouvelle épée. Satisfait de son travail, il l'entreposa sur l'un des murs de la forge. Il comptait la présenter à son père pour avoir son avis sur la qualité de son œuvre. Il sortit alors de cette pièce étouffante où il y passait le plus clair de son temps libre et se mit en direction de la maison qui venait d'accueillir la plus récente famille du Comté d'Althius. Une fois devant, il marqua un temps d'arrêt afin d'observer la-dite demeure. Il se rappelait avoir aidé à la construire des années auparavant, aidant son père et d'autres ouvriers. Il ne put retenir un petit sourire en coin de se manifester. L'idée que quelque chose qu'il eût bâti avait pu servir à accueillir toute une famille le remplissait de joie. Il toqua doucement à la porte. Une voix douce et féminine se fit alors entendre. « J'y vais ! » La porte s'ouvrit et dévoila une jeune femme à la beauté stupéfiante. Sa longue chevelure de feu était aussi magnifique qu'un coucher de soleil, ses yeux d'émeraude avaient de quoi rendre jaloux les plus somptueux des paysages verdoyants. A peine plus petite que lui de quelques centimètres, sa silhouette svelte révélait des formes à la fois gracieuses et généreuses. Ses lèvres légèrement rosées étaient finement dessinées, son nez se faisait discret, les quelques mèches de cheveux se bataillant à l'avant de son front rendaient le tout éblouissant. C'était comme si elle avait été créée de toute pièce par les Esprits dans l'unique but de séduire. Son pouvoir de séduction avait même réussi à ébranler le jeune Kaegen, lui qui était pourtant si diligent dans sa quête de perfection aux yeux de son père. Si ce dernier avait réussi à instaurer un rythme de sagesse et de sérénité en lui, elle, avait en sa possession les moyens de déchaîner une tempête au plus profond de son être. Une tempête au feu ravageur. Le jeune homme se tint là, devant elle, bouche bée. Jamais une femme n'avait-elle pu déclencher cette sensation qui se réveillait en lui pour la première fois. La jeune femme soutint son regard, un brin d'inquiétude dans ses yeux face à cet inconnu au seuil de sa porte qui la dévisageait. « … Hum. Monsieur ? Je peux vous aider ? » Sa voix, à l'effigie de son apparence, était tout aussi mélodieuse. Apaisante et pourtant... déroutante. Kaegen réussit tant bien que mal à se tirer de sa torpeur. Il essaya de lui répondre mais aucun son ne sortit de sa gorge, il se la racla discrètement avant de reprendre. « Euh, oui. Pardon. Je vous présente mes plus plates excuses. Je cherche l'apothicaire qui vient de s'installer en ville. Je suis le fils du Comte Althius. Je souhaiterais faire appel à son expertise afin de traiter cette plaie sur mon avant-bras. » répondit-il, à moitié absent. « Oh, Monseigneur Althius. Pardonnez mes manières. Je ne connaissais pas votre identité. » répliqua-t-elle à son tour, embarrassée. « Je vous en prie, pas de formalités entre nous. Je veux dire, entre moi et vous. Non, pardonnez-moi. Pas de formalités avec moi. Voilà. Je ne suis pas à l'aise avec toutes ces manières. L'étourdissement que montrait Kaegen semblait amuser la jeune femme, désormais à l'aise. « D'accord ? Malheureusement, mon père s'est absenté. Il me semble qu'il s'est rendu chez vous afin de rencontrer le régent de ces terres, qui doit être votre père, si j'ose assumer. Toutefois je possède quelques notions inculquées par mon père et je peux peut-être vous aider à soulager la douleur en attendant son retour. Pourriez-vous me montrer votre blessure ? » Le jeune homme retroussa les manches de sa chemise blanche et lui montra sa légère plaie. « Cela ne me fait pas mal mais Mère m'a fait promettre de venir ici pour la traiter. » « Votre mère, hmm ? » dit-elle avec un grand sourire face à un Kaegen dont le teint de sa peau commençait à virer sérieusement au rouge. « Bon. Bonne nouvelle. Cela reste dans mes cordes, c'est une plaie mineure. Nous avons de l'airelle rouge à disposition. Entrez, installez-vous pendant que je vais vous préparer ça. » Elle fit volte-face et fit signe à Kaegen de la suivre à l'intérieur de la demeure. Elle le dirigea dans le lieu de vie de la bâtisse et lui fit signe de s'installer confortablement. Elle s'absenta aussitôt. Kaegen observa les environs et parvenait à peine à reconnaître la maison qu'il avait aidé à construire, celle-ci était à présent bien meublée et décorée. Ils n'avaient pas perdu de temps, pensa-t-il. La jeune femme revint quelques minutes plus tard et enjoignit Kaegen de lui présenter son avant-bras, ce dernier s'exécuta immédiatement. Elle appliqua un cataplasme sur la plaie et s'assura de le fixer en appliquant un bandage à l'aide de tissus blancs propres. Une fois terminé, elle leva les yeux et plongea son regard dans celui de Kaegen. « Qu'en pensez-vous, Monseigneur Althius ? Cela vous sied-t-il ? » demanda-t-elle, d'une voix douce.
Kaegen, n'ayant pas quitté la jeune femme du regard se contenta de lui répondre allègrement, sans même avoir jeté un coup d’œil sur les soins qui lui avaient été fournis. « C'est parfait, merci. » Ils restèrent là quelques secondes, à se regarder. Cela semblait être une éternité. Ils furent interrompus lorsque la porte d'entrée s'ouvrit. Une femme plutôt âgée se présenta alors dans la pièce et manqua de lâcher un cri. « Maman, tu es rentrée ! Ah ! Je te présente... Hum. Le fils du Comte. » « Kaegen. Kaegen Althius, ma dame. Ravi de faire votre connaissance. Ma mè... Je suis venu ici pour faire traiter une légère blessure et par la même occasion vous rencontrer. Je ne m'attarderais pas plus en ces lieux et je vous souhaite une agréable fin de soirée. » La dame esquissa une révérence à l'encontre de Kaegen, qui, se sentant gêné, lui demanda de se passer de ce genre de formalités en sa présence. Elle hocha la tête, satisfaite et foudroya sa fille du regard. La jeune femme se pressa de s'interposer entre sa mère et le jeune homme. « Sire, permettez-moi de vous raccompagner. » dit-elle avec un ton respectueux. « Je vous remercie de votre hospitalité. A très bientôt. » La jeune femme ouvrit la marche et dirigea Kaegen jusqu'à la porte d'entrée. Elle s'écarta du chemin pour le laisser passer et attrapa la porte de sa main. Le jeune homme se retourna alors vers elle, affichant désormais un sourire. « Merci de m'avoir accordé de votre temps, madame. » Son interlocutrice afficha alors une moue boudeuse. Kaegen haussa un sourcil et se rendit compte de son erreur. Il se rectifia aussitôt. « Pardon. Mademoiselle. » « Sylanna. » répondit-elle aussitôt. « Pardonnez-moi, je n'ai pas bien compris ? » « Sylanna. Je m'appelle Sylanna. » répliqua-t-elle en affichant un sourire radieux auquel Kaegen afficha le sien en guise de réponse.
Ils s'échangèrent alors les politesses habituelles puis Kaegen fit volte-face après lui avoir souhaité de passer une bonne soirée. Sylanna le regarda partir et une légère tristesse s'installa sur son visage avant de retrouver le sourire lorsque le jeune homme se retourna encore une fois. « Sylanna, que répondriez-vous si je venais à vous demander de m'accorder l'honneur de vous faire la visite du Comté, disons... Demain ? » « Demain. » répondit-elle hâtivement. « Demain. » répéta-t-il une dernière fois.
Kaegen afficha un dernier sourire avant de reprendre définitivement son chemin menant au château. Sylanna, quant à elle, ne ferma la porte d'entrée uniquement lorsqu'il fut hors de son champ de vision. Elle s'adossa à la porte fermée, posant la paume de sa main droite sur sa poitrine, un sourire grand jusqu'aux oreilles. Kaegen, lui, sur le chemin de retour, ne pouvait s'empêcher de sourire tout seul, tout agité. Les quelques passants qu'il croisait le fixaient d'un air interrogateur.
Chapitre III Ambitions & Cœur - Chapitre III:
Quelques mois plus tard. Comté d'Althius. Les jours passèrent, puis vinrent les mois. Rien de particulier ne s'était produit durant ce court laps de temps si ce n'était que Kaegen et Sylanna passaient désormais le plus clair de leur temps ensemble. Malgré les regards plus qu'implicites qu'ils s'étaient échangés lors de leur première rencontre, et ce même maintenant, le jeune homme n'avait toujours pas réussi à prendre son courage à deux mains et à amener leur relation à un tout autre niveau. Sylanna, elle, semblait déterminée à rectifier le tir tôt ou tard.
Kaegen continuait sa routine, il s'exerçait encore et toujours à la forge, désirant sans cesse surpasser ses talents de la veille, l'entraînement quotidien avec son père avait repris sans interruption. Sylanna, de son côté, assistait le sien dans ses tâches du mieux qu'elle le pouvait, élargissant par la même occasion son savoir au regard des plantes d'Armanda. Ils étaient tout les deux sortis, lors de cet après-midi ensoleillé, aux Jardins du Comté. Un grand espace de repos, en lien étroit avec la nature, aménagé afin de permettre à ses habitants, dépassant le compte des deux cent personnes, de se reposer et de profiter des joies de la nature malgré l'emplacement du Comté qui se trouvait dans les Plaines Désolées, à environ trois voire quatre semaines de temps de trajet par rapport à Gloria, suivant la cadence du voyage. Les Jardins étaient alors vides, les deux compères pouvaient de ce fait profiter de ceux-ci sans aucune gêne quelconque. Assis à même le sol, sur l'herbe teintée d'un vert vivifiant, ils parlaient de tout et de rien, la joie s'étant installée sur leurs visages. « Quand est-ce que tu comptes présenter à ton père cette épée que tu gardes depuis notre rencontre dans ton atelier ? Je la trouve sublime. » « Peut-être à tes yeux, mais pour mon père cela pourrait s'avérer tout autre. J'ai peur de sa réaction, j'ai tellement de fierté et de satisfaction pour cette œuvre que je n'ai pas le courage de la lui montrer. C'est l'épée qui me servira dans l'unique but de lui démontrer que j'ai bien acquis tous ses enseignements mais si elle n'est pas à la hauteur... » « Excusez donc mon manque d'expertise en la matière, monseigneur. » siffla-t-elle tout en faisant la moue. « Excuse-moi, je ne voulais pas te contrarier. Je voulais juste... » « Bon sang, tu n'es pas très perspicace ! Je te taquinais juste ! Je sais bien que je n'ai pas le savoir requis afin d'évaluer ton épée mais je suis certaine, qu'après tout le mal que tu t'es donné, qu'il ne pourra qu'admirer ce que tu as fabriqué. » répliqua-t-elle, coupant la parole à Kaegen.
Un long silence s'ensuivit, le jeune homme s'étant plongé dans ses pensées, ressassant les paroles empreintes de vérité de son interlocutrice. Il secoua alors sa tête comme pour chasser les dernières pensées négatives restantes et prit un air sérieux, croisant son regard avec celui de Sylanna. « Tu as raison. Merci. Sylanna. » Cette dernière sourit. Elle afficha ensuite un visage aux traits sérieux et déterminés, se rapprochant de lui. « Comptes-tu aussi lui annoncer l'autre chose ? » « Quelle autre cho... » Il fut brusquement coupé dans ses paroles lorsque Sylanna le fit taire par le biais de ses lèvres se refermant sur les siennes. Le vent soufflait fort, un vent tiède, permettant à sa longue chevelure de feu de masquer ce qu'il s'y passait au travers à la manière d'un voile ondulé. Ce qui avait commencé par être tendre et affectueux devint rapidement fougueux et passionné. Les premières secondes de stupéfaction passées, Kaegen s'était laissé guider par ses émotions et l'instant présent, la jeune femme étant très persuasive de par sa gestuelle. Elle avait réussi à neutraliser tous les remparts intérieurs du dernier des Althius. Après de longues minutes, ils reprirent tant bien que mal leur souffle, main dans la main, leur regard rivé sur l'autre. « Est-ce réellement ce que tu souhaites ? Moi ? » « Cet échange ne t'a pas convaincu ou alors tu veux continuer pour en être sûr ? » « Non, je veux juste être certain que ce n'est pas une folie passagère. » « Crois-tu réellement que j'agis de la sorte avec n'importe quel homme croisant ma route ? Est-ce cela que tu penses de moi ? » « Non, bien sûr que non. C'est seulement... C'est seulement que je n'ai aucune expérience dans ce domaine-là. Je n'ai jamais été intéressé par le sexe opposé et puis tu es entrée dans ma vie, ébranlant tous les fondements auxquels je croyais. Mais maintenant, à mes yeux, tu es la lumière. Une lumière si vive que tu m'aveugles de par ta prodigieuse beauté. Tout en toi m'attire au plus haut point et cette perspective de mon avenir avec toi m'effraie quelque peu. J'ai dû mal à arpenter de nouveaux chemins inconnus. » « Cette voie-là, tu ne l'emprunteras pas seul. Je serais à tes côtés, Kaegen. Quoiqu'il en coûte, nous braverons ce qui se dressera devant nous. Si c'est avec toi... Je n'aurais pas peur. » Kaegen s'accorda un instant afin d'assimiler ces nouveaux éléments. Ses mots l'avaient rassuré. Il parvint soudainement à s'imaginer avec elle, ensemble. Où que cela le mène, il ira. Ce qu'il n'avait pas compris jusqu'à alors, c'était que pour elle aussi tout cela était nouveau mais elle se révélait être tellement déterminée qu'il eut la conviction, qu'ensemble, l'inconnu s'ouvrirait à eux dévoilant de nouveaux horizons. Tantôt dégagés, tantôt couverts. Il leva sa main et caressa affectueusement la joue rosie de Sylanna puis attrapa délicatement l'arrière de sa nuque afin de rapprocher son visage du sien, lentement mais inexorablement. Ils s'échangèrent un dernier baiser avant que le soleil n'entame sa folle descente afin de laisser la nuit s'emparer d'Armanda.Quelques heures plus tard. Château des Althius. Kaegen et Sylanna venaient de se quitter. Le jeune noble se hâta de regagner sa demeure, une lueur aux yeux. Il s'était finalement décidé à montrer à son père l'épée qu'il avait forgée. « Père ! Vous voilà enfin ! » « Qu'y a-t-il mon brave fiston ? J'ai été très occupé en cette longue journée. Sois bref. « Je souhaiterais vous présenter ma dernière œuvre. J'aimerais avoir votre avis honnête et impartial. » Devant la volonté de fer présente dans les yeux de son fils, Ghoryn ne put qu'abdiquer et lui fit signe de prendre les devants. Tous deux partirent en direction de l'atelier et lorsque Kaegen en ouvrit la porte, le régent du Comté se figea sur place pendant un instant. Il n'y avait plus mis les pieds depuis ce qui lui semblait être une éternité, cet endroit équipé de tous les outils nécessaires lui rappelait sa vie antérieure qu'il affectionnait tant. Son fils le dévisagea du regard, toutefois de manière compréhensive. Il mit finalement un pied en avant et entra à l'intérieur. Kaegen s'avança en direction du mur au fond de la grande pièce et retira la couverture qui servait à protéger et masquer l'épée. Lorsque Ghoryn vit l'épée, il en fut stupéfié. « Par les Esprits... Est-ce vraiment toi qui a... ? » Il ne parvint pas à terminer sa phrase, portant à présent l'épée dans ses mains que venait de lui remettre Kaegen. « Je n'étais pas sûr de vouloir te la montrer. J'ai peur que tu ne sois déçu. J'ai appliqué tout le savoir que tu m'as transmis et cette épée en est la culmination. Ghoryn ne tint pas compte des paroles de son fils, son attention étant entièrement focalisée sur l'épée, il l'inspecta de toute part. Glissant soigneusement son index le long du tranchant de la lame, rivant son regard sur la brillance de celle-ci. Il intima à son fils de s'écarter puis entreprit d'effectuer des moulinets avec l'épée afin de mesurer son poids et sa maniabilité. Après de longues minutes, il lâcha un long sifflement admirateur. Pour finir, il s'empara d'une autre épée qu'il alla fixer de façon horizontale avec les outils à disposition sur les lieux. Il fit un pas en arrière et frappa de son épée celle fixée. Une fois, deux fois, puis continuellement jusqu'à qu'il en fut satisfait. L'épée de Kaegen ne s'était pas abîmée tandis que l'autre présentait désormais des brisures à divers endroits. Ghoryn mit fin à ses tests et remit l'épée de son fils entre ses mains. « Tu peux être fier de toi mon fils. Non. Je me dois même de te dire que je suis incroyablement fier de toi. Je n'ai jamais vu une épée d'une telle qualité. Tu m'as désormais bel et bien surpassé et je ne parle pas que de la forge car ce n'est qu'une question de temps avant que tu ne sortes victorieux de nos entraînements quotidiens. Tu deviens plus rapide, plus fort à chaque jour qui passe. » déclara-t-il, posant sa main sur l'épaule de Kaegen.
Ce dernier, n'en croyant pas ses oreilles, ouvrit grand les yeux. « J'ai aussi remarqué que je m'en sortais mieux lors de nos joutes mais j'étais persuadé que c'était à cause de la fatigue liée à l'âge, Père. » « Pensais-tu sincèrement que c'en était la raison ? Non. Je n'ai rien perdu. J'ai encore de belles années devant moi, les jours qui passent ne montrent pas leur emprise sur ma personne. C'est toi, fiston, qui est devenu beaucoup plus versé dans l'art de la guerre. » Honoré par ses paroles, ces mots qu'il avait toujours voulu entendre, Kaegen ne put retenir une larme de couler le long de sa joue. Il avait enfin le sentiment d'avoir acquis le respect de son paternel, cet unique but qui avait forgé sa vie jusqu'ici. A présent renforcé par la confiance en soi, Kaegen comptait à présent lui annoncer une autre bonne nouvelle. Sylanna. Toutefois, Ghoryn le devança. « Mon fils, j'ai une bonne nouvelle pour toi. Je t'en prie, assieds-toi. » Le jeune homme, surpris, s'exécuta néanmoins. Soudainement assailli par d'innombrables pensées défilant dans sa tête quant aux mots de son père. S'apprêtait-il à lui confier plus de tâches maintenant qu'il était désormais officiellement approuvé par Ghoryn ? La régence du Comté ? L'officialisation du début de sa carrière en tant que forgeron ? Il fut ramené à la réalité par la voix de son père. « Écoutes, tu as atteint un âge où je pense qu'il faudrait que tu songes à la famille et à ce sujet... J'ai arrangé pour toi une rencontre avec ta future femme. Bien entendu, c'est une noble bien qu'elle ne soit que la fille d'un Marquis, un de mes amis proches. Elle est ravissante et possède de très bonnes manières, elle est également bien versée dans la politique et les échanges commerciaux. Et surtout... Elle a plus que hâte de te rencontrer. »Kaegen ne l'écoutait déjà plus. Pris de vertige, il n'entendait plus que les sons s'échappant de la bouche de Ghoryn, incapable d'en reconstituer les mots. « Je pense que ce serait une excellente opportunité pour lier nos deux familles. On pourrait alors assurer l'avenir de nos lignées respectives mais également sa prospérité. Combinées, nos deux familles pourraient engranger une énorme fortune. Mon ami s'en réjouit d'avance et je dois admettre que je partage son avis. Qu'en dis-tu ? Kaegen ? » Ghoryn fronça les sourcils en direction de son fils, s'apercevant des traits plus qu'expressifs qu'affichait le visage de Kaegen. Ce dernier reprit ses esprits lorsqu'il entendit son nom. Il secoua sa tête et fixa son père d'un regard sérieux. « J'ai déjà trouvé la femme qui partagera ma vie. On est heureux ensemble et je ne me vois pas avec une autre. » Ghoryn afficha, contre toute attente, un grand sourire jusqu'aux oreilles. Il enjoignit son fils de lui en dire plus à propos de cette mystérieuse femme. « En voilà une bonne nouvelle ! Dis-moi, quel est son nom ? Pourquoi ne nous l'as-tu pas présentée ? » « Il s'agit de Sylanna, la fille de l'apothicaire. » Le visage de son père s'assombrit. Il baissa lentement la tête et déclara d'une voix faible, lointaine : « Non... » « Pardon ? Qu'avez-vous dit Père ? Je n'ai pas bien saisi. » demanda alors Kaegen, une pointe d'inquiétude dans le ton de sa voix. Cette même inquiétude qui s'avéra fondée lorsque Ghoryn releva la tête et cria d'une voix autoritaire et furieuse : « NON ! » Un silence lourd et pesant venait de s'installer dans l'atelier. Kaegen, soutenant le regard de son père, ne parvenait pas à comprendre le refus de son père quant à son affection pour Sylanna. Le regard de son père gagnant en intensité de seconde en seconde, le jeune homme finit par baisser le regard, incapable de lui tenir tête. « Tu n'épouseras pas de roturière. Tant que je serais de ce monde, tu ne feras entrer nulle roturière au sein de notre famille. La fille de mon ami le marquis arrivera au Comté dans quelques jours. Elle était déjà en route pour te rencontrer. Ressaisis-toi mon garçon. Sache que c'est uniquement pour ton bien. » La porte de l'atelier se referma doucement. Ghoryn venait de quitter les lieux, laissant Kaegen désemparé et étourdi par ce qui venait de se produire.
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| Sujet: Re: Kaegen Althius Lun 12 Déc 2016 - 1:29 | |
| Chapitre IV La force des liens - Chapitre IV:
Cinq jours plus tard Comté d'Althius Un vent agité, des éclaircies se profilant à l'horizon. Une journée en somme ordinaire pour les habitants du Comté. L'ensemble du personnel du château semblait en détresse, gesticulant de gauche à droite comme si l'état d'urgence avait été décrété. Ils se préparaient seulement à accueillir la fille du Marquis Thallion, Eléanor, qui n'allait plus tarder à faire son apparition. Kaegen, présent à l'entrée du domaine, affichait un air sombre. Il s'était disputé la veille avec Sylanna, vis-à-vis de l'annonce de son père. Cette dernière fut outrée, non pas contre Ghoryn mais bien envers Kaegen, qu'il n'ait pas opposé plus de résistance, à savoir aucune. Le fils unique des Althius avait abdiqué devant la décision de son père, ne souhaitant pas aller à l'encontre de ses vœux. Alyna, elle, ne souhaitait prendre aucun parti car d'un côté, l'engagement de son fils à la jeune Eléanor avait toutes les raisons d'avoir lieu tandis que l'amour qui semblait véritable de son fils envers Sylanna l'amenait à être tiraillée. Elle avait essayé de raisonner son mari sans aboutir à quoi que ce soit de concret, finissant par se retirer face à la détermination de Ghoryn.
L'attelage de la maison Thallion fit son entrée, précédée et suivie de tout un cortège de gardes ainsi que d'une caravane contenant des provisions et des cadeaux à l'attention des Althius. Descendit alors du carrosse une jeune femme resplendissante aux cheveux d'or bouclés et au regard azuré. Du même âge que Kaegen, paraissant pourtant plus mature. A la vue de celle-ci, Ghoryn esquissa un sourire. Kaegen se força à afficher une expression plaisante, restant imperturbable face à la vision d'une femme pourtant rayonnante de beauté. Ghoryn l'aida à descendre en lui tenant la main et, après s'être échangés les formalités habituelles, l'amena devant son fils. Eléanor le salua d'une révérence gracieuse et se présenta. « Quelle joie d'avoir enfin la chance de vous rencontrer, Messire. Mon père n'a cessé de me chanter vos louanges. » dit-elle, d'une voix fort agréable. « Je n'ai malheureusement pas eu le plaisir d'une telle discussion avec le mien. » lui répondit-il, sèchement.
Ghoryn le foudroya du regard, posté derrière Eléanor. Alyna, consciente de la situation, se décida à agir. Son mari n'ayant plus adressé la parole à son fils depuis cette nuit à l'atelier. « Je suis certaine qu'il voulait que cette rencontre soit une magnifique surprise pour toi, mon fils. » « Pour sûr. » répliqua-t-il, sans l'ombre d'une émotion dans sa voix.
Il jeta un regard à son père qui le lui rendit. Sentant la tension palpable qui venait de s'installer, il se ressaisit et invita Eléanor à une petite balade au sein du Comté afin de lui présenter les lieux, ce qu'elle accepta joyeusement. Tous deux partirent d'un pas lent avant de disparaître au loin. Ghoryn laissa échapper un long soupir. « Tu penses que j'ai fait une erreur en le forçant à accepter tout ceci ? » demanda-t-il à l'attention de sa femme. « Tu es assez grand pour répondre à ta propre question, Ghoryn. Je sais que tu l'as fait dans l'intérêt de notre fils mais pose-toi bien la question : trouvera-t-il réellement le bonheur de cette façon ? Aussi ravissante que puisse être la fille de Grisondre, aucune femme ne pourra remplacer Sylanna dans son cœur car elle fut la première à le conquérir. » « Mais c'est une roturière ! » s'écria-t-il. « Vraiment ? Tu oses me dire ça en pleine figure ? » « Pardonne-moi, mon amour. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je veux juste m'assurer de son bonheur mais également de son futur et la fille des Thallion peut lui offrir les deux... » Alyna coupa court à la discussion en faisant volte-face et rentra à l'intérieur du château. Suivi de Ghoryn peu de temps après avoir donné les instructions à ses domestiques de décharger les caravanes de leurs provisions.
Plus loin, en contrebas du siège de pouvoir du Comté, Kaegen marchait aux côtés d'Eléanor. Ils firent le tour des lieux, le jeune homme lui expliquant à quoi correspondaient les divers bâtiments tout en lui racontant certaines anecdotes plus ou moins futiles pour ne pas paraître discourtois et désintéressé. La visite s'acheva aux Jardins où ils s'installèrent sur un banc. Plusieurs groupes d'enfants jouaient, sous le regard peu attentif de quelques adultes qui discutaient entre eux. Ce fut la jeune femme qui initia la conversation. « Malgré l'emplacement du Comté, c'est un lieu plein de vie, accueillant et chaleureux, que vous avez-là, Messire Althius. J'avais émis des réserves quant à quitter Gloria pour venir ici mais à présent... Je suis contente d'en avoir décidé autrement. » « Vous m'en voyez ravi. La grande majorité des habitants se connaissent entre eux, d'autres préfèrent vivre en solitaires mais nous possédons tous l'envie de vivre ici malgré certaines conditions défavorables. Le Comté est notre havre de paix et de tranquillité. » Kaegen et Eléanor continuèrent à discuter durant quelques minutes lorsqu'un cri aigu retentit un peu plus loin. Les adultes qui surveillaient les enfants s'étaient précipités près d'un grand arbre, attroupés autour d'un point précis. Kaegen se leva du banc et, accompagné d'Eléanor, alla rejoindre le groupe afin de découvrir la raison à l'origine du cri. C'était un enfant qui était monté en haut de l'arbre et qui, en voulant redescendre, s'était mal réceptionné. Pleurant de douleur et saignant des coudes et d'autres endroits. Eléanor attrapa le bras de Kaegen devant cette scène, révélant une gêne à la vue du sang. Un des adultes présents déclara alors qu'ils avaient déjà envoyé une personne chercher l'apothicaire pour qu'il s'occupe du petit garçon. C'est à ce moment précis que Kaegen ressentit un frisson lui parcourant le long de son dos. Son premier réflexe fut d'esquisser un pas en arrière afin de s'en aller mais lorsqu'il tourna légèrement la tête à sa gauche, il fut trop tard. Des cheveux de feu entrèrent dans son champ de vision, juste à côté de lui. Sylanna venait d'arriver sur les lieux. La jeune femme demanda à toutes les personnes présentes de s'écarter de l'enfant afin de lui laisser de la place. Elle posa sa grande bourse marron au sol et commença à palper délicatement les jambes et bras de l'accidenté, lui demandant si il avait mal au contact de ses mains. Ce dernier lui répondit, entre deux pleurs, qu'il n'avait pas spécialement mal. Elle sortit alors de sa bourse des plantes diverses et variées et commença à préparer un cataplasme qu'elle appliqua rapidement sur les zones ensanglantées. « Tu as de la chance, brave petit. Tu ne t'es rien cassé. Ce sont juste de vilaines égratignures. Tu devrais rentrer chez toi et te reposer, je vais t'accompagner. Promets-moi surtout que tu ne referas plus jamais ça ! » Le petit être hocha de la tête, reniflant sans cesse. Kaegen s'avança légèrement, souhaitant lui apporter son aide, à peine eut-il le temps de prononcer un mot que Sylanna désigna une autre personne, un adulte, pour l'aider à transporter le jeune garçon. Elle jeta un regard discret à l'attention de Kaegen. Il pouvait lire une profonde tristesse dans ses yeux. Il ressentit également une profonde douleur à la poitrine, bien qu'éphémère. Sylanna tourna la tête une dernière fois et quitta les lieux avec l'enfant et l'adulte. Kaegen la regarda partir, incapable de regarder ailleurs. Eléanor prononça son nom plusieurs fois afin de le ramener à lui, sans succès, ce ne fut que lorsqu'elle tira son bras avec sa main qu'il se rendit compte qu'il l'avait oubliée. « Vous connaissez cette femme, Messire Althius ? » « Oui... Enfin non. C'est la fille de l'apothicaire du village . » balbutia-t-il.
Ne souhaitant pas s'attarder davantage sur le sujet, il invita Eléanor à rentrer au château où les préparatifs du dîner devraient d'ores et déjà être finalisés. De retour au château, il lui montra les différentes pièces présentes en son sein et finirent la visite en arrivant dans la grande salle à manger. Ghoryn et Alyna se trouvaient déjà là, assis à leurs places respectives. Kaegen s'installa en face de sa mère et à côté de son père, avec Eléanor sur sa droite. Ghoryn tapa des mains et une ribambelle de servants entrèrent dans la pièce, déposant chacun plusieurs mets tous plus différents les uns des autres. Une fois partis, les principaux acteurs de la pièce se mirent à festoyer dans un silence religieux. L'ambiance se révélait étouffante et Eléanor ne put que le remarquer. Ce fut finalement Ghoryn qui brisa le silence de manière impromptue. « Qu'avez-vous donc pensé de notre domaine, jeune Eléanor ? » « Fort plaisant, Sire. Le Comté est resplendissant et chaleureux. La communauté y est très soudée et cela m'a mis du baume au cœur. Un jeune garçon s'était, à l'instant, fait plutôt mal en tombant d'un arbre des Jardins. » « Par les Esprits, rien de grave j'ose espérer ? » demanda Alyna, dont l'inquiétude présente dans sa voix ne pouvait être simulée. « Rassurez-vous, Dame Althius, votre apothicaire s'en est chargé avec grande efficacité. » « Je reconnais bien là notre Maître Apothicaire Yolann. Il avait très bonne réputation à Gloria et ses preuves ne sont plus à faire. » « C'était sa fille, Sire. » rectifia-t-elle, en fixant du regard ses hôtes.
Alyna tourna sa tête d'un air inquiet à Ghoryn. Ce dernier, lui, foudroya son fils du regard. Kaegen venait de baisser la tête, tentant de trouver refuge parmi les nombreux aliments présents dans son assiette. C'est à ce moment-là qu'Eléanor se leva en toute hâte de sa chaise et jeta la serviette présente à son col sur la table. « Je le savais. Quelque chose se trame entre votre fils et cette femme ! » s'écria-t-elle, indignée. « Je vous en prie, ma chère, rasseyez-vous. » répliqua Alyna dans une vaine tentative de calmer le jeu. « Ce n'est là que le fruit de la puberté sans fin de mon fils. Il n'a aucune expérience dans le domaine de l'amour et il vient tout juste de succomber aux charmes de la fille de Yolann. Il n'a aucune idée de ce qu'il raconte. » « Vous avez, vous et mon père, concocté ce mariage arrangé entre nos deux familles. Vous m'avez faite venir en ces lieux dans l'unique but de nous tromper ? » « Jeune fille, vous êtes en présence du maître de ces lieux. Je vous saurais gré de baisser d'un ton avec moi et de vous rasseoir ! » cria-t-il en tapant la table du poing.
Eléanor, décontenancée par ce soudain revirement, s'exécuta aussitôt. Elle venait de prendre conscience qu'elle n'était que la fille d'un Marquis et qu'elle venait de faire une scène devant un Comte dont la réputation le précédait. Ghoryn reprit la parole, à présent calmé. « Pardonnez cette brève altercation, jeune Eléanor. Comprenez bien que j'ai appris l'existence des sentiments de mon fils que très récemment. Lorsque j'ai demandé à votre Père de vous faire venir ici, je n'étais pas encore au courant de cette histoire. Je ne pouvais pas vous demander de retourner à Gloria alors que vous veniez à peine de débarquer sur nos terres, uniquement pour tirer tout ça au clair avec Kaegen. » Ghoryn tourna ensuite sa tête vers sa femme, l'implorant silencieusement de l'aider à neutraliser l'hostilité naissante dans la pièce. Alors que Kaegen s'apprêtait à son tour à se lever, la main d'Eléanor se posa soudainement sur sa jambe. Il tourna alors son regard vers la jeune femme, qui contre toute attente, lui fit un clin d’œil discret pendant que les parents de Kaegen se concertaient gestuellement. Le jeune homme leva un sourcil et décida de ne pas se lever, attendant de voir ce qu'elle mijotait. « Sire Althius, j'informerais Père de mon refus de me marier à votre fils. Ne lui en veuillez pas, ceci est purement et strictement ma décision à moi et à moi seule. Bien que votre Comté soit très accueillant et plaisant, je préfère rester en Gloria... Aux côtés de mon amant. Mon père n'est pas au courant de son existence et je préfère que cela en reste ainsi. Tant que vous ne toucherez mot de ceci à mon père, je ne lui ferais pas mention de l'affront que vous avez osé me faire en ces lieux.Hébété par la bravoure dont faisait preuve la fille des Thallion, Ghoryn resta bouche bée. Elle venait de lui tenir tête, dans son propre domicile. Elle avait bel et bien la fibre politique en elle. « Je... Je comprends. Merci de votre compréhension également, jeune Eléanore. Que direz-vous à Grisondre concernant votre visite ici ? » « Seulement que votre fils, bien que bel homme, ne m'a pas plu et que je préfère rester parmi les miens à Gloria. Que je ne suis pas prête à tout laisser derrière moi. Mon père me chérit par dessus tout et il acceptera ma décision sans rechigner. Je voudrais aussi prendre mon départ dès demain, à l'aube. » « Fort bien. Je m'excuse pour ce déplaisant voyage. Permettez-moi de vous offrir quelques accessoires de valeur afin de me pardonner. » « Je les accepte volontiers. » déclara-t-elle, affichant désormais un sourire. « Parfait. Finissons à présent, si vous le voulez bien, de dîner. » Ainsi, la discussion s'acheva à travers les tintements métalliques des couverts. Ils festoyèrent longuement, s'échangeant durant une éternité des mots sur moult sujets. La pièce avait retrouvé une ambiance chaleureuse et amicale. Kaegen remercia discrètement d'un hochement de tête la jeune femme pour son aide.
Le matin suivant, Eléanor effectuait les derniers préparatifs pour son départ. Ghoryn s'occupait de charger des provisions supplémentaires tandis qu'Alyna s'assurait quant à elle que des vêtements lui soient donnés. Kaegen prit Eléanor à part afin de la remercier personnellement. « Je vous remercie pour votre aide, Demoiselle Thallion. Je suis sincèrement désolé pour ce long voyage que vous avez dû entreprendre pour venir me voir. » « Appelez-moi Eléanor, je vous prie. Vous n'avez aucun soucis à vous faire. Je suis venue ici uniquement car mon père me suppliait jour et nuit d'accepter cette entrevue. « Je vous remercie de votre clémence, Eléanor. Le fait est que l'existence de votre amant fut une réelle aubaine pour moi. J'espère de tout cœur qu'il saura vous rendre heureuse. » « Quel amant ? Je n'en ai point. » déclara-t-elle avec un sourire. S'approchant de Kaegen pour lui déposer un doux baiser sur la joue. « Si jamais vous changez d'avis, faites-moi parvenir la nouvelle. Vous êtes tout à mon goût, Kaegen. » dit-elle, s'écartant de lui en effectuant un dernier clin d’œil avant de se diriger vers son attelage, laissant derrière elle un Kaegen ébahi.
Après quelques minutes, Eléanor sonna le départ et son convoi repartit en direction de Gloria. Elle se retourna une dernière fois vers Kaegen et tira la langue à son attention. Le jeune homme ne put se retenir un léger rire. Cette jeune femme était décidément incroyable, pensa-t-il. Ghoryn, à ses côtés, se contenta de lever un sourcil. « Tu vois qu'elle t'aurait plu, fiston. » A peine eut-il le temps de finir sa boutade qu'il reçut un léger coup de coude dans les côtes de la part de sa femme. Ghoryn se tourna vers son fils, son visage exprimant un grand sérieux mêlé à une vague tristesse. « Fils. Je suis désolé de t'avoir imposé ça. Je souhaitais ton bonheur mais je n'ai pas pris en compte tes propres sentiments et cela a prouvé que je suis un père indigne de toi. Penses-tu pouvoir trouver la force de me pardonner ? Je ferais tout ce que tu souhaites, du moment que cela reste dans mes capacités. » Sans crier garde, Kaegen venait d'enlacer son père. Un simple geste qu'il n'avait plus eu l'occasion d'effectuer depuis des années. Un geste qui lui valut l'apparition de larmes dans ses yeux. Ce qu'il ne savait pas, c'était que Ghoryn, lui aussi, était en proie à ses émotions sous le regard bienveillant d'Alyna. « Je te pardonne, Père. Je sais également ce que tu pourrais faire pour arranger tout ceci. » Le soir-même Atelier de forge des Althius Kaegen était assis à sa table, planchant sur un nouveau projet d'arme. Il dessinait à la main des croquis d'une nouvelle lame. Prenant sans cesse de nouvelles mesures pour apporter le plus de précisions à son schéma. Il fut interrompu lorsque la porte d'entrée derrière lui s'ouvrit. Sylanna entra doucement, refermant la porte derrière elle. « Kaegen... » murmura-t-elle avant de se précipiter dans les bras de son bien-aimé. Elle le serra contre elle de toutes ses forces, laissant peu de place à Kaegen pour respirer. Il passa à son tour ses bras autour d'elle, l'enlaçant enfin, comme s'il venait de la retrouver après des années. « Ton... Ton père est venu chez moi et il a... Il a dit. Il a dit que... » commença-t-elle, peinant à terminer sa phrase qui se noyait parmi les larmes de la jeune femme. « Qu'a-t-il dit ? » répondit-il d'une voix sereine, l'invitant à reprendre son calme. « Il m'a demandé de le pardonner et m'a pratiquement supplié de continuer à être à tes côtés. » « Et que lui as-tu répondu ? » demanda-t-il avec le sourire. « Je n'ai rien dit. La première chose qui m'est venu à l'esprit, c'était toi. Je suis sortie en courant pour te retrouver. Je suis directement venue ici. Oh bon sang, je l'ai laissé là-bas avec mon père... » répliqua-t-elle, réalisant qu'elle avait laissé sur le sol de sa demeure le régent du Comté. « Je suis sûr qu'il s'en remettra. Mais en attendant... » Il termina sa phrase par un fougueux baiser avec Sylanna qui le lui rendit au centuple. L'averse qui s'était imposée dans les cieux en début d'après-midi venait de s'estomper. Ils continuèrent de s'embrasser tandis que Kaegen entreprit de porter la jeune femme au dessus du sol et la posa délicatement sur la table, balayant d'un bras tout ce qui s'y trouvait. Il commença par enlever sa chemise. Sylanna fit de même avec ses vêtements et plaqua Kaegen sur la table, changeant de fait sa position avec lui. Elle se pencha contre lui et l'embrassa passionnément. Ce fut pour eux le dénouement d'une histoire et le début d'une autre. A travers le son des dernières gouttelettes d'eau atteignant le sol, ils s'engagèrent sur une voie inconnue, ensemble, dans une chaleur si puissante jusque-là jamais ressentie. Ils s'unirent et ne firent qu'un.
Chapitre V Rupture de sang - Chapitre V:
4 Février, 1297. Comté d'Althius. Presque quatre années s'étaient écoulées depuis la visite d'Eléanor au Comté d'Althius. Les parents de Kaegen, notamment son père, avaient accepté sa relation avec Sylanna. Le parents de cette dernière étant devenus rapidement très proches de Ghoryn ainsi que d'Alyna. Beaucoup de choses avaient changé entre temps, Kaegen et Sylanna habitaient désormais sous le même toit, dans le château et plus particulièrement dans une annexe leur étant réservée. Ils avaient besoin de place car un événement particulier avait requis cette extension. L'arrivée au monde de deux enfants, des jumeaux. Fruits de l'amour charnel des deux tourtereaux. Ils naquirent deux mois auparavant, durant le rude hiver qui s'était abattu sur le Comté. Kaegen était désormais officiellement devenu forgeron sous l'emblème de la maison Althius, gage de qualité encore largement reconnu à travers l'Empire des Hommes. Sylanna, elle, avait étudié avec sérieux et diligence l'art de la médecine et des plantes, devenant de ce fait une apothicaire aguerrie. Leurs professions respectives ne nécessitant pas d'eux une présence sur leurs lieux de travail leur permettait de s'occuper efficacement de leurs enfants. Les jumeaux dont la fille fut nommée Eléonore, en remerciement à Eléanor qui devint la marraine, visitant de temps en temps le Comté d'Althius dès que le temps le lui permettait, ainsi que le garçon qui fut nommé Gholann, en hommage à ses deux grands-parents paternels. Les parents de Kaegen ainsi que de Sylanna s'occupaient également souvent des deux nourrissons, du fait de leur temps libre, et octroyaient à leurs enfants de précieux moments ensemble. Les jours heureux n'arrêtaient pas de défiler et chaque journée qui passait était un cadeau des Esprits à leurs yeux. Ghoryn avait annoncé à la population du Comté, la veille, la succession de Kaegen au poste de régent du Comté dont la nouvelle fut extrêmement bien accueillie dans l'unanimité. Ce dernier étant très apprécié des habitants, profitant également de la grande renommée de Sylanna parmi eux.
Cependant, ils étaient loin de se douter que tout bonne histoire, même la leur, avait une fin. Ce fut en cette soirée glaciale que leur tragédie débuta.
Sylanna venait d'être appelée en urgence car une poignée d'habitants partis chasser venaient d'être retrouvés inconscients et, entre la vie et la mort, ramenés au sein du Comté. Ils étaient six. Ces traqueurs de gibiers furent amenés au bâtiment qui servait d'hôpital pour le Comté. Une assez grande bâtisse pouvant accueillir sans problème plus d'une dizaine de patients dans de très bonnes conditions sanitaires. La jeune femme inspecta tour à tour les patients en tout hâte. Tous présentaient les mêmes symptômes : une grande fièvre et une trace de morsure à des endroits différents pour chacun des six hommes. Un homme s'avança, paniqué. « Quand je les ai trouvés, ils hurlaient à l'agonie. Je les ai déposés à l'arrière de ma caravane et je les ai ramenés ici aussi vite que j'ai pu. » « Vous avez bien fait. Je vais à présent vous demander d'évacuer les lieux. Allez chercher mon père et faites prévenir le Seigneur Althius de ce qui vient de se produire. » L'homme s'exécuta aussitôt et partit en trombe. Sylanna n'avait jamais eu affaire à une telle maladie. Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit et Yolann, son père, entra dans la pièce. Un regard inquiet de Sylanna lui suffit pour qu'il examine de lui-même les enjeux. Après divers examens, il leva la tête vers sa fille et lui demanda son avis. « Qu'est-ce que tu en penses, Sylanna ? » « Je n'ai jamais rien vu de tel. Même dans tes livres. Ils semblent avoir été mordus par quelque chose d'extrêmement venimeux, la substance semble détruire de l'intérieur les patients et... » Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que l'un d'eux se réveilla et se mit à vomir du sang. Ils se hâtèrent pour l'aider à maintenir une position adéquate afin de l'empêcher de se noyer dans son propre sang. La porte s'ouvrit et Kaegen entra, il se figea net devant la scène qui se produisait sous ses yeux. Il fut ramené à lui lorsqu'un autre des six hommes se réveilla et fit de même. Sylanna lui cria d'aller l'aider, ce qu'il fit. Chaque minute qui passait semblait aggraver la situation. Les six hommes étaient à présent tous réveillés et présentaient les mêmes symptômes, voire davantage. Certains exprimaient beaucoup de difficultés pour respirer. Le premier à s'être réveillé présentait une toute autre forme de maladie, le blanc de ses yeux venaient de jaunir à vue d’œil, il était à moitié conscient. Ce n'est, au final, que quelques heures après que tout semblait revenir mystérieusement à la normale. Ne restait que la grande fièvre toujours présente pour les six. Yolann profita de ce moment de répit pour s'absenter et aller chercher des informations dans ses livres tandis qu'il laissait les patients à la charge de sa fille et de son beau-fils. Kaegen s'approcha de Sylanna et la prit dans ses bras pour la réconforter. Elle le serra contre lui en retour. Ne voulant pas quitter la chaleureuse étreinte de son mari. La tête contre la poitrine de Kaegen, elle murmura en sanglots. « Je n'ai jamais rien vu de tel. Même à Gloria. Je ne sais pas ce qui se passe, mon amour, et ça me terrifie. » « Tout va s'arranger, mon cœur, tout va s'arranger... » dit-il en essayant de rassurer Sylanna. Cette dernière reprit la parole, une pointe de terreur dans la voix. « Tu ne comprends pas, c'est quelque chose qui leur a fait ça. Un animal. Une bête. Une créature... » Elle s'écarta alors de Kaegen et plongea son regard dans le sien afin de lui montrer qu'elle était plus que sérieuse. Le nouveau régent du Comté la reprit dans ses bras après avoir jaugé son regard. « Le jour va bientôt se lever. Dès les premiers rayons de l'aube, je rassemblerais une escouade pour aller traquer cette créature. Nous la traquerons, coûte que coûte. » Sylanna s'essuya les larmes d'un revers de la main et s'écarta de nouveau des bras de son mari. Elle tenta au meilleur du possible d'afficher un sourire. « Vous avez tout intérêt à revenir rapidement, Seigneur Althius. » « Nous reviendrons victorieux, Dame Althius. » Ils s'échangèrent alors un long baiser avant de se quitter, Kaegen devant se préparer pour la chasse. Yolann fit son retour dans la pièce peu après le départ du nouveau seigneur de ces terres, n'apportant aucune bonne nouvelle pour sa fille. Ils se contentèrent de surveiller attentivement l'évolution des choses. La garde de Gholann & d'Eléonore fut confiée aux parents de Kaegen.
Quelques heures plus tard, aux premiers rayons de soleil, Kaegen avait rassemblé une vingtaine d'hommes afin de lancer une chasse de grande envergure pour trouver la bête à l'origine de l'attaque. « Messieurs, si vous êtes ici, c'est parce que je vous ai choisis. J'ai toute confiance en vous et je vous confierais ma vie si la situation l'exigeait. Vous avez maintes fois fait vos preuves et je vous le demande, en ces lieux, sous ces cieux : Me suivrez-vous pour venger nos camarades tombés sous les coups d'un puissant prédateur ? Nos six compagnons sont encore à l'heure actuelle dans un état critique. Je ne sais pas pour vous... Mais ma lame exige le sang de cette immonde bête ! » cria-t-il en dégainant son épée du fourreau, la même épée qu'il avait présentée à son père des années auparavant.
Son cheval cabra avant de s'élancer à toute vitesse vers l'entrée du Comté, suivi de près par la vingtaine d'hommes qui crièrent à l'unisson, le moral gonflé à bloc. La troupe galopa pendant des heures avant d'arriver sur les lieux où les six victimes de l’agression furent trouvées. Kaegen et deux autres hommes mirent un pied à terre et examinèrent ensemble les traces de pas présentes dans la boue. Ils ne trouvèrent aucune trace appartenant à un quelconque animal. La présence assez massive de petits arbres, chose par ailleurs rare dans les Plaines Sauvages, à proximité indiquait que la créature qui les avait attaqués ne pouvait être ailée sans quoi elle aurait eu beaucoup de difficultés à manœuvrer entre les arbres. Les seules traces présentes étaient celles d'humanoïdes et de sabots de chevaux, appartenant vraisemblablement à l'attelage de l'homme qui les avait trouvés en premier. « Seigneur Althius, je ne trouve aucune trace correspondant à celle d'un quelconque prédateur aussi grand soit-il. Doit-on élargir le périmètre de recherches ? » demanda l'un des hommes à l'attention de Kaegen. Ce dernier hocha la tête et sépara la troupe en quatre groupes égaux. « Ne vous séparez pas. Restez groupés. Si quelqu'un aperçoit quoi que ce soit, qu'il le signale aux autres. Nous allons ratisser tout le secteur. On se retrouve au grand rocher à la tombée de la nuit. » Ils s'exécutèrent tous et chaque groupe partit dans une direction différente. Les heures passèrent et Kaegen commençait à désespérer. Tout ce qu'il avait pu trouver furent des traces de griffures sur l'écorce des arbres. Il retrouva le reste de ses hommes au grand rocher dont il avait fait la mention en tant que point de ralliement. Ils établirent un petit campement de fortune pour la nuit. Le moral des troupes avait baissé, déçus de n'avoir rien trouvé. Kaegen adressa alors un discours. « Braves camarades, nous n'avons certes rien trouvé mais ceci peut être un bon signe. Si la créature n'est plus en ces lieux, c'est très certainement le résultat du bruit implacable des sabots de nos destriers. Plus jamais elle ne s'aventurera en ces lieux abandonnés. Dormez à présent. Nous continuerons les recherches demain et nous rentrerons au Comté dans la soirée. La nuit s'acheva paisiblement, dans le calme de la plaine, sous la faible lueur des étoiles. Le lendemain, les recherches reprirent de plus belle, de nouveau en forme. Malgré la détermination de la troupe, la traque se révéla être un échec. Dépités, ils se mirent sur le chemin du retour en milieu d'après-midi.
Quelques heures plus tard, alors que la nuit venait d'envelopper Armanda de son linceul de ténèbres, ils finirent par arriver non loin des portes du Comté qui ne se trouvait plus qu'à quelques lieues de leur position. Kaegen galopait sur son destrier, pensif. Il se remémorait les symptômes des victimes et commençait à se demander si l'attaquant ne se révélait pas être un homme armé de poison. Cela en expliquerait une partie mais pas l'autre concernant les morsures. Une voix d'homme le tira de ses pensées. « Au feu ! Le Comté est en proie aux flammes ! » cria-t-il. Kaegen leva les yeux et confirma avec terreur les propos de l'homme. Il dégaina son épée du fourreau et la leva en l'air. « Chevaliers du Comté ! Restez en formation ! Nous ne savons pas encore si nous sommes attaqués par une quelconque force armée, gardez votre calme ! Ouvrez attentivement les yeux. Les archers, à l'arrière ! Les lanciers à l'avant ! Chargez ! »Tous se mirent au galop au signal de Kaegen. Ils dévalèrent la petite pente et entrèrent très rapidement à l'intérieur du Comté. Un spectacle sanglant se dévoilait à leurs yeux. Plus d'une trentaine de cadavres jonchaient le sol. Hommes, femmes, enfants. Nul n'avait échappé au cruel destin qui les attendait. « Séparez-vous ! Le premier groupe vient avec moi au château. L'autre groupe doit sécuriser la place ! » Tous crièrent à l'unisson. Animés par la rage. Ils restaient néanmoins réceptifs aux ordres de Kaegen malgré l'inquiétude grandissante en chacun d'entre eux pour leurs familles. Kaegen emmena son groupe à travers le Comté, s'arrêtant à l'hôpital. Il descendit rapidement de sa monture, accompagné de ses hommes, et entra à l'intérieur du bâtiment, l'épée au poing. Plus personne ne s'y trouvait, pas même les patients. Il pensa alors qu'ils s'étaient déjà rétablis. Une pensée le foudroya soudainement. Sylanna. Où était-elle ? Il enjamba de nouveau son fidèle destrier et chargea en direction du château. Une fois à l'entrée du domaine seigneurial, son attention se riva vers des buissons sur sa droite. Le buisson semblait... bouger. Il descendit alors de son cheval et avança lentement, son épée toujours en main. Il s'approcha doucement et entendit des bruits étranges. C'était le son qu'on entendait lorsqu'une personne buvait une soupe directement à l'assiette. Il écarta d'un geste brusque les quelques feuilles restantes ayant résisté à l'hiver et une vision d'horreur s'empara de lui. Celle d'un homme au-dessus du corps inerte d'un jeune garçon, ce même garçon qui s'était blessé lors de sa chute de l'arbre dans les Jardins. « Que faites-vous ? » s'écria-t-il en interpellant la personne. Cette dernière tourna son regard vers Kaegen qui finit par tomber en arrière sous le choc. Il s'agissait de Yolann, le père de Sylanna. Du sang se trouvait partout sur ses vêtements et en grande abondance autour de sa bouche. Yolann se mit à rugir avant de se jeter sur le régent du Comté. Il fut, heureusement, stoppé net dans son élan lorsqu'une lance le transperça au bras et le plaqua au sol. Un de ses soldats venait de lui sauver la vie. Kaegen se releva hâtivement et pointa Yolann du bout de sa lame, exigeant des réponses. « Qu'as-tu fait Yolann ? Pourquoi as-tu tué ce garçon ! » Soudain, le vieil homme se mit à sourire. Il agrippa de sa main la lance et la brisa en refermant brutalement son poing. Kaegen en resta stupéfait. Comment un homme, jeune ou vieux, pouvait-il démolir une lance d'une seule main ? Yolann se releva avec une agilité hors du commun et planta le bout de la lance dans la gorge du soldat. Tous les autres hommes, y compris Kaegen, firent un pas en arrière par réflexe. Le père de Sylanna se rua sur les autres soldats, mordant sauvagement au cou le premier malchanceux qui croisa route. Kaegen reprit ses esprits et transperça Yolann dans le bas du dos. Ce dernier fit volte-face et envoya le jeune homme virevolter dans les airs à plusieurs mètres de là. Devant la violence du choc, il montra de grandes difficultés à respirer. Un des soldats parvint à décapiter Yolann d'un coup net et précis. La tête de ce dernier roula jusqu'aux pieds de Kaegen qui en resta horrifié. « Sire... Je suis désolé. Je n'avais pas d'autres choix ! » cria-t-il pour sa défense. « Tu... Tu as bien fait. Ce n'était plus le même. Je ne sais pas quel mal s'est emparé de son corps mais il devait être éliminé. » « C'est un Vampire monseigneur. Je ne pensais pas qu'ils étaient réels mais les faits sont là. Tout correspond. » déclara alors l'homme dont la lance fut brisée.
Kaegen ne connaissait les vampires que de nom. Étaient-ils les monstres d'un conte pour enfants ? Lorsqu'il avait demandé à ses parents, après avoir entendu ce mot de la bouche d'un des habitants du Comté, la signification de ce terme, ses parents ne lui avaient jamais expliqué en détails, prétextant que ce n'était que des monstres figurant parmi les légendes afin d'effrayer les enfants et de ce fait, il n'avait aucune notion des spécificités relatives à ces êtres mystérieux. Il leva sa main afin d'intimer le silence. Il se mit à courir vers le château et fit un détour afin de passer à son atelier. Les lieux étaient vides. Personne n'y était présent à son grand soulagement. Il en profita pour remettre des armes de haute facture aux hommes qui le suivaient. Tous furent ravis de tenir entre leurs mains l'une des armes de leur seigneur, forgées par lui-même. Une fois équipés, ils entrèrent au sein du château. Plusieurs cadavres de domestiques se trouvaient là. Malgré la peur grandissante en lui, Kaegen savait qu'il devait maintenir son sang-froid auquel cas il ne survivrait pas, ni lui, ni ses hommes. Ils restèrent silencieux tandis qu'ils avançaient entre les gigantesques couloirs de la demeure. Kaegen adressa une prière en son for intérieur à quiconque voudrait l'entendre, il priait pour la sécurité de Sylanna, de ses enfants ainsi que de ses parents. Un cri strident résonna entre les murs du château. Cela venait de la salle du trône. Kaegen et ses hommes se hâtèrent, tout en restant prudents. Lorsqu'ils firent irruption dans la salle, plusieurs silhouettes étaient présentes. Celles de ses parents, adossés contre un mur avec à côté le berceau qui accueillait ses enfants, et quatre autres formes inconnues dont trois se retournèrent vers eux. Les hostilités furent lancées et trois hommes, que Kaegen reconnut aisément car ils furent les patients de Sylanna avant qu'il ne parte du Comté, se ruèrent sur lui et ses hommes. Une bataille sanglante prit place. En l'espace de quelques secondes à peine, tous ses hommes avaient péri tandis que Kaegen enfonçait sa lame dans le crâne du dernier Vampire restant. « Sylanna ! » s'écria Alyna.
Kaegen ressortit sa lame du crâne du Vampire et tourna son attention vers sa mère qui venait de crier le nom de sa femme. Où était-elle ? Un bref coup d’œil dans la salle, il se rendit compte avec horreur que la dernière forme d'ombre était celle de sa dulcinée. Sylanna se jeta sur Alyna et la transperça au cœur à mains nues avant d'engouffrer ses canines dans le cou de cette dernière. Un silence noir s'installa dans la salle. Kaegen venait de laisser glisser son épée des mains. Si le fracas de l'épée au sol n'avait pas suffi à divertir l'attention de sa femme vers lui, ce fut les pleurs de leurs enfants qui s'en chargèrent. Les jumeaux pleuraient à haute voix, amenant Sylanna à tourner son regard vers le berceau. Kaegen reprit son épée au sol et traversa la pièce en quelques pas rapides. Sa femme tourna sa tête vers lui et lui asséna un coup au torse, l'envoyant voler contre l'un des six piliers au centre de la pièce. Il se releva non sans difficulté mais à peine eut-il le temps de lever la tête que Sylanna fut déjà sur lui. Elle le prit par le cou et le leva du sol, le plaquant de nouveau contre le pilier. La Vampire s'arrêta un instant et regarda sa proie dans les yeux. « Sylanna, mon amour. Arrête cette folie ! » cria-t-il avant que la jeune femme ne resserre sa poigne, rendant la respiration de Kaegen incroyablement difficile. Alors qu'il allait perdre connaissance, il parvint, dans un dernier élan d'énergie, à plonger sa lame dans l'abdomen de ce qui fut son premier et dernier amour. Elle fixa Kaegen d'un regard froid avant de s'écarter de lui en titubant en arrière, rugissant avec rage d'une voix presque inhumaine. Sylanna griffa d'un coup sec, à l'aide de ses ongles, le torse de son mari. L'épée, restée dans la main de Kaegen, se leva et retomba brutalement sur elle. Il avait manqué de la décapiter uniquement dû au fait que Kaegen venait de perdre le restant de ses forces avant de s'écrouler au sol mais il réussit néanmois à l'entailler au niveau de l'épaule jusqu'au haut de sa poitrine. Sylanna rugit bestialement une dernière fois avant de s'échapper en sautant à travers la grande vitre de la salle, non sans avoir heurté une torche murale qui vint s'écraser au sol, brûlant le tissu sur lequel était placardé le blason des Althius.
Kaegen se réveilla quelques temps après. Étourdi, il ne parvenait pas à savoir combien de temps s'était écoulé. Il se leva lentement, dans la douleur, et leva la tête en direction du berceau. Rien. Le berceau avait disparu. Il ne s'était pas volatilisé. Une partie du plafond venait de s'effondrer sur le petit lit qui abritait sa descendance. Tout ce qu'il put entrevoir fut une main minuscule, baignant dans le sang, dépasser des débris. Kaegen se mit à pleurer comme il ne l'avait jamais fait. Une douleur indescriptible, incomparable à sa souffrance physique, saisit alors son cœur. Il cria ensuite de toutes ses forces, sa voix étant cette fois enveloppée dans une rage insatiable. Kaegen hurla le nom de sa femme, se promettant à lui-même qu'il la traquerait pour le restant de ses jours. Quelques minutes plus tard, il se trouvait désormais à l'extérieur. Seuls persistaient deux vampires qui, pour une raison inconnue malgré la plaie béante présente sur son torse, prirent la fuite en le voyant arriver. Son épée étant rentrée dans son fourreau, il n'avait qu'une torche entre les mains. Il brûla toutes les maisons du Comté. Tous les bâtiments furent incendiés sauf son atelier qui fut épargné par les flammes. Après avoir terminé ce qu'il avait commencé, il sortit du Comté, d'un pas lent et lourd. Ce fut en cette sanglante et glaciale soirée que le Comté d'Althius fut rayée de la carte. Derrière Kaegen ; ne restait que mort et désolation, des décombres s'écroulant à vue d’œil, balayés dans une tempête de feu et de sang. Au loin, une ombre suivit furtivement le noble désormais déchu de son titre et de ses terres car aux yeux du reste du monde... Les Althius se sont éteints cette nuit-là.
Chapitre VI Jouvence imposée - Chapitre VI:
29 Août, An 1299. Plaines Sauvages. Parmi les terres fertiles et désolées des grandes Plaines Sauvages, une ombre s'approcha d'une autre dans son dos. L'épée en main, les rayons lunaires se reflétant sur la lame, la silhouette se jeta sur celle présente à côté du feu de camp. En un clin d’œil, la proie au danger devint le prédateur en plaquant au sol l'homme à l'épée. « Il va falloir faire mieux que ça. » déclara l'homme dont la voix semblait intemporelle. « J'ai déjà tué nombre des tiens, vieux croûton. » L'homme au dessus de Kaegen, dans sa robe noire ornée d'une capuche de la même couleur, tendit la main pour aider ce dernier à se relever. Le jeune homme, dans son orgueil, se releva de lui-même et se dépoussiéra les vêtements en se tapotant dessus avec la main. « Je t'ai déjà dit que ce ne sont pas les miens. » répliqua l'homme encapuchonné en montrant ses canines pointues et acérées. « Si tu le dis, Yirthael. » Le vampire ôta sa capuche et révéla son visage. Les traits de son visage étaient fins, il possédait des yeux argentés ainsi que des oreilles longues et pointues. Il s'agissait là d'un elfe. Un Elfe Vampire. « Ce n'est pas en te pavanant avec ton épée, sans aucune notion de discrétion, que tu arriveras à tuer un vampire dans le dos. » « Jusque-là, je l'ai toujours fait de face. » « Pas avec moi. » « C'est parce que tu as beaucoup trop d'expérience en tant que fuyard. Rappelle-moi depuis combien de temps tu arpentes ces terres, sans cesse regardant par dessus ton épaule ? » « Je ne t'ai jamais dit mon âge et tu ne le sauras jamais. » « Je vois que c'est une corde sensible, vieille peau. » « Je fais encore plus jeune que toi. » « Si tu le dis. » La conversation s'acheva avec un long soupir exaspéré de la part de Kaegen. Yirthael et lui s'étaient rencontrés deux jours après la chute du Comté d'Althius face à l'insurgence des vampires. A la vue de celui-ci, Kaegen s'était rué sur lui, animé par une rage folle, avant de se calmer suite à ses défaites successives dans ses tentatives de le tuer. Yirthael lui avait alors expliqué qu'il lui apprendrait à se battre et mieux encore : à traquer et tuer avec efficacité les vampires. Kaegen accepta néanmoins contre tout attente, cependant, avec grande méfiance, la proposition de Yirthael. Ce dernier lui raconta que beaucoup de personnes étaient à ses trousses et que la compagnie d'une personne lui manquait cruellement. Il voulait donc faire d'une pierre deux coups en le formant à l'art du combat contre ceux de sa race. Kaegen avait tout à y gagner, comptant également sur le fait qu'à la fin, il finirait par tuer Yirthael, lui aussi. « Un de mes contacts a trouvé une piste concernant ta femme. » déclara Yirthael, simplement. « Ex-femme. » rectifia le jeune homme. « Et puis-je savoir d'où tu tiens tes informations sachant que l'on s'est à peine quittés ces derniers jours ? » « Tu rêves si tu penses que je vais te dévoiler mes secrets. Quoiqu'il en soit, elle aurait été signalée à quelques heures de marche seulement de notre position, à l'Est. » Kaegen serra le poing. « Aussi près ? Tu viens avec moi, ou tu préfères faire tes balades nocturnes ? » « Tu étais au courant ? » « Pensais-tu vraiment que je puisse dormir sur mes deux oreilles en sachant que tu rôdes à côté ? » Yirthael ricana. Kaegen, lui, ne semblait pas d'humeur à plaisanter. Il avait enfin une piste sur Sylanna. Il n'avait de cesse de la traquer depuis cette nuit fatidique. Yirthael lui assura qu'il viendrait l'aider dans sa quête de vengeance. Kaegen alla ensuite se reposer. La journée suivante s'annonçait être longue. Au matin suivant, dès les premiers rayons de soleil, il se leva. Yirthael était déjà debout. Kaegen en vint à se demander si les vampires dormaient à un quelconque moment ou non. D'aussi loin qu'il s'en rappelait, il ne l'avait jamais vu dormir. Ils se mirent tous deux en route vers l'Est.
L'elfe vampirique était un étrange personnage. Deux jours à peine après le tragique bain de sang du Comté, il était venu à la rencontre de Kaegen, sorti de nulle part. Alors que ce dernier avait tenté de toutes ses forces de le tuer, il était resté de marbre face à cette colère sans fin dont Kaegen avait fait preuve. Il lui proposa ensuite de l'entraîner, y voyant un atout qu'il pourrait utiliser contre ses poursuivants. Il n'en avait jamais expliqué la raison au jeune humain mais ce dernier ne souhaitait pas en savoir plus. A sa grande surprise, il avait fini par accepter. Commença alors un entraînement quotidien de plusieurs heures, il lui expliqua les différentes méthodes et angles d'attaques qu'un vampire aurait tendance à utiliser contre ses proies. Il lui enseigna du mieux qu'il le pouvait la façon de survivre à ce genre de rencontres contre un adversaire aux capacités bien supérieures aux siennes. Kaegen se surpassait de jour en jour, malgré ses limitations et ses dispositions déjà élevées dans l'art du combat. Il apprenait à un rythme effréné et arrivait toujours à tirer une leçon de ses défaites. Yirthael, de toute son interminable vie, n'avait jamais vu un tel potentiel chez un autre être. Kaegen se doutait qu'il cachait d'obscurs desseins, mais tant que Yirthael lui serait utile, il n'oserait rien faire à son encontre et cela était sûrement réciproque. Plutôt qu'une alliance, ce qui les unissait ressemblait davantage à un pacte.
Ils arrivèrent sur les lieux que Yirthael avait mentionnés. Un petit ruisseau traversait les terres rocailleuses de la vaste plaine où ils se trouvaient. Quatre corps jonchaient le sol, le sang se mêlant à l'eau du ruisseau. La cause apparente de leurs décès était clairement d'origine vampirique. Le sang de leur corps avait été en grande partie vidé. Kaegen ne pouvait s'empêcher de se demander comment les Hommes n'avaient pas connaissance de l'existence des Vampires. Ils étaient seulement mentionnés dans de rares textes. Brouillaient-ils les pistes pour ne pas alarmer la populace ? Kaegen continua son investigation et suivit les traces de sang qui remontaient au nord. Ils cherchèrent ensemble d'éventuels indices qui pourraient accélérer la traque ciblant Sylanna. Les recherches furent vaines, indiquant que Sylanna semblait se déplacer très rapidement, ne restant jamais au même endroit plus de quelques heures. La nuit tombait à une vitesse fulgurante. Allumant un feu de camp, ils se préparèrent à passer la nuit. « Je pense que si nous poursuivons au nord, nous finirons par lui tomber dessus. » « Te sens-tu à la hauteur ? Seras-tu prêt à l'abattre ? » « Je suis prêt. » « Ça, c'est ce que nous verr... » Ne terminant pas sa phrase, il se leva brusquement, dégainant son épée elfique. D'un geste de l'index, il intima silencieusement à Kaegen de rester à l'affût. « Reste ici. » finit-il par déclarer avant de disparaître dans les ombres. Kaegen resta sur ses gardes, l'épée en main. Plusieurs minutes s'écoulèrent et rien ne se produisit. Il rangea alors son arme et s'installa près du feu. Alors qu'il se réchauffait les mains auprès du feu, il vit une ombre se mouvoir dans les ombres non loin de lui. Il se leva précipitamment et dégaina de nouveau son épée, prêt à accueillir l'intrus comme il se doit. Une silhouette se jeta sur lui et Kaegen parvint à dévier sa trajectoire en la balançant à sa gauche. L'ombre se releva et dévisagea le jeune homme du regard. « L'heure de la vengeance a enfin sonné... Sylanna. » La jeune femme rugit bestialement et se rua sur lui, dégainant sa propre épée. Ils croisèrent le fer, Kaegen peina à maintenir sa posture devant la force oppressante de la vampire. Les coups d'épée fusèrent de parts et d'autres. Kaegen remarqua qu'elle utilisa le même style d'attaque qu'il lui avait enseigné du temps où elle était humaine. Il l'avait formée, tout comme son père l'avait fait pour lui, à l'art du combat. Il était plus rassuré de la savoir à même à se défendre et elle lui en avait explicitement fait la demande. Elle n'avait donc pas oublié ses enseignements, d'une façon ou d'une autre. Yirthael lui avait expliqué que les vampires qui ont été transformés sans l'expertise d'un vampire âgé pouvaient perdre tous leurs souvenirs, ce qui semblait être le cas pour Sylanna. Étrangement, ses coups manquaient de puissance, c'était comme si elle l'attaquait sans vouloir le tuer. Cela ne suffit malheureusement pour Kaegen à la neutraliser car quelques minutes plus tard, il s'était retrouvé à genoux et désarmé. Yirthael surgit alors à son secours, repoussant Sylanna d'un coup de paume de sa main. Cette dernière s'enfuit à la vue de l'elfe, à présent surpassée numériquement. « Tu n'as rien ? » demanda-t-il. « Non ça va. Elle agissait bizarrement. Elle n'avait rien à voir avec celle qui m'a attaquée cette nuit-là. » « C'est parce que les vampires sont très différents lors de leurs premiers jours, ils sont consumés par une soif de sang et n'ont pratiquement aucun contrôle sur leurs actions. A présent, elle est consciente de ses gestes. Kaegen récupéra son épée et la rangea dans son fourreau. Il se tourna alors vers Yirthael, demanda d'un ton sombre : « Transformes-moi. » Yirthael fronça les sourcils. Cette demande soudaine le perturba. « Je t'ai proposé de devenir un vampire des jours durant et tu as toujours refusé. Maintenant tu me le demandes ? Cette rencontre avec ta femme t'a finalement convaincu ? » « Les vampires sont bien supérieurs à nous. Je me débrouille déjà bien. » « Pour un humain. » « Justement. Je ne peux pas espérer tous les vaincre en restant humain, surtout si je suis seul. Tôt ou tard, je tomberais sur un vampire encore plus puissant que toi et je n'arriverais pas à m'en sortir. Je le vois à présent. Ma seule chance de traquer avec succès les vampires, et les tuer, réside dans ma transformation en l'un d'entre vous. » « Tu n'auras aucun regret ? » « Promets-moi que je garderais mes souvenirs. » « Tu n'as pas à t'en faire. J'ai parfaitement l'expérience requise pour ça. » « Alors mords-moi, vampire. Qu'on en finisse. » Kaegen s'allongea sur un rocher non loin tandis que Yirthael s'approcha lentement. Il mordit à pleines dents le cou du jeune homme, ce dernier restant imperturbable face à la vive douleur. Yirthael resta à ses côtés durant tout le processus de transformation. Calmant sa douleur du mieux qu'il le pouvait. Lorsqu'il perdit connaissance et que sa fièvre retomba en flèche. L'elfe esquissa un sourire sinistre. Une fois la transition terminée, Kaegen ouvrit les yeux et plissa les yeux à la vue de Yirthael. « Bon retour parmi nous. Te souviens tu de ton prénom ? » « Kae...Kaegen. Je m'appelle Kaegen. Qui êtes-vous ? » Face à la réponse du nouveau vampire, Yirthael ne put se retenir d'afficher un grand sourire jusqu'aux oreilles, dévoilant ses canines. Une femme aux cheveux roux vint se poster à ses côtés. « Mon nom est Yirthael. Et... Je te présente Sylanna. Une nouvelle vampire, tout comme toi. Viens avec nous et je t'apprendrais les joies de l'éternité. « J'ai... Soif. Faim. Je dois me nourrir... » L'elfe calma directement les ardeurs de Kaegen en le plaquant contre le rocher. « Ne t'en fais pas, nous t'avons réservé un repas digne de ce nom, à quelques minutes d'ici seulement. Sylanna, ma chère, montre-lui la voie. » « Avec plaisir, Maître. »
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| Sujet: Re: Kaegen Althius Lun 12 Déc 2016 - 1:31 | |
| Chapitre VII L'origine de l'ombre - Chapitre VII:
4 mars, An 1300. Plaines Sauvages. De nombreux mois s'étaient écoulés depuis la transformation de Kaegen en vampire. Ayant perdu la quasi-totalité de ses souvenirs, il fut entraîné aux côtés de Sylanna par Yirthael. Il leur avait montré tous les avantages liés à leur nouvelle condition. Kaegen et Sylanna tombèrent de nouveau amoureux l'un de l'autre, ressentant de puissants sentiments entre eux, comme si un lien invisible les unissait. Ils n'avaient jamais su expliquer la raison d'un tel attrait mais ils succombèrent ultimement à leurs désirs charnels. Yirthael ne s'y opposa, bien au contraire, il les avait encouragés à s'engager dans cette relation. Le trio vagabondait d'endroits en endroits, festoyant sur chaque proie croisant leur route.
« Je dois vous laisser pour quelques jours. Rappelez-vous de ce que je vous ai enseignés. Restez discrets et ne vous aventurez pas trop loin. Nous nous retrouverons ici-même dans six jours à la tombée de la nuit. »
Kaegen et Sylanna acquiescèrent. Ils étaient à présent habitués à ces absences devenant de plus en plus régulières. A présent devenus de redoutables prédateurs, au sommet de la chaîne alimentaire, ils n'avaient guère de soucis à se faire. Lorsque leur maître vampirique prit son départ, ils décidèrent d'aller s'aventurer dans les lieux environnants. Traversant plusieurs paysages, tous se ressemblant plus ou moins, ils finirent par tomber sur une ville désertée dont ne restait que les décombres. Tandis qu'ils pénétraient à l'intérieur des grandes ruines, ils devinrent étrangement silencieux, observant avec attention les différents bâtiments qui jonchaient la route principale. Ils finirent par pointer le bout de leur nez devant une immense bâtisse, la moitié s'étant écroulée sur elle-même. Kaegen se tourna vers Sylanna.
« Tu n'as jamais songé à avoir une maison ? Un endroit où tu pourrais rentrer chaque soir ? »
« C'est exactement ce que j'étais en train de songer. J'ai une idée, on a qu'à se séparer et explorer toutes les maisons présentes, ça pourrait nous donner des idées. On se retrouve ici dans un petit quart d'heure ! »
Kaegen sourit à cette idée, embrassant Sylanna avant de lui indiquer qu'il comptait explorer la grande demeure devant eux. Cette dernière acquiesça avec joie et ils se quittèrent. Le jeune vampire se dirigea vers un autre bâtiment, encore intact, sur le côté du grand bâtiment en ruines. La porte était fermée, problème qu'il résolut rapidement en la défonçant d'un puissant coup de pied. A l'intérieur se trouva de nombreux outils. Divers objets qu'il avait déjà vus auparavant. Une intuition soudaine surgit dans son esprit. Il prit en main la grande couverture masquant le reste de la pièce et la tira pour dévoiler une forge. Son attention fut attirée par un marteau posé sur l'établi. Il porta la main sur l'outil et l'empoigna. Une étrange sensation le parcourut alors, Kaegen se sentit immédiatement à l'aise, l'outil en main. Il savait comment fabriquer une arme et son expertise dans le domaine ne s'arrêtait pas là. Un petit parchemin ouvert sur le coin de la table attira alors son attention, le vampire se mit à lire la phrase en murmurant d'une voix à peine audible.
« Cher Kaegen, tu pourras maintenant arrêter de te plaindre que ton ancienne table n'était plus stable après que nous ayons pris part à quelques folies dessus grâce à ce cadeau, qui je l'espère, te plaira et sur lequel tu pourras créer de grandes merveilles. -De la part de ta tendre femme, Sylanna. »
Kaegen vit alors une image apparaître dans son esprit. Il s'agissait d'une femme. Cette vision était incroyablement floue. Il ne parvint qu'à observer avec difficulté des cheveux roux tandis que les traits de son visage restaient indécelables. Le vampire leva un sourcil. Sylanna. Le nom de sa dulcinée se trouvait sur ce parchemin. Si cela se révélait déjà bien troublant, le fait est que son propre nom y apparaissait également. Coïncidence ? Kaegen était naïf, mais pas à ce point. Il eut alors l'intime conviction qu'ils étaient plus liés qu'il ne le pensait. Ce lien qui les unissait, lui et Sylanna. L'existence de ce parchemin. Cette forge dans laquelle il venait de se découvrir un nouveau talent. Une pensée vint le foudroyer sur place. Et s'ils se connaissaient avant qu'il ne devienne un vampire ? Peut-être même avant que Sylanna ne le devienne elle aussi. Elle lui avait révélé que sa transformation avait été accomplie peu de temps avant lui. Se mettant à réfléchir durant de longues minutes, il parvint à se créer intérieurement un schéma aux possibilités diverses. Quelles étaient les chances que leurs deux noms apparaissent sur le même papier dans un endroit, certes en ruines, pas si éloigné que ça du premier endroit dont il se souvenait, peu après sa transformation ? Il en déduisit, par logique, que ce parchemin était la clé de son passé et peut-être même de celui de sa dulcinée. Ne perdant pas plus de temps que nécessaire dans l'atelier, il décida alors de se rendre dans le château qui se trouvait juste à côté. Une fois devant, il pénétra à l'intérieur par le point d'entrée délimité par deux portes immenses faites en bois d'ébène. Il s'engouffra alors dans les couloirs gigantesques de la demeure autrefois prestigieuse. Une salle à manger, une autre où siégeait un trône, d'innombrables chambres dont une, en particulier, devant laquelle il s'arrêta. Une inscription se trouvait sur la porte. « Chambre de Kaegen Althius. ». Althius. Ce nom ne lui disait rien. S'agissait-il du sien ? Il poussa la porte mais seule la déception l'attendit. Une grande partie de la chambre s'était écroulée sous les gravats. Déçu de ne pas avoir réussi à trouver plus de réponses, il sauta à l'extérieur par la grande brèche présente. Il était temps pour lui de retrouver Sylanna. Il se rendit alors au point de rendez-vous. Elle attendait, adossée à un mur. Lorsque le vampire entra dans son champ de vision, elle se dirigea rapidement vers lui.
« Il est si grand que ça ce château ? J'étais sur le point de venir te chercher. »
« Désolé, c'est juste que j'ai trouvé quelque chose de bizarre. Viens, je vais te montrer. »
Curieuse, elle le suivit sans broncher. Il l'amena alors à l'atelier où il lui montra le parchemin. Elle resta figée de stupeur devant celui-ci. Prenant un instant, elle essaya de se remémorer sa vie d'antan. Après quelques instants, elle se retourna vers lui en secouant la tête.
« Non, ça ne me dit rien. Tu penses qu'il s'agit de nous ? »
« Je n'en suis pas sûr. »
« Pour ma part, je trouve ça romantique. Mariés dans la vie, de nouveau amants dans la mort. »
« C'est... Un peu morbide mais pourquoi pas. »
« Ça ne te plairait pas si c'était le cas ? »
« Bien sûr que si. Ça expliquerait beaucoup de choses, mais oublie pas que l'on est aussi morts.
« Tu as ce don de rendre les choses beaucoup plus gais... Quoiqu'il en soit, j'ai été transformée pas mal de temps avant toi donc ça ne colle pas tout à fait.»
Kaegen lâcha un long soupir. Elle avait raison. Tout collait, sauf ce point particulier. Si elle avait été transformée, il l'aurait certainement su de son vivant et Kaegen sait, grâce à ses fortes émotions, qu'il aurait tout fait pour la garder avec lui afin de veiller sur elle. La seule autre alternative fut qu'elle soit mordue à l'extérieur du Comté ou inversement ce qui semblait peu probable étant donné sa localisation. Dans ce cas-là, Sylanna aurait dû être la raison de sa condition actuelle et non pas Yirthael. Yirthael ! Kaegen ouvrit grand les yeux, réalisant que l'elfe était la clé de l'énigme.
« Yirthael ! C'est lui la clef. C'est lui qui nous a transformés. Tu ne trouves pas ça étrange que peu de temps après que tu sois devenue une vampire, il décide de me transformer par la suite ? »
« Il m'a révélé qu'il m'a transformée pour me sauver. Apparemment, j'étais sur le point de mourir et il est venu à mon secours. Maintenant que tu le mentionnes, j'ai toujours trouvé étrange le fait qu'il semblait porter une attention toute particulière à toi, il passait beaucoup de temps avec toi quand tu n'étais encore qu'un humain. »
« Quoi ? Qu'est-ce que tu viens de dire ? Tu me connaissais avant même que je sois devenu un vampire ? » demanda-t-il, éberlué.
« Oui. Il m'a dit de ne pas te le dire car cela n'aurait servi à rien puisque tu perdrais par la suite tous tes souvenirs. J'avais aussi l'impression que vous me traquiez ou quelque chose comme ça. Il me disait de prendre de l'avance et que vous seriez juste derrière, qu'il faisait ça parce que tu avais piqué sa curiosité.»
« Je n'y comprends plus rien. » finit-il par déclarer.
« Moi non plus. » suivit-elle dans ses propos.
« De quoi parlez-vous donc ? »
Une voix familière s'éleva dans leurs dos. L'elfe se tenait posté sur le seuil de la porte, tout du moins, l'endroit où devait se trouver la porte avant que Kaegen ne l'enfonce lors de sa première visite dans la bâtisse. Sylanna se retourna rapidement et alors qu'elle s'apprêtait à parler, Kaegen l'enjoignit de se taire en plaçant sa main devant elle, comme s'il souhaitait qu'elle reste en retrait. Kaegen dévisagea l'elfe avec ses yeux gris. Ce dernier se contenta de soutenir son regard.
« Pourquoi nous as-tu menti ? Tu nous avais dit que l'on ne s'était jamais rencontrés, Sylanna et moi. Mais c'est ma femme ! Je m'en souviens maintenant. » déclara Kaegen, haussant le ton.
Après un court moment de silence, Yirthael haussa un sourcil, affichant désormais une grimace carnassière.
« Oh ? Tu t'en souviens ? Ces lieux t'ont rappelé ta vie d'avant, celle que tu partageais avec elle qui se trouvait à tes côtés ? »
Il avait réussi. Kaegen venait de ruser afin de piéger son mentor. Feindre la connaissance pouvait réellement l'apporter. L'Elfe ne se douta de rien, convaincu du sérieux de son « enfant ».
« Sylanna ne se souvient pas mais moi en revanche... »
« Tu ne dois pas t'en souvenir très clairement alors, sinon tu ne resterais pas à ses côtés. » dit-il, le sourire toujours aux lèvres.
« Qu'est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Sylanna d'un ton inquisiteur, venant se rejoindre cette folle conversation après avoir réalisé la gravité de la situation.
« Vous étiez mariés, vous profitiez de chaque jour qui vous était accordé. Vous avez même eu des enfants. Des jumeaux. Toutefois, elle... » déclara-t-il avant de marquer un temps d'arrêt en pointant la jeune femme du doigt. « Elle fut la cause de ton tourment, Kaegen. Elle a tué tes parents et même tes enfants, VOS enfants. »
Il ricana d'un rire dément lorsqu'il eut terminé sa phrase. Kaegen et Sylanna le regardèrent avec mépris et dégoût, ils serrèrent tous les deux les poings avant que Yirthael ne reprenne la parole de plus belle.
« Le clou du spectacle, mon petit Kaegen, c'était que tu la traquais encore et encore pour accomplir ta vengeance. Oh, quel délice ce fut que de te voir aussi consumé par la haine alors qu'à chaque fois, elle n'était qu'à quelques heures de toi tandis que je vous manipulais tous les deux. »
Sylanna venait de réaliser l'origine de la rage présente dans les yeux de Kaegen lorsqu'elle était aller l'affronter du temps où il était encore humain, sous les directives de Yirthael. Elle rugit alors soudainement, s'élançant vers l'elfe avec la ferme intention de le faire taire définitivement. Kaegen cria son nom dans l'espoir qu'elle s'arrête mais ce fut vain. En quelques pas seulement, elle se trouvait déjà sur lui avant d'être stoppée net dans son élan par le biais d'une épée lui transperçant l'épaule. Yirthael venait de dégainer son épée à une vitesse fulgurante. Kaegen se rua à son tour sur son progéniteur, sans réfléchir. Il fut repoussé à l'aide d'un coup de pied qui l'envoya valser contre un mur.
« Je me suis bien amusé avec ma petite expérience. Il est temps d'y mettre un terme. » déclara Yirthael d'une voix glaciale dénuée d'émotions.
Ce dernier retira la lame de l'épaule de Sylanna et l'attrapa par le cou avant de la projeter en direction de Kaegen qui la réceptionna en plein air. Il la déposa à terre puis dégaina son arme. Sylanna en fit de même.
« Cela fait une éternité que je n'ai pas eu de combat digne de ce nom.Venez. Je vais vous faire goûter à la mort une bonne fois pour toutes.
Une rage insatiable envahit alors les deux jeunes vampires et ils se jetèrent ensemble au même moment sur l'elfe. S'ensuivit des coups d'une violence inouïe, chaque coup porté étant paré, Yirthael recula et ils sortirent tous les trois de l'atelier, continuant leurs passes d'armes au fur et à mesure qu'ils retournaient au centre du Comté.
Plus d'une vingtaine de minutes s'étaient écoulées et ils se trouvaient à présent dans ce qui était autrefois les Jardins, à présent dénués de vie. Kaegen et Sylanna présentaient des blessures sur plusieurs parties de leurs corps tandis que Yirthael était encore indemne. Le vampire ancestral les dominait avec une aisance irréelle. Ce dernier passa sa langue sur la lame de son épée, ramassant les gouttes de sang qui perlaient le long. Kaegen décida de marquer un temps d'arrêt et tourna son regard vers Sylanna. Cette dernière le lui rendit. Il lui montra discrètement des yeux un endroit du jardin. Elle hocha très brièvement la tête. Le vampire se rua, suivi juste derrière par Sylanna qui se cachait dans son dos, en quelques foulées de jambes jusqu'à l'emplacement de Yirthael qui riposta d'un coup d'estoc précis et rapide. Son épée, Tempête Sanguine, transperça Kaegen dans l'abdomen. Yirthael ne put réprimer un rire démoniaque tandis qu'il plongeait encore plus profondément sa lame dans la chair de sa création. Après un bref moment, il écarta son épée, Kaegen avec, sur le côté afin de s'occuper de Sylanna. Toutefois, elle avait disparu. C'est alors qu'il entendit un craquèlement venant d'une branche morte de l'arbre à proximité, le même arbre très exactement duquel le petit garçon était tombé des années auparavant et qui était à présent noir, calciné. Il tourna son attention vers le point d'origine du bruit mais fut accueilli par une lame descendant en piqué vers sa tête. Un son sanglant s'en échappa tandis que Sylanna enfonçait son épée par le crâne de Yirthael, descendant sa lame verticalement, cette dernière se frayant un chemin à travers toute la colonne vertébrale de l'elfe. Pas un cri, pas un hurlement. Il avait rendu son dernier souffle instantanément avant que son cadavre ne heurte le sol. Kaegen fut libéré de la poigne de feu Yirthael et tomba à genoux devant sa dépouille. Sylanna se hâta de rejoindre son amant qui ne parvenait pas à retirer l'épée de son corps.
« Mon amour ! Non, non, non, non... » paniqua-t-elle.
« Tout va bien se passer, retire-la doucement et horizontalement. » parvint-il à lui dire, malgré la douleur.
Elle s'exécuta après de courts instants passés à analyser la situation. Elle retira alors l'épée très lentement mais les cris de douleur de Kaegen la poussèrent à la retirer d'un coup sec. Il tomba de tout le long de son corps par terre avant que Sylanna ne l'aide à se relever afin de l'adosser à l'arbre, restant réceptive aux expressions d'agonie sur le visage de son bien-aimé. Kaegen avait mis sa main sur sa plaie béante.
« Fais-moi voir. » dit-elle, tâchant de dissimuler l'immense panique mêlée à la peur qui la submergeait.
Alors qu'elle tendit les mains pour examiner la plaie, Kaegen la repoussa d'un geste brusque. Il plongea son regard dans le sien et reprit la parole d'une voix sombre.
« Va-t-en. »
Un long de moment silence s'imposa entre eux. Sylanna n'était pas sûre d'avoir bien entendu.
« Quoi ? Qu'est-ce que tu viens de dire ? »
« Je t'ai dit de t'en aller. Pars avant que je ne te tue. »
« Mais... Je t'aime, Kaegen ! Je t'ai toujours aimé, que ce soit dans cette vie ou dans l'autre ! »
« Tu as tué mes parents, causé la mort de nos enfants... Que crois-tu que je ressens en ce moment même, si ce n'est une haine indescriptible ? Bien que je n'en ai aucun souvenir et c'est ce qui me rend réellement fou de rage ! »
« Je n'étais pas consciente de mes actes ! Tu crois qu'apprendre tout ceci ne me fait pas mal ? Tout ce qu'il me reste, c'est toi ! » cria-t-elle, éclatant en sanglots, les larmes coulant à flots de ses yeux et le long de ses joues.
« Pars. Maintenant. » lui répondit-il d'un ton autoritaire.
« Non, je t'aime. Je ne te quitterais jamais plus ! »
« VA-T-EN ! » hurla-t-il de toutes ses forces avant de se lever, surplombant la jeune femme de sa hauteur.
« D'accord. Je m'en vais si c'est ce que tu désires. Toutefois, marque bien mes mots dans ton esprit : Je t'aime. Et ce pour l'éternité. Si tu me cherches, tu me trouveras facilement. Je serais au Comté tous les Lundis de chaque mois, de chaque année, jusqu'à que je disparaisse de ce monde d'une façon ou d'une autre. Je t'en fais la promesse, je n'aimerais que toi. A tout jamais. Je t'attendrais pour toujours.
Sylanna se leva et partit d'un pas lent. Kaegen l'observa au loin, avant qu'elle ne disparaisse de son champ de vision. Il venait de la perdre, une nouvelle fois. Ses dernières paroles l'avaient marqué. Il savait qu'elle disait la vérité. Il le savait au plus profond de son être car c'était exactement la même chose qu'il ressentait à son égard, malgré leur passé. Il se contenta de relâcher toute la colère et la tristesse qu'il gardait au fond de lui par le biais d'un hurlement caverneux. Kaegen savait au fond de lui qu'il ne trouverait plus jamais l'amour s'il ne s'agissait pas de Sylanna, et il en était de même pour elle. Le lien qui les unissait était impérissable, inébranlable et continuera de l'être à travers les âges. Chapitre VIII L’œil du cyclone - Chapitre VIII:
An 7 de l'ère d'Obsidienne. DureRoc, Capitale du Royaume Vampirique. Un étrange message lui était parvenu, destiné uniquement à lui-même, à l'attention de Kaegen. Sa présence était requise en DureRoc, la lettre lui demandait de se rendre dans la capitale afin de négocier ses services. Quels services ? La lettre restait vague. Peut-être même trop. La personne l'ayant émise avait-elle besoin de ses services en tant que forgeron ou mercenaire ? Car, oui, le vampire avait retenu de son ancienne vie les techniques de forge qu'il avait apprises. Nul métal ne pouvait lui résister. Il les façonnait de la manière dont il le désirait, les pliant à sa volonté. Sa réputation parmi les habitants de Caladon ainsi que de DureRoc n'était plus à faire parmi les personnes aisées ayant accès à ce genre d'informations plus ou moins secrètes à travers la société qui régissait les deux villes. Il avait acquis le nom de Foudre Écarlate. Ce surnom valait aussi bien pour ses talents de forgeron que pour ceux à l'épée. Lorsqu'il empoignait son marteau, il frappait le métal aussi vite que l'éclair, sans marquer ne serait-ce qu'un seul temps d'arrêt. Son expertise avait atteint un tel niveau qu'il pouvait vendre ses créations à des prix relativement élevés, bien qu'il n'en produisait que peu d'exemplaires au mois. Son épée, en main, Tempête Sanguine, qu'il s'était attribué de la dépouille de Yirthael, avait maintes fois servi lors des nombreux services qu'on lui demanda en tant que Mercenaire. « Il est aussi vif que la foudre », s'amusait à répéter ses clients. Ne laissant sur son sillage que des bains de sang. Il était également apte à prendre en charge des missions visant à assassiner tel ou telle personne, mais ce n'était pas là son point fort. Kaegen préférait l'excitation d'un duel honorable, jusqu'à la mort. Ayant atteint une très bonne maîtrise de l'épée, il en était satisfait. Il se savait puissant mais connaissait également ses limites. Il évitait de se jeter dans une bataille qu'il sait pertinemment perdue d'avance.
Le retour en forces des vampires en Armanda, et plus particulièrement aux yeux des autres peuples, fut une chose que Kaegen apprécia grandement. Les souterrains n'étaient nullement des lieux dignes de leur race. S'ils étaient supérieurs, pourquoi devaient-ils se terrer alors qu'ils pouvaient reprendre à juste titre leurs positions en Armanda ? Il avait décidé de suivre Lorenz Wintel presque aveuglément, convaincu que c'était la bonne chose à faire.
Cette année-là et celles qui suivirent furent le point d'entrée de nombreux bouleversements majeurs en Armanda. Les Dragons étaient de retour, ramenant avec eux la magie dans le monde. Ces êtres ailés gigantesques et pourtant si majestueux ne pouvaient qu'engendrer de l'admiration de la part de Kaegen bien qu'il préférait ne jamais avoir affaire avec l'un d'entre eux. Le retour de la magie, quant à elle, fut une grande découverte pour lui. Il était parvenu à maîtriser quelques sortilèges basiques, s'amusant avec plus qu'autre chose. Il préférait se fier à ses capacités physiques. Si la magie avait déjà disparu des terres armandéennes, qu'est-ce qui l'empêcherait de disparaître à nouveau ? Il avait vécu sans elle jusqu'ici et il en sera ainsi pour le restant de sa vie d'immortel. Toutefois, grâce à elle, il avait pu apposer un enchantement sur son arme, un renforcement lui assurant la pérennité de sa lame à travers les âges. Tempête Sanguine était dès lors devenue l'arme idéale pour lui.
Il avait, bien entendu, pris part aux incessantes guerres opposant les hommes aux vampires, bien qu'il le faisait plus par envie de combattre et de rencontrer de vaillants adversaires qui finirent tous par tomber sous ses coups exceptés quelques uns qu'il épargna, intéressé par leurs potentiels, que par la nécessité d'asseoir la suprématie de sa race sur les autres peuples.
Lors du débarquement des armées Alayiennes, il avait suivi encore une fois Lorenz Wintel, tout du moins au début. Bien qu'il ait commencé par le suivre, il se mit à avoir des doutes quant aux motivations de ce dernier lors de la rébellion. Il avait ainsi fini par se ranger du côté de ses opposants.
Sa perception du monde changea du tout au tout lors de l'apparition soudaine de Vraorg, le Voleur de Cœur. Ayant assisté personnellement à la démonstration de ses pouvoirs qui semblaient illimités, il n'eut d'autre choix que de se soumettre devant un tel déchaînement de puissance, devenant de ce fait un théocrate, à moitié dévoué et forcé envers sa cause. Bien qu'il suivit ses ordres, il tenta au maximum d'épargner les vies des innocents, réprimant intérieurement la violence inouïe des actions de Vraorg. Lorsque ce dernier fut vaincu, il en fut grandement soulagé, comme libéré. Frappé par la culpabilité et les remords, il dévoua les années suivantes à arpenter le chemin de la rédemption, offrant, au départ gratuitement, ses services afin de purger Armanda de tout mal excessif. Il parvint au fil des années à se forger une réputation solide, son surnom de Foudre Écarlate étant à présent reconnu sans trop de difficultés parmi les personnes appartenant au monde "souterrain", semblable à un marché noir. Bien que la majorité de ses clients pouvaient paraître comme douteux, il s'efforçait d'accepter les offres qui lui convenait. Sa notoriété acquise, il commença alors à tirer profit de ses activités par le biais d'une rémunération à chaque contrat. Ses créations forgées devenaient également une source importante de revenus que seuls les plus fortunés pouvaient se permettre.
Au fil des siècles, il avait mûri. En quête perpétuelle de perfectionnement, autant en forge qu'à l'épée, il cherchait sans cesse à se renouveler, à se surpasser, à transcender les limitations physiques qui lui étaient imposées. Armanda avait changé du tout au tout. Ou plutôt était-elle redevenue au même stade où elle était supposée rester ? Le futur présageait bien des choses. Lorenz Wintel ne faisait plus parti du tableau. Il avait appris qu'un autre avait pris sa place, lui-même remplacé par un autre. Une succession de pouvoir. Il avait observé l'Empire des Hommes changer de dirigeant tant de fois qu'il avait presque perdu le compte. Il se rendait, chaque Lundi, au Comté des Althius, tout du moins, les ruines qui s'y trouvaient. Sylanna n'avait pas failli à sa promesse. Chaque Lundi, elle était présente. Attendant son retour. Il sait qu'elle l'avait remarqué, mais ils restèrent là, dans le même lieu, sans se parler, ni même se regarder. Leurs présences seules suffisaient à exprimer plus que l'usage des mots ou des gestes. Il manqua de succomber à ses émotions à de nombreuses reprises, mais il parvint à s'arrêter avant de s'engager dans une nouvelle relation avec elle. Avec tout ce temps qui s'était écoulé depuis, la possibilité de partager de nouveau sa vie, avec ce qui avait été l'unique femme dans sa vie ,lui paraissait désormais être à portée de main. Les douleurs du passé s'étant petit à petit refermées.
Malgré tout ceci, Kaegen, libre de parcourir Armanda et ses terres, arrivait néanmoins à savourer chaque jour passant. De retour à DureRoc, il attendait son contact, la personne qui lui avait faite parvenir la lettre. S'étant posté à la ruelle indiquée dans le contenu de celle-ci, il attendait, calmement, patiemment. Regardant défiler les foules de vampires devant ses yeux.
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| Sujet: Re: Kaegen Althius Lun 12 Déc 2016 - 1:39 | |
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| Sujet: Re: Kaegen Althius Lun 12 Déc 2016 - 1:57 | |
| RETOUR AU SOMMAIRE avec Lewyn Viladric, 8 Juillet Deux vampires joignent leurs forces afin d'appréhender vivant un vampire recherché pour une raison mystérieuse.
avec Aphaïa Makhaïra, 20 Juillet Rencontre hasardeuse entre une capitaine à l'allure enfantine et un forgeron solitaire en chemin vers DureRoc.
avec Kyne Marchevent, 28 Juillet Convoqué par une lettre mystérieuse en réalité expédiée par Kyne Marchevent, la Princesse du Royaume Vampirique, Kaegen la rencontre à la capitale souterraine.
Dernière édition par Kaegen Althius le Lun 12 Déc 2016 - 6:03, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Kaegen Althius Lun 12 Déc 2016 - 2:21 | |
| Magie
- Puissance innée : Faible
- Magie : Très faible
- Vampirique : Très faible
- Elfique : Aucun niveau
- Humain : Aucun niveau
Totem : Glouton, niveau 1 (Peau très dure, force supérieure, capable d'étrangler un homme d'une main sans effort, doué à l'épée)
Physique
- Force physique : Bonne.
- Agilité : Bonne.
- Furtivité : Moyenne.
- Réflexes : Très bons.
- Endurance : Moyenne.
- Résistance : Moyenne.
- Beauté : Moyenne.
Mental
- Force mentale : Moyenne.
- Patience/self control : Moyenne.
- Perception : Moyenne.
- Intelligence : Bonne.
- Prestance/charisme : Faible.
- Mémoire : Bonne.
Combat
- Epée : Très bon. ( +2=Grand maître, si équipé de [Situinem, la soif de Netlthilh] )
- Dague et poignards : Aucun niveau.
- Armes d'hast : Aucun niveau.
- Armes contondantes : Aucun niveau.
- Hache : Aucun niveau.
- Faux : Aucun niveau.
- Fouet : Aucun niveau.
- Art du lancer : Aucun niveau.
- Art de la parade : Bon.
- Arc : Aucun niveau.
- Arbalète : Aucun niveau.
- Mains nues/pugilat : Bon (Statut vampirique).
- Equitation : Moyen.
- Dressage : Aucun niveau.
Dernière édition par Kaegen Althius le Lun 12 Déc 2016 - 2:36, édité 6 fois |
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| Sujet: Re: Kaegen Althius Lun 12 Déc 2016 - 2:27 | |
| Situinem, la soif de Netlthilh Objet légendaire Histoire : Toutes les races ont leur grand criminel. Celui des vampires se nommait Netlthilh. Il fut l’un des premiers humains, lors de leur arrivée en Armanda, à être mordu. Contrairement à certains de ses congénères qui, soit n’acceptent pas leur nouvelle nature ou soit l’acceptent, Netlthilh devint fou. Il devint fou, car jamais il ne parvint à maitriser cette soif de sang. Elle le poussa à commettre des massacres dans les réserves d’esclaves du royaume vampirique pour s’en abreuver. Lorsque l’on voulut l’arrêter, un éclair de folie le poussa à créer cette épée. Il arracha les crocs de tous ceux envoyés pour le tuer afin qu’ils ne puissent se nourrir et forgea cette lame pour dissuader quiconque de l’empêcher de s’abreuver. Face au danger que représentait Netlthilh pour sa race, des vampires ancestraux s’allièrent. Ils lui tendirent un piège au plus profond des souterrains du royaume en y lâchant des esclaves blessés afin que l’odeur de leur sang attire l’assoiffé. Netlthilh s’y rendit sans prendre garde et les ancestraux provoquèrent un éboulement qui le piégea dans les galeries. La légende dit qu’après s’être retrouvé piégé sans la moindre goutte de sang pour se nourrir, Netlthilh aurait commencé à vieillir sans jamais mourir, dévoré par sa soif infinie, devenant le premier décrépit… Description : Épée en forme de braquemart. La poignée de cette épée est faite en Adamantine. Son pommeau est en forme de croc de vampire et sa fusée, qui est recouverte de lanière de cuir de cerf de sorte à pouvoir avoir une prise confortable, est suffisamment large pour manier cette arme à une ou deux mains. Sa garde triangulaire semble être le prolongement de la lame, en son centre est incrustée une gemme rouge-orangé de coralline. La lame est tout ce qui fait la spécificité de cette épée, sans laquelle elle serait semblable à toute autre. Cette lame longue, au tranchant irrégulier et au contre-tranchant court au niveau de l’extrémité en forme de pointe, est faite d’un alliage unique de vif-acier et de dents de vampires qui lui confèrent une blancheur immaculée, une solidité à toute épreuve et un tranchant acéré. Enchantement 1: Crocs fidèles : Fidélité + Indestructible
Enchantement 2: Frappe de Netlthilh : + 2 à l’épée
Enchantement 3: Porte-venin : La lame contient une substance ressemblant au venin vampirique. Lorsque dégainée et selon la volonté de son propriétaire, Situinem suinte une brume empoisonnée qui provoque un grand inconfort lorsque respirée. De plus, si la lame blesse son adversaire, la substance engendre une douleur s'apparentant à celle causée par le venin vampirique.
Enchantement 4: Soif du décrépit : La lame se nourrit du sang de ses proies. Lorsqu'activée, elle gagne en puissance à chaque blessure causée. Ainsi, elle devient de plus en plus tranchante et pourrait, à un certain point, abimer les items non magiques et magiques. Les blessures engendrées deviennent de plus en plus profondes, saignent plus longuement et sont donc, plus difficiles à soigner. La puissance emmagasinée périclite au bout d'une heure sans "repas" sanglants et disparait totalement au bout de 2 heures. Verroterie du sang vénérable Provenance vampirique Collier sur lequel pend une gemme couleur de carmin profond semblant presque liquide et qui est montée sur un socle d'argent vieilli. La gemme contient du sang, si le porteur la remplit, il peut ensuite se servir de ce sang pour d'autres usages, se nourrir par exemple (repas frugal cependant). Offert par Luna ! Bottes de chasse Provenance humaine Des bottes en cuir épais, particulièrement résistantes et pourtant très souples, de couleur marron. Ces bottes confèrent à leur porteur une agilité et une rapidité hors du commun, s'apparentant à la légendaire agilité elfique, tout en rendant vos pas des plus silencieux et des plus discret. Quand bien même vous marcheriez malencontreusement sur une branche... Enchantement + 1 en Agilité. Offert par Kyne !
Dernière édition par Kaegen Althius le Dim 25 Déc 2016 - 17:32, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Kaegen Althius Lun 12 Déc 2016 - 2:57 | |
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