31 Juillet

Alteria était fière, son école tournait relativement bien, les manieurs de faux étant plus rares que d'autres types d'instructeurs. Ses élèves étaient tous relativement assidus et éduqués, et cela restait un plaisir de leur enseigner, enfin, tous sauf un bien sûr. Aloïs était doué pour un débutant, il fréquentait l'école depuis quelques mois, et pour un humain, son niveau était dans la moyenne, et autant dire qu'atteindre un niveau moyen en si peu de temps, surtout avec une arme aussi compliquée à manier, c'était un exploit. Mais ce garnement était aussi profondément insolant envers les autres, que ce soit par désir de prouver sa valeur ou simplement pour se sentir exister en rabaissant autrui, il allait trop loin.

Aussi Alteria ne fut que très peu étonnée quand elle aperçu une altercation à quelques mètres de son école, Aloïs injuriant un homme, lui hurlant qu'il allait le découper en morceau. Son étonnement monta cependant de plusieurs crans quand elle reconnu l'homme en question. Oh, difficile de passer à côté d'une telle personne sans la remarquer, le capitaine de l'armée aldarienne, Alauwyr Iskuvar, n'était pas des plus méconnus à la belle vampire, mais ceci était loin d'être un compliment. Elle avait entendu parler de lui en tant que Maître Épéiste, mais pas ce genre de gentil petit soldat qui va prêter son aide au passant moyen, non. Un homme fort, très fort et qui en était bien conscient, une personne fière voire arrogante, et qui ne se laisserait surement pas insulter plus longtemps sans faire payer au plus fort tel outrage à son élève, aussi décida-t-elle d'intervenir.

Aloïs était fou de rage, ce vieux fou avait osé le bousculer, LUI, il avait même failli le faire chuter. Il n'allait pas s'en tirer comme cela, foi d'Aloïs, il comptait bien le remettre à sa place, et lui faire comprendre à qui il avait à faire, aussi continua-t-il à lui hurler dessus.

« Mais pauvre arriéré, vous vous rendez compte de qui je suis ? Je suis Aloïs Vaneros moi, je suis le fils du comte Vaneros moi, je suis le meilleur élève de l'école du maniement de faux de ce quartier, je suis - » se bloqua-t-il soudain.

Il n'en voyait pas la lame, certainement cachée par le sort d'invisibilité qui y était apposé, mais Sentence était déjà à l'oeuvre et Aloïs était sûr d'une chose, un mot de plus un seul, et il regretterait à jamais son excès de confiance. Sur ce fait il décida de relâcher doucement les muscles de son corps, tout en se faisant le plus docile possible.

« Oh, c'est bien, tu es un manieur de faux Aloïs, mais il est capitaine de l'armée aldarienne lui, il est Maître Épéiste lui, et il va te mettre une raclée si tu ne te mets pas à genoux tout de suite pour t'excuser, lui. » Joignant l'acte à la parole, Alteria fit doucement descendre la lame de Sentence le long du corps de son disciple, le forçant à s'agenouiller, et lui dit avec un sourire mauvais. «Qu'est-ce qu'il dit à Monsieur Iskuvar, notre cher fils du compte Vaneros à qui son père a dû apprendre les règles élémentaires de politesse ? »

A genoux et terrorisé, Aloïs s'excusa d'une voix tremblante, mais sincère « Je vous présente mes plus plates excuses Monsieur Iskuvar, mes mots ont dépassé ma pensée, à vrai dire, je ne pensais même pas ce que j'ai dit. J'ai été pris d'un accès de rage, je ne sais que dire ni que faire, je suis impardonnable. »

Alteria soupira, sans pour autant retirer sa faux, ne voulant pas paraître agressive devant le capitaine. Cependant, elle doutait que de telles excuses allaient suffire, elle s'inclina donc devant Alauwyr.

« Je vous présente aussi mes excuses Monsieur, si il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous dédommager, dites le moi. »

Qu'il avait en horreur les jeunes paons de la noblesse... A se croire tout permis sous prétexte de posséder un rang supérieur qui leur donnait le droit de penser qu'ils étaient au dessus des autres. Alauwyr n'avait rien demandé à personne, jusqu'à ce qu'il croise le jeunot, qui manqua de le bousculer d'ailleurs. A cela, il l'avait repoussé de la main, en disant simplement.

''Regarde où tu marches''

Rien de bien bien cinglant, juste un ton un peu froid énoncé avec sérieux. En même temps, l'Alayien n'était pas homme à sourire. Rien que voir son visage couturé et son air froid suffisait pour que toute personne passe son chemin. Sauf quand l'arrogance bouillonnait au moindre acte jugé infâmant. Et surtout à l'entendre égosiller. A cela, Alauwyr avait stoppé ses pas pour lui faire face, totalement impavide. Il attendait que le nobliau ait fini son discours quand celui-ci cessa d'un coup son discours enflammé. L'Alayien sourcilla quand il comprit pourquoi.

Derrière le jeune homme pompeux se dressait une jeune femme qui pourrait faire fondre bien des hommes. Il était étonnant qu'elle ait réussi à calmer d'un coup les ardeurs du jeune noble. Mais à le voir tendu et la jeune femme tenant dans sa main un manche digne d'appartenir à une lance ou une arme d'hast du même genre... Il ne put s'empêcher de tiquer en comprenant que le bout de l'arme était invisible. Fichue magie ! Et à voir le jeune homme apeuré, nul doute qu'il connaissait la personne et surtout ses compétences.

Il resta là à écouter les paroles de la parfaite inconnue, tout en profitant de l'observer. Elle paraissait bien jeune et surtout... étrangement pâle, malgré la beauté qui émanait d'elle. Mais Alauwyr avait appris à rester prudent et surtout méfiant. Car certaines choses finissaient toujours par révéler des détails fâcheux. Mais pour l'instant, pris dans le doute, il gardait le silence, pendant que le fils de comte tombait à genoux devant lui, sous l'injonction de la dame. Les excuses sortirent de la bouche de l'humain, poussée par la crainte et la sincérité. Peut être que cela aurait du suffire, mais cela n'apporta guère de satisfaction à l'Alayien.

Puis cela de fait, ce fut à la jeune femme d'apporter des excuses, s'inclinant même. Alauwyr restait totalement stoïque. Puis sa bouche finit par s'ouvrir

''Je présume que ce jeune paon écervelé est un élève et vous un maître ? Peu importe dans quoi vous exercez, mais je constate une chose : il semble que votre élève prend très vite ses aises quand il est tout seul et se croit un peu trop sûr de ses capacités. Peut être que vous ne lui avez pas assez rentrer certaines règles de conduite dans son petit crâne. Ses excuses ne lui serviront jamais de leçon... et rien ne dit qu'il ne recommencera pas ses facéties plus tard ''

Il darda un regard vide de toute émotion vers Aloïs, qui venait à peine de se remettre debout. Puis il retira le gant de cuir noir qui couvrait sa main gauche pour la jeter au pied du nobliau.

''Je te défie gamin... Tu veux m'éprouver pour réparer ton honneur bafoué, soit. Il en va de même pour moi. On va voir ce que tu as dans le ventre et ce sans nos armes. Tu vas me montrer ce que tu sais faire avec des poings... Après tout, que tu sois un fils de comte ou pas, tu restes un homme comme les autres... A toi de voir...sauf si tu trouves que c'est là pas à la mesure de ton rang...''

Alteria était inclinée, mais le regard discret qu'elle lançait vers le capitaine lui indiqué que cela ne suffirait pas, voire que cela ne servait à rien, ce gamin incompétent allait payer très cher le fait de l'avoir amené à plier l'échine devant un inconnu.

« Je présume que ce jeune paon écervelé est un élève et vous un maître ? Peu importe dans quoi vous exercez, mais je constate une chose : il semble que votre élève prend très vite ses aises quand il est tout seul et se croit un peu trop sûr de ses capacités. Peut être que vous ne lui avez pas assez rentrer certaines règles de conduite dans son petit crâne. Ses excuses ne lui serviront jamais de leçon... et rien ne dit qu'il ne recommencera pas ses facéties plus tard. » avait répliqué l'homme sur un ton grave, et voila que les ennuis allaient commencer.

Alteria se recula et se releva doucement, décidément,elle avait le chic pour s'attirer des ennuis de la manière la plus bête possible, et pas avec les bonnes personnes, qui plus est. Elle profita de son éloignement pour détailler un peu Alauwyr, il n'avait clairement pas l'air sympathique, il était grand, flirtant surement avec le mètre quatre-vingt-dix et il était plutôt bien bâti, un affrontement avec lui mènerait certainement à la défaite de cet idiot de disciple.

« Je te défie gamin... Tu veux m'éprouver pour réparer ton honneur bafoué, soit. Il en va de même pour moi. On va voir ce que tu as dans le ventre et ce sans nos armes. Tu vas me montrer ce que tu sais faire avec des poings... Après tout, que tu sois un fils de comte ou pas, tu restes un homme comme les autres... A toi de voir...sauf si tu trouves que c'est là pas à la mesure de ton rang... » déclara l'homme, ce qui étira un léger sourire sur les lèvres de la vampire, cela apprendrait surement les bonnes manières au garnement, et elle arrêterait le combat quand elle le jugerait bon.

Elle prit donc place en retrait pour observer un combat dont le début aurait pu paraître équilibré à un amateur. Une minute plus tard, le désavantage d'Aloïs, qui n'était pourtant pas mauvais au corps à corps, se faisant sentir, et Alteria souffla un peu. En quelques temps a peine, son élève se fit totalement malmener par le capitaine, et quand il l'eu assez amoché à son goût, elle décida d'arrêter le combat elle même, arrêtant d'une poigne puissante le coup d'Alauwyr en attrapant fermement, mais habilement son poignet, elle ne voulait surtout pas le blesser. Voyant son regard qui se tournait vers elle, elle prit un sourire sincère et une voix douce pour lui demander d'arrêter.

« Je sais que ce combat a autant pour but d'apprendre à cet idiot les bonnes manières qu'il vous sert à laver votre honneur, cependant très cher, cet élève est le mien, et je m'engage à m'occuper moi-même de sa sentence, elle appuya bien le mot, pour la déshonneur que nous avons subit aujourd'hui, vous comme moi. » Elle prit ensuite une posture ouverte pour lui faire une proposition, « Si vous le voulez bien, nous finirons donc ceci tous les deux, cela pourrait être à une table pour boire un verre, ou face à face dans un duel. Bien que je ne vous cache pas que je préfère infiniment la première solution, je vous laisse bon juge. »

Alteria n'avait pas quitté son sourire ni sa voix calme, elle n'avait aucunement le désir d'envenimer la situation, mais ce combat avait pour elle trop duré. De plus, cet homme qui pouvait sembler peu accueillant lui avait fait une plutôt bonne impression au final, il avait deux choses essentielles à un bon combattant, de la force, et de l'honneur.

Bien entendu, un fils de comte du genre d'Aloïs ne manqua pas de se vexer devant les paroles et surtout à l'acte de défi lancé par Alauwyr. Pour sûr qu'il acceptait ! Bien entendu, la fougue de la jeunesse poussait toujours à réagir par l'émotion et non le raisonnement. S'il avait eu un brin de jugeote, il aurait refusé. Mais ayant reçu une éducation de noble, il ne pouvait guère réagir autrement où le sacro-saint de l'honneur importait plus que tout.

Comme le voyait Altéria, il ne fallut guère de temps pour prendre le dessus sur l'effronté. Aloïs avait pour lui la dextérité d'un corps jeune et surtout entraîné d'un manieur de faux, mais Alauwyr jouait sur l'expérience, même si l'agilité était encore sienne maintenant. Et quand l'Alayien allait décocher un autre coup, il se figea en sentant une forte prise sur son poignet. Il n'eut qu'à tourner la tête pour croiser le regard d'Altéria. Un doute le prit, car une femme de son gabarit aurait eu peine à bloquer aussi aisément son geste. Usage de magie ou parce qu'elle n'était pas humaine ? Il préférait encore attendre de voir avant de trouver la réponse exacte à son interrogation.

Le regard plissé dans la direction de celui de la maîtresse de l'arrogant maintenant corrigé, il retira son poignet de la prise d'Alteria d'un geste vif. Il n'appréciait guère qu'on agisse contre lui de la sorte (Il y avait bien des choses qu'il n'appréciait de toute manière, quand cela allait à son encontre). Mais il en comprenait la raison : Alteria venait de l'énoncer d'ailleurs. Le jeunot avait eu ce qu'il méritait. Et surtout elle ne tenait sans doute pas à se retrouver avec un élève alité pendant des jours durant. Il finit par prendre la parole, jetant un dernier regard glacial à Aloïs qui se relevait avec peine.

''J'espère que la sentence sera à la mesure de son impertinence. Je ne suis peut être pas un fil d'un riche noble, mais j'ai la mesure de pas chercher l'affrontement par un prétexte fallacieux d'un heurt porté à sa pseudo dignité de rang. ''

A voir le visage empourpré du jeune élève, nul doute qu'il avait touché un autre point sensible. Puis l'officier aldarien récupéra son gant, qu'il remit bien entendu tout en réfléchissant à la proposition de la jeune femme. Il la regarda avant d'apporter sa réponse. Elle ne paraissait guère taillée pour se battre et il la verrait mieux dans une cour au milieu de courtisans que sur un champs de bataille. Mais il se rappelait son ''arme'' et la poigne qu'elle avait exercée sur son poignet tout à l'heure. Non cette femme n'était pas humaine, il en était certain et à cela il hésita quelque peu. Elle lui laissait l'opportunité de se battre pour terminer de régler leur différend. Hors rien ne le poussait à relever pareille action. Et l'épéiste évitait de se battre contre des femmes d'ordinaire. En plus, il était officier de l'armée aldarienne et si on venait à le voir se battre contre une belle jeune femme comme Alteria, il savait très bien que les ragots allaient vite fuser

Il y avait trop de points à ne pas négliger. Surtout qu'elle même n'avait pas commis l'affront de le provoquer ou de lui rejeter la faute. Pas comme son élève.

''Un duel est inutile puisque vous n'aviez rien bafouer à mon encontre. Mais je puis accepter l'invitation de terminer de payer la résolution de cette affaire autour d'un verre. A la seule condition que votre élève soit hors de ma vue...''

Dire qu'il avait appartenu à ce milieu autrefois. A ce qu'il avait vu, le milieu n'évoluait pas, même sur Armanda. Il guettait alors alors la réaction d'Alteria tout en la contemplait. Il était difficile de détourner le regard de qu'elle était : une splendide jeune femme. Mais il restait prudent.

''Vous semblez savoir qui je suis... A qui donc ai-je l'honneur ma Dame ?

« J'espère que la sentence sera à la mesure de son impertinence. Je ne suis peut être pas un fil d'un riche noble, mais j'ai la mesure de pas chercher l'affrontement par un prétexte fallacieux d'un heurt porté à sa pseudo dignité de rang. »

Evidemment qu'elle le serait, ce gamin avait autant bafoué son honneur que celui de son école, elle l'imaginait déjà enfermé avec elle dans une sale à réapprendre la politesse de base et se ramasser de violentes raclées en combat singulier pour lui apprendre l'humilité, sans compter la réaction de ses parents quand ils apprendraient que leur fils soit disant bien éduqué avait provoqué un homme en pleine rue.

« Un duel est inutile puisque vous n'aviez rien bafouer à mon encontre. Mais je puis accepter l'invitation de terminer de payer la résolution de cette affaire autour d'un verre. A la seule condition que votre élève soit hors de ma vue... » avait-il imposé.

Il ne lui en fallu pas plus pour lancer un regard des plus terrifiants à Aloïs, qui rentra sans un bruit ni un mot dans l'école, mettre l'instructrice encore plus en colère qu'elle ne l'était lui semblait une encore moins bonne idée que rentrer chez lui dans son état, aussi décida-t-il d'aller se reposer dans un coin à l'ombre de la salle d'entrainement. Alteria se retourna donc vers Alauwyr, ne quittant pas son sourire poli et son regard charmeur, elle pensa se présenter après cette petite altercation, et l'homme lui donna une occasion parfaite.

« Vous semblez savoir qui je suis... A qui donc ai-je l'honneur ma Dame ? » lui dit-il sur un ton soudain poli, bien que prudent. Cet homme avait du savoir vivre malgré ses airs bourrus et son visage marqué, ce arracha un sourire sincère à notre vampire.

« Et bien ma foi, je suis résidente de cette belle ville, il est normal que je vous connaisse. Quant à moi, je suis Alteria Emperes, du Duché aldarien Emperes, instructrice du maniement de la faux depuis maintenant quelques années, lui répondit-elle avec une petite courbette. Mais nous serions plus à l'aise à discuter en marchant jusqu'à la taverne où je compte bien vous inviter mon cher Monsieur, j'ai certaines choses à vous avouer, je vous dois bien cela, et j'ai aussi très envie de faire votre connaissance. »

Révéler sa nature à cette personne était très loin d'être l'idée du siècle, mais après la prouesse de force dont elle avait fait preuve, elle devrait bien au moins lui avouer qu'elle n'était pas humaine. Elle commença donc à marcher, tout en faisant la conversation.

« Certain de mes élèves sont de vraies teignes, mais celui-ci est de loin le pire, ses parents l'ont trop couvé, encore un qui tient plus son titre de sa richesse que de sa noblesse d'âme ou de ses prouesses martiales. Cependant je ne compte pas le laisser dans la misère intellectuelle qui est la sienne, il deviendra un homme respectable, de gré ou de force. »

Elle avait parlé lentement et avec conviction, prenant tout de même son temps pour admirer l'architecture qu'elle avait déjà tant regarder telle une enfant, aussi ils arrivèrent bien vite à l'auberge, situé dans la même rue. Alteria entra, et indiqua de la main la personne qui l'accompagnait pour signaler qu'elle l'invitait, il n'y avait pas grand monde en cette journée, aussi prit elle place avec lui dans un coin isolé de la salle.

« Vous pardonnerez mon désir de réclusion, mais j'aime me sentir à l'écart quand je discute de choses et d'autres avec quelqu'un. Maintenant, si vous avez envie de commander quelque chose et de parloter tranquillement en ma compagnie, je pense que c'est l'instant idéal. » dit-elle, mi-charmeuse mi-amusée.

Elle savait que cet homme n'en était pas à son premier vampire, aussi se dit-elle qu'il finirait bien par la percer à jour, mais depuis l'instauration du traité elle ne risquait plus grand chose, et elle ne le considérait pas encore assez pour que la perte de sa compagnie lui apparaisse comme regrettable.

L'humain ne perdit pas de temps à se mettre à sa hauteur dès que la jeune dame, qui répondait donc au nom d'Alteria Emperes, se mette à marcher pour aller rejoindre une taverne sans doute de sa connaissance. L'Alayien n'était guère surprise qu'elle eut vent de son nom. Un homme tel que lui pouvait être jugé d'assez atypique quand on habitait comme Alteria dans la ville depuis longtemps. Les commérages allaient souvent bon train et certains finissaient toujours par monter dans les hautes sphères.

La Dame parla un peu d'elle et des élèves qu'elle avait sous son instruction, au maniement de la faux donc. A l'entendre donc et avec son titre énoncé, elle-même était issue de la noblesse. Alauwyr voyait mal des parents fortunés laisser leur descendance au premier venu. Non, il fallait quelqu'un de rang, comme eux, pour former les rejetons. Et ce qui le poussait à un peu réfléchir fut donc cette histoire d'apprentissage du maniement de la faux de ce fait considérée comme arme et non comme outil de paysan. Elle devait être un des membres de cette école singulière qui enseignait justement le maniement de cette lame mis au bout d'un long bâton. Très singulière comme arme d'ailleurs.

Il ne répondait donc immédiatement, préférant attendre d'être arrivé en sa compagnie dans les lieux désirés. Il s'y arrivèrent d'ailleurs et une fois à l'intérieur, Alteria parut devoir se justifier quand au choix de s'isoler dans la salle commune de l'auberge. Cela ne faisait que renforcer le doute sur ce qu'elle était réellement, mais Alauwyr attendait d'avoir plus de... ''détails''. Accusé sur le simple fait de l'impression pouvait amener à bien des soucis, surtout si elle était une noble. Lui n'était qu'un capitaine d'armée et donc en cas de litiges, il manquerait de tout ramasser sur le coin de la figure. Connaissant ces milieux, il savait à quoi se risquer au moindre faux pas de sa part.

Une fois attablés, il parla enfin.

''C'est votre choix ma Dame et il me dérange nullement''

Il leva la main pour attirer l'attention du tavernier.

''Un hydromel et le meilleur''

Et une fois que la donzelle aura fait son choix, il reprit la conversation.

''Dame Alteria Emperes que vous vous nommez donc... Je ne crois pas avoir entendu votre nom. En même temps, pardonnez moi ma franchise, je ne baigne pas dans les mêmes milieux que le vôtre, donc ne vous offusquez pas de mes mots. Pour ce qui est de vos élèves, quand on naît âne, on ne devient pas un destrier de guerre de valeur... ou on le devient et ce ne sont que des cas isolés. Et là sans vouloir vous vexer, les nobles agissent la plupart du temps tous de la même façon.... Sauf cas à part une fois encore, qui se compte sur les doigts d'une main''

Lui-même avait baigné dedans dans sa jeunesse, avant de décider de faire sa route seule. Et franchement, il ne regrettait pas.

''Alors... Qu'avez vous donc à m'avouer... Je doute que seule l'histoire de votre élève vous contraint à me payer un verre à boire... J'avais lavé mon honneur en réglant le compte à votre ''poulain''. Et cela, vous le saviez. Je me demande ce que vous avez réellement d'autres à me dire. ''

« Un hydromel et le meilleur ! » avait demandé Alauwyr.

Alteria commençait doucement à cerner le personnage, il n'était pas aussi terrible qu'il en avait l'air, mais se confronter à lui était vraiment loin de ce que l'on pourrait appeler communément une "bonne idée", aussi décida-t-elle de lui être le plus agréable possible avant de lui révéler la vérité.

« Dame Alteria Emperes que vous vous nommez donc... Je ne crois pas avoir entendu votre nom. En même temps, pardonnez moi ma franchise, je ne baigne pas dans les mêmes milieux que le vôtre, donc ne vous offusquez pas de mes mots. Pour ce qui est de vos élèves, quand on naît âne, on ne devient pas un destrier de guerre de valeur... ou on le devient et ce ne sont que des cas isolés. Et là sans vouloir vous vexer, les nobles agissent la plupart du temps tous de la même façon.... Sauf cas à part une fois encore, qui se compte sur les doigts d'une main. » lui dit-il abruptement

Elle lui sourit gentiment, elle comprenait parfaitement son point de vue, mais elle préférait tenter le coup tout de même.

« Allons, cessons ces noms pompeux qui ne veulent rien dire, mon prénom suffira empilement si vous avez besoin d'attirer mon attention. Pour être honnête avec vous, je sais que ma démarche auprès de ce type de personne paraît inutile, et que peu de nobles finissent par "bien" tourner, mais j'ai quand même envie d'essayer de l'aider. Bien sûr, je dois vous avouer que je ne suis pas une blanche colombe, et que je fais plus cela pour ne rien avoir à me reprocher que pour lui offrir un avenir décent. »

Alteria avait parlé d'une voix amusée, elle avait bien trop vécu pour se lancer dans des considération comme le bien fondé ou l'utilité d'une chose, elle faisait ce qu'elle pensait être juste, c'était tout. Mais l'homme la relança bien vite sur un sujet qu'elle avait abordé.

« Alors... Qu'avez vous donc à m'avouer... Je doute que seule l'histoire de votre élève vous contraint à me payer un verre à boire... J'avais lavé mon honneur en réglant le compte à votre ''poulain''. Et cela, vous le saviez. Je me demande ce que vous avez réellement d'autres à me dire. » répliqua-t-il sur un ton qui pouvait sonner curieux.

La vampire décida de jouer carte sur table, mais de ne pas tout divulguer en bloc pour autant, elle étudierait ses réactions au fur et à mesure.

« Je pense que vous avez pu le constater, mais je ne suis pas vraiment humaine, bien que j'essaye de m'en donner l'air. Ma force et ma longévité ne sont pas vraiment comparable aux vôtres, et pour être honnête, j'ai passé mon 270ème anniversaire. Je tenais à vous faire par de ceci, car j'ai bien vu que vous aviez remarquer le problème que j'ai arrêté votre bras tout à l'heure. Mais j'ai aussi voulu discuter avec vous, pour vous prouver ma bonne foi, et ne pas être vue à travers les préjugés que les gens peuvent avoir. Pour tout vous avouer, j'avais même pensé essayer d'entretenir une relation amicale avec vous, vous êtes tout ce que je recherche chez une personne, dans les termes utilitaires du terme, bien sûr, le côté émotionnel dépendra de ce que vous pensez de ce que je viens de vous avouer. »

Elle avait dit cela avec un ton sincère, ne lâchant pas pour autant son sourire charmeur. Elle attendait maintenant le verdict d'Alauwyr, assez intéressée par ce que pourrait être sa réaction.

Lui demandait-elle de rester simple en usant que de son prénom, en faisant fi des convenances qui correspondait à son rang ? Peut-être qu'elle voulait faire là une approche des plus diplomatiques. Par contre, il manquait de rire quand à son désir de vouloir quand même essayer d'offrir un avenir pour ces jeunots arrogants du genre d'Aloïs.

''C'est louable de votre part, mais qu'avez-vous sérieusement à y gagner ? Une fois qu'ils seront dans leur belle petite place, dans la politique ou dans je ne sais quelle tournure politique magouilleuse pour leurs seuls profits, ils vous oublieront. C'est vain de tenter de brasser de l'air vous savez...''

Avant même que le tavernier ne revienne avec les commandes ; d'ailleurs, la jeune femme ne paraissait pas avoir commandé quelque chose, Alteria apporta donc la raison de son petit petit mystère. et au fur et à mesure qu'elle y apporta une explication, les sourcils de l'Alayien se froncèrent. Le doute se confirmait. Elle était bien une vampire. Le tavernier déposa l'hydromel devant le capitaine et repartit tranquillement. Il n'avait pas entendu la discussion et tant mieux.

Alauwyr ne saisit pas immédiatement sa chope, regardant fixement la vampire, puisque ce qu'elle était. Il peinait à croire qu'elle cherchait des gens de son bord. Son air était totalement stoïque, sans aucune émotion lisible dans son regard. Un être glacial qu'il était devenu sous la nouvelle confirmé.

''Si vous savez mon nom, je pense que vous savez mon ressenti vis à vis des vampires. Je n'ai jamais caché mes origines ''

En même temps, quand on connaissait son nom et ce qu'il avait été, c'était facile. Il regardait toujours la vampire en se demandant ce qu'elle voulait exactement. On pouvait comprendre qu'avec le traité de paix, les vampires devaient s'adapter et les vivants aussi. Bien qu'il eut à supporter la présence de ces suceurs de sang quand il était théocrate, puis quand il avait changé de camp, il continuait seulement de les tolérer. On ne changeait pas une nature comme la sienne, même après quelques années. Il lui faudrait encore du temps pour accepter totalement le fait qu'il pouvait exister de bons vampires. Faisait-elle partie de ceux là ?

Il finit un sourcil. Il était capitaine de l'armée aldarienne, il ne pouvait laisser ses propres aprioris prendre le pas. Il grimaça un peu des dents et finit par desceller ses lèvres.

''Et qu'est ce que vous recherchez exactement chez une personne comme moi ? ''

« C'est louable de votre part, mais qu'avez-vous sérieusement à y gagner ? Une fois qu'ils seront dans leur belle petite place, dans la politique ou dans je ne sais quelle tournure politique magouilleuse pour leurs seuls profits, ils vous oublieront. C'est vain de tenter de brasser de l'air vous savez... »

Noble ? Quelle idée saugrenue, elle faisait ça plus par satisfaction personnelle et honneur que par noblesse d'âme, mais enfin, c'est vrai que cela pouvait être vu comme cela au premier abord. Aussi elle ne tiqua pas vraiment à la remarque d'Alauwyr.

« Si vous savez mon nom, je pense que vous savez mon ressenti vis à vis des vampires. Je n'ai jamais caché mes origines. »

Alteria lui sourit doucement, après tout, il n'était pas si bourru que cela. Il avait tourné sa phrase de la manière la moins agressive possible, exposant seulement les faits. Elle ne répliqua pas pour autant, lui laissant la parole tout en prenant le temps de réfléchir à ce qu'elle allait dire.

« Et qu'est ce que vous recherchez exactement chez une personne comme moi ? » avait-il demandé.

La vampire réfléchit quelques secondes à comment formuler sa pensée, elle détailla l'homme pendant ce temps, cherchant peut être une partie de sa réponse dans son regard.

« Certains diraient que je veux faire mon maximum pour sympathiser avec les gens, même ceux qui sont censées ne pas m'aimer, par pur humanisme. Je dirais plutôt que c'est par utilité, et pour me prouver des choses à moi même. J'ai souvent été discriminée quand je révélais ma nature, les gens ne pouvant pas réfléchir plus loin que cela, ils me catégorisaient dans la colonne vampire et le mal était fait. Pourtant, vous, un Alayien, vous efforcer d'essayer de comprendre ma personnalité et mes motivations sans me cracher tout votre mépris au visage, et cela me plait. La vampiresse s'arrêta quelques temps pour lui laisser le temps d'assimiler les faits, avant de reprendre. Je veux me prouver à moi même que même parmi les gens qui ont des griefs contre les vampires, certains pourront reconnaître que nous ne sommes pas tous des bêtes assoiffées de sang. Et bien sûr en deuxième lieu, votre renommée et vos capacité feraient de vous une connaissance de premier choix si jamais je venais à en avoir besoin. »

Elle venait de lui avouer toutes ses raisons d'un bloc, et elle espérait avoir été assez claire. Peu de gens pourraient assimiler un tel charabia éloigné de leur conception des choses et de leur vision du monde aussi vite. Elle regarda donc Alauwyr, ne perdant pas son regard profond et son sourire charmeur, puis se décida à détendre un peu son corps, elle s'était raidit pendant son explication, surement le stress de mal s'exprimer et d'être mal comprise et ce fut dans le plus grand des calmes qu'elle écouta la réponse de l'Alayien.

Il écoutait les paroles de la vampiresse, privilégiant le silence et l'observation le temps qu'elle exprime le fond de ses pensées. Il trouvait presque ironique le fait que la jeune femme se sentait à chaque discriminer quand elle révélait ce qu'elle était. Plus encore par le fait que lui, un Alayien, prenait sur lui pour ne pas exposer la nature qu'on donnait aux gens de son peuple, à savoir mépris et haine. Par contre pour le reste, il pourrait en rire. Pourtant, il n'affichait qu'un pâle rictus qui était l'ombre d'un faible sourire.

"Et donc, c'est à travers des gens de mon genre, qui haïssent les vampires en temps normal depuis des années, que vous voulez être, malgré votre nature, une personne qui se veut normale aux yeux de tous les mortels ? Avouez que cette contradiction est quelque peu... amusante''

En même temps, pour les vampires qu'il avait croisés depuis qu'il avait mis le pied sur Armanda, il ne pouvait pas pas contester que presque tous faisaient preuve d'une arrogance sans limite. Sous prétexte qu'ils étaient des prédateurs à la vie éternelle, malgré leur condamnation à se repaître du sang des autres individus, qu'ils soient humains ou elfes, ils se croyaient meilleurs que les autres. D'où son étrange attitude sur le coup avec cette vampiresse. Il peinait à croire qu'elle voulait démontrer à des gens de son espèce qu'il existait des vampires bien plus ''humains'' qu'il ne pourrait le penser. Des vampires ayant une conscience, il en avait bien sûr côtoyé durant la période où il avait rallié les Protégés.

''Il est difficile de concevoir sur l'instant que vous vous voulez sincères et que vous recherchez des êtres vivants qui vous sont opposés, capables de comprendre votre nature et d'accepter telle que vous êtes. Et j'ai peine encore à croire que vous profitez de me croiser pour expérimenter tout ça. ''

Malgré tout, il leva son verre.

''A votre santé, car après tout, vous me l'offrez pour bien plus qu'une question d'honneur n'est ce pas ? Et cela ne se refuse pas...''

Il y a encore quelques années en arrière, Alauwyr se serait montré largement plus sec en réaction et en paroles... Mais même avec le temps, bien des caractères pouvaient s'assagir. Il n'admettait tout simplement pas de l'admettre, voilà tout. Et pourtant, il était là à converser avec une radieuse jeune femme qu'il savait vampire et pourtant. Est-ce qu'Alteria avait trouvé ce qu'elle cherchait ? On dirait bien que oui.

L'Alayien but une gorgée du verre offert et regarda la vampire, droit dans les yeux. Durant son existence, il s'était souvent fourvoyé. Est ce que cela était la même chose, maintenant que les vampires se dévoilaient au grand jour et que le traité de paix permettaient aux moins ''mordants'' de chercher l'intégration ?

« Et donc, c'est à travers des gens de mon genre, qui haïssent les vampires en temps normal depuis des années, que vous voulez être, malgré votre nature, une personne qui se veut normale aux yeux de tous les mortels ? Avouez que cette contradiction est quelque peu... amusante. » lui avait répondu Alauwyr.

Elle ne pouvait pas en vouloir à cet homme de ne pas comprendre son point de vue, il était déjà assez sympathique pour ne pas lui sauter à la gorge, aussi elle tenta de s'expliquer calmement en lui souriant.

« Vous comprenez mon cher, si je peux vous prouver, je dirais même, si je peux même prouver à quelqu'un comme vous que tous les vampires ne sont pas des bêtes sauvages assoiffées de sang sans une once de réflexion humaniste, alors je considérerais que je peux faire passer ce message à la quasi-totalité des gens. Pour être honnête, je n'aime pas la majorité des vampires, je dirais même que je les exècre car ils représentent tout ce que je m'efforce de ne pas être, piétinant tout ce en quoi je crois. »

Le ton de la vampire s'était fait plus dur pendant quelques secondes, que sa bonne volonté et ses idéaux soient foulés au pied par sa propre race était une idée inconcevable pour elle. Aussi se considérait-elle mentalement plus comme une humaine que comme une vampire. Elle essaya de se calmer, ne voulant pas paraitre agressive devant son interlocuteur, elle soupira un coup et replongea ses yeux dans les siens lorsqu'il reprit la parole.

« Il est difficile de concevoir sur l'instant que vous vous voulez sincère et que vous recherchez des êtres vivants qui vous sont opposés, capables de comprendre votre nature et d'accepter telle que vous êtes. Et j'ai peine encore à croire que vous profitez de me croiser pour expérimenter tout ça. »

« Mais m'expliquer en face de gens qui comprenne mon point de vue serait dénué de tout intérêt. Je dois m'efforcer de convaincre ces "êtres vivants qui me sont opposés" pour avancer, pour prouver ma valeur. Et pour être honnête, bien qu'en effet je profite de cette occasion pour expérimenter encore ma capacité à convaincre, vous n'êtes clairement pas la première personne sur laquelle je m'essaie. »

La vampiresse avait essayé d'être la plus claire possible dans ses propos, tout en gardant son sourire charmeur, essayant inconsciemment de s'attirer la sympathie d'Alauwyr.

« A votre santé, car après tout, vous me l'offrez pour bien plus qu'une question d'honneur n'est ce pas ? Et cela ne se refuse pas... » avait-il déclaré.

Son interlocuteur marqué un point, ce qui la fit sourire. La vampiresse se rappelait de ses premières fois infructueuses à tenter de convaincre les gens de sa bonne foi, elle constata l'effet de ses mots sur Alauwyr, ferma les yeux, tourna un peu la tête sur le côté et lui sourit sincèrement, peut être que cette fois ci elle allait réussir à faire autre chose qu'envenimer la situation.

Alauwyr avait pourtant haussé un sourcil en entendant le durcissement de la voix de sa compagne de tablée. Même si cela n'avait duré que très peu de temps, il avait senti la nuance dans le ton de la voix de la vampire. Avait-il touché quelque chose de sensible ? Peut-être ? En tout cas, il avait toujours du mal à croire que des vampires étaient prêts à se sentir plus humains qu'ils ne le seront jamais. C'était lié à l'expérience même de l'Alayien. Quand on se confronte à des vampires sur le champ de bataille puis à devoir les côtoyer... On ne changeait pas un pli durement ancré dans l'esprit d'un humain tel que lui.

Pourtant, il n'était pas entré dans un profil de conversation visant à écraser la vampiresse. Il aurait très bien pu le faire. Mais où aurait été l'intérêt ? On était en temps de paix, cette femme suceuse de sang tenait une école apparemment de renom dans la cité... lui était officier dans l'armée aldarienne.. Il n'y avait rien qui les opposait concrètement sauf leur nature même. Alors pourquoi chercher à provoquer les hostilités ? Elle n'était pas venue à lui dans ce but là, même si leur rencontre avait été provoquée par le seul hasard. Enfin... selon les pensées de l'Alayien.

''Déjà je ne vous considère pas comme une bête assoiffée de sang, sinon vous auriez déjà eu mon épée à travers vos entrailles... Donc déjà un bon point pour vous semble-t-il''

Peut-être que les charmes de la jeune femme faisait effet sur l'humain. N'était-elle pas dans une discussion totalement posée, jouant déjà son humanité à travers cette conversation ? Elle n'avait rien de provocante et rien qui approchait de l'arrogance, donc c'était déjà un bon chemin pour converser avec l'épéiste, qui se méfiait toujours des vampires.

''Se faire passer pour un être humain par les actes, le coeur et l'esprit donc... Cela ne changera en rien votre nature, mais vous cherchez à vous rapprocher de ce que mon espèce est. Un besoin de retrouver ce que vous avez perdue en devenant vampire ? Vous prouvez déjà votre valeur ''humaine'' par une conversation qui ne me pousse pas à défendre ma nature, mais la notion que j'ai de valeur est différente de la vôtre je pense. Moi je juge la valeur d'un être sur ce qu'il est sur le champ de bataille, à l'égard de ses frères d'armes, vis à vis de sa loyauté dans ce quoi il s'est engagé. Vous êtes une maîtresse d'armes, je suis un soldat depuis des années... Il y a dans cette différence en plus de nos espèces respectives, quelque chose qu'il vous faut peut-être concilier pour mieux avancer encore. ''

Si Christan était là, il n'en reviendrait pas de ce discours prononcé de la bouche même de l'épéiste. En même temps avec ce qu'il avait vécu, cela changeait bien des mentalités, même la sienne.

Alteria s'était mise à l'aise, les coudes posées sur la table, les mains jointes et le menton posé sur ces dernières, une position plus aguicheuse que noble, mais la vampire aimé plaire, ce n'était pas nouveau.

« Déjà je ne vous considère pas comme une bête assoiffée de sang, sinon vous auriez déjà eu mon épée à travers vos entrailles... Donc déjà un bon point pour vous semble-t-il »

La vampiresse fit pencher sa tête de droite à gauche en signe de contentement, comme une petite fille venant d'être félicité par son professeur. Elle détailla son interlocuteur, qui était bien plus calme que ce qu'elle aurait attendu de lui au premier abord.

« Se faire passer pour un être humain par les actes, le coeur et l'esprit donc... Cela ne changera en rien votre nature, mais vous cherchez à vous rapprocher de ce que mon espèce est. Un besoin de retrouver ce que vous avez perdue en devenant vampire ? Vous prouvez déjà votre valeur ''humaine'' par une conversation qui ne me pousse pas à défendre ma nature, mais la notion que j'ai de valeur est différente de la vôtre je pense. Moi je juge la valeur d'un être sur ce qu'il est sur le champ de bataille, à l'égard de ses frères d'armes, vis à vis de sa loyauté dans ce quoi il s'est engagé. Vous êtes une maîtresse d'armes, je suis un soldat depuis des années... Il y a dans cette différence en plus de nos espèces respectives, quelque chose qu'il vous faut peut-être concilier pour mieux avancer encore. »

Le visage d'Alteria se fit un peu plus sérieux, tout en restant jovial. Elle se mit à réfléchir à ses véritables motivations, mais arrêta bien vite quand Alauwyr souligna que sa "valeur humaine" était déjà prouvé. Si tirade presque philosophique sur la loyauté et la confiance envers des frères d'armes sur un champ de bataille plongea Alteria dans un mutisme de quelques secondes, puis elle se décida à répondre.

« En effet, vous avez raison sur tous les points que vous venez d'énoncer. Je ne supporte pas ma nature vampirique et je tente de m'en éloigner le plus possible, gardant à cœur le fait que j'ai autrefois été humaine. J'aime à penser qu'il est toujours possible pour moins de vivre normalement, avec les quelques aides qui sont fournies aux vampires pour se nourrir sans avoir à attaquer le premier passant. Elle marqua une pause dans son discours pour réfléchir avant de poursuivre. Et bien sûr, vous avez bien deviné que je n'ai jamais mis les pieds sur un vrai champ de bataille, mais maintenant que les tensions ont commencé à se calmer et que ma race est un peu plus acceptée, ceci me permettant de redorer mon blason, je compte bien m'offrir corps et âme à cette cité qui m'a tant donné. »

La vampire avait parlé d'un ton sincère, presque solennel. Si il y avait bien une chose envers laquelle elle se sentait redevable, c'était bien Aldaria et elle était déterminée à le prouver, aussi elle se rapprocha un peu d'Alauwyr pour lui confier ses doutes.

« Mais bien sûr, je ne suis qu'une pauvre vampire perdue dans un monde d'hommes et je ne sais pas vraiment quoi faire pour aider ou être utile. Donc si vous avez quelques conseils à me donner, ou si un jour je peux rendre servir à une personnalité telle que vous, n'hésitez pas. » Dit-elle avec un sourire amusé.

Alauwyr avait sourcillé au petit rapprochement que fit la jeune femme pour se tenir plus près de lui. Il n'oubliait pas qu'elle était et resterait une vampire. Et les membres de son espèce buvaient le sang des elfes et des humains. Il réussit à ne pas avoir un recul qui aurait pu être pris de façon malencontreuse. Certaines vieilles habitudes avaient la vie rude. Pour un Alayien tel qu'Alauwyr surtout. Car il n'oubliait pas certaines mésaventures avec des dents longues. De cuisantes mésaventures, qui auraient de quoi le faire grimacer. Mais il voyait bien qu'Alteria n'était en rien comme ses autres congénères. Du moins pour le peu qu'elle avait accepté de dévoiler pour le moment.

Il jouait avec son verre, le faisant tourner en rond dans ses doigts pendant qu'il écoutait les paroles d'Alteria. Il prit le temps de réfléchir quand elle eut terminé. C'était bien la première fois qu'il entendait de la bouche même d'une vampire des demandes de conseils, ou même d'apporter quelques services à sa personne, qu'elle considérait comme une personnalité. A cela, il en avait doucement ri.

''Moi une personnalité ? Je ne suis rien qu'un officier, vétéran alayien qui appartenait autrefois aux forces qui ont désiré vous annihiler jusqu'au dernier, magie comprise, vu que vous n'étiez que des choses contre-nature au vivant. Je ne suis qu'un homme qui a su survivre à la venue de Vraorg pour ensuite trouver la bonne voie et à tant, avant d'en perdre son esprit et son âme... Et je ne suis pas le seul homme sur Armanda à avoir eu une expérience de ce genre... Donc permettez moi de douter que je parais à vos yeux comme une personnalité...''

Oh, il savait très bien que bon nombre d'Armandéens le connaissaient de nom. Et il ne passait guère inaperçu entre sa démarche guerrière et son visage couturé de cicatrices. Sans oublier sa chevelure grisée, qui pouvait le faire passer pour un vieillard avant l'heure.

''Longue sera la voie pour redorer votre blason. Les humains ont des a priori difficiles à briser. Mais cela vous en avez déjà conscience. Maintenant, ce que je peux vous dispensez comme conseils.....Restez vous même... ''

Il lui était presque étrange de dire cela à une vampire qui voulait être vampire. Mais en affirmant cela, elle paraissait sans doute avoir réussi à atteindre son objectif aux yeux de l'Alayien.

''Vous menez déjà une école de formation... Peut-être que si vous n'acceptiez pas que des nobles, vous montreriez votre désir profond de rendre ce que cette cité vous a offert. Bien des gens de vie plus modestes seraient enchantés d'avoir accès à des écoles fréquentés par des ''grands''. Leur offrir une certaine égalité pourrait vous apporter beaucoup...Ensuite quand à me rendre service... ''

Il restait quelques secondes silencieux.

''il faudrait que j'ai quelque chose à faire faire pour ce fait... hors pour bon nombre de choses j'arrive à gérer par moi-même... Cela sera difficile de répondre à ce désir là...''

L'alayien était parti dans une grande tirade, disant que des gens comme lui on pouvait en trouver à la pelle. La vampiresse se mit à rire intérieurement, si elle avait entendu parler de lui, c'est que c'était un homme relativement connu oui. Aussi elle lui sourit et lui répondit sur un ton amusé.

« Oui vous une personnalité, vous êtes connu par beaucoup et une réputation vous suit, c'est ce que j'appellerais une personnalité. Et vous dites toutes ces choses d'une manière si simple, mais justement, vous êtes un officier alayien et vous êtes ici parmi nous, vous avez survécu à la venue de Vraorg, vous avez su trouver la bonne voie. Tout ceci ajouté à votre réputation... »

« Longue sera la voie pour redorer votre blason. Les humains ont des a priori difficiles à briser. Mais cela vous en avez déjà conscience. Maintenant, ce que je peux vous dispensez comme conseils.....Restez vous même... » avait souligné Alauwyr

Ces paroles réchauffèrent un peu le cœur froid de la vampiresse, c'était un conseil simple, mais son importance était capitale pour la vampire qui commençait à perdre foi en elle même et en son devenir. Impatiente d'entendre que tout espoir n'était pas vain, elle le laissa poursuivre.

« Vous menez déjà une école de formation... Peut-être que si vous n'acceptiez pas que des nobles, vous montreriez votre désir profond de rendre ce que cette cité vous a offert. Bien des gens de vie plus modestes seraient enchantés d'avoir accès à des écoles fréquentés par des ''grands''. Leur offrir une certaine égalité pourrait vous apporter beaucoup...Ensuite quand à me rendre service... », il resta silencieux quelques temps avant de finir « il faudrait que j'ai quelque chose à faire faire pour ce fait... hors pour bon nombre de choses j'arrive à gérer par moi-même... Cela sera difficile de répondre à ce désir là... »

Alteria prit quelques seconde pour réfléchir. Elle savait que ce qu'il lui disait était vrai sur le plan théorique, mais sur le plan pratique, c'était difficilement réalisable.

« Vous savez, mon école a une bonne renommée pour ce qu'elle est. Mais nous ne sommes que deux instructeurs, nous ne pouvons pas nous permettre de recruter des centaines d'élèves. De plus, cela est triste à dire, mais les nobles payent bien, et mon collègue n'a d'autre revenus que notre école. Si seulement je pouvais me permettre de suivre ces principes égalitaristes... sachez que je le ferai. Mais nous avons vraiment du mal à gérer notre école à seulement nous deux. » Elle prit une pause et continua « En ce qui vous concerne, je vous offre seulement l'occasion de me demander ce que vous voulez quand vous le voulez. Si un jour vous avez besoin de moins je serai heureuse de vous prêter main forte. »

Alteria sourit à son interlocuteur, un sourire sincère qui lui était si rare, et qu'elle lui avait pourtant décoché à plusieurs reprises. Décidément, il savait trouver les mots pour un "ennemi naturel"

Alauwyr se retenait de grommeler. Il se serait bien passé de la prétendue réputation qu'on lui donnait maintenant. Oui il était un survivant de la guerre alayienne, puis de celle engendrée par Vraorg... Mais il estimait qu'il n'était pas le seul. Même à l'heure d'aujourd'hui. Des Alayiens qui ont eu à franchir des étapes importantes dans le fil de leur existence, se comptaient peut être sur les doigts d'une main, mais il n'était pas unique. Mais tant qu'on ne venait pas l'enquiquiner avec cela, il en était heureux. Sa réputation au moins empêchait à de jeunes coqs un peu fous de s'en prendre à lui, fine lame qu'il était. Sauf peut être des pompeux du genre de l'élève de la vampire.

LA vampire exposait son point de vue quand à son école et à ce qu'il avait pu en proposer. Il ne fut guère surpris quand elle abordait plus ou moins le soucis de financement de son institution. Alauwyr était bien placé pour savoir que les nobles jouaient beaucoup sur les réputations des lieux où ils menaient leur progéniture et Alteria n'avait pas tort quand au risque qu'elle prendrait à s'ouvrir au plus grand nombre.

''Rien ne vous empêche de trouver un autre professeur qui répondrait aux besoins de votre école. Et quand je parlais de s'ouvrir, je ne parlais pas forcément d'aller jusqu'à la basse extraction. Les paysans n'auront jamais les moyens de se payer vos cours et puis ils n'auront jamais le temps, avec le boulot qu'ils doivent se taper au quotidien. Non, j'évoquais des gens comme des bourgeois ou des gens qui ont su monter leurs affaires pour se payer plus tard des titres. Des gens qui ont eux aussi les moyens financiers à défaut d'avoir le rang ''

Ce serait un bon moyen pour elle de rester dans le milieu des privilégiés payeurs tout en élargissant son cercle. Mais il ne faisait que donner des conseils après tout. Elle en fera comme bon lui semble pour la suite. Puis à la voir encore sourire, il ne put s'empêcher de lui attraper délicatement son menton du bout de ses doigts, souriant presque avec ironie lui-même quand à cette facette sincère qui se révélait chez la vampire.

''Vous demander ce que je veux ? Ne précipitez vous pas un peu les choses ? C'est dangereux de demander cela à un homme dont vous ne connaissez que par réputation. Là aussi, prenez garde quand à ce que vous demandez... Des humains pourraient très bien profiter de votre ''situation'' pour exiger des choses plus que déplacées...''

« Rien ne vous empêche de trouver un autre professeur qui répondrait aux besoins de votre école. Et quand je parlais de s'ouvrir, je ne parlais pas forcément d'aller jusqu'à la basse extraction. Les paysans n'auront jamais les moyens de se payer vos cours et puis ils n'auront jamais le temps, avec le boulot qu'ils doivent se taper au quotidien. Non, j'évoquais des gens comme des bourgeois ou des gens qui ont su monter leurs affaires pour se payer plus tard des titres. Des gens qui ont eux aussi les moyens financiers à défaut d'avoir le rang. » lui avait répondu Alauwyr.

Et il avait raison, mais son école avait bonne réputation en tant qu'école pour nobles, elle ne rayonnait donc pas beaucoup dans le bouche à oreille des bourgeois, mais elle fut quand même agréablement surprise de l'idée.

« Et bien... je dois vous avouer qu'ouvrir nos portes aux bourgeois serait agréable. Nous avons surtout choisi les nobles car ils sont sensés avoir reçu une éducation exemplaire, et donc pour éviter les problèmes. Mais vous avez eu le malheur de tomber sur le turbulent du groupe. Mais pour ce qui est d'un autre professeur, je dois vous avouer que je ne connait aucun maître de la faux qui ne soit pas déjà occupé par de lourdes tâches. Cependant, rien ne m'empêche de poster une annonce, cela sera toujours ça de pris. »

Sentant l'alayien lui prendre le menton du bout des doigts, elle eu un petit sourire amusé, ayant déjà deviné le caractère de ses futurs propos.

« Vous demander ce que je veux ? Ne précipitez vous pas un peu les choses ? C'est dangereux de demander cela à un homme dont vous ne connaissez que par réputation. Là aussi, prenez garde quand à ce que vous demandez... Des humains pourraient très bien profiter de votre ''situation'' pour exiger des choses plus que déplacées... »

La vampiresse retint un petit rire et tapota gentiment la main de son interlocuteur.

« Vous savez, pour une jeune humaine de 16 ans encore vierge il existe encore des demandes déplacées, moi pour une vampire qui approche de ses trois-cent ans, il reste encore peu de choses à découvrir. »

Et sur ces mots il fit un petit clin d'oeil à Alauwyr, et lui tira la langue.

« Mais peut-être avez vous l'intention de me prouver le contraire ? » dit-elle d'une voix charmeuse.

L'Alayien retira sa main, et manqua de faire une grimace en se rappelant qui il avait en face de lui. Il était vrai que la jeune femme se comportait comme une humaine -comme c'est ce qu'elle désirait de toute façon- mais elle restait et demeurerait une vampire, cette engeance buveuse de sang. Pourtant, devant le charme indéniable d'Alteria, il n'en demeurait pas insensible. Le temps où les vampires n'étaient que des bêtes à abattre s'estompait avec le temps. Mais cela n'empêcherait pas Alauwyr de rester prudent et surtout méfiant.

Un sourire avait pris naissance à ses lèvres devant le petit humour de son interlocutrice.

''S'il y a bien une chose que la vie m'a appris est qu'on n'a jamais fini d'apprendre. Vous avez peut être plus de trois siècles, mais rien ne dit que vous avez acquis l'expérience qui va avec. On dit dans nos rangs que l'expérience ne se lie pas uniquement avec l'âge. Mais je ne suis pas un vampire, je n'aborde pas l'existence de la même façon que vous. ''

Si elle n'avait pas été vampire, peut être qu'il aurait tenté une approche plus... amicale. Mais la prudence poussait à rester accroché à ses convictions.

''Pour en revenir à votre école, tentez l'annonce. Et si vous avez un résultat, rien ne vous empêche de lui confier quelques bourgeois argentés pour tenter l'expérience. Et si cela marche, vous aurez tout à y gagner. Il faut savoir prendre quelques petits risques calculés pour avancer. ''

Il aurait pu sortir quelques exemples vécus sur le champ de bataille, mais cela n'aurait été guère adéquate dans une conversation comme la leur et la vampire restait une femme d'un certain niveau social, donc autant parler en conséquent et de manière adaptée...

''Hum... vous prouver le contraire ? Avant toute chose, si vous me payiez un autre verre ? Après tout, cela reste là une proposition tout à fait posée et convenables à bien des égards envers vous. ''

Et pourquoi ne pas en profiter après tout ? Il était un homme certes mais il était loin d'être un rustre qui considérait les femmes comme de simples objets. Et puis elle n'avait pas dit qu'elle ne lui paierait réellement qu'un seul verre n'est ce pas ?

Alteria fit la moue quand l'Alayien retira sa main, elle s'amusait bien, elle. Elle réfléchit un peu à ses paroles avant de lui répondre, en levant la tête et un parlant d'un ton faussement fier.

« Allons, mon expérience ne vient pas que de mon âge, il vient aussi des nombreuses choses que j'ai vécu et apprises grâce aux personnes que j'ai côtoyé... de plus ou moins près. Quant à mon école, oui, je vais suivre votre conseil, après tout je n'ai rien à y perdre, et tout à y gagner. »

Ecoutant la suite de ses paroles, et lui sourit et lui pinça doucement le nez avant de faire signe à une serveur.

« Mais quel vilain goujat, se faire inviter par une si belle femme et en profiter pour se faire payer à boire plus que de raison. » Elle regarda ensuite le serveur. « Apportez nous à boire, disons quatre hydromels pour commencer. »

Elle attendit que le serveur revienne, en profitant pour faire un petit clin d'oeil à Alauwyr tout en sortant deux fioles de l'intérieur de son haut. Puis quand ils furent servi, elle tendit deux des choppes à Alauwyr, et versa le liquide vermeil contenu dans ses fioles dans chacun des récipients qui lui étaient destinés.

« Il serait dommage que je me prive de ce breuvage moi aussi, et il y a toujours un moyen pour quelqu'un de mon espèce de profiter des joies de l'alcool en agréable compagnie. »

Elle commença à boire, tout en se remémorant quelques souvenirs, souvent quand elle avait bu en compagnie d'un homme, la soirée avait toujours fini de manière... décalée, mais Alteria se mit à rire, il serait bien étrange qu'une telle chose se produise avec un Alayien, bien qu'elle n'était clairement pas contre.

« Sinon, parlez moi un peu de vous. Je présuppose que mon image d'Alauwyr Iskuvar doit être faussée par toutes les rumeurs qui courent à votre sujet. »

Devant le geste espiègle de la vampiresse, Alauwyr n'avait pas pu s'empêcher de reculer sa tête hors de portée de ses doigts fins en fronçant du nez. Il avait manqué d'être surpris par ce pincement qui n'avait été qu'à but enfantin. Mais il perdit rapidement son air contrit quand il entendit de la bouche d'Alteria que d'autres boissons allaient arriver. Quatre hydromels donc... elle voyait large la vampire. Et il découvrit qu'heureusement les hydromels n'étaient pas que pour lui. En attendant le retour du serveur avec la commande, l'Alayien ne put s'empêcher de répondre à la réaction infantile de la jeune femme avec un sourire moqueur. Autant se reprendre non ? Il n'allait pas à redouter d'un simple pincement de nez gentillet !

''Moi goujat ? Voyons très chère, c'est vous qui avez lancé l'invitation précédemment pour vous faire pardonner de l'attitude de votre élève. Je ne fais que profiter de la situation avec un certain intérêt. Et à ce que je vois, vous n'êtes pas contre''

Puis quand le serveur déposa les quatre chopes, Alauwyr parut sceptique quand à l'emploi de la petite fiole qu'utilisait pour verser dans ses deux récipients un contenu liquide à la couleur écarlate. Du sang sans en point douté.

''Je pensais que l'alcool rendait les vampires malades, largement plus que chez les mortels.... donc un apport de sang vous permet de boire malgré tout cet hydromel ? Je serai en droit de me demander combien de verres vous serez capable de tenir. Rien que pour voir si une vampire peut devenir ivre.... ou pas...''

Elle avait déjà porté son hydromel à ses lèvres. Alauwyr prit le sien et le leva en direction de la vampire.

''A votre santé donc.''

Et elle s'était mis à rire. Alauwyr ne haussa même pas un sourcil. Après tout, cette vampiresse cherchait à être la plus humaine possible, donc elle pouvait se permettre quelques frasques qui la rendaient réellement humaines ; en plus de boire de l'alcool en la compagnie d'un mortel. Puis elle vint à lui demander de parler un peu plus de lui. Alauwyr se permit de boire une gorgée de plus de son premier verre avant de répondre.

''Les rumeurs sont peut être vraies qui sait. Ou peut être pas. Je suis un Alayien, un individu qui a été élevé à détester tout ce qui est magie depuis sa naissance. Il parait que je suis aussi froid de coeur que d'esprit, que tuer de sang froid est un plaisir pour moi... Et bien d'autres choses... .Pour ma part, je ne suis juste qu'un homme, qui a toujours et ardemment cherché à rester en vie durant les conflits que j'ai traversés. Tout en restant dans le métier des armes, car c'est là ma seule voie. Et tant que je peux encore porter mon épée et me battre, je resterai dans cette voie...''

Comme n'importe quel soldat on pourrait dire. Alauwy causait de lui, mais vraiment qu'en surface.

''En somme, un simple homme qui a fait son bonhomme de chemin. Je ne crois pas que vous vous attendiez à un héros ou un être sorti des récits qu'on narre pour les donzelles en manque de sensations fortes. Je sais que vous n'êtes pas dans ces stéréotypes. ''



[b]

La vampire ricana un peu devant le recul de l'Alayien, elle était une vraie chipie c'est vraie, et elle se mettait en danger à travers des actes aussi irréfléchis, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle calma son rire et lui lança un petit sourire, accompagné du regard de la petite fille ayant fait une bêtise et cherchant à se faire pardonner.

« Vous profiteriez d'une pauvre petite vampire ingénue qui ne connait encore rien au cruel monde des humains ? » dit-elle en posant deux doigts sur ses lèvres entrouvertes, se donnant un air à la frontière entre le petite animal mignon et la tentatrice. « Que vais-je devenir si vous essayez de me faire du mal ? »

Elle ferma les yeux et fit un petit clin d’œil à Alauwyr avant de continuer à boire, décidément, elle n'aurait jamais cru que cet Alayien dont elle avait entendu parlé de manière si stricte pouvait être un aussi bon compagnon de beuverie, et qui sait, peut-être même un peu mieux.

« A votre santé, oui. Monsieur le dangereux Alayien qui détestait les créatures magiques est qui, si il était comme le décrivent les rumeurs, m'aurait déjà sauté dessus, l'épée à la main. Pour tout vous dire, c'est principalement l'épée qui me dérangerait dans une telle situation. » glissa-t-elle comme si de rien était tout en continuant fluidement sa phrase. « Mais à moi vous me semblez être un simple homme qui a beaucoup vécu, comme tant d'autres. Vous n'êtes pas unique, mais vous vous détachez du commun, ce qui est agréable. Je ne m'attendais clairement pas à une sorte de héros, je m'attendais plutôt à un être bourru et violent, alors que la personne en ma compagnie est pour l'instant des plus agréables, et j'espère qu'elle le restera. »

Alteria soupira un peu et fini sa deuxième chope avant de faire signe au serveur.

« La même chose, pour une fois que je consomme autant faire ça bien ! » dit-elle avec une voix amusée, décidément, l'alcool commençait déjà à faire son petit effet, ou alors, c'était l'Alayien qui la mettait à l'aise ?

Alauwyr avait froncé des sourcils mais avait esquissé un étrange sourire narquois.

''Si vous aviez été une jeune vampire rassasié peut être. Et encore Mais si vous aviez été une jeune humaine, qui sait... et vous faire du mal ? ''

Que cherchait-elle à sous entendre par cette histoire de faire du mal ou pas ? Il préférait ne pas le savoir, même s'il s'en doutait un peu et à regarder la vampire qui lui affichait un air aussi tentant qu'aguicheur.

Il ne put s'empêcher d'avoir une légère crispation à la mâchoire. Il se râcla la gorge.

''A votre santé donc.''

Et il but une gorgée pour essayer de penser à autre chose. L'alcool aidait à lisser bien des préjugés.

''Je peux être bourru et violent quand on vient à me chercher. Il est vrai que je l'étais plus il y a quelques années. Plus encore avec les vampires et les elfes. Mais le temps assagit bien des esprits... et je pense que cela se voit. Pour ce qui est de l'instant, pourquoi il ne restait pas agréable ? Je suis en excellente compagnie féminine et qui m'offre généreusement à boire, que rêver de mieux ? ''

Il termina comme Alteria sa chope et cette dernière recommanda une nouvelle tournée. Et cela l'amusait d'autant plus. A croire qu'elle n'avait guère d'occasion de trouver du plaisir simple en la compagnie d'étrangers.

''Et je serai curieux de voir si vous teniez mieux l'alcool qu'un mortel. ''

Il avait dit cela avec un petit sourire de défi. Lui aussi se sentait bien à son aise, malgré le fait qu'il trinquait avec une vampire. Cela venait du fait qu'elle ne le prenait pas de haut et cherchait à se considérer comme une humaine, donc à incarner les valeurs qu'un humain respectable cherchait à suivre et à préserver.

La vampire sourit en continuant de boire « Et bien, même les créatures les plus féroces s'assagissent avec le temps. » Cette remarque valait autant pour elle que pour l'Alayien, et elle se mit à rire sans trop de raison. Elle se sentait bien ici, et Alauwyr était de bonne compagnie, ou tout du moins, il était un bon compagnon de beuverie. Elle se mit donc à se questionner après sa remarque.

« L'alcool est éliminé du corps d'un vivant grâce à l'action de son foie. Mais le corps d'un vampire est conservé dans un état de conservation stable, une stase aidée par l'apport du fluide vital d'autres êtres. Je me demande bien ce qui élimine l'alcool le plus rapidement entre le foie d'un simple mortel et la magie qui parcours mon corps... » dit-elle un peu dans la lune, puis elle se raviva et lui rendit son air de défi. « Mais de toute manière, même si c'était le foie de mortel qui l'emportait, vous devriez vous avouer vaincu face à ma détermination sans faille. » dit-elle en finissant la première chope de sa nouvelle tournée.

Elle disait cela mais elle commençait doucement à ressentir les effets de l'alcool sur son corps, une douce euphorie s'emparait d'elle et elle aurait normalement arrêté de boire à partir de ce moment. Mais remporter le petit défi était bien plus important aux yeux de la vampiresse que d’empêcher les ravages de l'alcool sur son esprit. Elle continua tranquillement de boire, mais cependant, à un moment clef, elle regarda Alauwyr, cherchant désespérément l'abandon dans ses yeux, elle savait que l'alcool allait vraiment finir par prendre le pas sur elle. Dans une vaine tentative, elle essaya de relancer un sujet pour ne pas se perdre totalement.

« D'ailleurs mon cher, que diraient vos compagnons si ils vous voyaient ici, en train de vous saouler en compagnie d'une vampire. Vous, un alayien ? »

Alauwyr avait retenu un demi rire.

''Alors on devrait vous envoyer comme émissaire pour converser avec le dragon rouge Verith. Je doute qu'il soit assagi avec l'âge qu'il posséderait. Et comme c'est un dragon, je vous souhaite bien du plaisir d'en discuter avec lui''

En même temps, les dragons avaient une vision différente de celles des hommes, des elfes et des vampires. Ces créatures volantes apportaient la magie à ce monde, donc ils avaient de quoi déborder d'arrogance. Et quand il eut fini d'écouter la petite leçon biologique de la vampire, il la défiait déjà de son regard sombre tout en affichant un sourire tout aussi provocateur.

''Vous n'avez peut être pas un foie qui vous épurera le sang, mais vous aurez je pense quelques difficultés à tenir la distance sur le plan alcool ma chère. Non que je ne doute pas de votre détermination mais ne doutez pas de la mienne. Deux volontés de fer qui s'affrontent... je vous laisse imaginer ce qui pourrait arriver...Qui céderait le premier ? ''

Si elle pensait le dominer avec aisance, elle se trompait. Il attrapa son verre de cette nouvelle tournée et l'entama de moitié. Autant ne pas commencer trop vite la beuverie. Puis à la question posée par la vampire, il haussa un sourcil. La question qu'elle posait était très intéressante et poussa l'Alayien à se poser lui même la question suivante : que pourrait-il penser de lui même alors qu'il est en train de boire un verre avec une vampire, une membre de cette espèce qu'il avait appris à haïr en posant le pied sur un continent qui n'était bon qu'à être conquis et purgé de toute magie ? Là il découvrit qu'il en avait fait du chemin et bien plus, puisqu'il était en train de converser avec cette femme.

Il regarda son verre. Il la voyait plus comme une humaine comme une vampire. Peut-être qu'un suceur de sang qui avait un tel comportement était plus facile à tolérer. Il releva son regard et croisa celui d'Alteria, ne la quittant pas des yeux. Il était vrai qu'elle était une belle femme et une bref pensée lui revint, d'une expérience toute récente : celle de faire des expériences pour enrichir son vécu. Un certain Baptistrel lui avait suggéré cela.

Il n'avait toujours pas quitté les yeux de la vampire.

''Je leur dirai d'aller se faire voir à Néant. Je suis encore assez grand pour faire mes choix. Et si je décide de boire en votre compagnie et que cela leur déplaît, ils tâteront du plat de mon épée sur leur séant...''

Il ricana et but son verre, le vidant du reste de son contenu

''Et vous, comment pensez vous que la soirée va se terminer avec moi, un Alayien ? ''

Oui, elle était vraiment une belle femme. et il la regardait toujours.

Emissaire pour converser avec le dragon rouge Verith hein, cela aurait sonné comme une très mauvaise idée à l'oreille d'une Alteria normale, mais dans son état joueur, elle avait l'air plutôt enthousiaste.

« Ramenez le donc ! Demain vous nous verrez tout deux en train de boire ! Si un jour je trouve un lac assez grand et une dose d'hydromel assez importante.. »

Alteria se mis à réfléchir aux dernières fois qu'elle s'était retrouvé à table dans une taverne avec quelqu'un en train de boire de l'alcool. Si elle avait bonne mémoire cela s'était produit trente-sept fois, et six fois elle avait fini à avoir une relation plus ou moins...proche avec la personne concernée. Elle se demandait bien ce qui allait arriver avant le lendemain, mais après tout la question était plutôt, qu'est-ce qu'elle avait envie qu'il arrive. Et justement, Alauwyr lui posa une question relativement similaire à son questionnement, il y répondit donc de la même façon à laquelle elle s'était elle-même répondu intérieurement.

« Et bien mon cher je dirais qu'elle se terminera comme nous aurons envie qu'elle se termine, si cette soirée se "termine" un jour bien sûr. » avait-elle dit d'une voix naïve, mais avec une regard plein de sous entendus.

L'alcool avait rapidement fait son effet, mais comme elle le pensait il se dissipait assez vite de son corps, si elle ne buvait pas trop rapidement elle pouvait facilement tenir encore quelques chopes. Mais sur la longue durée, elle allait bien finir par craquer. Aussi après avoir ingurgité le reste des chopes que l'on lui avait servi, elle regarda l'Alayien avec un petit sourire.

« Par contre, si vous ne voulez pas que je finisse par m'affaler sur la table ou perde le contrôle de moi-même dans un tel lieu, il va surement nous falloir nous trouver un endroit un peu plus calme. » Elle n'avait même pas pensé à mal en disant cela, elle pensait juste qu'il était préférable de ne pas laisser une vampire sous l'emprise de l'alcool dans une lieu plein de victimes potentielles. Mais maintenant qu'elle y réfléchissait, cela pouvait aussi être une bonne occasion pour voir à quoi ressemblait la demeure du terrible Alauwyr Iskuvar.

Alauwyr eut un étrange rictus à ses lèvres. Il doutait que la vampire réussisse l'exploit d'amadouer l'irascible dragon rouge. Mais imaginer la vampire se soûler en sa compagnie était cocasse.

''Alors je lui en parlerai. Il serait amusant de vous voir trinquer en sa compagnie. J'espère que vous aurez une bourse plus que pleine pour répondre à la demande en boisson d'un dragon, car cela ne se limiterait sans doute pas à un simple tonneau. ''

L'alcool la rendait décidément bien joyeuse. Son enthousiasme en était même contagieux, se rajoutant au plaisir qu'Alauwyr éprouvait rien qu'en la regardant. Oui, c'était décidément une belle femme et la voir souriante et pris dans les effets joyeux de l'alcool qu'elle avait ingéré. Il en oubliait presque qu'elle était une vampire et cet état de fait était dommage... Oh et qu'il se fasse foudroyer par Néant !

''Une réponse comme on aime les entendre... Alors advienne que pourra''

Il avait repris son verre pour le lever vers la jeune femme et but une longue gorgée à la suite. La jeune femme commençait à montrer des signes évidents d'alcoolémie dans le corps. Vampire ou pas vampire, elle pourrait toujours évoquer sa détermination pour essayer de garder la tête froide... Mais l'avait-elle réellement depuis le début ?

''Dans un endroit plus calme ? Hum je vois. Ce serait dommage qu'une vampire se prenne d'un coup pour un faucon ou mieux... un dragon pour fondre sur ses proies et les mordre. Cela ferait mauvais genre n'est ce pas ? ''

Il réussit à se lever et vint se placer à côté de la vampire. Il lui tendit un bras, un peu comme le ferait un noble auprès d'une donzelle à moitié en détresse.

''Je présume que Ma Dame souhaite un bras secourable pour trouver une posture décente avant que nous sortions hors d'ici ? ''

Après il ne pourrait plus reculer pour ce qui était d'amener Alteria dans ce qui lui servait de logis. Heureusement qu'il logeait parfois en dehors de la caserne quand il n'était pas en service....

Alteria leva une bras en l'air, convaincue d'un potentiel exploit. « Vous allez voir, je le vaincrai au même type de défi, comme je vous aurai vaincu vu, Alauwyr Iskuvar ! » Cette remarque était mauvais signe concernant l'état psychologique de la vampire, elle n'appelait les gens par leur nom complet que pour trois raisons : Par respect, par haine, ou parce que l'alcool commençait à avoir des effets désastreux sur ses capacités à réfléchir, ce qui en l'occurrence, semblait être le cas.

Elle éclata de rire à la remarque d'Alauwyr, et dû bien prendre une bonne minute pour se remettre de ses émotions. Suite à cela, elle écarta les bras, mimant des battements d'ailes, et commença à claquer des dents en regardant Alauwyr, tout en ajoutant avec un petit rire « Agrougrou, je suis le méchant dragon vampire Alterith, je vais tous vous manger. »

Elle regarda l'alayien se lever, et lui sourit quand il lui proposa de l'aider à se relever et à marcher. « C'est bien aimable de votre part, j'accepte volontiers. » dit-elle en s'accrochant à son bras pour se relever. Elle commençait peut-être à être vivre, mais elle n'en avait pas encore oublié les bonnes manières, pas totalement du moins. Elle fit un petit signe au serveur qui s'avança vers eux, et lui paya la note, laissant un bon supplément. Elle regarda ensuite Alauwyr qui l'accompagna dehors.

Arrivée à l'air vrai, la vampire étendit les bras au ciel avant de tourner sur elle même. « Ahlala, vampire ou pas vampire, je préfère de loin être à l'air frais que dans un endroit bondé de monde et de personnes. » dit-elle en sautillant vers Alauwyr avant de lui attraper le bras comme l'aurait fait une enfant. « Alors, vous m'emmenez dans un endroit plus calme ? » dit-elle avec une voix enfantine, avant de conclure dans un mumure bien plus mielleux « qui va surement ne pas le rester longtemps... »

Elle devenait une vraie gamine. On ne pouvait pas dire que l'alcool n'avait pas un effet joyeux sur elle. Cela faisait étrange à regarder aux yeux de l'Alayien. Mais au moins, elle n'omettait pas de se raccrocher à son bras courtois et de laisser un paiement généreux au serveur qui était venu les rejoindre. Cela fait, l'humain guida la jeune femme à l'extérieur. L'air était frais et vivifiant, redonnant un brin de raison pour l'Alayien mais visiblement pas assez pour la jeune femme vampire.

Elle se plut à étendre ses bras vers les cieux et tournoya comme le ferait une enfant joyeuse de vivre. Alauwyr la regardait d'un sourcil interrogateur pendant qu'elle tournoyait encore et encore sur elle-même. Etait-elle vraiment vampire ou son désir d'être humaine se développait plus encore une fois qu'elle avait trop bu ? Il manqua de sursauter, sortant brusquement de sa réflexion quand elle lui attrapa à nouveau et joyeusement son bras. Il ne put s'empêcher de sourire en la fixant à nouveau, droit dans les yeux. Par Néant, si Christan avait été là, il aurait crié de tous les Esprits. Mais pour Alauwyr.... même lui se perdait dans ses propres songes ; même celles qui se contredisaient. Autant vivre l'instant présent et subir les possibles conséquences après.

''N'est ce pas là ce que vous désiriez ? Que je vous mène dans un endroit plus calme ? Certes, là nous sommes dehors, mais il y a mieux n'est ce pas ? ''

Il guida donc sa cavalière gaiement enivrée à travers les rues de la cité, quittant un peu le quartier lumineux pour se retrouver dans un des environs simples mais calmes. Il n'eut qu'à arriver devant une maison, qui était de ce qu'il y avait de plus modeste. Alauwyr n'eut qu'à pousser la porte pour inviter la vampire à y pénétrer. Elle découvrirait alors un intérieur sobrement meublé.

D'un geste, Alauwyr activa un genre d'orbe lumineuse, qui illumina l'intérieur bien plus vivement qu'une simple chandelle. Et sans faire plus attendre son invitée :

''Faites comme chez vous. Je présume que vous souhaitez prendre encore un verre ? Au moins ici, il n'y a que vous et moi...''

Alteria était toujours aussi heureuse, restait à savoir si c'était à cause de l'alcool où grâce au fait qu'elle avait réussi à sympathiser avec un alayien. Il faisait bon dehors, l'air frais était assez agréable et l'odeur de pierre des battisses venait chatouiller le nez d'Alteria. Elle fixa Alauwyr pendant quelques instants et lui sourit, s'agrippa à son bras comme un chat à un pelote de laine, puis se laissa guider à travers la ville. Ils marchèrent quelques temps avant d'arriver devant une maison relativement sobre, mais pas déplaisante pour autant. Le capitaine l'invita à entrer, ce qu'elle fit en trottinant, comme une enfant à qui l'on aurait ouvert les portes d'une confiserie.

Elle s'affala sur une chaise tout en écoutant Alauwyr, et lui répondit d'un air amusé « En effet, j'ai encore un peu envie de boire. Et à force de couper mes fioles à de l'alcool, je vais bien finir par être totalement rassasiée, cela m'évitera de vous dévorer tout cru ! » dit-elle en plaçant ses mains devant son visage, et en repliant ses doigts tels des griffes, mimant un dangereux animal.

On était pas si mal ici à vrai dire, c'était un endroit aussi sobre que l'école dans laquelle elle vivait, bien loin du luxe du domaine Emperes qui allait bientôt être finalement reconstruit. Cet aspect allait presque lui manquer, ce qui était un comble alors que certains auraient tout donné pour être à sa place.

Elle plaça quelques une de ses fioles sur la table, il ne lui en restait que quatre, de quoi boire encore huit chopes en somme. Elle reporta ensuite son attention sur Alauwyr. « Enfin, je ne suis tout de même pas venue ici pour me saouler, enfin, pas seulement. Je compte bien apprendre à connaitre un peu plus cet alayien qui est si loin de ce que les rumeurs racontent à son sujet. Qu'est-ce que vous aimez dans la vie ? » Elle aurait pu agrémenter sa question d'un "et qu'est-ce que vous détestez ?" mais elle était encore assez sobre pour savoir que la réponse aurait été quelque chose du genre "Et bien d'habitude, les vampires". Elle rit un peu à cette idée, et regarda Alauwyr, curieuse.

Alteria ne perdit pas de temps pour se sentir à son aise, quitte à déposer ses fioles qu'elle mélangerait avec tout verre offert par l'humain. Alauwyr avait juste sourcillé, le temps d'une seconde, quand à son mime de prédatrice. Décidément, cette femme s'exprimait bien profondément une fois enivrée. On était loin de la vampire qui remettait à sa place son apprenti au comportement un peu trop extraverti à l'encontre du combattant qu'il avait pris pour être qu'un vieil homme ; dommage pour lui qui ne s'était fié qu'à l'apparence, cela lui aurait épargné l'humiliation. Mais oublions cet acte.

Alauwyr défit sa ceinture, celle qui soutenait son épée rangée dans un fourreau en cuir épais. Il n'eut qu'à la déposer sur le dossier d'une autre chose libre et il s'était déjà dirigé vers une petite étagère où trônait quelques bouteilles. Il prit deux verres et les remplit d'une boisson à la robe très dorée qu'il vint déposer près des fioles sanguines de son invitée.

''Si vous étiez réellement affamée, je doute que vous seriez restée avec moi. Peut-être est ce la gourmandise que de continuer à boire... sauf si vous tenez à rester en ma compagnie...

Comment elle voulait de toute façon en savoir plus sur lui de toute façon. Il attrapa son propre verre après avoir rejoint la vampire en prenant place à son tour sur un des chaises disponibles.

''Je ne serais guère surpris que les ragots racontent bien des choses étonnantes encore à mon sujet quand à mes possibles passions. Donc vous voulez en apprendre plus sur moi... Intéressant...''

Il avait souri avec un certain mystère, presque charmeur.

''Mes plaisirs sont simples ma chère... Me battre, m'entraîner, boire... et quelques agréables compagnies féminines. Un peu comme là en ce moment. Des moments simples et qui sont le plus gratifiants. Ne passez vous pas un début de soirée intéressant ? ''

Il se permit de boire une fine gorgée de son hydromel. Oui car c'était de l'hydromel, une de ses boissons qu'il adorait le plus. Cela, la vampire pourrait aisément le deviner.

''D'agréables compagnies féminines, j'évoque bien entendu des femmes de caractères et qui savent avoir un certain charme. Un peu comme vous...

Etait-il en train de commencer à la charmer ? Seul juge sera le spectateur invisible.

Alteria regarda Alauwyr remplir les deux verres, intriguée par la boisson qu'il versait à l'intérieur. Quand l'alayien déposa le verre qui lui était destiné devant elle, elle versa le contenu d'une demi fiole à l'intérieur, au goutte à goutte, s'émerveillant du très jolie changement de couleur que cela provoquait, on ne pouvait pas admirer cela dans les vieilles chopes de la taverne. La remarque d'Alauwyr la fit sourire, en effet, elle buvait rarement, et elle ne se sentait pas si mal en compagnie de ce capitaine à la réputation si terrible.

« Et bien je dirais même plus que j'avais envie de continuer à boire en votre compagnie. » dit-elle avec un sourire, avant de se replonger dans sa création de couleur, jusqu'à en atteindre une qui lui plaisait. Elle leva son verre, fièrissime de sa création pourtant si banale. « Regardez moi cette couleur magnifique, une chef d'oeuvre, une perfection de la nature, tout comme sa créatrice ! » s'exclama-t-elle.

Elle retourna ensuite son attention vers Alauwyr qui était en train de lui répondre, elle sourit à sa question et lui répondit en levant un bras en l'air « Magnifique, sublime, un peu d'alcool et une bonne compagnie et la soirée passe tout de suite de l'ennui mortel à un très beau moment. » dit-elle d'une voix douce.

Elle commença à boire en même temps que lui, et ouvrit grand les yeux. « Et bien, rien à voir avec ce que l'on nous sert à la taverne, c'est que vous avez du gout. ». Puis elle écouta sa remarque sur sa compagnie avec un petit sourire, tout en lui répondant d'un air malicieux « Et bien en effet, vous avez du gout. Mais si non parlons de personne avec du caractère qui cachent un certain charme, vous n’êtes pas mal loti nous plus mon cher. » dit-elle en lui faisant un petit clin d’œil.

Dans son état d'ébriété actuel, tout semblait paraître merveilleux pour la vampire. Même le jeu de lumière qui se déroulait dans son verre une fois qu'elle eut versé le contenu de sa fiole. Le liquide se mélangeait doucement à l'hydromel, jouant en effet sur des nuances intéressantes à regarder pour qui se plaisait à admirer les couleurs se mêler entre elles. Alauwyr n'avait pu que rire devant pareil enthousiasme. Il ne fallait pas grand chose pour émerveiller Alteria. Mais ne se voulait-elle pas devenir plus humaine que vampire dans sa façon d'être ? Là, l'Alayien ne doutait pas que tout cela était le plus naturel du monde pour elle. Jamais encore il n'avait vu un vampire être aussi... vivant

Elle paraissait apprécier les choses simples comme Alauwyr. D'ailleurs, là aussi elle s'était montrée très expressive quand à ça et savoura maintenant son verre, imitant son hôte humain. Alauwyr n'avait pu s'empêcher de sourire tout en reportant une seconde fois son verre à ses lèvres. Etait-elle en train de le flatter ?

''Je me demande où vous pouvez trouver du charme dans un humain comme moi, qui tuait des vôtres il n'y a pas si longtemps de cela à l'échelle de votre existence, marqué par les combats et qui n'a rien d'un gentilhomme. ''

Pour qui était intelligent et un minimum observateur, il était aisé de voir que même pour un capitaine, Alauwyr avait quelque chose en plus que des soldats de métier ne possédaient guère. Issu d'une famille noble, Alauwyr gardait certaines manières et une façon de s'exprimer au dessus du niveau de base. Peut être que cela jouait dans le prétendu charme que lui trouvait la vampiresse. Et d'ailleurs, cette dernière n'était pas si loin de lui que cela

Il n'eut qu'à tendre doucement son bras pour que sa main atteigne le menton de la jeune femme. De l'index qu'il déposa sous la pointe de son menton harmonieux, il souleva légèrement son menton. Par Néant qu'elle était une splendide femme. S'il en oubliait la froideur de sa peau qu'il sentait sous son doigt. En lui relevant ainsi le visage, il lui offrait un air de sévérité qui la rendait encore plus désirable. Il se fit un instant violence. Elle était une vampire par Néant ! Mais la vie était faite d'expérience qu'il fallait rajouter à son actif, comme le lui aurait souffler un certain elfe Baptistrel.

''Une femme telle que vous doit en faire pâlir d'envie plus d'un. Espérez vous réellement me faire succomber comme vous avez du faire soupirer bien des esprits ? ''

L'alayien se montrait de plus en plus jovial et amical envers elle, ce qui plaisait beaucoup à la vampire. Elle continua à boire tranquillement, réfléchissant un peu à ce qui devait se passer dans son école. La petite Lieselotte avait bien dû entendre parler des malheurs de ce pauvre Aloïs, et qui savait ce que ces deux petites têtes brulées allaient encore pouvoir inventer pour lui casser les pieds ? Elle sourit à cette pensée, se disant que finalement, être une vampire ce n'était pas si mal que ça. En échange de son immortalité et de sa force, elle avait juste à faire ses preuves auprès de chacun, et elle commençait même à entamer l'entente avec un alayien.

Elle réfléchit un peu à la question d'Alauwyr avant de lui répondre d'une voix assez sérieuse, bien que l'alcool faisait son petit effet « Et bien ma foi, vous n'êtes pas anodin, votre corps et votre esprit ont été forgé, vous êtes comme une pierre précieuse qui a été maintes et maintes fois retravaillées. Vous avez vous imperfections, certes, mais vous valez bien plus que n'importe quelle pierre brute. » dit-elle avec un sourire sincère.

Quand elle sentit sa main sur son menton, elle n'eut pas son geste de recul habituel, elle lui faisait confiance. Elle s'amusait même à plonger son regard dans le sien pour y lire le doute et le conflit. Ce devait être drôlement difficile pour lui, un alayien, de se dire qu'une vampire pouvait être aussi charmante. D'un côté elle compatissait avec le malaise qu'il pouvait ressentir et décida d'arrêter de jouer les tentatrices pour adopter une approche plus directe.

Comme pour répondre à sa question, elle se leva de sa chaise et s'avança vers lui, pour venir s'asseoir sur ses genoux, passant ses bras autour de son cou. « Je ne sais même pas si j'essaye de me prouver quelque chose à moi même, ou si j'essaye vraiment de vous charmer, mais en tout cas cela a l'air de marcher, non ? » dit-il en posant sa tête sur son épaule.

Elle n'avait pas joué l'effarouchée quand elle avait senti son doigt se poser sous son menton. Alauwyr n'avait pas quitté son regard du sien, se plongeant même dans l'océan de ses yeux, à la limite de s'y perdre. Peut-être que s'il n'avait pas bu, il se serait retiré à temps. Mais là, le mal était déjà fait. Elle avait attrapé sa proie. Ou était-ce l'inverse ?

Elle s'était levée de sa chaise pour venir avec une aisance déterminée et prit soin de s'asseoir directement sur ses genoux. Elle était si légère qu'Alauwyr se demandait s'il n'était pas en train de rêver après avoir ingéré trop d'alcool. La réalité revint à lui quand il sentit ses bras passant autour de son cou. Sa peau bien que douce au contact, était froide. Froide comme celle d'un individu que l'hiver avait emporté. Mais cela ne le rebuta pas. Pas une seule seconde il ne la quittait des yeux.

''Penses-tu que cela marche réellement ? Ou est-ce moi qui finit par te faire succomber sans que j'y ai à faire grand chose ? ''

Elle avait posé sa tête sur son épaule, l'inondant de la cascade de cheveux, qu'il huma en douceur. Vampire peut être, mais elle avait tout d'une humaine, qui cherchait le confort et le réconfort des bras d'un homme. L'humain passa un doigts sur ses lèvres glaciales et lui sourit...avant de l'embrasser comme il le ferait avec une humaine bien vivante. A Néant les préjugées. Les apparences étaient là et bien visiblement. Pour une fois dans sa vie, il décida de succomber aux illusions. Ses lèvres rencontrèrent celles de la vampire et il succomba à son étreinte.

[...]

L'aube n'était pas encore naissance que l'Alayien s'éveillait déjà. Il avait eu l'impression d'avoir rêvé et chaque bride de cet étrange songe lui paraissait bien réel. Sans doute avait-il trop bu... Pourtant, quand il se redressa dans son lit, il trouva un petit mot écrit avec finesse et délicatesse. Les sourcils froncés, se rappelant de tout, il prit le papier et le lut. Ainsi, sa compagne d'une nuit avait été bien réelle. Par Néant, il avait faibli alors ! Pourtant, un rictus satisfait était à chaque recoin de ses lèvres. Une vampire peut être, mais bien humaine. Une fois qu'il fut debout, il déposa le petit parchemin sur la table toute proche. A travers les lignes, il avait lu le plaisir de la vampire d'avoir passé une nuit mémorable en sa compagnie...Une nuit qu'il ne risquait pas d'oublier en bien des choses....

[Merci ]