2 juillet de l'an 7 d'Obsidienne

La terre s’imbibait lentement d’eau et les gens dans les rues disparaissaient sous le couvert de leur toit. La douce musique des gouttes d’eau se fracassant sur le sol résonnait au sein d’Aldaria et personne ne semblait l’apprécier. Pourtant, en cette journée chaude, la pluie était rafraichissante. Comme quoi, seule Luna devait apprécier ces journées. Depuis son tout jeune âge, elle avait toujours aimé cette température. C’était peut-être la grenouille en elle qui l’incitait à sortir et à ne pas chercher à se protéger.

Journées de pluie. Elle aimait ces journées tout en les détestant à la fois. Pourquoi? Parce que son humeur était affectée sans qu’elle puisse y faire quoi que ce soit. Tandis que les journées ensoleillées signifiaient joie, les journées pluvieuses signifiaient tristesse. C’était un combat que de faire autrement. Avec les années, elle s’était habituée et recherchait la solitude pour penser. Maintenant, c’était différent puisque la jeune fille n’était plus jamais seule, mais Alkhytis avait respecté son désir de tranquillité.

C’est sur l’un des bancs d’un parc d’Aldaria que la régente s’était installée. La pluie ruisselait sur la cascade dorée, mais elle n’y faisait plus attention. Le bruit d’enfants sautant dans les flaques n’attira pas plus son attention. Elle s’était perdue dans de lointains souvenirs. Sa famille lui manquait… Et maintenant, Korentin s’ajoutait à cette liste. L’empereur Aldarien manquait à la gamine. Il n’était pas mort, mais c’était presque comme si…

Les événements auraient-ils pu se passer différemment? Probablement… Mais à quoi bon y penser? Ce n’était pas d’une façon différente qu’ils s’étaient produits.

La princesse des lumières sortit un étui de son sac magique et révéla une vièle qu’elle posa doucement sur son épaule. Elle gratta les cordes à l’aide de l’archet et forma une musique aux notes mélancoliques. Elle avait envie d’y jouer tout simplement ou était-ce un moyen détourné pour exprimer ce qu’elle sentait en cette journée pluvieuse?

La pluie, toujours la pluie dans cette région qu'il trouvait par moment sinistre. Oui, Aldaria était une belle ville, oui ses habitants étaient fantasques, mais elle n'équivalait en rien sa ville natale. Et, même si les Gloriens s'étaient mis dans l'idée de la rebâtir, pas totalement puisqu'ils l'avaient renommé Fortuna, elle ne vaudrait jamais l'originale. Matis était bougons en ces temps mouillé, c'était ainsi, il ne pouvait pas aller contre sa volonté n'est ce pas ? Et puis c'était un jour de repos aujourd'hui alors flûte.

Enfin jour de repos était un bien grand mot car quand il ne s'occupait pas de l'armée il avait des devoirs envers sa famille et sa Maison. Aussi avait il prit sur lui d'aller à la cours pour entretenir des contacts avec les autres familles nobles, rencontrer ses pairs, écouter leurs doléances et rire à leurs blagues. Se sociabiliser avec la "bonne" société quoi. Le genre de chose qu'il détestait par dessus tout mais dont il ne pouvait se passer. Il avait assister à tout un tas d'ineptie dont une qui aurait consister à préparer des mariages arrangés pour ses deux enfants. Ils étaient encore tout bébé et déjà on parlait de les marier ? Si sa douce épouse ne lui avait pas donné des conseils pour se gérer il aurait envoyé un coup d'épée à l'imprudent qui lui avait fait cette proposition.

Mais pour le moment il décida de mettre tout cela de côté et de se promener dans l'un des parcs du palais. Pour l'occasion il s'était habillé sobrement, un simple pantalon et une chemise sur laquelle se trouvait un manteau. Rien de bien folichon, les deux seules marques de "richesse" était sa chevalière familiale et sa lourde Héritage. En soit il faisait très pauvres par rapport à d'autres nobles qui rivalisaient d'ingéniosité pour porter toujours plus d'or ou d'argent sur eux... Il ne parlait même pas des jeunes filles que leurs parents préparaient comme des gibiers pour les autres nobles et leur jeu de mariage... Il avait horreur de tout cela... Korentin n'était plus roi, c'était maintenant à Luna de s'occuper de tout cela, mais que pouvait elle faire réellement ? Pas grand chose à dire vrai.

Elle en avait fait du chemin la petite... Quoi qu'elle n'était plus si petite que cela en même temps, elle était en âge de se marier et Matis savait qu'elle ferait un choix judicieux dans sa relation avec Enatari. Qu'il la détestait elle aussi... Mais elle rendait Luna heureuse, il ne pouvait rien lui dire, et n'en avait pas envie d'ailleurs...

Errant comme une âme en peine dans le parc, il fini par entendre la douce mélodie d'un instrument de musique. S'approchant tranquillement, il se rendit compte que c'était Luna qui jouait. Où avait elle apprit cela ? Sans mot dire il s'approcha de la jeune régente, étonnant qu'elle ne soit pas escorté, mais ici que risquait elle finalement ? Pas grand chose en fait.

Je ne savais pas que tu jouais si bien ? Est ce la pluie qui t'aide ? Ou ton dragon qui t'a appris tout cela ?

Les notes traduisaient les sentiments et l’humeur de Luna. Elle s’était enfermée dans son monde et profitait de la tranquillité des lieux. Heureusement, la pluie avait chassé les nobles du parc du palais de lumières. Fondaient-ils à l’eau? C’est ce qu’on aurait pu croire par leur absence. Pourtant, la jeune femme était la preuve que l’on n’était pas plus affectée par la pluie qu’on soit d’une grande noblesse ou un simple membre du bas-peuple. N’était-elle pas l’importante régente d’Aldaria? Ouais… En tout cas, l’eau ruisselait doucement sur sa chevelure de blé, sa peau et ses vêtements sans le moindre signe que cela la dérangeait. Parlant de vêtements, elle n’avait même pas sa cape pour se protéger puisqu’elle l’avait posée sur le banc afin de s’y asseoir. Elle portait ce qu’on pouvait qualifier de pure horreur et d’affront à la famille royale : un pantalon des plus confortables de couleur cendré et une longue tunique bleu royal serrée à la taille par une mince corde noire. Était-ce un signe que la noblesse ne lui avait pas trop monté à la tête? Fort probablement…

Le crissement des cordes retentit et la musique cessa par une vilaine fausse note. L’azur surpris se posa immédiatement sur l’homme aux cheveux marron et ses traits se détendirent. Un sourire s’afficha sur ses lèvres et elle déposa sa vièle sur ses genoux.

- Matis! S’écria-t-elle.

Elle était heureuse de le voir, lui. Son regard s’illumina sous son compliment. Elle aimait jouer de sa vièle. Comme quoi, elle n’était pas seulement douée pour se battre et s’attirer des ennuis.

- Parce que tu as déjà vu un petit dragon jouer de la vièle? Demanda-t-elle à la blague. Non… Alkhytis est plutôt du genre à sautiller partout au rythme de la musique. Ajouta-t-elle.

La jeune femme prit son sac qu’elle avait posé sur le banc et le déposa sur le sol sans aucune délicatesse. C’était une invitation silencieuse pour que le guerrier s'asseoit si l’envie lui venait. Le tissu de la cape serait là pour lui éviter de se mouiller les fesses.

- J’aime la pluie. Prononça-t-elle d’une voix calme et sereine. Le parc se vide et alors je l’ai tout pour moi. Personne pour me déranger. Et tu ne me déranges pas, Matis. Précisa-t-elle avant qu’il puisse penser le contraire. Je peux jouer tranquillement sans qu’on me dicte quoi jouer ou comment le jouer... Ou me dire que j'ai autre chose de mieux à faire.

La petite lune reprit sa vièle en main et débuta une autre chanson, moins triste cette fois-ci, mais encore calme. Elle ferma les yeux et se laissa guider par la musique. Matis ne semblait pas s’être enfui lorsqu’elle eut terminé.

- C’est Dawan qui m’a montré à jouer. C’est même lui qui m’a offert Nilmë, ma vièle. Expliqua-t-elle en sachant que ça ne surprendrait pas le survivant que ce soit le petit elfe son premier instructeur. Ça t’étonne que je j’en joue? Je ne dois pas avoir une tête à ça. finit-elle, sourire amusé aux lèvres.

Le sourire de la jeune femme valait tout ce qu'il pouvait gagner en une seule journée. Il ne savait vraiment pas pourquoi mais il se sentait vraiment bien avec elle, ce n'était pas une question d'attirance, sa femme était tout pour lui, mais c'était différent. Différent et pourtant bien fort. Elle était comme sa petite soeur, soeur qu'il devait aider, protéger, accompagner. Il n'arrivait pas à la voir comme autre chose, il était là pour elle et la savoir à un si haut poste... Disons qu'il en était fier, et pas qu'un peu, car il savait qu'elle atteindrait les hautes sphères un jour ou l'autre... Peut être pas aussi tôt mais tout de même... Il en était fier.

Petite Luna, quoi qu'aujourd'hui petite n'est plus le terme n'est ce pas ? Il fit mine de l'observer sous toutes ses coutures et poursuivi. Regarde toi comme tu es belle... Et dragonnière avec ça... Sans parler de ce petit poste de régente du royaume... Non mais jusqu'où compte tu aller ma belle ? Encore un peu et tu dirigera le monde hein ? Ce sera toujours mieux qu'avec Fabius ou les autres remarque...

Matis ricana à la remarque de la jeune femme sur son dragon, en attendant cela faisait un moment qu'il espérait le croiser celui là, mais avec son travail et tout ce qui allait de travers il n'avait pas eu cette chance. Peut être plus tard qui sait...

Ouai, et bien en attendant je n'en ai toujours pas vu la couleur de ton magnifique dragon. Alors quand il y a une invasion Alayienne on m'appelle mais après y'a plus personne hein ? Il fit mine de bouder dans son coin, mais n'y arrivant pas, il revint vers elle en se grattant l'arrière de la tête. Avec Autone tu es la seule personne que j'arrive pas à bouder... Je ne sais pas si c'est une chance ou une malchance...

Le commandant écoutait avec attention ce qu'elle lui disait, effectivement le parc était quasiment vide et cela leur permettrait de profiter du parc quasiment de manière exclusive. Matis n'allait pas se plaindre encore une fois...

Je comprend ce que tu veux dire, mais tes domestiques et personnels vont te chercher et te reprocher de ne pas porter la tenue qui sied à quelqu'un comme toi, ni parler à de simple troufion comme moi.

Depuis que tu as obtenu ton poste c'est le parcours du combattant pour venir te voir... Je crois que tu n'as pas bien idée du nombre de gens qui te "protègent" de tes amis... C'est complètement dingue, mais quoi qu'il en soit, je suis fier de ce que tu es devenue. Je t'avais dit que tu irais loin dans la vie.

Il écouta avec attention ce qu'elle lui disait tandis qu'il venait s'asseoir à ses côtés; Que ce soit Dawan qui lui ait offert cet instrument ne l'étonnait guère, mais il était étonné qu'elle en joue si bien. A croire qu'elle avait un don cette petite...

Non non cela ne m'étonne pas vraiment... Même si je t'ai plus vue manier l'épée qu'autre chose. En tout cas je vois que le petit Dawan a toujours des bonnes idées de cadeau, il ne changera jamais celui là n'est ce pas ?

Quoi qu'il en soit, tu as quelques instants pour discuter ? J'aimerais savoir comment ça va depuis ta prise de poste... Tu ne te sens pas trop surmené ou quoi que ce soit ? Tu sais que je suis là si tu as besoin d'aide...

Matis sut lui arracher un sourire. Plus jeune, Luna ne se serait pas gênée à dire qu’elle n’était pas petite. Mais aujourd’hui, maintenant qu’elle était « grande », c’était un surnom qu’elle aimait bien. Prononcé par l’homme, cela prenait un sens affectueux. La petite lune avait aimé Matis depuis la toute première fois qu’ils s’étaient rencontrés, bien des années plus tôt dans une aventure ensablée. Comme lui, ce n’était pas d’amour avec le grand « A » qu’elle aimait. Mais il était important pour elle et elle appréciait sa compagnie. Il était en quelque sorte son grand frère. Toujours là pour la supporter, l’encourager, la conseiller, la faire sourire et aussi, pour l’embêter. Ils n’auraient pas un lien aussi fraternel sinon, n’est-ce pas?

- Un jour, j’aurai tout le monde à mes pieds. Blagua-t-elle en prenant une voix hautaine.

Ce n’était pas son genre. La régente aimait la simplicité. Elle n’avait pas grandi dans les hautes sphères, donc elle n’avait pas été imprégnée de cette arrogante noblesse que certains pouvaient avoir. De paysanne à soldate, qui aurait cru qu’elle serait à la tête d’un royaume? Pas elle en tout cas et ça paraissait dans ses paroles, dans ses habitudes et dans ses gestes. Elle ne demandait pas à ce qu’on l’habille, ne fuyait pas le soleil comme si les rayons lui feraient fondre sa peau et n’avait pas peur de se salir les mains.

- Il faudrait vraiment que je te présente Alkhytis! Je suis sûre que tu l’aimerais. Il est adooorable! Imagine un jeune dragon haut comme ça. Elle indiqua la hauteur à l’aide d’un geste de sa main qui donnait environ la taille d’un petit poney. aux écailles cuivrées scintillant sous les rayons du soleil qui sautille joyeusement partout. Eh bien! Ça lui ressemblerait, mais tu verras qu’il est encore plus énergique que tu puisses t’imaginer. C’est sûr qu’il t’aimera, Matis! Ajouta-t-elle. Bien sûr qu’il l’aimerait. Alkhytis aimait tout le monde!

Il y avait tant de joie dans sa voix en parlant de son lié. Pour elle, il était devenu le centre de son attention. Il était ce qu’il y avait de plus important. Il formait sa douce moitié.

- Oh! Ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent. Ce n’est pas eux qui contrôleront ma vie. Lâcha-t-elle aussitôt lorsque le soldat lui dit qu’on lui reprocherait ses manières.

Malgré les années, Luna restait cette jeune femme bornée au caractère rebelle qu’on ne pouvait qu’espérer mettre dans un moule, sans toutefois y arriver. Certes, elle était plus mature. Elle pouvait se fondre dans la société lorsqu’il le fallait, mais sa vraie nature ressortait toujours.

- Oh? Vraiment? Marqua-t-elle. La surprise avait peigné son visage, puis vint un mélange de colère et d’amertume. J’aurais dû m’en douter qu’on essayerait de me séparer des gens que j’aime bien. Tu sais, ceux qui pourraient supposément avoir « une mauvaise influence » sur la régente. En plus, tu fais partie de la garde impériale. C’est pas comme si tu représentais n’importe qui. T’es pas censé être un danger pour moi.

Parler de Dawan lui changea les idées. Son sourire lui revint.

- J’espère qu’il ne changera jamais en tout cas. Je ne sais pas si c’est de l’épée ou de la vièle que je manie le mieux. Faut dire que généralement, je n’aime pas tant qu’on me voit jouer de la vièle en public. Et les gens, ils n’aiment pas me voir manier l’épée. C’est supposément trop dangereux. Fit-elle en terminant par un petit rire.

La princesse des lumières le regarda un instant, laissant un petit moment de silence passer.

- Tu sais bien que j’ai toujours un petit moment pour toi. Surtout que ça fait tellement longtemps qu’on ne s’est pas vu. Je dois t’avouer que je trouve ça difficile parfois. Avec Korentin de… parti… ça fait bizarre tout ça. Je ne crois pas que je sois la meilleure personne pour être la régente, mais je suppose que Korentin ait vu quelque chose de spécial en moi. Je sais pas… J’espère que je ne le décevrai pas.

Parler de son protecteur rendait sa voix un peu triste. Korentin lui manquait.

- Merci Matis. Je sais que je pourrai toujours compter sur toi. Ça me fait penser que… j’aimerais te voir plus souvent. J’ai une idée! Prononça-t-elle soudainement. Et si tu devenais une lame écarlate? Qu’en dis-tu? Tu auras pour rôle de protéger la famille royale donc… de me protéger! Comme ça, on pourra se voir plus souvent. En tout cas, ça deviendra moins difficile pour toi de me voir. Tu en penses quoi?

L’azur venait de s’illuminer sous cette idée que la jeune femme trouvait formidable. Étant la régente, elle avait le pouvoir de décider qui pouvait entrer chez le groupe fermé des lames écarlates.

Le commandant prit un faux air outré devant les paroles de la jeune femme. Il l'imaginait très bien prendre le pouvoir sur le monde entier et faire en sorte que tout un chacun soit à ses pieds, il s'imaginait très bien mettre à bas ses ennemis pour assurer le futur de la jeune femme et du royaume Aldarien... C'était un sacré projet, qui, il le savait, ne verrait probablement jamais le jour. Pourquoi ? Parce qu'elle était trop douce et gentille pour cela.

Parfaitement, et tu sais que je t'aiderais à ce qu'ils soient à leur place, à tes pieds. Il rigola un bon coup avant de revenir vers la jeune femme avec un peu plus de sérieux. [/color=steelblue]Sacré programme n’est ce pas ? Je ne sais pas pourquoi mais je ne te vois pas faire cela… Tu es trop… Gentille je pense.[/color]

La jeune femme lui parla de son dragon, ce dragon dont il n’avait pu voir qu’un bout d’écaille par ci par là, et qui semblait se jouer de lui… Sacré bestiole en même temps. Il serait heureux de le rencontrer enfin cet Alkhytis, alors il sourit de nouveau… Oui se serait une très bonne chose qu’il puisse enfin lui dire quelques mots, et plus.

Oh oui ca serait une bonne idée, parce que je le traque moi, j’aimerais vraiment le voir pour discuter avec lui et voir ce qu’il pense de tout ça et de ton plan de conquête du monde. Je pense qu’il t’y aidera, mais après tout, n’est il pas ton dragon ? Vous devez être pareil non ? Conclut il en plaisantant.

Oui il y avait de forte chance qu’ils soient tout deux pareils, deux jolis spécimen de ce que l’on appelait la gentillesse ici bas… Matis en était plus que certain, cette Luna irait loin, et aujourd’hui elle était Régente, Dragonière et une très bonne joueuse de musique. Où s’arrêterait elle à la fin ? Il ne le savait pas vraiment mais il savait que ce serait loin.

J’espère bien qu’il va m’aimer pardi, comment je peux faire pour me servir de lui s’il ne m’aime pas hein ? Reste à savoir à quoi je vais bien pouvoir l’utiliser… Peut être pour rôtir mes ennemis.. A moins que tu en ai déjà eu l’idée ?

La régente semblait partager son avis concernant ceux qui avait la mauvaise habitude de regarder d’un peu trop près et d’un mauvais œil les habitudes de celle-ci, il comprenait parfaitement pourquoi elle était comme cela et si cela ne leur plaisait pas… Qu’ils aillent donc se faire voir, ce n’étaient leur vie n’est ce pas ? Ce n’était donc pas à eux de dire quoi que ce soit à la régente. N’avait elle donc pas tout pouvoir ici bas ?

Ouaip.. Surtout que l’on t’aiderai à vivre comme tu l’entend, même si je vais me prendre sermon sur sermon des autres maisons nobles… Il n’y a rien qu’à voir comment sa se passe quand on se retrouve pour s’avoir à quel point ils m’apprécient tous.

Son père aurait tellement mieux gérer tout cela… Si seulement il n’était pas mort contre Vraorg… Si seulement il ne l’avait pas tuer de ses propres mains, mettant fin à ses tourments mais en créant de nouveau pour le jeune homme.

Quoi qu’il en soit il hocha simplement la tête quand la jeune femme lui répondit au sujet de ceux qui voulaient dicter sa vie… Oui elle réagissait comme il s’y attendait, comment aurait il pu en être autrement ?

Encore faut qu’ils arrivent à nous gérer nous, les mauvaises influences n’est ce pas ? Je sais bien que je ne suis pas un danger pour toi, du moins physiquement mais je pourrais t’emmener vers des actes odieux comme pactiser avec des Roturiers ou pire encore, n’en ai-je pas épousé une d’ailleurs ? Pour mes confrères nobles je ne suis pas meilleur que les pauvres tu sais… M’enfin, c’est un autre problème ça, surtout depuis que les deux petits son arrivés… Je me demande comment je gérerais tout cela à l’avenir, sans parler du fait que j’ai déjà reçu deux propositions de mariage pour ma fille.. Odélie n’a même pas un an que tout le monde la voit mariée..

Matis serra les dents, il n’imaginait pas imposer un époux à sa fille… Surtout si elle était comme Autone, il en était totalement hors de question.

Les gens n’aiment pas tout un tas de chose… C’est pour ça que c’est drôle non ?

Matis posa une main douce sur l’épaule de la jeune femme, il comprenait parfaitement sa douleur et sa peine. Lui-même l’avait car c’était sous son service qu’il était presque mort…

Je sais ce que tu veux dire. Il est l’un des meilleurs d’entre nous, mais tu l’es tout autant tu sais ? Accroche toi et tu ira loin et tu nous aura toujours à tes côtés pour t’aider. On est là pour ça tu sais…

Il resta bouche bée devant la proposition de la jeune femme… Ne sachant pas vraiment quoi dire il hocha certainement la tête.

Sûr que ça ferait plaisir à Autone que je sois là plus souvent… Mais tu es bien sûr de toi là ? Moi ? En garde Royal ? Sincèrement ?

Luna appréciait énormément Matis parce que ce dernier ne se prenait pas pour un autre. Il était authentique à lui-même et elle savait à quoi s’attendre avec lui. Il ne prononçait pas de belles paroles pour faire plaisir aux oreilles de la régente d’Aldaria, mais bien parce que c’est ce qu’il voulait dire. Lorsqu’on est noble et qu’on tenait en plus un poste important, les gens devenaient fous. En tout cas, c’est ce que la jeune femme pensait pour certains êtres qui étaient trop collants, qui jouaient clairement un rôle ou que chacune de leurs paroles étaient tâchés de mensonges afin de bien paraître.

Alkhytis était son lié et c’était un dragon sur lequel elle pouvait toujours compter. Il était toujours là lorsqu’il le fallait et elle avait une grande hâte que le survivant le rencontre. Lui ressemblait-il? Probablement sur de nombreux points parce qu’elle s’entendait si bien avec lui. Mais de là à dire qu’il était pareil, ça non!

- Tu verras bien par toi-même! Répondit-elle taquine et la suite la fit rire. Ho! Parlant de rôtir… Alkhy a lancé ses premières flammes, il n’y a pas très longtemps. Oh oui! Dans peu de temps, il pourra devenir un foyer sur pattes! Gare à mes ennemis! Si Fabius se pointe, on mettra le feu à sa coiffure parfaite! Matis, je veux bien te le prêter. Mais ce n’est pas gratuit, tu sais… Dit-elle en blaguant.

Non, la princesse des lumières ne lui prêterait pas pour la simple et bonne raison qu’Alkhytis n’était pas un objet. S’il voulait aller brûler les ennemis aux côtés de l’Aldarien, ce serait parce que c’est ce dont il voulait.

Ses sourcils se froncèrent face aux paroles de Matis et un air outré se dessina sur son visage. Elle se tourna pour regarder l’homme dans les yeux. Ce n’est pas à lui qu’elle en voulait, mais au reste du monde.

- Promets-moi une chose : qu’Odélie pourra se marier avec qui elle veut, pareil pour Kyran. Je suis peut-être la seule à penser qu’un noble n’est pas le meilleur époux au monde. Il faut dire que j’ai été « contaminée » comme certains croiraient me concernant, puisque je refuse tout mariage arrangé. Mais bon, entre toi et moi, c’est que les prétendants n’ont pas ce qu’il faut pour me plaire. Surtout s’ils me sortent « J’ai telle terre, elle est immense. Blablablah. Je suis influent. Blablah. Je suis fort, je suis beau, je suis riche. Ouais. Bah, je m’en fiche un peu. Poursuivit-elle en haussant les épaules, prenant une moue exaspérée.

Lentement, la petite lune avait posé sa main par-dessus celle de Matis. La « mort » de Korentin l’attristait. En soi, il n’avait pas disparu, mais c’était tout aussi difficile de ne pas savoir s’il reviendrait un jour, si on allait pouvoir trouver un remède à son mal. Luna n’avait pas été la meilleure des pupilles. Elle lui avait causé tant de soucis et jamais il ne l’avait abandonnée. Il avait toujours su la supporter à sa manière. C’est maintenant qu’elle s’en voulait de ne pas lui avoir montré toute la reconnaissance que son protecteur méritait de l’avoir pris sous son aile.

- Je suis sérieuse, Matis. Prononça-t-elle d’une voix sans équivoque. Un sourire fendit son visage. J’aimerais t’avoir à mes côtés. Tu as toujours su m’encourager et j’ai confiance en toi. C’est pas pour rien que je t’apprécie énormément. Tu as les talents et les capacités pour être une bonne lame écarlate. Tu as toujours su bien servir les Kohan. Bien sûr, Fabius n’était pas inclus dans l’équation. Et tu as su démontrer ton dévouement pour Aldaria par ton poste dans l’armée. Tu as tout ce qu’il faut pour devenir une lame. Elle fit une petite pause. En fait, tout ce qu’il te manque, c’est qu’un membre de la famille Kohan te nomme. Et c’est là que je peux intervenir. Imagine la tête que feraient les gens! Alors, serais-tu prêt à servir la famille royale? À me servir, me protéger de ta vie et jusqu'à ton dernier souffle?

Juste pour cette image qui se créait dans son esprit, ça en valait la peine. Son regard s’était illuminé de joie et d’amusement. Personne ne pourrait lui refuser ce choix, surtout qu’elle était la régente d’Aldaria. Personne n’arriverait à contredire son choix.

La vièle bien rangée dans son sac, la jeune femme se releva d’un bond.

- Tu sais quoi? Je te nomme même commandant des lames écarlates. Mais à une seule condition : me battre à l’épée dans un duel. Serais-tu prêt à relever le défi ou préfères-tu te défiler?

Elle avait pris une voix pour le défier avec humour et lui souriait. Elle avait envie de bouger un peu. À ce qu’il paraitrait, le maniement d’arme n’était pas une chose appropriée pour la jeune femme qu’elle était.

Matis observait la régente avec un sourire bien franc et marqué, elle était vrai et c'était vraiment quelque chose de rare dans ce milieu qu'était la noblesse. Alors il ne voulait pas la perdre, rester proche d'elle et faire ce qu'il fallait pour que tout se passe bien dans son niveau milieu. En tout cas sa proposition de lui prêter le dragon, même si s'était payant, pour brûler les cheveux de cette ordure de Fabius... C'était plus que tentant en effet.

Oh ne me dit pas cela tu va me tenter... Sans parler du fait que ce serait franchement intéressant bien que politiquement incorrect de lui cramer un peu plus que ses poils de tête. Pour le reste, ou s'il tente de te tomber dessus tu peux être certaine que je saurais m'en occuper. Cordialement, bien entendu.

La remarque de Luna le fit rire sans se retenir, en même temps comment ne pas rire à tout ce qu'elle lui disait ? La jeune femme avait raison, et si certain cherchait à épouser ses enfants, pourquoi n'était ce pas pire pour la jeune femme qui était Régente aujourd'hui ? Sa demande le fit sourire, et même si elle lui disait cela il savait parfaitement qu'elle savait comment il comptait gérer ses enfants. Il ne voulait pas qu'Odélie ou Kyran épouse quelqu'un pour arranger sa famille.

Matis avait fait la même chose pour lui même....

Voyons Luna, comment peux tu croire que je laisserais cela se passer pour mes enfants ? Je ne trouverais pas d'époux pour Odélie de la même manière que je ne chercherais pas un bon partie pour mon fiston. Ils trouveront chaussure à leur pied par eux même, bien entendu Autone et moi les surveilleront de près mais bon.

Allons donc, respirons un instant veux tu ? Si tous le monde te fait ce genre de proposition c'est que tu es un bon partie il faut croire n'est ce pas ? Après il faut avouer que ce n'est pas moi qui fait te faire dire qu'un noble ne fait pas tout. Mais si, un jour, quelqu'un te fait une proposition un tant soit peux insistante, n'hésite pas à faire appel à moi. Matis lui sourit avant de conclure. Et puis si un jour tu reste toujours "disponible" tu pourra peut être épouser mon fils non ? Je plaisante, ne fait pas cette tête voyons je plaisante !

Matis lui sourit, et comme à son habitude il lui secoua la tête et les cheveux. Il l'aimait beaucoup cette petite jeune femme.

Il était maintenant temps, après avoir longtemps éluder la question car il n'avait plus le choix maintenant, de répondre à sa proposition. A voir le temps et la fougue que prenait la jeune femme pour lui proposer cela, il comprit qu'il n'avait pas vraiment le choix.

Alors pour lui répondre il lui sourit.

Comment pourrais je refuser un ordre de ma Régente que je considère déjà comme ma reine ? Voyons Luna, tu sais ce que les gens vont dire, et tu sais que ça me plairait énormément, donc comment refuser pareille proposition ?

La seconde offre de Luna était terriblement tentante, mais il ne tenait pas à lui faire du mal. néanmoins il savait qu'elle n'était pas impotente, du moins pas totalement.

Bien sûr que j'accepte ton offre. Mais avant, allons tester nos niveaux à l'épée, il est temps de voir quel furent tes progrès et voir si le pouvoir ne t'a pas un peu trop ramollit.

Néanmoins, ne crois tu pas que certain vont encore voir là une marque de la décadence et de la mauvaise influence que j'ai sur toi ? Dire qu'après ils me verront chaque jour un peu plus. Je connais plus d'un noble qui me le reprochera lors de nos réunions...

- Oh que si! Je suis certaine qu'ils parleront de la mauvaise influence que tu as sur moi! Je m'amuserai à les laisser parler! Ah ah! Seras-tu prêt à leur montrer les raisons pour lesquelles je t'ai choisi?

Sourire aux lèvres, Luna bondit d’un bond du banc et attrapa son sac dont elle avait rangé ses choses. Regard complice, sa main se posa doucement sur le poignet de Matis et forma une invitation à ses lever. Il n’avait pas le choix, elle ne lui laissait pas le droit de se dérober ou de lui faire faux bond. Attrapant sa cape elfique, elle tira l’homme. Bien sûr, s’il le désirait, il pouvait se détacher de cette prise, mais il n’y avait rien de méchant ou de violent. Tout ce qu’il y avait, c’était une frénésie pour l’entraîner là où elle le désirait. Ça ressemblait presque à un jeu par la façon dont elle se déplaçait, ses pas ressemblant à des petits sauts.

La régente ne donna pas un seul indice sur l’endroit où elle l’emmenait et elle ne prononça pas une seule parole durant ce moment. Ils quittèrent le parc où ils se trouvaient, bien décidés à affronter la pluie qui tombait encore sur Aldaria. Ils avaient vécu pire tous les deux que de la « terrible » pluie, non?

La princesse des lumières posa son regard bleuté sur lui, toujours souriante, et elle avait lâché son bras tandis qu’ils continuaient de s’éloigner du parc. Elle savait qu’il le suivrait, peu importe l’endroit où elle l’emmènerait. Leurs pas s’approchèrent de l’endroit qui serait bientôt le sien : le siège des lames écarlates.

- Y es-tu déjà allé? Demanda la jeune femme.

Tandis qu’ils s’approchaient des différents bâtiments, ils passèrent près de certaines lames écarlates qui n’avaient pas non plus peur de la pluie. Lorsqu’ils virent la régente, ils arrêtent leur entraînement et firent aussitôt un salut militaire dans les règles de l’art, ce dont Luna répondit poliment d’un signe de la tête.

Matis et Luna continuèrent leur chemin pour finalement entrer dans une bâtisse : c’était une aire réservée à l’entraînement. Il y avait quelques guerriers seulement, la majorité étant partie se reposer. La princesse des lumières répondit poliment à leur salut et leur intima de poursuivre leurs activités. Elle déposa son sac et sa cape sur le sol près d’un mur. Elle se tourna vers lui et tendit sa main.

- Passe-moi ton épée. Veux-tu? Demanda-t-elle d’une voix enjouée.

Un enchantement anti-dégât fut posé respectivement sur Éclat et Héritage. Les épées ne pourraient pas causer de blessures pendant leur entraînement. C’était pratique puisque les guerriers avaient généralement leur propre arme et qu’une utilisation d’une arme en bois pouvait fausser leurs habitudes étant donné les différences de poids, de longueurs, etc. Bien sûr, il y avait tout un arsenal disponible pour les lames rouges.

- Prêt à relever le défi? Prononça-t-elle d’une voix claire et arborant une expression de défi. Attrape!

Elle lui lança son épée et usa de télékinésie pour que son arme arrive à lui sans souci.

- Surtout, ne fais pas l’erreur de me sous-estimer! En garde, Matis! Tu vas voir que le pouvoir ne m'a pas ramollie! S’exclama-t-elle.

Elle prit une position de combat et pointa sa lame fine en sa direction.

Le commandant sourit tranquillement à la jeune femme, bien sûr qu'il était partant et puis qu'en avait il réellement à faire de ce que les autres disaient de lui ? Comme si cela allait changer quoi que ce soit en lui ou en sa façon d'être.

Bien sur que j'ai envie de le leur montrer, mais je pense qu'ils sont déjà un minimum au courant de ce qu'ils risquent s'ils s'en prennent à moi. Peut être est ce pour cela que je n'ai pas trop d'ennui en ce moment d'ailleurs.. Expliqua t'il en feignant l'ignorance et l'innocence.

Mais la jeune femme l'attrapa par le poignet comme une invitation à aller ailleurs, discuter plus au calme ou lui montrer une chose importante à ses yeux. Il se laissa faire ne trouvant rien à redire sur la prise de la jeune femme qui n'était pas désagréable. Sans parler du fait qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où elle l'emmenait mais il sentait bien que c'était important pour elle et pour lui, c'est pour cette simple raison qu'il se laissa conduire sans mot dire ni résistance.

Étonnamment il ne fut presque pas dérangé ou étonné de voir l'endroit où elle le conduisait. Il s'agissait du quartier des Lames, les protecteurs de la régente pour le moment mais surtout de la famille royale. Des gens qu'ils avaient dû en partie affronté durant la guerre civile et qu'il devait rejoindre aujourd'hui. En même temps que la régente saluait les soldats qui lui présentait leur respect, Matis fit de même envers ces soldat qui étaient d'une grande aide dans la protection du royaume. Quand il songeait à l'ensemble des responsabilités qu'avaient ces hommes il était de plus en plus impressionné et reconnaissant.

Lui était de l'armée, ce n'était donc pas un endroit où l'on avait, en général, beaucoup de respect pour les chiens de garde. Et pourtant il ne pouvait avoir du respect pour ces gens là. La jeune femme lui posa une simple question et il répondit non de la tête en ajoutant quelques mots.

Non, mes baraquements n'ont jamais été aussi proche du palais.Et puis les relations entre l'armée et les lames ne sont pas les meilleures.


Ils traversèrent l'ensemble du 'camp' des Lames et finirent par pénétrer dans une bâtisse qui semblait parfaite pour l'entrainement et les exercices. Batiment en partie vide d'ailleurs car beaucoup semblait au repos, en même temps ils devaient aussi participer à la protection du palais non ? L'entrainement était important mais ne devait pas prendre le dessus sur les obligations.

La jeune femme lui demanda son épée et c'est sans réfléchir qu'il lui confia Héritage. La jeune femme en profita pour apposer un enchantement annulant les dégâts physique. C'était bien la première fois qu'une telle arme se voyait apposé une telle chose mais il aurait été dommageable qu'il blesse la régente. SA propre lame était elle aussi dans le même état, aussi il n'était pas étonnant de la voir prêtre à la bataille. Aucun des deux ne pourraient se blesser.

Je suis toujours prêt tu le sais bien.

Il déposa son lourd manteau ne laissant qu'une simple chemise sur le dos. Ce ne serait que plus simple pour ses mouvement.

Je t'invite à faire de même ma chère.

Se mettant en position il se rendit compte qu'il restreignait déjà l'énergie qu'il envoyait dans sa lame, comme s'il voulait en limiter les impacts. Il ne souhaitait pas que la régente se fasse mal mais il savait aussi qu'elle ne serait pas simple à battre. Il ne devait pas la sous estimer.

Luna avait d’abord arqué un sourcil face à la surprise que lui avait causée les mots de Matis. Les relations entre l’armée aldarienne et les lames écarlates étaient-elles si mauvaises que cela? Pourquoi elle, qui était à la tête des deux groupes puisqu’elle était la régente des lieux, n’étaient pas au courant des conflits sévissant ses hommes? Certes, elle n’avait pas une grande importance depuis très longtemps et nombre de conseillers la considéraient comme une simple décoration sur le trône… Ce n’était pas toujours facile de se faire entendre et encore moins que les informations soient relayées à elle. La détermination se lut dans son regard azuré tandis qu’elle referma ses mains ensemble. Si on lui « cachait » des éléments, ça voulait dire qu’elle se joindre à la partie et devenir meilleure que quiconque au jeu de cache-cache.

Ce n’est pas ça qui allait lui briser le moral. Elle sourit à Matis dès qu’il comprit la raison qu’elle l’avait emmenée ici. La régente avait envie de se dégourdir un peu. Elle devait avouer que la paresse avait su la gagner depuis qu’elle était noble et que les moments pour s’entraîner devenaient de moins en moins fréquents. Elle n’avait pas de mentor particulier… Peut-être aurait-elle dû en engager un? Parce que les quelques adversaires qu’elle avait eu lui avait toujours laissé des chances par peur de blesser sa précieuse personne –ou sa fierté- ou ils la sous-estimaient parce qu’elle était une jeune femme.

- Surtout, je compte sur toi pour avoir un combat à la hauteur de mes attentes. L’avertit-elle avec un air de défi.

La princesse des lumières était prête au combat et la détermination se lisait dans son regard bleuté. Elle lui montrerait ce dont elle était capable.

- Tu es le premier à m’avoir montrée comment me battre à l’épée. Pour cela, je t’en remercie Matis. Dit-elle doucement.

Elle fit quelques pas de côté, créant un arc de cercle autour de Matis. C’était à elle d’initier le combat puisque le commandant ne désirait pas lancer la première attaque.

- Je ne suis plus la gamine que j’étais jadis. Surtout, ne fais pas l’erreur de me sous-estimer! Rugit-elle.

C’est sur ces mots que la petite lune s’était élancée vers le guerrier. C’est dans sa main gauche qu’elle tenait Éclat. Luna était gauchère lorsqu’il était question de se battre à l’épée. C’était quelque chose qui était restée en elle malgré le fait que sa main droite était redevenue parfaite.

Son premier coup n’était qu’une feinte et fut rapidement paré par l’homme. Elle le jaugeait en premier et essayait de lire en lui. Ils étaient deux opposés au combat. Tandis que Matis reposait davantage sur la force, Luna comptait davantage sur son agilité. Elle n’était pas capable de parer les coups aussi aisément que lui, mais était certainement meilleure pour les éviter ou danser entre les attaques.

Héritage et Éclat s’entrechoquaient et créaient la musique des lames. La régente crut voir une ouverture face à son adversaire et saisit aussitôt l’opportunité afin de assener un coup à son flanc gauche.

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[N’hésite pas à bloquer/esquiver ou dire que c’était un plan et de riposter ^-^ (Ou laisse moi te toucher. Mwahahaha. Fais comme tu le sens xD

Désolée pour le retard ^^" ]

Matis se rendit rapidement compte que ces mots sur les relations entre une certaine branche de l’armée et les Lames avait entamé la joie de la jeune femme. Il se rendit alors compte que pas toutes les informations ne lui arrivaient ou, pire, que l’on en cachait une partie. Mais cela ne tenait que des relations entre groupe armée de la Royauté, cela n’était sans doute pas assez important pour lui remonter aux oreilles tant que ça n’entrainait pas de soucis au long terme. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas un soucis dont il souhaitait s’occuper pour le moment, et puis il aurait tout le temps de le traiter ou d’essayer tout du moins, une fois en place. Aussi se promis t’il de faire tout ce qu’il pouvait dans ce sens tout en maintenant au courant la jeune femme.

Néanmoins il revint à lui et au combat qui allait l’opposer à la jeune femme qui était dorénavant sa régente, mais qu’il considérait déjà comme sa souveraine légitime. En tout cas comment aurait il pu en être autrement ? N’était il pas responsable de sa sécurité ? Et il devait maintenant la combattre ? Bon il devait prendre cela sous le ton de l’entrainement mais il lui avait promis de se donner à fond et il savait qu’elle lui en voudrait s’il ne le faisait pas réellement. Il hocha donc la tête en attrapant fermement la garde de son épée.

J’espère toujours l’être ma Dame, n’est ce pas là le rôle d’un protecteur après tout ? Demanda t’il avec espièglerie.

Il voyait en elle la fille qu’il espérait voir devenir Odélie, peut être prendrait elle exemple sur ses parents et Luna, n’était-elle pas leur marraine après tout ? Sa détermination l’avait toujours marqué et aujourd’hui encore elle en faisait preuve. Elle n’était plus la petite fille à qui il avait appris les rudiments de l’Art. Elle était devenue une femme formidable à qui il prendrait plaisir à apprendre quelques ruses.

Un doux souvenir à mon cœur. Dire que cela remonte à tant d’année maintenant… Avons-nous tant changé entre temps ? Que sommes nous réellement devenu Luna ? Mais tu n’a pas à me remercier, tu m’a aidé dans ce désert et je t’ai toujours considéré comme ma sœur. Que ne fait t’on pas pour sa propre famille n’est ce pas ?

Les mots de la jeune femme le touchèrent en plein cœur, comme s’il allait prendre le temps de la sous estimer, elle était si loin du compte, mais il comprenait bien pourquoi elle lui disait cela. Tout le monde autour d’elle la traitait comme une enfant, la surprotégeant, l’empêchant de vivre, qui pouvait dire qu’il n’en aurait pas fait de même ? Mais il n’en avait pas la volonté.

La jeune femme l’attaqua comme il s’y attendait, elle était d’une grande discipline et d’une grande agilité, totalement l’opposée de Matis sur ce point. Lui qui n’usait presque que de force dans ses duels et combat allait devoir composer avec une combattante qui dansait autour de lui. Mais que faire dans ce cas là ? L’affronter sur son terrain n’allait que le voir perdre, il devait la laisser venir au contact.

Une première attaque qu’il para, n’avait pour but que de le tester, de voir ce dont il était capable. Mais les suivants étaient d’un tout autre niveau. Les deux lames s’entrechoquaient dans un ballet d’une rare beauté. Il n’essayait pas d’attaque pour le moment, laissant la jeune femme se fatiguer dans ses attaques et lui présentant des failles de plus en plus grandes pour la forcer à l’attaquer là où il le souhaitait. Ce fut finalement le cas quand elle aperçut son flanc gauche. Sans attendre elle se précipita dessus, et d’un sourire il dévia légèrement Eclat pour qu’elle le touche mais apporte la main de la jeune femme à son niveau.

De sa main « blessée » il souleva celui de la jeune femme en envoyant sa propre lame à son encontre. Qu’allait elle faire ?


Ps : ça me va Et pas de soucis pour le retard je rentre à peine de congé .

Comme toujours, les paroles encourageante de Matis avait su arracher un sourire à la jeune femme. Luna était heureuse de le connaître et de savoir qu’elle pouvait toujours continuer de compter sur lui. Il était plus qu’un homme de l’armée aldarienne et plus qu’un futur commandant des lames écarlates qui veillerait sur elle, de même que sur la famille royale. Pour elle, Matis n’était pas seulement un ami, mais en quelque sorte un grand frère. Il était là pour elle, comme confident ou partenaire d’entrainement, présent pour la conseiller, mais surtout qui la voyait et la traitait pour la personne qu’elle était. Elle pouvait compter sur sa franchise et elle n’avait pas de traitement de faveur, la preuve était qu’il en profitait souvent pour la taquiner.

Dans le quartier des lames rouges, Héritage et Éclat s’entrechoquaient. Les deux combattants étaient concentrés sur leur adversaire et ne voulaient pas laisser l’autre prendre l’avantage. Lorsqu’une ouverture se présenta à Luna, elle sauta sur l’occasion sans réfléchir. Cela aurait pu lui coûter cher puisque le survivant l’avait vu venir et qu’il avait su réagir en conséquence. Normalement, le coup porté aurait dû la toucher, mais son corps avait réagi sans même qu’elle ait à réfléchir. La jeune femme esquiva la lame et se dégagea de son emprise. Reculant, un sourire se dessina sur son visage.

- Pas mal! Tu m’as presque eue! Lâcha-t-elle.

Le combat avait ensuite repris et les lames se rencontrèrent à nouveau. C’était une danse qu’elle ne comptait pas perdre. Toutefois, plus le temps avançait, plus les signes de fatigue apparaissaient chez la jeune guerrière. Elle n’avait malheureusement pas l’endurance qu’avait Matis. Sa maîtrise de l’épée était satisfaisante, mais elle ne pouvait pas soutenir un combat trop longtemps.

La princesse des lumières para un coup porté, mais le choc lui fit lâcher Éclat qui glissa loin sur le sol. Avant qu’elle puisse ramener magiquement sa lame à elle, Héritage lui signala qu’elle avait perdu. Elle leva la main pour signifier qu’elle lui donnait la victoire et prit un moment pour reprendre son souffle.

- Tu m’as eue…! souffla-t-elle. Elle était fatiguée. J’espère au moins que je t’ai offert un beau combat.

Luna était souriante, aucunement mauvaise perdante. Elle avait aimé se battre contre Matis. Elle avait su tenir longtemps, non? N’était-ce pas la preuve qu’elle s’était améliorée depuis ces dernières années. Elle ramassa Éclat et la pointa vers le guerrier.

- Puisque tu as gagné, je ferai de toi le commandant des lames écarlates! Je serai vraiment heureuse de t’avoir à mes côtés, Matis. Lui dit-elle en souriant. Aujourd’hui, tu as gagné. Mais demain, ce sera à mon tour!

Un air de défi avait peint le visage de la jeune femme. Elle revint ensuite auprès de Matis.

- Viens, il est temps que les gens fassent la rencontre du nouveau commandant des lames écarlates.