Il faisait légèrement frisquet en cette soirée de février. Il neigeait encore un peu et les flocons brillaient à la lumière des torches qu’on venait d’enflammer, chassant ainsi la pénombre inquiétante qui cherchait à s’installer à Fortuna. La cité était silencieuse et les habitants rentraient chez eux pour la plupart, cherchant le confort de leur foyer. Certains poussaient plutôt la porte de la taverne du coin, cherchant à réchauffer leur cœur et à geler leur esprit. La porte s’ouvrit à nouveau, laissant entrer une silhouette féminine. Encapuchonnée, les ombres cachaient son visage et au lieu de baisser sa capuche, ses mains ténébreusement gantées prirent le soin de la replacer sur sa tête. L’or balaya l’endroit, s’arrêtant momentanément sur les individus présents. Plusieurs étaient déjà partis dans le monde merveilleux de l’alcool tandis que d’autres mangeaient tranquillement en discutant avec leurs pairs. Quelques regards se tournèrent vers la dame vêtue de noir puis leur choppe réclama leur attention.

La porte se referma derrière la nouvelle arrivante. Ses pas résonnèrent sur le plancher de bois et firent danser sa cape rouge dans son dos. Elle ignora les hommes saouls qui l’invitèrent à se joindre à eux, réprimant l’envie de les bruler vifs sur place, et s’installa tranquillement au comptoir. Elle avait pris soin de se distancer de tout autre individu.


C’est ce que Sombréclat demanda au tavernier lorsqu’il vint vers elle. Il était, après tout, irrespectueux de rester dans une taverne sans consommer quoi que ce soit. Posant aussitôt quelques piécettes dorées devant lui, il ne posa pas plus de questions et lui apporta une coupe remplie d’un liquide carmin. Elle fit tournoyer le vin à la lumière d’une flamme et en huma le parfum. Ce n’était malheureusement pas de la meilleure qualité, mais il ne fallait pas mettre la barre trop haute dans une petite taverne d’une ville encore en expansion. S’immunisant au poison, car on n’est jamais trop prudent, la dame porta le verre à ses lèvres noires.

La soirée était encore bien jeune et Kälyna ne savait pas encore ce qu’elle planifiait de faire. Elle avait quitté sa forêt par ennui et était retournée dans l’empire. Le seul souci, c’était qu’elle n’y était pas la bienvenue. Ce n’était pas réellement un problème puisque la majorité des gens ne portaient que très d’importance aux autres ou pouvaient être achetés avec des piécettes brillantes. Mais il suffisait qu’une seule personne l’identifie et cherche à en tirer profit pour que sa tranquillité soit rompue.

La prêtresse déposa sa coupe sur le comptoir et tapota son le verre de son doigt lorsqu’elle se perdit dans ses réflexions. Étant à Fortuna, elle pouvait peut-être profiter de l’occasion pour aller voir ce bon vieux Crissolorio. Mais ayant gagné de l’importance, il ne voulait peut-être s’associer à cette ennemie publique. Ça restait à vérifier.

Christan se trouvait actuellement dans le cité Fortunienne se situant guère loin du royaume des oreilles pointues ? Ce qu'il faisait ici ? Rien de bien particulier, une mission l'avait amené ici tout simplement, étrangement on semblait apprécier l'affecter à des escortes de diplomates… Mais bon il se trouvait donc à errer dans Fortuna, guère accompagné de ses hommes qui campaient pour leurs part en dehors de la cité, c'est que Weren n'était pas après tout le genre d'homme à aimer être en permanence encadrés de soldats même quand il allait aux latrines…

Et il ne cherchait pas vraiment un endroit où aller boire à cette heure-ci, à vrai dire il envisageait surtout d'aller acheter des ouvrages de stratégie militaire s'il pouvait en trouver, mais il croisa une forme au coin de la rue qui l'interloqua. Pas que par sa grande taille, mais aussi car cela lui disait quelque chose, et surtout parce que c'était incroyablement louche… Oh bien entendu il aurait pu ignorer cela car on est en terre Glorienne, et que les personnes louches ce n'est pas forcément ce qui manque surtout aussi tard, mais ce côté « ça lui disait quelque chose » le poussa quand même à s'y intéresser… Et ce malgré l'heure tardive.

Il avait donc vu la source de son intérêt soudain, et pas forcément bienveillant entrer dans une taverne, il la suivit donc de loin en attendant un peu avant d'entrer pour sa part... Se faisant autant remarquer que la précédente arrivante, mais attisant bien moins l'envie des gens présent quand à l'idée qu'il les rejoignent… Il inspecta les environs du regard et ne tarda d'ailleurs guère à retrouver sa source d'intérêts qui se situait visiblement à une table à l'écart… Quand il pensait que ça avait l'air suspect.

« Pousse toi de mon chemin... » Dit-il simplement au tavernier qui était venu l'alpaguer et avança vers la table où se trouvait l'inconnue… Et une fois assez proche de ce dernier sa voix résonna alors que les cliquetis de son armure s’apaisèrent...

« Toi là ! Pourquoi es tu ainsi couvert ? » Dit-il d'une voix grave, et peu amicale alors qu'il était entrer dans cette établissement peu de temps après elle. Une voix qui devait probablement être familière à l'elfe ici présente… Pour sa part Weren voyait surtout pour le moment quelqu'un de louche qui dissimulait son visage, chose qu'il n'appréciait guère, surtout que Fortuna était encore une région très fréquenté par la racaille coupe-jarret. Il fit donc légèrement bouger sa cape écarlate en faisant bouger son bras pour poser un point sur la table, et dit d'un ton qui résonnait bien…

« Montre moi ton visage immédiatement… » Finit-il donc par dire d'un ton ferme en la fixant d'un air bien peu engageant. Il avait l'impression avant même de voir son visage qu'elle lui disait quelque chose d'ailleurs… Mais quoi ? Cela il le saurait quand elle ce serait dévoiler… Et visiblement les regard de tout les autres usagers de l'établissement semblaient s'être tournées vers eux tout à coup...

Kälyna avait d’abord ignoré le nouvel arrivant, continuant de siroter tranquillement son vin. Toutefois, la tranquillité des lieux venait d’être rompue. Certes, on ne pouvait pas considérer ce lieu comme étant silencieux avec ces saoulards qui riaient pour rien, le ton des voix qui dénotait de nombreux décibels, le bruit des verres se cognant ensemble et bien d’autres encore. Mais tous ces bruits étaient plutôt constants et facile à ignorer. Mais là, les gens s’étaient redressés en voyant la porte s’ouvrir et l’homme était difficilement passé inaperçu avec le tintement métallique de chacun de ses pas. Légèrement de biais, elle n’avait pas eu besoin de poser son regard sur Christan pour connaître son identité. Elle oubliait rarement et elle reconnut sans mal le son unique de Mépris. Ajoutez à cela cette puissante voix masculine, grave et impolie, et impossible de confondre le nouvel arrivant avec un autre. Du moins, Kälyna savait parfaitement à qui elle avait affaire et pouvait déjà deviner que les lourds pas se dirigeaient vers elle.

Malgré tout, Sombréclat ne prit pas la peine de se déplacer et garda son calme. Elle le laissa avancer jusqu’à elle sans interagir avec lui. Sa question lui arracha un sombre sourire. Ah! Ce cher Alayien… Il n’avait pas changé le moins du monde, même après tout ce temps. Toujours aussi brute et sans aucune délicatesse. Elle sentit les regards de la taverne se poser sur sa cape carmin. Christan et elle étaient devenus le centre de l’attention.

Elle n’eut que pour seule réponse de porter son verre à ses lèvres et de boire lentement une gorgée. Nonchalamment, elle vint poser sa coupe sur la table. Oui, c’était en quelque sorte un jeu pour elle. L’indifférence pouvait former une arme redoutable contre la fierté et l’assurance d’un homme. Christan semblait impatient et à vif. Il restait juste à voir combien de temps il faudrait pour le voir exploser.

Le liquide rouge trembla lorsque la brute posa son poing sur la table. Sa main noire attrapa sa coupe et commença à tapoter sur le verre de son doigt afin de le faire tinter. L’officier ne devait pas être habitué à ce qu’on n’écoute pas ses ordres. La dame n’avait pas plus dévoilé son visage suite à son ordre.


Sa voix était froide et cinglante. Elle n’avait pas eu à parler fortement puisque le bruit de la taverne s’était calmé lorsque les deux ennemis étaient devenus le centre du spectacle. Malgré tout, elle savait qu’il l’avait entendu parfaitement.

Kälyna n’avait pas baissé sa capuche et elle ne comptait pas le faire aussitôt. Autre chose qu’il était hors de question d’arriver : que Christan la touche. Qu’il garde ses sales pattes sur lui!

L'inconnue ne s'était à aucun moment retourné vers lui, elle avait même prit le temps de siroter son vin, une telle réaction ne manqua pas d'agacer franchement Christan qui serrait les poings… Il envisageait sérieusement la possibilité de rudoyer la dite personne qui se fichait ainsi de lui… Mais quand elle parla là tout changea du tout à tout, pas tant pour les paroles qui auraient suffit à l'énerver grandement en temps normal, mais pour une toute autre raison… Cette voix.

Un long silence suivit donc les paroles de Kalyna, pendant lequel Christan resta silencieux, et immobile, et où tout le monde dans la taverne sembla retenir son souffle pour voir ce qu'il allait se passer. L'armure vivante allait-elle éclater de rage, et de colère ? Allait-elle frapper l'inconnue, ou bien tenter de relever sa capuche de force ?

Étrangement non, non tout autre chose arriva. Tout d'abord faiblement puis fortement un rire éclata par delà les lèvres de Christan. Un rire peu commun, mais tonitruant.

« HeuheuhahahahaHAHAHAHAHA! ! » Rit-il donc d'un rire non pas moqueur, mais malsain, le genre de rire digne d'une bête humaine qui prenait des allures encore plus inquiétante à cause de l'armure, était-ce voulu et dû à un entraînement pour rire ainsi, ou naturel chez-lui ? Cela n'importait guère car le rire cessa bientôt de résonner, suivit par un simple mot alors que sa voix perdait peu à peu son hilarité temporaire… Pour prendre des teintes étranges.

« Magnifique... » Dit-il enfin d'un ton odieux car mélange d'une malveillance naturelle, et d'une satisfaction visiblement malsaine… « Décidément tu n'as pas changé. » Ajouta t-il donc ensuite en la regardant avec insistance, annonçant que oui il l'avait reconnu.

Oui étonnamment, enfin pour elle ou certains peut-être cela il n'en savait rien il n'avait pas éclater de rage, mais en même temps. En cet instant la personne qui se tenait non loin de lui ce n'était pas n'importe qui ! Oui c'était elle, cette voix il l'aurait reconnu entre milles, et cela ne l'étonnait guère de sa part. Oui elle était là bien vivante, et étrangement cela le satisfaisait autant que cela le contrariait. Il avait été déçu après tout à l'époque de croire qu'elle avait obtenu une mort rapide peu de temps après la mort de Vraorg… Mais visiblement non elle se tenait juste là devant lui, et cette ironie du destin était presque palpable. Cela et le fait que la dame blanche soit réduite à boire une piquette dans une taverne banale en essayant de ne pas se faire remarquer... Quelle magnifique déchéance pour la catin de Vraorg...

« Tu as raison Vallaël, où sont donc mes manières ? Après tout il est assez bas de ma part de traiter ainsi une dame de si haut rang… Laisse moi donc me faire pardonner. » Dit-il d'un ton laissant planer quelque chose d’indéfini, non ce n'était pas par politesse qu'il disait cela, non il semblait savourer quelque chose, jubiler intérieurement, il était prit d'une joie malsaine…

« Tavernier ! Ta meilleure bouteille, et ne t'avise pas de rapporter une de tes bon sang de piquettes... » Tonitrua t-il ensuite plus agressif à l'égard du pauvre homme qui en même temps qu'il effrayé car il ne savait pas vraiment ce qui se passait alla chercher la dite bouteille.

Et le temps qui la ramène Christan prit donc une chaise, et s'assit à la même table que la dame blanche mais bien en face d'elle. Alors que la tavernier rapportait la bouteille, visiblement celle-ci semblait être de véritable qualité, Christan sortit quelques pièces, et paya la consommation, et prit la bouteille en main. Il remplit son verre, puis celui de la dame en loques tout en disant d'un amusement malveillant.

« Il semblerait que la mort n'est pas eu raison de toi Vallaël car si je dois en croire ce que racontent les elfes mort tu été… Doit-je supposer que la disparition de Mort t'as permit de revenir à la vie, ou bien que les elfes sont aussi fiables qu'un usurier glorien… ? » Dit-il rempli de sarcasme alors qu'il reposait la bouteille sur la table après avoir servit le vin...

Entre-temps quelques client d'ailleurs aux passages semblèrent enfin se rendre compte qui était la personne à qui parler Christan, nul autre que la dame blanche ! L'ancienne grande prêtresse de Vraorg le blanc… Elle était donc toujours en vie ? Ces misérables paraissaient tout de suite terrifiés en constatant cela. Pour sa part il voyait tout autre chose en elle, quelque chose qui devait être haït, méprisé, et anéanti...

Pour sa part Weren prit tranquillement en main son verre de vin, relevant un instant la visière de son casque, et montrant un instant pour la première fois son visage à l'elfe il but le breuvage, étonnamment même s'il n'était pas un grand adepte de fin Christan savait les apprécier, en même temps il préférait les breuvages avec un minimum de finesse que des alcools forts. Et celui était effectivement de qualité, attendant que Valaël boive le sien si elle le désirait il reprit ensuite de son ton qui semblait faire planer quelque chose dans l'air.

« Vallaël, dit moi donc « s'il te plaît » vu qu'il semblerait que tu tienne tant à cette marque de politesse. » Dit-il du ton le plus sarcastique et hautain qui soit comme s'il faisait référence à son ancien rang dont elle avait été déchu avant de rajouter. « Combien de fois va t-il falloir te tuer pour que tu ne revienne plus ? » Oh bien entendu il ne croyait pas qu'elle était revenue à la vie, pour lui les elfes étaient juste des incapables pour le coup si ce n'est en géneral, mais la dame blanche devinerait certainement la réelle signification derrière cette phrase. Et d'ailleurs il poursuivit sans guère de délicatesse pour bien le souligner...

« Ou pour avoir réponse à cette question vais-je être obligé de le découvrir par moi-même ? » Et le silence suivit donc ses dernières paroles alors qu'on attendait la réponse de l'elfe… Il était probable d'ailleurs que des clients soient sortit de la taverne entre-temps pour appeler la milice, mais cela Christan n'en avait cure, Vallaël était à lui. La seule chose qui le satisferait plus en cet instant que de d'arriver à la détruire serait de le faire devant cet incapable d'empereur elfique pour montrer à ce dernier comment on était censé mettre à mort quelqu'un…

Ainsi tonna donc la dernière réplique de Weren qui montrait bien à tout le monde ici qu'il n'était pas là pour compter fleurette… Contrairement à ce que certaines âmes malsaines auraient pu pensé… Non ceci était un moment significatif pour Christan, pas question de la gâcher. Elle était revenue, et il était là bien déterminé à faire en sorte qu'elle s'en aille pour de bon, mais d'abord il la jaugeait, raison pour laquelle il n'avait pas encore attaquer, et se montrait même plutôt calme pour l'instant… Et aussi car ainsi il lui démontrait qu'il n'avait guère peur d'elle, qu'il était tout à fait capable de prendre un verre, patienter, lui servir à boire à elle aussi, et attendre un peu pour ensuite tenter de la massacrer bien entendu. Car quand Christan avait peur il tentait de massacrer immédiatement, c'était ainsi qu'il réagissait à la peur, mais il n'avait pas peur de Valaël, non il la haïssait, il la haïssait à un tel point que la colère d'aile de mort, la puissance de Vraorg, ou la hauteur des montagnes du nord paraissaient frêles à côtés de haine. Une haine si pure qu'elle équivalait presque à trouver l'âme sœur dans le cas de l'amour, une haine si forte qu'il comptait la savourer, en profiter jusqu'au bout, en finir à beauté avec cette haine. Car on ne haït ainsi souvent qu'une seule fois dans sa vie. Elle l'avait tuer… Christan n'avait connu que 2 hommes dans sa vie avec qui il était s'était sentit proche au point de les considérer à leurs manières comme des frères. Iskuvar, et son vieil ami d'enfance Joe. Et Valaël avait tuer ce dernier, et cela elle le lui payerait… Rien au monde ne l'empêcherait de partir en quête de sa vengeance, rien ne l'arrêterait, il désirait la détruire totalement et s'il y arrivait un jour aussi improbable que cela puisse paraître il prendrait sans doute un tel plaisir carnassier, et malsain dans l'acte que les sensations charnels les plus intenses lui sembleraient probablement presque ridicules à côté... Il n'avait que rarement eu autant envie de tuer quelqu'un lentement, et douloureusement...

Le rire qui résonna dans la taverne ne sembla pas déconcerter la dame encapuchonnée en rouge. Elle le laissa faire, tout simplement, et porta à nouveau le liquide carmin à ses lèvres tandis que l’armure vivante reprenait lentement son calme. Elle déposa sa coupe suite à ses premiers mots.


Brute un jour, brute toujours. Christan n’avait pas changé et l’entendre la tutoyer ne l’étonna guère. C’était son genre de personne de s’adresser de la sorte à autrui, à être aussi bruyant et à se penser drôle. Il y avait peu de gens que l’ancienne prêtresse de Vraorg aimait, détestant tous et chacun, mais celui-ci faisait partie d’un groupe particulier, celui des gens dont elle avait très peu d’estime et qu’elle méprisait. Elle ne l’aimait pas et elle n’aimait pas ce jeu auquel il pensait jouer. Mais si c’était de converser en tête à tête avec elle, elle n’en avait même pas le moindre souci. Elle avait su lire en lui qu’il ne la laisserait pas tranquille et ainsi, elle l’invita même à s’asseoir à sa table juste après qu’il fit une frousse au pauvre tavernier.


Sa voix était calme et froide. Si quelqu’un d’entre les deux attiraient l’attention sur cette table, c’était certainement l’humain. Passer inaperçu n’était pas son point fort, surtout lorsque son but était de faire l’exact contraire. Elle avait remarqué les regards terrifiés des clients de la taverne et sa fine ouïe avait noté leurs chuchotements inquiets. L’elfette ne leur porta pas plus d’attention qu’il ne le fallait et accrocha plutôt son or à ce visage hideux. Elle porta ensuite son verre nouvellement rempli à ses lèvres noires. Le goût du vin était agréable.


Sombréclat gardait son calme, mais Christan n’était pas le seul maître de son attention. Elle avait capté du mouvement à l’extérieur de la bâtisse. Des gens arrivaient et ce n’était certainement pas pour venir boire un verre en sa compagnie.


La magicienne entendait par là qu’elle ne se gênerait pas à déferler sa puissance sur quiconque désirait entraver son chemin. Elle lui proposait plutôt de terminer leur conflit qu’entre eux et de ne pas impliquer autrui. Elle ne se laisserait pas faire et même si elle ne viserait pas nécessairement les clients de la taverne, les dommages collatéraux seraient importants.

La porte s’ouvrit et trois premiers soldats entrèrent, d’autres suivraient certainement. Calmement, elle jeta un coup d’œil à Christan et prit une dernière gorgée de son verre. Ensuite, elle se releva gracieusement de sa chaise et vint apposer son masque de terreur sur son visage. La capuche de sa cape la recouvrant toujours, Christan ne pouvait pas voir son visage et n'était pas encore affecté par son objet rare.


L’elfette aurait préféré rester discrète dans la ville de son ancienne connaissance amicale, mais on ne lui avait pas laissé trop le choix. Par respect pour Crissolorio, elle laissait une chance aux Fortunais de prendre la bonne décision. De plus, sous son masque, le mystère ne serait peut-être pas encore tout à fait dévoilé quant à son identité.

Il sourit férocement derrière son casques quand Kalyna dit qu'elle craignait ne pas être la seule à ne pas avoir changé, à ça elle ne pensait quand même pas qu'il serait devenu quelqu'un de gentil, obéissant, et surtout respectueux envers-elle quand même… Mais bon de toute manière ils en viendraient aux choses sérieuses bien assez vite, et puis il avait une petite surprise pour elle le moment venu pour tout dire… Mais cela elle le saurait uniquement quand ils s'affronteraient.

Ah et d'ailleurs mine de rien, même si elle n'était pas morte, le changement de leurs situation à tout deux était fort amusant, le fait que ce soit-elle la criminelle recherchée à mort pour tous, et qui devait fuir… Oh oui un juste retournement de situation. A croire presque qu'il y avait une petite justice en ce monde, mais qu'elle existe, ou non cette justice n'égalerait jamais celle que l'on faisait par soi-même… Dire que malgré tout cela elle gardait ses airs supérieurs, et hautains digne de toutes les insultes qu'ils pouvaient faire sur les elfes, elle se prenait pour une personne d'importance, parlant comme une aristocrate présomptueuse. Et en plus elle jouait le jeu des vouvoiements, et lui parlait poliment… Tout cela l'amusait, l'agaçait, et le troublait à la fois, il était rare qu'un de ses ennemis se comporte ainsi, mais malgré tout cela il pouvait deviner tout le mépris qui vivait en elle à son égard.

« Croire, ne pas croire. Il s'avère que la vie nous surprend malgré toutes nos certitudes des fois. Qu'importe ce que je croyais de toute manière car maintenant la vérité m'apparaît clairement... » Dit-il d'un ton entendu. Ah ce qu'il donnerait chère pour l'entendre hurler de douleur, ou même de rage pensa t-il en écoutant le ton froid, et calme de la dame…

Et il la regarda alors qu'elle avait toujours le visage dissimulé puis porta son attention vers les alentours, ah ça non Weren ne désirait pas que des gardes de Fortuna se mêlent à cette histoire surtout que ces hommes ne devaient pas être préparés à l'idée d'affronter un mage comme Kalyna certainement, en plus de n'en avoir probablement pas l'envie, ainsi en plus d'être indésirables ils seraient plus des poids qu'autre choses… Et visiblement la dame semblait étrangement aller dans son sens à ce sujet-ci. Un monstre qui se cachait dans des faux airs de civilité, car il savait au fond de lui qu'elle pourrait les massacrer elle n'en aurait cure au final.

« S'il y a quelqu'un qui en ce monde doit t'occire ce sera moi Vallaël, et je ne compte pas laisser cela à quiconque tu as raison allons discuter de tout ceci ailleurs . Après tout cette affaire est entre-nous, et va se régler entre-nous... » Dit-il froid, ah ça pour aller la chercher qu'elle ne s'inquiète pas, il était bien décidé à mettre fin à son ignoble existence, et aujourd'hui si possible…

Même si au fond Christan n'accordait pas tant d'importance que cela aux gloriens il restait qu'il y avait un gouffre entre ne pas accorder de l'importance à quelqu'un, et désirer pendant un combat qu'une chienne commette un massacre entre-temps, après en y réfléchissant tout le monde se rendrait pleinement compte ainsi que Kalyna était de retour, et de la menace qu'elle représentant, le souci c'est qu'il ne voulait pas laisser le plaisir de pouvoir massacrer sauvagement cette dernière à quiconque d'autre que lui.

Oh et puis en vérité les soldats de Weren étaient en partie stationnés hors de Fortuna, et il se doutait que s'il y avai du grabuge ces derniers risquaient de venir, et il n'avait pas envie d'impliquer outre mesure ses hommes là-dedans, ils n’étaient guère assez nombreux, ou préparés à la chose, et il avait l'impression probablement très orgueilleuse de penser qu'il n'avait pas besoin d'eux… Mais cela il ne s'en rendrait compte, ou non que le moment venu.

Il ne vit pas trop ce qu'elle faisait d'ailleurs, mais elle semblait s'être mit quelque chose sur le visage, et de ce qu'il voyait cela semblait affecter les soldats qui étaient entrer dans la taverne… Ces derniers terrorisés pour deux d'entre-eux se recroquevillèrent, et un seul arriva à garder assez de lucidité pour reculer. Weren en voyant cela regarda de loin ce qui se passait, et se leva…

« Allons régler cela en dehors de cette fichu ville... » Dit-il, et il passa devant Kalyna sans regarder cette dernière, se disant qu'il valait mieux éviter sur l'instant, parce que s'il ne finirait peut-être pas dans l'état des gardes il n'arriverait probablement plus à se contrôler suite à ce genre de chose ce qui était inapproprié à la situation actuelle…

« Vous là ! Laissez nous passer, je suis capitaine de l'armée aldarienne, et je vais me charger de cette affaire, alors pour vôtre sécurité ne vous en mêlez pas... » Dit-il sans trop insister car visiblement la dame leur faisait de l'effet, et c'est donc rapidement que les gardes ouvrirent un passage salement intimidé par Kalyna… « Suit moi. » Dit-il ensuite froid à Kalyna en se dirigeant vers la sortie du village Fortunien pour se diriger vers une clairière assez éloigné si possible. Que leur combat soit un minimum privé… « Quand j'y pense je suis certain que l'empereur elfique serait très heureux d'apprendre que tu vis encore Kalyna. Imagine tout ce qu'il serait prêt à faire pour régler cette erreur qu'il a commise en te laissant lui échapper en vie... » Fit-il au passage remarquer belliqueux de son humeur sarcastique alors qu'il n'y avait plus grand monde pour les entendre lorsqu'ils sortaient du village… Ils étaient d'ailleurs tout proche d'arriver à la clairière où pourraient se régler leurs petite affaires...

Il est vrai qu’une surprise n’attendait pas l’ombre. On pouvait bien se préparer à toutes éventualités, à calculer toutes les probabilités, il y avait toujours quelque chose qui finissait par nous échapper et qui changeait tout. La preuve était que Kälyna aurait dû mourir. Toutes les chances pointaient en cette direction, c’était le plan établi, et voilà qu’elle était toujours là, dans ce village dirigé par une vieille connaissance. Jamais elle n’avait pensé devoir se résoudre à être une hors-la-loi et à cacher sa présence dans une taverne pour prendre un peu de repos. Mais encore là, c’était différent. On l’avait reconnue. On voulait sa mort à nouveau. Mais cela n’était pas encore écrit. Ce n’était pas ici et maintenant qu’elle mourrait. Elle n’en avait pas le droit.

La taverne devenait de plus en plus agitée par la présence de l’ancienne prêtresse de Vraorg et de l’animosité grandissante. Christan transpirait la confiance et il eut la bonne idée de s’occuper du cas Vallaël. Cette elfette était dangereuse et il valait mieux ne pas la sous-estimer. Elle n’aurait, après tout, aucun remord à se servir de toutes personnes ici présentes afin de les transformer en outil pour faire pencher la balance en sa faveur si un combat devait éclater. Surtout qu’avec la milice locale qui arrivait, elle devenait seule contre tous.


Voilà ce qu’elle avait prononcé à Christan d’une voix confiante. Elle avait acquiescé d’un signe de tête, mais ne s’était pas tournée vers lui. Avec son masque, ce n’était pas son but de l’effrayer. À quel point le serait-il? Aucune idée, mais il représentait actuellement son moyen pour s’échapper facilement de cet endroit. Elle pensait à Crissolorio Ostiz en même temps : comment le prendrait-il s’il apprenait que la dame blanche avait décimé une partie de sa population et rendu en ruines une des tavernes? Ce n’est pas son amitié qui l’aurait arrêtée de tout détruire, mais si elle pouvait l’éviter…

Sombréclat se releva gracieusement et suivit le capitaine qui lui ouvrait si gentiment le passage. À chaque pas qu’elle fit, le visage des gardes se crispait de terreur. Avec l’influence de l’Alayien et l’inquiétude qui les rongeait, la dame sortit sans encombre de la taverne. Elle retira son masque qu’elle posa dans son sac et le suivit en direction de la sortie de Fortuna. Elle aurait pu s’éclipser et faire faux-bond à Christan, mais la curiosité l’avait piquée.


Ils marchaient tranquillement jusqu’à la petite clairière où ils ne seraient pas dérangés. On pouvait presque croire que le sang ne coulerait pas en cette soirée. C’était le calme avant la tempête.


La magicienne n’allait pas laisser à Christan le plaisir d’entamer le combat. Déjà, elle avait disparu de ses côtés pour prendre ses distances et réapparaître plus loin. Le geste était déjà formé par ses doigts et une tornade était lancée vers l’armure humaine. Kälyna n’y allait pas de main morte.

Spoiler:

Les miliciens risquaient plus de se faire tuer qu'autre chose au final, et puis il préférait que ce genre de règlement de compte reste assez intime tout de même… Et puis dans une ville elle aurait bien plus d'endroit pour se cacher et attaquer en traître que dans une plaine où il était bien dur de se dissimuler… Par contre il regrettait vraiment de ne plus avoir le verre noire en cet instant car ce dernier aurait certainement été d'une utilité immense face à la dame blanche, il devrait néanmoins faire avec, et ce ne serait sûrement pas cela qui le ferait reculer devant son désir de réclamer vengeance. En faîte on pouvait presque se demander quel niveau de menace pourrait vraiment faire reculer Christan des fois vu se fâcheuse habitude de toujours faire face en toute circonstances…

Confiance ? Il avait confiance oui, il savait bien que son adversaire était terriblement puissant mais de toute manière on ne pouvait pas vaincre quand on tremblait de peur, et il préférait faire face et mourir, ou être vaincu que de fuir devant un ennemi aussi puissant soit-il, il était alayien, il était un guerrier et il ne ploierait pas le genoux avant de mourir véritablement. Ainsi était sa philosophie du combat, celle de ne jamais renoncer avant l'issue définitive de l'affrontement, un affrontement qui la concernait elle, et lui de préférence, et visiblement ils semblaient tout deux d'accord sur ce fait.

Et elle semblait bien confiance son ennemie, mais le contraire l'aurait bien étonné, après tout Kalyna Vallaël était typiquement ce genre d'elfe hautaine se donnant des airs supérieurs, une attitude qu'il détestait par dessus tout, et qu'il serait ravi de punir de son mieux en temps voulu bien entendu… Enfin s'il en avait l’occasion, mais à ce sujet-ci on ne pourrait sûrement pas lui reprocher de ne pas essayer vu que c'était ce qu'il comptait bien faire dans pas si longtemps que cela… Vallaël était un monstre se cachant des airs raffinés, et il comptait bien lui donner une mort digne d'un monstre, violente…

« Ce n'est pas pour eux que j'ai fais cela Vallaël, si quelqu'un doit te tuer ce sera moi et je ne compte pas laisser ce plaisir à quelqu'un d'autre... »

Répondit-il gravement à l'elfe lorsque cette dernière lui parla du service qu'il avait rendu à ces citadins… Il n'avait aucunement voulu leur rendre service à eux, à ses hommes peut-être car ces derniers étaient stationnés non loin de la ville, et il ne comptait pas leurs faire affronter sans préparatifs une mage comme celle-ci, mais sûrement pas eux citoyens de Fortuna, et puis de toute manière… Il pensait qu'elle aurait pu être du genre à s'enfuir celle-là si elle se faisait attaquer par un nombres importants de personnes donc autant qu'elle se pense en position de combattre pour qu'il y ait réellement affrontement… Et d'ailleurs la dame blanche parla de cet incapable d'empereur elfique, et même si Christan la haïssait il ne pouvait qu'être d'accord avec les paroles qui suivaient au sujet du souverain des elfes...

« Je serai surtout ravi de voir sa tête quand je lui rapporterait ton cadavre ensanglanté Vallaël, pour lui montrer que j'ai pu accomplir ce que lui n'a pas pu faire dans toute son incompétence. » Eut-il juste le temps de placer sombre, c'est que oui il n'aimait pas l'empereur elfique, encore moins depuis que ce dernier avait laissé échapper Kalyna vivante, quel incapable ! Voilà ce qu'il pensait au sujet du souverain des oreilles pointues, mais bon il n'eut guère le temps de réfléchir peu à cela que Vallaël prit l'initiative.

Elle avait disparu, et Christan avait à peine eu le temps de dégainer son poignard de jet en la voyant faire cela qu'elle lui lança une tornade dessus… Et effectivement elle n'y allait pas de main morte, et après avoir juste eu le temps de lancer la dague vers Kalyna en urgence donc avec une précision douteuse la tornade eu de l'effet car même si elle avait du mal à soulever une telle masse du sol Christan avait finit tout de même par être éjecté de quelques mètres vers le haut pour retomber au sol lourdement suite à cela, aucun os cassé même si sa colonne vertébrale été douloureuse, mais pour l'avoir sentit passé il l'avait sentit passé, et heureusement qu'il était un poids lourd car un soldat plus léger aurait été soulevé bien plus haut… Et furieux suite à cela alors qu'un filet de sang s'écoulait de sa bouche derrière son casque il fit un grand effort pour se relever le plus rapidement possible et se lança à l'assaut de le dame blanche avec l'aide de son totem qui décuplait sa vitesse, et sa force pour lui foncer dessus dans l'objectif de la percuter violemment ! Car il savait clairement que si elle maintenait la distance trop longtemps elle pourrait assez vite le mettre en miette avec sa magie...

La tornade était partie sans crier gare, frappant Christan avec une force qui l’aurait fait voler bien haut dans les airs s’il n’avait pas eu sur le dos cette lourde armure. Malheureusement pour lui, Mépris n’était plus imprégnée de la terrible influence du Néant, magie qui aurait mis fait à ce duel bien rapidement. Kälyna était une créature de magie et c’était une force chez elle qu’il ne fallait surtout pas sous-estimer. Mais en termes de combat, c’était son seul atout et cela pouvait constituer rapidement sa plus grande faiblesse. Sans magie, qu’était l’ancienne prêtresse de Vraorg?

Son rire résonna, moqueur et amusé, dans la clairière tandis que l’Alayien était malmené par son attaque surprise. Il s’interrompit rapidement lorsqu’une dague, déviée heureusement par le vent, frôla son bras et vint légèrement teindre la blancheur de sa peau d’une couleur écarlate. Elle reprit son sérieux, comprenant qu’un moment d’inattention pourrait lui être fatal. Elle n’avait pas affaire à une simple fourmi ennuyeuse qu’elle pouvait écraser de son pied.


Le sarcasme teintait la voix de l’elfette. Bien sûr que non, elle n’envisageait aucunement d’aider le commandant. Si elle pouvait lui rendre la vie plus difficile, c’est avec joie qu’elle le ferait. Simplement, parce que ça l’amusait. Aussi simple que cela et elle avait des comptes à lui faire payer. Toutefois, il y avait une vérité dans ce qu’elle disait. Si la vicieuse hors-la-loi était facile à attraper et à anéantir, mettre la main sur son cadavre n’aurait pas le même impact.

Parlant d’impact, le bruit vint confirmer que la charge du buffle avait bel et bien connectée. Avec une telle vitesse et une telle force, sa cible, si légère si on la comparait à Weren, fut projetée à plusieurs mères. C’est avec malheur qu’elle se frappa au tronc d’un arbre. Les dégâts étaient importants… À un tel point que Kälyna s’était fracassée en mille morceaux?!

Un chant s’effaça pour laisser place à un simple mot.


La magicienne se trouvait derrière l’armure humaine, là où ce dernier s’était tenu quelques instants plus tôt. Elle avait retiré sa cape écarlate de ses épaules et la pavanait devant le buffle au gré du vent. Son or toisait sa réaction, s’attendant à ce qu’il explose de rage.


En effet, quoi qu’il fasse, l’homme ne pouvait pas diminuer dans son estime puisqu’il s’y trouvait déjà bien bas. Quoiqu’elle reconnaissait quelques qualités en lui : l’honneur, la persévérance, la fierté…

Kälyna n’aidait pas la mauvaise réputation qu’on lui attribuait. Elle avait fait des actions qu’on considérait comme étant plus qu’horrible durant l’avènement de Vraorg et elle ne cherchait pas à prouver qu’elle ait pu changer depuis qu’il n’était plus de ce monde. Elle continuait de penser qu’elle n’en avait rien à faire de ce que pensait les autres.

Les sorts utilisés:

Weren aurait sans doute adoré pouvoir bénéficier du verre noir effectivement à cet instant, bon le verre noire protégeait surtout de la magie directe, et non des sorts indirectes, mais cela aurait déjà fait une sacrée différence, de même que d'avoir une arme en verre noire, car avec elles une seule coupure aurait signifier la mort pour la dame blanche… Mais bon il devait faire dorénavant sans verre noire malheureusement, et ce n'était pas le fait qu'il n'en ait pas qui le découragerait, mais il faut avouer qu'avec une anguille agile comme Kalyna le fait de pouvoir la tuer en un coup aurait été une possibilité très confortable.

Dans tout les cas Christan exultait de rage en cet instant, et il laissa la rage librement couler en lui bien entendu, en l'état actuel des choses il avait très peu de chance de vaincre Kalyna surtout sans moyen de neutraliser ne serait-ce qu'en partie sa magie, mais Weren était le genre d'homme à tenter le destin même quand celui-ci semblait très défavorable, jamais il ne se mettrait à genoux devant la dame blanche, la seule petite chance de gagner qu'il aurait ce serait en mettant toute sa colère, et sa force dans ce combat, et il n'avait pas intérêt à renoncer.

« Ton cadavre sera dans un état méconnaissable quand j'en aurait finit avec toi de toute manière ! » Dit-il haineux, une certaine fureur commençait à résonner en lui…

Et la charge s'amplifia quand il vit qu'elle jouait avec lui après la charge, cette satané mage elfique ! Il voulait la détruire, il réclamait vengeance, il sentait la colère l'étreindre l'envie de meurtre, et celle d'un combat à mort livrée avec la plus grande furie. Il laissa la haine, et la colère étreindre son esprit, et son cœur, il était silencieux pendant quelques instants alors que la dame blanche lui disait encore, et que Weren la regardait lourdement pendant qu'il serrait fermement la poignée de son arme.

Détruire, détruire, détruire ! Tuer, tuer, tuer ! Son esprit réclamait du sang, il voulait le voir couler avec abondance, du sang pour la mort de son ami, du sang pour la mort de son ancienne déesse, du sang pour étancher sa soif de sang ! Un sang bien trop magnifique à contempler, et à faire couler pour laisser par exemple un fichu mort vivant s'amuser à le boire, non ce sang était à lui, et il comptait le faire couler avec abondance… Et il s'ancra fermement au sol alors que la dame se moquait de lui avec sa cape…

« C'est moi, et moi seul qui vais te briser catin de Vraorg ! » Hurla t-il de rage en laissant la colère prendre le contrôle intentionnellement pour plonger dans une rage guerrière qui était celle d'un berserker, et ainsi laisser la fureur alimenter sa force pour le reste du combat à venir.

Il prit en main ses deux haches, la hachette dans la main gauche, et la hache en alliage moderne dans la droite, et il s'élança vers Kalyna cette fois-ci non pas avec l'envie de la charger pour la percuter mais celle de la charger puis d'executer un tourbillon de coup avec ses haches. Elle esquivait ? Il persévérerait encore, et encore, à cet instant tout ce qu'il avait en tête c'était d'attaquer, d'attaquer, d'attaquer ! Purement guidé par son envie de détruire celle qui se tenait en face de lui de manière brutale.

A cet instant Weren avait bien plus l'air d'un homme que d'une bête, il avait l'air d'un véritable dément en vérité, mais les rares qui avaient déjà pu affronter un véritable berserker avant savaient que la rage même si elle aliénait momentanément leurs esprits rendait les berserker dangereux à leur manière… Une manière de se battre féroce, et dangereuse à la fois pour celui qui en usait, et pour ses adversaires.

La haine, le mépris, mais surtout la rage était palpable chez l’Alayien. Il en suait de tous les pores de sa peau et la confiance qui émanait de lui était délectable. Il était si sûr de lui que la dame blanche en frémissait de plaisir à l’idée de pouvoir l’écraser tel un vulgaire insecte. Si elle pouvait simplement lui arracher les ailes, la chute n’en serait que plus longue et plus douloureuse. Christan était un adversaire de taille, fier et dont les convictions semblaient inébranlables. Croyait-il réellement pouvoir la tuer de cette façon, aussi barbarement? Kälyna n’y croyait pas et la confiance vibrant en l’humain n’était rien si on la comparait à celle de l’elfette.

L’or calculateur analysait constamment son assaillant. Face à face, ils formaient deux opposés. Christan misait sur sa force physique et la maîtrise de ses armes tandis que Kälyna misait sur ses capacités magiques. Elle ne maîtrisait aucune arme qui vaille la peine d’être nommée. Tandis que le premier cherchait à s’approcher, son adversaire cherchait à garder ses distances. L’elfette se faufilait comme une anguille et comptait bien rester insaisissable. C’était sa première stratégie. Son agilité, ses subterfuges et ses sorts lui permettaient de se déplacer aisément.

Sa deuxième stratégie semblait tout aussi bien fonctionner et elle n’était pas difficile à mettre en place. Christan allait finir par en perdre ses moyens, aveuglé par sa propre colère. Le tissu rouge de sa cape était notamment un outil dans ce but, le traitant indirectement comme l’animal qu’il était. Il deviendrait, si ce ne l’était pas déjà, un buffle qui fonçait la tête baissée.


Ce fut la réponse que Sombréclat lui laissa. Pour la briser, il fallait d’abord qu’il puisse la toucher… l’attraper. Le commandant n’était pas à sous-estimer, car la puissance que l’on pouvait tirer de la rage était remarquable.

Le buffle fonçait déjà vers elle avec force et vitesse. L’elfette ne survivrait pas à une telle collision et en cela, elle ne se faisait pas d’illusions. Qu’allait-elle faire? Se téléporter en laissant une copie de terre derrière elle comme elle l’avait fait précédemment? Certainement pas! Seuls les fous reprenaient une stratégie qu’ils avaient déjà appliquée et qui croyaient qu’elle fonctionnerait à toutes les fois.

L’ancienne prêtresse de Vraorg balança sa cape devant elle afin de bloquer momentanément la vue du berserker. Elle fit un pas sur le côté et laissa filer l’énergie qu’elle avait accumulée sur l’Alayien. L’humidité emplit la clairière et une immense bulle d’eau vint percuter le buffle qui avait avancé vers elle d’une vitesse effroyable. L’eau l’entoura et il se retrouva enfermé dans la sphère aquatique tel un poisson qu’on conservait précieusement dans un bocal. La magicienne l’éleva dans les airs et ramassa sa cape. Elle dessina ensuite un cercle de ses pas autour de lui.


Sa voix était moqueuse. La hors-la-loi s’amusait tellement de voir son ennemi dans ce sale état.


L’attention de la dame était fixée sur l’Alayien qu’elle tenait à sa merci.

Spoiler:

Il aimerait tant pouvoir la briser ! La massacrer, lui faire payer tout ce pourquoi il la haïssait, et bien plus. Un monstre méritait une fin de monstre après tout, et la justice du sang était la seule véritable justice éternelle de ce monde, la seule vraie justice qui faisait qu'il était sûr, et certaine que le coupable paye, et ne recommence jamais. De toute manière elle ne méritait guère mieux, c'était elle, et non lui qui avait cherché le sang en premier, c'était elle qui s'était jeter dans les bras de Vraorg, et surtout c'était elle qui continuait à faire comme si tout cela n'était qu'un jeu, ou bien le prenait comme la bon sang d'elfe hautaine qu'il était… Une elfe qui allait regretter tout cela, il le jurait, et surtout qui allait ravaler sa satané arrogance.

Et l'elfe esquivait, esquivait, elle évitait la confrontation directe et usait de sa magie tout en maintenant la distance, pile le genre d’adversaire que détestait affrontait Weren, en partie parce que c'était sur un terrain qu'il ne maîtrisait guère qu'on essayait de l'emmener, mais bon ce n'était pas cela qui allait le faire renoncer, et il tentait de maintenir le contact tout de même dans son élan de rage, certains que si il y arrivait tout se retournerait en sa faveur, mais pour cela il devait composer avec les esquives d'anguilles de l'elfe, et sa fichu magie…

Et elle s'amusait en plus à le provoquer, ce serait vraiment du meilleur goût lorsqu'il arriverait à la faire déchanter certainement, cela c'est ce qu'il aurait pu penser si son esprit n'était pas surtout accaparé par l'idée de la massacrer sauvagement, une fin digne de cette elfe en y réfléchissant bien, se parant certes dans des atours civilisés, ou raffinés mais qui n'était pas du tout moins brutal que Weren, et bien plus cruelle. A ses yeux c'était plus elle qui avait des airs d’animal que lui, d'animal fourbe, et sauvage sans aucun honneur, et aucune dignité.

Enfin aussi sauvage que Weren en cet instant alors que ce dernier était plongé dans une furie guerrière digne d'un berserker, soit disant redoutable effectivement, mais très dangereux aussi pour son utilisateur car les berserkers se battaient de manière très offensive et donc se défendaient peu...

Et sa dernière charge avait eu pour but de percuter l'elfe de toute ses forces avec un coup de hache pour essayer de lui infliger une grave blessure, mais cela fut sans compter sur le stratagème de Kalyna qui jeta sa cape écarlate devant elle sur Weren, autant dire que ce dernier ne s'y était effectivement pas attendu, et n'avait pas le temps d’écartés les pans de cette cape qu'il devait poursuivre juste après sa charge, un buffle ne pouvait pas arrêter sa course aussi aisément après tout...

Et c'est là que la malchance joua contre lui, et non qu'un peu… Cela il s'en rendit bien compte en sortant peu à peu de son état de rage actuel lorsqu'il fut piéger dans cette bulle d'eau alors qu'il essayait de se débattre pour s’en libérer. Cette eau n'était pas habituelle ! Il aurait dû tomber, ou du moins pouvoir bouger, mais non il restait piéger dedans, et la dame blanche alla même jusqu'à le hisser en hauteur… Une situation qui n'était guère pour lui plaire, et encore moins à son avantage surtout que sans aucune surprise Kalyna en profita pour le narguer sans aucune retenue...

Il aurait voulu lui cracher dessus, ou la frapper cela il l'aurait désirait, mais il en était incapable… Et il préférait largement mourir plutôt que de la supplier cela elle pouvait rêver… Mais il refusait de mourir avant d'accomplir sa vengeance, et il cherchait en urgence comment sortir d'ici, alors que l'air venait peu à peu à manquer… Non il n'allait pas mourir ainsi après toutes ces années de guerre, pas de cette manière ? Non sa mort, il ne méritait pas une mort minable sans aucune sens, une mort d'homme qui avait été terrassé pensa t-il, alors que ses poumons commençaient à l’oppresser, et…

Il vit soudain qu'un carreau d'arbalète venait d'entrer dans la sphère d'eau où il se trouvait, alors qu'un autre suivit, un carreau qui effleura la taille de Kalyna en y dessinant une longue coupure avant d'atterrir lui aussi dans la sphère d'eau, elle devait être autant surprise que lui, visiblement des hommes semblaient tirer non loin, des soldats de Christan ? De Fortuna ? Il ne savait pas mais il fit un immense effort pour retenir encore plus longtemps sa respiration en attendant de voir ce qui se passait alors qu'il essayait de se libérer...

Il était là, à sa merci. Kälyna ne pouvait qu’apprécier voir Christan patauger dans cette piscine surnaturelle. Elle se délectait de voir son ennemi se débattre en vain et l’éclat satisfait l’observait avec attention. Les poumons de l’Alayien réclamaient l’air qu’elle lui avait sournoisement arraché et un sourire fendit son visage. Un rire teinté d’amusement s’échappa même de ses lèvres noires, puisant dans l’air dont il avait tant de besoin en ce moment.

C’était de la faute de l’Aldarien s’il était en pareille situation. Du moins, c’est ce que la dame blanche croyait fermement. S’il n’était pas venu la déranger à la taverne tandis qu’elle buvait tranquillement, il n’en serait pas là. S’il n’avait pas cherché à la confronter, elle ne se serait pas sentie obligée de se défendre en attaquant la première… car tout le monde sait que l’attaque est la meilleure défense. S’il n’avait pas jadis bousillé ses plans, elle ne lui aurait pas porté une haine aussi forte. Il n’aurait peut-être même pas eu droit au doux son de son rire.

Encore quelques secondes, voire quelques minutes, il n’y aurait plus de Christan Weren. Son ennemi ne serait plus qu’un sombre souvenir. Dommage, car il l’avait bien amusée à la fin… Elle se tut, se concentrant sur les derniers instants de son poisson.

La surprise marqua son visage lorsqu’un premier carreau la frôla et elle maintint sa concentration suffisamment sur son sort pour ne pas qu’il lâche. Se retournant vivement, elle vit alors que son duel se transformait en : tous contre elle. En effet, des hommes s’approchaient de la clairière et elle pouvait voir leurs arbalètes entre les mains des premiers et leur lame luirent sous les rayons de la lune. Une volée de carreaux se dirigea vers elle et elle se déplaça afin de les éviter. Un seul toucha et ce fut suffisant pour lui arracher une plainte douloureuse. Elle ne regarda pas, mais sentait déjà les pans de sa robe devenir anormalement humide.

Le constat vint rapidement : elle ne ferait pas le poids contre tous ces gens. Un regard frustré se posa sur Christan. Si elle voulait, elle pouvait mettre fin à ses jours. Mais le temps lui manquait… Si elle prenait cette décision, c’est à la mort ou pire, à sa capture, qu’elle se dirigerait.


La bulle avait éclaté sous sa voix amère. Elle avait relâché la magie qui la maintenait en place. L’armure humaine s’était écrasée lourdement sur le sol et l’air put enfin pénétrer dans ses poumons.


Sombréclat faisait une révérence en sa direction. Elle le salua également d’un geste de la main tandis que son corps s’effaçait sous ses yeux. Des cris retentirent derrière elle et des carreaux volèrent en sa direction. Mais il n’y avait alors plus aucune dame pour en être la cible. Ou pas? La neige était devenue écarlate sur ses traces de pas.

Spoiler: