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Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE

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MessageSujet: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeSam 14 Juin 2014 - 15:28



Une pièce d'or, voilà ce que lui avait ramené Christan de son périple dans le désert. En apparence, rien ne semblait devoir la différencier des milliers d'autres qui circulaient dans tout l'Empire mais à la différence de ses multiples consoeurs, celle-ci était liée d'une manière ou d'une autre à la magie des esprits supérieurs : selon ce que lui en avait dis l'aventurier alayien, il s'agissait d'un objet connu comme la Pièce de Feu. Ses pouvoirs véritables demeuraient un mystère et nécessiteraient un examen plus approfondi, auquel le Prêcheur ne pouvait cependant pas se livrer au beau milieu d'un campement provisoire installé aux frontières du désert. S'agissait-il d'une arme que les Esprits parjures avaient créée dans l'espoir que les Armandéens pussent s'en servir et nuire à leur aîné ? Cela semblait difficile à croire mais cette possibilité ne pouvait être totalement écartée, quand bien même elle fut tout aussi difficile à confirmer. Si Aldakin avait espéré obtenir des réponses en s'emparant de cet objet, il n'était au final parvenu qu'à se poser davantage de questions, et Néant ne semblait pas devoir être en mesure de lui apporter son concours : pour une raison qui échappait encore à la compréhension du Serviteur alayien, il lui avait été impossible de faire franchir un vortex de transport à la pièce. Etait-ce Néant qui se refusait à ce que l'objet approcha son pouvoir ? Ou au contraire l'objet lui-même qui était protégé d'une manière ou d'une autre contre les pouvoirs de l'Unique ? Une question, une de plus, qui resterait sans réponse pour l'instant.

Quoiqu'il en fut, la priorité du moment demeurait bel et bien de mener cet objet en lieu sûr, en attendant que soit déterminé le sort qu'il convenait de lui réserver. Ainsi, puisqu'il ne pouvait alors pas voyager par l'intermédiaire d'un portail du Néant, le général s'était-il résigné à chevaucher à travers les plaines, en direction de Gloria. En temps normal, semblable périple requérait au moins deux semaines de voyage, mais Aldakin n'en avait pas moins planifié de parcourir cette distance en exactement six jours. Ce prodige nécessitait certaines concessions cependant : il lui faudrait chevaucher nuit et jour, sans trêve ni repos, et ne s'arrêter que quelques minutes quotidiennes, soit le temps de faire boire sa monture. Lui même ne mangerait pas, ne boirait pas, ne dormirait pas. Sa foi inébranlable en celui qu'il vénérait était son plus précieux atout pour astreindre son corps à de si sévères privations et de fait, le Prêcheur voyagerait seul pour cette fois. Une escorte n'eut pu que le ralentir et seul le pouvoir du Néant dont elle avait été bénie permettrait à sa monture de survivre à cette chevauchée presque ininterrompue. Ainsi débuta le voyage d'un sombre cavalier.

Le soir du deuxième jour s'annonçait, Aldakin et sa monture approchaient d'un pont de bois qui enjambait une modeste rivière. L'incessant martèlement des sabots ferrés vit son rythme ralentir progressivement, tant et si bien que le galop se mua en trot, lequel se mua à son tour en un pas lent tandis que le cavalier alayien tirait doucement sur la bride de son destrier. Deux minutes, c'était tout ce qu'il était prêt à accorder au puissant animal pour s'abreuver des eaux claires. Autour d'eux régnait un silence à peine perturbé par le son cristallin de l'eau s'écoulant inlassablement sur les pierres. L'attention du Prêcheur fut toutefois brutalement attirée vers le sud, dans le ciel duquel venait d'apparaître une ombre distante. Ses sourcils se froncèrent tandis que son regard de ténèbres s'efforçait de percer les contours de cet objet volant non identifié. Dans le lointain, une nuée d'oiseaux compacte pouvait probablement ressembler à une masse difforme et incertaine, mais l'ombre grandissait rapidement, signe qu'elle s'approchait à vive allure, et bientôt, les formes se précisèrent. Un corps massif flanqué d'une paire d'ailes démesurées, des pattes puissantes, une longue queue écailleuse et surtout, une gueule garnie de crocs effilés. Un dragon.

« Néant tout puissant. »

Cela n'avait été qu'un murmure à peine audible, presque insignifiant en comparaison du problème qui se dirigeait droit vers lui. Car Aldakin n'était pas de ceux qui croyaient à la coïncidence, ce dragon écarlate se dirigeait précisément vers lui et cela ne pouvait certainement pas être un simple caprice du hasard. Le monstre d'écailles le recherchait, ou plutôt l'avait-il trouvé : son vol était précis et ne laissait pas transparaître la plus petite trace d'hésitation. Fuir ? Difficile à concevoir. S'il surpassait sans peine les chevaux ordinaires, le destrier du Néant n'était pas encore en mesure de battre un dragon à la course. Combattre ? Il n'aurait peut-être pas le choix, et après tout, l'éradication des dragons faisait partie de ses objectifs de guerre. Une armée n'eut toutefois pas été de trop pour cette fois. Le Prêcheur s'était certes déjà retrouvé face à face avec un représentant du peuple d'écailles, pendant la bataille des Bois Sombres, mais celui qui se profilait au loin appartenait assez nettement à la catégorie de poids supérieur. Ce n'était pas non plus l'horrible immensité de la matriarche, mais il n'en demeurait pas moins ce qu'il convenait d'appeler un adversaire de taille, dans tous les sens du terme.

Avec des gestes lents et sûrs, Aldakin mit pied à terre et s'éloigna de sa monture pour s'avancer au milieu d'un champs d'herbes hautes qui lui montaient jusqu'aux genoux. Ainsi exposé, il était nettement visible et ne faisait d'ailleurs aucun effort pour se dissimuler, visiblement très peu concerné par le sillage qu'avaient tracés ses pas dans l'étendue herbeuse et qui, du ciel, devait sembler une véritable flèche pointée sur lui. Il s'immobilisa tandis que son bouclier glissait de son dos vers son bras et que sa lance venait prendre sa place dans sa main droite, pointe dressée vers les cieux. Debout, solidement campé sur ses jambes, les épaules détendues et le visage serein, il attendit patiemment l'arrivée du monstre écarlate.
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MessageSujet: Re: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeDim 15 Juin 2014 - 15:05

¤ Invitation à danser ¤


Les incapables, Edwyn ne pouvait certes se diviser en quatre malgré ses grands pouvoirs, mais était-ce une raison pour confier des tâches aussi importantes à des bipèdes sous évoluer ? Pfeu ! Si Edwyn avait eu un peu plus de jugeote, il aurait très bien pu aller en chercher une et lui demander gentiment, en plus de quelques informations tant désirer par Verith, d'aller chercher les deux autres. Ou même tous ! Cela aurait été tellement plus rapidement, mais même cela aurait été un gage de réussite ! Mais non ! Le Tarenth aux larmes d'argent avait dû demander l'aide des trois autres races pour aller chercher les derniers artefacts. Certes d'après ce qu'il avait dit deux étaient arrivés à bon port, mais le troisième, les Alayiens avaient réussi à mettre la main dessus. Une fois de plus, cela montrait l'inefficacité, bien qu'évidente des bipèdes.

Voilà donc pourquoi le dragon rouge volait à vive allure, tenant fermement Ruddy à l'abri entre ses griffes d'ébène, dans le ciel voiler des couleurs crépusculaires, suivant la direction que lui indiquait son passager. Un détour, un détour voila ce qu'ils devaient ! Et voilà le temps qu'il allait perdre, alors que quelques heures plutôt le Tarenth lui avait annoncé que le Baptistrel allait mettre la main sur Dévoreuse. Un elfe, avec entre les mains un objet pouvant lui nuire. Impensable ! Inacceptable ! Le rogue fulminait intérieurement de colère, alors que son vol se faisait encore plus rapide, ses ailes battant bruyamment l'air, tel une nué d'éclairs en approche, déchirant le calme du ciel.

Une pièce, une pièce, tout cela pour une pièce appartenant à l'esprit du feu. Incapable de ramener une simple pièce ! L'enfant de la l'ire soupirait intérieurement, essayant de s'imaginer s'il pouvait y avoir pire que cela... Et effectivement il y avait pire, bien pire que l'ennemi en possession de cet objet. En pire, Verith entendait bien sûr, plus dérisoire et pitoyable. En effet, ceux qui l'avaient réceptionné auraient très bien pu s'en servir, s'ils avaient ignoré de quoi il s'agissait, pour se payer de quoi se nourrir, boire ou même dormir.

Le dragon couleur grenat, se mêlant à merveille avec les couleurs du crépuscule, reprit petit à petit de l'altitude pour que les fraicheurs du haut ciel calme le feu naissant en lui. Il serait en effet dommage que sous un excès de colère, il ne serre les pattes, oubliant la présence d'Edwyn entre celles-ci et ne le presse comme un citron. Les yeux perçants de la créature céleste balayaient le sol alors que son passager lui disait qu'il s'approchait de l'objet. Plissant ces dernières il remarqua, il le remarqua. Le petit bipède. Celui-ci était encore loin, près de sa monture qui était en train de s'abreuver. Bien, il le mangerait lui et sa monture. Une pierre deux coups.

Levant un sourcil, intrigué, l'être en question sembla s'éloigner de l'équidé, s'avançant dans le champ et s'armant. Il l'avait repéré ? Le rouge fit glisser ses yeux de gauche à droite. Il y avait peu de nuages et il ne voulait pas très haut, rien d'étonnant alors. Un sourire mauvais vint éclaircir ses lèvres alors qu'il observait l'Alayiens. Celui-ci levait sa lance en sa direction. Un rire rauque et profond s'échappa du colosse de flammes. Les inconscients ! Les fous ! Celui-là les dépassait tous ! Il les transcendait. Ce misérable bipède le défiait ! Il l'invitait à danser la danse du combat, de la guerre, du sang et du carnage !

« Edwyn, cette fois-ci, on fait à ma façon ! Après tout, nous n’avons pas de temps à perdre. »


Verith déploya plus largement ses ailes alors qu’il descendit en piquer, se redressant finalement pour longer le sol à toute vitesse. Lentement, le rouge fit passer Edwyn dans une de ses mains, l’emprisonnant dans cette dernière contre son poitrail le protégeant ainsi. Sa vitesse amplifier par celle gagner lors de la descendre, le fils de la l’ire fondit droit sur l’être qui osait le défier. Levant sa patte avant droite, désormais libre, il vint la coller contre son flanc droit, paume ouverte. Prêt à l’élancer droit devant lui pour se saisir de l’inconscient.

Projetant son esprit contre l’Alayiens, Verith laissa exploser sa l’ire dans son esprit en un grondement terrifiant.

¤ Toi qui oses me défier, moi Verith de l’ire ! Je vais te faire connaitre mille et une souffrance avant de t’accorder la délivrance dans la mort ! ¤


Le rouge s’approchait à vive allure et élança sa patte griffue droit devant lui.

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MessageSujet: Re: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeVen 20 Juin 2014 - 20:43

Il sentait le vent à travers les griffes du dragon, mais c'était à peine si il s'en apercevait. Il sollicitait son pouvoir au maximum, se plongeant aussi profondément qu'il le pouvait dans l'avenir, étirant ses visions jusqu'à ce que ça en devienne quasiment douloureux. Il avait terriblement besoin de voir tous les détails de ce qui allait se passer, ils étaient tout proche du point de rupture et il n'avait pas le droit à la moindre erreur... Même la frayeur qu'il ressentait à l'égart de l'épreuve qui se rapprochait pour lui n'était que poussière à côté du désir qu'il avait de bien faire et de sauver Armanda des périls à venir. Rien au monde ne pourrait l'empêcher de faire ce qu'il estimait juste, et tant pis si pour cela il devait encourir un sort terrible.

L'esprit du dragon vint le perturber dans son effort et il émergea avec difficulté. Quoi ? Ils avaient déjà trouvé le porteur de la pièce ? Diantre, il avait oublié à quel point cela allait plus vite de voyager avec un ancestral... Il acquiesa mentalement :

"Nous n'avons plus vraiment le temps de faire autrement de toutes manières, et cet être là serait sans doute plus difficile à convaincre que l'humain de l'autre fois. Soit, nous allons nous montrer plus fermes. Mais ne va quand même pas jusqu'à le dévorer avant que je ne lui parle..."

Il commençait à le connaître son compagnon rouge, et il serait dommage de devoir aller récupérer la pièce au fin fond de son estomac... Là pour une perte de temps, ce serait réussi ! Non vraiment, ils ne pouvaient pas se le permettre. Et puis même si ses visions ne lui montraient que peu de probabilités que cela se passe bien et que le Prêcheur accepte de leur donner la pièce, il espérait quand même. On ne se refaisait pas après tout, surtout à son âge. Au moins lui laisserait-il une chance, ne serait-ce que par principe, il y tenait.

Son coeur se souleva tout à coup de sa poitrine tandis que le dragon piquait vers le sol et il plissa les yeux pour tenter de voir leur cible. Ils se posèrent avec la douceur d'une métérore devant le pauvre serviteur du Néant qui devait se demander ce qui pouvait bien lui arriver et le Tarenth grogna quelque peu lorsque son compagnon le serra contre son poitrail. Ah ça pour être protégé, il était protégé en ce lieu, mais pas vraiment libre de ses mouvements... Sa voix résonna, paisible :

"Pose moi Verith."

C'était une demande plus qu'un ordre, mais il ne comptait pas non plus vraiment lui laisser le choix si jamais il refusait. Les Tarenths n'étaient pas fait pour planer aussi haut au dessus du sol, qu'on se le dise. Aussi fut-il fort satisfait de se retrouver à terre peu de temps après. L'explosion mentale du dragon dans l'esprit de leur nouvel interlocuteur ne lui avait évidemment pas échappé, mais il ne tenta pas vraiment de le tempérer. Toujours aussi paisible, il se contenta d'appuyer :

"Vous devriez baisser votre lance Aldakin du Néant. Mieux vaut éviter tout malentendu en présence de mon compagnon."

Que l'autre obtempère ou pas, il restait un être poli et courtois. Aussi continua-t-il en s'offrant même le luxe d'une légère inclinaison du buste :

"Je suis Edwyn, celui que l'on nomme le Voyageur. Vous possédez un objet dont j'ai besoin."

Simple constatation, il n'avait même pas besoin de le réclamer pour se faire comprendre. Son regard argenté se fixa dans les prunelles vides qui lui faisaient face et il sourit d'un petit air d'excuse :

"Je suis confus de vous presser ainsi, mais je n'ai que très peu de temps devant moi. Aussi serais-je bref. Cette pièce vous est parfaitement inutile, elle ne possède pas de pouvoir propre et est incapable de causer du tort à l'Esprit que vous honorez avec une si belle constance. Ne nous obligez pas à venir la chercher."

D'autant plus qu'il pourrait alors avoir la surprise de constater que Verith n'était pas forcément son plus terrible adversaire. Patient, le Tarenth attendit la décision du serviteur non sans chercher encore à l'orienter dans un souffle :

"Je ne suis pas un ennemi du Néant."
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MessageSujet: Re: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeMer 25 Juin 2014 - 18:25

Attendre. Attendre encore. Et encore. Aussi simple que cela puisse paraître, le simple fait de patienter représentait parfois le plus grand défi auquel était confronté le combattant. Pourtant, et alors même que le plus élémentaire instinct de survie aurait commandé à quiconque de prendre ses jambes à son cou pour tenter de fuir la colossale montagne de muscles, de griffes, de crocs et d'écailles qui se précipitait à sa rencontre avec d'évidentes intentions belliqueuses, Aldakin attendait. Immobile, drapé de son inséparable chasuble grisâtre élimée par endroits, il paraissait totalement indifférent aux rugissements menaçants qui accompagnaient le piqué que venait d'effectuer le monstre écarlate dans sa direction. Non, il était encore trop tôt, il fallait attendre. Attendre encore. Le Serviteur du Néant encaissa de plein fouet le grondement rageur que le dragon fit brusquement tonner dans son esprit, ne s'accordant pour toute réaction qu'une imperceptible contraction de la mâchoire accompagnée d'un discret mouvement au coin des lèvres. Parfait, l'Alayien partait donc avec un avantage. Curieuse constatation s'il en était, le rapport de force n'était pourtant clairement pas en sa faveur mais l'esprit froidement calculateur du tacticien émérite avait déjà cerné une première faille chez son adversaire. L'abominable écailleux semblait en effet en proie à la plus intense rage qui fut, qui était et qui serait. Autrement dit, il ne réfléchirait pas. Ou pas assez. Dans la représentation mentale que se faisait Aldakin de la situation à laquelle il se retrouvait confronté, la maîtrise du combat venait donc de faire un pas dans sa direction : l'initiative lui appartenait désormais d'en user à bon escient.

En fait, c'était même en soulignant cette ire dont il paraissait tirer une fierté certaine que le dragon s'était présenté. Verith de l'ire. Verith le coléreux. Et comme l'on pouvait aisément le supposer, celui-ci vint confirmer éprouver à l'égard du général Alayien des intentions pour le moins agressives et finalement assez peu en adéquation avec les projets que pouvait nourrir le principal concerné.
Aldakin cligna de ses yeux sombres tandis que ses lèvres s'agitaient pour formuler quelques mots à peine murmurés :

« Enchanté, Verith de l'Ire. Je suis Aldakin du Néant, et je n'ai pas l'intention de mourir. »

L'instant approchait, aussi rapidement que l'écailleux comblait la distance qui le séparait de sa proie. Si le religieux à la lance agissait trop tôt, la bête aurait le temps de corriger la trajectoire de son attaque et refermerait ses griffes sur lui. S'il agissait trop tard, la sentence serait la même. Alors il attendait, patiemment, que se présenta le bon moment.

A mesure qu'il sentait approcher l'instant tant attendu, le Prêcheur s'était lentement penché vers l'avant et avait plié les jambes pour assurer ses appuis, si bien que lorsqu'enfin le moment d'agir fut sur lui, il était prêt. D'un bond souple et rapide, l'alayien projeta son corps non pas vers l'arrière, car c'eût été se condamner, ni sur les côtés, la patte qui s'élançait à sa rencontre était bien trop large, mais dans la seule direction où on ne l'attendrait pas : vers l'avant. Aldakin sentit distinctement l'appel d'air qu'avaient provoqué les griffes d'ivoire en le frôlant mais la précision de son timing avait été telle que le dragon n'avait pu rectifier son attaque et le survola sans lui causer de dommage. Le général se réceptionna en une adroite roulade qui le ramènerait bien vite en position debout. A peine eut-il achevé son mouvement qu'il sentit le sol trembler sous ses pieds tandis qu'un grondement sourd s'élevait dans l'air soudainement saturé de poussière, autant de signes pour l'informer que l'écailleux avait touché terre.

Aldakin se retourna immédiatement, bouclier levé et lance à la main, pour monter à l'assaut de son colossal adversaire mais s'immobilisa devant la mince silhouette qui venait de surgir dans le nuage poussiéreux soulevé par le brutal atterrissage. Non pas qu'il fut étonnant qu'un dragon soit accompagné de son dragonnier, bien sûr, mais il était assurément autrement plus surprenant de s'entendre conseiller aussi gentiment d'éviter tout malentendu de la part du lié d'une créature dont le Prêcheur avait proclamé l'éradication. Néanmoins, l'hypothèse que celui qui se tenait devant lui fut dragonnier s'éloigna rapidement tandis qu'il se présentait. C'était donc lui qui allait et venait d'un bout du continent sans jamais demeurer suffisamment longtemps dans un même endroit que pour que l'on put prétendre savoir où il se trouvait. Et l'objet auquel faisait référence ce mystérieux Edwyn ne pouvait être que la pièce qu'il transportait, ce qui lui fut d'ailleurs rapidement confirmé tandis que l'autre expliquait sincèrement espérer que le religieux la remettrait sans faire d'histoire, précisant même ne pas être l'ennemi du Néant. Voyez-vous cela.

Le regard ténébreux du général Alayien désigna brièvement le monstre écarlate fulminant qui encombrait la vue derrière le discret voyageur tandis qu'il répliquait avec le même calme que celui qu'affichait son interlocuteur :

« Vous n'en êtes pas un allié pour autant, semble-t-il. »

En dépit de la requête qui lui avait été soumise, Aldakin n'avait pas vraiment abandonné sa posture de combat et demeurait même totalement concentré sur l'éventualité d'une nouvelle attaque.

« Vous me pardonnerez de ne pas me présenter, mais vous semblez déjà me connaître et si tel est bien le cas, alors vous comprendrez aisément qu'il n'y a guère de malentendu possible. Je suis venu libérer Armanda du joug de la magie, votre compagnon est un obstacle dans l'accomplissement de cet objectif. Il doit mourir. »

Une certaine forme de fatalisme avait enrobé les trois derniers mots qu'il avait prononcé, mais il n'en demeurait pas moins fermement convaincu de ce fait. L'attention du Prêcheur revint se poser sur le dénommé Edwyn tandis qu'il poursuivait ses explications avec cette implacable froideur qui le caractérisait tant :

« Que cette pièce possède un pouvoir ou non, elle semble digne d'intérêt pour ceux qui se sont proclamés mes ennemis, elle est donc digne d'intérêt pour moi. En conclusion, si vous n'avez guère d'argument plus convaincant à me soumettre, je crains que vous ne soyez contraint de venir la chercher. Si tant est que vous en soyez capables... »

Affronter un dragon de bonne taille et son dragonnier, ou qui que soit celui qui l'accompagnait, n'avait assurément rien d'une agréable perspective, mais prendre le risque de décevoir Néant l'était moins encore.
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MessageSujet: Re: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeSam 28 Juin 2014 - 17:24

¤ Invitation à danser II ¤


Verith fonçait au raz du sol, ses ailes tendues, pousser par l'accélération acquit lors de la chute libre, droit en direction de l'Alayiens, de l'être qui était en possession de la pièce de feu. La patte avant libre du dragon était tendue droit devant lui pour saisir sa cible. Il aurait pu le saisir entre ses crocs, mais le risque d'avaler la pièce n'était pas nul. Il aurait pu le disloquer d'un seul coup de patte, mais l'enfant de la l'ire ignorait la résistance de l'objet. Pouvait-il ou non être détruit ? Même si c'était peu probable appartenant à un esprit, même s'il pensait qu'aucun objet ne soit indestructible, il préféra ne pas prendre de risque. Attraper l'ennemi, le broyer entre ses pattes, puis récupérer la pièce de feu des restes de l'ennemi était la meilleure des solutions. Grondant à l'encontre de l'adversaire, frappant son esprit du sien pour annoncer la couleur de leur rencontre, il entendit la réponse de ce dernier.

Aldakin du Néant, et il n'avait pas l'intention de mourir, malheureusement celui que les humains nommaient Aile de mort n'avait pas l'intention de lui laisser le choix. Alors que le moment fatidique approchait, l'adorateur de Väsà ne bougea pas. L'idée stupide de pouvoir l'arrêter dans sa course lui effleurait-elle l'esprit ? Ah ! Il ferait tomber se prétentieux de son perchoir. Mais finalement l'être bougea, se ruant vers Verith. Encore plus fou ! Il comptait l'affronter de face. Soit ! Sa lance se briserait en premier contre ses écailles, son bouclier suivrait et enfin il ferait chanter ses os dans un macabre berceur.

Néanmoins, ce cloporte était agile et réussi à esquiver, frôlant ses griffes, arrachant un grognement de mécontentement au rouge. Tant pis, il avait eu de la chance, mais la chance ne durerait pas. Il l’aurait au prochain passage ! Le bipède passa sous lui alors qu’il le survolait, roulant pour se remettre en position. Verith lui s’apprêtait à reprendre de l’altitude quand la demande d’Edwyn claqua dans son esprit. Bon sang ! Ne pouvait-il pas la fermer pour une fois et le laisser faire ? Se contenter de se régaler du spectacle dont il avait l’honneur d’assister ?

Le rouge se posa sans douceur, ses ailes venant bloquer l’air pour le ralentir et ses griffes se planter dans le sol qu’il lacéra pour se stopper. Sa queue elle claqua en direction de l’Alayien pour l’empêcher d’approcher, le sentant courir à nouveau vers l’arme levée, prêt à combattre. La massive patte du dragon retenant le Tarenth s’approcha du sol, libérant celui qu’elle enfermait. Le prêcheur s’arrêta alors qu’Edwyn commença à parler. Perte de temps que tout cela ! Pourquoi lui parler, il fallait faire vite et parler prenait du temps. De plus, Ruddy demandait la pièce d’une manière toujours naïve qui donnait envie au rouge de le cogner.

« Vous me pardonnerez de ne pas me présenter, mais vous semblez déjà me connaître et si tel est bien le cas, alors vous comprendrez aisément qu'il n'y a guère de malentendu possible. Je suis venu libérer Armanda du joug de la magie, votre compagnon est un obstacle dans l'accomplissement de cet objectif. Il doit mourir. »


Le fils de Skade cracha des flammes par ses nasaux alors qu'il se plaçait en position de combat, prêt à fondre sur son adversaire. Il voulait le tuer ? Lui l'incarnation même de la l'ire. Il voulait libérer Armanda de la magie ? Plaisanterie de mauvais goût que tout cela.

« Edwyn ! Il n'est plus l'heure de parler. Cet être veut ma mort, il me provoque donc clairement ! Je vais lui accorder l'immense privilège d'un combat singulier. N'interviens pas, cela sera vite terminé. Je vais l'envoyer auprès de Väsà esprit du néant comme un avertissement. Je tuerais personnellement tous ceux qui veulent s'en prendre à ma race ! »


Sans attendre de réponse, Verith passa devant le Tarenth, fusillant du regard le serviteur du Néant.

« Nous avons un point en commun bipède. Nous sommes l'un et l'autre un obstacle dans l'accomplissement de la tâche de l'autre. Toi libérer Armanda de la magie, moi préserver ma race des bipèdes. Un objectif mourra ce soir. Mais ce ne sera pas le mien. »


Verith se dressa, ouvrant sa gueule qui s'illumina et fit tomber un torrent de flammes sur l'Alayien. L'objet était la pièce de feu, un objet appartenant à l'esprit du feu, elle devrait donc pouvoir survivre à ses flammes. Il n'aurait qu'à la récupérer dans les cendres de ce fou. Mais ce qu'ignorait Verith, était que ce fanatique-là était ignifugé.

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MessageSujet: Re: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeMar 1 Juil 2014 - 23:30

Pour une fois, la colère de Verith n'était pas forcément un problème. Ils n'avaient pas le temps de trop parlementer même si il avait voulu tenter tout de même, et la personne qu'ils avaient en face d'eux était pour le moins particulière. Elle ne céderait pas facilement, voir pas du tout... Edwyn ne pouvait qu'espérer ne pas être obligé d'aller trop loin pour obtenir ce qu'il voulait, mais c'était sans doute un voeux pieux. Il avait étudié les Alayiens avec intérêt lorsque ceux-ci avaient débarqués sur les îles Tarenths et bien que leur dévotion soit tout à fait honorable à ses yeux, elle frisait le plus souvent des limites extrêmes qu'il comprenait mal. Quand à leur rejet total des autres Esprits... Voilà qui était pour le moins perturbant, et désolant. Le monde était un tout, en rejeter la moitié ne pouvait être qu'une erreur et il craignait fort que ce peuple n'ai à en assumer les conséquences un jour ou l'autre. Les Esprits n'étaient pas forcément tendres avec ceux qu'ils estimaient en faute, il était bien placé pour le savoir.

Il ne contraria pas le dragon dans son désir de combat et de sang, le laissant lui passer devant en affichant un visage sombre mais non réprobateur. Il n'aimait pas du tout cette scène, mais elle était indispensable. Les paroles du serviteur du Néant le prouvaient bien d'ailleurs... Le joug de la magie hein ? Il avait eu un sourire quelque peu ironique en entendant cela. L'autre ne pouvait évidemment pas le savoir mais si il voulait s'en prendre à la magie alors il faudrait qu'il détruise aussi bien le dragon que le Tarenth, et les deux points seraient aussi difficiles l'un que l'autre. Une chose avait néanmoins attiré son attention, le confortant dans une vieille opinion qu'il avait forgée suite à ses visions. Le Prêcheur ne prenait pas plaisir à tout ceci... Il était dans l'erreur, mais il n'était pas foncièrement mauvais. Ou pas au sens où Edwyn l'entendait. Ce que cela changeait ? Rien du tout hélas en l'état actuel des choses, mais c'était une information très intéressante. Peut-être serait-elle utile un jour... Fataliste, il répondit au défi de son interlocuteur d'un air peiné :

"Hélas mon ami, la question n'est pas d'estimer si nous en serons capables. Mais plutôt de savoir si nous y parviendrons sans vous faire trop de mal..."

Ce qui était plutôt mal parti vu les dispositions du rouge. Sans doute allait-il justement voir rouge face à ce questionnement, mais tant pis. Edwyn était Edwyn, il ne comptait pas changer simplement pour faire plaisir à son compagnon. Et il ne l'empêchait pas d'agir après tout, ce qui était déjà énorme. Calmement, il répliqua à l'écailleux :

"Väsà n'a pas besoin qu'on l'avertisse de quoi que ce soit, elle voit très bien ce qui se passe en ce monde."

Et elle serait même bien capable d'intervenir et d'avertir plutôt elle-même le dragon si elle en avait l'occasion... C'était là dessus qu'Edwyn devait se montrer prudent, il ne devait pas dévoiler ses cartes trop rapidement et cela impliquait de laisser Verith agir tout en restant en arrière, prêt à le couvrir si besoin était. Non pas qu'il puisse grand chose face à un Esprit Supérieur, mais il serait le seul à pouvoir agir et il n'ignorait pas que Néant devait déployer un effort intense pour pouvoir intervenir dans ce plan. Sans doute ne prendrait-elle pas ce risque, mais comment savoir ? Le Prêcheur était l'une de ses pièces maîtresses... Et elle ne pouvait pas voir d'un bon oeil les objectifs poursuivit par lui et Verith. Il fallait donc rester prudent.

Ses prunelles argentées demeurèrent donc concentrées tandis qu'il observait l'avance du dragon. A priori le serviteur du Néant n'avait que très peu de chances de s'en tirer, mais il n'ignorait pas que les situations les plus prévisibles n'aimaient rien plus que de prendre un tournant imprévisible justement. Il s'était décalé quelque peu afin d'observer le combat sans y prendre vraiment part mais en restant disponible. Il ressentit l'effort magique du dragon avant même que celui-ci ne commence à déverser ses flammes et plissa légèrement les paupières lorsque la chaleur du brasier vint effleurer sa peau. Pas de quoi le blesser, il avait déjà maîtrisé sa température. Quand à l'autre... Edwyn n'ignorait pas l'impuissance de tous les Alayiens, ni le fait que les serviteurs possédaient certains pouvoirs spéciaux mais il lui fallu tout de même se concentrer sur la magie, ou plutôt l'absence de magie qui entourait le concerné pour comprendre que les flammes intenses du dragon ne donneraient rien. Néant exerçait efficacement sa protection, et ce n'était pas une force à laquelle un Tarenth pouvait facilement s'opposer. Par contre il pouvait empêcher la contre attaque. Il serra la mâchoire en voyant l'Alayien esquisser sa contre attaque et leva la main, paume en avant :

"Il est une magie qui égale le Néant."

Son bouclier se matérialisa aussitôt, l'englobant ainsi que le dragon et brisant net la contre-attaque du prêcheur. Eclatant, celui-ci n'avait que faire du verre noir et de n'importe quelle bénédiction. Nul autre qu'un Esprit ne pouvait le franchir, et il était un avertissement parfait. Il disparu à l'instant où le Tarenth resserra ses doigts et les prunelles d'argent se plongèrent dans le vide du regard adverse, pleines d'une calme sommation :

"Tu n'es pas immunisé contre moi, Prêcheur. Ni contre les crocs et les griffes de Verith. Renonce."

Ils se toisèrent un court instant, mais la résolution de son adversaire ne laissait pas le moindre doute et il laissa échapper un léger soupir. Peut-être allait-il se montrer plus conciliant une fois qu'il serait au bord du précipice.. .Mais la chute risquait d'être trop rapide pour qu'Edwyn puisse la stopper, surtout si c'était Verith qui lançait l'attaque. Décidé à le décourager aussi vite que possible, il tendit brutalement la main vers la lance que l'autre tenait fermement et y exerça son pouvoir. Une seconde plus tard, elle brûlait atrocement la main du prêcheur.
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MessageSujet: Re: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeMer 9 Juil 2014 - 19:36

Inflexible, Aldakin leva son regard d'ombre vers les prunelles dorées du dragon qui le surplombait majestueusement. Noble et fabuleuse créature écarlate dont la puissance n'avait d'égale que la haine que dégageait le regard qu'il laissait peser sur l'homme de foi. Un trophée à nul autre pareil, également, car le spectacle de ce crâne massif figé dans la mort serait assurément l'une des plus formidables preuves que les pouvoirs de Néant ne pouvaient être surpassés. Les nouveaux adeptes à l'adoration de l'Aîné Véritable se compteraient en milliers d'individus lorsqu'il serait parvenu à faire fléchir un membre éminent de la race qui, aux yeux de trop nombreux Armandéens encore, incarnait l'espoir. L'espoir. Aux yeux du Prêcheur, il s'agissait avant tout de tromper des esprits trop longtemps damnés et pervertis par la magie, laquelle n'était autre qu'une illusoire liberté qui ne dissimulait en réalité que le plus sournois des asservissements. Des chaînes qu'Aldakin entendait briser, et dont l'une des clés se trouvait justement devant lui. A son plus grand regret d'ailleurs, car loin de l'effrayer, les mots du dragon aux écailles de sang attisèrent la plus sincère empathie et les plus vifs remords du serviteur alayien. Celui-ci resserra l'étreinte de ses doigts sur sa lance, en prévision du combat, tandis qu'il acquiesçait d'un silencieux hochement de tête. Oui, cela serait vite terminé. Aldakin n'était pas homme à laisser souffrir inutilement quelque être vivant qui fut, en ce compris un dragon au sale caractère. Son exécution serait aussi propre et rapide que cela lui serait possible, encore qu'en ce qui concernait la propreté, il n'était pas certain du résultat final. La cuirasse d'écailles des dragons ne présentait que peu de points faibles, et c'était justement sur l'un de ces points faibles qu'était concentrée l'attention du lancier noir. L'oeil d'or de la bête, splendide joyaux dont l'orbite était assez grande pour que l'alayien encapuchonné put se tenir debout à l'intérieur, ce qu'il avait précisément l'intention de faire d'ailleurs. Du gâchis, vraiment, que de détruire semblable éclat, et Aldakin doutait que même les plus brillants maîtres empailleurs parviendraient à y faire briller l'illusion d'une flamme aussi pure.

L'alayien prit une dernière inspiration, lente et profonde, avant de relâcher l'air en un soupir apaisant. Il ramena alors son regard vers l'humain qui accompagnait la bête, et lâcha trois mots :

« Je suis désolé. »

Ironie du sort, pas plus l'un que l'autre ne semblait souhaiter ce combat, mais pas plus l'un que l'autre ne pouvait permettre qu'il en fut autrement. En d'autres temps, en d'autres lieux, en d'autres circonstances, sans doute auraient-ils pu discuter.

L'instant suivant, Aldakin avançait une jambe vers l'avant, dressant son bouclier de verre noir pour s'opposer au torrent incendiaire que le monstre écarlate déversait sur lui. Non pas qu'il craignit la chaleur des flammes auxquelles il était parfaitement insensible, mais pour s'éviter d'être emporté ou déséquilibré par le courant incandescent qu'il contrait. Sa botte glissa sur la terre surchauffée dont la surface n'était déjà plus que cendres tandis qu'il prenait appui pour amorcer sa propre attaque. Au bout d'un temps qu'il n'aurait pu déterminer, l'affaiblissement de la fureur enflammée dont il était la cible fut le signal qui amena la haute silhouette du serviteur à se retourner pour se pencher vers l'avant. Les dernières flammèches achevaient de se consumer sur les rebords fumant de sa chasuble lorsqu'il expédia un choc du Néant droit vers le sol, laissant l'effet de réaction projeter son corps en direction du visage écailleux. La pointe effilée de la lance se tendit vers l'avant, comme attirée en direction de l'étroite pupille qui s'ouvrait dans le globe d'or que représentait l'oeil de la bête.

L'arme d'Aldakin n'atteignit jamais son but, cependant, car au lieu de quoi son assaut se brisa sur le bouclier qui venait de se dresser devant elle. Bouclier de magie dont le heurt arracha un grognement stupéfait au serviteur alayien : sa lame pouvait percer n'importe quel bouclier de ce genre, nul sort ne pouvait se prétendre une barrière à son corps béni par la volonté de l'Esprit Unique, et pourtant, le mur immatériel qui venait de l'arrêter en plein vol n'était que magie pure. La surprise était de taille, et le général ne dut qu'à son agilité propre d'être capable de se réceptionner souplement sur le sol. Il n'avait pas encore touché terre que son regard s'était tourné vers le mystérieux Voyageur dont il avait clairement entendu la voix avant que n'apparaisse le bouclier. Renoncer ? Visiblement, Aldakin avait surestimé les capacités de perception de son interlocuteur car pour attendre de lui qu'il abandonna si rapidement, le dénommé Edwyn ne devait pas connaître le religieux si bien qu'il l'avait pourtant donné à penser auparavant. Il ne comprenait pas la nature exacte de ce qui venait de se dérouler et en oubliait presque l'existence du monstre d'écailles, mais une chose demeurait certaine : le Voyageur arracherait la pièce à son cadavre ou repartirait sans.

Le silencieux message semblait avoir été clairement entendu puisqu'une intense chaleur vint naître dans le creux de la main du Prêcheur, en réponse au geste que venait d'esquisser son adversaire. En fait de chaleur, c'était un véritable brasier incandescent qu'il avait l'impression de tenir entre ses doigts. Cette fois véritablement désorienté par un phénomène dont la seule évocation lui apparaissait le pire blasphème qui fut, Aldakin demeura figé dans sa perplexité. Son regard sombre s'était baissé vers la main dans laquelle il tenait encore son arme, il ressentait pleinement la douleur qui irradiait de la chair brûlée mais son esprit fanatique la reléguait au rang de détail insignifiant. Après tout, cela ne se pouvait pas. La magie n'avait aucune emprise sur lui, Néant le protégeait, Néant l'avait béni ! Ce devait être autre chose. C'était forcément autre chose.

Lentement, l'alayien abasourdi relâcha l'emprise de ses doigts et laissa sa lance tomber au sol, plissant ses yeux ténébreux en direction de la paume sur laquelle se dessinait la marque noircie de la brûlure. C'était impossible, et pourtant la preuve lui apparaissait sous les yeux : la peau commençait déjà à cicatriser mais il n'en demeurait pas moins vrai que le sort l'avait bel et bien affectée. C'était impossible.

« Mais quel mage êtes vous donc ? »

Il n'avait pu faire autrement que de poser la question, oubliant totalement qu'à quelques mètres de là seulement se trouvait encore un tas d'écailles, de griffes et de crocs qui avait précédemment promis de mettre fin à son existence. Ou du moins, à l'existence de son corps, qu'importe après tout ce qu'il adviendrait de son esprit. Néant pouvait à loisir tromper la mort et réincarner ses serviteurs pour leur offrir un nouveau corps, à la condition sine qua non que leur dévotion le justifia. Et c'était précisément la réponse à cette question qui perturbait celui que l'on appelait Prêcheur : avait-il déçu Néant ? Etait-ce la raison pour laquelle la magie du voyageur avait marqué sa chair ? C'était impossible.
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MessageSujet: Re: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeLun 14 Juil 2014 - 13:55

¤ Invitation à danser III ¤


Un objectif allait mourir ce soir, un être allait mourir ce soir, mais ce ne serait pas lui, jamais lui ! Il piétinerait le bipède face à lui qui n'était qu'un caillou sur la route qu'il empruntait. La voie de la destruction, la voie d'une nouvelle grandeur et sureté pour les dragons. Celle de l'élimination de tous ces êtres à deux pattes qui corrompaient les membres de l'espèce draconique. L'homme de fois face à lui était d'une arrogance bien trop grande pour le petit corps qu'il habitait, bien trop sur de lui. Il allait lui faire ravaler cela ! Il brulerait son corps dans un torrent ardent. Et déjà sa gueule ouverte s'illuminait du brasier qui vivait en son sein. Sans attendre plus longtemps, il cracha un souffle de flamme sur l'humain qui osait se dresser devant lui. Long fut ce souffle. Suffisamment pour réduire le prêcheur en un tas de cendre fumante dont il ne resterait, trônant au sommet de celui-ci, la pièce qu'ils étaient venus chercher.

Mais le sort sembla en décider autrement. Lorsque les flammes s'estompèrent, le serviteur du Néant se tenait encore debout. Impossible ! Impensable ! Verith avait connaissance que leurs armures et armes de verre noir les protégeaient de la magie, mais elles avaient leurs failles dans lesquelles la chaleur et les flammes s'insinuaient aisément. Mais ici rien, l'humain avait résisté à son souffle. Colère et surprise le survinrent soudainement dans son esprit, alors que son adversaire se projetait dans les airs pour foncer sur lui à l'aide de la magie du néant. Par pur réflexe il déplaça sa queue dont les écailles se plaquèrent pour la placer dans la direction de la lance et se protéger. Il avait sous-estimé ce bipède, il était plus futé que d'autres apparemment. Il était un peu comme Edwyn, il sortait du lot. Il ne le haïssait qu'encore plus.

La lance de prêcheur s'immobilisant en même temps que lui dans les airs stopper par un mur magique provenant d'Edwyn. L'orbite enflammer du rouge tourna en direction du voyageur. Ce petit insolent comment osait-il intervenir ?!! Lui aussi en oubliant son adversaire pour se concentrer sur le Tarenth.

¤ Tarenth ! Il m'a semblé énoncer de manière parfaitement clair qu'il s'agissait d'un combat singulier. Je peux supporter beaucoup de choses, mais avise toi de réitérer cela et je me jetterais sans attendre sur toi pour mettre fin à ton existence et ce peu importe les conséquences que cela entraînerait. ¤


L'instant qui suivit l'odeur de la chaire brulée parvint aux narines du dragon alors que peu de temps après son adversaire lâcha sa lance. Quel combat pathétique, il avait perdu toute sa noblesse, déjà qu'il n'en avait pas beaucoup. Il était tant d'en finir au plus vite, Verith ne pouvait prendre le risque de faire durer plus longtemps celui-ci et qu'il ne vienne entacher sa réputation. Remarquant que son adversaire semblait obnubiler parce qu'il venait de se passer, le fils de Skade ne perdu pas une seconde. Levant sa patte il serra ses griffes l'une contre l'autre avant d'envoyer sa lame couleur ébène en direction de son opposant. Celui-ci semblait immuniser contre sa magie puisqu'il avait résisté à son feu. Peut-être n'était-il pas comme les autres Alayiens. Après tout, il était le premier qu'il voyait avec des orbites couleur noir semblant refléter le Néant.

Soit, puisqu'Edwyn le disait lui-même. Ce bipède n'était pas immunisé contre ses griffes, voyons voir comment il s'en sortait une fois le corps scinder en deux.

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MessageSujet: Re: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeLun 14 Juil 2014 - 23:02

La lance toucha le sol plus tard qu'il ne l'aurait pensé et il occulta le bruit métallique pour se concentrer plutôt sur la main de leur adversaire. Nul besoin de la voir de près pour savoir qu'elle était atrocement brûlée... Elle allait cicatriser, ça c'était un pouvoir qu'il connaissait aux Serviteurs du Néant mais tout de même... Bel aperçu de leur dévotion, il en serait presque jaloux. Ou non en fait, pas du tout...

Cette remarque sardonique traversa son esprit comme un éclair désagréable et il secoua la tête, agacé. Il n'était pas là pour remettre en cause ses propres choix ou pour retourner à ses vieux travers. Tout ceci ne l'amusait pas, ne devait pas l'amuser. Depuis combien de siècles n'avait-il pas combattu ? Lui le seul Tarenth au monde capable de rejeter sans vergogne les préceptes de son peuple, il s'était finalement juré de devenir le plus pacifiste de tous. Et voilà qu'il combattait à nouveau, exerçant sa magie contre une créature qui en était dépourvue pour une cause qu'il estimait juste et qui ne devait pourtant pas lui servir de prétexte. Il demeura de marbre lorsque l'autre observa sa main avec une attention perplexe et se raidit lorsque la question tomba. Quel genre de mage il était ? Il ne savait pas trop en fait, tout ce qu'il espérait c'était qu'il n'était plus le même mage. Il répondit après un petit silence, plus sombrement qu'il ne l'aurait voulu :

"Je suis comme toi Aldakin. Un humble serviteur."

C'était du moins ce à quoi il aspirait. Ou ce à quoi il était sensé aspirer peut-être... Il ne savait plus trop bien, mais cela n'avait pas d'importance. Ce qui comptait c'était qu'il devait s'emparer de cette pièce rapidement, et si possible sans piétiner ses principes si chèrement acquis. Il s'apprêta à exécuter ses résolutions mais l'esprit furieux du dragon vint tonner contre le sien, lui tirant un grimace et une réponse cinglante :

*Sauf que tu as dit que cela irait plus vite ainsi, et que je ne pense pas que ce soit le cas. Je suis plus puissant que toi Verith, tiens toi le pour dit.*

Et c'était la vérité techniquement, il avait plus de puissance brute que le dragon en possédait puisque lui ne pouvait utiliser la magie supérieure pure. La portée de ce qu'il venait de dire le heurta pourtant presque aussitôt et il se fustigea tout seul. Un "humble" serviteur hein ? Il avait encore un peu de chemin à faire à ce sujet décidément. Il était plus que facile de se penser changé lorsque les circonstances s'y prêtaient, mais se retrouver plongé dans ce combat réveillait ses noirs instincts de façon inquiétante. Qu'était-il sensé faire alors ? S'arranger pour qu'il se termine le plus vite possible ? Ecraser son adversaire avec autant de brutale efficacité qu'il l'aurait fait naguère mais sans le faire souffrir inutilement ?

Verith sembla choisir pour lui et dans l'interminable quart de seconde où ses griffes se rapprochèrent de la chair offerte il sembla qu'Edwyn allait accepter cette fin de l'histoire. Le Serviteur ne souffrirait pas plus que nécessaire, ou pas longtemps, et ce ne serait pas lui qui aurait tué... On ne pourrait rien lui reprocher donc, non ?

"Idiot que je suis..."

Il avait parlé pour lui-même uniquement, mais sa voix tonna comme le tonnerre l'instant d'après :

"NON VERITH !"

L'interdiction fila comme une flèche entre eux, bloquant le dragon dans son geste et détruisant certainement le peu d'estime que le rouge pouvait bien ressentir pour lui. Rien n'allait être plus difficile que de lui faire pardonner ça... Mais il n'avait pas le choix, il ne pouvait laisser quelqu'un mourir sous ses yeux, il n'en avait plus le droit. Il n'en avait même jamais eu le droit, et c'était là tout son drame. Si leur cible mourrait ce jour, alors il serait véritablement ce qu'il ne voulait plus être.

La rage du dragon heurta son esprit avec une force phénoménale, mais se heurta à un mur glacé. Pauvre Verith qui ignorait à quel point son ire n'était rien aux côtés de ce qu'Edwyn avait pu connaître... Et tant mieux d'ailleurs, cela n'en rendait le rouge que plus respectable à ses yeux. Sauf qu'à l'heure actuelle il n'avait pas le temps de s'intéresser à lui, de lui expliquer à quel point il était désolé de s'opposer encore à lui, de le décevoir à nouveau. Pour le moment, toute son attention n'était dirigée que vers Aldakin du Néant.

Espérait-il profiter de ce flottement pour s'en sortir ? Le regard du Tarenth se fit dur à cette pensée et tout geste que l'autre aurait pu esquisser à cet instant fut balayé par le choc magique qui l'envoya à terre. Il y demeura, cloué au sol par une magie implacable et par la volonté impitoyable de l'argenté. Argenté qui marchait vers lui d'ailleurs, d'un pas tranquille et atrocement assuré. D'un simple geste de la main il le retourna visage vers le ciel et se dressa finalement au dessus de lui, le regard terrifiant.

"Tu m'as demandé ce que j'étais Prêcheur, et je t'ai répondu sans mentir. Je sers avec d'autant plus d'humilité que j'ai de nombreuses choses à me faire pardonner. Et pourtant je n'irai pas jusqu'à prétendre que c'est chose facile."

Il s'accroupit tout près de lui, et effleura son visage du pouce. Le sillon ainsi tracé ne laissa aucune trace, et provoqua pourtant la plus abominable des douleurs à sa proie. Sa voix reprit avec plus de tristesse :

"Je suis un loup mon ami, un être dangereux. D'autant plus dangereux que l'on m'a fait naître au sein d'un peuple de moutons... Des moutons plus puissants que toi et tout le continent Armandéen ne le seront jamais. Tu sais ce que cela veux dire, Aldakin ?"

Il lui attrapa le menton brutalement, et la magie supérieure qui irradiait dans sa paume grésilla et propulsa à nouveau le prêcheur aux extrêmes limites de la folie.

"Cela veut dire que vous pourriez n'être rien à mes yeux. Que je pourrais vous écraser sans la plus petite once d'hésitation simplement parce que je ne comprend pas en quoi votre existence importe. Ce serait facile, terriblement facile. Ton fanatisme te protège de la peur mais entend bien ce que je te dis ; si tu n'as pas peur de moi alors tu n'es qu'un pauvre imbécile."

Son poigne se resserra, il aurait pu broyer le visage offert par la simple existence de sa magie mais la douleur qu'il provoquait n'était rien à côté de l'épouvante provoquée par les vagues argentées dansant dans son regard dur. Une telle aura d'autorité y régnait que l'on aurait pu croire un instant que le dirigeant de l'Oeil du Dragon s'était relevé sur ses anciennes terre. Il n'était pourtant pas question que cela arrive, et c'était justement pour éviter une telle chose qu'il finissait ce combat de cette façon. Il relâcha sa prise sur la peau étrangement intacte et sonda magiquement le corps affaissé jusqu'à localiser la pièce et s'en emparer d'un geste vif. Il se releva alors, portant sur le prêcheur un regard à nouveau empli de douceur :

"Je suis désolé d'en être arrivé là, mais je ne peux pas te laisser m'affronter, ou simplement regarder votre combat. Il faut que tu ai peur de moi, parce que c'est ainsi que tu sera protégé."

Et qu'il se protégerait lui-même. Si il franchissait la ligne rouge alors il ne reviendrait plus jamais en arrière, il le savait fort bien. Il l'avait déjà effleurée de trop près en ce jour et la douceur amère de ce sentiment de totale autorité l'emplissait de terreur. Il ne devait plus combattre, plus jamais.

Son regard s'abaissa sur la pièce trônant dans sa main, il la fixa un moment en exhalant un léger soupir puis il tourna enfin lentement la tête vers Verith et remarqua qu'il se tenait entre le dragon et le prêcheur. Un signe du destin certainement... Doucement, il déclara :

"On ne peut pas le tuer. Il faut qu'il parte."

Il inspira lentement, maîtrisant ses propres pensées et revint au vaincu qui bougeait enfin.
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MessageSujet: Re: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeSam 19 Juil 2014 - 13:51

Il fallut le cri du mystérieux voyageur pour rappeler la présence du dragon à la conscience du prédicateur alayien. Celui-ci n'avait en effet pas esquissé le moindre geste défensif, pas même la plus petite amorce d'une esquive devant les sombres griffes que la bête écarlate avait projetées dans sa direction. Sans l'intervention du dragonnier, il y avait donc fort à parier que le sol eut déjà été rougi du sang du Serviteur et son corps réduit à quelques lambeaux de chairs sanguinolents. Macabre perspective s'il en était, mais qui ne semblait pas devoir émouvoir le principal concerné, lequel n'accorda qu'un bref regard en direction du monstre d'écailles avant de ramener son attention sur un être qui lui paraissait décidément de plus en plus... intriguant. Car il suffisait de croiser le regard furibond du dragon ou d'entendre sa respiration lourde d'agacement pour comprendre qu'il n'avait pas obéi volontairement à l'injonction de son compagnon bipède : il y avait été contraint et forcé, ce qui sous-entendait qu'en plus de posséder une magie capable d'affecter un protégé de l'Esprit du Néant, le prénommé Edwyn avait un pouvoir suffisant pour imposer sa volonté aux dragons. Ou tout du moins à celui qui se trouvait là, ce qui n'était déjà pas un acte des plus anodins.

Aldakin n'eut toutefois guère l'opportunité de poursuivre ses réflexions, pas plus qu'il n'eut le temps de demander ce qui lui avait valu la clémence du voyageur d'ailleurs. Déjà, les mystérieux pouvoirs de son interlocuteur se rappelèrent à son souvenir et il se fit violemment projeter dans les airs par une force invisible, impalpable et surtout imparable. Sous l'effet de l'impact autant que celui de la surprise, le prêcheur laissa échapper un grognement sourd tandis qu'il heurtait le sol et y demeurait immobilisé contre sa volonté. Son corps lui donnait l'impression d'être pris dans un étau et les efforts que déployait l'alayien pour s'y soustraire ne donnèrent aucun résultat. L'émissaire du Néant, celui là-même qui, dans ce monde, incarnait la parole autant que la volonté de l'Aîné Véritable, se voyait rabaissé à l'état de simple pantin désarticulé livré aux caprices d'un Armandéen. Non, pas d'un Armandéen. Aldakin eut pu en jurer désormais, cet être était aussi armandéen que lui. Car la magie issue de la trame armandéenne n'avait aucune emprise sur lui, le dragon de l'ire en avait apporté la preuve en déversant sur lui un torrent de flammes qui avait glissé sur lui sans qu'il en ressentit la plus petite trace de chaleur. Ainsi, la seule explication qui put justifier qu'un Serviteur de l'Esprit Unique soit ainsi touché par la magie était que celui qui le retenait puisait son pouvoir dans une autre source. Bientôt, les quelques mots qu'avait prononcé le Voyageur se bousculèrent dans son esprit d'ordinaire froidement et parfaitement organisé, y apportant le chaos et la confusion. Il existe une magie qui égale celle du Néant... Je suis comme toi, un humble serviteur... Non, cela ne se pouvait pas. Au contraire de leur aîné, les Esprits parjures n'accordaient aucune valeur à la dévotion de leurs fidèles, ils ignoraient les mortels et n'aspiraient qu'à s'amuser de leur destruction, comme il en avait été pour l'Alayia lorsque la jalousie les avait finalement poussé à déverser leur colère sur eux. Cela recommençait-il ? Cela ne se pouvait pas. Pas maintenant. Pas alors qu'Armanda bénéficiait finalement d'une foi qui ne fut pas mensonges et asservissement.

Les traits figés en une expression froide et sévère qui ne laissait en rien percevoir les tourments dans lesquels il se retrouvait plongé, Aldakin suivit de son regard ténébreux l'approche de celui qu'il considérait de plus en plus sérieusement comme un serviteur des esprits parjures, à l'image même de ce qu'il était lui au service du Néant. Après tout, n'était-ce pas exactement la manière dont s'était présenté l'individu ? N'était pas exactement ce qu'il répétait en cet instant même ? C'était inconcevable et pourtant, cette hypothèse expliquait tout : s'il bénéficiait effectivement du soutien des sept autres esprits, les protections du prêcheur n'étaient pas de taille. Néant n'avait pas encore récupéré suffisamment de puissance pour s'opposer à ses sept frères. Pas encore.

Les mâchoires du serviteur alayien se crispèrent sous l'intense souffrance que provoqua le contact du pouce de son adversaire sur sa peau et sa respiration s'accéléra sensiblement. Un loup ? Cela il voulait bien le croire désormais, et plus encore lorsqu'en lieu et place du pouce, ce fut la main toute entière du prédateur qui se referma sur lui. Aldakin connaissait la douleur, il savait comment la gérer et puisait dans sa dévotion la volonté nécessaire à ignorer les maux physiques, mais ce qui déferla sur lui à cet instant ne put que lui arracher un grognement grondant tandis que ses traits se déformaient en une douloureuse grimace. Sa respiration se fit effrénée et seules les prières qui défilaient devant son regard absent et affleuraient à la surface de ses lèvres lui évitèrent de totalement perdre l'emprise qu'avait son esprit sur son corps. Entre deux psaumes à la gloire de l'aîné supérieur, son attention parvint à percevoir quelques bribes de ce que l'autre lui disait mais il n'était alors plus vraiment capable d'entendre ou même de voir.

Le voyageur relâcha finalement son emprise sur lui, lui arrachant un soupir résigné et soulagé tout à la fois. Il sentit qu'on le fouillait et lui arrachait la pièce mais il ne fit rien pour s'y opposer car il n'y avait tout simplement rien qu'il put faire à cet instant. Une larme claire et scintillante s'écoula de son oeil impénétrable le long de sa joue et de sa tempe, réaction purement physiologique d'un corps soumis à une agression d'une rare intensité. Il lui fallut encore quelques instants pour prendre conscience que l'autre lui avait rendu sa liberté de mouvement, avant qu'il ne consente à se relever non sans précautions. Il ne fit aucun geste pour récupérer sa lance ou son bouclier, lequel lui avait échappé lorsqu'il avait été frappé par le choc magique. Lentement, méticuleusement, exactement comme s'il demeurait parfaitement indifférent à ce qui venait de se produire, Aldakin épousseta sa chasuble et son pantalon avant de finalement daigner ramener son attention sur son adversaire. Son regard dénué de la moindre forme d'expressivité considéra la silhouette du voyageur tandis qu'il répondait :

« Je vous remercie de votre sollicitude, soyez assuré que je m'en souviendrais lorsqu'à mon tour je contemplerais votre échec. Car tout loup que vous soyez, Edwyn, vous arrivez trop tard : rien ne pourra plus s'opposer à la volonté de Néant. Armanda deviendra une seconde Alayia et le temps viendra bientôt pour vos maîtres de reconnaître leur défaite. »

Le grand prédicateur se baissa finalement pour ramasser ses armes qu'il rangea adroitement aux places qui étaient les leurs, dans son dos. Levant une main, il fit venir à lui son destrier et l'enfourcha sans plus de cérémonies, tirant sur les rênes tandis qu'il tournait son regard vers le dragon :

« Verith de l'ire. Par la volonté du Néant, votre espèce est condamnée à disparaître de ces terres et il n'est rien que quiconque put y changer. Pas même vous. Pas même lui. Si vous êtes capable de faire preuve de la moitié de la sagesse que l'on vous prête, dragon, vos congénères et vous sauverez les vies qui peuvent l'être en abandonnant Armanda à la souveraineté du véritable aîné des Esprits. »

Désormais libéré de la pièce de Feu, Aldakin murmura quelques mots pour ouvrir un portail du Néant qui le mènerait directement à Gloria et dans lequel il s'engouffra sans demander son reste. S'il n'en avait rien laissé paraître, la présence sur Armanda d'un être tel que le Voyageur avait bel et bien laissé la peur éclore dans son esprit, de la seule peur qu'il put jamais ressentir d'ailleurs : celle de décevoir le Néant. Il était plus que temps désormais d'asseoir la domination de celui qu'il vénérait sur cette Nouvelle Alayia et pour commencer, un certain empereur allait devoir se remémorer son rôle de passeur.
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MessageSujet: Re: Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Le Bon, la Brute et le Truand. [PV Verith et Edwyn] TERMINE Icon_minitimeDim 27 Juil 2014 - 15:29

¤ Invitation à danser IV ¤


Lame d’ébène destructrice, porteuse de morts et de terrible agonie. Le dragon de l’ire levait sa patte alors que ses griffes venaient se coller l’un à l’autre. Il trancherait son adversaire en deux. Il déverserait sur cette terre une fontaine de sang et d’entrailles. Si le feu ne faisait rien au prêcheur, Verith allait lui apprendre que ses griffes étaient une arme bien plus douloureuse que son feu. Sans attendre, remarqua l’absence de concentration sur son adversaire, le fils de l’orage n’attendit pas une seul instant. Quel genre d’imbécile oublierait un ennemi à côté de lui ? Arrogance sans nom, ou alors stupidité et folie profonde, le rouge s’en moquait bien puisque dans quelque instant, la vie qu’était celle d’Aldakin prendrait fin d’un seul coup.

¤ Tu n’as que pour toi ta voix de commandement et ta magie Edwyn. Mais observe, il s’agit là d’un avant goût de la façon dont je pourrais te tuer. Tout puissant que tu prétends être, ton corps est faible je l’ai remarqué lorsque que je t’ai éjecté la dernière fois. Plus l’ennemi se vante d’être fort, plus ses points faibles lui sont fatals. ¤


Tout en parlant au Tarenth dans son esprit, le rouge abattit son membre armé sur l’Alayien. Du moins il l’aurait fait, si Edwyn n’était pas une fois de plus intervenu. Sa colère irradiante sous l’affront que celui-ci venait de lui faire une fois de plus, le rouge l’envoya contre lui pour tenter de le déstabiliser et lui permettre de mettre fin à son attaque et tuer son adversaire. Malheureusement il n’y parvint pas. Mais c’est un tout autre spectacle qui se déroula sous les yeux du dragon. Toujours immobile, s’entêtant à vouloir perforer de lui-même le prêcheur, luttant contre l’ordre donner.

Bientôt l’Alayien fut balayé par la magie du Tarenth, comme s’il n’était qu’une simple feuille balayer par le vent. Réduit à l’état de frêle créature, Aldakin était désormais cloué au sol tandis qu’Edwyn s’approchait.

« Si tu voulais toi-même t’en occuper, tout pouvait parfaitement me le dire ! Égoïste. »


Cessant de lutter contre l’ordre, Verith se recula pour assister à la scène avec une certaine satisfaction de voir le Tarenth dans un autre rôle que celui du diplomate et qui ne cessait d’exacerber au plus haut point le dragon rouge. Venant s’amuser à menacer, à torturer faire comprendre sa place au bipède qu’était l’Alayien, Ruddy finit par récupérer la pièce. Ce spectacle était des plus plaisants pour le dragon, et pourtant… et pourtant la fin lui laissa un goût amer. Celui de l’insatisfaction et de la déception. Edwyn n’était pas allé jusqu’au bout, il n’avait pas tué le prêcheur, ce serviteur du Néant.

¤ Pourquoi ne pouvons-nous pas le tuer ?! Il est un danger pour ma race et pour la magie ! Si jamais cet être que tu as décidé de gracier aujourd’hui vint à me blesser, à blesser ma mère, ma sœur ou un autre dragon. Tu peux être sur Tarenth, que si je ne t’ai pas tué d’ici là, que je te ferais amèrement regretter ta faiblesse d’aujourd’hui. ¤


Soupirant le rouge regarda tout en rongeant son frein le prêcheur se redresser pour s'apprêter à partir. Le rouge emplit l'air de ses poumons pour mémoriser dans son esprit l'odeur du serviteur du Néant. Tout l'être qu'Edwyn ne lui avait pas permis de tuer. Une fois qu'il se serait débarrassé de celui, il irait les chercher pour corriger ce point.

« Viendra un moment où je serais débarrassé du Tarenth et toi débarrasser de ton immunité face à mes flammes, bipède. Ce jour-là, nous reprendrons notre petit duel sans personne pour nous interrompre. Et lorsque tu seras à terre, en train de te vider de son sang, je te regarderais mourir en te répétant les folles paroles que tu as prononcées le jour où tu t'es auto-proclamé mon ennemi et celui de ma race. »


L'Alayien disparut sans attendre un instant, laissant Edwyn et Verith seuls. N'attendant pas la moindre parole du Tarenth, Verith vint le prendre entre ses griffes avant de s'envoler pour continuer leur périple.

¤ Tarenth, si tu ne veux pas que je me retourne contre toi avant que tu n'ais fini ta quête. Tu ferais mieux de mesurer tes actes. Je me demande ce que je devrais encore abandonner aux prochains artéfacts. C'est dommage, tu m'as offert un beau spectacle avec cette Alayien. En d'autres circonstances, j'aurais pu t'apprécier et nous aurions peut-être pu faire de grande choses ensemble. Oui quel dommage que tu te sois attirer ma l'ire et que les bipèdes aient commises toutes ses fautes envers la race draconique. ¤


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