1 Février

Le domaine baptistrel était comme on pouvait l'attendre du domaine baptistrel, paisible, et ses bibliothèques étaient bien pourvu, pourquoi nous intéressons nous en particulier aux bibliothèques ? Tout simplement parce que ces dernières en plus de fourmiller d'un savoir énorme étaient un lieu d'intérêt pour un homme grandement intéressé par l'érudition comme Ostiz. Même si conscentia lui avait permit d'apprendre énormément de choses au sujet du peuple vampirique, et elfique, en somme beaucoup de savoir elfique. Il y avait encore beaucoup à apprendre dans les gigantesques bibliothèque de la Rhapsodie.

Il avait donc décidé, rien que ça de passer une journée dans la bibliothèque baptistrelle à la recherche de précieux tomes pour les consulter. N'étant pas venu qu'aujourd'hui même si moins longuement les précédent jours il avait déjà pu lu consulter quelques livres sur l'astronomie ainsi que d'autres sujets, et avait bien attaqué celui-ci qui parlait de la fondation de la Rhapsodie elle-même, et c'était fort instructif… L'ouvrage qu'il avait prit était écrit en elfique par contre, car depuis plusieurs années déjà Crissolorio avait bien entamé l'apprentissage de l'elfique, et même s'il n'était pas encore capable de parler à la perfection ce dernier il en avait une assez bonne maîtrise, et lire un ouvrage en elfique permettrait de s'entraîner donc autant le faire…

Et la soirée s’installait déjà, et Ostiz pouvait s'apercevoir qu'il était seul dans la bibliothèque, ou quasiment. Pas d'enwr, ou de cawr en vu, pas de gardes du corps car le seigneur de Fortuna n'en avait pas besoin dans le domaine pacifiste des baptistrels, et le calme. Un calme reposant à vrai dire, et tout à fait bienvenu. Il se demandait comment un tel ordre indépendant avait pu non pas naître, mais acquérir un tel pouvoir, comment les états avaient pu accepter que les baptistrels finissent par avoir un tel pouvoir ? Une bonne question, et Ostiz doutait que tout le monde soit forcément bienveillant envers la Rhapsodie, même aujourd'hui, et ce malgré les nombreux bienfaits que cette dernière avait su apporté à Armanda au cours de sa longue histoire. Oui bien des questionnements à se poser que ce soit quand au passé, ou à l'avenir de cet ordre. Pour sa part Ostiz savait bien une chose, c'est qu'il était un soutien à la paix, et cela était une bonne chose, que ce soit moralement, ou par intérêt Ostiz était favorable à la paix. On pouvait donc dire que pour sa part il faisait partie de ceux qui voyaient en bien la Rhapsodie.

Enfin dans tout les cas pour sortir de ces quelques pensées qu'il avait pu avoir au cours de sa lecture, il venait d'achever cette dernière. Et refermait l'ouvrage. Et s'apprêta à aller ranger de manière assez respectueuse cet ouvrage à l'âge sans doute fort vénérable comme beaucoup des textes contenus dans cette bibliothèque certainement. Malgré le fait que la bibliothèque soit immense Ostiz ne doutait pas qu'on puisse lire tout ces ouvrages en une vie d'homme avec beaucoup d'acharnement, mais Crissolorio devait avouer qu'il aimerait bien détenir autant d'ouvrages, la bibliothèque de Fortuna était peut-être fort respectable pour celle d'une place forte, mais bien petite par rapport à celle gargantuesque du domaine…

Et alors qu'il se promenait dans les allées, et qu'il rangeait l'ouvrage Ostiz remarqua quelque chose du regard au loin. L'hérisson qu'il était ne pu s'empêcher de s'intéresser à cela, et quand il eu finit de ranger le livre il alla voir calmement voir pour distinguer rapidement ce qui semblait être un petit dragon blanc… Cela lui faisait penser à la fois où il avait pu croiser pour la première fois le jeune Cynoe… Ce dragonnet devait être a peu près de la même taille que le vénérable dragon d'améthyste à cette époque.

L'expérience d'Ostiz avec les dragons était. Particulière disons pour un humain, la seule rencontre désagréable qu'il avait eu avec l'un d'eux était celle avec cette bête sauvage, et violente de Verith le rouge. Ostiz ne pouvait haïr après tout un être qui massacrait sans aucune honte des centaines de gens, et sans doute pour beaucoup innocents vu que de simples paysans souvent. Qu'il soit dragon, ou non ce Verith le rouge était un monstre, et il était bien trop facile de dédouaner ce dernier de ses crimes parce qu'il un dragon, au contraire vu qu'il était un dragon il était censé être d'une grande sagesse, et intelligence donc responsables de ses actes.

Quand aux autres dragons qu'Ostiz avait pu rencontrer c'était Ashy le liée de Korentin Kohan avec qui il avait pu avoir une belle conversation nocturne, et instructive pour eux deux, et Cynoe l'améthyste avec qui il avait pu aussi avoir une certaine réflexion ce qui n'était pas forcément commun. Il se demandait bien quel genre de dragon serait le dragonnet qu'il voyait, en espérant que ce serait plus un du genre de Cynoe, ou Ashy que de Verith le rouge…

Poussé par la curiosité il s'approcha donc du petit être qui était en train de faire quelque chose visiblement, une fois un peu proche, mais pas trop Ostiz tapota légèrement du doigt sur du bois à proximité pour attirer l'attention du dragonnet doucement.

« Il est jeune comme Cynoe l'était… Il ne doit probablement pas comprendre ce que je pourrai lui dire vu sa jeunesse, cela est bien dommage car il est toujours bon de pouvoir faire la rencontre d'un être à l'esprit aussi pénetrant qu'un dragon. » Dit-il calmement, ce n'était pas dans ses habitudes de dire ainsi ce qu'il pensait même à vois basse comme il le faisait là, mais c'était pour attirer en partie l'attention du dragonnet devant lui.

« Comprenez vous ce que je dit noble dragon? » Demanda t-il néanmoins pour voir s'il y avait réaction, même s'il ne s'attendait pas du tout à cela en vrai, il préféra donc demander pour être sûr. Et traiter avec respect la créature malgré sa jeunesse, après tout le respect était une chose naturelle pour le bourgeois qu'il était.

Cette journée, le jeune Kaalys l’avait vécu avec l’intensité et l’enthousiasme d’un enfant qui veut tout découvrir du monde. N’était-ce pas exactement ce qu’il était d’ailleurs ? Alors Dawan et lui s’étaient encore levés avec le soleil et n’avaient pas cessé d’explorer ce nouveau monde que l’Elfe redécouvrait avec le dragonnet. Ils exploraient aussi, jour après jour, le Lien puissant, indéniable qui unissait leurs deux âmes pour n’en former qu’une seule. Des émotions, ils étaient parvenus à transmettre à l’autre des images et puis des bribes de mots. Ils n’en étaient certainement pas encore à de longs et beaux discours, le petit écailleux cherchant encore ses mots parfois, ne trouvant pas toujours ceux qui décriraient le mieux ses pensées. Il était si difficile d’exprimer ce qu’il percevait, ce qu’il ressentait dans la langue de son doux Lié mais il s’y efforçait et il apprenait vite.

Toutefois, le dragonnier et son petit protégé poursuivaient leur apprentissage dans la légèreté et l’amusement. Ainsi, le matin même, ils avaient réitéré leur expérience du premier jour de vie du fils d’Atalos sur les pentes encore enneigées qui entouraient le Domaine baptistral. Et cette fois-ci, Kaalys n’avait pas refermé ses ailes. Après deux descentes, le petit dragon de nacre avait épargné à son Lié une troisième ascension de la pente glissante et ils étaient retournés au chaud. En effet, il avait déjà pris du poids et il arrivait de plus en plus souvent que son dragonnier le laisse marcher par lui-même. Le sentiment de Kaalys à ce sujet était assez partagé. S’il appréciait sa nouvelle liberté alors qu’il marchait tout près de Dawan, se blottir contre le ventre de ce dernier lui manquait de temps en temps. Cependant, il ne faut pas croire qu’il aurait souhaité retourné en arrière. Non, l’être couvert d’écailles ne regrettait absolument rien des jours écoulés. Toutes les découvertes et les rencontres qu’il avait pu faire étaient bien trop précieuses pour qu’il les sacrifie au profit de quelques temps de plus dans les bras de son Lié.

La journée s’achevait et le dragonnet aux yeux d’or avait suivi sans broncher son protecteur jusqu’aux cuisines où il avait dévoré le moreau de viande qui lui était destiné avec douceur pour ne pas offenser l’Elfe au régime si différent du sien. Bien sûr, en guise de dessert, il engloutit quelques baies qui éclatèrent sous ses dents, déversant leur précieux sirop sucré sur sa langue. Il appréciait toujours autant ce goût et il espérait ne pas s’en lasser, conscient que ce n’était pas pour déplaire à Dawan. Et il ferait tout pour faire plaisir à son jeune dragonnier.

Après cet arrêt dans les réserves d’aliments du Domaine, les deux Liés prirent le chemin des appartements du jeune Cawr. Ils étaient tels qu’au premier jour où Kaalys y était entré. Il avait bien failli casser plusieurs fois les instruments et les statues que Dawan avait disposés pour décorer avec ses ailes ou sa queue mais aucun drame n’était encore survenu. Et à présent qu’il avait mieux conscience de son corps, il était un peu moins maladroit et les risques d’accident avaient diminué. Du moins, il le croyait. Comme à son habitude, le dragonnet se hissa sur le lit du Baptistrel aux yeux gris et le laissa s’installer avant de se blottir contre lui. Il prenait de plus en plus de place au fil des jours et il ne put s’empêcher de penser à celui où il ne pourrait plus dormir tout près de son Lié. Peut-être que celui-ci retournerait dans celui de cet Elrond et le laisserait dormir tout seul ici. Kaalys fut triste à cette pensée et il s’empressa de la chasser de son esprit avant de fermer les yeux. Mais une demi-heure plus tard, le petit dragon de nacre ne dormait toujours pas. Agacé, il essaya plusieurs fois de changer de position sans perturber le sommeil de son Lié. Exercice périlleux quand on a des ailes et une queue qui s’agite partout.

Il rendit les armes au bout d’une heure et il décida de se promener un peu dans les couloirs en attendant de trouver le sommeil. Il laissa ses pattes le guider, son esprit perdu dans ses pensées à propos de Dawan et Elrond. Il était tout à fait conscient du lien étrange et fort qui unissait les deux Elfes bien qu’il ne soit pas aussi puissant et unique que celui qui existait entre eux. Mais pourquoi ne cessait-il donc pas de craindre que le Baptistrel ne l’abandonne pour le dragonnier blond alors que Dawan ne le laissait que rarement seul et n’avait de cesse de s’inquiéter pour lui bien plus que pour le bipède ?

Kaalys en était là de ses réflexions lorsqu’il s’aperçut qu’il se trouvait dans la bibliothèque du Domaine baptistral. Il en profita pour aller se blottir près du feu qui brûlait doucement dans l’âtre. Si le sol de pierre lui aurait suffi en temps normal, il fut attiré par les coussins qui trônaient sur l’un des fauteuils et fit tout pour s’y hisser. Mais le fils de Silarae s’était peut-être un peu emballé et, gêné par ses ailes, il en était à sa troisième tentative quand il sentit quelqu’un venir à lui. De peur que ce ne soit l’un des Enwr et que celui-ci prévienne Dawan, il hésita un instant à se cacher. Mais son pas était trop lourd pour être celui-ci d’un Apprenti Baptistrel. Alors il se contenta d’essayer à nouveau de grimper sur le fauteuil aux coussins moelleux, espérant que l’homme passerait son chemin ssans l’aborder. Malheureusement, il n’en fut rien et les paroles qu’il prononça à voix basses n’échappèrent pas à Kaalys qui manqua de s’en offusquer. Bien sûr qu’il comprenait les paroles du bipède ! Il se tourna vers le curieux et posa sur lui son regard doré. Il sut aussitôt que ses intentions étaient bienveillantes et il se calma tout de suite. Il frôla de son esprit celui de l’inconnu pour s’assurer que la première impression était la bonne et il finit par s’asseoir sur le sol.

*Ne crois pas que mon âge soit une barrière, inconnu. Je suis Kaalys, fils de Silarae et Atalos, Lié de Dawan Sywel. Que me veux-tu homme-aux-cheveux-gris ?*

Ses mots étaient hésitants et il lui avait fallu un certain temps -une poignée de minutes- pour transmettre tout ce message. Si l’étranger s’attendait à une longue conversation, il lui faudrait être patient mais le dragonnet de nacre n’était pas contre l’idée d’utiliser son insomnie pour étanche sa soif de curiosité et de nouvelles connaissances. Et puis, il y avait un je-ne-sais-quoi de familier dans le visage de l’homme comme s’ils s’étaient déjà vus. Où et quand restait encore un mystère pour le petit écailleux mais pas pour très longtemps. A moins que ce ne soit tout simplement qu'une impression rassurante.

Visiblement le dragon semblait tout de même comprendre ce qu'il disait vu qu'après lui avoir bien consacré son attention il alla lui parler par l'esprit, tiens c'était nouveau cela, mais pas forcément pour déplaire à Ostiz. Néanmoins il devait avouer que cela devait être un dragonnet d'un genre très rare pour arriver déjà à se prononcer malgré son jeune âge, enfin d'après ses lectures, ce qu'il avait pu voir à Cynoe, et ce qu'il connaissait sur les dragons.

Fils de Silarie, et Atalos, et lié de Dawan Sywell? Oui donc Sywell était maintenant dragonnier, il valait sans doute mieux que ce soit lui qu'un elfe, ou un vampire assoiffé de sang, ou du genre violent. Il faudrait voir ce que cela donnerait, mais il doutait qu'un baptistrel change radicalement de manière de vivre, et voir les choses du jour au lendemain après tout.

« Veuillez m'en excuser, mais généralement à vôtre âge les dragons ne comprennent pas encore les paroles humains j'ai donc penser à tort que c'était aussi vôtre cas, vous devez être assez précoces visiblement. » Dit-il d'abord calmement, car c'était la vérité après tout, normalement les dragons ne comprenaient, et ne pouvaient pas parler avec les hommes aussi jeune, celui devant lui était donc un précoce visiblement. Puis il reprit après que le dragon ait finit de parler ce qui prit assez longtemps pour qu'Ostiz puisse se tenir légèrement par le coude sur une table non loin.

« Dawan Sywell ? Je connais cet elfe pacifiste, et bon de cœur. Sans doutes des qualités importantes pour être dragonnier. Quand à ce que je vous veux cela est de la curiosité, vous êtes un nouveau dragonnet sur une terre où les vôtres sont encore bien rares, il est donc naturel de se poser des questions à vôtre encontre. » Après il ne savait pas ce que désirait ce dragon pour l'avenir même si son lien avec le baptistrel laissait des indices, cela comme beaucoup d'Armandéens il le saurait bien assez tôt, mais comme pour tout dans la vie pour atteindre ses il faudrait être déterminé, et ne pas renoncer.

Et d'ailleurs il se rappela des règles de politesses elfiques, et étant lié à un elfe Crissolorio supposa qu'il serait approprié d'en user, il se présenta donc car il serait impoli de connaître l'identité de son interlocuteur et que ce dernier ne connaisse pas la sienne inversement.

« Je me nomme Crissolorio Ostiz, trésorier impérial. Me permettriez-vous de vous poser une simple question noble dragon ? » Demanda t-il simplement avant de poursuivre si la réponse était oui, ou affirmative.

« Que pensez vous des principes de l'ordre baptistrel? » Une question qui pouvait bien avoir l'air simple, mais en faîte renfermait énormément signification. Surtout que ce dragonnet était lié à un baptistrel... Enfin en somme cette question n'était pas aussi anodine qu'on pouvait le penser aux premiers abords...

Enfin dans tout les cas Ostiz prenait son temps, visiblement même si ce dragonnet le comprenait ce dernier avait besoin d'un peu de temps, probablement le jeune âge… C'était quand même une capacité utile quand on y pense que celle de la télépathie pour les dragons, sinon ces derniers ne pourraient tout simplement pas communiquer avec les races bipèdes après tout, et… On pouvait s'imaginer beaucoup de choses quand à ce qui aurait pu se passer dans ce cas-là en faîte, au final rien que cette capacité de parler par télépathie qu'avait les dragons avait jouer un grand rôle dans l'histoire d'Armanda…

Kaalys n’était pas conscient de tout ce qui pouvait se passer dans l’esprit de l’homme qui discutait avec lui –bien que discuter soit encore un bien grand mot-. La manière de penser des bipèdes était si différente de la sienne qu’il ne parvenait pas, la plupart du temps, à saisir leurs non-dits, ce qu’ils sous-entendaient. Seules les pensées de son doux Cœur-Chantant lui étaient plus limpides que les autres et elles le devenaient un peu plus jour après jour. Mais le dragonnet ne s’offensa pas que l’inconnu ait pu penser qu’il ne le comprenait pas. Il fallait dire qu’au Domaine, il avait eu l’occasion de s’exercer à comprendre la langue des Humains et cela, son envie d’en savoir toujours davantage en plus, lui en avait facilité l’apprentissage des bases même si certains mots lui échappaient encore. Il était alors heureux et fier d’ajouter ce dernier à la longue liste de mots qu’il connaissait et qu’il gardait précieusement dans un coin de son esprit. A ses yeux, toute chose était source de nouvelles connaissances à acquérir et il s’en enrichissait, non par arrogance, mais simplement par curiosité et envie de comprendre. Et la compréhension passe par la connaissance avant tout. Si le petit écailleux qu’il était ne le savait pas encore, c’était ce qui ferait de lui le dragon de paix qu’il deviendrait, le dragon qui chercherait à comprendre et à faire comprendre avec douceur avant de s’emporter.

Le fils de Cœur d’Argent écouta avec attention les paroles de son interlocuteur qui ne s’était toujours pas présenté, conscient qu’une seconde d’inattention pourrait suffire à lui faire perdre le fil de la conversation, ou tout du moins de précieux éléments de celle-ci. Aux bonnes paroles qu’il eut à l’encontre de son Lié, le petit dragon de nacre ne laissa pas paraitre sa joie que d’autres que lui reconnaissent la bienveillance et la douceur de celui qui partageait son âme. Il eut une pensée pour lui mais n’osa pas effleurer de son esprit celui de l’Elfe endormi de peur de le réveiller. Il s’en serait voulu d’interrompre ainsi les rêves du Cawr, lui qui était si protecteur envers lui. D’ailleurs, il eut un pincement au cœur en pensant à tous ces couloirs qui les séparaient mais la première question de Crissolorio –l’inconnu venait enfin de se présenter- le tira de ces tristes pensées. Pour toute réponse, il se contenta d’hocher la tête de haut en bas comme Dawan lui avait indiqué de le faire s’il voulait dire « oui » à quelqu’un d’autre que lui.

Quelle d’autre d’habitude des bipèdes de demander par une question le droit d’en poser une ! Il avait déjà remarqué ce fait chez certains Enwrs qui avaient osé l’aborder et il aurait bien demandé à son compagnon d’insomnie pourquoi faisait-il cela mais la question qui suivit son acquiescement lui demanda plus de réflexion qu’il ne l’aurait cru. Que pensait-il de l’ordre de son doux Lié ? Kaalys n’en avait pas la moindre idée mise à part que si Dawan en faisait partie, cet ordre ne pouvait qu’être bénéfique pour Armanda. Mais il connaissait encore si peu de choses face à l’infinité de particularités que recelait ce monde. Il n’était pas à proprement embarrassé mais il ne voulait pas se tromper dans ses mots pour que ses pensées complexes ne puissent être mal comprises par l’homme-aux-cheveux-gris. Après quelques minutes à chercher ses mots, le dragonnet aux yeux d’or se lança tant bien que mal.

*Je ne connais pas assez de ce monde pour me prononcer sur l’ordre de mon Lié. Mais il me semble que cet ordre est bénéfique à Armanda et, si c’est le cas, je ne peux qu’encourager ses actions. Il serait dommage qu’il disparaisse ou ne se corrompe.*

Voilà un mot qu’il avait appris la veille d’une conversation épiée entre deux Enwrs à propos d’un sujet qu’il n’avait pas réellement saisi. Il s’était empressé d’en demander le sens à son dragonnier et celui-ci lui en avait donné sa définition. Pour mieux se faire comprendre du trésorier, il s’était aidé en transmettant des émotions telles que la gentillesse.

*Dis-moi, homme-au-drôle-de-nom, pourquoi poses-tu une question pour demander l’autorisation d’en poser une ? N’est-ce pas là un comportement étrange ?*

Voilà, il avait posé, non sans peine, la question qui lui brûlait la langue. Il était curieux d’entendre la réponse de ce Crissolorio Ostiz. D’ailleurs, sa tête se pencha très légèrement sur le côté, signe de sa curiosité et de son intérêt pour la réponse que l’homme lui offrirait.

Spoiler:

Crissolorio sortit de quoi écrire… Pourquoi ? Tout simplement car il avait clairement remarqué que le dragon parlait lentement, de diverses manières, et en une sorte de méli mélo assez dur à comprendre, il notait donc au fur, et à mesure ce qu'il comprenait… Disons que cela facilitait assez la « compréhension » de tout ceci. Et puis il était assez patient pour attendre, donc. Certains ce seraient sans doute agacé de communiquer avec un être qui mettait longtemps à exprimer ce qu'il disait, pour sa part Ostiz avait l'avantage d'être quelqu'un de fondamentalement admirablement patient donc il prenait le temps nécessaire. Après tout avec de la patience il arriverait à son but. Il devait néanmoins avouer que c'était assez particulier de ressentir quelques émotions qu'un être lui transmettait ainsi...

Il nota donc ce qu'il comprenait à peu près dans ce méli mélo… Heureusement aussi que Crissolorio était assez intelligent car cela l'aida grandement à ce sujet-ci, étrangement il éprouvait même une légère satisfaction à l'idée d'arriver à un résultat convenable. Après tout sans non plus être arrogant, il fallait savoir être satisfait de ses réussites, tout autant qu'apprendre de ses fautes. L'homme qui n'était jamais satisfait de rien après tout finissait par développer certaines tendances forts dommageables pour lui… En faîte l’ego était une sorte d'équilibre, sans en avoir trop il fallait en avoir tout de même. Le manque de confiance, et d'estime de soi était aussi un défaut après tout. Pour sa part Ostiz tâchait de ne pas se sous-estimer, ni se sur-estimer ce qui n'était pas forcément aisé, mais sans doute la meilleure manière d'avoir une bonne idée de ce que l'on pouvait faire de manière réaliste.

Baptistel, bénéfique, ne pas disparaîre. De ce qu'il avait comprit cela se tenait effectivement… L'ordre baptistrel après tout avait été critiqué à main reprises, mais au final cet ordre restait un garant de la paix, et de l'harmonie sur le continent...

« C'est une façon très adéquate de considérer les choses, l'ordre baptistrel a apporté beaucoup de bienfaits pour Armanda, et même s'il arrive qu'il fasse des erreurs, il reste que le somme des bienfaits que l'ordre a apporter à Armanda est assez considérable. C'est ce que beaucoup ne devraient pas oublier. » Mais bon beaucoup manquaient du recul nécessaire pour cela, et hurlait à la traîtrise par exemple dès la moindre erreur ayant des conséquences. Mais bon c'était dans la nature humaine que cela, et même elfique… Car c'étaient d'eux qu'étaient venu là plupart des critiques récentes de l'ordre rhapsodien, et ce malgré le passé immaculé de ce dernier à leurs égards.

Ce qui pouvait d'ailleurs faire se poser des questions quand à certaine affirmation des elfes comme quoi ces derniers seraient forcément plus sage que les humains. Ce n'était pas tant vrai d'une certaine manière, la sagesse était une valeur qui dépendait de beaucoup de choses, et les vrais sages n'étaient que rarement que ceux qui se clamaient sages, mais plutôt ceux toujours à la recherche de la sagesse. Car ils avaient d'une certaine manière la sagesse de comprendre qu'ils n'avaient pas raison sur tout, et chercher à s'améliorer. Tout en essayant de s'extérioriser de jugements subjectifs pour en avoir un objectif ce qui était le travail de toute une vie. Car il était difficile de ne pas juger quelque chose par le spectre de la subjectivité, en prenant l'exemple de Kaalys par exemple. Ce dernier devait par son lié être subjectivement poussé à juger les choses par le spectre de son lié, ou en prenant en compte ce dernier. Rien que par cet exemple on pouvait comprendre que même pour un dragon l'objectivité absolu était une chose très difficile. Il y aurait de quoi débattre des heures sur la dualité passions/raison d'une certaine manière… Peut-être une idée à développer plus tard avec ce dragonnet.

Puis le dragonnet poursuivit longuement pour formuler une autre phrase… Crissolorio s'appliqua donc à noter le tout pour ne pas perdre le fil, et… Drôle de nom ? Il présumait que sans doute que son nom bourgeois « Ostiz » est assez accentué Aldarien pouvait sonner un peu étrange ici c'est vrai… Quand à ce qu'il comprit du reste après une certaine réflexion pour tout assembler de ce qu'il avait perçu. Ostiz répondit calmement.

« C'est une question de politesse, venant à peine de vous rencontrer noble dragonnet vous êtes encore un inconnu pour moi, et il est donc normal pour moi au vu de mon éducation, de par exemple de vous vouvoyer, et de demander l'autorisation pour ce genre de choses, ce n'est pas forcément utile, mais c'est du respect. Vu que je vous connais à peine je ne tiens pas à vous froisser en étant familier, ou en vous brusquant par exemple. »

Mais c'était assez bourgeois comme manière de pensée cela Ostiz le savait bien, mais adéquat pour un dragon. D'ailleurs il supposa qu'il serait bon d'expliquer ce genre de notion humaine assez compliqué que sont la politesses… Visiblement ce dragonnier semblait aimer apprendre, et Cynoe avait fait part auparavant à Ostiz du fait que beaucoup de notion humaine paraissaient terriblement compliqué pour les dragons, sans doute que c'était dû à la manière de pensée draconique tant différentes de celles des hommes. Certaines choses qui paraissaient compliqués aux humains était simple pour les dragons, et d'autres choses paraissant simples pour les humains devaient être inversement complexes pour les dragons... Et se rendant donc compte qu'il n'avait pas forcément était clair auparavant surtout sachant que pour un jeune dragon ce n'était pas forcément aussi évident que pour un vieux bourgeois humain, il rajouta donc.

« Cette même politesse dont j'use envers-vous a plusieurs buts. Par quelques règles de permettre des rapports sociaux, et des dialogues respectueux, et équilibrés pour ne pas risquer de froisser accidentellement son interlocuteur, et de faire preuve de d'éducation, et de savoir vivre. Cela permet ainsi aussi de s'identifier, et la société humaine comme le société elfique peux être assez complexe ce sujet, s'adresser à quelqu'un d'une certaine manière peut-être irrespectueux pour quelqu'un, et respectueux pour d'autres. Cela permet aussi de réguler certains comportement, ou de décider quelle manière de se comporter est désirable, ou non. Cela comme beaucoup de choses a ses qualités, et ses défauts, mais c'est en suivant les principes de la politesse que je m'adresse à vous ainsi de ce fait. » Il y avait à boire, et à manger en faîte, et là Ostiz tentait surtout de résumer simplement ce concept assez complexe pour qui n'avait pas été éduquer dans cet esprit. Rien que de l'appris, pas la moindre parcelle d'innée dans ce genre d'habitude après tout, à se demander presque comment l'humanité était arrivé à inventer ceci, mais clairement cela devait avoir un lien avec l'apparition de classe social, ou du concept de famille.

A la réponse que lui donna le trésorier, le petit dragon de nacre sut qu’il l’avait plus ou moins compris, ce qui augurait de bonnes choses pour la suite de la conversation. Même si celle-ci risquait de ne pas s’éterniser jusqu’à l’aube. Il sentait qu’utiliser son pouvoir télépathique autant le fatiguait bien plus qu’il ne l’aurait cru. Mais comme il débordait encore d’énergie malgré que la Lune se soit levée depuis un long moment déjà. Si Kaalys avait pu sourire, il l’aurait sans doute fait. Les paroles de Crissolorio sonnaient juste à ses oreilles draconiques et il appréciait la sagesse dont semblait faire preuve l’homme. Il répliqua de son mieux par ces quelques mots.

*Il est vrai que la mémoire des bipèdes est bien plus simple que la nôtre et c’est peut-être là la source de ces erreurs commises par vos peuples.*

Il aurait pu ajouter que ces erreurs semblaient touchées presque exclusivement les trois peuples qui marchait sur deux jambes mais c’aurait été mal venu de sa part. Malgré son très jeune âge et bien qu’il n’est pas d’exemple concret à énoncer, le Lié de Dawan Sywel se doutait que tous les siens étaient irréprochables. Lui-même n’ignorait pas que, pour son dragonnier, il pourrait ne pas être aussi sage que sa race prétendait l’être. Etait-ce dû à ce lien avec un bipède ou bien était-ce simplement dans les gènes de chaque être, aussi sage soit-il, de commettre des erreurs aux conséquences parfois irréversibles ? Cette question serait sans doute à poser à l’un de ses aînés s’il venait à avoir une telle conversation avec l’un deux. Dommage que sa mère ne soit plus là pour discuter avec lui. Pendant un instant, son regard se voila de tristesse avant de retrouver la lueur bienveillante qu’il posait sur l’homme d’un certain âge depuis que ce dernier avait dit du bien de son Lié elfique.

Le dragonnet au regard doré pouvait lire dans celui de son compagnon nocturne toutes les questions qu’il se posait à propos de la sagesse des peuples et il n’osa interrompre sa réflexion avant sa conclusion par ses mots maladroits et certainement peu compréhensibles, surtout que ces pensées semblaient fort intéressantes. Kaalys regrettait que le trésorier impérial ne les partage pas avec lui. Certes, il n’aurait sûrement pas tout saisi mais il aurait pu y réfléchir plus tard ou en discuter avec Dawan pour essayer de mieux comprendre.

A la question que lui avait posée le petit écailleux, l’homme-aux-cheveux-gris lui donna une réponse longue et un peu compliqué que Kaalys eut bien du mal à saisir dans son ensemble. Cette notion de politesse semblait être l’une des règles des bipèdes les plus complexes. Heureusement, Dawan lui avait expliqué qu’en tant que membre du peuple draconique, il n’avait que peu de protocole à appliquer et, qu’au vu de son jeune âge, rien ne lui saurait reprocher pour l’instant et qu’il avait donc tout le temps d’apprendre. Mais il se demandait comment les Elfes, les Humains et les Vampires faisaient pour s’y retrouver dans tous ces protocoles, surtout qu’ils avaient l’air différent d’un peuple à l’autre. Le petit dragon aux yeux d’or se dit qu’il comprenait que les bipèdes puissent manquer le vrai sens de certaines choses puisqu’ils s’encombraient de règles compliquée et le plus souvent futile. Montrer son respect à une personne n’était pas nécessairement s’incliner devant elle selon lui. Lui, pour montrer son respect, parlait avec sincérité et calme. C’était suffisant à son avis et ce n’était pas près de changer, peu importait les protocoles.

Le petit être ailé manqua de pousser un soupir de soulagement quand Ostiz reprit la parole assez lentement pour que le tout jeune dragon puisse suivre ces explications plus amples. Il ne comprenait qu’avec peine cette idée de hiérarchie. Chez les dragons, il trouvait cela plus simple puisque la loi du plus fort était dans leur gêne. Mais il n’y avait pas de réelle hiérarchie, juste des relations plus ou moins amicales avec d’autres congénères. Le respect n’apparaissait pas comme un dût à une hiérarchie aux yeux de Kaalys puisqu’il pensait qu’il devait se mériter et que tout le monde devait le respect aux autres. C’était par ce respect mutuel que la paix pourrait perdurer en Armanda, malgré la disparition des Esprits. Il attendit que l’homme ait fini de parler avant de prendre à son tour la parole. Il avait conscience que résumer les us et coutumes des peuples armandéens n’étaient pas chose aisée et il fut indulgent avec son interlocuteur.

*Tout cela est bien compliqué et je trouve très étrange de baser le respect sur une hiérarchie bien plus que sur le mérite. Il me parait bien difficile d’avoir le même respect pour une vile personne fut-elle un roi que pour un enfant honnête et bienveillant. Il me semble que c’est là le meilleur moyen de parvenir à des guerres.*

Il concevait que ce n’était pas la pratique inscrite dans les habitudes de l’homme-aux-cheveux-gris mais il voulait voir sa réaction. Qu’en pensait-il, lui, de ce système ? Il est vrai que même chez les Baptistrels, il existait une forme de hiérarchie mais celle-ci ne dépendait que du mérite et il fallait des années d’apprentissage avant d’accéder au poste de Cawr, ça le Lié de Dawan l’avait bien compris des explications de Cœur-Chantant. Et, tout d’après les explications de son doux Lié, il n’en était pas de même pour les autres peuples. Cette conversation avec Crissolorio était peut-être l’occasion d’en apprendre davantage.

La mémoire des hommes était effectivement à faible portée, Crissolorio savait que celle des elfes, et vampires était plus longue au vu de la vie plus longue de ces derniers, mais les hommes ne pouvaient pas prétendre une mémoire aussi solide, et pourtant les elfes aussi avaient commis des erreurs en ce sens-là. Quand aux dragons, Crissolorio ne pouvait pas objectivement faire ce genre de conclusion, mais de ce qu'il savait pour le moment leurs mémoires était effectivement une excellente source de savoir, elle faisait même presque envie à quelqu'un comme lui qu'un tel savoir inné, et à portée de main… Quoique il avait cru comprendre que celui-ci restait tout de même asse limité malgré tout de sa conversation avec Cynoe. Mais peut-être que cela dépendait aussi du dragon essayant d'en user ?

Enfin le temps qu'il réfléchisse au fait que la mémoire des bipèdes était simple, le dragon avait… Mmmmh, mémoire simple, erreurs commises, mémoire simple égales conséquences des erreurs commises, voilà ce qu'Ostiz avait cru comprendre. Après Ostiz n'avait pas trop compris que le dragon désigner spécifiquement les races bipèdes dans son raisonnement… Disons que même-lui ne pouvait pas comprendre parfaitement une façonde communiquer aussi anarchiques. Il donna néanmoins son avis en essayant d'être objectif.

« Je pense qu'il serait tout de même un peu rapide de simplifier ces erreurs uniquement par la mémoire défaillante des peuples. Je pense que ce genre de choses vient plutôt de multiples causes qui ont engendrés des conséquences toutes aussi multiples. Il n'y a pas d'effet sans causes après tout, et la mémoire défaillante me semble surtout être une sorte d'encouragement à ces erreurs que la seules conséquence de celles-ci. Comme par exemple une terre fertile encouragera un arbre à pousser dedans, mais sans eau, ou soleil ce dernier ne pourra pas pousser. Tout effet en ce monde à donc une cause je pense, et pour comprendre ces dits effets il convient de comprendre les causes, et ce qui les as encouragés pour ainsi que les erreurs par exemple qui sont les effets de certains causes puisse ne pas recommencer. Mais en effet cela nécessite aussi de s'en souvenir entre autres... »

Ou comment dire qu'il y avait en somme un connecteur logique à chaque chose, et que cela était bien plus complexe qu'on le pensait, et d'une certaine manière pour Ostiz la compréhension des sociétés, et de l'histoire se faisait par ces connecteurs logiques. Très logiques, et quand à l'erreur Ostiz pensait que cela venait aussi d'une autre et simple raison, celle que rien n'était parfait en ce monde que ce soit humain, elfes, vampires, et dragons. La perfection n'étant pas de ce monde l'erreur était possible car l'erreur était imperfection en soit, et ne serait impossible que pour un être absolument parfait en tout point. Et ce pour de nombreuses raisons car la perfection impliquait que rien ne l'égalait, et chaque dragon, homme, elfe, et vampire étaient différents les uns des autres, et deux êtres différents ne pouvaient donc pas être parfait tout deux en même temps car la perfection impliquait que rien ne l'égalait par définition, et la notion même de différence en soit excluait la perfection de ce fait. Enfin c'était un raisonnement assez compliqué, et qui n'était pas très travaillé pour l'instant...

Il aurait d'ailleurs bien partagé ses pensées avec le dragonnet que ce soit sur cette imperfection, ou sur l'objectivité, mais il ne savait pas si cela serait adéquat, malgré le fait que cette jeune créature semblait intéressé par la réflexion… Mais Ostiz attendait disons le bon moment pour ce genre de choses, oui le bon moment. Car il craignait sinon de brusquer le dragon pour une raison toute bête, en affirmant ce genre de choses dans un moment inadéquat il risquait de froisser le dragon vu que cela serait remettre en cause certains choses telle que l'objectivité de son opinion envers son lié par exemple. Après tout Crissolorio n'ignorait pas que les dragons avaient pour beaucoup une certaine fierté pour ne pas dire un certain orgueil inné, et il valait mieux éviter de trop chatouiller ce dernier dans le mauvais sens. Après peut-être que Kaalys était plus modeste que là plupart des siens, là encore Ostiz n'en savait rien, car il venait à peine de rencontrer le dragonnet, et qu'il serait un peu idiot de sa part de jouer avec le feu par ignorance. Par contre s'il voyait que la jeune créature était plus qu'ouverte à ce genre de questionnement pas forcément évident pour tous, et ces remises en questions pas à la portée de tous car elles nécessitaient de ne pas être trop orgueilleux, alors là il n'hésiterait pas… Peut-être l'objet d'une conversation future quand le dragon sera plus à l'aise avec la communication entre autre ? Car là Ostiz doutait de vraiment pouvoir aborder beaucoup de sujets à cause de ce genre de choses…

Et Crissolorio écouta à nouveau attentivement le dragon lui parlait de diverses manières assez complexes à comprendre. Et ce dernier soulevait des points assez justes de ce que comprenait Ostiz, enfin il était clair que le dragon était extérieur à ceci pour avoir un tel avis… Ostiz après avoir bien réfléchir ne manqua pas de le dire.

« Ce point de vue est fort juste à sa manière, le mérite est une valeur appréciable, néanmoins il est vrai que la raison pour laquelle ça ne marche pas ainsi est assez complexe... »

Il expliqua donc lentement, et clairement car là c'était vraiment un sacré morceau...

« La société humaine est basé sur ce que vous pouvez appeler la « hiérarchie sociale », et les elfes, et vampires en partie, et à leurs manières suivent cette hiérarchie qui s'applique très différemment selon le peuple. Chez les hommes en particulier selon sa naissance un humain n'est pas éduqué de la même manière, et pas considéré de la même manière qu'un autre, et la société humaine a besoin d'hommes de tout type, et rang social pour fonctionner car contrairement aux dragons, et aux un vampire un être humain ne peut pas survivre longtemps seul, nous sommes une race qui a énormément besoin les uns des autres pour vivre, ces contacts très fréquents entre nous, et cette dépendance mutuelle fait que chaque homme a finit par avoir une utilité différente pour tous, et selon son utilité caractérisé par sa fonction on le traite d'une certaine manière, et on lui doit un certain respect. »

Avant d'expliquer par quelque chose d'un peu plus profane.

« Prenons le cas assez simpliste d'un homme seul qui sait cultiver des choux disons… Celui-ci n'aura aucun mal à se nourrir vu qu'il produit des choux bien évidemment, par contre imaginez que des loups menacent de le dévorer, cet homme sait planter des choux et produire de la nourriture, mais ne sait pas se batte très bien vu qu'il n'a pas le temps de s'entraîner vu qu'il doit cultiver ses choux. Par contre en échange d'une partie de ses choux d'autres hommes qui eux savent très bien se battre, mais qui n'ont pas la possibilité de produire eux mêmes des choux le défendent, ainsi les hommes le défendant ont besoin de lui pour se nourrir, et inversement il a besoin d'eux pour ne pas se faire dévorer, ils ont donc besoin les uns des autres pour survivre, et font avec. En réalité c'est bien plus complexe que cela, mais gardez en tête l'idée que la société humaine a besoin d'hommes aux compétences diverses, et variées pour fonctionner, de ce fait les humains ont besoin d'autres humains pour différentes choses qu'ils ne savent pas faire eux-mêmes, et cela a engendré en grande partie le société humaine d'aujourd'hui que ce soit pour le meilleur, ou pour le pire. »

Avant d'achever.

« Et de plus cette façon de hiérarchiser permet aussi de créer un certain ordre social, le souci n'est pas tant d'égaliser les relations entre les hommes mais de faire en sorte que chacun reste à sa place pour maintenir le tout ensemble, et que cela fonctionne. Naturellement je suppose que les hommes les mieux placés comme les rois, et les nobles en ont profité pour prendre certains droits, et privilèges pour assurer leurs position. Cela permet néanmoins de garder un certain ordre social car chaque homme a une place bien établit, je ne dit pas après que c'est juste ou parfait, mais cela permet au moins que la société soit un minimum ordonné. Ainsi les hommes sont répartis en classes sociales aux différents droits, et pouvoirs avec les nobles qui ont le plus de droits, et de pouvoirs, et qui ont pour devoir de gouverner, et protéger les hommes en dessous d'eux théoriquement. Voici comment la société humaine fonctionne en partie aujourd'hui donc... »

Et bien entendu il était largement possible de critiquer ce genre de choses, mais si cela pouvait aider le dragon à mieux comprendre ce genre de choses...

Au fur et à mesure que la conversation prenait un tour plus intéressant, les réponses de Crissolorio Ostiz se faisaient plus longues et donc plus difficiles à comprendre pour le dragonnet. Mais Kaalys ne lâchait pas, ne cessant un instant de regarder l’homme-aux-cheveux-gris pour mieux se concentrer. Il lui fallait toujours quelques secondes pour comprendre ce qui venait d’être dit et, s’il lui manquait certains passages, avec tout ce qu’il avait saisi du discours du Trésorier impérial, il parvenait à s’en faire une idée pas trop fausse. Alors, pour montrer son accord avec le bipède, il se mit à hocher la tête de bas en haut comme le lui avait indiqué Dawan. C’était de loin la plus facile des formes de communication parce qu’elle ne pouvait pas être mal interprétée. Toutefois, n’offrant que deux possibilités de réponse, cela restait très limité et ne serait pas à la hauteur de la discussion qui avait cours ici.

Perdu entre sa concentration et l’intérêt qu’il portait à ces échanges avec Ostiz, le petit dragon de nacre perdait peu à peu toute notion du temps qui passait et il ne se doutait pas que la nuit était déjà bien avancée. Mais, même s’il serait réveillé aux aurores le lendemain matin, il ne se serait pas arrêté pour autant. Jamais il n’aurait mis fin à une telle occasion d’en apprendre plus sur Armanda et les coutumes de ses peuples même si ce n’était qu’à travers le regard d’un seul de ses représentants. Il fallait bien commencer quelque part et les cheveux blancs sur les tempes de son compagnon d’insomnie semblaient aller de pair avec une certaine sagesse. Kaalys n’aurait jamais été jusqu’à penser l’Humain plus sage qu’il ne l’était lui-même mais il sentait que l’avenir leur réservait peut-être d’autres conversations plus nourries et plus intéressantes encore. Notamment quand ils n’auraient plus de soucis de communication. Il espérait que l’occasion se présenterait et il y avait bien peu de chances que ce ne soit pas le cas puisqu’un jour ses ailes lui ouvriraient tout un monde à découvrir et à parcourir. Leurs routes se croiseraient donc encore, il le sentait.

Le Trésorier impérial mit quelques instants avant de répondre à sa remarque sur la hiérarchie et le respect et le Lié de Dawan Sywel devina que le bipède ne partageait pas toutes ses pensées avec lui. Il n’en dit rien, comprenant tout à fait que la difficulté qu’ils éprouvaient à se comprendre freine les ardeurs d’Ostiz à se lancer dans de longues explications sur ce qu’il pensait de telle ou telle chose. Il leur faudrait alors bien plus d’une nuit pour tout se dire. Toutefois, l’explication que lui apporta l’homme-aux-cheveux-gris sur le point que le petit écailleux avait soulevé fut longue et complexe. Mais comme il prit son temps, Kaalys put saisir la plupart des choses. Il apprécia que son interlocuteur utilise un exemple simple qui lui permit de comprendre une petite partie du fonctionnement assez complexe du peuple humain. Quand il entendait dire certains bipèdes que les Dragons étaient des êtres difficiles à comprendre, il doutait de leur capacité de jugement. Tant de règles régissaient leurs vies qu’il se demandait comment ils ne se sentaient pas prisonniers d’elles à chaque instant. Il était bien content d’être né Dragon plutôt que bipède et il espérait que son Lien avec Dawan ne donnerait pas lieu à trop de protocole. Enfin, tant qu’il ne devrait s’agenouiller devant personne ou baisser le regard, il s’y ferait sans doute, pour faire plaisir à son dragonnier elfique.

Les Humains avaient une drôle de façon de fonctionner selon le dragonnet aux yeux d’or. Tout semblait si compliqué et surtout si inégal de son point de vue. Comment ceux qui se faisaient dicter ordres et lois par des gens qui ne méritaient pas toujours ce pouvoir, cette responsabilité, pouvaient l’accepter sans broncher ? Ne voyaient-ils donc aucun autre moyen où personne n’aurait à être en-dessous d’autres ? Kaalys avait bien une idée ou deux mais il sentait que ce n’était pas forcément le moment opportun pour l’exprimer. Peut-être plus tard, quand il aurait grandi et que ses paroles pourraient toucher plus de monde. Et il lui faudrait certainement en discuter d’abord avec Dawan, pour s’assurer que les Armandéens seraient prêts à l’écouter. Toutefois, il ne comptait pas non plus garder le silence cette nuit et il exprima tant bien que mal son avis sur la question, transmettant ses interrogations au Trésorier. C’était là une ébauche de démocratie même si le jeune fils d’Atalos ne connaissait pas encore ce mot et ce qu’il représentait vraiment. Mais il voulait une vraie paix pour Armanda et il sentait au plus profond de son âme que c’était peut-être l’une des solutions pour y parvenir. Le temps et l’expérience le feraient peut-être changer d’avis. Ça, seul l’avenir le dirait. Et il l’attendait avec une certaine impatience sans en avoir réellement conscience.

Le dragonnet semblait d'accord avec lui, Ostiz ne dirait pas que tout les dragons étaient sages, ou capable de sagesses au vu des égards dans le comportement de certains qui remettaient en doute cela, mais celui-ci lui semblait être très prometteur dans ce domaine-ci. La sagesse n'était pas un acquis cela il fallait le savoir, c'était une vertu qui se développait avec le temps, et l'expérience, elle ne dépendait pas de l'âge non plus, mais de bien d'autres choses. Le caractère jouant aussi, au final il fallait juste retenir que pour être sage il fallait une chose essentielle, savoir se détacher des événements, et prendre du recul. Mais bon ce genre de discussion très détaillé il pourrait sans doute en avoir une avec le dragon à l'avenir, en cela Ostiz ne doutait point… Ce dragonnet étant lié à un baptistrel il ne serait sans doute pas dur de le retrouver, et inversement Fortuna la cité dont Ostiz était seigneur se trouvait à quelques jours voir moins en vol de dragon d'ici. En faîte techniquement ils ne vivaient guère loin de l'autre finalement. Une chose qui avait son intérêt, et même si Ostiz était vieux il pouvait quand même encore espérer vivre au moins une trentaine d'année avec un peu de chance. Que ce soit grâce à sa condition de vie assez agréable, ou toutes les lotions, et les potions qu'ils prenait pour garder une certaine santé.

Mais ce n'est pas tant la force physique qui importait pour Ostiz que la force de l'esprit, il était clair que le vieillard était un homme faible physiquement, et ses talents guerriers même si non inexistants étaient douteux, le seul domaine où il avait vraiment ses chances étaient la magie. Non Crissolorio avait ses forces dans une domaine bien plus intérieur. Une chose que bien peu d'êtres en ce monde à part les politiciens, et ce particulièrement avisés privilégiaient. Peut-être que ce Kaalys s'accentuerait sur ce domaine-ci ? Ou sur une autre ? Peut-être… Mais il ne fallait jamais sous-estimer la force de l'esprit. La force physique, et la puissance brute ne faisait pas tout en ce monde, et ce qui le croyaient ne le voyaient pas sous un angle très propice. Ce qui dirigeaient vraiment les fil du destin usaient de forces bien plus subtiles, bien plus élitistes. Le savoir était le pouvoir, mais savoir sans comprendre était aussi utile qu'être riche tout en étant mort. Une chose que ce dragonnet devrait apprendre à l'avenir.

Ostiz se demandait d'ailleurs s'il devrait répéter ce qu'il disait, chose qu'il ferait si le dragonnet le demandait, même si la demande en soit prendrait du temps, ce petit être n'était pas encore à l'aise avec ce genre de choses, ce qui n'était pas si étonnant au final… Ostiz se rappela d'éplucher les pages de Conscienta au sujet des dragons, le savoir elfique à ce sujet-ci après tout pouvait éclairer même si cela nécessiterait certainement un temps pour tout appréhender. Vu que cet ouvrage magique avant tendance à répondre de manière elfique à toutes les questions qu'on lui posait… Mais la force de l'habitude, et la compétence faisait qu'avec un peu de temps on finissait par comprendre les tenants, et aboutissants. Et en parlant de livres...

« Quand j'y pense, cette bibliothèque est si bien pourvue… Il serait dommage qu'un être tel que vous Kaalys soit privé du savoir immense qu'elle renferme, peut-être qu'une âme charitable accepterait de vous lire une partie des ouvrages qui y sont si vous lui en faisiez la demande, qu'en pensez-vous ? Après ce n'est qu'une suggestion de ma part... » Oh bien entendu il ne se proposait pas lui car il n'avait vraiment pas le temps de faire ça, il fallait bien imaginer le temps qu'il faut rien que pour lire à voix haute, lentement et de manière distinguable un ouvrage de milles pages… Mais voilà un conseil qui lui semblait aller de soi après tout, bon par contre pour lire tout les ouvrages de cette bibliothèque il faudrait probablement une vie d'homme passé à ne faire que ça. Mais si on éliminer les ouvrages qui se répétaient, et ceux pas si utiles que cela on pouvait au moins aller à l'essentiel assez aisément.

Et il sentit assez vite d'ailleurs que le dragon voulu lui faire partager quelque chose, des interrogations… Quelque chose lui rappelant un sujet assez particulier, celui du rapport de force entres les hommes, mais pas forcément si nouveau que cela, vu qu'avec les nombreux érudits, et grand penseurs ayant traversés l'histoire ce genre de questions avaient souvent émergés, Caladon en était le parfait exemple aujourd'hui. Car le dirigeant de la ville y était élu par ses citoyens, et non dépendant de l'hérédité… Crissolorio eu du mal à percevoir, mais ça le fit penser à Caladon effectivement…

L'idée d'un règne un peu égalitaire entre les hommes était ancienne après tout, très ancienne, remontant aux débuts de l'humanité en vrai, même si sous une forme davantage primitive que ce que l'on voyait en partie à Caladon actuellement. Mais ce genre de système faisait montre d'innombrables questionnements à son sujet, notamment de comment l'appliquer pour que cela marche vraiment, que personne n'abuse de son pouvoir, entres autres… Tant de questionnements qui avaient étaient soulevés par les philosophes au cours des siècles, mais qui démontrait que même si ce concept semblait idéal était en pratique bien difficilement applicable, et encore plus de la manière parfaite. Et donc comme toujours pour Ostiz il fallait prendre du recul, et envisager la chose de manière critique car aucune solution n'était idéale, et il valait mieux être prudent.

« Cela me fait pensée à une vieille idée selon laquelle les hommes pourraient gouverner entre eux de manière égalitaire, néanmoins noble Kaalys sans dire que cela est impossible ou indésirable, il reste que ce serait très complexe à mettre en place, et à maintenir. Et si cela venait à arriver serait-ce aussi bien que nous l'imaginons ? Je vous conseille d'être prudent noble Kaalis avec ce genre de choses, et de passer toutes vos idées, et raisonnements sous le spectre de l'esprit critique, car ce que la passion, et l'idéalisme nous pousse souvent à faire est bien moins beau que nous le pensons réellement… Je ne veux pas dire par là qu'il ne faut pas espérer, et vouloir rendre les choses meilleurs, mais croyez-moi avoir du recul est souvent très pratique. Car plus que les actes il y a les conséquences suivant ces actes, et ces dernières ne sont pas forcément celles que nous imaginons. N'oubliez jamais une chose, remettre en questions les faits est souvent le meilleur moyen de prendre du recul avec, et ne pas commettre une erreur par inadvertance car souvent les choses sont bien plus complexes que nous le pensons à première vue. Et je pense que c'est par une réflexion aboutie, et objective en connaissant les tenants, et aboutissants d'un sujets que vous pourrez faire les meilleurs choix finalement. » Il essayait là d'être objectif, et d'inculquer la prudence, et la réflexion sage, en somme la raison contre la passion irréfléchie qui conduisait souvent à la catastrophe sans le vouloir. Car après tout même le chemin pavé des meilleurs intentions lui aussi pouvait conduite vers le plus ignoble des avenirs...

Et il reprit ensuite au sujets des hommes.

« L'état, le pouvoir exercé sur la société humaine, et les hommes la constituant est garant de l'ordre, et de la cohésion des hommes entre-eux. C'est une sorte de compromis au final qui permet au hommes d'espérer vivre avec un minimum de sécurité, et de cohésion entre-eux par des lois, et des règles empêchant par un exemple aux hommes de tuer leurs voisins si l'envie leurs prenaient vu qu'ils encourraient un châtiment s'ils le faisaient. Néanmoins cela a fait que certains hommes au centre de cet état ont fatalement obtenu du pouvoir, et ont décidés d'en profiter. Le pouvoir est tentant après tout... Ce n'est pas tout les hommes qui abusent du pouvoir, mais le fait même d'en avoir peut donner des envies, comme vous avez certaines possibilités qui vous seront offertes à l'avenir grâce à vôtre force, et vos pouvoirs de dragon. Vous pourrez décider, ou non de les assouvir, et c'est la même chose avec les hommes de pouvoir, le simple fait qu'il ait la possibilité d'en user fait qu'ils peuvent, mais pas toujours êtres tentés d'en user de diverses manières, qu'ils décident ou non de le faire la possibilité est toujours présente, et cela peut amener à tentation pour certains... » Il parlait en connaissance de cause, lui-même était un homme de pouvoir particulièrement bien placé, l'un des hommes les plus puissant de l'empire Glorien, et pourtant il arrivait à se détacher de cela pour dire la vérité. Lui-même ne se pensait pas un homme abusant du pouvoir, mais il avouait qu'il y avait cette possibilité, il était au fond plus attaché au concept de la méritocratie qu'autre chose en vrai...

Kaalys aimait converser avec l’humain. Il ne doutait pas que si leur route venait à se recroiser un peu plus tard, lorsqu’il maitriserait mieux l’art de la communication télépathique en langue humaine, les deux êtres pourtant bien différents pourraient discuter bien plus encore. Il y avait tant de choses que le petit dragon de nacre taisait de peur de mal s’exprimer et qu’Ostiz n’interprète mal ses idées. Alors il attendrait d’être prêt, ce n’était pas bien grave si ce n’était pas aujourd’hui ni même demain.

L’idée du trésorier impérial quant à la lecture des livres intrigua le petit écailleux. Il est vrai que les ouvrages sous lesquelles croulaient les étagères de la bibliothèque du Domaine baptsitral l’avaient toujours attiré et il pensait sérieusement à demander un jour à Dawan de lui apprendre à lire. Mais Crissolorio avait raison, pourquoi ne demanderait-il pas en attendant qu’on lui lise quelques passages. Il aurait pu le demander à l’un des Enwrs mais il ne voulait pas les déranger dans leur apprentissage. Il avait bien d’autres choses, tout comme son Lié, à faire pour perdre ainsi leur temps. Non, il se débrouillerait avec ce qu’il pourrait comprendre. Et puis, si le simple fait de se promener dans les couloirs du Domaine le conduisait à des rencontres comme celle qu’il venait de faire avec le bipède aux cheveux gris, à quoi bon s’isoler devant un livre. Il préférait bien plus apprendre de ceux qui vivaient les choses que de morceaux de parchemin sans vie.

Après qu’il eut partagé avec l’humain ses interrogations sur un système plus égalitaire, il attendit sa réaction et celle-ci ne se fit pas attendre très longtemps. Il sentait un peu de scepticisme venant de son compagnon d’insomnie. Il devina que sa réponse serait longue et compliquée à comprendre alors le dragonnet se concentra autant qu’il le pouvait. La nuit était plus qu’avancée et il commençait à perdre un peu de son efficacité. L’espace d’une seconde, il se dit que la journée du lendemain risquait d’être difficile. Mais dès que Crissolorio Ostiz commença à parler, il chassa cette pensée de sa tête et l’écouta avec attention.

Comme il s’y attendait, Kaalys eut bien du mal à siasir chaque mot que prononçait l’homme aux cheveux gris. Cependant, il en comprit suffisamment pour retrouver les idées qu’il lui soumettait. La prudence semblait importante à ses yeux et le petit être au regard doré ne pouvait qu’être d’accord avec lui à ce sujet. Mais lorsqu’il reprit après une courte pause et qu’il évoqua la condition des hommes comme un compromis, le Lié de Dawan Sywel ne put s’empêcher de penser que les bipèdes étaient encore bien plus complexes qu’il ne le pensait et qu’il lui faudrait sans doute bien plus que des années pour les comprendre et leur souffler des conseils avisés sans qu’ils ne puissent les détourner du droit chemin. Quand le trésorier aux sages paroles se tut à nouveau, le dragonnet de nacre acquiesça pour lui montrer qu’il avait compris le principal.

*Vous aviez raison, il me faudra un long moment avant de connaître assez de choses pour pouvoir m’exprimer avec clarté et sagesse tout comme il vous a fallu des années à vous aussi.*

Le petit écailleux réprima un bâillement avant de transmettre encore quelques images et émotions à son interlocuteur. Il pensait en effet que le système actuel était potentiellement voué à disparaitre et qu’il espérait que des bipèdes aussi sages qu’Ostiz ne l’était aideraient les générations à venir à construire quelque chose de nouveau. Parce que les futurs Armandéens auraient besoin des lumières des anciens pour ne pas répéter les mêmes erreurs, tout comme lui devait se fier à sa mémoire ancestrale pour ne pas subir les mêmes échecs que ses prédécesseurs avant lui.

Kaalys ne put réprimer le second bâillement qu’il sentit monter de sa poitrine. Se concentrer devenait un peu plus difficile à mesure que le temps passait. Cela faisait de très longues heures que le dragonnet était réveillé et qu’il explorait autant que possible le Domaine avec son Lié. Il n’y avait donc rien d’étonnant qu’après cette longue journée et cette conversation fort intéressante il soit trop fatigué pour continuer quoique ce soit. Alors, sage, il s’excusa auprès de Crissolorio Ostiz et le salua en lui souhaitant une bonne nuit, ou du moins ce qu’il en restait. Une fois cela fait, il reprit le chemin des appartements de Dawan, la tête pleine des idées et des questions qu’avait amené sa discussion avec le trésorier impérial, non sans oublier de faire un détour par l’un des couloirs suspendus que comptait le Domaine baptistral. Il s’y arrêta quelques minutes pour contempler les étoiles. Il se dit qu’il pourrait les regarder un million de fois sans se laisser de leur beauté. Et puis il retourna se blottir contre Cœur-Chantant, les yeux à peine clos qu’il dormait déjà. Et cette nuit-là, il rêva qu’il volait parmi les étoiles sur la toile céleste d’un noir d’encre. Un jour, il conquérait le ciel. Mais un autre jour. Pour l’instant, il avait seulement besoin de dormir.

Crissolorio comprenait, en même temps cela se voyait aisément que le dragonnet avait quelques difficultés, peut-être que quand ce dernier serait plus âgé ce serait plus facile pour eux deux, mais Ostiz ne manquait pas d'être assez impressionné par cela, car au même âge Cynoe le violet n'était sûrement pas capable de communiquer aussi facilement, ou même aussi clairement. Manifestement comme les humains les dragons gagnaient vite en intelligence au début de l'existence même si cette évolution avait l'air clairement bien plus rapide pour les dragonnet que pour les humains…

Oui de quoi se questionner, les dragons étaient pleins de mystères, bon en vérité on pouvait dire que n'importe quelle race était pleine de mystère, mais là où les vampires l'étaient de manière obscure, et plus ou moins inquiétantes, les elfes de manière fascinantes, et fantastiques, les dragons l'étaient d'une manière encore différente. Après tout quoi de plus différent d'un humain qu'un dragon ? Oui les dragons étaient à leurs manières bien singulier, et digne d'intérêt. Et Ostiz croyait, qu'il était possible de mieux comprendre cette race, non pas penser comme un dragon mais comprendre elle fonctionne, pense, comment elle existe en soit. Oui l'empirisme, et la raison pouvait selon Ostiz permettre d'expliquer clairement ce qui existe, pour lui il y avait une réponse à toutes les questions, et aucun mystère insoluble, et de ce fait. Chercher les réponses, et la vérité n'était pas tant une option qu'un devoir. De ce point de vue là Ostiz s'approchait légèrment de la manière alayienne de pensée, certes celle ci était plutôt portée par leur ancien fanatisme mais en dehors de cela ces hommes avaient privilégiés la science, et l’explication rationnelle des phénomènes matériels pour leurs exploitation. Oui Ostiz en était certain, beaucoup croyaient que la politique jouait un rôle essentiel, mais les progrès dans la technique, et autres domaines joueraient encore un rôle plus grand à l'avenir. Le savoir était le pouvoir, le monde appartiendrait en ce temps de paix non plus aux généraux mais aux érudits, et aux hommes avisés.

Et ce dragon semblait avisé, et de bonnes intentions… Oui qu'il soit avisé était probablement plus important car des fois le chemin de l'enfer était pavé de bonnes intentions disait-on. Ce qui ne voulait pas dire que vouloir le bien était mauvais en soit, mais certains de ceux qui pensaient agir bien avaient provoqués des événements fort tragiques par imprudence. Malheureusement la vie était des fois assez compliqué, et des fois un acte mauvais en apparence faisait le bien, et inversement… Pour sa part Ostiz avait finit par donc développer une morale porté sur la conséquence des actes que les actes en eux-mêmes, cela lui semblait prendre plus de recul, mais il était conscient que ce n'était pas parfait.

« Vous commencez avec des très bonnes bases déjà… Vous n'avez point à rougir. La bonne volonté, et la détermination sont la clé pour atteindre ses buts, ainsi que la bonne foi de vouloir se remettre une question qui est une qualité encore plus rare. Soyez conscient de vos qualités, et de vos défauts Kaalys sans les idéaliser, ou trop les minimiser et il n'appartiendra ensuite qu'à vous d'agir comme bon vous semble au mieux. » Dit-il calmement. En somme n'être ni trop modeste, ni trop arrogant. Connaître sa vraie valeur, être content de ses mérites tout en sachant ses fautes pour les corriger. Une attitude que bien peu avaient, Ostiz pour sa part avait eu besoin d'une vie à affûter son contrôle de soi pour y arriver. Ce n'était là rien d'innée, ou aisé.

Puis il sentit les quelques images, et émotions que Kaalys lui envoya… Cela nécessiterait beaucoup de réflexion pensa t-il de ce qu'il arriva à comprendre, oui beaucoup de réflexion… Il devait l'avouer le dragon était avisé, et c'était une qualité qui l'aiderait beaucoup. Crissolorio confirma son approbation en hochant calmement la tête, oui beaucoup à y réfléchir même si ce genre de changement serait étonnant si dans les temps prochains, après on ne savait comment l'avenir serait fait. Et savoir après si l'avenir serait désirable, ou non… Seul le temps le dirait, mais sage qu'il était Ostiz était aussi un politicien et il comptait bien en tirer parti, il avait des ambitions lui aussi, la paix et la prospérité de l'empire, faire en sorte que le nom de sa famille rentre dans l'histoire, laisser sa marque, et pouvoir mourir de vieillesse en ayant la satisfaction d'avoir contribuer à la grandeur de sa nation, l'ambition de rentrer dans l'histoire de la bonne manière en somme. Il avouait que cela n'était pas désintéressé, mais à ses yeux ce n'était pas le fait que ce soit intéressé, ou non car ce qui importait c'était les conséquences de tout ceci.

Enfin temps de choses sur lesquelles il aurait pu converser avec le jeune dragonnet et qu'il garderait sans doute pour une prochaine fois. Ce dernier semblait après tout fatigué, Ostiz devait avouer ne pas avoir trop vu la nuit passé même si heureusement à un âge avancé comme le sien on dormait bien moins que dans la fleur de l'âge.

Ostiz accepta donc de toute manière les excuses de bon gré en disant qu'elles n'étaient point nécessaire, et souhaita une bonne nuit au dragonnet, Crissolorio se demandait quand lui serait donner l’occasion de revoir le dragonnet, puis se dit que ce serait quand le temps serait venu, et regarda calmement les alentours. La bibliothèque était toujours aussi silencieuse, mais il était temps d'aller se reposer pour lui aussi. Car il aurait à faire demain...