Dans sa caverne, le bleuté se laissait aller au calme et à la sérénité ... Au moins les blessures aidaient à dormir c'était le seul et unique bon point qu'il avait trouvé pour se remonter le moral. Le silence impérial qui s'était installé ne faisait que lui rappeler à quel point il avait été atteint, le moindre de ses mouvements créaient un bruissement au sol qui se liait à la douleur. Chaque fois que le bruit s'estompait une cuisante courbature venant crispé son corps d'écailleux. Bien sûr il n'était pas idiot, il savait que ce n'était pas le bruit qui le faisait souffrir ... Néanmoins, ce silence commençait à le peser, combien de temps était-il ici à tenter de se remettre ? Quelques heures ? Plusieurs jours ? Ou des semaines ? La notion du temps lui échappait, presque autant que le contrôle de son propre corps.

Sauf qu'il n'était pas question pour lui de rester là, à croupir dans la poussière et l'atmosphère lugubre de sa grotte. Il se redressa péniblement en serrant les dents. Vraorg ... Qu'il pourrisse dans la mort ! Voilà ce qu'il hurla dans son esprit draconique. La puissance de son adversaire lui avait sauté aux yeux quand celui-ci fit éclater sur lui une de ses boules d'énergies. Jamais il n'aurait cru qu'une telle force puisse exister, une telle souffrance aussi. Plus aucune écaille ne se trouvait sur son poitrail désormais à nue en plus de sa peau brûlée. Ses yeux quant à eux reprenaient au fur et à mesure leur capacité. Mais il lui faudrait attendre encore un moment avant de retrouver la vue.

Quel triste cadeau de la part de l'un des siens ... Tant il avait été secoué sa vue s'était envolée en à peine une seconde. Un bouleversement dont il ne se souvenait que trop bien ... Elrond avait dû le guider durant le reste de leur combat, mais finalement c'est à son esprit qui lui avait permis de s'en sortir. Un dragon mort ... Non Armanda n'avait pas besoin de cela, son lié non plus d'ailleurs. Et cela aurait donné raison à tous ces opposants.

Quand on parlait d'opposant, un mouvement à l'extérieur attira son attention malgré l'absence de sa vue, Möebius se concentra faisant appel à ses sens, son esprit se projeta et percuta une forme bipède non loin ... Se pourrait-il que ? Sans attendre un grognement sourd s'échappa de sa gorge en distinguant désormais les bruits de pas du soldat. LE soldat, le seul qu'il aurait voulu voir mourir et disparaître ! Mais non évidemment il était toujours en vie et il était sur le point de lui casser les pattes avec son orgueil et ses désirs de gloire incessant. À moins qu'il n'est changé, mais Möe garda cet avis de côté, il s'agissait de Christan après tout.

« Néant est morte, les esprits sont mort, Vraorg est mort, mais toi, et moi sommes encore en vie visiblement. »

Non pas possible ! Voulu-t-il lui répondre avec dédain, mais il parvint à se retenir afin de le laisser continuer, le seul fait de lui montrer son agacement serait déjà une victoire personnelle pour le bipède et ça, le dragon n'avait pas envie de lui faire ce cadeau !

« La guerre est terminée, et ils discutent en ce moment même du futur « traité de paix » . »

Jamais elle ne viendra avec un bougre pareil encore vivant, pensa-t-il en fixant Christan de son esprit.

« Mais il reste une chose à régler entre nous deux. » Dit-il déterminé. « Moi Christan Weren ne fuit pas la confrontation, si tu pense devoir régler ceci par un combat à mort, lève toi, et vient m'affronter ! Je ne fuirai pas. »

Si l'Azuré avait pu soupirer il l'aurait fait, encore une lutte vide de sens qui allait plus l'ennuyer qu'autre chose, c'est vrai qu'il avait bien besoin de cela pour se rétablir. Comme c'était touchant de sa part ... Pour toute réponse, le dragon grogna une deuxième fois, les dents bien en évidence avec son regard aussi glacial et menaçant qu'il le pouvait. Il ne pris même pas la peine d'écouter la suite de sa tirade et le brutalisa en le percutant de son esprit.

- N'as-tu donc que cela à faire ? Je te l'avais dit, que la paix viendrait que tu le veuilles ou non, il te faut trouver un autre moyen de vivre et non pas par les combats. Et même dans mon état je te battrai.

De l'arrogance ... Jamais il ne s'était surpris à abuser auparavant, preuve que le jeune dragonnet que Christan avait rencontré quelques années plus tôt avait bien changé. Cette idée d'affrontement était stupide, sa déesse ne le protégeait plus, il ressortait d'une bataille, mais surtout il avait sans doute vieillit, contrairement à Möebius qui se renforçait d'années en années et il était encore loin d'avoir atteint la force de l'âge. Même Skade à plusieurs millénaires passées, semblait aussi jeune et souple que lui, seul la taille informait de son âge.

Une brève pensée pour sa mère lui permit d'oublier la rancune contre le soldat un court instant avant de s'adresser une nouvelle fois à lui. Le dragon parvint péniblement à se mettre sur ses quatre pattes tout en lui parlant.

- Navré de te faire comprendre que la bataille a été plus dur pour d'autres, nous autres dragons avons combattu Vraorg et non ses sbires. Comment ta fierté de guerrier le reçoit elle ?

Möebius savait pertinemment que le guerrier alayien allait le pousser à se battre, essayer de l'en dissuader était-il vain ? Au fond de lui le dragon le savait, mais il voulait éviter d'exposer ses blessures qui étaient désormais son point faible. Un écailleux sans protection était mort, même si le lierre qu'avait posé Dawan l'aidait beaucoup, la plante ne survivrait pas à un coup de hache. Il était comme le disait les bipèdes, dans de beaux draps.

Toujours aussi réceptif aux pics du guerrier, Möebius le fixa grâce à son esprit en lâchant un autre grognement sonore, lui s'était fait battre à plat de couture ? A que non ! Et puis lui au moins était parti combattre l'ennemi en face, la ou Christan se serait fait rôtir comme un poulet, lui en a réchappé et a continué de combattre ! Le fameux portail ne s'est pas défendu tout seul et les sbires du grand blanc ne se sont pas suicidés bien gentiment. Quel toupet, décidément il était toujours aussi désagréable et susceptible. En y réfléchissant Möebius ne comprenait pas comment il avait pu se laisser atteindre par une telle vermine, il ne valait plus rien. Plus de déesse à honorer et quand bien même elle serait toujours là, elle avait abandonné son peuple à leur sort sans la moindre hésitation. Sa foi et sa motivation étaient donc fausses, et lui avec le temps vieillissait alors que le bleuté embellissait autant physiquement que mentalement, il apprenait chaque jour la ou le soldat perdait de la mémoire ... Il n'avait plus rien à voir avec le dragonnet avec lequel il s'était battu auparavant. Ils avaient changé, l'un comme l'autre, mais Christan lui en mal. D'habitude le bleuté ne se sentait pas supérieur aux bipèdes mais en cet instant oui !

Néanmoins, il reconnaissait le fait que le guerrier avait eu un rôle déterminant dans cette guerre, mais cela il ne le dirait jamais à voix haute. Ce qui comptait était que la guerre était terminée, enfin.

En écoutant encore une fois le soldat alayien, le bleuté réalisa son erreur de jeunesse, non Christan ne serait jamais un pacifiste. Il n'était pas fait pour cela car il n'avait jamais rien connu d'autre. Et avec son vieux caractère de grincheux il ne l'envisagerait pas. Et dire qu'il l'avait espéré ... Quel perte de temps.

« Me battre ? Cela dépend de toi dragon… Je te l'ai dit Vraorg est mort, et la paix est venue. Nous sommes d'anciens ennemis Moëbius, peut-être le sommes nous encore même... Et s'il y a un moment bien adéquat pour régler nos comptes c'est maintenant... »

Étonné le bleuté garda l'esprit en alerte se demandant bien qu'est-ce que son cher et tendre rivale allait encore lui pondre.

« J'ai donc une proposition à te faire toutes simples. Soit nous tentons de nous massacrer dès maintenant, soit… Nous… Concluons une trêve entre nous dragons. »

Mais c'est qu'il allait presque perdre l'équilibre sous le choc de cette proposition. Finalement le dragon allait peut-être devoir revoir son jugement, mais ... Non il devait forcément y avoir un piège. Christan ne faisait rien sans une bonne idée en motivation il ne le savait que trop bien. Même si son idée pouvait être une mauvaise il lui fallait découvrir l'origine de ses dires. Le doute envahissait son coeur mais une certaine difficulté se faisait ressentir dans la voix de son ennemi. Le pensait-il vraiment ? Du moins il y avait de quoi se poser des questions vis-à-vis de ça.

« Cette trêve impliquerait autant ta personne, et la mienne que ton dragonnier bien entendu. Fais ton choix Moëbius, je ne réitérerai pas cette proposition deux fois... »

- Je dois dire que ... Pourquoi me proposer un tel pacte ? Qu'as-tu en tête ?

Il allait devoir se méfier encore plus du guerrier. Il venait de toucher un point sensible.

- Je ne te cache pas que je serais favorable mais je veux savoir pourquoi tu me proposes un tel choix maintenant ? Toi qui cherche sans cesse l'affrontement je suis surpris.

Le guerrier se plaignit des demandes de l'Azuré, celui-ci était donc incapable de se mettre à la place des autres ? Autrefois il avait bien fait comprendre à l'écailleux que jamais il n'y aurait de trêve ou quoi que se soit de calme ou de pacifique entre eux, la il venait de se contredire. Apparemment Christan l'avait oublié mais les dragons possèdent une excellente mémoire, quand celle-ci n'est pas troublée par une malédiction. Ainsi cette remarque concernant la trêve ne lui était pas si lointaine que cela. Donc oui il était surpris, donc oui il réclamait des explications même s'il voyait bien que l'alayien n'avait pas l'air enchanté. Comme si Möebius avait l'air ravis de le voir ... Donnant donnant !

Le soldat enchaîna sur la manipulation qu'avait subite le Néant de son vivant. Au fur et à mesure que le guerrier expliquait le bleuté commençait à voir clair en lui, pour la première fois il lui semblait déceler de la peine du guerrier. De ce côté-ci Möebius tenta de le comprendre : se battre corps et âme pour une entité corrompus. Christan devait avoir la désagréable sensation d'avoir passer sa vie dans l'erreur. Mais cela ne lui retirait pas pour autant toutes ces meurtres et se sang qu'il avait sur les mains. Il y avait pris du plaisir c'était certain, mais à présent l'âge agissait enfin sur sa conscience : il voulait connaître la paix.

Le dragon s'avança doucement de ses pattes flageolantes toujours l'esprit aux aguets. Il voulait que le soldat le regarde dans les yeux, lui voyait mal mais il pouvait deviner si son attitude était droite et honnête. Si quelqu'un lui avait annoncé un tel comportement de sa part, Möe lui aurait certainement brûlé le derrière pour dire de telles choses.

- Puisque tu as l'air de me supplier je suis positif à ta requête. C'est en cet instant que je me rends compte que tout es possible en ce monde. Néanmoins, je veux être certain que nous sommes d'accord sur la même chose. Plus de combats, plus d'insultes autant sur mon peuple que celui des elfes et encore plus sur mon lié. Il est ma seconde moitié et c'est m'insulté moi aussi, " l'ami ".

Tonna-t-il d'un air amusé et moqueur, finalement sur ces affrontements c'est lui qui aurait eu raison.

Sans plus attendre le dragon passa à côté de son ancien rival pour sortir prendre un peu l'air, même si sa caverne le protégeait des autres agressions il allait bien falloir qu'il se bouge. Jamais il ne voudrait moisir ici, l'air pur et l'immensité du ciel lui manquait de trop.

- Cela dit, je te remercie. Même si je t'ai détesté pendant tout ce temps je dois dire que tu es le seul alayien pour qui j'ai eu du respect. Aucun ne m'a tenu tête comme tu as pu le faire il y a plusieurs années. Je ne te dis pas de recommencer mais sache que peu de personnes peuvent s'en vanter. Si ça avait été un autre que moi, je ne pense pas que tu serais encore de ce monde. En particulier si ça avait été Verith.

Rien qu'à l'évocation de ce nom, le bleuté perdit sa bonne humeur naissante. Le fils de l'orage était un dur à cuir et surtout à moitié sourd qui n'écoutait que ses idées. Quand il était en colère il valait mieux s'en éloigner.

« Tu es bien exigeant Moëbius… Mais je présume que je n'ai pas le choix, mais sache que si j'accepte de ne plus t'insulter, et vous combattre toi, ton lié, et que vous ne m'insultiez, et ne me combattiez pas en retour. Et que je n'insulte pas vos peuples je garde le droit de dire le fond de ma pensée tant que cela n'est pas insultant. Car je ne suis ni un menteur, ni un hypocrite. »

- Evidemment ...

Se contenta-t-il de répondre sans rien ajouter de plus, que pouvait-il dire de toute façon ? Il avait obtenu ce qu'il voulait, c'était le principal.

« Et n'oublie pas de mettre ton dragonnier au courant de ce petit accord, et que cela le concerne aussi. »

Pour sur, son lié allait être ravis ... Seulement Möebius réalisa qu'il ne ressentait que peu l'esprit de son compagnon ... Il devait être tout aussi faible que lui, ou alors était-ce ses propres forces qui l'abandonnaient ? Rien que de se tenir debout le faisiat souffrir. Elrond devait être dans un sale état ... Le dragon se remémora sa chute suite à l'attaque du Blanc. Le bleuté baissa les yeux vers le sol en espérant que son dragonnier n'ai pas trop souffert, il en était pleinement responsable. Après tout il aurait pu éviter cette boule d'énergie s'il avait été un peu plus concentré ! Il en était persuadé.

Plongé dans le remord le dragon n'entendit pas la voix de son ancien rival l'appelé, il ne releva la tête qu'un moment après, les yeux triste et l'âme fatigué.

« D'ailleurs si tu te le demande je l'ai toujours sur moi ton écaille... »

Étonné le dragon inclina légèrement la tête de côté comme s'il posait silencieusement une question. Vraiment ? C'était surprenant, quoi que non. C'était la un splendide trophée que Möebius lui avait offert alors oui Christan l'avait conservé. Dit ainsi cela paraissait limpide.

« La confrontation voilà la clé pour devenir plus fort Moëbius, la confrontation ce n'est pas forcément affronter quelqu'un pour le tuer, cela peut aussi être le fait faire face à une difficulté, d'essayer de se surpasser, en somme tout ce qui requière que tu te donne de toi pour atteindre un but, mais ne l'oublie jamais rien en ce monde ne s'acquière sans difficulté. Et même si je n'ai pas été capable de te vaincre. »

De plus en plus surpris le bleuté observa avec son esprit son ancien rival sans l'interrompre. Que pouvait-il dire de plus ? hormis qu'il était ... Surpris de ce changement soudain de mentalité, même si c'était ce qu'il avait toujours voulu au fond de lui, voir que ceci n'était pas une réalité le perturbait. Enfin voir ... Constater plus tôt.

Le bleuté se mit à réfléchir à ses belles paroles, telles qu'elles étaient prononcées cela n'était pas une farce. La confrontation, évidemment ! Personne ne pourrait alors avancer dans la vie, que se soit pour gagner son repas du soir ou pour défendre son peuple contre un envahisseur. Personne ne saurait marcher, aucun dragon ne saurait cracher de flammes ... Un monde qui serait bien triste si aucun n'avait eu le cran de se mettre au défi.

« Je ne sais pas si cela est pareil inversement, mais tu semble d'être endurci avec le temps. Néanmoins vu que tu m'a posé moins de difficulté pour accepter ma proposition que je le pensai je vais être franc avec toi Moëbius comme un guerrier est franc envers un autre guerrier, tu es gentil… Je ne vais pas dire que c'est une faiblesse, mais méfie toi. Car siquelqu'un comme moi te veux du mal tu le verra venir car je le dirai franchement et le ferai paraître car j'ai cette qualité d'être honnête et prévisible, par contre ceux qui veulent jouer sur ta gentillesse entre autres pour te manipuler à ton insu, ou te faire souffrir moralement tu risque de ne pas les voir venir, et crois moi… Ce sont eux les plus dangereux pour quelqu'un comme toi. Après ce n'est qu'un conseil de ma part dragon, en souvenir de nôtre rivalité... »

- Pour sûr que j'ai changé ! Je n'allais tout de même pas rester le dragonnet fragile et introverti toute ma vie. Cela aurait été d'une tristesse et d'un ennui. Cela dit je conserve une certaine méfiance. Je ne remets pas en doute ta parole, tu es un homme d'honneur malgré nos différents, cependant pourquoi me donner presque des conseils comme tu le fais ? Me protéger ?

Termina-t-il presque sur le ton de l'humour. Vraiment cette scène méritait de rester graver dans les mémoires, Elrond allait en entendre parler, lui qui avait éprouvé une haine sans limite pour Christan. Lorsqu'il allait entendre cette histoire la grimace sera mémorable !

- Plus sérieusement je le sais ... J'en ai vu et connu des gens avec du charisme qui abuse de la gentillesse, seulement il n'est pas aisé de m'utiliser. Je ne me bats que pour mon lié et personne d'autre, leurs intérêts ne me regardent pas.

Bien entendu que le bleuté n'ajouta rien quand aux êtres qu'il voulait protéger, bien sûr il y avait Ashy, sa tendre amie, Dawan, le jeune barde qui faisait battre le coeur d'Elrond et d'autres encore.

Lui-même en y songeant trouvait cela presque absurde entre ce qu'il était et ce qu'il était devenu. Tous devaient être bien surpris, mais qu'importe il aimait se sentir différent, plus sûr et déterminé. Un vrai dragon qui a survécu de son combat. De ce côté là il n'avait rien à envier à Christan, Möebius l'avait amadoué et battu, le guerrier devait même le savoir mais refuserait de l'avouer, évidemment.

« Moëbius le bleuté serait-il en train d'admettre qu'il aurait besoin de protection ? Ma protection qui plus est ? »

Le dragon grogna intérieurement, loin d'être orgueilleux le bleuté refusa d'imaginer ne serait-ce qu'un instant cette drôle d'idée, et puis quoi ensuite ?

« Non je te protège pas, il serait juste navrant de te voir tomber plus bas que terre dragon. Moi qui te prend pour un guerrier, et un adversaire honorable je serai embarrassé si cela devait arriver. Qu'un être aussi fort ne soit pas capable d'être entièrement maître de son destin serait désesperant. »

Soulagé qu'il ne s'agissait pas de cela, Möe analysa mentalement son ancien rival sans rien ajouter, il n'avait jamais pensé qu'il était un guerrier à proprement parler, plutôt un protecteur. Oui ce titre lui convenait mieux, après tout lui ne souhaitait qu'une chose : servir la cause de ce cher continent qui avait bien trop souffert. Protecteur des elfes également. Du moins ce titre seul lui le savait vraiment. Aucun pacte n'avait été réellement passé, juste des paroles échangées entre le souverain actuel des sylvains. Seulement il ne s'agissait que d'un remerciement pour toutes ces années passées dans ce peuple pacifique qui l'avait accueilli à bras ouverts.

- Ma force est mienne ... Je l'offre a qui le mérite et qui porte les mêmes convictions que moi, cela dit pour le moment je n'impressionne personne ainsi ...

Au vu de ses blessures plutôt grave, le dragon ne risquait pas de recevoir une demande de la part de personnes en danger qu'il devrait protéger, on lui recommanderait plutôt d'aller se faire soigner.

« Tu m'avais parlé du dragon rouge… J'aimerai savoir quelque chose, est-ce que les dragons s'entendent tous bien entre-eux, et donc le comportement de cet aile de mort te paraît normal, ou est-ce que c'est tout autre chose ? Pense tu qu'il risque assez vite de devenir une menace ? Ou t'en fiche tu ? J'avais entendu dire qu'il avait brûler des villages entier peuplés de civils par le passé sans aucune raison et mes avis qu'il va recommencer maintenant que Vraorg est mort, et si tu te demande pourquoi ces questions, sache que je pense qu'il risque de représenter une menace sérieuse à l'avenir pour ce continent. »

- Les dragons ne sont pas tous amis ... Nous nous connaissons de part nos réputations qui nous précèdent les uns les autres, personnellement j'apprécie chacun d'eux, avec quelques réserves néanmoins. Mais je suis persuadé que le jour ou l'un des écailleux a un ennui, tous se mobiliseront malgré nos différents.

Heureusement qu'il y avait cette égalité entre tous, sinon bien des dragons auraient eu plus de blessures, peut-être même qu'il en manquerait quelques uns.

- J'ai moi aussi des questions alayiens. Les fidèles du Néant, que deviennent-ils désormais ? Y avait-il aussi des tensions pour mieux gagner ses faveurs ? J'ignore bien des choses sur ce qu'il fut, connaître mieux le passer pourrait m'aider à l'avenir.

Des rumeurs, voilà ce qui avait permis au dragon de connaître les alayiens, rien de bien officiel, c'était au moins une chose que le bleuté avait compris, rien n'est officiel chez les bipèdes, le plus gros des informations se sait officieusement. Tous le monde finit par le savoir mais ça n'est jamais clairement annoncé. Pourquoi ? Une autre question qu'il poserait mais pas à Christan. Son franc parlé n'allait peut-être pas lui apporter les meilleures réponses.

« La force n'est pas bonne, la force n'est pas mauvaise dragon. Elle est la force par delà ce genre de considération elle est la puissance d'agir qui nous permet de diriger nôtre destin, et sont fort ceux qui construisent le leurs, et ne sont pas esclave de lui… »

le bleuté exactement comme lui, ça il l'avait bien compris en constatant la puissance autant des vampires, des alayiens. Chacun possèdent encore des opinions différentes et leur arme de prédilection reste la force. Comme le feu, noble et un outil efficace pour l'homme mais meurtrier quand on s'en sert mal ...

« Tu croyais que j’impressionnai moi après que tu m'a casser les os il y a quelques années ? Cela ne m'a guère freiné pourtant quand je suis revenu en pleine forme quelques mois plus tard. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort dragon. Ce qui compte ce n'est pas forcément de triompher, c'est de ne pas abandonner. »

- Ah ! Grogna le dragon. J'en doute fort ! Mais tu l'avais bien chercher, maintenant que j'y repense, tu revenais d'une mission toi et ton groupe. Vous aviez les mains pleine de sang et tu avais osé insulter mon lié. L'un comme l'autre nous étions plus jeune et impulsif. Tes blessures t'ont servis.

Nostalgique l'Azuré se souvenait leur premier combat, qui lui avait offert sa première blessure suite à son amnésie. Sa griffe l'avait démangé pendant plusieurs semaines suite à cet affrontement. Rien de méchant mais tout de même, les poux restent agressifs.

« Nous verrons bien, qui sait quelle fichu bordel risque d’encore nous tomber sur la tête après tout... Je ne dis pas là qu'il y aura la guerre, mais vôtre continent semble vraiment avoir la poisse dragon, l'avantage c'est qu'au moins on ne s’ennuie pas... »

La poisse Un drôle de mot tient ... Le dragon écouta attentivement le guerrier en songeant aux esprits, avaient-ils laissé derrière eux une malédiction sur le continent lui même afin de se venger de leurs morts ? Une bonne question qui n'obtiendrait pas de réponse certainement. Au fond de lui Möebius aimait ce continent, pas que le peuple elfique. Il ne le disait jamais, mais il le pensait. Alors même si ce continent avait la "poisse" il y resterait, sauf si son lié y serait en danger évidemment.

« Mon peuple va se dissoudre dans le peuple humain au sein des deux empires Glorien, et Aldarien qui vont se former. Beaucoup d'alayiens comme moi préféreront l'empire Aldarien, mais d’autres envisageront l'empire Glorien. Mon peuple ne disparaître pas, mais il va désormais devoir bâtir son histoire sur ce continent hors de l'empire de Vraorg, et des malheurs qui nous ont frappés. Au final cela aurait pu être pire je présume... »

Encore une fois le dragon se tût pour écouter son ancien rival, oui il était curieux, mais cela lui servait bien par la suite toutes ces informations. Aux futures générations il pourrait raconter l'histoire des divers peuples ainsi que leurs évolutions. Le bleuté dissimula habilement son contentement que les fidèles du Néant disparaissent au fur et à mesure. Même s'ils y en avaient d'autres comme Christan, le reste ne devait pas avoir autant d'honneur et de respect.

« Quand à des tensions pour gagner la faveur de Néant ? Non, l'armée alayienne était discipliné, l'une plus discipliné qui soit et ne voit pas cela comme de la propagande de ma part car même les armandéens l'admettent. Nous étions unis sous un hiérarchie stricte dirigé par des officiers méritants, et croyant comme le fer en Néant. Le seul moyen de gagner les faveurs de nôtre déesse était soit la foi envers-elle ou les actes méritants fait au nom de la cause du Néant. Les seuls alayiens mort de la mains d'autres alayiens c'était les déserteurs, et les traîtres à nôtre cause. Car nous voulions aussi en vérité sauver nôtre peuple dont nous sommes les derniers représentant… »

- Mais pourquoi donc chaque peuple en détresse se montre violent et destructeur ? Est-ce caractéristique des bipèdes ?

Se questionna le dragon intrigué. Les dragons n'ont pas fait autant de bruits lorsqu'ils furent réintroduit sur le continent, seul Verith s'était montré colérique. Tout les autres acceptèrent de se lier aux bipèdes pour assurer leurs survies et certainement la leur. Si les dragons " n'appartenaient " à personne des chasseurs auraient certainement vu le jour ... Le désir de conquérir et de posséder des bipèdes. Ils ne pouvaient s'en empêcher, et aucun ne comprenaient que tout n'était que poussière finalement. Ils ne le verraient qu'une fois vieux.

« Pourquoi ces questions sur mon peuple en particulier ? Je veux bien croire que tu veux connaître le passé Moëbius, mais tu est bien l'un des rares armandéens à t'intéresser aux alayiens. »

- Tu vas peut-être me trouver faible mais ... Pour ma part chaque peuple a le droit qu'on lui porte de l'intérêt. Si personne ne prend le temps d'écouter ses voisins la guerre reprendra. Et pour être franc les alayiens ressemblent aux dragons, ceux qui sont sur le continents ne sont pas chez eux. Contrairement à vous, nous sommes arrivés comme une bénédictions pour les habitants déjà présents et nous avons été intégré sans problème. Vous il fallu vous battre pour obtenir un nouveau foyer ... La seule différence entre nos deux peuples sont l'accueil qui leur a été accordé. La suite nous la connaissons déjà.

Le bleuté tourna la tête vers l'horizon même s'il ne voyait plus rien, au fond de lui il savait que face à lui c'était la plaine ayant souffert de la guerre.

- Et toi alors ? Tu me trouves curieux mais je te retourne la phrase. Tu m'as bien posé des questions sur les dragons. Peut-être pas aujourd'hui, mais lors de nos dernières rencontres oui.

Amusé Möeius renâcla en dépliant lentement ses ailes, il sentait ses forces revenir et la douleur dans ses articulations diminuée. Le jeune barde avait tout de même fait un miracle avec lui. S'il n'était pas intervenu il aurait été incapable de se lever. Un triste tableau pour une créature dite ancestrale et jugée majestueuse.

- Mis à part tout ceci, trouves-tu autre chose à me demander ?

« Je vais finir par croire que tu m'apprécie dragon pour ne toujours pas m'avoir occis malgré tout ceci... »

Même mal en poing le dragon trouva l'énergie de grogner après son ancien rival. Il n'allait tout de même pas le laisser deblatérer de pareilles bêtises ! Et puis quoi ensuite ? Un bisou ? Non mais sérieusement. Ce guerrier ne manquait pas de toupet. Malgré que cela fasse plusieurs années qu'ils se connaissaient Möebius était sans cesse surpris. Jamais il ne l'aurait imaginer dire de telles choses, c'est peut-être pour ça qu'il était pris de court à chaque fois ... Cet alayien alors !

« C'est bien la première fois que j'entend quelqu'un comparer les dragons et les alayiens... »

« Si j’enfonçai doucement une lance dans le cœur de ton lié devant tes yeux tu réagirai comment ? La situation de nôtre peuple était a peu près aussi douloureuse pour nous alayiens cela dit-toi. »

Furieux rien que d'y penser, le brasier monta précipitamment dans la gorge du dragon, il dû se faire violence pour se calmer et continuer cette conversation. Il ne s'agissait que d'un exemple ... L'écailleux se répéta cette phrase au moins une dizaine de fois pour être sur de ne plus s'énerver aussi rapidement. Lui que l'on qualifiait de calme, il avait plutôt le sang chaud pour un dragon des glaces.

Le bleuté observa le guerrier grâce à son esprit, il se tourna vers lui non sans attendre avec appréhension la suite de cette phrase. Il devrait être flatté ! Lui qui répétait sans cesse que personne ne pouvait les comprendre. En les comparant Möe avait eu au moins le mérite d'essayer.

« Ton raisonnement même s'il a l'air étrange a l'air d'avoir du sens, même si à mon avis peu de dragons seraient d'accord avec toi sur ce fait, mais bon de toute manière nous ne venons peut-être pas d'ici, mais nous y sommes installés maintenant, et nous avons donc autant de légitimé que les autres peuples là depuis soit disant plus longtemps, dire le contraire serait comme dire qu'il me suffirait de couler un bronze dans une plaine où tu n'as jamais mit les pieds pour dire ensuite que tu n'a pas à y foutre les pieds car elle m'appartient dorénavant car j'y était avant toi. »

Le bleuté ne répondit pas ayant du mal a comprendre la signification de l'expression de Christan. Persuadé que cela ne lui plairait pas Möe préféra se concentrer sur le reste de ses paroles avant d 'y répondre.

- Une terre se mérite. À mes yeux si les alayiens se sont battus pour pour protéger Armanda alors ils peuvent rester ici. Cela ne reste que mon avis personnel. D'autres ne pensent pas la même chose j'en ai bien peur.

« J'aurai bien du mal à répondre à cette question de toute manière, car je ne me souviens pas vraiment de t'avoir poser des questions au sujet des tiens en vérité. »

- La preuve que l'on ne se connait même pas. Nous nous sommes battus parce que nos peuples respectifs avaient des préjugés sur vous.

Mais ce temps était désormais terminé, c'était le moment de tourner la page et d'apprendre à se connaître pour qu'un jour l'on raconte aux générations futures comment les pires ennemis ont finalement trouvé un accord. C'était le but de cette conversation pour Möebius.

« Nous ne sommes plus ennemis, mais cela n'empêche pas une certaine forme de rivalité dragon… J'aimerai donc lorsque le moment sera venu un nouveau combat, pas à mort bien entendu, mais un combat en souvenir du bon vieux temps, et si cela se trouve après tout je pourrai peut-être même te surprendre… Qu'en dis-tu ? »

- Le contraire m'aurait étonné venant de toi. Peut-être oui, pour le moment je ne suis pas en état pour voler et encore moins pour me battre.

Le moindre mouvement le faisait souffrir, même si la furie dans les combats le faisait oublier toutes ses souffrances le contre-coup était tellement plus violent que rien que d'y songer le bleuté était décourager.

- Un de ces jours oui ...

Répéta l'écailleux avant de conclure.

- Prenons ceci comme un combat de paix puisque tu ne sais pas t'exprimer autrement bipède.

« Ces autres là peuvent bien penser ce qu'ils veulent nous sommes maintenant ici, et nous défendrons nôtre droit à y rester si nécessaire, mais bon après ces guerres je doute de toute façon que qui que ce soit soit en état de se battre juste pour ce genre de raisons. »

- Le temps que les autres nations se relèvent de tout ces temps de crises, vous serez si nombreux que la seule solution serait de vous accepter. Le temps et notre rencontre m'a bien fait comprendre qu'il ne faut en aucun cas vous sous-estimer. Parole de dragon.

Möebius grogna encore et toujours en présence du guerrier, il savait parfaitement que ses paroles allaient faire plaisir à Christan, lui qui c'était démener pour les lui dire avait désormais raison. Mais uniquement sur ce point ! Il ne fallait tout de même pas qu'il se sent supérieur suite à cet échange. Tout de même !

« Ce que je pense surtout c'est que vous n'aviez même pas besoin de nous pour vous exterminer à l'époque, vous le faisiez très bien vous même, notamment les elfes et les vampires. »

- Certes, mais je reste persuadé que les alayiens avaient souvent leur petit mot à dire dans nos conflits, même si cela peut paraître stupide ce que je dis. Certains étaient bien plus fermés d'esprit que toi, je ne le sais que trop bien pour avoir mener de mon côté des missions pour ralentir l'approvisionnement, ou détruire les réserves d'armes et j'en passe. Tout les alayiens n'obéissaient pas parfaitement au Néant, d'autres menaient leurs petites affaires dans les villages voisins. C'est pour cela que j'étais en permanence furieux contre ton peuple. Je constatais sans cesse le résultat de vos missions. Sache le Weren.

La colère monta dans la gorge du dragon, tout comme les flammes. Les images de familles décimées, de villages brûlés le hantaient encore. Frustré de n'avoir rien pu faire à l'époque, Möebius libéra ses flammes en direction du ciel ainsi que cette haine. Si les alayiens et les autres peuples devaient co-habiter il allait falloir du temps avant qu'il ne l'accepte pleinement. Il devait se tenir à cette image de créature ancestrale et sage auquelle on l'identifiait. Mais parfois cela se révèlait si compliqué et difficile. Les dragons eux aussi pouvaient haïr et devenir rancunier. Lui l'avait été, mais désormais pour une paix future, ces sentiments devaient lui être interdit. Ou alors il pouvait éventuellement se venger sur son vieux rival ? Mais cela remontait à si longtemps ... C'était trop pour lui et son coeur de pacifique ... Néanmoins il allait faire avec, comme son compagnon de mission de l'époque lui avait apprit. Möe n'avait pas le choix.

« Me battre avec toi en cet instant aurait été complexe de toute manière car moi aussi je ne suis pas au meilleur de ma forme... »

- Je t'avoue que moi non plus je en suis pas au mieux ... Contrairement à toi je n'ai pas honte de l'avouer.

Fier de sa réplique, me bleuté fît quelques pas en avant et constata que effectivement il n'était même pas en état de voler ... Une triste réalité que heureusement ne se retourna pas contre lui. Si Christan n'avait pas proposé ce pacte, il en aurait profité pour achever le dragon. Quoi que il n'aurait certainement pas voulu d'une victoire si facile. Weren avait besoin de saigner, d'avoir les os brisés et de relever fièrement la tête pour dire : Je me suis battu et j'ai vaincu ! Du moins c'était cette image précise qui défilait dans l'esprit du bleuté ... Un peu amusé il gloussa mais s'abstint rapidement vu les douleurs affreuses que lui procurait sa plaie béante au poitrail.

« Un combat de paix… La vie elle-même est un combat dragon, ce n'est pas un combat où nous faisons forcément saigner quelqu'un, mais un combat pour survivre, pour vivre, pour accomplir, enfin combat ou pas nous avons peut-être remporté tout deux une victoire aujourd'hui… Sur ce je pense que je vais prendre congé. Nous nous reverrons un jour... D'ici là tâche de ne pas faiblir. »

- C'est bien la première fois que je te vois poli alayien. C'est toi en ce moment même qui faibli, je t'ai donc encore battu.

Déclara-t-il d'un ton fort et assuré malgré son état. Il savait pertinemment que cela énerverait Christan. Rien que de le savoir cela lui faisait plaisir. Ce n'était qu'une petite taquinerie rien de plus. Sans rien ajouter de plus le bleuté retournera dans son creux afin de se reposer lui aussi. La magie allait agir sur lui mais cela allait lui prendre du temps .. Autant commencer tout de suite, le coeur léger de ne plus avoir à gérer ce conflit permanent et fatiguant. Enfin c'était surtout le soldat qui était épuisant ...