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Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz]

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MessageSujet: Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz] Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz] Icon_minitimeDim 15 Nov 2015 - 15:05

Vraorg était mort. Ces trois mots dont bien peu auraient un jour pensé pouvoir les utiliser dans une seule et même phrase avaient pourtant bel et bien été réunis à l'issue de la terrible bataille de Sandur. Vraorg avait péri, le tyran blanc était tombé et avait libéré les peuples d'Armanda du joug sous lequel ils avaient été oppressé depuis de trop longues années. L'abomination albinos n'avait cependant pas été le seul divin à disparaître : sa chute avait entraîné ni plus ni moins que celle des Esprits Supérieurs, de tous les Esprits, depuis le Néant à la Terre en passant bien évidemment par la Vie... et la Mort. La nouvelle s'était rapidement répandue, venant pour beaucoup d'Armandéens ternir la joie de la victoire contre Vraorg. Pour sa part, Kylian n'avait pas trop su comment réagir face à cette annonce. Une part de lui s'était inquiétée de ce qu'il adviendrait alors du monde, mais il n'avait pour autant pas pu s'empêcher d'éprouver une certaine forme de soulagement face à cette liberté retrouvée. Pour la première fois depuis longtemps, en fait pour la première fois depuis l'aube des temps, les peuples d'Armanda étaient les seuls véritables maîtres de leur destin. Une telle émancipation avait de quoi effrayer, bien sûr, et de nombreuses questions se bousculaient dans tous les esprits, mais Kylian n'en avait pas moins retrouvé confiance en l'avenir.

Un peu partout, les rumeurs évoquaient déjà la tenue de négociations de paix destinées à répartir équitablement les territoires et les ressources entre les différents peuples du continent, dans le respect et la compréhension des besoins de chacun. Aussi terribles avaient-elles pu être, les épreuves que les Armandéens avaient traversées ces dernières années se révélaient en effet un formidable tremplin vers l'entente et la coexistence pacifique. Un premier pas vers la reconstruction d'un nouvel espoir, en somme. A condition bien sûr que rien ne vienne perturber le fragile équilibre né de la fin du conflit et malheureusement, une ombre menaçante planait toujours sur cette lumière tout juste naissante : dans le chaos de la bataille, Lorenz était parvenu à quitter les geôles pour s'enfuir dans le désert, aidé d'une poignée de ses plus fervents partisans.

Plongé dans ses pensées, Kylian laissait son regard clair parcourir les courbes que les dunes du désert dessinaient sur l'horizon. La nuit était claire et fraîche, comme toujours sous ce climat chaud et aride, et les chants et les cris victorieux résonnaient encore un peu partout, fêtant la fin du règne du tyran draconique. Le renégat inspira lentement puis laissa échapper un soupir las tandis que ses méditations glissaient vers Esmelda et la naissance prochaine de leur enfant. Il y avait-il seulement une chance pour que Wintel accepte la paix ? Probablement pas, au contraire, l'instabilité d'après-guerre serait l'occasion idéale pour lui de reprendre sa campagne meurtrière. Vraorg tombé, les vampires majoritairement théocrates devraient se chercher un nouveau chef et tout recommencerait, la guerre, la peur, la mort.

« Pas cette fois, Lorenz... »

Cela n'avait été qu'un murmure adressé aux vents du désert, venu poser le point final d'une réflexion aussi profonde que déterminée. Plus silencieux encore qu'une ombre, Kylian abandonna son poste d'observation et se glissa dans la chambre où la princesse s'était octroyée quelques heures de repos, déposant discrètement une lettre cachetée sur sa table de chevet. Quelques mots pour s'excuser, pour expliquer, pour rassurer ou à défaut d'y parvenir, pour essayer. La jeune femme serait furieuse en les découvrant, et le retour du renégat, si retour il y avait, serait probablement ponctué de sévères réprimandes. Mais la politicienne qu'elle était comprendrait qu'il n'y avait aucune autre solution et que la paix devait absolument être préservée, ou du moins qu'il fallait tout mettre en oeuvre pour s'y essayer.

Après un dernier regard sur la forme allongée sous les draps, le renégat vampirique tourna les talons et laissa derrière lui Sandur et ses réjouissances pour s'enfoncer dans l'obscurité nocturne du désert. A présent qu'il n'avait plus sa liée pour le porter à travers cieux, il lui faudrait plusieurs nuits pour atteindre la côte, première étape de ce qui serait peut-être son dernier voyage.

A son arrivée sur les lieux, Kylian mit quelques temps à retrouver l'endroit exact où se trouvait ce qu'il était venu récupérer et pour cause : lors de son dernier passage dans cette région, il avait eu une toute autre perspective des environs. Ses recherches furent néanmoins couronnées de succès lorsqu'au détour d'un rocher, son regard se posa sur un petit coffret dont le contenu avait jadis marqué le passé du renégat de ses plus noirs instants. Une brève sensation de malaise lui traversa les entrailles tandis qu'il se figeait, observant avec un mélange de crainte et de satisfaction l'objet tant redouté et tant convoité à la fois. Il violait la promesse qu'il s'était faite à lui-même en venant le récupérer, et Skade – Dracos protège son âme – se retournerait dans sa tombe sous-marine si elle l'avait vu faire. Mais il n'avait pas le droit à l'erreur cette fois. Chassant ces sombres souvenirs, Kylian se pressa d'ouvrir le coffret et récupéra fébrilement le diamant de pureté qu'il y retrouva, dans l'état exact où il était venu le dissimuler bien des années auparavant. La pierre disparut aussitôt dans l'une de ses poches, le temps pour lui de déterminer le meilleur usage qu'il pourrait en faire.

La prochaine étape de cette dernière marche consistait à retrouver Lorenz et ses sbires dissimulés quelque part dans les vastes étendues du désert. Pour reprendre l'expression consacrée, autant chercher une aiguille dans une motte de foin. Par chance, Kylian avait quelques années d'expérience dans le rôle du traqué et cette même expérience contribuait à faire de lui un traqueur particulièrement efficace. Ainsi, après plusieurs jours d'intensives recherches, le renégat retrouva la piste des fugitifs, usant de ces mêmes stratagèmes qu'avaient été ceux qui lui avaient permis de survivre à son propre exil. Ce fut l'un des soldats de la garde rapprochée du prince que Kylian découvrit en premier, vraisemblablement un vampire chargé de surveiller les abords du campement. L'ancien dragonnier vampirique usa de tous ses talents pour surprendre le guetteur et parvint à le capturer à l'issue d'un bref mais non moins brutal combat. Désarmé et entravé d'une malédiction de chaîne, le captif guida bon gré mal gré son vainqueur en direction de la grotte où s'était réfugié Lorenz.

Sans surprise, l'accueil des gardes fut particulièrement hostile, Kylian étant probablement le dernier vampire qu'ils s'imaginaient venir se présenter face à eux. Le visage fermé, les mâchoires crispées, le renégat fit s'agenouiller son prisonnier d'un geste sec, dardant son regard sur les quelques vampires qui composaient ce comité d'accueil peu avenant. Sans un mot, il délivra son guide involontaire de ses entraves et, d'un signe du menton, lui ordonna de s'écarter avant de finalement prendre la parole :

« Faites savoir à Lorenz que j'ai à lui parler. »

Un silence tendu succéda à ces quelques mots, ponctués de quelques haussements de sourcils méfiants ou de rictus moqueurs avant que l'un des vampires ne se décide finalement à obtempérer :

« Reste là, je vais aller voir si ton Prince accepte de te recevoir... »

« Il n'est pas mon Prince. »

Et si Dracos le voulait, il ne serait peut-être bientôt plus le leur non plus.
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MessageSujet: Re: Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz] Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz] Icon_minitimeDim 15 Nov 2015 - 19:16

Il était mort… Enfin. Cette idée pouvait sembler étrange aux yeux de beaucoup mais il n’empêchait que depuis lors le Prince Noir partageait au moins une satisfaction et une pensée avec le reste du monde : Vraorg le Blanc était mort. Voilà qui avait de quoi le réjouir. Quand aux Esprits et bien… Il ne savait pas trop. Il n’avait d’abord pas cru à l’annonce de leur destruction, c’était d’ailleurs d’autant plus difficile que dans l’imaginaire Armandéen ils étaient tous étroitement liés à un concept physique indispensable à la bonne tenue du monde. Comment ne pas alors craindre que leur disparition n’entraîne aussi celle du continent, voir même de l’univers ? Cela n’avait pourtant pas été le cas, et le premier moment d’inquiétude passé Lorenz n’avait pu que se réjouir aussi de cette nouvelle. Il n’avait jamais pu supporter ces empêcheurs de tourner en rond. Et puis Mort avait voulu mourir non ? Eh bien voilà, c’était fait. Il aurait été quand même très dommage de le contrarier sur ce point…

Une flamme satisfaite s’alluma dans son regard tandis qu’il en arrivait à cette conclusion, pile au moment justement où la flamme de la bougie éclairant la caverne s’éteignait. Il la ralluma d’un geste agacé, non pas qu’il en ai besoin mais la proximité du feu était toujours bénéfique à ses réflexions. Et puis cela faisait des ombres reposantes sur les murs de la caverne où il se trouvait, bien loin de la cellule où les Protégés auraient souhaité le voir rester.

Enfermé justement dans la cellule en question, il n’avait pas participé à la bataille. Mais bien sur ce fait ne l’avait pas empêché d’en être un témoin auditif plus que privilégié, entre cela et les commentaires des humains chargés de le garder il aurait pu sans mal commenter le combat tout entier sans crainte de se tromper ! Un déroulement qui avait été des plus inquiétants à ses yeux car l’idée que Vraorg puisse faire tomber Sandur et finalement lui tomber ensuite dessus ne lui avait plu qu’à moitié… Mais les choses s’était finalement bien déroulée, en grande partie grâce à l’épée dont il avait été récupéré la lame avant de se faire enfermer et dont l’autre moitié avait été ramenée in extrémis d’il ne savait où. C’est ainsi que Vraorg avait été tué, et c’est ainsi aussi qu’il avait finalement décidé que le moment était bien choisit pour vider les lieux. Après tout, il n’avait plus de raison de rester et quoi de mieux qu’une bataille pour passer inaperçu lorsqu’il s’agissait de se lancer dans l’art de l’évasion ?

Bien sur les choses n’avaient pas été si simples qu’on aurait pu le croire. Ses mois de captivité avaient été à peine suffisant pour lui permettre d’effleurer du bout des doigts la complexité et le mystère de la magie Supérieure qui le gardait prisonnier. Parfaitement incapable de détruire sa cage par lui-même, il était à peine parvenu à écarter à grande peine la toile serrée de haute magie le temps de faire passer un message de pure énergie à Derek Austin, son allié le plus sur à l’exception d’une petite humaine qu’il ne voulait surtout pas impliquer. Ainsi informé des désirs de son prince, le commandant vampire n’avait pas tardé à rappliquer avec quelques autres soutiens et s’était rapidement rendu maître des gardes privés de tous renforts pour cause de bataille en cours. Hélas les choses s’étaient corsées lorsqu’il avait s’agit d’ouvrir au prince noir… Aucun effort qu’il soit physique ou magique, aucune tentative aussi raffinée soit-elle du prisonnier, n’avait pu venir à bout des protections des Esprits. Ceci jusqu’au moment où pour une raison bien obscure, les défenses s’étaient désactivées d’elles mêmes ! Lorenz devait comprendre plus tard que c’était à la mort des Esprits qu’il avait dû sa libération mais à cet instant hormis l’incompréhension et l’inquiétude de se voir tomber dans un piège il n’avait pas eu d’autres pensées que d’en profiter pour s’échapper.

Et c’est ainsi donc qu’il se retrouvait ici, dissimulé au cœur du désert d’abord avec ses plus farouches partisans puis de plus en plus avec d’autres vampires qui n’appréciaient pas du tout la tournure que prenait les choses. Un traité de paix hein ? L’amour et la compréhension entre les peuples ? De la nourriture offerte aux vampires ? ça c’était du Korentin, du Esmelda, du Kylian tout craché. Les humains et les elfes allaient courir plutôt que marcher en ce sens mais une chose était certaine, la majorité des vampires s’y opposeraient. La position de Lorenz n’aurait donc pu être plus enviable à ce moment, il n’avait qu’à attendre avec une patience féline que son peuple revienne peu à peu à lui, horrifié par l’imaginaire d’un monde aussi doux. Chaque nuit qui passait en ramenait des dizaines au bercail, ils revenaient tantôt l’échine basse en s’inquiétant de la réaction de leur prince, tantôt les poings serrés tant ils étaient avides de détruire le plus rapidement possible ce perfide traité en construction. Qu’importait leurs motivations, ce qui comptait c’était qu’ils ne voulaient pas de ce monde écoeurant de bonnes intentions que l’on voulait leur imposer. Et ce qui comptait surtout c’était qu’ils seraient bientôt suffisamment nombreux pour balayer les maigres forces encore existantes du protectorat. Ils balaieraient toute résistance très bientôt et alors la victoire finale lui reviendrait enfin à lui, le Prince Noir. Comme quoi tout vient à point à qui sait attendre…

« Pardonnez-moi de vous déranger mon Prince. Kylian Wallam est ici, il demande à vous voir. »

L’intrusion du garde circonspect suffit à faire éclater soudainement la bulle d’autosatisfaction dont Lorenz s’était lentement entouré. Wallam ? Ici ? Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Il avait beau être de bonne humeur il n’empêchait qu’il n’était pas encore assez idiot ou assez optimiste pour imaginer Kylian à un autre lieu que là où se tenait les réunions pour créer ce traité. Peut-être même en était-il le rédacteur… Oui Lorenz l’imaginait très bien la langue pendante de concentration, le poing tremblant serré sur la plume qui traçait les mots de ses rêves. Paix, amour, fraternité et autre gniangniantitude. Oui voilà c’était là que devait se tenir Kylian et pas ailleurs, et surtout pas ici au sein de son propre peuple dont il avait toujours renié la nature. Sa présence était tout simplement inexplicable… A moins que…

« Très bien. J’arrive immédiatement. »

Le vampire s’inclina avant de ressortir et ce n’est alors que l’ancestral se leva, faisant jouer ses muscles avec lenteur. Sombre, son regard vif l’interrogea en se posant sur une glace face à lui. Etait-il possible que Kylian soit ici pour se battre ? C’était en tout cas plus probable que de l’imaginer débarquer ici, tout frétillant et avec le projet de se mettre au service de son prince afin d’empêcher la signature du traité… Bien sur il aurait pu aussi être là pour parlementer mais Lorenz ne s’y trompaient pas. Tous deux se connaissaient depuis suffisamment de temps à présent pour savoir à quel point ça aurait pu être inutile. Non. Si il était là c’était justement parce qu’il tenait plus que tout à ce traité de paix. Plus qu’à lui-même, plus qu’à sa propre vie et à l’avenir qu’il espérait sans doute avoir avec la fille Kohan. Il était là pour le défendre, par le sang si il le fallait. C’était la seule explication possible.

« Ainsi, c’est ici et maintenant que nous en terminons… »

Le miroir lui renvoya l’éclair maléfique de ses canines découvertes par son murmure et à nouveau, il fit jouer ses muscles fins. Son visage se figea lorsqu’il lui imposa le masque impassible qui était sa défense depuis des siècles. Il portait sa robe et sa cape d’ombre comme son habitude mais il ne dédaigna pas pour autant d’enfiler par-dessus son armure d’absorption magique. Chaque geste était lent et calme, il n’avait pas besoin de se presser puisque son ennemi l’attendait. Venir à lui sans la moindre protection aurait été une insulte facile, le genre de chose que les vampires ne se privaient pas de faire mais Lorenz n’avait jamais été n’importe quel vampire. Lorsqu’on le provoquait en combat il ne prenait jamais le moindre risque, se donnant toutes les chances et même plus quand bien même il ne voyait en son adversaire qu’un insecte fragile tout juste bon à se faire écraser. Wallam voulait un combat ? Alors soit. Mais qu’il n’espère pas la moindre concession de la part de l’ancestral.

« Il a dit qu’il arrivait. Va lui dire de se presser si tu l’ose… »

Le ronchonnement irrité de celui qui était venu le chercher chatouilla ses oreilles lorsqu’il arriva finalement à l’extérieur. De toutes évidences ses vampires s’impatientaient. Son apparition provoqua toutefois un silence immédiat, toutes les paires d’yeux écarquillées des alentours se braquant sur lui et sur Wallam. Le face à face était troublant, presque tranquille. Tous deux savaient parfaitement ce qu’ils faisaient ici et aucun ne semblait regretter le moins du monde sa présence. Enfin et non sans une certaine ironie, Lorenz prit la parole :

« Tu es venu me faire ratifier le traité ? »

Un rire secoua les vampires, moitié servile et moitié furieux. Tout ceux qui étaient là se sentaient prêts à lutter jusqu’à la mort contre l’établissement d’une telle paix. Tant qu’ils auraient un prince à leur tête…

« J’attend. »

Il demeurait concentré, l’acier de ses prunelles ne lâchant à aucun moment les faits et gestes de l’intrus. Une confiance totale s’émanait de lui, confiance qu’il utilisait pour maintenir et encourager l’humeur joyeuse et déterminée de ses vampires. En bon chef, il ne laissait rien transparaître de ses doutes et pourtant son esprit retord ne cessait de s’interroger. Kylian serait-il venu s’il n’avait cru à une possibilité même infime de victoire ? Tenait-il au traité au point de se sacrifier même en sachant que ce serait inutile ou avait-il un plan ? Si c’était le cas alors Lorenz devait absolument le percer à jour afin de le déjouer. Son air à moitié amusé n’était donc en réalité que la couche superficielle qui masquait sa terrible et mortelle concentration. Dans son esprit, Wallam était déjà mort. Mais encore fallait-il ne lui laisser aucune chance…
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MessageSujet: Re: Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz] Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz] Icon_minitimeDim 22 Nov 2015 - 14:29

Les quelques minutes qui précédèrent l'arrivée de l'actuel prince du peuple vampirique s'écoulèrent lentement. Chacun de ses muscles semblant figé dans une immobilité que n'eut renié une statue de pierre, Kylian attendait patiemment. De nombreuses questions, messagères d'autant de doutes et d'incertitudes, se bousculaient aux portes de son esprit mais il se refusait alors à leur accorder la moindre parcelle de son attention. Le temps des hésitations était derrière lui, il était prêt, du moins autant qu'il pourrait jamais l'être, et seul comptait désormais l'affrontement à venir. Car il n'y aurait pas de pourparlers, c'était une certitude. Tout au plus les deux ennemis échangeraient-ils quelques banalités de principe, auxquelles l'un comme l'autre n'accorderaient qu'une valeur des plus anecdotiques. Sa concentration était telle qu'il n'entendit même pas les railleries et autres moqueries que lui adressaient les quelques vampires chargés de lui tenir compagnie. Il ne se faisait aucune illusion, personne ici ne lui tendrait la main s'il venait à être mis à genoux. Au contraire, ils se bousculeraient pour avoir le plaisir d'écraser son visage sous leurs semelles. L'avantage, c'est qu'il en serait de même pour son adversaire : politique et moeurs vampiriques obligent, personne ne lèverait le petit doigt pour secourir Lorenz si le combat devait tourner en faveur du renégat. Ce genre d'empathie n'était tout simplement pas dans le mode de pensée vampirique, du moins pas dans celui sous lequel le royaume avait été gouverné jusqu'à présent. Le fort s'élève, le faible s'écrase, ainsi en allait-il depuis toujours. Kylian parviendrait-il à faire changer cela un jour ? Peut-être, mais il faudrait beaucoup de temps pour réussir à estomper ce trait particulièrement ancré dans la psychologie des vampires. Des années. Des siècles. Des millénaires peut-être. Heureusement que le temps n'avait pas d'emprise sur eux.

Mais avant même d'envisager ce genre de projets à long terme, encore fallait-il survivre jusqu'à l'aube du jour suivant, ce qui à l'heure actuelle était encore loin, très loin d'être acquis. Et le principal obstacle à cette survie venait justement de surgir dans la salle, ses troupes s'écartant docilement pour lui ouvrir une voie royale – ou princière en l'occurrence – vers le responsable de son dérangement. Le commentaire humoristique dont Lorenz usa en guise d'introduction attira l'esquisse d'un rictus contrarié aux commissures des lèvres du renégat. Celui-ci attendit patiemment que les rires se turent pour répliquer avec un sérieux presque morbide :

« Désolé de te décevoir, ce n'est pas ta signature que je suis venue chercher... »

La voix était mesurée et contrôlée, le regard se voulait assuré quoiqu'un oeil exercé eut pu déceler dans son attitude un zeste de nervosité. Mais qui ne le serait pas à quelques instants de défier en combat singulier un adversaire dont la réputation n'était plus à faire ? Sans se laisser envahir par ses doutes et ses peurs, Kylian poursuivit, affermissant ses appuis tandis que son regard se faisait plus incisif :

« Tu as déjà eu ta chance, tu as pu apposer ton sceau sur le traité issu des négociations tenues chez les baptistrels... Et nous avons tous pu constater le peu de valeur qu'il faut accorder à ta parole. »

Même après plusieurs années, le souvenir de la trahison des vampires à l'issue de la bataille de l'Aube Rouge était encore vif dans les mémoires des hommes et des elfes. Et ce plus particulièrement encore à l'aube de signer un nouveau traité de paix. Peu de politiciens s'étaient en effet privés d'exhiber ce triste exemple pour exiger que les vampires soient tenus à l'écart de tout projet pacifiste. Kylian avait d'ailleurs éprouvé bien des difficultés à faire oublier cet incident mais à force de discussions, il était finalement parvenu à faire envisager l'esquisse d'un accord. Encore fallait-il toutefois qu'il soit en mesure d'apporter l'assurance que cet accord serait respecté.

« Pourtant nous avons besoin de cette paix, les vampires autant que les hommes ou les elfes, c'est à cette seule condition que nous pourrons espérer construire un avenir meilleur pour notre peuple. La guerre avec les Alayiens a montré qu'il était possible pour nous de co-exister pacifiquement, il ne tient qu'à nous de faire en sorte que cela puisse perdurer. Je ne laisserais pas tes ambitions démentes nous priver de cette chance, repartir en guerre maintenant serait donner raison à ceux qui prétendent que les vampires ne sont que des bêtes assoiffées de sang qu'il faut traquer et exterminer ! Nous valons mieux que ça, j'en suis convaincu depuis de longues années et aujourd'hui, j'ai finalement une chance de le démontrer. »

Une contraction douloureuse traversa les muscles de ses épaules tant la tension qui s'y exerçait était forte. Les doigts de sa main gauche se crispèrent sur la poignée de son arc tandis que ceux de la droite effleuraient nerveusement l'empennage des flèches rangées dans le carquois qu'il portait à la ceinture. L'une de ces flèches en particulier avait une chance de lui accorder la victoire, une flèche qu'il avait fabriquée lui-même et dont il avait taillé la pointe directement sur le diamant de pureté que lui avait jadis confié Merithyn. Il n'avait pourtant pas la moindre idée des conséquences exactes qu'une blessure avec une arme de ce genre aurait sur son adversaire, il ne comprenait pas suffisamment la magie baptistrale pour cela. C'était sans doute une folie de sa part que de placer tous ses espoirs sur cette seule flèche, mais après tout, on le disait fou depuis si longtemps.

« Le Prince des vampires doit ratifier le traité, Lorenz, c'est pour cela que je suis venu jusqu'ici... »

Sa voix baissa d'une octave pour se faire plus grave encore, son timbre se faisant presque solennel tandis qu'il prononçait finalement les seuls mots qui importaient vraiment :

« C'est pour cela que je suis venu prendre ton titre. »

Et comme si ce geste devait confirmer toute l'ampleur de sa détermination, Kylian attaqua le premier, son bras exécutant avec la vélocité d'un crotale le geste qui lui permit de décocher sa première flèche. Il ne s'agissait pour l'instant que d'une simple flèche de lumière, car il lui faudrait attendre encore avant de se risquer à décocher LA flèche. Il lui faudrait attendre l'occasion parfaite, celle que son adversaire ne pourrait pas esquiver, celle que Lorenz ne pourrait pas contrer. Et il n'aurait droit qu'à une seule chance.
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MessageSujet: Re: Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz] Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz] Icon_minitimeLun 23 Nov 2015 - 11:39

Il se contrôlait avec talent, aussi tendu en vérité que lui-même pouvait l'être. Le sens de l'observation du vampire ne le trompait pas sur ce point, et quand bien même ne l'aurait-il pas eu qu'il aurait tout de même pu s'appuyer sur les années passées à tenter de décortiquer la psychologie du renégat. Tous deux étaient presques... Intimes. Oui, le mot était bizarrement choisi mais il correspondait bien à l'étrange relation que les deux vampires avaient peu à peu nouée au fil des années. Un noeud qui serait bientôt tranché, dans un sens ou dans un autre... Le discours de Kylian le prouvait, d'ailleurs quand bien même ce n'aurait pas été le cas que Lorenz ne se serait pas gêné pour trancher tout de même. Il avait déjà trop patienté en attendant le moment de faire enfin payer ses agissements à son éternel ennemi. Cette occasion là, il n'aurait donc sans doute pas pu la rater.

Quelques grognements secouèrent de nouveau les vampires, mais avant tout des rires. Ce Kylian... Toujours aussi idéaliste... Chaque nuit qui passait semblait l'éloigner plus encore des réalités de ce monde et plus encore, des réalités de ce qu'était son peuple. A se demander comment il avait bien pu être transformé. Le venin ne devrait vraiment pas avoir de prise sur ce type de personnage, ça donnait des nouveaux-nés trop... Décalés. Et cela ne s'arrangeait de toute évidence pas avec les années. Soit, si la mort seule pouvait le guérir de sa bêtise alors il allait trouver son compte. Peut-être que ce serait un soulagement pour lui après tout, et si pas le cas eh bien ce n'était pas Lorenz qui s'en formaliserait.

"Tu rêves mon pauvre garçon..."

Il ne s'était pas laissé surprendre par l'attaque qu'il attendait de toutes façons depuis le début et la morgue faussement désolée de sa réponse trouva un écho dans le claquement sec de la flèche venue se fracasser contre son bouclier magique (écaille de dragon) promptement tracé. Il perdit alors un instant infime bien que fort précieux, son regard se perdant brièvement dans la foule présente afin de tenter de localiser Ambre. Elle se trouvait bien là, à quelques pas, mais Derek avait déjà devancé les désirs de son prince et se tenait la tête penchée vers son oreille. De toutes évidences il faisait ce qu'il pouvait pour tenter de la dissuader d'assister au combat, n'osant sans doute l'éloigner de force tant la petite humaine avait gagné en volonté et en caractère ces derniers temps. Lorenz lui-même pouvait en témoigner car les derniers jours avaient vu des disputes impressionnantes et jusque là impensables entre eux. Elle qui ne lui tenait jusque là jamais tête défendait maintenant bec et ongles le traité et tentait de le persuader de le signer, se considérant sans doute la mieux placée au monde pour parvenir à le décider... L'ancestral fronça légèrement les sourcils à cette pensée, aussi contrarié par la farouche insistance de la jeune fille que par son incapacité à la satisfaire. Pourquoi alors même qu'il lui avait toujours promis de lui accorder tout ce qu'elle voulait fallait-il qu'elle lui demande la seule chose au monde qui lui était impossible ? Un grognement lui échappa, facilement confondable avec une manifestation d'agressivité liée au combat. Il fallait qu'il reste concentré...

"Tu as toujours été plein de bonne volonté Kylian, mais tu n'as jamais compris ce qui était bon pour les tiens. Peut-être simplement parce que tu n'as jamais été l'un des nôtres..."

Une créature apparu alors et fit sursauter l'assistance qui la prit aussitôt pour Ankmär. Elle était toutefois plus petite et directement invoquée par la magie sombre du haut mage. C'était un gémisseur sinistre* , l'arme idéale pour destabiliser complétement son adversaire en plein combat. Lorenz ne perdit d'ailleurs pas de temps pour tenter d'utiliser cet avantage et sans même perdre une seconde à tenter de recourir de nouveau à la magie il bondit, ses lames se matérialisant en plein vol directement dans ses mains. Elles ne tranchèrent néanmoins que le vide, le renégat ayant de toutes évidence trouvé le moyen de se battre malgré les voix gémissantes qui venaient le harceler. Jugeant donc que cela ne suffisait pas, le prince profita de l'attaqua suivante pour appliquer habilement un autre sortilège d'invocation. Voleur d'Espoir*... Et comme pour mettre à l'épreuve l'efficacité de son sortilège il interpella tout en s'écartant hors de portée :

"Es-tu vraiment persuadé d'avoir une chance Wallam ? Où bien n'es-tu là que par acquis de conscience et désir de mettre un terme à une existence aussi inutile et contre-nature ? Tant que j'y suis, je devrais peut-être aussi me préoccuper de la créature que tu as casé dans le ventre de cette pauvre princesse ?"

Il était presque certain d'avoir visé juste, et plus que juste même, aussi insista-t-il :

"Va savoir, il ne tiendra peut-être pas de toi ton rejeton. Rien ne prouve qu'il n'aura pas besoin de casser la croûte avant de sortir..."

Nouvel éclat de rire, les vampires s'amusaient comme des fous mais pas Lorenz. Son but premier était bien sur de destabiliser son ennemi et le fait était qu'il s'était bel et bien posé pas mal de questions en s'apercevant de l'état d'Esmelda Kohan. Comment étaient-ils parvenu à procréer et surtout quelles caractéristiques et quelles capacités aurait ce nouveau-né, unique hybride de ce monde ? La question restait sans réponse, et il n'aimait pas cela...

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MessageSujet: Re: Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz] Et il n'en resta plus qu'un... [PV Lorenz] Icon_minitimeVen 22 Jan 2016 - 11:30

Sa première flèche n'avait pas encore brisé sa pointe sur les défenses magiques de son adversaire qu'une autre était déjà venue s'aligner sur la corde du renégat. L'une des plumes de l'empennage lui effleurait la joue tandis qu'il guettait aussi bien les prémices d'une éventuelle contre-offensive que l'instant propice à sa prochaine attaque. Tôt ou tard, il faudrait bien que le prince ouvre sa garde pour frapper à son tour, il ne pouvait et ne voulait probablement pas se contenter de se défendre indéfiniment. Cette opportunité, cette faiblesse éphémère, ne se présenterait qu'une et une seule fois au cours de ce combat. Si Kylian la ratait, il serait mort la seconde suivante. Et s'il la saisissait, il n'avait pas la moindre idée de ce qui se produirait alors, peut-être le résultat ne serait-il guère différent. Les traits crispés à en faire souffrir ses muscles faciaux, le renégat chassa rapidement ces pensées parasites : l'instant était mal choisi pour laisser le doute l'envahir, si bien que lorsqu'il répondit à son ennemi de toujours, son regard se fit plus acéré encore.

« Je n'ai jamais été l'un des tiens, Lorenz, toute la nuance est là. »

Car vampire il était et vampire il resterait, il n'y avait aucune autre alternative. Aussi difficile ce constat avait-il pu être, il avait fini par l'accepter, notamment au travers du regard d'Esmelda. Un vampire avec ses forces et ses faiblesses, avec ses qualités et ses défauts, mais tout vampire qu'il était, il demeurait Armandéen avant tout. Et aujourd'hui, ce vampire se sentait prêt à guider les siens vers un avenir qu'il souhaitait prospère pour tous... Ou à mourir en essayant, comme venait très justement de le lui murmurer à l'oreille l'ombre du gémisseur sinistre venu enlacer le renégat dans son étau de désespoir. Peut-être oui. Peut-être les vautours se disputeraient-ils bientôt sa carcasse putride séchée au soleil du désert, peut-être Esmelda apprendrait-elle bientôt que son amant vampirique ne reviendrait pas et que l'enfant qu'elle portait serait orphelin avant même de venir au monde. Peut-être. Mais peut-être aussi ce combat verrait-il l'aube d'un règne nouveau, cela ne devait pas être oublié, et aucun gémisseur ne parviendrait à en détourner son attention. Merci à Serillëiel, Kylian avait déjà connu le déplaisir qu'était la compagnie d'un gémisseur sinistre et à défaut de parvenir à s'en débarrasser, il savait comment en atténuer la portée. Comble de la situation, c'était probablement à cette première expérience que le renégat dû de ne pas être transpercé par les dagues effilées de son adversaire, ce bref éclair de lucidité lui ayant laissé tout juste le temps d'esquiver l'assaut du prince. L'une après l'autre, les deux lames cherchèrent la caresse de la chair mais ne tranchèrent que la brume dont Kylian se servait en guise de bouclier. Pour frapper quelqu'un, encore fallait-il savoir où se trouvait ce quelqu'un et Kylian était passé maître dans l'art de se fondre dans les ombres, au point que même les siens pouvaient éprouver des difficultés à le situer dans l'espace avec précision. Son adversaire sembla d'ailleurs rapidement s'en apercevoir, préférant soudain s'écarter pour favoriser le tranchant des mots à celui de l'acier. Une grimace vint déformer les traits du renégat à l'évocation de son futur enfant, ainsi donc, Lorenz avait compris. Peu surprenant en vérité, aussi désagréable cette pensée pouvait-elle être, il était l'un des individus qui les connaissaient le mieux. Et l'atrocité des mots connu son apogée lorsque les derniers mots du prince éveillèrent les rires des vampires présents. Amplifiées tout à la fois par la présence du gémisseur et celle, encore inconnue du principal concerné, du voleur d'espoir, les images d'Esmelda allongée dans une mare de sang, dévorée de l'intérieur par son propre enfant, déferlèrent dans l'esprit du renégat avec une violence peu commune. Si Lorenz avait ainsi espéré déstabiliser son opposant, il y était parvenu, mais peut-être avait-il mal estimé l'ampleur de la haine qu'il venait de nourrir avec tant de générosité.

« Tu parles trop, Lorenz, beaucoup trop. »

Les flèches sifflèrent alors dans l'air à un rythme tel qu'il devenait difficile pour ceux qui les entouraient de les esquiver. Kylian usait désormais de toute son agilité et de tout son talent pour multiplier les attaques, frappant sous une multitude d'angles, décochant parfois deux et même trois flèches avec un même tir, alternant flèches de lumière, flèches de soie d'araignée, flèches Noctare ou flèches de pure énergie magique pour contraindre son adversaire à démultiplier ses parades. Porté par la rage, il écrasa littéralement Wintel sous une pluie de projectiles aussi violente qu'inutile tant il semblait facile pour le prince de s'en prémunir. Boucliers magiques, esquives adroitement maîtrisées ou flammes dévastatrices étaient autant de moyens de dévier les innombrables flèches du renégat. Sans oublier bien sûr la petite esquive favorite du prince, le sort d'évaporation, celui qu'attendait très précisément Kylian. Car de cette infime seconde d'orgueil viendrait la chute, l'instant qui verrait les doigts de l'archer vampirique se refermer sur l'empennage d'une flèche à la pointe de diamant.

Après un temps qui sembla une éternité, cette seconde tant attendue se profila finalement. Cela relevait de la plus pure forme d'instinct animal, à moins que ce ne fut simplement dû au fait d'avoir jadis été se perdre dans le chant du prince vampirique, mais Kylian put très précisément lire dans les prunelles d'acier de son ennemi de toujours que l'instant était arrivé. La flèche de lumière qui venait de quitter la corde du renégat pour filer vers la gorge du prince serait la bonne. Et de fait, par défi, par goût de la variété, ou simplement parce qu'elle lui était apparue la défense la plus pertinente à cet instant, Lorenz usa de sa magie pour dématérialiser son corps et laisser la flèche lui passer au travers sans causer le moindre dommage. Mais la flèche suivante avait déjà quitté les mains du rebelle. Porteuse de tous les espoirs, la pointe taillée dans le diamant de pureté fila dans l'air, son vol semblant suspendre le temps. A quelques mètres de là, Lorenz avait déjà compris, même s'il ne saisissait probablement pas encore l'ampleur véritable de cette éternelle seconde. Le sort d'évaporation prit fin alors que la flèche traversait l'ombre impalpable du prince, la chair de celui-ci se reconstituant autour de la pointe du projectile qui déversa brutalement le pouvoir qui y avait été enfermé bien des années auparavant. L'impact arracha un cri de douleur inhumain au prince déchu qui s'effondra aussitôt, terrassé par une arme qui n'aurait jamais dû en être une.

Pour la première fois depuis de longues minutes, Kylian demeura parfaitement immobile, le regard braqué sur la silhouette avachie de son adversaire. D'une manière ou d'une autre, ce combat était désormais terminé. Soit, comme il en donnait l'impression, le diamant de pureté avait causé suffisamment de dommages pour terrasser définitivement Lorenz, soit ce dernier se redresserait d'un instant à l'autre pour éclater de rire, auquel cas il ne resterait plus au renégat qu'à se laisser tuer sans plus opposer de résistance. En fait de rires, ce ne furent qu'une série de grognements aussi hargneux que douloureux qui franchirent les lèvres du prince déchu et vinrent briser le silence sépulcral qui s'était emparé des lieux depuis l'instant où le grand Wintel avait été contraint de poser le genou à terre. Sans quitter son adversaire des yeux, Kylian laissa sa main glisser vers la garde de son épée de dragonnier mais à peine l'eut-il dégainée que Lorenz se jetait vers la petite Orétoile, réunissant ses dernières forces pour s'échapper au moyen d'un sort de téléportation, abandonnant aux mains de son vainqueur le titre de prince vampirique.

Plusieurs secondes s'écoulèrent sans que rien ne vienne perturber le silence, chacun semblant ne réaliser qu'avec difficulté ce dont ils venaient d'être les témoins. Kylian lui-même n'était pas très sûr de son succès tant ce dernier paraissait invraisemblable, et pourtant, il était là, bien là, et Lorenz avait pris la fuite devant lui. Survivrait-il à sa blessure ? Difficile d'en être sûr.

« Wallam a vaincu Wintel... »

Comme s'il avait fallu ces mots pour graver dans la pierre ce qui venait de se produire, l'un des vampires réagit finalement : fidèle à Lorenz ou ambitieux avide de s'accaparer le titre, il se jeta en direction du vainqueur en dégainant une lance à la pointe menaçante. L'acier fendit l'air mais ne trouva que du vide, Kylian avait déjà adroitement esquivé et enfonçait sa propre lame dans le torse de l'impétueux vampire dont le corps s'affaissa lourdement avant de basculer dans un sommeil dont il ne se relèverait jamais. Autoritaire et sûr de lui, la voix du nouveau souverain vampirique ne trahit pas la moindre hésitation tandis qu'il demandait :

« Quelqu'un d'autre ? »

La passation de pouvoir chez les vampires était ce qu'elle était, et il était prêt à se battre toute la nuit s'il le fallait. Par chance, tant sa victoire du jour que son passif de commandant de la Sombre Garde aidaient à consolider sa position, tant et si bien que devant lui, les regards se baissèrent et les genoux plièrent. Devant lui, les vampires acceptèrent leur nouveau prince.
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