Orfraie n'avait pas participé à la bataille des Marais Sanglants, coordonnant ses guerriers avant de les envoyer au combat sous les ordres de ses secondes. Elle s'en voulait de n'avoir pu être présente, d'autres obligations la retenant à Sandur. Quel général était-elle pour faire passer une bataille au second plan ? La guerrière peinait à se reconnaitre dans cette décision. D'autant plus lorsque ses Rôdeurs étaient revenus, amputés de plusieurs valeureux soldats. Il s'agissait du prix de la guerre, cela Orfraie le savait… Toutefois, elle avait l'impression, le sentiment, que si elle avait été là les choses aurait pu être un peu différente, peut être aurait-elle pu éviter la mort à quelques uns de ses guerriers, des Elfes qu'elle côtoyait – pour la plupart – depuis bien longtemps… Au moins, cette bataille, ils l'avaient remporté. A présent, les troupes protégées se déplaçaient vers Caladon. Le siège était en cours, à l'heure actuelle. Et une fois de plus, Orfraie se trouvait loin des combats.


Toutefois, la guerrière ne resta pas inactive et entreprit d’entraîner ses troupes. Une cinquantaine d'Elfes s'étaient réuni et s'étaient exercés sous l'œil attentifs de leur générale, quelques personnes venant admirer les Elfes en action, curieux. Il était certain qu'Orfraie était fière de ses Rôdeurs. Les sylvains avaient la réputation de se battre comme s'ils dansaient et ce n'était pas si faux concernant les guerriers de la princesse. Tous équipés d'armures légères, semblable à celle de leur chef, ils tournoyaient autour de leur adversaire lorsqu'ils maniaient dagues et épées… tandis que les flèches fusaient les une après les autres, perçant les cibles d'entrainement avec une grande précision. La Générale Ataliel était connue pour ne pas laisser de place à l'erreur, surtout dans l'entrainement de ses troupes.


Le soir venue, elle les avait laissé s'en aller, elle-même ne s'étant pas reposée sur ses lauriers durant la journée. C'est en marchant vers Fort Espérance qu'elle eu vent du retour d'Aléria Blanchécume. La Cawr avait mystérieusement quitté le champ de bataille quelques jours plus tôt… Les deux femmes ne s'étaient pas revue depuis que la Baptistrelle l'avait embrassé, puis avait fuit. Orfraie s'était inquiétée pour elle, sans vraiment se l'avouer… et elle était heureuse de la savoir de nouveau à Sandur, en vie et en un seul morceau.
Toutefois, l'Elfette n'était pas décidé à laisser celle-ci se reposer. Elle comptait bien la confronter. Fraichement lavée et vêtue d'une tunique émeraude, d'un pantalon couleur marron et de bottes de la même couleur, la guerrière avait quitté Fort Espérance en trottinant, emportant uniquement avec elle sa dague. Elle comptait se rendre jusqu'aux quartiers d'Aléria avant que quelqu'un d'autre ait la même idée, s'assurant ainsi d'être seule à seule avec la Cawr. Ses long cheveux lie-de-vin volaient autour de ses épaules, coiffés de plusieurs fines tresses tandis qu'elle avançait vite.

L'Elfette ralentit lorsque son regard se posa sur la Baptistrelle. Celle-ci ne l'avait pas encore vue. Le coeur de l'Elfe se mit étrangement à battre plus vite... Les mouvements de la Cawr étaient longs, ses trais marqués par la fatigue. Sa robe blanche, elle, était tachée de sang. Celui d'un autre, devina Orfraie. L'espace d'un instant, la guerrière hésita à venir la déranger… Mais cette hésitation disparue en même temps qu'elle réduisait l'espace qu'il y avait entre elles. Les doigts d'Orfraie s'enroulèrent autour du bras droit d'Aléria et elle la poussa à l'intérieur, fermant la porte derrière elles d'un coup de botte.

Là, elle passa devant la baptistrelle et poussa – doucement mais fermement – celle-ci contre la porte bois jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus bouger. " Im gelir ceni ad lín (je suis heureuse de te revoir), Aléria. " Lui murmura t-elle en Elfique, son visage à quelques centimètres du sien. Un instant, son regard rencontra le sien, puis l'Elfe décida de combler l'espace qu'il y avait entre elles, ses lèvres caressant les siennes quelques secondes avant que la guerrière s'éloigne, mettant cette fois-ci plus d'un mètres entre elle. Ce que la Baptistrelle avait fait elle-même, des mois plus tôt. " Voilà bien longtemps que nos routes ne s'étaient pas croisées." reprit t-elle en langue commune, ses lèvres s'étirant en un léger sourire. Il était hors de question qu'Aléria lui échappe ce soir.

La vision d'une Aléria appuyée contre cette porte, ses mains de part et d'autre de son corps, provoqua chez l'Elfe une bouffée de chaleur qui la surprit. Elle ne s'était pas attendue à ce que son corps réagisse de cette façon... Déjà, les lèvres de la Baptistrelle lui manquaient. Elle qui avait mit tant de soin à se tenir à l'écart de l'Ordre, se retrouvait désormais lié à l'un de ses membres. Cette pensée fit naitre un sourire ironique sur les lèvres de l'Elfette.

Les saphirs d'Orfraie scrutaient à présent la Cawr. Les épaules de celle-ci se relâchèrent, la jeune femme se détendit enfin. La guerrière avait peut être était trop brusque et s'en voulu d'avoir fait peur à Aléria… Celle-ci, les paupières closes, demeurait immobile face à l'Elfette qui croisa les bras sur sa poitrine, dans l'attente d'une autre réaction. Elle sentait son cœur cogner contre sa cage thoracique et afin d'en calmer les battements, Orfraie inspira et expira longuement. La Baptistrelle prit ensuite la parole, dans un murmure à peine audible. Pas envie de la revoir ? Peur ? Les lèvres de l'Elfe s’étirèrent une nouvelle fois, amusée. " J'ai souhaitais… vous laissez l'occasion de venir me voir par vous-même. Je ne voulais pas forcer cette discussion, mais j'étais las d'attendre. " Expliqua la guerrière. Ironique, d'ailleurs… elle qui était d'ordinaire d'une patience légendaire. " Et qui sait combien de temps nous reste t-il…" Ajouta t-elle, sombrement.

La Cawr ramena ses mains devant elle et Orfraie la trouva subitement très fragile, ses vêtements tachés de sang l'y aidant. La fatigue peinte sur ses trais également. Les mots qui furent ensuite prononcés laissèrent l'Elfette silencieuse durant de longues secondes, signe qu'elle réfléchissait à ne réponse adéquate. Toutefois, l'humaine ne lui laissa guère le temps de s'exprimer. Les mots qu'Orfraie voulu prononcer restèrent coincer dans sa gorge tandis que ses lèvres se refermaient une nouvelle fois sur celle de l'humaine, qui avait initié ce contact. Elle sentait toute l'appréhension de l'humaine, toutes les questions que celle-ci se posaient. L'Elfe comprenait qu'il était difficile pour elle d'admettre ressentir quelque chose pour une autre femme, une femme d'une autre race. La guerrière sentit les mains de l'humaine se poser autour de ses épaules, ses doigts jouant avec la chevelure lie-de-vin.
Orfraie vint, pour sa main, délicatement enserrer la taille d'Aléria, l'attirant contre elle avec douceur. La sylvain sentait son cœur cogner contre sa poitrine, comme affolé. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas ressentit pareil tension, pareil plaisir. Et ce n'était qu'un simple baiser. Toutefois, les paroles d'Aléria lui revinrent en mémoire et l'Elfette s'écarta à contre cœur, sans lâcher la fine taille de la jeune femme, toutefois. Elle scruta son visage, son regard. Puis sa main droite quitta la hanche de la Baptistrelle, ses doigts venant caresser sa joue avec douceur. " Avo 'osto (n'ai crainte). J'entretiens une belle fleur pour profiter chaque jour de sa beauté, je ne l'arrache pas pour la mettre dans un vase et la voir faner. " Murmura l'Elfe, toute proche de ses lèvres. Quant à être exclusive… Orfraie devait être sincère. " Toutefois, je dois être sincère avec toi… " Commença t-elle doucement, passant naturellement au tutoiement après ce baiser. " J'ai pris ma liberté il y a des siècles, refusant d'être liée de force à quelqu'un. Et je tiens à cette liberté, même si mon cœur bat plus vite en ta présence. Tu dois le comprendre, je ne voudrais pas te blesser." Avoua t-elle dans un murmure, son regard rencontrant timidement celui d'Aléria. Elle comprendrait, si la jeune femme souhaitait mettre fin à tout cela dès à présent.

L'Elfette retint son souffle, en attente du jugement d'Aléria. Leurs regards s'étaient accrochés et semblaient ne pas vouloir se lâcher, toutefois cela n'empêchait pas le cœur d'Orfraie se s'emballer. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas réagit ainsi, comme une jeune adolescente, pensa t-elle. D'une main, elle maintenait la Chanteciel contre elle, ses doigts dans le creux de ses reins… La guerrière vit la Cawr fermer les yeux, un sourire serein aux lèvres. Orfraie savait qu'elle n'allait pas tarder à avoir sa réponse…

La main d'Aléria vint se poser sur la sienne, en caressant doucement le dessus. Ce simple contact fit frissonner l'Elfe. Les mots que la Cawr prononça firent sourire l'Elfette, dévoilant une rangée de dents parfaitement blanches et alignées. Un sourire que l'humaine ne vit pas, car elle se laissa tomber contre la princesse. Doucement, Orfraie revint enserrer sa taille et l'attira davantage contre elle, si cela était possible. Elle pouvait sentir le souffle d'Aléria contre son cou et cette simple caresse la fit frissonner.

L'Elfe vint poser ses lèvres contre le sommet du crane de l'humaine lorsque celle-ci évoqua l'envie de se changer et de se reposer. Il était vrai que la robe d'Aléria était encore tachée de sang… Doucement, Orfraie se détacha de la Chanteciel afin de pouvoir observer ses trais. " Fais. " lui dit elle doucement, ses doigts venant redécouvrir les trais de son visage. Devait-elle rester avec elle ? Était-ce bien raisonnable ? " Je reste avec toi ce soir." Ajouta finalement Orfraie, ses lèvres revenant se poser sur celle de l'humaine avec douceur. Elle s'écarta légèrement après quelques secondes afin d'ajouter quelque chose qui lui tenait à cœur. " Et tu peux me tutoyer. Je préférerais, en vérité. "

Orfraie se fendit d'un sourire, puis revint capturer les lèvres d'Aléria avec douceur, ses doigts se glissant dans sa chevelure jusqu'à sa nuque. Voulait elle seulement la laisser se reposer ? Ce serait le plus sage, mais ce soir l'Elfe ne l'était pas.

Orfraie était peu raisonnable et elle le savait. Mais ainsi était-elle faite, après tout… Croquant la vie à pleine dent comme au premier jour. Parfois, elle pouvait parler avec la sagesse des plus anciens, mais ce ne serait pas le cas, ce soir. Du bout des doigts, la Rôdeuse explorait timidement les quelques centimètres de peau qu'elle avait découverte en repoussant légèrement le tissu de la robe tachée de sang… Elle sentit, au bout d'un moment, les doigts de la Chanteciel venir caresser la naissance de son cou, puis ses bras enlacer celui-ci.
Le baiser qu'elles échangeaient était tendre et emprunt d'une grande douceur, même s'il était également possible pour Aléria de ressentir le désir de la Princesse Elfique à travers celui-ci. Un léger sourire naquit sur les lèvres d'Orfraie lorsqu'elle s'écarta légèrement de la jeune femme. Celle-ci était essoufflée et ses joues s'étaient teintées de rouge. Chez la Rôdeuse, il était également possible d'apercevoir une légère rougeur, ce qui n'était pas commun.

Les deux femmes se regardèrent longuement avant que la Chanteciel demande à la Générale de se retourner. Celle-ci rit doucement, mais obtempéra une demi-seconde plus tard en croisant les bras, offrant son dos à l'humaine. Si Orfraie ne pouvait voir Aléria, elle était tout de même en mesure d'entendre ce qu'elle faisait. Ainsi, la guerrière entendit nettement le froissement du tissu sur la peau lorsque la Baptistrelle ôta celle-ci, la laissant choir à ses pieds. Ensuite, ce fut le frottement de ses cuisses nues entres elles qu'Orfraie fut en mesure d'entendre lorsqu'Aléria fit quelques pas pour trouver d'autres vêtements.

Pendant que l'humaine fouillait ses affaires, l'Elfette entreprit de retirer sa ceinture et le fourreau qui y était fixé, posant celui-ci avec une délicatesse sur une petite étagère qui se trouvait là. Par la suite, Orfraire entreprit de délasser le devant de sa tunique, ôtant ensuite celle-ci sans bruit. Elle posa le vêtement à côté de sa dague après l'avoir plié, puis s'assit sur une chaise. Elle croisa alors les ses jambes, la droite par-dessus la gauche, puis posa ses coudes sur son genoux, le buste légèrement en avant. Elle ne portait plus sa tunique, mais avait tout de même dessous une fine chemise blanche sans manche qui dissimulait l'essentiel. Elle avait, bien entendu, gardé son pantalon et ses bottes. Pour l'instant.

Du reste, elle ne regardait toujours pas la Baptistrelle, attendant que celle-ci lui donne son accord pour le faire.

Orfraie attendait, les paupières clauses. Elle tournait le dos à la Baptistrelle, attendant que celle-ci se change pour la nuit. En attendant, l'esprit de l'Elfette s'égarait. D'ordinaire, Orfraie dormait nue, offrant son corps à la fraicheur plus que bienvenue de la nuit. Elle qui était engoncée dans son armure toutes la journée, appréciait grandement le moment où elle pouvait découvrir son corps pour se faufiler sous ses couvertures. Toutefois, il était hors de question de se déshabiller ainsi ce soir, en présence de la Chanteciel. La rôdeuse savait qu'elle effet cela aurait, pour l'avoir déjà entraperçu une première fois.

L'Elfette entendit finalement la Baptistrelle s'approcher dans son dos, ses pas rendus longs et maladroits par la fatigue. Orfraie s'en voulu un peu d'avoir tant retardé l'heure du couché d'Aléria, mais elle était également heureuse de l'avoir fait car sans cela, elle n'aurait pas été invitée à partager cette nuit avec la trentenaire. Un léger frisson parcouru l'échine de l'Elfette lorsque l'humaine dégagea sa nuque, venant y poser ses lèvres. Celles d'Orfraie s'étirèrent en un doux sourire, les paupières toujours closes. Ce contact était agréable et réconfortant.

La princesse se retourna dès qu'elle en eu la permission. Elle accueillit avec plaisir le baiser que lui offrit la baptistrelle, lui répondant avec douceur. Ses yeux s'égarèrent ensuite sur la tenue de nuit d'Aléria, qui était à peine transparente. Orfraie laissa Aléria se tourner vers le lit tandis qu'elle se penchait vers ses bottes pour les retirer. L'Elfe se laissa ensuite guider jusqu'à lui et se glissa à ses côtés, heureuse elle aussi de se retrouver en position horizontale. La fatigue de sa propre journée la rattrapait doucement et surement, ainsi la guerrière s'endormit rapidement, après avoir observé quelques minutes la Baptistrelle dans son sommeil.

*****

Orfraie n'avait jamais eu besoin de beaucoup d'heures de sommeil. Quatre ou cinq heures, tout au plus. Sans surprise, la Rôdeuse se réveilla donc avant Aléria. La jeune femme dormait à point fermé, sa respiration lente et régulière. L'Elfette, dans la vision dans le noir était assez bonne, pouvait détailler ses trais à loisir sans risquer d'être surprise. La Baptistrelle allait probablement dormir encore quelques heures, mais cela ne dérangeait pas la princesse. Il était encore très tôt, et lorsqu'Aléria allait émerger, Sandur serait encore endormie.
Doucement, la guerrière reposa sa tête sur l'oreiller de plume et ferma les yeux, se laissant bercer par la respiration d'Aléria. Elle savait qu'elle ne se rendormirait pas, aussi veilla t-elle sur le sommeil de la Chanteciel.

Celle-ci se réveilla un peu plus tard, prononçant aussitôt son nom, inquiète de ne pas la trouver. Orfraie se tourna alors sur le côté droit et passa un bras autour de la fine taille de la Chanteciel, l'attirant contre elle dans une étreinte protectrice.

" Je te l'avais promis. " Sourit la guerrière en enfouissant son nez dans la chevelure de la jeune femme. " Il est encore tôt. Tu as encore sommeil ? " Demanda ensuite Orfraie avec douceur, ses doigts remontant doucement le long du bras de la Baptistrelle, en une délicate caresse.

Pour rien au monde, Orfraie ne souhaitait voir cet instant se briser. Il était si bon de se sentir aimé ainsi, une affection tendre et sincère qu'Aléria nourrissait pour elle et que l'Elfe nourrissait également. Le nez plongé dans la chevelure brune de la jeune femme, la princesse se sentait particulièrement bien.

Encore ensommeillée, la Cawr était venue nicher sa tête contre le cou d'Orfraie, dont les lèvres s'étaient étirées en un doux sourire. Elle avait bien vite raffermi son étreinte, tenant fermement la jeune femme contre elle, toujours plus proche. Comment en était-elle venue à ressentir pareille tendresse pour une Baptistrelle ? Elle qui avait longtemps fuit leur présence, celle-ci éveillant une trop grande douleur. La situation faisait sourire la Rôdeuse, qui la trouvait plutôt cocasse… Les doigts d'Orfraie continuaient d'aller et venu sur le bras de la Cawr, provoquant quelques frissons que l'Elfe n'avait aucun mal à percevoir. Tandis qu'Aléria lui répondait d'une petite voix, lui disant qu'elle n'avait plus sommeil, la rôdeuse poursuivit son geste avec douceur. Cette simple caresse se voulait innocente au possible, la princesse n'ayant aucune arrière-pensée.

Nullement gênée par l'obscurité ambiante, Orfraie pouvait observer à loisir la baptistrelle. Celle-ci sembla pensive avant de venir découvrir le corps de l'Elfette de ses mains. Celle-ci accueillit les chastes caresse avec plaisir, fermant les yeux pour mieux en profiter alors que les doigts d'Aléria glissaient dans son cou, sa nuque et jusqu'au creux de ses reins. Finalement, Aléria vint enserrer sa taille puis poser ses lèvres dans son cou, embrassant sa peau sucrée.

La demande d'Aléria, faite d'une petite voix timide, attendrit la guerrière. L'hésitation de la Baptistrelle était adorable, songea l'Elfe qui, à défaut de pouvoir plonger son regard dans le sien, laissa ses doigts découvrir le dos de la jeune femme, toujours avec douceur … et une certaine retenue. Elle ne voulait pas la brusquer. Et après quelques secondes de silence... " Avec plaisir. " lui répondit-elle.

La Cawr bougea ensuite, s'écartant afin de pouvoir observer le visage de l'Elfette. Celle-ci plongea son regard dans le sien, n'osant réellement bouger, ses lèvres s'étirant d'elles-mêmes pour répondre à son sourire. Elle était belle, pensait en cet instant la princesse, alors qu'Aléria posait délicatement sa main sur sa joue, la caressant de son pouce. Les paupières d'Orfraie se fermèrent d'elles même pour mieux apprécier cette caresse. Elle était si sereine, en cet instant. Elle en oubliait presque ce qui était en train de se dérouler dans les plaines de l'est, près de Caladon.

La voix de la Baptistrelle tira Orfraie de ses songes. Ses paupières se soulevèrent pour croiser le regard de la jeune humaine. " Ça ne m'avait jamais intéressée, jusqu'à aujourd'hui. " Répondit-elle avec douceur, avant de venir cueillir les lèvres d'Aléria pour lui offrir un doux baiser, l'attirant contre elle un peu plus. Un baiser qui ne demandait qu'à être approfondit, mais une fois de plus la guerrière ne souhaitait pas précipiter quoi que ce soit.

Orfraie se fichait bien de ce qui se dirait lorsque le jour allait se lever. Elle s'était faite suffisamment discrète pour que peu ou personne ne l'ait vu tirer la baptistrelle chez elle… Seuls les gardes qui veillaient sur les appartements de la princesse pouvaient savoir, sans le moindre doute possible, qu'Orfraie n'avait pas passé la nuit dans son lit… Mais jamais, ô grand jamais, ils n'oseraient demander à l'Elfette où elle était passée… Et du reste, que ce soit une femme dans ses bras ne lui posait pas le moindre problème … Cet interdit ne faisait que pimenter la chose.

Toutefois, pour l'heure, seules les lèvres de l'humaine pressées contre les siennes avaient de l'importances. Seule la bulle dans laquelle elles s'étaient enfermées comptait. Demain serait un autre jour, pour l'instant la princesse voulait savourer l'instant présent. Elle en avait tant besoin … Voilà si longtemps qu'elle n'avait pas partager quelque chose de si intime … Un siècle représentait un battement cil dans la vie d'un elfe … Orfraie n'essaya même pas de se rappeler quand elle avait été si proche de quelqu'un, elfe ou non.

Avec plaisir, la princesse accueillit les caresses de l'humaine. Celle-ci se montrait timide, chaste et hésitante… une hésitation qui fit sourire Orfraie contre ses lèvres. Avec douceur, l'Elfette s'écarta légèrement, son regard trouvant celui de la Baptistrelle. " Fais-moi confiance…" Lui dit-elle avec douceur, sans chercher à s'expliquer davantage. L'Elfette vint ensuite se positionner au-dessus de la jeune femme, une main de chaque côté de son visage. Orfraie n'était pas bien lourde, mais elle ne voulait pas prendre le risque de rendre la chose inconfortable en écrasant Aléria sous son poids.

La Rôdeuse se fit patiente, enseignant à sa partenaire ce qu'elle ne connaissait pas, faisant preuve de douceur et de patience. Si demain était incertain en raison de la situation précaire des Protégés, Orfraie prit tout le temps nécessaire pour faire découvrir milles et uns plaisir à la Chanteciel, murmurant parfois son nom de la plus exquise des façons lorsque celle-ci se faisait plus entreprenante encore. La guerrière se dévoila entièrement, sans timidité aucune, sans regret. Simplement heureuse et sereine.

Jusqu'au bout de la nuit, la princesse mena leur danse, jusqu'à ce que le soleil commence sa longue ascension dans le ciel, baignant l'horizon d'un rouge-orangé magnifique. Fatigué, partiellement décoiffée – même si cela contribuait à la rende encore plus désirable – Orfraie s'allongea aux côtés de la Baptistrelle, toujours ce même sourire aux lèvres. Elle ne prononça pas un seul mot et se contenta d'attirer Aléria contre elle, l'entourant de ses bras protecteurs.

Orfraie ne dit rien, elle ne voulait pas briser cet instant de quiétude. Parfaitement consciente de ce qu'elle avait fait, la princesse ne regrettait rien. Cela ne lui vint pas à l'esprit une seule seconde. La Chanteciel dans ses bras, sa tête appuyée dans le creux de son cou, Orfraie ne pouvait qu'apprécier, savourer. Aléria avait fait preuve d'une grande confiance, lâchant totalement prise et s'abandonnant aux bras de l'Elfette. Cela, elle le savait et maintenant qu'elle reprenait ses esprits, elle ne souhaitait pas la brusquer. Ou la faire regretter, car c'était là la peur de la Rôdeuse. Toutefois, la Baptistrelle la rassura rapidement par ses simples gestions. Les doigts de celle-ci dansaient sur sa peau et l'humaine ne tentait aucun mouvement pour s'écarter, se soustraie à ses bras. Les lèvres de la princesse s'étirèrent doucement, puis se posèrent sur le sommet de son crâne. Les minutes s'écoulèrent sans qu'aucunes paroles ne soient prononcées, Orfraie ne ressentant pas le besoin de briser leur bulle.

Ce fut Aléria qui rompit le silence, faisant doucement rire l'Elfette. Celle-ci vint plonger son regard dans celui de la Chanteciel, ses doigts remontant le long de sa colonne vertébrale avec la douceur d'une plume. " Temps que tu voudras de moi. " Répondis simplement la Princesse à la question de son amante, répondant ensuite à son sourire avec douceur. Elle apprécia à sa juste valeur la caresse sur sa joue, fermant les yeux quelques instant pour la savourer lorsque les doigts d'Aléria glissèrent jusque dans sa chevelure lie-de-vin, terminant de la décoiffer.

Ils avaient besoin d'Aléria comme d'autres avaient besoin d'Orfraie. La Princesse le savait, si ses guerriers ne l'attendaient pas – ces derniers ayant leurs ordres bien à l'avance – d'autres avaient besoin d'elle. Non pas de la Générale, mais de la Princesse. Riel.

" Non, personne n'a besoin de la Générale Ataliel ce matin. Mes Rôdeurs ont leurs ordres pour la matinée. " Lui répondit-elle, s'approchant pour lui voler un baiser. " Mais il est probable qu'on ait besoin de la Princesse Orfraie. " Poursuivit-elle avec un sourire. Il lui arrivait effectivement de s'occuper d'affaires mineurs, comme lorsqu'elle avait reconnue Harthea comme l'une des leurs. Et si du temps libre se profilait à l'horizon, il était hors de question de ne rien faire : elle irait rejoindre ses guerriers.

" M'arracher à tes bras est bien difficile. " Fit-elle en soupirant, venant ensuite, contre toute attente, nicher son visage dans son cou. " Nous verrons-nous ce soir ? "