La lisière Elfique est en place à la frontière du 27 octobre au 27 novembre . L'entrée ou la sortie du Royaume Elfique sont donc compliquées entre ces deux dates.
Nous jouons actuellement en Octobre-Novembre-Décembre de l'an 7 de l'ère d'Obsidienne (équivalent de l'an 1760 d'Argent).
Art du lancé (poignard, petite hache...) : Aucun niveau
Art de la parade (bouclier ou arme) : Bon
Arc : Faible
Arbalète : Bon
Mains nues/pugilat : Moyen
Equitation : Très Bon
Identité
Race :Humain
Nom :(Du) Vallion
Prénom :Abbygaïl
Surnom(s) :l'Epée des Lions
Titre :à acheter si vous le souhaitez
Date de naissance :1720 de l'âge d'Argent (je crois)
Age réel :38
Age vampirique :
Lieu de naissance :Val Lion ((Mettons que ce fut un village à la frontière des plaine de l’Est)
Lieu de vie :Nomade
Rang social :Noble
Poste/emploi :Officiers et chefs de files (plus précisément, sergent d'arme) : 35 pO/mois
Guilde :Aucune
Equipement et magie
Arme principale :Epée bâtarde : « LevGarde » est son nom. C’est une arme d’une facture exceptionnelle, héritage de famille. Elle semble commune au regard, sinon quelques reflets argentés dans l’eclats de sa lame qui semble indiquer quelques riches et exotique alliage. Sobre, elle n’a pour fioriture qu’une tête de lion sculptée au centre de sa garde, de chaque côté, lesquels gardent dans leur gueule, ferré de leurs crocs, deux saphirs éclatant. Reste finement gravé à la naissance de la lame cette simple maxime : « Un lys pour l’Empereur, des chrysanthèmes pour les morts »
Lance : C’est une lance sans nom et sans prestige d’apparence. D’un bois blanc sur son anse pour une pointe d’acier, elle est suffisamment bien faite pour qu’on la remarque en ce sens. Mais son seul honneur est de poser l’étendard de la Maison Vallion, changé depuis peu. Le rectangle de tissus qui partageait autrefois son espace avec le drapeau impérial se destine aujourd’hui simplement à la tête de lion rugissante sur un fond noir.
Rapière : « Cygne Chanteur » est un nom plus que bien choisis pour une lame claire à la garde rehaussée d’argent. Toutes blanche au dehors, elle est maniée avec l’élégance propre à l’ailé susnommé, et produit en sabrant l’air quelques mélodieuses mais funestes notes. Elle est d’un ouvrage à la fois efficace et d’un bon gout extrême. Contrairement à d’autres armes, celle-ci est de manière évidente destinée à l’apparat, encore qu’elle n’enviât rien en qualité à quelques fleurets vétérans. (Elle utilise les 3 selon le contextes donc.. Les 3 sont principales )
Autres objets :Un destrier de combat, harnaché et en armure
Une armure cassée dans ses sac, inutilisable.
Un tricorne noir.
De quoi écrire et un matériel de géométrie basique.
Alignement :Neutre
Totem :totem et niveau, cette partie sera remplie par le staff
Style de magie principal :Humaine
Puissance magique innée :Impuissant
Niveau magique :A ne pas confondre avec la puissance magique innée, il s'agit ici du niveau de magie que possédera votre personnage au moment où vous allez commencer à jouer. Ce niveau est bien sur étroitement lié à la puissance magique innée (si vous avez un faible niveau de naissance vous ne serez forcément jamais un très bon mage). Ne remplissez pas cette partie, cette décision revient au staff mais notez bien que vous pourrez faire évoluer ce niveau au fil du jeu.
Physique et caractère
Physique : Abbygaïl porte sur elle sa fonction : de sang elle est d’une noblesse de lame. Les Vallion ont toujours payé l’impôt du sang et protégé la terre accordée. Etant l’héritière unique de ce sang, et malgré le fait qu’elle fût une femme, Abbigaël fit ses armes. Il en résulte une femme qui porte l’armure et manie l’épée, mais qui n’a jamais cessé pour autant d’être noble ou femme. Il faut comprendre que la vicomtesse du Vallion portait aussi bien l’armure au combat que la robe en Cour, et tâchait de briller dans ces deux endroits.
C’est donc une femme à la l’allure noble et solide, qui aura noyé la disgrâce d’une musculature probante sous quelques rondeurs de femme aimant bien vivre. « Un tout petit peu forte » semble être l’unique qualificatif qu’on puisse lui imputer quant à sa stature, lequel, lorsqu’on se détache de l’amour qu’on sait avoir pour la grâce fine et élancée des elfes, est en vérité un éloge. Elle porte graisse et muscle dans une harmonie agréable pour former au final une silhouette charmante loin d’être carrée ou ronde. Pourtant, l’absence totale de hasard dans sa démarche indique la raideur d’un cœur martial. Abbygail se tient systématiquement droite, et lorsqu’elle n’a rien à faire de ses mains, plutôt que de les laisser flâner, elle les croise dans son dos, bombant le torse dans une pose de soldat. Chacun de ses gestes, même sorti de ce contexte dur qu’est la guerre, restent empreints d’une certaine rigidité, d’efficacité et de discipline. Ainsi ses bras sont-ils souvent sur l’arrière, ou sur la garde de sa rapière, ses yeux toujours froncés et attentifs, sa poitrine raisonnable laissée dans des bandes prévues pour qu’elle ne gênât point, et ses jambes prêtes à s’arquer pour prendre la pose de l’escrimeuse.
Au visage il faut être flatteur et triste. En effet, c’est une dame de qualité aux long cheveux blonds qui, plutôt que d’encadrer en cascade un visage de naissance allongé, mais de vie adorablement arrondi, les noue en une tresse indomptable qui n’a d’utilité qu’au combat, et il en va ainsi pour tout le reste. Ses yeux gris et grand sauraient d’être des océans d’une tendre fraicheur s’ils n’étaient pas deux remparts anthracites desquels une âme toujours à l’affut observait et se méfiait. Ses joues, rosée légèrement sauraient être les plus seyantes des pommettes si elles n’étaient pas si souvent mordillées de l’intérieur. Ses lèvres, bien sûr, d’un rouge discret et bien formée pourtant prennent trop peu le chemin des sourires pour qu’elles fussent d’un attrait réel. Il n’y a qu’un éternel nez, fin et long qui reste invariable, et qui supportât avec avantage aussi bien ses rares gaités que ses visages neutre ou colériques qui rythment trop bien son quotidien.
D’atours, Abbigaël, en plus de l’armure, porte un type de robe particulier. D’aspect charmant, ces robes sont fendues deux fois, à l’avant, au niveau de chaque jambe. D’ordinaire, un lacet obstrue chacun de ses ouverture, lequel lorsqu’il le faut, est retiré pour laisser à l’habit l’aisance parfaite pour manier la lame et se mettre en garde. Pour ce qui est des tons, on ne verra sans doute que très rarement la vicomtesse porter une couleur chaude, si ce n’est le blanc.
Enfin, lorsqu’on est au combat, on n’a pas toujours le temps de se soigner correctement. Héritage d’une campagne contre les Vampires, Abbigaël garde une faiblesse au niveau des jambes qui confine au handicap. « Rien de grave » a-t-elle put dire jadis, lorsque ses jambes douloureuses d’un rocher tombé dessus ne l’empêchèrent en rien de guerroyer une fois retournée sur sa monture. Mais elle n’en garde pas moins une impossibilité presque totale à courir longtemps, ou à gravir n’importe quelle pente, escalier compris, avec lenteur ou difficulté. La hâte semble avoir été définitivement bannie de ses marches, ou très vite alors elle se retrouve avec des membres inférieurs extrêmement douloureux ou se dérobant sous elle, payant toute précipitation par le fait de devoir se mouvoir ensuite pour un temps avec des béquilles ou une canne. Quelques fractures ignorées se seront réduites de travers, sapant les articulations de la jeune femme. « Qu’â cela ne tienne, la noblesse est chevalerie, je serai à cheval » dit-elle, clôturant avec orgueil les avis sur le sujet.
Caractère : Caractère : Au commun, c’est une femme de guerre, silencieuse, peu souriante et peu engageante. Elle ne cherche que très peu à lier, ou bien y arrive très mal. Elle garde un franc parlé qui sait déranger, et une flamme violente au fond des yeux qui n’a pas grand-chose de civilisé. En un mot, elle a un sale caractère. Oui-da, c’est une femme d’acier, de rigueur et de force qui, d’avoir beaucoup perdu tient plus que tout à son orgueil et à sa fierté. Il est effectivement très dangereux de la froisser, vu qu’il est aisé de constater qu’elle met son tricorne de travers pour un oui ou pour un non, et qu’elle a le verbe haut et agressif. Oh, il convient de nuancer : effectivement, elle a le feu au cœur, et le moindre affront consume en un coup sa patience, mais c’est une femme devenue sage. Dans sa jeunesse, elle aurait peut-être dégainé d’un coup. A présent, elle sait qu’elle peut servir des plans qui la dépassent, en cela elle ne s’appartient pas. Elle apprit le mépris, le dédain plutôt que la folie du fer constante, et par ailleurs, on a tant souvent rit de ses grands airs vexés qu’elle a fini par comprendre qu’une vengeance est un plat qui se mange froid. C’est donc une langue acérée supportée par deux yeux gris qui lancent les éclairs que son âme sait si bien porter et conserver, longtemps s’il le faut, les transformant en un moteur d’action formidable. Car il ne faudra néanmoins jamais s’y tromper : JAMAIS Abbygail n’oublie une insulte. C’est amusant d’ailleurs de se dire qu’elle oublie beaucoup de chose, mais ne sort jamais avec l’œil jaune encore d’un affront pas très bien lavé. Dans sa tête, c’est comme si la scène se déroulait encore et encore, et que sa sagesse première laissait libre court à une rancune de gonfler et gonfler encore son ressentiment. Par contre, il faut avouer que c’est de ce caractère qu’elle tire une grande partie de sa force et de ce qui la rend admirable : Abbygail défierait un dragon, Vraorg ou un Esprit qui l’aurait insulté. Pourquoi ? Parce qu’elle n’estime que RIEN n’est impossible. Elle n’a qu’un maître mot : l’audace. Elle ose, elle ose les choses les plus folles, et les plus insensées aussi, avec le soupçon de raison qui donne à ses entreprises l’once de génie qui la garde d’aller jour après jour au suicide pur et simple. Et surtout.. Elle a une telle présence que non seulement elle a ses idées, mais elle sait convaincre qu’elles sont bonnes. Elle ne pénètre pas les âmes, elle ne sait pas trouver les bons mots : elle n’a rien de la fine psychologue qui connait ses hommes.. Non, juste que sa folie douce est sa norme, qu’elle n’accepte pas l’échec, et qu’elle énonce ses objectifs avec tellement de force, d’emphase qu’elle balaie le doute de son propos. En un mot : son grain est intensément contagieux en ce qu’elle attaque en premier, c’est la peur. Admettons que ça en fasse aussi un danger public. Il n’y a pas besoin de mot, il suffit de voir une blonde en armure, à cheval, qui brandit sa bannière et qui charge n’importe qui, n’importe quoi, pour se dire que c’est possible. Elle compte sans les pertes, comme l’âne bâté qu’elle est, n’estimant que l’importance du dernier drapeau à flotter sur le champ de bataille.
Alors, nuançons un point : elle n’est pas totalement suicidaire, et sait admettre une impossibilité stratégique, et opérer cette action nommée avec honte « Repli stratégique ». En revanche, tout sage qu’elle est en stratège, elle n’en démordra pas : elle reviendra toujours là où elle a échoué. La seule chose pouvant alors la faire reculer étant un contre ordre direct de la hiérarchie, raison pour laquelle la vicomtesse a très vite commandé un régiment, mais n’a jamais étée acceptée à des places plus importante, c’est-à-dire à un grade ou elle n’aurait plus de supérieur pour lui servir de garde-fou.
Somme toute, Abby ressentira toujours son caractère emporté et de feu. Parfois, lorsqu'elle n'est pas soumise au devoir, elle y cédera, parfois, ce sera un moteur formidable pour motiver une audace osée, et parfois, l'âge avançant, elle aura la sagesse de se dominer, et de remettre à plus tard l'explosion de son amour propre frustré.
Mais il existe une dernière facette qu’on aurait tendance à oublier. Sous cette carapace aride, il existe une femme. Et aussi surprenant que ce soit, Abbygail du Vallion a un bon fond. Son caractère n’est que le vecteur d’une émotivité maladroite, frustrée et teintée de revanchisme qui en rien n’oublie d’immenses qualités que sont celles d’une femme de cœur, d’honneur et cultivée. En de rares occasions, lorsqu’elle se saura à l’abris, libre de toute responsabilité, elle prendra le soin de reposer ses grands airs de chef, pour redevenir une jeune noble de campagne, avec ce que ça sous-entend de franchise et de douceur, et même… Un peu d’affection qu’elle saura donner sans fraicheur, pour une fois. Au fond, lorsqu’elle n’est pas vouée à l’épée.. On saurait presque dire qu’elle est normale. D’aucuns ont pu en rire en parlant d’une tendre femme qui tiendrait de la légende tant elle sort peu. Et pourtant elle se devine, ce doit être pour ça qu’on ne la juge pas « simplement » insupportable..
Enfin, le dernier trait de caractère qui achève d’humaniser cette femme de fer, c’est sa tendance à n’avoir aucune mémoire. Sa mauvaise foi n’assumera jamais ce défaut, dont elle a à peine conscience d’ailleurs. Comme souvent, plutôt que d’avouer une défaillance, elle se repliera dans sa fierté déplacée. La vérité est que tant qu’une chose n’est pas suffisamment importante ou ressassée, elle l’oublie très et trop vite. Elle érige dans son mental des barrages, comme si tout ce qu’elle avait perdu, ou qu’elle n’estime ne jamais avoir, elle le remisait au fond, et l’y laissais pourrir jusqu’à ce que ça disparaisse de ses souvenirs. C’est, somme toutes, raccord avec son caractère : ce qui la contrarie n’existe pas. Pour que ça n’existe pas, il suffit de l’oublier. Et elle se contentera d’une mélancolie légère et de long regard perdus lorsqu’elle met le doigt sur sa capacité à se voiler la face pour demeurer l’audacieuse timbrée nuancée de raison qu’elle est.
Mes liens
PNJ : son père, Ordric du Vallion, est à Vraorg. Un soldat au maigre grade, mais gradé tout de même. Son nom aura pu être rapporté comme un fidèle de la théocratie . PNJ : sa mère. Lily du Vallion, à Gloria. Elle n'est pas particulièrement fidème à Vraorg, mais le sert par nécessité et envie de survivre. Elle n'a pas de talents particulier à noter, c'est une dame de qualité, elle a surtout l'avantage d'être protégé par son mari. Elle tâche donc de ne pas faire de bruits, vu sa relative sécurité.
PNJ : Simgund du Vallion : parce qu'il faut bien qu'un nom se perpétue, et Lily étant trop âgée pour enfantée, ce jeune homme a été adopté pour porter le nom et les armes de la famille. Âgé d'une vingtaine d'années, il est éduqué aux armes, et sert Vraorg avec engouement, profitant de ce règne pour laisser libre court à tout ses sombres penchants.
Par ailleurs, Abby pourra être reconnue par certains ancien soldat de l'Empire humains, vu ses responsabilités (mineures) dans le commandement militaire
PNJ : Duncan Graham : un vieux serviteur de famille qui vit un peu en ermite au Portectorat, qui ne doit plus savoir faire grand chose de ses dix doigts sinon cuisiner et coudre, et qui avait l'avantage de connaître l'ancien empire comme sa poche. Sénile.
Derrière l'écran
Petite présentation : Baaaah... J'ai 21 ans, et j'etudie à Paris, en master d'Histoire.
J'aime le miel, le chèvre chaud, et je déteste les chaussettes.
Rythme rp : Je m'engage à respecter le rythme rapide. Quand à ma capacité à répondre, c'est disparate, j'ai pu pondre 3 RP en une soirée, tout comme j'ai pu en faire un en une semaine : comme le travail, le RP est un gaz : il prend tout l'espace qu'on lui laisse. Si c'est deux jours, ce sera deux jours (ou moins), ça n'a rien d'un problème !
Particularités rp : Je souffre de quelques soucis de vue qui rendent compliqué la perception de certaines situation (surtout le défilement, donc je resterai jamais sur une CB bondée, je suis incapable de suivre) A coté de ça, je fais un style de faute très particulier, à savoir que j'inverses des bouts de mots, mais ça disparaît souvent à la relecture (dyslexie légère, ne je m'en fais pas une excuse)
Comment avez vous découvert le forum : Euh... Topsit.
Le code du règlement :
Age d’Argent – 1720 – Val Lion
Une dizaines d’humains s’agitent dans la salle principale de ce qui ressemble à une demeure fortifiée. Au centre, une paire, penchée sur une table qui pourrait ressembler à quelques volontés stratégiques. Ces deux êtres, blonds comme la paille, semblent hautement pessimistes. Le premier, fils du second et depuis longtemps homme, s’adresse à son père, résolu.
« Le village est perdu, et nous ne tiendrons pas, il faut retourner à Gloria. Chargeons, droit devant, les Esprits reconnaitrons les leurs ! »
Les ombres s’insinuaient partout, dans chaque recoin, depuis chaque fenêtre. La nuit serait longue.. Trop longue. Le vieux Vallion finit par céder. Tout ceci avait été le fruit d’une longue usure : une disparition, un meurtre, d’abords des coups isolés.. Puis on avait eu la certitude de la présence d’un monstre, à qui on avait donné la chasse. Rien à faire, les cavaliers revenaient chaque fois moins nombreux, non pas dépassés par l’adversaire, mais simplement piégés. Ils ne semblaient d’accords que sur un seul point : « ca » n’était pas seul. Un malheur en attirant un autre, la faiblesse grandissante du Val fit le bonheur de quelques brigands qui vinrent s’ajouter à cette situation déjà problématique. Au soir ou le Val tomba, ce n’était plus qu’un vieux manoir plein de courant d’air et à moitié vide, administrant un village fantôme. Une situation déplorable qui n’avait pas éveillé le moindre intérêt : après tout, on était loin d’un poste frontière capital en un temps de trouble. Au vue de l’importance de l’endroit, il ne fallait pas espérer de l’aide, et le doyen l’avait compris. Honteux de déserter sa propre terre pour éviter qu’un adversaire qu’il n’arrivait pas à cerner ne frappe, il prit néanmoins la décision qui s’imposait.
« Faites seller ! »
Quelques minutes plus tard, le vénérable comte en tête prend les couleurs, et tire l’épée. Comme tout Vallion qui mène le combat, il n’y a ni peur ni hésitation dans son œil. Simplement une froide détermination. Il lève son épée, avant de désigner la porte en criant sa devise :
« Un lys pour l’Empereur, et des chrysanthèmes pour les morts ! »
Peu survécurent, mais la famille Vallion, par la grâce des Esprits, tînt bon jusqu’à Gloria. Oh, il n’y eut pas de batailles, non. Au combat, ils eurent étés passablement avantagés.. Mais non, une embuscade de ci, un masse sombre qui tombe sur le cavalier en queue de colonne.. A l’image de la chute du Val, tout ceci c’était dans la plus abjecte lâcheté, et donc dans la plus grand indifférence du monde. Et dans ce convoi qui n’avait que la peur comme unique certitude, une enfant demeurait dans les bras du Vallion fils, comme un rayon d’innocence noyé dans l’adversité globale.
Pas même un an, déjà baptisée par le sang.
Age d’Argent – Gloria – 1738
18 ans –et toutes ses dents- Abbygail avait largement eu le temps de faire ses classes. La maison Du Vallion n’était pas de grande noblesse, mais ce nom garantissait des soldats et des guerriers de premier ordre, et la jeune femme eut tôt fait de se faire connaître. Dès son plus jeune âge, la vicomtesse fut éduquée dans un esprit de revanche, avec au cœur la flamme de la reconquête. Certes, son grand-père avait la sagesse de savoir ce qui était perdu, et voulait faire d’elle une grande dame capable de survivre à la guerre et de briller en d’autres domaines. Aussi prit-elle des cours de danses, de musique, de maintien, de sciences.. Ce fut une réussite : la jeune blonde se comportait comme une noble courtoise et affable, intelligente. Mais son sang bouillonnant demandait autre chose, elle courrait après les heures de maniement des armes et d’équitations, piaffant d’impatience pour avoir l’âge des premières campagnes.
Dans les camps d’entrainement de Gloria, elle n’eut pas le moindre mal à se faire savoir. Que ce soit par le talent ou sa qualité, elle tenait à en imposer, et s’en donnait les moyens. Par ailleurs, les enfants étant ce qu’ils sont, la Vicomtesse du Vallion présentait aux cruelles ardeurs puériles une faiblesse qui ne cessât point d’exister toute sa vie. « Mais si tu es vicomtesse, ou est ta terre ? ». Ce sujet ô combien sensible fut le premier de longue série qui fondèrent le coté.. Chatouilleux de l’honneur d’Abbygaïl. Car oui, la frontière Est, loin de s’arranger, avait une tendance à devenir de plus en plus étrange. Le patriarche Vallion, bien plus sage que son fils et sa petite fille avait tendance à vouloir participer activement à la sécurité de la zone avant d’y penser reprendre le Val. Jusqu’à présent, on n’avait envoyé que des patrouilles légères pour maitriser l’endroit et sans réel succès : en dépits des rares raids mené, il subsistait une obscurité menaçante la bas. Et comme Gloria n’était pas si désagréable que cela à vivre, les Vallion y restèrent. Ce fut pour Abbygail une époque tout à fait agréable, petite noblesse d’épée, elle brillait dans ce qui lui semblait être la plus belle cité du monde, avec sa famille et quelques rêves d’avenir à propos de sa terre. Il n’y a, en vérité, pas grand-chose à dire de cette enfance sinon qu’elle fut heureuse et riche en enseignement. Pour ses dix-huit ans, Abbigaïl reçut LevGarde, l’épée de famille retravaillée pour qu’elle fût à sa main. Avec elle, la distinction de « Dame d’épée »
Noblesse oblige et cheval aidant, a l’âge qui fut le sien, elle ne put être intégrée aux armées qu’avec un grade de lieutenant. Quelle prestance elle avait dans cette armure rehaussée de bleu, tenant d’une main son épée nouvelle, et de l’autre un étendard partagé entre les couleurs impériales, et la tête de lion or sur un fond bleu océan. Ces missions de patrouilles à l’Est étaient le meilleur moyen de se distinguer rapidement ; au mieux tout irait bien, au pire, elle profiterait d’un de ces rare raids pour s’illustrer. Sa motivation faisant foi, elle devint très vite la figure de proue de sa patrouille, effrayante par moments en sa capacité à ne jamais s’arrêter. La flamme au fond de ses yeux n’avait d’égal que l’orgueil lisible sur son menton relevé et sa lèvre inférieure poussée vers l’avant. Abbigaïl, payant l’impôt du sang, livrait à l’Empereur une fortune. Du moins l’aurait-elle voulu. Elle avait effectivement coincé quelques vampires ou brigands, tombant dessus en surnombre, mais rien qui ne fasse d’elle une héroïne, au moins agissait-elle sur les terres environnant le Val Lion et pouvait-elle prendre le temps de mediter et organiser son retour. Elle entendait se faire un nom, et ses qualités l’y aideraient.
Son capitaine un jour écrivit pour elle à son commandement, un courrier très simple composé d’une demande de brevet étayée par un compte rendu exact d’une conversation avec elle :
« Mais enfin, Vicomtesse, vous semblez repousser chaque jour les limites, allant jusqu’à outrepasser mes ordres dans vos poursuites : quand vous arrêterez-vous ?! » En effet, lorsqu’on demandait à Abbygail de patrouiller, on devait s’attendre à ce qu’elle en fasse trop, d’où sa réponse notable s’il en est :
« Donnez-moi dix hommes, monsieur, je vous tuerai un dragon. Donnez m’en cent, et je reprendrai le Val Lion Avec mille, j’éradiquerai les Vampires, Et avec dix fois plus je vous livre Armandia. »
L’officier ne doutât pas que ce fusse une fanfaronnade, mais cela avait été dit avec une froideur tellement assurée, qu’il en avait eu une sueur glacée : cette femme ne semblait souffrir d’aucun doutes, d’aucune limites. En effet, bien qu’en tant qu’impuissante on puisse douter qu’elle accordât réellement une importance au dragon en tant que symbole (et ce bien qu’elle aurait dû), son caractère la poussait souvent à titiller les limites du bon goût, ou du blasphème. Son chef effectivement avait eu tendance à blêmir à l’idée même de tuer un dragon, eux qui se faisaient si rares et désirés. Il comprit néanmoins qu’Abbygail avait ses qualités. Il suffisait qu’elle soit correctement commandée, et cette tête brulée, dirigée par une tête froide, pouvait être une arme redoutable. Aussi à dix-huit ans, Abbygail commandait un régiment sous la tutelle directe d’un officier supérieur.
Âge d’argent – Jusque 1750 – toujours plus à l’Est
L’Histoire souvent confond les qualités avec l’air de temps, et l’on trouvera surement homme médisant pour souligner que la coalition fondée contre les Vampires ne craignait rien, et qu’il fut aisé pour la vicomtesse de tirer parti de ce contexte pour s’encenser. Gageons à l’inverse, c’est avec des personnes comme elle qu’il fut indéniable que l’adversité aux dents longues soit repoussée avec tant d’efficacité. Intrépide, l’âge avançant ne fit que gonfler son penchant naturel pour l’autorité, faisant ployer son bataillon sous son œil de feu avant de rendre cette masse soumise apte à la suivre au cœur de la tourmente, sans forcément encore admettre l’existence d’un danger véritable. Eh, il faut souligner qu’à cette heure, à défaut de n’avoir eu que des victoires, Abbygaïl n’avait jamais connu la défaite. Vaincre coup sur coup un adversaire jugé plus fort qu’elle quant à ses caractéristiques premières, c’était un état de fait clairement apte à pousser très haut ses ambitions. Bref, il est simple de deviné que lorsque les escarmouches légères contre les vampires devinrent une guerre ouverte, Abbygail en fût.
La vanité ne fut jamais son violon d’Ingre, de l’orgueil plutôt, mais nous l’avons déjà dit, elle ne doutait de rien « A cœur vaillant rien n’est impossible », disait-elle. Le pire étant que plus d’une fois elle s’était engagée dans des situations désavantageuses, mais sa capacité étonnante à tenir son sang-froid et rallier ses troupes sous l’étendard impérial des Vallion avait trop souvent formé un bloc soudé, une ligne d’acier que personne encore n’avait su percer. Le « Dernier carré » des Vallion s’était fait un nom, un sinistre synonyme de victoire, mais aussi de pertes. Disons que la vicomtesse comptait aussi peu ses pertes que celle des adversaires, comptait, seul, pour estimer la victoire, la présence du drapeau à la fin du combat. Elle participait clairement au débordement général des troupes vampires, et s’arrangeait pour systématiquement isoler des groupes adverses pour les charger sans la moindre pitié. Abbygail avait déjà eu à souffrir de la supériorité physique des vampires, s’extrayant comme à l’accoutumée de justesse d’une manœuvre audacieuse (et potentiellement suicidaire), aussi avait-elle laissé de côté l’esprit chevaleresque du duel pour chevaucher aux cotés du surnombre, et donc de la victoire.
Encore que. On a souvenance de la jeune blonde qui chargeait au-devant de ses troupes. C’était, certes, le meilleur moyen de les galvaniser, mais aussi l’agréable habitude de se peindre une cible sur le front. Au court d’une bataille quelconque, son cheval fut frappé par un Vampire. Par chance, la monture eut le temps de faire une violente embardée, laissant le temps à la troupe de rejoindre son chef là ou Abby aurait put être achevée dans la foulée. Toujours est-il qu’elle eut la malchance de finir sous son cheval. Cheval qui, précisons-le, était un destrier de bataille en armure. De base le bestiaux est lourd, mais avec son équipement et la violence de la chute, les jambes de la vicomtesses furent brisées Si à ce jour, alors qu’elle approche de la quarantaine, Abbygaïl du Vallion tend à devenir une personne sage, c’est à cause de revers de ce genre, arrivés tandis qu’elle courrait contre le destin. Une cruelle leçon lui fut infligée alors qu’elle était au camp, observée par un de ses vétérans.
« Madame.. Le front de la Coalition a avancé sans nous, le temps qu’on vous rapatrie.. Nous n’avons aucun mage soigneur digne de ce nom dans les parages. Je peux biens essayer quelques remèdes qu’on connait le temps que vous en trouviez un mais.. Ce sera pauvre de compensation. »
Un regard agacé le priât d’en venir au diagnostic le plus simple. Vexé d’une attitude si hautaine, le jugement tomba sans délicatesse, comme un couperet.
« Madame, vous ne marcherez à présent, au choix, qu’avec lenteur ou douleur. Je peux pas faire mieux. »
Cela fit l’effet d’un coup de massue. Comme si une digue, toujours forte et qui n’avait jamais eu l’intention de céder, brusquement, volait en éclat pour laisser place à une marée de découragement. Mais l’orgueil a du bon, alors même qu’elle se sentait la plus pauvre du monde, ravagée par une faiblesse qui eut pu, si elle s’était laissée aller, détruire son potentiel militaire, Abbygail se sentie regardée. Que ce fut le toubib ou les soldats, on se demandait ce qu’elle allait devenir, cette brebis boiteuse. Allongée là, elle ne semblait plus rien avoir de la flamme ardente qui brulait au cœur des batailles, ou de la femme de fer qui commandait sans le moindre doute. Faible, misérable. Elle semblait inapte à tous ces yeux, et pitoyables. Ces regards lui furent insupportables, c’était une réaction d’orgueil et non de raison, l’énoncé d’une fierté portée haute et sans la moindre tâche qui la motiva, et non la réflexion. Elle releva le menton, posant sur le vétéra, un œil impitoyable, puis sur ses hommes cet air naturel de commandement qui inspirait tant la crainte que l’admiration :
« Qu’â cela ne tienne, la noblesse est chevalerie, je serai à cheval. Mire, procède. »
Cet aplomb est au nombre des forces auxquelles on a du mal à résister. Qu’elle fut maladroite, dans l’erreur, ou dans le meilleur de son bon droit, Abbygail avait ce don particulier de rendre chacune de ses paroles comme étant des ouvrages de force et de volonté. Lorsqu’elle disait, on écoutait, et lorsqu’il le fallait, on obéissait. La noblesse dans sa voix et l’expression de son tempérament si ardent ne laissaient aucune place au doute. Elle eut été capable, si cela avait été nécessaire, de regarder son soldat lui couper une jambe et de lui dire d’arrêter de trembler avec un œil d’acier posé sur lui. A ce moment-là, Abbygail avait pris une décision : celle de rattraper le front, et pour cela, il allait falloir se battre. Si son régiment n’entrait plus dans le schéma d’assaut des hommes & elfes, il représentait une faiblesse, et s’il était isolé, il pouvait être balayé sans le moindre espoir de renforts rapides. Une attelle, donc, et vogue la galère : il fallait continuer, Abby y était déterminée. Lorsqu’elle revint en présence de bon mage guérisseurs, les excuses plus ou moins sincères s’enchainèrent. « Pas le temps », effectivement, elle avait fort à faire. « Est-ce que ça vous regarde ?! », vexée et agacée, et puis enfin « J’ai l’air d’aller mal ?! ». De fait, à force de ronchonner, elle s’était adaptée. Et si le caractère de la vicomtesse était haut en souffre, le personnage lui-même restait un officier efficace mais de secondes zones. A ce moment-là, pour qu’elle se soigne, il eut fallu qu’on le lui ordonne, et personne n’avait particulièrement de temps à perdre : si elle se débrouillait ainsi, tant pis pour elle !
Suite à ces évènements, certaines réalité poussèrent Abbygail à la réflexion : elle devait à présent se déplacer à cheval, ou lentement, ou encore à l’aide d’une canne. Cela, en rien, n’eut d’effet sur sa noblesse, mais grâce à un tel retournement, elle commença à se rentrer du plomb dans le crâne. Si sa blessure ne l’avait fait gagner qu’en grandeur, il avait fallu se donner à présent les moyens de ses ambitions, là ou avant tout semblant dû et aisé. Le handicap reformait sa vie, faisant naitre en elle un besoin de tranquillité pour se reformer.
La chose était simple à envisager, en vérité : la poussée contre les Vampire avait permis de reprendre le Val Lion, et la vicomtesse pu sortir les plans de ses rêves. De fait, depuis toute jeune elle avait été certaine qu’elle serait celle qui reprendrait son Val, et elle avait préparé depuis longtemps les plans du village qu’elle voulait voir renaitre. Au début, c’étaient quelques dessins d’enfants, mais avec le temps et les études, elle avait acquis quelques talents d’architecte. On se doute que son style fût sobre, et son domaine, les fortifications. Elle savait bien sur tisser les plans et la gestion des charges pour n’importe quel bâtiment, mais d’avoir perdu une fois de trop son Val, elle avait décidé d’exceller dans la gestion des appareils défensifs. Elle termina donc l’âge d’Argent à reconstruire son domaine, loin des affaires de magie, de Dévoreuse et du Néant. « Je ferai un sort à n’importe quelle armée, mais je laisse aux autres le soin de courir après des songes, des légendes et des chimères ! »
A-t-on précisé qu’elle avait peut-être le tort d’être un peu trop pragmatique ? Atout s’il en est pour un général, défaut évident lorsqu’on a l’avantage de vivre dans un monde de magie. Bien sûr, la défense du Val fut, en soit, un acte de guerre. Il était bien plus beau, plus grand et plus fort qu’avant (chose peu compliquée vu qu’il n’était pas grand-chose), et pris donc un rôle dans la guerre qui battait alors son plein. Au fond, Abbygail, dans sa tranquillité se contentât d’arrêter d’être un officier au front pour devenir un officier sédentaire. Elle pouvait pousser n’ importe où, tant qu’elle savait rentrer chez elle au soir. Ironiquement, c’est en ce temps où elle voulut « se poser » qu’elle fut la plus active. Mais la notion même du « chez moi », et de la différence qu’impliquait non plus d’attaquer bêtement, mais de défendre un bien important avait, chez elle, motivé plus encore les grains de la sagesse à germer. Baptisée dans le sang, elle n’avait pas cessé de vivre dedans, mais il pouvait être remarqué qu’elle n’était plus qu’une furie frustrée qui chargeait, mais une personne aux motivations intelligentes et réfléchies. Bon.. Comme pour beaucoup de choses, au final, ce n’était qu’une considération personnelle, et d’extérieur, on la croyait toujours aussi cinglée.
Age d’Obsidienne An 1 – Val Lion
Elle passa, donc, la fin de l’Âge d’Argent à reconstruire le Val Lion, et à le défondre tout comme elle passa le début de l’Âge d’Obsidienne à le voir balayé à nouveau et ne pas le défendre. Oui, aussi simplement que ça, les armées du Néant furent catégoriques à ce point. Âgée alors de trente-trois ans, Abbygail commençait à mettre son tempérament de feu au service de celui de sa sagesse. Il faut dire qu’elle en fut bien forcée, car le cruel constat était là ; cet adversaire la dépassait sur tous les points. Ses capacités militaires, son génie stratégique, avaient permis à son régiment de s’extraire du Val avant qu’il ne fut rasé, mais rien n’y fit : elle avait beau rencontrer l’ennemi, elle fut chaque fois obligée de développer des trésors d’ingéniosité pour rompre le combat, et plier bagage. En fait, au débarquement des Alayiens, elle avait simplement dit « Pas le temps », et de fait, voulant éviter que l’histoire se répète, elle occupait son temps à traquer les rumeurs de vampires et les ombres de brigands autour de chez elle. Et lorsqu’elle reçut les premiers rapports des armées balayées par l’envahisseur, elle comprit très vite qu’il fallait décamper. Elle était passée de « Dans deux semaines, l’affaire sera bouclée, le temps que j’arrive ils les auront repoussés » à « Bon.. Là on a un problème et je doute que j’y puisse changer grand-chose en allant au front. »
Pour la première fois, la jeune femme réalisait qu’elle ne pouvait pas gagner. Quoiqu’elle fît, elle était dépassée, condamnée à voir ses hommes mourir pour pas grand-chose. Il restait alors une unique chose à faire pour ne pas sombrer. Il faut bien comprendre la violence d’un tel revirement : Abbygaïl menait la charge, toujours droit, en criant sa devise. Mais à ce jour, elle dût comprendre que la noblesse pliait face à l’absurde. Si elle voulait mettre ses hommes en sécurité à Gloria et continuer la lutte, il allait falloir user d’un génie militaire qui n’était pas celui de la bataille rangée. Car oui, foncer à dix-huit contre deux vampires, c’est encore une bataille. Fuir, c’est un autre demaine. Elle progressa alors avec ses hommes à la manière d’un serpent, ondulant, ne sortant des abris que pour des raids rapides et sans volonté de détruire. Elle épuisait, flanquait, toujours pour asticoter, déranger, effrayer. Ayant renoncé à une bonne partie de sa fierté, la vicomtesse menait une guérilla impitoyable sensée la faire prendre de vitesse les armées du Néant pour arriver à Gloria. Elle garde un très mauvais souvenir de cette semaine passée à hanter les jours et vivre la nuit, mais l’expérience fut très certainement d’un grand bien. Il serait déplacé de dire qu’elle eut alors un contrôle parfait sur elle-même. Mais elle apprit à plier lorsque nécessite faisait loi, et à garder un minima d’empire sur elle-même lorsque la situation l’exigeait. A cette heure sombre du monde, Abbygaïl reçut sa première ride au front, début pour elle d’un Âge de Raison.
Elle arriva donc à Gloria tant bien que mal, à temps pour participer à la défense de la cité et ne pas en être isolée. L’on pourrait délayer cette trouble époque pour d’autre, mais pas pour elle, elle se résuma à « Défendre Gloria ». Il est peut-être une conversation qu’il faut souligner alors que Fabius montait sur le trône, avec l’un de ses lieutenants, un soir de ronde, tandis que l’Empereur Fabius, déjà, avait profité de la faiblesse du Néant lors de la bataille des Bois Sombre pour nouer alliance avec ses troupes affaiblies et instaurer une paix, contre l’avis des rebelles.
« Madame, vous ne pensez pas qu’on devrait faire quelque chose ? Nous protégeons la ville, nous pourrions.. ? »
« Quoi, Lieutenant, faire quoi ? »
La vicomtesse connaissait les opinions de ses hommes et, au fond, en partageait une certaine part. Après avoir abandonné aux Alayiens son Val tout neuf, et avoir été forcée de fuir puis de les combattre sur les remparts de la ville, elle n’appréciait pas forcément les alliances du Fabius. Et à cela s’ajoutait les sombres histoires de famille semblant dire qu’il n’aurait jamais du monter sur le trône et qu’il n’y avait là que quelques machinations déshonorantes mises au service d’un jeu de pouvoir peu ragoutant. La politique, pour une dame de guerre, c’était méprisable. Donc Fabius n’avait droit qu’au dédain de la vicomtesse. Enfin, non : son dédain ET sa fidélité, voyez plutôt :
« Fabius n’a pas sa place sur le trône, madame. »
« Sais-tu ce qu’est l’Empereur ? Non ? C’est un homme. Si tu veux, assassine Fabius, je n’en ai cure. Fais le vite et bien, et fais en sorte que je n’en sache rien, car je serais impitoyable. Je me moque de Fabius, même si je n’apprécie pas ses visées. Mais je ne me battrais pas contre lui, car tout homme qu’il soit, il représente la Dignité Impériale. La Dignité Impériale, c’est l’Empire, c’est une idée, c’est la raison d’être de notre nation. Si tu entres en rébellion contre Fabius, tu entres en rébellion contre l’Empire. Et tu ne pourras vaincre qu’après l’avoir détruit. Et si tu essaies de détruire l’Empire, je t’expédie ad patres retrouvé le frère jumeau de l’Esprit qui t’a fait naitre. Vu ? »
Comme beaucoup de nobles, Abbygail privilégiait les idées aux hommes, raisons pour laquelle elle avait pu se lancer au combat au mépris de sa vie pour quelques idées de valeur. Dans ce cas présent, Fabius Kahan ne l’intéressait pas. Il était, au pire, une tâche sur la Dignité Impériale, or l’Empire avait toujours survécu à ses mauvais Empereurs. Il était à vocation éternelle. En revanche, survivre à une guerre civile était déjà plus compliqué, et si jamais les rebelles gagnaient, bien malin eut été celui pouvant prédire l’avenir de la nation. Fabius pouvait être, s’il en avait envie, le pire des rats ou le meilleur des anges, il était sur le trône et était l’image de la stabilité. L’homme meurt, l’Empire survit, point. Aussi dans le contexte rude de la paix précaire avec les Alayiens et la gestion des guerres civiles, Abbygail eut un rôle de gardienne bienveillante. Elle passa le plus clair de son temps à protéger Gloria et ses environs, en rêvant à son Val perdu, tout en ne montrant jamais la sévérité qu’elle aurait dû lorsqu’elle capturait des rebelles. Elle avait appris, face aux Alayiens, à perdre. Même si elle avait pris un plaisir parfaitement revanchiste à frapper les adeptes du Néant lorsque cette dernière fur amoindrie, elle avait à présent la sagacité nécessaire pour dire en haussant les épaules « Ils m’ont échappés », et bien braves celui qui viendrait mettre sa parole en doute, devant très vite en répondre en duel. Toujours est-il, et elle avait du mal à l’admettre, que la paix de Fabius avait signé la fin de longues périodes harassantes. Et si elle n’avait pas rejoint les rebelles, c’était bien parce qu’en plus d’être fidèle à l’Empire, elle ne pouvait se convaincre que Fabius n’avait pris que des mauvaises décisions. Au fond, l’Empereur était là pour être efficace, pas forcément pour être aimé, et ça, elle pouvait le comprendre.
A partir de l’an 2 – Gloria.
Comme pour le Néant, Abbygail méprisa les vents magiques qui eurent tendance à annoncer des évènements plus sombres. Il fallut attendre la fin de l’an 2 pour qu’elle percute ce qu’était Vraorg, lorsque lui et ses troupes arrivèrent à Gloria. Il apparut au visage de la jeune fille une singulière émotion : la peur. Elle ne voyait pas comment vaincre, cette abomination ne pouvait être frappée par aucun moyen en sa possession. Et elle eut l’adresse d’esprit d’estimer qu’il n’y avait aucun honneur à mourir bêtement sans rien défendre qu’une vanité déplacée. Un seul ordre, ce vingt-trois Décembre :
« ABANDONNEZ VOS POSTES ! FUYEZ ! »
Elle qui n’avait jamais ordonné que le combat se fit violence pour assurer la fuite. La vue des hordes de vampires, les rapports s’entassant disant que rien, jusqu’à Gloria, n’avait arrêté Vraorg, lui avaient fait comprendre qu’il ne s’agissait plus de lutter pour perdre, mais de lutter pour survivre. La blonde sauta sur son cheval, faisant claquer une arrogante bannière pour guider des troupes vers elle, autant d’hommes qui ne seraient pas contre des colonnes de fuyards. La faiblesse de ses jambes faisant d’elle une cavalière d’exception, elle sema sans chercher à combattre ses poursuivants, bienheureuse qui chevauchait après la vie. Aujourd’hui encore, elle a oublié l’historique de cette fuite. Elle en garde à l’âme la brulante douleur d’une honte mal assumée. Deux ans de perdition et de terreur tandis que, seule, elle était ballotée comme un bouchon sur l’eau par les cataclysmes d’une lutte entre les Esprits et le Tyran. Ce fut dans cette époque que les coups les plus rudes furent portés à sa mémoire. Défaillante par nature, elle fut démolie par le déni et le refus, laissant des pans entiers de son passés à l’état de vagues couleurs et d’impressions, là où se dessinaient avant les contreforts raides et droits de ses fiertés vécues. « Vanité, tout ceci n’est que Vanité ».. De la vint sa devise, ironie mordante et pied de nez à la vie « Toujours là ! »
An 5 - Sombreval
La dépression de la vicomtesse prit un tournant net avec la fin de la lutte et le repli des Esprits. Elle était passée au large d’Elena, puis de Gloria, constatant que l’Empire était mort. Et alors même qu’elle se laissait tomber, songeant à quelques dernières actions héroïques et stupides, comme sonner le cor des Vallion en défi à la porte de Gloria, elle vit la rencontre de quelques soudards impériaux. Des complices et des traitres.. La haine qui prit s’assaut son cœur fut le remède à tous les malaises. La vengeance, la colère.. Dans ce foyer ardent, jailli d’une braise noircie, elle savait entendre l’appel des Esprits à la lutte. Elle tira l’épée une fois encore, s’exclamant « Toujours là », avant de charger des hommes plus habitués à tirer sur des fuyards qu’à se battre contre un chevalier en arme, femme qui plus est. Le récit de ce combat n’a rien de glorieux : deux ou trois bandits vaguement officiels qui furent bousculés et piétinés. Mais il fit naître une conviction nouvelle dans le cœur de la jeune femme, à savoir que si elle était toujours là, ce n’était pas pour rien. Avec ses habituelles œillères, c’est-à-dire en en ayant pas grand-chose à faire des autres races, et estimât que si sa vie avait été épargnée c’était pour reprendre Gloria. Guidée qu’elle était, elle traversa Sombreval dans un sillage sanglant, non sans prendre quelques rudes coups au passage. Forte de son intimité, elle était une cavalière redoutable, et lorsqu'on décide, peut-être un peu rapidement, de galoper plein Est dans une plaine parce qu'on y reconnait plus le moindre repères, elle arriva au Protectorat. On compte peut-être une vingtaine de cadavres au bout du chemin, tous des rançonneurs surpris. Tués par petits groupes qui plus est. Oui, c’est une lamentable prouesse pour une guerrière qui se voulait de renom, mais à défaut d’avoir renverser la domination des plaines de Sombreval, cette éreintante traversée fut importante pour la vicomtesse. En retrouvant le combat, elle semblait avoir retrouvé motivation et assurance. Par contre, elle ramassa tant et si bien de coups, ayant même du fuir parfois lorsqu'un soudard se révélait être un vampire, que son armure devint parfaitement cassée et totalement obsolète.
« Je serai protégée » décrétât-elle, sans même encore savoir que les Kohan qu’elle servait par serment étaient de ce camp aussi. Tête de buche qu’elle était, elle entendait bien se faire accepter dans ces rangs. Un bémol néanmoins pouvait freiner cet état de fait.. C’est qu’il existait encore quelques Vallion a part elle, son père, par exemple, qui avait eu le bon goût de survivre à Vraorg pour lui offrir son épée, et dont le talent avait su être apprécié pour qu’il fut épargné. Autant dire que son nom, de base, fit grincer des dents. Raison pour laquelle son étendard bleu océan devint une gueule de lion sur un fond noir, sinistre dessein pour les travers de ce monde. Elle n’en fut pas moins correctement accueillie, avec une scène qu’expliquent des années de lutte martiale et de perdition, loin des conceptions religieuses. Trouvant un elfe sensé l’introduire au Protectorat, elle avoua avec quelques honte, sachant quelles entités dirigeaient ce parti.
« C’est-à-dire que je ne suis pas sure d’être vraiment à jour dans ma liturgie… »
Un éclat de rire particulièrement joyeux répondit en douce moquerie à cet aveu idiot, marquant aux joues de la vicomtesse une rougeur gênée et vexée, comme savent l’être les dames de qualité. Restait à présent à prendre part à ce mouvement qui, de sa vision, ressemblait quand même beaucoup à un conglomérat de manants. Au moins s'y distinguat-elle par ses faits d'armes, amoindris par l'absence d'armure.