De jour, le désert d'Esfelia était le pire ennemi des Protégés, mais aussi un grand allié. La chaleur infernale qui y régnait en journée pouvait aisément tuer en quelques minutes, empêchant ainsi l'ennemi de tenter quoi que ce soit, du moins pas sans prendre de grands risques. Cela avait été la pensée d'Orfraie lorsqu'elle était arrivée dans le Protectorat au début du mois. A la tête de ce qu'il restait de l'armée Elfique, la marche pour arriver jusqu'ici avait été difficile et certain y avait malheureusement succombé. Elle-même avait été très affaiblie et plusieurs jours de repos total furent nécessaires pour qu'elle soit de nouveau sur pied. Désormais, la plus jeune des Ataliel était à l'entière disposition des Esprits… Le temps où elle parcourait encore la forêt de son peuple lui semblait si lointain…

En cette fin de journée, l'Elfette avait décidé d'effectuer quelques achats qui lui semblaient urgents. Son équipement avait souffert ces derniers mois. Ainsi, son choix s'était porté sur un carquois dit d'abondance. L'enchantement permettait de renouveler le stock de flèches contenues dans le carquois dès qu'une était tirée. Un accessoire indispensable pour une archère de haute volée. Par la suite, son regard s'était posé sur des protections d'avant bras en mithril. Un lion de bronze était gravé dessus et était sensé rugir lorsqu'un danger proche arrive par derrière. Orfraie trouva l'enchantement très pratique et décida de se l'offrir également.

Satisfaite de ses achats, l'Elfette avait déambulé dans les galeries souterraines, attendant que la nuit tombe et que la température s'abaisse. Finalement, lorsque l'astre de la nuit prit la place de celui du jour, Orfraie sortie enfin à l'air libre. Elle était à pied, mais cela ne la dérangeait guère d'autant qu'elle était plus qu'habituée à marcher. Comme toujours, elle portait son armure qui ne semblait plus la quitter, c'était même à se demander si elle l'a retirait pour dormir. Ses nouvelles protections étaient en place sur ses avant bras et son carquois était rempli de flèche. A sa ceinture, elle portait sa dague et le fourreau de son épée pendait du côté de sa hanche gauche. Enfin, elle portait son arc en bandoulière. Orfraie n'avait jamais aimé marcher dans le sable. Celui-ci était meuble, il était plus aisé de perdre l'équilibre. Cela nécessitait également un effort supérieur à la normal pour marcher à bonne allure.

Après une dizaine de minutes, Orfraie s'arrêta et leva son nez vers le ciel. Il n'y avait aucun nuage en vue, la nuit était claire. Après l'intense chaleur de la journée, la fraîcheur de la nuit lui fit le plus grand bien et l'Elfette ferma les yeux quelques secondes afin de profiter de cet instant. Le silence était roi, elle était seule même si à quelques centaines de mètres derrière elle, elle le savait, se trouvait l'entrée des galeries. La princesse porta ensuite ses mains à sa tête afin d'attacher sa chevelure, prenant quelques mèches de chaque côté de sa tête et les nouant ensemble. Un œil averti aurait immédiatement remarqué que l'archère possédait à la main droite un gant de tir de façon à ne jamais se blesser lorsqu'elle utilisait son arc, contrairement à sa main gauche qui elle était nue. Rouvrant les paupières, les saphirs de l'Elfe se posèrent sur les cactus qui se trouvaient devant elle, à quelques mètres pour les premiers puis à une centaine de mètres pour les derniers. L'occasion de tester son nouveau carquois…

La guerrière prit son arc en main et se mit en position de tir. Son corps en biais, elle évalua un instant la distance avec le premier végétal, puis saisit une flèche dans son carquois, l'encocha et la tira. La manœuvre n'avait durée qu'une seconde tant Orfraie était rapide. Toutefois, être aussi rapide ne l'empêchait pas de tirer avec une précision diabolique, sans utiliser l'enchantement de Palantir. La flèche qu'elle venait de tirer avait atteint sa cible en plein milieu. Satisfaite, elle porta sa main à son carquois et utilisa le bout de ses doigts pour compter le nombre de flèches restantes. Avec joie, elle en compta vingt, le nombre de flèches qu'elle possédait avant de tirer. L'enchantement de ce carquois était un ravissement. L'archère poursuivit son exercice, une seconde à peine séparée chaque tir et chaque flèche touchait sa cible.

Quelques temps plus tard, alors que les malheureuses cibles commençaient à manquer de place, Orfraie tourna légèrement la tête lorsqu'elle perçut un bruit derrière elle. Ce n'était clairement pas un danger, pensa t-elle, sinon ses protections se seraient animées. L'archère tira une dernière flèche puis abaissa Palantir tandis qu'elle se tournait vers le nouveau venu. Son regard bleu glacier se posa alors sur un jeune homme à la peau pale et à la chevelure sombre. Comme elle le faisait à chaque nouvelle rencontre, Orfraie se demanda un instant à quelle race pouvait il bien appartenir. Ce n'était bien entendu pas un Elfe : Il n'en avait pas le physique, tout simplement. Restait donc humain ou vampire… Par la fraîcheur de la nuit, un humain aurait été davantage couvert et bien moins silencieux que le messager l'avait été… la balance penchait donc plutôt vers un vampire, mais la Princesse pouvait se tromper.

Le messager l'accosta calmement et professionnellement, puis s'excusa de l'a déranger durant sa séance d'entrainement, non sans avoir pris quelques instants pour la détailler. Orfraie planta l'extrémité de son arc dans le sable, puis s'inclina très légèrement devant l'homme qui lui faisait face, le poing droit fermé soutenant sa main gauche ouverte. Un salut elfique parfaitement exécuté. Ses deux mains allèrent ensuite se poser sur Palantir.

« Vous ne me dérangez aucunement, Messager. Toutefois, il est de rigueur dans la société Elfique de se présenter soi-même avant d'aborder quelqu'un d'autre, surtout quand vous connaissez son nom. Cependant je ne vous en tien pas rigueur. » Fit Orfraie d'une voix douce, un léger sourire aux lèvres afin de ponctuer ses mots qui n'étaient en aucun cas un reproche. « Quel est votre nom, Messager, et quel est ce message ? » ajouta t-elle de sa voix calme.

Le messager semblait quelque peu dans ses pensées, peut être n’était t-il pas habitué à ce qu’un Elfe se montre sympathique à son égard. Il était vrai que son peuple était connu pour avoir une assez haute opinion de lui-même… Beaucoup d’Elfes se montraient condescendant avec les étrangers, pour ne pas dire la grande majorité des sylvestres. Toutefois, fort heureusement pour Lewyn, ce n’était pas le cas d’Orfraie. Cette dernière était plutôt connue pour sa sympathie, y comprit envers les autres races. Bien entendu, la Princesse gardait toujours une certaine distance, elle n’accordait jamais totalement sa confiance d’un coup.

Lewyn Viladric… ce nom sonnait bien aux oreilles de l’Elfette, qui savait désormais à qui elle avait à faire. Elle ne le connaissait pas, ne l’avais jamais vue ni de loin, ni de près toutefois … il lui semblait avoir déjà entendu ce nom quelque part, mais elle n’aurait su dire où… Au détour d’une conversation qu’elle avait capté, sans doute. Lewyn semblait être un jeune homme humble, ouvert aux conseils et recommandations d’Orfraie. Un autre aurait pu s’emporter, dire qu’il n’en avait que faire des coutumes Elfique, mais pas lui.
Viladric expliqua alors que son métier ne l’autorisait pas à lire les messages qui lui étaient confiés, chose tout à fait normal. Orfraie saisit donc le tube en étain qui lui était tendu, faisant exprès de toucher du bout des doigts la main de son interlocuteur. Celle-ci lui parut bien froide et la conforta dans son idée qu’il s’agissait bien d’un non vivant, toutefois Orfraie ne montra rien et se contenta d’ouvrir le tube et d’en tirer la missive, qu’elle déroula et lu en se détournant du messager quelques instants. Le message n’était pas urgent et pouvait attendre quelques heures, peut être même jusqu’au levé du jour. L’Elfette se tourna de nouveau vers le Vampire tout en rangeant la missive à sa ceinture puis, elle lui redonna le tube d’étain.

Le regard de Lewyn se porta sur les malheureux cactus qu’Orfraie avait prit pour cible. Celle-ci profita de cet instant pour mieux détailler son vis-à-vis. Ainsi, ce dernier était plutôt fin sans pour autant être dépourvu de muscles. Il semblait avoir de solides jambes et devait être probablement un bon coureur, surtout avec un travail comme le sien. Peut être pas un bon guerrier, mais probablement quelqu’un de difficile à suivre et rattraper une fois lancé.
Le non-mort se tourna de nouveau vers Orfraie, qui soutint son regard tandis qu’il lui faisait une demande. Celle-ci fit doucement sourire l’Elfette.

« Voilà une demande bien sage, Messager. Peu sont ceux qui cherchent à connaitre et comprendre nos us et coutumes tant cela peut être compliqué. » Fit la Générale avec douceur. « Tout d’abord, vous devez savoir que la règle élémentaire est que, lorsque quelqu’un vous salue, vous devez répondre par un salut à votre tour.
Il y a deux façons de saluer : le salut Elfique et le salut cérémonial. Vous avez vu le premier. Le second consiste à croiser les deux mains sur sa poitrine et à s’incliner profondément et se relever uniquement lorsque votre interlocuteur le permet. Il est utilisé lorsqu’un Elfe se trouve face à un autre qui lui est très supérieur en hiérarchie ou pour quelqu’un qu’on souhaite honorer. » Fit-elle avec un léger sourire. « Toutefois, si vous connaissez le salut Elfique, cela sera déjà fort appréciable et apprécié lorsque vous vous adresserez à mon peuple.
Sachez également qu’il est très impoli de ne pas révéler son identité à une personne qui vous à révéler la sienne. Vous connaissiez mon nom et ma fonction, mais j’ignore qui vous étiez, voilà pourquoi je vous l’ai fais remarquer toute à l’heure. » Expliqua Orfraie de sa voix douce.

Lewyn écoutait attentivement ce que l’Elfe avait à lui apprendre. Cette dernière était heureuse de pouvoir partager un peu de son savoir avec ce dernier. Connaître ces quelques détails allait réellement aider le Messager à faire son travail et à s’accorder avec les autres Elfes qu’il était susceptible de croiser. Cela lui éviterait au moins quelques désobligeantes remarques, du moins Orfraie l’espérait. Cette dernière était pour la coopération entre les trois races, aussi était-elle désolée de voir que certains n’arrivaient pas à mettre leurs préjugés, leur rancœur, de côté.

Le Vampire remercia l’Elfe, qui inclina légèrement la tête dans sa direction. De cette façon, elle lui signifiait que ce n’était rien et que cela ne la dérangeait guère. Lewyn entreprit ensuite d’exécuter le salut cérémonial. Un léger sourire naquit sur les lèvres de la Princesse tandis qu’elle observait la position de son vis-à-vis. Ce dernier avait parfaitement comprit le geste et l’exécuta parfaitement.

« C’est parfait. » Se contenta telle de répondre, lui signifiant par la même occasion qu’il pouvait se redresser.

Le Messager révéla ensuite sa condition de Vampire, expliquant qu’ils étaient en plein « cours » de politesse et que cela était donc normal. Orfraie gratifia son vis-à-vis d’un sourire rassurant, elle ne lui en voulait pas de ne pas l’avoir dit de but en blanc. Elle comprenait que ce dernier ait quelques réserves à révéler sa véritable nature. A sa place, peut être aurait elle fait la même chose… Afin de le rassurer, Orfraie reprit la parole d’une voix calme et légère, sans aucune animosité envers le Vampire.

« Votre sincérité vous honore, Lewyn. Toutefois, je l’avais déjà deviné. J’ai vu suffisamment vu de Vampires dans ma vie pour en reconnaitre un quand j’en croise un. N’ayez crainte, ce que vous êtes n’est pas qui vous êtes, aussi cela ne me pose aucun problème. »

Le Vampire poursuivit, demandant s’il y avait autre chose à savoir sur les manières des Elfes. Orfraie aurait pu dire oui, mais il y avait tant de choses que cela prendrait beaucoup de temps, de plus ce que Lewyn savait désormais était suffisant pour s’entretenir avec un Elfe sans paraître malpolis ou irrespectueux. La Princesse n’eu pas le temps de réponse que le Messager enchaînait sur une autre demande, l’ultime demande selon ses dires. Il voulait la regarder s’entraîner, ce qui fit rire Orfraie. Un rire léger, amusé. Afin qu’il ne se méprenne pas, celle-ci s’empressa tout de même d’ajouter :

« Ceci n’est pas réellement un entrainement. Ces cibles sont immobiles et ne réplique pas, ce n’est qu’un passe temps. Cela détend. Toutefois, pour répondre à votre première question, sachez qu’avec ce que je viens de vous apprendre vous devriez être capable de converser avec un Elfe sans paraitre irrespectueux ou mal poli. » Elle se tourna un instant vers les pauvres cactus. « Quant à votre demande… Pourquoi ne me montreriez vous pas plutôt de quoi vous êtes capable ? Peut être aurais-je ensuite quelques conseils à vous prodiguer. Venez, marchons un peu, il y a d’autres cactus un peu plus loin. »

Joignant le geste à la parole, Orfraie tira l’extrémité de Palantir du sable et commença à marcher, s’éloignant toujours plus de l’entrée des galeries. Elle laissait à Lewyn le choix de ses cibles.

Spoiler:

Un vent léger balayait le dessert d’Esfelia en cette fraiche nuit. Le sable volait de temps en temps et piquait quelque peu les yeux de ceux qui n’y prenaient pas garde. Orfraie marchait, la tête légèrement baissée. Elle savait le Vampire juste derrière elle. Pour un être de la nuit, Lewyn était d’une agréable compagnie, prompte à sortir Orfraie de ses plus sombres pensées. La Princesse avait, effectivement, tendance à s’enfoncer de plus en plus dans la mélancolie lorsqu’elle était seule, se remémorant un passé révolu depuis longtemps. Cela aurait été également le cas cette nuit, s’il n’était pas venu la trouver. Son « entrainement » l’aurait occupé quelques temps puis elle se serait lassée, cela n’étant guère stimulant pour une archère de haute volée. Lewyn avait raison, l’archerie en combat était tout à fait différente, comme elle l’était également lors de la chasse, cela Orfraie les savait très bien. Quant à toucher dans le mile à chaque fois… L’enchantement de Palantir était un véritable atout.

Lewyn semblait ouvert à l’idée d’apprendre de la Générale, qui offrit au Vampire un léger sourire tandis qu’elle s’arrêtait en haut d’une dune. A une cinquantaine de mètres ce trouvait quelques cactus, des cibles parfaites pour une démonstration. Il n’était pas question de tester l’habileté de Lewyn, mais bel et bien sa technique. Orfraie lui désigna les cibles d’un ample mouvement du bras, puis se recula de quelques pas afin d’être en retrait par rapport au Vampire. L’Elfette croisa les bras sur sa poitrine et suivit les mouvements du Vampire, ne le quittant pas du regard. Ce dernier pouvait, peut être, sentir le regard bleu glacier de la Princesse sur lui, tant il était pénétrant.

Dans le maniement de son arc, Lewyn semblait renouer avec son instinct de chasseur. Son niveau était très bon, jugea l’Elfette, il avait une bonne technique, suffisamment en tout cas pour éliminer ses assaillants avant qu’ils arrivent au corps à corps. Après, s’il se faisait prendre en embuscade, il n’y avait plus qu’à espérer qu’il soit suffisamment vif pour utiliser son arc, ou suffisamment bon avec une lame.

« Votre niveau est très bon. Votre position me fait penser davantage à un chasseur qu’à un militaire, mais si vous vous sentez plus à l’aise ainsi, tant mieux. Toutefois, je suis curieuse de voir ce que vous pouvez faire contre une cible mobile. » Fit Orfraie en plantant Palantir dans le sable, une fois de plus. « Je vous propose un petit défi : Je tire une flèche et vous devez la toucher. La lune sera votre seul éclairage, mais les Vampires, comme les Elfes, sont réputés pour avoir une bonne vue, non ? Ainsi, il sera plus aisé pour moi de me faire une idée de vos véritables capacités. »

Spoiler:

Ainsi c’était le père du Vampire qui lui avait enseigné l’art du Tir à l’Arc lorsqu’il était encore humain. Orfraie se demandait quel âge son vis-à-vis pouvait avoir, mais elle n’osait poser sa question. Ce n’était pas vraiment très poli de le demander lors d’une première conversation, elle ne connaissait pas assez Lewyn pour cela.
Quoi qu’il en soit, l’Elfette arrivait à se faire une idée précise du style du Vampire, de sa façon de combattre, de ses atouts. Concernant ses faiblesses, elle n’en savait pas encore assez. Lewyn semblait trouver l’exercice proposé par la Princesse étrange car très difficile. Cela était vrai, mais Orfraie y était déjà parvenue… Cette dernière fronça les sourcils, se rappelant que le Vampire n’avait pas son niveau et ses capacités. Il était effectivement difficile de toucher une flèche déjà lancée, mais pas impossible… Surtout pour un Vampire, un être plus vif qu’un humain mais autant qu’un Elfe.

« J’ai conscience de la difficulté de la chose. Je ne vais pas totalement bander mon arc afin de maximiser vos chances. » Fit-elle avec un léger sourire, comme si elle avait totalement confiance en les capacités de l’archer. Elle ne le connaissait pas, et pourtant…

Orfraie s’écarta de quelques pas, puis se mit en position de tir. Elle se tenait parfaitement droite et de côté. Cette position avait un avantage, en plus de permettre de tirer parfaitement : en se tenant ainsi, l’Elfe était une cible moins évidente à viser, car plus petit. Se tenir de côté lors d’un combat à l’épée pouvait aussi être salvateur.
L’Elfe resserra ses doigts autour du bois de Palantir. Son arc la suivait depuis des siècles, n’ayant jamais failli à son devoir. Il était simple, fait d’If, et pourtant il s’agissait d’une arme particulièrement mortelle. Orfraie lança un regard au Vampire, puis d’un geste souple et expert, tira une flèche de son carquois qu’elle encocha. Ses mouvements étaient très rapides et assurés, un rituel mainte fois répété.

« Concentrez-vous. Sentez le vent, sa puissance, sa direction. Cela vous aidera à ajuster votre tir. » Expliqua Orfraie, rappelant de sa voix douce une règle élémentaire du tir à l’arc. « Êtes-vous près ? » Demanda t-elle ensuite.

D’un ample geste, Orfraie banda son arc. Celui-ci ploya sous la tension de la corde, sans jamais fraichir. Toutefois, Lewyn pouvait remarquer dans sa position que, comme promis, elle ne le bandait pas totalement. Son bras droit était moins tendu que d’ordinaire, la tension sur la corde et sur l’arc était moindre. L’Elfe lança un regard vers le Vampire qui se trouvait à sa droite.

« Maintenant. » Fit-elle en guise de signal. Ses doigts lâchèrent la corde, la flèche s’envola. A la lueur de la lune, la pointe métallique brillait, telle un fantôme dans la nuit claire.

Le regard de la Princesse suivit son trais, celui-ci parcourant le ciel nocturne. Elle aperçue vaguement la flèche du Vampire rater sa cible de plusieurs mètres puis se tourna vivement vers ce dernier lorsqu’elle l’entendit tomber dans le sable et glisser en bas de la dune, ayant perdu l’équilibre. Orfraie ne s’attendait pas à ce qu’il tombe et ne cacha pas son amusement, traduit par un petit sourire. Elle offrit sa main au Vampire pou l’aider à remonter la pente sableuse.

« Ce n’est rien » fit-elle avec douceur tandis que le Vampire revenait auprès d’elle, ses vêtements couvert de sable. Lewyn était près à recommencer, toutefois, ce qui ravie l’Elfette qui lui offrit un nouveau sourire entendu.

L’être nocturne jugeait avoir une posture inadéquate pour tirer en plein désert, manquant d’équilibre. Il était vrai que le sable pouvait être traitre et en situation de conflit, une telle chute aurait pu lui couter la vie. Lewyn était un Protégé, Orfraie se faisait donc un devoir de l’aider à assurer sa survie, c’est pourquoi elle décida de lui expliquer comment tirer debout, comme elle venait de le faire. L’Elfette s’approcha et posa délicatement sa main droite sur le bras du Vampire, faisant fi de la fraîcheur de sa peau. Sa poigne était forte, assurée. Le cuir de son gant de tir était légèrement rugueux pour mieux accrocher la corde de son arc, mais son pouce et son auriculaires, qui étaient à l'air libre, étaient doux et délicat.

« Le sable est traitre, surtout lorsqu’il est aussi meuble. Si vous vous tenez debout, vous aurez davantage d’équilibre, votre centre de gravité sera centré. Essayez de vous tenir comme moi, vous verrez la différence. Mettez vos pieds dans l'alignement de vos épaules, bien parallèles. » Fit Orfraie tout en reprenant sa position de tir.

Elle se replaça de côté, Palantir dans sa main gauche. Lewyn pouvait effectivement constater qu’Orfraie tenait parfaitement sur ses deux jambes, fermement ancrées dans le sable. Son poids était équilibré sur ses deux jambes qui pouvaient ployer, mais pas céder.

« Une telle position vous offre un bon équilibre, mais dans un environnement dépourvu de couverture, cela fait également de vous une cible plus petite et donc plus difficile à toucher. » Expliqua la guerrière avec patience. Elle se tourna ensuite vers le Vampire, qui lui demanda si elle pouvait lui donner une flèche afin qu’il ne vide pas son propre carquois.

Orfraie n’avait pas pensé que son vis-à-vis n’avait pas une réserve illimitée de flèches et se sentit soudainement confuse. Avec un sourire navré, elle porta donc sa main droite à son carquois et saisit une flèche, qu’elle donna à Lewyn. Il s’agissait de trais Elfiques, finement travaillée, à la pointe brillante. La Princesse se remit ensuite en position et encocha une flèche, puis tira sur son bras pour tendre la corde. Visant le ciel, elle attendit que le Vampire se mette en position avant de décocher son trais. Ce dernier avait le bon geste pour armer son tir, il devait juste avoir la bonne position, à présent.

Lewyn s’était aligné sur la position de son aînée, près à relever son défis une nouvelle fois. L’Elfe acquiesça d’un simple signe de tête lorsqu’il demanda s’il était bien positionné, jugeant qu’il avait bien reproduit ce qu’elle venait de lui montrer. La guerrière acquiesça une seconde fois lorsque le Vampire déduit que la position d’un archer devait également être optimisée en fonction de la situation. C’était là un point important que Lewyn venait de soulever. Effectivement, en cas de combat dans des bois, par exemple, Orfraie se servirait des arbres pour prendre l’avantage, sans hésiter un instant à y grimper, aider par l’agilité naturelle des Elfes.

La Princesse lâcha la corde de son arc, laissant sa flèche filer vers les étoiles. Comme précédemment, la pointe métallique refléta la lueur de la lune, puis fut irrémédiablement attirée vers le sol. La flèche de Lewyn passa tout près de celle d’Orfraie, dont les lèvres s’étirèrent en un sourire sincère, alors que son regard bleu-glace se posait sur le Vampire. Ce dernier avait également un sourire aux lèvres, fière de s’être amélioré, même s’il n’avait pas touché la cible. Comme il l’avait dit, c’était là un exercice difficile, très difficile. Orfraie remit Palantir en bandoulière autour de son buste, puis se tourna vers le Vampire.

« Vous avez la bonne technique. La technique que je vous ai montrée est adaptée aux dunes… Vous n’avez, selon moi, rien à corriger. Il vous faut pratiquer, parvenir à décocher vos flèches plus vite encore. Ensuite, comme vous l’avez dit vous-même… Il faut s’adapter au terrain. » Expliqua t-elle, gratifiant son vis-à-vis d’un sourire amical. Il était bon de pouvoir discuter avec un non Elfe aussi simplement.

Lewyn devait penser la même chose, car il fit une étrange demande à l’Elfe. Le Vampire semblait légèrement gêné de lui faire une telle demande, mais au moins, il était franc. Les lèvres charnues de l’Elfe s’étirèrent en un nouveau sourire, quelque peu amusé par le manque d’assurance du Vampire, même s’il avait du prendre son courage à deux mains pour faire sa demande.

« Ce serait avec plaisir, Lewyn. » Se contenta t-elle de répondre. Elle se mit ensuite à marcher au bord de la dune, invitant le Vampire à la suivre d’un geste. Après quelques minutes dans un silence religieux, l'Elfe posa la question qu'elle avait sur le bout des lèvres depuis un certain temps, maintenant. « J’ai une question. Je sais qu'il est impolis de le demander, mais… Quel âge avez-vous ? »

Lewyn était un élève assidu, ce qui était tout à son honneur. Pour sa part, Orfraie était satisfaite d’avoir partagé un peu de son expérience avec le jeune Vampire. L’Elfe avait toujours était prompte à dispenser aide et conseils, depuis toujours. Cette partie de sa personnalité avait été exacerbé par son passage dans l’Ordre Baptistrale et même si, aujourd’hui, elle gardait un gout amer en bouche en y repensant, la princesse était satisfaite de pouvoir continuer à le faire.
Après seulement quelques pas sur le haut de la dune, le regard d’Orfraie se posa sur celui de son jeune… ami ? Pouvait-elle déjà le considérer comme tel ? Peut être, peut être pas… En tout cas… Le vampire était sur la bonne voie. Quoi qu’il en soit, ce dernier demanda comment « merci » se disait en Elfique, une question à laquelle la guerrière répondit sans problème, de sa voix légèrement grave.

« Merci se dit « hantalë » dans ma langue. Il n’y a pas vraiment de geste à y associer. » Expliqua t-elle, sa voix prenant un accent chantant lorsqu’elle révéla le mot Elfique.

Le duo continua à marcher, s’éloignant de plus en plus des malheureux cactus percés de milles flèches. La lune éclairait leur chemin tandis qu’un léger vent les faisait parfois frissonner. Le contraste entre le jour et la nuit était fort, parfois. Orfraie se permit un regard vers le vampire et ne manqua pas de remarquer son large sourire, qui fut communicatif. Toutefois, l’Elfe le dissimula légèrement en baissant la tête quelques secondes, ses cheveux cachant en partie son visage. Après avoir posé la question qui la turlupinait, Lewyn répondit que cela ne le dérangeait pas et qu’au contraire, Orfraie était de bonne compagnie, que pouvoir parler franchement avec elle était agréable. Il lui révéla ensuite son âge et la princesse, qui le pensait jeune, fut légèrement détrompée. L’homme qui marchait à ses côtés avait tout de même trois cent ans… Et même s’il restait jeune par rapport à elle, ce dernier avait tout de même atteint un certain âge.

« Par les miens, vous seriez considéré comme un jeune adulte. » Fit-elle avant de rire largement lorsqu’il la jugea avoir plus ou moins le même âge. « Il est vrai que mes trais ont gardé leur jeunesse, toutefois… Je suis votre ainée de plusieurs siècles. » Avoua t-elle avec un large sourire. Elle ajouta ensuite, afin de l’éclairer définitivement. « J’ai aujourd’hui 669 ans exactement. Je suis plus proche de la fin que du début, mais il me reste encore plusieurs siècles avant d’arriver au terme de mon existence... Sauf si je me fais tuer avant, ce qui reste très probable. » Fit-elle, sans tristesse ni regret toutefois. Orfraie avait tout de même bien vécue, jugeait-elle. A ces révélations, elle aurait pu rajouter qu’elle n’était pas immunisé au venin des vampires et que par conséquent elle pouvait être transformé et devenir immortelle… toutefois, elle s’abstint de le faire car il était préférable de garder cette information, sauf si Lewyn mettait le doigt dessus.

L’Elfette s’était souvent demandée ce que cela ferait si elle devait devenir vampire… Comment les siens le prendrait… Mal, très mal, fort probablement.

Lewyn ne semblait pas très étonner d’être en présence d’une Elfe aussi âgée, ni même impressionné, ce qui fit doucement sourire Orfraie. Elle aimait être considérée simplement, en faisant fi de son âge ou de son titre. Le vampire rajouta qu’elle ne faisait vraiment pas son âge, ce qui eu pour résultat de la faire rire. Les saphirs de l’Elfe, brillant de malice, se posèrent sur l’immortel.

« Hantalë. Vous non plus, vous ne faites pas votre âge. » Dit-elle avec sincérité, puis elle enchaîna. « Effectivement, j’estime avoir déjà bien vécu. Suffisamment pour pouvoir parler en toute quiétude avec un vampire. Je n’aurai pas pensé cela possible, autrefois. Alors je partage votre espoir d’un monde en paix.» Ajouta l’Elfe, toujours aussi sincère tandis que son regard croisait celui du vampire.

Les deux êtres continuèrent à marcher, le sable crissant sous leurs bottes. Orfraie restait lucide, les tensions entre les différentes races étaient grandes et même s’il existait des exceptions, comme Lewyn ou elle-même, chaque race restait très souvent sur ses gardes en présence d’une autre. Cette pensée fit soupirer l’Elfe, qui passa ses doigts dans sa chevelure, replaçant ses mèches que le vent aimait mettre en bataille. L’immortel profita de cet instant pour briser une nouvelle fois le silence qui entourait les deux êtres. Le calme du désert était effectivement réconfortant, surtout après une fuite vers l’Est à travers la moitié d’Armanda. Le vampire enchaîna ensuite avec une question qui laissa l’Elfe étonnée. Celle-ci haussa un sourcil, son regard plongeant dans celui de son vis-à-vis afin de le lui faire comprendre.

« Les jeux ? Quels genres de jeux ? » Demanda Orfraie avec douceur.

Qu’est-ce que le vampire avait à lui proposer ? La princesse observa ensuite les alentours, puis fit quelques pas avant de s’asseoir dans le sable, juste au bord de la dune. Elle indiqua ensuite sa gauche, invitant par ce simple geste Lewyn à venir s’asseoir auprès d’elle. Gênée par le fourreau qu'elle portait à la ceinture, ainsi que par son arc qu'elle portait en bandoulière, l'Elfe prit celui-ci et le posa à sa droite, puis elle s'attaqua à la boucle qui maintenait son fourreau à sa ceinture, puis elle posa celui-ci sur ses genoux, alors qu'elle était assise en tailleur.

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HRP : Un peu court, sorry ._.

Un léger vent vint faire voleter la longue chevelure de l’Elfe, qui ramena sa main droite près de son front afin de mettre quelques mèches folles derrière son oreille pointue. Sa main gauche était négligemment posée sur le fourreau noir de Fëalócë, un fourreau quelque peu ouvragé, typique des Elfes. La gemme incrustée dans le pommeau de l’épée semblait luire, à la lumière de la lune. La main droite de l’Elfe se posa ensuite dans le sable, près de sa cuisse et ses doigts longs et fins s’enfoncèrent dans le sable, les grains s’écoulant entre ses doigts lorsqu’elle relevait sa main.

A cause de la lune, la peau de Lewyn était encore plus pale qu’elle devait l’être d’ordinaire, pensa Orfraie lorsqu’elle posa son regard sur lui. Alors qu’il évoquait le genre de jeux de hasards qui lui plaisaient, ses yeux bleus semblaient doucement briller, partager sa passion avec l’Elfe devant sans doute lui faire très plaisir. Celle-ci, peu habituée à ce genre de jeu, écoutait Lewyn avec intention, la tête légèrement penchée sur le côté. Si ses doigts continuaient à jouer avec le sable, son regard ne quittait pas celui du vampire.

Orfraie aimerait-elle cela ? Parier n’était pas vraiment son fort. Plus jeune, il lui était arrivé de le faire lors de jeux avec son frère et sa sœur, sans réel succès. De plus, elle n’avait pas d’argent à perdre de cette façon. Enfin, lorsqu’il avoua tricher, l’Elfe haussa un sourcil. A sa place, elle ne s’en serait pas vantée.

« Le hasard est sans pitié. » Fit l’Elfe, sobrement, avant de laisser Lewn poursuivre.

Celui-ci promit de ne pas tricher avec elle, ce soir. Orfraie accueillit la nouvelle en haussant un sourcil, tandis que ses lèvres s’étiraient en un demi-sourire. Devait-elle le croire ? Elle le voulait, aussi elle hocha la tête, lui faisant comprendre par ce geste qu’elle le prenait au mot. Lewyn sortit alors une pièce d’or de sa sacoche, une simple pièce avec deux faces différentes, jugea Orfraie d’un seul regard.

« Face. » répondit-elle, attendant ensuite que le vampire lance la pièce en l’air, pour ensuite la rattraper et la retourner sur le dos de sa main. Toutefois, alors que’elle tournoyait en l’air, l’Elfe rajouta : « Celui qui gagne pourra demander ce qu’il veut à l’autre. Cela est plus amusant. Non ? »

Et tendit que la pièce amorçait sa descente, le regard de l’Elfe se braqua non pas sur elle, mais sur le vampire alors qu’elle s’appuyait sur ses coudes, légèrement penchée en arrière.

L'arme d'Orfraie était effectivement de belle facture. Lewyn ne pouvait le savoir, mais il s'agissait d'une lame ancienne ayant appartenue aux ancêtres de la guerrière, il y avait des siècles de cela. De ce qu'elle savait, la lame avait été forgée du temps où les dragons étaient encore très nombreux en Armanda. En prenant en compte la l'espérance de vie d'un Elfe, il était possible de déduire que la Dent de Dragon avait eu trois ou quatre propriétaire depuis sa création, tout au plus. La main non gantée d'Orfraie - la gauche - vint en caresser la poignée. Sous ses doigts, elle sentait les écailles des deux dragons, le forgeron ayant fait des merveilles sur cette lame.

Après avoir choisit face, le vampire lança la pièce. Celle-ci tournoya en l'air une fraction de seconde avant d'amorcer sa chute, que les deux êtres suivirent des yeux. Le bout de métal retomba dans la main de l'immortelle, qui garda les doigts fermés quelques instant avant de dévoiler le vainqueur. Un sourire se dessina sur les lèvres de l'elfe. La pièce était retombée du côté pile, montrant sa face. Orfraie avait donc gagné!

Celle-ci étira ses longues jambes devant elle, puis les croisa de nouveau en posant ses deux mains sur le fourreau de son épée. Lewyn attendait patiemment la demande de l'elfe, prenant plutôt bien le fait d'avoir perdu. Pour lui, son comportement semblait normal, mais la guerrière était plutôt impressionnée devant le self contrôle du vampire. En effet, les immortels étaient plutôt connu pour leur nature violente... Alors voir son vis à vis ne pas brancher et attendre gentiment était suffisamment rare pour être remarqué... Cela donna une idée à Orfraie, qui se tourna vers Lewyn. Plutôt que de lui demanda de faire quelque chose, elle préféra lui poser quelques questions auxquels il se devait de répondre, en vertu de leur pari.

" A vrai dire, j'ai plutôt une question : Comment faites vous pour maîtriser si bien votre nature Vampirique ? Et pourquoi le faites vous ? De tous les immortels que j'ai rencontré, vous êtes le premier qui est si... Humain. Cest déroutant. " ajouta l'elfe, légèrement troublée.

Depuis le début de la soirée, Lewyn faisait effectivement des plus humains, peut être même davantage qu'un Homme. Cela n'avait pas manqué d'interpeller Orfraie qui trouvait en se pari l'opportunité de poser sa question sans paraître trop curieuse tout en forçant le vampire à lui répondre, sans mentir de préférence.

La question avait été posée, Orfraie n’avait plus qu’à attendre la réponse. Si Lewyn se montrait sufisament observateur, ce dernier ne manquerait pas de remarquer la curiosité au fond du regard bleu glacier de l’Elfe. Cette dernière n’avait pas bougé d’un cil, attendant patiemment.

Le vampire prit quelques instants pour réfléchir, puis entreprit de répondre avec un sourire. Ainsi, ce dernier s’entrainait depuis longtemps, travaillant sur son selft contrôle et sa capacité à prendre les choses du bon côté, plutôt que de se focaliser sur les aspects négatifs de la vie. Il avoua également faire en sorte d’être toujours – dans la mesure du possible probablement – agréable avec les autres. En muselant ainsi ses instincs vampirique, Lewyn parvenait à prendre ses décisions de façon réfléchis et en suivant ses aspiration, plutôt que ses instincs de prédateurs et l’esprit d’analyse implacable des immortels. Ces derniers étaient, effectivement, connu pour leur incapacité ou leur grande difficulté à ressentir les choses et les émotions comme le pouvaient les Elfes ou les Hommes… Lewyn ajouta ensuite, avec humour, qu’il était plus aisé de s’entendre avec les autres lorsqu’on est aimable, plutôt que le contraire. Cela fit souire Orfraie, qui opigna du chef. Elle se permit ensuite une petite remarque.

« Cela est vrai. Toutefois, certaine personnes peuvent voir dans votre amabilité une sorte d’hypocrisie et ainsi réduire vos efforts à néants. Je pense notament à des personnes farouchement opposées à toutes formes de coopération avec les immortels. Cela ne vous ai jamais arrivé ? » se permit de demander Orfraie, curieuse d’en savoir un peu plus sur ce sujet. Elle trouvait cela fascinant et ne pouvait que saluer les efforts de Lewyn.

Le vampire poursuivit, révélant avec une pointe d’humour que certains vampires le surnommaient le « sans crocs ». La guerrière comprenait aisément le pourquoi d’un tel surnom et se permit une nouvelle remarque, loin d’être moqueuse.

« Vous pouvez être fier de ce surnom, Lewyn. »

L’immortel termina ensuite en expliquant qu’il avait encore des efforts à fournir mais qu’il était sur la bonne voie. En jugeant ce qu’elle avait sous les yeux, Orfraie était d’accord avec cette affirmation et offrit un sourire à son vis-à-vis afin de le lui faire comprendre. Celui-ci ajouta par la suite croire en la paix futur entre les peuples et précisa que le moment venu, il sera préférable d’éviter les mauvais penchant de sa nature. A cela, l’Elfe était d’accord.

« J’aime savoir que je ne suis pas seule à penser la paix possible. Aujourd’hui, nous nous tenons cote à cote… Je peine à m’imaginer me retourner un jour contre mes alliés, si nous parvenions à vaincre Le Blanc. »

N’ayant pas terminé, Lewyn rajouta d’un ton jovial qu’il devait parfois prévenir ses interlocuteurs de sa nature, sans quoi ces derniers ne s’en rendait pas compte. Cette idée était amusante et fit doucement sourire l’Elfe. Celle-ci passa sa main droite dans sa chevelure afin de remettre quelques mèches derrière son oreille pointue… Enfin, Lewyn demanda à Orfraie si celle-ci pourrait lui parler de son peuple, de sa culture et de sa façon de vivre s’il gagnait le prochain lancer…

« Je vous parlerai de mon peuple avec plaisir. Que vous gagniez ou non. »

Quelques mèches folles dansaient devant les yeux bleus glaciers d'Orfraie. Toutefois, elle ne semblait guère en être incommodée. L'Elfette avait accepté de parler de son peuple, qu'elle soit gagnante ou perdante, suite à ce nouveau lancé. La guerrière ne quitta pas la pièce d'or du regard jusqu'à ce que celle-ci tombe dans la paume du Vampire. Pile. Lewyn avait gagné. Croisant son regard, Orfraie attendait désormais qu'il parle.

L'immortel confirma à l'Elfe qu'il souhaitait en savoir plus sur l'histoire de son peuple. Il ajouta également avec humour qu'il souhaitait voir ce salto, si Orfraie était toutefois d'accord. Celle-ci lui offrit un sourire, puis prit appui sur sa main droite afin de se relever. L'Elfette se dirigea ensuite vers le bord de la dune, les cheveux au vent, et attendit quelques secondes. Il aurait été dommage de mal se réceptionner et se blesser. Le sable pouvait être traitre.

La princesse jeta un coup d'œil à Lewyn, qui se trouvait derrière elle, et lui offrit un sourire avant de s'élancer et de sauter le plus loin et le plus haut possible. Son élan lui permit d'effectuer un simple salto avant et de se réceptionner dans le bas de la dune sans heurt. Tout sourire, la guerrière gravit la dune et revint ensuite s'asseoir auprès du Vampire.

" Satisfait ? " Demanda t-elle, rieuse. Sans se départir de son sourire, elle poursuivit. " Comme convenu, je vais vous parler de ma culture et de notre façon de vivre.
Sachez que mon peuple est très ancien et très structuré. Si nous avons pu survivre sans guerre clandestine, c'est en partie grâce à notre système politique très complexe mais aussi respecté par tous. Chaque individu à une place dans la hiérarchie sociale, puis politique. Pour un non Elfe, il peut être difficile de retenir toutes ces règles, mais elles ont fait leurs preuves.
La notion de famille est très importante. Un Elfe sans un nom de famille n'est rien. Chaque famille est très ancienne et a son histoire et c'est celle-ci qui définit la place sociale de la famille dans la société Elfique… Toutefois, les alliances sont également monnaie courante et permettent souvent de grimper dans la hiérarchie, sociale comme politique. Prenez ma famille, par exemple. Mon frère et ma sœur se sont mariés à la famille Evanealle, qui était et est encore aujourd'hui la famille impériale. L'un est devenue Empereur pendant un temps, l'autre est la mère de l'actuel. De ce fait, les Ataliel se situent, hiérarchiquement, juste sous la famille impériale. J'espère ne pas vous avoir perdu. " Fit Orfraie avec humour. " Ensuite, au sein d'une famille, l'autorité va toujours au plus vieux. Celui-ci commande les autres. Le plus jeune de la famille ne commande personne et doit le respect à tout le monde.
Pour résumer, un Elfe de 700 ans devra le respect et obéissance à tous les membres de sa famille plus âgés et a tous les membres de sa famille plus qui lui sont supérieurs en hiérarchie, quelque soit l'âge. Toutefois, il exigera le respect et pourra commander tous les membres de sa famille plus jeune et tout les membres de sa famille inférieur en hiérarchie, quelque soit l'âge. "

Orfraie fit une pause, soufflant longuement. Elle ne souhaitait pas noyer Lewyn sous les informations et avait tenté de faire au plus simple, mais la tâche était ardue. Après quelques secondes, elle reprit.

" La société Elfique est très complexe et a toujours fonctionné de la même façon. Elle est gouvernée par un Conseil, lui-même présidé par une impératrice. Le Conseil est essentiellement composé de nobles. C'est ce conseil qui détient le véritable pouvoir. Chaque décision cruciale doit obtenir son accord à la majorité absolue. Voilà pourquoi les décisions sont souvent très longues à prendre au sein de mon peuple. Obtenir une majorité absolue est ardue, surtout lorsque les opinions diverges. Il y a en effet plusieurs courants politiques, à savoir : les conservateurs, les libéraux et les impérialistes. Je ne vais pas expliciter les premiers. Les seconds prônent l'ouverture du peuple Elfique aux autres peuples. Les troisièmes ont tendance à soutenir la famille Impériale en tout occasion."

La guerrière se tût. Son regard se leva vers les étoiles.

" J'espère que cela étanchera votre soif de savoir. Il se fait tard, il va me falloir rentrer à Fort Espérance. " ajouta l'Elfe, dans un murmure.