Partie 1, groupe 1 : remue ménage dans la tente du général TERMINE

Nuit du 26 au 27 mai
(nuit très claire, pleine lune. Visibilité très acceptable y compris pour les humains)

Contexte de base :

Une étrange cérémonie se déroule dans cette tente. Forcément lorsque vous devez ramener 2 personnes du palais de Mort et que votre seul conseiller se trouve être un cheval incapable de parler la langue commune (ou elfique d'ailleurs), vous vous retrouvez obligés de tâtonner.
C'est ce que fait Merithyn, appuyé plus ou moins efficacement par Cynoë et Kylian. Etrangement, cela semble fonctionner et une certaine princesse humaine se matérialise peu à peu sous leurs yeux. Mais les choses se compliquent.

Désigné pour conduire furtivement un groupe de combattants d'élite jusqu'à la tente du commandement et pour y éliminer tout ce qu'il y trouverait, Roëric n'imaginait pas que cela se passerait ainsi. Il n'a pas été repéré (sauf par un certain Saemon mais il l'ignore encore) mais ce qu'il repère lui-même très vite c'est qu'il se passe quelque chose de louche là dedans !

La suite n'est qu'un affrontement particulièrement confus auquel Merithyn ne daigne pas prendre part, trop occupé qu'il est à achever enfin de matérialiser Esmelda et à faire de même avec son frère. Saemon débarquant en fanfare sur ces entrefaites, la confusion se transforme en chaos...

Composition du groupe et Tour de Jeu :

~~Merithyn~~ (je postera plus)
~~Cynoë~~ (part vers le désert)
~~Ambre~~ (part vers le désert)
Kylian
~~Esmelda~~ (part vers le désert)
Roëric + PNJ
Saemon
Lorenz

Ne pas poster avant le feu vert de MDJ via mp

La traîtrise se répend comme une traînée de poulpes

Quel était donc cette manie que de lui prêter des émotions qu’il jugeait au mieux méprisable, et au pire inacceptables. Qu’avaient-ils tous, à s’agiter comme autant de fourmis afférées ? Oh certes, l’instant était sans nul doute d’importance, mais c’était précisément pour cela qu’il fallait se contenir. Aussi, c’était sans la moindre considération qu’il avait annoncé mettre dehors le premier qui ne saurait tenir en place et se contrôler. Que ce soit cruel ou non, il n’en avait rien à faire. Il comptait effectuer, et réussir, cette cérémonie, et rien ne l’en empêcherait, surtout pas eux. Savoir ce qu’il avait à faire n’était plus si insurmontable depuis ses nombreuses et dangereuses lectures, restait à le mettre en pratique, et pour parvenir à ses fins, il n’avait confiance en personne à l’exception de Cynoë. Le dragon d’améthyste était le seul à n’avoir réellement aucun biais, et aucune raison de provoquer la perte du rituel. Tous les autres étaient faillibles, Ambre y comprit. Pour tout l’amour que lui portait son frère, et la considération que lui-même lui accordait, elle n’en restait pas moins une humaine avec ses défauts, et avec des affinités parfois très discutables. Si elle n’était présente, ce n’était que par respect de leur famille, si tant est qu’on eut pu la qualifier ainsi sans en plaisanter cyniquement, et parce qu’elle pouvait, grâce à son totem, faire le lien avec la carne qui servait de monture à son frère. Quant à Wallam… il s’en serait passé, s’il n’y avait eu Skade. Sa défiance se ressentait néanmoins, le Sombre Garde était placé en face de lui et pas dans son dos, contrairement à l’Améthyste, et il était flanqué des meilleurs membres de son unité d’élite.

La cérémonie elle-même n’avait pas encore commencé. Il lui fallait avant tout se concentrer, et pour cela, vérifier le reste du campement. Installer celui-ci avait nécessité un choix difficile, mais il avait finalement placé les humains à l’extérieur, en pourtour du noyau vampirique. Que les éclaireurs lui ait annoncé que les troupes Protégés étaient encore loin ne voulait pas dire qu’il fallait s’en tenir à cette seule affirmation. Ça aurait été une décision des plus malhabiles, surtout lorsqu’ils prétendaient prendre les plaines que les rebelles défendaient depuis longtemps avec succès et connaissaient désormais mieux que les sangs-froids eux-mêmes… Or, on ne lui avait pas appris à faire preuve d’une si folle confiance. Et il n’était pas du genre à manquer de mesures pour toutes les situations envisageables. S’ils étaient attaqués, les humains serviraient de chair à boucher, et les ordres qu’il avait donnés pour contrer les potentiels assauts seraient appliqués. Une fois chaque système d’ordre passé en revue, chaque haut-officier vampirique contacté et chaque contrordre donné, chaque placement vérifié, il put enfin se retirer en compagnie de sa ménagerie, pour advenir là, à genoux, le livre des Morts ouvert devant lui. Il lui fallait effectuer le rituel ce soir et aucun autre, en raison du placement des astres nécessaire à son accomplissement.

La tente était fortement gardée, même si de façon presque invisible. Ses servants directs savaient se faire discrets, pour donner l’impression d’une faille dans sa défense, au cas où il aurait à souffrir d’une traitrise quelconque. Après quelques longues minutes, il atteint finalement l’état de calme et de composition nécessaire au rituel et prit à ses côtés ses deux épées. Il plaça d’abord Clarion devant le livre, la lame étoilée devant agir comme un point focal pour la résonnance venue des astres. Sa surface lisse et sans défauts se mit doucement à luire, puis à palpiter, alors qu’il bourdonnait les premières paroles du rituel Tarenth. La langue lui paraissait étrange, mais pas si complexe à répéter. Elle venait même plus aisément qu’il ne l’aurait pensé, comme s’il avait déjà eu l’occasion de l’entendre et de la pratiquer… Jetant un coup d’œil à Ambre, préposée à la traduction de ce qu’Aranwë avait à dire, il s’assura qu’elle n’avait rien à transmettre, puis poursuivit. L’introduction durait déjà de nombreuses et complexes minutes. Même avec son aisance actuelle, il lui fallait faire extrêmement attention car c’était la phase la plus délicate pour sa propre personne. Réciter le cantique tout en conservant sa concentration à un niveau aussi élevé, suffisant pour atteindre le plan astral, était difficile, même pour lui.

Progressivement, le bourdonnement du sortilège se fit plus fluide, moins vibrant, comme de l’eau coulant sur du cristal. Il arrivait à la seconde phase. Bientôt, le flot de paroles incompréhensibles pour les autres, sauf pour la mémoire ancestrale de Cynoë, cessèrent et il inspira profondément. Son regard quitta la flamme se trouvant devant Wallam et qui lui servait de point d’accroche autant que d’un moyen sûr d’en finir avec l’existence de ce vampire s’il lui prenait l’envie de faire échouer le rituel. Ses prunelles héraldiques croisèrent celles du dragon, et il hocha la tête pour lui indiquer qu’il s’agissait du bon moment. Dès qu’il avait découvert les indications sur le rituel dans le livre des Morts puis constitué le rituel, il en avait fait part à l’Améthyste, afin de lui montrer que ses efforts courageux pour s’accrocher à la vie n’étaient pas vains et qu’il reverrait bientôt sa liée. Cynoë savait donc déjà, confident de son travail, ce qu’il devait accomplir ici… Lui accordant sa confiance, il se détourna de nouveau pour faire face au complexe sceau*1 qu’il avait constitué et qui lui avait coûté nombre de souffrances en raison de sa marque. Constituer pareil formule, car il s’agissait bien de cela, et s’appuyer sur les Esprits pour ce faire, n’était pas au goût des pouvoirs de Vraorg.

Mais qu’importait. Tirant Amirïa de son fourreau d’ivoire noir, il la déposa devant Clarion. La lame d’eau frémit lorsqu’il reprit le rituel, usant de l’énergie offerte par Cynoë pour aider à la concentration qui créerait la faille. Le liquide entourant les tranchants comme une gangue se répandit bientôt dans la tente et… et soudain, les cors profonds retentirent. Pas assez pour lui faire perdre sa concentration, mais assez pour le contrarier légèrement. Heureusement qu’il était prévoyant, et que la parole de quelques éclaireurs ne lui suffisait pas entièrement. Il ne doutait nullement que ses officiers se débrouilleraient parfaitement avec les directives qu’il avait laissées et avec leur expérience. Lui ne pouvait de toute façon pas bouger. Les autres non plus d’ailleurs. Ses soldats ne laisseraient personne quitter les lieux tant que durerait le rituel. Rituel qu’il continua donc sans émettre la moindre expression. Sa voix posée grimpa bientôt sur une note qu’il n’aurait jamais cru utiliser, et qu’il était le seul à connaître à l’heure actuelle. Telia*2 fit ondoyer l’atmosphère de sa magie et scella son lien avec le plan astral. Imperméable au reste du monde, sourd à tout ce qui n’était pas son œuvre, il tendit la main, invitant l’humaine à le rejoindre.

Le corps dégelé de la princesse luisit à son tour, à l’intérieur de l’écrin aqueux et bientôt, l’eau scintilla elle aussi, d’une luminescence convergeant vers l’enveloppe charnelle. Il serra les crocs à s’en faire grincer l’émail alors qu’il manipulait le flux d’une incroyable complexité pour lui faire parfaitement réintégrer le corps. Et soudain, Esmelda Kohan revint à la vie. Une nouvelle fois, il fit une pause, l’ayant prévu lorsque de l’adaptation de la cérémonie. Il abaissa le mur d’eau afin qu’elle puisse être prise en charge par son amant, sous une surveillance plus étroite encore. Qui pouvait dire si Wallam ne tenterait pas de se débarrasser de Lorenz après tout ? Une fois l’humaine sortie du sceau, il reprit, réintégrant immédiatement cette phase de communion avec le plan astral pour appeler Lorenz à le rejoindre. Le mur s’éleva de nouveau. Mais la luminescence avait à peine entamée sa descente qu’un nouveau tintamarre se faisait entendre et que les pans de la tente se soulevaient. Il tourna à demi la tête, observa d’un œil sombre les nouveaux venus. Des Protégés, comme de par hasard. Mais force était de constaté qu’il avait bien fait de prendre ses dispositions. Ses propres hommes entourèrent bientôt le petit groupe de choc, tandis qu’un mur invisible constitués de maillages invisibles*3 se relevaient, comme ils le faisaient sans nuls doute en de nombreux points à l’extérieur, pour prendre les attaquants dans de solides nasses….

Alors qu’il reprenait son souffle, il décida d’en gaspiller un minima. Si les protégés étaient intelligents, ils y prendraient gardes. Sinon tant pis pour eux. « Si vous souhaitez voir Vraorg défait, je vous conseille de me laisser terminer » Et il reprit le rituel…

*1 Sceau du rituel :

*2 Telia : Note créée par Merithyn durant l'intrigue "La fin d'un monde", elle est l'équivalent d'un contre-ut

*3 Maillage invisible : C'est un maillage qu'on utilise en règle générale sur un passage, une rue, ou entre les arbres, soit en filins soit comme un filet. Ils ne sont pas réellement invisible, car pas enchanté (la magie serait détectable) par contre ils sont constitués de sorte que l'extérieur soit fait d'un métal qui renvoi la lumière en une illusion d'optique qui confond le cerveau, celui-ci ne détectant pas la chose avant d'être le nez dedans. (Création de Nomin)

Le saurien n'avait eu que d'yeux pour sa liée, dès que les premiers gestes de Merithyn s''entamèrent dans un ordre précis. Comme s'il avait toujours su comment procéder, l'ancien Baptitrel s'acquittait dans un profond sérieux de placer chaque composante importante pour le rituel. Pour faire revenir une âme d'entre les bras de Mort, tout devait être accompli sans erreur. La moindre faille et c'était la fin de tout. Après tant d'effort et entretenant de toute sa force la flamme vacillante de son existence pour avoir l'espoir de ressentir et revoir sa liée en vie, une telle chose n'était pas permise. Elle était impossible. Bien que la partie la plus massive de son corps se trouvait derrière le vampire qui opérait, sa tête était placée pour avoir une vision complète de toute l'assemblée et des deux corps conversés dans un froid d'origine magique. Il encerclait presque de sa présence écailleuse ces bipèdes présent, pour assister au retour à la vie de Lorenz et d'Esmelda. La tente était bien assez grande pour qu'il leur laisse de l'espace pour qu'ils se meuvent en toute sécurité.

Puis doucement, Merithyn entonna les premiers mots du sortilèges. Chaque syllabe, chaque mot, chaque phrase qu'il psalmodia roulait étrangement dans l'air et résonnait plus profondément encore dans les oreilles de l'Améthyste. Le temps donna l'impression de ralentir. Le coeur du saurien avait commencé à battre plus fortement, bien plus que devant cette impatience qu'il bridait depuis l'installation de cette tente et le transport du corps de sa liée. Une confiance aveugle envers Merithyn se mêlait à son sang redevenu palpitant à l'approche de la renaissance de sa belle liée.

Quand le rituel passa à sa seconde étape, les mots employés par le vampire furent comme une émergence de souvenirs lointains, enfouies dans les tréfonds de sa mémoire ancestrale. Il connaissaient ces sons gazouillés sans les avoir jamais entendu. Chaque son vibrait en chacune de ses écailles. Le rituel était sur la bonne voie. De ce que Cynoë arrivait à se rappeler, le vampire ne commentait aucun faux pas. Un autre assurance qui renforça la flamme de son âme meurtrie. Il croisa le regard Merithyn. Le moment était venu. L'instant primordial qui ne pourrait souffrir d'un impair ou une d'une interruption. Le jeune dragon savait ce qu'il avait à accomplir pour sa part. Tout en gardant un oeil méfiant à ce qui se tramait autour d'eux... Car les autres bipèdes, bien que leur présence était aussi justifié que la sienne, restaient des bipèdes, avec leurs passions, leurs mélancolies. Un véritable bouillon remuant qui pouvait devenir instable et provoquer l'impardonnable. Merithyn était le seul ici présent capable à ramener deux êtres morts à la vie... Le protéger de toute agression était donc vital.

Là où tout devait être parfaitement synchronisé, connaissant parfaitement le déroulement du rituel, Cynoë dut se concentrer pour se raccrocher à Merithyn sans le perturber de sa présence. Jamais encore le dragon n'avait eu l'occasion de créer un contact pour partager de son énergie. Mais ses sens et son esprit exacerbés par la magie en oeuvre tout autour de lui éveilla en lui la manière de créer cette union temporaire. Ainsi, il offrit de sa propre force au vampire, pour contribuer à la puissance qui avait besoin d'étancher sa soif de pouvoir. Là, le dragon ne devait pas faillir. Merithyn avait su attirer sa confiance, et il avait confiance au saurien. Car il y avait le corps de sa belle princesse, là, enveloppé d'un linceul de glace préservant son corps, mais aussi Lorenz. Le rituel n'était pas que sa belle liée. Les deux âmes étaient rappelées. Pas une mais bien les deux.

L'instant approchait. Cynoë observait dans une certaine forme de ravissement l'accomplissement proche du rituel. La magie était intense et vibrait au plus profond de son corps écailleux. Son coeur paraissait même battre à l'unisson de ce qui se déroulait sous ses yeux ambrés. Un cor retentit, cri déchirant à l'extérieur qui annonçait des menaces. Les ambres enflammés du dragon oscillèrent à peine vers l'entrée de la tente, vers la source du tintamarre. Mais rien n'était encore terminé. Merithyn accomplissait ce qui devait être accompli !

Le corps d'Esmelda se mit à luire, comme si elle devenait un nouvel astre, qui attendait d'étinceler pour la première fois de sa vie avant de rejoindre le firmament. Et quand enfin sa poitrine se gonfla pour inspirer l'air si précieux à toute vie... Cynoë crut défaillir en sentant le coeur de l'humaine battre. Il battait à nouveau. Elle était vie ! Elle était là, son âme se renouait à la sienne. Doucement, elle renaissait, la vie reprenait ses droits. Qu'il aurait voulu rugir son exultation de la savoir vie ! Qu'il aurait désiré sentir sa peau chaude contre ses épaisses écailles et l'emmener loin d'ici, à l'abri de la folie et de la guerre proche. Tant de choses souhaités, mais qui perdirent leur élan quand un groupe armé pénétra dans la tente. Le pan de la tente claqua à leur entrée. Cynoë ne vit là qu'un danger pour sa liée qui lui était à peine rendue. Il était hors de question de la perdre à nouveau.

Laissant Kylian prendre sa bien-aimée dans ses bras, l'Améthyste fit rempart de son corps. Un rempart d'écailles et d'armures de métal, par la grâce de l'armure qu'Isyndar sa Mère-Dragonne lui avait confiée, renforça ce que Merithyn mit en place. La joie débordante qui pulsait dans la poitrine du dragon se remplaça par une intense émotion de protection. Pour sa liée, mais aussi pour Merithyn. Esmelda lui avait été rendu par le rituel qu'il avait invoqué. Et il n'était pas terminé. Il restait Lorenz. Le dragon ne pouvait pas abandonner l'ancien Baptitrel. Pas après tout ce chemin accompli pour que lui aussi retrouve ce que son âme chérissait.

Face aux Protégés, se mettant en travers de leur route comme dans leur champ de vision, il se redressa, un grondement d'avertissement vibrant à sa gorge. Ses dents luisaient d'une blancheur mortelle sous l'éclairage de la tente. Et toujours en gardant un chemin entre lui et Merithyn, pour continuer à lui transmettre de son énergie. Il n’omettait pas sa liée. Il s'était fait doucement sentir à elle, l'enveloppant de sa passion et de sa chaleur, partageant des pensées de réconfort et de douceur. Qui sait ce qu'elle était en train de ressentir. Revenir à la vie devait être une terrible épreuve. Pour Kilian, les pensées furent plus abruptes. Plus injonctives.

°Garde la dans tes bras, réchauffe la, parle lui. Rien d'autre ne compte qu'elle et rien qu'elle. Rien d'autres. Concentre-toi sur elle. Si tu l'aimes autant que tu le prétends, fais ça pour elle ! °

Il n'avait pas oublié la folie de Kylian, du sermon qu'il avait prêté contre les Esprits. Et Lorenz n'était pas encore ranimé. Son grondement s'intensifia à l'encontre des Protégés.... Sa liée était à lui et il la défendra !

Spoiler:

Attentive, Ambre observa Merithyn les mains sagement croisées sur le devant de sa robe, silencieuse et un peu anxieuse. Elle tenait à ce que le jeune vampire ait les meilleures conditions possibles pour réussir, aussi restait aussi immobile que possible, et elle ne doutait pas de lui. Si quelqu’un était capable de faire ces résurrections, c’était lui et personne d’autre. Inspirant doucement, elle l’écouta en silence, sans pouvoir s’empêcher de ressentir une certaine fascination, un émerveillement devant ce qui se produisait. Sans doute peu nombreux étaient ceux qui pouvaient se targuer d’avoir assisté à un retour à la vie d’une humaine et d’un vampire. La magie… tant de choses dont elle était à l’origine. Bonnes ou mauvaises d’ailleurs. Ambre la connaissait, l’aimait, vivait dedans comme chacun, et pourtant, elle ne pourrait jamais s’empêcher d’être surprise devant ce dont elle était capable. Après tout, la façon de la manier pouvait être considérée comme horrible ou non. Pas la magie en elle-même.
Jetant un regard rapide autour d’elle, elle crispa un peu les mains, n’appréciant guère l’endroit où ils se trouvaient. La tente était trop grande pour être chaleureuse, et les personnes autour trop nombreuses pour tenter de créer un peu d’intimité. Etrangement, elle se sentait mal pour les deux futurs ressuscités, comme si tous ceux présents les dérangeaient dans leur bain. Mais c’était sans doute là le moindre mal afin de permettre au dragon d’améthyste de se trouver près de sa liée. Et, détail pratique, ils ne risquaient pas une averse en pleine cérémonie…

Les yeux de nouveau rivés sur Merithyn, la demoiselle fronça le nez, attentive à tout ce qui se déroulait. Elle n’était pas seulement présente pour assister au retour parmi les vivants de son amie et son fiancé, mais également afin de servir d’interprète entre Aranwë et le vampire. Nerveuse à l’idée d’être la potentielle source d’échec si quelque chose n’allait pas, elle n’en restait pas moins concentrée sur cette pensée, prête à réagir au moindre besoin. Valen était en sécurité dans sa tente, laissé à la garde d’une servante dans laquelle la jeune femme avait particulièrement confiance, et eux-mêmes étaient entourés de gardes et d’un dragon si quelque chose se passait mal. Contre sa peau à peine moite, elle pouvait sentir le fin contact de son corsage en soie d’araignée, enserrant ses organes vitaux et les protégeant du mieux qu’il lui était possible. Elle ne risquait rien, ceux qu’elle aimait non plus. Elle ne pouvait, ne devait même, en de telles circonstances, que se concentrer sur la tâche qui lui incombait. Pour leur bien à tous. Et surtout celui des deux principaux intéressés.

Esmelda revenue à la vie, Ambre, que son pseudo fils vampirique n’avait pas encore utilisée comme traductrice, s’avança légèrement vers elle, s’accroupissant à ses côtés sans prêter attention à l’amant vampirique, posant deux doigts fins sur le cou gracile pour vérifier les signaux vitaux qui se rétablissaient. Pouls, respiration, chaleur corporelle, elle avait ses propres critères, transmis de génération en génération de guérisseurs et complétés au fil du temps. Soulagée de voir que tout était pour le mieux, dans la mesure du possible au vu de la situation, et convaincue que la jeune femme semblait hors de danger, elle se redressa pour reculer un peu et observer le corps de Lorenz, espérant que la scène se déroulerait tout aussi bien que précédemment. La princesse était une humaine, les choses seraient-elles plus difficiles pour le sang-froid ? Quelles différences concrètes pouvait-il bien il y avoir vis-à-vis du sort ? Son cœur était déjà mort depuis longtemps après tout, cela faciliterait-il le processus ou au contraire le compliquerait ? Ne changerait rien peut-être ? La réponse quant à la sérénité des opérations vint de l’extérieur. De toute évidence, les protégés avaient décidés que oui, ramener Lorenz serait plus difficile, quoi qu’il en soit réellement.

Si Ambre avait beaucoup d’admiration pour ces rebelles décidés à se battre coûte que coûte, elle devait bien reconnaître que sur l’instant, leur apparition ne présageait rien de bon. Nerveuse, elle songea un instant à tenter d’utiliser une aura rassurante avant de renoncer. Elle n’était pas certaine de réussir. Ou plutôt était sûre d’échouer. D’un autre côté, il n’était pas question pour elle de leur faire moindre mal ou de les mettre en danger, mais elle ne pouvait non plus les laisser risquer de avorter Lorenz. Enfin, la résurrection de ce dernier. Avec un peu, ou plutôt beaucoup de chance, les propos et de Merithyn et leurs protections déstabiliseraient suffisamment leurs adversaires pour qu'ils cherchent une possible discussion.
Sur une inspiration, elle appela à elle sa magie, le doigt tendu vers la zone où se trouvaient les ennemis, s’apprêtant à, simplement, les enliser*. Dans le pire des cas, cela aurait au moins l’avantage de les ralentir. Dans le meilleur, ils auraient simplement un bain de boue, sans dommage physique. Et elle était toujours prête à bondir au service de Merithyn… et, en ultime recours, à se servir d'un autre sort. Non mortel, mais elle n'envisageait pas de laisser les intrus profiter de l'attention détournée de Merithyn pour l'atteindre. Quand bien même n'était-elle pas forcément la plus "efficace" pour ce genre de travail...

* [Défensif] Enlisement
Permet d'enliser un adversaire, la matière sur laquelle il se trouve se transforme en boue ou en argile et le ralentit fortement (n'immobilise pas entièrement).
Geste clé : pointer le sol avec l'index de la main droite

Spoiler:

Il avait eu tort de s'être laissé convaincre, il le savait et cette conscience de sa propre erreur ne l'irritait que plus encore, mais comment aurait-il pu en être autrement ? Le monde, ou plus exactement son monde, s'était effondré sur lui-même à l'instant précis où le dernier battement de coeur s'était éteint dans la poitrine de son aimée. Depuis cette exacte seconde, l'existence ne lui apparaissait plus désormais que comme un vaste champs de ruines plongé dans les ténèbres de nuages si obscurs qu'aucun ray de lumière ne pourrait jamais plus en percer la pénombre. Un monde sans vie, un monde sans air, un monde sans éclat... un monde sans espoir. Et pourtant, aussi douloureux cela pouvait-il lui être, il n'avait pas été capable de renier totalement cette folle possibilité lorsqu'on la lui avait présentée : l'éventualité qu'Esmelda et celui qu'elle portait puissent revenir d'entre les morts pour reprendre le fil de leur existence, injustement tranché par l'Esprit dont le renégat vampirique avait depuis juré la perte. Une part de lui s'était accrochée à cet avenir pourtant particulièrement incertain, telle une bernique à un rocher confortable, sans que rien ne puisse jamais l'en séparer. Une part de lui que le vampire avait aussitôt refusé d'écouter, la cloisonnant soigneusement dans les profondeurs de son esprit, mieux encore qu'il n'avait enfermé jadis ses instincts de sauvagerie prédatrice. Il ne voulait à aucun prix prendre le risque de se laisser bercer par une nouvelle illusion utopique, pour la bonne et simple raison qu'il ne survivrait pas à une nouvelle déception. Après tout, on ne revenait pas du royaume de Mort : ce misérable qui se disait Supérieur ne l'autorisait pas, ne l'avait jamais autorisé, ne l'autoriserait jamais. Ceux qu'il prenait, Mort ne les rendait jamais et ce qu'importe la souffrance de ceux qui restaient. Les âmes défuntes étaient condamnées à attendre une réincarnation qui effacerait tout ce qu'elles avaient pu être, c'était ainsi que fonctionnait le monde depuis l'aube des temps. Croire qu'on pouvait contourner ces lois immuables relevait au mieux de la plus audacieuse arrogance, au pire de la pure imbécillité. Et de quel droit Mort s'arrogeait-il cette décision ? Aucun, si ce n'était tout simplement parce qu'il en avait le pouvoir. Un pouvoir que cet Esprit lâche et manipulateur ne méritait pas, un pouvoir que Kylian était toujours fermement décidé à lui enlever.

Toutefois, l'amertume qui baignait son esprit ne l'avait pour autant pas empêché d'imposer sa présence lors du rituel grâce auquel Merithyn espérait ressusciter les deux disparus. Le commandant de la Sombre Garde refusait certes d'y croire, mais sa liée, elle, faisait confiance au petit ancestral et c'était pour honorer cette confiance que le dragonnier était venu. Et puis, si l'ancien baptistrel parvenait à ... non, il ne fallait pas, il ne pouvait pas.

Le visage fermé, Kylian était immédiatement venu se placer face au mage miniature, sans un mot, traquant du regard les moindres faits et gestes du jeune ancestral. A l'instar de ce dernier, il avait lui-même sélectionné les hommes qui l'accompagnaient, ni plus ni moins que les meilleurs éléments que pouvait compter la Sombre Garde, répartis autour de la tente du général, prêts à intervenir dans l'éventualité où cela s'avérerait nécessaires. Méfiance mutuelle, échange de bons procédés en quelques sortes. Silencieux, Kylian observa nerveusement les préparatifs et le début du rituel. C'était impossible que Shadowsong réussisse, il pouvait bien disposer de pouvoirs remarquables, il n'en demeurait pas moins qu'un vampire, un insignifiant amas de poussières si on le comparait à un Esprit. Et pourtant, la cérémonie se révélait particulièrement convaincante, plus que l'ancien renégat n'aurait pu l'imaginer, à tel point qu'il apparut bientôt qu'il avait probablement eu tort de venir. En effet, à mesure que la magie imprégnait l'atmosphère, commandée par la voix de l'ancien baptistrel, l'animosité du fiancé endeuillé sembla lentement se désagréger tandis que les braises de ses espoirs se ravivaient en une flamme qu'il n'était plus en mesure de contrôler. C'était impossible, mais Kylian y croyait pourtant à présent aussi fermement qu'il était possible. L'échec n'était plus une option désormais et la tension atteignit rapidement son paroxysme jusqu'à ce qu'enfin, son ouïe acérée de prédateur ne le lui fasse percevoir. Un premier battement, puis un autre, et un troisième, premières notes d'une symphonie dont la régularité fut la plus douce musique que le vampire eut jamais entendue. Une inspiration se fit entendre, confirmant qu'Esmelda était bel et bien revenue d'entre les morts.

Aveugle à tout ce qui n'était pas le visage de la belle, sourd à tout ce qui n'en était pas les battements cardiaques, Kylian approcha avec des gestes lents et prudents, comme s'il craignait qu'une brusquerie de sa part ne le fasse sortir de ce qui ne pouvait exister que dans un rêve. Ce ne pouvait pas être la réalité, mais peu lui importait en vérité : si Esmelda y vivait, ce pouvait être sa réalité. Son regard quitta brièvement les traits de la princesse pour venir croiser celui de Shadowsong en un muet signe de gratitude. Non pas qu'il s'imagina que le petit ancestral put s'en préoccuper un seul instant, mais peu importaient les motifs du vampiret, il était parvenu à ramener Esmelda et cela seul justifiait des remerciements.

Encore engourdi par sa propre stupéfaction, Kylian ne remarqua pas immédiatement la main qui approcha soudain du corps de sa belle, geste qui lui arracha un grognement menaçant, presque bestial, tandis qu'il montrait les crocs. Sa première impulsion lui commanda de briser le frêle avant-bras qui osait ainsi s'approcher, mais son regard reconnut bientôt celle à qui il appartenait et le vampire musela aussitôt ses instincts protecteurs. Ambre ne représentait aucun danger, que du contraire, aussi la laissa-t-il à ses examens pour se concentrer sur celle qu'il tenait entre ses bras. Ce fut à cet instant précis qu'un cri vint accompagner l'irruption d'invités indésirables. Des Protégés ? Comment et pourquoi ils étaient parvenus à s'introduire ici demeurerait un mystère pour l'instant, le fait est qu'ils étaient armés et visiblement animés d'intentions belliqueuses, ils constituaient donc un danger qui devait être rapidement neutralisé. Non pas que le renégat put vraiment s'inquiéter de savoir Lorenz enfermé dans la mort, mais d'une part, Esmelda risquait d'être blessée, et d'autre part, il n'oubliait pas la dette qu'il avait envers Shadowsong, il le protégerait donc jusqu'à ce que le rituel fut terminé.

Du moins en avait-il eu l'intention première, mais tout bascula par la faute de quelques mots que le sombre commandant eut préféré ne pas avoir entendu. Si vous souhaitez voir Vraorg défait, je vous conseille de me laisser terminer. Une mise en garde adressée aux Protégés qui prétendaient investir les lieux, mais un avertissement qui vint rugir dans l'esprit du marqué comme un terrible aveu, la proclamation d'une menace faite à l'encontre de leur maître à tous. Si vous souhaitez voir Vraorg défait... Merithyn voulait ramener Lorenz pour nuire à Vraorg... Rien de surprenant, en vérité, rien que Kylian ne put déjà supposer, mais à présent que la supposition s'était faite absolue certitude... la marque contraignait, la marque obligeait, la marque imposait, au point de supplanter jusqu'à la volonté véritable de son porteur. Mais seule Esmelda comptait... seule Esmelda comptait... Il devait se concentrer sur elle et sur elle uniquement... Mais il n'y parvint pas, et cette injonction que le dragon d'améthyste avait eu à son égard fut littéralement balayée par le pouvoir de la marque d'allégeance : seul comptait Vraorg, le Blanc ne pouvait être trahi, le Voleur de Coeur ne pouvait être défait. La marque le commandait, l'exigeait, le dirigeait.

« Dans ce cas, tu ne termineras pas, Shadowsong ! »

Ces mots lui avaient échappés, prononcés sous le coup d'une impulsion qui lui était apparue irrépressible, incontrôlable, inévitable. Exactement comme le fut le geste vif et précis de sa main lancée vers la pommeau de sa lame enchantée, dégainée et aussitôt chargée d'une énergie suffisante pour lui permettre de trancher jusqu'aux écailles d'un dragon si celui-ci devait essayer de l'empêcher d'exécuter la volonté du maître. Car le rituel ne devait pas être mené à son terme, Vraorg ne devait pas être menacé, telle était l'obligation du commandant de la Sombre Garde, eut-il pour cela à sacrifier sa propre vie. Quel qu'en soit le prix, Merithyn devait mourir, rien d'autre ne comptait plus alors...

« Éliminez le traître ! »

Là encore, la voix lui appartenait, non les paroles, mais les soldats qui l'accompagnaient n'eurent besoin d'aucun autre encouragement pour imiter leur chef tandis que celui-ci abandonnait sa belle pour se jeter à corps perdu vers l'ancestral miniature.

Spoiler:

Morte. Oui ça c'était un état de fait. Esmelda l'avait acceptée depuis les quelques heures qu'elle se trouvait dans le royaume de Mort. Difficilement au début. Trop de questions fusaient dans son esprits et même si la rencontre avec les deux tarenths avaient rassuré la principal, à savoir la sûreté de son enfants, les autres se turent et moururent aussi sur ses lèvres pour donner naissance à de nombreuses autres. Trop, laissant les autres loin derrière. Comme si les considérations de son vivant laissaient place à celle de sa mort. Loin de la tristesse de ne plus sentir Cynoë dans son esprit, de ressentir l'amour de Kylian dans son cœur, ou de la force qu'elle tirait de la rudesse de son peuple. Non, pour le moment, elle ne pensait qu'à ce qu'elle avait pu apprendre ici, bien loin du monde des vivants, à cette nouvelle quête qui l'amènerait au delà des mers, sur les chemins de son passé. Mais avant tout, il allait falloir revivre, tenter de collaborer avec un Lorenz qui avait trahis un bon nombre de personnes lors de la dernière bataille et qui ne semblait pas prompt à le faire de bonne grâce, et pour finir obtenir de la part de Korentin d'épargner Fabius au moins quelques années et de marcher avec lui, unit. Déjà si elle parvenait à la moitié de ces choses, l'ancienne princesse Kohan s'estimerait très heureuse et digne de remourir en paix la prochaine fois.
Elle gardait au fond de sa mémoire, les paroles des tarenths, comme pour les graver à tout jamais et ne pas les oublier une fois revenue dans le monde des vivants. Enfin si elle revenait. Car aller trouver rapidement quelqu'un qui les rappellerait. Ou du moins qui comprenait le langage des animaux. Ce qui serait mieux que le nouveau frère de l'ancien prince, c'est un totem cheval de haut niveau pour comprendre le destrier du vampire. Mais la jeune femme se retint de lui demander au vue de sa dernière phrase. Esmelda l'avait trouvée pas utile, car elle n'en demandait pas plus et n'en attendait pas davantage, mais ce n'était nullement le moment de le rappeler. Mieux fallait lui laisser l'espoir du contraire, cela lui aurait facilité la tâche et la princesse aurait été bien moins sur son dos. Car c'est ce qu'il risquerait d'arriver par la suite, même si le vampire avait bien plus d'un tour dans ses poches pour la laisser dans une douce illusion.

Mais Esmelda laissa bien vite ses considérations pour le vampire et ce qu'il pourrait bien lui faire. Quelque chose n'allait pas. Ou si allait. Enfin, elle ne savait pas trop ce qu'elle devait ressentir. Mais il se passait quelque chose. Et l'ancienne princesse eut très vite froid. Puis une sensation bien étrange d'oppression, comme si on lui mettait la tête sous l'eau. Mais surtout, la jeune femme vit son corps redevenir comme transparent, plus réel dans cette réalité déjà bien étrange. Impossible de respirer, mais cela dura un court instant. Elle tomba au sol mais elle ne s'en rendit même pas compte. Car ensuite, le froid, la lumière aveuglante, mais le chaud dans son esprit, elle était entière. Cynoë, le dragon, elle pouvait sentir son lié, c'était encore confus, Esmelda avait du mal à comprendre, ressentant bien trop de chose d'un coup. Comme si un poids énorme lui était arrivé dans ses bras, dans ses jambes, dans son corps et son cœur. Le jeune femme sentit aussi son ventre se tendre et devenir dur, signe que le tarenth ne lui avait pas menti, du moins, elle l'espérait, mais très vite son attention vint sur les visages autour d'elle, Kylian. Il était là. Mais tout était encore flou autour d'elle. Elle avait du mal à comprendre les nuances de ce qui pouvait se passer autour. Elle sentit juste l'amour de Kylian l'entourer de sa présence, puis le froid de sa voix, les cris, l'odeur du feu, quelque chose n'allait pas dans ce retour à la vie. Dommage qu'elle ait tant à faire sinon elle serait repartie chez Mort. Plus de tranquillité, plus la guerre, les cris, la mort. Justement !

Kylian hurla quelque chose contre l'ancien chanteur. Non ! Il fallait que Lorenz revienne. Esmelda savait que cette maudite marque parlait et pas son aimé. La jeune femme dans un effort surhumain se roula sur le côté et tomba face au sol pour les poser et construire face au chef des sombres lames un mur de défense. La force de son sort ne serait qu'un frein, ou bien un obstacle à franchir pour le vampire mais l'ancien elfe aurait au moins la chance de mieux se préparer à une attaque. La princesse perdit ensuite connaissance sentant le poids de la fatigue de sa renaissance et de celle de son enfant lui peser sur ses épaules fatiguées.

Spoiler:

Couper la tête pour tuer le serpent, voilà en quoi se résumait le plan. Un résumé quoique très imparfait et ne tenant volontairement pas compte d’une réalité dérangeante : la véritable tête ne se trouvait pas sous cette tente. Mais chaque chose en son temps. Pour l’heure, il fallait neutraliser l’armée d’invasion, laquelle n’était heureusement pas menée par le Blanc en personne. En y réfléchissant, cette manière de disposer des races comme des pions sur un échiquier, aussi bien par les Esprits que par Vraorg, n’avait rien de très flatteur. Cela étant, Roëric la préférait toujours à son alternative : un affrontement direct entre des puissances qui mettraient une nouvelle fois le continent à sac.

Les ordres avaient été donnés. Le Maître-Lame et son commando d’élite se retrouvaient donc avec la tâche la plus amusante, ou la plus pénible, selon les points de vue. Infiltrer le camp, trouver la tente de commandement et régler son compte à tous les haut-gradés théocrates. Apparemment, personne n’avait trouvé ce plan beaucoup trop dangereux voir complètement fantasque. C’était tout le problème quand on était dirigé par des gratte-papiers. Les instructions relevaient plus du souhait que d’un objectif réaliste à atteindre.

Ceci étant dit, c’était culotté, inattendu et surtout, c’était un bon moyen de freiner l’avancée ennemie de manière durable sans trop faire couler de sang. De plus, on lui avait donné les moyens d’avoir des résultats : on lui avait permis de choisir ses hommes. C’était bien la moindre des choses à la réflexion. Quoiqu’il en soit, il disposait de sept individus, probablement parmi les meilleurs de l’armée. Trois elfes, des anciens rangers. Deux vampires, vétérans de plus de batailles qu’on a de doigts. Et enfin deux humains, des mages doués, un tandem redoutable, l’un s’étant spécialisé dans les sorts offensifs et l’autre dans les sorts défensifs.

Il y avait des hommes et des femmes, mais ça ne comptait pas pour le vampire ; c’était tous des soldats. Bien sûr, il aurait fallu plus de temps pour qu’ils apprennent à agir ensemble. Mais ils étaient suffisamment expérimentés pour que cela vienne très vite.

Ainsi, l’opération avait débutée. Et au début, tout se passait à merveille. L’infiltration avait été un succès. Il avait été très difficile de repérer toutes les sentinelles extérieures de la tente et surtout de les neutraliser sans bruit. Des soldats vampires d’élite ; preuve supplémentaire qu’il ne gardait pas des poules sous cette fichue toile. Puis tout bascula lorsqu’ils s’avancèrent devant la tente. Deux ennemis s’étaient fait « oubliés » pour les prendre à revers : des cris, du sang, des coups. Adieu l’effet de surprise. Roëric aurait dû stopper la mission ici même, cela devenait beaucoup trop dangereux pour une unité loin devant ses lignes. Mais il fit le choix d’entrer sous la tente.

Un spectacle pour le moins surprenant s’offrit à eux. Une sorte de sombre rituel était mené en ces lieux. Le Maître-Lame n’eut cependant guère le temps de s’en préoccuper, car les gardes s’avancèrent et ils furent pris dans un maillage apparemment invisible et dans un sort d’enlisement. Sale nuit.

"J’aurai dû mettre les voiles, ça ne me ressemble pas de faire du zèle."

Son premier réflexe fut de contacter Isyndar, mais il vit à travers les pensées de sa liée qu’elle avait fort à faire avec la Souveraine des nuées. Il n’était pas si mal loti que ça finalement. Un elfe mourut avant que les mages ne contrecarrent les effets d’enlisement et de maillage. Roëric ne savait pas comment, et il s’en moquait. Parce que dans le même temps, l’instigateur du sombre rituel annonça qu’il faisait ça pour nuire à Vraorg (ben voyons… et moi je suis boulanger pâtissier). Cette piètre diversion eut cependant l’effet de… Attends, attends, attends… Ce n’était pas la princesse Esmelda, ça ? Elle n’était pas censée être morte celle-là ? Décidément leurs espions ne valaient pas tripette. Et lui, là-bas ? Kylian ?

Sous les yeux éberlués d’un Roëric complètement perdu, son vieil ami attaqua le vampire organisateur du rituel (lequel devait être le fameux « Shadowsong »). Mais fut stoppé en pleine course (enfin stoppé, la rage destructrice qui animait l’ancien diplomate ne saurait être stoppée par quoique ce soit… disons freiné… légèrement…) par un mur, probablement un sort, lancé par Esmelda Kohan qui-n’était-pas-si-morte-que-ça. Enfin, pas encore, parce qu’ensuite, elle tomba dans les pommes.

C’était sûrement l’explication. Elle s’était aussi évanouie la première fois, et leurs imbéciles d’espions avaient cru à sa mort. Ca ne l’étonnerait qu’à moitié. Avec la chance qu’il avait, Lorenz Wintel allait bientôt sortir de sa tombe. Dommage, ça avait été la seule bonne nouvelle de ces dernières années. Son regard fit un nouveau tour d’horizon et il tomba sur une autre humaine. Complètement en décalage avec son environnement. Probablement l’instigatrice du sort d’enlisement. Un autre aurait attaqué pour tuer.

Bref. Les théocrates se rangèrent d’un côté et de l’autre et s’en suivit un joyeux boxon. Le commando de son côté, tenait l’entrée en se défendant, en attente des ordres du dragonnier. Leur regard à tous était éloquent : « laissons ces fous s’entretuer et fichons le camp ». Cependant, Roëric voulait le fin mot de l’histoire et surtout, il trouvait l’attitude de son ancien maître très étrange, voir dérangeante. Laisser l’amour de sa vie évanouie à même le sol pour aller jouer les fous furieux sanguinaires ?

Trop tard, il n’avait plus le temps, il devait agir. Il aboya quelques ordres juste avant de se mettre en mouvement.

Je m’occupe de Wallam, laissez le ritualiste ; capturez les deux humaines et fichez le camp.

Son corps se mit en mouvement, ses capacités guerrières et vampiriques lui permettant de se déplacer en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Un garde essaya de la stopper, il mourut, la gorge tranché, fauché en pleine course. Le Maître-Lame s’interposa entre Shadowsong et Kylian.

Rien n’arrêterait son ami, cela se lisait dans ses yeux à moitié fous. D’un geste souple, il para la lame du Sombre garde. Il ouvrit la bouche, mais la referma. Si Esmelda n’avait pas pu l’arrêter, rien ne le ferait. Son ancien ami était un mage très puissant, si le combat s’attardait, il perdrait. Il fallait en finir vite. Il ne devait pas hésiter. Hésiter c’était mourir. Tuer ou être tuer, combien d’horreurs avaient-on justifiées au nom de cette maxime ? Peu importe.

Le Maître-Lame feinta et abattit Sophia, l’épée noire. Ne pas réfléchir, agir, vite, et surtout, ne pas réfléchir.

Directives:

Une nuit claire au milieu d’un campement fourmillant de soldat. Un étrange lieu dans un étrange moment. Il n’aurait jamais cru possible pour un simple homme tel que lui de voir en une vie tant de chose incroyables. Les Grands Esprits, damnés par le Seigneur Blanc en parallèle à des marées de bipède se battant corps et âme pour défendre ce qui était pour eux, juste. En trois ans, il en avait vu des morts, plus que ce qu’un humain normal aurait dut voir. Et en cette soirée, avec autant d’âme l’entourant, il ne pouvait que se dire que peu d’entre eux verraient une nouvelle année passer. C’était étrange… Cette nuit, le Corbeau « fêterait » ses trente-quatre ans… Trente-quatre… Il avait peine à s’imaginé avoir passé les vingt premières… Et avait peine à s’imaginer en passer encore vingt autre… Et pourtant! Le voilà qui était ami avec l’un des plus puissant être du continent, serviteur du plus puissant être à avoir existé! Il se trouvait au centre du campement d’une armée titanesque! Et pourtant, il ne se sentait pas en sécurité… Il ne se sentait jamais en sécurité. La sécurité était une vague illusion, elle donnait plus la mort qu’elle l’épargnait, alors il serait dupe de la croire. Il était responsable de son existence à ce moment précis, il serait stupide de gaspiller de son attention pour un peu de sommeil, ou une distraction momentanée. Avec tout ce qui venait de se passer dans sa vie, il avait besoin de ne pas penser, justement…

Il était venu dans ce campement afin de parler de ses tourments, justement. Discuté avec Shadowsong des doutes qui lui minaient l’esprit. Mais ces derniers devaient attendre, car quelque chose de grand se préparait. Le chasseur n’avait pas été au clair des activités récente dans le royaume, et Merithyn lui avait fait un récapitulatif des plus troublant. Il lui avait également confié ses intentions, entre autre concernant Wintel et Kohan. Il ne tenait pas particulièrement à ces deux êtres, mais il ne pouvait nier leur importance certaine, qu’elle soit personnelle, ou cruciale à l’équilibre du continent. Étant un moins que rien en magie, ou plutôt, n’ayant aucune connaissance dans l’art de ressuscité les morts, le Corbeau avait trouvé un moyen de contribuer au bon déroulement de la cérémonie. Il gardait les lieux. Certes, il y avait des vampires sur les lieux par légion, il y avait des gardes d’élites qui patrouillaient les environs inlassablement. Mais il n’était pas le Corbeau. À sens égale à celui d’un vampire, le chasseur pouvait prétendre sans grande exagération qu’il pouvait mieux pister et traquer qu’une grande partie du peuple sanguinaire… Si l’on excluait leur avantage physique bien entendu. De son coté, accompagné de façon distant par sa chienne Diès et des airs par ses deux Corbeaux, Nox et Ergot, l’humain patrouillait subtilement le secteur. La Lune pouvait frapper aussi fortement qu’elle le voulait sur lui, il était plus ombre qu’ombre. Malgré son cœur battant, il balayait le campement comme le vent, discret et passif.

Le problème avec la dissimulation, c'était qu'au moment où une personne essaye trop de passer inaperçu, elle devient extrêmement tâche. Elle jure dans le décors, comme une tache sur une toile. Maintenant, il s'Agissait de repéré cette même tâche, ce qui n'était pas la chose la plus évidente, mais une fois faite, il était encore plus difficile de l'ignorer. Dans ce cas ci, il s'Agissait d'une tâche blanche sur fond blanc... Pratiquement impossible à distingué... Mais ce n'était pas la première toile que le chasseur contemplait. Ainsi, les yeux adroits du Corbeau perçurent l'anomalie plus loin devant lui dans le campement. Avec surprise, il constata, non sans une certaine admiration objective l'efficacité du détachement de soldats qui avança rapidement à l'intérieur de la zone interne du campement, le cœur du rassemblement, directement où la cérémonie avait lieux. Avec horreur, il réalisa l'objectif très probable de ce groupe de soldats et détalla prestement en leur direction. Il voyait déjà la scène dans sa tête; le rituel interrompue, les Hauts-Officiers supprimé, le chaos... Il songeait surtout à Merithyn et Cynoë plus que le reste... Cynoë! Tout en courant, il déposa l'un de ses doigts sur son front, ou plutôt sur son masque d'acier noir où une écaille couleur pourpre était enchâssé entre ses yeux. Il envoya sa magie contre l'objet draconique, de la même façon que Verith lui avait enseigné avec sa propre écaille. Cynoë serait avertie que quelque chose clochait, à temps si possible... C'est ce qu'espérait le Corbeau du moins...

Il ralentie sa course alors que les coups avaient débuté entre les gardes Théocrate. Sans hésité, le chasseur avait tirer l'une de ses flèches tordues contre l'un des guerriers Protégé, armé d'un arc, le tuant sur le coup en lui perçant le crane. À peine le corps avait-il touché le sol que déjà le Corbeau avait atteint l'intérieur de la tente et constaté le chaos qui y régnait. Kohan au sol, Wallam qui ordonnait la mise à mort de Merithyn. D'accords, la logique venait de tous les envoyer paitre joyeusement... Et ça ne s'Arrêtait pas là hein! Voilà que celui qui semblait mener la troupe de Protégé s'interposait entre le Vampire Théocrate et son ami, épée bien haute. Il allait stopper Kylian? Merithyn avait déjà aviser le Corbeau de ses intentions, faisait de ce dernier un complice de sa "traitrise"; et par extension, une cible de son propre camps à ce moment exacte... Il n'avait jamais prévu Trahir Vraorg, trop craintif de sa toute puissance, incapable de considéré être à nouveau torturé. Cependant, la loyauté qu'éprouvait le chasseur à l'égard du Grand Blanc et de son empire n'était rien face à son attachement pour l'ancien Baptistrel. Il laissa donc le Protégé s'interposé. Il venait de choisir son camp dans cette bataille.

La lame du Protégé laboura généreusement la chair de Wallam, faisant jaillir un flot de liquide sombre s'écoula lentement sur l'armure du Vampire Théocrate. Ce dernier tomba au sol, ce qui confirma la gravité des blessures que ce dernier venait de recevoir. Bien évidement, la Sombre Garde réagit aussitôt en se jetant sur l'agresseur. Le slames s'entrechoquèrent avec énergie et vitesse. L'inconnu se battait avec une fluidité et une puissance effrayante, parant avec aise les attaques pourtant très agressive des vampires de la Sombres Gardes. Enfin... "Avec aise"... Il devait certainement grincer des dents et faiblir rapidement, mais un bretteur de tiers inférieur aurait déjà été mis à mort face à pareil opposition. Malgré la confusion et la compréhension oscillante de la situation actuel, le chasseur de prime décida d'être de la partie. Ses cibles avaient changés, les agresseurs du Protégé allait sous peu le découvrir. Tant que les coups allaient fusé, le Corbeau ferait craquer la corde de son arc. Il ne savait pas totalement tout ce qui était en jeu, mais son objectif était clair: Protéger Merithyn.

Jet de dés : Saemon lutte quelques secondes contre les sombres gardes et risque une blessure.

Score de 4 à 10 : Saemon ne subit aucune blessure pendant ce cours laps de temps

Score 2 ou 3 : Saemon rate une parade et subit une blessure modérée à l'épaule (handicap léger pour le reste de la bataille)

Score 1 : Saemon rate une parade et subit une blessure grave à l'épaule (handicap lourd pour le reste de la bataille, bras immobilisé)

Le membre 'Lorenz Wintel' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Hasard' :
Partie 1, groupe 1 : remue ménage dans la tente du général TERMINE Das10

Résultat :
Partie 1, groupe 1 : remue ménage dans la tente du général TERMINE De1

Combien de temps avait-il passé dans le palais de Mort ? Il l'ignorait totalement, ça lui avait semblé court mais il était à peu près sur que le temps ne devait pas s'écouler de la même façon dans les différents plans. Peut-être que quelques secondes s'étaient passé dans le plan réel, ou bien peut-être allait-il s'apercevoir à son retour que des siècles entiers s'étaient écoulés et tout ce qu'il avait connu jusque là n'existait plus. Ambre... Il ne pensait qu'à elle, doutant fortement que la marque d'immortalité offerte par Vraorg puisse fonctionner encore maintenant que lui-même n'était plus utile au Blanc. Merithyn survivrait lui, difficilement mais il y parviendrait, néanmoins la présence de son frère ne serait pas suffisante pour lui donner une bonne raison de continuer à vivre dans un monde où il n'y aurait ni Ambre, ni Enelya. Alors il avait peur.

L'appel vint enfin, d'abord entendu par Esmelda qui disparu peu à peu de sa vue. Il était seul dans ce lieu sombre aux milles miroirs et il sentait la présence de Mort tout autour de lui. Il avait un choix... Un choix difficile car l'obscurité de la mort ne l'avait jamais effrayé. Combien de fois s'était-il estimé prêt à mourir si il le fallait et combien de fois n'était-il resté que parce qu'il avait encore des choses à accomplir ? C'était toujours le cas quand il y pensait, mais ses rêves de vengeance avaient été balayés par des événements trop incontrôlables pour qu'il puisse s'y opposer. Son chemin si simplement tracé était devenu tortueux, complexe, et il avait peu à peu perdu de vue ce pour quoi il se battait. Jusqu'à ce qu'ils apparaissent dans sa nuit. Merithyn... Ambre... Sa vengeance n'aurait pas suffit à le faire revenir, mais eux le pouvaient. Et c'est leurs voix qu'ils entendaient à travers la magie de l'appel. Très bien... Il signerait donc pour une troisième vie.

Il ignorait comment s'y prendre mais par chance les choses allèrent d'eux même. Dès lors qu'il eut prit sa décision et tourné le dos à l'oubli il s'aperçu que son corps se faisait moins palpable, moins présent dans le plan astral. Il retournait d'où il venait et ça... Faisait mal. Le point positif à devenir un ectoplasme c'était qu'on ne sentait plus son corps et qu'on pouvait aisément oublié les affres de la chair surtout lorsqu'on avait été tué par un sortilège douloureux couplé à un choc violent contre un mur. Il s'en rappelait à présent et le premier geste qu'il s'accorda lorsqu'il retrouva un certain contrôle sur ses muscles fut une crispation qui déforma ses traits. Il n'avait pas encore ouvert les yeux mais il sentait que ce qu'il allait voir n'allait pas lui plaire du tout...

Il retrouva le contrôle de son ouïe de façon très brutale et là encore ce ne fut pas agréable. Le silence bénit qui l'avait entouré jusque là éclata avec autant de délicatesse qu'un vitrail traversé par un rocher. Cris, gémissements, bruits de lutte... On se battait. L'odeur du sang l'assaillit très vite, humain et vampirique. Merithyn, Ambre... Le premier l'avait rappelé et la seconde était forcément présente. Cela couplé à ces bruits et à cette odeur lui donna très rapidement l'énergie pour ouvrir les yeux.

Le monde était flou, le monde était fou. Pas de doutes possible, il était bien de retour dans le monde réel... Son monde, Armanda. Sa vision s'éclaircit tandis que ses prunelles retrouvaient leur teinte teinte tranchante. Elles croisèrent d'abord le regard de Merithyn et s'y accrochèrent juste l'instant d'un échange intense. Il savait ce que son frère avait dû traverser depuis sa mort, il savait ce qu'il lui avait infligé en se condamnant ainsi sous ses yeux. A présent c'était terminé, il était de retour plus déterminé que jamais et nul ne se mettrait entre lui et ses objectifs. Le premier étant la protection des deux seuls êtres au monde qui lui étaient chers. Ambre fut la seconde personne à croiser l'éclat brûlant de ses prunelles et elles ne s'adoucirent que l'espace d'un instant de pure tendresse avant qu'il ne reporte toute sa terrible attention sur les différents combattants s'affrontant en ces lieux.

Wallam était à terre et couvert de sang, une scène plutôt satisfaisante si il s'appuyait sur son seul ressentit mais peut-être pas tant que ça si il prenait en compte l'alliance contractée dans le plan astral. Encore une... Une nouvelle fois il était forcé de se considérer dans le même camp que cet avorton qu'il n'aurait eu aucun scrupules à achever dans la minute si il l'avait pu. Voilà qui était frustrant, mais il fallait croire qu'il était né avec le mot frustration gravé sur chaque centimètre carré de sa peau. Chassant tout ceci de sa tête afin de s'éclaircir l'esprit il chercha à déterminer ce qui avait bien pu mettre ce cher renégat dans cet état et ne pu que froncer les sourcils avec pas mal de perplexité en s'apercevant que ce n'était ni plus ni moins que Roëric qui se tenait face à lui, l'épée encore souillée. Tiens donc ? Une dispute de vieux couple ? Bon il fallait dire que ces deux là étaient séparés depuis un bail mais de là à ce que l'un des deux assassine l'autre... Enfin soit, il n'avait de toutes façons pas le temps de trop réfléchir. Les Protégés sans doute menés par l'assassin en question cherchaient à en décapiter un autre, un certain... Samon ? Semaon ? Enfin bref celui qu'il connaissait comme étant un chasseur de tête. Le dragon d'Esmelda se trouvait là aussi, et c'est à lui que l'ancestral s'adressa soudainement :

"Emmène la loin. Vite. Et prends-y garde, je ne te la ramènerais pas deux fois."

Tout comme il ne tenait pas non plus à devoir aller chercher Ambre même si ce serait pour la première fois. D'une seule enjambée il fut près d'elle, la serrant brièvement contre lui pour mieux murmurer à son oreille :

"Pars avec eux, la princesse aura très certainement besoin de tes soins et le dragon de tes conseils. Réfugiez vous dans le désert profond, elle t'expliquera à son réveil ce que vous devez y chercher en attendant que je vous retrouve."

Il n'y avait pas de temps à perdre. Le désert était immense et il ignorait totalement comment ils allaient pouvoir se débrouiller pour localiser les galeries de Maëline. De plus il lui offrait ainsi une raison de ne pas se rendre directement chez les Protégés et donc d'éviter d'être éventuellement prise en otage ou utilisée d'une manière ou d'une autre contre lui. Esmelda n'aurait pas d'autre choix que d'approuver une fois réveillée, elle savait elle aussi à quel point il était urgent de trouver ces galeries. Ceci étant fait il s'apprêta à appeler sa magie sans trop savoir comment il allait pouvoir agir. Il n'était plus soumit à la marque, c'était un fait indéniable mais les combattants présents étaient encore nombreux à l'être et il doutait de pouvoir y faire grand chose. Agaçé par son indécision, il fit ce dont il n'avait absolument pas l'habitude, il pria ou s'adressa du moins directement aux Esprits et plus particulièrement à Mort :

*Si tu attend quelque chose de moi, il va falloir agir...*

Il avait pensé ainsi par réflexe sans se douter un seul instant qu'il déclencherait quelque chose. Le tonnerre explosa si soudainement et si fortement qu'il cru que l'éclair qui les illumina aussitôt était tombé directement sur la tente. Si ce n'était le cas alors il n'avait vraiment pas dû tomber loin... Le vacarme d'une pluie battante vint couvrir celui des combats et ses sens magiques l'avertirent que quelque chose se passait. Mort était là... L'effleurant sans lui parler comme pour lui rappeler qu'il l'avait déjà délivré de sa marque ainsi qu'Esmelda et qu'il n'avait donc rien de plus à lui offrir mais ses frères et même sa soeur étaient là aussi et même si ils restèrent invisibles chacun d'entre eux fit un geste :

Mort a libéré Esmelda et Lorenz, ils n'ont plus de marque

Terre libère son héraut Cynoë. Le dragon pourra désormais résister aux ordres (même directs) de Vraorg.

Feu libère son héraut Merithyn, il n'a plus de marque

Océan libère son héraut Kylian, il n'a plus de marque

Vent libère son héraut Saemon, il n'a plus de marque

Végétal a déjà libéré son héraut Veren

Néant propose un marché à Alford (voir groupe 3), il sera libéré en échange d'un sacrifice

Note : certains Esprits s'adresseront en privé à leur Héraut plus tard. Les concernés recevront les informations liées à cet événement lorsque le moment sera venu. Pour le moment ils sont simplement délivrés.

Certains hérauts furent plus qu'effleurés, Lorenz le sentit très clairement mais il ne pouvait entendre ce que chacun Esprit confia à son élu. Lui savait parfaitement ce que Mort attendait aussi n'hésita-t-il pas :

"Toi, tu mourra un autre jour."

L'ordre impérieux s'était adressé à Kylian qui ne l'entendit sans doute qu'à moitié, trop occupé qu'il était à agoniser sur le sol. Qu'importait, l'ancestral l'avait déjà attrapé sans ménagement par ses vêtements poisseux et c'est sans plus de douceur qu'il posa sa main directement sur la blessure béante. Une horrible odeur de chair brûlée s'éleva aussitôt en même temps qu'un grésillement et que les témoignages auditifs de la souffrance de son "patient" mais les effets étaient là. L'instant d'après il ne restait plus de la blessure qu'une horrible cicatrice boursoufflée dont il jeta le propriétaire dans les bras de Roëric. Qu'il le retue si il voulait mais sans doute serait-il assez patient pour attendre qu'il réémerge ne serait-ce que pour savoir dans quel camp il se situait maintenant qu'il n'avait plus sa marque. Pour sa part, le choix était très simple et il le proclama sans la moindre hésitation aux Protégés présents :

"Je ne suis pas un Théocrate. Et je sais comment tuer Vraorg."

La révélation était une vraie bombe qui fit évidemment réagir les Sombres Gardes encore liés au Blanc très violemment. Le moment était venu pour ceux qui le pouvaient de faire un choix, lui n'avait qu'à peine besoin de croiser le regard de Merithyn pour savoir que celui-ci serait plus que satisfait de ne plus suivre les ordres du dragon albinos. Il lui laissa la gestion du chasseur de prime dont le choix était encore incertain, lui se concentrant sur les sombres gardes qui se jetaient sur eux. Ce faisant, il reprit pour le meneur des Protégés :

"Je ne suis pas ton allié Alokor, mais nous avons un ennemi commun."

Le début de sa phrase était même un euphémisme, il baignerait ses mains jusqu'aux coudes dans le sang du rebelle avec une joie malsaine mais détruire Vraorg était une priorité et il savait que ce vampire pourrait être un soutien de choix dans cette lutte. Aspiré par les aléas du combat, il nota du coin de l'oeil que Wallam venait de reprendre connaissance et semblait très... Perturbé ? Qu'est-ce que les Esprits avaient bien pu lui dire ? L'orage à nouveau gronda, trop violent pour ne pas être provoqué par "Eux" et il dû faire apparaître ses lames afin d'en bloquer une autre qui le menaçait. Les Sombres Gardes d'abord, ensuite il lui faudrait rassembler les vampires qui n'étaient pas assujettit à Vraorg afin de renverser le cours de la bataille.

Mille et une sensations envahirent d'un coup les sens de l'Améthyste, arrivant aussi soudainement que les premiers combats se dévoilèrent. La magie intense du rituel avait atteint son paroxysme pour appeler à son tour Lorenz d'entre les mains de Mort. D'autres sorts avaient été lancés... Tout cela frémissait le long des écailles de l'échine de Cynoë. Mais il ne le visait pas lui. Tout était fait pour protéger le ritualiste jusqu'au retour du Prince Noir.

Là où le dragon avait presque exigé de la part de Kylian de protéger la jeune princesse revenue à la vie, celui-ci avait viré dans la rage et la colère devant la révélation de son allégeance. Devenu subitement fou, il avait fait un bond en avant pour occire celui qui était devenu non pas le responsable du retour à la vie de sa bien-aimé, mais le traître. Cynoë ravala un grondement de dépit et de colère en voyant le vampire faire. Mais comme si la chance était de son côté, un des Protégés prit les devants bien avant lui. Cynoë le reconnut par un vague souvenir quand il était encore dans son oeuf : le lié de sa Mère-Dragon. Le nom lui échappait encore, mais en le voyant décocher un redoutable coup à Kylian, il comprit que le Maître-Lame s'était rangé du côté de Shadowsong. Sans doute que les paroles de ce dernier n'avaient pas été si anodine que cela... Le sang avait en tout cas éclaboussé dans les airs.

Les crocs révélés par la rehausse de ses lèvres écailleuses pour laisser exprimer un grondement sourd et dangereux, le jeune saurien n'avait pas attendu que Roëric donne l'ordre à ses hommes d'aller capturer les deux jeunes femmes, à savoir Esmelda et Ambre. Son long corps serpentin aux reflets héliotrope générés par les lumières présentes dans la tente s'interposa entre le vampire, sa liée et Ambre. De la fumée sortit d'entre ses dents pointues, par les faibles interstices qu'elles offraient dans leur chevauchements.

°Laisse ma liée, Lié d'Isyndar. Elle est mienne et personne ne posera ses mains sur elle. Je m'en voudrai affreusement de devoir agir contre toi.... °

Au plus profond de lui, il savait que Roëric aurait kidnapper Esmelda pour la mettre hors de portée des sbires de Vraorg. Mais il ne l'avait pas retrouvé pour la perdre à nouveau. Pas déjà. Il regarda brièvement Kylian qui baignait dans son sang. Il était presque heureux que sa liée ne voie pas cela... Un mouvement non loin de lui lui rappela la présence d'Ombre. Dans la confusion, il avait senti quelque chose lié à ce qu'il lui avait offert. Mais tout avait été si vite. A le voir, il avait craint de le voir se jeter aussi dans la bataille, mais à voir sa posture et sa position.... Il protégeait lui aussi Merithyn ? Il lui envoya une sensation, qui était proche de l'encouragement... ou alors était-ce de la reconnaissance ? Peut-être les deux. Dans la confusion et le drame qui se déroulaient sous ses yeux, il était difficile d'exprimer avec précision certains ressentis. Majoritairement, il se souciait de protéger sa liée et rien d'autres. Cracher le feu sur les Protégés serait l'ultime solution si jamais les choses dégénérait. Cynoë ne voudrait pas y arriver. Rien que cette ultime possibilité lui broyait les entrailles. Puis la magie fit frémir encore ses écailles. Lorenz venait de revenir à la vie.

Le temps qu'il reprenne ses esprits, Cynoë avait reculé de quelques pas pour se rapprocher de sa liée. Maintenant que le prince vampire était revenu d'entre les morts, seule comptait sa liée. Ses ailes frémissaient déjà de s'ouvrir et bondir hors de toute ce chaos avec Esmelda. Merithyn avait fait sa part, lui aussi. Eux deux avaient récupéré ce qui qui leur était cher. Maintenant, protéger sa liée était son seul but.

Un grondement répondit à l'injonction de Lorenz. Bien entendu qu'il allait l'emporter ! Là il aurait pu décoller immédiatement, mais il y avait Ambre à emporter loin d'ici. Lorenz voulait l'éloigner d'ici. Le dragon ne pourra pas refuser. Dans un sens, il lui devait bien cela. Esmelda avait péri, mais le Prince Vampire avait bien préparé.

Sans attendre un autre et quelconque avis, il prit délicatement dans son antérieur droit, glissant ses griffes sous son dos sans la blesser et lui fit quitter le sol avec la même douceur. Déjà il se retourna pour partir à l'opposé des ennemis ou des adversaire. Sa queue fouetta l'air. Mégarde à qui pourrait s'en prendre l'extrémité fouettante. Du bout du museau, il poussa gentiment Ambre pour la faire sortir de la tente. Moins ils perdraient de temps et plus leurs chances de se sauver indemnes seront grandes.

Dès que ses ailes furent hors de la grande tente, ses ailes se déployèrent à leur maximum, claquant dans les airs comme une ultime menace aux possibles bipèdes qui seraient trop proche de lui. Soudain, quelque chose d'autres détonna dans les airs, tel un éclair qui serait tombé à proximité. Le dragon perçut quelque chose, une magie forte et très intense, avec une forte présence. Son esprit savait de quoi il en retournait, mais sa volonté se raccrochait à sa liée toujours inconsciente, qu'il protégeait contre son poitrail cuirassé. Puis sans demander l'avis de Ambre, il l'attrapa dans son autre antérieur.

°Je te tiendrai et ne te lâcherai pas. Tu peux avoir confiance. Lorenz tient à toi, comme moi je tiens à ma liée...°

Ses pensées avaient été énoncées très vivement et d'un bond, il décolla, des battements puissants et furieux imposant un décollage rapide et déjà il monta en altitude. Partir loin d'ici et dans le désert profond, voilà son objectif. Loin des théocrates, loin de la haine vengeresse de Vraorg. Au plus profond de son esprit, il savait que le Blanc ne pourrait pas l'atteindre. Et avant qu'il ne soit trop haut et trop loin de la tente qui devenait à chaque seconde de plus en plus petite au fur et à mesure qu'il s'éloignait, il avait eu le temps de percevoir les paroles de Lorenz... Kilian ne mourra donc pas aujourd'hui qu'il avait dit ? Bien, au moins, sa liée à son éveil pourra être au moins rassurée sur le sort de son bien-aimée. Puis avant de prendre la direction du désert profond, il s'adressa à Ambre, autant pour la rassurer sur ses attentions que pour ce qui allait advenir de sa position inconfortable.

°Dès que nous serons suffisamment loin de ce chaos, je me poserai dans un lieu sûr pour que tu puisses t'installer sur mon dos. Je te confierai ma liée pour qu'elle soit mieux elle aussi. Surtout dans son état.....°

Oui le dragon avait senti quelque chose en elle de nouveau et de changé....

[HRP : Et voilà comment un dragon kidnapper deux jeunes ~~vierges~~ dames pour les mener dans un autre endroit. J'ouvrirai le topic là où c'est prévu demain (normalement Wink

)]

Il lui était reconnaissant. Vraiment, sincèrement reconnaissant. Et pourtant, le seul sentiment qu'il était capable d'éprouver à son égard n'était qu'une haine aveugle et meurtrière. Peu lui importait s'il en mourrait, peu lui importait même d'avoir abandonné son aimée pour se jeter vers celui qui avait proclamé son intention de défaire Vraorg. Quel qu'en soit le prix, quelles qu'en soient les conséquences, il était incapable de retenir son bras, il devait absolument plonger sa lame dans le coeur mort du petit ancestral. Car jamais à ce jour Kylian n'avait éprouvé besoin plus impérieux de tuer, la terrible et insatiable soif de sang propre à ceux de son espèce elle-même ne paraissait plus guère qu'un caprice passager en comparaison du désir viscéral qui l'étreignait alors. Un premier choc impalpable vint cependant briser son élan premier et empêcha sa lame d'atteindre Merithyn, mais la magie de ce rempart dressé devant lui par nulle autre que la princesse céda presque aussitôt et le vampire poursuivit son assaut sans même se retourner. Le pouvoir de la marque était tel qu'il étouffa sans mal les inquiétudes que l'ancien renégat ne manqua pas éprouver vis-à-vis des conséquences pour la jeune femme, mais il devait d'abord tuer. Tuer le traître. Tuer Merithyn. Protéger Vraorg ou mourir en accomplissant la volonté du maître, la marque le lui dictait, la marque le lui imposait. Et quiconque essaierait de l'en empêcher subirait le même sort, y compris si celui qui se dressait devant lui n'était autre qu'un vieil ami semblant choisir cet instant pour surgir du passé.

« Roëric ?! »

Oui, c'était bien la lame de son ancien camarade d'infortune qui venait de détourner la trajectoire de son épée de dragonnier, lui interdisant de trancher la tête du vampire toujours plongé dans son rituel. Quelques secondes encore et l'ancestral aurait accompli son oeuvre, Lorenz reviendrait à la vie et la suprématie de Vraorg serait menacée, Merithyn l'avait affirmé. Cela ne devait pas arriver, le commandant de la Sombre Garde ne pouvait le permettre et c'est animé de cette seule pensée qu'il se fendit vers l'avant pour laisser l'épée damnée accomplir son oeuvre. Mais là où Kylian avait estimé pouvoir atteindre sa cible, sa lame ne trouva que de l'air : mystifiée par l'adresse de son adversaire, son attaque n'eut pour seul effet que d'ouvrir une faille dans sa propre défense, coûteuse erreur qui lui apparut à l'instant même où une vive douleur venait lui transpercer le corps. Un âpre goût de sang emplit alors sa bouche, s'écoulant au coin de ses lèvres tandis qu'il sentait ses forces fondre comme neige sous le feu d'un dragon. Une gêne dans sa posture lui fit comprendre qu'une lame s'était invitée entre ses côtes, à la faveur d'une faiblesse de son armure que la précision et la force de son adversaire étaient parvenues à exploiter. Son regard s'écarquilla brièvement puis se voila, ses lèvres ne laissant échapper qu'un souffle rauque avant qu'il ne s'effondre purement et simplement vers la noirceur de l'inconscience :

« Merci... »

Dommage que ce soit à quelques secondes d'avoir retrouvé son aimée qu'il eut à rejoindre Mort lui aussi, mais sans doute était-ce mieux ainsi. Toutefois, en lieu et place de l'esprit de la Mort qu'il s'était attendu à rencontrer, ce fut Océan qui lui apparut dans une vision semblable à celle qu'il avait pu avoir dans les profondeurs d'Armanda, quelques trois années plus tôt. Kylian se vit alors projeté bien loin du campement théocrate au milieu duquel il se vidait de son sang, pour s'éveiller sur un promontoire rocheux faisant face à l'océan rageur, royaume de l'esprit qui l'avait désigné pour le servir. Pas un mot, pas un bruit sinon celui des vagues. Puis le grondement d'une vague en particulier, celui de l'énorme raz-de-marée qui s'éleva soudain dans le lointain pour se diriger dans sa direction, se gonflant d'écume rugissante à chaque mètre parcouru pour se dresser de plus en plus haut avant de finalement laisser déferler ses innombrables mètres cubes d'eau sur la frêle silhouette du vampire, le plongeant dans un noir absolu.

Une voix lui fit alors savoir qu'il mourrait un autre jour, mais cette voix ne pouvait être celle d'un Esprit, elle n'était pas assez pure pour cela, cette voix ressemblait plutôt à celle de ... Lorenz ! La révélation coïncida avec l'atroce souffrance que répandit la brûlure dont le prince revenu d'entre les morts usa pour cautériser la plaie de son ennemi de toujours. Brutal et douloureux retour à la réalité qui ne manqua par arracher un hurlement au commandant des Sombres Gardes, lequel n'en récupéra que d'autant plus difficilement ses facultés. Kylian eut un mouvement de recul instinctif en s'éveillant, cherchant à s'éloigner de celui à qui il devait d'avoir été blessé autant que de celui auquel il devait d'avoir été soigné. Sa main vint naturellement se porter à l'endroit de sa blessure et il grimaça lorsque ses doigts effleurèrent la cicatrice encore chaude et que l'odeur de sa propre chair carbonisée atteignit ses narines. On s'était battu autour de lui, on se battait encore d'ailleurs, mais sa première pensée à peu près construite fut tournée vers Lorenz. Le prince vampirique venait d'affirmer savoir comment tuer Vraorg et... il avait pu l'écouter sans ressentir le besoin impérieux de lui sauter à la gorge ? A travers la brume de sa conscience fraîchement retrouvée, Kylian dirigea son regard vers les visages de Merithyn puis Roëric et constata sans comprendre exactement comment ni pourquoi sa haine à leur égard s'était éteinte. Il n'éprouvait plus cette irrépressible envie de les tuer. Toutefois, encore fallait-il à présent qu'il sache vers qui son épée devait se tourner, les Protégés ? Les Théocrates ? Etait-il encore le commandant des Sombres Gardes ou était-il leur ennemi ? Il ne savait pas, il ne savait plus, mais une autre pensée interpella brutalement son esprit : où donc était Esmelda, comment se portait-elle et pourquoi ne voyait-il plus Cynoë ?

Beaucoup de questions, et bien peu de temps pour en trouver les réponses car déjà, une autre sensation s'invitait dans les pensées du vampire encore profondément perturbé par ce qu'il venait de vivre : Skade arrivait ! Il venait de sentir la présence toute proche de sa liée, une fraction de seconde avant qu'un terrible rugissement ne vint faire vibrer l'air de la tente. Un grondement sourd secoua soudain le sol, puis la tente qui les surplombait s'envola brutalement, arrachée d'un seul coup des énormes griffes de sa liée furieuse qu'on ait attenté à la vie de son dragonnier. L'irruption de la Mère des Tempêtes eut cependant l'avantage de laisser flotter quelques instants d'incertitude, aucun des belligérants ne souhaitant se risquer à esquisser le moindre geste avant de savoir vers qui se tournait le courroux de la dragonne millénaire. Kylian pour sa part vint immédiatement blottir son esprit contre celui de l'écailleuse afin de lui assurer qu'il se portait bien ou du moins, qu'il n'était pas aussi mal en point que sa liée avait pu le redouter. Les vents et la pluie battante de l'orage qui se déversait sur eux furent même particulièrement bienvenus sur le visage du dragonnier, l'aidant à se revigorer. Sinon apaisée, au moins soulagée de savoir son lié en vie, l'écailleuse lui fit connaître l'ampleur de la bataille qui se jouait non loin de là et s'empressa de le convaincre qu'il était plus que temps pour eux de se ranger du côté des Protégés. Peut-être bien. Kylian n'oubliait pas ses griefs à l'encontre de Mort et de ses frères, mais à défaut de véritablement soutenir les Esprits, il ne servirait certainement plus Vraorg. Plus de cette façon.

Son attention se tourna finalement vers Roëric et Lorenz, éludant volontairement le fait que son allié avait tenté de le tuer tandis que son ennemi lui avait sauvé la vie :

« Je crains que les explications ne doivent attendre, la bataille est loin d'être terminée et les Théocrates n'ont pas encore abattu leurs dernières cartes. Mais ça me fait plaisir de te revoir... »

Il n'eut guère l'opportunité de préciser à qui cette dernière phrase était vraiment destinée, car les marques d'allégeance scellèrent brutalement les destins de leurs porteurs, incitant ces derniers à rompre la trêve que l'intervention de la dragonne avait brièvement installée : la trahison de leur commandant n'était pas une chose qu'il leur était permis de tolérer.

Pas le temps de réfléchir, pas le temps de penser à quoique ce soit. Comme le fait d'avoir tranché l'un de ses plus vieux amis et ce, sans une once d'hésitation. Faut dire que Kylian n'était pas le genre d'adversaire face auquel on pouvait se permettre d'hésiter. De toute manière, à peine son forfait perpétré que toute la Sombre Garde lui tombait dessus. Une bonne distraction. Ça lui évitait de songer à son ancien maître agonisant devant lui.

Pour Roëric Alokor, la suite ne fut que confusion, parade, esquive et contre-attaque. Il se passa sans doute bien des choses non loin de lui, mais il ne pouvait pas se permettre d'être divertit. Individuellement, ses adversaires lui étaient sans doute inférieur, mais pris à plusieurs l'affaire se corsait dangereusement. Et ce n'était rien de le dire. Il s'agissait maintenant de rester en vie. L'instinct reprenant le dessus.

Quand il se fut finalement débarrassé des gardes qui l'entourait. Ce fut pour assister à une scène qui le fit sérieusement douter de sa santé mentale, voir de sa survie. Peut-être était-il en train de mourir et qu'il s'agissait là d'une hallucination haute en couleur; dernier râle d'un esprit sur le point de s'éteindre. Lorenz revenant des morts, se rangeant de leur côté, sauvant la vie de Kylian...

Ben voyons !

Il réceptionna son ami trop choqué pour se demander ce qu'il allait en faire. Rien ne lui disait que la folie l'eut quitté après tout. Dans cette hallucination (très réaliste il fallait l'avouer), voilà que le Prince noir se transformait en héros, rejoignait les bons avec en bonus le moyen de tuer Vraorg. Plutôt confus, bon d'accord ; nageant en pleine confusion, le vampire ne remarqua même pas que le dragon et les deux humains s'étaient fait la malle. A sa décharge, ça n'avait plus grande importance.

Pour en ajouter à la folie ambiante, Kylian s'éveilla et semblait aller beaucoup mieux. Dans tous les sens du terme. Mais c'était peut-être la culpabilité qui parlait.

Peu importe, il fallait régler le problème des Sombre Gardes. Définitivement. Laissant Kylian se porter tout seul, le Maître-Lame se regroupa avec les quatre survivants de son commando. Le combat eut été difficile sans l'appui bien utile des tournes-casaques. Rapidement, il y eut plus de morts que de vivants sous cette fichue tente (sans mauvais jeu de mots).

Une fois la situation sous contrôle, Roëric répondit à son vieil ami.

Ça me fait plaisir moi aussi. Bon, la tête de l'ennemi a été coupée... Enfin, plus ou moins. Mais la bataille n'est pas terminée. Je prends le commandement.

Il posa un regard rien de moins suspicieux sur le Prince noir. Lorenz, Kylian, Merithyn...

Vous vous êtes fait une sacré réputation (bel euphémisme), mieux vaut que vous restiez à mes côtés... Pour éviter tout malentendu.

Douleur-

Il s’était expliqué mainte et mainte fois à diverse âme : il n’était pas un combattant. Le Corbeau était un chasseur, anciennement un assassin. Sa force résidait dans la surprise, dans la supériorité apportée par les ombres et la vitesse. Bien dissimulé, aucune cible ne pouvait espérer échapper au sinistre traqueur. Mais ainsi à la vue de tous, entouré en majorité par des vampires aux talents martiaux redoutables, il était aussi menaçant qu’un agneau estropié. C’est ainsi que face à la lame qui s’abattit vers lui, il ne put rien faire, sinon tenter d’esquiver le coup. Le vampire qui l’avait ainsi agressé avait visé sa tête dans une grande tranche verticale, mais ce fut l’épaule droite du Corbeau qui encaissa la lame.

Son épaulette fut tranchée nette, retenant une fraction du coup. Puis ce fut son armure sous l’épaulette qui céda, suivit du mince tissu qui couvrait sa peau. Son épiderme fut séparé violemment, sa chaire également. Le sang fusa. Le coup stoppa net lorsqu’il atteignit l’os dans un choc brutal. Le chasseur tomba sous la frappe agressive de son assaillant. Le monde tournait autour de lui. Les cris fusaient, la douleur était à peine supportable. Son bras ne répondait plus à sa volonté. Il se recula à même le sol, s’éloignant maladroitement du combat qui continuait sous la tente. Son assaillant avait été fauché devant lui, mais d’autre pouvait toujours s’intéressé à lui. Il devait faire vite. Sa main valide lâcha son arc et fouilla dans son sac à potion. Il en sortie sa potion de cicatrisation forte et la but entièrement. La blessure était importante, ces soins ne suffiraient très probablement pas, mais cela suffirait sans doute à le garder en vie le temps qui s’éclipse.

Libération-

Lorenz Wintel était de nouveau parmi les vivants, enfin, dans un certain sens, considérant qu’il était un vampire. Il était donc moins mort… En quelque sorte… Mais le chasseur n’avait pas le temps de s’attarder à la structure de sa pensée. Il sentait une brise contre sa peau, une brise étrange, comme une caresse passant à travers son être en entier. Il reconnaissait cette présence, il l’avait ressenti trois ans plus tôt, au fin fond du monde; Le Grand Esprit du Vent… Sa nuque fourmillait, alors que l’air qui le transperçait semblait s’estomper doucement. Il se sentait léger, curieusement calme au vu de la situation actuelle. Son épaule était douloureuse, mais les hormones de l’homme s’occupaient d’engourdir partiellement le mal le temps de l’affrontement. Cette intervention était inattendue, étrange et confuse. La haine que le Corbeau portait habituellement au Grand Esprits depuis quelque année n’était pas présente dans cette scène. La brise l’avait balayé…

Il se releva lentement. Peut-être était-ce son humanité, ou alors sa blessure, mais sa présence n’était pas une menace apparente pour ses ennemis du moment. Les Protégés et les Traitre de la Théocratie s’entretuaient toujours, les corps s’accumulaient. Tous autours, les cris et les bruits de batailles rageaient dans toutes les directions. Une autre Aube rouge allait se lever suite à cet affrontement … Cynoë avait disparu, Kylian était debout, tout comme Lorenz Wintel. Les deux humaines n’étaient plus là. Le quatuor de Vampires se détachait facilement des rares survivants de l’affrontement. Ils semblaient s’entendre, aussi étrange cela pouvait-il sembler. Dans le décor, le chasseur se sentait tache. Face à autant de redoutable guerrier vampirique, il ne servait à rien. Marque de Vraorg ou non, il avait été fauché à la première attaque. Son handicape l’empêchait de se servir de Murmure. Un archer sans flèche… Il n’avait pas sa place sur ce champ de bataille…

Peur-

Sa conversation avec Alford lui revint en tête. Il avait tout deux discuté quelque mois plus tôt qu’un jour, peut-être, ils verraient ensemble une opportunité de se libérer des tourments affligé par le Seigneur Blanc. Gorder avait prié le Corbeau que lorsque le moment arriverait, il devrait faire le bon choix. À l’instant présent, sous la tente jonchée de cadavre, le sombre oiseau devait trancher. Il avait peur, et c’était là un euphémisme. En réalité, il était terrorisé par la variété de sort horrible que Vraorg pouvait bien réserver à un traitre. Mais en même temps, s’Il lui restait fidèle alors que tous lui tournait le dos, il avait autant de chance d’être promut, voir employé pour exécuter des tâches d’ampleurs inégale à tout ce qu’il avait bien put réaliser au cours des trois dernière années. Les paroles de Cynoë lui revinrent en tête, ainsi que sa discussion avec l’Épervier… Et la haine dans les yeux de Summer… Non… La première fois, il avait plié le genou par peur et par lâcheté. Il avait égoïstement préféré vivre plutôt que de tenir tête à cet être effroyable. Il n’allait pas répéter pareil erreur de sitôt. Il était déjà un traitre de la Théocratie, et c’est en prenant son courage à deux mains qu’il le resterait.

Une poignée de guerrier, le Vampire Protégé, Merithyn, Wintel et Wallam… Ensemble, ils quittèrent la tente. En silence, le Corbeau les suivait, pareil à l’Ombre qu’il avait un jour été. Ergot, Nox et Diès le rejoignirent bien assez rapidement malgré la masse. Le chasseur avait serré son arc, inutile pour le moment, et gardait sa main gauche sur ses plumes d’Acier, prêt à fendre l’air de ses lames. Là où les cries fusaient plus fort que jamais, le petits groupes s’y dirigeait sans crainte apparente. Le cœur de la bataille était leur destination, le noyau sanglant des lames qui dansaient au claire de la lune pâle.

( HRP :Conformément à mes instructions, je conclue donc ce rp. Smile

)

RP terminé !

Merci aux participants qui ont tenu le choc en dépit de tous les événements. Le jet de dés récompense ne couvrira que Cynoë, Esmelda et Ambre dans ce sujet (les autres seront intégrés dans le sujet du groupe 3 puisqu'ils l'ont rejoint). Bonne chance à vous trois !

Dés 1 : Cynoë
Dés 2 : Esmelda
Dés 3 : Ambre

Note : ce rp a été rajouté à la chronologie, la distribution d'xp se fera tout à la fin pour tout le monde.

Le membre 'Lorenz Wintel' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

#1 'Récompense' :
Partie 1, groupe 1 : remue ménage dans la tente du général TERMINE 300929200PR

Partie 1, groupe 1 : remue ménage dans la tente du général TERMINE 300929200PR

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#2 'Récompense' :
Partie 1, groupe 1 : remue ménage dans la tente du général TERMINE 810342lment

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#3 'Récompense' :
Partie 1, groupe 1 : remue ménage dans la tente du général TERMINE 638410217790200Po

Récompenses distribués à Ambre et Cynoë par Lorenz. Esmelda tu peux rajouter ta fleur élémentaire à ton inventaire (ou bien l'utiliser directement) =)

» Partie 1, groupe 2 : tomber sur un os ou s'étrangler avec TERMINE
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