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Murmures entre les livres [Kalyna]

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MessageSujet: Murmures entre les livres [Kalyna] Murmures entre les livres [Kalyna] Icon_minitimeDim 19 Juil 2015 - 14:04

20 février

La plume griffait le papier en lignes élégantes, traçant les courbes d’une écriture fine et féminine. Petit à petit, la page se noircissait, les mots s’alignaient, les phrases se complétaient. Nul besoin de grand-chose pour cela. Un peu d’encre et un papier pour absorber les possibles tâches, cela suffisait amplement. Au-dessus du carnet, une main blanche, petite, aux doigts délicats, qui s’activait à ce labeur. Et, encore un peu plus haut, un visage pâle et lisse, statue impassible penchée sur son ouvrage. Seuls les yeux dénotaient dans ce tableau paisible. Bleu, clairs, ils luisaient de chagrin, semblant prêts à déverser leurs eaux à tout instant. Et pourtant, ils ne bougeaient pas si ce n’étaient pour se fermer et se rouvrir, rapidement, et suivre le tracé des écrits. Etrange vision. Mais pour ceux qui connaissaient ce jeune cœur déjà endeuillé, il ne s’agissait que de logique. Vingt-cinq ans et déjà veuve. Elle n’était certainement pas la seule, les temps n’étaient guère aux réjouissances et les cadavres n’étaient que trop dangereux ; mais pour une fois, la jeune fille s’en moquait. Elle ne songeait, en cet instant précis, qu’à cet écrit qui l’occupait. Une sixaine de jours, déjà. C’était à la fois tant et si peu. Lorenz lui manquait, plus qu’elle ne l’aurait jamais imaginé. Mais elle ne s’était pas effondrée. A continuer à vivre, s’activant plus que jamais. Avant tout cela, elle ne sortait guère du palais, accompagnant parfois Esmelda mais préférant soigner ceux qui se trouvaient dans l’enceinte même de l’ignoble bâtisse. A présent que même elle n’était plus, elle partageait son temps entre les deux lieux. Ne dormant que quelques heures, se nourrissant rapidement. Lorsqu’elle n’était ni à ses potions, ni à ses malades et blessées, elle s’occupait de Valen, surveillé le reste du temps par les domestiques de la jeune femme. Et quand le garconnet n’était pas au centre de son attention, elle s’enfermait dans la bibliothèque, plongée dans les livres d’Histoire. Petit à petit, elle retraçait les évènements les plus importants que les récits offraient pour les compiler dans ses propres recueils alors vierges de toute annotation, se créant une frise historique plus simple que les énormes ouvrages qu’elle avait face à elle.

Se reculant sur sa chaise, Ambre observa avec intérêt la gravure qu’elle avait devant elle. L’auteur avait un talent évident, les émotions de ses personnages semblant vivre hors de ses pages. A moins qu’elle ne soit simplement plus réceptive à tout cela. Passant délicatement un doigt fin sur l’œuvre, elle ferma les yeux pour en apprécier le trait, se laissant guider par les lignes et spirales qui la composaient. Qui était cet homme, cet artiste ? Quelle avait été sa vie ? Sa mort ? Qui avait pleuré pour lui à cet instant fatidique ? Quels regrets avait-il abandonné derrière lui, quelle famille avait maudit la cause de ce trépas ? A moins qu’il ne fut solitaire, à cet instant, observant la vie d’autrui, le changement du monde qui se construisait petit à petit autour de lui, sans réellement y participer ? Avait-il été comédien ou simplement spectateur de ces bouleversements ? A quoi avait-il songé, à cette époque ? Rouvrant les yeux, la demoiselle appuya le bout des doigts sur le rebord de table avant de forcer un peu dessus, s’étirant doucement les phalanges endolories. Elle observa avec attention son travail, reportant son attention sur la pile de livres à ses côtés : entre l’Histoire, les contes et légendes qu’elle lisait pour Valen et sa propre culture, et les recueils d’herboristerie pour compléter et affiner ses connaissances sur le sujet, elle n’avait pas de quoi s’ennuyer. Pas non plus de quoi penser à autre chose. Cela était pour le mieux. Elle ne voulait pas avoir à revivre cette scène. Lorenz est mort, tué par Vraorg après qu’il ait essayé de s’en prendre à lui…. La phrase résonna brusquement dans son esprit, lui soulevant l’estomac et elle porta la main à la bouche en serrant le poing. Elle ne voulait pas le voir, ni Merithyn, ni quiconque d’autre, quelle que soit l’affection qu’elle puisse éprouver pour lui. Et surtout pas Vraorg. Elle appréciait cette quiétude qui régnait dans la bibliothèque, cette sérénité que ce lieu apportait, seul havre de paix dans cette forteresse si abjecte. Elle était au milieu de présences impalpables, de secrets habilement dissimulés entre les lignes délicates. Elle ne voulait rien d’autre. Et surtout pas de cette femme qui, entrant dans la pièce, la fixa de ses yeux sublimes. Et pourtant, mue peut-être par le devoir ou par une volonté de survivre, de ne rien faire qui puisse s’apparenter à une faute quelconque, la jeune femme se leva, son corps agissant mais son esprit restant de marbre, et la salua avant toute la déférence qui était due à cette nouvelle arrivante parvenue à sa hauteur. Kälyna Vallaël. Elle n’était que trop connue. Que trop... qu'était-elle, réellement ?

@Kälyna Vallaël


Dernière édition par Ambre Orétoile le Lun 5 Oct 2015 - 21:58, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Murmures entre les livres [Kalyna] Murmures entre les livres [Kalyna] Icon_minitimeJeu 23 Juil 2015 - 5:11

Kälyna venait de participer à une autre cérémonie en l’honneur de Vraorg. Au sein du temple, elle avait invité, pour ne pas dire forcé, les Gloriens à entrer et à se joindre à elle pour les prières. Cela s’était déroulé dans le calme et personne n’avait osé lever la voix tandis que la prêtresse louangeait son bien-aimé. Il n’existait que qualités et exploits à l’égard du blanc lorsqu’elle lui faisait référence et personne n’avait osé la contredire. S’ils n’étaient pas d’accord avec elle, ils étaient restés simplement la tête basse dans le plus grand silence. Ils n’étaient ni fous ni courageux, seulement conscients de ce qui les attendraient s’ils offusquaient la plus grande fervente du terrible dieu. Ils pouvaient être soulagés que la présente cérémonie n’était constituée que de prières et de chants. Elle était belle, sereine et tranquille, ce qui n’était pas le cas lorsque des sacrifices avaient lieu dans la maison du dieu. Au plus grand déplaisir de la fanatique, ceux qui méritaient un tel châtiment étaient bien difficiles à dénicher et elle avait suffisamment de conscience morale pour éviter de tuer un Théocrate innocent pour le simple plaisir d’offrir un spectacle à son maître.

Avant de se rendre à la bibliothèque, la dame d’Althaïa s’était occupée des devoirs dont elle avait la responsabilité. Bien qu’elle fût loin de sa cité, elle devait s’assurer que tout se déroulait bien chez cette dernière puisqu’être à Gloria n’était malheureusement pas synonyme de vacances. Ainsi, elle prit un moment pour lire les rapports que lui avaient envoyés ses hommes de confiance. Elle ne s’inquiétait pas pour Althaïa, sa cité militaire était imprenable et elle avait une entière confiance en les murs de celles-ci pour empêcher la racaille d’y entrer. Ce qui l’intéressait plutôt était les nouvelles concernant la chasse aux évadés de Morneflamme, mais comme elle le pensait, il était encore trop tôt pour les capturer aux alentours de la Terrible. Elle griffonna ses réponses sur un parchemin que seul son destinataire pourrait lire et se chargea elle-même de les remettre à son messager sur le chemin qui la menait à la bibliothèque.

La bibliothèque de Gloria était connue pour sa grande diversité et ses nombreux ouvrages. Ce n’était malheureusement pas le luxe qu’elle avait dans sa forteresse sombre dont elle avait déjà feuilleté la majorité des livres. Ces derniers portaient surtout sur des sujets militaires. Les autres sujets étaient plutôt rares, particulièrement en ce qui concerne les récits d’histoire inventées et de contes et légendes. Cependant, elle n’allait pas là pour s’enfermer dans un monde imaginaire, mais plutôt pour enrichir ses connaissances concernant l’herboristerie.

Son regard froid se posa aussitôt sur la jeune femme qui s’était relevée afin de la saluer. Elle allait l’ignorer et comptait poursuivre son chemin, mais changea d’avis lorsque les traits de son visage lui parurent familiers. Non pas qu’elle la connaissait, car ça elle était certaine de ne jamais lui avoir parlé en personne. Mais elle était identique à la description qu’elle avait eue de la jeune humaine devant se marier au défunt général : petite à la longue chevelure blonde-châtaine et aux yeux bleus. On lui avait dit que son regard serait d’un bleu pétillant, mais il lui paraissait plutôt terne.

- N’êtes-vous pas dame Orétoile?

Malgré sa question, le doute n’avait pas marqué les traits du visage de l’elfette. En cet instant, elle aurait pu jurer sur l’amour qu’elle portait à Vraorg qu’elle ne se trompait pas quant à l’identité de la personne se trouvant devant elle. D’une démarche assurée, elle s’avança vers elle et l’enlaça de ses bras. Provenant d’une toute autre personne, le geste aurait pu être chaleureux et réconfortant, mais effectué par la dame blanche qui la dépassait de plusieurs têtes en grandeur, ce ne pouvait qu’être froid, inquiétant et étrange. L’intention était bien là, cependant.

- Oh ma pauvre enfant! Un peu plus et vous étiez liée à ce traître. Par bonheur, vous avez été épargnée. Quel soulagement vous devez avoir eu!

Sa voix se voulait compatissante et elle était sincère dans ses paroles, peut-être un peu trop. L’amour que l’elfette portait à Vraorg l’aveuglait et elle n’avait pas réalisé que ses propos pouvaient être blessants pour l’endeuillée. Elle ne pouvait concevoir que l’on pouvait aimer un traître et que la jeune humaine pouvait encore des sentiments amoureux pour Lorenz Wintel, voire être triste quant à son décès. Dans un esprit de contradiction, Kälyna était également la première personne pouvant comprendre comment on pouvait se sentir avec un cœur brisé, mais cela c’était bien avant Vraorg.

L’étreinte ne dura que quelques secondes et reculant d’un pas, Kälyna posa l’or triste sur Ambre.

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MessageSujet: Re: Murmures entre les livres [Kalyna] Murmures entre les livres [Kalyna] Icon_minitimeDim 9 Aoû 2015 - 20:52

Belle. Elle était belle dans toute sa noirceur, scintillante comme un astre noir. Elle semblait totalement décalée dans ce lieu, et pourtant, elle s’y intégrait parfaitement. Elle semblait incroyablement fragile, mais était terriblement angoissante. Son regard perlait de chagrin, pourtant il semblait dur et froid. Ses paroles étaient de miel, mais la voix était de givre. Tant de contradiction en cette femme. Et Ambre ne savait qu’en songer. Simplement qu’elle devait être prudente. Puissante, la plus fidèle servante de Vraorg était une femme dangereuse. Elle était douce et forte, tranchante et apaisante. Peut-être était-ce simplement la pointe de tristesse qui flottait dans ses yeux. Comme un écho à celui que la jeune humaine ressentait en son cœur.

-Si fait, ma Dame, je suis Ambre Orétoile.

Un léger tressaillement saisit son corps tandis que les bras de Kälyna l’enveloppaient, telle une nappe de brouillard qui lui glaçait les os, s’infiltrant au plus profond de son être sans que la moindre chaleur ne parvienne à en chasser cette impression d’invasion. Ce contact était repoussant. Mais elle en avait besoin. D’une présence qui flottait, éphémère, délicate, telles les ailes d’un papillon qui lui effleuraient la joue. Etait-ce cette femme qui provoquait tant de troubles en elle ? Etait-ce simplement son esprit qui, altéré, ne savait plus que songer, où s’arrêter, que désirer ? Qui ne voyait ni le bien ni le mal, mais les deux à la fois ? Qui mêlait les couleurs et entrelaçait les émotions sans la moindre cohérence ? Qui faisait de sa réalité un patchwork de contradictions toutes plus détonantes les unes que les autres ? Sa réalité… Qu’elle était étrange. Elle était dans ces mots, qui glissaient sur elle comme un torrent cherchant à emporter le roc. Le venin ne l’atteignait pas. Mais ce n’était pas du venin. C’était simplement… la vérité. La vérité vue par une autre qu’elle. Elle n’en souffrit pas. N’en fut pas furieuse. Entendit, simplement. Avec un peu de surprise.

-Je vous remercie de votre attention, ma Dame. Je ne suis pas digne d’elle.

Inclinant la tête en signe de respect, elle croisa sagement la main devant sa robe. Qu’aurait-elle pu répondre d’autre ? Rapidement, son cerveau sélectionna quelques phrases. La dame attendait une réponse, elle se devait de lui en fournir une. Elle ne pouvait risquer le moindre faux pas. Impossible d’énoncer simplement à cette femme qu’elle se trompait sur ses sentiments. Soulagée… Quelle étrange idée ! Elle en aurait presque sourit. Presque. Elle n’en avait guère l’envie, et son visage pâle resta neutre.

-Je vous avoue être encore sous le choc.

Elle eut un petit froncement de sourcils, comme un geste d’excuse. Kälyna interprèterait cette phrase comme elle le voulait. Le choc de la mort, le choc des évènements, le choc du geste fou, le choc, même, de ne pas en être davantage impactée socialement. En réalité, il s’agissait simplement de tout cela. D’un peu plus peut-être, ou d’un peu moins.

-Puis-je me permettre, gente Dame, de vous demander ce qui vous mène en ces lieux ?

La voix était aimable, le regard moins terne, le visage avenant. Elle observait l’elfe avec une fascination éteinte, admirant les traits fins et la crinière de jais sans vraiment les remarquer. Dans un instant où son âme semblait aspirer à l’extérieur, notant chaque détail de la scène, tandis que son corps agissait de lui-même ou presque, les mots s’égrenant de la bouche aux lèvres roses. Elle n’offrait pas son aide à la grande dame. Une telle personne n’a pas la nécessité d’aide. C’était plutôt une façon subtile de lui offrir ses services si besoins étaient. Et sans doute de s’éloigner de cette conversation trop intime. Ce terrain trop glissant.

Intime. La Dame Vallaël offrait comme un cocon d’intimité. Son étrangeté peut-être, à moins que ce ne fut l’ambiance des lieux mêlée à la fatigue qui faisaient leurs effets. C’était dangereux. En aurait-elle eu peur qu’elle aurait été certaine de ne rien trahir de ce qu’elle ressentait. Mais là… Pourquoi cette femme faisait-elle montre d’une telle familiarité ? D’une attention aussi présente ? Gentillesse même pour elle sans doute. Car aussi piquantes soient ses paroles, la sincérité qui résonnait dans sa voix ne faisait doute. Qui était-elle, sous ces peintures ? Que ressentait-elle vraiment ? Ambre s’en sentait étrangement proche. Elles se faisaient face, lumière contre ténèbres, mais ne luttaient. Cherchaient à se comprendre, plutôt. A se toucher, peut-être. A effleurer leurs âmes, que l’étreinte de l’elfe avaient mêlées d’étrange façon.
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MessageSujet: Re: Murmures entre les livres [Kalyna] Murmures entre les livres [Kalyna] Icon_minitimeVen 14 Aoû 2015 - 4:15

Kälyna recula d’un pas, brisant cette éphémère intimité que les deux femmes avaient eue. Les distances respectueuses étant retrouvées et l’or froid posé ainsi sur Ambre, personne n’aurait pu se douter de ce qu’il venait de se passer dans cette bibliothèque. La jeune veuve était la seule à savoir que la dame blanche venait de poser un geste se voulant affectueux à son égard et malgré toute sa froideur, ce geste avait voulu être réconfortant. Un peu à l’image d’une mère affectionnant son enfant qui lui souhaitait le meilleur du monde, mais qui savait à quel point ce dernier pouvait être cruel. Ce n’était malheureusement pas le message qu’elle arrivait à dégager. Il faisait trop longtemps que son cœur était vide et qu’elle ne connaissait plus la signification de douceur.

Elle l’observa tandis que l’humaine, dont elle ne s’était trompée quant à l’identité, lui répondait. L’elfette affichait son air imperturbable et ses traits étaient de marbre. On pouvait même se demander si ce que son interlocutrice lui disait l’intéressait et l’affectait moindrement. Toutefois, la tristesse n’avait pas quitté son regard, regard qui s’était davantage assombri lorsqu’elle s’était dite sous le choc. À quoi la dame d’Althaïa pouvait bien penser à l’instant? Les rumeurs racontaient que la plus fidèle servante de Vraorg n’avait de pensées que pour lui à chacun de ses souffles. Elles n’avaient pas concrètement tort puisque c’était sa façon de pouvoir s’accrocher à la vie en formant ainsi un bouclier impénétrable : son bien-aimé était le seul élément capable d’apaiser l’abomination qu’elle était. Mais cette protection s’était fissurée tandis qu’elle avait vu en Ambre une personne qu’elle connaissait que trop bien : elle-même. Un cœur en mille miettes restait brisé peu importe les circonstances. Avant qu’il ne soit un traitre, l’humaine avait eu des sentiments à son égard, n’est-ce pas? Maintenant qu’on avait poignardé son cœur, que deviendrait-elle? Une femme emplie de contradictions que l’hiver jalousait par sa froideur…?

Habituée, Kälyna chassa ses tourments aussi rapidement qu’ils étaient venus et se reconcentra pleinement sur la jeune femme.

- Je recherche un livre, voire plus d’un.

C’était une réponse courte et simple. Était-ce étonnant en cet endroit? Peut-être pour les individus qui croyaient que la terrible dame ne consacrait son temps libre que pour faire de sordides sacrifices en l’honneur du dragon blanc. Mais au sein d’une bibliothèque, quelle idée farfelue! L’elfette était simplement là parce qu’elle désirait s’instruire et maladroite, elle n’avait su trouver une façon plus douce de mentionner ses intentions. C’était la vérité : au départ, la terrible dame n’était pas venue là pour s’entretenir spécialement avec Ambre ou qui que ce soit d’autre, mais pour faire comme la majorité des gens qui entraient dans une bibliothèque.

- Sur les plantes, leur propriété. Seriez-vous suffisamment aimable pour m’indiquer où pourrais-je les trouver? J’ignore la façon dont sont rangés les livres ici. Sauriez-vous également me dire s’il y a des ouvrages en elfique?

Elle avait doucement précisé, réalisant qu’il devait y avoir une vaste variété de livres dans la grande bibliothèque de Gloria. Elle se savait froide, mais elle ne voulait pas être irrespectueuse pour autant et ce, particulièrement envers quelqu’un qui lui était affable. L’elfette ne connaissait pas les lieux et elle finirait certainement par trouver ce qu’elle cherchait. Cependant, un peu d’aide lui éviterait de perdre son temps. Bien qu’elle connaissait le dégoût de son bien-aimé envers ce qui n’était pas vampirique, elle ignorait si on avait épargné les œuvres de son ancien peuple. Tout comme la prêtresse n’avait réussi à changer ses préférences alimentaires pour quelque chose de moins végétal, elle conservait la préférence de lire dans cette première langue qu’elle avait apprise.

- Vous ai-je dérangée, demoiselle Orétoile?

L’or avait balayé les œuvres posées sur la table non loin et s’était attardé un instant sur le carnet que l’humaine avait abandonné pour venir la saluer.



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MessageSujet: Re: Murmures entre les livres [Kalyna] Murmures entre les livres [Kalyna] Icon_minitimeMer 26 Aoû 2015 - 1:39

Un livre, oui, sans surprise. La bibliothèque était faite pour eux, justement, cela tombait plutôt bien. Cette femme qui se trouvait devant elle fréquentait-elle si peu ces lieux pour faire une requête ? Des livres, il y en avait des centaines… Mais se prononcer sur ce que pouvait penser, ce que pouvait ressentir, ce qu’était la vie de Kalyna n’était pas pour Ambre. Elle ne la connaissait pas, et pourtant elle l’avait surprise. Enfin. Autant que cette sensation puisse percer les brumes de de son esprit. Elle se sentait comme perdue au milieu d’un vaste étang, les bras de l’elfe ne l’ayant enveloppée que tel le brouillard qui l’entourait, à la fois suffocant, rassurant, inquiétant, trop présent et trop irréel. Il la perdait mais la faisait exister. Comme la vie elle-même l’était, comme la mort également. Tout n’était qu’apparence, il suffisait de modifier sa vision des choses pour voir le monde se modifier, subtilement et pourtant… de façon si évidente. Chaque être, par son histoire, ses connaissances, son esprit, évoluait différente de son voisin, sans que ce qu’il traverse ne l’impacte de la même manière. Peut-être la belle prêtresse aurait-elle put être tout à fait autre chose, si un jour, une fois, quelqu’un, quelque chose avait agi ou s’était déroulé différemment. Peut-être son cadavre se décomposerait-il, oublié, enfoui sous les vestiges d’un combat connu d’elle seule, recouvert par les feuilles mortes d’une forêt d’automne. Peut-être serait-elle une farouche guerrière, une protégé défendant âprement sa liberté et sa terre. Peut-être serait-elle une épouse tendre et affectueuse, une mère sévère et intransigeante, une sœur fourbe et détestable, une amante timide et amoureuse. Peut-être serait-elle milles et unes choses, s’il ne suffisait que de changer un élément de son passé, de modifier une envie, de remplacer un mot par un autre. Mais les choses étaient telles qu’elles étaient, et il n’y avait que cette étrange créature aux yeux d’or et au visage peint, qui sous le froid glacial de sa simple présence cherchait à réchauffer l’enfant perdu qu’était le cœur blessé d’Ambre. Un enfant qui, grelottant, préférait dormir pour oublier ce qui l’attendrait au réveil…

-Oui, bien sûr, suivez-moi.

Sans prêter tout d’abord attention à la question de la gente dame, Ambre l’entraina à sa suite dans un recoin de la bibliothèque, une petite section du fond consacrée aux ouvrages de botanique, médecine, et tout ce qui en avait trait de près ou de loin. D’un air connaisseur, elle laissa glisser un doigt léger le long de la tranche des livres, en tirant parfois un vers elle, le rangeant pour en prendre un autre qu’elle gardait en main, finissant par avoir une petite pile calée entre la hanche et le bras. Un peu intimidée, elle finit par tendre la petite pile à Kalyna, les posant entre les mains tendues de l’elfe.

-Ce sont les plus complets et les plus intéressants qu’il y ait ici. Leurs informations sont convenablement triées et aisément accessibles. Malheureusement, certains ouvrages ‒elle en désigna un laissé en rayon‒ présentent des erreurs qui peuvent s’avérer dangereuses lorsque l’on use des plantes en remèdes. Des erreurs, ou de simples manques d’explications suffisamment claires. Certaines d’entre elles se ressemblent énormément, mais si l’une est bénéfique, l’autre est souvent poison.

Avec un léger sourire qui ne fit qu’effleurer ses lèvres sans atteindre ses yeux, elle s’inclina légèrement, repartant doucement vers sa table en parlant pour lui désigner les quelques ouvrages en elfique qui pouvaient exister. Certains n’avaient pas été traduits et les connaissances qu’ils recelaient ne pouvaient tolérer de les voir brûlés, d’autres étaient simplement de biens précieux à conserver. Enfin, toujours suivie de la prêtresse qui, enfin, avait réponse à sa question, elle revint vers le lieu premier.

-Quant à me déranger… Vous m’avez sorti de mes pensées, mais ce n’était sans doute pas une mauvaise chose. Ni bonne ni mauvaise, je crois. Elles reviendront bien assez vite.

Un instant silencieuse, elle observa la pièce dans laquelle elle se trouvait, savourant le calme qu’il y régnait et l’apaisement qu’elle pouvait y trouver, continuant à avancer posément jusqu’à sa table. Là, elle soupira doucement en posant une main sur ses écrits, comme si l’Histoire s’immobiliserait par ce simple geste.

-L’Histoire d’Armanda est une chose bien complexe, en vérité. Les êtres aussi, d’ailleurs. Quels qu’ils soient. Mais quitter la première m’a peut-être permit d’en apprendre sur les deuxièmes. Enfin, l'un d'eux. Vous-même.

Sa voix s’était faite murmure, fixant sans les voir les pages couvertes d’écritures des ouvrages ouverts sur la table. Se secouant mentalement et d’un léger mouvement de tête, elle fit de nouveau face à Kalyna, un nouveau sourire aux lèvres, toujours aussi fragile, toujours aussi éphémère.

-Non, vous ne m’avez pas dérangé, gente dame. J’ai tout le temps de poursuivre plus tard ce travail dans lequel je me suis lancée. Si vous cherchez… quelques renseignements précis, sur la botanique… Vous qui connaissez mon nom, peut-être savez-vous que je suis guérisseuse. Elle s’arrêta brusquement, comme si elle ne se rendait compte qu’à cet instant qu’elle parlait à la grande prêtresse de Vraorg. Veuillez me pardonnez, je ne prétends pas tout savoir, mais les quelques connaissances que j’ai à ce sujet vous sont ouvertes si vous le désirez.

Une invitation à poursuivre, si elle le souhaitait, cette discussion, à expliquer ce qu'elle cherchait et pourquoi ; une autre à simplement aller examiner les ouvrages qu’Ambre lui avait laissés. La jeune femme n’avait aucune préférence. Après tout, le temps passerait de la même façon, et les choix… elle préférait les laisser à cette femme à la position plus élevée. Elle serait l’impact, peut-être, qui déciderait de la suite du cours de sa vie.
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MessageSujet: Re: Murmures entre les livres [Kalyna] Murmures entre les livres [Kalyna] Icon_minitimeJeu 3 Sep 2015 - 5:46

Qu’est-ce que cette petite humaine pouvait être serviable. Kälyna n’avait pas eu à attendre plus longtemps que cette dernière acceptait de l’aider à se retrouver dans cette grande bibliothèque. Silencieusement, elle la suivit à travers les rangées jusqu’au recoin où se trouvait ce qu’elle désirait. L’or balaya les nombreux ouvrages et la dame se demanda par lequel ou lesquels elle allait commencer. Elle ne savait pas trop en fait et elle aurait laissé sa lecture être déterminée par la chance si Ambre n’avait pas été présente. Elle écouta attentivement ses conseils et la regarda prendre quelques livres tandis qu’elle en laissait d’autres dans l’étagère. Combien de temps la jeune humaine avait-elle passé dans cette bibliothèque pour connaître ce que recelait chacun des livres portant sur les plantes? La réponse était certainement beaucoup trop longtemps. Confiante dans ses paroles, elle avait l’air de quelqu’un qui savait parfaitement de quoi elle parlait et la dame apprécia cette qualité. Peut-être qu’Ambre pourrait lui être davantage utile? Elle se surprit à penser qu’elle pourrait peut-être la faire sortir de ces murs. Qu’est-ce qui la rattachait encore ici, d’ailleurs?

Sortant de ses pensées, l’elfette tendit ses mains blanches et saisit les livres qui encombraient la jeune femme. Certes, elle était la terrible dame d’Althaïa, mais était-ce une raison pour ne pas se mêler à la tâche et de laisser tout le boulot être fait par d’autres? Elle n’était pas comme ça. Bien que fière et hautaine, elle savait se mettre les mains à la pâte lorsqu’il le fallait. Toutefois, si Ambre avait été officiellement porteuse de livres, cela aurait été une autre histoire. Mais elle n’était qu’une aimable dame lui venant en aide dans sa recherche, ce n’était que la moindre des choses que de l’aider également. De plus, un lien imperceptible, et encore mal défini, s’était créé entre elles depuis leur étreinte. Jamais plus Kälyna ne pourra la voir comme une simple Théocrate, familier de Vraorg.

La prêtresse resta silencieuse, préférant acquiescer d’un signe de tête aux paroles d’Ambre. Elle s’arrêta face aux livres en elfique afin d’en ajouter un sur la pile qu’elle tenait et rejoignit l’humaine à l’endroit où elles s’étaient rencontrées la première fois. Posant le tout sur la table, elle tira une chaise afin de s’installer en face d’elle et l’invita à faire de même d’un signe de la main. Elle ignorait si elle se serait assise d’elle-même ou non, mais connaissant l’inconfort que pouvait occasionner sa présence, elle préférait prendre les devants.

- Vous écriviez sur l’histoire d’Armanda?

Une pointe de curiosité avait dansé dans sa voix froide et l’or triste s’était posé sur son carnet. La dame n’avait pas exactement compris ce qu’Ambre avait voulu dire et pourquoi elle venait de la mentionner. Elle resta toutefois imperturbable et tendit finalement sa main afin de s’emparer d’un premier livre dont elle feuilleta les pages.

- Si je puis vous aider à votre tâche, n’hésitez pas à m’en faire part, dame Orétoile.

Elle était sincère bien que le ton de sa voix semblait annoncer le contraire. Elle allait bientôt atteindre les 500 ans et elle avait pu vivre de nombreux événements qui ne devaient être que l’ombre d’un conte pour la jeune humaine. Certes, elle avait surtout connu le milieu elfique et ne s’était finalement pas mêlée à la politique avant son poste de dame d’Althaïa, mais n’empêche que les connaissances de Kälyna étaient vastes. C’était une grande qualité que d’avoir une bonne mémoire et de pouvoir se rappeler de nombreux détails. Mais c’était également une torture de ne pas pouvoir oublier.

-Ah? Vous êtes guérisseuse. Cela explique pourquoi vous êtes si à l’aise avec les plantes. Ainsi, vous aimez guérir, soigner et prendre soins des autres? Cela est très louable. Il est bien plus facile de tuer et de faire du tort aux autres que d’épargner leur vie.

Ambre semblait tout le contraire de Kälyna. La première était chaleureuse tandis que la deuxième était glaciale. L’une aimait la vie et l’autre la méprisait. Tandis que la guérisseuse serait prête à accorder du temps à un blessé dans l’espoir qu’il reprenne du mieux, la prêtresse n’hésiterait pas à l’achever pour gagner du temps. Voilà deux femmes bien opposées par de nombreux aspects et qui, pourtant, se ressemblaient en ce sens que leur cœur désirait la même chose : la sérénité.

Tournant lentement les pages du livre, Kälyna s’arrêta sur une section portant sur les plantes pouvant être transformées en teinture et divers colorants. La peinture corporelle était un art beaucoup difficile qu’il y paraissait. Il fallait trouver des extraits aux couleurs opaques qui tenaient bien sur la peau et qui s’enlevaient difficilement. Sans oublier le plus important : ils ne devaient pas être toxiques. L’elfette avait su trouver pour le blanc, le noir et le rouge, mais les autres teintes lui avaient toujours causé davantage de soucis. Heureusement, ce n’était pas comme si c’était important.

- Qu’aviez-vous prévu pour la suite?

Elle avait relevé la tête en posant cette question et couvrit Ambre d’or. La suite de quoi…? Bonne question et elle l’avait volontairement voulue imprécise pour que la jeune humaine puisse l’interpréter de la façon dont elle le désirait et qu’elle y réponde ce qui l’enchantait.
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MessageSujet: Re: Murmures entre les livres [Kalyna] Murmures entre les livres [Kalyna] Icon_minitimeLun 14 Sep 2015 - 22:15

Jetant un regard à la belle elfe, Ambre opina légèrement à sa question. Oui, ses yeux ne la trompaient pas, elle écrivait sur l’histoire d’Armanda ou du moins ce qu’elle en trouvait. Comme tous le savaient, l’Histoire appartenait aux vainqueurs. La guérisseuse aurait adoré traverser le pays pour récupérer les propos, les visions de ceux qui avaient participé aux plus grands évènements historiques. Peut-être le ferait-elle un jour, mais ce n’était pas un projet immédiat. L’actuel consistait simplement à retracer les plus grandes lignes qu’avaient vécu les armandéens. Un petit aide-mémoire, en fait, dont l’utilité était tout à fait restreinte. Mais cela lui occupait l’esprit tout en approfondissant les connaissances de sa terre, celle qui l’avait vu grandir et s’épanouir pour finalement s’éteindre, fleur à peine bourgeonnée déjà détruite par l’ombre menaçante d’un dragon pâle.

-Vous êtes trop aimable, ma Dame, je vous remercie de votre gentillesse. Peut-être une autre fois mes questions trouveront-elles échos chez vous, mais pour l’instant, je ne retrace que grossièrement ce que l’Histoire a connu. Après, sans doute, chercherai-je à connaitre plus en détails ce qui se cache par-dessous ces lignes.

A dire vrai, elle n’était de toute façon pas certaine de vouloir s’aventurer tout de suite sur ce terrain. Aussi aimable soit son interlocutrice, elle n’en demeurait pas moins mystérieuse et occupant un rang qui ne pardonnerait pas à la guérisseuse le moindre faux pas. Ce terrain glissant qu’était les souvenirs entrainait trop souvent dans des marécages de mauvaises réminiscences, et provoquer la colère de la gente dame ainsi, sa douleur ou encore sa peine n’était pas spécialement une heureuse idée. Un jour, peut-être. Pourtant, il était vrai qu’elle n’avait plus guère à perdre. Esmelda, son amie, était morte en même temps que son amant vampirique avait vu s’éteindre la deuxième vie qui l’habitait. Alors, pourquoi s’accrocher, finalement ? Levant les yeux vers la fenêtre qui occupait le mur devant la table où étaient posés les ouvrages, elle se perdit un instant dans le ciel infini qui s’ouvrait, tout nuancé de gris, devant elle. Peut-être vivait-elle simplement pour elle-même. Pour ce que l’avenir lui réservait. Pour ce que sa jeunesse lui promettait encore. Pour tout ce qu’elle pourrait accomplir, en souvenir des morts et au secours des vivants. Pour l’enfant qui jouait dans ses appartements, innocent mais déjà meurtri, pour ces gens qui mourraient, dehors, dans la misère et la maladie. Pour ces domestiques qui se blessaient, sans attirer la moindre compassion de leurs maitres, pour ces femmes qui enfantaient seules, au milieu de la crasse et sans personne pour leur serrer la main, agonisant dans le sang que répandaient leurs entrailles. Pour ceux que l’on appelait animaux, traités comme des objets, épuisés, trop souvent frappés mais qui possédaient dans leur regard toute la douceur du monde. Pour tout cela, et simplement, enfin, pour ce ciel, insondable, qui s’ouvrait à elle et engloutissait son âme.
Se tournant de nouveau vers Kalyna, une petite flamme nouvelle au fond des yeux, elle secoua légèrement la tête pour la reprendre sans brusquerie.

-Oh non, épargner n’est guère difficile. Il suffit de ne pas abaisser son épée, de ne pas ordonner la mise à mort, de ne pas verser le poison. Ne pas faire, simplement. Guérir, en revanche, est un combat permanent. Lutter contre la maladie, contre les ravages du temps, de la faim, du froid, réchauffer un cœur glacé et ramener le sourire, ne serait-ce qu’une seconde. Et puis, être impuissant, se battre sans gagner, assister à l’arrêt, simplement, de la vie, ne pouvoir que prendre dans ses bras les visages ravagés par les larmes et la douleur, voir les parents pleurer leurs enfants et les époux leur âme sœur. Cela est plus difficile, encore. Quand ni la magie, ni l’herboristerie ne peut plus faire quoi que ce soit, quand il n’y a plus la force de lever le bras pour caresser la petite tête qui vous fait face. Louable ou non… quelle importance face à cela. Connaissez-vous cela, ma Dame ?

Douce, la question n’entrainerait pas de jugement. Mais comment lui faire comprendre ce besoin d’aider quand rien ne poussait à le faire ? Ambre n’espérait pas l’entrainer vers la misère, là où, sous peu, elle retournerait. Mais si lui parler, lui apprendre à ouvrir les yeux pour voir la détresse face à elle et, peut-être, lui montrer que ne pas refermer la porte pouvait parfois suffire. Même s’il s’agissait de la prêtresse de Vraorg. Après tout, c’était ce qu’elle avait trouvé en elle-même. Sa raison de vivre et de survivre.

-La suite… Elle eut un sourire sans joie, fade et terne. La suite de ma vie ? Je ne sais. Je voguerais là où me mèneront les vagues qui me portent. Prévoir n’apporte finalement que déceptions et chagrins. Après tout, ne devais-je pas me marier sous peu ? Quant à ces écrits… Il n’y a jamais trop à apprendre, aussi continuerais-je à chercher des connaissances où je le puis.

Elle pencha la tête, attendant la réaction. Avait-elle répondu à ce que désirait savoir l’elfe ?
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MessageSujet: Re: Murmures entre les livres [Kalyna] Murmures entre les livres [Kalyna] Icon_minitimeDim 20 Sep 2015 - 3:51

L’histoire recelait tant de mystères et c’était à la fois une notion propre à chaque personne. Kälyna avait vécu longuement et elle avait eu la chance de voir de ses propres yeux de nombreux changements. Le plus notable avait été le retour de la magie lorsque les dragons avaient décidé de rester sur Armanda. Mais durant toutes ces 497 années, elle avait eu l’impression que le temps ne valait pas la peine d’être vécu et les années s’étaient succédées les unes après les autres sans que son sentiment de vide s’apaise. Son désespoir avait grandi jusqu’à ce que son cœur de pierre batte à nouveau, libéré par le sentiment serein d’être enfin complet et d’avoir trouvé sa douce moitié. Était-ce mieux? Ce n’était plus la crainte de ne jamais trouver son inséparable qui l’animait maintenant, mais celle qu’on le lui arrache. Pire, la peur d’être rejetée par l’être qu’elle aimait plus tout au monde et sans qui chaque souffle serait douloureux. L’elfette ne voulait plus jamais sombrer comme elle l’avait fait par le passé.

Kälyna acquiesça simplement d’un signe de tête sans rien ajouter. Si un jour elle avait besoin d’elle, Ambre savait qu’elle pourrait lui demander son aide. C’était désormais sa décision qu’elle le fasse ou non, et elle n’allait certainement pas forcer les choses. Elle tourna la page de son livre et son regard suivit doucement les traits d’encre. L’ambiance qui régnait au sein de la bibliothèque était tranquille et l’elfette n’était pas du genre à se déplaire du silence. Elle n’était pas de ces personnes qui cherchaient à le briser inutilement et elle préférait bien mieux le calme que le chaos formé par des paroles sans but. Elle tourna une autre page.

L’or froid se posa doucement sur la jeune humaine et une partie de sa phrase retint particulièrement son attention : ramener le sourire. Elle incluait également ceci dans la guérison? La dame blanche connaissait de nombreuses façons de soigner les gens, qu’il s’agisse de se servir de la magie, de plantes ou de potions. Mais pourquoi faire sourire quelqu’un, mais surtout comment? Cela lui échappait. Elle avait perdu cette notion avec le temps et son sourire aux lèvres noires était synonyme de mauvaise augure. Tuer était facile. Faire souffrir était aisé. Vivre était difficile. Et pour Kälyna, prendre soin était impossible. Pour cela, il fallait aimer et elle n’était pas capable de s’abandonner à ce sentiment. Si elle épargnait quelqu’un ou si elle soignait quelqu’un, c’était parce qu’elle en tirerait un avantage dans le futur ou que c’était la volonté de son maître.

- Non. Bien sûr que non…

Sa voix s'était terminée en un faible souffle. Que faire lorsqu’il n’y avait plus rien à faire…? Son visage était resté imperturbable, à l’exception de son regard qui s’était assombri et qui avait baigné l’or dans une mer de mélancolie. Elle était Kälyna Vallaël, dame d’Althaïa, et grande prêtresse de Vraorg. Elle était puissante et rien ne devait l’affecter. Mais elle avait menti à l’humaine et ne voulait pas replonger dans ses sombres souvenirs. Trop tard, car elle repensait déjà à sa fille dont elle n’avait jamais su prendre soin malgré tous ses efforts et sa bonne volonté. Elle avait détourné son regard pour le poser sur le même ciel qu’Ambre avait regardé. Que faire lorsqu’il n’y avait plus rien à faire? Pour la dame blanche, la réponse était devenue simple : lorsqu’il n’y avait plus rien à faire, on arrêtait de s’acharner et on y mettait fin. N’était-ce pas ce qu’elle avait désiré en l’an 1375?

Il y avait une force et une douceur qui émanait d’Ambre malgré toute sa fragilité. La guérisseuse l’intriguait et elle voulait connaître d’où elle tirait sa capacité à continuer à avancer. Elle était dévastée par la perte de son futur mari et pourtant, dans sa voix, elle sentait qu’elle n’avait pas perdu tout espoir. Comment faisait-elle?

- Je quitterai bientôt Gloria. Mes troupes et moi devons se rendre dans les plaines à l’Est suite aux nouveaux ordres de notre cher et vénéré maître. Une guérisseuse aussi compétente que vous serait un atout à mes côtés.

L’or s’était durci et fixait à nouveau la jeune humaine. C’était la tacticienne qui parlait et elle avait analysé qu’il serait avantageux d’avoir une guérisseuse supplémentaire, surtout que cette dernière était très compétente.

- Votre présence serait la bienvenue et bien appréciée. Si rien ne vous retient plus en ces murs, je vous offre d’en sortir et de vous placer sous ma protection. Cependant, je ne pourrai garantir votre sécurité dans les plaines avec tous ces Protégés qui s’y tiennent. Toutefois, je vais faire une halte à ma cité. Vous pourrez y rester si vous préférez.

Ou comment dire « Ambre, cela me ferait grand plaisir si tu te joignais à moi pour le trajet. Veux-tu? ». Mais c’était Kälyna, elle ne savait plus comment le dire chaleureusement.
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MessageSujet: Re: Murmures entre les livres [Kalyna] Murmures entre les livres [Kalyna] Icon_minitimeLun 28 Sep 2015 - 20:00

Etait-elle si folle qu’elle, Ambre Orétoile, petite guérisseuse à la place si incertaine dans la Cour de Vraorg, osait ainsi parler de guérison et d’entraide à la prêtresse du dragon ? Outrage, aurait pu, sans doute, s’indigner cette dernière. Elle qui soutenait et prônait la politique pour la moins violente et impitoyable de son maître, aurait pu sans peine se considérer comme insulté par une telle interrogation. Nombreux étaient ceux qui, vivant dans la cruauté et la douleur, ne pouvait imaginer l’amour de son prochain que comme une faiblesse et une marque de bêtise. Nombreux étaient ceux-là qui s’offensaient que l’on puisse leur attribuer ce qu’ils rejetaient tant. Après tout, quoi de plus logique, finalement ? Nul ne souhaitait être rapproché d’une chose qu’il méprisait. Ce n’était pas seulement dans la nature humaine, non. Cela dépassait cette simple considération. Aucune créature du règne animal ne pouvait tolérer un tel affront. Le problème se situait davantage dans les valeurs mêmes de l’individu. Celui qui ne tolérait pas la bonté ne pouvait qu’être malheureux mais surtout, il ne pouvait que causer du tort autour de lui. Kälyna était-elle malheureuse ? Que cachait donc réellement ce regard doré, si profond, si mélancolique ? Que se dissimilait-il sous le masque de peinture qui recouvrait son visage ? Elle n’était pas fondamentalement mauvaise, c’était, à présent, presqu’une évidence. Ambre connaissait son nom, sa réputation, et même son visage et sa voix désormais. Et pourtant, la femme qu’elle découvrait n’était pas aussi glaciale que le murmurait les rumeurs. Au contraire, elle avait un petit quelque chose qui attirait la compassion de l’humaine. Elle possédait une certaine douceur, finalement. Il aurait si facile pour la prêtresse de mépriser la guérisseuse, de ne pas même lui accorder un regard, d’exiger qu’elle quitte cette pièce où elle était. Mais au lieu de cela, elle lui offrait son attention avant, semblait-il, autant de naturel que lorsqu’elle lui avait ouvert les bras. Une véritable énigme, voilà ce qu’elle était, mais une énigme passionnante, une énigme amicale. Et elle avait l’étrange impression que ce beau visage tourné vers le ciel cachait une souffrance infinie ; et que, en se noyant dans l’éther, elle apaiserait son âme tourmentée.

-Je vous montrerai un jour, si là est votre souhait, la beauté d’un visage heureux et reconnaissant. Je vous montrerai, aussi, combien il est doux de baigner dans l’amour, d’un enfant, d’un vieillard, d’une jeune femme, qu’importe. Il suffit parfois de voir un sourire s’épanouir pour retrouver un peu de baume au cœur.

Et, de sourire, Ambre lui en offrit un, de ceux éphémères et si fragiles qui étaient devenus les siens. Comment aurait-elle pu sourire autrement alors qu’une nouvelle fois, le destin lui avait appris que la paix et le bonheur n’étaient, eux-mêmes, que de simples souffles qui disparaissaient trop vite ? Mais si d’une façon ou d’une autre, la jeune femme pouvait offrir à son interlocutrice quelque chose qui réanimerait ce visage trop impassible, qui éclairerait ces yeux trop sombres, alors elle en serait satisfaite. Et, elle devait le reconnaitre, si elle pouvait même de façon infime détourner la prêtresse de l’immonde maitre qu’elle servait avec tant de zèle, alors quelle douce victoire ce serait là.

Sur cette promesse, du moins si Kälyna l’acceptait et la souhaitait, Ambre écouta calmement ses propos, ne sachant où la belle voulait en venir mais ne pipant mot pour autant. Et lorsqu’enfin elle eut réponse à sa curiosité, elle ouvrit de grands yeux étonnés, première véritable réaction que son corps menu offrait depuis la mort de son amant. Se placer sous la protection de la gente dame… Fuir cette citadelle ô combien oppressante, et tout le malheur qui y était attaché. Oh, quel doux présent que celui-ci ! Et pourtant, le souvenir des visages émaciés tournés vers elle alors qu’elle les aidait serra son cœur déjà brisé. Elle ne savait si elle pouvait se permettre de s’éloigner, car qui viendrait en aide aux malheureux, sans plus personne capable et ayant le cœur de soigner ces pauvres hères ? Mais c’était une porte de sortie. Une main tendue pour lui permettre de changer d’air, de chercher à revivre. De se reconstruire, peut-être, sans doute. Libre, elle pourrait de nouveau être elle-même. Kälyna lui avait déjà montré qu’elle pouvait être bienveillante et accueillante, et l’étreinte si étrange qu’elle lui avait offerte au début de leur rencontre en semblait la preuve irréfragable. Rien, de plus, ne lui disait que cette affection inexpliquée que semblait ressentir l’elfe à son égard ne serait froissé par un refus. Si une bataille approchait, les soldats aussi auraient besoin d’aide et de soins…

-Ne vous inquiétez pas pour ma sécurité, ma Dame, je saurais veiller moi-même dessus. Et si d’une façon ou d’une autre je puis vous être utile, à vous ou à vos troupes, alors mes compétences sont à votre service. S’inclinant, elle esquissa acheva avec moins de cérémonie : et puis, comment pourrais-je apprendre l’Histoire si je la fuis quand elle vient à moi ?

Une amie, peut-être pas, mais un cœur proche, sans doute. Ce que semblait lui présenter la majestueuse prêtresse était bien plus qu'une simple invitation de voyage. "Oui, ma Dame, je vous suivrai car vous me sauvez " semblait répondre son coeur.
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MessageSujet: Re: Murmures entre les livres [Kalyna] Murmures entre les livres [Kalyna] Icon_minitimeJeu 8 Oct 2015 - 5:34

- Je ne vois pas pourquoi je voudrais baigner dans l’amour, d’un enfant, d’un vieillard, d’une jeune femme, qu’importe.

Kälyna avait répondu cette phrase sans qu’elle ait à réfléchir, sur un ton froid et sec. Toute cette notion d’amour, de beauté d’un visage heureux et reconnaissant et d’un sourire apportant un baume au cœur lui échappait. Bien avant Vraorg, cette notion avait commencé à s’effacer et avec ce dernier pour être son Inséparable, l’amour n’était plus synonyme de joie et d’apaisement. Elle baignait simplement dans la crainte, la cruauté et les ténèbres. Pourtant, elle se plaisait ici, car c’était de cette façon que son cœur était soulagé. Elle était une dame pleine de contradictions. La vérité était qu’elle ne voulait pas baigner dans l’amour de n’importe qui, mais surtout elle n’arrivait pas à aimer n’importe qui. Ce n’était pas les occasions qui lui avaient manquées : son époux, son enfant, son peuple, les humains qu’elle avait rencontrés durant ses nombreux voyages, les rebelles… Mais c’était d’un dragon blanc qu’elle était éperdument amoureuse et le seul être au monde dont elle voulait avoir l’attention. Elle ne voulait pas voir le sourire d’un enfant, d’une mère ou d’un vieillard, mais celui de l’élu de son cœur.

Elle remarqua le sourire d’Ambre et n’eut pas le réflexe de l’imiter. La guérisseuse l’intriguait et elle voulait la connaître davantage. Une partie de l’elfette voulait comprendre ce qu’elle lui disait et voir qu’elle voulait lui montrer. Personne ne souriait en sa présence. Ils étaient trop mal à l’aise pour se le permettre ou ils hurlaient sous la douleur qu’elle leur infligeait. Elle les effrayait, même si ce n’était pas toujours son intention. Mais Ambre lui avait souri et cela faisait d’elle un être unique. Par sa douceur, ses paroles et sa délicatesse, elle avait su piquer la curiosité de la dame.

- Vos talents de guérisseuses seront certainement appréciés.

La dame d’Althaïa referma le livre qu’elle tenait et se leva de sa chaise. Son regard doré se posa sur la jeune femme.

- Nous quitterons Gloria dans quelques jours. Je vous enverrai un messager pour vous faire part des détails.

La discussion était close. Sa main blanche tenant fermement le livre, Kälyna se dirigea vers la sortie et personne n’aurait l’audace de lui dire qu’elle n’en avait pas le droit. Avant de franchir la porte, elle se retourna toutefois vers Ambre.

- Je viendrai personnellement vous chercher, dame Orétoile.

C’était une promesse. Lorsqu’il serait temps de quitter la cité de son maître, elle irait rejoindre la guérisseuse. Elle ne le dit pas, mais c’était pour s’assurer que personne n’entrave le chemin du familier de Vraorg. Le seul individu pouvant s’opposer à cette décision était le dragon blanc et la vérité voulait qu’il n’en avait rien à faire de personne.
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