"Ce n'est pas toi que je cherchais, mais tu feras l'affaire" [Athi]

10 janvier de l'an 5

Triste. Elle était triste, comme toujours. Mais plus le temps passait, plus elle se sentait tout simplement vide. D’ailleurs, était-elle réellement triste ? Il fallait éprouver quelque chose, puisque c’était une émotion. Ce n’était plus tout à fait le cas. Comme si les choses ne l’atteignaient plus vraiment. Elle avait des périodes, ainsi, où elle passait des heures à fixer ce qui l’entourait sans le voir, sans l’entendre. Elle se sentait terriblement seule, sans Achroma. Elle qui avait tant aimé sa liberté… Mais qu’est-ce que c’était, être libre ? Etre seule ? Ou plutôt n’être qu’avec ceux que l’on aimait ? La solitude imposée n’avait rien à voir avec la véritable liberté, pas plus que la présence imposée de ceux qui ne faisaient que faire souffrir en silence. Il s’agissait de bien autre chose, que l’on ne trouvait que dans son cœur, enfoui au plus profond de son âme. La sérénité. Elle en était le résultat. Un résultat bien lointain, un mirage hésitant, un leurre appétissant. Un espoir vain, peut-être. Après tout, qui pouvait vraiment dire ce qu’il en était ? Personne. C’était une quête solitaire et probablement unique pour chacun.

Mais aujourd’hui, Silarae avait besoin de voir quelqu’un, non pas de rester à ruminer toute seule. Et ce quelqu’un était tout trouvé. Dawan, le jeune elfe. Il était particulier, un des bipèdes qu’elle appréciait le plus. Le Passeur était trop cynique pour qu’elle recherche sa présence, aujourd’hui, quand bien même risquait-elle de trouver les deux en même temps. Sortant de sa grotte, la Blanche huma l’air tiède de ce début de soirée. La température était beaucoup plus supportable à cette heure-ci, et nul doute que trouver quelqu’un qui pourrait la renseigner sur l’endroit où se trouvait sa cible serait bien plus aisé. Ce n’était tout de même pas compliqué, non ? Evidemment, quand elle avait besoin de lui, il n’était pas là. Rha, il était censé l’aider, pourtant, il venait discuter avec elle quand elle n’en avait pas envie, et quand en revanche elle le cherchait, il n’était pas là ! Quelle inutilité ! Poursuivant sa route, la dragonne finit toutefois par s’arrêter pour lever la tête vers le ciel, laissant les étoiles se refléter dans ses yeux dorés. Tout semblait infiniment brillant, comme si le désert attirait davantage les astres. A moins, simplement, que son esprit tourmenté ne se sente mieux en les voyant ? Le réconfort, l’apaisement qu’ils procuraient étaient-ils la raison de cette façon de les voir ? Pourquoi ne pas leur tenir compagnie quelques instants, après tout ? Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas étendue ses ailes immenses pour savourer simplement le contact du vent contre son corps. Aussitôt dit, aussitôt fait, Silarae se propulsa vers l’immensité céleste pour fondre sur les nuages, haut, toujours plus haut, jusqu’à ce que son corps ne puisse pas davantage monter, jusqu’à ce que la fatigue l’étreigne comme une amante, jusqu’à ce que son souffle se fasse douloureux, jusqu’à ce qu’elle abandonne la lutte et ne se laisse descendre en chute libre. Il serait si facile de continuer, ainsi, de s’écraser au sol, de laisser… Ouvrant brutalement les ailes pour stopper sa chute en même temps que ses pensées, elle remonta un peu, observant la terre avec indifférence, avant de se laisser poser à terre, l’esprit engourdi. Que devait-elle faire, déjà ? Ou plutôt, voulait ? Ah oui. Chercher tête-d’or. Et ce n’était certainement pas à des centaines de mètres de hauteur qu’elle risquait de le rencontrer. Elle n’avait plus qu’à reprendre sa recherche qu’elle avait abandonné sur un coup de tête.

Croisant quelques oreilles pointues, elle les dévisagea un instant avant de les laisser passer. S’ils ne savaient ni chanter, ni conter, ni jouer de la musique, ils étaient inutiles. Ce n’était pas pour rien qu’elle appréciait le candide petit Enwr. Finalement, elle se décida à déranger une elfette aux longs cheveux noirs qui semblait admirer le ciel perdue dans ses pensées, joignant son esprit agacé au sien sans douceur mais sans trop de brutalité non plus :

*Dis-moi, petite oreilles-pointues, sais-tu où se trouve celui que vous appelez Dawan ?*

Elle l’avait déjà vu, celle-ci… Mais où ? Bah, Les bipèdes se ressemblaient, et leur identité n’était rien lorsqu’ils n’avaient rien de particulier pour la dragonne. Elle n'était pas de charmante humeur, qu'y pouvait-elle ? Pourtant, elle ne souhaitait pas non plus offenser la petite deux-pattes. Cela lui était égal, tout simplement.

Trois années déjà, tout ceci paraissait tellement irréel. La demoiselle cligna des yeux en réalisant encore une fois tout ce qu'il s'était passé durant tout ce temps. Athillë n'avait fait que des allers et retours afin d'aider les rebelles qui avaient été obligé de se réfugier au protectorat. Tant de choses différentes ! Parfois cette réalité lui donnait un mal de tête assez sévère, comme quoi la vérité était douloureuse, mais elle n'avait pas le droit de se plaindre. Sous la protection des esprits la vie qu'elle menait ici était beaucoup plus agréable que ces semblables prisonnier de la tyrannie de Vraorg. Et dire qu'il avait été libéré ...

Secouant la tête tristement, la femme du beau peuple espérait qu'en se pinçant la joue elle s'éveillerait de son cauchemar, quand sortant de son lit pour aller se restaurer son père ainsi que sa mère l'attendrait et qu'elle serait une nouvelle fois sermonner parce qu'elle ne se comportait pas vraiment comme une femme elfe le devrait. Qu'il était plus que temps qu'elle songe à son avenir dans sa société plutôt que d'aller "gambader en dehors de leur frontière parmi le danger" comme disait si souvent sa mère. Dans un profond soupire avec néanmoins un petit sourire, Athillë repensa à ses chers parents, qu'est-ce qu'ils diraient les pauvres en voyant le monde tel qu'il était aujourd'hui ? Rien de bien très certainement.

Laissant divaguer ses pensées vers son ancienne vie, il était obligatoire que l'elfe repense à ses très chers bois sombres à présent englouti par les flots. Tous en cette terre avait son lot de tristesse, pour Athi s'était le fait que les elfes étaient de moins en moins nombreux et que sa forêt natale n'était plus. Elle qui avait fait la promesse sur le lit de mort de son père de protéger le peuple elfique, quelle belle promesse tient ! Des paroles en l'air rien de plus dirait-il en la giflant pour lui remettre les idées en place. Un coup qu'elle méritait milles fois et qui lui ferait le plus grand bien !

levant les yeux vers le ciel empli d'astres, la demoiselle contempla leurs lumières éprouvant un doux et léger sentiment de réconfort. Il fallait tenir bon ! Ne rien abandonner car après tout si elle et bien d'autres étaient au protectorat c'était qu'il y avait encore de l'espoir pour que la situation s'arrange. Une fois qu'on a touché le fond on ne peut que remonter, une phrase qui en ces temps difficiles prenait tout son sens.

Soudain un mouvement attira son attention dans le ciel, un dragon ? Oui il ne pouvait s'agir que de cela, oui l'espoir était encore la sous ses yeux, planant puis finit par se laisser tomber comme une masse. Plus la créature ancestrale si belle et si majestueuse chutait, plus la bouche de la Peldacielillë s'ouvrait et ses yeux s'écarquillaient se demandant si le dragon n'allait pas mettre fin à ses jours. Non ! Failli-t-elle crier, mais elle se retînt en posant une main sur sa bouche.

Finalement, le dragon immaculé déploya ses ailes reprenant de l'altitude, retirant sa main de sa bouche, la sylvain ne put réprimer un soupire de soulagement. Il ne manquerait plus qu'un des derniers dragons libres ne meurrent, eux qui était la source même de la magie ils étaient une lueur d'espoir, tout bonnement un miracle pour le protectorat. Calmement Athillë se ressaisit et se mit à compter sur ses doigts le nombre d'écailleux ailés sur ses doigts, la dragonne d'émeraude Ashy, Silarae la blanche, Möebius le bleuté et encore un autre ... La dragonne de l'ombre Isyndar ! Il s'agissait donc de Silarae qui était dans le ciel en ce mo- ? Tournant la tête pour analyser les cieux la dragonne avait disparu. Haussant les épaules, Athillë laissa ses prunelles d'argent se perdre dans l'immensité du ciel et des étoiles.

*Dis-moi, petite oreilles-pointues, sais-tu où se trouve celui que vous appelez Dawan ?*

Une voix ? Se tournant sur le côté, Athi eu la surprise de voir la dragonne immaculée en face d'elle, c'était à elle qu'elle s'adressait ? Soudainement mal à l'aise face à une telle créature, la sylvain se pencha pour s'inclina et se décida enfin à lui répondre gauchement.

- Noble Silarae ... C'est un honneur de vous rencontrer, je ne sais malheureusement pas ou est celui que vous chercher. Pardonnez-moi ...

Finalement la demoiselle se redressera pour oser regarder la dragonne, peut-être allait-elle prendre cela pour un affront qu'elle regarde ses yeux dorés mais ils étaient si beaux, l'or et l'argent se rencontrèrent. Ne connaissant pas les critères de beauté chez les dragons, la jeune elfe créa les siens et dans son esprit Silarae était splendide, comme chacun des membres de la race draconique, mais ce blanc si ... Blanc était un réel bonheur pour les yeux. Un immense sourire se dessina lentement sur le visage pâle de la femme du beau peuple. Cela aurait été un réel drame qu'une telle création de la nature meurt. Le ciel perdrait une de ses filles si élégantes, non il ne fallait pas !

Avec un regard agacé, Silarae attendit la réaction de l’interpellée. Pourquoi Dracos sursautait-elle ? L’écailleuse n’était peut-être pas assez imposante ? C’était d’un vexant… Non mais vraiment, la petite bipède aux oreilles pointues, cette minuscule chose, qui ne remarquait même pas un dragon, enfin une dragonne, jusqu’à ce que cette dernière s’adresse à elle ? A moins qu’elle ne soit surprise de l’entendre parler ? Ah, et bien c’était dommage pour elle, la Blanche savait parfaitement s’adresser à ces êtres inférieurs. Enfin, au moins la deux-pattes savait-elle à qui elle s’adressait… à défaut de ne pas connaitre celui que Silarae cherchait.

*Vu comme il est petit, il ne m’étonnerait même pas que tu ne l’ai jamais remarqué. Il faut toujours qu’il ne soit là que quand je n’ai pas besoin de lui.*

Grondant doucement, elle finit par abandonner. Quoi qu’elle lui reproche, elle était heureuse de pouvoir converser avec le jeune naïf. Il était parfois très rafraichissant, quand bien même son habitude de tout voir plus beau que ça ne l’était pouvait être franchement énervante. Enfin… Bon, que faire alors ? Elle n’allait tout de même pas lui courir après pendant six-cents ans, d’ici là Dracos savait ce que Vraorg aurait encore inventé. D’autant plus que c’était d’un humiliant… Et le Passeur n’allait pas être plus facile à trouver. Pourtant la Blanche n’avait aucune envie de rester seule pour l’instant. Pas encore, pour changer. Elle était déjà seule dans son âme, trop même. Cela ne pouvait pas continuer. Elle voulait agir, aussi, plutôt que rester cloitrée dans ces terres, dans cette immensité trop vide. La seule chose qui était réellement inégalable était la splendeur des lieux. Le ciel était immense, plus brillant que nul part ailleurs, sa beauté rehaussée de nuit par le froid qui laissait se former dans l’air des petits nuages chauds à chaque expiration des protégés. Ici, ils semblaient réellement en sécurité, mais l’étaient-ils vraiment ? Les Esprits étaient avec eux, bien sûr. Mais cela n’empêchait pas de douter. Et de s’inquiéter de l’avenir qui leur était réservé. Si le calme exceptionnel, purificateur même, de ce désert plongeant dans la nuit semblait interminable, il n’en était sans doute rien. Le voleur de cœur n’avait visiblement aucune envie de s’arrêter là où il en était dans ses conquêtes, et l’avantage du terrain que possédaient pour l’instant les protégés, en plus de la protection des Esprits, ne durerait peut-être pas.
Enfin… Rebaissant les yeux et son attention sur la petite chose qui la dévisageait, attendant visiblement son attention, Silarae hésita un instant. Que faire, lui dire d’aller voir ailleurs puisqu’elle était inutile ? Mais le problème ne changerait pas, et elle s’ennuierait toujours autant. Alors… Autant faire avec.

*Enfin, tu n’es pas celui que je cherchais, mais tu feras l’affaire. Restes donc et tiens moi compagnie, oreilles-pointues, si tu t’en sens le courage.*

Après tout, peut-être prendrait-elle peur de se trouver ainsi avec une dragonne. Impressionnable, l’elfette ? Cette idée était étrangement amusante. Si c’était le cas, elle n’allait pas faire long feu, en croisant des théocrates… Finalement, se décidant à relancer la conversation et déterminée à s’accaparer la bipède pendant un petit moment, l’écailleuse reprit.

*Comment les tiens te nomment-ils, oreilles-pointues ?*

Surprise de voir la dragonne lui parlé, Athillë eut quelques difficultés à sortir de cette torpeur que créait chez elle Silarae. Sa prestance l'enchantait telle un enfant découvrait un jouet pour la première fois. Bien sûr ça n'était pas le premier dragon qu'elle croisait, Möebius fût le premier. Néanmoins, le contexte de leur rencontre n'avait pas permis qu'elle laisse place à ces sentiments d'enfants. Mais à présent elle le pouvait tout en restant modéré pour ne pas vexer la dragonne blanche.

*Enfin, tu n’es pas celui que je cherchais, mais tu feras l’affaire. Restes donc et tiens moi compagnie, oreilles-pointues, si tu t’en sens le courage.*

Un peu agacé d'être prise pour un objet, la demoiselle ne broncha pas pour autant tout de même ravis de tenir compagnie à une créature légendaire. Il ne fallait pas qu'elle se comporte comme une enfant ! Athi devait s'affirmer sans paraître désagréable, pour que la discussion ne soit pas à sens unique.

*Comment les tiens te nomment-ils, oreilles-pointues ?*

- Je me prénomme Athillë. Je suis honorée de vous rencontrez enfin en personne, mais je ne me laisserais pas impressionné. Je ne paie pas de mine avec mon faible physique c'est vrai. Tout le monde n'a pas la chance de naître avec un physique taillé pour le combat. Mais passons. Et vous noble Silarae, est-ce que vous possédez un nom qu'il vous plaît d'entendre ? Un titre peut-être ? Si vous souhaitez que je vous nomme autrement. J'avoue n'avoir jamais trop su comment me comporter en la présence de l'un de vos semblables, pardonnez ma maladresse par avance.

Terminant son petit monologue, Athillë souriait à la dragonne. Elle était magnifique, son regard se promenait un moment sur ses écailles étincelantes et immaculées, néanmoins l'elfe s'inclina respectueusement pour éviter de trop analyser la dragonne. Puis une fois qu'elle se releva reprit la parole.

- Cela dit qui cherchiez vous ? Je le connais peut-être.

Fouillant dans sa mémoire, l'elfette réfléchissait à l'individu que désirait tant voir la dragonne blanche. Il devait être réellement spéciale pour qu'une telle créature se mette à sa recherche. Peut-être le lui dirait-elle. Piquée par la curiosité, la Peldacielillë avait à présent envie de découvrir ou redécouvrir ce personnage qui plaisait tant à Silarae, se tapotant le menton tout en regardant le ciel, Athillë ne donnait pas une très bonne image d'elle dans cette posture, le regard dans le vide et jouant de son menton sous la réflexion ...

Petite chose fragile était-elle impressionnée par la magnifique, somptueuse, éblouissante dragonne qui se trouvait face à elle ? Visiblement : oui. Et du coup elle parlait. Beaucoup même. Vraiment, c’était très amusant.

*Tous les deux-pattes me paraissent faibles, Athillë-la-sans-peur. Je ne doute pas que tu ais en toi une grande force, néanmoins je pourrais te croquer que tu ne pourrais guère m’opposer de résistance. Ta peau est bien fragile, et ce n’est pas la touffe de poils que tu as sur la tête qui te protège beaucoup. Mais si tu es vivante et ici, c’est probablement que tu possèdes quelque chose pour te protéger… Ne serait-ce que de la chance.*

Observant tranquillement la petite chose qui se trouvait face à elle, Silarae nota que son orifice buccal s’élargissait en ce qu’ils appelaient « sourire ». Cette grimace était signe de joie et de paix, et pourtant elle avait toujours semblé contre-nature à la Blanche. Après tout, les dragons ne souriaient pas et s’en portaient très bien. Dévoiler ainsi ses sentiments n’était pas une très bonne stratégie, et s’avérait même être une marque de faiblesse pour qui savait les déchiffrer. Les humains surtout semblaient avoir cette curieuse manie de laisser s’exprimer leurs émotions et pensées sur leur visage.

*D’aucuns me nomment Cœur d’Argent, ou Silarae la Blanche, choisit celui que tu préfères. La façon dont tu m’appelleras ne changera pas qui je suis, en revanche elle peut modifier ta vie de façon définitive.*

Grondant légèrement en dévoilant ses crocs, la dragonne s’amusa à effrayer oreilles-pointues-sans-mine un instant avant de la dévisager de ses yeux d’or blasés. Se moquait-elle d’elle ? L’écailleuse avait déjà indiqué qui elle recherchait. Elle ignorait que les elfes puissent avoir la mémoire si courte.

*Je te l’ai dit, deux-pattes-au-regard-vide, je cherche celui que vous nommez Dawan, dont la crinière est d’or pâle et le regard de lune. Il reste avec petit-homme-une-orbite, le Passeur. Et possède un morceau-de-bois-chanteur à la mélodie fort délicate. Et ne regardes donc pas vers le ciel alors que je suis à tes côtés, tu ne trouveras pas de plus belle merveille que celle à qui tu t’adresses.*

C’était incroyable comme certains manquaient de culture et de savoir vivre. Il était bien évident que Silarae était la plus chose qui soit aux alentours, qu’elle reste ou non dans une grotte. Cela dit, elle se posait de plus en plus de questions sur la bipède qui se trouvait face à elle. Rapprochant le nez jusqu’à la frôler, elle renifla son odeur sans rien y trouver d’anormal. Il s’agissait bien d’une oreilles-pointues, pas de doute là-dessus ; peut-être les Protégés l’avaient-ils ramené pour la préserver après avoir repéré son esprit fragile ? Etrange, étrange… Après un instant de doute, Silarae releva la tête, les yeux figés. Comment réagissaient les bipèdes face à l’un des leurs handicapé, déjà ?

*Tout va bien, je ne te veux pas de mal*

Ceci s’accompagnait généralement d’une tape sur l’épaule, mais alors que la Blanche s’apprêtait à le faire, elle se rappela que ce n’était peut-être pas forcément une très bonne idée. Ah non, elle devait la garder en vie. Et en un seul morceau. Non aplati. C'était fou ce que cela pouvait être compliqué. Aussi la patte qu’elle avait avancée retomba-t-elle au sol sans douceur, manquant renverser la chose-fragile qui se trouva aspergée de sable. Il ne manquerait plus qu'à faire fondre ce dernier et elle aurait une superbe statue de verre en forme de bipède...

Une force en elle ? Sa détermination de rester en vie pardi ! Et lorsque la dragonne immaculée lui fit comprendre que sa vie pouvait basculer en une seconde, Athillë resta de glace le temps d'évaluer la situation. L'elfe n'avait pas manquer de respect, ou d'indiscrétion donc il devait s'agir d'une plaisanterie ? La perspective que s'en était une fit légèrement sourire la sylvain. Ces créatures qui paraissaient iréelle aux yeux de tous avaient un sens de l'humour ? Qui leur était propre évidemment, mais au moins cela faisait plaisir à Athi.

Néanmoins la comparaison de sa belle chevelure ébène à une vulgaire touffe de poils effaça la joie qu'elle avait eu, non elle n'était pas vexée, elle était redevenu neutre. Et puis la demoiselle ne pouvait pas lui en vouloir, avant que les dragons ne viennent sur ce continent il n'y avait aucun bipède, et donc aucune "touffe de poils" comparable à celle de tous les humains. Aussi elle ne prit pas cette remarque personnellement, si les rôles étaient inversés peut-être qu'elle l'aurait qualifié ainsi elle aussi.

- Dans ce cas pour ma part ce sera Coeur D'arg-

Athi se tût lorsque la dragonne découvrit ses crocs et fut tenter de reculer, mais elle se retînt. Reprenant un air sérieux, la Peldacielillë se tînt de nouveau droite et termina sa phrase.

J'userais de votre surnom Coeur d'argent, il est à mon sens plus beau que le second. Et concernant le musicien Dawan je n'ai pas eu la chance de le fréquenter, j'ai simplement entendu parler de lui. Et s'il vous plait, ne me donner pas de surnom ... Je ne possède pas le regard vide, du moins je l'espère.

Athillë regarda la dragonne et ne put s'empêcher de rire doucement, personne ne lui avait fait de remarque ainsi sur ses prunelles d'argent. Elle n'était pas blessé mais trouvait drôle qu'une dragonne lui donne des surnoms semblable, un sens de l'humour et de l'imagination ? C'était assez surprenant mais pas désagréable.

Sortant de ses songes Athillë observa Silarae avancer le bout du nez suffisamment prêt pour la ... Sentir ? Avait-elle une odeur bizarre ? Tranquillement, la maîtresse des chuchotis rangea une de ses mèches rebelles derrière son oreille pointue, tandis que de l'autre main elle voulait toucher le museau de Coeur d'Argent. Mais elle se retînt comprenant que cela serait déplacé. Les dragons ressemblaient à des animaux, peut-être mais avaient une connaissance hors norme et une sagesse sans limite, en plus d'être majestueux et puissant. Considérer Silarae comme une vulgaire monture serait signé pour une mort instantanée, Athillë baissa donc la main à contre coeur, cette si belle matière blanche l'attirait comme un papillon vers la flamme.

L'elfe acquiesça d'un hochement de tête avec un sourire, alors qu'elle s'apprêtait à lui répondre, la dragonne leva la patte tout en la regardant. Que faisait-elle ? Clignant des yeux, Athi observa Silarae, elle voulut faire un geste puis se stoppa en la reposant au sol, ce que la jeune elfe n'avait pas prévu était qu'un jet de sable s'abattrait sur elle après ça ...

Le sable lui atterrit dans les yeux et bien évidemment dans les vêtements ! Sans plus attendre, la demoiselle pencha le tête en avant pour tenter de retirer le sable de ses cheveux et de ses yeux. Elle éternua même à cause de la quantité important que lui avait envoyé Coeur d'Argent. Etait-ce une de ces blagues ? Un sens de l'humour particulier effectivement ! En voici la preuve songea l'elfette en se tortillant comme elle le pouvait une grimace sur le visage. Qu'est-ce que c’était désagréable par le Dracos ! N'y tenant plus, Athi défit son corset pour relâcher sa tunique en dessous pour permettre au sable de partir. Elle était également tenté d'enlever ses bottes ... Le sable contre sa peau fragile de ses pieds était horrible ! Mais l'espionne se donnait déjà assez en spectacle comme ça. Cela ne faisait aucun doute que la dragonne immaculée allait la trouver amusante. Une fois son petit cirque terminé et rhabillée Athillë se tourna vers la responsable de son désagrément.

- Vous ne me voulez aucun mal mais m'embêter vous distrairez je suppose ! Ça n'est pas égal : vous êtes certainement milles fois plus puissantes que je ne le serais jamais et beaucoup plus grande.

Cette soudaine envie de parler et de jouer venait du fait que c'était la un rêve de petite elfe qu'elle vivait : rencontrer un dragon et leur parler. Bien sûr il y en avait eu avant, mais jamais aucun ne lui avait demandé de rester en leur compagnie. Athillë tenait Silarae et ne voulait pas la laisser partir ou l'ennuyer ! Alors la demoiselle réfléchit à un sort pour embêter la dragonne, un immense sourire sur les lèvres, presque à en rire.

Ronflant d’amusement, Silarae considéra le petit insecte devant elle avec satisfaction. Tant qu’il restait là, elle trouvait de quoi se divertir, que demander de plus. Elle en avait oublié combien les bipèdes pouvaient être… particuliers. Elle connaissait un peu trop bien petit-homme-une-orbite et cheveux-d’or-au-bout-de-bois-chanteur et s’était habituée à eux. Dommage peut-être, mais après tout elle n’en savourait que mieux la bêtise de leurs semblables aujourd’hui. Si petit… Comment un tel moucheron avait-il pu survivre ? Les merveilles existaient, mais pas pour les bonnes choses visiblement…

*T’es-tu jamais vu la bouche ouverte, la face vers le ciel comme tu viens de le faire ? Cela m’étonnerait fort, et je puis t’assurer qu’à cet instant ton regard semblait des plus vides. Mais comment dois-je t’appeler, petit insecte ?*

Fort divertie, la Blanche la laissa elle-même choisir son appellation, puisque celui qu’elle lui avait choisi ne lui plaisait pas. C’était mignon, cette petite rébellion. Un moucheron avec du caractère. Et qui n’en démordait pas. Pourtant, pleine de sable, elle n’était pas bien impressionnante. Même sans lui d’ailleurs. Silarae pouvait l’écraser sans mal. Ce qu’elle avait bien failli faire d’ailleurs. Un jouet en compote n’avait pas grand intérêt. Tout plat non plus. Surtout s’il ne pouvait plus parler pour jouer le fier guerrier et le courageux petit elfe. Toutefois, ledit jouet n’était finalement pas si simplet que cela et l’écailleuse le revit avec un interet tout neuf. Cette chose était plus subtile qu’elle n’y paraissait. La dragonne la fixa en silence avant de lever la tête vers le ciel, sans répondre. Les étoiles étincelaient toujours, majestueuse, et cela l’apaisa. Finalement, elle daigna reporter son attention vers sa petite interlocutrice, sa voix mentale se faisait plus grave.

*Effectivement, cela me distrait et me fais pendant quelques instants oublier ce qui est réellement. Mais rien n’est égal, oreilles-pointues. L’égalité n’existe pas, tout comme rien n’est juste. Cela est, simplement. Tu ne pourras rien y faire, ta colère ne brisera pas les barrières qui te sont imposées, ton désespoir ne trouva écho qu’en toi-même, nulle peine ne pourra s’apaiser sincèrement. C’est ainsi. Le monde évolue, pas toujours comme le souhaite, les êtres que l’on croise nous torturent et changent nos existences, sans que ne puisses réellement lutter.*

Le regard toujours levé, elle termina sa phrase sans plus s’attarder contre l’esprit de son interlocutrice. Cette dernière ne comprendrait peut-être pas. Qu’importait. La seule chose qui occupait réellement l’esprit de la Blanche depuis trois ans était toujours la même, et pourtant cette douleur était devenue une compagne d’habitude. Elle était là, tapie, avec le désespoir, et rien ne pourrait la faire changer dans l’immédiat. Seule la présence de cette voûte céleste, de ce vent qui soufflait en l’enrobant délicatement, de cette odeur de grand air l’apaisait. Qu’importait… Sa douleur était sienne, comme elle l’avait dit, et ce n’était pas cette créature qui comprendrait. Abandonnant le spectacle, Silarae se coucha brutalement pour la regarder de nouveau, reprenant le ton moqueur, son esprit se faisant acide en se pressant contre celui d’Athillë.

*Me voilà un peu plus à ta hauteur, te sens-tu mieux ? Ou bien tes rêves de grandeur s’en sentent-ils froissés ? Cela étant, je te taquine par mon esprit, ma puissance et ma taille n’ont donc rien à jouer dedans. Certes je te suis supérieure, mais faisons un petit jeu : pour quelques instants, je te laisse t’exprimer comme bon te semble sans que tu n’ais à craindre que je te broie la tête entre mes dents. Cela te convient-il ?*

Amusée, elle la dévisagea en se demandant si la jeune bipède accepterait le défi et jusqu’où elle irait… Et à quel moment la Blanche déciderait que le jeu prendrait fin, et s'estimerait donc légitime dans sa répression d'une possible offense. Après tout, elle n'avait précisé aucune durée, non ? Quelle serait la prudence de cette petite téméraire qui lui faisait face ?

*T’es-tu jamais vu la bouche ouverte, la face vers le ciel comme tu viens de le faire ? Cela m’étonnerait fort, et je puis t’assurer qu’à cet instant ton regard semblait des plus vides. Mais comment dois-je t’appeler, petit insecte ?*

Réalisant effectivement la moue qu'elle avait faite un peu plus tôt la jeune elfe baissa les yeux en haussant doucement une épaule en signe d'embarras mais avec un sous-entendu d'insouciance, ce qui était fait ne pouvait être changé donc pourquoi s'y attardé ? Même s'il était vrai qu'elle aurait aimé mieux se contrôler ...

*Effectivement, cela me distrait et me fais pendant quelques instants oublier ce qui est réellement. Mais rien n’est égal, oreilles-pointues. L’égalité n’existe pas, tout comme rien n’est juste. Cela est, simplement. Tu ne pourras rien y faire, ta colère ne brisera pas les barrières qui te sont imposées, ton désespoir ne trouva écho qu’en toi-même, nulle peine ne pourra s’apaiser sincèrement. C’est ainsi. Le monde évolue, pas toujours comme le souhaite, les êtres que l’on croise nous torturent et changent nos existences, sans que ne puisses réellement lutter.*

Les paroles de la dragonne sonnaient comme une douce agonie, un poème dont les mots et le rythme s'accordaient à la perfection pour cacher la tristesse qu'ils dissimulaient. Sa grimace d'insouciance disparu pour laisser place à sa compassion la plus sincère. Car personne parmi les protégés n'ignoraient le sorts que subissaient certains des dragonniers. Athillë ne comprenait pas ce lien qui unissait dragon/bipède. Mais les dires qui en étaient rapporté étaient splendides : comprendre dans son entièreté une telle créature et se lier d'amitié avec elle pour braver les dangers. Serrant le poing la sylvaine poursuivit le fil de ses pensées ne sachant trop quoi dire à la Blanche : une union scellée dans la magie, tout ceci résonnait comme un doux conte pour enfant. Hors il y a bien longtemps que même eux ne croient plus à cela face à la gravité de leur situation.

Chaque être avait son lot de souffrances et de remords, Athi devinait sans peine celle de Silarae, son dragonnier faisait parti des disparus ... Alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la bouche, la dragonne se coucha brusquement comme si elle se laissait presque tombée. Le sol trembla légèrement provoquant du mouvements dans le sable. Ecartant les bras et pliant les genoux pour mieux se stabiliser, l'elfe se redressa en regarda la dragonne qui semblait décidée à rester ici.

*Me voilà un peu plus à ta hauteur, te sens-tu mieux ? Ou bien tes rêves de grandeur s’en sentent-ils froissés ? Cela étant, je te taquine par mon esprit, ma puissance et ma taille n’ont donc rien à jouer dedans. Certes je te suis supérieure, mais faisons un petit jeu : pour quelques instants, je te laisse t’exprimer comme bon te semble sans que tu n’ais à craindre que je te broie la tête entre mes dents. Cela te convient-il ?*

Visiblement Silarae ne souhaitait pas se laisser aller au chagrin. Quoi de plus normal, sa fierté le lui exigeait très certainement d'autant plus face à une inconnue. Mais Athillë comprit la ou elle souhaitait en venir et se prit au jeu de la dragonne immaculée.

- Mes rêves de grandeur son toujours intacts car vous vous êtes simplement allongée, il en aurait été autrement si votre propre taille avait changé. Ceci aurait été drôle pour moi de vous prendre au creux de mes mains tel un oiseau. Elle se tût un instant avant de reprendre. Dire tout ce que je souhaite ? Laissez moi deviner, c'est pour ensuite vous jouez de moi en retournant mes éventuelles phrases contre moi ? Ou peut-être pas, mais je devine que chacun de mes mots sera retenu et bien sûr me causeront du tort n'est-ce pas ? Je suis tentée mais ...

Mais si elle avait vu juste la demoiselle risquerait peut-être pas d'y laisser sa peau mais à un cheveu dans ce cas là. Non pas les cheveux songea-t-elle se doutant bien que sa nouvelle grimace allait amuser la dragonne. Et puis que pouvait-elle bien dire qui pourrait faire plaisir à la Blanche ? Son moral n'était pas au meilleur et resté la sans rien faire l'agacerait au point qu'elle s'en irait. Croisant les bras en fronçant légèrement les sourcils, Athillë chercha les meilleures options qui s'offraient à elle puis elle reprit la parole.

- J'accepte vôtre jeu Coeur d'Argent. J'avoue que se sera la première fois que je joue avec un dragon ... Même si pour le moment je n'ai que des questions qui me viennent à l'esprit.

Le plaisir de voir les bipèdes tordre leur face de façon parfaitement ridicule… déjà que d’une manière générale, ce faciès épilé, garni d’une touffe de poils au sommet et de quelques-uns qui se massaient en ligne sur le front ou en désordre sur la mâchoire, était parfaitement risible, mais quand il leur prenait en plus la douce folie de jouer avec les muscles qui le contractait, il y avait de quoi en avaler ses propres flammes. Et eux ne s’en rendaient pas même compte, continuant à parader leur non-carapace morne et rosâtre comme s’ils étaient plus beaux que nulle autre créature. Quels êtres emplis d’arrogance… Enfin. Allongée sur le sol, la dragonne souffla doucement sur la petite deux pattes qui lui tenait lieu d’interlocutrice, la réprimandant gentiment.

*Ne me fait pas l’affront de me comparer à un oiseau, petite créature. Je suis bien supérieure à eux. Et quant à seulement songer que tu puisses me tenir en main… Certainement pas. Nul ne doit pouvoir posséder une telle aptitude de vie ou de mort sur un dragon adulte. Pas plus que tu ne mérites de sentir mon céleste corps entre tes pattes trop peu protectrices. Tu es bien orgueilleuse, petite.*

Ceci dit sans la moindre volonté d’insulte, bien entendu, mais avec toute la grâce et la grandeur qui l’habitait. Et la véracité de ses propos n’était plus à démontrer. Il était quelque peu navrant de voir une sylvaine se comporter de la sorte, alors pourtant qu’elle semblait respecter les écailleux à leur juste valeur la plupart du temps. Ah, petite présomptueuse !

*Allons, pourquoi tes mots te causeraient-ils du tort ? As-tu donc peur de moi ? De mes crocs ? De mes griffes ? De ma taille ? Ne me suis-je pas montrée particulièrement délicate à ton égard pourtant ? Ne t’en fais donc vas. Je te promets que tu repartiras vivante.*

Mais entière, ce n’était pas dit. Avait-elle perçu le sous-entendu ? Avec un regard des plus innocents, la dragonne remua une patte dans le sol, envoyant de nouveau, ô combien involontairement, du sable sur Athillë. Il n’était pas vraiment sérieux, mais la dragonne jouait avec ce qu’elle pouvait. Et effrayer sa cible était tout aussi intéressant que de tenter de délimiter son intelligence de deux-pattes. Qui, pour une fois, semblait relativement convenable. L’elfe avait un certain sens de la compréhension d’autrui, et son instinct était relativement correct. Ferait-elle encore preuve d’assez d’empathie pour comprendre la dragonne ? Etrangement, cette dernière ignorait ce qu’elle préférait. Dans un cas, elle risquait fort de s’agacer de la bêtise de la bipède, dans l’autre elle serait furieuse de voir ainsi une faille d’elle-même découverte. Bien évidemment, tout le monde savait sa détresse de n’avoir pu rejoindre son dragonnier et en être séparé. Mais relier ainsi chaque action à ce malaise…

*Des questions ? Et bien… Soit, je t’écoute. Poses toutes celles que tu le souhaites, je choisirai ou non d’y répondre. Mais sache que pour chacune d’elle, tu n’as droit qu’à une seule réponse, sans explication possible. Cela te convient-il ? Bien. Ne te soucis pas de me froisser ou d’être indiscrète alors, je te laisse la possibilité de laisser ton minuscule esprit tenter de se départir des quelques interrogations qui peuvent l’occuper…*

Elle avait tout son temps après tout, et cette petite conversation, quelle que soit la moquerie qu’elle glissait dans sa voix, intéressait sincèrement la Blanche. La vision du monde de la bipède, voilà qui manquait pour compléter le portrait. Cela étant, elle était bien curieuse aussi de simplement savoir ce que pouvait bien désirer la curieuse, simplement.

HRP : n'hésites pas à poser tout ce que tu veux, hein Razz

La comparaison avec un oiseau ne lui avait pas plus, la Blanche lui souffla dessus, l'air chaud qui s'échappait de ses narines sentait la fumée d'un feu de bois. C'était très agréable de profiter de cette odeur sans pour autant se prendre un retour de flamme car elle avait osé plaisanter sur sa condition physique. Quoi qu'il en soit, la jeune elfe savait qu'il ne fallait pas commenter la carrure d'un dragon même si le ton était loin d'être moqueur. Il en valait de sa survie. Elle prit bien note de tout ceci et écouta la dragonne exprimer son mécontentement.

*Ne me fait pas l’affront de me comparer à un oiseau, petite créature. Je suis bien supérieure à eux. Et quant à seulement songer que tu puisses me tenir en main… Certainement pas. Nul ne doit pouvoir posséder une telle aptitude de vie ou de mort sur un dragon adulte. Pas plus que tu ne mérites de sentir mon céleste corps entre tes pattes trop peu protectrices. Tu es bien orgueilleuse, petite.*

Orgueilleuse ? Elle ? Oh que non, du moins ça n'était que de l'ordre de quelques secondes tout au plus. Quand la demoiselle entendit qu'elle n'était pas digne de la toucher, un petit rêve se brisa, une pointe de tristesse envahie son regard déjà mélancolique par nature. Cette belle carapace immaculée semblait si douce et agréable au touché. Mais elle n'avait pas eu le privilège d'être choisi, ainsi elle ne toucherait jamais l'un d'entre. Du moins pas sans son accord, c'était préférable pour ne pas mourir.

*Allons, pourquoi tes mots te causeraient-ils du tort ? As-tu donc peur de moi ? De mes crocs ? De mes griffes ? De ma taille ? Ne me suis-je pas montrée particulièrement délicate à ton égard pourtant ? Ne t’en fais donc vas. Je te promets que tu repartiras vivante.*

Clignant des yeux la demoiselle observa la dragonne, pourquoi sentait-elle une entourloupe dans sa phrase ? Fronçant les sourcils sous la réflexion, elle ne vit que trop tard que Silarae était sur le point de se jouer à nouveau d'elle. De sa patte blanche l'écailleux immaculée remua le sable lui en projetant dessus par la même occasion. Athillë en avait à nouveau dans les cheveux, ses vêtements elfique mais aussi dans les yeux, elle se recroquevilla sur elle-même en grimaçant tout en frottant ses yeux. Cette sensation était plus que désagréable ! Insupportable même ! Elle ne se priva pas de taper du pieds tout en désespérant de ne pas se défaire de cette horrible chose de ses prunelles argentées. Ce cirque dura plusieurs minutes, elle faisait également les cents pas pour tenter d'évacuer son agacement d'une autre manière qu'en bougonnant sur la responsable. Athi manqua même de tomber lorsque son pied droit se posa mal dans la sable, elle réussit à se rattraper de justesse. Et comme si de rien était elle se redressa vivement les yeux humides et légèrement rouge. Elle se tourna vers Coeur d'Argent en posant ses poings fermés sur ses hanches, relativement mécontente de sa plaisanterie. Mais comme farce faite, elle n'était destiné qu'à amuser son auteur et personne d'autre.

*Des questions ? Et bien… Soit, je t’écoute. Poses toutes celles que tu le souhaites, je choisirai ou non d’y répondre. Mais sache que pour chacune d’elle, tu n’as droit qu’à une seule réponse, sans explication possible. Cela te convient-il ? Bien. Ne te soucis pas de me froisser ou d’être indiscrète alors, je te laisse la possibilité de laisser ton minuscule esprit tenter de se départir des quelques interrogations qui peuvent l’occuper…*

- Très bien dans ce cas. Dans ce cas parlez moi de cet incroyable don qu'est le vol. Qu'elle est cette sensation qui vous envahi lorsque vous regarder le sol alors que vous êtes parmi les nuages ? Qu'est-ce que cela fait de se sentir bien plus fort que quiconque sur cette terre ? Bref, je suis fascinée par vôtre stature, la force que vous possédez, tout ce qui vous entoure de près ou de loin.

Réussit-t-elle à articuler sans trop presser sa voix et sans trop manifester son mécontentement vis-à-vis de cette plaisanterie. Cela dit, Athillë n'hésita pas à froncer les sourcils lorsqu'elle eut finit de retirer une bonne partie du sable accroché à elle. La jeune elfe hésita puis regarda la dragonne avec douceur et continua.

- Cela dit je me dois de vous taquiner moi aussi, c'est au moins la deuxième fois que vous me jeter du sable dessus !

Le regard malicieux, la demoiselle cherchait un moyen de se jouer en douceur de la dragonne. Que pouvait-elle bien faire. Rapidement Athi, fouilla dans sa mémoire pour éplucher tout les sorts qu'elle maîtrisait, un simple qui ne demandait pas trop d'énergie et qui amuserait Coeur d'Argent plutôt que de la vexer ou l'énerver. Toujours ce risque de mort, décidément les conversations avec une créature céleste n'était pas de tout /

Le vol… Ah, le vol… Les bipèdes semblaient captivés par cette faculté qu’eux ne possédaient et ne pouvaient comprendre. Comment leur expliquer cette force, cette puissance, cette beauté, cette magie unique en son genre, cette union avec le ciel ? Et pourtant, si nombreux étaient les curieux qui s’interrogeaient sur ce point, la Blanche était toujours aussi incapable de mettre des mots sur de tels sensations. De leur comprendre, réellement, ce qu'il en était. Elle observa un instant la petite chose face à elle, un lueur amusée scintillant dans son regard d'or avant de s’éteindre aussi rapidement qu’elle était venue.

*Si c’était une façon de chercher à te faire porter sur mon dos, deux-pattes, voilà une bien habile tentative et un échec tout aussi splendide.*

Levant la tête vers les étoiles, la dragonne réfléchit à ses propos suivants. Elle ne savait comment décrire une telle chose, mais elle acceptait de jouer le jeu. Toutefois, elle devait bien s’avouer déçue. L’oreilles-pointues ne s’était pas montrée très originale, et l’écailleuse manqua la laisser sur place pour retourner à la tranquillité de sa grotte. Toutefois, dans un effort surdraconnique, elle se décida :

*Comment le torrent peut-il décrire à la flaque son ressenti ? Cela est impossible. Notre stature, notre force, tu ne peux que l’effleurer, tu ne pourras jamais maitriser cette notion, quoi que tu désires. Il te faudrait partager l’âme de l’un de mes semblables pour t’y essayer, mais ce temps n’est pas venu. Ne t’inquiètes pas, créature, ajouta-t-elle avec une pointe de pitié devant la déception de son interlocutrice, peut-être un jour seras-tu digne de devenir dragonnière. Qui sait ? Certains des miens deviennent fous…*

Renâclant avec amusement, elle remua la queue d’un geste brusque en se repaissant du souffle du vent sur ses écailles. Elle n’aimait rien tant que de provoquer le minuscule insecte qui tapait de la patte en couinant.

*Quant au vol… comment pourrais-tu seulement imaginer cette sérénité qui l’accompagne ? Cette gloire, cette majesté à s’élever au battement de tes ailes ? Cette recherche de chaque courant aérien, cette puissance à voir la terre de si haut, à dominer ainsi ? Cette force qui t’anime, à parcourir des lieux, à pousser ton propre corps, le tourner, le redresser, à laisser siffler le vent contre tes ailes, à traquer tes proies au milieu des nuages, à fendre l’éther de ta chair ? Mon royaume est dans les airs, oreilles-pointues, car c’est là que je sais pouvoir être à mon aise. Nulle entrave, nulle chaine ne me retient là-haut. Cette liberté, petite-chose, tu ne peux imaginer combien elle est précieuse. Combien elle est nécessaire. Mais ne suis-je point la Reine des Cieux ?*

Pour ne pas sombrer, pour ne pas se laisser aller. Pour ne pas tomber dans l’apathie la plus vicieuse, la plus sournoise. Pour être capable de garder son esprit aussi vivace qu’il pouvait l’être en une telle situation.

*Et toi, quel est ton antre secrète ? Quelle demeure souhaiterais-tu protéger ? Que recèle ton cœur ?*

Certes, le jeu stipulait que c’était la deux-pattes qui pouvait être libre de poser les questions, mais en tant que dragonne, Silarae s’estimait digne de le faire à tout instant. La suprématie de la race sur celle des règles. Mais en réalité… n’était-ce pas simplement les lois de la nature, que celles-ci ? Les proies se soumettaient aux prédateurs pour survivre, cherchant là elle se trouvait l’assurance de rester sauf. Et pourtant… quelle était donc cette déclaration de la cheveux-aile-de-corbeaux ? La voilà donc qui prenait ses aises… Plus amusée qu’effrayée, Silarae redressa le cou en la fixant. Peut-être finalement allait-elle réellement être surprise par son occupation du moment.

*Ohoh… Eh bien, serais-tu d’humeur belliqueuse ? Montres-moi donc comment tu taquines une dragonne, bipède, que je me régale de tes tours. Montres-moi ce dont tu es capable. Ne t’inquiètes donc pas, je ne te mangerai pas. Peut-être me contenterai-je d’enfouir ton corps sous le sable brûlant.*

Cela étant, rien n’empêchait l’autre de lancer du sable sur la majestueuse dragonne. Certes l’effet ne serait pas le même que lorsque la situation était inversée mais… pourquoi pas après tout. Attentive, la Blanche laissa le temps à son jouet de lui montrer ce à quoi elle pensait, et ce dont elle était capable.

*Si c’était une façon de chercher à te faire porter sur mon dos, deux-pattes, voilà une bien habile tentative et un échec tout aussi splendide.*

L'elfette ria discrètement l'espace de quelques secondes, elle ? Dans le ciel sur le dos d'un dragon ? Cela méritait le déplacement pour voir comment elle se débrouillerait dans une telle situation ! Mais jamais elle ne réussirait à s'en sortir vivante ! Déjà que sur un cheval elle n'était pas des plus habile, mais sur un dragon ... Mieux valait ne pas y songer ! La demoiselle voulut lui répondre, l'espace d'un instant elle hésita, puis elle s'abstînt en regardant fascinée la dragonne se mouvoir avec grâce.

*Comment le torrent peut-il décrire à la flaque son ressenti ? Cela est impossible. Notre stature, notre force, tu ne peux que l’effleurer, tu ne pourras jamais maitriser cette notion, quoi que tu désires. Il te faudrait partager l’âme de l’un de mes semblables pour t’y essayer, mais ce temps n’est pas venu. Ne t’inquiètes pas, créature

Oui c'est vrai que présenter de la sorte ... Il n'y avait aucune explication simple à donner pour que l'un et l'autre se comprenne. Athillë supposa que ce genre de chose ne s'expliquait, elle se vivait corps et âme jusqu'à en être submergé -

peut-être un jour seras-tu digne de devenir dragonnière. Qui sait ? Certains des miens deviennent fous…*

Nan mais ... Eh ! La demoiselle fronça les sourcils face à la plaisanterie de la Blanche ! Pour sûr qu'elle ne souhaitait pas le devenir si jamais elle devait rester enchaîné avec un dragon aussi taquin que Silarae, non se serait bien trop difficile à supporter au quotidien ! Lorsqu'elle avait fait mine de repartir la demoiselle s'était tout simplement sentie fondre comme neige au soleil, ne pas pouvoir lutter contre une telle créature, sa force et surtout son caractère parfois complexe devait demander une quantité folle d'énergie !

*Quant au vol… comment pourrais-tu seulement imaginer cette sérénité qui l’accompagne ? Cette gloire, cette majesté à s’élever au battement de tes ailes ? Cette recherche de chaque courant aérien, cette puissance à voir la terre de si haut, à dominer ainsi ? Cette force qui t’anime, à parcourir des lieux, à pousser ton propre corps, le tourner, le redresser, à laisser siffler le vent contre tes ailes, à traquer tes proies au milieu des nuages, à fendre l’éther de ta chair ? Mon royaume est dans les airs, oreilles-pointues, car c’est là que je sais pouvoir être à mon aise. Nulle entrave, nulle chaine ne me retient là-haut. Cette liberté, petite-chose, tu ne peux imaginer combien elle est précieuse. Combien elle est nécessaire. Mais ne suis-je point la Reine des Cieux ?*

*Et toi, quel est ton antre secrète ? Quelle demeure souhaiterais-tu protéger ? Que recèle ton cœur ?*

Avec un petit sourire, la Peldacilillë fixa la dragonne dans les yeux avant de baisser le regard vers ses mains, fouillant dans sa mémoire et sa propre force, le sortilège qui serait le plus à même de se prêter au jeu qu'elles menaient.

*Ohoh… Eh bien, serais-tu d’humeur belliqueuse ? Montres-moi donc comment tu taquines une dragonne, bipède, que je me régale de tes tours. Montres-moi ce dont tu es capable. Ne t’inquiètes donc pas, je ne te mangerai pas. Peut-être me contenterai-je d’enfouir ton corps sous le sable brûlant.*

- Comme vous l'avez dite Coeur d'Argent, je ne peux imaginer une chose qui m'est si lointaine, si inaccessible. Je doute de devenir une dragonnière un jour, ce serait un fardeau bien trop lourd pour mes frêles épaules, mais en revanche, elles sont assez solide pour me permettre d'exercer la magie. Je commence par quelque chose de simple.

Joignant les deux mains subitement, la demoiselle regarda tour à tour, la dragonne puis ses mains. Athillë calma sa respiration puis lorsqu'elle rouvrit les mains un bouquet de fleurs de toute sorte apparue, il ne s'agissait que de roses blanches aussi pures et scintillantes qu'un diamant, assez conséquent en taille la demoiselle ne pouvait tenir les tiges à une main. La jeune elfe regarda la dragonne avec un immense sourire.

- J'aime la magie plus que tout, et si je peux faire ce sortilège des plus simple c'est grâce à vôtre retour. Mais je ne vous laisserais pas vous moquer de moi pour autant.

Ajout-a-t-elle en riant, tout en songeant au prochain sort qu'elle allait utiliser.

[Invocation] Rosea Crée un petit bouquet de fleurs, de l'espèce que l'on veut et de la couleur que l'on souhaite, laissées à la libre imagination du lanceur. Les fleurs sont toutefois éphémères et se faneront plus vite que des vraies, dès que la nuit tombera.

Geste clé : Joindre les deux mains devant soi en liant les doigts puis ouvrir brusquement les doigts entre lesquels apparaitra le bouquet de fleurs imaginé.

Trop frêle pour devenir dragonnière… Voilà qui semblait amusant et plutôt réaliste. Néanmoins, elle se trompait. Il ne suffit pas de penser être suffisamment fort ou non pour cela. Le dragon qui choisissait voyait avant tout en son lié un être à part, digne de lui. C’était ainsi que la Blanche avait attaché son âme à celle d’Achroma. Car il était seul à mériter un tel hommage, un si grand honneur. Parce qu’elle avait senti en lui un partenaire digne de ce nom. La seule chose qu’elle n’avait pas prévu, c’était de s’avérer, elle-même, indigne de lui. Comment aurait-elle pu ne serait-ce qu’imaginer cela ? Elle s’était crue forte, elle aussi, suffisamment pour le protéger de tout et de chacun, pour se protéger elle-même. Elle avait déjà échoué, plusieurs fois, mais celle-ci était la pire.

*Tu n’es pas si faible que cela, petite oreilles-pointues. Tu as su survivre, venir jusqu’ici et, autant que je puisse en changer quant à votre étrange morphologie, en un seul morceau, à moins que tu n’aies très bien caché celui manquant. Laisses donc les miens juger si l’un d’entre eux t’estiment digne de lui.*

Sur ces paroles, et puisqu’elle s’était montré suffisamment gentille, aimable et grande dame comme ça, elle s’intéressa au sort de la bipède, fixant les fleurs avec ironie tout en chassant les ombres noires qui planaient encore, par instant, dans son esprit. Des roses blanches… Des roses en plein désert. Voilà qui était tout à fait singulier, et l’image semblait parfaitement absurde. Offrir des fleurs à une dragonne… Cela lui rappelait Atalos, quand il avait eu l’étrange idée de déraciner tout un parterre comme présent de… de séduction ? A ce souvenir, son esprit s’apaisa un peu. Son compagnon d’or avait toujours d’étranges idées, et c’était d’ailleurs d’une façon bien pittoresque qu’il avait, à plusieurs reprises, attiré l’attention de Silarae. Etrangement, la créature à la crinière noire avait reçu les mêmes conseils en matière de séduction draconnique. Etait-ce l’humain du Doré derrière tout cela ? L’idée était quelque pittoresque.

*Voilà qui me parait très malicieux, je dois l’avouer. Tu comptes me les rentrer dans les naseaux, ou bien peut-être me curer les dents avec les tiges ? A moins que tu ne t’en serves comme parure pour mes écailles, à condition bien sûr de parvenir à les faire tenir ? Ces fleurs sont fort belles, cela ne fait aucun doute, mais je ne leur vois guère d’utilité. Ne devais-tu pas me montrer de quelle férocité tu savais faire montre ? Si tu souhaites m’empêcher de me moquer de toi, impressionnes-moi. Si ce n’est par l’art de la riposte, dévoiles-moi un grandiose secret, uses de ta magie de telle façon que je ne pourrais que m’incliner devant ton savoir.*

Très amusée à présent, elle laissa sa queue écailleuse fouetter le sable derrière elle, sans même se donner la peine de prêter attention aux potentiels protégés qui pouvaient se trouver à proximité de tir de sable. Elle laissait une dernière chance à la petite elfe de lui prouver son talent. A elle de bien choisir.

*Oh, et évites de recouvrir le désert de roses blanches, elles ne dureraient guère, aussi charmante soit l’idée.*

Narquoise, Silarae laissa la petite bipède à ses réflexions. Sans doute était-il déjà difficile pour elle de mettre en marche toutes ses capacités de réflexion, surtout au vu de la petitesse de la boite qu’était son crâne, alors la presser ne donnerait probablement rien de productif. Quant à la Blanche… elle avait la nuit devant elle… et chaque nouveau jour qui s’écoulerait en l’absence de son lié. Autrement dit et à ses yeux, l’éternité.

La dragonne n'avait pas juger Athi comme incapable pour être choisie ? Cette nouvelle fut d'abord prise avec surprise pour la frêle sylvaine qu'elle était. Un dragon peut-être un jour s'intéresserait à elle ? Alors ça n'était pas à la force que les dragonniers étaient choisis ? Au moins une question concernant ces privilégiés possédaient désormais une réponse. Quant à la Peldacielillë elle laissa l'étonnement la submergé, ses yeux argentés s'ouvrirent presque en grand et sa bouche forma un petit o, oui tout de même il y avait de quoi être dans cet état ! Bien sûr que la jeune demoiselle savait qu'il ne s'agissait pas d'une garantie ! Néanmoins cette nouvelle des plus inattendue n'était pas à prendre à la légère, qui sait, seul le Dracos ... Puis ce fut la joie, un jour être la liée d'une de ces magnifique créatures serait quelque chose d'inexplicable. Eux-même ne savaient que dire quand on leur posait la question. Mais surtout Coeur d'argent ne lui avait pas "rit" au nez, comme quoi elle se jugeait peut-être trop sévèrement.

Une fois son étonnement passé, Athillë pu enfin remarquer que Silarae était étonnée du choix de son sortilège, mais il y avait plus que cela, Coeur d'Argent semblait plus tranquille. Cela lui faisait plaisir ? Un sourire illumina son visage d'ordinaire pâle, se flattant elle-même de son choix.

Des fleurs dans les naseaux ? Cette image traversa l'esprit de l'elfe qui ne pu retenir un petit gloussement, cela pourrait être amusant et ... Mortelle aussi. Cependant la seconde idée pour venir décorer les écailles de son interlocutrice n'était pas si mal, oui elles ne tiendraient pas et elles faneraient trop vite pour que cela en vaille vraiment la peine. Cette belle image ressemblerait davantage à une oeuvre, la belle Silarae au milieu d'un champs de fleur blanche ... Sur cette belle image, la demoiselle se re-concentra sur la suite des paroles de celle-ci, enfin ... Sur sa queue plutôt, aussitôt sa phrase terminée, Silarae en jouait visiblement amusée comme le serait un chien ? Non tout de même un dragon et un canidé ? Quelle horreur ! Quoi qu'il en soit les mouvements qu'elle faisait ne la rassurait guère, l'idée de se retrouver encore une fois pleine de sable ne l'attirer pas du tout !

Au lieu de cela, Athi reporta son attention sur le prochain sortilège, que pouvait-elle bien faire pour impressionner la dragonne. Elle qui était la magie incarnée, d'ailleurs serait-ce mal si la sylvaine profitait de son aura au cas ou son sortilège ne fonctionnerait pas ? Elle plaça sa main droite à son menton comme si sa nouvelle position allait l'aider à mieux réfléchir. L'idée d'utiliser son aura était à bannir. Une dragonne mécontente pouvait faire de sacré dégâts même s'il ne s'agissait pas de Skade mère des Tempêtes. Puis le sort parfait lui vînt à l'esprit, il serait bien plus complexe et lourd à effectuer, à supporter au niveau de son énergie vitale, mais elle voulait faire plaisir à la dragonne.

- Très bien, je sais quoi faire.

La demoiselle lâcha les fleurs puis tendit les mains vers le sol, son regard se fît froid mais concentré. Paumes tournées vers le sable Athillë ouvrit la bouche et se laissa aller à son incantation : elle chanta. De sa voix douce et cristalline et fit appelle à toute sa force et sa magie. Le flux commença alors en elle, la magie se dirigea vers ses mains pour faire appelle au sable se trouvant autour d'elles. Des murs se construisirent alors. Grain par grain des murs d'une hauteurs de deux mètres s'élevèrent en douceur ses mains suivirent le mouvement. Cinq secondes ... Quatre seconde ... Elle y était presque ! Ses forces commençaient à se dissiper, non elle devait réussir ... trois secondes. Encore un peu juste un peu hurla-t-elle dans son esprit agacée de faiblir si près du but. Deux secondes ... Ses bras quasiment à la verticale commençaient à trembler, mais elle s'en moquait, la Peldacielillë avait réussi. Une seconde de plus et elle termina son chant. Une victoire personnelle ! Athillë n'avait jamais invoqué ce sort auparavant : Dédale.

Cela ne servait à rien, il n'y avait aucun ennemi à l'horizon, pourtant l'elfe avait créer un immense l'abyrinthe de sable autour d'elles mais aussi des personnes alentours, certains étaient dans ses couloirs d'autres dans des culs de sac. Rien de facheux ou d'effrayant car d'ici peu Athillë romprait le sortilège pour leur permettre de sortir. Mais avant cela, il fallait que la dragonne voit de quoi elle était capable. Ses murs étaient volontairement bas, pour qu'ainsi sans avoir à tendre le cou, Silarae puisse observer son travail. Qu'allait-elle penser de cette cinquantaine de couloirs et ses dix culs de sac ? Athillë souriait, de fierté mais aussi d'impatience. Elle savait pertinemment que cela n'allait pas faire taire la dragonne sous l'admiration mais c'était déjà ça.

- Qu'en pensez-vous ? Articula-t-elle le souffle un peu court.

Un labyrinthe. Quelle étrange idée. Un labyrinthe de sable, qui plus était. Un dédale éphémère, que le vent soufflerait, telle une pensée qui si vite venue était déjà partie. Des murs si fragiles qu’elle-même pourrait souffler si l’envie le lui prenait. Cela lui rappelait qu’il y avait toujours deux solutions à un problème. Il fallait seulement prendre de la hauteur pour le voir. L’esprit était tortueux comme un labyrinthe, et certaines idées restaient bloquées par une impasse. D’autres couraient, se perdaient, tombaient, et après de longs trajets finissaient par retrouver la sortie que d’aucuns avaient franchies depuis bien longtemps, suivant simplement leur instinct. Labyrinthe. C’était une formidable façon de comprendre le fonctionnement de ces petits bipèdes, de les voir s’agiter telles des fourmis apeurées par ce piège. Une formidable façon de comprendre son propre fonctionnement. C’était une formidable idée.

Songeuse, la dragonne baissa la tête vers le petit être pantelant qui la fixait, cherchant de toute évidence son approbation. Pauvre petite oreilles-pointues. Il était amusant de la voir se démener pour plaire à la majestueuse écailleuse. Cela étant, ses efforts avaient porté leurs fruits. La dragonne avait été surprise de voir l’œuvre de l’elfe. Elle passait des fleurs à une construction telle que celle-ci, où donc naviguaient ses idées ?

*Je ne peux guère me dire impressionnée, petite chose. Néanmoins ‒et elle se détourna du labyrinthe pour fixer celle qui lui faisait face‒ je reconnais que ton idée m’a plu. Peut-être n’es-tu pas si inutile que cela. Un labyrinthe… quelle étrange conception… Cela étant, tu as mon approbation.*

Sa voix était davantage amicale et posée, résonnant comme si son esprit commençait à se perdre, lui aussi, dans son propre labyrinthe. Elle avait besoin de retrouver cette solitude qui l’accompagnait depuis trois ans déjà. L’œuvre qu’elle avait face à elle la rendait mélancolique, sans qu’elle ne sache pourquoi. Et, lorsque le sable s’effondra, lorsque chaque grain retrouva la place qui était sienne, lorsque le vent emporta en emporta une partie, elle releva la tête pour suivre, l’espace d’une seconde, leur vol gracieux de tourbillons et d’arabesques.

*Il est temps pour moi de retourner où mon esprit est en paix et de rejoindre ces grains qui s’envolent. Je trouverai plus tard celui que je cherche. Puisse le vent te porter, petite chose. Je te souhaite de passer outre ces impasses que le labyrinthe de la vie crée pour toi.*

Baissant la tête, elle l’effleura de son museau, avant de reculer légèrement. L’elfette lui avait changé les idées, mais comme toujours, cela n’avait pas duré. Cela ne durait jamais. Qu’importait. Elle n’avait que trop l’habitude, à présent. Elle attendrait que oreilles-pointues-à-la-chevelure-d’or vienne la voir, et lui chante l’une de ces ballades dont il avait le secret. La musique du morceau-de-bois-chanteur l’apaisait comme nul n’en était capable. Pas même les petites créatures faiseuses de labyrinthes de sable.

Ouvrant ses larges ailes, elle décolla brusquement, faisant s’envoler derechef le sable alentour pour disparaitre vers le ciel qui l’attendait, comme toujours, là-haut. Sans un regard en arrière, elle reprit la route vers sa petite grotte, laissant ses pensées rejoindre l’immensité qui l’invitait, son corps agissant sans même qu’elle ne s’en aperçoive réellement, absorbée qu’elle était par le tourbillon de son âme.

Le monde était légèrement plus flou après un effort pareil. La demoiselle sentie ses mains s'engourdirent après le passage de la magie. Sur le moment cette sensation était des plus vivifiante, ce qui rendait son état naturel encore plus lent et faible, en particulier dans ce corps-ci. Il lui fallut bien quelques secondes pour reprendre ses esprits. Les éléments alentours devinrent plus net, puis cette sensation de poids disparu. Reprenant son souffle, Athillë cligna des yeux pour être sur que tout était bien redevenu tel que cela devait l'être. Un coup d'oeil verts la dragonne lui confirma que oui, tout allait bien. Néanmoins ce petit sortilège ne serait pas à reproduire dans la minute. Elle avait beau avoir une magie assez puissante il ne fallait pas qu'elle en abuse, son frêle corps ne le supporterait peut-être pas.

La dragonne se mit à observer avec intérêt sa création, ce qui lui arracha un petit sourire. Un peu de tenue tout de même ! La jeune elfe se demanda si elle avait réussi à conquérir l'estime de Coeur d'Argent, son regard lumineux prouvait qu'elle était dans l'attente d'une réponse.

Silarae lui répondit alors, son approbation ? Cela lui avait plus ? Intérieurement elle sauta de joie et se mit à courir dans tout les sens exactement comme une enfant. Mais son visage se contenta d'un petit sourire et d'un hochement de tête satisfait. Elle jubilait !

Cette fois son oeuvre et les efforts qu'elle y avait investi étaient plus que reconnu, elle soupira et dans un même mouvement relâcha ses épaules. Le sable imita sa maîtresse temporaire et reprit sa place au grand bonheur des prisonniers de son labyrinthe. Soulagé de sortir de cette étrange prison ils partirent un peu plus loin pour être de sur de ne pas se faire de nouveau avoir. Athillë jeta un coup d'oeil vers eux. Au fond d'elle, elle souhaitait s'excuser, mais par fierté elle ne le ferait pas.

Puis un détail vînt à son esprit, Coeur d'Argent avait été beaucoup plus douce avec elle. Non seulement elle était remonté dans son estime mais elle devait la voir autrement, plus comme une simple inconnu, plutôt comme une ... Agréable connaissance ? Qui sait seul la vie et le temps le lui dirait.

*Il est temps pour moi de retourner où mon esprit est en paix et de rejoindre ces grains qui s’envolent. Je trouverai plus tard celui que je cherche. Puisse le vent te porter, petite chose. Je te souhaite de passer outre ces impasses que le labyrinthe de la vie crée pour toi.*

Déçue que leur entrevue n'est durée que quelques instants, la demoiselle s'empressa de répondre.

- Je suis ravis d'avoir passer ce moment en votre compagnie Noble Silarae, encore merci à vous pour vôtre intérêt, j'espère que nous nous reverrons.

À peine sa phrase terminée, la dragonne vînt l'effleurer de son museau avec douceur. Surprise, les yeux grands ouverts elle la regarda au début ne sachant quoi faire. Doucement elle s'inclina en fermant les yeux bien heureuse de ce qu'il venait de se produire. Quel privilège elle avait eu. Son coeur et son esprit dansaient de joie tant cette rencontre inattendue l'avait touché, mais encore une fois son visage filtra la quasi-totalité de son ressenti pour ne laisser apparaître qu'un sourire.

Silarae décolla alors d'un bond, faisant s'envoler le sable qui vînt dans les yeux de la jeune elfe, elle se les frotta instinctivement puis quand elle les rouvrit la belle dragonne immaculée n'était déjà plus visible. C'était presque comme un rêve éveillé, elle aurait voulu que cela dure davantage et qu'elle lui parle un peu plus. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Athillë partit donc de son côté, à la fois triste et heureuse.

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"Ce n'est pas toi que je cherchais, mais tu feras l'affaire" [Athi]

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