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Eawyn AERIN

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AuteurMessage
Merithyn Shadowsong
Merithyn Shadowsong
Mon identité
Mes compétences
Compétences
Magie: Maître mage
Expérience:
Eawyn AERIN Left_bar_bleue4/10Eawyn AERIN Empty_bar_bleue  (4/10)
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Légende

Eawyn AERIN Empty
MessageSujet: Eawyn AERIN Eawyn AERIN Icon_minitimeMer 27 Mai 2015 - 9:17


Aerin Eawyn


Tant que sur la terre il restera un homme pour chanter, il nous sera encore permis d'espérer.
Gabriel Celaya




Compétences

    Caractéristiques (clic) :
    Physique :
  • Force physique : Bon
  • Agilité : Moyen
  • Furtivité : Faible
  • Réflexes : Bon
  • Endurance : Moyen
  • Résistance : Très bon
  • Beauté : Bon

    Mental :
  • Force mentale : Maître
  • Patience/self contrôle : Bon
  • Perception : Moyen
  • Intelligence : Très bon
  • Arrogance : Faible
  • Gentillesse : Très bon
  • Prestance/charisme : Maître
  • Mémoire : Bon

    Combat :
  • Epée : Aucun niveau
  • Dague doubles ou simple : Aucun niveau
  • Poignard : Aucun niveau
  • Lance : Aucun niveau
  • Armes contondantes (bâtons, masses, ...) : Aucun niveau
  • Hache : Aucun niveau
  • Faux : Aucun niveau
  • Fouet : Aucun niveau
  • Art du lancé (poignard, petite hache...) : Très bon
  • Art de la parade (bouclier ou arme) : Aucun niveau
  • Arc : Faible
  • Arbalète : Aucun niveau
  • Mains nues/pugilat : Bon
  • Equitation : Catastrophique

Identité


  • Race : Elfe

  • Nom : Aerin

  • Prénom : Eawyn

  • Surnom(s) :

  • Titre : à acheter si vous le souhaitez

  • Date de naissance : 1235 de l'âge d'argent

  • Age réel : 523 ans

  • Age vampirique : -

  • Lieu de naissance : Royaume Elfique

  • Lieu de vie : Royaume Elfique

  • Rang social : Bourgeoisie

  • Poste/emploi : Baptistrel

  • Guilde : Aucune


Equipement et magie
  • Arme principale : Sa magie, utilisée à bon escient.

  • Autres objets :
    • Amar'amdir, l'Higen de son maître.

    • Un médaillon d'ambre ayant jadis appartenu à sa mère, il le conserve comme une relique et y puise l'essentiel de sa détermination.


  • Alignement : Bénéfique

  • Totem : Ecureuil, niveau 2

  • Style de magie principal : Elfique

  • Puissance magique innée : Exceptionnel

  • Niveau magique :Maître mage




Physique et caractère

  • Physique :

    A bien des égards, Eawyn contraste avec l'idée que beaucoup pourraient se faire de ce à quoi peut bien ressembler un elfe. S'il a en effet pour lui le charme et la beauté proche de la perfection inhérente au peuple des bois, ce sont bien là tout ce qui pourrait permettre au regard non averti de le différencier d'un être humain. D'une taille moyenne, le baptistrel de la terre présente une silhouette athlétique que l'on pourrait aisément penser façonnée dans la pierre brute : ses épaules carrées encadrent un torse sèchement dessiné, lequel n'est d'ailleurs pas sans rappeler la façade rocheuse d'une falaise abrupte, tandis que son cou aux muscles noueux confère à son visage un port affermi et volontaire. Ses traits sont francs et réguliers comme le seraient ceux d'une statue taillée dans la pierre, ses yeux eux-même paraissent deux fentes s'ouvrant sur un regard dont la couleur flamboyante des iris ne manque pas évoquer celle de la roche en fusion. Toutefois, l'un d'eux s'est vu marqué d'une longue cicatrice s'étirant en travers du visage du lié de la terre, semblable à une crevasse que serait venu y dessiner un séisme. Combien de fois lui avait-on fait remarquer que la magie baptistrale pouvait l'en débarrasser ? Des centaines, peut-être des milliers. Mais des centaines, peut-être des milliers de fois, Eawyn s'y était opposé. Cette marque laissée dans sa chair, le chanteur la préservait presque aussi religieusement qu'il veillait sur le médaillon qui ornait son cou, mais bien rares étaient les élus à pouvoir prétendre connaître la raison de ce comportement.
    De part et d'autre de ce visage balafré, ses oreilles lorsqu'elles ne sont pas dissimulées par les mèches rebelles de son indisciplinée chevelure aux reflets d'argent, laissent apparaître aux regards les plus attentifs une forme singulièrement humaine. En effet, pour une raison que personne ne put jamais donner, Eawyn ne partage pas les oreilles aux proéminences pointues pourtant si répandues parmi le peuple des bois, mais cette particularité physique ne lui a jamais posé le moindre complexe.

    Fine et discrète mais non moins puissante, sa musculature est la résultante d'un exercice physique régulier. En effet, plus que toute autre autre affinité élémentaire, la maîtrise d'un élément aussi stable que la terre requiert de ses adeptes autant force et rudesse qu'endurance et conviction. Aussi, à force de travail et d'entraînement, que ce soit au travers son physique ou dans son attitude, Eawyn s'est progressivement mué en un concentré de tout cela à la fois. Ses postures sont fermes, assurées et paraissent le plus souvent inébranlables, tant et si bien que lorsqu'il se tient debout, on imagine difficilement ce qui pourrait lui faire exécuter un pas vers l'arrière. Peut-être est-ce de cette apparente stabilité que le baptistrel tire ses talents de médiateur, mais que l'on ne s'y trompe pas : s'il peut tenir dans le tempétueux tumulte d'une discorde avec l'aplomb d'un roc, Eawyn n'en est pas pour autant exempt du caractère volcanique de la terre à laquelle il a lié son art.

    Pour finir sur un point de vue plus vestimentaire, le style favori du baptistrel se révèle particulièrement simple et épuré. Parfaitement à l'aise avec son corps, il ne ressent en effet aucun besoin de véritablement le couvrir et ne porte le plus souvent qu'un pantalon de tissu léger complété d'une ceinture de cuir dont la seule raison d'être est de respecter ce que d'aucuns nomment les règles élémentaires de savoir-vivre, ce y compris lorsque les conditions météorologiques ne sont pas des plus clémentes. Le froid, le vent et la pluie ne l'effraient tout simplement pas plus qu'ils ne font vaciller les montagnes, il les considère même comme un parfait moyen de se renforcer physiquement. Seules les conditions les plus extrêmes pourraient le convaincre d'enfiler une tunique plus chaude, et il ne consent revêtir tenue plus cérémoniale que lorsqu'il est amené à s'exprimer devant un auditoire officiel mais pour autant, en aucun cas il ne sera possible de le voir chaussé, pas même s'il s'agissait d'une stricte exigence d'un quelconque protocole politique. C'est en effet une interdiction presque vitale pour lui, eut-il à en perdre des orteils, il n'enfermera jamais ses pieds dans le cuir d'une chausse ou d'une botte, lequel le priverait d'un trop précieux contact avec le sol.


  • Caractère :

    La plus fidèle description que l'on pourrait faire du caractère d'Eawyn serait sans conteste celle que l'on ferait d'un volcan. Paisiblement assoupi, il n'est qu'une montagne comme il en existe tant d'autres, un havre de paix et de silence, doté d'un aplomb d'autant plus impressionnant qu'il transpire d'une stabilité presque rassurante. Mais lorsque vient le temps pour lui d'entrer en éruption, la terre gronde et tremble sur des distances plus que considérables, annonçant à tous le réveil de l'une des merveilles les plus puissantes que compte la Nature. Mieux vaut dès lors prendre ses distances, car il n'est rien que l'on puisse faire pour apaiser la colère d'un volcan si ce n'est attendre que s'essouffle ce déchaînement de feu et de roche dévastateur.

    Tel un volcan donc, Eawyn possède un tempérament calme et paisible. Doté d'une grande patience, il se montre la plupart du temps remarquablement disponible et serviable, toujours prompt à aider en tout ce pour quoi il peut se montrer utile. Il peut autant mettre ses pouvoirs à disposition de la réalisation de travaux de grande ampleur que favoriser les récoltes d'un modeste village humain en proie à une famine ou même simplement ravir le regard d'un enfant en faisant éclore pour lui une fleur colorée. A l'instar de tout baptistrel digne de ce nom, il fait preuve d'une grande empathie et de fortes capacités de compréhension qu'il met volontiers au service de quiconque sera à la recherche d'une oreille à laquelle se confier ou d'un conseil que l'on souhaitera judicieux. Fin négociateur et médiateur émérite, il est une voix que l'on aura naturellement tendance à écouter tant elle semble résonner de l'assurance que confèrent les solides fondations de la connaissance.

    Tel un volcan cependant, Eawyn laisse constamment planer le risque d'une explosion aussi violente qu'imprévisible. S'il peut accepter beaucoup, s'il peut encaisser plus que d'aucun ne l'en penseraient capable, lorsque les lointaines limites de sa patience sont atteintes, il n'est plus rien à faire pour en astreindre la colère. Une fois que son esprit commence à glisser vers le processus de l'éruption, il faut toute l'expérience d'un proche et fin connaisseur de la mentalité du baptistrel de la terre pour l'enrayer avant qu'il ne soit trop tard. Passé un certain point de non retour cependant, il n'est plus rien que la raison ou la sagesse puissent faire pour endiguer le déferlement de rage pure qui étreint le chanteur elfique. La meilleure solution consiste alors à faire le dos rond et à attendre que s'apaise la tempête, ou plus exactement le séisme, ce qui peut indifféremment demander une heure de temps ou plusieurs jours d'un grondement furieux.

    Pour conclure sur les signes caractéristiques de la personnalité du baptistrel terrestre, mentionnons que sa phobie des chausses est directement liée à l'irrépressible besoin qu'il éprouve d'être en contact permanent avec la terre. En tout lieu et en toute heure, Eawyn a besoin de sentir sous ses pieds la rassurante stabilité de son élément. Ainsi, il n'est nulle part plus à l'aise qu'en souterrain, entouré d'un élément qu'il comprend et maîtrise. Aigue-Royale revêt d'ailleurs pour lui les apparences d'un sanctuaire d'autant plus précieux depuis que le domaine baptistral est sous l'emprise de la brume du Néant. A défaut, il apprécie les vastes étendues extérieures, dès lors qu'elles sont terrestres bien entendu. A l'inverse, un océan sera pour lui un environnement particulièrement effrayant et hostile, il ne supporte d'ailleurs pas l'idée d'embarquer sur un navire et quiconque serait assez stupide pour essayer de l'y contraindre se trouverait confronté à l'un des plus grands défis qu'Armanda put présenter. Avec le temps, il est cependant parvenu à tolérer les villes humaines et leurs constructions de pierre, puisant dans la roche avec laquelle sont taillés ces bâtiments l'aplomb et l'assurance dont il dépend. Sans être insupportable, une pièce équipée d'un plancher de bois lui sera par contre plus désagréable. Enfin, pour la même raison, Eawyn est probablement l'un des très rares elfes à ne pas apprécier l'équitation et à refuser de grimper sur le dos d'un quelconque équidé, préférant user comme moyen de transport d'une motte de terre mue et animée par sa magie.



Mes liens


  • Vanaël Aerin : sa mère, tragiquement décédée sous les crocs d'un vampire. Un deuil que le baptistrel ne parvient pas à surmonter et dont l'ombre ténébreuse le poursuit depuis de longues années. Incapable d'accepter l'idée qu'elle soit désormais à l'image de son meurtrier, Eawyn s'est promis d'apporter à son âme le repos qu'elle mérite, auprès de Mort.

  • Merithyn Shadowsong : ancien gardien de l'ordre baptistral, autrefois un baptistrel remarquable et respecté comme tel. Aujourd'hui, il est un nouvel échec personnel, comparable à ce qu'Eawyn peut ressentir vis-à-vis de sa mère. En effet, le lié de la terre se considère en partie responsable du déclin de son ancien frère et regrette de ne pas être parvenu à comprendre plus tôt les dangers du chemin que suivait Merithyn.

  • Aramis Thredë : soeur baptistrelle, liée à l'air. L'opposition naturelle de leurs éléments respectifs a créé entre eux une relation parsemée de cordiales taquineries.

  • Dawan Sywel : jeune Enwr au caractère pour le moins... particuliers. Attendrissant par certains aspects, il a encore beaucoup à apprendre mais Eawyn a confiance en son avenir, c'est d'ailleurs bien pour cela qu'il se montre aussi dur avec ce petit élève.

  • Lisaë Terendul : jeune mère de famille nouvellement arrivée au sein de l'ordre baptistral. Père lui-même, Eawyn sait la douleur que peut représenter la séparation d'avec un enfant et a beaucoup de compassion pour elle.




Derrière l'écran

  • Petite présentation : DC Kylian

  • Rythme rp : DC Kylian

  • Particularités rp : DC Kylian

  • Comment avez vous découvert le forum : DC Kylian

  • Le code du règlement :








CHAPITRE I : La jeune pousse.


Cela faisait deux heures, peut-être trois, qu'il se tenait là, immobile, assis en tailleur à même le sol de l'une des nombreuses clairières que comptaient les bois du Royaume Elfique, les yeux clos. Sa respiration était lente et profonde, remarquablement régulière. Lorsque le vent se levait pour venir faire danser les brins d'herbe, le jeune elfe pouvait sentir les caresses de l'air sur la peau de son torse dénudé. Si elle le surprenait, sa grand-mère ne manquerait probablement pas le sermonner sur les dangers qu'il prenait à ne pas se couvrir, sans doute lui expliquerait-elle ensuite à quel point il était facile de tomber malade à cette période de l'année, et pour finir, elle lui raconterait, une fois encore, à quel point la magie faiblissait de siècle en siècle et la faiblesse qui s'emparait peu à peu de leur peuple. Ce discours, Eawyn l'avait entendu au point d'être capable de le réciter mot pour mot, mais il n'en continuait pourtant pas moins de se débarrasser de ses vêtements chaque fois que l'occasion lui était donnée de le faire. C'était ainsi qu'il préférait être, en contact direct avec les éléments de la Nature. Se vêtir l'oppressait, tout simplement, quand bien même il comprenait parfaitement les raisons de cette nécessité culturelle.

Devant la silhouette du paisible petit être sylvain, à quelques pas de l'endroit où il se tenait, un large buisson de ronces offrait ses fruits aux chapardeurs suffisamment aguerris pour en défier les épines. Et justement, l'ambitieux objectif que s'était fixé le garçonnet pour aujourd'hui consistait ni plus ni moins à user de sa magie pour pour faire se mouvoir les branches épineuses et ainsi se dégager l'accès aux mûres les plus inaccessibles, plus grosses et plus juteuses. Il pouvait le faire, il en était persuadé. Sans pour autant être capable d'expliquer les raisons de son ressenti, lorsque comme à cet instant il prenait le temps de se poser, de se concentrer, il pouvait percevoir quelques minces filets de ce que les anciens appelaient la trame armandéenne. Une magie faible, très faible, une énergie difficile à atteindre et plus encore à manipuler, mais une magie encore existante malgré tout. Depuis ses plus jeunes années, sa famille et celles qui gravitaient dans son entourage avaient eu à coeur de lui transmettre leurs connaissances, de lui enseigner l'histoire de la magie et certains des chants ou gestes clés qui y étaient associés, parfois même lorsque le sort concerné n'avait plus été exécuté depuis plusieurs décennies. Lorsqu'il se sentit prêt, Eawyn commença à chanter les premières notes du Mutare Cellulis, concentrant son esprit sur la magie qu'il était parvenue à identifier dans l'espoir de voir les ronces répondre à ses magiques sollicitations.

En vain, cependant, les épines gardèrent farouchement leur précieux trésor fruité jusqu'à ce qu'une voix résonnant dans la forêt ne vint interrompre l'exercice du mage en devenir. La voix d'un père venu informer son fils qu'il était temps de se préparer pour le voyage. Les yeux du jeune chanteur s'ouvrirent aussitôt sur un regard pétillant d'envie et de malice, juste avant que son corps ne bondisse pour se précipiter en direction de la silhouette paternelle, abandonnant derrière lui le buisson de ronces dont il avait déjà oublié les mûres. Voyager ! Un véritable rêve qui devenait aujourd'hui réalité, la concrétisation des nombreux efforts qu'avait déployé le garçonnet pour convaincre sa mère de l'emmener avec lui lors de l'un de ses nombreux voyages en territoire humain. Ses affaires étaient déjà prêtes, soigneusement rangées dans un sac de voyage entreposé dans sa chambre depuis que le couple Eärin avait informé sa progéniture qu'il pourrait effectivement les accompagner dans leur prochaine aventure.

Si la perspective des mille et une découvertes qui attendaient le jeune elfe à l'extérieur avait été plus qu'il n'en fallait pour détourner son esprit de son objectif du jour, tel n'avait cependant pas été le cas pour celui d'un petit écureuil bondissant de branche en branche, quelques mètres au dessus du sol. Innocent témoin de la scène, ce dernier fut pourtant bien aise de constater le discret accès qui s'était ouvert entre les ronces, juste un peu trop tard malheureusement pour que le responsable put constater son exploit.


CHAPITRE II : Un voyage sans retour.

Aldaria ! Il allait découvrir Aldaria, et cette perspective n'en finissait plus de le réjouir. De ce qu'il en savait, c'est à dire de ce qu'on avait pu lui en dire, il s'agissait de l'une des principales villes humaines, dédiée aux arts magiques et aux connaissances. Peu familiers avec le concept même de ville, Eawyn laissait allègrement son imagination se perdre parmi les multiples hypothèses qu'il formulait sur ce à quoi pouvait bien ressembler une cité humaine. C'est donc sourire aux lèvres que le jeune elfe se laissa finalement enlacer par la douceur d'un sommeil réparateur, en ce quatrième soir de voyage.

Son réveil n'eut cependant rien de commun avec le doux baiser que venait habituellement déposer sa mère sur son front pour le tirer de ses songes, puisque c'est un cri déchirant qui l'arracha brutalement à l'engourdissement du sommeil. L'obscurité qui régnait lui fit rapidement comprendre qu'il faisait encore nuit à l'extérieur, mais les clameurs qui lui parvenaient étaient plus qu'il n'en fallait pour l'inquiéter. Car on se battait au dehors, sans le moindre doute, et l'absence de ses parents à ses cotés ne s'en fit que d'autant plus douloureuse. Où étaient-ils ? Cette question se fit de plus en plus pressante à mesure que les bruits des combats s'intensifiaient, à tel point que la curiosité fut bientôt plus forte encore que la peur qui étreignait son coeur. N'y tenant plus, Eawyn abandonna la protection de sa couverture pour se décider à voir par lui-même ce qui se déroulait de l'autre côté de la toile de tissu de leur tente. Peut-être ses parents se livraient-ils à un entraînement nocturne un peu plus robuste que d'habitude ? Aussi stupide cette question pouvait-elle être, le jeune elfe ne s'y accrocha pas moins avec tout l'espoir dont il était capable. Espoir qui vola en éclat sitôt que sa frêle silhouette eut quitté le couvert de la tente, son regard ambré glissant d'abord sur les corps ensanglantés étendus ça et là avant de remonter vers les ombres graciles de ses parents, évoluant avec souplesse et agilité tandis qu'ils combattaient d'effrayant agresseurs aux crocs acérés. Fasciné autant qu'effrayé, le jeune garçon demeura figé devant le terrible spectacle qui se déroulait à quelques pas de lui, incapable de se mouvoir ou même simplement de détourner le regard. Cette torpeur lui valut bientôt d'être atteint au visage par un assaut de l'un des vampires, lequel avait facilement identifié le jeune garçon comme une faiblesse dans la cuirasse du couple elfique. Par chance, une vive réaction de son père éloigna l'enfant du danger et la blessure ne fut qu'une estafilade plus impressionnante que véritablement grave. L'entaille eut même le mérite de ramener le garçonnet à davantage de raison et l'incita à se réfugier un peu à l'écart pour ne pas risquer gêner encore les efforts de ses géniteurs. Toutefois, il n'en abandonna pas pour autant les siens, oubliant le sang qui lui coulait sur le visage pour garder un oeil attentif sur le déroulement des combats. Son coeur battait plus fort et plus vite encore qu'il ne l'avait jamais fait jusqu'à présent, Eawyn vibrant au rythme du combat sans réellement en avoir conscience, sursautant lorsqu'un coup manquait atteindre l'un de siens, souffrant avec eux lorsqu'une plaie finissait par s'ouvrir dans leur chair, mais serrant les poings pour frapper avec eux cet ennemi qu'ils parvinrent finalement à terrasser.

L'euphorie de la victoire ne fut cependant qu'une éphémère lueur de bonheur, sa mère et son père s'effondrant tour à tour sitôt qu'ils se furent assurés que leur enfant n'avait pas été plus gravement blessé. Paniqué à l'idée qu'il fut seul encore capable de leur prodiguer des soins, Eawyn se porta immédiatement à leur secours, cherchant par tous les moyens possibles à apaiser les cris et la douleur, jugulant difficilement le flot des larmes qui se mêlaient au sang couvrant son visage. Il ne savait plus quoi faire, et sa mère qui le suppliait de les quitter ne lui facilitait pas la tâche. Partir ? Les abandonner là ? Il en aurait été incapable : non seulement se serait-il perdu en chemin, mais à supposer que par miracle il trouve âme qui daigne venir à leur secours, il ne serait revenu que bien trop tard. Son père avait d'ailleurs déjà rendu son esprit à Mort, son dernier souffle de vie s'éteignant juste sous les mains du jeune elfe dont les soins s'étaient révélés bien trop faibles en comparaison de la gravité des blessures contre lesquelles il luttait. Terrorisé, Eawyn multiplia les encouragements, aidant sa mère à se relever pour qu'elle l'accompagne jusqu'au village salvateur. Village qu'ils n'atteignirent jamais, en dépit de leurs efforts, puisque la course du temps les rattrapa bien avant même qu'ils ne soient à mi-parcours. Sans laisser au jeune garçon le temps de réellement comprendre, la diplomate elfique mourante le repoussa, rejetant le fruit de sa chair à seule fin de le préserver. Il protesta, mais ce qu'il voyait luire dans le regard de sa mère refroidit brutalement son coeur à un point tel qu'il n'essaya pas même de la poursuivre lorsqu'elle se détourna finalement, sans l'ombre d'un dernier regard, pour s'enfuir loin de lui.

Le jeune elfe demeura ainsi un long moment, jusqu'à ce que la fatigue ne l'accabla au point que ses jambes ne purent le porter plus longtemps. Son esprit, pour sa part, avait déjà sombré dans les limbes de l'inconscience bien avant même que son corps ne se fut affaissé sur ce petit chemin de terre.

CHAPITRE III : Certaines plaies ne peuvent jamais guérir.

Des années durant, les nuits d'Eawyn se peuplèrent des cauchemars que lui évoquait ce triste épisode de sa vie, à tel point qu'il en vint à craindre son propre sommeil. Le sinistre souvenir semblait en effet devoir rejaillir dans son esprit sitôt qu'il fermait les yeux et lui rejouait la scène dans son intégralité, depuis l'euphorie du voyage jusqu'au visage du marchand humain qui avait eu la bonté de ramasser l'orphelin sur le bord du chemin pour le rendre à ses pairs, en passant bien évidemment par le feu et le sang des combats qui avaient vu ses parents périr. Sa grand-mère multiplia les décoctions d'herbes dans l'espoir d'apaiser le sommeil de l'enfant, en vain : nuit après nuit, les cris terrifiés du garçonnet éveillaient la maisonnée, ce jusqu'au jour où un maître baptistrel fut informé de ces crises de frayeurs nocturnes et décida de se pencher sur le problème. Non pas en lui faisant avaler de nouvelles potions à base de plantes, mais par le simple bienfait apaisant du chant et de la musique : chaque soir, l'elfe chanteur vint accompagner l'enfant du son de sa voix et de son instrument pour l'aider à se plonger dans un sommeil aussi pur que paisible.

Avec le temps, l'intérêt d'Eawyn pour les chansons qui accompagnaient désormais ses songes se développa, de même que l'amitié qui le reliait à son nouveau bienfaiteur, Eäraën de son prénom. Avec la générosité caractéristique aux membres de son ordre, ce dernier offrit quantité de réponses aux multiples questions qui lui étaient posées par le jeune orphelin, tant et si bien que sans pour autant en avoir véritablement conscience à cet instant, le futur lié de la terre commença à effleurer les prémices de ce qui deviendrait bientôt sa formation de guérisseur. Certes, Eawyn aimait les chants et la musique qui avaient rendu à ses nuits le calme qui n'aurait jamais dû les abandonner, il aimait la sagesse et la tranquillité qui émanaient de celui qui deviendrait son mentor, il aimait alimenter sa curiosité naturelle des mets de la connaissance, mais plus encore que tout cela, Eawyn aimait l'idée de guérir. Apaiser la douleur, fut-elle celle du corps ou de l'âme, soigner les plaies de son prochain et éviter que le sang n'ait à couler sous les coups d'une violence qui le rebutait, repousser la maladie et le poison afin que jamais plus d'autres n'aient à vivre ce que lui-même avait vécu. Voila les espoirs qui, lorsqu'il eut atteint sa majorité, menèrent ses pas sur le domaine des elfes chanteurs.

Eawyn y fut rapidement accepté en tant qu'apprenti, Enwr selon le titre consacré, et débuta ou plutôt poursuivit sa formation aux côtés d'Eäraën et des autres maîtres. Auprès d'eux, il redécouvrit le monde et apprit à en ressentir les vibrations, assimilant chaque jour un peu plus des connaissances et talents qui faisaient des baptistrels des individus si particuliers. A mesure qu'il progressait, le jeune elfe se découvrit une affinité particulière avec l'instrument dont son tuteur avait usé pour apaiser ses nuits tourmentées, l'Higen, et une fois encore, le Cawr exprima sa bienveillance en offrant à son élève la possibilité d'approcher de cet instrument aussi rare que convoité.

Ainsi les décennies de sa formation se succédèrent-elles, alternant les multiples domaines qu'un Enwr se devait d'étudier auprès d'autant de professeurs aussi sévères qu'attentifs. Les prédispositions naturelles d'Eawyn dans le domaine magique lui permirent de compenser le lent déclin que connaissait la trame armandéenne, de sorte qu'à l'aube de ses trois cent ans, l'héritier des Aerin était devenu un mage aux pouvoirs honorables ainsi qu'un respectable membre des communautés elfiques et baptistrales. En chemin, il découvrit également l'amour et épousa une jeune et belle elfe, laquelle lui donna bientôt un fils et avec lui, le bonheur et la fierté d'être parent à son tour. Si à l'instar de la balafre qui lui barrait le visage, la blessure qu'avait connue son coeur ne disparaîtrait jamais totalement, au moins la paix et l'équilibre qu'il était parvenu à retrouver dans sa vie pouvaient-ils en occulter la douleur.

CHAPITRE IV : L'Histoire est un éternel recommencement.

Cela faisait quelques années à présent qu'Eawyn s'était vu offrir la possibilité d'accéder au rang très convoité de Cawr : l'âge avancé d'Eäraën ne permettant plus à ce dernier d'assurer ses fonctions de maître, les douze s'étaient réunis et avaient décidé de proposer le siège du vénérable chanteur à son plus ancien Enwr. Le caractère tempétueux du concerné avait certes soulevé quelques hésitations, mais les démonstrations de son implication dans les devoirs et missions de l'ordre baptistral, notamment dans la tenue des relations amicales entre elfes et humains, n'avaient pas été ignorées pour autant et l'ordre baptistral compta bientôt un chanteterre de plus. C'est d'ailleurs justement au retour de l'un de ses voyages sur les territoires humains que l'élu de Terreanfor fut informé de la plus incroyable nouvelle du millénaire : l'esprit protecteur d'Armanda, le Dracos, avait confié à ses protégés la lourde responsabilité de veiller sur les oeufs de trois dragonnets. Sources de magie, donc sources de vie, les trois créatures se révélèrent également sources de convoitise dans les coeurs de bien des individus, elfes et humains, bien entendu, mais également vampires. Vampire. Un terme qu'Eawyn n'avait plus entendu ni prononcé depuis plus de quatre siècles, préférant enfouir au plus profond de sa mémoire ce que ce mot lui évoquait. Instinctivement, sa main était venue se refermer sur le collier d'ambre qu'il portait autour du cou tandis qu'il remerciait d'une voix subtilement éteinte le Cawr qui venait d'informer ses semblables des troubles en provenance de l'est. Si son corps demeura attablé auprès de ses onze frères et soeurs, son esprit s'éloigna quelques instants des débats qui les préoccupaient pour se plonger dans la douleur d'un souvenir qu'il eut préféré ne jamais voir remonter. Son trouble fut tel qu'il ne fallut pas moins qu'une intervention de la gardienne en personne pour arracher le lié de la terre à sa rêverie. Un instant décontenancé, le chanteterre approuva machinalement la proposition qui venait de lui être soumise : peu lui importait alors que ce fut Merithyn ou un autre qui fut chargé de récupérer les oeufs de dragons, chacun des Cawr présents eut été un parfait candidat pour ce rôle. Les discussions se poursuivirent, mais sans qu'Eawyn ne fut en mesure de s'y intéresser. Une idée, une seule, préoccupait son esprit : les vampires réagiraient forcément face à un tel événement, ne serait-ce qu'en envoyant leurs propres éclaireurs à la recherche des oeufs. Celle qui avait été sa mère serait-elle des leurs ? Peut-être que oui, peut-être que non, comment savoir ? Peut-être simplement en allant se rendre compte sur place. Certainement même. Que sa décision fut bonne ou mauvaise, il devait s'en assurer, n'était-ce pas le plus élémentaire devoir d'un fils que de veiller au repos de l'âme et du corps de sa défunte maman ? Un devoir qu'il avait fui jusqu'à ce jour, préférant oublier ceux qui se dissimulaient dans les souterrains de l'est du continent, mais à présent qu'il avait toutes les raisons de se rendre sur place, il ne pouvait plus les ignorer. Son regard parcourut l'assemblée auprès de laquelle il siégeait avant qu'il ne déclare simplement :

« Que Merithyn veille sur les oeufs. Si personne n'y voit d'objection, je pense pour ma part me rendre dans l'est de l'Empire Kohan : les vampires ne resteront pas inactifs face à une découverte de ce genre. »

Comme toujours lorsqu'il parlait, sa voix s'auréolait de la stabilité propre à l'élément auquel il avait été lié. Chacun des chanteurs présents connaissait le passé de celui qui venait d'ainsi s'exprimer, chacun connaissait l'importance que revêtait la mission dont il venait de prendre la responsabilité, chacun savait que le chanteterre était le plus à même de la remplir, et surtout, chacun savait la difficulté qu'il y avait à vivre dans l'incertitude et le doute permanent.

CHAPITRE V : S'unir ou périr.

Trois années s'était écoulée depuis que les vampires de l'ancestral Wintel étaient sortis de leurs grottes pour écraser l'empire Kohan sous le poids d'une guerre aussi sanglante qu'impitoyable. La première génération d'oeufs avait éclos, bientôt suivie par une seconde et la magie était rapidement devenue une ressource plus abondante qu'elle ne l'avait jamais été au long des siècles précédents. Cet éveil s'était par ailleurs accompagné de la révélation de nouveaux potentiels pour les Armandéens, au travers d'esprits-animaux qui reçurent rapidement le nom de totems. Ainsi accompagné des pouvoirs de l'écureuil, Eawyn avait traversé cette sombre période de l'histoire armandéenne, partageant son temps entre ses obligations baptistrales, de plus en plus exigeantes à mesure que la guerre se faisait de plus en plus violente, et son inlassable recherche de paix. Toutefois et en dépit des efforts qu'il consacrait à son enquête, sa génitrice demeura introuvable, à tel point qu'Eawyn se laissa peu à peu effleurer par l'idée que, peut-être, elle avait été tuée par ses pairs pendant son séjour dans les sombres galeries du royaume vampirique. Serait-ce vraiment un mieux ? Difficile de s'en convaincre et pour cause, le doute et l'incertitude pouvaient se révéler poisons plus obsédant pour l'esprit que les plus virulents venins.

Par chance, quoique cette formulation fut certainement plus que maladroite, les préoccupations du lié de la terre se détournèrent de sa quête personnelle lorsqu'un nouvel ennemi fit son apparition sur le continent. Ils se donnaient le nom d'Alayiens, venaient d'au delà des mers – autant dire qu'ils n'inspiraient aucune confiance – et posaient le pied sur Armanda en conquérants, précédés d'une chevalière aux pouvoirs des plus inquiétants. La guerre qui opposait humains et vampires sembla soudain se faire presque anecdotique en comparaison à celle qui opposa alayiens et armandéens, les premiers déferlant sur les terres des seconds tel un raz-de-marée d'épées, de lances et de boucliers. Le terrible verre noir fit payer un lourd tribut aux espèces magiques tandis que la supériorité technologique et fanatique alayienne achevait de terrasser l'armée Kohan, déjà épuisée par sa guerre avec les vampires. Lorsqu'il devint évident que cette nouvelle guerre signerait leur perte à tous si rien n'était fait, l'ordre baptistral fut mobilisé sous l'impulsion de Merithyn pour s'opposer aux envoyés du Néant, ennemis de la magie et véritables incarnations du chaos. Les discussions qui secouèrent le conseil des douze furent longues et tumultueuses, ce d'autant plus qu'à l'exception du grimoire d'Alderick, aucun des innombrables savoirs protégés par l'Ordre ne mentionnait le Néant ou le peuple d'Alayia. Néanmoins, au prix de quelques poignées de cheveux arrachés, les débats aboutirent finalement à l'organisation de négociations plus qu'exceptionnelles : pour la première fois dans l'Histoire, il était question de faire s'allier les trois peuples qui se partageaient, et parfois se disputaient, le continent Armandéen.

Déjà réticent à l'idée d'accueillir les vampires au sein du domaine baptistral, Eawyn ne manqua pas faire savoir sa désapprobation lorsqu'il apprit qu'une vampire répondant au nom d'Aerin ferait partie de la délégation vampirique. Coïncidence ? Certainement pas. Les échanges qui secouèrent le bureau du gardien régent ce jour là demeurent à ce jour encore inconnus de beaucoup, mais lorsqu'il en ressortit, Eawyn se montra plus que réservé face au rôle qui lui incombait pour la durée des négociations. Il s'occupa certes de la délégation elfique avec tout le sérieux qui était le sien, mais aussi surprenant cela pouvait-il sembler, le lié de la terre déploya également tous ses talents pour ne croiser aucun vampire, et surtout pas sa propre mère. Cruelle ironie que celle qui le frappait alors : après des années à les avoir pourchassées, il fuyait désormais des retrouvailles dont il avait toutes les raisons de craindre les conséquences, car les enjeux étaient par trop importants que pour risquer un tel débordement. Débordement il y eut pourtant bel et bien, mais pas de la part de ceux dont on aurait pu s'attendre. Un quatrième invité, particulièrement indésirable celui-là, s'immisça sur les terres du domaine pour y déverser le feu, la mort et la destruction. L'assaut alayien fut un véritable désastre, les pertes en vies furent plus que nombreuses et les dégâts colossaux que l'envahisseur laissa derrière lui après sa déroute demandèrent des journées entières de travail. Travail dans lequel Eawyn se plongea avec toute la ferveur dont il était capable, occultant consciemment ou non les drames qui se jouaient autour de lui.

CHAPITRE VI : Il était content, Eawyn.

D'heures en jours, de jours en mois et de mois en années, le temps passa, intarissable flux dont l'écoulement dictait les destins, en faisant naître certains, en arrêtant d'autres, secouant ceux qui restaient. L'empire Kohan avait été ébranlé d'abord par un régicide, puis par la naissance d'un mouvement de rébellion s'opposant au borgne souverain qui s'était hissé jusqu'au trône et pactisait avec l'envahisseur alayien. Aigue-Royale, ainsi avait été baptisée la cité souterraine que les fidèles de Korentin Kohan s'étaient choisis pour capitale. Un merveilleux entrelacs de grottes et de galeries pour lequel Eawyn éprouva d'emblée une affection comparable, sinon supérieure, à celle qu'il pouvait avoir pour les forêts de son enfance, le seul endroit digne de surpasser la cité rebelle dans son coeur demeurant le domaine baptistral et plus particulièrement encore le sanctuaire de la terre. De longue semaines durant, le baptistrel participa à la domestication de son élément fétiche, creusant, bâtissant, cultivant la terre et la roche pour abriter les dizaines, centaines, milliers de rebelles qui s'entassaient chaque jour plus nombreux dans cet abri souterrain. Oubliée sa traque personnelle, oubliée la guerre, oubliés même les alayiens : en dépit d'un contexte géopolitique particulièrement sombre, Eawyn pouvait qualifier cette période de sa vie comme heureuse et épanouie.

Mais coeur heureux est prompt au malheur, et celui-ci vint frapper le Cawr dans toute sa cruauté lorsque la nouvelle lui fut apportée que le Néant s'attaquait plus férocement que jamais aux forêts du peuple sylvain. Représailles d'un outrage perpétré à son encontre par deux fous qui auraient à fournir de sérieuses explications quant à leurs agissements, en particuliers le plus petit et le plus baptistrel des deux. Comment et pourquoi Merithyn en était venu à s'allier à Lorenz Wintel pour s'attaquer à Néant demeurait un mystère, même si le temps aidant, Eawyn avait pu démêler certaines hypothèses, associer certains détails qui en leur temps lui avaient échappé et qui aujourd'hui encore lui restent sur le coeur. Toujours est-il qu'à cette époque, de ténébreux sanctuaires avaient surgis dans le royaume elfique tandis que les perles qu'ils renfermaient répandaient lentement mais sûrement un miasme destructeur, lequel semblait ne connaître aucune frontière. Ainsi consigne fut-elle bientôt donnée au baptistrel de la terre de creuser et bâtir un peu plus encore, mais cette fois, il eut été bien difficile pour lui d'éprouver quelconque satisfaction à cela et pour cause : le peuple des elfes, son peuple, n'avait eu d'autre choix que de se résoudre à l'exil. Si un grand projet de déménagement permit de sauvegarder les savoirs accumulés par l'ordre baptistral, le domaine et les sanctuaires devaient pour leur part être abandonné au Néant. Terrible retour à la réalité pour un elfe chanteur qui était presque, mais presque seulement, parvenu à oublier les affres de la guerre.

C'est à l'occasion d'une aube qui resterait dans les mémoires comme la plus rouge de toutes que les combats reprirent, les armées unifiées de l'Alayia et de l'Empire déferlant sur les défenses souterraines des troupes rebelles pour y faire couler plus de sang qu'il n'aurait dû être permis d'en verser. Comme tout affrontement militaire, la bataille fut un chaos de violence et de mort marqué du sceau de la trahison. Trahison d'une jeune fille, d'abord, qui par la volonté que lui avait imposé le Néant avait ouvert une brèche dans les défenses rebelles et permit aux alayiens d'y perpétrer un véritable massacre. Trahison d'un usurpateur, ensuite, qui par le truchement de quelque intrigue politique avait décidé de se retirer prématurément de la bataille et abandonné ses alliés du moment à une défaite certaine. Trahison des vampires, enfin, qui n'avaient pas hésité à saisir l'opportunité qui leur avait été donnée de prouver une fois encore la triste réputation qui était la leur.

C'est au sortir de la bataille, alors qu'il achevait de livrer aux rebelles les prisonniers qu'il n'avait cessé de capturer dans ses étaux de roche au cours de la bataille, qu'Eawyn vit son monde s'effondrer. L'incursion alayienne derrière la ligne de front avait eut pour conséquence la mort d'un nombre trop élevé de civils innocents, au nombre desquels les guérisseurs avaient été pressés par l'Esprit de la Mort de compter la femme et l'enfant du lié de la terre. La nouvelle fit naître dans l'esprit du chanteterre une rage dont les proportions atteindraient rapidement des normes inégalées. Si la discrète étincelle de raison qu'il parvenait encore à conserver lui permit de se dominer quelques instants, les galeries d'Aigue-Royale n'en tremblèrent pas moins pour autant de façon plus que menaçante. Sourd aux appels, sourd aux arguments, aveugle aux obstacles, Eawyn écarta sans violence mais sans ménagement ceux qui prétendaient le retenir et vint se pencher sur les corps inanimés de ceux qu'il avait aimé. Avec toute la tendresse d'un père endeuillé, il les prit tous deux dans ses bras et les emporta avec lui, se laissant couler dans la roche pour s'assurer de ne pas être suivi.

Ce qu'il advint de lui alors demeura longtemps un mystère, mais conscient malgré la douleur de son chagrin qu'il ne pourrait indéfiniment retenir sa peine et que la manifestation de sa colère serait plus que nuisible à ceux qui l'entouraient, le baptistrel avait emporté les corps de sa famille défunte pour les honorer à l'abri des regards avant de se retirer en direction des montagnes, loin de potentiels dégâts collatéraux.

CHAPITRE VII : Ne reste que le souvenir.

Après des mois d'un voyage éprouvant, il avait sincèrement envisagé se laisser mourir dans ces montagnes, au plus près de son élément fétiche. Privé des siens, le roc qu'il avait été se serait volontiers laissé effriter pour redevenir poussières emportées par le vent, indifférent au destin du monde qui se jouait bien loin de là, dans les profondeurs du royaume souterrain des vampires. L'appel du Voyageur, il l'avait entendu, comme tout un chacun sur le continent, mais il n'avait pu se résoudre à y répondre et avait poursuivi son périple vers le nord : l'empathie innée du baptistrel avait rendu son dernier soupir en même temps que son épouse et son fils avaient rendu les leurs. Désormais, la perspective que le monde fut détruit – une fois encore – ne le concernait plus, ne l'intéressait plus.

Malheureusement, le fait de ne pas souhaiter s'intéresser au monde n'impliquait pas pour autant que ce dernier vous laissait en paix, et Eawyn fut rattrapé bien malgré lui par les événements qui découlèrent de l'épopée que menèrent ceux que l'on nommait les Marcheurs. Ceux-ci réveillèrent un dragon qui n'avait rien de commun avec ce qu'ils pouvaient connaître de la race écailleuse, un albinos aux ambitions mégalomanes dont les pouvoirs dépassaient de très loin ce qu'aucun bipède ou dragon n'eut pu espérer accomplir. Qu'importe, il n'était pas le premier à prétendre gouverner Armanda, il ne serait pas le dernier : bien à l'abri dans ses montagnes, le chanteterre se tenait très éloigné de tout cela et ne découvrit l'ampleur de la situation que lorsque les montagnes, ses montagnes, s'ouvrirent pour cracher le feu et le soufre. Les torrents de lave et l'air irrespirable que Vraorg, puisque c'est ainsi que se nommait le nouveau maître des lieux, avait répandu autour de ce qui deviendrait Morneflamme chassèrent le baptistrel de son refuge au sommet du monde.

Particulièrement contrarié d'avoir ainsi été expulsé de sa montagneuse retraite, Eawyn ne put que découvrir, horrifié, ce qu'il était advenu du continent pendant ces quelques mois au cours desquels il avait choisi de lui tourner le dos. Sa fibre baptistrale se révolta, s'indigna, s'enflamma même devant ce sinistre spectacle, tant et si bien qu'après quelques semaines d'errance incertaine, le chanteur se laissa mener vers les sables du désert, ceux-là même derrière lesquels les Esprits se retranchèrent pour fonder ce qui devint le Protectorat.
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Eawyn AERIN

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