Bon ce n’était pas tous les jours que ça lui arrivait, très certainement, mais il y avait eu des exceptions par le passé avec d’autres choses… alors pourquoi pas une de plus ? Parce que fondamentalement, là, qu’est-ce qui la retenait ? C’était un petit coup de main, rien de très important et ça pouvait lui rapporter, à elle aussi ! Même si elle n’était pas toujours du genre à s’embarrasser des autres, elle savait aussi jouer en équipe quand il le fallait, qu’on se le dise ! Comment cela ce n’était pas évident ? Mais si voyons ! Et de toute façon ça n’avait pas d’importance que ça le soit ou non ! Et pour explication de ses incongrues pensées, il y avait son retour de mission. Elle avait été chargée d’un message pour la cellule de Caladon et revenait donc de la théocratie, un long voyage à pied, mais un voyage qu’elle s’était plu à accomplir, bien que le luxe d’une compagnie quadrupède lui manquait alors. Depuis son retour, il y en avait eu, des choses, entre son petit somme chez Fabius Kohan, sa discussion avec Artaher et le vampire… mais à présent, en attendant de poursuivre ce qu’elle avait promis au père de famille, elle se trouvait un peu en peine de savoir quoi faire. Pas qu’il n’y ait pas de quoi s’occuper, il y avait toujours des tâches à accomplir dans l’enceinte du protectorat. Mais on ne voulait pas l’y voir. Fort bien, elle n’était pas du genre à insister si on ne voulait pas d’elle, donc elle était allée se pendre ailleurs.

Mais du coup, elle cogitait, et avait finalement eut cette idée-là. Restait à trouver l’elfe qu’elle voulait voir, ce qui était plus dur à faire qu’à dire. Et que je te demande de ci de là, et que je ne te trouve pas… et bien elle était morte plantée sur un cactus ou quoi celle-là ? « Zut et flûte » Et Artaher ? Il saurait lui ? Hm non mieux valait éviter de lui demander. Mais qui alors ? Son petit bout de choux d’Aegnor ? Non plus. Et là, par pur hasard, voilà qu’elle tombait dessus… Aveugle au reste de son environnement, elle poussa un hurlement de triomphe qui fit sursauter son entourage et fonça sus à l’elfe pour l’attraper. « Vous ! » Elle se planta devant elle, poings sur les hanches et les sourcils froncés « Mais je vous cherche depuis des heures ! Pourquoi est-ce que vous vous cachiez comme ça ? Vous ne voulez pas me voir, c’est ça ? Ou alors vous aimez jouer à cache-cache… » Cette pensée la fit s’illuminer « Ah mais oui c’est ça ! Vous aimez jouer à cache-cache ! » Puis, en la grondant presque, avec gentillesse « J’aime ça aussi vous savez mais ce n’est pas des manières, surtout quand je vous cherche pour quelque chose d’important ! Enfin j’aurais pu y passer des jours, ce n’est pas bien ! »

Et secouant la tête, sous le regard éberlué des autres, elle lui prit le bras « Allons venez ! » Et l’emporta avec elle à l’ombre pour rejoindre un coin tranquille comme si tout ce qui venait de se passer était parfaitement normal…

Parfois la demoiselle se retrouvait un peu perdue dans la masse. Comme si le monde tournait face à elle tel un spectacle infernal qui ne s'arrêterait jamais, quoi qu'elle fasse car elle n'en faisait tout simplement pas parti, c'était le sentiment qu'elle ressentait en ce moment même. En voyant tout ce monde courir pour exécuter ses missions Athillë se força à sortir de sa torpeur, déambulant sans but précis elle ne savait que faire, c'était très rare pour elle de se retrouver une journée à ne rien faire hormis se reposer, elle n'avait décidément plus l'habitude de cela. Qu'à cela ne tienne il fallait qu'elle trouve quelque chose à faire autrement elle allait finir par s'endormir tout debout. Très belle image d'une maîtresse des chuchotis. En songeant à son rang la jeune elfe laissa ses pensées dévier vers l'un de ses espions, il fallait qu'elle reprenne immédiatement contact avec l'un d'eux. Sortant de sous son manteau un bout de papier et un morceau de charbon pour écrire elle se concentra. Au moment même ou elle termina son message un cri la fit sursauter.

Athillë eu tout juste le temps de rattraper le morceau de charbon et de le ranger tout comme son message, qui donc l'appelait ainsi ? Est-ce qu'au moins c'était bien elle qui était visé ? Peut-être pas, alors qu'elle s'apprêtait à partir une elfe vînt à sa rencontre. Surprise de qui il s'agissait la demoiselle regarda la sylvain l'interpellé avec dynamisme avec un "vous !" plutôt affirmé. Oui pas de toute cette elfe, ou plutôt Lindorië Valasar, réputée pour avoir un sacré caractère.

Athillë la regarda froidement tandis que son interlocutrice la fixa les sourcils froncés ainsi que les poings fermés sur les hanches. Elle croyait impressionné qui ainsi ? Certainement pas elle, haussant un sourcil elle l'écouta parler sans rien dire. Aimer jouer à cache-cache ? Pour une fois que ça n'était pas son cas ... Soupirant doucement et avec un petit rictus légèrement amusé la Athillë continua de l'écouter en silence, puis sans même qu'elle ai eu le temps de lui répondre Lindorië l'attrapa pour l'entraîner un peu plus loin, certainement pour lui parler en tête à tête, mais sa manière de faire ne lui plaisait guère. Et si elle avait eu autre chose à faire ? Ou tout simplement pas envie ? Enfin face à une telle forte tête résister ne serait vraiment pas une bonne idée, surtout face à la petite foule de spectateurs qui ne s'étaient pas gênée pour les observer. Mais le soucis d'Athillë était tout autre.

La demoiselle se laissa entraîné sans broncher à la guise de son interlocutrice, une fois dans un endroit calme, elle retira son bras de son emprise et rajusta son manteau de brume avant de la regarder froidement comme à son habitude. Ce contact physique lui semblait être le geste de trop à son égard mais elle ne dit rien, l'elfe face à elle n'avait rien fait de mal. C'était simplement psychologique : le contact était inutile s'il n'était pas indispensable. Il n'y avait qu'avec les enfants que la demoiselle se montrait sous son vrai jour, mais puisque Lindorië n'en était pas ...

- Que puis-je faire pour votre service ?

Son regard glacial ne visait pas spécialement l'elfe, mais la population en générale et surtout ses ennemis, montrer ses émotions n'était pour elle que synonyme de faiblesses, alors paraître aux yeux des autres, distante et parfois même désagréable lui évitait bien des petits fauteurs de troubles venus uniquement pour l'embêter. Mais au fond d'elle même elle souffrait sans cesse, encore une chose qu'elle cachait derrière son regard neutre, mais aussi que Lindorië ne lui voulait aucun mal ou ne souhaitait l'offenser enfin ... C'est ce que la Peldacielillë soupçonnait.

- Vous me cherchiez et bien vous m'avez trouvé et non je ne me cachais pas pour une fois.