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Débris [Vanaël]

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MessageSujet: Débris [Vanaël] Débris [Vanaël] Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 23:20

15 avril


Limpide. Tout lui semblait si clair à l'instant même où il en avait eu l'idée. Peut-être n'était-ce pas l'idée du siècle, mais il avait pris ce risque.

Les frontières du Protectorat étaient bien tenues. Il avait beau descendre vers le sud, il ne parvenait pas à percevoir une faille pour passer sans se faire repérer. Son seul espoir résidait dans le Marché Noir. A Caladon, il trouverait la clé, il en était certain. Celle qui l'aiderait à passer de l'autre côté. En attendant, cela faisait plus de deux mois qu'il était en cavale. Ce qu'il avait trouvé divertissant au début ployait devant la pénibilité de la fuite au quotidien. Il était fatigué, n'avait pas un instant de répit, était rongé par la méfiance et la crainte. Les cauchemars de Morneflamme le hantaient amèrement. Il usait de magie pour ne pas être repéré, se camoufler, et brouiller les pistes. Dans cette chasse, il était la proie et s'il voulait survivre, il lui fallait être aussi rusé qu'astucieux. En cela, il était sollicité chaque seconde par son environnement, au bord de l'épuisement.

Il n'avait pas vu qu'elle s'était éloignée de son groupe. Lorsqu'il l'avait vue près de la rivière, seule, il avait longuement hésité à intervenir. Il avait laissé son cheval un peu plus loin et usait du Linceul de Mort-Vivant*1 pour être perçu comme étant un vampire, empli d'une aura maléfique à souhait. Les battements de son cœur n'étaient plus perceptibles, quant à son odeur... Disons que sa vie à Morneflamme et sa cavale, bien qu'il ait tâché de sa laver au mieux dans des rivières, n'était plus ce qu'elle fut autrefois. Sa présence alerterait peut-être la vampiresse, lui donnerait peut-être quelques doutes, mais il aurait disparu avant qu'elle n'agisse. A moins qu'il fasse quelque chose de stupide. Il avait mentalement tenté de s'en dissuader, mais la situation était tellement parfaite qu'il avait eu beau raisonner cette tentation : il y céda.

La nuit tombait lentement, le soleil orangé flirtait avec l'horizon. Un crépuscule : c'était amusant comme la vie était un éternel recommencement. Il serra les dents sous sa capuche sombre. Tout avait débuté ainsi, à la lumière ténébreuse d'un couché de soleil. Elle avait été envoûtante, ce soir elle l’écœurait. Si un nombre bien élevé de pourquoi n'avaient pu trouver pour le moment de réponse, Vanaël était sa plus grande énigme et déception à la fois. Il lui avait accordé sa confiance, il en avait récolté que de la trahison. Un goût amère se faisait sentir dans sa bouche lorsque, sourcils froncés, il la fixait près de l'eau. Que faisait-elle seule ici ? Avait-elle senti sa présence à défaut de le reconnaître ? Si tel était le cas, il ne devait pas rester ici trop longtemps et devait prendre une décision. Le jeu en valait la chandelle. Il s’enlaça jusqu'à ne faire qu'un avec les ombres.*2 ses pas ne faisait plus de bruit, les battements de son cœur étaient effacés. Elle sentirait sa présence, elle pourrait se défendre. Il s'en moquait. Une part cruelle en lui voulait lui faire autant de mal qu'elle lui en avait fait, si ce n'était pire. Il voulait la briser, à défaut de le faire physiquement, il le voulait psychologiquement. A jamais il la voyait plier le genou devant Vraorg. Pas un regard, pas un instant. Il l'avait haï pour ce choix. Elle était seule et sans défense ce soir, du moins semblait-il. Il allait lui faire payer.

Elle fut saisi, sans qu'elle ne puisse rien faire *3, attirée vers les sous-bois où il se trouvait, par une force invisible. Avant qu'elle n'ait eu le temps de crier, elle se trouva attachée et bâillonnée *4 alors qu'elle était traînée à même le sol par cette force invisible. Ça n'avait rien de délicat de la part d'Aldaron, mais il avait vu rouge en la voyant et ce n'était pas qu'à cause de la chevelure de la vampiresse. Trois ans à penser à elle à Morneflamme. Trois ans à se demander pourquoi. Trois ans à haïr ce choix qu'elle avait fait. Trois ans qui se soldaient enfin : il allait la tuer. Son âme était suffisamment salie en prison. Un mort de plus ou un mort de moins à son compteur : il était déjà perdu. Il se souvenait de la froideur de ses lèvres, de son corps de glace contre le sien. Il se souvenait d'Achroma, il se souvenait de cette nuit là, bercé par une euphorie en un instant fracassée par une sombre réalité. Elle lui avait menti, elle avait joué avec lui, elle l'avait trahi. Elle n'était qu'une abjecte créature, vile tentatrice qu'il réduirait en poussière ce soir.

Lorsqu'elle fut à ses pieds invisibles, il la saisit par le col et la souleva pour plaquer sans ménagement contre un tronc d'arbre. Sa cape des ombres magique se dissipa, sa capuche était tombée dans l'action. Son visage amaigri lui faisait face, ses cheveux étaient longs et sombres, ses yeux autrefois doux étaient peuplés par des ténèbres meurtrières. Des liens enserrèrent la jeune femme contre le tronc d'arbre. Il la saisit à la gorge, suffisamment fort pour lui faire comprendre qu'il pouvait être dangereux, sans pour autant l'étrangler. D'un sort, il la désarma. Sans épée, attachée, bâillonnée. Il avait pris ce risque parce que sa rage avait été plus forte que la raison. Ce crépuscule pouvait tourner au vinaigre, il en était conscient.

« Tu hurles et je te tue sur le champ, est-ce clair ? »

fit-il férocement, entre ses dents. Il arracha son bâillon. Il aurait pu la tuer maintenant. Ça aurait soulagé ses nerfs et son esprit sur le coup mais ça n'aurait pas répondu à cette question qui le rongeait depuis ces trois dernières années. Il voulait l'entendre, connaître ce qu'elle pourrait avoir à lui dire. Une part de lui avait un espoir, aussi stupide que naïf, que tout cela était faux, que ça n'avait jamais existé, qu'elle ne l'avait pas trahi. La main qui l'étranglait remonta pour saisir sa mâchoire fermement et remonter son visage vers le sien. La douceur qu'il avait eu à son égard était bien loin, c'était la douleur qui l'habitait et le manipulait. Il colla son front au sien, les yeux clos. Ça lui faisait mal de la revoir, de la toucher. Il serrait les dents et ravalait cette souffrance à son apogée. Sa respiration était brutale et percutait les lèvres de la vampiresse de plein fouet. Il grondait avec une violence incroyable dans la voix, amplifiée par tout le charisme de son totem. Vanaël avait amplement de quoi trembler rien que devant ces propos et son ton. Qu'elle voit ce que Morneflamme avait fait de lui !

« Ne cherche pas à m'échapper, Vanaël et accepte ton sort. Tu m'as trahi. Tu nous as trahi. Tu mérites de mourir. J'aurai du te tuer il y a trois ans, dès que je t'ai vu plier le genou devant Vraorg... Mais il n'est pas trop tard... Dis-moi... Dis-moi que j'ai tord... »

'Raison'. Il avait voulu dire 'raison', mais son cœur avait fourché, dévoilant un lapsus gênant. Il rêvait qu'elle lui dise qu'il avait tord, qu'il y avait quelque chose qui lui avait échappé et qui expliquait tout... Mais il avait pleine connaissance que c'était faux, que ce n'était qu'une traîtresse et une profiteuse.


*1 Magie humaine – Niveau Puissant
[Illusion] Linceul de mort-vivant

Ce sort permet au lanceur de se faire passer pour un vampire, en s'enveloppant d'un linceul d'énergie négative : les vampires les plus faibles le prennent pour l'un des leurs et l'ignorent. L'apparence du lanceur ne change pas. Les vampires plus puissants comprendront toutefois rapidement qu'il est un être vivant... Le sort prend fin si le lanceur se fait blesser ou quand il met fin au sort lui-même.

Geste clé : chant elfique de quelques minutes.

*2 Magie humaine – Niveau Puissant
[Autre] Cape des ombres

Une chape d'ombre et de silence tombe sur le lanceur, il ne produit plus de bruit et son corps dévie la lumière, le rendant presque invisible ( mais pas totalement )

Geste clé : S'enlacer soit même

*3 Magie Elfique – Niveau Correct
[Défensif]Filet de vent

Tisse un filet fait d'air qui peut attraper une cible et l'empêcher de filer, ou bien de combattre. Le filet, fait de magie, ne peut être détruit que par de la magie.

Mimer un début de tissage dans l'air

*4 Magie humaine – Niveau Correct
[Contrôle] Liens

Attache et bâillonne un ennemi que l'on veut capturer.

Geste clé : Croiser les poignets.
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MessageSujet: Re: Débris [Vanaël] Débris [Vanaël] Icon_minitimeVen 12 Juin 2015 - 2:36


---------L'information n'avait pas tardé à arriver aux oreilles aussi attentives qu'effilées de l'inquisitrice, cette histoire d'évasion des prisonniers de Morneflamme était aussi inattendue que réjouissante. Non pas qu'elle allait pouvoir s'élever dans la société qu'avait établit Vraorg, ça elle s'y refusait, quand bien même cela aurait-il pu lui permettre d'acquérir des avantages. En aucun cas elle n'allait se soumettre plus encore à la domination de Vraorg, en aucun cas elle ne lui ferais le plaisir de pouvoir lui apposer une autre marque ou d'attendre d'elle plus de responsabilités ou de présence en sa compagnie. Quel que puisse être la récompense, c'était fournir au Voleur de Coeur une influence trop permanente sur sa personne. Déjà qu'il se montrait bien suffisamment présent.
---------Non, la nouvelle était réjouissante dans le sens où elle marquait le début d'une réponse de la part du protectorat. Peu importait réellement qui en était la cause, bien que le seul fait qu'une évasion ait eut lieu soit préoccupante. Au vu des pouvoirs démesurés que possédait Vraorg, croire que ce ne soit qu'une erreur ou qu'il ne l'ai pas souhaité était improbable. Mais.. on ne remettais pas, au grand jamais, les décisions du Seigneur Vraorg...

---------Ce fut donc sur cette nouvelle surprenante que Vanaël prit la route, talonnant son destrier, et escortée par une belle dizaine de sbires, des vampires en grande partie, à qui elle avait 'promis' quelques rétributions si jamais ils parvenaient à capturer un évadé. Une raison de plus pour s'assurer leur loyauté, n'hésitant alors pas à dire que son seul intérêt était de maintenir l'ordre, non pas d'accéder à la gloire. C'était faux, du moins à moitié. La vampire ne souhaitait pas non plus de gloire sous l'égide peu rassurante de Vraorg. Ces soldats ou mercenaires chevauchaient ainsi à ses côtés, bien que le rythme de leur montures soit pour la plupart moindre comparé à l'ancestrale.

---------Aussi était-elle en tête de file, à près d'une centaine de mètre en avant, à jouer le rôle d'éclaireuse. Elle menait la danse, elle était celle qui donnait les ordres dans cette entreprise, mais elle avait suffisamment peu confiance en eux pour les laisser être ses yeux. Elle en avait déjà payé les frais une fois, et le prix en avait été fort, très fort. Qu'elle idée d'affronter un tigre nommé Alec seule aussi... Sa fierté et sa prétention lui coûterait un jour peut-être plus que de sérieuses blessures.

---------Éloignée de sa troupe plus que raisonnable, Vanaël Aerin avait finit par atteindre une rivière aux abord d'un sous-bois, dont elle inspecta avec minutie la rive. L'éclat orangé du soleil couchant se reflétait à sa surface, lui donnant l'allure d'une rivière de feu. Son regard perçant scrutait les différentes traces qui bordait le cours d'eau, à la recherche d'une possible preuve du passage d'un évadé. C'était manifestement un lieu qu'il convoiteraient, au vu de l'incapacité dans laquelle ils étaient à trouver refuge dans une quelconque bourgade. Les poches de résistance avaient beau exister, nombreux seraient ceux qui succomberaient à l'appât du gain, et là dessus, le Voleur-de-Cœur avait veillé à ce que tous sachent le prix qu'ils pouvaient obtenir.
---------Bien qu'elle eut les sens en éveil, l'inquisitrice releva la tête, surprise par une odeur de vampire. Il semblait n'y en avoir qu'un, ce qui rendait la chose étrange. Toutefois, l'odeur était étrange, elle ressemblait trop peu à un vampire, mais plus à un mélange des deux... Elle faisait penser à cette vampire qui avait vécu de nombreuses années parmi les hommes, c'était.. vraiment étrange. Le fait que ce puisse être un membre du groupe qui s'était décidé à partir plus en avant afin de connaître la position de l'ancestrale était plausible. Après tout, elle ne connaissait pas pour tous leur odeur, et surement certains passaient-ils plus de temps avec des humains qu'avec des vampires. Si ils souhaitaient pouvoir avoir des hommes de mains, ils y étaient contraints au vu de leur moindre importance. Suspicieuse malgré cela, Vanaël cherchait du regard la source de cette présence, mais vit rien, aussi inspecta-t-elle d'un sort les alentours. ([Dissimulation] Ultrasons) C'était trop tard, de toute évidence.
---------Elle remarqua la présence cachée d'une personne, dont elle ne put deviner ni la silhouette émaciée, ni l'odeur semi-vampirique. Prise au piège, Vanaël se retrouva malgré elle tractée jusqu'à l'obscurité des arbres, puis ligotée, et bâillonnée. Elle tenta de se libérer, échouant alors dans son sort ([Défensif] Délivrance) et se vit ainsi contrainte à l'emprise de cet adversaire inopiné. Une maladresse ? La chose aurait surement été différente si elle était restée avec le troupeau, mais il aurait aussi était certain que ses chances de trouver quelqu'un en captivité auraient été fortement amoindries. Elle espérait toutefois pouvoir avoir confiance en ses capacités. Ce qu'elle n'allait pas tarder à tester. Trainée, une fois de plus sans ménagement, chose qui semblait arriver trop souvent ces derniers mois, l'inquisitrice se retrouva attachée contre un tronc d'arbre, son bourreau crépusculaire lui faisant alors face tout en révélant un visage qu'elle avait redouté revoir.

---------Malgré les traits émaciés, le regard assombrit par sa haine et son séjour forcé en prison, malgré la violence manifeste dont il faisait preuve, elle l'identifia, cet elfe qui se disait homme. Aldaron. Cet elfe qu'elle avait aimé, et que, très probablement aimait-elle encore, bien que ce ne soit plus celui qu'elle eut connu qui venait de se présenter. Confuse, de part sa réaction, ou même simplement par sa présence, Vanaël resta de marbre, le regard fixé avec étonnement sur celui désormais encadré par une chevelure bien plus longue qu'autrefois, qui lui donnait un air de liberté appréciable. Les circonstances auraient été autre que Vanaël aurait sans peine trouvée des qualités à cette nouvelle apparence, plus gracile mais aussi faisant preuve d'une rage de vivre, d'un instinct de tueur qui lui donnait belle allure. Les vampires étaient après tout connus pour leur silhouettes fines, aussi celle d'Aldaron avait quelque chose d'agréable au regard. Oui, il aurait pu se confondre pour un vampire, et l'aura qui émanait de lui, bien que perceptible comme fausse, ne faisait que renforcer ce sentiment.

---------Hurler ? À quelle fin ? Sa simple odeur mêlée à une autre inconnue aurait suffit à alerter les autres, qu'Aldaron ait ou non usé d'un sort afin de se faire passer pour un vampire. Il serait bientôt pris au piège, devoir affronter un groupe d'adversaire, aussi puissant mage fut-il, ne lui serait pas possible, ou sinon, il y risquerait bien trop pour espérer s'en tirer et atteindre le protectorat.

---------La douleur qui lui enserra la gorge arracha à la vampiresse une réaction de... plaisir. Un rictus se dessina bien malgré elle sur le coin d'une lèvre. Elle avait beau le craindre, par cette haine farouche qu'il exprimait, par la réaction qu'elle craignait qu'il puisse avoir. Elle avait beau redouter ses paroles, ses prochains gestes, être blessée en elle-même pour ne pas avoir pu le garder auprès d'elle, ou plutôt, pour ne pas avoir su faire le bon choix et rester à ses côtés. Elle éprouvait une sorte de plaisir à sentir ainsi la peau chaude de sa main qui lui comprimait avec fermeté la gorge, la menaçant alors. Cette violence dont il faisait preuve, cette manifestation physique d'émotions, qui la rendait, une fois de plus, soumise aux événements, Vanaël s'en réjouissait. Oui, aussi étrange que cela puisse paraître. Elle laissa sa main lui saisir la mâchoire, son front se coller avec violence contre le sien. Même si, en effet, elle n'avait pas réellement le choix quant à ça. Ces sentiments se mélangèrent bien vites à d'autres, moins plaisants, qui finirent par s'imposer.

---------Elle était terrifié par ce qui allait pouvoir survenir, horrifiée de voir à quel point ces trois ans l'avait métamorphosé, mais en même temps, le revoir était rassurant. Au moins était-il vivant, au moins n'aurait-elle pas de plus grands remords à avoir décidé de suivre cette voie aussi obscure que dénuée de sens qu'était celle de sauver Achroma. Si lui même ne pouvait se sauver, qui le pouvait après tout ? Sur l'irruption de Vraorg dans son esprit, sa demande perfide lui demander quelle route prendre en lui annonçant qu'Achroma était pris au piège, elle n'avait pas réussit à faire le bon choix. Elle avait espéré pouvoir être utile, pouvoir être assez forte pour l'aider, pour surmonter ces années, mais manifestement, il n'en avait été rien. Aucune de ses espérances n'avaient été comblées. Pas la moindre.

---------Toujours ligotée, les seuls mouvements qui étaient permis à l'inquisitrice étaient ceux de sa tête, pour le peu que le lui permettait la proximité du visage sombre d'Aldaron. Elle l'avait trahie, oui, en quelque sorte, c'était vrai, mais certainement pas au point qu'il l'imaginait. Elle était consciente que ses actes d'inquisitrice avaient du parvenir au sein même de Morneflamme, et même sans cela, qu'elle se soit soumise à Vraorg suffisait. Elle pouvait deviner qu'il n'ait pas connu les raisons de son choix. Comment aurait-il pu ? Ils n'avaient pas même eut le temps d'échanger une dernière parole après ce soudain échange de pensées avec Vraorg au fin fond du gouffre.

---------Remarquant sa manière franche, alors qu'il la tutoyait, de même que le fait qu'il espéra qu'elle s'inculpe de sa trahison, l'ancestrale ne put que penser au fait qu'elle même était tout aussi perdue, bien que moins tourmentée au vu des apparences. Elle lui répondit, sa voix tremblant légèrement face à la force de caractère dont faisait preuve l'elfe à l'âme de vampire plutôt que d'homme. Une voix chevrotante, de même qu'aiguë, bien que ce dernier point n'ait presque jamais bien changé au fil du temps.

"A-Accepter... mon sort ? Crois tu réellement que c'est ce que j'ai fais lorsque nous étions dans les.. Lorsque nous étions là-bas ? Crois-tu que sans bonnes raisons, j'aurais pu accepter ainsi de me soumettre ? Crois-tu que... Crois-tu que j'ai plié le genoux parce que... parce que JE le désirais ?"

---------Si les vampires avaient pu pleurer, surement une larme aurait alors orné de son sillage la joue blanche de l'ancestrale. Elle aurait aimé le lui crier, lui montrer, par tout les moyens, que non, elle n'avait pas souhaité le trahir. Que, non, définitivement non, elle n'aurait pas pu le trahir, pas lui. Et ce malgré les intentions peu louables qu'elle nourrissait lors de leur première rencontre. *NOON !* Non, elle n'avait pas souhaité le trahir. Jamais. L'envie de se recroqueviller sur elle-même, de se laisser à sombrer dans d'amère pensées, remplies de remord et de souvenirs douloureux la prit, mais l'étreinte à laquelle le soumettait Aldaron l'y empêchait.
---------Le visage à la blancheur maladive avait pris une teinte plus claire encore, virant sur l'ivoire, alors que la peur imprégnait ses traits, alors que son regard se teintait de nuances de vert et de gris, exprimant sa tristesse, sa honte, son désespoir.
Plus les mois semblaient passer, plus lamentable était l'image que l'inquisitrice semblait s'autoriser à montrer à autrui. En était-ce pour autant pitoyable ?

---------Un murmure s'échappa de ses lèvres, à peine perceptible, répondant à la demande d'Aldaron bien que, très certainement, une telle réponse ne l'aurait en rien satisfait, au contraire. Ou du moins pas telle quelle.

"Tu as tord. En partie."



[Dissimulation] Ultrasons
A l'instar d'une chauve-souris, le lanceur du sort projette des ultrasons pour savoir ce qui l'entoure, très pratique dans les bâtiments ou sur les champs de batailles. Plus le niveau magique est élevé plus la zone couverte est grande.

Geste clé : Paume fermée et bouche grande ouverte.

[Défensif] Délivrance
Un sort qui permet de se libérer lorsqu'on est immobilisé même complètement. Il ne permet par contre pas du tout d'attaquer. C'est l'un des seuls sorts qui se passe de geste clé et il est très apprécié des humains, vampires et même elfes. Toutefois il ne marche pas à tous les coups.

Geste clé : Pas de geste clé, il s'agit d'utiliser la force de son esprit pour annuler l'immobilisation de l'adversaire.
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MessageSujet: Re: Débris [Vanaël] Débris [Vanaël] Icon_minitimeVen 12 Juin 2015 - 22:20

Était-ce un rictus de plaisir qu'il avait vu là, brièvement ? 500 années à faire la cour aux femmes lui octroyait la capacité à détecter ce genre de signe. Quant à ce qu'il en pensait, cela l'amuserait peut-être plus tard. Pour le moment, la colère et la haine animait tant son cœur que nul autre sentiment ne pouvait l'ébranler. Aussi ne tarda-t-il pas à contempler une sorte de peur dans les yeux de cette vampiresse jadis adorée. Il aurait pu lui planter son poignard à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'elle rende l'âme, elle était à sa merci. Elle serait morte sans aucune forme de procès, sans pouvoir exposer légitimement sa défense. En lieu et place de cela, il sentait brûler en lui une cruauté sans pareille. Il voulait la voir souffrir, il voulait lire la terreur dans ses yeux avant de lui ôter la vie. Il voulait l'entendre hurler sa douleur quitte à être repéré et exécuté pour cela. Sa douleur dépassait la raison. Il aurait presque aimé la voir pleurer, quand bien même les vampires en étaient bien incapables, si ce n'était des larmes de sang sur son pâle visage. Enfin il entendait sa voix trembler, enfin il la terrorisait, enfin elle comprenait ô combien il lui en voulait. La seule intonation de la voix de Vanaël le fit frissonner, il était bien heureux de son sort de linceul du Mort Vivant couvre les battements de son cœur. Entre la rage et le caractère électrique de leurs retrouvailles, le vacarme aurait été assourdissant pour l’inquisitrice. Il défit son front de contre le sien et se perdit dans la contemplation macabre de son visage rongé par la tristesse. Il éprouvait du plaisir à la voir ainsi douloureuse. Sa souffrance attisait son bien-être, pansait sa plaie. N'était-ce pas cela qu'il était venu chercher au péril de sa propre existence ?

Indépendamment du son de sa voix, les propos de la vampiresse vinrent dans un second temps percuter son esprit. Était-ce tout ce qu'elle avait trouvé pour assurer sa défense ? Un semblant d'aveu sur les contraintes de son choix ? Ce n'étaient que des mots vides et perfides, des mots qui appelaient des sous-entendus sans les nommer. Qu'elle parle une bonne fois pour toute ! Il n'était plus heure de prendre son temps, il n'avait pas l'éternité avec elle. Il aurait pu. A détriment de sa vie et il n'était pas prêt dans les conditions actuelles à lui céder. Il gronda dangereusement :

« Il me tarde de les entendre ces raisons mais je crains qu'elles n'existent. »

Son regard se faisait féroce. Il relâcha sans douceur l'étreinte de sa main sur sa mâchoire. On entendit le bruit un poignard qu'on sort de son fourreau et la vampiresse pu en sentir sa lame à travers ses liens et ses vêtements, pointant périlleusement sur son abdomen. Il ne la croyait pas. Elle lui avait menti jadis, elle lui avait menti cette nuit là avec Achroma. Il n'y avait pas plus de raisons qu'il existe de réels motifs au le choix qu'elle avait fait devant Vraorg.

« Crois-tu que je n'ai pas longuement cherché ce qui t'avais poussé à faire cela ? J'ai tant espéré que tu aies été contrainte... Mais tu avais le choix... »

Pour le sauver lui ? On envoyait à Morneflamme ceux qu'on voulait voir périr. Beaucoup mourraient bien vite, rares étaient ceux qui, comme Aldaron, n'avaient pas été aliénés par leurs médiocres conditions de détentions. Alors non, elle n'avait pas fait cela pour le protéger lui. Pour sauver Achroma ? L'elfe avait mille fois entendu parler de lui et son quotidien. Achroma était l'ennemi de Vraorg, qu'importe ce qu'aurait fait Vanaël, rien n'aurait été suffisant pour sauver Achroma des griffes du Voleur de Cœur. Il était même certain que le millénaire aurait cent fois préféré trouver la mort que de servir le Dragon Blanc. Un peu comme Lorenz. Étrange d'ailleurs comme deux êtres qui se détestaient pouvaient avoir la même force de conviction dans leurs actions au point de préférer la mort à une défaite. Non, ce n'était pas pour Achroma. C'était pour elle, pour sauver sa peau, oubliant ce qui avait fait ses idéaux et sa ligne de conduite. Perfide vipère ! L'elfe retira son arme blanche de contre l'abdomen de la vampiresse. Tout doux, il posa ses lèvres chaudes contre les siennes, rongé par l'affection et la haine qu'il avait à son égard comme deux entités en lui même qui se livraient une féroce bataille. Il murmura, tout bas, pour elle :

« Je t'aurais protégée à Morneflamme. Je t'aurais protégée comme j'ai protégé Korentin Kohan jusqu'au jour de notre évasion. Je t'aurais protégée comme une reine... Puisse Mort t'accueillir et avoir pitié de toi... »

La lame s'enfonça sèchement dans le ventre de Vanaël. Sans possibilité de se soigner, attachée à cet arbre, elle périrait dans une lente agonie dans les quinze prochaines minutes. Il avait décidé ainsi. Il avait mis trois années à Morneflamme pour la juger. La sentence qu'il s'était promis de lui rendre tombait.

« Je reste avec toi... »

Souffla-t-il tout bas. Sa main lâcha le poignard planté pour venir lui caresser la joue avec la délicatesse et l'attention d'antan. Il l'accompagnerait dans la mort, malgré toute la haine qu'il avait pour elle, malgré le danger à rester aussi longtemps aux côtés de son corps mourant. Il restait avec elle parce qu'il l'adorait, parce qu’il aurait tant pu lui donner et que ce désir était mort dans l’œuf : il peinait à en faire le deuil. Il restait parce que c'était une manière de punir ce geste qui, bien qu'il le pensait juste, souillait un peu plus son âme noircie dans cette prison. Il restait parce qu'il ne voulait pas la laisser seule, pas dans les ténèbres naissantes. Non, il ne voulait pas l'abandonner.
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MessageSujet: Re: Débris [Vanaël] Débris [Vanaël] Icon_minitimeDim 21 Juin 2015 - 9:20


---------La colère semblait irradier l'être elfique qui lui faisait face, autant de par sa voix grondant au travers du silence de la nuit que son corps au mouvements abrupt. Il l'a manipulait tel on aurait pu le faire d'un esclave, sans manières et avec une violence non feinte. La pointe glaciale du poignard contre son abdomen lui fit regarder plus intensément Aldaron, lequel elle fixait du regard, cherchant à se noyer dans dans l'éclat vert sombre de ceux-ci. Vanaël continuait d'observer ce visage qu'elle avait aimé, qu'elle aimait toujours même... malgré les affres de son séjour à Morneflamme. Et cela ne faisait qu'accroître cette douleur que la vampire éprouvait. Un sentiment de gêne, de honte, pour ce qu'elle lui avait fait subir. Elle se rendait compte désormais de son erreur, de ce fol espoir qu'elle avait eu. Sauver Achroma... qu'elle belle utopie était-ce là !

---------Le contact chaleureux de leur lèvres la surpris, et elle sentit alors plus encore ce qui avait pu le faire changer ainsi. Une odeur de sang persistait sur les lèvres de l'elfe, et pourtant celles-ci étaient aussi sèches que de l'écorce. Une larme de sang coula finalement lorsqu'elle entendit les paroles de cet elfe aimé, aussi court fut le temps où cela dura. Il avait bon cœur oui, c'était vrai, chose pour laquelle avait-elle été séduite d'ailleurs. Du moins en partie.

---------Une autre larme coula lorsque la pointe acérée du poignard pénétra brutalement en elle, lui déchirant la peau et lui arrachant un glapissement de surprise autant que de douleur. Un cœur noirci par la haine, les remords, et ce sentiments de trahison dont il parlait... Les yeux de l'ancestrale se baissèrent quelques secondes sur le manche du poignard qui dépassait de son corps, avant de remonter se noyer de nouveau dans le regard terrifiant d'Aldaron. Le mélange de violence et d'affection qu'il manifestait était d'autant plus troublant que cela ne fit qu'accroître les remords qu'avait Vanaël. Elle sentit sa main lui caresser la joue, s'éternisa sur la surface glacée de sa peau avec délicatesse. L'envie de l'enlacer, de l'embrasser était à son paroxysme, et les liens qui la retenait semblèrent ne pas suffirent à restreindre ses mouvement. (*Délivrance) L'enlaçant donc, Vanaël passa ses bras de part et d'autre du corps svelte d'Aldaron, une main sur son bas dos, l'autre sur l'omoplate.

"Lorsque Vraorg nous a... contacté, ... le message que j'ai eu était qu'Achroma était pris en otage, et donc que je devais décider entre... lui, et toi." Sa voix n'avait plus rien de froide, elle n'était que larmoyante et aïgue, pnctuée de silence, et de pauses plus ou moins longues. "J'ai alors nourrit l'espoir de pouvoir le sauver, de pouvoir me rendre utile pour lui. Mais... ce n'était qu'un vain espoir. Achroma n'est plus. ... Il est... détruit. En trois ans, je n'ai fait que l'apercevoir, et jamais n'ai pu l'approcher. ... Je savais sa préférence d'être sacrifié plutôt que sauvé, mais comment l'abandonner ? ... C'était comme abandonner le passé derrière soi, laisser tomber ce qui pouvait me rattacher aux miens." Une autre larme de sang coula, perlant jusqu'à la commissure de ses lèvres. Le goût était salé, mais l'on sentait tout de même celui désagréable du sang de vampire, chose qui en ce moment n'avait pas si grande importance.

---------L'inquisitrice avait peut-être accepté son sort, et s'était abandonnée à l'étreinte d'Aldaron, ce n'était pas l'avis de tous. Non loin, le reste de la troupe arrivait, armes sorties et sens à l'affut, accourant avec hâte vers le lieu où Aldaron et Vanaël étaient. Ils se trouvaient désormais aux abords de la rivière, et surement ne mettraient-ils pas plus de dix minutes à arriver ici. Ils ne pouvaient se permettre de revenir sans l'inquisitrice, et si jamais elle était en danger, ainsi que c'était manifestement le cas, ils espéreraient bien quelques rétributions pour l'avoir sauvé. Mais pour l'instant, seul les deux amants étaient dans les sous-bois, attendant avec fatalité que Mort vienne cueillir la millénaire.

"J'avais le sentiment qu'en effet, si je refusait de ployer devant le saigneur albâtre, ce serait Achroma qui en payerait les frais, et je ne pouvais accepter d'être la cause de ses tourments. Finalement, j'ai été la cause des tiens."

---------Ses lèvres vinrent chercher le silence apaisant contre celles de l'elfe, attendant ainsi que le silence de la Mort l'enveloppe de ses bras. Peut-être tenait-ele à sa non-vie, peut-être Vanaël espérait-elle continuer de nourrir ses rêves pendant encore de longues décennies, mais après les évènements qu'avait déclenché Vraorg, elle n'avait en ce moment rien d'autre que l'envie de faire une bonne action. Le désir amer d'agir pour soulager quelqu'un d'autre, et non pas pour son égoïsme. La décision d'Aldaron lui paraissait juste, il était en droit de l'envoyer dans les bras de Mort. De même qu'elle se devait de chercher à le sauver, maintenant qu'elle le pouvait.

"Je n'étais pas seule, je ne sais pas où sont les autres, mais je ne tiens pas à ce que tu me rejoigne aujourd'hui..."
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MessageSujet: Re: Débris [Vanaël] Débris [Vanaël] Icon_minitimeJeu 25 Juin 2015 - 8:00

Une larme rouge grenat coulait sur la joue bien pâle de la vampiresse. L'elfe y fixa ses émeraudes et refusa de s'en laisser amadouer. Il planta son poignard dans son ventre et le retira abruptement, laissant le sang sombre s'écouler sur sa robe. Elle ne tiendrait pas longtemps. Il n'avait toutefois pas la force de lui assener un deuxième coup, pour abréger ses souffrances. Il resterait, à défaut, à ses côtés pour l'accompagner sur le chemin de Mort avant de l'y laisser et de fuir. Elle défit ses liens pour l'enlacer dans ses bras. Il ne fit rien pour contrer cela mais il ne lui rendit pas son étreinte, marquant ainsi avec froideur la rupture qui était née avec toutes ces années prisonnier à Morneflamme. Il la laissait s'accrocher à lui, mais ne lui était d'aucun soutien dans sa douleur. Il restait avec elle tant par amour pour elle que par sadisme. Il serrait les dents et la situation le rongeait. Il lui en voulait terriblement mais dans un même temps, il était déçu que leur histoire soit morte dans l’œuf. Il s'était attaché à elle comme un adolescent sous le joug d'un coup de foudre. Il en avait été défait avec la même brutalité, laissant sur son âme en miettes de lourdes séquelles capables de le transformer en meurtrier. Il la fixait avec dans les yeux un sentiment à mi-chemin entre le mépris et la tendresse, deux sentiments qui ne faisait vraiment pas bon ménage : son esprit en était ravagé.

La voix brisée de Vanaël le sortit de sa léthargie macabre pour des explications qui n'avaient pas de sens et qui pourtant en dévoilaient un. Elle l'avait fait par attachement pour Achroma, pour ce qu'il représentait pour elle quand bien même elle comprenait que rien au monde n'aurait pu le sauver des griffes de Vraorg. Elle avait refusé d'être la cause des tourments de l'Aîné, elle avait été celle de ceux d'Aldaron.

« Tu ne l'as pas sauvé. »

claqua-t-il abruptement, aussi froid qu'une nuit d'hiver en plein désert. Le choix de Vanaël n'avait été qu'un coup de bâton dans l'eau, inutile, mais dont les ondes terribles avaient ravagées ses côtés et inondé son âme d'une rancœur sinistre.

« Vois-tu ce qu'il est devenu ? Je ne l'ai pas connu autant que toi, mais je suis certain qu'il nourrissait d'autres idéaux plus louables que ceux auxquels il est affligé aujourd'hui... Comme est-ce possible... de changer à ce point ? Que lui a fait Vraorg pour débrider son esprit... ? Achroma... Est un monstre. Wintel un soumis. Renégats et Prince Noir œuvrent de concert. C'est faux. Ce n'est pas eux. La Princesse Kohan... Ambre... Trissi... Skade, mère des Cieux... Toi... »

Il remua la tête de gauche à droite. Il avait refusé d'y croire et pourtant, les faits étaient là. Le monde était devenu fou. Plus rien n'avait de sens. Les lèvres glaciales de Vanaël trouvèrent à nouveau les siennes. Les yeux clos, il se laissait consoler par cet acte et ses mains se posèrent sur chaque flanc de sa taille pour retenir sa chute. Ses propos le saisirent. Elle voulait le sauver, lui qui lui ôtait la vie. Elle voulait le sauver, et elle acceptait son sort à elle. Elle ne se débattait pas, ne recherchait pas un moyen d'esquive.

« Je reste avec toi. Si je meure ce soir, je veux que tu saches que ce sera de ta faute et que tu rejoigne Mort avec cela sur le cœur. »

répéta-t-il avec fermeté alors qu'il resserra son étreinte sur elle pour la soutenir : ses jambes le la tiendraient bientôt plus. Il la soutiendrait alors et prendrait le relais. Il avait gardé le corps de la jeune femme contre lui. Son sang se déversait sur ses vêtements. Ce n'était pas malins pour brouiller les pistes, mais ce n'était pas sa préoccupation du moment. Il enfouit son nez dans son cou, au sein de sa chevelure sanglante et ferma les yeux, à l'aise dans cette proximité revenue tout droit du passé.

« Parle-moi encore... Inquisitrice. J'ai entendu dire que tu enquêtais sur les Protégés, que tu les traquais, les torturais, les dénonçais... Que tu les soumettais à la justice abrupte d'un Haut-Juge. Ainsi est-ce cela ton travail ? Fournir des victimes à ton mentor pour qu'il n'en soit que d'avantage déshumanisé... Comme toi... Tu es un rouage dans cette odieuse machine de Vraorg et tu n'as pas un instant songé à être une pièce défaillante du système. »

Il parlait à mots détachés, lentement pour qu'il percutent cette femme de plein fouet et lui fasse du mal. Il voulait l'entendre pleurer dans ses derniers instants de non-vie, il voulait qu'elle confesse ses crimes, qu'elle les détaille en longueur pour qu'elle s’imprègne de toute l'horreur qui en émanait. C'était cruel de sa part : Morneflamme l'avait changé. Il était devenu un assassin et sa rancœur avait été longuement nourri au point que son seul désir en soit venu à faire payer les complices du Dragon Blanc.
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MessageSujet: Re: Débris [Vanaël] Débris [Vanaël] Icon_minitimeLun 29 Juin 2015 - 21:52


---------La voix d'Aldaron était un poignard, bien plus glacial et mordant que cette lame qui lui transperçait le ventre. Et le sang qu'elle faisait couler avait beau être en quantité bien moindre, le sentir ainsi humidifier son visage ne faisait qu'accroître le désespoir de Vanaël. Non, elle ne l'avait pas sauvé, elle n'aurait jamais pu réussir à le faire de toute manière. Après tout... avait-elle déjà fait quelque chose qui lui soit favorable ? Elle avait occupé son temps, l'avait contraint à l'éduquer, elle lui avait pris sa place au sein du conseil, l'avait trahit après la bataille de l'aube rouge en partant avec Lorenz. Elle lui avait fait se dévoiler à un elfe dans toute son intimité, et finalement, l'avait de nouveau trahit en voulant le sauver. Non, elle ne l'avait pas trahit, elle l'avait déshonoré, en ne respectant pas son souhait de préférer être sacrifié pour la "bonne" cause plutôt que de voir les autres essayer de le sauver. Alors non, en effet, elle ne l'avait pas sauvé, mais elle aurait pu les sauver tout les deux si elle avait choisi le chemin de l'elfe. Ou du moins, leur éviter quelques tourments, probablement. La millénaire avait fait le mauvais choix, et elle en payait le prix fort.

---------Elle payait pour son erreur, mais elle souffrait aussi de la situation actuelle, comme la majorité d'ailleurs. Aldaron semblait prendre un perfide plaisir à le lui rappeler, énumérant alors ceux qui s'étaient détournés de leurs desseins. Vanaël ne les connaissait pas tous personnellement, mais au moins de nom, et elle ne pouvait que confirmer les propos de l'elfe de la Triade. Comme toujours, il était bien informé, et ce quel que soit sa situation. Si il en savait autant, il devait aussi avoir eu des échos de la réputation de l'inquisitrice, pensée qui ne manqua pas de germer dans l'esprit de la concernée, telle une aiguille chauffée à blanc. Non, ce n'était pas eux, ce n'était pas elle. Elle n'avait pas désiré être cette inquisitrice, de la même manière que chacun de ceux cités par Aldaron n'avait pas choisi d'être dans sa position actuelle. Et pourtant, Vanaël n'avait peut-être pas choisi, mais une part d'elle même ne s déplaisait pas à être ainsi une traqueuse d'hors-la-loi. Après tout, elle vivait à son aise, pouvait consacrer du temps à ses hobbies, et son nom était connu et respecté pour une majorité, voire même craint pour certains.
---------Mais en ce moment, il n'y avait aucune satisfaction à être cette inquisitrice, seulement de la honte, et du dégout pour elle même. Aldaron lui rappelait avec sadisme ce qu'elle était et faisait, sa voix lente énonçant chaque fait avec fermeté. Le contraste entre leur dialogue et l'étreinte qu'ils échangeaient était frappante, et ne faisait qu'accentuer les pleurs écarlates de la vampiresse. Des larmes de douleur autant physique que mentale, que jamais elle n'avait imaginé pouvoir coulé ainsi. Le sang s'écoulait-il plus sur son visage que sur son ventre ? Elle n'en savait rien, mais le premier était assurément bien plus douloureux.

---------Il souhaitait savoir pourquoi ils étaient devenus ainsi ? Soit, il saurait. Après tout, l'ancestrale ne pouvait pas le lui refuser. Elle devait même le lui dire. Il devait savoir. Il devait comprendre comment Vraorg avait assouvit tout ce monde, pourquoi personne ne pouvait se lever contre lui.

"Nous avons été... marqués. Une magie puissante, au point qu'elle influe sur nos décisions et manières d'agir. Rien... Rien ne peut aller à l'encontre de ces marques. Rien."

---------Vanaël marqua alors une pause, étouffa un sanglot puis resserra sa prise sur Aldaron, empoignant le tissu de son vêtement pour se soutenir. Non pas que la douleur était insoutenable, ce n'était après tout qu'un poignard planté dans l'abdomen, qui la faisait perdre son sang. Elle aurait pu se faire cicatriser, si Aldaron ne risquait pas de l'achever en voyant qu'elle cherchait à se défendre. Non, ce n'était pas à cause de la douleur ou de la perte de sang, pas encore. Cela n'allait pas tarder certes, mais pour l'instant, la cause de son moment de faiblesse était tout autre. Rencontrer Aldaron et le voir ainsi changé, se rappeler du passé et de ses erreurs grâce à lui, ou à cause de lui, et le voir ainsi remuer le couteau dans la plaie, dans les deux sens du terme, tout cela ne pouvait que lui donner l'impression d'avoir tout perdu. Le sentiment amer que sa vie fut un échec. Ses jambes ne le supportaient plus, et ployèrent ainsi sous le poids plume qu'était Vanaël. Voilà pourquoi elle s'accrocha à l'elfe, espérant naïvement que lui au moins ne la laisserait pas s'étaler par terre.

"La torture... oui, c'est bien cela... Traquer, torturer afin de trouver le but de ma traque, oui, c'est bien là ce que ma marque me pousse à faire... Faire souffrir inutilement des coupables comme des innocents, jusqu'à ce que ce que je cherche me soit dévoilé, ou jusqu'à ce que mort s'ensuive... Une torture physique et mentale pour eux... Uniquement mentale pour ma part... Cette marque est un poison, perfide et implacable... On ne peut s'en guérir.

Une pièce défaillante ? Si seulement ! J'y ai songé oui, évidemment... Traquer les ennemis de la théocratie par tout les moyens possibles, jusqu'à ce que succès s'ensuive, voilà ma tâche, et je ne peut y échapper. Mensonges me sont aussi clair que de l'eau de roche, et il en est de même pour les omissions. Un protégé qui cache un secret ? La vérité ou la mort sont ses seules options... Non, être une pièce défaillante n'entre pas dans les cartes que j'ai en main..."

---------Était-elle par terre lorsqu'elle finit de parler ? Elle n'en savait rien, mais elle trouva toutefois la force de poser sa main gauche sur la tête d'Aldaron, la glissant dans sa chevelure bien plus longue qu'autrefois, mais aussi bien plus hirsute. La sienne de tête semblait sur le point d'exploser, comme si un rassemblement de troubadours s'y étaient donnés rendez-vous, tandis qu'au loin, le son étouffé de voix qui se rapprochaient s'élevait. Les soldats qui accompagnaient Vanaël semblaient avoir trouvé sa piste, et seraient là d'un instant à l'autre. Vanaël eut le sentiment que c'était le cas, bien qu'elle n'entendit surement pas le bruit de leurs voix. Ils n'étaient pas entraînés pour traquer, cela était certain. Ils avaient été formés pour la guerre, mais la discrétion était loin d'être dans leurs attributions. Le fait qu'ils soient en un nombre raisonnable n'aidait en rien à ce qu'ils fassent preuve de prudence. Ils se donnait des ordres, des indications, leurs voix portant au travers des bois. Ils étaient là, bientôt sur eux, prêt à en découdre avec cette proie qui avait attaqué celle qui les avait réunis pour cette mission.

"Tu souhaiterais mourir ici... alors que tu t'es battu pour vivre pendant trois ans, alors que tu t'es battu pour fuir cette prison de flammes ? Alors même que tu savais ce que j'étais devenu ? Ne te ment pas Aldaron. Fuis, il est encore temps. Bats toi... survis. Vis !"
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MessageSujet: Re: Débris [Vanaël] Débris [Vanaël] Icon_minitimeJeu 2 Juil 2015 - 20:35

Etait-il aise de la voir verser tant de larmes ? Se satisfaisait-il de la souffrance psychologique qu'il lui infligeait ? C'était assez ardu à cerner. Une part de lui même jubilait devant sa peine ravageuse. Il avait toujours eu l'art d'obtenir tout ce qu'il voulait par le langage. Il maniait la négociation tel un maître, mentait sans retenue aucune. Aujourd'hui, il savait que son don pouvait tout aussi bien servir à faire du mal. Il ignorait sincèrement s'il devait s'en réjouir ou s'en effrayer. Etait-il devenu un monstre ? Probablement pas. Une part de lui même souffrait avec elle et tordait amèrement ses entrailles. Cette part là aurait voulu la consoler, lui dire qu'il comprenait ses actes, qu'il ne le cautionnait certes pas et ne pouvait que les punir... Mais qu'il entendait leur sens. Il n'en avait toutefois pas la force. Sa colère inhibait les réactions affectueuses qui auraient pu naître à cette vision. Il était à cheval entre deux envies, celle de lui prendre la tête entre ses mains et de lui exploser le crâne contre un arbre une bonne fois pour toute, et celle d'user de sa magie pour la soigner et la sauver.

Elle lui parla des marques comme une magie sombre et terriblement puissante capable de faire plier les âmes les plus réfractaires. Ainsi avaient-ils tous agi de cette façon étrange qui ne leur sied guère ? C'était logique, ça expliquait beaucoup de choses, même si ça lui répugnait d'entendre que beaucoup se détacheront des conséquences de leurs actes en arguant le fait d'avoir été manipulé, contraint, obligé.

« Les Esprits. Les Esprits sont capables de tromper Vraorg et cette puissante magie dont tu parles. Ils t'auraient libérée. Peut-être t'auraient-ils accordé une seconde chance... A défaut ils t'auraient tuée et en un certain sens libérée du mal qui t'était infligé. Tu avais le choix même après avoir choisi de devenir Inquisitrice... Tu pouvais te servir de cette flamme en toi que t'impose Vraorg pour traquer un protégé, le suivre et le poursuivre jusque dans le désert. Tu ne l'as pas fait. Tu as préféré ta place. Tu as préféré ta vie d'Inquisitrice. T'es-tu sentie à l'aise dans ta nouvelle vie ? Les vampires ont une place de choix au sein de cette tyrannie... L'appât du gain t'a fait oublier qui étaient tes vrais alliés et tu as fermé les yeux sur leur souffrance pour annihiler la tienne. Tu ne pleureras jamais assez ce soir Vanaël. Tu n'auras pas le temps, hélas, de pleurer autant que mon cœur a pleuré. Pas autant qu'Achroma non plus. »

Il serra les dents et saisit sa robe au niveau de sa taille pour la retenir dans sa chute. Il voulait qu'elle lui fasse face lorsqu'il lui cracherait au visage les propos les plus glacés qu'il aurait à prononcer avant sa mort. Il plongea son regard d'un émeraude tranchant dans le sien avant de poursuivre en détachant chacun des mots avec un cruauté enfantée par sa propre souffrance :

« Tel est mon unique regret Vanaël. Celui de ne pas avoir assez de temps, ce soir, pour t’accabler d'une affliction à la hauteur de celles que tu as infligées à ceux qui ont vu en toi, jadis, une étincelle. Une étincelle si brillante, qu'ils ont cru en toi. »

Il lui avouait par là ce qui avait fait qu'il s'était brusquement attaché à elle, trois années plus tôt. Dans son allure, dans ses actes, dans son comportement, il avait vu en elle un éclat hypnotisant. Il avait voulu croire en elle, croire qu'elle pourrait changé quelque chose en ce monde, comme Achroma et quelques autres personnes que l'elfe estimait à ce point. La désillusion était affreusement rude. Ses propos également. Car non seulement ils étaient empreint d'une certaine brutalité, mais ils signifiait également que si son seul regret était celui-là, c'est qu'il ne regrettait pas le moins du monde le meurtre qu'il était en train de commettre.

Il serra les dents aux derniers propos de la vampiresse. Il la déposa au sol, l'allongeant dans la verdure. Non, il n'avait pas envie de mourir ici. Il avait pas envie de donner cette satisfaction à Vraorg. Mais les autres venaient, ils pourraient la sauver. Il les entendait s'approcher. Peut-être aurait-elle le temps de mourir avant. Il l'ignorait, laissant le hasard décider de son sort. Il espérait qu'elle meure, qu'elle refuse l'aide des autres et accepte son sort... Aldaron appela son cheval par magie et monta en selle.

« Si tu vis... Traque-moi. Traque-moi sans relâche. Traque le Marché Noir. Viens m'affronter. »

Il rabattit sa capuche sur sa tête. Sa demande n'était pas incompatible avec la marque qui l'ornait. Bien au contraire, il se servait de cet atout offert par Vraorg pour la faire avancer. C'était dangereux pour le Marché Noir ce qu'il venait de dire là. Terriblement. Mais il prenait son risque à bon escient.

« Je n'ai pas peur de toi. »

gronda-t-il gravement. Il ne craignait pas le mal qu'elle pourrait faire au Marché Noir. Il savait cette organisation suffisamment puissante, il veillerait sur elle. Et il la mettrait hors d'état de nuire. Il l'invitait à le suivre pour mieux pouvoir la détruire ou la sauver, qui sait ? Même s'il désirait sa mort, il ne pourrait jamais cacher qu'il la désirait elle avant tout.

« Mets toi en travers de mon chemin et je t'en arracherai. »

Il priait pour que ce ne soit pas le cas. Pour qu'elle meure ce soir et que cette histoire se termine mais même si c'était ce qu'il désirait, les autres ne rapprochait bien trop pour que son désir entre dans l'ordre des possibles. Il la quitta, laissant son corps gisant au sol, détruit par son geste, l'âme noirci plus encore. Il ne l'avouerait jamais, il s'en agacerait peut-être s'il venait à l'apprendre, mais que l'Inquisitrice Aerin mette la main sur le Marché Noir pour que lui, puisse remettre la main sur elle.
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