Cela faisait bientôt un peu plus d'un an que la dragonne de l'ombre et son lié vampirique avaient choisit une vie de combat et de lutte contre un des siens. Si on pouvait encore le qualifier ainsi. Le dragon blanc, le voleur de cœur, le voleur de bien des choses. Mais pas de sa vie ni celle de son lié. Il aimerait, une dragonne de plus, un vampire qu'il semble affectionner, un des meilleurs bretteurs d'Armanda. Mais non, tous deux avaient mis leurs service au nom de la liberté et de la paix auprès des esprits. Qu'importe qu'elle devait se mettre en travers de la force magique, physique et psychique d'une telle créature, qu'elle soit esprit, dragon, voleur de magie, Isyndar le ferait. Elle se le devait pour elle, mais aussi pour son fils. Cet être si frêle qu'elle avait dû abandonner dans l'espoir d'une nouvelle vie et au final. Que lui avait-elle apporté ? La souffrance, même si la vie auprès de son lié lui avait permis de casser et sortir de son œuf. Et de rencontrer la princesse Kohan. Isyndar l'avait rencontrée. Une fois. Elle était l'amie et plus du Maître de son lié. Et elle avait soigné Melusine quand celle-ci avait été blessée par Ethan. Les deux femmes semblaient avoir des différents et son geste prouva que son fils aurait pu tomber sur bien pire. Au moins cela prouvait déjà la grande valeur de son devenir. Ne pas s’arrêter aux convenances et aller au delà. Comme elle. Comme Shaynar. Isyndar ne pouvait que se sentir rassurer dans cet océan d'inquiétude qu'elle avait pour les dragons sous le joug de Vraorg. Mais la présence du maître de son lié, et sa compagne draconnique lui assurait aussi une protection de plus. Et demain, elle avait l'espoir qu'ils seraient ensemble. Qu'elle pourrait enfin le rencontrer et lui expliquer son lourd passé, et la tristesse qu'elle a eut de le laisser seul, pour son bien.

Mais parfois les Esprits, le hasard, ou bien une toute autre force doit se plonger dans votre esprit et vous permettre de réaliser vos désirs les plus enfouis.
La dragonne de l'ombre était partie au delà des limites du protectorat. Une mission de routine en vue de repérer un petit groupe d'éclaireur et de les acheminer au plus vite en lieux sûr. A dos de dragons cela restait le moyen le plus sûr et le plus rapide. Mais pas le plus discret. Même si la dragonne ne portait pas son nom pour rien. Car elle se fondait dans le silence de cette chaude journée, au soleil lumineux et qui l'enveloppait d'une forte chaleur. Curieusement à vivre dans l'ombre avec son lié, la dragonne n'avait jamais vraiment apprécié le soleil. Du moins, de loin. Aujourd'hui, il se faisait familier. Presque un allié, dans un jeu d'éblouissement. Même si elle ne portait pas son armure légendaire, qui lui permettait de se fondre un instant dans le haut soleil de l'après-midi, la dragonne se jouait de la lumière sur son ancienne armure.

Mais dans le ciel, une autre ombre vint, une autre odeur, une sensation étrange. Un dragon. Un autre, mais aucun des dragons du protectorat devaient venir aussi loin aujourd'hui, hormis elle. Un danger ? Son lié ? Ou bien un dragon soumis à la pression de l'horrible créature. La dragonne plissa les yeux et tendit son esprit vers la créature volante.

« -Qui que tu sois, montre-toi ! Les lois de Vraorg ne doivent pas nous incliner face à une quelconque politesse de ceux de notre race. »

Son esprit tonnait sa révolte mais il se fit ensuite plus doux, signe que sa colère n'était pas contre l'esprit draconnique qui volait non loin d'elle.  Du moment qu'il ne s'apprêtait pas à fondre sur son unité de protégés.

Le jeune dragon d'Améthyste planait dans les cieux, gardant un œil attentif sur le sol qu'il survolait. Il semblait chercher quelque chose de précis. Sa longue silhouette écailleuse suivait les courbes de terrain, offrant à peine une légère ombre. Il volait suffisamment haut pour que cette dernière soit à peine imperceptible. En fait, il volait non loin de la frontière qui séparait les protecteurs du royaume théocrate de Vraog. Depuis un an que celui-ci régnait en maître absolu, Cynoë n'avait guère eu l'occasion de quitter la région de Gloria. Il avait d'abord et avant tout songé à sa liée, même après avoir été en âge de déployer ses ailes. Il ne voulait pas l'inquiéter, car la princesse était dans une position délicate et son moral s'en ressentait. Elle n'avait pas à s'inquiéter plus de raison par l'absence de son lié draconique, parti à droite et à gauche pour découvrir les terres étendues d'Armanda.

Maintenant qu'il était suffisamment grand, qu'il était un adulte en pleine forme et possédant toutes ses forces, il avait réussi à rassurer sa liée qu'il prendrait des précautions. Ce n'était pas lui qui irait combattre les ennemis de Vraog. Et même s'il voyait des protecteurs, il ferait quoi ? Rien.... Il se mettrait en péril pour rien et pour une cause qui n'était pas la sienne. Comme sa liée, il était un peu en ''otage''. Là, il se contentait d'étendre ses connaissances, pour apprendre un peu plus ces terres qui s"étendaient sous lui. Le Savoir était une arme importante et tout pourrait avoir son utilité. Et puis il était un dragon, il était fait pour voler, pas à rester allongé à attendre à Gloria. Il devait améliorer ses capacités innés. Se perfectionner était important. C'était même vital. Il devait voler, et il aimait voler. Il aurait souhaité voler aujourd'hui, sous ce beau soleil avec sa liée... Mais proche de la frontière, cela aurait pu être un danger pour elle, même les protecteurs étaient un espoir pour Armanda et contre Vraog.

Ses pensées se figèrent quand il sentit une odeur de dragon. Une odeur qui lui était inconnue. Mais pas si inconnu que cela dans le tréfonds de ses souvenirs. Cela l'intrigua. Comment pouvait-il y avoir une telle contradiction ? Cela n'avait pas de sens. Il vira doucement sur l'aile pour chercher la source de cette odeur et aperçut la grande silhouette d'une dragonne, bien plus âgée que lui. Ses yeux se plissèrent d'incertitude. Jamais il ne s'était attendu à croiser un dragon étranger. Sans doute que celui-ci ; ou plutôt la dragonne, était du protectorat.

Les pensées de cette dragonne le percutèrent presque aussi fortement qu'un coup qu'on tonnerait à une cloche. Malgré cela, sa congénère ne se montrait pas agressive. Elle voulait savoir qui il était, entre dragon. Sans la pression de Vraog. C'est ce qui poussa plus encore la curiosité de Cynoë. Il eut presque un doute sur l'instant, qu'il ravala aussitôt et se laissa glisser sur l'aile pour apparaître dans le champ de vision de cette dragonne. Il avait même roulé en tonneau lors de sa descente aérienne pour se mettre à la même altitude que celle qui l'avait contacté. Ses pensées s'étaient montré plus douce. Non, sa hargne ne le visait pas lui.

quand il étendit ses ailes pour planer et se dévoiler dans toute la splendeur de son corps draconique, il tendit son esprit vers celle qu'il l'avait contacté en premier.

°Me voilà devant tes yeux. Je ne cherchai nullement à me cacher. Je ne m'attendais pas à croiser un autre membre de notre race en ces lieux °

Cynoë veillait à rester à bonne distance. Pourtant, il sentait dans son cœur que cette dragonne avait un lien avec lui. Mais lequel ? Cela le frustrait presque de pas réussir à percer ce mystère qui l'aiguillonnait. Cette dragonne ne lui était pas inconnue. Il le pressentait. Mais il avait besoin d'une confirmation.

°Si j'ai traversé ton territoire, pardonne ma méconnaissance de ses limites. Je ne viens pas en ennemi. Si je t'ai manqué de respect sans le savoir, je déguerpirais aussitôt°

A ces pensées, il liait des émotions sereines et totalement pacifiques, mêlées à quelques trames de grand respect envers la dragonne. Par contre, il se permit malgré tout cette interrogation :

°Pardonne aussi cette question, mais nous sommes nous déjà croisé ? Tu ne me parais pas inconnue....°

La dragonne prit de la hauteur pour passer doucement au dessus de la petite ombre améthyste. De cette façon, elle put encore un peu de loin observer celui qu'elle reconnut de suite. Son œuf, du mon moins son œuf devenu un beau dragon. Un an déjà. Un peu plus maintenant.

« -Et pourtant, je suis là. Protégeant de mes ailes ces lieux encore debout. Pour un temps. »

Et combien de temps ? Mais elle le ferait, comme gardienne d'une paix ancienne qu'elle rêverait de revoir. De ces longues discussions avec son lié en arpentant un ciel qui appartenait qu'à eux.

« -Nul offense n'a été fait petit dragon de l'ombre. »

Car il semblait avoir hérité cela de sa mère. Sa discrétion, son vol léger et harmonieux, se fondant dans le battement des oiseaux, dans le murmure du vent.

« -Non, nous ne nous sommes jamais vus. Et pourtant je te connais mieux que quiconque. Nos esprits se sont mêlés durant de nombreux mois. Et j'ai fais de toi ce dragon qui aujourd'hui peut voler face à moi. »

Isyndar lui envoya les images de leur rencontre et de bien avant. Son attente, sa venue qui pour elle était un souffle nouveau.

« -Je suis ta mère, Cynoë, dragon d'Armanda. »

Allant se poser plus loin dans l'herbe marécageuse, la dragonne de l'ombre chasse quelques animaux importuns à grands coups de claquements de dents et de grognements sonores. Elle replia ses ailes fines contre son corps, et renvoya les images de l’œuf, de ce départ pour le campement de la Horde.

« -Je suis celle qui t'as mis au monde et qui a tout fait pour que tu puisses voler un jour libre. Tu peux voler. Mais quand à la liberté... »

Il restait encore à faire. Mais il était là. Une chance pour eux ? Peut être, sûrement, au vue de la force fine dont faisait preuve son fils. Un dragon de plus, un membre de la caste, si on pouvait encore la voir comme une caste complète, entre les dragons sans dragonniers et les dragonniers les mains liés par un fou furieux, mégalo et assez fou pour un jour les voir en parfaite carpette de pied de lit. Diviser pour mieux régner. Il avait réussi ce pari.

« -Mais tu es là. Beau, comme ton père. »

Majestueux, fier dragon d'Armanda. Il semblait aller aussi bien qu'un dragon contraint pouvait aller. La dragonne de l'ombre se rongea mentalement les écailles pour ne pas laisser passer le flot de sa culpabilité à le faire vivre pareille vie. Contraint et forcer d'agir par la volonté d'un autre. Son fils n'était pas libre, pas un dragon pouvant voler au grès du vent avec pour seul souci quelques vents contraires dont il était facile de se défendre à grands coups d'ailes. Si elle pouvait, elle le forcerait à la suivre, laissant sa liée subir le lot de la justice de Vraorg, mais se serait le rendre plus malheureux qu'il ne pouvait peut être l'être. Pour seule réponse, elle souffla de ses naseaux, un air plus sombre, qui en volute, disparut dans le ciel.

Son coeur se figea un instant dans ses battements lents et puissant quand son esprit eut la confirmation de l'identité de cette Dragonne. Il l'avait su et comment n'avait-il pas eu la diligence d'écouter ce même coeur qui se mit à battre plus vivement désormais, heureux de découvrir enfin le visage de sa génitrice ? La chaleur de son sang propulsé dans tout son corps draconique l'échauffait dans cette joie sans nom. D'ordinaire, les dragons ne se passionnaient pas autant que cela à leurs liens familiaux. Mais Isyndar n'étaient pas une dragonne comme les autres. Aucunement.

La majestueuse Dragonne de l'Ombre se dirigea vers le sol marécageux, faisant fuir de son courroux et de sa prestance tout intrus dans les environs qui lui barraient le passage à son atterrissage. En même temps, elle soignait les lieux pour qu'elle ne soit qu'en présence de son fils. Et pendant qu'elle lui communiquait tous ses souvenirs, il les capta avec plaisir et tristesse mélangés. Il s'était senti si en sécurité avec elle, que déjà tout jeune dragonnet à éclore, il avait espéré rester auprès de sa chaleur rassurante. N'importe quel petit réagissait de la sorte. Le flots des songes de sa mère ranimaient des souvenirs endormis d'avant sa naissance. Il se revoyait avec elle, lui dans son oeuf, pendant qu'elle lui partageait ses espoirs. D'autres images se rajoutèrent : celle de leur séparation, quand la dragonne avait choisi de protéger son oeuf en le confiant aux rebelles, en compagnie de son liée. Il se rappelait de cette déchirure, de cette petite entaille au coeur et à l'esprit. Il s'était rappelé. Quand, dans son oeuf, son esprit en formation avait perdu le contact d'Isyndar, il avait espéré un jour la retrouver et cela était chose faite. Elle était là.

Doucement, il vira sur l'aile pour la rejoindre au sol. Son esprit était encore ouvert à celui de sa mère et il put lui transmettre la joie à l'immensité sans limite qu'il éprouvait, avec le respect qui lui était dû bien entendu. Puis avec un flot d'émotions lui brisa presque ses pensées, comme un sanglot qui troublait la gorge d'un bipède quand il retrouvait un proche qu'il croyait perdu à jamais.

°Mère Dragonne....°

Rien ne pouvait exprimer ce qu'il ressentait, si ce n'était les songes qu'il partageait. Doucement, pendant qu'il atterrit à une dizaine de mètres d'Isyndar, il lui confia les ressentis qu'il avait éprouvé en tant qu'oeuf pendant toute ce temps qu'elle avait veillé sur lui comme le plus précieux des trésors. Et quand ses quatre membres se portèrent sur le sol, il replia ses ailes et inclina la tête et son long cou pour exprimer une sorte de révérence draconique et des plus respectueuses. Isyndar lui avait donné son sang et la vie, mais elle restait une dragonne plus ancienne et plus expérimentée.

°La liberté est une denrée devenue rare, Mère Dragonne. Je me rappelle les espoirs et les visions d'avenir que vous avez souhaités ardemment pour moi. Mais il semblerait que je n'ai pas pris la bonne voie, celle que vous avez si longtemps soufflé à travers ma coquille. °

Il garda la tête baissé, autant pour rester humble et cacher sa honte d'être face à sa mère tout en étant un ''ennemi'', car Isyndar défendait les Protégés. Si Vraog donnait ordre à l'Améthyste d'agir contre eux, il n'aurait guère le choix que d'obéir. Peut-être qu'il y résisterait, mais ce serait courir le risque que sa liée en pâtisse.

Il songea après au compliment que la tendre dragonne lui avait faite, le comparant à son père. Comment son géniteur aurait réagi face à Vraog ? Se serait-il battu jusqu'à la mort au lieu d'accepter la servitude de Vraog ? Aurait-il attrapé son lié pour le mener directement dans le camp des Protégés, les rejoindre pour se battre contre l'oppresseur ? La honte le saisit plus encore.

°Je dois vous faire honte, en voyant que je sers l'Ennemi...°

La dragonne ne pouvait que observer avec attention et minutie le dragon qui se posait face à elle. Son fils, son œuf devenu bien grand, fendant l'air de ses ailes fines. Il lui ressemblait. Dragon, fin, délicat, mais dont on sentait la force grandissante au creux de ses écailles. Le même port, la même fierté que son père.

« -Tu as pris la voie qui semblait la meilleure pour toi et ta liée. Nos choix ne dépendent pas toujours de nous et de nos désirs. N'oublie seulement pas d'où tu viens et qui tu es mon fils. Car ce sera là ta seule direction, fut-elle longue à y parvenir.»

Qu'importe qu'il soit opprimé et dirigé, son esprit, son âme ne l'étaient pas et tant qu'ils ne l'étaient pas rien ne pourrait briser ce qu'il était au fond.

« -Tu es un dragon né de la liberté, fils du premier né qui refusa tout autre forme de contrainte que celle du vent sur ses écailles. »

Et encore pour mieux s'en jouer. Un jour, elle lui conterai la vie de son père, s'il le désirait. La sienne aussi. Comment il a pu atterrir auprès d'un groupe d'humains, des loups, une horde de voleur, recherchés par ce qui était l'autorité. Et pourtant si c'était à refaire, Isyndar le referait. Déjà car c'est ce qui lui permit de trouver sa lié, même si le Dracos les auraient mis sur le même chemin un jour ou l'autre. Leur destin étaient mêlés, Cynoë l'avait décidé, même sans la connaître c'était elle.

« -Honte, non. Je suis fière de te voir face à moi, ayant choisit la liée qui te mérite. Et tu ne sers que pour la protéger. Je serai capable d'en faire tout autant pour mon lié. Même plus. Mais j'aurai honte si tu t'y complaisais. Est-ce le cas ? »

La mère de la petite ombre en doutait. Elle le voyait pour la première fois mais elle savait et sentait qu'il se sentait fautif de sa situation. Mais il n'était pas coupable. En rien. Ce n'était pas lui le fautif et jamais elle lui en voudrait pour cela. A elle oui, de ne as avoir su protéger son petit. Elle qui avait tant désiré le voir à l'abri de tout, du moindre mal. Elle avait échoué.

« -Est-ce que tu te approuves ce que Vraorg, un des nôtres, a fait de notre race ? N'oublie jamais que tu es un dragon et que de ce fait rien ni personne n'a rien à t'ordonner. Tu es la force, la magie, l'avenir, la puissance et la vie en ce monde. »

Et il est libre. Libre de ses choix de voler où bon lui semble. Sans contrainte aucune, et surtout pas celle de leur dire quoi faire. Une aberration. Comment cela pouvait-il ? Comment Vraorg pouvait penser et faire pareille chose. Il fallait vraiment être fou et déranger. Ou les deux. Certes, il avait à disposition une arme de destruction massive, qui irait chercher des noises à un dragon. Même aussi jeune que son lié. Alors à une dragonne telle que Skade. La mère des tempêtes, dragonne qui avait fuit Armanda pour des millénaires de liberté pour revenir accrocher à cet être abjecte. Douce et triste ironie.

« -Si tu avais le choix, que ferais-tu ? »


[Hj: désolée petite réponse ]

L'Améthyste n'osa pas relever la tête pour croiser le regard plus sage de sa Mère-Dragonne. Elle était, malgré la honte que ressentait le jeune dragon, fière de ce qu'il était devenu et du chemin qu'il avait pris malgré tout. Ses pensées le rassuraient, mais son coeur n'était pas encore pleinement convaincu. Doucement, il redressa ses yeux ambrés vers Isyndar, redoutant presque de voir un reflet contraire dans les traits doux de sa génitrice, contraire à ce qu'elle pensait à son sujet. Et pourtant, son coeur lui affirmait qu'il n'avait rien à redouter. Tout n'était que vérité.

Malgré tout, les épaules qui soutenaient ses grandes et puissantes ailes s'affaissaient un peu plus, comme toujours pris dans cette honte qu'il avait exprimée.

°Le choix... il n'y avait guère de choix quand nous nous sommes retrouvés confrontés à Vraog le Blanc. Aucun choix n'était possible. Il n'y avait rien d'autres que ce que lui voulait. Je n'étais qu'un dragonnet à ce moment là. Et aujourd'hui, j'ai comme l'impression que je ne possède aucun choix...Pour vous rassurer Mère-Dragonne, je ne complais pas dans cette vie que je mène actuellement. Je protège ma liée, mais quelle sera un jour prochain le prix à payer en contre-partie ? Vraog peut décider à n'importe quel instant de quoi me faire. Autant par la puissance de sa volonté que pour éviter des souffrances à ma liée si je venais à me dresser contre lui...Non, je ne complais pas dans cette existence. Je vois ma liée souffrir de ses agissements. Je vois la terre souffrir et la nature en pâtir. Je vois que je suis loin de vous et que les nôtres sont séparés alors que nous devrions pas l'être... Tant de choses qui font que je ne me sens pas vraiment digne de votre sang et de celui que vous nommez Premier Né, qui m'a offert la moitié de son sang, en plus du vôtre pour que je vive. Peut-être un jour... mais pas maintenant...°

Qu'il aurait apprécié de mener une existence tout autre sur l'instant. Être vraiment libre, totalement libre et pas dans une illusion de liberté entourée de barreaux de contraintes...

°Mais je ne perds pas espoir. Un jour, cette liberté nous reviendra et les cieux ne seront plus brisés par une volonté qui veut nous contraindre à lui obéir. Vraog a été un dragon autrefois... Il ne l'est plus. Il agit avec une âme malveillante. Il est tel un bipède assoiffé de pouvoir et qui en veut toujours plus... Quel dragon agirait de la sorte ? Aucun. Non, il a perdu son esprit draconique au premier jour qu'il s'imposa sur ce monde.Il est le contraire de ce que vous décrivez pour ma nature de dragon, Mère Dragonne. Le contraire et un contraire abject. °

Il s'étonnait de tenir de tels propos. D'ordinaire, il pesait prudemment ses pensées, mais ici et maintenant, il était avec un autre dragon, et pas n'importe lequel. Sa Mère-Dragonne. la voir, la sentir, percevoir la force et la chaleur de son esprit lui redonnait courage.

°Si j'avais eu le choix, j'aurai été des vôtres. Avec ma liée. Mais elle est là-bas, pour soutenir de sa présence et de ses actes son peuple qui souffre. Si elle n'y était pas autant attaché, j'aurai pu espéré la persuader de passer de l'autre côté de la frontière. Mais elle est comme un fanal dans les ténèbres, un brin d'espoir dans cette mélancolie qui ronge les bipèdes. Je ne puis lui demander d'abandonner tout cela derrière elle. Même si comme moi elle est sous le joug de Vraog, elle aide comme elle peut. Et je la soutiens pour pas qu'elle ne perde espoir. Tout dans l'Empire de Vraog se sont ployés pour survivre. °

Il avait honte. Elle ne pouvait que le sentir et le voir. Vraorg avait réussit à cela : apporter honte aux dragons alors qu'ils devaient n'être que fierté. Et il n'y avait rien de plus difficile en plus quand ce dragon face à elle était son petit. Isyndar se retint de fendre la terre de rage contre ce qu'on leur imposait. Car elle était peut être libre de l'autre côté, mais elle ne le serait jamais totalement sachant que certains des siens et leurs liés, ses sauveurs, se trouvaient enchaîner de l'autre côté. Que ses sœurs d'écailles ne pouvaient vivre avec leur liés. Non, elle était libre avec son lié, mais prisonnière aussi de ne pouvoir voler où bon lui semble sans se soucier de personnes.

« -Nous avons toujours le choix. Mais parfois ce choix se révèle bien moins facile et tangible. Il nous semble impossible et semer de nombreux dangers. Faut-il avoir la sagesse de le raisonner et le laisser de côté ou bien le suivre sans se soucier du reste ? Il n'y a pas de bons choix à faire. Il y a simplement le tien. Et je sais que tu prendras le bon, car dragonnet tu étais, jeune dragon tu es, mais surtout tu as en toi le savoir des nôtres. Caché au cœur de ton esprit embrouillé par les exactions de Vraorg. »

Mais peut être qu'un jour tout se réveillerait. Comme pour elle. Parfois, sans savoir sans comprendre.

« -Vraorg est fort, car il a su nous diviser. N'oublie jamais qu'il est un dragon, tout comme nous. Il a en lui la force des esprits. Il a la force et le savoir de nos anciens, la magie supérieure et il n'a rien à perdre. Contrairement à nous. Voilà sa force. Trouver le moyen d'y glisser un grain de sable pourra être le début de sa fin et le moyen de nous unir pour le vaincre. Je veux garder cet espoir. Mais tu es digne des nôtres et de tes parents. Nous avons tous fait des choix pour nos liés, contestés ou contestables, mais notre devoir est de veiller sur eux. »

Quoiqu'il arrive, quoiqu'il se passe, leurs liés avant tout. Isyndar aurait fait la même chose pour Roëric, sans réfléchir, elle l'aurait suivit. Même au plus profond des galeries souterraines vampiriques.

« -Tu fais ce qui te semble le plus juste pour elle et pour toi, il n'y a rien à te reprocher. Vous tentez d'apporter un rayon de soleil dans les ténèbres de cette nouvelle vie. Quelque part c'est aussi une forme de résistance. Tu la vois faible, mais elle est présente et vivante dans votre cœur. Gardez-la éveiller. »

Tant qu'elle était là, présente dans son esprit, Cynoë resterait libre. Malgré ses chaînes. Malgré ce qu'il pouvait croire et comment il se voyait. Il était bien plus fort qu'il pouvait penser. Mais il n'en n'avait pas conscience. Du moins peut être pas encore. Mais cela viendrait, avec le temps et l'expérience. Mais surtout avec la croyance en un espoir nouveau.

« -Nous devons raviver notre volonté d'unir les dragons et leurs liés. Une caste avait émergé, mais non active, du moins pas totalement, car beaucoup des nôtres sont retenus contre leur gré auprès de Vraorg. »

Unis, ensemble, ils pourraient y parvenir. L'union des dragons, de la force, de la magie. Mais là diviser pour mieux régner. Et ça Vraorg l'avait bien comprit.

Il écouta les paroles sages d'Isyndar et ses conseils avisés quand à ce qu'il pourrait faire pour sa liée. Il essayait déjà d'entretenir sa flamme intérieure, mais peut-être pas suffisamment encore, vu qu'il émettait de l'inquiétude à son sujet. Le dragon avait été confronté très tôt aux conséquences de la montée au pouvoir de Vraog. Là où une vie de liberté et de paix aurait pu se profiler avec sa liée, il se retrouvait avec elle plongée dans une existence contraignante, à la liberté illusoire et à la réalité morose et sans apporter la moindre lumière d'espoir. Il devra se concentrer encore sur la petite étincelle de vie qui caractérisait tant sa liée, pour lui rappeler qu'elle était encore bien là au fond d'elle et qu'elle devait rester allumé, comme le dernier fanal d'un phare se dressant face à l'épaisse brume de l'adversité actuelle.

L'espoir et la confiance en l'avenir d'Isyndar se transmettait doucement en lui. Oui, il ne devait pas se morfondre et continuer de soutenir sa liée et ne pas désespérer. Vraog avait être tout puissant, mais il restait un dragon et même un dragon de sa nature avait des failles, qui finiraient par se dévoiler. Un dragon qui n'agissait plus en dragon arriverait bien un jour prochain à commettre une erreur irréparable, qui sera alors à exploiter.

Il inclina sa tête en signe de respect envers la Dragonne des Ombres. Même s'il était devenu un dragon adulte, il restait le fils de sa lignée et il avait l'impression de retrouver cette époque qui paraissait si lointaine où il était à l'abri dans son oeuf, à sentir les songes chaleureux et protecteurs de sa mère. Les pensées qui lui envoyaient étaient une grande déférence, un ressenti bien plus que fraternel. Même le lien entre un enfant et une mère bipèdes n'atteignaient cette force

°Merci Mère-Dragonne. Votre voix et vos songes sont précieux à mon esprit. J'espère que je saurai les suivre avec dignité et les appliquer plus loin encore. Je regrette presque que le destin nous ait séparé avant d'avoir la fierté de me voir éclore, qu'il vous ait empêché de me voir grandir. Mais il a été généreux de nous laisser nous revoir. Et j'espère qu'il y en aura d'autres. °

En de bonnes circonstances et pas dans le cadre d'un combat... Là il souffrirait beaucoup. Plus en refusant de se dresser contre sa propre génitrice.

°Il faudrait que d'autres des nôtres rejoignent les protégés, et éveiller plus fortement cette caste. ... Mais comment faire quand Vraog sait nous imposer sa volonté pour combattre les Protégés ? Il ne manque pas de moyens de pression pour contraindre un dragon à lui obéir. Et comment les nôtres se trouvant avec vous Mère-Dragonne réagiront face à des dragons qui se comportent comme Verith ?

Il ne connaissait pas vraiment l'irascible dragon rouge, mais Saemon, il y a quelques années, lui avait suggéré d'avoir une conversation avec ce dragon qui avait un avis bien tranché sur le lien, qui était une abomination à son sens envers la race des dragons. Cynoë n'était pas certain de sa position au sein de la Théocratie, mais il avait déjà ''servi'' Fabius avant que Vraog n'apparaisse à la face du monde. Quand on avait servi en toute volonté le mauvais camp, on pouvait très bien recommencer...

« -C'est un choix que j'ai fait et je ne le regrette en rien, même si j'aurai aimé te voir grandir. Mais te confier à la Horde, à des personnes de confiance t'as mené aussi devant ton destin et ta liée. Sans cela, tu serais encore dans ton œuf. Certes protéger de ce monde, mais bien loin de celle qui a fait de toi ce dragon que j'ai fasse à moi aujourd'hui. Et rien que pour cela la peine d'avoir dû te laisser loin de moi est atténuée. Car tu peux être là face à moi aujourd'hui et j'en suis fière. »

Et la mère dragonne lui envoya tout ce qu'elle pouvait en cet instant ressentir pour lui. Car en cet instant elle ne pouvait être plus fier de son fils que jamais. Il désirait se battre malgré tout, il voulait qu'ensemble ils puissent être plus fort pour pouvoir voler sans crainte côte à côte.

« -Il y en aura d'autres, je l'espère. Et emprunt de bien plus de joie et de bonheur, bien loin des immondices de ce que le dragon blanc nous impose. Si tenter que nous puissions encore le nommer dragon. »

Car l'était-il encore pour imposer ainsi sa volonté sur les siens. Cela n'avait rien de naturel dans l'esprit de la petite dragonne de l'ombre.

« -Je ne sais pas mon fils. Lutter contre un tel ordre est bien au delà de vos forces et une torture de l'esprit que je n'ose imaginer. Mais il doit y avoir une solution et ne je cesserai de me pencher sur cette question tant que tous les nôtres seront prisonniers de ses griffes. Mais il serait en effet judicieux de le savoir. Je saurai vers qui me tourner pour le savoir. En revanche, toi, ne fait rien, ne dit rien. Vraorg a un accès à vos esprits, moi, je ne risque rien. »

Il ne manquerait plus que le nouveau souverain des terres de l'ouest trouve une solution qu'il devait peut être déjà avoir.

« -Verith a toujours été un cas à part. Et nous saurons faire face en temps venu. Il ne doit pas se complaire de devoir se soustraire à Vraorg. C'est un mâle dominant. Et je pense que malgré ses obligations, pour une fois, il sera de notre côté pour en finir au plus vite. »

Oui, Verith était suffisamment fier et arrogant pour sentir l'humiliation de devoir servir quiconque et surtout un des leurs sans devoir broncher une écaille. Même en étant opposé à une alliance dragons et dragonniers, de devoir avoir un lien avec celui de ses pairs. Mais de là à subir les désirs d'un autre : autant lui demander d'adopter un humain de compagnie et que celui-ci soit assez fou pour plonger dans son esprit.

« -En attendant, couvre toi du tranchant de ceux qui sont autant tes alliés que tes adversaires d'infortunes. »

Isyndar lui envoya l'image mentale d'un lieu un peu plus au nord. Là, elle ferait tout pour y laisser le bien précieux de l'ancienne louve. L'armure de métal l'avait protégée de bien des malheurs, elle en ferait de même avec son fils.

Le dragon d'Améthyste reçut les ressentis de sa Mère-Dragonne et il en frissonna avec chaleur, comme un enfant bipède qui se fiait à sa mère. Elle avait consenti à un choix, qui lui avait sacrifié le plaisir de le voir naître. Mais en agissant ainsi, elle lui avait offert la possibilité de se lier avec l'âme qui devait se lier à la sienne et surtout... de le voir là, maintenant, en face d'elle. Ce baume l'enhardit et à son tour, il envoya tout ce qu'il pouvait ressentir pour la Dragonne des Ombres. Une mère qui se séparait de son enfant comme Isyndar l'avait fait pour son bien possédait un immense courage et un fort espoir de recroiser sa route un jour prochain. Ce qui s'était produit. Elle était d'autant plus vaillante qu'elle était bravait elle aussi, les jours néfastes qui passaient, sous l'égide de Vraorg.

°Oui Mère-Dragonne, il y en aura d'autres, où nous serons détachés de lui, en ne songeant qu'à voler dans les cieux. Vous revoir balaie toute la morosité qu'il inspire et ne laisse que la place à ce bonheur et à l'espoir°

Evoquer encore Vraorg était comme de lui donner de l'importance, même s'il n'était plus considéré comme un dragon. Cynoë préférait ne plus user de son nom sur l'instant, comme par crainte de l'invoquer. Isyndar rappelait bien d'ailleurs qu'il avait accès aux esprits. Elle conseilla à son fils draconique de rien tenter, de rien faire. Cynoë baissa légèrement la tête, mais ne quitta pas des yeux ceux de la Dragonne des Ombres. Au moins était-elle à l'abri de l'ingérence mentale du Blanc en vivant chez les Protégés. Elle gardait son intégrité.

°Je ne tenterai rien. Je ne voudrai pas que ma liée pâtisse d'une initiative qui déplairait. Attendre et contempler ce monde à travers mes yeux est tout ce que je peux faire pour l'instant envers les vôtres, Mère-Dragonne. Et tant que j'arriverai à éviter de nuire....°

Nul besoin de préciser qui. Il sous-entendait les Protégés. Isyndar le connaissait pour comprendre qu'il n'agirait pas contre les siens, tant qu'il n'y serait pas contrait. Pour le moment...Puis il écouta les impressions de sa Mère-Dragonne concernant Verith. Elle le connaissait mieux que lui et il était presque surpris qu'un dragon du genre du Grand Rouge pouvait être à part. Pour des raisons qui échappaient encore à Cynoë bien entendu. Cynoë devrait peut-être croisé ce rouge, même si leur première rencontre avait été fracassante. Il ne préféra rien rajouter sur les écailles de Verith. Il était difficile de juger sans savoir.

Puis il capta l'image mentale. Une zone au nord, où il y aura de quoi le protéger du tranchant des armes de ceux qui étaient à ses côtés que contre la théocratie. Il hocha de la tête, comprenant. Il lui faudra trouver une occasion pour s'y rendre. Mais pas de suite. Peut-être en compagnie de sa liée... à l'occasion d'une sortie aérienne...

°Merci Mère-Dragonne. Allez-vous vous envoler sous peu ? °

Il hésitait à demander de voler à sa suite, dans son sillage. Il n'osait, par crainte d'imposer des inconvénients à sa tendre Mère-Dragon.

Elle n'avait pas à s'excuser de ce choix mais pourtant, il ne cessait de lui tourmenter son esprit. Arriverait-elle un jour à s'en défaire, seulement le temps pourrait le lui dire.

« -Du moment que tu comprends mon choix de t'avoir éloigner de moi, de ma vie à Aigue Royal, sous terre et dans le bastion d'une rébellion qui venait de subir une sanglante bataille. Je ne pouvais me faire à l'idée de te savoir en danger permanent, avec les alayens en fuite, les vampires revanchards et un empereur près à tout pour tuer son cousin. Mais je t'ai envoyé vers bien pire. »

Même si ce pire l'avait amené à sa liée. Il y avait du bon dans la douleur présente. Isyndar devait se raccrocher à cela.

« -Eh bien continue de voler et de guetter, de regarder ce monde. Garde précieusement tous les détails, même les plus anodins, même ceux qui semblent dérisoire ou idiots. Car plus tard, ce rien pourra peut être devenir une grande chose. Comme un simple œuf qui devient un grand et fort dragon. »

Oui, il ne fallait jamais douter du petit grain de poussière, il pouvait devenir grand et enrailler une roue. Et Cynoë pouvait aussi être une de ses poussières. Il en avait l'envergure.

« -Oui, je vais devoir retourner auprès de mon lié et des combattants du protectorat. Mais mon cœur et mon esprit resteront avec toi, toujours. Ils t'accompagneront et te soutiendront lorsque tu douteras. N'oublie pas que je chercherai comment te libérer. Toi et les nôtres. Je n'aurai cesse de chercher. »

Même si pour le moment, Isyndar ne voyait pas vraiment comment. Le champs des possibilités étaient tellement vastes et restreints à la fois. Par où commencer, vers qui se tourner. La dragonne aurait pensé à Skade, mais c'était impossible pour le moment et hormis les esprits. Ni même parler à son sauveur, millénaire et spectateur autant qu'acteur de nombreuses histoires armandéennes. Mais la guerre qui grondait et l'instabilité que cela engendrait, lui fit comprendre que cela était bien une mauvaise idée, sinon se faire rire au museau. Elle chercherait auprès d'un elfe ou un vampire ayant connu le temps des dragons.

« -Tu es ce que j'ai de plus important au monde avec Roëric. Mais je ne serai être complète en te sachant entre ses griffes. Mais maintenant que je vois comment tu es, que je sais qui tu es, je sais que tu parviendras à avancer avec fierté et courage. Comme ton père. »

La dragonne lui insuffla courage et force, comme elle le pouvait, avec ses maigres moyens, un peu désemparée de ne pouvoir faire plus pour le moment. Mais le jour viendra où elle pourra enlever les chaînes de son fils pour voler avec lui au delà des nuages.



HJ: un conclu pour moi mon fiston

Cynoë avait l'impression qu'Isyndar redoutait qu'un jour prochain, il en vienne à remettre en question le choix qu'elle avait fait justement pour lui et qui avait conditionné le fil de son existence actuelle. Qui serait-il s'il en arrivait à contester le choix qu'elle avait pris ? Il ne serait pas le fils de la Dragonne des Ombres s'il venait à remettre ça en question.

°Je ne vous reprocherai jamais ce choix, Mère-Dragonne. Sans ce choix, comme vous me le disiez si bien, j'en serai encore à attendre dans mon oeuf la venue de ma liée. La décision que vous avez prise, vous l'avez fait en tant que Mère, voulant protéger son petit et lui accorder la chance de sortir de son oeuf. Grâce à vous, j'ai éclos et croisant mon regard et liant mon esprit à la princesse Esmelda. je ne saurai jamais assez vous remercier. Vous ne pouviez pas imaginer ce qui se passerait après. Qui pouvait prévoir que Vraorg se retournerait contre les Esprits. Personne...°

Il ne voulait pas que la Dragonne des Ombres se reproche sa condition actuelle. Même un dragon aussi puissant qu'il était, ne pouvait lire les trames de l'avenir. Sinon les choses auraient été bien différente. Il inclina la tête pour acquiescer à son conseil avisé

°Je surveillerai autant le ciel que la terre, notant la moindre chose. Car même la chose la plus insignifiante peut apporter un rôle important. Une goutte de pluie finit par emplir un océan°

Ainsi, il rejoignait ses pensées à celle d'Isyndar

°Je saurai me raccrocher et je n'oublierai pas vos songes. je puiserai en eux dès l'instant où le désespoir chercherait à me noyer. Ce sera une flamme qui repoussera les brumes du doute. Que les airs portent loin vos ailes et je crois en votre détermination°

Isyndar était déjà heureuse de l'avoir croisé. La joie des retrouvailles était réciproque, même si déjà les deux sauriens devaient se séparer et retourner dans les factions qui étaient les leurs. Mais qu'étaient les factions dans la vision des dragons ? Rien. Juste des frontières à dépasser pour vivre en toute liberté ! Seulement celle de Vraorg imposait des contraintes puissantes et presque impossible à contourner

°Je saurai avancer, grâce à vous Mère-Dragonne. Bientôt nous serons complet, aussi complet que vous le ressentez avec votre lié et moi avec la mienne. °

Il frémit en sentant la force de la dragonne passer en lui. Même si cela paraissait peu, ce qu'elle lui offrait était déjà d'une valeur inestimable. Isyndar était une dragonne forte et à la grande volonté. Selon ses dires, il ressemblait à son père. Il lui faudra s'en montrer digne en ne s'égarant pas, en ne prenant pas de mauvaises voies par de mauvaises décisions. Le coeur regonflé de cette force, il envoya sa volonté de répondre aux attentes de sa Mère-Dragonne. Il pourrait se sentir fier d'être du sang d'Isyndar.

Bientôt, il la reverrait, cela ne faisait aucun doute. Un jour, les cieux leur appartiendront à nouveau, sans contrainte, sans chaîne émotionnelle contre-nature...la vie libre de dragon ! Isyndar lui avait insufflé l'espoir.

[HRP : merci pour ce rp maman-dragon