6 Janvier

Sincèrement il n'aimait vraiment pas se balader ainsi de nuit dans le palais, à cette heure là la plupart des occupants des lieux en dehors de gardes étaient les vampires courtisans, pas qu'en faîte cela change grand-chose de d'habitude au palais de la dépravée… Surtout qu'a bien y réfléchir au moins de nuit Crissolorio pouvait user de quelques sorts vampiriques qui pouvaient facilement le sauver d'une impasse, mais bon il était humain, il préférait clairement quand il faisait jour. Peut-être aussi parce qu'il était légèrement fatigué, enfin… A cette heure là ce n'était pas non plus trop tard, il pourrait sans doute facilement trouver ce dont il était venu chercher.

Sérieusement aller voir un haut juge pour régler quelques litiges stupides avec d'autres petit courtisans il s'en serait bien passé, mais on lui avait dit qu'il aurait de l'argent en échange donc évidemment il n'avait pas refuser… Il avait donc décidé d'être un intermédiaire neutre avec quelques histoires comme ça… A croire que tout le monde pensait que âge rimait avec sagesse… Enfin il n'allait pas s'en plaindre, personnellement plus sa bourse était bien garnie mieux il se portait. Bon où se trouvait ce haut juge déjà ? Ah oui juste au bout de ce couloir…

Il vit au passage pendant sa traversée du couloir une forme noir dans un manteau, sans doute un noble qui préférait cacher ses traits, ou autre chose qui passa tout près de lui sans demander son reste, Crissolorio eu une mauvaise impression étrangement. Intuition de son totem, ou simple doute devant une personne qui avait l'air clairement louche ? Impossible à déterminer, mais il se permit de lancer un regard discret vers l'autre. La tenue de celui-ci était fonctionnelle, mais propre, on dirait presque les vêtements que portent certains agents impériaux peux recommandables… Puis l'autre disparut dans le couloir, Crissolorio nota juste ce détail dans sa tête, il aimait noter les détails, pour un hérisson comme lui les détails avaient leurs intérêts souvent. De toute façon il n'aimait pas quand quelque chose lui échappait c'était comme ça.

Il se tînt vite ensuite devant la porte du bureau du haut juge au fond du couloir, il tapa à celle-ci calmement en attendant quelques instants qu'on lui dise d'entrer. Pas de réponse ? Pourquoi diantre avait-il un mauvais pressentiment… Son totem lui jouait peut-être des tours pensa t-il ? Une mauvaise surprise l'attendait peut-être par derrière ? Il regarda les alentours, et ne trouva rien… Cela ne devait pas être cela, par vigilance il sortit sa pièce des passeurs de sa poche. Pas de lueurs ? Pas de danger directe donc ? Il vérifia par curiosité si la porte du bureau du haut juge était ouverte, étrangement la poignée de celle ci lui semblait un peu bizarre… Il y avait comme un petit fil juste en bas de la porte…

Ouvert, ce n'était même pas vérouillé... La porte ne lui fit aucune résistance, étrangement son sentiment qu'il y avait quelque chose ne faisait que s'amplifier quand il ouvrit la porte du bureau, ce qui fit qu'il se montrer très attentif pourtant sa pièce continuait à dire qu'il n'y avait aucun danger. Il rangea donc cette dernière, et entra dans le bureau après avoir calmement fermé la porte. La pièce était plongé dans le noir. Crissolorio sentit le mauvais coup, et hésita à sortir de la pièce pour faire comme s'il n'y avait rien, mais il avait envie de savoir ce qui se passait ici…

Il usa donc d'un sort de flammèches pour faire apparaître au bout de ses doigts les petites flammes forts utiles pour s'éclairer un peu, il s'avança vers le bureau non occupé au milieu de la salle, et alluma quelques bougies qui se trouvaient dessus. Puis quand la lumière fut il commença à regard les environs pour voir un peu de désordre, et il sentit une légère odeur qui lé dégoûtait déjà. Du sang… Il regarda, fit une cheminée où il y avait eu l'air d'avoir été utilisé il n'y a pas si longtemps au vu des quelques cendres… Et...

Un cadavre, un humain, d'après ce que Crissolorio savait c'était un haut courtisan de la cour impérial, un conseiller plutôt bien placé malgré sa race . Il avait une dague planté dans le ventre, le ventre ouvert qui pour sa part dégouliné abondamment de sang… Cette vision d'une violence ignoble suffit à provoquer un malaise à Crissolorio qui ne tarda pas vite à tomber au sol pas violemment, mais disons qu'il avait eu du mal à se tenir debout pour le coup… Il détestait tellement la vue du sang, son corps lui-même réagissait à la vue de celui-ci en telle quantité... En plus il s'était écroulé non loin du cadavre… Ce qui n'arrangeait pas ses oignons même s'il reprit très vite reprise de lui-même, pas du genre absolument pas être décontenancé souvent, ou longtemps après tout… Il suffisait juste de ne pas regarder directement le cadavre, et de ne pas trop respirer l'odeur du sang… C'était bien l'une des rares choses qui pouvait le décontenancé aussi facilement que le sang...

Au fond de lui-même à cause de son totem il avait su que quelque chose se tramait ici, sans pouvoir l'identifier clairement, raison pour laquelle il n'était pas surprit. Impossible de surprendre un hérisson, mais pour le coup il ce serait clairement passé de cette vision… Du sang ! Il détestait le sang par Vraorg. Il avait presque envie de vomir, et était pâle comme un linge… En plus il avait ce pressentiment caractéristiques de son totem qui se faisait plus furieux que jamais.

Quelque chose allait se passer, et quelque chose qui n'allait pas lui plaire . Son hérisson avait l'air de le mettre sur ses gardes, l'assassin allait revenir sur les lieux du crime ? Un inquisiteur allait-il s'amuser à le surprendre, ou bien l’assassin était juste planqué dans un coin de la salle près à lui sauter dessus à l'instant ? A cause de son totem développé à son apogée Crissolorio s'attendait à tout à la fois ce qui était providentiel, mais aussi stressant. Mais il restait parfaitement calme, il fallait de toute manière rester calme, et stoïque comme toujours… Se relever, et éviter de s'évanouir à cause du macchabée à côté… Il entreprit donc de se relever calmement, il verrait bien à quel point être entré ici avait été une mauvaise idée… Rester calme, et lucide en toute situation voilà la clé du succès, et de la survie après tout...

Enfin était venue l'heure où il pouvait regagner ses quartiers, son bureau notamment dans lequel l'attendait un détail administratif à clôturer. La dernière condamnation, une affaire des plus litigieuses, lui avait pris plus de temps que prévu et l'avait obligé à s'attarder en salle d'audience après le départ du condamné. A vrai dire les vampires n'avaient souvent que faire des horaires décentes et il n'était pas rare de devoir se contraindre à de tels jugements ou autres démarches judiciaires à des heures indues pour un elfe tel que lui.

Alors qu'il déambulait dans les longs et lugubres couloirs, où de Sombres Gardes se jouaient des ombres, son regard erra un court instant sur le ciel obscure qu'il apercevait à travers une croisée ouverte aux vents qui, à son passage, firent virevolter sa lourde cape elfique dans son dos. Le quart de lune était dès lors bien haut, bien trop haut pour qu'il n'ait envie d'évaluer l'heure tardive. Il se sentait harassé, et s'était là un bien faible mot. La tentation fut forte l'espace d'un instant de s'arrêter là, de se contenter d'observer le ciel morose, les étoiles si rares et si ternes, et la ville engloutie par la brume vorace. Oui, forte tentation que celle de s'arrêter là, de devenir contemplation intemporelle de ce monde abandonné au chaos et à la destruction.

Mais c'était là une bien vile tentation. Indigne de lui, indigne des elfes, fiers qu'ils étaient. Il s'était fixé une mission. Et même si pour l'heure, celle-ci ne semblait guère avancer sur les sentiers abruptes qu'il avait empruntés depuis peu, il n'avait en rien abandonné ce qui encore l'animait. Cette petite flamme qui en lui encore brûlait et lui insufflait des parcelles, même infimes, d'énergie, pour continuer... Encore. Et malgré tout. Avancer, tracer une voie, quelle qu'elle soit, pour lui, les siens et leur peuple abattu.

Il se força ainsi à reprendre son chemin, quittant l'air frais de cette nuit glacée. Les couloirs se refermèrent bien vite de nouveau sur lui, engloutissant sa frêle et longiligne silhouette dans leurs secrètes obscurités. Bien vite, bien plus vite qu'il ne l'aurait cru, il atteignit le couloir menant à ses appartements. S'arrêtant brusquement en plein milieu du chemin, quand il aperçut un rayon de lumière s'infiltrer par l’entrebâillement d'une porte. Par l’entrebâillement de Sa porte, puisqu'au fond de ce couloir ne se trouvait que ses propres appartements. De la lumière filtrant de chez lui... alors qu'il n'y était pas présent et que personne n'était censé y être en son absence. Quelqu'un était donc entré par effraction...

"Quelle brillante déduction", lui souffla fort mesquinement son esprit cynique, tandis qu'à pas comptés, se faisant soudain silencieux et aussi légers que le vent, il rebroussa rapidement chemin, prudence et méfiance s'instillant en lui. Il rejoignit rapidement deux Sombres Gardes qu'il enjoignit d'un geste, d'un ordre tout juste murmurer, de garder silence, de se faire silencieux et de le suivre de toute urgence. Ce qu'ils firent sans demander de plus amples explications. Voilà bien un privilège des plus appréciés de Haut-Juge, ne put-il s'empêcher de penser, tandis qu'ils s'avançaient tous trois vers la porte entrebaillée.

Porte qui fut brusquement poussée sans aucun ménagement par un des gardes tandis que le second se glissait rapidement dans la pièce, braquant de son arme l'intrus malvenu.

- Messire Ostiz, susurra Firion d'une voix qui ne présageait rien de bon. Que me vaut le déplaisir de vous surprendre dans mon bureau, à cette heure indue, sans ma présence pour vous tenir compagnie ?

Le port hautain, noble, altier, engoncé dans ces robes à haut col, le vieil elfe entra enfin à son tour, tout dans son maintien reflétant la haute fonction qu'il incarnait depuis quelques temps à la quasi perfection. Quand bien même il devait en partie cette perfection à une certaine marque maudite qui le contraignait parfois à quelques absurdités...

Alors qu'il dépassait l'un des gardes pour mieux toiser son visiteur nocturne de haut, une odeur âcre et puissante lui fouetta les sens, menaçant de lui faire rendre le peu qu'il avait pu manger dans la journée. Du sang. Cette odeur était celle du sang. Du sang chez lui... Se masquant soudain le nez de sa manche longue, le Haut Juge prit son courage à deux mains, et contourna le mobilier qui lui masquait la vue.

Une vue qu'il aurait préféré ne jamais contempler, songea-t-il, alors que ses yeux horrifiés se posaient sur la cadavre gisant à terre, une lame plantée dans le ventre. Un courtisan. Un humain qui effectivement l'aidait en temps ordinaire dans certaines tâches fastidieuses et plus qu'ingrates.

Après son rapide examen, Firion s'empressa de détourner le regard et de reporter toute son attention, qui se fit d'ailleurs des plus inquisitrices, sur l'homme qui se trouvait non loin, aussi pâle que le mort à terre, mais pourtant le regard droit et franc. Le vieil elfe plongea longuement dans ce regard-là, lui offrant un miroir des plus polaires, ces orbes opalescentes semblant chercher vérité au fond de cet esprit qui lui était pourtant fermé.

- Expliquez-vous, Monsieur, et vite. Que signifie tout... ceci.

Ce dernier mot fut prononcé avec un air de profond dégoût ancré sur ses traits fins.

Les gardes à ses côtés n'avaient pas bougé, attendant ses ordres. Un geste, un mot déplacé, de la part de l'humain, et il le mettait aux arrêts. Seul son esprit de justice (car oui il en avait un, malgré la réputation qu'on souhaitait lui donner) le retenait. Vérité, il voulait vérité. Et surtout il voulait comprendre, pour pouvoir ensuite éviter de nouveau ce type de forfaits.

Oui, il lui fallait savoir. Car nul doute que ce n'était là nul accident. Ce meurtre était certainement prémédité. Peut-être manqué, si la cible n'était pas le décédé, mais prémédité. Et si la cible n'avait pas été tuée comme prévue, cela allait sans aucun doute recommencer. Le tout restait de savoir : qui était ciblé ? Pourquoi ? Et surtout qui avait commandité tel acte osé ?

Sincèrement… Il pourrait essayer de se cacher pensa t-il quelques instants, il avait sa tunique Diaphanum, un simple tour sur lui-même, et un simple mot prononcé, et il deviendrait invisible, sans doute un moyen d'échapper à d'éventuels ennuis… Il avait l'impression que ce serait une mauvaise idée néanmoins… Il ne savait pas pourquoi, peut-être car s'il quittait les lieux ainsi, et que quelqu'un s'en apercevait ce serait du même niveau que d'arracher la dague du cadavre pour la ranger à sa ceinture pour être suspect…

Enfin de toute manière il n’eut pas le temps de réfléchir à quoi que ce soit d'autre qu'il eu très vite de la compagnie, agréable ? Pas vraiment… Désagréable ? Sans aucun doute, mais plus à cause du cadavre dans le coin, et du fait qu'il se faisait surprendre au mauvais endroit, au mauvais moment qu'autre chose… La fortune pour le coup semblait faire sa mégère. Chance après tout n'est que mauvaise épouse fort peu fidèle pendant les périodes dur, un vrai homme ne pouvait pas se baser sur ce genre de choses s'il souhaitait réussir.

Il se contenta donc d'agir comme un Ostiz quand le haut juge, au comble de l'ironie entra dans le bureau en compagnie de sombregardes… Restait calme, et réfléchir dans l'urgence pour trouver un sens à tout ceci tout en contenant son envie fulgurante de sortir prestemment de cette pièce occupé par un cadavre, envie qui heureusement s'apaisait tant qu'il ne posait pas les yeux sur le cadavre…

L'elfe n'était visiblement pas de bonne humeur ce qui était compréhensible, et les gardes ne présageaient rien de bon. Ostiz se contenta de rester silencieux tout d'abord… Déplaisir ? Cela était réciproque sincèrement… Enfin ce n'était vraiment pas le plus grave que sa présence ici, et sans doute absolument pas le plus dur à justifier, loin de là… Les choses sérieuses allaient bientôt arriver, pour le moment il se contenta de rester digne pendant que l'elfe menait sa petite inspection.

L'elfe était bien un haut juge tiens, il en avait la carrure, la démarche . Ostiz se disait qu'il n'était pas tombé sur un incompétent rien qu'à sa simple vue, et il ne savait pas si c'était une bonne, ou une mauvaise nouvelle. Car pour le moment il pouvait juste espérer que l'autre lui laisse une chance de s'expliquer… L'elfe vit vite le cadavre, manifestement lui aussi n'aimait pas cette vision-ci même si sa réaction n'avait pas été d'aussi grande ampleur que celle de Crissolorio . Ce dernier encaissa ensuite avec calme le regard digne d'un haut juge que lui envoya le sieur Firion. Il fallait faire tout sauf paraître suspect, et rester calme était sans doute la chose la plus adéquate à faire.

Puis l'elfe fit tomber le couperet en lui demandant les fameuses, et bien nécessaires explications à tout ceci. Crissolorio réfléchit très vite. Il allait expliquer oui, mais il n'était pas le meurtrier, il réfléchissait à quoi raconter, et surtout à comment le prouver si nécessaire… Car après tout il fallait être stupide pour penser qu'un haut juge croirait aveuglement au témoignage de quelqu'un qui avait été retrouvé non loin d'un cadavre encore chaud, et qui était un suspect potentiel.

Ceci fait il dit d'une voix calme, et appliqué.

« Je me rendais à vôtre bureau il y a peu de temps de cela pour traiter avec vous d'une affaire somme toute assez commune que deux autres petits courtisans m'avaient chargés de vous rapporter pour eux par souci de neutralité. » Il ne développa pas plus ce détail-ci après tout cela n'avait guère d'importance, pour sa part Crissolorio partait du constat qu'en cet instant le haut juge ne voulait point entendre parler d'une affaire lambda entre deux petites courtisans, alors qu'il se préoccupait d'un cadavre retrouvé dans son bureau…

Devait-il parler de la personne qu'il avait croisé dans le couloir ? Sans doute oui, mais pour le moment ce serait juste un mention comme cela, il ne manquerait plus qu'on croit qu'il accusait quelqu'un à tort pour se couvrir… Si le haut juge voulait en savoir plus il le dirait, mais pour le moment il préférait ne pas avoir l'air de celui qui cherchait un bouc-émissairecar pour être suspect il n'y avait rien de mieux qu'agir ainsi...

« Après avoir croisé quelqu'un en cours de route, et qui n'était point un sombre garde. J’arrivai bien vite en face de la porte de vôtre bureau. Bien entendu n'étant point un rustre j'ai toqué pour que l'on m'ouvre. Pour m'apercevoir assez vite ci fait qu'il n'y avait point de réponse… Il est vrai que la réaction normale aurait été de rebrousser chemin... Mais poussé par une certain curiosité, et surtout en voyant quelques petites tiges de métal en bas de vôtre porte je voulu constater si la porte de vôtre bureau était bien fermé, et étonnement elle ne l'était point . » De fil en aiguille il arrivait vers la fin de ses explications.

« Poussé par une certaine intuition dû à mon totem. Je décida donc de jeter un coup d’œil pour voir la raison de ceci, après tout il y aurait pu y avoir un vol, ou quelque chose de ce genre. J'entrai donc dans vôtre bureau, et après avoir allumé la lumière pour mieux distinguer les environs je tomba sur ça… Peu après vous fûmes là bien vite messires me mettant dans une position assez inconfortable. Voilà pour ma part ce qui m'a conduit à être présent ici en cet instant. » Il montra au passage calmement de la main le corps, sans faire l'effort de regarder ce dernier des yeux, il n'en avait vraiment pas envie de toute façon.

Bon du coup il avait fait ses explications… Est-ce que celles-ci tiendraient la route ? Est-ce que la haut juge lui demanderait de détailler ? D'aller faire confirmer son alibis par les deux petits courtisans ? Ou quoi que ce soit d'autre ? Sans compter pleins d'autres menus détails, facteurs qui avaient tous leurs importances… Sans oublier que pour tout avouer Crissolorio avait un mobile pour ce meurtre… Car il n'était pas en bon terme avec le conseiller assassiné, ce dernier n'avait jamais aimé Ostiz, et de savoir que ce dernier n'était plus le bras droit de l'empereur depuis 3 ans n'avait pas été pour lui déplaire, après tout un noble de ce genre là n'était pas du genre à apprécier qu'un bourgeois ait pu à une époque se hisser bien au dessus de nombres de nobles... En somme une situation compliqué pour lui.

Il réfléchit calmement, il avait bien des suggestions à faire, ou autre… Mais il était du côté de l'accusé, et il y avait peux de chance que celles-ci passent tant qu'il n'était pas sortit d'affaire. De toute manière la haut juge savait manier son affaire, il fallait juste parier sur le fait que celui-ci ne soit pas d'humeur à expédier ce genre d'histoire… Il faudrait s'adapter, et surtout ne pas commencer à prendre trop d'assurance, au risque d'agacer le haut juge ce qui ne ferait pas son affaire. Pour le moment il ne rajouta donc rien tant que le haut juge ne lui demandait pas, il valait mieux ne pas parler trop au risque d'avoir l'air peu coopératif.

Il observa, avec un dédain non masqué, le pitoyable reliquat d'humain qui se tenait devant lui. Il écouta également attentivement les ineptes explications qu'il tentait de lui donner. Et c'était là un personnage qui avait réussi à se hisser aux côtés d'un certain Empereur humain en son temps ? Si tel était là tous les talents oratoires, politiques et diplomatiques que les humains savaient déployer, il n'y avait plus de quoi s'étonner que ce misérable peuple soit toujours en guerre.

Il ne put s'empêcher toutefois de noter quelques détails notables dans ce long et fastidieux discours qu'il s'efforça d'écouter jusqu'au bout. Il avait depuis longtemps appris qu'il était souvent utile de laisser les autres parler... Ils vous en disaient souvent plus que ce à quoi vous vous attendiez, plus que ce que vous aviez demandé, et ce sans même sans rendre compte. Et vous entendiez alors des détails fort intéressants.

Oui, des détails. N'était-ce pas aux détails que se jouaient parfois les grandes affaires, les plus magistraux complots, les plus importants événements ? Et se disant, une vile pensée s'insinua en lui que la marque devait encore faire son effet. Grinçant mentalement contre cet état de fait, il se força à revenir au temps présent.

L'autre avait enfin fini ses soi-disant explications. Firion ne s'était pas départi un seul instant de son marbre poli des plus hautains. Ce ne fut que lorsque silence se fit, qu'il hocha lentement la tête, signifiant, sans un mot, qu'il avait entendu ces paroles. Retenu quelques détails... maudits détails. Et qu'il en prenait compte.

Cependant, il ne jugea pas opportun de répondre de suite au vieil homme. Il devait tout d'abord prendre des mesures d'urgence et de sécurité. Détournant alors son attention du sieur Ostiz, toujours sans lui adresser le moindre mot qui signifierait qu'il le prenait en considération, il s'adressa à l'un des gardes sombres d'une voix péremptoire qui n'attendait aucune objection :

- Vérifiez que la pièce...

Il se ravisa bien vite, et ajouta, songeant que ces appartements ne se cantonnaient pas à ce bureau, quand bien même il y passait le plus clair de son temps.

- Les pièces sont sécurisées et que personne, ni rien, ne tente de s'y cacher pour quelque forfait.

Aussitôt le garde s'exécuta.

- Vous, ajouta-t-il à l'autre garde, restez ici, et surveillez notre présumé attentivement.

Lui-même ne bougea pas, gardant une distance raisonnable avec l'homme, que, certes il ne craignait pas, mais qu'il préférait ne point trop approcher non plus. Méfiance, et vigilance constantes semblaient de mise en telle situation.

Firion se contenta alors d'attendre dans un long et lourd silence, qu'il savait pouvoir mettre la pression sur le potentiel futur présumé coupable. C'était là d'ailleurs une de ses méthodes favorites. Faire mijoter l'autre, le faire attendre, le faire languir, jusqu'à ce que la pression soit trop forte et qu'enfin aveux ne s'expriment. Ca et ses pépiements de moineau... si tant est qu'il ait quelqu'un de suffisamment faible en face de lui.

Le soldat fouilla tous les recoins consciencieusement, avant de passer aux autres pièces, chambre et salle d'eau... pour enfin revenir, un peu trop vite au goût de Firion, et leur indiquer que tout était en ordre. Hochant la tête, le Haut-Juge n'en avait pas pour autant fini avec ses consignes.

- Allez quérir deux autres Sombres Gardes. Qu'ils viennent instamment et vous aident à sécuriser les appartements ainsi que les couloirs immédiats. Allez mander aussi deux de mes aides, réveillez-les s'il le faut, qu'ils viennent immédiatement et s'occupent avec vous de...

Son regard se tourna vers le cadavre tandis que son masque se fendillait légèrement en une moue dégoutée, écoeurée même.

- ça.

Il désigna le cadavre d'un geste négligent de la main, avant de reporter son attention sur le Sombre Garde.

- Qu'ils notent tout ce qui peut être noté, qu'ils consignent tout ce qui peut être consigné, dans les moindres détails. Et qu'ils emportent ensuite ce corps loin d'ici et s'empressent de nettoyer tout ça.

Comprenant que les ordres avaient tous été dictés, le Sombre Garde salua rapidement et tourna les talons, obéissant sagement aux consignes données. Ce n'est qu'alors que Firion se tourna enfin vers l'homme.

- Vous, fit-il d'une voix presque lugubre. Et vous, ajouta-t-il s'adressant à l'autre garde. Suivez-moi.

Il rechignait à faire pénétrer un présumé coupable dans son antre personnelle. Plus personnelle en tout cas que ne l'était déjà son bureau. Mais il ne se voyait pas retourner en salle d'audience, ni même en un quelconque lieu plus éloigné. Trop éloigné, trop... trop tout simplement à cette heure indue. Or il avait des questions avant de se décider sur la suite à donner. Cependant il ne se sentait pas le courage de rester près du mort, avec cette odeur de sang qui empestait la salle et qui lui donnait la nausée. Non, vraiment. Il ne pouvait rester une minute de plus dans cet air étouffant et souillé.

Il les conduisit donc dans la pièce attenante qui n'était nulle autre qu'une sorte de petit boudoir précédent la chambre proprement dite.

Il prit place sur un des sièges qui y trônaient auprès d'une petite table ronde. Mais n'invita pas son hôte improvisé à prendre place en face de lui. Il le laissa rester debout. Ainsi que le Sombre Garde qui s'était posté à la porte, tout juste derrière l'homme. A bonne distance pour intervenir, tout en empêchant toute retraite. Au moins il n'avait pas affaire à un incapable.

Une fois installé, son masque impassible de nouveau remis en place, telle l'effigie de la justice en marche, le Haut-Juge reprit la parole, sa voix faussement soyeuse se teintant de notes de mépris songeur.

- Ainsi donc vous dîtes être tout simplement venu me rendre visite, ou plutôt venu me mander, pour une affaire qui vous lierait, concernant un simple litige entre petits courtisans. Et ce à une heure aussi... tardive.

Sa voix laissait trainer les derniers mots, comme s'il réfléchissait. Mais c'était en fait déjà tout réfléchi. Il venait de prendre sa décision, la marche à suivre se dessinait déjà. Si l'idée de le juger présumé coupable, de l'incarcérer en attendant un quelconque jugement, avait été tentante, et ce sur de nombreux points, il préféra retenir cette vile envie. Il avait encore un cadavre gisant dans son bureau, un cadavre qui risquait fort de ne pas vouloir lui révéler tous ses sombres secrets. Or ce cadavre n'était peut-être pas la cible primaire de cet acte honni. Et si tel était le cas... Comme cela l'était sûrement d'ailleurs... Il se devait de savoir qui était la cible. Ou plutôt d'avoir la confirmation qu'il en était bel et bien la cible, Lui, le Haut-Juge. Ou le Palardiel, allez savoir. Il avait tant d'ennemis, à bien y songer...

Oui, il se devait de savoir si la cible était bien lui et non nul autre, et si oui, qui en était l'instigateur caché. Et il se devait de le savoir vite. Pas dans une semaine, ni deux jours, ni même un. Mais maintenant, là, tout de suite... il avait besoin de réponses, autant qu'il pourrait en avoir du moins, et rapidement.

Et pour tout avouer... Il avait beau ne pas apprécier l'humain, le vieil homme n'avait rien d'un assassin. D'un comploteur, certes, mais d'un homme de main... Non. Il n'était pas de cette trempe-là. Pas de prime abord tout du moins.

Pour toutes ces raisons, il se retint de mettre l'homme tout de suite aux cachots. Cela ne voulait pas dire pour autant...

- Et vous voudriez que j'avale de tels boniments ? Vous voudriez me faire croire pareilles inepties ? Admettons même que telle sottise soit véridique, ce qui montrerait déjà votre inconsidération quant à la charge de ma fonction, vous voudriez que l'on vous croit sans preuve aucune, alors que la situation, vous l'admettrez vous-même, porte sévèrement à confusion ?

Il se permit un sourire. Pas un sourire de connivence ni même de bienveillance. Non, un sourire froid, polaire, plus polaire encore que l'orbe blanc de ses yeux, un sourire de pure politesse pétrie d'une méchanceté à peine voilée.

- Ce serait là, une fois encore, mal connaître le Haut-Juge que je suis. Je suis au regret de vous signifier que vous êtes jusqu'à nouvel ordre aux arrêts. Soyez encore reconnaissant que je ne vous jette pas de suite aux cachots jusqu'à votre jugement.

Inutile de préciser qu'il ne ressentait nul regret.

- Maintenant que les choses sont claires, répétez-moi donc votre... version... de cette sombre soirée. Vous allez, consciencieusement, tout me répéter, et ce sans me cacher la moindre vérité.

Se disant, il avait pris la voix de son moineau, intimant, incidemment, l'autre à ne pas le tromper, à ne pas lui mentir. Encore fallait-il toutefois que l'esprit de l'autre s'y soumette...

- Pour quelles affaires étiez-vous venu me voir ? Pourquoi donc aujourd'hui, et à cette heure-ci ? Cette affaire si peu importante ne pouvait-elle pas attendre ? Nécessitait-elle forcément un Haut-Juge ? Et quelle est donc cette personne que vous dites avoir croisé dans le couloir avant d'arriver ? Comment donc vous êtes-vous retrouvé ainsi... là... dans mon bureau... en cette nuit... ?

Il toisa un instant encore l'homme, avant de reprendre.

- Vous avez parlé de votre totem... Quel est-il déjà ?

Toute personne censée se demanderait peut-être ce que soudain venait faire là un totem. Mais, oui, pour Firion, là, tout de suite, la question lui semblait d'importance. Il se devait de connaitre ce détail-là aussi.

Lui-même n'avait pas trop de mal à savoir que ses explications n'étaient pas forcément des plus en sa faveur, et pourtant c'était la vérité. Il aurait été bien tentant de mentir pensa Crissolorio, et très facile d'ailleurs. Le défaut c'est que ce serait un mensonge, et il ne doutait pas de la capacité d'un haut-juge de percer à jour un mensonge. Donc autant se cantonner à la vérité, il verrait bien ce qu'il pourrait faire avec. Oh qu'il aurait été tentant de glisser là-dedans un petit mensonge à son avantage, il devait y avoir moyen de faire quelque chose après tout sans trop démolir la véracité de ce qu'il disait. Oui, mais ce serait jouer un jeu dangereux…

Crissolorio pour sa part resta ensuite calme, et silencieux pendant que l'elfe faisait ce qu'il avait à faire. Il se contentait d'attendre patient, pas effrayé, ou quoi que ce soit d'autre. Juste patient, et réfléchit. Il était dans cette logique, si il échoué il ne pourrait rien y faire donc autant garder sa dignité, et rester calmer, et serein lui permettait au moins de garder une chance. Il nota au passage tout ce que faisait son interlocuteur que ce soit son ton, son air, ses mots, ou son attitude . Pour être sûr qu'aucun détail ne lui échapperait.

Et le silence, et la patiente se poursuivit. Crissolorio connaissait déjà ce genre de stratagème, sérieusement c'était même la base dans certaines profession pour mettre la pression aux autres. Il se contenta de prendre juste sur lui-même, et sur son totem. La chose se passa parfaitement bien pour sa part, et il se contenta de profiter de ce gain de temps pour réfléchir, et non pas pour penser à autre chose. Après tout le haut juge lui donnait si gracieusement le temps nécessaire à cela, sérieusement… S'il avait vraiment été coupable il aurait même pu se construire un alibi en acier trempé entre-temps… S'il ne l'avait pas déjà fait, un vrai coupable aurait déjà tout prévu avant le meurtre. Pour sa part Crissolorio ce serait assurer d'avoir tout ce qu'il fait, et surtout de s'être assurer que le haut juge ne le surprenne pas comme ça.

D'ailleurs ce dernier finit enfin par s'adresser à nouveau à lui, et ils allèrent de ce pas en un autre lieu. Une autre pièce moins professionnelle, Crissolorio suivit calmement tout en continuant à garder un œil attentif sur le haut juge.

Ce dernier après s'être installé parla ensuite à son encontre. Pas dur de deviner où il voulait en venir… Il n'était pas du tout sortir d'affaire, mais il aurait été naïf de croire le contraire.

« Si j'étais vraiment coupable messire, vous conviendrez que logiquement j'aurai préparé bien en avance des arguments très solides de ce fait. Et un alibi en acier trempé. Le fait que ce que tout je dise ne joue pas forcément en ma faveur n'est donc pas logiquement suffisant pour me juger coupable à coup sûr. Cela aurait été aussi suspect si ce que j'avais dit n'avait comporté aucun faille. Un meurtrier réfléchit aurait tout préparé bien en avance. » Et qu'on ne le croit pas homme incapable de cacher quoi que ce soit, avec son totem, et son esprit vif il pouvait poser des problèmes que même un inquisiteur expérimenté ne saurait vite résoudre.

Et quand aux preuves. Il pouvait en présenter une.

« Si vous le désirez messire nous pouvons allez présentement voir les deux courtisans à qui je devais rendre service pour demander de confirmer ce fait. Cela m'étonnerait qu'ils soient couchés à l'heure actuelle. » Dit-il calmement, le haut juge devinerait sans doute en partie où il voulait en venir...

« Je vous en remercie sieur. » Dit ensuite calmement, et poliment Crissolorio quand Firion souligna le fait qu'il avait était clément pour l'instant. Toujours aussi impassible, en cet instant il calculer encore ce qu'il devait faire.

Puis Crissolorio entendit le haut juge qui lui redemanda son avis sur cette soirée, le courtisan sentit une sensation dans son esprit, mais il la chassa d'un effort mental. Non il n'était pas un esprit faible, faible de corps, mais fort d'esprit. Tout dans la tête, rien dans les muscles. Pourrait-on dire un brin moqueur. De toute manière il se contenta de répéter sa version des faits sans rien changer, après tout c'était là la stricte vérité. Puis il répondit ensuite calmement aux questions du haut juge.

« Une vieille affaire, pas importante car c'est assez stupide, et simple litige car à mes yeux cela n'aurait pas prit plus de quelques minutes de réflexion objective pour deviner qui était en tort pour de bon, mais ils ont insisté malgré mes conseils. Je suis donc venu en cette heure tardive car les sires m'avaient faits mandés peu avant que j'aille me coucher, visiblement ils n'avaient pas envie d'aller voir-eux même vôtre personne. J'allais refuser, mais il m'ont proposé de me donner une belle somme d'argent si je faisais ainsi, je n'ai donc pas insisté même si cela m'avait semblé assez étrange, mais j'en ai déduis qu'il avaient peur de vous tout simplement... » Il réfléchit quelques instants, et poursuivit. « Cette affaire concerne de vieux compte entre un courtisan humain, le sieur Dores dont la femme est morte il y a 3 ans de cela, il est persuadé que c'est la faute du vampire le sieur Kenerre, mais il n'a rien pour le prouvé à part quelques vagues suppositions. Cet homme est têtu comme une mule, et le vampire avait envie d'en finir qu'on lui fiche la paix, et que ce soit réglé officiellement, au vu de ma race j'aurai eu du mal à refuser une telle demande à un vampire… Il avait exigé que ce soit fait au plus vite de plus, voilà pourquoi cela n'avait pas pu attendre le matin. » le haut juge ne pourrait pas réfuter qu'un vampire avait une certaine supériorité social par rapport à un humain, ou à un elfe.

« Je ne connais pas la personne que j'ai croisé, j'avais du mal à voir son visage. Elle ressemblait à quelques chasseurs de têtes que nous pouvons des fois apercevoir au palais. Ce n'est pas les individus louches qui manquent par ici depuis 3 ans après tout. » L'elfe ne pourrait pas lui dire le contraire. « Et comme je vous le dis je me suis retrouvé à vôtre bureau pour une simple raison. Celui-ci n'était pas fermé à clé, et j'avais eu l'envie de vérifier pourquoi, bien entendu n'étant pas imprudent. » Il sortit sa pièce des passeurs de sa poche. « J'avais vérifié qu'il n'y avait aucun danger directe m'attendant derrière. »

Puis le haut juge lui pose une dernière question, Crissolorio réfléchit, et reprit.

« Je suis lié au hérisson, je suis de plus grand-père. Mon totem rend son détenteur impossible à prendre par surprise, lui donne un formidable talent pour découvrir la vérité, et pour cacher des secrets même sous la torture, et découvrir ceux des autres. » Il se contenta de dire la vérité. D'ailleurs il rajouta calmement pour confirmer ce fait.

« D'ailleurs j'ai l'impression que quelqu'un va bientôt frapper à la porte... » Ceci dit, ceci fait. Après qu'on ait donné l'autorisation d'entrer un des deux hommes qui était chargé de vérifier le cadavre entra dans la salle, et dit hésitant.

« Sire ? Nous avons découvert quelque chose... » Dit t-il calmement. Lorsqu'on lui donna l'autorisation de parler il rajoute.

« Après avoir vérifié le cadavre au premier coup d’œil nous n’avions rien vu, mais après un examen attentif du crâne nous avons vu quelques traces sur l'arrière, visiblement le sire s'était fait frappé violemment à l'arrière du crâne… Un seul, et unique coup, et quelqu'un avait tenté de dissimuler la blessure. Visiblement il semblerait que ce soit la vrai cause de la mort du conseiller, un seul, et unique coup d'une grand violence au crâne qui aurait tuer quelques instants après le choc, le reste probablement que ce soit le coup de poignard, et le ventre ouvert a été fait après la mort du conseiller... » Un coup contondant ? Cela changeait tout pensa Crissolorio… Mais il ne dit rien pendant que le serviteur continuait à parler. « Et nous avons observé les doigts du conseiller, ceux-ci étaient maculés de sang, non loin sur le sol en dessous du cadavre il y avait écrit « Firion » en lettre de sang... »

Crissolorio faillit presque esquisser un sourire cynique en entendant cela. La situation l'amusait presque… Dans tout les cas il devait avouer que ça prenait une tournure très intéressante. Et après quelques réflexions il demande donc poliment.

« Seigneur haut juge, si vous me permettez de le dire… Puis je émettre une suggestion quand à ceci? »

Spoiler:

Oui s'il était un coupable doté d'une once d'intelligence, il se serait arrangé pour ne pas être sur le lieu du crime. Du moins pas au moment de la découverte du cadavre. Oui, oui, tout cela était fort logique certes. Mais il fallait aussi parfois se méfier de la logique en certaines circonstances. Ce qui était par trop évident cachait bien souvent de bien sombres secrets et de bien curieuses surprises. A près d'un éon entier, Firion avait eu le temps d'observer bien des choses étranges, bien des comportements douteux qui sortaient de toute logique.

Il voulait donc bien lui concéder tout cela, les lui ayant déjà admis en son for intérieur, mais qu'on ne s'attende pas à ce qu'il essuie tout cet incident d'un simple revers de manche comme si de rien n'était. Le simple fait d'être entré dans ses appartements sans son accord et sans son consentement, en son absence, et dans des circonstances fort louches qui plus est, était déjà en soi un délit. Lui restait donc avant tout à déterminer si d'autres délits s'ajoutaient à cette longue liste, ou s'il pouvait en conclure simplement à une énorme bévue de la part du courtisan.

Quant à aller rendre visite à quelque courtisan pour aller vérifier quelque dire que ce soit... Quand bien même lesdits courtisans n'étaient pas couchés, sans doute vampire de leur état, il était hors de question qu'il accorde à cette bien basse histoire de désaccord plus de crédit qu'elle n'en valait. Elle attendrait. Il y avait bien plus urgent à effectuer que vérifier cette partie des arguments du présomptueux humain devant lui.

- Tout cela attendra. Nous effectuerons effectivement ces vérifications, mais plus tard. D'autres plus urgentes nous attendent. Et cette histoire de litige aussi devra attendre, au vu des circonstances.

Et ce vampire ou pas vampire. Qu'il soit pressé ou non. Les vampires bénéficiaient certes d'un statut social fort honorable qui rendait difficile tout refus à leur encontre, mais... Mais il était Haut Juge. Elfe certes, mais Haut Juge et se devait de traiter toute affaire urgente en priorité. Un meurtre dans le palais même de Vraorg en était une, et méritait d'écarter toute autre affaire en attendant que le plus important soit réglé et que le palais soit de nouveau sécurisé. Autant que faire se pourrait du moins.

Firion sentait mille remarques acides et cyniques lui venir en tête au fur et à mesure du récit alambiqué de l'humain, mais préféra s'en abstenir. Son air austère et impassible à peine démenti par l'intensité de son regard opalescent montrait toutefois clairement le dédain caractérisé que lui inspirait toute cette histoire. Il ne pouvait s'empêcher de penser que le comportement du sieur Ostiz était tout de même étrange à sa façon. Quand bien même il était quelque peu protégé par son totem et un artefact magique, il n'en restait pas moins que pénétrer dans une pièce qui venait visiblement de subir une effraction juste avant et dont le propriétaire était absent était en soi fort douteux. Et pouvait révéler des capacités intellectuelles somme toute bien moindre que ce qu'il aurait pu espérer venant de cet humain-là. Les humains étaient-ils tous autant dénués de prudence et de tempérance ? N'apprendraient-ils jamais à faire preuve d'une once de bon sens lors d'événements si particuliers de cet acabit ?

Firion retint un soupir las, et se contenta de tourner son attention vers le nouvel arrivé. Son aide. Observations et relevé du lieu du crime effectuées. De nouveaux éléments étranges et fort douteux encore. Cacher une blessure au crane et poignarder ensuite ? Si le but était de tuer, quel était alors l'intérêt de camoufler la première blessure mortelle ? Que cherchait-on à lui faire croire ? Que l'assassin avait essayé de maquiller la scène du crime en une autre dans un but encore non défini ? Qu'il avait pris le temps et surtout le risque de se faire prendre en plein méfait en un lieu si surveillé pour accomplir cette mascarade ? non... Non, décidément, ca ne collait pas. Quelque chose clochait. Quoi ? Il n'en avait encore aucune idée.

Mais il était bien déterminé à obtenir le fin mot de cette histoire. Et surtout à découvrir la cible et le commanditaire de ce meurtre stupide et imbécile.

Et ces lettres, ce nom, écrit du sang de la victime.. Etrange là aussi qu'aucune des personnes présentes précédemment ne l'ait observé. Mais soit, admettons, concéda-t-il. Ce nom, son nom, écrit ainsi... A quoi cela rimait-il ? Son collaborateur avait-il voulu l'avertir ? Et l'avertir de quoi ? Qu'aurait-il voulu lui dire ? Qu'il était la cible ?

Firion était ainsi perdu dans ses pensées, mille et un scenario se dessinant à lui, quand la voix de l'humain l'en extirpa de nouveau.

« Seigneur haut juge, si vous me permettez de le dire… Puis je émettre une suggestion quand à ceci? »

Il fallut un petit temps avant que Firion ne réalise ce qui avait été dit. Le temps de sortir de ses pensées songeuses, de revenir au temps présent et à cette étrange réalité, le temps d'observer attentivement l'humain avant d'enfin prendre pleinement conscience des mots entendus. Et soudain, un possible sous-entendu à ces mots-là, ces mots inconvenants selon lui, déplacés même pour un prévenu présumé, s'esquissa dans le lourd silence qui tomba entre eux. L'humain souhaitait lui suggérer quelque chose ? Etait-il en train de suggérer, par hasard, que ces mots le désignaient lui, Firion Palardiel, Haut-Juge de sa Seigneurie Vraorg le Fléau des Mondes, comme possible coupable et non comme cible ? Etait-on en train de suggérer cette hypothèse des plus incongrues et surtout des plus improbables ? L'imaginait-on seulement être capable, avec ses forces amenuisantes qui insidieusement le quittaient et abandonnaient son vieux corps, pouvoir soulever quelque objet contondant pour assommer qui que ce soit ? Non, vraiment... Si telle était la suggestion....

Une suggestion qui manqua de peu de faire éclater de rire le légendaire dignitaire impassible qu'il était. Pour un peu, et il perdait sa réputation d'austérité incarnée par le fou rire qu'il retenait à grand peine. Il ne put toutefois s'empêcher d'esquisser l'un de ses rares sourires amusés, tandis que ses orbes polaires pétillaient de fourberie malicieuse et d'un regain d'intérêt. Oui, tout ceci était finalement si... impromptu, si... peu coutumier... Cela le sortait soudain de sa routine ordinaire si froide et si contraignante pour lui donner un léger goût de piment, comme il n'en avait plus connu depuis longtemps.

- Voilà qui est fort intéressant sieur Ostiz. Un potentiel présumé coupable souhaitant suggérer quelque notion ou quelque idée à son Haut Juge. Voilà bien une première. J'espère pour ce potentiel présumé, qu'il n'a pas dans l'idée de suggérer, par un malencontreux chemin de pensées, que ce Haut Juge pourrait être lui-même présumé coupable sous le prétexte que son nom a été tracé en lettres de sang sur le sol où gisait un cadavre. Hum... ?

Il fit un léger signe de tête vers l'humain, comme pour le défier de répondre que oui, cette pensée là lui avait probablement traversé l'esprit. En toute honnêteté, il était vrai qu'en temps ordinaire, dans des sociétés civilisées et dotées d'un réel sentiment de justice, ce serait une hypothèse soulevée et étudiée. Mais...

Mais eh bien, Vraorg et civilisation, et pis encore Vraorg et justice, ne faisaient guère bon ménage. La seule justice qui régnait en ces lieux sombres et corrompus était celle du plus fort. Celle de la jungle, celle que les animaux eux-mêmes avaient choisi pour loi. Soit fort ou tais-toi. Soit fort ou incline-toi. Soit fort ou obéis. Sois fort ou meurs en faible si à ces lois tu ne te plies. Simple et d'un pragmatisme à toute épreuve.

En l’occurrence en cet instant, en ce lieu-ci, en cette société-là, c'était lui, Firion Palardiel, le plus fort et le sieur Ostiz n'avait plus comme attribut que le "tais-toi, incline-toi et obéis" ou "meurs si tu désobéis".

- Il serait fort regrettable qu'en plus du forfait de pénétration par effraction dans une propriété privée, ce potentiel présumé coupable de tentative d'assassinat sur un Haut Juge soit également accusé d'outrage à Haut Juge voire d'espionnage, n'est-il pas ?

Voilà qui aurait au moins le mérite de clarifier son état de pensée actuelle et surtout la situation fort délicate du vieil homme. A savoir un vieil homme qu'on ne croyait sans doute pas coupable du meurtre en lui-même, mais dont l'innocence et la non implication dans cette affaire de meurtre restaient à prouver et qui se retrouvait alors être un présumé coupable tout désigné pour ce crime qui avait peut-être pour cible le Haut-Juge présent ; un vieil homme qui, en tout état de cause, avait commis le forfait de pénétrer dans une propriété privée ; et enfin un vieil homme qui risquait fort d'aggraver son cas s'il osait en outre suggérer d'accuser un Haut Juge. Quelque soit le bien fondé ou non de ces suggestions. Ce genre de considérations n'entrait pas en ligne de compte dans leur système.


[HJ : à voir si cela te va et si tu as assez d'ouverture. Peut-être ensuite voir si quelqu'un souhaite intervenir pour la suite ? Ou si je prononce directement une sentence si plus simple ? ^^]

Il était tout à fait normal que ces choses ci soient mises en second plan au profit de l'essentiel après tout. De toute manière ce n'est pas à lui que les vampires iraient se plaindre si ces derniers avaient la sotte idée de le faire, et c'était à leurs risques, et périls s'ils tentaient d'aller enquiquiner un haut juge avec ceci. Dans tout les cas tout ceci avança à un assez bon rythme. Crissolorio réfléchit au fait qu'il n'était absolument pas bon pour quelqu'un comme lui d'être éveillé à une heure pareille. Peste soit de ces sots de vampire. Ils auraient pu au moins avoir l'amabilité de mander quelqu'un en meilleur forme physique pour ceci. Pour sa part il risquerait de se lever assez épuisé le lendemain pour le coup...

Enfin dans tout cas les d'après ce qu'il avait comprit de tout ceci il y avait bien peu de chance qu'il fasse un meurtrier valable à force aux yeux de qui que ce soit, il comprenait qu'il serait punit pour l'effraction dans le bureau sans doute. Mais bon c'était déjà bien moins sévère comme peine que pour un meurtre. De toute manière il avait déjà vécu pire, comme cette fameuse nuit avec cette satané dame de fer… Heureusement que ce monstre n'était plus de ce monde. Pour tout avouer ce qui lui faisait le plus mal c'était l'amende… Pour 150 bonne pièce d'or il y avait de quoi grimacer…

Dans tout les cas il ne s'avança point après sa suggestion, mieux valait voir comment le haut juge réagirait, et réagir en conséquence. Après tout il n'avait rien dit de compromettant pour sa propre personne ? Il serait facile de faire croire à au malentendu dans le pire des cas, ou d'en venir là où il voulait de toute manière. Déjà il ne jugeait pas forcément le sourire du haut juge de bon augure, mais il se contenta d'observer de façon austère ceci. Deux statues vivantes... A croire qu'ils faisaient un concours de la personne la moins expressives au monde. Et pour le moment ils tenaient plutôt bien...

La perspicacité du haut juge était respectable, oui en temps normal Crissolorio aurait pu suggérer ceci tout à fait honnêtement, en d'autres temps. Là il ne pouvait pas se le permettre sous risque de perdre son temps pour des stupidités, et surtout car ce serait contre-productif pour sa personne. Crissolorio répondit donc tout à fait coi.

« En effet, mais ce n'est point cela que je suggérai, loin de là. » Répondit-il aux dernières paroles du haut juge.

« Bien entendu ce n'est clairement pas vous, et il serait sot de penser, et suggérer cela, ça ne peut donc qu'être que quelqu'un d'autre. Si la victime a été tué par un seul coup contondant sa mort a été très rapide. Aurait-il eu le temps d'écrire quoi que ce soit lui-même surtout sans grande quantité de sang à portée ? J'en doute… Non c'est probablement pour cela que la mort a été camouflé comme ceci pour faire croire qu'il a eu le temps d'agoniser, ensuite le vrai meurtrier a écrit lui-même par l'intermédiaire des doigts de la victime ces quelques lettres de sang. Voilà ma suggestion quand à ces quelques éléments. »

Et il était évident que si l'elfe avait été le vrai meurtrier faire ainsi aurait été à un stade de stupidité… Ce ne pouvait donc pas être le haut juge, Vraorg n'était pas vraiment du genre à choisir des benêt pour assurer cette tâche après tout, ou bien des benêts qui savent lécher les bottes. Crissolorio avait donc exposé son argument, tout en soutenant fermement l’innocence du haut juge, si l'autre arrivait à trouver prétexte à outrage… Il serait vraiment exceptionnellement doué, et chipoteur.

Dans tout les cas il attendit calmement les suppositions du haut juge, et les conséquences allant avec. Qu'on règle ainsi son cas au sujet de cette histoire car de toute manière il était un peu bloquer par sa position actuelle, et les soupçons de meurtre non fondés. Quand ce serait réglé ensuite, tout le monde pourrait se concentrer sur des tâches d'une plus grande importance.

[Hrp : Passons à la sentence si cela ne te gêne pas^^. Comme ça ce point-ci aura été réglé, et l'on pourra reprendre posément la suite du rp.]

Si Firion écouta tout de même les "suggestions" de l'humain, alors même qu'il ne les avait pas vraiment requises, il n'en retint les arguments que de façon très distraite. Oui, oui, que l'assassin trace le nom en lettres de sang soi-même, éventuellement. Certes, cela pourrait se tenir... Pourrait seulement. En fait, selon Firion les probabilités pour que cela se tienne et s'avérât vérité étaient selon lui infimes.

Selon lui, toujours et encore, tout n'était alors que supposition bien entendu, l'assassin n'aurait jamais pris le temps et encore moins le risque de maquiller si grossièrement son meurtre. Surtout pas dans des appartements somme toute assez protégés, même si finalement pas assez au vu de ce qui s'était passé. Non, non...

Selon lui, le scénario le plus probable, qui avait les plus fortes probabilités de s'approcher d'une quelconque réalité, était que l'assassin avait tué le courtisan par erreur. Dans l'obscurité ambiante de la pièce, il avait dû confondre avec sa cible véritable, à savoir lui, Firion Palardiel, Haut-Juge de sa seigneurie vraorghienne. Conscient de son erreur, l'assassin aurait fui rapidement...

Mais quelqu'un, pour une obscure raison, aurait ensuite maquillé le crime et aurait tracé le nom. Son nom. En voulant faire croire que c'était là la victime qui l'aurait fait. Et dans sa précipitation, cette personne aurait commis quelques impairs notables comme replacer le corps trop proche de ce nom ce qui rendait l'hypothèse que la victime l'ait tracé impossible... Qui était alors ce quelqu'un ? Quelles étaient ses obscures raisons ? Peut-être un témoin du meurtre, tétanisé par ce qu'il avait vu, et se sentant incapable d'aller témoigner de vive voix ? Craignant peut-être quelques représailles de l'assassin ? Ou tout simplement craignant de se faire accuser ? Pourquoi toutefois aurait-il pris le temps de maquiller ainsi ? Pour faire croire que la victime agonisante prévenait de son meurtrier et cette tierce personne aurait cherché à faire accuser Firion ?

Non, cela ne se tenait pas, songea le Haut Juge en secouant la tête, agacé. Fatigué aussi, de devoir réfléchir ainsi à plein régime à cette heure tardive alors qu'il n'avait qu'une envie : se reposer. Non, cela ne se tenait pas.

Non, non... Tierce personne il y avait sûrement. Une tierce personne qui avait cherché à prévenir de quelque chose par ce nom. Et selon Firion, cette tierce personne avait cherché à prévenir qui était la véritable cible, qui aurait dû être la victime là étalée sur le sol, à la place de ce courtisan. Cette tierce personne avait pris le temps, malgré les risques de se faire prendre et/ou malgré sa peur, de tracer le nom en lettres de sang, puis de maquiller le crime pour qu'on croit que c'était là la victime qui les avait tracées... et tout ca pour les prévenir. Ou plutôt le prévenir lui. Cela voulait dire que cette tierce personne lui était en un sens fidèle. Proche ? Intime même ? Hum... Voilà qui était intéressant à creuser.

Mais cette tierce personne n'avait pas voulu prévenir par elle-même et ne voulait pas être découverte. Pourquoi ? Que craignait-elle, si réellement elle était fidèle et proche du haut-juge ?

Voilà toutes les questions et hypothèses qui tournaient alors dans l'esprit du vieil elfe. Voilà pourquoi il écoutait, certes, mais d'une oreille un peu moins attentive, les idées que pouvaient souffler l'humain. Des idées qui lui étaient finalement assez utiles quand même. Elles l'aidaient, même si elles lui paraissaient erronées, à formuler plus clairement ses propres pensées et ses propres hypothèses.

Il lui apparaissait assez clairement aussi que l'humain en face de lui n'était, ni l'assassin, pour les raisons précédemment pensées, ni même la tierce personne. Il aurait eu alors les doigts tachés de sang, notamment. Ou quelques traces sur lui. Toutefois, aussi assuré fut-il par un certain instinct quant à cette innocence des faits directs, il souhaitait avoir la possibilité de s'en assurer par un moyen infaillible, potion de vérité, inquisiteur ou quelconque autre magie tel un totem hibou puissant, et il souhaitait également étudier la possibilité que le vieil homme soit impliqué d'une autre façon. Il en doutait, là aussi, mais... Mais on n'était jamais trop prudent.

Il était temps toutefois de prendre quelques mesures. Il se sentait épuisé, et ne pourrait prolonger cet entretien éternellement. Oui, quelques mesures...

- Bien. Je prends bonne note de tous vos dires en cette sinistre soirée.

La voix claqua abruptement dans l'air tel un fouet acéré. Le Haut Juge allait parler. Le Haut Juge allait décider. Ni plus ni moins.

- Toutefois... Selon la loi, moi, Haut Juge Firion Palardiel de sa Seigneurie Vraorg, je vous condamne sieur Crissolorio Ostiz à une amende de cent cinquante pièces d'or et à dix coups de fouet pour effraction d'un appartement privé d'un Haut Juge.

Et quelle magnanimité il lui accordait encore à n'attribuer que dix coups. Dix... Au lieu des vingt ou trente qui lui avaient tout d'abord effleuré l'esprit pour châtier l'insolence agaçante de cette race humaine. Mais non, pour il ne savait quelle raison, un sentiment de... non pas compassion, c'était là un sentiment qu'il n'avait que très rarement connu. Non disons plutôt un brin de pitié avait retenu ses mots. L'âge du vieil homme sans doute. Le but après tout n'était pas de le tuer. Et, si l'homme n'abusait pas de sa patience, peut-être se montrerait-il suffisamment magnanime encore pour s'enquérir d'un inquisiteur n'ayant pas la main trop lourde pour accomplir cette peine....

- Selon la loi, moi, Haut Juge Firion Palardiel de sa Seigneurie Vraorg, je vous désigne, vous Crissolorio Ostiz, présumé coupable du meurtre du sieur Priscius, courtisan de la Cour vraorghienne. Vous serez emmené dès cette nuit en prison dans l'attente de votre jugement.

Se disant, d'un signe de main, il intima au Sombre Garde de se rapprocher. Histoire de resserrer l'étau le temps qu'il ait fini son laïus.

- Par égard pour votre situation jusque-là respectable, je me sens assez de magnanimité pour révéler que je ne vous crois nullement coupable de meurtre.

Mais potentiellement impliqué d'une certaine manière. Et, impliqué, ou non, il entendait bien l'impliquer ensuite dans l'enquête, que l'humain le veuille ou non...

- Toutefois étant moi-même un des principaux concernés par cette affaire, je me retire de ce jugement à votre sujet et délèguerai ce dernier à d'autres Hautes Instances. Un jugement que je me fais un point d'honneur à diligenter.

Et là ce n'était point par égard pour le vieil homme, ce n'était point dans l'idée de faire éviter à ce dernier un temps de prison trop long, mais bien plus pour avoir quelques informations utiles le plus rapidement possible sur cette affaire. Une affaire où il était potentiellement une cible ou la cible. Ni plus ni moins.

Ostiz devrait d'ailleurs s'estimer heureux d'avoir un quelconque jugement et de ne pas être livré purement et simplement aux inquisiteurs pour lui extirper toute vérité potentiellement cachée... Mais le vieil homme pouvait peut-être se révéler utile par ailleurs, pour autre chose. Il serait dommage de gâcher quelconque talent pour une erreur de jugement...

- Si vous n'avez plus rien à me révéler, vous pouvez disposer.

Ou plutôt vous pouvez suivre le Garde Sombre, direction prison... Ou comment intimer un ordre odieux de façon courtoise et mesquine.


[HJ : voilà comme convenu^^ Concernant la prison je pense qu'il n'y passera que peu de temps, une à quelques nuits tout au plus. Quant au jugement, à voir si tu veux le faire et trouve des gens dispo pour l'effectuer, sinon on voit avec les admins comment prendre en considération tout ca ^^ en espérant que cela t'ira sinon n'hésite pas, comme d'ordinaire]

Il y avait dix milles façons dont la chose aurait pu se dérouler, ce qui arrangeait Crissolorio c'est que là plupart d'entre-elles l'excluaient en tant que meurtrier. Après comment cela s'est-il réellement passé ? Lui même n'en savait rien, et il le saurait certainement plus tard, ou pas. De toute manière tant qu'il ressortait a peu près blanchit pour l'histoire de meurtre il s'en fichait! Et puis sincèrement il avait envie de dormir, c'est qu'a son âge être réveillé à une telle heure n'aidait pas à avoir les pensées claires, il pouvait certes toujours se faire calme facilement, mais ça c'était plus car c'était naturel pour lui, et que ça ne nécessitait pas vraiment d'effort de sa part. L'elfe pour sa part devait mieux tenir la cadence, enfin peut-être… Haut juge ça doit être l'une de ces carrières qui vous fait veiller tard...

Après les hypothèses qu'il avait présenté au juge, rien ne disait qu'elles étaient totalement fondés, il était probable que ce ne soit pas l'assassin qui ait tracé les lettres de sang par exemple, ou tout autre chose. Pour le moment le plus important pour Crissolorio était que ce n'était pas lui le coupable, et qu'il y avait là de quoi le prouvé… Enfin de toute manière il était trop tard pour réfléchir clairement cela été un fait. Il ne sert à rien de faire des conclusion hâtives à une telle heure, à part bien entendu celle évidente qu'il n'avait rien à voir dans cette histoire pensa Crissolorio.

Néanmoins le juge prenait en compte ses quelques remarques, hérisson ou non disons que de toute manière tout ceci était un peu léger pour que Crissolorio ait vraiment une piste consistante, de toute manière il était plus intéresse par le fait de s'innocenter que d'enquêter. D'ailleurs en parlant d'être innocenter...

« Qu'il en soit donc ainsi vôtre honneur. » Dit calmement Crissolorio à la prononciation de la peine, et de la procédure qui l'obligeait à passer quelques jours en prison en attendant son jugement. Ses pièces d'or si précieuses, ah oui les coups de fouets feraient mal surtout à un vieillard comme lui, mais ce qui lui faisait vraiment mal c'est qu'on le déleste ainsi de son précieux argent…

Il écouta ensuite calmement les paroles du haut juge, présumé de meurtre… C'était toujours mieux que coupable tout court, et si en plus il pensait qu'il n'était pas coupable Crissolorio pouvait donc présumer qu'il était déjà libre. Un séjour de quelques jours en prison ? Désagréable, très désagréable, mais malgré son rang de bourgeois il avait déjà vécu pire que tout cela… Terrible nuit pensa t-il où cette vampiresse l'avait torturé par magie, il avait faillit de peu en mourir, mais c'était il y a longtemps. Et c'était de la torture magique, pas physique. Il verrait bien comment son corps supporterait les dix coup de fouets.

« Merci vôtre honneur. » Dit-il ensuite calmement quand la haut juge précisa sa magnanimité, autant être beau joueur après tout. Pour sa part il s'en sortait plutôt bien pour le moment, même si bon sang 150 pièces d'or… C'était une belle somme ! Lui qui aimait l'or c'est comme si… Enfin on comprenait le sentiment de frustration qui agitait un avaricieux lorsqu'on le séparé de ses petites piécettes.

Crissolorio ensuite se contenta d'écouter calmement la décision du haut juge qui voulait donc que le jugement soit prononcé par quelqu'un d'autre, effectivement ceci était plus objectif, et adéquat. Il nota néanmoins le fait que la haut juge désirait diligenter tout ceci, c'était un détail qui avait son importance après tout.

« Si fait je pense en avoir finit. » De toute manière il n'y avait pas besoin de faire durer davantage la chose s'il n'avait rien à dire.

Enfin de toute façons autant faire les choses vite, il suivit donc les sombres gardes là où ces derniers allèrent le conduire. Qu'on en finisse avec cette histoire de jugement.

[…]

[Hrp : Je propose donc que nous fassions une ellipse pour le jugement^^. Par contre du coup je te laisse décider à quel endroit, et quelle condition se retrouvent nos deux persos vu que le tien est haut juge? Si cela te va bien entendu^^.]