Le savon qui ne fait pas de bulles... [ Veren ]

Sujet: Le savon qui ne fait pas de bulles... [ Veren ] Ven 13 Mar 2015 - 19:29

- 21 juillet de l'année 2 de l'ère d'Obsidienne –

Bien que Luna venait à peine d’arriver à Aldaria, elle ne comptait pas rester plus longtemps que nécessaire. En effet, elle n’avait plus sa raison d’y être maintenant que la perle de Néant avait été détruite. L’idée de rester encore un peu lui avait passé par la tête puisque, comme son nom l’indique, la cité était superbe et il y avait toujours quelque chose pour s’occuper. Ce n’était pas la première fois qu’elle mettait les pieds à cet endroit et pourtant, elle était toujours aussi ébahie par toutes ces maisons étranges aux allures les plus magiques et qui étaient plus extravagantes les unes que les autres. Mais sa décision était faite : elle allait rentrer chez elle, et « chez elle » se rapportait au repère des rebelles, et elle comptait le faire le plus rapidement possible. Malheureusement, elle maugréait encore intérieurement puisqu’elle ne pourrait pas utiliser le même moyen qu’elle avait employé pour se rendre dans la ville. Après l’avoir utilisée, sa pierre de transport des ainées s’était transformée en une fine poussière sous son regard ahuri et lui avait réalisé qu’elle devrait utiliser les moyens conventionnels afin de rentrer. Ce n’était pas tant un problème aux yeux de la gamine puisqu’elle était débrouillarde et qu’elle l’avait déjà fait auparavant, mais elle avait une hargne contre le marchand qui lui avait remis la pierre. Elle lui en voulait de ne pas lui avoir dit que c’était une utilisation unique… Ou peut-être lui avait-il dit et qu’elle ne l’avait pas écouté? Peu importe, le résultat était le même : elle allait faire le chemin du retour à pieds.

Avant de franchir la muraille de marbre blanc, la jeune fille avait parcouru les allées d’Aldaria. Elle s’était d’abord arrêté à une boulangerie, la même qu’elle allait toujours, et fut à nouveau déçue lorsqu’elle ne vit pas la jolie blonde qu’elle avait rencontrée lors de son dernier séjour. Elle n’osa pas demander ce qu’il était advenu d’elle au marchand présent et acheta quelques denrées. Elle passa ensuite à côté où elle acheta de la viande séchée et ce n’est qu’en quittant qu’elle commença à avoir une étrange impression. Elle ne pouvait pas dire quoi exactement et elle poursuivit son chemin tout simplement, se disant que ce n’était probablement rien. Un peu plus tard, son attention fut attiré par un regroupement de personnes. Prise par la curiosité, elle s’y approcha et comprit ce dont il s’agissait : un duel où deux individus se balançaient des attaques magiques à n’en plus finir. Un sort de boule de feu frôla la foule qui échappa un exclamation de stupeur, mais qui ne de dispersa pas pour autant, trop habituée à voir ce genre de spectacle. Luna resta un petit moment puis continua son chemin. Cependant, son étrange impression ne fit que s’accentuer. Elle avait l’impression que quelqu’un l’épiait et elle avait beau regarder autour d’elle, elle ne voyait que des habitants qui s’affairaient à leurs tâches. Peut-être n’était-ce qu’un commerçant qui l’observait? Poursuivant son chemin, elle passa à la boutique « Fil Magique » où elle se procura divers vêtements. Voilà, si elle n’avait rien oublié, elle avait normalement tout ce dont elle avait de besoin.

C’est ainsi que Luna quitta Aldaria dans l’après-midi. La journée s’annonçait parfaite pour voyager à son avis. Il y avait une petite brise qui balayait l’air chaud de juillet et le soleil était légèrement caché par de grands nuages blancs. La pluie ne ferait pas partie du voyage avant quelques jours. La rebelle se dirigea ainsi vers l’Est. Son impression d’être suivi ne s’était qu’accentuée davantage et elle avait finalement compris la raison : une vampiresse était à ses trousses. La gamine ne prit pas la peine de s'arrêter pour permettre celle-ci de la rattraper. Au lieu, elle fit comme si elle ne l'avait pas remarquée et accéléra le pas, espérant retarder le plus possible le moment fatidique de leur rencontre.

Il n'avait pas fallut longtemps avant que les choses ne finissent par évoluer. Il était difficile en ces jours incertains de rester dans ces villes sous la coupe de Fabius Kohan, les hommes s'entredéchiraient et au final se faisaient de plus en plus méfiants également envers leurs congénères, ce qui rendait souvent la tâche plus difficile. Alors avoir été vue en compagnie d'un dragon et d'un elfe... Autant dire que cela ne l'aiderait pas à passer inaperçue pour ceux ayant été témoins de la scène !
La vampire s'était donc faite patiente, attendant dans l'ombre que la journée finisse par passer tout en gardant sa "proie" à l’œil. Oh non ! Elle ne lui permettrait pas de s'échapper, elle avait déjà désobéit à Korentin Kohan en préférant quitter Aigue mais avait également attiré trop d'ennuis à la Vampire qui avait été forcée de la suivre jusqu'à cette créature monstrueuse qu'était ce tas tentaculaire qu'ils avaient combattu la veille. Cette fois, il n'y aurait donc pas de seconde utilisation de magie pour lui échapper, si cette humaine devenait une menace alors elle ferait le nécessaire.

Le lendemain, elle la suivit donc au travers des différents quartiers de la ville, semblant se préparer à un long voyage, réunissant assez de vivres et de moyens pour plusieurs jours, ces prévisions ne laissaient rien paraitre de bon. La vampire ne se gêna d'ailleurs pas pour faire ressentir sa présence par un manque de discrétion assumé dans l'objectif de presser l'humaine et de la mettre mal à l'aise. Elle ne mit d'ailleurs pas longtemps à la voir accélérer le pas une fois sortie de la protection des murs de la cité, essayant de faire comme si rien n'était et comme si son comportement avait tout de normal. Non, elle ne pouvait que l'avoir remarquée, même un aveugle l'aurait fait sans grande difficulté, par contre il était vraiment présomptueux d'imaginer la semer de cette manière.

La vampire contourna l'humaine en silence et avec beaucoup plus de discrétion qu'auparavant, restant hors de sa vue et des sens de cette dernière pour lui couper la route une fois le moment opportun arrivé. Pour l'humaine, deux solutions s'offraient : soit la vampire avait abandonné sa chasse, soit cette dernière se faisait maintenant beaucoup plus discrète... Plusieurs heures passèrent ainsi, les dernières lueurs du soleil venant raser la cime des arbres du bois dans lequel la vampire l'avait suivie, de longues heures sans que le moindre indice de la présence du prédateur ne se présente à l'humaine.

Le calme fut finalement brisé lorsqu'une ombre se faufila derrière l'humaine, un simple souffle froid vint caresser sa nuque, accompagné juste de quelques mots. "On pourrait presque croire que tu fuis quelque chose." Des mots à peine audibles, comme s'il s'agissait d'un courant d'air qui apportait avec lui une mort certaine, la menace glaciale d'un prédateur nocturne qui ne ferait pas grands états d'âmes de laisser un cadavre supplémentaire sur le bord de la route.

Si l'humaine se décidait à se retourner, elle n'aurait aucun mal à reconnaitre l'être en question. Cette vampire qui avait été présente après la bataille pour la voir se justifier de ses actes qui avaient causé la mort de centaines d'innocents, cette même vampire qui maintenant l'observait froidement à quelques mètres d'elle comme attendant une réponse, aux questions qui étaient silencieusement posées et cette fois il était clair qu'elle ne l'aiderait pas à se sortir des ennuis qu'elle avait elle même causé.

C’est ainsi que Luna se dirigeait d’un pas assuré vers l’Est. Elle savait que la vampiresse la suivait toujours derrière elle puisqu’elle n’avait rien fait pour cacher sa présence, mais elle préférait ne pas lui porter d’attention. Elle poursuivait d’un pas rapide son chemin et empruntait les sentiers à terre battue qui reliaient les grandes villes de l’empire ensemble. Tant qu’elle était en proximité de la ville d’Aldaria, elle ne croyait pas se faire attaquer par un ou des bandits. Cependant, il s’agissait d’une autre histoire lorsqu’elle aurait pris de la distance et que les rayons du soleil commenceraient à disparaître à l’horizon. Les chemins n’avaient jamais été des plus sûrs malgré toutes les lois impériales qui voulaient les rendre sécuritaires et il valait mieux être plus prudent que d’avoir un excès de confiance qui en coûterait sa vie. Ainsi, elle portait une attention particulière à ce qui l’entourait et à tout ce qui pouvait paraître suspect. Elle n’était d’ailleurs pas la seule à emprunter les sentiers puisqu’elle croisa plusieurs charrettes qui espéraient se rendre en ville avant que la nuit tombe. Ces derniers étaient beaucoup plus à risque d’être arrêtés par des bandits de grand chemin. Elle croisa également quelques groupes de voyageurs qui ne lui portèrent pas plus d’attention qu’il ne le fallait et dont elle ignora également. Tout allait bien jusqu’à maintenant.

Lorsqu’elle jeta un regard derrière elle, elle se rendit finalement compte que Sylira n’était plus là et n’aurait su dire depuis combien de temps elle était partie. Elle fut d’abord soulagée de ne plus la voir, mais ce sentiment de tranquillité évolua rapidement en sentiment de solitude. Elle ne s’inquiétait pas tant d’être seule, mais l’expérience lui paraissait étrange. Après tout, c’était la première fois qu’elle ferait un aussi long chemin en solitaire. La dernière fois, elle avait eu la chance d’être accompagnée par Jëonyr Methus, le frère d’Ombre, ainsi que de plusieurs membres de la Horde puisqu’il en faisait partie. Elle se rappelait encore des mauvaises blagues de Hedras, des histoires de Gab et de l’air intimidant d’Hélène qui en fait était plutôt douce lorsqu’on prenait le temps de la connaître. La gamine aurait bien souhaité pouvoir refaire le chemin à leurs côtés, car les Loups étaient un groupe soudé et chaleureux. Et franchement, qui oserait s’en prendre à eux sur les chemins?

La gamine fit quelques arrêts afin de se reposer les jambes et profita de l’occasion pour se mettre quelque chose sous la dent. Elle jeta également un coup d’œil à sa carte des voyageurs et y frotta délicatement son anneau d'enchevêtrement qui permit au nom de « Florence Beauchamp » d’apparaître sur le parchemin. Elle savait où elle s’en allait, mais en même temps, elle préférait s’assurer du trajet qu’elle voulait utiliser et des arrêts qu’elle pourrait faire durant le voyage. Elle ne s’arrêtait que quelques minutes et repartait aussitôt.

Lorsque le soleil entama sa descente, la gamine réalisa qu’elle ne pourrait se rendre au prochain village et elle chercha un endroit pour la nuit. C’est ainsi qu’elle s’enfonça dans un bois non loin. Elle préférait dormir à l’abri des regards, à un endroit qui lui serait sécuritaire, et heureusement, elle n’avait pas à se soucier de la pluie quant à son choix.

Tandis qu’elle balayait les arbres de son regard, elle ne vit pas la vampiresse se glisser derrière elle telle une ombre et ne fut consciente de sa présence que lorsqu’elle brisa la tranquillité des lieux. Un frisson lui parcourant d’abord l’échine, elle se figea sur place. Il n’avait pas fallu plus pour lui donner la chair de poule et elle ne put empêcher son rythme cardiaque de s’emballer même si elle avait reconnu le souffle. Lentement, elle se retourna afin de faire face à son « agresseur » et son impression se confirma lorsque l’azur croisa le vert de son regard. Sylira se dressait devant elle, froide et imperturbable.

Par réflexe, elle recula d’un pas afin de se distancer de la créature de la nuit tout en maintenant un contact visuel avec elle. Elle avait été naïve de croire qu’elle l’avait laissée tranquille. Bien sûr qu’elle avait continué de la suivre! La bonne nouvelle, c’était que la protégée de Korentin était toujours en vie. Cela signifiait donc qu’elle ne voulait pas la tuer immédiatement puisque si c’était le cas, elle aurait déjà rejoint l’Esprit de la Mort. La mauvaise nouvelle, c’était que ça ne signifiait pas pour autant qu’elle ne la tuerait pas plus tard. Elle espérait croire que ce n’était pas les intentions de la dame. Que lui voulait-elle au juste? Elle n’en était pas certaine, mais elle savait qu’elle le saurait bien assez tôt.

- Que voudrais-tu que je fuis? Répondit la jeune fille.

Elle avait prononcé ces mots rapidement et d’une voix qui se voulait assurée. Une question en guise de réponse, ce n’était certainement pas ce que son interlocutrice voulait, mais Luna ne cherchait pas à alimenter la discussion non plus. Toutefois, le hululement d’un hibou et le hurlement au loin d’un loup se joignirent à la conversation.

La filature avait donné l'effet escompté sur l'humaine, elle pouvait le sentir, le frisson qui parcourut l'humaine, ce petit cœur qui bat la chamade suite à la surprise mais également une odeur proche de la peur. Oh, il n'y avait pas besoin de plus pour motiver n'importe quel prédateur à s'adonner au plaisir de la chasse et elle l'aurait fait volontiers si cela n'aurait pas eut de faucheuses conséquences. Par contre cela ne l'empêchait pas de jouer un peu avec n'est-ce pas ? L'idée semblait vraiment séduisante au premier abord, mais peut-être pas la mieux adaptée.

"Les conséquences de tes actes et tes responsabilités." dit-elle sèchement.

A question rapide, réponse sèche et brève, claquant dans l'air comme un coup de fouet asséné avec force et sadisme. Cette gamine ne semblait pas retenir les conséquences de ses actes, trop jeune certainement, mais ayant déjà causé la mort de beaucoup de personnes par ses actes irréfléchis. Ces mêmes actes qui avaient été la cause de tout en allant se faire capturer par les Alayiens pour leur servir de taupe, ces mêmes actes qui l'avaient emmenée à la perle et fait risqué sa vie contre cette chose immonde.

"Et ceux qui les payent à ta place. Que tu veuilles te faire tuer contre ces créatures à tentacules c'est ton problème, mais en entrainer d'autres dans ta déchéance semble te dépasser." Elle la regarda de haut en bas "Si tu veux mourir il y a bien d'autres solutions."

Les autres solutions pour mourir ? Il y en avait des centaines de milliers, les humains étaient des créatures fragiles et la moindre blessure pouvait venir à bout de leur vitalité. Une simple lame pouvait suffire... Ou bien comme il y en avait en face d'elle, une simple paire de crocs qui ne gaspilleraient pas le sang au final. Les derniers mots semblaient d'ailleurs comme une proposition à l'y aider !

C'était ce que le comportement de la jeune humaine laissait transparaitre, cette dernière se jetait dans l'aventure et les ennuis sans un regard en arrière comme si elle n'avait pas conscience du danger et du risque de mourir dans d'atroces souffrances alors qu'elle n'était même pas devenue une femme. A moins qu'elle n'ait déjà des pulsions suicidaires avec une forte envie d'y passer dans le feu de l'action, comme le faisaient beaucoup de personnes qui n'osent se l'affirmer à eux même.

C’est avec un regard glacial que Luna observait la vampiresse et elle soutint son regard. Son visage était ferme et elle crispa son poing afin de contrôler la tempête intérieure qui commençait à faire rage en elle. La crainte, bien que toujours présente, avait été majoritairement remplacée par de la colère. Il était hors de question de lui démontrer tout signe de faiblesse. Si elle espérait qu’elle se mette à genou devant elle pour ensuite lui demander pardon, elle se mettait le doigt dans l’œil. Elle n’était pas la jeune fille soumise qu’elle aurait voulu qu’elle soit. Non malheureusement, elle était plutôt des plus têtues et elle réagissait mal face à l’autorité. Elle n’allait quand même pas s’expliquer face à cette presque inconnue! Pour qui se prenait-elle d’ailleurs? Son chaperon? Sa gardienne? Or, elle ne la connaissait pas et elle ne lui portait pas confiance plus qu’il ne lui fallait. Qu’est-ce qu’elle en avait à faire qu’elle ait quitté Aigue-Royale et qu’elle se retrouvait maintenant ici à l’Ouest de l’Empire? Ce n’était certainement pas parce qu’elle s’inquiétait pour elle. En tout cas, ce n’était certainement pas de l’affection qu’elle percevait dans son regard verdoyant. C’était plutôt du mépris qu’elle lisait dans ses yeux.

- Je t’ai rien demandé! Répondit-elle sèchement.

Phrase typique d’une adolescente en crise. À quatorze ans et avec tout ce qu’elle avait vécu, c’est ce qu’elle était : une ado. Une simple gamine balancée dans le monde des grands qui essayait de trouver sa voie malgré toutes les embuches que l’univers s’amusait à mettre sur son chemin. Une jeune fille qui, malgré tous ses efforts, n’était jamais assez bien pour qui que ce soit. Elle n’était pas assez courtoise pour faire dignement partie de l’entourage de Korentin avec ses manières de paysannes. Elle n’était pas assez mature pour apprendre à se battre parmi les miliciens et la pupille de l’empereur rebelle n’avait pas à tenir une arme entre les mains. Maintenant, elle était aussi suicidaire de vouloir détruire les perles du Néant. Elle en avait juste assez!

- Je ne compte pas mourir. Prononça-t-elle avec un air de défi. Je ne mourrai pas tant que Néant et ses monstres soient hors d’état de nuire. Poursuivit-elle. Crois-moi, ce n’est pas dans mes intentions.

Que croyait-elle? Qu’elle allait attendre sagement que l’Esprit Supérieur détruise tout Armanda et qu’elle la regarde faire tout simplement? La jeune fille avait une profonde hargne contre Néant, rage qui aveuglait probablement son jugement, mais qui lui donnait également le courage d’agir.

- Je ne suis pas en train de fuir mes actes et mes responsabilités. Justement, j’essaie… de corriger les erreurs que j’ai faites. Mais elle ne termina pas sa phrase. À quoi bon? Peu importe ce qu’elle dirait, elle resterait la fautive et la moins que rien. Du moins, c’est l’impression qu’elle avait. Ah! Et puis zut! Tu as raison. J’ai tort! Contente?! Lâcha-t-elle finalement.

Dans toutes les situations, n’était-ce pas elle qui avait toujours tort? Luna ne faisait jamais rien de bien alors elle pouvait bien être blâmée une fois de plus. Et au final, elle n’en avait rien à faire. Personne ne la comprendrait jamais et ne voudrait jamais essayer d'adopter le même point de vue qu’elle. C’était aussi simple que cela.

- Regarde. Je ne t’ai pas demandé de me suivre. Je ne t’ai pas forcé de venir risquer ta vie à frapper cette monstruosité. Tu es libre de faire ce que tu veux. Dit-elle d’une voix ferme. Jusqu’à maintenant, elle l’avait toujours regardée dans les yeux et c’est à ce moment qu’elle détacha finalement son regard de la vampiresse, haussant en même temps les épaules, esquissant un air d'indifférence. Je pourrais bien crever que tu n’en aurais rien à faire. Ça t’enlèverait même un fardeau de sur le dos. Ajouta-t-elle dans un murmure.

Suite à ces mots, Luna n’avait plus envie de parler et déjà qu’elle ne l’avait jamais eu. Elle commença à faire quelques pas, marchant droit devant elle, ce qui signifierait qu’elle passerait à côté de la vampiresse. Où comptait-elle aller précisément? Aucune idée. Mais la nuit était fraîche et elle n’avait pas envie de rester là à discuter bêtement avec son interlocutrice.

Elle n'était qu'une enfant, une adolescente humaine turbulente et trop fière d'elle qui n'était pas consciente des limites à ne pas franchir et et encore moins des conséquences de ses actes. Peut-être n'avait-elle jamais eut personne pour s'inquiéter d'elle, ou alors elle même ne s'en était jamais inquiétée les ignorant complètement enfermée dans son égoïsme. Elle laissa la jeune humaine cracher ses excuses dans le vide, comme si ces dernières ne l'atteignaient pas, après tout Korentin ne lui avait pas demandé de veiller sur elle pour l'écouter pleurnicher toute la nuit, mais peut-être une fois qu'elle aurait terminé, elle pourrait entendre raison ?

Qu'est-ce qui lui passa par la tête lorsqu'elle passa à côté d'elle, vraisemblablement pour aller dans une autre direction et laisser la vampire derrière elle ? Certainement rien, ou tout du moins pas une once de réflexion ! A se demander si elle était capable d'autre chose que de penser à elle-même. Après on disait que les vampires étaient égoïstes...

L'humaine n'était pas sur son terrain, et ça, elle allait le comprendre bien assez tôt ! Elle n'eut pas l'occasion de faire un pas de plus que la vampire l'avait saisie par le poignet et accompagné le mouvement d'une clé de bras en ramenant ce dernier dans le haut du dos de l'humaine pour la forcer à se courber. Accompagnant le mouvement un simple coup de genoux vint frapper l'une des jambes de l'humaine pour le forcer à le plier et l'envoyer lourdement face contre terre avec sur elle le poids de la vampire qui se retrouvait maintenant "assise" sur elle dans une sorte de prise limitant les mouvements de sa victime. Le tout lui offrant par la même occasion une position du bras plus qu'inconfortable et la bouche quasiment collée à même la terre.

"Dans toutes les anneries que tu as pu raconter en quelques minutes, il y en a bien une qui pouvait avoir un peu de vérité : Tu pourrais mourir, que cela ne me ferait rien." reprit-elle sèchement. "Par contre celà ferait énormément de peine à Korentin qui m'a confié la charge de te surveiller pour que tu ne fasses pas de nouvelles bêtises encore plus graves que dans les galeries en laissant entrer les Alayiens."

En quelques mots, la vampire avait résumé les conséquences des actes de l'humaine, et aux vues de la position, cette dernière avait assez de patience en stock pour attendre toute la nuit et même le jour jusqu'à ce que l'humaine finisse par se calmer et entendre raison.

"Tu sais, je peux attendre toute la nuit que tu te calmes s'il le faut. Par contre celà risque d'être encore moins confortable pour toi." Dit-elle d'un ton joueur. "Tu peux décider de continuer de te comporter en gamine, ce qui me forcera à te ramener ligotée à Aigue, les fesses rougies par les fessées que je t'aurais mise en chemin pour te faire obéir comme la gamine mal éduquée que tu aura décidé d'être." Elle passa sa main libre sur le cou de la demoiselle pour y dégager les cheveux. "Ou alors en adulte."

En gros, elle lui offrait la manière douce, et la manière force sans aucune autre menace que de lui mettre une vilaine fessée, qui en passant serait particulièrement douloureuse à cause de la force liée à sa nature vampirique. La main passant dans le cou ? Ce n'était peut-être pas une menace, juste un geste instinctif d'un prédateur qui semble tâter une proie fraichement capturée, un peu comme un chat joueur le ferait avec une petite souris ou un oisillon blessé.

Luna avait échappé une exclamation de surprise lorsque la vampiresse avait refermé sa main autour de son poignet. D’un geste vif, elle avait donné un coup afin de se libérer. Mais c’était peine perdu, la force de Veren l’empêcha de s’échapper et elle fut rapidement maitrisée. Son bras fut ramené dans son dos dans une position des plus inconfortables et le coup de genou lui arracha une plainte douloureuse. La gamine n’eut d’autre choix que de plier et en moins d’une seconde, elle se retrouva sur le sol et passa très près de manger de la terre humide. Elle était prise au piège et son prédateur était au-dessus d’elle, bien préparée à ne pas laisser partir sa proie. Malgré tout, elle tenta de se libérer, gigotant autant qu’elle le pouvait et essayant de gagner ne serait-ce qu’un bout de terrain. Elle ne comptait pas abandonner de sitôt, se battant de toutes ses forces, et elle gardait encore espoir de pouvoir s’échapper. Il suffisait simplement qu’elle puisse se libérer juste un peu, juste assez, et elle pourrait lancer un sort qui la sortirait de cette mauvaise passe. Disons qu’elle n’était pas la prisonnière la plus coopérative qui soit. Toutefois, les minutes passèrent et tout ce qu’elle réussit à accomplir fut de transformer l’inconfort en une sensation de douleur, car inévitablement Veren ressaierait sa poigne. Elle n’était pas de taille contre elle.

Trop occupée à se débattre, elle ne se préoccupa pas de ses paroles et Veren n’eut comme réponse que des plaintes de la jeune fille tel un animal enragé. Mais pour qui elle se prenait?! Ne pouvait-elle pas la laisser tranquille? Elle ne lui avait rien demandé et elle n’était pas sa mère, bon sang! Une tempête faisait rage en elle et toutes ses pensées étaient teintées de haine à son égard. Elle aurait voulu lui crier tous les noms possibles, mais elle fut suffisamment sage – bien qu’elle était loin de l’être- pour ne pas le faire et retint les paroles qu’elle aurait amèrement regrettées par la suite. Par contre, la Larme de Néant commença à légèrement se calmer lorsque le nom de Korentin fut prononcé, mais elle n’abandonna pas pour autant. C’était malheureusement une gamine un peu trop têtue et trop déterminée pour cela. En mode « survie », elle ne s’attarda pas à penser à ce qu’elle avait infligé au chef des rebelles puisque tout ce qu’elle voulait en ce moment même était de retrouver sa liberté.

Ce ne fut que lorsque la vampiresse passa sa main sur son cou et qu’elle réalisa qu’il n’y avait plus rien à faire qu’elle finit par se calmer. Elle abandonnait la lutte. Son cœur battant la chamade, la dure réalité la frappa enfin de plein fouet : elle était à sa merci. La dame sanglante pouvait faire ce qu’elle voulait d’elle et si elle voulait la tuer, elle pouvait très bien le faire. N’avait-elle pas dit elle-même que ça ne lui ferait rien si elle mourait? La peur la saisit à l’idée que la vampiresse pouvait mettre fin à sa vie, là, maintenant, et qu’il n’y aurait aucune trace ainsi que personne pour l'arrêter. Elle disparaitrait tout simplement.

- Attends. Je ne veux pas mourir! Réussit-elle à marmonner précipitamment.

Elle avait arrêté de se débattre et s’affala sur la terre froide. Un long silence naquit dans le bois et marquait enfin son abandon. Ne valait-il pas mieux tard que jamais? Elle avait mal un peu partout et put enfin réfléchir à ce qu’elle avait fait. Il était vrai qu’elle avait cru que de se battre contre les perles lui permettrait en quelque sorte de racheter ses fautes. Mais en même temps, elle avait trahi une des seules personnes qui lui importaient le plus au monde et qu’elle considérait comme un père pour elle. Orgueilleuse comme elle était, la princesse des lumières ne voulait pas avouer que Sylira avait raison. Nulle n’était son intention d’inquiéter l’usurpateur, mais c’est ce qu’elle avait fait.

- J’agirai en adulte. Murmura-t-elle.

Luna ignorait ce que la vampiresse comptait faire d’elle désormais. Mais la meilleure chose à faire était de commencer par se libérer de sa prise et pour cela, elle devait accepter ses règles. C’était le prix à payer pour n’être qu’une pauvre gamine dans un monde de grands, adolescente qui devait agir comme eux. N’était-ce pas ce qu’elle essayait de faire de toute façon? Elle s’y prenait mal, mais ce n’était pas dans ses intentions.

- Relâche-moi. Je te promets de te suivre et de t’écouter. Dit-elle d’une voix qui se voulait sincère. Tu me fais mal…! Se plaignit-elle finalement. Après tout, elle resterait une enfant quoiqu'elle essaie de faire. Elle n'avait pas l'expérience ni matiruté pour être réellement une adulte.

Chose certaines si Luna survivait à tout cela, elle gardait en souvenir de nombreuses ecchymoses.

Elle tentait de se débattre, et plus elle le faisait et plus la vampire refermait son étreinte sur elle mais également, plus elle réveillait l'instinct prédateur qui sommeillait en cette dernière à cause de la difficulté de se nourrir dans une ville alors qu'on y est le moins préparé et avec toute la garde sur le qui-vive. La gamine était têtue mais également stupide de ne pas voir ou ce genre de comportement pourrait la mener alors même que celle qui la tenait lui faisait une offre de paix plus ou moins déguisée, car c'était plus une offre de protection et de "babysitting" - car à son comportement il ne s'agirait que de ça - que simplement une entente cordiale.

Puis la peur finit par prendre une emprise plus forte sur l'humaine, une emprise qui lui fit reprendre quelque peu ses esprits. Ainsi donc elle ne voulait pas mourir ? Pourtant tout dans son comportement indiquait le contraire à courir ainsi au devant du danger et en provoquant impunément les prédateurs et autres dangers possibles qui pouvaient l'entourer. Cette dernière avait finit par laisser aller son entêtement pour simplement se laisser poser sur le sol, sous la poigne de la vampire, promettant à cette dernière d'agir en adulte, de la suivre et de l'écouter. Elle avait mal ? Finalement la douleur n'était pas si mal que ça pour éduquer les humains ! Après tout cela avait fonctionné pour elle, alors pourquoi pas à plus fragile ?

"Tu dis ne pas vouloir mourir maintenant." Elle relâcha doucement son emprise sur l'humaine, pour ne plus lui faire mal, mais rien ne l'empêchait de recommencer s'il reprenait à la gamine l'envie de tenter de se débattre à nouveau. "Pourtant, tu sembles en avoir envie plus que tout." Elle approcha un peu son visage du corps de l'humaine, pour la sentir plus clairement. "Tes actions et ton odeur parlent pour toi. Que recherches-tu en te jetant ainsi dans les bras de mort ?"

Il était clair que la gamine était en quête de vengeance et de rédemption, sauf que la vengeance ne la mènerait à rien. La vampire avait vécu toute sa vie d'humaine dans la vengeance et peut-être même également sa vie de vampire. Après tout en savait-elle peut-être assez pour l'apprendre a cette humaine inconsciente ? Mais déjà fallait-il la faire parler, la mettre en confiance.

"Tu devrais établir un campement pour la nuit et te reposer."Doucement elle relâcha son étreinte au fur et a mesure qu'elle parlait, pour finir par la lacher. "Les bêtes et les humains ne pourront rien contre toi cette nuit."

Elle ne se faisait pas vraiment plus rassurante avec cette attitude froide, mais c'était tout de même un pas en avant en lui proposant au moins d'être à l’abri cette nuit. Un premier pas vers quelque chose, plus distant que lors de leur première rencontre alors qu'elle faisait son mea-culpa auprès de Korentin Kohan juste après la bataille ou elle avait causé la mort de centaines de rebelles non combattants. La vampire pouvait être douce, comme très froide, fallait-il encore que l'humaine sache la faire aller dans sa direction !

Luna n’aimait certainement pas la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle ne pouvait pas être plus à la merci de son opposant et il ne lui apparaissait aucune autre solution que celle d’obtempérer. Heureusement, elle tenait plus à sa vie qu’à son orgueil et savait reconnaître lorsqu’elle était vaincue. Les secondes parurent interminables avant que Sylira ne desserre ses poignets dans son dos lui et elle finit par échapper un long soupir de soulagement. C’était au moins ça de gagné, mais elle se doutait bien que son calvaire était loin d’être terminé. En effet, Veren restait menaçante et elle ne l’avait toujours pas relâchée complètement, étant toujours clouée au sol sous sa force vampirique. Le bon côté –il valait mieux s’y concentrer parce que les mauvais côtés étaient nombreux-, c’était qu’elle était toujours vivante et que la vampiresse ne semblait pas vouloir la tuer dans les prochaines minutes. Même, elle avait l’impression qu’elle la lâcherait dans un instant. Il fallait juste qu'elle reste gentille et des plus coopératives et qu'elle évite de mettre son assaillante en colère. D’ailleurs, elle avait été sincère dans ses paroles. À partir de maintenant, elle comptait agir « en adulte », aussi adulte que pouvait être une adolescente bien sûr, et essayer de s’éviter plus d’ennuis qu’elle en avait déjà. Du moins, c’est ce qu’elle envisageait de faire tant et aussi longtemps qu’elle ne trouvait pas un moyen de se séparer d’elle sans que cela nécessite de rejoindre l’Esprit de la Mort ou de recevoir d’autres blessures.

La jeune fille écarquilla les yeux et déglutit difficilement lorsque la femme approcha son visage du sien. Avait-elle cru à tort qu’elle la relâcherait? Elle n’avait pas confiance en Veren et cette dernière avait réussi à faire en sorte qu’elle la craignait. Comment pouvait-il en être autrement étant donné la mauvaise situation dans laquelle elle se trouvait en ce moment. Finalement, ce ne sont pas des châtiments corporels qu’elle lui infligea, mais chercha plutôt à faire réfléchir la gamine par ses paroles. Elle voulait savoir ce qu’elle cherchait à faire?! N’était-ce pas évident? Elle cherchait un moyen de racheter ses fautes pour toutes les horreurs qu’elle avait causées! Ce n’était pas tant la vengeance qu’elle cherchait, mais plutôt une façon de soulager sa conscience. Il n’y avait pas un instant où elle ne pensait pas à ce qu’il s’était produit et où elle ne se sentait pas coupable. Certes, la majorité des rebelles l’avaient pardonnée grâce à l’intervention de Korentin Kohan, mais elle-même, elle n’y arrivait pas. Et pour la Larme de Néant, ce n’était pas en prenant soin des orphelins qu’elle y arriverait. Cet Esprit de Malheur était son ennemi et elle ne trouverait le repos qu'une fois que les monstres qu’elle avait plantés un peu partout sur le continent ne seraient plus en mesure de nuire. Mais tout cela, le prononça-t-elle à Veren? Non, au lieu, la gamine serra les dents et la fixa de son regard bleuté. Cela ne servait à rien de s’exprimer quant à ses sentiments et à ses désirs. Peu importe, elle aurait tort. Mais surtout, si elle ouvrait la bouche maintenant, elle ne pouvait pas être certaine de ce qu’il en sortirait et elle voulait éviter de prononcer quoi que ce soit qu’elle regretterait rapidement par la suite.

Elle laissa le silence planer dans la forêt et attendit, immobile. Ce fut la dame qui rompit la tranquillité la première en proposant d’établir un campement pour la nuit, précisant qu’elle serait en sécurité cette nuit. Sans un mot, la jeune fille acquiesça d’un signe de tête et sans risquer un geste brusque, elle se releva. Ce ne fut qu’après qu’elle eut frotté ses poignets et retiré la terre de ses vêtements qu’elle s’enfonça à travers les arbres, Veren à ses talons.

Bien sûr, elle chercha différents moyens de se pousser d’elle, mais rien ne lui paraissait suffisamment efficace. Si elle tentait quelque chose, il fallait absolument que ça fonctionne, car elle ne voulait surtout pas découvrir ce qu’il adviendrait si la vampiresse reportait la main sur elle. Elle ne pouvait pas courir, Veren la rattraperait en un clin d’œil. Elle ne pouvait pas se cacher, d’une part il faudrait que Veren perde sa trace momentanément et ensuite, que ses sens aiguisés ne la repèrent pas. La magie ne lui était pas plus d’utilité dans cette situation. Elle fit rapidement le constat qu’elle n’avait aucun moyen de se débarrasser d’elle, elle était prise au piège.

Quelques minutes plus tard, Veren et Luna arrivèrent face à une paroi rocheuse. La gamine chercha quelque chose des yeux puis continua de faire quelques pas sur la gauche avant de s’arrêter à nouveau. Voilà, c’était ici! En effet, ce n’était pas la première fois que la protégée de Korentin venait en ces lieux. Il y a près d’un an de cela, elle avait eu maintes occasions de chercher un endroit où s’abriter la nuit et elle avait fini par trouver cette petite caverne. On pouvait voir l’entrée seulement sous un certain angle et elle était cachée par plusieurs arbustes. Il restait juste à vérifier qu’il n’y avait pas d’animaux ou d’intrus ayant eu la même idée qu’elle.

Sans glisser un mot à Veren qui ne l’avait malheureusement pas abandonnée, elle s’approcha de l’ouverture, tassa le feuillage et entra, mais juste après avoir éclairé les lieux* dont la lumière fit fuir un couple de ratons laveurs. Rien ni personne, c’était juste parfait comme ça! Bien que cela n’était pas nécessaire étant donné la présence de la vampiresse, la petit lune posa les mains au sol de l’entrée afin d’y poser une rune d’électricité**. Petite habitude qu’elle avait prise jadis et qui n’était pas prête à s’effacer de sitôt.

Elle se dirigea ensuite vers le fond de la petite caverne, y déposa sa couverture des saisons et s’y allongea. Ramenant les sphères lumineuses de son sort ensemble, elle forma la silhouette d’un chat qui vint dormir avec elle sous sa cape elfique.

- Bonne Nuit. Lâcha-t-elle finalement à l’égard de la vampiresse.

Sa voix était dénuée d’affection et elle avait prononcé ces mots plus par principe qu’autre chose. Elle soupira et ferma les yeux, mais le sommeil ne venait pas. Avec tout ce qu’il venait de se passer, elle était encore sous le stress. De plus, la présence de Veren n’était pas des plus rassurantes et elle s’imaginait mal sombrer dans de telles conditions. Elle faisait un effort au moins pour être disciplinée, ce n’était pas rien, non?

* [Sort unique] Lunes Dansantes
Fait apparaître des orbes lumineux qui émettent une douce lumière pouvant être de n’importe quelle couleur. Ces orbes, de la grosseur d’un poing, dansent dans les airs et peuvent se déplacer selon la volonté de l’utilisateur. Il est possible de combiner les sphères ensemble pour créer une forme dansante ou encore de les faire exploser dans un flash de lumière en une fine pluie d’étincelles. Ce sortilège n’a rien d’offensif si ce n’est la possibilité d’éblouir les gens.

** [Offensif] Rune d’Électricité
Il s'agit d'un piège magique que le lanceur pose sur tous types de surface en apposant un cercle d'environ 75 Cm, lorsque que la cible entre en contact avec le piège il se déclenche envois plusieurs décharges électriques dans le corps de la cible pour l'engourdir, n'est pas mortel. La rune peut être visible sur le sol uniquement par un utilisateur de rang supérieur ou par l'usage du sort adéquate.

Geste clé : Poser les mains à l'endroit où la rune sera apposée.

Il était difficile d'obtenir des résultats flagrants avec une telle gamine, ce n'était décidément pas aussi simple qu'avec de simples mâles humains qu'un simple sort de séduction pouvait mettre à genoux, ou alors était-ce la partie de jambe en l'air promise qui les faisait agir ainsi ? Non ce n'était pas vraiment dans son habitude de manipuler ce genre de personnes pour obtenir ce qu'elle voulait. De plus, on ne pouvait pas faire boire un âne qui n'avait pas soif, et dans ce cas bien précis la jeune humaine était le fameux âne qui ne voulait pas être "aidé" ni même entendre la voix de la raison. Lui faire croire qu'elle allait l'égorger avait été simple et l'avait calmée mais également réveillé la méfiance et la crainte du prédateur. Les mots n'avaient pas l'air d'avoir eut grand effet non plus, mais au moins elle restait "calme" en apparence. Une apparence trompeuse qui n'était là que pour cacher son stress et certainement ses plans pour tenter de prendre la fuite et ses responsabilités.

L'humaine s'installa donc dans une petite caverne, se laissant suivre plus par obligation par la vampire qui ne la lâchait pas d'une semelle. Cette dernière éclaira la cavité pour y faire fuir des animaux sauvages avant de s'y installer "confortablement" pour la nuit en se créant par la même occasion une sorte de compagnon fictif afin de se tenir compagnie. Cette gamine était solitaire, et certainement trop entêtée à le rester.
La vampire garda le silence des heures durant le temps que l'humaine finisse peut-être par s'endormir malgré la méfiance, n'ayant même pas pris la peine de répondre à la "politesse" de cette dernière qui semblait plus crachée qu'autre chose. La respiration ne finissait pas par ralentir comme elle le faisait habituellement avec ces créatures une fois que le sommeil et sa douce étreinte venait les prendre pour les rendre faibles et doux comme des agneaux qui n'attendent que d'être égorgés. Aussi, il ne restait qu'à patienter, après ces derniers jours, quoi qu'il arrive, l'humaine finirait par sombrer dans un sommeil profond, et là, la vampire pourrait arrêter d'essayer de la protéger d'elle-même !

Le moment tant souhaité finit par arriver, la respiration de l'humaine finit par ralentir, se faire beaucoup plus lourde et profonde. Son cœur également s'était calmé se libérant du poids du stress et de la peur. Elle la regarda ainsi dormir un court moment avant que son attention ne soit attirée par quelque chose d'autres, un petit bruit dans les fourrés qui n'augurait rien de bon pour le petit espion qui n'en demanderait certainement pas tant. Le petit animal venait certainement chercher la nourriture laissée par l'humaine, ou alors simplement faisait-il sa quête pour son repas nocturne sous le couvert des feuillages ?

La traque ne dura pas bien longtemps, le petit animal finissant entre les griffes de la vampire qui l'avait attrapé avec une certaine délicatesse. Terrorisé l'animal avait commencé à se débattre en poussant des petits cris stridents. Puis, résigné il finit par se calmer et se laisser ramener dans la caverne ou l'humaine dormait encore. Le pauvre lièvre finirait en repas pour l'humaine, peut-être que cela calmerait cette dernière et la rassurerait sur les intensions de la vampire. Si tenté qu'elle sache comment préparer ce genre de chose... Elle avait eut beau vivre parmi les humains pendant des années, leurs "arts" culinaires restaient toujours autant aussi obscurs pour elle, pour leurs plats ils fonctionnaient beaucoup sur leur gout et pour elle leur nourriture, peu importe la manière avait toujours comme... Aucun gout en fait, autant lui faire manger de la sciure de bois que le résultat aurait été identique.

Le jour finit par se lever, au petit matin, l'humaine fut réveillée par l'odeur d'un feu et du bois en train de crépiter dans le petit cercle de pierre qui lui avait été réservé à l'entrée de la caverne, emmenant une douce chaleur qui passait par dessus l’humidité matinale du sous-bois qui profitait de son bref règne avant que la chaleur estivale ne prenne le relais. Le pauvre animal n'avait d'ailleurs pas encore vu son heure arrivée, solidement attaché aux pieds de la prédatrice, attendant son heure sans rien pouvant y faire alors que le feu qui lui était destiné commençait à prendre en intensité.

"Tu as finis par dormir un peu." dit-elle alors qu'elle sentait la jeune humaine doucement émerger. Certainemet aurait-elle encore l'esprit quelque peu embrumé des humains n'étant pas du "matin" comme la plupart d'ailleurs, ils avaient toujours du mal à remettre leurs esprits en place. "Je t'ai attrapé quelque chose pendant la nuit. Tu as besoin de prendre des forces pour la site du voyage." elle avait désigné la pauvre créature du menton

Les humains avaient besoin de se nourrir plus régulièrement que les vampires, beaucoup plus et peu importait leur volonté ou leur age pour tenir face à une diète forcée. Au bout d'un moment ils s'effondraient seulement en faisant des êtres fragiles dépendants de leur ravitaillement et de leur réserve de nourriture. Elle le savait bien sûr mais jamais elle n'avait eut à "entretenir" un humain. Soit ils le faisaient seuls, soit ils n'avaient pas le temps de le faire avant de finir sous sa dent. Aussi, tuer un pauvre animal et le dépecer comme ils le faisaient en massacrant la chair... C'était de la cruauté, et après c'était les vampires les monstres hein ? Au moins elle mangeait proprement elle !

Le sommeil avait fini par avoir raison de Luna et la petite s’était endormie malgré l’anxiété d’être en la présence de Veren. En soi, elle ne détestait pas la vampiresse, mais il était normal qu’elle en soit méfiante après ce qu’il venait de se passer. Elle lui avait clairement indiqué que sa vie ne lui importait pas et qu’elle avait la possibilité d’en mettre fin si c’était ce qu’elle désirait. La seule chose qui semblait la retenir était son lien avec Korentin Kohan. Or, dans ces bois, ça n’avait pas de valeur et elle ne la connaissait pas suffisamment pour savoir ce qu’elle pouvait s’attendre d’elle.

La nuit effaça son animal lumineux en même temps que tous ses soucis. Elle lui parut courte et heureusement, les cauchemars ne vinrent pas lui tenir compagnie comme ils avaient l’habitude de faire. C’était le noir total, le néant et l’absence de tout, et c’était le seul moment qu’elle pouvait apprécier le « rien ».

Quelques heures plus tard, elle ouvrit péniblement les yeux et cligna des paupières afin d’y déloger la brume qui s’y était posée. Le premier sentiment qu’elle ressentit fut le soulagement d’être encore en vie. Elle ne sauta pas de joie en voyant sa caverne vide, déduisant que la prédatrice devait être dans les parages et qu’elle devait être la cause de la fumée qu’elle humait. Elle rangea sa couverture des saisons dans son sac et posa sa cape elfique sur ses épaules. Elle effaça également la rune qu’elle avait dessinée la veille pour éviter qu’un malchanceux y pose malencontreusement le pied. Elle fit le tout le plus lentement possible, ne se sentant pas pressée du tout de sortir et d’aller rejoindre Sylira. Malheureusement, elle se devait de sortir un jour et il n’y avait qu’une issue.

Son regard se posa sur la créature de la nuit à l’entrée et la jeune fille alla la rejoindre. Sans prononcer un mot, elle acquiesça comme quoi elle avait en effet réussi à dormir et s’installa sur une souche. Elle tendit ses mains vers le feu, appréciant la douce chaleur qui y émanait. Bien que ce fût l’été, les matins étaient frais et ses vêtements étaient quelque peu imprégnés d’humidité depuis qu’on l’avait maintenue au sol. Elle écouta d’une oreille distraite les paroles de la fille du Nord et ne put s’empêcher de froncer des sourcils sous la surprise d’entendre que cette dernière lui avait attrapé quelque chose. Elle avait pris la peine de capturer un lapin pour elle?! Ce simple geste étonna Luna et elle n’était pas certaine de comment elle devait le prendre à vrai dire. Ce ne devait pas certainement être sous un élan d’altruisme, cela devait cacher quelque chose. Ou était-ce pour l’amadouer? Ou était-elle vraiment inquiète qu’elle meure de faim? Ou…? Elle ne savait pas trop. Mais peu importe ses raisons, il restait qu’elle avait pris la peine de poser un geste attentionné à son égard.

- Merci. Prononça doucement la gamine.

Elle échappa un baillement et ne dit rien d’autre. La Larme de Néant tâcha de s’occuper du pauvre lièvre par la suite. Ce n’était pas un problème pour elle, elle savait comment faire et n’était pas rebutée de se salir les mains. Elle le prépara et le mit à cuire sur le feu. Elle se nettoya ensuite les mains avec l’eau de son outre infinie et en profita pour en boire en même temps.

Pendant la cuisson de l’animal, la jeune fille resta tranquillement assise. Lorsqu’elle posa son regard sur Veren, elle le détourna rapidement pour fixer son anneau d’enchevêtrement et perdit son temps à le faire rouler sous ses doigts. L’ambiance lui paraissait bien inconfortable. Vint enfin le moment où l’animal fut prêt à être mangé. Elle le sortit des flammes et attendit qu’il refroidisse un peu. Durant ce temps, la gamine replaça son bracelet et en profitant pour poser un doigt sur son poignet et son poing sur son cœur. Elle mangea tranquillement la chair du lièvre sous le regard intimidant de la vampiresse, brûla les restes et éteignit finalement le feu.

Quoi maintenant? La protégée de Korentin se releva et posa son regard bleuté sur la dame sanglante, attendant la suite comme la docile gamine qu'elle était pour l'instant.

Veren et Luna continuèrent de faire la route ensemble et tout se déroula sans embûches surtout parce que la gamine était coopératine. À la prochaine nuit tombée, elles s'arrêtèrent pour faire un campement puisque la petite humaine avait besoin d'un peu de repos. Lorsqu'elle se réveilla, il faisait encore lui. Elle balaya du regard l'endroit. Mais où était Veren? Ne la trouvant pas, elle déduisit qu'elle était partie momentanément pour chasser ou peu importe. C'était risqué... Mais ce serait probablement sa seule opportunité de s'enfuir.

Décidant de prendre le risque, elle s'entoura dans la cape des ombres* et partit. Ce qu'elle ignorait, c'était que Veren la regardait tandis qu'elle filait en douce.

* [Autre] Cape des ombres
Une chape d'ombre et de silence tombe sur le lanceur, il ne produit plus de bruit et son corps dévie la lumière, le rendant presque invisible ( mais pas totalement )

Geste clé : S'enlacer soit même

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