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| L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] | |
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| Sujet: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Ven 13 Fév 2015 - 13:54 | |
| An 2 d'obsidienne : le 20 août
Le retour sanctuaire. La dernière fois qu'il avait utilisé ce sort, ça avait été pour échapper à une gigantesque créature écailleuse sortie d'il ne savait trop où. Et cette fois non plus il n'avait pas été seul puisqu'il y avait emmené Ambre. Dommage que ce second retour soit aussi une séparation. Temporaire bien sur, il y comptait bien, mais non moins douloureuse surtout qu'elle n'était revenue à lui que depuis peu qu'il aurait aimé en profiter encore.
Mais ce n'était pas possible. Le temps pressait pour Armanda, il le sentait. Des perles avaient été détruites mais d'autres continuaient de pomper la magie de la trame, tout l'ouest du continent allait bientôt devenir impraticable, nul doute que le Voyageur réapparaîtrait bientôt pour accomplir cette prophétie dont il avait parlé et Lorenz comptait bien le prendre de vitesse. Pas question de se laisser ballotter par les caprices d'un destin qu'il ne maîtriserait pas, il voulait garder la main et si cela incluait d'aller se promener à des lieux et des lieux sous terre alors il irait. Il ne craignait rien, ni personne. Et puis cette fois encore, il n'était pas seul pour ce petit retour en arrière...
Une fois matérialisé dans ce qui avait été sa caverne personnelle pendant des siècles, il resta parfaitement immobiles, les sens frémissants aux aguets. L'air s'engouffrait dans son nez par petite saccade, lourd et rendu poussiéreux par toute ces années dans la moindre présence. Le silence quand à lui était étouffant, à peine perturbé par d'intimidants grincements et d'imperceptibles grattements qui se répercutaient d'on ne savait où et que l'écho de cet endroit rendait encore plus lugubre. Lorenz se détendit pourtant, apaisé par cette ambiance pourtant terrifiante. Son repère n'avait pas changé.
Tout était resté à sa place. Rangé dans l'ordre méticuleux qui était le sien, imprégné de son odeur et des charmes et autres sortilèges qu'il avait apposé sur certains objets plus précieux que d'autres. La porte elle-même était scellée, physiquement et magiquement. On ne pouvait y entrer sans s'opposer à la puissante complexité de son enchantement défensif, autant dire qu'il faudrait certainement pas mal d'années à n'importe quel haut mage pour parvenir à pénétrer dans cette pièce sans l'accord de son propriétaire légitime. Comme tout vampire qui se respecte, Lorenz ne tolérait pas qu'on viole son territoire, même si il s'était battu pendant très longtemps pour en sortir.
Presque totalement invisible dans la seule lueur émise par le baptistrel, il se déplaça silencieusement, effleurant ça et là quelques vieilles reliques plus ou moins dangereuses. L'acier de ses prunelles balayait la zone, analysant et soupesant chaque vision. Son regard s'arrêta sur un miroir fissuré qui lui renvoya sa vision en plusieurs exemplaires et auquel il montra les crocs comme par défi. Oui il était de retour, mais il n'avait aucunement l'intention de rester. Tout ceci représentait son passé.
« Il va me falloir quelques minutes pour nous permettre de passer le seuil. »
Sans se faire désintégrer aussitôt, il n'avait pas complété mais il était à peu près certain que Merithyn avait compris. Il s'approcha de la lourde porte de chêne, y posa les mains et les sentit grésiller sous l'agression du sort qui mit quelques instants à reconnaître son maître. Peut-être n'était-ce pas très prudent d'avoir choisit de ne venir qu'à deux, mais ça leur avait évité un long voyage tout aussi dangereux car il aurait fallu se rapprocher de la zone contrôlée par les rebelles. Le temps était précieux de toutes façons, et instinctivement il sentait que cela devait se passer ainsi. Seulement lui et son frère.
« Voilà. »
Il retira le battant sans effort et poussa l'obstacle qui céda sans même grincer, s'ouvrant alors sur une galerie si obscure que l'on aurait pu croire qu'elle menait dans les bras de Mort lui même. Lorenz y voyait parfaitement pour sa part et n'avait de toutes façons pas besoin de ça, il connaissait cet endroit par cœur, ce chemin les mènerait tout droit à Ygg-Chall, le grand hall des vampires, et de là ils pourraient descendre plus bas, toujours plus bas. Mais avant cela il avait des recommandations à faire et c'est sans lâcher le chemin obscur des yeux qu'il prévint :
« Cet endroit n'est pas fait pour les vivants. Tu n'y sera pas le bienvenu, et cela sera de plus en plus tangible à mesure que nous descendons. Moi-même, je serais indésirable passé une certaine profondeur. »
Il était déjà descendu, pas aussi bas qu'ils s'apprêtaient à le faire maintenant, mais il avait évidemment tenté d'explorer quelques galeries du temps de sa jeunesse vampirique. Il avait vite renoncé, même l'instinct des vampires ne leur permettait pas de s'y retrouver facilement dans le dédale qui s'étalait sous leur pied. Et eux-même, race terrible qu'ils étaient, s'étaient déjà retrouvés terrifiés par les horreurs qui dormaient sous terre. Ils étaient les seuls à le savoir, mais tout vampires qu'ils étaient ils n'ignoraient pas que des créatures pires qu'eux mêmes vivaient en Armanda. Il fallait juste savoir où les chercher, ou plutôt où ne surtout pas les chercher. Il haussa les épaules en y pensant, et fit remarquer :
« Une de ces nuits, j'aimerai bien avoir le choix de mes actes. Pour changer un peu... »
Car le fait était-là, ils n'avaient absolument pas le choix. Ni l'un ni l'autre. Ils ressentaient au plus profond d'eux même qu'ils devaient descendre, leur destin passait par là et ils ne pouvaient pas s'y soustraire. Tout ceci déplaisait au vampire qui renâclait avec agacement devant cette voie toute tracée. Il se tourna vers l'elfe, rendu sombre par un avenir proche qu'il sentait très dangereux, et ses crocs se dévoilèrent avec férocité comme pour y faire face :
« Prêt ? »
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mar 17 Fév 2015 - 21:47 | |
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C'était la première fois qu'il expérimentait un retour au sanctuaire. En ré apparaissant dans le royaume vampirique, il resta un instant désorienté. La sensation était quelque peu étrange, mais fort heureusement, elle passa, et il observa les environs avec attention. Jamais encore il n'était entré dans le royaume souterrain, c'était un lieu dont il ignorait absolument tout mais qui l'intriguait énormément. Eliow avait séjourné ici, et Lorenz également. Il avait toujours voulu voir à quoi ces lieux ressemblaient réellement… les voir et les expérimenter par lui-même. C'était un désir sans doute peu compréhensible, surtout pour un individu ayant séjourné là et souffert de cette… lugubre prison. Expirant doucement et clignant des yeux, il fit quelques pas. Le moment était enfin venu. Cela faisait un moment déjà qu'ils avaient décidés de prendre le destin de vitesse…. Mais le moment n'était pas venu jusqu'à présent. Ils avaient eu à faire avant cela. Entre eux, et également entre Lorenz et Ambre. Il leur avait laissé de l'air, dès son retour, même si cela l'isolait un peu. Il s'en fichait à vrai dire, cela n'influençait pas ses sentiments pour son frère. Et il pouvait, ainsi, prendre les marques pour un entraînement plus physique. Un entraînement qui lui avait fait défaut. Les premiers jours, ou plutôt nuits, il avait été terriblement épuisé… son corps avait bien faillit l'abandonner une ou deux fois tant il s'était poussé à bout. A présent c'était un peu plus simple, mais encore fatiguant. Oui, il avait sans aucun doute fort bien utilisé son temps. Il se sentait de mieux en mieux, pas seulement physiquement, mais psychologiquement aussi…
Et il n'avait plus rien à voir avec le petit baptistrel qui avait un jour débarqué sur le dos d'un dragon en plein milieu du camp des vampires tout juste partis en guerre. Si l'on oubliait la lueur qu'il émettait, on ne le retrouvait pas, sous sa sombre cape et son armure de cuir et de tissu encore plus sombre. Il avait adopté les artefacts de son peuple d'adoption, car ceux-ci lui servait mieux désormais. Seules restaient ses armes, les deux lames reposant dans leurs fourreaux respectifs, sur ses omoplates, les sangles lui ceignant le torse pour le laisser libre de ses mouvements. S'il devait se battre pour une raison ou une autre, il serait bien plus à l'aise comme ça. Hors de question d'être un poids mort pour Lorenz. Et parlant de poids mort… tout semblait mort, ici. Mort et non mort à la fois. La magie était palpable et il caressa les alentours de ses sens, ne prenant pas le risque de toucher à quoi que ce soit si ce n'était grâce à sa sensibilité de chanteur. Il avança encore, observant la façon dont tout avait été rangé, captant l'histoire des objets et de chaque recoin. Les paroles que le vampire lui dédia lui firent finalement tourner la tête et il en hocha simplement, se refusant à briser le silence. Lorenz semblait raccord avec cet endroits, parce que c'était le sien, lui ne l'était pas et il ne désirait pas ressortir plus encore que par sa simple présence. Restant en retrait, il l'observa s'occuper du sortilège bardant les portes de chênes, ne voulant pas interférer. Il ne manquerait plus qu'il lui fasse rater quelque chose, tient.
Une fois que ce fut fait, il plongea le regard dans la gueule béante et sombre devant lui. Il n'y voyait rien du tout, mais fort heureusement grâce à ses autres capacités, il était capable de dessiner au moins le début du chemin. Les recommandations de son frère, il les garda en mémoire et hocha la tête gravement. La suite cependant lui arracha un rictus ironique et il lui décocha un regard cynique. Bah tient… « Ne m'en parlez pas... » souffla-t-il avant de s'en rendre vraiment compte, l'amertume laçant sa voix. Si quelqu'un pouvait comprendre ça, c'était bien lui, on lui avait encore montré récemment que le destin n'en avait guère finit avec lui alors qu'il aurait bien aimé rendre son tablier. Il était fatigué de s'embourber dans la toile du destin… Mais il avait dit qu'il allait se prendre en main, quitte à faire dérailler le destin complètement. Ça il ne voulait pas encore en parler, une chose à la fois. Il était certain que Lorenz n'aurait rien contre ses idées. « Prêt » Il l'accompagna à l'extérieur et avança avec lui dans le grand hall. Il avançait lentement, ne voulant pas s'assommer dans quelque chose ou tomber dans un piège. Mais alors qu'il commençait à se faire à ces ténèbres, quelque chose vint le troubler et il s'arrêta. Quelque chose avait brouillé brièvement la paix de ses perceptions et il fronça les sourcils, observant de nouveau devant lui.
« Lorenz…. » Passant une main au-dessus de son épaule il serra de sa main la garde d'Amiriä. Pourtant il se refusait à la dégainer et s'avança légèrement. « Il y a des vampires, quelque part devant… enfin je pense qu'il s'agit de vampires….. » A nouveau, il sentit quelque chose brouiller les vibrations, dans l'autre sens du couloir. Dracos, ça ne faisait pas une heure qu'ils étaient là et les ennuis commençaient déjà. Ou bien était-ce simplement sa paranoïa qui l'étouffait une fois encore ?
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mar 24 Fév 2015 - 11:29 | |
| Il avait parfaitement capté l'amertume dans la voix du baptistrel. Une amertume qui l'irritait. Non pas qu'il en veuille à Merithyn mais il ne supportait tout simplement pas qu'on impose quoi que ce soit à son frère. Un être sous sa protection ne devrait jamais se retrouver dans cette situation, et il comptait bien oeuvrer pour éviter ça à l'avenir. En attendant il émit dans un grondement sourd :
« Tout ira bien. »
Et il y croyait dur comme fer, tout simplement parce qu'il ne pouvait pas tolérer l'idée que quoi ou qui que ce soit leur pose le moindre problème. Il ne le permettrait pas, il y avait peut-être des créatures très dangereuses à ces profondeurs si on en croyait les anciens mais il se considérait lui-même comme plus dangereux encore que tout ces pièges et ces bestioles. Ceux qui s'en prendraient à eux le regretteraient, c'était aussi simple que cela. Alors oui, tant qu'il y veillerait tout ne pourrait qu'aller bien. Il en prenait la responsabilité.
Leur avancée ne produisait aucun bruit. Le pas sur du vampire et celui très léger de l'elfe n'y étaient sans doute pas pour rien, ainsi sans doute que leur instinctive décision de ne pas se faire remarquer. Le silence était si lourd qu'il donnait l'impression que le moindre bruit à même de le briser serait un sacrilège des plus désagréables. Après tout il était naturel que dans le sanctuaire des vampires, le silence soit presque une loi. D'autant plus qu'ils étaient seuls, ou censés l'être.
Quasiment seuls aurait été une formule plus appropriée. Lorenz n'ignorait ne effet pas que certains vampires avaient choisi de rester dans les galeries lorsque le peuple entier en était sorti. D'autres s'y étaient réfugiés plus tard, des renégats surtout. Des dangers potentiels donc... Certains ne seraient que trop heureux de tenir une occasion de se venger du prince qui les avaient forcés à s'exiler. Ou de tenter du moins, car autant dire que le concerné ne le craignait pas vraiment. Ce qui l'inquiétait c'était plutôt les embuscades ou autres attaques imprévues et c'était ce qui expliquait sa méfiance. Il se déplaçait avec lenteur, analysant l'espace devant lui et les odeurs captées par son odorat sensible. C'est d'ailleurs ce qui le fit réagir en premier lieu, l'amenant à se raidir à l'instant même où Merithyn attirait justement son attention.
« Oui, ce sont des vampires... Et très certainement pas des amis. »
Non pas qu'il ai vraiment d'amis évidemment, mais disons que les chances de croiser un allié dans cet endroit que les renégats utilisaient justement pour se cacher de lui étaient assez faibles. De plus l'odeur qu'il avait capté lui disait quelque chose, c'était une de ces odeurs qu'il avait traquées pendant très longtemps soit lui-même, soit par l'intermédiaire de vampires envoyés pour détruire cet ennemi là. Il soupira finalement en l'identifiant, et souffla :
« Vince... Vince Hamon... Et sa chienne de salamandre... »
En toutes autres circonstances il aurait été absolument ravi de leur mettre la main dessus. Mais outre le fait qu'il n'avait absolument pas le temps de régler leurs compte maintenant, il fallait retenir qu'il s'agissait d'ennemis particulièrement dangereux. Le vampire Vince était un renégat de la première heure, un opposant farouche à sa politique qui avait toujours soutenu Xander et qui ne voyait en Lorenz qu'un parvenu arrivé là par accident. A presque 1000 ans, il était un guerrier de talent et un haut mage accomplit qui même si n'ayant pas la même puissance brute que Lorenz savait se servir de sa magie pour se rendre redoutable. Quand à son totem coccinelle de niveau 3, il n'arrangeait rien. Son simple mépris pour Lorenz s'était transformé en haine quand ce dernier avait mis la main sur sa vampiresse, Elia. Ou la chienne de salamandre si on préférait. Moins âgée que son petit ami et bien moins portée sur la magie, elle était tout de même une combattante d'exception. Et c'était aussi une salamandre de niveau 2, un ennemi agaçant pour un serpent donc... Elle avait échappé aux prince noir à la suite d'une aventure rocambolesque, non sans dommage puisque sa main droite avait été tranchée dans l'histoire. Depuis, elle et Vince gardaient une rancoeur tenace envers Lorenz. Tomber sur eux à cet instant n'était donc sans doute pas l'idée du siècle... Sauf qu'ils n'avaient pas spécialement le choix...
« Notre chemin passe par là, aucune autre galerie ne permet de contourner cette salle. »
Il s'était arrêté, le regard sombre. Il n'y avait pas vraiment d'hésitation en lui. Il ne les craignait pas et n'avait de toutes façons pas de moyens d'éviter cette confrontation. Son sens stratège renaclait par contre. Même si ils avaient l'effet de surprise pour eux, l'idée de foncer tête baissée dans un combat qu'il n'avait pas prévu et planifié lui déplaisait. Comment savoir si ils n'avaient pas aiguisés leurs dons depuis le temps ? Ou étoffé leur équipe ? Ou pire encore, comment s'assurer que Xander ne serait pas lui même dans le coin ? C'était un risque tout à fait plausible, les dernières informations dont disposait Lorenz concernant son vieil ennemi ne parlaient pas de cet endroit mais si ses alliés y étaient alors c'était possible qu'il y soit aussi... Vince à lui seul était un danger mortel, Elia n'arrangeait pas les choses et si Xander s'en mêlait par dessus le marché alors l'affrontement deviendrait plus risqué encore... Mais si il voulait continuer sa route et descendre plus bas alors il était forcé de prendre ce risque en désaccord total avec ses instincts habituels. Restait à espérer qu'ils auraient de la chance, plus qu'une coccinelle ça risquait d'être difficile mais au moins suffisamment pour s'en tirer sans dommages. Et peut-être aussi que la présence de Merithyn suffirait à faire pencher la balance, leurs adversaires ne s'y attendraient pas. Lorenz prit sa décision sur cette pensée et se décida à reprendre à voix basse :
« Bien... Aucune discussion ne sera utile ni seulement possible avec eux. Dès qu'ils m'apercevront, ils n'auront plus d'autre idée que de m'abattre. Eux et moi nous avons un différent plutôt... Complexe. Ils représentent un danger important, il ne faut donc leur laisser aucune chance. Nous entrons, et nous les mettons hors d'état de nuire avant qu'il n'ai pu réagir. Tu comprend ? »
Il n'avait pas parlé de tuer, même si en ce qui le concernait c'était une option incontournable. Il ne pouvait se permettre de laisser des ennemis aussi déterminés dans son dos. Il savait que Merithyn comprendrait ses intentions sans qu'il ai besoin de lui dire, il agirait lui-même à sa manière, le principal étant qu'ils soient vainqueurs. Il précisa rapidement :
« Le vampire est une coccinelle ainsi qu'un mage de haut niveau, mais il sait aussi se battre avec une lance. La vampiresse est une salamandre, laisse tomber les sorts de feu avec elle. Ce n'est pas une mage très dangereuse mais son talent avec ses deux épées est légendaire parmi notre peuple. Ne la provoque pas sur ce terrain, elle te corrigerait en deux mouvements. Méfie toi d'elle, elle est beaucoup plus rusée et sournoise que son amant. Lui compte beaucoup sur son totem et son charisme dans toutes les situations mais elle, elle combat avant tout avec sa tête. Elle m'a déjà roulé... »
La dernière information était des plus vitale même si difficile à prononcer. C'était pourtant la vérité, elle l'avait eu en beauté et il voulait absolument que Merithyn le sache. Il connaissait sa propension à toujours tout prévoir et ses talents stratège, il prendrait donc la pleine mesure de l'exploit que la vampiresse avait accomplit. Ainsi, il ne la sous estimerait pas. Il termina enfin sur une dernière recommandation :
« Ils ne sont que deux pour le moment, mais si nous en rencontrons un troisième souviens toi d'éviter de le regarder dans les yeux. »
Et sur cette mystérieuse recommandation, il s'avança. Ses dagues n'étaient pas matérialisé mais ses mains à demi ouvertes vers l'avant montrait à quel point il était sur ses gardes et prêt à faire usage de sa magie ou à faire apparaître les armes en question si c'était nécessaire. Il s'arrêta juste devant le seuil pour jeter un regard à son compagnon. L'elfe avait camouflé ses signes vitaux, un très bon réflexe dans leur situation... Un pas de plus et ils seraient dans l'arène. L'esprit de l'ancestral se vida tandis qu'il appelait à lui toutes ses prodigieuses capacités. Le temps sembla se suspendre une seconde puis ce fut l'explosion.
Il avait embrasé totalement la petite caverne, la faisant passer en une seule seconde d'une température normale à un brasier à même de faire fondre toute chair et même de consumer les os. Il espérait ainsi éliminer Vince en première intention, ses pas étant ensuite calculés de façon à accueillir férocement la vampiresse qui ne manquerait pas de se jeter sur lui en réponse à cette agression. Mais rien...
Désarçonné, il s'immobilisa totalement, les sens en éveil. Les flammes dansaient autour de lui et léchaient les murs de la caverne mais elle était vide. Il sonda l'espace magiquement, se heurtant au puissant sortilège qui avait réussi à le duper, et pire encore, à duper un baptistrel. Les signaux vitaux et magiques étaient parfaitement bien simulés, il semblait même que quelque chose, un enchantement ? Avait été placé là pour duper tout spécialement les sens spéciaux du chanteur et lui faire croire que des créatures vampiriques se trouvaient là, avec leur chant nom et leurs vibrations. C'était de la très haute magie, même pour Vince. Et ce n'était pas du tout une bonne nouvelle.
« Un piège... »
Le ton calme avec lequel il avait prononcé ces mots démontrait à quel point il était conscient du caractère désespéré de leur situation. Il n'avait même pas cherché à reculer et à se soustraire à cet endroit. Vu le soin avec lequel l'embuscade avait été tendue, il se doutait bien qu'une simple retraite ne serait pas possible. Et ce qui lui déplaisait le plus c'était de s'apercevoir que ses ennemis avaient parfaitement prévus ses mouvements. Ils savaient qu'il allait venir, et pire encore, ils savaient qu'il aurait un baptistrel avec lui. Ils était bien renseignés... Beaucoup trop bien même. La lueur colère qui passa dans ses prunelles à cette pensée tira finalement un rire macabre à la créature qui se trouvait plus loin dans la caverne et qui se décida à sortir de l'ombre.
« Eh bien... Notre accueil vous déplaît, prince ? Ou devrais-je dire princes au pluriel ? Il paraît que tu t'es dégoté un frère Wintel... Tu m'excusera d'avoir pris mes précautions à ce sujet... »
Le vampire, une créature altière aux courts cheveux d'un blanc de neige, fixa ses prunelles pâles et pleine de curiosité vers le baptistrel. Dernière lui, une vampiresse se montra. D'une beauté sombre et farouche, elle était rousse et possédait un regard émeraude à la teinte venimeuse. Sa main droite n'était qu'un moignon. Elle s'arrêta à la même hauteur que son amant, comme arrêtée par une barrière que Lorenz n'avait pas mit longtemps à capter. Puissante, elle ne serait pas facile à passer et les sorts qu'ils sentaient entrelacés au plafond formait un réseau serré qui ne lui disait rien qui vaille. Ils étaient comme des homards prit dans une nasse, ce que la créature féminine ne se gêna pas pour lui dire :
« C'est cela, analyse autant que tu veux, prince. Tu ne sortira pas d'ici quoi que tu fasses, ou pas en un seul morceau. Un geste, un mot de trop, et c'est tout l'étage supérieur que vous prenez sur la tête, toi et ton petit frère chéri. A toi de rester sage cette fois. »
Lorenz était resté immobile et impassible, analysant effectivement la situation et prenant la mesure de ce qu'elle lui disait. Le piège avait été savamment étudié et minutieusement mis en place. Un plan parfait pour le retenir, mais il ne comprenait justement pas le but. A ce qu'il en savait, ces deux là et Xander plus encore n'avaient toujours eu que pour seul but de l'éliminer. Alors pourquoi toute cette mise en scène ? Son trouble bien que très peu palpable n'échappa pas aux deux vampires qui l'ignorèrent pourtant afin de mieux se focaliser sur le baptistrel. C'est Vince qui reprit d'ailleurs la parole :
« Merithyn, c'est bien cela ? Tu es un mystère pour moi tu sais... Et pour tous les renégats d'ailleurs. Comment un être, plus particulièrement un elfe chanteur, peut-il choisir librement de suivre Wintel ? Voilà qui me dépasse... Parmi toutes les pourriture de ce monde, il a fallu que tu choisisse la pire... Rien que pour cela tu mérite la mort, mais nous avons décidé de te laisser une chance. Comme tu le vois ton... frère... a commit le sacrilège de s'en prendre à une créature qu'il ne méritait même pas de pouvoir regarder... »
Il avait désigné du doigt la vampiresse et plus particulièrement la mutilation de sa main tandis que celle-ci offrait à l'elfe une moue qui se voulait enfantine mais qui n'était en réalité qu'horrible. Elle continua ses grimaces tandis que le vampire reprenait :
« Répare ses torts baptistrels. Rend la main d'Elia et tu as ma parole que non seulement tu pourras repartir sain et sauf mais qu'en plus la mort de Wintel sera rapide et sans douleur. C'est plus qu'il ne mérite et plus qu'il n'a jamais accordé à quiconque. Et c'est tout ce que j'ai à t'offrir. Si tu refuses, vous souffrirez tous les deux jusqu'à ce que la folie vous emporte. »
Il avait parlé avec une totale sincérité, Lorenz lui même sans être baptistrel pouvait le sentir et il était à peu près certain que Merithyn non plus ne lirait pas de mensonge dans les mots prononcés. Vince avait de toutes façons toujours été un vampire honnête, aussi rare que cela puisse être, il n'aimait pas mentir et tenait toujours parole au contraire de sa copine amputée. Malgré cela il y avait quelque chose qui clochait, et l'ancestral ne se gêna pas pour le faire savoir, levant les yeux au ciel avec un mépris aussi affiché que celui des deux autres à son égard :
« Et bien entendu, Xander est d'accord avec cela... »
Il n'y avait aucune chance que ce soit le cas. Lorenz le connaissait, le vieux vampire n'était pas du genre à laisser la vie sauve à un ennemi. Il intercepterait très certainement Merithyn sur la route du retour, et il n'aurait en plus pas laissé ses deux camarades régler tout cela seuls. Il était forcément dans le coin, prêt à reprendre le contrôle des opérations si c'était nécessaire. La complexité du piège ne donnait de toutes façons aucun doute, c'était sa patte, sa façon de faire. Lorenz respirait son infecte odeur à plein nez même sans qu'il soit là. Malgré tout il demeurait impuissant, au moins pour le moment. Ses sens magiques analysaient lentement la toile dans lequel lui et Merithyn étaient enserrés, il cherchait la faille mais il avait besoin de plus de temps. Un temps que les deux autres savaient précieux et qu'ils ne comptaient pas leur laisser. C'est la vampiresse qui aboya finalement à l'égard du baptistrel :
« Tu n'as plus que 10 secondes chanteur. Décide toi vite. »
Dernière édition par Lorenz Wintel le Mar 24 Fév 2015 - 15:20, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mar 24 Fév 2015 - 13:58 | |
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Il l'avait ressentit également. Au même instant, en un bel ensemble. Mais ce n'était pas le moment de se réjouir de pareille réalisation. L'idée d'être prit en embuscade dans un lieu pareil ne lui disait rien qui vaille, même en restant auprès de Lorenz. Il n'était déjà naturellement pas le bienvenue, mais si on commençait en plus à rajouter la présence de vampires non alliés c'était encore pire. Heureusement, il avait dissimulé ses signes vitaux, autrement ils auraient certainement déjà été découverts. Mais ça ne suffirait probablement pas, sur le long terme. La confirmation de son frère lui fit pincer les lèvres et il attendit la suite. Suite il y aurait forcément après tout. Au mot salamandre, il grimaça sans se dissimuler. Allons bon. Contre les vampires, le feu était son principal allié, et avait mainte fois prouvé qu'il pouvait lui servir même sans tuer quelqu'un, alors si subitement il ne pouvait plus en user avec efficacité, les choses allaient mal. Instinctivement, sa main serra plus fort la garde de son arme légendaire. Il avait beau s'être entraîné, il n'était pas certain de pouvoir rivaliser avec un autre combattant. Peut-être n'était-ce pas une bonne chose, finalement, d'être venus juste tous les deux… Mais ce n'était de toute façon plus le moment de s'en préoccuper. Se repassant le chant-nom de Lorenz, il pu finalement se faire un portrait de l'identité de ces deux individus et ce qui avait transpiré entre eux et Lorenz… autant dire que de savoir qu'ils étaient en plus de si sérieux adversaires le laissait encore plus stressé. Bon certes, il n'avait pas à rejeter sa propre force mais… tout de même… il ne pensait pas être capable de vaincre pareilles créatures. Mais il pouvait assister Lorenz en revanche ça c'était certain. Peut-être qu'en agissant comme un exponentiel de son frère, il pourrait pallier ce qui lui manquait ? Il n'avait encore aucune idée. Ou en fait… si peut-être. Tout puissant vampire et puissant mage qu'ils puissent être, il pouvait par exemple parfaitement les endormir. Peut-être devrait-il faire ça. Les endormir, ça paraissait une bonne solution…. Et Lorenz les achèverait.
De toute façon il était hors de question qu'il reste sans rien faire, surtout si, effectivement, leur chemin ne pouvait passer ailleurs. Il hocha la tête aux recommandations suivantes. « Oui » souffla-t-il pour les seules oreilles de son frère. Oui bien sûr qu'il comprenait. C'était parfaitement clair. Il n'hésiterait pas. Surtout si son frère était en danger. Il était après tout plus important que lui-même. Savoir que la vampiresse en question avait réussit à duper Lorenz le surpris, et l'inquiéta plus encore. Ce n'était pas souvent que l'on pouvait réaliser pareille prouesse… Lentement, il se repassa les informations qu'il avait. Le vampire était doué avec une lance et un haut mage, ainsi qu'une coccinelle de niveau 3, l'autre était une salamandre et une maîtresse épéiste. Il préférait autant s'en prendre à cette dernière en ce cas, le totem de l'autre était beaucoup trop dangereux. Il n'avait jamais vu une coccinelle de niveau 3 et n'avait aucune idée des domaines dans lesquels il pouvait donc être chanceux. Alors qu'elle ? Elle serait vulnérable à sa magie. Il suffisait qu'il s'évite un corps à corps problématique… le souvenir de son expérience avec Kaleï et de ses tripes à l'air lui suffisait sur ce point. « Un troisième ? » Qui ? A qui pensait-il exactement ? Il n'avait pas le temps de tirer cela au clair. S'il devait y être confronté, alors il verrait bien. En attendant il avança à la suite du vampire, le coeur battant tellement fort que, s'il n'avait dissimulé sa vie, il aurait fort probablement rendu sourds les vampires présents. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eut le coeur au bord des lèvres comme en cet instant… et encore plus longtemps qu'il n'avait eut de sueur froide et ressentit une quelconque fraîcheur. Pourtant c'était le cas. L'idée même de mal faire et d'être un boulet pour son frère lui était intolérable. Il lui aurait donné sa vie si cela avait pu l'aider, il le savait pertinemment et avait fait la paix avec cette idée-là mais…
Pas le temps de se lamenter. L'explosion illumina sauvagement les environs et il projeta violemment ses sens dans la pièce en flamme pour repérer les formes assaillies de leurs adversaires. Pourtant, alors même qu'il les repérait elles… ne bougeaient pas. Pas de changement, c'était étrange. Ils ne pouvaient pas avoir simplement exactement les mêmes vibrations ce n'était pas possible ! Ce n'était pas ainsi que cela fonctionnait ! A moins que… à moins que ce ne soit un piège. Ahuris, il resta à contempler le lieu, sans comprendre comment par tous les esprits quelqu'un avait pu réussir à concevoir quelque chose qui fonctionnerait contre les perceptions de son ordre. C'était inenvisageable ! On ne pouvait influer ainsi sur les vibrations ! Celui ou celle qui avait fait ça touchait à une magie qui n'était pas à la portée des vampires… alors comment était-ce possible ? Sa seule consolation, si tant est que cela puisse en être une, c'était que le feinte ne pouvait pas absorber de nouvelles notes comme elle aurait dû le faire. S'il avait examiner le leurre plus longuement il l'aurait remarqué, mais ce n'était pas le cas. Il s'en voulait atrocement, une vague d'amertume rugissant en lui alors qu'il s'admonestait en silence, dévasté de ne pas être parvenu à voir le piège. Il était sensé aider Lorenz ! L'aider quand lui-même ne pouvait pas tout faire ! Il devait être un complément pour lui, pas le faire foncer dans n'importe quelle nasse ! Tout à sa honte, il manqua sursauter lorsque cette fois, leur ennemi apparu pour de bon. Avec une voracité qu'il ne dissimulait pas, il lâcha la bride à ses perceptions, absorbant les milliers de chants qui l'entourait pour parvenir à comprendre ce dans quoi ils venaient tous deux de tomber. Les voix physiques n'étaient plus que lointaine à ses oreilles tandis qu'il tentait de juguler sa panique et de trouver une solution.
Pourtant, se voir adressé directement le perturba un moment et il observa sombrement les deux créatures triomphantes. Mais ce trouble subit lui fit également prendre conscience de quelque chose. Une chose absolument, terriblement, affreusement…. Stupide. Oui effectivement. Ils avaient été renseignés, ils avaient prit leurs précautions… mais ils avaient conçus ce piège pour Lorenz avant tout. Et si effectivement ses principaux pouvoirs personnels ne lui servaient à rien… il semblait bien que quelque chose leur avait échappé. Son coeur battait tellement qu'il avait l'impression qu'il allait exploser. L'autre disait la vérité, c'était certain. Du moins, il était sincère. C'était sa vérité à lui. Cela le perturba un instant supplémentaire et il perdit le fil, paniqua, et dû respirer plusieurs fois pour se reprendre. Il voulait qu'il rende sa main à sa comparse… était-ce seulement possible après tout ce temps ? Il allait devoir regarder de plus près et… mais non ! Pourquoi ferait-il ça ? Pourquoi aiderait-il ceux-là en laissant Lorenz seul ? Non il ne voulait pas l'abandonner. Mais en même temps c'était peut-être là sa seule chance de parvenir à reprendre un avantage sur eux. Ils avaient tout prévus, ils avaient fait ce piège spécialement pour Lorenz, et pour lui aussi, mais il y avait des choses que même des vampires aussi bien informés ne pouvaient savoir. Les secrets de son ordre… Alors oui il y avait une chance pour qu'il puisse faire quelque chose. A la sommation, il répondit le plus calmement possible. « Cela risque de vous faire mal, je vous préviens » Il n'allait pas faire la folie d'accepter à moins de trouver une formulation qui lui laisse le champ libre, mais s'il avait bien vu, alors cela aurait le même effet. Il espérait de tout coeur que Lorenz comprendrait ce qu'il tentait de faire et qu'il n'allait pas se laisser prendre à croire qu'il le trahirait. Il avait confiance en son frère, et il espérait de tout son être que son frère ait également confiance en lui.
Avançant vers le bord de la barrière, il regarda tour à tour les deux vampires. « Et ça risque de me prendre quelques minutes. On ne reconstruit pas un membre d'une blessure aussi ancienne facilement » Tout le long de son approche, il avait commencé à préparé son sortilège, une technique terriblement délicate quand on devait parler et chanter en même temps, sans que le chant apparaisse en plus de ça. Il ne produisait ni son ni vibration, fort heureusement, il lui fallait simplement parler lentement, mais vu qu'il devait avoir l'air paniqué et terrifié de toute façon, ce ne serait probablement prit que pour une tentative de faire bonne figure…. Ou pas, il ne pouvait pas vraiment savoir. Le retenant alors qu'il arrivait sur ces mots à son terme. L'effet en latence, il continua. « Et vous allez devoir me faire passer cette barrière. Ou alors m'assurer qu'elle n'entravera pas ma magie... » Dans le premier cas, il serait à l'extérieur, dans le second, il saurait qu'il pouvait les atteindre quand même. Par déduction, il y avait fort à parier qu'ils préféreraient le faire sortir de là et le tenir en joue. Par bonne foi, il détacha les sangles de ses lames et les laissa au sol, les envoyant un peu plus loin. Il attendit, de savoir ce qu'ils comptaient faire. Il n'escomptait pas que Lorenz puisse réellement profiter de son possible passage pour défaire le maillage de sort, mais savait-on jamais. Pourtant, alors qu'on lui donnait sa réponse et qu'il s'avançait encore il sentie une nouvelle bouffée de panique le prendre…. Et il se mit subitement à ronronner. Pendant un instant, il eut l'impression d'un blanc, un horrible, énorme… blanc. Le puissant son vibrant provenait de sa propre gorge sans qu'il comprenne comment il pouvait bien le produire. C'était absurde ! Qu'est-ce que ça venait faire là ? C'était…. Tellement incongrus… tellement ubuesque mais…. Mais plus il paniquait et plus le son produit s'intensifiait follement.
Et le pire c'était que les deux affreux ne réagissaient pas. Pourquoi est-ce qu'ils ne réagissaient pas ?! Il ne comprenait pas bien, mais ils avaient l'air quelque peu… statufiés. Cela dit, n'ayant franchement plus rien à perdre, pas même sa propre vie probablement déjà perdue, il relâcha son premier sortilège. Le chant d'Aetas vint achever ce que son apparente action tirée de nulle part avait débuté. Le temps autours du chanteur se figea, et avec lui, les deux vampires. Il n'avait absolument aucune idée du temps qu'il pouvait ainsi offrir à Lorenz, il ne savait pas combien de temps il pourrait retenir ce Vince, il ne savait même pas combien de son propre temps de vie il était en train de brûler pour gagner ces précieux instants et il s'en fichait, si cela signifiait sauver Lorenz. Il avait toute confiance en lui pour trouver comment venir à bout de ce maillage de sorts. Mais il ne voulait pas rester inactif, alors à son chant, il en mêla un second, celui de la terre, pour exploiter la faille laissée sous leurs pieds. Il ne savait pas si cela aiderait Lorenz, ni ce que cela donnerait, mais dans le meilleur des cas, il parviendrait à dompter la roche juste assez pour lui permettre un passage… et dans le pire, certainement buterait-il sur une note, pour le plus grand bonheur de la coccinelle qu'il défiait.
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mar 24 Fév 2015 - 16:51 | |
| Qui avait bien pu les trahir ? La question n'était peut-être pas la plus importante à l'instant présent mais elle n'en perturbait pas moins Lorenz. L'idée qu'un félon se trouve au sein de son peuple et suffisamment bien placé pour renseigner efficacement les renégats lui déplaisait souverainement. Qui savait si il n'allait pas provoquer des dégâts irréparables pendant l'absence du prince en titre ? Il faudrait qu'il l'identifie très rapidement et qu'il en fasse un exemple cinglant, mais évidemment il faudrait pour cela commencer par survivre à cet affrontement et aux prochaines galères qui allaient sans doute suivre. Il s'était douté que la mission dans laquelle ils se jetaient ne serait pas facile, mais il n'aurait pas imaginé qu'elle pourrait commencer si mal... Décidément cela n'avait pas que du bon de se faire des ennemis à chaque mètre parcouru...
Il gronda pour lui-même à cette pensée et la chassa au fond de lui-même. Pendant qu'il réfléchissait ses sens magiques n'avaient pas cessé de chercher une faille dans le maillage serré de magie. Sans succès évidemment, lorsque Xander et ses sbires faisaient quelques choses, ils s'assuraient toujours de le faire bien. Mieux valait d'ailleurs lorsqu'on décidait de s'en prendre au prince noir. Il ne doutait pas de ses capacités et de parvenir à se tirer de ce mauvais pas, cela n'était de toutes façons pas dans son caractère de douter de lui-même. Si il n'y avait pas de faille tout de suite, il y en aurait une bientôt. Ses adversaires feraient une erreur, il fallait simplement qu'il la saisisse et le calme impressionnant dont il faisait preuve dans sa situation n'était rien d'autre que sa façon de rester concentré et prêt à tout dans l'action. Être surprit n'était pas dans ses habitudes, il n'aimait pas cela et planifiait en général chacun de ses gestes avec soin. Mais lorsqu'il fallait réagir en se laissant uniquement guider par son instinct il était d'autant plus dangereux, comme la plupart des vampires d'ailleurs.
L'acier de ses prunelles se détourna lentement des deux créatures ennemies pour se poser sur le baptistrel auquel ils s'adressaient. Les menaces et les moqueries n'avaient aucune prise sur lui, il se contentait d'enregistrer chaque parole afin de pouvoir mieux les ressortir lorsqu'il aurait lui-même l'avantage. Les ressortir et les venger évidemment, dès que ce serait possible.
Il sentait toute la tension de Merithyn, ce dernier n'avait sans doute pas plus apprécié que lui de s'être fait duper ainsi. S'en voulait-il? C'était plus que probable le connaissant, et pourtant Lorenz tout autant que lui aurait dû être à même de flairer le danger. Autant pour eux, ils s'étaient montré trop confiants malgré toute la méfiance qu'ils s'étaient juré de déployer... Mais c'était tout de même une sacré malchance que d'être tombé dans un tel traquenard à cet instant, comme si ils n'avaient pas suffisamment de problèmes déjà ! Enfin, sans doute devaient-ils s'estimer heureux de ne pas avoir perdu la vie directement. Une erreur que les deux vampires allaient payer très cher, ainsi que tout ceux qui les avaient aidés à tendre ce piège... Il avait été trop patient avec les renégats. Une fois tout ceci terminé, il s'occuperait sérieusement de leur cas. A commencer par celui de Xander, et d'Achroma. De tels ennemis ne pouvaient être laissés impunément dans la nature, il avait la preuve aujourd'hui même de là où ça le menait.
« Cela risque de vous faire mal, je vous préviens »
Avait-il mal entendu ? Merithyn s'apprêtait vraiment à soigner cette catin ? La colère froide qui avait fait sa renommé monta fugitivement en lui avant qu'il ne réalise que son frère n'avait fait aucune promesse, il avait manié les mots avec la maîtrise qui le caractérisait. Avait-il un plan ? Sans doute pas vu son état... Il semblait plus que nerveux... Improvisation donc. Soit. Pas comme si ils avaient le choix de toutes façons... Il suivit l'échange d'un air sombre et gronda, comme rendu furieux par son impuissance :
« Cela se payera baptistrel... Réfléchis bien à ce que tu vas faire... »
Il fit un pas en avant, vers l'objet de son faux courroux et se fit rappeler à l'ordre par la vampiresse qui lui montra le plafond d'un geste mauvais. Si il avançait encore, elle déclencherait le sort. Lorenz s'immobilisa, satisfait. Son mouvement avait eu deux buts. Faire croire aux deux autres qu'il était bel et bien persuadé que Merithyn allait le trahir et donc s'assurer qu'ils entrent dans le jeu de son frère. Ainsi qu'apprendre si le sortilège qui retenait le plafond avait besoin que les deux vampires le déclenche ou si il était lié uniquement à leurs mouvements. Renseigné, il n'avait plus qu'à observer ce qu'allait faire Merithyn invité par Vince à s'avancer :
« Tu peux sortir, mais la barrière ne laissera passer qu'une seule personne. Et nous t'avons à l'oeil... »
Le message était clair, ils le tuerait au premier mouvement ou mot suspect et feraient tomber le plafond sur l'ancestral encore emprisonné. Lorenz fronça les sourcils à cette pensée, son pouvoir se déployait discrètement contre le maillage, prêt à retenir les pierres qui risquaient de lui tomber dessus ou à neutraliser le sort si c'était possible. Le reste de son attention était braquée sur le baptistrel. Il s'inquiétait de la suite. Théoriquement les deux furieux n'avaient pas de raison de lui faire de mal mais ce n'était pas une raison pour se sentir totalement rassuré. De plus il devait rester prêt à réagir si Merithyn tentait quelque...
Chose ? Qu'est-ce que c'était que ça très exactement ? Même sans être un spécialiste dans la magie baptistral il était à peu près certain que ça, ça n'en faisait pas partie du tout. Le bruit ressemblait fort à un... Ronronnement ? E il était imprégné d'une magie bien trop puissante pour être liée à la trame. En fait le seul cas de figure où il pouvait rencontrer ce type de magie c'était face à un pouvoir lié aux totems... Si il avait eu le temps de réfléchir une seconde de plus il aurait pu se dire que la tortue ne possédait décidément pas ce pouvoir mais il ne l'avait pas, ce temps. D'autant plus que la magie déployée dans la seconde suivante par Merithyn lui donna froid dans le dos, une magie trop puissante pour être tirée de la trame ou de nul part ailleurs que dans la propre force vitale du baptistrel. Il était en train de se mettre en danger et de se sacrifier d'une manière ou d'une autre pour lui accorder du temps... Pas question donc de lambiner.
Le maillage du sort ne s'était pas relâché, aucune chance de sortir par là donc... Mais il n'était pas désarmé pour autant car tout comme le baptistrel, il avait vu la faille. L'aide de celui-ci lui fut précieuse et c'est sans plus de réflexion qu'il jeta sans retenue toute son énergie contre le sol. Tant qu'à voir le plafond s'effondrer, il préférait encore passer à travers le plancher. Avec un peu de chance ils ne tomberaient pas de trop haut, ou pas dans une caverne encore plus dangereuse que celle-là... Pas le temps de s'en inquiéter de toutes façons, le choc magique avait fait trembler la caverne et le fracas que provoqua la chute brutale de tout le pan de roche sur lequel ils se trouvaient dû se faire entendre d'un bout à l'autre du royaume vampirique. Pas une bonne idée ça tiens... Enfin zut, ils n'avaient pas le choix de toutes façons...
Il sentit le maillage s'étirer, s'étirer, et finalement céder devant le changement de configuration de la caverne. La chute ne fut par chance pas très longue mais l'atterrissage fut rude au moins pour Lorenz, Merithyn et Elia. Vince quand à lui retomba par une chance insolente sur ses jambes et fut donc le premier debout dans cette caverne inférieure qui avait apparemment été un dépôt d'armes... Finalement ils n'étaient pas si à plaindre que cela, ils auraient pu aussi bien s'empaler sur les lances que Lorenz voyait un peu plus loin... Une petite seconde de flottement suivit, Vince reprenant ses esprits tandis que les trois autres tentaient avec plus ou moins de succès de bondir sur leurs pieds. A ce petit jeu la coccinelle profita évidemment de son temps d'avance et il fallu à Lorenz toute sa présence d'esprit pour bloquer d'extrême justesse le croc du dragon qui aurait pu lui coûter son existence. Du coin de l'oeil il aperçu Elia qui, sa lame à la main, se jetait férocement sur Merithyn et il ne pu qu'espérer de toutes ses forces que le baptistrel la bloquerait avant de se retrouver engagé dans un combat au corps à corps. Vince en lui envoyant sorts mortels sur sorts mortels gronda avec toute la rage féroce dont il semblait capable :
« Tu n'iras nul part Wintel ! Nous nous sommes jurés que vous ne ressortirez jamais de ces galeries, quoi qu'il puisse nous en coûter ! »
Terriblement sérieux dans sa concentration meurtrière, l'ancestral rétorqua :
« Le prix pourrait te sembler élevé... »
Et il dévia le sort suivant avec toute l'ahurissante maîtrise qui faisait de lui un mage d'exception. Le croc du dragon ricocha contre son bouclier et vint frapper Elia dans le dos alors même qu'elle affrontait Merithyn. A nouveau le temps sembla se suspendre, Vince, les yeux exorbité, ne semblait pas prendre la mesure de ce qui venait de se passer. Un hurlement finalement s'échappa de sa gorge, tout sauf humain ou même vampirique. Il ressemblait plutôt à celui d'une bête agonisante et fut à peine couvert par le bruit terrible des étagères bourrées d'armes et d'armures qui s'écroulèrent sur lui sur l'impulsion de Lorenz. Peut-être était-il mort sur le coup, peut-être pas. Dans tous les cas les deux frères n'avaient cette fois encore pas le temps d'y réfléchir. Un grondement au dessus d'eux annonçait que le maillage finissait de céder, sans doute que le sort qui devait se faire s'écrouler le plafond avait été conçu pour se déclencher en cas de mort d'un des deux vampires... Lorenz ne voulait pas le vérifier :
« Dehors ! »
Son ordre résonna dans la caverne obscure et lui et l'elfe se précipitèrent vers la seule sortie qu'ils entrevoyait. La porte fermée ne résista pas à leur puissance conjuguée, ils passèrent le seuil juste avant que tout ne s'écroule finalement dans un bruit assourdissant. Décidément pour la discrétion ils repasseraient... D'autant plus que la seconde qui suivit fut tout aussi riche d'émotion pour eux deux. Entre le hurlement qui s'éleva tout à coup et les créatures avec lesquelles ils venaient de tomber nez à nez, ils ne savaient pas très bien où donner de la tête...
« Winteeeeeeeeeeeeeeeeeel ! »
Comment Vince avait-il pu survivre à un tel déluge ? C'était un mystère qu'ils auraient sans doute du mal à éclaircir. Mais ils avaient un problème plus pressant de toutes façons. Ils venaient de pénétrer dans ce qui ressemblait à un vaste laboratoire d'étude, à moins que ce ne soit une ménagerie... Toujours était-il que l'endroit était rempli de cages, certaines éventrées. Il y avait une odeur atroce de pourriture qui semblait venir de l'intérieur de ces enclos et plus particulièrement des cadavres d'animaux qui y gisaient. C'était ennuyeux pour l'odorat mais pour le coup Lorenz aurait préféré les savoir tous morts ces trucs là... Face à lui et Merithyn se dressaient ce qui ressemblait à des loups faméliques, au pelage terne et aux yeux rouges luisant comme ceux des destriers vampiriques. Aussi surpris apparemment que les deux nouveaux arrivants, ils se tenaient immobiles mais le poil de leur échine commençait à se hérisser et certains grondaient déjà. Plus moyen de reculer, mais l'idée d'avancer n'était pas réjouissante non plus... Quand à penser à qui avait bien pu mener à bien de telles expériences sur ces animaux, Lorenz préférait ne surtout pas y penser et ne surtout, mais alors surtout pas s'imaginer que cela pouvait être Xander... Jusque ici nul n'avait encore réussi à inoculer du venin vampirique sur des animaux, à l'exception des destriers. Il n'était pas certain que cette création là soit tout à fait à son goût... Figé dans ce face à face, il cru un instant que les bestioles allaient se détourner mais un mouvement sur la droite lui tira une exclamation :
« Attention ! »
La mâchoire de la bête claqua pile là où s'était trouvé le poignet du baptistrel. Un quart de seconde de plus et il y perdait lui aussi une main ! Cette fois l'ancestral sentit la moutarde lui monter au nez et un glapissement de douleur s'éleva dans la meute suite à la boule de feu qu'il leur jeta. Ah mais ça suffisait maintenant les agressions hein ! Ils n'avaient pas encore fait plus de trois lieux sous terres et ils avaient déjà risqué leur vie plus que de raison ! Sombre tandis qu'il tenait les créatures en respect, il gronda :
« On bouge d'ici... »
Pour aller où ? Il ne le savait pas trop, il était trop occupé à surveiller toutes ces morsures potentielles qu'ils risquaient tous les deux. A Merithyn donc de les guider, en espérant qu'ils n'iraient pas tout droit vers une autre catastrophe...
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mar 24 Fév 2015 - 19:50 | |
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Il sentait sa force vitale qui s'amenuisait et se félicita, pour une fois, d'être venu au monde elfe et pas humain. Il avait encore un stock important de temps pour lui permettre de figer ces deux-là, et il n'avait aucun scrupule à l'utiliser. Qu'étaient un ou deux ans, s'il devait en arriver là, pourvus qu'ils sortent de ce piège. Il était certain que Lorenz saurait exactement quoi faire de ce temps précieux. Il savait ce qu'il faisait en en arrivant à l'usage d'un tel sortilège. Et la sensation de se vider lentement de son avenir ne le dérangeait pas. Une fois déjà il avait sentie la vie le quitter, mais cette fois il choisissait ce destin. Et il savait qu'il n'en périrait pas. Et c'était à cette pensée qu'un sourire confiant vint fleurir sur ses lèvres, l'inquiétude le quittant en grande partie en sentant la force magique de son frère frapper le sol qu'il avait fragilisé au préalable. Ils tombèrent, lui faisant interrompre de force son sortilège chanté et rendant donc leurs mouvements aux deux autres. La chute en revanche ne fut pas tendre et il cru un moment s'être brisé quelque chose. Une rapide vérification l'informa qu'il n'avait rien de cassé, mais qu'il s'était tout de même fêlé la cheville et brisé un tendon… rien qu'il ne puisse réparé, ce qu'il fit rapidement d'ailleurs, ne prenant guère le temps de se reposer. Il agissait presque à l'aveugle, sonné par le retour brutal sur le sol et eut un peu de mal à se redresser en s'empêtrant dans sa cape dont la capuche était tombée.
Il n'eut que le temps de voir la vampiresse lui fonçant dessus et par instinct, rappela ses épées à lui, parant de la lame d'eau dont le bouclier l'entoura et repoussa efficacement son adversaire qui ne pouvait pas éventrer cet ennemi aqueux. La tenant à distance, il décida de saper ses défenses mentales pour la retourner contre son cher et tendre, et venait de réussir quand elle fut abattue. Se tournant avec surprise vers les deux autres, il resta un instant immobile en se demandant ce qui venait d'avoir lieu, avant de réagir. Alors que Vince était ensevelit sous les râteliers d'armes, et que le grondement au-dessus d'eux n'augurait rien de bon, il balaya la salle du regard et trouva finalement la porte juste à temps. Il se précipita de concert avec son frère vers cette dernière en la bombardant de sortilèges pour la faire céder avant de s'engouffrer par l'ouverture pour s'éviter la mort par chute de plafond rocheux. Le bruit assourdissant heurta son ouïe délicate et lui laissa des petites stridulations pendant un instant, le faisant grimacer… ils devaient avoir réveiller tout ce qui pouvait dormir en ces lieux. Son regard tomba sur une des créatures de la pièce alors que le rugissement retentissait derrière eux et s'il n'avait pas été trop occupé à comprendre ce que c'était encore que cette horreur, il aurait sans doute pâlit. Fort 'heureusement' il était bien assez concentré sur la petite boutique des horreurs qui s'étalait devant eux pour leur plus grand déplaisir.
Les vibrations de ce lieu étaient tout simplement atroces, et faisaient passer au second plan l'odeur pourtant écœurante qui régnait là et qui agressa son odorat de la pire des façons. Combien exactement de pauvres bêtes étaient mortes en ces lieux ? Il n'en avait aucune idée et sans doute valait-il mieux pour lui ne pas le savoir. D'ailleurs il se garda bien de chercher l'information dans la musique discordante qui lui parvenait. Certaines choses étaient mieux là où elles gisaient. Et les loups encore en vie auraient sans doute étaient mieux morts. Pour une fois, il regrettait de ne pouvoir se le permettre, de tuer, parce qu'il l'aurait bien voulu pour elles. Leur permettre d'au moins reposer en paix. Il était, cependant, aussi surpris qu'horrifié, devant ce qui était tout de même une expérience à la portée impressionnante. Et qui faisait se poser des questions tout aussi effrayantes. Immobile, il espérait malgré tout que ces loups n'attaquent pas, préférant passer son chemin, surtout après l'affrontement qu'ils venaient de mener. Mal lui en prit, puisqu'il faillit y laisser une main. En entendant Lorenz s’exclamer il retira vivement sa main et le claquement sec des mâchoires lui tira un frisson. Ils ne pouvaient rester ici… Il fallait absolument qu'ils bougent, mais vers où ? Il mit quelques instants à repérer une potentielle sortie, et avec précaution, sachant combien il n'aimait pas ça, il le frôla et le guida vers leur destination.
Le mieux était de ne pas faire de gestes brusques. Les loups n'étaient sans doute pas stupide et l'odeur du feu les tiendraient en respect autant que l'attitude du vampire… le tout était qu'ils ne foncent donc pas dans un autre danger immédiat. Pas à pas, ils arrivèrent près du psedo escalier qui s'enfonçait sous la roche et il s'y glissa le premier, quittant la pièce sans regret. Il ne s'y était pas sentit bien du tout. Se gardant bien de faire plus de bruit que nécessaire, il ne se détendit légèrement qu'en arrivant en bas du couloir et poussa un léger soupire. Le silence était impénétrable, et la noirceur plus bas semblait encore plus dense qu'auparavant. Il recula légèrement sur la roche et s'apprêtait à, enfin, admettre qu'ils avaient un peu progresser lorsqu'un contact froid, glacé même, et parfaitement répugnant, vint lui agripper la jambe… Et lui, par réflexe, agrippa toutes griffes dehors à son vampire en émettant un hoquet choqué et proprement dégoûté avant d'essayer de regarder ce qui venait de le toucher. Pendant un bref instant, son coeur rata des battements, puis tambourina sauvagement, menaçant de nouveau de sauter hors de sa poitrine, alors qu'il s'imaginait déjà LA perle de Néant que personne n'aurait pu trouver, confortablement nichée en ces lieux. Mais non, ce n'était pas ça. Mais ce n'était plus rassurant, parce qu'il n'y voyait absolument rien. Rien de rien. Quoi qui soit devant lui, ça absorbait la lumière….
Il n'eut pas le temps d'émettre plus qu'un son quand une force énorme le fit tomber et l'entraîna…. Sous des flots sombres et poisseux, sans qu'il puisse faire grand-chose pour l'en empêcher. L'étendue auparavant aussi lisse qu'un miroir se mit à bouillonner, remplie d'un simulacre de vie qui n'attendait que d'accueillir un second invité en son sein. Un invité qui était un peu trop 'debout' au goût de ce qui nichait là.
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mar 24 Fév 2015 - 21:52 | |
| Il s'était laissé guider jusqu'à la sortie. C'était tout de même perturbant de mesurer le degré de confiance qu'il accordait à présent à Merithyn... Son frère... Si on lui avait dit que les choses tourneraient ainsi entre eux... Bref.
Le feu fit merveille contre les loups qui n'osèrent plus attaquer. Au moins avaient-ils gardé cet instinct là par delà la mort... Aurait-il dû les détruire d'ailleurs ? Savoir que de telles créatures existaient désormais grâce aux bons soins d'il ne savait qui ne lui plaisait pas beaucoup. Mais d'un autre côté il ignorait si tous les représentants de cette nouvelle espèces étaient encore rassemblés ici ou si le mal était déjà fait. Et il n'avait pas trop le temps de s'amuser à réparer la chaîne alimentaire mise à mal par les expériences d'un savant fou. Tant pis, il serait temps de se préoccuper de ce problème là plus tard, tout comme des désirs de vengeances qui allaient s'exacerber chez ce cher Vince après leur nouvelle rencontre. Chaque chose en son temps disait l'autre.
Et justement, il lui semblait bien que c'était le bon temps pour souffler là. Non pas qu'il en ai vraiment besoin physiologiquement parlant mais si il lui fallait remettre de l'ordre dans ses pensées après toutes ces urgences vitales. Sauf qu'il était apparemment écrit quelque part que lui et Merithyn n'auraient pas la paix une seule seconde à présent qu'ils étaient descendus dans ces satanées galerie... Ah mais c'était tout de même un monde ça !
Le contact soudain du baptistrel s'agrippant à lui n'avait pas manqué de le surprendre. Ce n'était pas dans les manières de Merithyn, ni dans celles de personnes de se laisser aller à de telles familiarités. Il fallait vraiment une urgence... Une urgence du genre tentaculaire peut-être... Allez donc savoir ce qu'une tentacule pouvait bien faire dans ce coin... Lorenz ne prit pas le temps de se le demander pour tout dire, à nouveau plongé dans le feu de l'action il n'eut d'autre choix que de se précipiter à la rescousse de son frère et de saisir la seule chose qui dépassait du liquide poisseux dans lequel il était tombé, à savoir son poignet.
« Je te tiens... »
Mais peut-être pas pour très longtemps... Le liquide était glissant, presque huileux. Ce n'était pas de l'eau mais plutôt une sorte de fluide corporelle peut-être liée à la créature... Beark... De quoi dégoutter même un vampire. D'autant plus qu'il risquait d'y finir aussi vu son acharnement à ne surtout pas lâcher Merithyn. Sa force vampirique lui permettait à peine de résister à la puissance de la bestiole. Si ils continuaient ainsi ils allaient se retrouver avec chacun un bout de l'elfe... Sourcils froncés sous l'effort, Lorenz plissa encore les yeux pour apercevoir la prise des tentacules sur son frère. La créature le tenait par une cheville... Elle n'avait pas encore enroulé ses autres tentacules autours de son corps mais lorsqu'elle le ferait ce serait terminé. Le temps pressait... Il n'avait pas le choix. Merithyn était condamné...
« Toutes mes excuses... »
Sa main glissa et il manqua lâcher prise mais il la resserra finalement et brandit son autre poing vers la jambe prisonnière. Le geste clé fut suivit d'un craquement sec et sans doute d'une réaction peu satisfaite de la part de l'elfe. Lorenz n'y prêtait pas attention en vérité. Avoir brisé la cheville de celui-ci avait totalement fait perdre sa prise à la tentacule et il n'eut plus qu'à tirer sèchement pour le ramener à lui. Ceci fait, il l'écarta sans douceur et balança dans le même mouvement un éclair en plein de la flaque liquide. L'électricité grésilla avec fureur et la créature émit un bourdonnement des plus satisfaisant en se recroquevillant sur elle-même. Quand enfin il fut parfaitement certain qu'elle était morte, il s'autorisa à revenir vers son frère malmené :
« Est-ce que... Tu vas pouvoir soigner ça ? »
Il avait faillit lui demander si ça allait et s'était reprit à temps. La question aurait été plutôt idiote... Savoir qu'il n'avait pas eu le choix ne le satisfaisait pas pour autant. Il n'avait jamais aucun scrupule à s'en prendre à ses ennemis ou même à des innocents mais les très rares personnes qu'il considérait comme étant de son entourage étaient sacrées. Il avait fait ce qu'il devait, mais ça n'en restait pas moins désagréable. De fort mauvaise humeur, il s'accroupit près du baptistrel, prêt à lui venir magiquement en aide en cas de nécessité :
« J'aimerai te dire que nous avons passé le pire... Mais je n'en suis pas du tout persuadé... »
Une dure vérité valait mieux qu'un doux mensonge, surtout face à un baptistrel. Il le laissa se soigner et ils soufflèrent quelques instants ensembles, goûtant enfin les quelques minutes de calme dont ils avaient désespérément besoin, puis il émit avec réticence :
« Il faut repartir... Cette galerie descend pendant plusieurs heures. Lorsque nous arriverons à un croisement, il faudra prendre à nouveau celle qui descend le plus. Et ensuite... Eh bien je ne sais pas. Nous serons plus bas que tout ce que j'ai pu explorer jusque là. Je suppose qu'il faudra continuer à descendre jusqu'à ce que nous trouvions ce mur d'opale ou quelque qui y ressemble... »
Et c'est ainsi qu'ils descendirent de plus en plus, gardant le silence pendant de longues heures et échangeant à voix basse à d'autres moments... Ils ne rencontrèrent personne d'autre, pour leur plus grande satisfaction. Quelques bruits résonnèrent bien ci et là mais ils prirent soin d'éviter ces directions et un piège magique qui aurait dû les incinérer sur place les fit simplement sourire. Si tous les dangers pouvaient être de ce type... Mais ce ne serait sans doute pas le cas et lorsqu'ils arrivèrent finalement à ce qui semblait être le fond du fond du royaume vampirique, ils se heurtèrent à un couloir qui semblait ne jamais finir. Ils marchèrent, marchèrent encore, mais rien... La porte qu'ils voyaient pourtant au fond ne se rapprochait pas. Avec un sifflement agacé, Lorenz s'immobilisa et tourna la tête vers Merithyn. Lui aussi sentait-il la magie qui leur refusait le passage ?
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mer 25 Fév 2015 - 20:12 | |
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Il avait refermé la bouche juste à temps pour ne boire la tasse, mais une petite quantité de liquide poisseux glissa tout de même sur sa langue et s'il n'avait pas été très occupé à garder les yeux fermer et se débattre, il aurait très certainement vomit. Ça avait le goût huileux d'un poisson en décomposition et d'autre chose, plus horrible encore. La sensation du liquide sur sa peau n'était pas meilleure et il n'avait qu'une seule envie, bondir hors de cette chose et se frotter la peau jusqu'à se la mettre à vif pour être certain qu'il ne restait plus trace de ce contact immonde. Et à cet effet, la sensation de se faire attraper fermement le poignet fit sursauter son petit coeur mit à rude épreuve. Il lui broyait le poignet, mais il s'en fichait si ça pouvait empêcher la créature de l'emporter il ne savait où pour faire il ne savait quoi – le dévorer était certainement la moindre d'entre elles. Il ne pouvait que le supplier mentalement de ne surtout pas le lâcher. Il pouvait bien lui arracher la main, tant qu'il le sortait de là le plus vite possible… mais après un instant, il sembla bien qu'il allait tout de même finir en casse croûte pour créature des profondeurs. Celle-ci était terriblement forte. Il n'avait même jamais vu un simple animal avec une force pareil, à croire qu'elle aussi, on l'avait croisée avec un vampire. Il essaya bien d'aider le mouvement, mais tenait plus le rôle du morceau de viande morte que se disputeraient deux prédateurs. Sauf que quitte à choisir, il voulait son prédateur à lui et aucun autre ! Et ça il ne savait pas trop comment le faire comprendre à la chose.
Une traction lui permit de sortir à demi, mais il faillit bien être tiré de nouveau au fond de cette flaque décidément tenace. Hoquetant, il prit de grandes goulées d'air, essayant de s'accrocher de sa main libre, qui glissait malheureusement beaucoup trop pour lui être vraiment utile. La force qui tirait de chaque côté lui faisait l'impression d'être sur le point de finir écartelé, et ce n'était pas forcément pour lui plaire. Toutes ses excuses ? Hein ? De quoi ? Il lui lança un regard ahuri, ne comprenant pas très bien pourquoi il s'excusait – déjà que voir le prince noir s'excuser tenait du délire aux champignons périmés. Enfin bon il voulait bien l'excuser hein, mais là ce n'était peut-être pas le moment pour ce genre de chose. Il n'avait vraiment pas envie d'être coupé en deux ou tentaculé. Un instant et un geste clef plus tard, sa cheville craqua sèchement et la douleur subite lui tira un grognement protestataire. Il avait certes connu pire comme douleur, mais sur le coup ce n'était pas plus agréable pour autant ! Après le morceau de viande, voilà qu'on le prenait pour un morceau de bois sec. Cependant, il ne pu nullement démentir l'effet bénéfique que cela eut puisque la tentacule perdit sa prise sur lui. Tiré violemment, il effectua un rude retour sur le sol de pierre froide et poussiéreuse sur lequel il s'étala sur le ventre, telle une otarie échouée. D'accord, maintenant il comprenait mieux les excuses. Enfin bon, il l'avait libéré, tous deux pouvaient bien se passer d'excuses.
Pendant que Lorenz s'occupait de la créature, lui parvint à se redresser, les mouvements terriblement inconfortables avec la sensation huileuse qui collait ses habits et ses cheveux à son corps. Inspirant profondément, il parvint à s'asseoir sur son séant et examina sa cheville brisée en fronçant les sourcils. « Oui » fit-il simplement. Il lui était reconnaissant de ne pas lui demander si ça allait, parce que vraiment, frère bien aimé ou non, il aurait protesté. Il ne lui en voulait pas de ce qu'il avait fait cependant, ça avait été nécessaire et ça lui suffisait, il n'allait pas se plaindre. Néanmoins, l'inconfort qu'il manifestait dans ses vibrations l'adoucit et le toucha… « Ce n'est pas grand chose » assura-t-il avec douceur, tandis qu'il s'occupait de remettre l'os en place et de le souder. C'était un peu désagréable, mais ça passait vite et c'était supportable. Surtout quand il ne risquait plus rien de la part d'une créature des profondeurs. Les nouvelles paroles de Lorenz lui tirèrent un sourire presque sincère. « Nous n'avons certainement pas passé le pire. Si quoi que ce soit, tout ça n'a été qu'un échauffement…. » Se redressant péniblement et en grimaçant, il ajouta « Tant mieux, j'aurais été déçu autrement... » Il tira à demi son épée et guida le flot d'eau pour qu'il vienne le nettoyer de tout le fluide de la créature. Se savoir de nouveau propre lui tira un léger soupire de contentement et il testa sa cheville pour s'assurer que tout allait bien.
Il profita de ces quelques minutes de repos avec bonheur, profitant également du silence. Cependant, lorsque Lorenz reprit la parole, il réouvrit les yeux pour l'observer. Hochant simplement la tête, il se redressa une fois de plus et le suivit de nouveau. Ils descendirent pendant un long moment, pendant de longues heures qui n'avaient aucune substance dans un lieu tel que celui-ci, dans cette immensité de roche et de stase, il n'y avait presque aucun jalon permettant de se repérer dans le temps. Parfois, ils échangeaient, et ces instants étaient les bienvenus car ils allégeaient le poids que représentait l'impénétrable obscurité autours de lui et les lieux et lieux de roches… Pour un elfe, aller ainsi sous terre était difficile. Plus bas encore, il y eut enfin quelques bruits, mais ils les évitèrent, fort heureusement, et poser le pied dans un piège incinérant ne lui fit rien de plus qu'une douce brise agréable. C'était sans doute le seul instant où il parvint encore à sourire… les tréfonds du royaume vampirique n'étaient pas un lieu très agréable, même s'il était certainement impressionnant et plein de mystères. Et le plus mystérieux était sans doute ce couloir qui ne semblait avoir aucune fin. Il finit par s'arrêter et observa fixement devant eux… « Oui… quelque chose nous bloque » convint-il simplement. Il laissa ses sens glisser sur la magie du lieu et fronça les sourcils. « C'est peut-être un piège, ou une épreuve... » Une épreuve avant la porte d’opale ? Mais cette porte-là ne semblait pas vraiment être faite d’opale.
Il ferma les yeux et s'installa en tailleur dans le couloir, laissant ses sens s'étendre. Une épreuve de protection, ou simplement un piège ? Après un moment, il rouvrit les yeux. « Je la sens, elle est palpable, mais je n'arrive pas à en trouver l'origine ou le maillage. C'est… c'est étrange, j'ai l'impression qu'elle n'a pas de source. Elle est juste… là » C'était passablement perturbant. Il se releva, fit quelques pas en essayant de déceler quelque chose, et finalement, il soupira. « Je crois que passer par là ne servirais pas à grand-chose… à moins de trouver la clef »
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Lun 2 Mar 2015 - 18:42 | |
| A nouveau, et pour le plus grand déplaisir de l'ancestral, ils étaient pris dans un entrelacement de magie. Moins agressif que l'autre, celui-ci s'opposait tout de même à leur avancée et d'une façon bien agaçante puisqu'il risquait de les faire marcher jusqu'à épuisement. S'obstiner dans ces conditions serait assez idiot, mais faire demi tour n'était pas possible non plus. Et en tâtant le sortilège doucement avec ses sens magiques il s'apercevait qu'il lui faudrait certainement des nuits entière avant de parvenir à le défaire. A supposer même qu'il y parvienne... C'était une forme de magie qu'il ne connaissait pas et qui le supplantait. Pas moyen donc d'attaquer l'obstacle de front ni de battre en retraite, il fallait le contourner.
« Recule. »
Un ordre péremptoire qui était plus que nécessaire vu ce qu'il avait l'intention de faire. Sa magie déjà sondait les murs en s'attardant plus sur leur constitution physique que sur la magie du lieu. Ils étaient fins, juste une paroi qui n'était pas assez solide pour être porteuse, elle ne soutenait donc pas le plafond. Ce ne fut que lorsqu'il fut absolument certain de ce fait qu'il se décida. En choisissant soigneusement l'emplacement, il posa ses deux mains à plat sur le mur et émit un choc magique suffisamment maîtrisé pour abîmer la structure de la pierre sans pour autant faire s'écrouler tout le couloir. Il dû s'y reprendre à plusieurs fois, préférant travailler avec précautions afin de ne pas provoquer de catastrophe. Il ne savait pas ce qu'il y avait exactement derrière ce mur en plus, autant ne pas prendre de risques inutiles.
« Encore un dernier... »
Il avait sifflé ces mots entre ces dents en concentrant son effort là où il sentait la matière céder. Il savait que Merithyn se tenait prêt à ses côtés, dans l'attente de ce qu'ils allaient trouver derrière la paroi et prêt à réagir en cas de danger. Enfin la pierre céda et un grand pan de mur s'écroula sous ses mains, l'obligeant à faire un bond félin en arrière afin de ne pas se faire écraser malencontreusement les pieds. Son regard se porta aussitôt devant lui, avide de savoir si ils allaient pouvoir continuer leur route par là, mais il tomba sur la seule chose à laquelle il ne s'était pas attendu...
« Par le Dracos... Comment est-ce possible ? »
Une faille... Mais une faille si gigantesque, si profonde, qu'on ne pouvait en voir le fond. C'était un gouffre absolument indescriptible, large de plusieurs lieux et qui semblait courir sur une longueur indescriptible. Ils n'avaient absolument aucune chance de le contourner, et sauter dedans ou même par dessus était plutôt déconseillé. Lorenz fronça les sourcils en calculant mentalement quelle distance il serait capable d'atteindre avec un bond magique, il lui semblait bien que c'était faisable mais... Cinquante pour cent de chance de réussite ça lui semblait assez risqué. Dépité finalement, il tourna la tête vers Merithyn et lui désigna le pont du menton :
« On ne pourra pas non plus passer par là... »
C'était un édifice magnifique, fait d'une gracieuse architecture qui semblait défier la pesanteur. Il semblait terriblement fragile, comme si nul n'aurait pu marcher dessus sans le faire s'écrouler. Et pourtant un pont devait bien servir à marcher dessus pour traverser non ? Lorenz chassa cette pensée, pas dupe de toutes façons. Pour y accéder il faudrait qu'ils passent par le couloir qu'ils venaient de quitter et il était sur qu'ils ne parviendraient pas à déjouer le sortilège. Peu décidé pourtant à finir leur aventure là dessus, il osa faire quelques pas afin de se pencher vers le gouffre, sécurisé par l'équilibre inné des vampires.
« Je crois qu'il y a un sentier... Mais je ne vois pas très bien l'intérêt de descendre dans ce trou... »
Le sentier en question descendait en pente douce dans le gouffre. Il était difficile de dire où il menait exactement mais il était si étroit et en si mauvais état que la balade risquait fort de se terminer brutalement. Là l'ancestral hésita, étrangement mal à l'aise face à cette faille qui ne lui disait rien de bon... Un bruit derrière eu lui fit finalement relever la tête et il gronda :
"Danger..."
Il fallait qu'ils se décident, et très vite. Quelqu'un venait !
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mar 3 Mar 2015 - 20:06 | |
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Il ne voyait pas du tout comment passer cette magie-là hélas. Il en comprenait l’entièreté, les contours, le sens… mais il n'allait pas plus loin, sa clef, et sa source, autant que sa complexité intrinsèque, tout cela lui échappait complètement. C'était au-dessus de ses moyens, et il doutait de pouvoir faire quoi que ce soit pour le défaire. Il ne s'y risquerait pas de toute façon, pas ici. C'était trop dangereux. Tournant un regard mitigé vers Lorenz, il s’aperçut rapidement qu'il était dans le même état d'esprit que lui. Les voilà bien… Mais ils ne pouvaient tout de même pas faire demi-tour. Ça ce n'était pas possible. Ils venaient d'être prit au piège, menacés, ils étaient tombés d'une galerie, avaient reçu un plafond sur la figure, avaient été attaqués par des loups, des horreurs à tentacules… ils n'allaient pas revenir sur leur pas maintenant qu'ils avaient passés ça ! Ah ça certainement pas ! Et puis de toute façon, c'était le destin qui attendait, là en bas, on ne pouvait pas poser un lapin au destin dans un cas pareil ! Il allait caresser à nouveau la structure du sortilège quand son frère intervint pour lui demander de reculer, ce qu'il fit sans poser de questions. Il n'y avait pas à en poser de toute façon, il lui faisait confiance. S'il pensait qu'il valait mieux reculer, alors il devait avoir une bonne raison pour ça. Et puis, son expertise était plus poussée que la sienne sur de nombreux sujets.
Il le regarda donc faire, attendant avec patience de savoir ce qui lui était venu en tête. Mieux valait le laisser se concentrer et ne pas perturber son action. Il saurait bien assez tôt ce qu'il en ressortirait. Ce fut donc en silence qu'il continua son observation. La réponse vint bien assez tôt, et il revint légèrement sur sa position, préparant à agir sur la roche au besoin… Ce serait dommage de voir tout le couloir s'effondrer et eux avec. Un ça suffisait déjà bien assez. Mais tout allait bien apparemment. En même temps il n'en attendait pas moins du vampire. Curieux, et oublieux pendant un instant de leur précarité soudaine et forcée, il s'avança de nouveau légèrement pour observer ce que le pan de roche avait libéré… et se sentit légèrement prit de vertige. C'était profond, tous ses sens le lui indiquait. Mais plus que cela, c'était cette impénétrable obscurité qui fit vaciller son coeur un bref instant. Il n'y avait pas de mots appropriés pour circonvenir ce qu'était cette profondeur-là. Avec délicatesse, ou sans doute avec méfiance, il souda le gouffre… et recula bien vite ses perceptions. Non, ce qu'il y avait là, il ne pouvait l'appréhender, même magiquement, il se perdrait dans cette musique pour ne jamais en ressortir. C'était pire que de vouloir tenter d'englober le chant-nom de Skade…
Quels terribles secrets pouvait-il bien renfermer ? Une part de lui brûlait de les découvrir et une autre, sans doute plus sage, lui chuchotait de s'abstenir. Relevant les yeux de l'abîme, il suivit le mouvement de son frère et dédia son attention au pont que l'on pouvait apercevoir dans cet étrange paysage. Un ouvrage impressionnant, sans nul doute, mais qui était hors de leur portée quand bien même ils auraient voulu se risquer à tenter de l'essayer. Il n'y avait rien à en espérer. Et le sentier ? Bonne question… « Il semble de toute évidence que nous devions continuer de descendre quoi qu'il en soit, s'il s'agit d'une route alternative, sans doute faut-il essayer » Au point où ils en étaient. Il n'eut pas le temps de poursuivre, bien décidé à tester ce chemin pour sa part. Danger ? Il expédia un regard vers l'arrière et ses sens parvinrent à localiser l'intrus inattendu. Sans vraiment poser de question, il expédia un sort de sommeil sur l'individu, presque par réflexe, affichant un air sans nul doute particulièrement ahuris. Il entendit distinctement le corps tomber, et s'approcha plus près… et bien non, il n'était pas devenu fou. « Mais qu'est-ce qu'il fait là celui-là ? » La question méritait sans nul doute d'être posée….
Qu'est-ce qu'Aldakin du Néant faisait en plein milieu des souterrains vampirique ? Il n'en avait fichtrement pas la moindre idée. Rassuré cela dit, de savoir que ce n'était pas une quelconque horreur, il le réveilla, par réflexe encore une fois. Il fallait dire qu'il ne s'attendait vraiment à le voir là. En le voyant gigoter et se réveiller, il soupira, regarda alternativement le prêcheur et le prince, et se demanda de quelle mauvaise blague ils étaient encore les victimes. « Hm… si je puis me permettre… vous n'êtes pas là en voyage d'agrément, par le plus grand des hasards ? » Non ce serait trop beau, mais il pouvait essayer tout de même non ?
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Sam 7 Mar 2015 - 12:05 | |
| Lorsqu'Edwyn lui avait fait savoir que l'heure était venue pour lui de débuter son voyage, sa marche solitaire comme l'avait qualifiée le Tarenth, Aldakin avait rapidement pris ses dispositions. Il avait confié à son nouvel état-major la responsabilité de l'embryon d'armée qu'il était parvenu à reconstituer ces dernières semaines, encore qu'il eut sans doute été plus juste de parler d'une milice plutôt que d'une armée, puis s'était empressé de prévoir quelques provisions et de seller son destrier personnel. Quelques mots et une dernière prière adressée à ses hommes pour les rassurer quant à la nécessité du périple solitaire qu'entama bientôt le Prêcheur, et le voila chevauchant vers l'est, vers les terres connues de tous comme celles du royaume vampirique. En fait de terres, il s'agissait plutôt de souterrains et d'obscures galeries, similaires par certains aspects à ce qu'était Aigue-Royale, en autrement plus sombre, dangereux et sinistre bien entendu. Guidé par il ne savait trop quel instinct, peut-être la magie du Tarenth, Aldakin dirigea le galop de sa monture vers une grotte à l'entrée de laquelle il abandonna l'animal, puis s'engouffra avec sa détermination habituelle dans les ténèbres vampiriques. Qu'y trouverait-il ? Rien qu'il n'aurait pu souhaiter rencontrer, certainement. En ressortirait-il seulement ? Probablement pas. Qu'y accomplirait-il ? Il n'en avait pas la plus petite idée à cet instant. Alors pourquoi donc s'y enfonçait-il ? Pour le Néant, tout simplement.
A mesure qu'il avançait vers les profondeurs et que disparaissaient derrière lui les dernières lueurs du jour, l'histoire que lui avait contée le mystérieux Voyageur défila dans son esprit. Si comme il le lui avait été affirmé, ce Vraorg avait abusé de l'Esprit du Néant, il en paierait les conséquences et ce quel qu'en soit le prix. Sauver le continent d'Armanda lui importait bien peu en vérité, car telle était l'unique volonté du serviteur déchu : venger celle à laquelle il vouait sa dévotion. Ou du moins tenter d'y parvenir, car il n'y avait nul besoin d'être un maître en stratégie militaire pour estimer que ses chances de survie dans ces galeries étaient particulièrement réduites. A l'époque même où il disposait de ses pleins pouvoirs, l'ancien général n'eut pas été remarquablement enjoué à l'idée d'explorer les abysses du royaume des vampires. Autant dire qu'à présent qu'il n'était plus qu'un homme parmi tant d'autres, il s'estimerait déjà particulièrement chanceux s'il parvenait à ne serait-ce qu'atteindre le niveau du premier sous-sol.
Rapidement incapable de sonder les épaisses ténèbres qui l'entouraient, l'Alayien enflamma une première torche à l'aide d'une pierre à silex et poursuivit sa lente descente. Il n'eut cependant guère l'opportunité de parcourir plus de quelques centaines de mètres avant d'éprouver la désagréable sensation d'être observé. Quelques pas de plus, et cette sensation se confirma bien vite tandis qu'apparaissait à la lueur de sa torche une silhouette peu avenante. Vampire, sans le moindre doute, l'individu ne faisait pas le moindre effort pour dissimuler les crocs suintant de salive qui garnissaient sa bouche... ou sa gueule, terme sans doute plus approprié considérant l'attitude bestiale de la créature qui lui faisait face. Un prédateur dans toute sa splendeur, visiblement très heureux d'avoir l'occasion de s'abreuver de sang frais livré directement à domicile. Pleinement conscient qu'un affrontement tournerait immanquablement en sa défaveur, Aldakin ne fit aucun geste pour se saisir de son arme et opta pour une approche drastiquement différente.
« Navré, vampire, je n'ai pas le temps de me préoccuper de la libération de ton âme. Ecarte toi. »
Joignant le geste à la parole, le général alayien reprit sa marche. Son pas était froidement maîtrisé et parfaitement assuré, le rythme de ses battements cardiaques ne trahissait aucune appréhension et le timbre de sa voix vibrait d'une mortelle détermination. Probablement le plus grand coup de bluff auquel le Prêcheur s'était jamais risqué, il misait tout ce qu'il avait, tout ce qu'il était, sur la seule peur qu'il espérait inspirer à son adversaire. Le vampire était pour ainsi dire conditionné à voir ses proies le fuir et le craindre, se battre pour défendre leurs vies avec l'énergie du désespoir, mais certainement pas à se draper d'une supériorité telle qu'elle put se permettre de l'ignorer purement et simplement. Déstabilisé par la réaction plus qu'inattendue, le vampire demeura immobile quelques instants, hésitant plus que visiblement sur la conduite à tenir. Il connaissait forcément le Prêcheur encapuchonné et la dangereuse réputation qui auréolait ce dernier, mais encore fallait-il espérer qu'il ne fut pas informé du récent déclin du peuple d'Alayia. Aldakin n'eut guère l'intention de donner à son adversaire l'occasion de raisonner, si tant qu'il en fut capable, et poussa l'arrogance jusqu'à tendre le bras et poser la main sur l'épaule d'une créature qui eut pu le tuer d'un seul geste, le pressant lentement pour le convaincre de ne pas s'opposer à lui :
« Va et jouis de ma clémence tant que tu le peux encore, peu sont ceux qui auront ta chance. »
Etaient-ce les traits froidement résolus ou le vide obscur dont se teintait le regard du général alayien qui décidèrent le vampire ? Sans doute l'intéressé ne le savait-il pas lui-même, toujours est-il que l'instinct de conservation du prédateur fut le plus fort, il ne semblait pas prêt à risquer son existence en s'attaquant à une proie visiblement persuadée de le vaincre et recula lentement pour re-disparaître silencieusement dans les ombres. Restait à souhaiter qu'il n'en ressortirait pas à la première occasion. Réprimant un soupir de soulagement, le Prêcheur reprit sa route, marchant encore et encore, plus bas, toujours plus bas.
Depuis combien de temps avançait-il dans ces galeries ? Difficile à dire, plusieurs heures au moins : il avait déjà brûlé quelques-unes des torches de la réserve qu'il avait emportée avec lui. Au détour d'un couloir souterrain cependant, il eut l'espace d'une seconde l'impression d'avoir entendu le son d'une voix mais sombra dans l'inconscience avant même d'avoir eu l'opportunité de confirmer cette sensation. Lorsqu'il rouvrit les yeux, ce fut pour poser le regard sur les deux derniers individus qu'il eut pu souhaiter rencontrer ici. Shadowsong et Wintel, tristement connus et ardemment détestés pour avoir eu l'impudence de défier le Néant jusque dans son propre plan. Cette fois, il faudrait bien plus qu'un peu de bluff pour que le serviteur déchu en réchappe. Lentement, Aldakin récupéra sa torche tombée à terre tandis que le baptistrel s'enquérait des raisons de sa présence, question à laquelle il répondit spontanément.
« Pas précisément, non. »
Son regard alterna brièvement entre le vampire et l'elfe qui se tenaient devant lui, avant qu'il ne poursuive :
« Si vous devez me tuer, réglons ça immédiatement. Dans le cas contraire, j'aimerais poursuivre ma route : un certain Vraorg le Blanc doit me répondre de ses actes. »
Instinctivement, la poigne du serviteur se resserra sur le manche de sa lance. Il ne se faisait aucune illusion quant au sort qui serait le sien si ces deux-là devaient décider de s'opposer à la marche du Serviteur, mais il ne se résignerait pas à la mort sans combattre pour autant. |
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Dim 8 Mar 2015 - 12:35 | |
| Descendre... Il ne savait pas trop pourquoi cette idée lui déplaisait. Pourtant c'était bien leur but non ? Disons simplement que ce gouffre lui inspirait une méfiance des plus instinctive. Tout comme le bruit derrière eux d'ailleurs, et plus encore quand lui et Merithyn en identifièrent la source. Aldakin du Néant ? Ici ? C'était bien la dernière personne au monde que Lorenz s'était attendu à voir en un tel lieu. Enfin pour tout dire il ne s'était attendu à croiser personne, à part peut-être ce Vraorg dont on leur bassinait les oreilles depuis quelques temps.
La question du baptistrel le laissa de marbre. Il était imperméable à ce genre d'humour, à supposer que ce soit de l'humour et pas simplement l'ahurissement de l'elfe quand à la présence du serviteur qui lui faisait dire ce genre de choses. N'aurait-été sa curiosité de savoir ce qu'il pouvait bien faire là, Lorenz aurait bien fait en sorte de le laisser dormir pour l'éternité, à des lieux et des lieux sous terre et sans aucun espoir de retrouver un jour la surface. Mais il voulait savoir, et son frère aussi de toutes évidences. La réponse d'ailleurs ne tarda pas, étonnante. Ainsi lui aussi cherchait Vraorg ? Et avec un objectif plutôt belliqueux apparemment... Voilà qui était intéressant... Il ne pu s'empêcher une remarque cynique :
« Même sans le connaître je suis pratiquement certain qu'il te répondra avec empressement... Rien que pour voir cela je suis prêt à sacrifier le bonheur de te faire la peau. »
Et c'était parfaitement vrai, il était curieux de cette rencontre ainsi que secrètement conscient que la présence du Prêcheur pourrait leur être utile à un moment ou à un autre. On avait toujours besoin d'une cible pour faire diversion, d'un pion à sacrifier. En voilà un qui remplirait ce rôle à merveille ! Le tuer ici n'aurait de toutes façons pas de véritable utilité hormis celle de le satisfaire, et dans la galère où ils se trouvaient il valait mieux ne négliger aucun élément qui pourrait être un atout. Un rictus sur les lèvres, il reprit avec une politesse qu'il valait mieux ne pas contredire :
« Après toi... »
Tant qu'à foncer dans la gueule du loup, il préférait que le Serviteur ouvre la marche. C'est donc cette formation qu'ils adoptèrent pour s'engager sur le sentier qui descendait, et descendait encore. Il se fit bientôt si étroit qu'ils durent s'engager en file indienne, puis de profil, et à un pas très lent pour ne pas chuter. A cette allure ils mirent des heures entières pour ne faire ne serait-ce que la moitié du chemin, ou était-ce des jours ? Difficile de dire à cette profondeur. Chacun d'entre eux ne pouvait se fier qu'à ses besoins vitaux pour mesurer la course du temps, et ils risquaient de devenir pressants. Les vivants avaient quelques vivres et lui avait prit soin de se nourrir avant de partir. De plus le collier qu'il portait lui permettrait de faire un repas frugal si le besoin s'en faisait sentir. Il ne faudrait tout de même pas pour autant que cette aventure s'éternise de trop, mais allez savoir quelle distance ils devraient encore parcourir avant d'arriver à leur but... Peut-être même était l'objectif de Vraorg que de les épuiser le plus possible avant de les affronter, ce ne serait pas une stratégie idiote...
Ils firent une pause. De combien de temps ? Impossible à dire encore une fois. Les vivants auraient sans doute besoin de somnoler à défaut de dormir dans un lieu pareil, lui même devait reposer ses muscles. Ils repartirent sans entrain, l'atmosphère lourde et l'obscurité de cet endroit suffisant à casser le moral du plus optimiste d'entre eux. Cela descendait toujours, à croire qu'ils allaient finir par se retrouver au centre d'Armanda, voir à la traverser de part en part ! Que trouveraient-ils derrière ? C'était une bonne question qui passionna Lorenz pendant les heures suivantes et jusqu'à la prochaine pause qui s'imposa. Il y en eu encore quelques unes, combien ? Il ne compta pas mais pour toujours se graverait en lui le souvenir cauchemardesque de cette descente lugubre et interminable qui semblait les mener droit à la mort et à l'oubli. Comme hypnotisés et horrifiés par cette balade macabre qui ne semblait jamais vouloir finir, ils mirent encore quelques heures avant de réaliser soudainement que la pente s'était adoucie, avant de disparaître totalement. Ils étaient au fond du gouffre dans tous les sens du terme ! L'obscurité à cet endroit était devenue si intense qu'elle engloutissait littéralement la luminosité émise par le baptistrel. En la voyant si faiblarde et presque invisible l'ancestral s'inquiéta :
« Tout va bien ? »
Il semblait... Merithyn n'avait pas l'air de souffrir et pourtant il émettait une lumière de moins en moins intense, qui fini même par disparaître complètement lorsqu'ils continuèrent. Lorenz quand à lui clignait des paupières de plus en plus souvent, mal à l'aise de remarquer que sa vision se faisait moins nette, plus difficile à chaque pas. Enfin il comprit, et sa voix résonna à peine, étouffée par le gigantisme époustouflant de ce lieu :
« Ils protégeront la flamme qui les guide au péril de leur vie car aucun espoir n'est permit à qui s'aventure dans la noirceur du labyrinthe... »
Citer la prophétie secoua soudainement la torpeur qui s'étaient insidieusement emparé d'eux, Lorenz fronçant les sourcils pour tenter de percer ces ténèbres surnaturelles qui les aveuglaient tous. Sous ses pieds, le sol avait changé d'orientation, il ne savait pas depuis combien de temps mais une chose était certaine :
« On remonte... »
La pente était très douce, à peine perceptible. Ils en auraient pour une petite éternité à refaire le chemin, cette fois en montée ! Cette idée était absolument décourageante, mais faire demi tour n'était pas une option possible d'autant plus que... »
« Le sentier ! »
Il s'était retourné par curiosité et n'avait pu que gronder de frustration en découvrant que le sentier, LEUR sentier, avait fait des petits ! Il y avait à présent de très nombreux chemins qui s'entrecroisaient et se ressemblaient beaucoup, un retour en arrière serait difficile même si ils n'y pensaient de toutes façons pas. Ils devaient continuer à aller de l'avant, et c'est ce qu'ils firent résolument, s'élançant à l'assaut de cette pente qui semblait n'avoir pour seul but que de les rendre fous de découragement. En sentant la brûlure de sa gorge se faire de plus en plus insistante et en voyant que les vivres de ses compagnons s'amenuisaient, Lorenz dû bel et bien se faire une raison : ils marchaient ainsi depuis certainement pas loin d'une semaine ! D'un geste distrait, il caressa le bijou qui devait lui permettre de se nourrir et jeta en regard en coin à ses compagnons en se demandant si la magie baptistrale pourrait permettre à Merithyn de se passer de nourriture pendant longtemps. La prophétie aurait tout de même pu les prévenir qu'ils auraient besoin de prévoir des tonnes de vivres tout de même ! A moins bien sur qu'ils soient bientôt arrivés mais Lorenz avait du mal à y croire, surtout en sentant la pente s'adoucir encore alors qu'ils n'avaient même pas fait la moitié du chemin parcouru pour descendre ! Il sembla pourtant bien que leur désespoir fut entendu puisque le sentier finit brutalement par s'élargir, s'enfonçant carrément dans la paroi du ravin pour former une sorte de salle au centre de laquelle se trouvait un étrange portique qui ne semblait mener nul part. En s'en approchant, Lorenz fronça le nez :
« Cette chose est bourrée de magie... »
Et d'une magie qui, encore une fois, le dépassait. Voilà qui était pour le moins vexant. Il distingua quelques fines écritures sur le côté de l'objet et, comprenant qu'il ne pourrait le lire à cause de l'obscurité, échangea un regard entendu avec Merithyn :
« Il est temps. »
Ils avaient préféré garder l'objet en réserve, ne sachant très bien combien de temps il allait pouvoir les éclairer et préférant l'allumer au tout dernier moment lorsqu'ils n'auraient plus le choix. Il s'agissait d'un simple petit pot de verre dans lequel se trouvait une poudre grise imprégnée elle aussi de magie, et pour cause... Issue de la salive de dragons, elle avait été très difficile à obtenir. C'était leur unique pot, peut-être brûlerait-il éternellement et peut-être choisirait-il plutôt de s'éteindre au tout dernier moment... En attendant ils n'avaient pas le choix, ils devaient l'allumer. Ce ne fut que lorsque ce fut fait qu'ils purent lire les écriture qui s'adaptaient apparemment à leur langage :
« A toi qui marche sur le sentier du Voyageur, prend garde. Cette voie qui se détourne est la plus dangereuse de toutes, n'attend aucune aide sur ce chemin secret. Le portique est ouvert aux téméraires, mais le Labyrinthe se refermera sur leurs âmes... »
Un haussement de sourcils plus tard, Lorenz ne se permit qu'une seule et unique sentence :
« C'est par là qu'il faut passer. »
Hé quoi ? Ils ne pouvaient pas passer le mur d'opale, mur qu'ils n'avaient de toutes façons pas trouvé, et ils ne pouvaient pas non plus retourner en arrière. Pas le choix donc, ils allaient devoir se mettre dans la peau des téméraires en question et emprunter le chemin du Voyageur. Après tout, si Edwyn le pouvait alors eux aussi, non ? Bon il était vrai que le souvenir des gigantesques pouvoirs que le Tarenth possédait suffisait pour ne pas les rassurer quand à leurs propres chances de réussite, mais tant pis. Ils devaient se rendre dans ce labyrinthe quoi qu'il leur en coûte. Ils se décidèrent donc :
« Allons-y... »
L'un après l'autre, mais le Prêcheur d'abord, ils passèrent la porte. La sensation fut très désagréable, il leur sembla que leur corps se désintégrait d'un seul coup et ce fut d'ailleurs ce qui arriva sans doute puisque au lieu de simplement se retrouver de l'autre côté du portique, ils réouvrirent les yeux dans un lieu bien différent. Embrumé et totalement obscur, il ne permettait aucune vision et seule la petite flamme vacillante de leur pot de verre permettrait d'écarter les ténèbres silencieuses. Il n'y avait pas de portique ici, le passage ne se faisait que dans un sens. Et les chemins qui s'offraient à eux étaient innombrables. Il y en avait des dizaines et des dizaines qui partaient dans tous les sens et qui ouvraient encore sur d'autres directions... La prophétie disait bien de suivre la main d'honneur mais encore fallait-il emprunter la bonne entrée pour qu'elle soit valable ! Dans leur cas, ils n'avaient absolument aucun guide auquel se raccrocher. Ils étaient complètement perdu au cœur de cet atroce endroit et le gémissement qui soudain s'éleva non loin d'eux, partant d'un son très grave avant de filer vers des aigus grinçant, suffit à faire se glacer le sang du vampire lui-même. De toutes évidences, ils n'étaient pas seuls... Grimaçant à cette pensée, il observa ses compagnons :
« Lequel prendre ? »
Il parlait évidemment des nombreux chemins... Il était impossible de voir par dessus les murs tant ils étaient haut, ils semblaient aussi trop épais pour être traversés à l'aide d'un sort. Ils allaient devoir jouer le jeu, et il était presque certain que ça n'allait pas leur plaire du tout...
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mer 11 Mar 2015 - 18:00 | |
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C'était l'ahurissement… mais bon, la réponse ne l'étonna pas vraiment. Ben voyons, pas là en voyage d'agrément… étrange tient ! A quoi s'attendait-il exactement ? Évidemment qu'il n'était pas là en voyage d'agrément. On ne venait pas se perdre en ce lieu pour un voyage d'agrément. Ce n'était pas spécialement l'endroit idéal ! La suite en revanche lui arracha un rictus désabusé et un peu moqueur, de ceux qu'il n'avait franchement pas souvent. Mais enfin là il fallait dire que l'affirmation du Prêcheur le méritait bien. Il ne doutait de rien décidément ce garçon. L'ambition n'était sans doute pas toujours un mal évidemment mais là c'était vouloir aller très loin. Le peu qu'il avait récolté sur Vraorg le blanc lui faisait dire avec une quasi certitude que l'idée de voir Aldakin lui demander de répondre de ses actes serait proprement désopilant. Terriblement dangereux aussi sans doute, mais désopilant. Enfin il fallait supposer qu'ils n'étaient pas beaucoup plus reluisant. Il n'avait pas eut l'intention de le tuer, laissant largement cela à Lorenz, mais pour le coup ça lui allait très bien de le laisser risquer sa vie. Et tant pis s'il était sensé être altruiste et l'en empêcher. Au bout d'un moment on baissait forcément les bras quand le monde s'échinait à courir vers sa perte. Et là franchement ça sortait de ses compétences, un homme se jetant droit dans la gueule d'on ne savait exactement quelle monstruosité.
Se contentant donc de soupirer et de hausser les épaules, il se décala de sorte à laisser le passage libre. Ils allaient apparemment dans la même direction, autant le surveiller…. Ou s'en servir comme d'un ouvre piège, effectivement, comme semblait l'avoir décidé Lorenz. Ça ne lui plaisait pas forcément, mais il n'en dit rien. En l'état des choses, pourquoi aurait-il réagit alors que de toute façon ça ne servait pas à grand-chose ? Déjà qu'en temps normal ça n'aurait pas servit. Laissant cela de côté, il emboîta le pas aux deux autres. Dans le pire des cas il servirait si Lorenz avait un petit creux. Ils descendirent donc, en silence. Rapidement, ils durent avancer l'un après l'autre et en faisant extrêmement attention… Il avait rapidement perdu la notion du temps, qui de toute façon n'aurait servit qu'à rendre l'effort plus pénible et douloureux. Plusieurs fois, des bouffées d'angoisses lui montèrent, comme quoi, il avait beau ne plus être totalement elfe, certaines choses restaient, parmi lesquels le fait qu'il n'aimait pas beaucoup prendre conscience des lieux de roche sous lesquelles il se trouvait. Ravalant la légère panique qu'il couvait à cette pensée, il se concentra sur son avancée, puisque c'était le plus important à l'heure actuelle. Il ne pouvait pas s'arrêter, même si les lieux relativisaient terriblement la notion d'avancée…
De fait, la première pause lui fit du bien et il soupira et s'adossant à la parois de pierre et en tirant de sa sacoche sans fond un fruit sec qu'il grignota pour se donner du courage. Et pour caler sa dent creuse aussi. Il commençait à avoir faim. Un ne sembla pas suffire, aussi en rajouta-t-il un second, puis un troisième avant que la fatigue ne prenne le dessus. Il somnola un moment. Le temps lui échappait tant qu'il n'aurait pas été capable de dire combien de temps. Ça n'avait pas d'importance. Il ne se sentait pas forcément reposé, mais pas non plus trop inconfortable. Sans doute cela changerait-il en descendant encore. Il ne l'avait pas forcément remarqué tout de suite, mais la descente était tout de même un exercice qui demandait un certain travail musculaire. Ils repartirent finalement, sans enthousiasme particulier. Il conservait son souffle autant que son attention, n’essayant même pas de voir le bon côté des choses. Combien firent-ils de pauses ? De cela aussi il perdit le compte. Ses réserves s'amenuisaient. Il se mit à les rationner, se soutenant grâce à la magie baptistrale, en absorbant du monde alentours tant qu'il le pouvait encore. Il y avait fort à parier qu'il ne le pourrait plus après un moment…
Plus ils descendaient et plus il avait l'impression d'étouffer et de mourir. De sombrer. Et c'était à la seule force de sa volonté et de l'inéluctable de la marche de ses compagnons qu'il avançait. Il se souvenait vaguement avoir proposé quelques vivres à Aldakin, à un moment. Rompu par l'atmosphère, il n'avait simplement pas le cœur à jouer de distance, même à son égard. Il avait l'impression de ne pouvoir jamais s'arrêter. D'être contraint de continuer à descendre jusqu'à mourir d'épuisement, perdu dans ces profondeurs. Plusieurs fois, il se tourna vers le souvenir de Shaynar, s'en gorgeant comme d'une protection, un talisman contre l'horreur silencieuse de cette marche. Il ne remarqua absolument pas que la pente s'était transformée en surface plate. En revanche, il vit très clairement, et sentit encore plus clairement, que quelque chose éteignait sa lumière… il vit la lueur dorée qu'il dégageait lentement décliner, et pendant un bref instant il pensa qu'il mourrait de nouveau. Ce n'était pourtant pas le cas et il lança un regard dubitatif et un peu perplexe au vampire… du moins dans sa direction générale, car il ne le voyait presque pas.
Quelque chose bloquait sa vue. Quelque chose qui soufflait même sa lueur. « Je ne vais pas mal... » souffla-t-il très doucement, n'aimant pas la façon dont le silence se brisait ici. Il ne pouvait pas lui dire que tout allait bien, ça aurait été mentir. Mais il n'allait pas non plus mal au sens propre du terme. Rien ne justifiait physiquement ou moralement la baisse de la luminosité de son corps. Il ne comprenait simplement pas, mais savoir que son frère s'inquiétait par sa faute le frustra.. il ne voulait pas l'inquiéter dans un moment pareil. Tout cela était suffisamment lourd en soit-même. D'un autre côté, il était touché une fois encore… et a aurait dû le faire luire davantage, pas moins ! Mais bientôt, il fut totalement cerné de ténèbres. Et se rendit alors compte qu'il s'était habitué à être entouré de sa lueur. Qu'elle disparaisse était angoissant également. Il ne se plaignit pas pour autant et continua d'avancer. Pas pour longtemps. Bientôt, il n'y vit absolument plus rien… plus rien d'autre qu'un immense vide noir. Tout autour de lui. La prophétie lui revenant alors que Lorenz la prononçait, il essaya, peine perdue, de percer les ténèbres du regard.
Il ne savait pas ce qui était le pire. La remontée ? Les ténèbres ? Ou bien la perte de LEUR sentier… ? Le grondement de Lorenz lui arracha son dernier lambeau d'espoir et il se demanda un instant s'il n'allait pas simplement rester là et ne plus avancer. Mais non, impossible. Alors à nouveau, il fallut avancer, poursuivre la torture. Il n'osait pas toucher à ses vivres restantes, préférant encore s'auto-suffire par magie tant qu'il le pourrait et même si cela devenait particulièrement compliqué. Eut-il été chanteterre qu'il n'aurait pas eut le moindre problème et ce serait sans doute satisfait de sa localisation, mais ce n'était absolument pas le cas et ici, il avait l'impression qu'aucune flamme ne pourrait jamais brûler. Qu'y avait-il à consumer en ces lieux ? Rien, de la roche, de la poussière… rien. Rien à part un nexus de magie différente, subitement, devant. Une magie ressemblant au piège qu'ils avaient vu avant leur interminable et affreuse descente. Relevant la tête, il cligna des yeux et eut du mal à appréhender les distances soudaines dans cet espace enténébré. Il ne se repéra qu'à la sensation de la magie et de ses compagnons, et avança mains en avant, pour éviter de s'écraser sur quelque chose.
Arrivé près de Lorenz, ils échangèrent, ou tentèrent de le faire, il sentait juste le geste et son chant-nom. Hochant la tête, il attendit de voir la lueur apparaître et se gorgea de sa vue. Une lueur dans les ténèbres, littéralement. L'écrit ne lui disait rien qui vaille, mais à quoi s'attendre en ces lieux après tout ? Soupirant, il tourna à nouveau la tête et tenta de dessiner les contours du serviteur de Néant pas loin. « Aller » fit-il simplement, prenant son courage à deux mains, ou ce qu'il en restait. Ils passèrent l'un après l'autre, la sensation désagréable les étreignant avant qu'ils n'ouvrent les yeux sur… autre chose. Immédiatement, une sensation d'angoisse, d'horreur absolue qu'il l'étouffa. Entamé par la descente, il resta figé sur place, tremblant et haletant sans parvenir à se calmer. Ce lieu l'étouffait totalement et le plongeait dans un cauchemar qui l'attaquait sur le terrain sensible des perceptions baptistrales. Le gémissement soudain le glaça plus encore, et il eut l'impression que son esprit était broyé sur lui-même… Muet d'horreur, il mit un moment à se reprendre, et ce fut seulement pour se redresser, étriquant au maximum ses perceptions et refusant de s'intéresser à ce qui se trouvait hors du halo de lumière.
La lueur vacillait, sans s'éteindre, mais vacillait. A défaut d'indication sur le chemin à prendre il préférait se fier à ce qu'il voyait… Et tendit une main en direction de l'un des chemins, vers lequel semblait tendre la petite flamme qui les protégeait. « Là... » souffla-t-il le plus bas possible. Avaient-ils seulement un autre choix que d'avancer, de toute façon ? Ce chemin-là, ou un autre… mais il prenait le risque, rester planter là lui était insupportable de toute façon. Ils avancèrent donc, et il sembla que quelque chose avançait également avec eux… Refusant de céder à la réalisation, s’agrippant à ce qui lui restait de volonté, il tourna la tête vers Lorenz, interrogateur. Avait-il sentit aussi ? Il ne savait pas, mais il avait l'impression diffuse d'être épié, observé, traqué… la même sensation, ou du moins semblable, qu'il avait ressentit dans le sanctuaire de Néant. Le couloir choisit progressait pendant un long moment en ligne droite, mais quand enfin il parvint à un embranchement, la flamme du pot vacilla plus que de raison et quelque chose sembla fugitivement se dessiner qui le fit mourir de peur sans la moindre honte.
Se planquant une main sur la bouche, il s’immobilisa à nouveau, inspirant et expirant avec difficulté. Finalement, un très vague filet de voix provint de lui. « Il… il ne faut surtout pas que la flamme s'éteigne.. » Hors il avait l'impression qu'elle était un peu moins lumineuse, déjà… c'était infime, peut-être simplement dû au vacillement, mais il avait cette impression et ne tenait pas du tout à ce qu'elle soit vérifiée…. Il ne tenait vraiment pas à se retrouver nez à nez avec ce il ne savait quoi qui semblait l'observer de près.
Dernière édition par Merithyn Shadowsong le Lun 16 Mar 2015 - 14:21, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Sam 14 Mar 2015 - 17:53 | |
| L'impertinente insolence avec laquelle le vampire ancestral lui avait répondu glissa sur le serviteur déchu sans l'émouvoir de quelque façon que ce fut. Qu'importe le pourquoi ou le comment : aussi ironiques qu'elles soient, les raisons qui motivaient la retenue du prince vampirique ne l'intéressaient pas. Dès lors que lui et son compagnon baptistral n'essayaient pas de l'empêcher de poursuivre sa quête, Aldakin accepterait de tolérer leur présence à ses côtés, non pas qu'il eut véritablement le choix de toute façon. Accessoirement, aussi désagréable cette pensée pouvait-elle être, les deux fléaux représentaient actuellement une force de frappe autrement plus redoutable que celle du modeste humain qu'il était, peut-être leur présence se révélerait-elle utile à l'un ou l'autre moment. Sans un mot, la haute silhouette du Prêcheur s'avança et prit la tête de l'expédition, parfaitement conscient du rôle d'appât et d'amorce qu'on prétendait lui faire jouer mais sans pour autant s'en offusquer. D'une part, il ne prenait finalement pas plus de risques que s'il avait été seul, d'autre part... et bien il n'était tout simplement pas en position de négocier, mieux valait donc ne pas perdre de temps en vaines paroles.
Débuta alors une lente et angoissante descente vers des profondeurs probablement encore jamais atteintes par qui que ce fut, ou du moins pas par un elfe, vampire ou humain. Les heures s'égrainèrent lentement, longues et monotones, dans un pesant silence que rien ne semblait devoir troubler. Pas même lorsque la botte de l'alayien heurta une petite pierre qui bascula dans le vide et se fit aussitôt avaler par la pénombre, sans provoquer le moindre bruit : si elle atteignit jamais le fond du précipice, aucun des trois marcheurs ne l'entendit. A plusieurs reprises, lorsque le sentier débouchait sur un aplomb rocheux juste assez large que pour le leur permettre, le groupe s'arrêta le temps d'un repas frugal ou de quelques heures d'un repos de bien piètre qualité. Par chance, la dévotion religieuse du Prêcheur lui avait permis d'exercer son corps aux privations, son régime déjà ascétique en temps normal lui permettait de ne pas trop souffrir de la faim et de rationner ses provisions tandis que les longues heures de veille religieuse avaient exercé son esprit au manque de sommeil.
A mesure qu'ils descendaient toujours plus profondément cependant, l'obscurité se fit de plus en plus pressante et leur progression de plus en plus lente. Non seulement la pente se faisait-elle de moins en moins prononcée, mais les ténèbres toujours plus épaisses qui les entouraient rendaient le moindre pas de plus en plus incertain. Lorsque la faible lueur avec laquelle les éclairait le baptistrel s'éteignit à son tour, le groupe se retrouva plongé dans une noirceur que n'eut renié le Néant en personne, le Prêcheur ayant depuis longtemps brûlé sa dernière torche. A présent, il devenait impossible de déterminer si le prochain pas que ferait l'alayien rencontrerait une roche solide ou au contraire un vide absolu. Lorsque le vampire fit remarquer que leur progression tendait à les faire remonter, Aldakin haussa un sourcil dubitatif. Lui-même n'aurait été en mesure d'affirmer semblable constatation, mais ses sens étaient beaucoup moins affûtés que ceux du vampire. Visiblement très peu concerné par la désagréable découverte de la multiplication des sentiers, l'alayien ne laissa échapper qu'un bref commentaire :
« Espériez vous vraiment revenir de ce voyage ? »
Quand bien même il y avait peu à attendre de l'équilibre mental d'une paire de mages suffisamment fous que pour s'être pensé capables de défier un Esprit comme ils l'avaient fait, force était de reconnaître qu'ils parvenaient encore à le surprendre.
La lente marche reprit sans autre forme de sentence, jusqu'à ce que ce qui sembla bientôt ressembler à une destination se présenta à eux. En fait de destination, il ne s'agissait tout au plus que d'une étape, un portail vers la suite de ce périple sans fin. En avaient-ils seulement accompli la moitié ? Le quart ? Le dixième peut-être ? Moins encore ? Aldakin n'en avait pas la moindre idée et il semblait plus que probable que ses compagnons fussent dans la même situation. Renoncerait-il pour autant ? Certainement pas, aussi longtemps qu'il lui resterait un souffle de vie, il avancerait, dut-il pour cela ramper. Après tout, à la différence des deux créatures magiques qu'il traînait dans son sillage, il avait abordé cette quête sans le moindre espoir d'y survivre, l'avantage de prier un Esprit qui par définition se reliait au vide le plus absolu, sans doute. Pourtant, faiblesse propre à l'être vivant qu'il était, Aldakin ne put s'interdire un discret sentiment de réconfort lorsque l'ancestral fit briller l'éclat d'une nouvelle source lumineuse. Magique, évidemment, et probablement particulièrement puissante, mais bienvenue pour déchiffrer les inscriptions gravées dans la pierre. Une mise en garde, certes, mais aussi et surtout la confirmation qu'ils avançaient dans la bonne direction.
A nouveau, Aldakin fut ''invité'' à passer le premier, ravalant ses réticences quant à la perspective de franchir un portail imprégné d'une magie dont son culte prônait la fin. L'arche de pierre semblait se comporter de la même façon que l'un des vortex du Néant dont le serviteur déchu usait autrefois pour parcourir de longues distances instantanément. Le passage le fit d'ailleurs immédiatement déboucher dans un couloir, ou plutôt à l'intersection d'une multitude de couloirs semblant eux-même s'ouvrir sur d'innombrables autres couloirs. Un labyrinthe, dans la plus pure définition du terme : une souris n'y retrouverait pas son fromage. Wintel et Shadowsong le rejoignirent rapidement, constatant à leur tour la délicate situation dans laquelle ils se trouvaient à présent. Et visiblement, ou plutôt devrait-on écrire acoustiquement, ils n'étaient pas les seuls à être informés de leur présence entre ces murs. Enfin, pour compléter le tableau, l'origine du son cauchemardesque qui venait de résonner dans les couloirs du labyrinthe n'était certainement pas humaine, ni même vampire ou elfique. Instinctivement, le Prêcheur raffermit son emprise sur le manche de sa lance et fit basculer son bouclier, jusqu'alors attaché dans son dos pour être plus facile à transporter, vers son bras gauche, poursuivant sa lente progression armes à la main, juste au cas où.
Lorsqu'ils atteignirent l'intersection suivante, Aldakin eut pendant une fraction de seconde l'intime conviction d'avoir discerné une silhouette, une ombre à peine plus sombre que la pénombre contre laquelle luttait courageusement la faible flammèche de leur dernier rempart. Quelque chose les guettait, les traquait même, et la réaction du chanteur sylvain semblait corroborer l'hypothèse selon laquelle le général alayien n'était pas le seul à éprouver ce désagréable sentiment.
« Si nous continuons d'avancer sans savoir où nous allons, je doute que nous parvenions à trouver la sortie avant que votre précieuse flamme ne s'éteigne. »
Tournant légèrement le visage dans la direction du prince vampirique, il poursuivit :
« C'est vous le prédateur, non ? »
Autrement dit, rendez vous utile et usez donc de votre vision et de votre flair vampiriques pour identifier ou à défaut surveiller la créature tapie dans les ombres. |
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Dim 15 Mar 2015 - 17:03 | |
| Le chemin désigné par l'elfe en valait bien un autre, aussi l'ancestral ne fit-il pas de difficulté à se diriger dans la direction indiquée. Mieux valait ne pas rester au même endroit, c'était une règle de base de survie dans des milieux aussi hostiles. En avançant, il rumina sur les mots du serviteur du Néant. Si il avait espéré revenir du voyage ? Et comment ! Il n'était pas du genre à se résigner, milles projets l'attendaient encore et l'un des plus importants se nommait Ambre. Et l'idée qu'une créature quelconque, aussi Vraorgeste soit-elle, puisse mettre fin à son existence lui déplaisait beaucoup. Puissant ou pas, le concerné allait se heurter à un os lorsqu'il tenterait de s'en prendre à la précieuse existence du vampire. Non mais et puis quoi encore ?
Ils avancèrent encore ainsi un moment, tous conscients de la précarité de leur situation. En avançant ainsi au hasard ils avaient peu de chances de trouver la sortie, et beaucoup plus de faire une mauvaise rencontre. Mais en l'absence d'autre solution il était difficile de faire autrement... Le Prêcheur fut tout de même le premier à en faire la remarque à haute voix, leurs regards à tous les trois étaient tournés vers la petite flamme vacillante et la seule idée qu'elle puisse s'éteindre était tout simplement terrifiante. La pique pourtant titilla suffisamment le vampire pour lui tirer un grondement agacé, grondement qui trouva un écho aussitôt au point de les figer sur place...
La bête se trouvait face à eux, elle venait de surgir de l'obscurité. Apparemment bipède, elle n'avait pourtant pas une apparence humaine, ni elfique, et pas même vampirique. Ses crocs étaient beaucoup trop proéminents pour cela. Ils dépassaient de sa gueule, provoquant un rictus qui venait s'ajouter au grotesque de ce mufle au nez écrasé et au front démesuré. Cette affreuse tête était profondément enfoncée dans des épaules d'une largeur démesurée, on aurait dit un œuf de moineau posé dans un nid de dragon ! Pour tout habillement, la chose ne portait qu'un pagne. Ses muscles à découvert dépassaient largement le cadre de la normalité, si gonflés qu'ils en devenaient difformes. Ses jambes arquées à l'extrême étaient terminées par des griffes qui s'enfonçaient profondément dans la pierre du labyrinthe. Il humait l'air dans la direction des trois intrus sans les fixer tout à fait, ses yeux blancs et globuleux témoignant de son infirmité dans le domaine visuel. Une infirmité qui ne semblait d'ailleurs pas le gêner, au vu de son grognement et de son attitude il avait parfaitement localisé ses trois proies... Son hésitation était palpable, il grattait le sol de ses griffes d'un air aussi stupide qu'inquiétant.
« En voilà un autre de prédateur... A terre ! »
L'horrible apparition avait bien faillit le faire passer à côté du pire et c'est l'instinct seul qui lui avait fait lever la tête à temps pour leur sauver la vie à tous. Tout se passa très vite, ils se jetèrent au sol dans un bel ensemble et sentirent le souffle du danger hérisser les cheveux sur leurs nuques. L'autre créature avait dû se trouver à quelques mètres au dessus de leur tête ! Depuis combien de temps elle était là, ça c'était une question qu'il valait mieux ne pas se poser. Toujours était-il qu'elle leur passa au dessus, se servant de la membrane qui entourait son corps comme d'un planeur qui lui permit de voler proprement au dessus de leur tête et de tomber directement sur celle de la première bête ! La suite ne fut qu'un gargouillis entremêlé d'atroces bruits de chair qui se déchire...
« Par ici, vite ! »
La nouvelle bestiole était encore plus horrible que la première. Moins monstrueuse peut-être, voir même gracieuse avec sa longue silhouette longiligne et sa membrane argentée, mais de toutes évidences bien plus dangereuse. Une aura destructrice s'émanait d'elle, une aura que Lorenz lui-même n'aurait pas renié et qu'il était bien placé pour reconnaître. Il ne savait pas ce qu'était ce truc là, mais c'était fait pour tuer vite et bien. Ses quatres extrémités en crochet lui permettait apparemment de s'accrocher aux murs du labyrinthe et de dépecer ensuite les proies qu'il surprenait en planant. Le pire était l'intelligence glaçante qui brillait dans son regard et qui fut le dernier aperçu que les trois compagnons eurent de la bestiole pendant qu'elle mordait à belles dents dans la chair offerte de son repas. L'instant d'après ils courraient à s'en faire péter les poumons. Dans quelle direction ? N'importe ! Pourvu qu'elle les éloigne de cette abomination.
Ils ne s'arrêtèrent que longtemps après, encore plus désorientés qu'au début mais fort satisfaits de voir que l'attrait de son repas déjà tout prêt avait été plus fort que celui de poursuivre trois fuyards. Après avoir jeté un regard plus que méfiant aux murs de chaque côté d'eux, Lorenz fit remarquer :
« Quoi que soit cette chose, il vaudrait mieux qu'elle n'ai pas fait de petits... La première avait l'air plus... »
Abordable ? Oui c'est sans doute ce mot là qu'il aurait choisit si il avait pu terminer sa phrase. Oh bien sur si il avait fallu affronter l'autre bête il l'aurait fait mais quelque chose lui avait soufflé que même sa toute puissante magie n'aurait peut-être pas suffit à les tirer d'affaire contre un tel adversaire. Allez savoir pourquoi, ce combat là lui avait semblé perdu d'avance. En y réfléchissant, ça lui semblait fort étrange et la nouvelle vague de terreur qui déferla sur eux trois acheva de le persuader à l'instant même ou deux créatures en tout point semblable à celle qui avait dévoré musclor :
« Ils jouent avec nos esprits ! »
Même conscient de ce fait, il n'aurait sans doute pas pu faire autrement que de fuir à nouveau tant la terreur que les bestioles leur inspiraient était pure. Mais l'une d'entre elle se ramassa tout à coup pour mieux bondir, effectuant ainsi un vol plané impressionnant au dessus de leur tête pour se poser derrière eux. Une bête devant, une bête derrière, et pas d'échappatoire sur les côtés... Ils étaient cernés, paralysés par la panique surnaturelle que le pouvoir de leurs ennemis leur infligeaient. Si grand était ce pouvoirs qu'ils étaient tous les trois à deux doigts de lâcher leurs armes pour se recroqueviller sur place en implorant tout ce qui pouvait être imploré. Malgré toute sa force de caractère, il fallu un effort surhumain à Lorenz pour se secouer et se plonger dans la rage intense qui avait toujours été son bouclier :
« Si vous pensez que ce sera si facile... »
La boule de feu qu'il tenta de créer ne voulu jamais apparaître, aucune lumière et donc aucune flamme ne pouvait briller en un tel endroit... Sauf une. Le crochet de la créature qui leur faisait face effleura leurs visages, les forçant à reculer vers les crocs de la deuxième qui plongea vers le Prêcheur en évitant adroitement sa lance. Puis un glapissement sonore résonna dans tout le labyrinthe. Lorenz venait d'ouvrir le pot qui enfermait les flammes magiques et de se servir de son totem pour les discipliner. La petite flamme se divisa, l'une des deux sautant directement dans sa main tandis qu'il jetait le pot contenant l'autre entre les mains de Merithyn :
« Protège la ! »
Le serpent lui permettait de manipuler le feu qui les protégeait mais si la flamme principale s'éteignait alors il ne pourrait pas la rallumer, autant dire que leurs trois vies étaient désormais entre les mains du baptistrel... Confiant à ce sujet, Lorenz divisa encore sa boule feu et plongea ses deux mains brûlantes dans la membrane poisseuse qui s'enflamma aussitôt. Transformée en torche hurlante, la bestiole détala sans demander son reste. La deuxième quand à elle avait apparemment planté ses crocs dans la lance du Serviteur du Néant, à moins que ce ne soit dans sa main ? Elle lâcha sa prise avec précipitation devant le feu mais un nouveau bond, cette fois vers le mur, le permit d'échapper à la carbonisation qui la guettait. Hors de la lumière de leur flamme protectrice, elle rampa hors de vue en se tirant ses ses crochets, leur donnant l'image répugnante d'une gigantesque araignée. Furieux de la voir s'échapper, le vampire leva le nez, les crocs découverts. Où était-elle ? |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Lun 16 Mar 2015 - 14:21 | |
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Était-ce vraiment le bon moment pour les piques ? Non parce qu'à tout choisir, ils pouvaient encore garder la flamme pour eux et laisser le Prêcheur se faire dévorer, par il ne savait pas quoi qui les guettaient. Bon il ne l'aurait probablement pas fait évidemment… quoi que. Si peut-être, dans un moment pareil, peut-être aurait-il pu le faire. Mais de toute façon ça n'avait aucune importance. Pour l'instant il y avait plus important que ces psedo chamailleries à deux sous. La créature grotesque et effarante lui glaçait le sang, mais bien loin du critère d'esthétisme, c'était davantage ce qui en suintait qui lui glaçait le sang. Cette chose était aveugle, mais elle ne les traquait pas moins pour autant. Peut-être même qu'être privé de vue la rendait plus dangereuse encore. Il n'osait pas bouger, se demandant ce qui pouvait bien retenir la chose de leur sauter dessus pour les dévorer… L'exclamation de Lorenz seule répondit à cette question et il ne chercha pas même à savoir de quoi il retournait exactement qu'il plongeait effectivement à terre pour s'éviter quoi que ce soit qui les menaçait encore. Le souffle qui passa au-dessus d'eux le saisit de peur, et il frissonna bien malgré lui. Les sons qui s'élevèrent à la limite de leur champ de vision, en formes presque indistinctes et en suggestions enténébrées lui suffit. Il en ferait certainement des cauchemars des jours durant. Le macabre théâtre juste hors de leur vision était révoltant et il se refusa à ne serait-ce qu'observer cette direction. Se fermant volontairement aux bruits qui les poursuivaient alors qu'ils s'engageaient dans une course démente pour échapper à la chose.
A nouveau, le temps perdit de sa réalité, si même il en avait eut auparavant. Il fallait simplement s'éloigner de cette chose… 'simplement' oui. En se perdant certainement plus encore dans le labyrinthe. Parce que c'était bien un labyrinthe, pas d'autres alternatives. Et la pire création jamais réalisée. Quel cerveau malade avait pu faire naître un tel lieu ? Il ne voulait surtout jamais le rencontrer. Il haletait lourdement, la fatigue s'imprimant de plus en plus en lui, et à l'instant où il cru qu'ils étaient sortis d'affaire, la nouvelle vague de terreur déferla, le saisissant de ses griffes glacées alors que la panique manquait l'ensevelir et le détruire lui et la raison qui lui restait. Voir les deux choses surgirent et les encerclés étaient absolument épouvantable… mais là où Lorenz se plongea dans la rage, lui fut saisit, soudainement, par un immense calme. Le calme de ses plus grandes épreuves. Inspirant profondément, il parvint enfin à juguler sa terreur et l'enferma loin en lui, la jetant dans l'abîme de son âme blessée, là où elle aurait du mal à ressurgir. Il s'immergea dans la douleur de la perte de son lien, comme un catharsis, une façon de s'ancrer dans une autre réalité que celle des créatures qui les menaçaient. La douleur souveraine déferla sur lui, le noya sous ses eaux sombres mais le nettoyant de celles, saumâtres, de la peur. La respiration plus profonde, il attrapa le pot de verre et tint la lueur contre lui, là où sa magie corporelle la soutiendrait et la nourrirait.
Concentré uniquement sur la flamme, il la nourrit de sa propre énergie afin de lui permettre de ne pas s'éteindre. Concentré sur elle, il recula jusqu'au mur et la nourrit encore, pour diffuser son halo tout autours d'eux et permettre à ses compagnons d'y voir davantage dans leur combat. Malheureusement, à défaut de mur, il ne rencontra que le vide et ce qui semblait être un trou profond. Ce qui aurait dû être une solide parois de pierre s'effaça alors qu'il s'y adossait et il eut à peine le temps de comprendre ce qui l'attrapait, entamant sa chair au niveau de l'épaule, et le faisait tomber en arrière. L'instant suivant, il se trouvait dans un lieu à la forme ronde, la pierre comme frottée par des années et des années d'écailles, polie, poncée, pas lisse malheureusement… le fond était tapissé de reliefs de choses dont il ne voulait absolument pas connaître l'origine. Mais il n'y avait hélas pas que cela. La lueur dorée de la flamme de dragon lui révéla la présence de plusieurs œufs argentés, lisses et ronds. Des œufs oui, à n'en pas doutés… et il avait de la chance que leur mère ne soit pas présente. Pas encore sans doute, soufflait son esprit. Il se redressa, du moins tenta, et étouffa un gémissement de douleur. Sa jambe droite était brisée, et son épaule saignait abondamment.
Cette dernière constatation le ramena à un détail inquiétant. Quelque chose l'avait attrapé quand il était tombé. Où était cette chose exactement ? Avec lenteur, il fit à nouveau grandir la flamme, le coeur battant à tout rompre et le découvrit enfin. Une vague de nausée le prit. La chose était semblable à son modèle adulte mais beaucoup moins gracieuse à l'oeil. Son corps squameux était enroulé sur lui-même et se tortillait comme celui d'un lombric, et ses 'ailes' n'étaient que des excroissances encore en pousse. Mais les crochets étaient bien là, et ils faisaient terriblement mal. La chose s'étendit de nouveau hors de son renfoncement et il se mordit la lèvre, divisa la flamme qu'il tenait encore comme si sa vie en dépendait, ce qui était certainement le cas. Il la lança sur la créature qui se tortilla de douleur et se ramassa de nouveau sur elle même. Lèvres fendues à force de mordre dedans pour contenir sa peur, l'elfe la regarda diminuer jusqu'à noircir de l'intérieur tandis que la flamme consumait son corps encore non protégé. Pourtant même dans cette mort, ses pouvoirs ne lui furent pas ôtés. Loin de se demander pourquoi, cependant, son esprit était occupé à observer un détail étrange du renfoncement…
Il s'approcha comme il pu, n'ayant plus qu'une main et devant supporter la douleur de sa jambe blessée. Son énergie entière concentrée sur la flamme il ne pouvait pas en dépenser pour se soigner hélas. Le reflet qu'il avait vu provenait d'une pierre étrange. Ou plutôt, d'un éclat de pierre, qui semblait s'être détaché de quelque chose de plus gros, de par sa forme. C'était empli de magie… une magie particulière, étrange, immense, semblait-il. Étrange aussi comme elle lui rappelait la sensation de Néant. Appelant ses compagnons d'une voix étouffée, il attendit qu'ils descendent dans le nid. En dehors de la créature qu'il avait tué, celui-ci était vide à l'exception des œufs encore non éclot. Le silence était également présent, et un froid polaire, semblait-il… ou bien était-ce simplement lui ? La chaleur diffusée par Lorenz l'agressait soudain, terriblement. Tremblant, mais trop occupé à examiner la pierre, il finit par la prendre dans sa main. Du moins il essaya. Dès qu'il posa les doigts dessus, une pression monumentale l'écrasa et il laissa échappé un hoquet de douleur en laissant l'objet lui échapper et rouler près de lui, sur le sol lisse. La pierre luisait légèrement, doucement… Mais lui n'était plus occupée à l'observer. La fascination soudaine qu'il avait éprouvé pour elle s'était évanouie, remplacée par un sentiment d'urgence et d'inconfort…. Et de douleur. Il avait affreusement mal.
Ses doigts semblaient gourds et glacés, et il sentit sa tête se faire légère sous la souffrance, manquant lui faire perdre connaissance. Il parvint pourtant à rester conscient et tourna d'abord la tête vers la blessure à l'épaule . Celle-ci, profonde, semblait avoir noircit sur les bords et suintait de sang. La chair alentour était plus pâle et son réseau sanguin semblait noircit, ressortant sous la peau de façon alarmante. Mais ce n'était presque rien en vérité… se pliant soudain en avant, il parvint tout juste à porter sa main libre à sa bouche alors qu'un flot de sang s'en écoulait. Un sang noirâtre et poisseux. La découverte le choqua mais moins que de sentir sa force s'échapper de son corps rapidement...et il était à présent trop expérimenté pour ne pas reconnaître le distant battement, et la langueur qui se propageait en lui. Non cela ne se pouvait, pas une seconde fois… Un nouveau flot de sang s'échappa de sa bouche et il parvint un bref instant à tendre ses perceptions, assez pour comprendre que la pression qu'il avait ressentit en touchant la pierre était magique et lui avait probablement brisé le corps de l'intérieur, broyant la plupart de ses organes. Il n'avait pas la force de réparer tout cela… Il n'avait de toute façon plus la force de rien… si ce n'était de regarder la mort en face.
Ses yeux légèrement vitreux à cause de la douleur se relevèrent sans vraiment voir le monde autours de lui, et se posèrent, presque par coïncidence, dans ceux de son frère. Dans ses sombres prunelles se lisait l'incompréhension, mais également une part de dépit et de regret. Il ne voulait pas partir ainsi. Sa main retomba sur ses jambes, et il ferma les yeux un moment, quel que chose de poisseux coulant sur sa joue… du sang certainement, provenant de ses yeux. Dracos qu'est-ce que ça faisait mal.. pourquoi était-il encore à l'agonie et pas déjà mort ? Il faisait tellement froid… à l'exception de la flamme près de lui, tellement froid… ses lèvres bougèrent légèrement pour essayer de former des mots, mais il n'en avait déjà plus la force. La seule énergie qu'il tirait provenait en réalité de la flamme, qu'il étrécissait rapidement. Il fallait qu'il se coupe d'elle, autrement… autrement Lorenz et Aldakin mourraient tous deux… Rassemblant ce qui lui restait de forces, il rompit le lien qu'il avait établit, et se sentit encore plus faible. Les battements étaient rapides à présent… pourtant il aurait tant voulu ne pas avoir à les quitter…..
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mar 17 Mar 2015 - 21:32 | |
| A en juger par l'abomination biologique qui venait de surgir des insondables ténèbres les entourant, il semblait bien que le moment fut venu de découvrir si oui ou non les capacités guerrières de ses compagnons lui seraient d'une quelconque utilité. Le vampire ancestral fut d'ailleurs le premier à en faire la démonstration, détectant une présence d'autant plus mortelle qu'elle était restée parfaitement invisible jusqu'alors. S'ils n'équivalaient pas ceux des créatures magiques qu'étaient les vampires et les elfes, le passif militaire du Prêcheur lui garantissait quelques bons réflexes, notamment celui de s'exécuter sans poser de question lorsque quelqu'un hurlait de se jeter à terre. Le souffle d'air que laissait dans son sillage la bête planante qui les survola la seconde suivante les effleura de si près que la capuche qui recouvrait le crâne chauve du général alayien bascula. Si l'obscurité ne permettait guère de distinguer les détails, le concert de gargouillis sanguinolents et autres feulements bestiaux qui résonna bientôt entre les murs du couloir informa rapidement les trois explorateurs des profondeurs quant à ce qui se déroulait devant eux. Par chance, les deux monstres semblaient préférer se disputer le sommet de la chaîne alimentaire plutôt que s'occuper de leurs proies, lesquelles n'eurent guère besoin d'encouragements pour saisir l'opportunité qui leur était donnée de prendre la fuite.
Lorsqu'ils estimèrent avoir mis suffisamment de distance entre eux et leurs indésirables prédateurs, le groupe s'immobilisa, Aldakin accueillant avec un discret soulagement la fin de cette nouvelle course effrénée. Le souffle haletant, il lui fallu quelques instants pour retrouver l'usage de la parole et prononcer un mot, un seul :
« Merci. »
Non pas qu'il se fit la moindre illusion, bien sûr. Le vampire et peut-être même son compagnon baptistrel n'auraient pas hésité l'un plus que l'autre à sacrifier le serviteur alayien pour sauver leurs propres existences si le besoin s'en était fait ressentir, mais justement, ils n'en avaient rien fait. Pour le moment du moins. Toutefois, cette touchante démonstration d'affection fut brutalement interrompue par deux nouvelles créatures volantes qui, à l'inverse des deux premières, paraissaient parfaitement capables d'unir leurs efforts dans un but commun. Instinctivement, alayien et armandéens se regroupèrent l'un contre les autres, poussés par une frayeur trop intense que pour être naturelle. S'agissait-il vraiment d'une manipulation mentale, comme le proclama brutalement le vampire ? Possiblement, mais si tel était bien le cas, ces deux immondes bestioles allaient bientôt apprendre qu'il n'était pas nécessairement judicieux de pousser une proie acculée dans ses derniers retranchements. Si l'ancestral prince des vampires puisa dans sa rage pour se défaire de l'emprise de la peur, si le baptistrel sembla se concentrer sur lui seul savait quelle pensée susceptible de l'aider en ces circonstances, celui qu'on surnommait le Prêcheur usa de la seule chose qui jamais ne lui ferait défaut : son inépuisable dévotion envers l'Esprit auquel il avait consacré jusqu'à la plus infime seconde de son existence. Bouclier dressé, lance dirigée vers son bestial ennemi, Aldakin murmura quelques psaumes d'une prière célèbre en Alayia et adopta une posture défensive pour protéger nul autre que l'un de ceux qu'il s'était promis de tuer. Pour l'instant, la survie du serviteur dépendait de la survie des deux hérétiques derrière lui, et plus particulièrement de celle du baptistrel qui s'était vu confier la dernière source de lumière à leur disposition.
D'un bond aussi puissant qu'agile, la créature fondit sur le lancier alayien, esquivant avec une déconcertante facilité la sombre lame du Prêcheur pour finalement venir planter ses crochets dans le bouclier derrière lequel sa proie se protégeait. Le choc fut particulièrement violent mais Aldakin tint bon, du moins autant qu'il était possible de le faire pour l'humain qu'il était. Son genou plia tandis que se faisait entendre derrière lui un crépitement enflammé, probablement l'oeuvre de l'ancestral. Il fallait tenir, quelques secondes encore. Quelques secondes de trop, peut-être. Sous l'assaut de la créature ailée, le bouclier bascula et une mâchoire garnie de crocs effilés vint bientôt se refermer sur l'avant-bras du général déchu, lui arrachant un grognement plaintif puis une franche clameur de douleur lorsqu'il sentit distinctement l'os de son bras se briser sous l'étau dans lequel il était pris. Par chance, la bête n'insista pas lorsque la lueur dansante des flammes menaça venir lui caresser les ailes et abandonna sa prise pour s'enfuir dans les ténèbres du labyrinthe.
Sonné quelques instants par sa blessure Aldakin ne réalisa pas immédiatement qu'il était à présent seul dans le couloir, alors que quelques instants auparavant encore, il avait été persuadé que le vampire et le sylvain étaient juste derrière lui. Cela étant, il était également persuadé que quelques instants auparavant encore, le passage qui s'ouvrait à présent dans le mur du couloir n'existait pas. Nouveau piège de cet endroit damné ou passage secret susceptible de leur offrir le salut tant attendu ? Difficile à dire pour l'instant, mais puisqu'il semblait que ses compagnons s'étaient empressés de s'y engager, sans doute valait-il mieux pour lui les imiter avant que leur agresseur ne se fut remis de ses émotions. Soutenant son bras blessé de sa main encore valide, le Prêcheur s'engagea donc prudemment dans la pente qui semblait mener à une nouvelle pièce, dissimulée dans les murs du labyrinthe. Son ténébreux regard découvrit d'abord la multitude des formes ovoïdes qui parsemaient l'endroit avant de s'arrêter sur la silhouette allongée d'un baptistrel, lequel semblait d'ailleurs avoir souffert de sérieuses blessures. Une mauvaise chute ? Possiblement, toujours est-il que la situation du sylvain était loin d'être brillante, il perdait beaucoup de sang, trop de sang même, et il n'était pas nécessaire d'être un expert pour reconnaître le voile opaque qui en recouvrait peu à peu le regard. Aldakin considéra brièvement la silhouette du prince vampirique qui se tenait aux côtés du chanteur elfique avant d'édicter calmement la plus évidente vérité :
« Son histoire s'arrête ici... »
Il n'y avait plus rien à faire pour lui, si ce n'était peut-être abréger ses souffrances et prier pour le salut de son âme, quand bien même cette dernière avait-elle été souillée par l'arrogant défi que le sylvain avait prétendu adresser à l'Aînée des Esprits. Toutefois, un craquement résonna soudain dans la pièce, signe que l'occupant de l'un des oeufs semblait avoir décidé que le moment était venu pour lui de découvrir les merveilles d'un monde... particulièrement cruel.
« Je m'en occupe. »
Homme de foi oblige, le Prêcheur pouvait bien avoir proclamé l'extinction des peuples respectifs de ses deux compagnons, il n'en était pas moins capable de respecter la douleur d'un deuil et laisserait au vampire le temps que celui-ci jugerait bon pour se recueillir une dernière fois sur la future dépouille de son complice. De toute façon, l'un et l'autre se rejoindraient certainement dans les heures à venir. Relâchant son bras blessé avec une grimace contrite, Aldakin porta sa main valide à son épée et se dirigea vers l'oeuf dont la coquille s'ouvrait lentement, dardant un sombre regard sur l'immonde créature visqueuse qui s'efforçait d'en sortir. |
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mar 17 Mar 2015 - 22:32 | |
| Tout s'était déroulé très vite, trop vite même pour ses sens vampiriques. Ces créatures étaient des adversaires redoutables déjà à cause de leur pouvoirs sur les esprits ennemis mais aussi à cause de leurs crochets et de leurs crocs acérés. Sans compter leur capacité à faire des bonds comme ça et à se cacher dans les ombres... Au moins savait-il désormais ce que pouvaient éprouver ses proies lorsqu'elles se retrouvaient face à lui... La sensation lui déplaisait pas mal même si l'une des créatures ne risquait pas de revenir de sitôt. La deuxième quand à elle les occupa tant et si bien que ni lui, ni sans doute le Prêcheur, ne s'aperçurent tout de suite de la disparition du baptistrel. D'un geste vif, Lorenz jeta sa dernière boule de feu sur la créature restante et chercha son frère du regard. Ses prunelles d'acier s'arrêtant sur un trou béant dans le mur face à eux... Allons bon, il n'était tout de même pas passé par là ?
Il semblait bien que si... Son odorat le lui prouvait et c'est sans la plus petite hésitation ni le plus petit coup d'oeil sur la blessure de celui-ci qu'il planta le serviteur du Néant sur place pour foncer témérairement droit dans la cavité qui avait avalé SON chanteur. Autant il n'aimait pas beaucoup voir les situations lui échapper ainsi et le forcer à prendre des risques inconsidérés, autant il ne supportait absolument pas qu'on s'empare de ce qui lui appartenait. C'est donc d'un pas vif et décidé qu'il entra dans ce qui ressemblait bien à un nid, et qui en était un d'ailleurs vu les œufs qui se trouvaient sur le sol... Mais cela n'intéressait pas vraiment Lorenz, il n'avait d'yeux que pour Merithyn et ce qu'il voyait l'inquiétait pas mal. Et pire encore, ce qu'il entendait était terrifiant.
« Merithyn ! »
Il avait prononcé son nom dans un souffle, encore incrédule devant le son que faisait le cœur de son frère. Un son infime, à peine audible même pour lui, le son d'un cœur endommagé qui vit ses derniers battements. Son souffle non plus n'était pas normal, ses poumons avaient été endommagés à un degré indescriptible. Il sentait déjà la mort, et une mort impitoyable qui ne se laisserait pas combattre. Son sang était si noir qu'on aurait pu le confondre avec celui d'un vampire, Lorenz connaissait ce symptôme. C'était celui de dommages internes profonds, le genre de dégâts que les vampires attribuaient avec amusement à une proie qui a été trop secouée et dont les organes écrasés ont souillé le sang jusqu'à le rendre impropre à la consommation. Les mâchoires serrées, il attrapa le corps frêle de son frère sans se soucier du sang qui inonda aussitôt ses vêtements et resta ainsi à le soutenir.
Sa magie effleura le blessé avec douceur, cherchant à localiser les plus graves blessures mais elles étaient innombrables. Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer une chose pareille ? La créature calcinée dans un coin n'aurait pas pu y arriver à elle seule... Son regard se posa sur un fragment de pierre qui se trouvait sous son pied et il en ressentit la puissance, il aurait été difficile de ne pas faire le lien... Mais quelle importance à présent ? Il sentait la vie qui s'échappait à toute vitesse du corps serré contre lui et toute son armure de haine ne suffisait pas à anesthésier la douleur indescriptible que cela lui provoquait. Il y avait fort longtemps qu'il n'avait plus eu mal à ce point, de quoi lui rappeler à quel point créer des liens était dangereux. A quoi bon aimer, surtout lorsqu'on était si peu doué pour ça, si c'était se condamner à un tel sort ? La première leçon ne lui avait apparemment pas suffit... Il avait fallu qu'il réitère l'expérience...
Plus silencieux et immobile que les rochers qui l'entouraient, il s'était affaissé sans cesser de soutenir le baptistrel. Les épaules voûtées, un genou à terre, il semblait touché mortellement et comme définitivement ébranlé par ce qui arrivait. L'image était étrange, c'était certainement la première fois depuis les siècles de sa transformation qu'il montrait un quelconque signe de faiblesse. Imperméable à tout ce qui pouvait bien se passer autour de lui, il repoussa les cheveux qui lui cachaient le visage de l'elfe et gronda doucement pour lui seul :
« Ce n'est pas ainsi que cela doit se passer... »
Hé, il avait promis qu'il le tuerait lui même, avait-il déjà oublié ? Bon d'accord, cette promesse s'était perdue à un moment donné, à peu près au moment où il avait décrété qu'il le considérait désormais comme son frère, mais ce n'était pas une raison pour mourir tout seul comme ça sans lui demander son avis !
L'entrée du Prêcheur ne lui échappa évidemment pas mais il ne daigna s'intéresser à lui que lorsqu'il eu a bêtise de laisser échapper quelques mots. La réponse du vampire fut instantanée, terrible de calme froideur. Il n'avait même pas daigné tourner la tête :
« Un mot de plus, Prêcheur, et le sort que te réservais ces choses te paraîtra bien doux... »
La menace était réelle, aussi palpable que la froide lame d'une dague s'enfonçant dans une carotide battante. La situation était si tendue, l'ancestral si proche de basculer dans la folie destructrice, que le moindre souffle incontrôlé aurait pu tout faire exploser. C'est finalement la coquille d'un des œufs qui craqua, détournant le serviteur des deux frères. Eh bien oui, qu'il s'en occupe. Lorenz ne répondait plus de rien si il avait l'insolente idée de seulement reposer les yeux sur Merithyn.
C'est sur ce dernier qu'il se recentra, se crispant en s'apercevant que le baptistrel le fixait, les yeux grands ouverts. La vie s'en échappait peu à peu, pour la plus grande frustration du vampire. L'odeur du sang lui emplissait le nez, une douce odeur musquée qui le laissa un moment perplexe. Ce n'était pas la première fois qu'il humait le sang de Merithyn... Ou d'un quelconque elfe immunisé d'ailleurs... Et cette fois, cela ne correspondait pas. Bien sur le fait que ses organes soient abîmés changeait l'odeur et le goût du nectar mais il y avait autre chose... Autre chose qui ne se pouvait pas... Et pourtant... De toute sa science de haut mage, il palpa l'aura magique de la créature sylvestre, s'étonnant de la trouver changée. C'était rigoureusement impossible ! Ce qu'il ressentait là n'était pas compréhensible, pas croyable... Et pourtant ses sens vampiriques abondaient dans le même sens que ses perceptions magiques, le sang de Merithyn avait une odeur délicieuse... Bien plus délicieuse qu'il n'aurait dû l'être avec son immunité... Le baptistrel semblait lire dans ses pensées, ses prunelles plongées dans celle du vampire s'étaient élargies de surprise comme si l'imminence de sa mort avait encore soudé le lien qu'ils partageaient. Sachant qu'il avait comprit, Lorenz resserra doucement sa prise sur le corps meurtrie et murmura :
« C'est toi qui décide... »
Il lui laissait la main, peut-être pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient. Ce que lui voulait n'avait pas d'importance, il lui avait dit une fois qu'il ne prendrait pas cette décision là contre son gré. Il ignorait à ce moment là qu'il serait bientôt vraiment confronté à ce choix, et que le renoncement lui serait aussi douloureux. Si Merithyn choisissait la mort alors il le laisserait partir, aussi douloureux que cela puisse être. Il ne voulait pas l'influencer mais il avait tout de même besoin de l'assurer d'une chose :
« Tu as une place à mes côtés... »
Quelques mots simples, pas spécialement importants aux yeux d'un observateur extérieur. Mais de la part de l'ancestral c'était un véritable serment. Une reconnaissance de la légitimité du baptistrel dans son cercle intime. Une vérité qui ne changerait jamais. Lorsque soudainement, il vit l'infime signe d'assentiment du chanteur, ce fut comme si le temps s'arrêtait. La décision avait été prise, et c'était comme si tout les fil du destin se rejoignaient pour tisser une œuvre qui au final n'était que justesse. Quand il dévoila ses crocs pour en effleurer la peau de la main gauche de son frère, il comprit que cette étape n'aurait pu être évité. Merithyn n'était pas un elfe... Il était fait pour marcher dans l'ombre...
Et il le mordit.
Par instinct, hasard, ou décision réfléchie, c'est à l'endroit même où lui même avait été mordu qu'il planta ses canines. Elles déchirèrent la chair tendre sans mal, l'imbibant du terrible venin qui devait tuer et pourtant sauver. Le sang jaillit aussitôt, inondant la bouche du vampire qui gronda de contentement. C'était un sang pur, un sang nourricier uniquement souillé par les dommages internes et certainement pas par une quelconque immunité. Il en était certain à présent, ce que le fragment de pierre avait fait à Merithyn l'avait aussi privé de sa protection contre le venin vampirique. Restait simplement à espérer qu'il n'était pas trop tard et qu'il y aurait encore assez d'énergie en lui pour qu'il puisse se transformer... Mais il était confiant. Il n'y avait pas plus puissant filtre de guérison que le poison des vampires même si ironiquement il devait aussi donner la mort.
Ses sens affûtés détectèrent un mouvement tout près de lui, l'amenant à se souvenir soudainement du Prêcheur et des œufs qu'il avait sans doute détruit depuis. Les crocs encore suintants du rouge liquide, il lui offrit un grondement des plus féroces afin de lui faire passer très rapidement un éventuel projet de se rapprocher du corps convulsant. Merithyn mettrait au moins une journée à achever sa transformation, et d'ici là il était clair que l'ancestral n'avait pas plus l'intention de s'éloigner de lui que de laisser qui ou quoi que ce soit l'approcher. Le message était donc clair pour le Prêcheur, soit il continuait sa route tout seul et devrait se passer de lumière, soit il se rendrait utile en surveillant l'entrée de cet étrange nid. Quelque soit son opinion au sujet de ce qui était en train de se passer, il n'avait absolument pas voix au chapitre... |
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Mer 18 Mar 2015 - 21:58 | |
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Il sentit à peine le contact de Lorenz sur son corps défait, mais la soudaine chaleur l'agressa tant il avait froid. Péniblement, il s'accrocha à cette source de chaleur, tirant d'elle, sans le vouloir, un ultime regain de quelques maigres forces. Il se sentait si fatigué, si épuisé… pourtant il ne voulait pas s'endormir. Ça non. Il aurait voulu se redresser, se remettre. Mais il n'en avait pas la force. Il n'en aurait jamais plus la force, parce qu'il allait mourir. Encore. Il ne voulait pas mourir. Il ne voulait pas abandonner Lorenz. Cette simple idée le révoltait mais il n'avait pas la force de bouger, pas même la force de tenter de le réconforter… tout cela était lointain et proche à la fois. Son corps s'engourdissant, son esprit lui devenait d'une clarté limpide. Mais c'était une trompeuse illusion. L'impression de s'élever et de tout comprendre, tout voir, avant de s'effacer du monde des vivants. Poupée de chiffon dans les bras de son frère, il observait fixement son visage, avec l'envie de lui parler, sans pouvoir le faire… Il avait si mal, quand il y pensait. La sensation de n'être plus rien d'autre qu'une poche remplie de matière plus ou moins broyée était terrible, la douleur pesante. Mais il aurait souffert pour le restant de sa vie si on lui avait donné la chance de vivre, même ainsi. Ironique tout de même, qu'il ait eu envie de partir la dernière fois, brisé par quelqu'un disant l'aimer, alors même que cette fois… cette fois quelqu'un qui l'aimait aurait voulu le garder, et qu'il se brisait lui-même car il voulait rester.
Il ne voulait pas le quitter, pas le blesser. Il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir lui assurer qu'il irait bien et vivrait, même mal en point. Pourquoi la vie était-elle cruelle à ce point, de vouloir le faire vivre quand il ne le voulait pas, simplement pour lui rendre espoir et le lui ôter au pire moment ? Non ce n'était pas ainsi que ça aurait dû se passer. Aveugle et sourd à la tension alentours, trop occupé par son agonie, il gravait chaque trait du visage de son vampire de frère, espérant s'en souvenir au-delà de sa mort… et qui savait, peut-être dans sa prochaine vie ? Plus il le regardait et plus le mantra tournait dans sa tête, son esprit affolé par la fin à présent si proche. Il ne voulait pas le quitter. Dracos, il ne voulait pas partir. Pourtant alors même que cette phrase se faisait hurlement silencieux, déchirant, à l'intérieur de son corps rompu, quelque chose sembla prendre corps entre eux. Une réalisation. Une réalisation qui fit s'agrandir ses yeux lorsque la compréhension vint. C'était impossible… mais la raison qui le lui soufflait n'était que feuille au vent, dans la tornade rugissante d'un espoir qui l'aurait fait pleurer de soulagement. Il ne savait pas comment et ça n'avait aucune importance. Tout ce qui importait c'était…. Décider ? Oh c'était déjà tout décidé. L'assurance offerte, l'affirmation, de simples mots, mais qui, à eux seuls, semblèrent lui donner la force de l'ombre d'un sourire.
Son assentiment ne fut qu'un bref, très bref mouvement de la tête. Il ne pouvait offrir autre chose, ayant perdu trop d'énergie mais il savait que cela suffirait. Ce simple geste sembla mille fois plus libérateur que toutes les colères du monde… Il baignait dans la justesse, et une nouvelle fois, alors que la chair des crocs perçaient sa peau, il regarda vers Mort, et lui dit au revoir. Mais un au revoir lointain, car il ne comptait pas, en vérité, trépasser à nouveau. La douleur des crocs, du venin injecté dans son corps, fut encore plus libératrice. Ce n'était pas de la douleur, en vérité c'était un bien être incommensurable. Tout son corps frémit, et sembla se détendre pendant un bref moment, apaisé… puis fut prit de spasmes violents. Rapidement, la brûlure de sa main gauche se rependit au reste de son corps, comme si celui-ci chauffait et se consumait… ce n'était pas la chaleur caractéristique du feu c'était autre chose… et à mesure qu'elle avançait, il sentait sa propre chaleur qui diminuait. La lueur qu'aurait dû dégager sa peau n'était bientôt plus et il se mit à trembler de plus en plus violemment. Pourtant malgré la douleur que ressentait son corps, c'était toujours ce plaisir libérateur qui explosait dans son crâne, fleurissant lentement en une fièvre sourde. Il n'allait pas mourir… il allait survivre…
Mieux que ça, il ne le quitterait plus jamais. Pas dans cent ans, pas dans milles… Jamais….
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Il se crispa de nouveau après un long moment de calme et sa faible respiration se fit encore plus sifflante, encore plus difficile… il ne parvenait plus à respirer, il étouffait. Accroché à Lorenz, il chercha violemment de l'air, instinctivement, avant de se calmer. Brûlant et fiévreux, il se blottit un instant contre le vampire avant d'essayer de s'en éloigner, son souffle produisant un son ressemblant à un râle aiguë. Sa gorge lui faisait atrocement mal et il fut prit d'un haut le cœur en griffant le sol en vomissant d'énormes quantités de sang. A nouveau, ça faisait du bien, il avait l'impression de rejeter la mort et la douleur, le désespoirs qu'il avait ressentit. Ses ongles furent bientôt en sang également, son sang tapissant le sol comme une mare sombre.
Ses tempes battaient sous la fièvre, et son regard était brouillé. Chaque mouvement le déchirait, chaque tremblement, chaque soubresaut se répercutait dans son corps et jusque dans sa tête. Le monde n'était plus qu'un brouillard incompréhensible tandis que le venin le rongeait de l'intérieur. Son regard ne voyait plus le monde autours de lui et son être était vidé de toute pensée cohérente. Il n'existait plus que son corps en fusion, que son sang s'écoulant hors de lui, rejeté et rougissant le sol et ses vêtements. Il se fit progressivement blême et après un bref sursaut, il plongea dans le tourbillon….
***
Était-ce la fin du calvaire ? La chaleur semblait moindre en son corps et il se redressa, ne sachant pas très bien où il se trouvait ni la position qu'il avait ni… rien… rien du tout… Il avait encore mal, il se sentait encore engourdis, et ses membres tressaillaient mais il voyait à nouveau. Son regard accrocha une silhouette, familière, et il tenta de parler sans y arriver. Il avait encore terriblement mal à la gorge. Il étendit les doigts brièvement vers lui, mais se laissa retomber et fut de nouveau happé par les restes de fièvre. Il referma les yeux, abandonné aux affres de la transformation, tressaillant encore par instant et la respiration si faible qu'elle disparaissait par instant. Il fallut encore quelques heures avant qu'il ne réagisse à nouveau, la fièvre disparaissant cette fois totalement alors que dans une éphémère exhalation, son souffle ne s'élevait plus du tout, son cœur cessant enfin ses frêles battements.
Ses yeux s'ouvrirent, sombre comme de l'obsidienne polie et il en cligna quelques instants, alors qu'il reprenait possession de son corps. Ses sens revirent d'abord. Ouïe, sensible, douloureuse… Vue aiguisée, mais se heurtant à un voile enténébré… touché, étrange… et ensuite faim….. il était fatigué et il avait faim… terriblement faim… atrocement faim… Il fallait qu'il fasse taire cette faim, elle le rendrait fou s'il ne le faisait pas. Se redressant il tenta de repérer les alentours. Il entendait un coeur battre, et ce son était la plus douce musique qu'il eut jamais entendu… il avait faim et ce coeur était un appel pour lui. Il ne savait pas ce qu'était ce battement, il avait simplement conscience de ce qu'il signifiait. Ses muscles se contractèrent, et il se tendait déjà vers la proie potentielle quand une autre présence se dessina près de lui. Une présence qui détourna immédiatement son attention du battement qu'il entendait….
Il tourna la tête et observa l'être près de lui avec attention, en silence, détaillant les traits de la créature. Familier. Il lui était familier. Dans le lac obscure de son esprit émergeant à peine sans qu'il sache exactement de quoi, se forma une première pensée. Silencieux, il resta un long moment à l'observer, détaillant chaque trait, retraçant sans le savoir un chemin parcourut une journée auparavant, au bord d'un gouffre terrifiante et plein de regret. Ce visage le fascinait. En le détaillant, il se rendait compte qu'il le connaissait et ça l'emplissait d'un mélange d'amusement, de curiosité, de plaisir et de perplexité… Il connaissait ces traits, il connaissait cet être. Quelque chose en lui le tirait vers l'autre. Instinctivement, il se sentait à son aise près de lui… pourtant il était incapable de savoir quoi que ce soit d'autre. Il avait faim, et rien ne venait, il avait faim et rien ne l’interpellait.
Il se sentait vide. Vide, fatigué et affamé… mais il connaissait cet être… il le connaissait bien… il n'avait aucun autre écho dans son esprit en cet instant il ne savait pas comment il le connaissait, d'où il le connaissait, il ne savait pas qui il était en substance, mais il savait qu'il le connaissait et qu'il lui était agréable, proche… proche… il sentait de l'affection à son égard, la sienne ? Avait-il…. De l'affection ? « Lo... » souffla-t-il, la voix enrouée tout d'abord et il fronça les sourcils, un instant contrarié devant ce son pitoyable. Un nouveau silence, alors qu'il forçait sur sa voix pour s'obliger à articuler davantage, et cette fois sa voix vint, veloutée, douce, paisible et profonde comme un lac de montagne creusant la roche avec lenteur mais constance, érodant tout et toute chose. « Lorenz…. ? »
Il le connaissait, il en était certain…
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Lun 23 Mar 2015 - 11:53 | |
| Les heures s'étaient écoulées avec une lenteur exaspérante. Comme tout vampire, Lorenz possédait pourtant une patience et un rapport au temps assez particuliers, mais voir son frère souffrir ainsi sous l'action du venin était tout sauf une partie de plaisir. Il avait beau se dire que c'était le seul moyen de le sauver et qu'il n'aurait quasiment pas de souvenirs de cette souffrance, ça le dérangeait tout de même. Et d'ailleurs cette perte de souvenirs lui posait problème aussi. Comment le baptistrel allait-il réagir à son réveil ? Comment allait-il réagir au fait de ne plus être baptistrel justement ? Même sans aucun souvenirs, il sentirait sans doute ce manque tout de même... Et de lui ? Se rappellerait-il simplement de lui ? Et sinon, combien de temps cela prendrait-il ? En d'autres circonstances et dans un autre lieu ça n'aurait pas dérangé l'ancestral, il avait l'habitude de gérer des nouveaux nés et aurait su l'aider à retrouver la mémoire. Mais ici... Eh bien ici ce n'était franchement pas le bon endroit pour gérer un jeune vampire à peine créé... Sauf qu'il n'avait pas le choix.
Il rumina ses inquiétudes sans cesser de surveiller la transformation ainsi que le comportement du Prêcheur. Il se méfiait de lui et de ses réactions à tout ceci, tout comme il se méfiait de toutes les horreurs qui pouvaient venir troubler leur petite fête. Ils étaient seuls pour le moment, il fallait espérer que cela continuerait. Dans le cas contraire il se battrait jusqu'à l'épuisement pour protéger ce nid qui ironiquement devenait le lieu de la renaissance de son frère. Une renaissance qui approchait...
Sa soif demeurait encore et toujours son seul moyen de mesurer le temps. Elle se faisait agressive, sournoise, influant sur son humeur et revenant de plus en plus souvent dans ses pensées. Il la chassait calmement, effleurant de temps en temps le bijou qui pendait à sa chaîne et sur lequel il avait compté pour se nourrir. Finalement il aurait une autre utilité, plus importante encore. A son âge il pouvait contrôler sa soif pendant longtemps, Merithyn lui n'aurait pas ce contrôle. Loin de là même... Ses premiers jours risquaient de s'avérer douloureux... A moins bien sur qu'il ne se nourrisse sur le Prêcheur mais cette idée était dangereuse... Bien sur il serait possible de le forcer à se soumettre à un tel repas mais il était de notoriété publique que le sang de ces créatures était un poison... Etait-ce encore le cas maintenant ? Il n'y avait aucun moyen de le savoir et l'ancestral n'avait pas l'intention de laisser son frère tester l'hypothèse selon laquelle l'abandon de Néant avait réglé le problème. Rien n'était moins sur. Ils allaient devoir trouver une solution rapidement... Encore un sujet d'inquiétude à ajouter à la multitude...
La transformation avançait, la fièvre dévorant sa victime et le venin faisant son œuvre pour détruire à une vitesse effarante tout ses organes. Bientôt, l'elfe se mit à vomir du sang, preuve que ce serait bientôt terminé. La magie sombre s'emparerait bientôt de lui, sa température commençait déjà à chuter. La soif se faisait plus insistante chez Lorenz, endurcissant l'acier déjà farouche de son regard. Il la rejetait, méprisant ce besoin viscéral de son corps et le maîtrisant avec la fermeté implacable dont il savait faire preuve. Ses yeux se fermèrent tandis qu'il entrait en lui-même, les autres sens en éveil mais l'esprit au repos. Il attendait sans faire un geste, sans même faire l'effort de vraiment respirer en dehors des quelques goulées d'air qu'il prenait régulièrement pour en analyser les odeurs. Il y avait bien longtemps que les battements du cœur de Merithyn n'étaient plus audibles, même pour lui. Des heures, plus peut-être... Aucune importance, l'ancestral aurait pu attendre des jours entiers encore malgré la brûlure qui grandissait dans sa gorge. Il l'oublia d'ailleurs totalement, exploit si il en est un, lorsque enfin, son frère eut un mouvement qui n'était pas provoqué par la fièvre ou une quelconque convulsion comme le mouvement précédent. Il était là cette fois, et il était parfait...
Le seul et unique mouvement de l'ancestral en réponse à l'éveil de sa création fut un battement de paupière. Il avait ouvert les yeux à temps pour voir ceux de Merithyn s'ouvrir à son tour et dévoiler un regard plus sombre et profond qu'il ne l'avait jamais été. Les sens en éveil, Lorenz observa sans un mot la prise de conscience du jeune vampire. Son visage restait impassible mais ses muscles s'étaient tendus, il était sur ses gardes. Ce ne serait pas la première fois qu'un nouveau né sauterait à la gorge de tout être se trouvant dans son champ de vision lors de son éveil, y compris son créateur... Et ses nouvelles facultés tout autant que l'ignorance totale de sa nouvelle force pouvait parfois faire des dégâts aussi bien à la cible qu'à l'agresseur lui même, ce que Lorenz tenait à éviter à tout prix. Ils avaient déjà assez de problèmes comme ça...
Sans grande surprise, le premier centre d'intérêt du nouveau-né fut la potentielle source de nourriture qu'il devait entendre et sentir non loin. Le Prêcheur courrait un danger terrible à cet instant, et sans doute en était-il conscient. Le prince vampire ne bougea pas pour autant, toujours concentré sur les réactions de son frère et s'attendant sans véritable doute à le voir bondir tout à coup vers Aldakin. N'importe quel vampire nouveau-né aurait agit de cette façon, c'était tout à fait naturel, normal, logique. Et pourtant... Merithyn n'avait jamais fait les choses de la même façon que les autres lors de sa première vie, il était clair que cela ne changerait pas beaucoup dans la deuxième... Une lueur patiente et amusée dans le regard, Lorenz soutint celui de la créature qui l'analysait avec ce qui ressemblait bien à de la perplexité. Il se garda bien de dire quoi que ce soit, conscient que cela pourrait freiner totalement le processus qui semblait s'être enclenché dans l'esprit de l'ancien baptistrel et qui allait peut-être lui permettre de mettre un nom sur un souvenir presque complètement effacé. Y parviendrait-il ? Lorenz aurait pu l'aider, mais cela n'aurait sans doute pas eu autant de poids et de bénéfice que ce que Merithyn alla puiser tout au fond de lui-même. Lorsque enfin il ouvrit la bouche, l'ancestral se tendit cette fois de façon tout à fait perceptible. Il fallu deux essais à son frère, mais il parvint finalement à lui tirer un sourire carnassier :
« Oui Merithyn. Sois le bienvenu au sein de mon peuple, mon frère... »
Sa voix tranquille et basse avait fait résonner leur refuge mais il l'avait contrôlée de manière à ne pas la rendre douloureuse pour les oreilles ultra sensibles du nouveau-né. Bientôt il apprendrait à apprivoiser ses nouveaux sens, mais pour le moment ils allaient certainement lui jouer quelques tours désagréables... Encore qu'il y avait plus urgent...
« Tu as soif... Bientôt nous chasserons ensembles, mais ce n'est pas encore possible... Nous devons d'abord trouver et vaincre l'ennemi qui se cache dans ces souterrains... En attendant, voici mon cadeau de bienvenue... »
Avec lenteur et sans cesser de surveiller du coin de l'oeil les réactions du plus jeune, il détacha le pendentif qui pendait à son cou et le déposa dans la main blême dont il referma doucement les doigts un à un en murmurant :
« Ne serre pas trop... Tu vois ? Ainsi c'est suffisant... »
Il savait par expérience que le premier objet saisit par les nouveaux-nés ne dépassait en général pas les deux secondes de vie. Il finissait broyé, éclaté par la force brute de la jeune créature qui se surprenait tout seul et parfois même se blessait sans comprendre d'où lui venait toute cette force. Ceci étant fait, Lorenz attendit avec confiance, il savait que l'odorat du vampire ferait le reste. Le sang contenu dans le bijou allait l'attirer comme un phare et il s'en nourrirait. A moins bien sur qu'il n'ai une proie plus intéressante en ligne de mire... Le son d'un cœur battant par exemple... Y résister serait terriblement frustrant, impossible même pour n'importe quel nouveau-né... Mais il fallait essayer... Lorenz avait confiance en son frère. Aussi appela-t-il avec fermeté :
« Prêcheur ! Ici... »
Le ton de commandement allait sans doute déplaire souverainement au concerné, mais si il voulait vivre sans se retrouver avec deux canines plantées dans le cou avant la fin de l'heure suivante alors il obtempérerait. Avec ou sans réticence, qu'importait, et sans doute avec la plus grande des méfiances, mais il n'avait pas vraiment le choix de toutes façons. Il était coincé avec eux dans ce labyrinthe, il avait donc peu d'options à sa disposition...
« Voici Aldakin du Néant. Ce n'est pas un allié. »
Il sentit le nouveau-né se tendre à cette affirmation, sans doute au supplice devant son désir de sauter à la gorge de l'être qu'on lui présentait. Mais Lorenz se tenait entre eux, plein de cette implacable autorité qu'il savait déployer :
« Mais ce n'est pas lui l'ennemi que nous devons détruire. Pas actuellement... Il peut être utile. Tu comprend ? »
Il attendit que ses mots s'impriment profondément dans l'esprit de l'ancien baptistrel en le dardant de son regard tranchant. Lui interdire fermement et simplement de toucher à cette proie serait une erreur, il ne parviendrait pas à s'en empêcher et ne comprendrait pas qu'on lui inflige une telle déception. Il fallait qu'il comprenne que ce n'était pas là un choix imposé par Lorenz, c'était la meilleure chose à faire actuellement tout simplement, restait à voir si il trouverait en lui la force de s'y conformer. Sans clémence aucune, le prince vampire affirma pour finir :
« Je serais déçu. Terriblement déçu, que tu cède à la faiblesse de tes besoins primaires. Tu peux les contenir au moins pour quelques temps. Lorsque tu ne pourra plus tenir, tu me le diras à moi. Je suis ton frère, et je suis ton prince. Tu ne veux pas me décevoir. »
L'affirmation était risquée. En réalité il ne savait absolument pas ce que le jeune vampire voulait ou ne voulait pas, mais il se basait sur ce qu'il savait de l'ancien Merithyn en espérant qu'il aurait au moins gardé certains traits de caractère. Lorsque tout fut dit, il se détourna du nouveau-né comme si il était absolument et totalement certain que celui-ci ne tenterait rien qui pourrait lui déplaire et en revint au Prêcheur :
« Il faut qu'on trouve ce Vraorg, et très vite. »
Ceci dans l'intérêt premier du serviteur du Néant, ça allait sans dire... Lui-même ne contiendrait pas sa soif éternellement et tout dangereux adversaire que puisse être Merithyn pour celui-ci, il était clair que l'ancestral en serait un d'une toute autre force... |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Jeu 26 Mar 2015 - 13:52 | |
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Le rictus qui fendit le visage de l'autre le satisfit sans vraiment qu'il comprenne pourquoi. Ça ne lui remplissait pas le ventre, mais la fascination qu'il éprouvait pour les plus petits tressaillements de ses traits suffisait encore à l'occuper. Il voyait tellement bien, tellement bien qu'il pouvait l'observer tout à loisir et déceler le moindre changement dans ses expressions. C'était sans doute cela qui le fascinait autant, cette soudaine précision… soudaine oui. Pourquoi soudaine ? Il ne savait pas mais ça l'était… et il connaissait déjà si bien ses expressions que cela ne pouvait qu'être bénéfique, de voir soudain si bien. Peu importait au final, pourquoi c'était soudain. Les sons vinrent à ses oreilles, bas, et il mit un instant à comprendre, son esprit encore engourdis. Merithyn ? C'était son nom ? Merithyn… oui c'était son nom, il se sentait y répondre instinctivement. Merithyn ? Quel drôle de nom… il sonnait étrangement. Pas facile à prononcer. Meritine ? Meri… oh peu importait au final. Lorenz le prononçait fort bien pour deux. Il n'allait pas s'appeler lui-même après tout. Autre chose attira son attention dans cette simple phrase. Frère. Ça sonnait encore mieux. Il adopta sans plus se poser de questions.Cette appellation était à lui tout simplement. Elle lui appartenait, avec tout ce qu'elle voulait dire.
Malheureusement, et à sa plus grande contrariété, la Faim revint à l'assaut, hurlant en lui à tel point qu'il eut du mal à maintenir son attention sur ce qui l'intéressait. Serrant les crocs, il observa attentivement son 'frère' qui lui parlait. Chasser ? Il avait du mal à se représenter ce que c'était, mais l'idée était plaisante néanmoins… Oui ils chasseraient. Mais pourquoi ne pouvaient-ils pas chasser maintenant ? Il y avait quelque chose pas loin après tout… ça battait, ça n'attendait qu'une chasse, non ? Il ne comprenait pas ce qui les empêchait de chasser tout de suite et d'ensuite trouver cet… ennemi. Mais Lorenz devait avoir une bonne raison pour ça après tout. Il le fallait bien. Si ennemi il y avait, sans doute les empêcherait-il de chasser. C'était le plus probable. Et quiconque l'empêchait de chasser avec Lorenz devait mourir. Mourir… étrangement c'était sans doute le concept qu'il maîtrisait le mieux en cet instant. Il lui était si familier. A nouveau, il essaya de parler, mais rien ne vint. Pas parce qu'il n'y arrivait pas, il se sentait parfaitement capable de parler… mais il était curieux. Et cette curiosité n'avait pas besoin de mot. Se laissant approcher, il l'observait attentivement…
Ses sombres prunelles d'obsidiennes polies luisirent tout d'abord d'une certaine méfiance instinctive et primaire, considérant les gestes comme des appels à une violence qui pulsait, latente, dans son corps. Mais bien vite, sa méfiance s'estompa, remplacée par une implacable confiance tout aussi instinctive. Quelque chose de très profond en lui amadouait ses pulsions, à son égard. Il se tassa à peine, le corps frémissant par instant, mais la violence définitivement muselée. Lorenz se déplaçait avec lenteur, avec des gestes si mesurés et fluides qu'ils n'inspiraient pas à son être nouvellement éveillé l'envie de lui sauter dessus tous crocs dehors. Contrairement à cette chose qui battait pas loin… Mais il se concentrait uniquement sur son frère. Pas un seul instant il ne relâcha son attention, quand bien même son corps hurlait, il observait chaque frémissement et chaque geste effectué par Lorenz, se gavant des informations qu'il recevait comme une éponge asséchée… Penchant la tête sur le côté, il surveilla le pendentif avec curiosité, l'observa alors qu'il venait reposer dans sa main.
La sensation du poids, minuscule et ridicule, lui fit immédiatement frémir le bras, ses doigts prit d'un spasme alors qu'ils menaçaient effectivement de se refermer sur l'objet pour le broyer instinctivement. Il se laissa guider, observant ses doigts se refermer sur le bijoux sous les conseils de Lorenz avec la même fascination qui l'avait conduit à le décortiquer du regard. A nouveau, ses doigts frémirent, mais ils ne serrèrent pas plus que ce que lui avait conseillé son guide. Cette simple vision le laissa parfaitement satisfait et il esquissa l'ombre d'un sourire, qui se dissipa cependant bien vite. L'odeur qui se dégageait du bijou était… tentante. Enivrante. Elle faisait écho à la Faim qui lui remuait le corps. Mais s'il sentait terriblement bon, il y avait quelque chose qui lui faisait encore plus envie, et c'était cet insistant battement qui lui martelait les oreilles. Des oreilles qu'il avait terriblement sensible. Le moindre son trop franc lui faisait mal. Il entendait nettement un autre bruit, en dehors du battement…. Un bruit de frottement… une respiration.
De l'air oui, une respiration. C'était une respiration… elle lui agressait les oreilles, encore plus dans ce silence… elle le déconcentrait… Pendant un bref instant, tout le reste perdit à nouveau son intérêt et il sentit monter en lui une furieuse envie de bondir sur ce qui faisait autant de bruit, pour s'en repaître et le faire définitivement taire. La voix de Lorenz le ramena brutalement à la réalité et il cligna des yeux, dérouté pendant quelques secondes. Le chaos sonore qui suivit le fit grimacer et grincer des dents, rentrant la tête dans les épaules et se couvrant une oreille de sa délicate main, agrippant la chevelure comme si serrer celle-ci pouvait atténuer encore davantage les sons. Son regard suivit la forme bipède qui s'approchait avec une hostilité grandissant à chaque instant qui passait. Pas un allié… l'inimité dans son regard abyssal faisait luire ses prunelles d'une flamme sombre et glacée.
Son corps entier se tendit à l'extrême, les muscles contractés jusqu'à devenir douloureux. Le moindre geste l'aurait fait bondir sur celui que Lorenz appelait Aldakin et il aurait sans doute essayé de le déchiqueter. Mais pas à cause de la Faim. C'était de la haine brute qu'il ressentait pour lui. Mais ça n'avait rien de personnel. Cette chose bruyante ne lui était rien si ce n'était une proie et une gêne par le bruit qu'il produisait…. Mais Lorenz disait qu'il n'était pas un allié. S'il n'était pas un allié alors il le tuerait, tout simplement. Ce qui n'était pas leur allié devait disparaître, c'était simple, non ? Il fallut quelques longues minutes pour qu'il accepte de comprendre ce qu'on lui disait-là. Se restreignant tant bien que mal, et avec énormément de difficultés, il accepta de faire raison des paroles de Lorenz. Il restait planté là, tremblant tant l'effort était grand, crocs serrés, son implacable regard de ténèbres braqué sur le visage de son frère. « Non » finit-il simplement par dire. Non, il ne voulait pas le décevoir. Il voulait l'aider. Il devait l'aider et le protéger.
Se trouvant incapable de s'en prendre à cette proie, il se retourna vers le cadeau de Lorenz et l'étudia une fois de plus, en faisant très attention à ne pas le briser, il l'approcha de ses lèvres pour en aspirer le contenu, qui glissa au fond de sa gorge avec délice. Le sang n'était pas chaud, mais il était doux et nourricier et ça lui suffisait sur l'heure… ce n'était qu'un peu d'eau sur le brasier de sa faim, et pourtant il s'en satisfait promptement, le prenant comme une promesse d'un meilleur repas lorsque la proie ne serait plus utile à son frère. Boire le sang pour la première fois était indescriptible, mais lui apportait une sensation de bien-être total et profonde pendant quelques instants. C'était terriblement bon et cela aida fortement son caractère, l'adoucissant pour le moment, quand bien même il avait encore très faim. Vidant le bijou jusqu'à a dernière goutte, il se décida à l'attacher autour du cou. Ses doigts butèrent cependant sur la présence d'un autre métal à cet endroit et il eut bien du mal à ne pas simplement arracher ce qui pendait à sa gorge gracile. Ne se sentant pas capable de ne rien briser sur l'instant, il rangea à la place la verroterie vide dans la sacoche à sa taille.
En balayant les lieux, il capta une lueur singulière au sol et cligna des yeux. C'était une lueur sans en être une, elle rayonnait, mais ce n'était pas une lumière telle qu'il la concevait instinctivement. Ce fut pourtant son instinct qui lui souffla de ne surtout pas toucher cette chose. Elle était mauvaise pour lui.Dangereuse. Mais pas dangereuse pour tous. « Il doit la prendre » affirma-t-il, péremptoire et sans s’embarrasser de les couper peut-être en plein milieu d'une discussion. Son sombre regard se tourna de nouveau vers eux, et traîna sur Aldakin, les sables héraldiques s'emplissant un instant d'un éclat prédateur qu'il chassa bien vite et il affirma une seconde fois, directement à ce coeur battant. « Tu dois le prendre » Et il indiqua la roche au sol. Le tu était venu tout seul, car il ne se souvenait pas d'une autre façon d'appeler directement quelqu'un. Sa voix avait encore un peu de mal sur certaines intonations, ses cordes vocales semblant rouillées. Il devrait les travailler, sans savoir qu'elles aussi lui avait été rendues grâce au venin. Trouvant qu'il n'allait pas assez vite à son goût, il le fit savoir « Dépêche toi »
Il se désintéressa de lui et essaya de faire quelques pas, encore mal assuré sur ses jambes. C'était frustrant… il se sentait tellement fort, et pourtant avait l'impression que son corps rechignait à obéir. Il n'avait pas eu cette impression là en s'éveillant… Il avait également du mal à ajuster ses distances, sa vision était plus importante qu'il n'aurait pensé, et son sens des distances s'en trouvait faussé. Il s'appliqua néanmoins, car c'était plus simple que de discipliner sa force ou son ouïe. Une ouïe qui semblait lui jouer des tours. Relevant violemment la tête, il tourna et vira soudain, cherchant la source de ce qu'il entendait, mais incapable de savoir de quoi il s'agissait exactement. C'était confus et distant, très distant… et pourtant bien présent. Cela lui rappelait vaguement le brouhaha insupportable de cet Aldakin-là. Portant sans vraiment en avoir conscience la main à son oreille, il resta à écouter encore quelques instants avant de souffler. « Lorenz….. ? » Il était après tout sa seule référence, son seul supporte et d'ailleurs le seul qu'il désirait, sans doute. Il pourrait l'aider, il le savait, lui saurait de quoi il s'agissait. « Lorenz, j'entends des bruits. Des bruits qui ressemblent à celui-là » fit-il en pointa le coeur battant du bipède qui les accompagnait.
Ce n'était pas normal. Ça il en était certain. Déjà, parce que des bruits, il y en avait peu si on omettait le bazar ambulant et respirant et battant, qui s'occupait de son cailloux qui n'en était pas un. Ensuite, parce qu'il avait la ferme conviction qu'ils n'étaient pas les bienvenus ici, et que, de fait, personne faisant un tel bazar ne pouvait être le bienvenu ici. Il grimaça légèrement, forçant son ouïe jusqu'à en avoir mal à la tête. « Ils se déplacent je crois… je…. Je pense que je sais où ils sont. On pourrait les chasser eux ou juste les attraper ? » Après tout, si un vivant leur était utile, probablement que plus du'n vivant serait également utile ? Et puis, ça l'intriguait… ça l'intriguait même énormément.
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Dim 29 Mar 2015 - 12:17 | |
| A ce jour, Aldakin ne se souvenait pas avoir jamais pris plaisir à tuer : tous ceux qui avaient péris sous sa lame avaient été froidement exécuté, sans haine ni remord, simplement parce que telle devait être leur fin. Mais dans le cas de l'abomination dégénérée qui cherchait en ce moment même à s'extraire de son oeuf, sous le regard absolu du Prêcheur, les choses étaient différentes. Cette créature et ce qu'elle deviendrait, ou plutôt ce qu'elle aurait pu devenir, ne méritait ni clémence ni pitié tant son existence elle-même semblait une erreur impardonnable. Et de fait, Aldakin éprouva bel et bien un sincère sentiment de satisfaction en plongeant l'acier de son épée dans l'oeuf, contemplant les derniers gargouillis d'agonie de la créature qu'il y avait transpercée. A propos d'agonie justement, un certain chanteur baptistrel devait à présent avoir rendu son dernier soupir, mieux valait récupérer le prince vampirique endeuillé et quitter les lieux avant que la génitrice de la dernière victime du général alayien ne rentre au nid. Toutefois, ce fut une scène bien différente de celle à laquelle il s'était attendu que le Prêcheur découvrit lorsqu'il ramena son attention sur les deux plus grands blasphémateurs du continent. Agenouillé auprès du cadavre elfique, Wintel semblait avoir décidé de recycler le corps du défunt et, plus surprenant encore, semblait bel et bien y être parvenu. De ce qu'il savait du peuple des Bois, les elfes étaient pourtant en grande majorité immunisés aux effets du poison vampirique, mais cela n'en changeait rien aux événements qui se déroulaient devant ses yeux. La perspective de se trouver en présence d'un jeune vampire assoiffé de sang n'était pas la plus réjouissante qui fut, si bien que l'espace d'un instant, Aldakin se laissa caresser par l'idée de tirer parti de la vulnérabilité du vampire et sa proie pour les abattre l'un et l'autre. Il s'en abstint toutefois prudemment, jugeant préférable d'affronter les crocs d'un vampiret plutôt que ceux des horreurs dissimulées dans les ombres du labyrinthe. Sage décision, à en croire le grognement furieux qu'adressa le prince des vampires au général déchu.
« Grogne tant que tu veux, vampire, mais si ces choses nous découvrent ici, il faudra plus que cela pour les tenir à l'écart de ton protégé. »
Ce fut tout, ne restait à présent plus qu'à espérer que l'affirmation du Prêcheur n'aurait pas à se vérifier. Les heures suivantes s'écoulèrent dans un silence impénétrable, tout au plus perturbé par les geignements et crachotements du jeune transformé agonisant, Aldakin s'occupant de monter la garde à l'entrée du nid tandis que le prince vampirique veillait sur sa nouvelle recrue comme une mère eut veillé son petit.
Au bout d'un temps que l'alayien ne cherchait même plus à évaluer, la voix du prince résonna contre les parois de la grotte secrète, signalant indirectement la fin du processus et le retour à la vie... à la conscience... du chanteur anciennement elfique. Quand bien même son bras blessé ne lui laissait que d'autant moins d'espoir d'en tirer quelconque usage significatif, Aldakin raffermit sa prise sur le manche de sa lance et se redressa, prêt à affronter du mieux qu'il le pouvait son potentiel prédateur. Il ne craignait pas la Mort en tant que telle et n'éprouvait nulle frayeur à l'idée de périr sous les crocs du vampiret, mais la perspective d'échouer dans sa quête ne lui en demeurait pas moins particulièrement désagréable. Méfiant mais conscient qu'il n'avait pas de réel autre choix, le Prêcheur approcha lorsqu'on le lui demanda... ordonna. Placide, ce dernier conserva un mutisme strict tandis que le prince vampire le présentait et, avec une touchante prévenance, dressait son nouveau chien de guerre pour ne pas que celui-ci sauta à la gorge de l'alayien. Ce n'est que lorsque l'ancestral se décida à s'adresser directement à lui qu'il consentit à desserrer les lèvres :
« J'allais vous le suggérer. »
Ils n'avaient déjà que trop perdu de temps, d'abord tout au long de cette interminable descente vers les profondeurs obscures, puis dans ce labyrinthe fort mal fréquenté et finalement dans ce nid qu'ils auraient mieux fait d'éviter. Joignant le geste à la parole, Aldakin se retourna pour diriger ses pas vers la sortie mais la voix du nouveau né vampirique l'interpella pour exiger de lui qu'il ramassa l'objet auquel il devait son état. Sérieusement ? Pour finir comme lui ? Merci mais il n'était pas vraiment intéressé. Cependant, avait-il seulement le choix ? Le petit vampiret insistait, il y avait peu à parier que son aîné se rangerait du côté du Prêcheur et cette pierre semblait vraiment beaucoup leur importer.
Contraint et forcé, le Prêcheur s'approcha donc de la pierre mystérieuse et se baissa pour en approcher le bout des doigts. Un tremblement réflexe agita sa main mais il fut incapable d'interrompre son geste et se saisit bientôt de l'objet, exhalant un soupir qui serait peut-être bien son dernier lorsque le contact se fit finalement. D'abord, il sembla que la pierre aurait bel et bien le même effet destructeur sur le plus fervent partisan du Néant, lequel ressenti une vive douleur traverser son corps, tel qu'aurait pu le faire un éclair de foudre. Avec un cri douloureux, il écarta les doigts et eu un geste de recul, comme s'il avait ainsi espéré rejeter loin de lui la responsable de sa souffrance. En vain, cependant, car animée d'une volonté qui lui semblait propre, la pierre, elle, ne le relâchait pas. Que du contraire d'ailleurs, puisque tel un parasite qui eut trouvé un hôte susceptible de lui convenir, ses cristaux déchirèrent la peau du serviteur alayien pour s'enfoncer dans ses chairs, le joyaux se brisant en une multitude de minuscules éclats qui se répandirent dans le corps du Prêcheur sous le regard endoloris de ce dernier. L'assimilation ne dura que quelques secondes, mais qui n'en semblèrent pas moins des années de souffrance pour le réceptacle de chair qui tomba à genoux, geignant et grimaçant sous l'effort qu'il déployait pour ne pas purement et simplement perdre connaissance. Lorsque l'objet se fut totalement imprégné en lui, Aldakin put rouvrir les yeux et baissa le regard sur sa paume ensanglantée, inspirant avidement l'air nauséabond du nid tandis qu'il observait le dernier éclat luisant qui disparut bientôt dans la plaie. Dans le même temps, la douleur laissa la place à un regain de vitalité, effaçant non seulement la fatigue du périple mais gratifiant également le représentant du Néant de soins plus que bienvenus. Sous ses yeux, la plaie de sa paume se referma en quelques secondes tandis que son bras brisé par les crocs de la bête retrouvait sa force et sa vigueur. Mais cette pierre qu'il avait recueillie et dont il se trouvait à présent porteur représentait plus, bien plus encore, il en acquit rapidement la certitude. Cet objet était profondément et intimement lié au Néant, sans doute était-ce la raison pour laquelle l'elfe désormais vampire avait subi un tel sort à son contact. Mais pour un Prêcheur dont la ferveur religieuse ne connaissait aucun égal, cette pierre sacrée représentait un véritable atout. Machinalement, l'alayien porta une main à son poignet guéris, ouvrant et refermant sa main comme pour en évacuer les derniers picotements douloureux, plongeant son esprit dans une minutieuse inspection de ses ressentis physiques autant que spirituels. Il se sentait bien, il se sentait fort, il se sentait robuste mais aussi et surtout, il se sentait... investi par le Néant. En vérité, il éprouvait la vive impression d'être plus proche de l'Esprit qu'il vénérait qu'il ne l'avait jamais été, et cette sensation le comblait autant qu'elle ravivait l'inébranlable flamme de son assurance, à tel point qu'il éprouva l'urgent besoin de mettre à l'épreuve son hypothèse.
« Wintel ! Lance moi un sort. »
Une requête impérieuse plutôt qu'un ordre, mais il n'en poursuivit pas moins avec toute la conviction qui pouvait être la sienne :
« Feu, foudre, glace, ténèbres ou pouvoirs de l'esprit, peu m'importe, écrase moi de ta magie, Ancestral. »
Ses propres mots ne faisaient que renforcer un peu plus encore sa détermination, il avait la plus absolue certitude que les sorts du vampire ne feraient que glisser sur lui sans lui causer le moindre tort. Car cette pierre avait non seulement réveillé les pouvoirs que lui accordait autrefois le Néant, mais en avait également décuplé l'intensité, ou du moins était-ce l'impression qu'éprouvait le Prêcheur. Et cette plaisante sensation d'invulnérabilité ne manqua pas attiser son impatience : il allait trouver Vraorg, oui, et très vite. |
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| Sujet: Re: L'ombre du cauchemar [PV Merithyn] Dim 29 Mar 2015 - 18:16 | |
| Il avait parfaitement entendu la dénégation du nouveau-né, son visage n'en avait rien montré mais il était soulagé, et secrètement heureux. Merithyn n'avait pas entièrement changé... Il y avait des choses qui demeuraient. Non seulement ça allait faciliter beaucoup les choses mais en plus c'était plutôt plaisant. Quelque soit le temps qu'il prendrait à retrouver ses principaux souvenirs, il y aurait au moins des bases solides sur lesquelles s'appuyer. Le Prêcheur était d'accord avec lui sur un point, sans doute pour la première fois depuis leur toute première rencontre... D'un autre côté il aurait pu difficilement ne pas l'être étant donné que sa survie dépendait du temps qu'ils allaient mettre à trouver Vraorg. Et sa survie suite à cette rencontre là ? Hmm... Chaque problème en son temps. Pour le moment il en avait un autre sur les bras et il ne le comprenait pas du tout celui là ! Pourquoi Merithyn voulait-il absolument qu'Aldakin s'empare du fragment de pierre ? A défaut de pouvoir s'en nourrir, voulait-il lui infliger la même chose que ce qu'il avait vécu ? Non... C'était autre chose... Et Lorenz était un être trop instinctif pour ne pas pressentir que cette exigence soudaine du jeune vampire cachait quelque chose. Alors oui, il aurait forcé le Prêcheur à se saisir de la pierre, quand bien même il savait que ça avait de très fortes chances de le tuer alors qu'il avait voulu l'éviter. Ce ne fut néanmoins pas nécessaire, le concerné avait apparemment comprit qu'il n'avait pas le choix et s'était décidé à se pencher vers la dangereuse matière. L'ancestral se tendit en le voyant l'effleurer du bout des doigts, dans l'attente de la possible catastrophe qui allait sans doute leur tomber dessus. Mais ce qu'il se passa resta totalement incompréhensible à ses yeux. Un cri de souffrance, un geste de recul. Lorenz cru un instant que le Prêcheur allait jeter la pierre loin de lui mais il ne sembla pas y parvenir. Toutes ses propres protections magiques au plus haut, englobant même son frère dans ses barrières sans que celui-ci n'en soit sans doute totalement conscient, il fixa attentivement le Serviteur du Néant et plus encore le contenu de sa main qui... N'était plus ? Avait-il pu briser la pierre simplement par la force de sa poigne ? Le prince avait du mal à y croire... Sous ses yeux, les dizaines de petites écorchures provoquées par les éclats se refermèrent et une lueur presque alarmée s'alluma dans l'acier de ses prunelles tandis qu'il réalisait que le fragment avait totalement fusionné avec le Prêcheur. Il n'avait pourtant pas ressentit de véritable potentiel magique dans cet objet mis à part cette noirceur incompréhensible qui avait attaqué Merithyn... La vérité lui vint finalement, fruit de ses siècles d'étude attentive sur le fonctionnement de la trame et des derniers éléments en sa possession concernant la haute magie. Ce qu'il avait ressentit, ce qui avait détruit Merithyn, c'était du Vide. La pierre appartenait d'une façon ou d'une autre au Néant... Tout ceci n'avait duré que quelques secondes, le temps pour Merithyn de repérer quelque chose... Lui-même n'avait rien entendu mais ce n'était pas particulièrement étonnant, les sens des nouveaux-né étaient bien plus sensibles que ceux des autres vampires. Ce qu'il entendait pouvait tout aussi bien se situer à des lieux et à des lieux d'ici... Sans quitter le Serviteur des yeux, il répondit au vampire : « Nous allons voir ça... Attends quelques secondes... »
Car il y avait plus urgent... Bien plus urgent... Et pourtant la certitude qu'il y avait des vivants dans ce labyrinthe était plus qu'appréciable à ses yeux. Le problème c'était qu'il ne savait pas très bien comment il devait prendre ce tour de passe passe d'Aldakin et plus encore jusqu'à quel point cela pouvait s'avérer dangereux. Etait-il encore lui-même ? Suivait-il toujours les mêmes objectifs ? Néant avait-elle un plan quelconque en laissant son serviteur se lier ainsi à cette... Ce... A il ne savait trop quoi ? Des questions qui tournèrent sans sa tête mais qui furent bientôt balayées par ce que l'autre lui demandait. Quoi ? « Tu as perdu la tête ? »
Question on ne pouvait plus sérieuse. Peut-être bien que l'esprit de la créature du Néant n'avait pas survécu à cette espèce de fusion... Il ne pouvait que se le demander vu que c'était bel et bien la première fois qu'on lui réclamait de se faire agresser. Mais Aldakin avait l'air de savoir ce qu'il faisait, en tout cas il n'avait pas l'air fou... Pas plus que d'habitude disons... Bien... Si c'était ce qu'il voulait... Seule une très légère contraction de ses pupilles trahit sa tentative avant qu'il ne fronce finalement franchement les sourcils. Le sort d'étreinte ne pardonnait pas. C'était de la haute magie vampirique, une magie terriblement douloureuse puisqu'elle permettait d'étreindre magiquement le cœur de la victime et ainsi de lui provoquer une terrible douleur, voir la mort en cas d'insistance. Mais Aldakin n'avait pas réagit du tout, et d'ailleurs Lorenz avait bien ressentit que l'énergie de son sort n'atteignait pas la cible. Il avait été dévié comme une goutte d'eau glissant sur la surface lisse d'une vitre. Voilà qui était déconcertant... Et inacceptable. Son regard se durcit et il effectua cette fois un geste clé impeccable afin de mieux concentrer sa magie et provoquer une blessure à sa cible. Sans succès... Son regard croisa celui du Serviteur tandis qu'il comprenait peu à peu à quel point ce qui venait de se passer l'avait renforcé et voyant qu'il ne réagissait pas, attendant sans doute qu'il fasse d'autres tests, il attaqua sous d'autres angles. Les sorts de toutes sortes qu'ils soient vampiriques ou humains n'avaient pas d'effet, même ceux de très haut niveau. Il cessa finalement sur un hochement de tête : « Il faut croire que ta protectrice ne t'a pas abandonné tant que ça... Espérons que ça nous sera utile... »
Il le fixa encore quelques secondes, l'aura de pure et sombre puissance qu'il avait déployée l'enveloppant encore, puis prévint avec une calme froideur : « Ne commet pas l'erreur de te croire en position de force pour autant. Si il faut te tuer de façon plus conventionnelle pour être certain que cela fonctionne, je saurais me faire une raison... »
Il y avait bien des façons de se servir de la magie pour tuer quelqu'un, ses batailles contre les Alayiens le lui avait apprit. Et quand bien même cela ne suffirait pas, il demeurait un vampire avec tout ce qui cela impliquait. Il allait devoir se montrer prudent, méfiant même, mais c'était dans sa nature. Et il était presque sur que tout nouveau-né qu'il soit Merithyn avait parfaitement capté la lourde atmosphère qui pesait sur eux. Echapper à la vigilance gourmande d'un nouveau-né c'était comme vouloir se faire discret alors qu'on perdait tout son sang au milieu d'un océan plein de requins... « Guide nous Merithyn. Je veux voir ces vivants... »
Il ne lui suffirait sans doute que de quelques pas dans la bonne direction pour entendre et sentir à son tour les intrus qui se baladaient au milieu de toutes ces horreurs. Mais il allait avant tout garder un œil sur le Prêcheur. C'est ainsi, dans une vigilance réciproque et totalement en silence qu'ils se rapprochèrent peu à peu de la source de ce bruit. Des vivants... Qui cela pouvait-il être ? RP TERMINE (suite ici quand ce topic aura été déplacé dans le labyrinthe. |
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