Alauwyr grommelait bassement. La plaine s'étendait à perdre de vue, bien loin et au-delà de l'horizon. Le soleil se couchait à peine quand il avait atteint l'orée de cette forêt qui se trouvait sur la frontière qui séparait l'Empire Humain du royaume Vampirique. Fallait-il que l'Alayien savait qu'il se trouvait sur cette frontière. Depuis la débandade, il n'avait pas eu l'occasion de voir la moindre carte et depuis que cet appel résonnait dans sa tête, il n'avait fait que partir vers l'est. Toujours l'Est ! il avait bien tenté d'y résister, avant de comprendre que cela était peine perdu. La magie... La magie était en oeuvre pour essayer de le manipuler et le pousser là où on voulait qu'il aille ! Force de constater néanmoins qu'en suivant cette traîtrise, il en souffrait moins, mais cela le détourner de son objectif : remonter au Nord ! Depuis la défaite de l'Aube Rouge, il avait presque vagabondé et maintenant, le voilà qui obéissait malgré lui à cet Appel... Avec de la chance, en venant à celui ou la chose qui l'émettait, il pourra s'en libérer.

Son poing se serra contre le tronc charnu d'un vieux bouleau. Qui ou quoi que cela pouvait être, qu'il prie ses traîtres d'esprits pour avoir osé manipuler l'Alayien. Alauwyr songeait déjà à diverses façons de faire payer le prix de cet outrage et de sa perte de temps. Une perte de temps qui le mettait dangereusement en mauvaise posture. Car hormis quelques ''mauvaises'' rencontres, il avait eu de la chance de pas se faire tuer ou emprisonner. Il était encore en vie. Mais pour combien de temps encore ?

Il errait depuis des jours. Ses rations n'étaient pas infinis et de ce qui lui restait, c'est à dire pas grand chose, il pourrait tenir que quelques jours. Outre d'avoir "réquisitionné'' une gourde en peau de chèvre pour avoir de l'eau avec lui et de réussir à attraper un gibier ou deux depuis qu'il faisait marche vers l'Est, il ne pouvait nier qu'il était un peu affaibli par la pénibilité de sa situation. Qu'on ne se trompe pas sur sa volonté de rester en vie. Il serait encore capable de se battre encore avec bravoure, mais l'épuisement le gagnerait bien plus rapidement. Peut-être qu'il ne croisera personne quand il se décidera de franchir l'immensité verte qu'était la plaine qui s'étendait sous ses yeux. Pour le moment, il lui fallait attendre la nuit. La progression sera plus discrète. Les chances de rencontrer des rebelles, des elfes ou encore des vampires étaient moindres ; il l'espérait fortement.

La pleine nuit viendrait dans quelques heures. Il chercha un recoin où se cacher le temps de se reposer un peu et trouva la cachette idéale : dans le large creux d'une grande branche maîtresse d'un vieux chêne. Peut-être que la nature n'était pas apprécié d'un Alayien en général, mais le combattant remercia presque cet arbre pour cet asile temporaire. Il sut y grimper et s'enroula dans sa cape noir, capuche mise sur sa tête et main posée sur son épée. Au moindre signe de danger, il la dégainera. Puis il ferma les yeux, espérant dormir quelques peu, mais pas trop profondément non plus, pour que le moindre bruit suspect le réveille. Et dans quelques heures, dans la nuit noire, il se mettra en marche à travers cette plaine... vers la source de ce satané appel !

Quand Alauwyr s'éveilla, la nuit était bien présente et l'air frais. Une légère brume voilait la voûte céleste, voilant par endroit les nombreuses étoiles qui scintillaient là-haut. Une fois qu'il fut descendu de son abri arboricole, l'Alayien était resté aux aguets pendant un petit moment, sondant dans la lointaine obscurité la plaine qui se dressait toujours devant lui, cherchant à percevoir le moindre mouvement suspect. Il devait prendre des précautions. Il savait que la traversée sera longue et dangereuse. Être à découvert pour un guerrier était un environnement nullement sécurisé. Mais avait-il vraiment le choix ? Passer par un autre chemin ne changerait pas à la dangerosité de sa situation.

Quand enfin il se décida à faire le premier pas, il garda sa main non moins de la poignée de son épée, prête à la dégainer. Avec de la chance, il entendrait la venue d'hommes en armes. Dans la nuit, les sons portaient loin. Bien entendu, il s'était assuré de la place de sa capuche au-dessus de sa tête et sur ses épaules. La discrétion n'était que sommaire, le mieux pour limiter d'attirer le regard aurait été de ramper, mais Alauwyr ne pouvait se permettre la moindre perte de temps. Plus vite, il trouverait l'origine de cet appel et plus vite il pourra remonter dans le nord... Si d'ici là, le destin ne décidait pas de remettre son sort en question.

Après une bonne heure de marche, le recoin boisé qui avait été son abri temporaire était bien loin derrière lui désormais. Autour de lui, ce n'était que plaine à perte de vue. Aucun point de repère, aucun mouvement de terrain ne lui offrait un guide pour s'orienter. Il s'arrêta donc, le temps de lever la tête vers les étoiles. Elles restaient le moyen le plus fiable pour s'orienter. Et avant même d'être certain de sa direction, quelque chose se dévoila soudainement, émettant en même temps, le bruit caractéristique d'une arme qu'on dégainait. L'Alayien s'était déjà retourné, son épée rageant dans un crissement métallique en sortant de son fourreau. D'où sortait cette ombre ! Il se maudit intérieurement d'être devenu négligent. Une déficience de ce genre pouvait lui coûter la vie ; si son existence ne venait pas de se mettre dans la balance du jeu de la mort justement.

Alauwyr avait plissé du regard après avoir entendu les paroles prononcées par cet adversaire inconnu... Un petit creux de quoi ? De sang ou de combat ? Il essaya de détailler l'être qui était comme sorti du Néant. Soit il était vraiment devenu négligent, soit cet homme n'était pas si homme que cela. Il allait vite s'en assurer.

Là où un autre Alayien aurait pris ses jambes à son cou pour fuir le plus loin possible, Alauwyr restait face à Roëric. Fuir n'était que pour les lâches et il avait assez fui depuis la défaite des siens depuis l'Aube Rouge. Il avait bien affronté quelques vampires depuis le premier jour qu'il avait posé le pied en Armanda, mais pour ce qu'il arrivait à voir de son adversaire, son allure droite et fière ne laissait aucun doute. Il savait reconnaître un homme qui savait se servir d'une lame. Celui-ci, s'il était bien ce qu'il pensait, et il avait de moins en moins de doute, ne serait pas un simple vampire faiblard. Il dégageait presque une prestance dangereuse : celle d'un prédateur. Et cela aussi Alauwyr savait la reconnaître. Si cet homme était bien un vampire, alors il était expérimenté... très expérimenté

Un Alayien aurait doublement eu de raisons de tenter de fuir cet être. De part sa posture martiale sûre d'elle, d'être un vampire et surtout.... de pas être capable de le combattre. Néant avait disparue. Le verre noir n'avait plus d'emprise sur tout ce qui touchait à la magie, rendant les armes des Alayiens.... normales. Oui, rien que ces facteurs défavorables pour un Alayien aurait suffit à donner de la peur au ventre et à déguerpir le plus rapidement possible. Mais pas Alauwyr.

L'Alayien à la chevelure grisée se tenait déjà en garde.

''Cela fait-il une grande différence à vos yeux, Nocturne ? ''

Son coeur battait un peu plus dans sa poitrine, préparant à chaque souffle le corps au combat Même si Roëric avait de quoi impressionner, Alauwyr était concentré pour le combat à venir, car nul doute que cet ennemi était là pour cela ! Un Alayien n'était voué qu'à être occis.

Un petit rictus ironique apparut à ses lèvres, malgré la tension que provoquait cet être devant lui.

''Un Alayien je suis, mon cher... Cela vous sied-il comme réponse à votre interrogation ? Non que je doute que cela change quoi que ce soit à la raison véritable de votre présence face à moi....''

Sa lame se leva à peine. Il consolidait juste un peu plus sa posture, ses doigts plus serrés sur la prise qu'il avait sur sa lame. Un vampire se nourrissait que de sang. Et celui-là aurait sans doute plaisir à le faire saigner pour s'en repaître avant de l'achever.

''J'espère que votre soif sera récompensée à juste valeur, car sachez ceci Nocturne : je ne jouerai pas le mouton qui attend avec frayeur son passage à l'abattoir...''

Ou clairement, l'Alayien défendrait chèrement sa peau....

[hrp : aucun soucis pour le petit bond mon cher Dents-Longues :p]

Roëric détailla la proie. Ses battements de cœur l'indiquaient comme humaine. Sa vision nocturne lui montrait bien un humain, un guerrier. Vétéran probablement. Fait notable, sa chevelure presque blanche n'avait rien à envier à celle du vampire. Il portait bien son équipement, se tenait correctement en garde. Tenait convenablement son arme. Un soldat de métier, mais seul au beau milieu de nul part. Donc un déserteur.

La question prit le Maître-Lame au dépourvu. Cela faisait-il une différence ? Pourquoi poserait il la question autrement ? Par goût de l'ironie peut-être. Cela restait de mauvais goût, mais le guerrier ne pouvait nier avoir maintes fois pratiqué un humour un peu tordu.

Eh bien oui, puisque tu poses la question mortel, cela fait une différence. Je suis un régime bien spécifique.

Le tutoiement était venu naturellement, sans volonté de manquer de respect à son interlocuteur, mais sans pour autant vouloir le ménager. Les salamalecs n'avaient pas court entre guerriers, de plus, le vouvoiement impliquait quelque déférence, que le vampire n'arrivait tout simplement pas à éprouver envers les humains. Non pas qu'il ne les appréciât pas, mais ils étaient si fragiles... C'était comme mettre sur un piédestal un petit animal de compagnie, dont vous saviez la durée de vie être infiniment plus courte que la votre.

Enfin, son interlocuteur arrivait tout de même à sourire de la situation (bon il lâcha un rictus, mais c'était déjà pas mal étant donné les circonstances). Il était pourtant tendu comme un ressort. C'était quelque chose que le vampire appréciait chez autrui : cette capacité de recul et de détachement devant le danger. Sourire au nez de la mot, voilà qui avait du panache.

Comme je me tue à le dire, cela fait une grande différence. J'essaie de ne pas manger les humains lambda. Par respect pour un vieil ami. D'habitude je m'attaque donc aux brigands de tout poils. Mais ces derniers temps, ils se font rare, probablement qu'ils rejoignent l'armée de l'Usurpateur. Qui pourrait lutter conte trois repas par jour et une couverture pour dormir ?

En revanche, les déserteurs sont partout, notamment les alayiens. Et vous, eh bien j'ai le droit de me nourrir sur vous. J'ai bien peur que personne ne vous apprécie.

Son œil d'expert nota que son adversaire potentiel consolidait sa posture, attendant l'assaut. Un bougre courageux, sans nul doute. Ses vieux réflexes de duelliste humain reprenant le dessus, il repassa au vouvoiement.

Je vois ça. Vous êtes relativement doué. Mais comme tous les jeunes, il vous manque le sens des convenances. Avant tout affrontement, il faut se présenter. Je suis Roëric Alokor, le Maître-Lame. Et vous êtes ?

L'Alayien n'était nullement surpris par le tutoiement que pris l'inconnu. Ce n'était qu'un détail, sauf quand il avait à faire à des personnes à l'égo démesurée, se pensant bien supérieures à ce qu'elles étaient en réalité. Cet être, qui se tenait en face lui, n'était pas de cette envergure et en plus, il confirma à ses dires les soupçons qu'Alauwyr émettait depuis tout à l'heure, même s'il connaissait déjà fort bien la réponse. Un vampire... Et visiblement, pas n'importe lequel. Il ne put s'empêcher de faire passer son rictus ironique à un sourire bien plus affiché, comme si cette rencontre inopiné était des plus intéressantes. Malgré tout, il veilla à rester en position. Aucune faille ne devait apparaître, pour ne laisser aucune opportunité à son adversaire

''Sieur Roëric Alokor...j'ai déjà entendu parler de vous. Il semblerait que je ne suis tombé pas sur n'importe qui. Je vous donne raison quand à mon impolitesse de pas m'être présenté en premier, mais j'avoue avoir un peu de mal à être courtois dans ce sens, quand on me prend par surprise en plus d'affirmer que je vous servira d'en-cas. Et je doute que mon nom vous importe réellement''

Oui il avait déjà entendu parler de ce Maître-Lame...Comme il le pensait précédemment de ce qu'il avait déjà observé chez ce vampire, autant l'appeler comme tel, il n'avait pas à faire à un débutant. Loin de là même. Peut-être qu'il croisait un adversaire bien plus expérimenté que lui. Roëric en plus d'avoir la réputation d'être un excellent épéiste, était un vampire. Sa force, son endurance... toutes les capacités qu'un guerrier entraînait et perfectionnait étaient décuplées chez lui... Un ennemi de taille et redoutable. Ce vampire aurait pu l'attaquer sans sommation, le tuer direct. Non au lieu de cela, il cherchait lui aussi un combat en bon et due forme et lui avait même gratifier d'un très léger compliment. Presque étonnant venant de la bouche d'une créature liée à cette magie exécrable.

''Mais face à l'honneur que j'ai d'être en votre présence très tardive, je vais répondre à votre requête. Alauwyr Iskuvar... pour vous servir...''

Il accorda à sa présentation un geste assez élégant de sa main libre. Même dans un échange comme celui-là, qui répondait à quelques codes usuels (que peu d'Alayiens usaient d'ailleurs), il lui était hors de question de céder sa garde. Un rien pouvait enclencher le duel entre eux deux. Un duel de vie pourrait-on presque dire. La mort n'avait jamais été aussi proche d'Alauwyr que ce soir. Et malgré tout, son sourire fendait ironiquement son visage marqué par ses précédentes batailles. Rien n'était encore joué.

''Maintenant que les présentations sont faites, je tiens à dire que vous me vexez quelque peu en me traitant de déserteur. Un déserteur ne perdrait pas son temps à converser avec vous. Il aurait pris ses jambes à son cou pour vous fuir dans le plus grand désespoir. Un déserteur devient un lâche et fuit ce qu'il a été. Il aurait même accepté d'être dans la peau d'un de vos petits brigands, pour avoir le gîte et le couvert auprès de ce pantin que vous appelez l'Usurpateur.... ''

Il ne put s'empêcher de lâcher un léger rire.

''Un Alayien devient un déserteur, car il a fui ce en quoi il croyait : sa foi envers cette très Chère Néant ! Moi, je ne crois qu'en ma lame et à ce qu'elle m'offre !''

Même s'il avait été éduqué comme n'importe quel Alayien au culte de Néant, il n'avait jamais été un grand fervent de cet Esprit, d'où sa formulation envers cet Esprit quelque peu basique, comme si elle n'était qu'une simple personne. Il était plus aisé de l'évoquer de la sorte devant un vampire que devant un Alayien. Mais ce n'était pas cela qui l'importait. Là il guettait le moindre geste du vampire, qui lancerait le début des hostilités. Une fois encore, Alauwyr se maudit intérieurement. Il n'était pas vraiment au meilleur de sa forme, mais le vampire en aurait pour son comptant. L'humain ne se laissera pas faire. D'ailleurs, il commençait déjà à faire quelques pas de côté. Cela approchait.

''Pour vous octroyer le droit d'un bon repas sur ma personne, il faudra le mériter, Messire Alokor. Car je tiens à défendre chèrement ma peau. Et je vous laisse même la première offensive ! ''

Et là il sourit. Un sourire avide d'en découdre. Peut-être que ses chances de survie étaient moindres, mais ce combat promettait ! Un dernier pour finir une existence de bataille ? Il ne pouvait espérer mieux. Combattre par la lame et périr par la lame, pour ses propres convictions et non celles de Néant. Que rêver de mieux !

Si Roëric pensait pour lui qu'Alauwyr cherchait à l'endormir par de belles paroles, l'Alayien était dans la même idée. Qu'il aurait été drôle de voir la réaction de ces deux guerriers s'ils étaient venus à savoir que chacun d'eux étaient songeaient à la même chose. Tout comme le vampire donc, l'humain ne se laisserait pas endormir par ces belles manières, même si son approche verbale était tout autre. Elle était plus directe, renforçant l'image que cet ennemi n'était décidément pas n'importe qui. En plus d'être un excellent bretteur aux dires de la réputation qui le précédait, il était un être d'un autre niveau... pas un banal vampire avide de sang, pas comme ces quelques fous furieux qu'il avait où l'occasion d'occire, qui ne pensaient plus à mordre qu'à discourir. Le résultat avait été radical pour ces sangsues là. Et sans compter qu'on était loin de l'archétype qu'on apportait à tous les vampires. La preuve en était qu'il lui pardonnait même de sa propre et soudaine apparition nocturne ! Mais l'Alayien resta prudent et restait toujours en garde. La ruse était, pour n'importe quelle race, une sournoise alliée quand on en usait à bon escient, surtout avec une langue douée.

Gardant toujours le sourire, il fut tout de même surpris à entendre le nom de son comparse l'Enferrailleur dans la bouche de Roëric. Ainsi, il l'avait croisé. Il se demanda intérieurement si le vampire l'avait tué. Mais il ne demandera pas à ce prédateur ce qu'il était advenu de leur rencontre. Ce n'était pas sa préoccupation première. Cette dernière était de se préparer à affronter un redoutable combattant. Un digne adversaire même. Peut-être que l'issue lui sera fatale mais au moins il périra par une lame maîtrisée avec tout l'art qu'elle exigeait.

''Vous me flattez presque mon cher... Quelques soientt les peuples, il y a toujours des sources de contraire. Pour ne pas perdre le sujet principale, j'ai déjà rencontré Christan Weren. Il ne fait pas dans la finesse et est prêt à tuer tout ce qui bouge, et qui ne correspond pas à sa vision d'Alayien. Pour l'honneur... il a sa propre idée sur la question. ''

Il imposa un mouvement rotatif à son épée, autant pour s'assurer de son maintien dans sa main que pour assouplir son poignet. Guetter l'instant de l'attaque du vampire pouvait tendre un peu les muscles, tout comme les nerfs. Alauwyr s'assurait de rester prêt et surtout qu'il avait exécuté ce geste pour illustrer ses dires suivants :

''Il ne sait pas ce qu'il rate. Il apprécie juste le plaisir de tuer et de voir le sang s'épancher de ses victimes. Personnellement, je recherche plus celui de combattre et de repousser les limites. Comme vous l'affirmez si bien, c'est là un moyen de s'élever, jusqu'au jour où on rencontre la dernière limite. Rien n'est plus savoureux qu'un beau duel....''

Alauwyr ne révélait pas tout ce qu'il savait de Christan. Le vampire n'avait pas besoin de connaître le lien qu'il possédait avec Christant. De plus, Roëric pourrait bien être la dernière limite évoquée juste à l'instant, l'adversaire qui le terrassera. Jusqu'ici, Alauwyr avait affronté bon nombre de guerriers talentueux au cours des batailles pour la conquête d'Armanda, mais tous finissaient par goûter à la mort par le fil de son épée. Et maintenant, il était là, avec son épée totalement dépourvue du bénéfice du verre noire, face à un être qui employait la magie et qui serait peut-être son dernier adversaire, celui là même qui le tuerait. La crainte de mourir n'effleurait même pas l'esprit d'Alauwyr. Qui tue par l'épée meurt par l'épée.

Quand le vampire dévoila ses crocs en un sourire, Alauwyr ne put s'empêcher d'étirer le sien, dévoilant la blancheur de ses dents humaines. Il avait l'impression de voir son opposé, tellement ce sourire de vampire était représentatif d'un prédateur déterminé et proche du sien. Le contraste était d'autant plus amusant à comparer que les deux combattants arborant une chevelure blanche ; plus proche d'un gris blafard pour Alauwyr. Un humain contre un vampire. deux opposés avec quelques similitudes.

''Une ultime question pour un condamné ? ''

Qui était le condamné ? Lui ou Roëric ?

''Une certaine chose désagréable me pousse à me rendre à l'Est. Je ne sais pas encore la raison, mais j'espère pour le drôle qui use de cette satanée magie sur moi saura courir très vite dès que je le verrai, car il contrarie quelque peu mes projets. Mais quelle importance quand il y a bien plus intéressant à faire... ''

Son sourire était toujours là. Au moins avait-il fait une grâce à Roëric en lui apportant réponse à sa curiosité.

''Un pas de franchi entre le courage et la témérité... peut-on affirmer la même chose entre la raison et la folie ? ''

Il lâcha un bref ricanement ironique. Il s'en rappellera de ce vampire, s'il venait à l'occire. Il serait alors le premier qui avait mérité d'être considéré comme un adversaire de valeur, alors qu'il n'était qu'un suceur de sang, une engeance de la magie, cette chose considéré comme une abomination à détruire à tout prix ! Et pourtant, l'Alayien à la chevelure grisée échangeait des mots comme si Roëric n'était qu'un être humain bien vivant.

''Ne nous faites plus languir, Maître-Lame ! Je sais que votre main armée a aussi soif que votre gorge de se repaître de ce combat. Montrez-moi que vous devez méritez votre pitance et surtout que vous êtes à la hauteur de votre réputation ! ''

Même s'il était prêt à toute attaque surprise, Alauwyr fut tout de même surpris par la vitesse de son adversaire. Il lui tomba dessus comme un faucon sur sa proie et peut-être que d'avoir veillé à rester concentré contre toute offensive lui sauva la mise dans cet échange déjà fulgurant. L'Alayien avait déjà affronté quelques vampires mais aucun n'avait la trempe du Maître-Lame et encore moins son expérience martiale liée à une capacité offerte par sa nature de nom-mort.

Le coup en diagonale que lui porta Roëric, outre donc d'avoir manqué de le surprendre en complément de sa charge offensive, fut contrée, un peu maladroitement il fallait l'avouer. Mais comment agir se parer quand on ne savait rien de l'adversaire ? L'Alayien n'eut pas le choix que de s'adapter rapidement et après avoir cette parade un peu offerte en coup de veine, et s'être reculé d'un pas pour reprendre son équilibre, il prit instantanément son arme à deux mains pour tenter de compenser la différence de force avérée entre lui et Roëric. Il était fort le bougre, bigrement fort ! Mais ce n'était pas cela qui l'empêcherait de continuer le combat.

L'attaque suivante fut aussi vive que la première. Le vampire en effet était bien parti pour ne pas le ménager. Alauwyr ne demandait pas à l'être et para une nouvelle fois, jouant de sa lame contre celle de son terrible adversaire. Les lames crissèrent et bien entendu, le combattant humain dut encore reculer pour encaisser un autre coup. Puis espérant bien avoir cerné la vitesse de mouvement de son ennemi, il tenta de reprendre la main. La tâche s'avéra plus qu'ardue, voir même au bord de l'impossible. Mais est-ce que cela démontrerait la volonté d'Alauwyr d'en découdre dans cette joute intense ? Aucunement

Déjà les offensifs qu'imposaient Roëric finirent par transformer le combat en une sorte de danse martiales, où chacune des épées n'étaient plus que l'extension de la volonté de leur maître respectif, se battant l'une contre l'autre, pour assouvir cette soif de combat qui battaient dans les veines des deux épéistes. On pouvait difficilement parler de coeur, car un vampire n'avait plus guère besoin de cet organe au même titre d'un mortel. Une danse combattive, où chacun était dans des gestes souples et précis, espérant viser une faille dans la défense de l'autre. Une défense qu'Alauwyr était contraint malgré lui d'avoir contre les assauts harcelants que lui donnaient le vampire. Sans pitié était le mot juste. Mais qu'est ce que la pitié si ce n'est de reconnaître la faiblesse de sa proie ? Jamais Alauwyr n'aurait accepté une telle considération dans l'échange, même s'il serrait les dents dans chaque acte qu'il réussissait à contrer.

Sa nature humaine commençait doucement à le rappeler à l'ordre. A exécuter des pas dansants, à parer et à esquiver, son corps commençait à lui rappeler que lui n'était qu'un être vivant combattant un vampire, un immortel que la fatigue ne venait en aucun point troublé. Depuis combien de temps réussissait-il plus ou moins à le contrer ? Presque une éternité semblait-il. Ses mains s'étaient refermées avec plus d'emprise sur la garde de sa lame. La sueur empoissait ses paumes. En plus, il n'oubliait pas que ses derniers petits mésaventures l'avaient quelques peu affaibli. A vivre comme un fuyard provoquait quelques privations qui se faisaient vite ressentir. Mais allait-il se résigner malgré cette fatigue qui arrivait plus vite à cause de son endurance zappée ? Jamais !

Il tenta une feinte et crut réussir à pénétrer enfin une petite faille dans le flanc de Roëric. La surprise qui l'attendait fut de taille et il manqua de prendre un mauvais tailladant. Il bondit juste à temps en arrière. Aussitôt, son épée déjà prête pour une autre réplique attaquante, il se tenait prêt. Dans cette courte fraction de temps, il eut le temps de sentir un liquide chaud couler le loin de sa pommette droite. Le vampire l'avait entaillé ! Quel coup plus pénétrant cela aurait été s'il n'avait pas eu le réflexe de réagir. Comme si le vampire lui accordait un court instant de récupération, Alauwyr resta en garde, dardant toujours un regard glacial à son adversaire. Sa respiration rapide et saccadée trahissait son début d'épuisement, mais son sourire était toujours provocateur, malgré le sang qui inondait la joue à chaque seconde qui lui était accordé.

Profitant de cet étrange intermède, Alauwyr esquissa quelques pas en tournant autour de son adversaire, toujours lui faisant face. La pointe de son épée était légèrement pointée vers Roëric. Un léger picotement à son bras en plus d'une douce tiède moiteur lui fit comprendre que le vampire avait réussi à le touche juste à la frontière métallique de son épaulière. Une entaille fine, mais tout en longueur dans une profondeur qui saurait rappeler qu'elle était douloureuse. Alauwyr ne se rappelait pas de l'avoir ressenti. L'action et la vivacité du combat avait passé outre les douleurs du corps face au coup.

Ne souhaitant pas laisser le temps au vampire d'éventuellement se ressaisir, ou de reprendre la main, ce fut à son tour de l'Alayien d'agir. Sa charge n'aurait pas la rapidité de Roêric, mais il tenait à démontrer que même dans son état, il avait encore à revendre !

Le coup fut paré d'un simple bloc et la suite fut fulgurante, Alauwyr n'eut même pas le temps d'espérer parer le geste vif de son adversaire. Le coup de pied fut foudroyant et le projeta assez loin. En même temps, un vampire détenait une force plus conséquente qu'un être humain...Le retour sur le sol fut dure et douloureux. Le souffle coupé autant par le coup reçu que de l'atterrissage au sol, Allongé sur le dos, l'Alayien essaya de chasser le voil de l'étourdissement qui lui voilait la conscience et les yeux. Il n'eut le temps à rien quand une silhouette sombre bondit sur lui et que sa lame se prépara à le frapper... avant de s'arrêter près de sa gorge. Un arrêt parfait. Un arrêt magistral.

Alauwyr haletait, en réussissant à retrouver un minimum de respiration. Ses yeux humains toisèrent le vampire qui se tenait immobile au-dessus de lui. La mort était tout proche désormais. Roëric n'aurait qu'un geste à faire et il périrait rapidement. La rage palpitait dans son coeur qui battait encore vivement de l'échange martial : il perdait et le vampire s'en tirait sans une seule égratinure. Vendre chèrement sa vie qu'il avait affirmé. Il aurait mieux fait de se taire.

Toujours ses yeux sombres plantés dans ceux du vampire, il attendit en silence et sans geindre le coup de grâce. Le combat avait été intéressant, même si la victoire n'était assurément pas pour lui. Un dernier geste et il ne pensera plus. Mais ce geste ne vint pas. Au lieu de cela, son adversaire lui jeta une vérité à la figure qui tâcha un peu l’orgueil de l'humain. Alauwyr le savait déjà, mais l'entendre de la bouche même d'un vampire avait de quoi laisser un goût plus amère à sa défaite. Mais il ne se désavoua pas sur l'excellence maîtrise de Roëric. Celui-ci n'avait usé que de son épée, point de magie. Ce n'était pas rien

Quand Roëric recula d'un pas tout en retirant son épée de sa posture fatale de la gorge d'Alauwyr, l'Alayien ne put se retenir d'écarquiller les yeux de stupeur. Le vampire serait en train de vouloir jouer avec lui. Non, le vampire recula encore et se retourna, pour partir. Il fut encore plus stupéfiant pour lui d'entendre de la bouche qui dissimulait les canines de son adversaire un léger compliment. Puis Roëric disparut aussi vite dans les ténèbres de la nuit qu'il était apparu précédemment.

Quand Alauwyr s'appuya sur un coude pour se redresser, il fixa ces mêmes ténèbres, comme pour chercher la silhouette du vampire. Celui-ci était bien parti, lui laissant la vie. Il serra les dents face à ce geste inattendu. La question du pourquoi pulsait dans son esprit. Mais il crut savoir la réponse...Quand il se remit debout en grimaçant, il sonda encore les lieux, avant de rengainer son épée. Un combat intense, il devait bien le reconnaître et qu'il avait apprécié, s'attendant à recevoir la mort et pas d'être épargné. Il n'était qu'un homme et il avait bien mesuré ses faibles chances de remporter la victoire contre le Maître-Lame. Il étira un étrange sourire, qui eut don de chasser sa rancoeur de perdant.

''Une vie pour une vie Maître-Lame... Et un combat d'excellence...''

Qui sait si le vampire l'entendrait.. Oui ce combat, il l'avait perdu, mais cet adversaire s'était montré excellent et surtout, honorable. Excatement ce que l'Alayien attendait d'un ennemi supérieur à ses capacités. Il était vrai que les vampires en eux même était une limite définitive pour Alauwyr, mais rien ne l'empêcherait de s'améliorer encore, tant que son corps le pourrait. Et qui sait... En tout cas, jamais il n'aurait cru rester en vie...

L'Est l'appela à nouveau, se rappelant à son esprit.

[HRP : merci de ce rp :p]