----------Le jour perçait lentement à travers l'épais feuillage dont était pourvu la forêt elfique, illuminant le royaume de ses épées de lumières. L'une d'elle, par un curieux hasard, que vous attribuerez sûrement au destin étant donné l'originalité d'un tel fait, vint éclairer de sa chaleureuse lumière le visage d'une jeune elfe, se faufilant au travers des vitraux d'une fenêtre. L'œil perturbé par cette luminescence croissante, elle tenta d'y échapper en bougeant dans son lit, mais sans succès... La lumière semblait se nourrir de cette trouvaille et ne cessait de s'intensifier, saturant progressivement la peau de la jeune femme elfique, mais aussi, et de manière plus apparente pour le regard, sa chevelure rousse qui ondulait délicatement le long de son corps. Alors teinté d'une rougeur plus marquée, elle ressemblait à un drap de sang, recouvrant en partie son visage ainsi que le reste de son être, dont on devinait la silhouette au travers de la couette.

----------La chaleur de cette épée ardente ne cessait de croître, et bientôt, elle ne pu y résister, contrainte de quitter la douceur de sa couche et ainsi le monde des rêves. Ainsi commença la journée de cette jeune elfe nommée Vanaël, encore a moitié endormie, mais dont les envies de choses à réaliser dans la journée se bousculaient déjà dans la tête. Une toilette soignée mais rapide, et la voilà qui déjà se sentait prête à affronter l'air frais de cette matinée d'automne. Elle n'avait pas trouvé son mari à ses côtés lors de son réveil, et en avait ainsi déduis qu'il avait surement, une fois encore, passé une nuit à travailler, plongé dans ses archives. Oh oui il les aimait ses archives ! Elle en venait parfois à lui demander ce qu'il aimait le plus entre elle et ses archives... en toute ironie bien sûr, mais elle trouvait tout de même la chose coquasse !

----------Bien décidée à ne pas le laisser tranquille de bon matin, et à lui faire savoir qu'elle existait, et se dirigea vers le dit lieu, situé en plein centre du royaume, au sein même de la clairière du grand chêne. La bibliothèque impériale où son adorable ermite de mari prenait malin plaisir à la faire venir afin qu'elle puisse l'aider. En soit, elle le faisait de bonne grâce, avide des connaissances que renfermait ce sanctuaire de papier. Elle l'y rejoint gaiement, saluant poliment ses semblables lorsqu'elle en croisait. La clairière n'était pas bien loin au final, et il ne lui fallu qu'à peine une heure pour s'y rendre. Cela lui permit entre-autre de se réveiller pleinement, ainsi que de dégourdir les jambes, encore quelques peu enrouées par sa nuit solitaire.

----------L'objet de ses désirs lui fut offert sur un plateau de manuscrits, ouverts en vrac sur une table. Il ne semblait pas s'être rendu compte de la présence de sa belle, le regard et l'attention omnibulés par ses trésors de papier. Vanaël souriait, l'observant de son regard d'émeraude. Elle s'approcha lentement, et s'assit en face de lui, silencieusement. Posant ses coudes sur la tables, puis sa tête sur ses mains, elle l'observait, amoureuse, ses yeux brillants de satisfaction. Qu'il était beau, ainsi fasciné par sa passion... Ses cheveux bruns était attachés à l'arrière, et pourtant, quelques mèches rebelles se décidaient à faire un fin rideau devant lui. Son visage, non pas famélique, mais toutefois bien creusé lui donnait un air sérieux, comme si être resté trop longtemps au milieu de tout ces parchemins avait fini par se répercuter sur son être. Il était mince oui, et grand aussi, dominant d'une bonne dizaine de centimètres sa compagne. Mais ses yeux, ainsi que ses lèvres, suffisaient à apporter la touche de douceur nécessaire à cette silhouette bien triste. Ils n'était ni bleus, ni verts, ils étaient d'une couleur mitigée, qui rappelait à Vanaël les aigues-marines, ces pierres précieuses qu'elle appréciait tant de part leur rapport à la mer. Ses lèvres quant à elles n'étaient pas forcément très originales, leur rougeur violacée n'étant que de pair avec l'impression squelettique que donnait Lothaën vu de loin. En revanche, elles étaient liées à des souvenirs encore bien ancrées dans la mémoire de la jeune mariée, qui ainsi les associaient à une douceur et une délicatesse toute particulière. L'elfette était dans sa bulle, en pleine admiration devant ce mordu de livres, qui n'avait même pas daigné lui jeter le moindre coup d'œil. À vrai dire, lui aussi était dans sa bulle...

----------Mais l'épingle qui allait les percer n'était pas loin, et le bruit de livres tombés raviva l'esprit des deux tourtereaux, qui bien que déjà mariés depuis plus de deux siècles, semblaient toujours éprouver la même béatitude vis à vis de l'autre. Relevant le nez, Lothaën ouvrit de grand yeux, surpris de trouver là, en face de lui, sa douce épouse. Bégayant stupidement d'incompréhension, Vanaël éclata de rire. Sa voix claire et douce finissant de rompre le silence des lieux. Elle tourna la tête vers la source du bruit, et vit qu'une jeune elfe semblait en train de peiner à attraper un volume placé en hauteur. Elle avait essayé de l'atteindre, sans succès, ne provoquant que la chutes de volumes qui ne lui était quant à eux d'aucun intérêts. La jeune elfe se leva puis s'approcha d'un pas léger de la petite, reconnaissant alors la frimousse délicate d'Aramis, cette jeune fille qui ne devait alors être âgée d'à peu près dix ans, surement un peu plus. Il était étrange qu'elle soit ici toute seule, mais surement son père n'était-il pas bien loin, ce n'était pas la première fois qu'elle le croisait ici. En revanche, cette adorable petite chose, c'était une nouveauté que de la rencontrer en comité si restreint, et sans même l'un de ses parents. Enfin, sans l'un de ses parents, c'était vite dit. Palior Thredë avait été entendu et/ou vu de la part des deux mariés, et ne semblait pas avoir d'appréhension quant à ce que quelqu'un aide sa protégée, après tout, les enfants elfiques étaient les pupilles de leur peuples, que chacun cherche à les aider semblait compréhensible.

----------Vanaël salua Miss Ara, et lui attrapa le livre qu'elle semblait avoir essayé d'obtenir. Nul doute que bientôt, les situations seraient inversées, la gamine grandissait affreusement vite, et la dépasserait surement bien vite. Curieuse, et ne pouvant s'empêcher de le faire, la jeune femme jeta un rapide coup d'œil au titre de l'ouvrage, y découvrant alors que c'était un volume abordant la musique, et les différents moyen de l'exprimer. Vanaël le tendit ensuite à l'intéressée, puisque c'était en effet le but de la manœuvre...

"Aramis, c'est bien cela ? Voici ton bien ma chère. Tu t'intéresse à un style particulier de musique, ou pas encore ?"

----------La jeune elfette était d'une politesse exemplaire, l'on pouvait féliciter ses parents pour cela, ils avaient de quoi être fiers. Vanaël lui sourit gentiment, amusée de la voir lui montrer autant de respect. Après tout, elle n'était pas si âgé que cela, et n'était pas d'un rang plus élevée. Il était vrai qu'elle n'en savait surement pas autant que son père ou qu'elle-même, mais cela viendrait un jour, et elle semblait avoir de bonnes capacités. Savoir que déjà, elle passait autant de temps ici, c'était une bonne nouvelle, et de ce que mademoiselle Aerin en savait, Aramis était une élève assidu.

"Tu as raison oui, il y a tant à dire sur la musique, et elle peut s'exprimer de manières si différentes qu'il n'ait pas facile dans aborder tout les aspects."

----------Entre le chant et les instruments, il y avait en effet de quoi s'occuper durant de longues années. Surtout qu'il existait une gamme relativement conséquente d'instruments, et réussir à trouver celui qui nous correspond le mieux n'était pas toujours facile. Vanaël s'était intéressée à la flûte, trouvant le son léger agréable, et apaisant. Elle en jouait surtout pour se calmer et réfléchir, le doux son aigu lui donnant l'impression d'être dans une bulle isolée du reste, chose très appréciée par la jeune elfe, qui se plaisait particulièrement à profiter de moments de solitude. Elle s'était intéressé à se domaine grâce à sa mère, et savoir que la jeune Aramis s’enquérait de savoir ce qu'elle avait bien pu apprendre grâce à ce lien la fit sourire tristement. Elle était en effet bien souvent connue en tant que fille de Numë, et non pas en tant qu'elle-même, Vanaël, diplomate voyageant à travers les terres afin de solidifier leurs relations avec les humains.

"Encore une fois, tu es dans le vrai, à croire que je ne vais finalement pas avoir grand chose à t'apprendre !"

----------Rigolant joyeusement, elle emmena la fille Thredë s'asseoir à une table, afin de pouvoir discuter plus posément. Après tout, si elle voulait discuter, autant s'asseoir, ce serait plus agréable. Rester debout, ou accroupie au sol n'était pas la meilleure position pour converser tranquillement. Elles trouvèrent une table non loin d'où était Lothaën, bien que Vanaël veilla à ne pas être trop près afin de ne pas le déranger. Après tout, elle respectait son travail, et lui encore plus. Aramis semblait apparemment avide de connaissances, ce qui ne manqua pas de ravir Vanaël, dont le visage affichait une mine satisfaite, au sourire délicat.

"Qu'est-ce qui t'intéresse dans la musique ? Tu préfère chanter, ou jouer d'un instrument ? Il y a tant de sons différents, que savoir ce qui nous intéresse est parfois un travail long et fastidieux. Et les manières de produire ces sons sont tout aussi vastes ! En fait, la question qui devrait venir en premier serait: Pourquoi t'intéresses-tu à la musique ? Connaître la raison de ses envies est parfois utile pour mieux les satisfaire."

----------Vanaël regardait d'un air amusée la jeune fille. Elle avait beau n'avoir qu'une dizaine d'années, elle avait déjà les traits d'une jeune femme, ou presque, et était ainsi bien mignonne. Une ravissante elfe, qui était surement promise à un bel avenir ! Le regard de la diplomate brillait, contente de pouvoir passer du temps avec cette jeune perle.

----------Elle semblait si passionnée, cela ne pouvait que faire sourire Vanaël que de voir une jeune elfe montrant tant d'intérêt pour ce noble art. Les maîtres bardes étaient de sacrés prodiges en la matière, en effet, et voir qu'Aramis les admirait ainsi était normal. La diplomate ne pouvait qu'espérer que son rêve se réalise, elle savait à quel point il était dur d'en devenir un, sa mère lui ayant conter son histoire à de maintes reprises. Le dur labeur qu'était l'apprentissage, les heures qu'elle avait passée, à s'exercer afin de satisfaire les attentes de ses mentor. Autant de difficultés et d'obstacles à surmonter qu'il y avait de plaisirs à être baptistrel. Une voie que l'elfe n'avait pas rejetée, mais plutôt qu'elle n'avait pas pu envisager, ses aptitudes n'étant pas assez évoluées en matière de magie pour cela. Mais elle n'en avait pas été attristée, la voie qu'elle avait choisi lui plaisait aussi, et jamais elle n'avait regretté son choix, ni ne pensait le faire un jour.
----------Le sérieux de la petite était surprenant, cette manière de parler posément, d'exprimer ses envies et ses impressions aussi clairement était pour le moins étonnant lorsqu'on connaissait son jeune âge. Vanaël l'écoutait d'un air rêveur, repensant à elle même lorsqu'elle avait son âge. Était-elle semblable à ce bout d'elfe ? Avait-elle la même dévorante curiosité pour ces sujets ? Oui, d'une certaine manière, elle était indéniablement semblable à Aramis, bien qu'elle ne pensait pas avoir les mêmes facilités. La voir ainsi passionnée pour la musique, cela ne pouvait que faire sourire plus encore l'elfe. Après tout, même si elle ne faisait que la pratiquer pour le plaisir, et non pas dans la même optique que les maître bardes, cela restait de la musique, et ainsi un moyen d'exprimer ses émotions, ses sentiments, et de les faire partager. c'était d'ailleurs là que résidait tout l'art de la chose. Parvenir à exprimer toute la subtilité des émotions que l'on éprouvait, et surtout, réussir à les faire comprendre aux autres, à atteindre le cœur et ainsi à leur faire partager notre musique. La musique était de cette manière la voix de l'âme, pour reprendre les mots de Numë. La petite semblait l'avoir très bien compris.
----------Ce jour semblait être sous le signe de la chance pour la jeune elfe. En effet, Vanaël gardait souvent, pour ne pas dire toujours, sa flûte avec elle, de la même manière que bien des siècles plus tard elle garderait à sa ceinture cette fine épée que serait Calamité. En jouer ainsi pour satisfaire la l'amusante curiosité d'Aramis ne pouvait que lui faire plaisir. De la même manière qu'elle prendrait un certain plaisir à écouter de quoi retournait le talent de cette jeune enfant. Vanaël sortit ainsi sa flûte, l'ôtant du lit confortable qu'était la besace que l'elfe gardait la plupart du temps à son épaule.

"À défaut de savoir si c'est celui que je joue mieux, je peux au moins te dire que celui que je joue le plus est la flûte. Comme je n'ai pas passée autant d'heures sur les autres instruments, je ne peux pas vraiment dire que j'y sois moins douée. Je serais évidemment heureuse de te montrer ce que je sais faire !"

----------En revanche, si Aramis désirait aussi faire l'étalage de son talent, aussi modeste puisse-t-il être, jouer toute les deux ensemble pourrait s'avérer plus intéressant.

"Que dirais-tu que de jouer toute les deux ensembles ? Cela pourrait être plus vivant comme expérience. Je doute toutefois que le lieu y soit au rendez-vous, nous risquerions d'être gênantes !"

----------Un rire amusé vint agrémenter la fin de sa réponse, pensant à la mine que ferait Lothaën si elles se mettaient à jouer de la musique ici, ainsi qu'a celle de Palior Thredë. Les deux archivistes craignaient de ne pas être ravis ! Loin de là ! Et de ce fait, profiter du calme du lieu pourrait être une bonne idée, après tout, il y avait surement une foule de questions qui trottaient dans l'esprit de la fille Thredë.

"Nous pourrions faire cela plus tard, j'en serais ravie ! Pour revenir à ce que tu as dis sur la musique, en effet, tu l'as très bien précisé. La musique est un art, qui permet de toucher l'âme et les sentiments d'autrui. Mais c'est avant tout une expression de soi. Jouer de la musique, en tant que barde ou modeste musicien, c'est accepter de transmettre aux autres une part de soi même. En jouant, tu transmet tes émotions, aussi bien positives que néfastes. Et c'est cet art de le faire de manière à atteindre l'âme des autres qui fait d'un musicien un artiste. Les bardes se démarquent en cela car ils n'ont pas leur pareil pour dégager une émotion de leurs chants et mélodies. Mais tu sais, tu as le temps, il ne faut pas s'effrayer devant ceci. À force d'efforts, de persévérance et d'envie, tu a de grandes chances d'y parvenir, si c'est ce que tu désire vraiment. "

----------Il fallait aussi avoir les capacités magique qui s'y prêtent, mais pour cela, seul le destin pouvait le décider. Et dans le cas d'Aramis, elle ne semblait pas en mauvaise voie pour réaliser ce merveilleux rêve. Assise à côté d'elle, Vanaël en profita pour lui caresser les cheveux, ces belles mèches blondes qui tombaient doucement sur ses épaules. Une envie curieuse qui la prenait ainsi, un élan d'affection qu'avait l'elfe pour cette belle petite créature.

----------Vanaël Aerin continuait de patouiller la longue chevelure de la petiote, passant sa main dans les mèches blonde d'Aramis, l'elfe lui caressait la tête avec douceur. La sensation filandreuse des cheveux sous la main était agréable, et cette blondeur était aussi chaleureuse au toucher que lorsqu'on se faisait dorer la face au soleil. La jeune Vanaël se souvenait de ces voyages à travers les plaines, alors que le soleil brillait chaudement depuis son trône bleuté. À son zénith, il réchauffait leurs corps, et lorsqu'en hiver, ou même en automne, il se montrait indulgent sur la chaleur de ses rayons, on ne pouvait que savourer cette plaisante sensation qui parcourait notre corps. Laissant ainsi sa main dans les cheveux couleurs de blés de la jeune elfe, la diplomate l'écoutait en souriant, autant amusée et intéressée d'avoir trouvée telle compagne pour sa journée que nostalgique de ces voyages au travers du continent. Elle ne pouvait en effet profiter de cette sensation qu'en dehors de leur forêt, le feuillage épais obstruant en grande partie la lumière...

----------Le regard brillant d'Aramis lui rappelait ainsi la couleur lumineuse des feuilles lorsqu'on les place sous les rayons du soleil. Petite elfe, fille de la nature, elle en conservait ainsi la couleurs des feuilles naissantes ainsi que celles des blés, quoi de mieux pour retranscrire la beauté de Vie, ainsi que celle de Végétal ? Aramis avait tout pour être la voix qui porte leur desseins... Sa voix fluette imprégnait avec douceur les lieux.

"Que dirais-tu de se trouver un coin tranquille dans les bois ? Je pourrais te montrer mes lieux de détentes préférés. J'apprécie jouer dans le calme, ce sera une merveilleuse occasion de partager l'un de ces moments belle enfant."

----------L'écoutant alors lui expliquer ce qu'elle pensait faire ainsi que ce que ces parents avaient bien pu lui renseigner, de même ce qu'elle savait pour l'instant des baptistrels.

"Ils le peuvent oui, chacun d'entre nous possède un nom particulier, nommé chant nom. Les baptistrels ont le don de pouvoir lire ce chant-nom, et de l'interpréter. Il peuvent ainsi connaître les pensées d'une personne, dans les moindres détails, de même que leur passé. Quant à commander aux éléments... Le chant des baptistrels est en quelque sorte la voix de la nature. Un baptistrel qui chante, c'est cette nature qui s'exprime. Il est partie intégrante de cette merveille, et de ce fait, oui, l'on peut dire qu'il peut "commander" aux éléments. Mais je dirais plus que la nature répond à son chant, à sa prière, et le remercie de son geste en se pliant à sa volonté. C'est d'ailleurs un honneur à mon sens que d'avoir le privilège d'entendre leur chant."

----------Est-ce qu'elle-même y avait déjà pensé ? Oui bien sur, mais après tout, ce n'est pas comme si elle l'avait pu. Elle n'en avait point les capacités... Et puis, même si elle aurait pu voyager autant en tant que baptistrelle, elle n'avait pas voulu suivre cette voie. Les raisons ne lui étaient pas évidentes. Peut-être aussi ne s'en était-elle pas sentie digne. Après tout, sa mère était merveilleuse, elle lui semblait tellement parfaite, puissante, et admirable... Que ce soit par sa beauté, son rôle, ou ses ambitions, elle paraissait si hors de portée à Vanaël, que l'idée de suivre sa voie lui paraissait trop utopique. Jamais elle n'aurait été à la hauteur, et à ses yeux, jamais sa mère n'aurait pu être fière d'elle. C'était ridicule bien sûr, quel que soit son talent, Numë en aurait été fière, après tout, ce n'est pas comme s'ils ne prenaient pas soin d'elle. Elle était leur perle rousse, bien sur qu'il aurait été fières de son choix, bien sûr qu'ils l'auraient soutenu, qu'ils l'auraient encouragé. Mais aux yeux de la diplomate, être baptistrel lui était impossible... Elle n'était pas à la hauteur... De tristes pensées la traversèrent ainsi, et son front se posa sur celui d'Aramis, la regardant avec tendresse. L'innocence de la jeune elfe l'excusait, mais ses paroles sonnaient cruellement aux oreilles de Vanaël... Elle fit de son mieux pour y répondre avec détachement, ne souhaitant rendre coupable Aramis, consciente que bien sur, cette dernière ne pouvait se rendre compte des pensées d'Aerin.

"Il est vrai que suivre le chemin de ses parents est tentant, et justement, j'ai fait le choix de suivre celui d'Isadeor, plutôt que celui de Numë. La bienveillance des baptistrels est attirante, de même que leur réputation, je l'admet, mais... parfois... nous devons faire des choix. Parfois, nous devons accepter de... voir des portes fermées sur notre route..." faisant une pause, Vanaël cligna des yeux, laissant alors couler sur sa joue une fine larme scintillante, qui vint se loger à la commissure de ses lèvres. Le goût salé de la perle d'eau lui fit savoir qu'une larme avait coulée, et de ce fait elle leva la tête, embrassant le front d'Aramis. "Désolée, je m'emporte un peu, mais tu n'as pas à t'excuser ma belle, tu n'a rien dis de mal, ne t'en fais pas. J'ai simplement... trop d'admiration envers ma chère mère pour... me penser à la hauteur."

----------Elle ne souhaitait pas qu'Aramis se sente coupable en revanche elle-même éprouvait un sentiment de culpabilité. Elle espérait ne pas freiner la jeune elfe dans ses rêves et dire qu'elle-même ne se sentait pas capable de devenir baptistrelle lui semblait injuste pour la petite. Mais elle n'avait trouvé d'autre manière de le dire... Parler de son poste actuel lui permit ainsi d'atténuer la chose, du moins l'espérait-elle.

"Les humains sont... complexes. Ils vivent si peu de temps, qu'ils ont une manière d'appréhender la vie différente de la notre, et ils s'adaptent bien plus vite au monde qui les entourent que nous. Certains sont rustres, beaucoup même, c'est surement vrai. En revanche, il y en a aussi beaucoup qui connaissent les bonnes manières, et qui ont une manière de vivre tout à fait honorable et respectueuse. Ton père est de bon conseil, rien ne vaut de se faire un avis soi-même. Mais sache que les humains sont autant plus surprenant et intéressants qu'on pourrait le penser. Ils ne sont en rien des enfants non... Certains d'entre-nous pourraient même avoir à apprendre auprès de certains d'entre-eux..."

----------Essuyant discrètement la larme qui avait glissé sur sa joue, Vanaël releva lentement son buste, refaisant alors face à cette douce enfant. Sa main descendit lentement du crâne d'Aramis, caressant avec tendresse ses mèches blondes pour venir se poser sur la main de l'elfette, qu'elle prit avec délicatesse. ne sachant pas vraiment quoi lui demander, la diplomate se doutait toutefois que les réponses qu'elle avait pu lui apportait sauraient faire naitre d'autres questions. Après tout, si elle était aussi curieuse qu'elle le paraissait, elle devait en avoir une ribambelle à poser.

----------Les paroles de la jeune elfe avaient le mérite d'être pleines de sagesse, et la diplomate voyait dans chacune de ses réponses un talent indéniable. Cette gamine savait trouver les bon mots pour rassurer les autres. L'écoutant avec attention, Vanaël continuait de la regarder, mélangeant leurs regard d'émeraude l'un à l'autre. Ses paroles sonnaient juste, et ne faisaient que mettre en évidence les pensées qui avaient maintes fois traversées l'esprit de la diplomate. En dépit des choix qu'elle avait au départ envisagé, l'elfe avait continué sa route, et avait accepté d'emprunter une certaine voie. Certes, elle avait abandonné l'idée de pouvoir être baptistrelle, mais d'un autre côté, elle ne l'avait pas fait inconsciemment. L'enseignement de sa mère, ainsi que des elfes qui prenaient part à son éducation lui avait été bénéfique, et même si elle n'exploitait pas toute les aptitudes offertes par cet apprentissage, ce n'était pas une science perdue. Malgré le fait qu'elle n'exploite qu'en partie ses connaissances, le poste de diplomate qu'elle occupait désormais requerrait tout de même certaines notions dans des domaines bien variés.
----------Être apte à faire le trajet sans encombres, malgré les bandits, les bêtes sauvages qui parfois nécessitaient plus qu'une simple complainte elfique, et surtout... les vampires... Depuis que les dragons avaient quittés le continent Aramandéen, ces derniers redevenaient de plus en plus entreprenants, et s'autorisaient des excursions légèrement trop excentrée par rapport à leur royaume. En plus de ces compétences "militaires" qui constituaient toute fois un simple bonus à son poste étant donné que la diplomate jouissait à chaque voyage d'une escorte, Vanaël disposait aussi, et surtout, d'un panel de valeurs et de qualités qui lui permettaient de mener à bien les discussions qu'elle devait entreprendre. Hors de question de se laisser embobiner par les humains, et se laisser déborder par leur vivacité. Ils avaient la particularité d'évoluer vite, peut-être trop vite même, et déjà, depuis que Vanaël exerçait ses fonctions, elle avait vu passer au pouvoir plusieurs seigneurs. L'histoire de quatre ou cinq d'entre eux, surement, plus ou moins un. Ils changent si vite de dirigeants à vrai dire, c'était d'ailleurs bien souvent problématique. La diplomate devait chaque fois recréer des liens, et c'était loin d'aider à maintenir leur entente entre elfes et humains... Devoir recommencer un travail tout les 40 à 60 ans était d'autant plus démoralisant et éprouvant pour le moral que Vanaël voyait la situation stagner. Pour une elfe, c'était un comble à vrai dire, mais en tant que diplomate qui passait de nombreux jours en compagnies d'humains Vanaël avait forcément été influencée par cette réactivité et cette prise de décisions plus rapide que dans leur royaume.
----------Sur ce point il fallait bien avouer que les humains étaient un peuple fort intéressant ! Rien que la composition de leur royaume, divisé en comtés sous l'autorité d'une seigneurie moins importante, rendait la gestion de leur royaume intrigante. Même si... ce n'était pas forcément pratique pour établir des accords... Pouvoir ainsi voyager à travers les plaines de l'empire avait son lot d'avantage, même si la diplomate était contrainte dans une certaine mesure. En effet, elle n'était pas libre de voyager à travers tout le continent, et devais tout de même restreindre ses missions dans les citées les plus importantes, voire même parfois les plus proches. Son rôle de diplomate lui permettais ainsi de rencontrer les différents manières qu'avaient les humains de vivre selon l'endroit où ils vivaient, et les différences étaient parfois marquées à un point surprenant ! Entre les habitants de Lyssa et ceux d'Althaïa, ou encore ceux de Gloria, ou même d'Aldaria, les mœurs variaient d'une manière étonnante ! C'était amusant que de comparer à quel point un humain pouvait être différent selon la région où il avait vécu.
----------Pour en revenir aux dragons, ainsi que le mentionnait Aramis, ils avaient disparus, toutefois, le dernier à être partit ne l'était pas depuis si longtemps que cela, puisque ce n'était qu'il y a seulement vingt-et-une années. Aramis n'était pas encore née cela dit, et donc pour elle, cela ne devait pas changer grand chose après tout, qui sait si un jour elle en reverrait de vivant ? Ils avaient été leurs hôtes, leurs alliés, leurs amis, et n'étaient maintenant qu'un heureux souvenir. Enfin, tout était relatif, les vampires avaient eux aussi réussit à s'attirer les bonnes grâces de certains dragons, et de ce fait le souvenir de cette légendaire race en devenait quelque peu plus amère. Ces viles créatures de la nuit, qui se nourrissaient du sang des vivants. Ils étaient désormais la pire crainte que l'on pouvait rencontrer au dehors du royaume, et d'ailleurs peut-être bien la seule qui les inquiétait réellement lors de leurs voyage diplomatiques. Non pas que les humains soient inoffensifs, ces derniers pouvaient se révéler dangereux lorsque nombreux, mais plus par le fait que justement, un seul vampire pouvait causer bien plus de mal qu'une dizaine d'humains. Et il fallait bien l'avouer, les humains qui cherchaient à s'attaquer à un groupe d'elfes ne courraient pas les chemins ! À part des brigands déraisonné, ou trop cupides, la plupart leur laissait terre libre.

----------Prenant de son autre main celle restante d'Aramis, la centenaire - enfin, quadricentenaire, mais accordons-nous sur ce point, c'est long à dire ! - tenait ainsi délicatement les mains de l'elfe,lui transmettant alors toute l'affection qu'elle le pouvait. C'était peut-être triste de repenser au passé et aux choix qu'elle avait du accepter devoir faire, mais parler ainsi avec cette petite, lui transmettre son savoir, était relativement plaisant. Continuant de la regarder avec tendresse, Vanaël commença à lui répondre, d'une voix claire et onctueuse.

"De la même manière que pour les humains, les dragons et les vampires méritent d'être considérés avec attention. Je ne pourrais te donner que mon avis et t'incite à te faire le tien. Rien ne vaut mieux que l'expérience que l'on acquiert plutôt que celle que l'on nous donne." Enveloppant les mains d'Aramis dans les siennes, la diplomate les posa sur ses cuisses, se rapprochant ainsi un peu plus de la jeune elfe. "Les dragons n'ont pas disparus il y si longtemps que tu ne semble le croire, le dernier à être partit l'eut fait il y a vingt-et-un ans. Certes, c'est plus que ton âge, mais pour un elfe, tu sais bien que cela ne représente pas grand chose. Ils étaient de merveilleuses créatures en effet, et leur départ nous cause bien des soucis. Surement ne l'as-tu pas remarqué, mais par cet exode ils ont signés l'amenuisement de la magie. Pour ma part, ainsi que pour tout les elfes déjà vivant lors de leurs présence, nous avons tous ressentis que la magie régressait, et c'était assez perturbant. Ce l'est encore d'ailleurs." Elle souriait légèrement, et libérant l'une de ses mains invoqua une sphère de lumière. Cette dernière tenait aisément dans la paume de se main, n'illuminant alors que légèrement les alentours. Les regards d'émeraude des deux elfettes y brillait de l'éclat d'une jeune pousse. Les mèches blondes d'Aramis, tout comme celles rousses de Vanaël semblaient ainsi rougeoyer, leur donnant un aspect flamboyant. Intensifiant légèrement la luminosité, sans pour autant en changer la taille, l'elfe continua son manège, et l'éteignit alors lentement, refermant sa main sur celles déjà tenues d'Aramis. "Surement ais-je fait des progrès depuis, mais auparavant, je parvenais à maintenir ce sort à une intensité tout autre, c'est étrange de constater à quel point nous étions dépendant de nos amis dragons... Ils ne nous ont toutefois pas abandonnés sans rien !"

----------Non, en effet, rien que le souvenir de leur présence suffisait à faire flamber une petite flamme de gratitude envers cette race maintenant mythique. Le Dracos Honoris avait d'ailleurs pris toute son importance et sa valeur aux cours des dernières décennies, et malgré sa déjà connue réputation lors des siècles précédents, il n'en demeurait pas moins leur sauveur. Il avait en effet permis à la magie de rester en Armanda, sauvant ainsi l'existence des elfes et aussi évidement, aussi triste que cela puisse paraître aux yeux des autre peuples, celle des vampires. "Ô Dracos en soit loué !" Refaisant un pause, Vanaël regardait Aramis, cette fois ci avec un peu plus de sérieux, la voix légère et agréable qu'elle adoptait jusqu'alors ne seyait guère au thème des vampires. Ralentissent le ton, elle perdit quelques gammes dans son timbre, et reprit ainsi son explication. "De la même manière que nous vivons en dépendant de la magie, il semble que les vampires en dépendent aussi. Seulement, alors que nous autres elfes aimons la nature, protégeons la faune et savourent l'éclat chaleureux du soleil, les vampires se délectent du sang des êtres vivants, de préférence elfique ou humain de ce que j'ai cru comprendre, bien qu'ils puissent aussi apprécier le sang d'un quelconque animal. Ils préfèrent de plus la pénombre et la froideur de la nuit. De ce fait, nos races sont comme le jour et la nuit, avoir un avis objectif m'est ainsi bien compliqué, je ne les voit pour ma part que comme une race nuisible, qui menace en tout point notre existence. Mais... certains humains, ou même certains de nos frères, pensent que l'on pourrait chercher à obtenir un accord avec eux, et ainsi éviter cette discorde continue. Je ne peut donc t'être d'un avis réellement objectif. J'en suis navrée ma grande, j'aurais souhaité éclaircir plus que cela tes attentes."

----------Non, décidément, ce n'était pas évident de parler des vampires... Il existait tant d'interrogations quant à leurs buts réels, et il y avait trop de groupuscules errant à travers le continent pour se faire une idée précise des intentions de leur royaume. C'était vraiment un sujet à prendre avec des pincettes... Le regard un peu perdu, troublé par le fait de ne pouvoir exprimer pleinement ce qu'elle aurait souhaité, faute de pouvoir être objective, Vanaël eu un léger moment d'absence, dont elle sortit dans un léger sursaut: sa main droite tressaillit, tandis que la gauche se crispa sur les doigt d'Aramis. Désireuse de passer à un sujet plus joyeux, elle lança une idée, se demandant alors si la jeune elfe pourrait être intéressée. À vrai dire, Vanaël doutait que ce ne puisse être le cas, mais après tout, sait-on jamais ?

"Que dirais-tu de prendre un peu l'air ? Rester assises n'est pas pour le plus confortable, tu ne penses pas ? "

----------Il fallait bien l'avouer, elle s'était aussi un peu emportée dans ses explications, et était consciente que peut-être, l'attention de la jeune elfe allait s’amoindrir si elle continuait à parler ainsi sans s'arrêter. Au moins ses réponses était-elle complète, mais si cela lui coûtait de perdre son auditoire, ce serait bien triste ! Marcher allait lui permettre d'éviter, fallait-il l'espérer, d'être aussi bavarde...

----------Joignant le geste à la parole les deux elfes se levèrent, tandis qu'Aramis prenait en main son ouvrage traitant de la musique. Après le mal qu'elles s'étaient données pour l'attraper, il était normal qu'elle le conserve un peu plus de temps après tout ! Il serait surement intéressant de lire entre deux chansons aussi, pourquoi pas ... Elles y trouveraient surement deux ou trois choses intéressantes ! Vanaël était après tout loin de pouvoir se vanter d'être une érudite dans ce domaine. Autant dans l'histoire des peuples, que ce soit elfique ou humains, ou même peut-être un peu vampire, elle pouvait se targuer d'avoir un certain savoir de la chose, autant pour le reste, elle demeurait une novice en la matière pour l'instant. Enfin, novice, en terme de théorie surtout, pour la pratique, il fallait avouer qu'en archerie ou en musique, elle s'en sortait ma foi plutôt bien !

----------Faisant preuve d'autant de sagesse que depuis le début de leur rencontre, la jeune Aramis s'inquiétait de ce pourrait penser son père de leur départ. Que c'était mignon ! Aaaah ! Les enfants ! Si il leur arrivait d'avoir un enfant un jour, à Lothaën et Vanaël, cette dernière espérait bien qu'elle pourrait se vanter de dire qu'il soit aussi sage et posé que la jeune Aramis. Comment ne pas être fière d'une si belle perle ? Elle était souriante, instruite, curieuse, et d'une délicatesse exemplaire, prenant soin de ne causer de soucis à personne. Oui vraiment, Vanaël espérait bien que son fils ou sa futur fille, si un jour ce merveilleux jour arrivait, puisse copier ainsi Aramis sur ces traits là ! Surement même qu'elle pourrait être amenée à demander à son enfant d'aller solliciter la gentillesse d'Aramis... Mais le jour n'était pas encore venu ! Malheureusement ... Mais il ne fallait pas désespérer ! Un jour, surement, ils en auraient le plaisir ! Oui ! Un jour... peut-être. Ce n'était après tout pas faute d'avoir essayé !! Il fallait croire que le départ des dragons causait bien plus de problèmes qu'en apparence...

----------Vanaël posa sa main sur la tête d'Aramis, continuant ainsi de lui patouiller les cheveux, elle se dirigea ensuite vers son mari. Décidément, ses boucles blondes étaient une réelle source d'addiction !! "Nous verrons bien ? Rassures toi, je ne prévoyais pas de te kidnapper ainsi ma chère. Même si tu m'en donnerais bien l'envie, une si agréable enfant..." *Je vais finir par être jalouse à ce rythme ... Lothaën !! Faut qu'on s'y mette plus sérieusement !* Les pensées de la rouquine risquait de continuer à se confronter à cet envie encore un certain nombre de fois au fil du temps que les deux musiciennes passeraient du temps ensembles. Enfin ce ne serait pas elle qui en subirait les frais. Ce serait à Lothaën de venir se plaindre le lendemain... Arrivant à hauteur de ce dernier, Vanaël se faufila délicatement dans son dos, et, se couchant presque contre lui, lui murmura d'une voix fraiche. "Nous allons faire un tour entre filles, tu voudra bien prévenir Palior Thredë de l'absence de sa fille ? Nous ne voudrions pas qu'il ait à s'inquiéter inutilement..." Marquant une petite pause, durant laquelle Vanaël en profita pour déposer sur sa joue une bise. "N'abuses pas trop sur ton travail, tu sais que tu te plaint après d'avoir mal aux yeux. Nous serons de retour dans la soirée au plus tard." Il ne lui répondit que brièvement, apparemment trop occupé par son travail pour prendre le temps de formuler une réponse riche. Toutefois, il réagit avec joie à cette preuve d'affection, pour la plus grande satisfaction de Vanaël.

----------C'est ainsi que toute deux s'en allèrent de la bibliothèque royale pour rejoindre les profondeurs plus sauvages de la forêt. Traversant alors la clairière d'un pas léger et rapide, Vanaël conduisait Aramis vers des lieux que peut-être n'était-elle pas la seule à connaître, mais qui pour sur étaient rarement visité et très agréables pour y trouver le repos. Croisant nombres d'elfes sur leur chemin, Elles furent contraintes d'interrompre en de nombreux moment leur dialogue, car bien sûr, la diplomate comptait bien profiter de ce temps de marche pour continuer de discuter un peu !

"Que dirais-tu de profiter d'une grotte fraîche ? Peut-être que cela pourrait être intéressant pour jouer de la musique, ou peut-être une petite colline, je connais un endroit bien sympathique aussi ou nous pourrions avoir un panorama agréable ! Je devrais surement réussir à trouver un endroit plus rafraîchissant, au bord d'un cours d'eau.. Pas qu'un en fait... Il y en a beaucoup que j'apprécie en parlant d'eau... Près d'une cascade peut-être ? Ou d'un petit lac ? Nous devrions peut-être marcher un peu plus longtemps par contre ..."

----------Il est vrai qu'il y avait tant de lieux à visiter ! Cette grotte mousseuse qui faisait à vrai dire un tunnel dans le sol, conférant ainsi un abris agréable, mais pas trop renfermé pour autant. Cette colline surplombant légèrement les bois, depuis laquelle l'on pouvait observer les landes de l'Empire, à l'horizon. Ou encore, en contrebas, cette petite cascade, dont la hauteur devait avoisiner les trois mètres, et dont le bruit clair et permanent de l'eau permettait de s'occulter de tout autre bruit. Il y avait aussi tout ces coins jouxtant un cours d'eau ou une rivière, et qui étaient ainsi source de tranquillité par la simple présence de ce pur élément. Non vraiment, le choix était vaste, trop pour que Vanaël puisse choisir de son seul avis. En revanche, une autre pensée lui vint en tête, plus importante sur le moment.

"Je vois que tu n'as pas d'instrument, voudrais-tu aller en chercher un, ou est-ce que chanter pourrait aussi t'aller ? Je devrais en avoir chez moi, ce n'est pas si loin. C'est comme tu le souhaites Aramis."

----------Maternelle dans ses questions, Vanaël était agréable, et cherchait vraiment à se faire apprécier par la gamine. Sa voix toujours aussi fraîche et onctueuse le prouvait bien. Elle avait entendu Aramis dire qu'elle trouvait en effet intéressant de pouvoir accorder ...leur... instruments, qu'elle n'en ai pas semblait ainsi quelque peu particulier. Vanaël avait toujours le sien sur elle, extension de sa bouche, elle reposait quotidiennement dans sa besace, et si elle l'avait sortit quelques minutes plus tôt lorsque toute deux parlaient autour de la table, sa chère flute ne l'avait pas quitté, ni des yeux, ni des mains ! Et le jour ou cela arriverait n'était pas près de survenir !

"Après tout, nous avons du temps, si tu as envie d'aller chercher un instrument, nous pouvons nous le permettre ma chère."

----------Accompagnant ces paroles rassurantes d'un sourire radieux, ainsi que d'une caresse amicale sur le dessus de sa tête. Oui vraiment, cette gamine était source d'addiction, Vanaël ne parvenait pas à se passer de la toucher ! Cela devenait presque maladif !! Aaaah ! Les enfants !

----------Ainsi prirent-elles le chemin jusqu'à chez elle, avec dans la tête milles et une idées de chansons et mélodies à jouer. Comme le soulignait Aramis, surement auraient-elle l'occasion de profiter d'autres moments agréables ensembles afin de jouer de la musique, et dans l'esprit de Vanaël, déjà, de multitudes de scénarios se mettaient à fleurir comme pâquerettes au printemps. La cascade était un bon moyen de commencer, bien que ce ne soit surement pas le plus aisé pour trouver une musique adaptée. Autant le bruit de l'eau était agréable de l'avis de la rouquine, autant, si l'on était pas suffisamment détendu au commencement, il pouvait devenir longuet de trouver une musique qui s'accorde à l'environnement, et cela pouvait ainsi devenir source de frustration. Mais pour cette fois-ci, il était certain qu'elles trouveraient quelque chose de guilleret à jouer quoiqu'il advienne ! Après tout, Aramis était d'une si charmante compagnie ! Comment ne pourrait-ce être le cas ? Et avec le froid ambiant, peut-être que la cascade aurait des allures plus figées que d'ordinaire. Cela promettait d'être fort agréable !

"La cascade dis-tu ? Soit ! À la cascade irons-nous ! Et que les pensées nous y montrent le chemin !"

----------Faisant fi de la neige qui encombrait leur pas, les deux elfettes progressaient d'un pas léger. Leur démarche aérienne se mariant plutôt bien avec les flocons de neige qui parsemaient l'air de leur présence apaisante. Le vent était absent, et c'était une sacré aubaine avec toute cette neige qui tombait ! Il était souvent absent d'ailleurs, la forêt y aidait, recouvrant de ses innombrables bras le royaume des elfes et le protégeant ainsi des bourrasques qui balayaient les plaines de l'Empire.
----------C'était bien la seule chose que ne supportait pas la diplomate... le vent. Pas la légère brise qui vous souffle dans les cheveux et fait siffler joyeusement les feuilles, non de non ! Le vent qui de son souffle balaye poussières et feuillage, neige et branchages, et qui de ce fait vous aveugle et vous blesse. Celui qui de tout tout temps et de toute heures vous insupporte et vous empêche de faire quoique ce soit. Celui qui, alors même que vous êtes installés tranquillement chez vous, fait claquer fenêtres et volets, et se manifeste de toute les manières possibles, sifflant d'un air sinistre dans les pièces, vous narguant de sa présence éthérée. Cet élément incommodant n'était donc point là, au plus grand plaisir de Vanaël, qui se satisfaisait de la présence joyeuse de la jeune Aramis à ses côtés.

----------Arrivant alors chez elle, Vanaël prit soin de déposer à l'entrée ses affaires, le temps de trouver ce pourquoi elles étaient venues. Ôter ses bottes toutes pleines de neige était de mise, il était hors de question de mouiller tout l'intérieur ! La maison qu'ils occupaient avec Lothaën n'était pas tant spacieuse que ça, mais suffisait tout de même amplement à leurs besoins, et pouvait même suffire à accueillir un petit nouveau dans la famille ! S'approchant alors de la pièce qui servait autant d'espace de détente que de rangement, l'elfe entreprit de déranger de leurs support les instrument qu'ils possédaient.

----------De ce fait, la lyre qui était posée contre leur bibliothèque, sur un support en poids chanté, et peint fut ôtée de son lit douillé. De même que la flûte de Pan qui reposait dans un sommeil léger sur un trépied, en bois lui aussi, et de même que ce joli tambourin en peau de truc qui était suspend à un crochet sur la surface du mur, faisant ainsi à eux trois une sympathique décoration ! Si elle l'avait pu, Vanaël aurait aussi joyeusement proposée à la blondinette d'apporter la harpe qui trônait de sa royale présence dans un coin de la salle, mais malheureusement, Vanaël craignait pour celle-ci, et puis... elle était trop encombrante pour être transporté au travers des bois. Après tout, cette harpe là faisait peut-être bien la taille d'Aramis...
----------Lui montrant ainsi ses trouvailles, et ressortant de par ce fait de la pièce, Vanaël vit que son invitée de la journée semblait s'intéresser à son arc. Il se trouvait en effet que c'était le sien, et les runes de leur peuples qui étaient gravées dessus aurait bien pu le montrer tant est qu'elle les ait lue. "Paix et tranquillité, voilà le bonheur." Bien sûr, la rouquine ne voyait aucun inconvénient à partager son savoir musical autant que martial, et elle répondit ainsi d'une voix enjouée à Aramis.

"Tu vas me faire rougir à me flatter autant mon enfant. Bien sûr que j'en serais ravie ! L'archerie est un art martial qui nécessite autant de calme et de concentration que la musique, je ne doute pas que tu puisse t'en sortir à merveille ! Aie confiance, tu as bien des années pour parfaire tes compétences." Faisant une petite pause, Vanaël exposa les trois instruments sur la table qui leur servait d'ordinaire de table à manger, mais qui était le plus souvent dégarnie de toute saleté et pièces encombrantes. Prenant alors l'arc qu'Aramis n'avait semblé osé toucher, Vanaël l'ajusta sur son dos, accompagnant son geste de quelques paroles. "Nous trouverons peut-être le temps de nous en servir aussi aujourd'hui! Qui sait ?" Lui désignant alors la table, elle continua, toujours aussi chantonnante et joyeuse dans ses paroles. "De la lyre la flûte ou le tambourin, quel instrument à ton sens te siérait le mieux ?"

----------Le salon était toujours encombré de la présence des deux elfes, ainsi que des instruments que Vanaël avait sortit afin de laisser du choix à Aramis. Cette dernière faisait part de toujours autant de curiosité et de sympathie. Elle semblait confiante quant à son avenir entourée comme elle l'était, et sa remarque ne put empêcher Vanaël d'esquisser un sourire devant cela. L'apprentissage était une tâche longue et demandant un investissement important, que l'elfe soit si enthousiaste dans l'idée d'apprendre était une bonne chose. D'autant plus qu'elle semblait vouloir tout apprendre. Il ne faudrait pas non plus qu'elle aie les yeux plus gros que le ventre... Mais pour cela, c'était à Vanaël et aux différents mentors de la petite d'y veiller. Pour l'instant, l'archerie et la musique, c'était largement raisonnable, il était encore inutile de l'avertir de la chose, cela ne ferait que réprimer ses envies.
----------Ainsi souhaitait-elle prendre la lyre ? Soit. "Un beau choix, c'est certain, en as-tu déjà joué avant ?" La diplomate pris alors la flûte de pan et le tambourin pour les ranger sur leur supports respectifs, laissant ainsi Aramis seule durant quelques instants. Ou pas. Libre à elle de la suivre après tout. Revenant dans la pièce principale, Vanaël commença à se rechausser, enfilant ses bottes soigneusement.

"Eh bien, ce ne serait pas impossible oui. Elle n'est pas très grande, alors je pense qu'il y a de fortes chance que ce soit le cas." Répondit-elle d'un air enjoué à l'interrogation de la jeunette.

----------Presque prête pour repartir affronter la froideur de ce début d'hiver, les pensées de la rouquine se tournèrent vers la musique qu'elles pourraient jouer. La question d'Aramis y avait aidé, mais il lui fallait un temps de réflexion avant de pouvoir y répondre. "Je n'en ai encore pas la moindre idée ma chère." Enfilant alors une cape bien chaude, agrémentée d'une capuche, la voilà qui allait pouvoir ressortir. Elle proposa aussi une cape à sa jeune amie. "Nous serons surement parties un certain temps, il ne faudrait pas que le froid de gèle les doigts et les oreilles." annonça Vanaël gentiment.

----------Elle ouvrit de nouveau la porte de sa maison, laissant alors le vent glacé s'engouffrer à l'intérieur, lequel vint mordre de sa froideur les joues de la rouquine. Cette dernière invita Aramis à la suivre et s'avança dans la blancheur de la clairière. Elle prit la direction des bois, vers le Sud-Ouest, où elle savait y trouver une petite cascade bien accueillante. Leurs pas laissaient derrière elles des empreintes éphémères, vite recouvertes par la neige à cause du vent qui soufflait. Leur rythme était lent, pour un elfe, et surement mettraient-elles une petite heure à arriver à destination. Toujours plongée dans ce qu'elles pourraient jouer comme musique, Vanaël était pour l'instant un peu distraite. *L'Hymne peut-être, pour commencer ?* Elle n'en savait trop rien. Après tout, elle avait plutôt l'habitude de jouer seule et laissait ainsi son corps s'exprimer librement. Autant des fois c'était des mélodies qui existaient, autant d'autres fois, elle n'étaient qu'inventées, et la rouquine ne les retenait que très rarement, ou du moins elle ne les rejouait pas sciemment. "Je n'ai pas l'habitude de prévoir ce que je vais jouer à vrai dire." Avoua d'une d'une mine quelque peu confuse Vanaël. Elle aurait bien aimé satisfaire la curiosité de la petite, mais malheureusement, elle avait beau savoir jouer de la flûte, connaître plusieurs chansons elfiques, il lui était bien difficile d'en proposer. Quoique... "Que dirais-tu de notre Hymne, pour commencer ? Ou sinon... peut-être pourrions-nous essayer de jouer la Complainte d'Océan, cela serait surement en accord avec le lieu après tout." Proposa alors Vanaël qui souriait toujours, comme à son habitude.
----------L'orée des bois leur ouvrait déjà ses bras tordus, les invitant ainsi à rentrer en son sein. Une mélodie s'élevait depuis son sommet, le vent sifflant au travers des feuilles. Il y avait là moins de neige au sol, et leur avancé en fut facilitée, elles seraient plus rapidement que prévue à la cascade finalement. Non seulement il y avait moins de neige au sol mais en plus, le vent y était aussi moins agressif. Leur bois les protégeait vraiment de tout ! Sauf des animaux, mais eux, ils étaient les bienvenus, donc ce n'était pas un mal, bien au contraire ! L'hermine qui leur coupa la route en était la preuve, c'était toujours agréable de croiser des animaux ainsi. Cette dernière s'arrêta quelques instants pour dévisager les deux visiteuses et reprit aussi vite son chemin, disparaissant dans la blancheur de la neige.

----------Le calme qui régnait dans la forêt était agréable. La neige étouffait les bruits, que ce soit les pas des deux elfes ou ceux des animaux qui déambulaient non loin. Le seul bruit plus marquant qu'il y avait, en dehors de la voix des deux musiciennes en devenir, était le bruit cassant des branches. De temps en temps en effet, l'une d'elles se brisait, que ce soit par la faute de Vanaël ou d'Aramis, ou bien même d'un animal aux alentours. Cela rythmait entre autre leur marche. Cette dernière les menait d'ailleurs d'une manière plus que certaine jusqu'à leur but.

----------La rouquine tenait Aramis par la main, toute deux avançant à une allure correcte. Elle avait eue la bonne idée de prendre sa cape, car le froid mordait sa peau fraiche sans vergogne. Ses lèvres en étaient les premières victimes, de légère gerçures commençaient d'ailleurs à se dessiner à leur surface. Pour jouer de la flûte, cela risquait d'être embêtant...

"Ne t'en fais pas, les notes viendront d'elles mêmes, tu n'aura qu'a me suivre." Rassura d'une voix chaleureuse Vanaël, avant de prendre sa gourde remplie de nectar. Le goût sucré du breuvage était délicat. L'outre avait même conservé la chaleur du liquide, ce qui était une bien bonne chose au vu de la température ambiante. "En veux-tu ?" Proposa-t-elle ensuite tout aussi gentiment, le bras tendu légèrement vers Aramis.

----------Le bruit de la cascade commençait à se faire entendre, vrombissant en chœur avec le crissement des branches. Apparemment, ce n'était pas aujourd'hui qu'ils verraient la cascade gelée, ou du moins, pas entièrement... Après tout, peut-être l'était-elle que sur une partie ? Ce n'était pas impossible.

"J'en ai eu l'occasion en effet et j'ai été agréablement surprise de constater que certains d'entre eux chantaient en elfiques. Toutefois, comme tu l'as très bien supposé, la plupart de leurs chants sont dans leurs langues." Commença à répondre la flutiste, cherchant du regard un arbre en particulier, qui lui permettrait de s'orienter précisément.

"Quant à leurs chants et leurs musiques, j'ai eu l'impression qu'ils étaient moins portés sur la nature, mais plus sur leur personne. Leurs chants, d'une certaines manières, font toujours mentions à eux-mêmes. Cela dit, ils ont beaucoup à nous apprendre, bien plus que l'on ne pourrait le croire. L'inverse est aussi vrai bien sur, ce que je veux dire, c'est qu'ils ont quelques différences, mais ce n'est finalement pas tant comparable." Finit par dire Vanaël.

----------Son regard brillait alors, fixé sur un arbre noueux dont l'une des branches s'enroulait autour d'elle même. C'était un peu comme si les branches de l'arbre avaient cherché à pousser vers le point d'où elles était nées, se tordant alors sans cesse tel un serpent, afin d'arriver à se rompre le cou.
----------Passant en dessous du feuillage de cet arbre des plus original, avec un certain respect qui se manifesta par une légère révérence vers le tronc de la part de la diplomate, celle-ci continua donc d'avancer. Cet arbre était à son sens un peu comme un gardien, chaque branche étant terminée par un œil, lesquels essayaient alors d'avoir un regard sur chaque chose, d'être au courant du moindre geste ses alentours. La première fois que l'elfe l'avait trouvé, elle en avait été surprise, un peu effrayé même, et avait hésité à franchir les lieux, craignant pouvoir irriter Végétal, ou un autre esprit. Finalement, elle était passée, mais s'était tout de même décidée à le montrer un certain respect, lequel se manifestait donc par une révérence digne de soi.
----------Chaque passage en avait été marqué, ce n'était donc pas une raison pour que cette fois-ci, alors que Vanaël était accompagné, elle s'y déroge. Entraînant Aramis à sa suite, elle s'inquiéta d'un coup d'œil de sa réaction vis à vis de l'arbre, curieuse de savoir si elle était la seule à être capable d'une telle bizarrerie. Qu'elle l'imite ou non ne la préoccupait pas, quant à ça, elle était consciente que la fillette n'aurait peut-être pas la même impression qu'elle en pénétrant dans ce lieu. Ce n'en était d'ailleurs un à proprement dit que pour Vanaël, après tout, ce n'était qu'une parcelle de terre au sein de leur forêt, rien de plus. Ce n'était pas un lieu en particulier non...

----------Le feuillage du gardien laissa alors la place à son trésor, qui chaque fois faisait naître un sentiment de bonheur et de paix chez Vanaël. L'eau purifiait son âme par le bruit qu'elle faisait ici, le bruit que provoquait la cascade sonnant comme une complainte aux oreilles de la rouquine. S'agenouillant, elle se tourna vers Aramis, et passa son bras autour de sa taille.

"Voici mon petit coin de paradis. Qu'en penses-tu ? Je te laisse choisir l'endroit qui te sied le mieux pour nous installer, je te suivrais. Après tout, des musicien(ne)s se doivent de se faire confiance."

----------Réagissant alors aux questions toujours aussi pertinentes de la jeune elfe aux boucle d'or, Vanaël la couvait du regard, ravie d'avoir eu l'idée de venir ici avec elle. "Oui, cela leur arrive, ils sont curieux, bien plus que l'on pourrait le croire. Ils apprécient les choses nouvelles, la culture elfique n'y faisant pas défaut. Certains le font sans comprendre notre langue, d'autre, plus investit, décident de l'apprendre. Ils aiment que les choses bougent. Une grande part de leur force d'ailleurs..." Leur capacité à s'adapter au changement était en effet ce qui faisait de leur peuple ce qu'il était actuellement, en partie. Ils avaient après tout réussi à s'adapter au différent climat d'Armanda, à faire face à l'arrivée des elfes, puis inévitablement des vampires. Malgré ça, ils demeuraient un peuple puissant, nombreux, et... à peu près soudé, en dépit des rivalités qui existaient en son sein. Leur culture était de ce même fait différente selon les endroits que l'on visitait. Les contes racontés aux enfants étaient d'ailleurs la première chose qui changeait. Ceux de Lyssa n'avaient rien à voir avec ceux des villes plus proches de Gloria. Les instruments utilisés, les chant appris, tous variaient d'une certaine manière, bien que tout le temps, on puisse retrouver une part de similitudes. "Quant au chant, c'est en quelque sorte ça, même si la différence est je pense plus subtile que cela." Il était intéressant de s'intéresser aux autres cultures en effet, et celles des homme avait de quoi nourrir la curiosité de plus d'un. Leurs manières de vivre pouvait être si différente d'une citée à l'autre, de même que leur fort taux de natalité et leur faible espérance de vie en faisait un peuple à l'évolution extravagante. "Je te le conseille, c'est une expérience très enrichissante. Ils apprennent vite, et de par ce fait, ont beaucoup à apprendre aux autres, même s'ils ont aussi à apprendre des autres." Les nuances pouvaient paraître mince à l'oral, mais elles étaient toutefois primordiales.

----------Acceptant de bonne grâce le choix d'Aramis, la rouquine alla s'asseoir sous l'arbre qu'elle avait montré. Repliant sa cape sous ses fesses afin d'en faire une assise à peu près confortable, ou du moins la protégeant du froid, elle s'adossa contre le tronc. Sa surface avait beau être rugueuse et froide, c'était tout de même mieux que rien après leur marche jusqu'ici. Fouillant alors dans sa besace, Vanaël en sortit sa flûte, qu'elle posa sur ses genoux le temps de refermer son sac, puis de le poser entre ses jambes.
----------Elle reprit alors son instrument et releva le dos, s'asseyant en tailleur, droite. Portant la flûte à ses lèvre, son regard s'étendit sur la cascade dont une bonne partie était gelée, l'autre en revanche se manifestait avec joie, son cri remplissant les lieux d'un grave ronronnement. Oui son choix de tout à l'heure était une bonne idée. La Complainte à Océan correspondait bien au lieu. Après tout, la neige, l'eau, la glace était les fruits d'Océan, l'aîné des esprits, l'origine du monde. Il est la toute puissance, celui que tous craignent et respectent. Le vrombissement de la cascade rappelait cela, cette fureur sans nom, cette colère qui peut surgir à tout moment. Elle en était l'expression. D'un autre côté, la glace rappelait la stabilité, la solidité. C'était à son tour une preuve de puissance, mais aussi de stabilité, et malgré l'aspect éphémère de la glace, la solidité qu'elle possédait manifestait la capacité qu'avait les esprits à perdurer dans le temps, quoiqu'il arrive. Ils étaient un pilier au monde, il en était la source, de même que cette cascade avait une source.
----------L'esprit dans le vague, l'elfe se mit à souffler dans son instrument, démarrant ainsi calmement, dans des notes plutôt graves et espacées. Son regard suivait le mouvement de la glace, détaillant alors les courbes que le bloc avait pris lorsque l'eau s'était figée. C'était là une scène étrange et merveilleuse, voir ainsi ce bloc, statique, qui représentait pourtant quelque chose de fugace, en mouvement perpétuel... cela avait de quoi faire briller plus d'un œil. De la même manière qu'elle finit par arriver en bas de la "statue de glace" et à s'attarder alors sur la partie en mouvement de la cascade, Vanaël se mit aussi à accélérer le rythme de la mélodie. Les notes en devenait ponctuées de quelques aigus, égaillant ainsi la complainte. Coupée du monde, elle jouait ainsi, son regard devenant le chef d'orchestre du reste de son corps.

----------Plongée dans un sommeil éveillé, Vanaël ses doigts danser sur le tube de bois. L'air qu'elle soufflait dedans se transformant alors en une mélodie. Elle sentait contre le bout de ses doigt l'infime pression de l'air lorsqu'elle émettait un son, la froideur agréable de ce souffle précédant le résultat. Fruit impalpable, la musique avait une saveur propre à chacun. Que la musique jouée soit la même ou non d'ailleurs, selon qui la jouait, avec quel instrument, le résultat était toujours différent. Même pour une même personne jouant plusieurs fois la même musique, avec un instrument identique à chaque fois, la mélodie joué et perçue ne serait pas tout le temps la même. Similaire, certainement, mais rarement identique. Les émotions avaient tant à jouer dans notre manière de nous exprimer qu'elles en devenait même un facteur de poids pour jouer. Après tout, hors de question de jouer une berceuse lorsqu'on est énervé. Était-ce même possible ? Pas selon la rouquine en tout cas. La musique était l'expression de nos sentiments, que les deux soient en contradiction ne lui paraissait pas possible.

----------En ce moment, Vanaël était calme, reposée et en forme, aussi cela s'entendait-il, ses accords s'enchaînant avec énergie, rythmant la complainte et lui donnant vie. De même que l'eau glacée pouvait redevenir eau et ainsi reprendre vie, la musique avait cette force à pouvoir raviver chez celui qui l'entends des sentiments enfouis. Surement était-ce la la force des baptistrels, pouvoir exploiter cet attrait de la musique et l'amplifier de part leur aptitudes. La mélodie que jouait Aramis lui parvenait aussi, l'accompagnant dans cette expérience reposante. La petite se débrouillait bien, malgré quelques notes écorchés, mais cela se corrigerait avec le temps. Apprendre à jouer d'un instrument était après tout le travail d'une vie. Qu'elle ne sache pas encore jouer de son instrument -qui n'était pas le sien- n'avait rien d'anormal.

----------Arrivant au terme de ce voyage musical, Vanaël resta immobile quelques instants, ses lèvres embrassant toujours le bois de son instrument. Lorsqu'enfin elle s'en détacha, pour se tourner vers le minois aux prunelles d'émeraude d'Aramis, se fut pour répondre à ses questions. "Tu as encore besoin de t'entraîner, mais c'était déjà concluant. Tu en joue régulièrement ? Le seul conseil que je pourrais te donner, c'est de continuer à pratiquer, régulièrement. je ne pense pas pouvoir mieux t'aider, si ce n'est en continuant de jouer avec toi, ou de t'en faire écouter." Il n'y avait pas de secret non, à part s'exercer, encore et toujours, se cultiver et s'aérer l'esprit, il n'y avait pas de solution miracle pour progresser.

"La complainte d'Océan est, si je me souviens bien, une complainte née des tous premiers temps d'Armanda. Les elfes la chantaient avant d'arriver sur le continent, pour qu'Océan ait pitié d'eux et les guide. En cela, elle ressemble d'ailleurs à la Complainte à Vent, qui a les même origines. La chanson a perduré, mais elle a été grandement modifié par une légende.
Une elfe aurait perdue son fils durant le débarquement, et durant des semaines, voire même des mois, elle pleura au sein du bois elfique, au bord d'un étang. On ne retrouva jamais le fils en question, malgré tout les moyens mis en œuvre. La jeune mère chanta alors durant plusieurs jours, suppliant Océan de lui rendre son fils. Elle l'accusait de le lui avoir dérober, le considérant comme le prix de leur arrivée sur cette terre.
Après tout, ils avaient passés tant de temps sur les flots, que retourner sur la terre ferme était une sorte d'abandon à Océan. Elle finit par se noyer dans l'étang et son corps ne fut, lui non plus, jamais retrouvé. Certains disent qu'Océan l'aurait punie pour avoir osée l'accuser ainsi, et c'est ainsi que naquit la version que nous venons de jouer."

----------Remarquant alors que le soleil avait déjà bien baissé depuis leur arrivée, Vanaël se releva en douceur. Elle frotta sa cape afin d'en ôter la neige, bien que celle-ci soit surtout humide après s'être assise dessus. Rangeant alors sa flûte dans sa besace, l'elfe se libérait de ce qui encombrait ses mains, en profitant ainsi pour proposer son bras à Aramis afin de se lever à son tour. La cascade grondait toujours, l'absence progressive de lumière lui donnant au fur et à mesure des teintes plus sombres. "Nous ne devrions pas plus tarder, il commence à se faire tard, j'ai promis à ton père de te ramener à une heure raisonnable. Il ne faudrait pas que j'y déroge." Patouillant amicalement les cheveux d'Aramis, la rouquine lui proposa finalement une nouvelle fois son bras, entreprenant alors de prendre le chemin du retour.