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| Libérer, délivrer [Kykynou] | |
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| Sujet: Libérer, délivrer [Kykynou] Dim 18 Jan 2015 - 12:43 | |
| Début août de l'an II
La princesse revenait d'une première rencontre avec quelques membres baptisrels. Une rencontre placée sous le signe de la magie mais aussi de la reconstruction et de l'espoir d'un demain meilleur. La jeune femme avait eu la mission de leur proposer un palais et une place à Gloria pour accueillir leur ordre devenu sans domicile depuis qu'une perle de Néant avait pris place au cœur des bois elfique et au cœur de leur domaine. Cette rencontre avait pour Esmelda une importance toute particulière, bien au delà de la simple proposition d'une hôte. La princesse lors de son voyage elfique avait côtoyer cet ordre auprès de qui elle avait appris de nombreuses choses, dont la maîtrise de leur magie. Mais aussi un pan de leur savoir illimité du moins à ses yeux d'humaine. Elle avait passé des heures à lire leur ouvrages ou bien à les écouter parler de leur ordre ou bien de la magie, de la vie, la mort, chaque chose qui les entourait faisant leur monde. L'importance de la plus petite créature à la plus grande, de chaque élément présent dans leur univers, poussière ou pierre. Alors la proposition de leur venu à Gloria était pour la princesse des Hommes un véritable honneur, une main tendue et un juste retour des choses, eux qui l'avaient si bien accueillit. Mais pour l'heure, rien n'avait établit. Des échanges fructueux avaient été proposés mais il fallait l'aval et l'accord de leur Maître et dirigeant : gardien des savoirs. Une logique à laquelle Esmelda scella une lettre pour le Seigneur Shadowsong, qui avait pour le moment quitter Aigue et la rébellion.
Le voyage retour se fit rapidement malgré la crainte de croiser quelques factions alayennes en déroute, mais hormis quelques hordes de cervidés, une meute de loup au loin et de nombreux lapins, la délégation accompagnant la jeune femme ne rencontra pas nombreuses âmes. Les quelques hameaux traversés ne faisait guère sortir ses habitants, la peur, la crainte malgré la paix. Mais relative, la présence des alayens en cavale sur les routes laissait une certaine méfiance.
Son retour commença par une visite à son cousin et empereur pour l'informer des avancées et attentes concernant son voyage. Un court entretien qui serait développer ensuite en conseil. Esmelda put donc avec plaisir retrouver ses appartements pour se reposer un instant et prendre un bain réconfortant après son voyage.
L'eau parfumé, chaude, délicate sur sa peau fatiguée, ou quelques pétales de fleurs s'y collaient délicatement comme des pansements. La jeune femme prenait des nouvelles du palais auprès de la douce Léanne qui lui lavait et onguait les cheveux d'huiles aux senteurs parfumées. Au détour d'une conversation, la jeune femme lui apprit qu'un rebelle avait été démasqué et emprisonné au cœur du palais. Mais qu'elle n'en savait guère plus. Le cœur de la princesse se serra fort. Qui ? Un ami ? Une connaissance ou Kylian ? Une fois propre et sèche, elle irait se rendre par elle même d'une façon ou d'une autre voir par elle même qui se trouvait derrière des barreaux.
Quelques heures plus tard, Esmelda était vêtu comme un homme et avait l'apparence d'un des soldats de sa garde, son diamant de métamorphose autour du cou, cacher sous sa tunique et se dirigeait vers la prison, épée à la ceinture, essayant de prendre l'allure masculine d'un homme d'armes et pas celle altière d'une princesse. Pas des plus simple ni facile. Et encore moins face aux soldats qu'elle pouvait croiser. Un langage plus familier et moins protocolaire. Pas facile à entendre ni à tenter de répéter. Mais pour le moment, elle s'en sortait plutôt bien. A rendre visite souvent aux soldats, Esmelda avait ainsi aussi apprit leur façon de faire et dire.
Arrivant vers la cellule du prisonnier, la princesse soldat ne put que sentir son cœur se serrer et battre plus fort en voyant qui était le prisonnier : Kylian. Avait-il entendu ce cœur changer de cadence, sûrement. Mais qu'avait-il fait encore ? Ne l'avait-elle pas prévenu ? Que c'était trop dangereux. Mais il ne l'avait pas écouter, encore. Et voilà, de nouveau en prison. Et cette fois comment l'aider ? Quelle tête de pioche !!!
« -Eh bien, un rebelle en prison ? »
Elle prit dans ses mains les barreaux en les serrant.
« -Espionner pour le compte des traîtres. A moins que se ne soit pour tout autre chose, Sir Caralès. »
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| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Libérer, délivrer [Kykynou] Lun 19 Jan 2015 - 20:28 | |
| Il avait eu raison de penser que cette entrevue avec le trésorier Ostiz finirait mal, et pourtant, il avait été assez bête pour croire en ses chances de tromper l'administrateur. Il s'en était pourtant fallu de peu qu'il ne réussisse, peut-être même aurait-il pu y parvenir, si toutefois le destin n'avait voulu que le trésorier et le vampire ne se soient déjà croisés par le passé. Dracos, comment avait-il pu ne pas le reconnaître alors ? Son odeur, le son de sa voix, les traits de son visage eux-mêmes lui avaient pourtant bien semblé familiers, mais le souvenir de leur première rencontre ne lui était revenu que trop tard. Et à présent, Kylian croupissait à nouveau dans les geoles d'un empereur. Au moins la famille Kohan pouvait-elle se prévaloir d'une certaine constance dans sa façon de traiter le renégat vampirique, mais si Esmelda était parvenue à lui éviter le billot face à Korentin, il semblait difficile d'imaginer qu'une telle possibilité se présenterait de nouveau ici. Certes, le vampire possédait désormais une alliée au moins aussi persuasive que pouvait l'être la princesse, en la personne de sa liée d'âme. Skade n'avait d'ailleurs pas été longue avant de venir s'enquérir des raisons pour lesquelles son lié s'était brutalement vu privé de liberté et le jeune dragonnier pouvait sans mal imaginer la titanesque créature venir éventrer le palais pour récupérer son bien. Mais, car il devait bien y avoir un mais, Kylian s'était refusé à un tel sauvetage. Outre les dangers et les douloureux souvenirs qu'une telle intervention ne manquerait pas évoquer à l'ancestrale écailleuse, les dégâts collatéraux et victimes innocentes seraient bien trop importants que pour que le vampire put le tolérer. Skade avait compris, à défaut de totalement l'accepter, et Kylian était parvenu à obtenir d'elle qu'elle n'intervienne pas aussi longtemps que la vie du vampire ne serait pas directement menacée. Par chance, si l'on put dire, il avait été capturé après que les Alayiens aient été chassés et avait ainsi évité l'exécution pure. Il lui restait donc un espoir, certes bien mince mais espoir tout de même, d'échapper à la condamnation à mort.
Assis dans un coin de sa cellule, le renégat vampirique remuait ses pensées, cajolant mentalement la présence rassurante que laissait à ses côtés le lien qui l'unissait à la dragonne plusieurs fois millénaires. Un bruit de pas dans le couloir lui fit comprendre qu'un garde approchait, mais il n'y accorda dans un premier temps aucune attention. Toutefois, le garde pour sa part semblait gratifier d'une bienveillance toute particulière la sombre silhouette du prisonnier : au rythme de ses battements cardiaques, le vampire perçut rapidement que l'humain éprouvait une émotion particulièrement forte à la vue du prédateur. La peur, mêlée à l'excitation de voir un vampire en chair et en os pour la première fois ? Peut-être. C'était en tout cas ce que pouvait laisser penser le flagrant manque de prudence avec lequel ce benêt s'approchait des barreaux. Un rebelle en prison oui, imbécile, un rebelle qui aurait tôt fait de bondir sur la porte pour t'arracher les bras si l'envie lui en prenait. Blasé, quoiqu'un peu attendri par une telle naïveté, Kylian inspira profondément avant de laisser échapper un soupir las, lorsqu'une odeur très particulière vint lui chatouiller l'odorat. Outre un fort parfum de fleurs, étonnamment féminin pour un homme, le garde portait sur lui une odeur que le vampire eut reconnu entre toutes : le parfum d'Esmelda. La princesse avait-elle eu vent de sa capture ? Peut-être était-ce elle qui lui envoyait un allié sûr pour l'aider à s'évader ? Désormais beaucoup plus intéressé et attentif, le renégat tourna le visage en direction de la silhouette qui se dressait de l'autre côté des barreaux de sa cellule. Il se redressa ensuite avec lenteur pour s'approcher de son mystérieux visiteur, traquant de son regard clair celui plus sombre du garde tandis qu'il venait à son tour refermer les mains sur les barreaux enchantés qui le maintenaient prisonnier.
« Espionner ? Un bien vilain mot que celui-là : je ne suis que l'innocente victime d'une erreur judiciaire. Comme je m'en défendais auprès de votre collègue, je ne connais aucun Caralès, je ne suis qu'un humble producteur de cougourdes, de passage au palais pour présenter mes produits à la cour de l'empereur. »
L'ironie dont transpirait chacun des mots du vampire était plus que perceptible, mais il y avait dans l'intonation de sa voix plus de moquerie que de réelle agressivité. Quelque chose lui disait que cet homme tenait davantage de l'ami que de l'ennemi, sans qu'il fut capable d'exprimer la raison de son intuition. Raison qui lui apparut pourtant brutalement, au détour d'un regard, d'une lueur qu'il avait put apercevoir au fond des yeux qui lui faisaient face, d'une étincelle qui ne pouvait appartenir à aucun autre regard que celui d'une femme amoureuse. Oubliant brièvement la masculinité des traits, le vampire se plongea dans ce regard et, lorsqu'il fut convaincu que son esprit ne lui jouait aucun tour malicieux, laissa finalement un murmure hébété franchir ses lèvres :
« Complètement folle... »
Esmelda ! Cet homme, ce garde qui se tenait de l'autre côté des barreaux, c'était Esmelda, le vampire en aurait mis ses crocs à arracher (ou sa main à couper). Comment elle avait pu apprendre la présence de son ancien amant dans les geôles et par quel subterfuge elle était parvenue à troquer son apparence pour celle que le vampire avait sous les yeux demeuraient un mystère, mais de savoir son amour si proche était pour lui tout à la fois source de soulagement et d'appréhension. Soulagement, parce qu'elle était là et qu'il pouvait la toucher, la voir, lui parler. Appréhension, parce qu'habile déguisement ou non, elle prenait un risque certain en s'aventurant ici. Avec un regard furtif en direction du couloir, comme pour mieux s'assurer que personne n'approchait, le vampire glissa quelques mots discrets à l'attention de son visiteur :
« Mais que viens-tu faire ici ? »
Probablement pas la question la plus pertinente qui fut, mais elle n'en demeurait pas moins importante aux yeux du vampire. |
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| Sujet: Re: Libérer, délivrer [Kykynou] Sam 24 Jan 2015 - 16:48 | |
| Face à lui un prisonnier se justifiant. Comme tous les prisonniers. Ce n'était jamais eu mais toujours un autre. Parfois vrai souvent faux. Un frisson lui parcourut l'échine repensant à sa dernière visite dans ces geôles. Korentin jeté là comme un meurtrier et la belle Ashy accroché comme une vulgaire vache. Même si la conclusion fut leur libération, Esmelda ne put s'empêcher de penser à tout ce qui les mena à une telle escapade. Et cette fois-ci c'était son aimé qui s'y retrouvait. Même si elle lui en voulait toujours un peu, le savoir derrière des barreaux lui fendit le cœur, et la peur de le voir condamner lui donna une peur qu'elle connut quelques mois plus tôt.
Ses mains se serrèrent encore plus sur les barreaux de fers quand Kylian vint poser les siens non loin. Le ton et la voix de son aimé la fit sourire à demi quand il continua dans ses explications aussi mensongères que grotesques. Mais il se moquait d'elle, de son soldat plutôt, du moins du faux soldat qu'elle était.
« -Tu m'en fais une belle coucourde. Et depuis quand l'empereur reçoit les commerçants qui passent au palais. Cela n'a pas dû arriver depuis la mort de feu l'empereur Rodrick. Et je vous ai vu vous nommer comte Caralès devant son altesse la princesse. »
Devait-elle continuer à jouer le faux soldat, au cas où ? Le soldat se recula un instant pour jeter un coup d'oeil dans les alentours, d'un regard vers le vampire, elle comprit qu'ils étaient seuls. Du moins seuls pour pouvoir continuer leur discussion privée.
Reposant ses mains, une moue vexée sur le visage, sa voix se fit offusquée.
« -Folle de suite. J'aurai dit maline, audacieuse, courageuse, voir téméraire mais pas folle. Ou bien seulement de celui qui se trouve encore une fois derrière ces barreaux. Je vais commencer à croire que tu aimes que je vienne jouer les chevaliers héroïques ? »
Haussant les épaules, comme si cela était une évidence.
« -Et ce que je fais là me semble logique. Je viens te voir. Et comprendre, mais aussi tenter de sauver ta tête. Mais cette fois-ci, je ne peux venir de façon frontale, sinon on sera deux à la fête que Fabius organisera pour notre mort. Et lui qui adore les arènes, je te laisse imaginer la suite. »
Et l'empereur se ferait une joie de voir sa cousine danser avec un lion courant derrière elle cherchant à la dévorer. Il empaillerait sûrement l'animal pour le garder toujours auprès de lui. Donc pour la dignité de l'animal, Esmelda se devait de faire les choses bien. La première étant de s'assurer qui se trouvait dans la prison et après d'en tirer sa force. Celle de Kylian : Une dragonne plus grande que la ville ferait l'affaire. Même une dragonne tout court. Magie suprême. Puissance à l'état brute, rien de plus pour satisfaire un empereur qui était un puissant mage.
« -Alors comment se fait-il que Sir Caralès soit en prison ? Et à quel grief es-tu en prison ? Pour l'heure, Fabius n'est pas au courant de ta mise en prison. Du moins pas pour l'heure, il a des affaires bien plus urgentes mais ce n'est qu'une question d'heures. Et l'usurpation d'identité est passible de la peine de mort, surtout pour celle d'un comte. Mais je lui couperai l'herbe sous le pied, en disant que je sais qui tu es. »
Un risque mais après tout le camp rebelle avait accueillit les vampire, la jeune femme aurait pu le rencontrer, ou le voir. Sans avouer qu'il était son amant. Fabius serait peut être plus clément que Korentin en tuant les amants ensemble, mais ce n'était pas une raison pour en profiter.
« -Au moins, je suis rassurée de voir que tu es mieux traité que la dernière fois. » |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Libérer, délivrer [Kykynou] Jeu 29 Jan 2015 - 17:58 | |
| C'était gentil de la part de son visiteur que de lui rappeler ainsi à quel point sa situation était pour le moins indéfendable. Vraiment, son histoire était-elle donc à ce point invraisemblable ? Ironie, douce ironie. Pourtant, imaginer un vendeur de cougourdes devisant paisiblement à la cour de l'empereur ne lui paraissait pas beaucoup plus improbable que de voir débarquer au milieu des cachots une princesse vêtue comme un homme, et ce dans tous les sens du terme. S'il n'y avait eu l'éclat de son regard et l'entêtant parfum qui la suivait partout où elle allait, jamais le vampire n'eut-il pu reconnaître son aimée derrière des traits aussi masculins, bien loin de la douceur délicate d'une peau de demoiselle. Un sourire vint cependant rapidement étirer les lèvres du renégat : sous la façade, elle restait identique à elle-même et de voir un soldat de la garde afficher une mine boudeuse avait un petit côté burlesque des plus appréciables au vu de la sordide atmosphère qui régnait dans les prisons du palais. Instinctivement, la main du vampire glissa le long de l'un des barreaux de métal qui le séparait de sa belle, enfin de son beau si tant est qu'il put se permettre pareille expression, et vint effleurer les doigts burinés par le long entraînement à l'épée que s'était imposé celui dont la princesse avait emprunté les traits.
« Maline, audacieuse et courageuse... cela me semble une telle évidence, fallait-il vraiment que je le fasse remarquer ? Ce serait comme te dire que tu restes belle à mes yeux, même lorsque tu arbores du poil au menton et qu'il manque une dent à ton sourire. Je suis désolé d'avoir à t'imposer cela mais au moins, tu peux constater que je n'exagère pas quand je te dis que j'ai besoin de toi. »
Peut-être un peu trop au goût de la concernée d'ailleurs, mais n'avait-elle pas elle-même rappelé qu'elle était folle de lui ? Toutefois, il semblait effectivement s'être mis cette fois dans une situation particulièrement difficile, et l'idée de finir au milieu de l'arène avec son aimée n'était pas la perspective d'avenir la plus réjouissante qu'il avait pu avoir vis-à-vis de son couple.
« Je ne connais pas les chefs d'accusation sous lesquels j'ai été écroué, ils n'ont pas jugé utile de m'en avertir. La liste leur semblait peut-être trop longue, mais l'espionnage y figurera je suppose : le trésorier Ostiz m'a reconnu et dénoncé comme un vampire partisan de la rébellion. Rien à voir avec le cambriolage, ne t'inquiète pas, nous nous étions rencontrés en début d'année mais j'ignorais alors qui il était. »
Une coïncidence, en somme, le petit grain de sable inattendu qui était venu réduire à néant des semaines d'effort pour préparer au mieux l'intrusion du vampire dans les murs de Gloria. Toutefois, il était seul responsable de sa situation et l'acceptait, après tout, il avait toujours été conscient des risques qu'il prenait. Simplement, pour cette fois, il avait joué, une fois encore, une fois de trop, et il avait perdu. Néanmoins, une phrase de la princesse interpella son attention, elle voulait dire à Fabius qui il était ? Qu'entendait-elle exactement par là ? Certainement pas révéler à son abominable cousin qu'elle aimait un vampire, elle était certainement courageuse, téméraire et audacieuse, peut-être folle d'avoir accordé son amour à celui qui se tenait dans cette cellule miteuse, mais elle n'avait rien d'une imbécile. Alors quoi ? Lui dire qu'il était rebelle ? Les loyalistes le savaient déjà. A moins qu'elle ne le présente comme un dragonnier ? C'était effectivement un argument de poids, même si le vampire n'était pas certain de vouloir mêler sa liée à cette histoire : elle venait à peine de guérir de sa blessure, ce n'était certainement pas pour s'en voir infliger une nouvelle en venant à son secours. Mais si dragonne et princesse pouvaient négocier par la voie diplomatique, peut-être qu'ils pourraient éviter d'en arriver là. Cependant, autant qu'il voulait protéger sa dragonne, le vampire ne voulait pas voir la princesse prendre plus de risque qu'il n'était nécessaire de le faire, et Fabius n'était pas le seul danger dont ils se devaient de se méfier :
« Es-tu certaine que ce soit la bonne décision ? Au delà de Fabius, certains nobles pourraient ne pas apprécier te voir prendre la défense d'un rebelle, vampire de surcroît, et je te rappelle que Korentin est encore considéré comme un régicide par la majorité de la population. Peut-être vaudrait-il mieux pour toi faire profil bas, je connais ton amour des animaux, mais les lions auront déjà bien assez à manger sur ma carcasse que pour leur offrir la tienne en dessert. »
Vaines tentatives, il le savait, aussi bien sa touche d'humour pour détendre l'atmosphère que le fond réel de ses paroles ne seraient guère entendus. Et pour cause, à supposer que leurs rôles furent inversés, le vampire lui aussi n'aurait pas hésité à mourir avec sa princesse si telle devait être la dernière chose qu'il faisait.
« A moins que ... »
Un doute soudain, subtil, effrayant, venait de s'inviter dans l'esprit du vampire et le timbre que prit sa voix tandis qu'il posait sa dernière question en fut la plus fidèle incarnation :
« Devrais-je... Devrais-je t'appeler... Reine ? »
Dracos, que ces mots avaient été difficiles à prononcer tant ce qu'ils impliquaient lui était douloureux. Il ne voulait même pas avoir à y penser, et pourtant, peut-être n'aurait-il pas le choix. |
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| Sujet: Re: Libérer, délivrer [Kykynou] Sam 31 Jan 2015 - 14:48 | |
| La main de Kylian sur la sienne la gêna un instant, car elle n'était pas elle. Enfin si mais pas totalement. Et l'idée qu'il puisse toucher une autre personne lui était insoutenable. Elle écarta un peu sa main en essayant de lui faire comprendre une logique qui parfois ne semblait pas l'être.
« -Il n'est jamais inutile de rappeler certaines choses parfois, même les plus logiques qu'elles soient. D'autres moins comme le fait que tu as besoin de moi. Et tu feras comment si un jour je ne peux pas. »
Sa vie ne dépendait que de lui, mais d'autres en dépendaient. Le comprendrait-il un jour ? Esmelda désespérait de cela.
« -Je ne m'inquiétais pas pour le cambriolage, mais pour le reste. Encore ce fait serait facile à amoindrir. Sans connaître tes chefs d'accusation, ou seul celui de rebelle... cela va être bien plus difficile. Vampire rebelle, tu dépends de Lorenz, ne t'en déplaise. Fabius n'a que faire d'un vampire, tout comme Lorenz. Donc la décapitation t'attend. Surtout que ce trésorier est un véritable charognard. Du même genre que mon cher et adorable cousin. »
Cupide, avare et égocentrique. Bref tout pour plaire. Kylian pouvait même s'avérer heureux de ne pas être déjà mort, tellement parano que le trésorier aurait pu le faire tuer directement, sans chercher à comprendre.
« -Il va falloir mettre en avant tes intérêts à ses yeux. Ta dragonne. Magie, puissance, tout ce qu'aime mon cousin. Sinon, prévenir la rébellion. Korentin sait ce que tu représentes à mes yeux, il pourrait nous aider. Après tout cette idée est la sienne. »
De faire rentrer un vampire dans une cité humaine. De faire rentrer Kylian au palais du dragon. Venir furtivement un soir n'avait rien à voir avec côtoyer tous les jours des Hommes, à se faire passer pour un autre. Un autre aussi proche du pouvoir malgré tout. Un valet auprès de la princesse aurait peut être mieux valu. Mais vu qu'on ne lui avait pas demandé son avis. Vu que Kylian tenait à se faire pardonner. Et maintenant que c'était fait, il allait mourir. Esmelda aurait dû continuer à le repousser, à l'obliger de partir au lieu de céder à l'appel de son cœur, il serait loin et libre.
« -Merci de me rappeler telles choses. Je sais que les rebelles sont vus comme traîtres. Bien sûr que je me mettrais les nobles à dos, mais en disant que tu es dragonnier, que tu es liée à une dragonne plus grosse que la ville, ils m'écouteront. Il ne verront pas là une ancienne rebelle tentant de sauver un allié. Je ne chercherai qu'à sauver la ville. Ce qui est aussi vrai soit dit en passant. »
Entre la fureur d'une dragonne et celle de son cousin, elle préférait la dernière. La seule conséquence serait au pire sa mort tandis que l'autre serait celles d'innocents que la jeune femme cherche à tout pris à sauver.
« -Et je ne laisserai pas un lion te dévorer. Il n'y a pas plus sur toi. »
Peut être même moins, elle serait plus délectable pour les lions que lui. Viande fraîche. Mais la suite lui enleva bien vite cette image d'elle au cœur de l'arène pour une autre bien pire encore.
« -A moins que quoi ? Tu essaies de me dire quoi ? »
La princesse soldat fronça les sourcils et sur la défensive, elle chercha à ne pas exploser et contenir une colère montante.
« -Que reine je peux te sauver sans crainte ? Que reine je serai à l'abri ? Tu n'oserais pas tout de même Kylian me proposer un tel marché ? Parce que si c'est cela, tu as été déjà cruel avec moi, mais là ça dépasse l'entendement. »
Esmelda s'était reculée pour cacher le mal naissant dans ses yeux. Non, il ne pouvait pas, il serait le pire des goujats, qu'elle cherche à sauver son peuple dans cette folie certes, mais pas que lui la pousse. Il la jetterait pire qu'aux lions. Dans un murmure triste :
« -Reine... »
Oui le but était de l'être, mais pas pousser par Kylian. Pas comme cela. |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Libérer, délivrer [Kykynou] Dim 1 Fév 2015 - 21:28 | |
| Mettre en avant sa dragonne ? S'il n'était pas dans une situation qui ne s'y prêtait absolument pas, le vampire aurait sans doute pu rire à cette idée. Skade n'avait en effet pas besoin d'aide pour se mettre en avant, preuve en était le mal que le vampire avait eu à la dissuader de raser la ville pour le faire sortir de prison. D'un autre côté, elle demeurait la meilleure chance de survie du dragonnier vampirique et ce quand bien même il n'aimait pas beaucoup l'idée de l'utiliser comme une menace ou un quelconque argument. Toutefois, si cela pouvait éviter des morts inutiles, il lui faudrait bien accepter de mettre de côté sa sensibilité ; et le raisonnement que venait de lui présenter la princesse soldat acheva de le convaincre. Cela ne lui plaisait toujours pas, et il eut souhaité pouvoir éviter qu'Esmelda n'ait à prendre le risque de s'attirer des ennuis à cause de lui, mais d'une part, il avait fini par accepter l'idée qu'elle n'était pas aussi vulnérable qu'il avait pu le penser, et d'autre part, il était parfaitement conscient du fait qu'il ne pourrait pas la tenir à l'écart de tout danger éternellement. Toutefois, alors même qu'il se préparait à dévoiler son plan d'action à la jeune femme, il sentit qu'elle se crispait et remarqua nettement que le regard qu'elle posait sur lui avait brutalement changé. Le sauver sans crainte ? Un tel marché ? Cruel ? Mais par le Dracos, de quoi pouvait-elle... Et voila qu'elle se détournait, s'éloignait encore une fois de lui sans qu'il ne comprenne la raison de ce comportement. Instinctivement, le vampire s'avança comme s'il avait espéré pouvoir la rattraper, tendant le bras entre les barreaux de sa cellule contre lesquels il était venu peser de tout son poids :
« Esm... Mais qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi ? Mon am... Non, reviens, ne me ... »
Son esprit embrumé par la panique et l'incompréhension, il avait manqué de peu prononcer le prénom de la princesse à haute voix et ne s'était rattrapé qu'à la dernière seconde. Toutefois, alors qu'il essayait vainement de la convaincre de lui expliquer, il comprit brutalement ce qu'avait déduis son aimée de la question qu'il lui avait posée un peu plus tôt : elle avait pensé qu'il suggérait qu'elle épousa Fabius pour le faire libérer en toute sécurité. Cette révélation gronda dans son esprit telle un roulement de tonnerre, et vint le frapper au coeur plus durement que n'auraient pu le faire les lances réunies de toute une armée. S'il avait encore été humain, sans doute se serait-il arrêté de respirer au point de s'en étouffer : comment avait-elle pu ? Bouche bée, les yeux écarquillés en une muette manifestation de sa douleur, le vampire se détendit brusquement. S'il s'appuyait encore contre les barreaux de sa cage, c'était à présent d'avantage pour éviter que ses jambes vacillantes ne le laissent chuter que pour essayer de tendre à la main à la demoiselle - enfin au damoiseau - responsable de ses émois. Son bras, justement, se laissa lugubrement tomber, comme s'il n'avait soudain plus eu la force de le maintenir à l'horizontale. Ses lèvres tremblèrent et sa vision se brouilla tandis qu'il bafouillait quelques sons indistincts avant de finalement parvenir à formuler des mots intelligibles. Sa voix, cependant, n'était plus désormais que le pâle reflet de son triste désappointement et c'est en laissant s'écouler une sombre larme qu'il expliqua :
« Ce n'est pas... Je ne voulais pas dire que... Ma question avait simplement pour but de savoir si le mariage avait ou non déjà été célébré ! Si tu étais déjà Reine ou non... Ça et rien d'autre... C'est la seule raison pour laquelle je suis revenu : en apprenant que Fabius était de retour à la capitale, je voulais pouvoir te parler pour m'assurer que tu n'avais pas changé d'avis, que tu étais toujours aussi déterminée à l'épouser, je voulais pouvoir être là pour t'accompagner si tu en ressentais le besoin autant que pour t'offrir une porte de sortie si tu le jugeais nécessaire. Je voulais savoir s'il était ou non trop tard pour cela... Et toi tu... »
C'en était trop à présent, ses jambes plièrent et le vampire se laissa lentement glisser contre les barreaux de métal, tombant à genoux avant de détourner le regard, incapable de le maintenir plus longtemps sur la silhouette de son visiteur. Sa voix baissa d'un ton encore pour ne devenir qu'un murmure à peine audible.
« Tu as préféré penser que je pourrais me servir de toi... Tu m'as vraiment cru capable de t'encourager à épouser Fabius à seule fin de sauver ma vie... »
Même en sachant ce qu'il avait fait, même en sachant à quel point il pouvait être tombé bas dans son estime, jamais il n'aurait pensé qu'elle pouvait aujourd'hui encore avoir une si piètre opinion de lui. Elle le pensait donc réellement capable d'un comportement aussi... aussi... égoïste, mesquin, méprisable et tout autre adjectif du même acabit. Cette révélation suscita de terribles interrogations dans l'esprit du vampire : serait-elle jamais capable de passer au delà de ce pénible souvenir ? S'ils continuaient ainsi à ne plus se comprendre, à suspecter la trahison dans le moindre mot, comment pourraient-ils jamais espérer construire encore ? Assailli par toutes ces questions, le vampire se retourna et s'assit, dos aux barreaux, dos au soldat-princesse, avant de relever la tête, laquelle vint durement cogner contre les épaisses barres de métal tandis qu'il laissait son regard se perdre dans la contemplation des pierres de sa cellule. Lorsqu'il reprit la parole, il semblait s'adresser au vide et parlait d'une voix monocorde :
« Tu n'as toujours pas confiance en moi... Tu me vois encore comme... comme ce vampire qui t'a malmenée... comme celui qui t'a faite souffrir... Et pourtant tu es là... Ça fait mal... si mal... »
Parce qu'elle l'aimait, évidemment qu'elle l'aimait, ou du moins était-ce ce dont elle voulait se persuader. Mais était-ce vraiment encore le cas ? |
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| Sujet: Re: Libérer, délivrer [Kykynou] Mar 3 Fév 2015 - 17:28 | |
| Encore une fois l'incompréhension se glissa entre eux, comme une alliée fidèle, une amante qui venait les enserrer dans ses bras. Mais c'était légitime aux yeux de la princesse soldat. Dans les mots pas clairs du vampires, Esmelda ne pouvait y voir que des reproches, que la déception qu'elle pouvait lui causer. Oui, elle aurait dû lui dire de partir dès son arrivé. Cela aurait bien mieux valu.
« -Tu voulais que j'imagine quoi ? Ne crois-tu pas que pareille chose se serait passé tu ne l'aurais pas su ? Par moi en premier lieu, ou bien au travers de l'empire. Crois-tu que le mariage de l'empereur passerait sous silence et encore plus avec la princesse impériale ? »
Mais à quoi jouait-il ? Pourquoi régissait-il ainsi ? Elle avait de quoi se poser des questions au vue de sa demande.
« -Alors tu voulais que je pense à quoi ? A un doute ? Tu imagines que je te l'annoncerai comme cela derrière des barreaux ou bien que je ne t'aurai pas averti avant ? Je sais que mes choix sont une tortures autant pour moi que toi, qu'ils sont contestables et qu'il est bien difficile de les accepter, mais jamais je ne le ferai sous silence, et encore moins envers toi. Même si cela est une pointe douloureuse dans le cœur. »
Pourquoi la croyait-il capable de pareilles choses. Certes, la jeune femme allait devoir épouser cet homme, mais justement, elle le devait. Loin d'elle le désir ou l'envie. Mais de là aller à lui mentir, lui casser des informations, il y avait un océan.
« -J'ai toujours été honnête avec toi, pourquoi cela changerait ? Et je n'ai pas revu Fabius, du moins concernant cette affaire. Pour le moment, nous préparons les festivités pour sa victoire, et j'ai bien d'autres préoccupations, comme tenter de te faire sortir. Entier. »
Et ce n'était pas une mince affaire. Car il y avait bien plus en jeu qu'un simple prisonnier vampirique en jeu. Et il fallait que la princesse arrive à tirer les ficelles dans le bon ordre pour que la sorti se fasse dans les meilleurs conditions possibles. Mais si son aimé, si elle pouvait encore l'appeler ainsi, doutait d'elle, la tâche serait bien plus difficile.
« -La confiance ne se réclame pas, elle se gagne. »
Il voulait la retrouver, eh bien qu'il agisse pour.
« -Et au vue de la tournure de ta question, j'avais de quoi me questionner. Mais par pitié cesse de me sortir l'excuse du vampire. Je sais que tu en es un, je sais qu'il existe des différences entre nous, des fossés parfois qui nourrissent des incompréhensions. Mais tu sais bien que je ne te vois pas de cette façon. Tu 'as même reproché de ne pas te voir ainsi. »
A cherché de trop atténuer leurs différences qui leur avaient explosé à la figure ce fameux soir. Oui, ils étaient différents, en tout, mais une chose les unissait : leur amour. Même si Kylian semblait en douter, comme sa présence, du moins les raisons réelles de celle-ci. Il n'était pas sérieux, tout de même. C'était la fatigue, la crainte de son avenir qui lui faisait dire cela. Un brin agressive, la princesse soldat se défendit sur le ton du reproche.
« -Et oui je suis là. Pourquoi en doutes-tu ? Ne me reproche pas tes actions passées. Je n'en suis pas responsable, et encore moins les conséquences. Maintenant, lève toi, cesse de penser au passé et trouvons une solution pour l'avenir. Tu souffriras et m'en voudras à loisir une fois dehors. »
Rude, directe, peut être. Mais mort, il ne pourrait plus lui en vouloir ni lui parler et encore moins pleurer sur ses actes. Mort, ce serait elle qui lui en voudrait, bien plus qu'en cet instant, c'est elle qui ne pourrait plus lui parler et ne ferait qu’inonder de larmes son incapacité à avoir pu essayer de le sauver.
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| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Libérer, délivrer [Kykynou] Mer 11 Fév 2015 - 20:39 | |
| Evidemment qu'il aurait pu apprendre un tel événement sans difficulté, que ce fut par les rumeurs que n'auraient pas manqué colporter les citoyens ou plus vraisemblablement, au détour de l'une des lettres au travers desquelles la princesse communiquait avec la rébellion, par l'intermédiaire du vampire justement. Mais pour cela, encore eut-il fallu qu'il fut libre de ses mouvements, car les gardes du cachot n'étaient pas précisément très attaché à l'idée d'informer leurs prisonniers de ce qui se déroulait dans le monde extérieur. Pire encore, certains se plaisaient à rapporter ragots et histoires invraisemblable pour le simple plaisir de tromper ceux qui croupissaient dans les cellules dont ils avaient la charge. Alors oui, le renégat vampirique estimait avoir des raisons somme toute justifiées de se poser la question qui avait été à l'origine de ce nouveau malentendu. Mais une fois encore, la belle avait accueilli ses inquiétudes avec hostilité et répliquait avec véhémence, l'assaillant de questions auxquelles il ne voulait pas répondre pour la bonne et simple raison qu'il aurait préféré qu'elle ne juge pas utile de les lui poser. Car elle doutait de lui, encore et même si indirectement puisqu'elle doutait surtout de la confiance qu'il pouvait placer en elle, non mais pour qui le prenait-elle exactement ? Bien sûr qu'il était conscient qu'elle aurait fait tout ce qui était en son pouvoir pour l'informer des préparatifs du mariage avant qu'il ne soit trop tard, mais était-ce une raison pour ne pas s'inquiéter qu'elle ait pu ne pas y arriver ? Leur dernier contact remontait à plusieurs semaines, et leur dernière rencontre à plus longtemps encore, dès lors fallait-il vraiment lui reprocher de craindre qu'il fut arrivé trop tard ?
« Ce n'est pas la question de ton honnêteté envers moi qui est mise en cause, mais bien les doutes que tu sembles encore éprouver à mon égard ! Je ne sais pas ce que tu aurais dû penser ou imaginer, mais n'importe quoi aurait mieux valu que... que ce à quoi tu as pensé. Je t'ai dis que je ne voulais pas que tu épouses Fabius, comment as-tu pu seulement envisager que je voudrais ensuite t'y pousser ? Et pour sauver ma vie encore bien, alors que si j'étais sûr que mon exécution pouvait t'éviter cette peine, je donnerais moi-même rendez-vous au bourreau... »
Bon, il exagérait peut-être un peu sur cet exemple, mais l'idée qu'il voulait faire passer n'en était pas moins identique : jamais il ne s'abaisserait à sacrifier la princesse pour s'éviter des ennuis, du moins pas volontairement. Il était même plutôt du genre à y plonger la tête la première pour épargner autant que possible la jeune femme, et ce même si on ne pouvait que difficilement prétendre qu'il rencontrait du succès.
« Entends-tu seulement les questions que tu me poses ? Bien sûr que tu m'aurais averti avant qu'il ne soit trop tard, mais au cas où ce ne serait pas assez évident, je n'ai pas vraiment le loisir d'aller et venir comme il me plaît en ce moment. Alors oui, la confiance se gagne, mais elle peut également se donner. Je t'ai d'ailleurs donné la mienne il y a bien longtemps déjà et tu l'as toujours eue depuis, même lorsque je me suis égaré à croire le contraire, alors arrête de penser que chacun de mes mots est un nouveau doute que je te lance au visage. La seule chose qui m'inquiète à ton sujet pour le moment, c'est de savoir si tu pourras effectivement un jour accepter de me laisser regagner ta confiance, rien d'autre ! »
Machinalement, le vampire laissa ses mains glisser sur le sol humide de sa cellule, où elles s'emparèrent de quelques gravillons de pierre qu'il fit rouler entre ses doigts avant de les projeter au travers de la pièce sans raison apparente autre que détourner brièvement le flux de ses pensées.
« La dernière fois que nous nous sommes vus, tu m'as demandé de te parler, de me confier à toi, mais j'ai l'impression que chaque fois que je m'y essaie, nous ne faisons que nous écarter un peu plus l'un de l'autre. Et cela se vérifie encore, car je n'ai pas ''sorti l'excuse du vampire'' comme tu le prétends, je n'ai fais que dire une réalité : oui, je suis vampire et je n'ai pas à m'en servir pour me justifier, j'ai simplement dis vampire comme tu aurais dis femme ou humaine. C'est simplement ce que je suis et non une quelconque excuse, mais c'est encore le parfait exemple de ce que je disais tout à l'heure : tu interprètes chacun de mes mots comme une excuse, une critique, un doute... pourquoi te reprocherais-je mes actions passées ? Tu crois que je ne suis pas capable d'endosser ma responsabilité ? Je sais parfaitement que je suis seul à blâmer, et même lorsque je dis que tu ne me fais pas confiance, que tu vois dans mes mots des agressions, des manipulations, de la suspicion, ce n'est pas à toi que j'en fais le reproche, c'est à moi et à moi uniquement. C'est ma faute si tu en es arrivée à penser de cette façon à mon sujet, c'est ma faute si j'en suis à douter encore pouvoir jamais mériter ton amour, et je ne sais pas comment guérir cela mais tu voulais qu'on parle, que je te parle de ce que je ressens, alors c'est ce que je fais et ce même si j'ai de plus en plus peur de le faire. »
Il avait prononcé les derniers mots en amorçant le geste de se relever pour se retourner vers le couloir qui menait à l'extérieur de sa cellule, là où se trouvait encore la masculine silhouette de son aimée. Il s'accrocha aux barreaux pour se redresser, laissant peser son corps contre les larges tubes métalliques qui le privaient de sa liberté.
« Et me faire sortir d'ici est le cadet de mes soucis, Skade est déjà là, quelque part, à attendre le moment opportun pour agir. Le vrai problème, c'est de me faire sortir d'ici sans que la moitié de Gloria ne finisse incendiée et l'autre moitié réduite à l'état de graviers, mais il y a une possibilité. Toutefois, j'ai besoin d'une aide extérieure pour cela, la tienne par exemple, si bien sûr tu es prête à envisager la possibilité que je te fais effectivement confiance et que je ne doute pas constamment de toi comme tu sembles aimer à le penser. »
Lui aussi pouvait se montrer rude et direct... |
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| Sujet: Re: Libérer, délivrer [Kykynou] Dim 15 Fév 2015 - 12:44 | |
| La jeune femme écouta le prisonnier, les yeux dans le vague, le cœur battant, ayant des ratés parfois. Kylian devait le sentir ou du moins l'entendre. La princesse ne pouvait que se sentir coupable de se ressentir ainsi les choses, les mots, les intentions de son aimé. Mais elle ne savait plus que penser. La peur qu'il re dérape refaisait surface et cette fois-ci la jeune femme prenait les devants. Même quand cela n'avait pas lieux d'être.
« -Il faut croire que je te déçois encore. Encore une humaine qui ne réfléchit qu'avec ses sentiments, une princesse qui doit agir entre sa conscience et son cœur. Et je n'arrive plus à savoir ce que tu veux. Tu crois que c'est facile pour moi d'oublier les mots que tu m'as dit il y a plusieurs mois. Tu avais mis en relief toutes mes craintes, tous mes doutes. Tu as pointé du doigt tous mes complexes et mes défauts. Et venant de la bouche de celui que tu aimes, c'est déstabilisant. Et blessant, et je ne sais pas comment arriver à passer outre cela. Et pas seulement quand tes mots me refont mal. »
La jeune femme serait forte et ne laisserait pas la peine de son cœur se déverser dans ses yeux. Un soldat qui pleure serait ridicule. Encore plus que la situation dans laquelle elle était.
« -Alors, il faut croire que tes mots d'autrefois m'ont rendus bien plus méfiante. »
La princesse baissa la tête pour admirer soudain ses pieds devenus passionnants. Comme si, écrit sur ses bottes militaires, une solution à leur problèmes allait se dessiner. Ou bien que le cuir allait les aider à retrouver ce qui avait été brisé. La jeune femme essayait de le comprendre, de faire fi de leur différences, de ce qu'il avait pu être. Parfois, elle y arrivait, mais un mot mal dit, aujourd'hui, avait un tout autre sens aux yeux de la princesse. Elle doutait. De tout et tous. Perdus dans le méandre de ses sentiments qui l'assaillaient de toute part. Entre ce qu'elle était et ce qu'elle devait être. Esmelda releva la tête et regarda son aimé, préférant éluder un bon nombre de choses pour se concentrer sur la principale : que Kylian sorte et vite. Et cela semblait devoir se précipiter. La princesse ne se pardonnerait jamais de voir Gloria réduit en poussière par sa faute. Car son cœur a aimé un vampire qui a voulu se faire pardonner et rester auprès d'elle plutôt que partir. Non, elle se le pardonnerait pas et à lui non plus.
« -La question n'est pas de savoir si tu as confiance en moi, je veux te faire sortir de cette cellule sordide. Et effectivement le faire sans que ta liée ne réduise en un pas la moitié de ma ville, en blessant ou tuant des innocents par ma faute. Dit moi quoi faire et je le ferai. Mais vite. Je pars dans deux heures pour Aldaria. De grandes fêtes en l'honneur de la victoire loyaliste vont y être données. Comme le retour du droit à la magie. Je pars avant afin de préparer la venue de Fabius et le bon déroulement des festivités. »
Esmelda parlait à voix basse, se sentant presque coupable de partir en cet instant, Kylian derrière les barreaux et elle allant fêter le retour de la magie. Mais avait-elle vraiment le choix ? Princesse royale peut être, mais toujours surveillée. Pour beaucoup, elle restait une rebelle revenue espionner. Dont Fabius. Lui savait, inutile de lui mentir, il connaissait sa cousine. Un faux pas, et il n'hésiterait pas à la jeter avec son amant. Et là, elle lui serait encore plus inutile que possible.
« -Avant de quitter la capitale et me diriger vers la Superbe, j'irai rencontrer ta liée pour lui venir en aide afin de te sortir de là au plus vite. Fabius a peut être bien d'autres choses à penser en ce moment, mais ce trésorier serait capable de voler autour de lui en lui embrouillant les oreilles et Fabius n'est pas du genre à être patient. »
Et un peu radical pour faire taire ceux qui lui cassait les oreilles. Et pour le coup, c'est Kylian qui écoperait des conséquences. Et Gloria avec. Devrait-elle dire à son cousin et empereur que l'homme en prison est un dragonnier. Oui, mais il faudrait avouer qu'elle s'y est rendu. Elle trouverait bien un mensonge à lui faire gober. Une rencontre à Aigue avec un vampire n'était pas à exclure. Surtout un dragonnier. |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Libérer, délivrer [Kykynou] Dim 22 Fév 2015 - 17:52 | |
| Facile ? Non, bien sûr que non, ça ne l'avait d'ailleurs jamais été. Depuis le début de cette improbable mais non moins merveilleuse idylle, depuis les premiers émois confiés d'une voix tremblante ou nerveusement posés sur le papier, les choses n'avaient jamais été faciles pour eux. Et pourtant, ils n'avaient jamais cédé devant l'ampleur des difficultés qui se dressaient entre eux, quand bien même la tâche avait parfois, souvent en vérité, pu leur sembler insurmontable. Mais cette fois, les choses étaient différentes, trop différentes. Cette fois, l'obstacle qui se dressait devant le couple des amants interdits n'avait rien de commun avec les craintes et l'intolérance d'un peuple envers un autre, ni même avec la volonté des Esprits qui avaient un jour décrété que deux êtres de races différentes ne pouvaient procréer. Cette fois, pour la première fois en fait, le plus grand péril auquel était confronté l'amour qui les unissait n'était autre que le couple lui-même, ou plus précisément, la folie dans laquelle s'était stupidement laissé entraîner l'amant vampirique. Et malgré tout ce qu'il avait pu faire alors, les gestes qu'il avait posé, les mots qu'il avait prononcé, elle l'aimait encore et lui de même, bien entendu. Pourquoi ? C'eut été tellement plus simple si elle avait pu le détester, le rejeter et l'oublier plutôt que de continuer à l'aimer, plutôt que de se laisser aller à subir la torture d'un amour que l'on craignait à présent autant qu'on le désirait. Plus simple, oui, mais les choses n'étaient jamais aussi simples. Heureusement ? Malheureusement ? Question qui demeurerait vraisemblablement sans réponse et ce pour longtemps encore.
Attendri par la peine qui se dégageait des mots de celle qui fut sa fiancée, le vampire la couva d'un regard empli d'amour et de détresse, d'espoir et de doute, de confiance et d'appréhension. A ce stade, il avait totalement oublié les épaules carrées du soldat, les traits masculins du visages ou la voix rauque, il ne voyait et n'entendait plus que sa princesse, son aimée, la seule et unique, celle qu'aucun charme ou enchantement ne pourrait jamais dissimuler à son regard, au regard du coeur.
« Tu ne m'as jamais déçu. Je sais que je t'ai donné plus que des raisons de penser le contraire, je sais la gravité des mots que j'ai prononcé, je sais à quel point j'ai pu te faire souffrir. Mais je voudrais tellement parvenir à te convaincre que je n'ai jamais pensé un mot de ce que j'ai pu dire, jamais. J'ai dis ce que j'ai dis parce que... parce qu'à ce moment-là, je... je voulais te faire mal... et je savais que le meilleur moyen d'y parvenir passait par ces mots. Je m'en suis servi comme d'une arme levée contre toi, plus meurtrière encore que l'acier d'une épée, et je le regrette, je le regrette tellement. Mais tu dois me croire Esmelda : je n'ai jamais pensé ce que j'ai dis, pas même au plus profond de moi. »
Il avait pris soin de détacher chaque syllabe de sa dernière phrase, pour être certain de les prononcer à haute et intelligible voix, comme s'il espérait ainsi parvenir à insister un peu plus encore sur la sincérité avec laquelle il les prononçait.
« Je sais que c'est difficile, je sais que cela prend du temps, beaucoup de temps, mais je sais aussi que nous... nous ne surmonterons pas cet épisode tant que tu ne parviendras pas à me rendre la confiance que j'ai brisée. »
Instinctivement, le vampire baissa la tête, cherchant à trouver du regard celui de la princesse soldat alors visiblement plus que passionnée par le cuir de ses bottes. Plus probablement plongée dans le doute que lui inspiraient de funestes réflexions, du moins si le vampire la connaissait, et il voulait croire que oui quand bien même cette affirmation semblait appartenir à un passé lointain, certes, mais non révolu. Certainement pas, et il ne permettrait pas que cette possibilité se concrétise.
« Alors je veux croire que mes mots d'aujourd'hui pourront aider à te rendre bien plus confiante, car je veux que tu puisses croire avec moi, que tu puisses croire en moi. Ton bonheur, Esmelda, voila la seule chose que je veux, que j'ai toujours voulu. Je veux que tu puisses m'aimer comme avant. »
Comme bientôt ? C'était à souhaiter, pour elle, pour lui, pour eux. Mais auparavant, encore leur faudrait-il parvenir à débloquer la situation dans laquelle le vampire s'était plongé. Amusante perspective ? Pas vraiment, et pourtant Kylian parvint à afficher un sourire qui se voulait confiant face à la résolution avec laquelle la jeune femme, enfin le jeune homme, qui se trouvait devant lui était venue lui affirmer son désir de le faire sortir.
« Skade t'attend déjà, je savais que tu ne me refuserais pas ton aide. Elle aura besoin de toi pour obtenir un... disons un entretien avec Fabius. Je suis parvenu à la convaincre de passer par la voie diplomatique pour me libérer. Elle a son caractère, mais elle sait que je ne veux pas la voir réduire la ville en cendres : elle ne fera aucun mal aux innocents, je te le promets. Tu peux partir sans crainte. »
Vain conseil que celui-là, le vampire en était parfaitement conscient mais cela ne justifiait pas pour autant qu'il n'essaya pas de réduire autant qu'il lui serait possible de le faire le poids des craintes que la princesse emporterait malgré elle dans ses valises.
« Oh, mais une dernière chose, il faut que tu saches que ... »
Trop tard, le bruit de pas qui vint résonner dans le couloir était si proche que la princesse ne pourrait manquer l'entendre aussi clairement que le vampire qui se trouvait de l'autre côté des barreaux. De vifs éclats de voix saluèrent l'arrivée dans les geôles d'une patrouille venue relever la garde et prendre son poste, interdisant au renégat de finir la phrase qu'il avait commencée. Il essaya bien malgré tout de faire comprendre à la jeune femme que les dimensions de la dragonne qu'elle rechercherait ne seraient plus ce qu'elles avaient pu être, mais comment y parvenir sans prendre le risque de la faire découvrir ? Impossible, ce d'autant plus qu'un garde venait de frapper son épée contre le barreau pour contraindre le vampire à retourner dans le fond de sa cellule, non sans gratifier la princesse soldat d'un sermon sur le respect des règles de sécurité ! Dire que s'il avait eu conscience de la véritable identité de celle à laquelle il s'adressait, ce babouin se prosternerait en se vautrant en excuses diverses et variées. |
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