Le 15 juillet


Quinze jours.. Deux semaines déjà que la bataille s'était terminée, et pourtant il continuait à en voir et à en revoir les images dans sa tête, qu'il soit éveillé ou endormit. Le choc était rude pour son jeune esprit, mais pas destructeur. Il sentait qu'il l'absorbait lentement, qu'il faisait sienne toute cette horreur qu'il avait vécu et qu'il apprenait à l'accepter comme tout soldat se devait de le faire. Mais c'était long, vraiment très long. Et il lui arrivait encore de se réveiller en sueur ou de se perdre pendant d'interminables minutes dans de violentes pensées. On ne sortait pas indemne de ce genre de combat, il le savait à présent mais il ne regrettait pas une seule seconde d'avoir participé à la bataille. Il y avait trouvé sa place, le but de sa vie même. Il était fait pour ça, cette réalité l'effrayait un peu mais ne l'étonnait pas plus que ça. Si il y avait bien une chose qui avait toujours été parfaitement claire dans sa vie, c'était son désir d'être soldat. Être confronté au réel n'avait rien de drôle mais ça lui prouvait aussi qu'il ne s'agissait pas d'un simple désir d'adolescent, il n'avait même plus de désir d'ailleurs pour cette voie. Elle était simplement là, naturelle pour lui. C'était sa voie.

En dépit de tout les bouleversements que cet épisode avait provoqué chez lui, il se sentait bien. Apaisé pour la première fois de sa vie. Un autre événement des plus importants n'y était sans doute pas étranger non plus quand il y pensait... Comme promis à la fin de l'affrontement, il venait d'enfin passer son rituel et la découverte du totem qui l'accompagnerait toute sa vie avait été très étrange. Le requin... Un totem de colère, un totem d'agressivité... C'était exactement ce qu'il avait craint mais bizarrement ça ne l'effrayait plus. Il avait passé toute sa vie à craindre qu'une telle chose arrive et à imaginer que cela ne ferait qu'empirer ses sautes d'humeur mais ce n'était pas arrivé. Il se contrôlait même mieux depuis qu'il avait fait la paix avec cette part de lui même. Il était un requin... Soit. Après tout il avait toujours aimé l'eau...

Il y songeait tout en se laissant flotter sous l'oeil quelque peu amusé des quelques compagnons de son unité qui discutaient joyeusement sur les rives. Il était certainement l'un des seuls rebelles à venir piquer régulièrement une tête dans l'eau froide du lac souterrain, et cela ne lui posait pas de problèmes. Au moins était-il au calme et tranquille.
Distraitement, il étira ses sens autant qu'il le pouvait dans l'élément liquide. Il en avait prit l'habitude depuis qu'il possédait vraiment son totem et s'était aperçu qu'ils étaient bien plus affûtés à présent. Il ressentait les mouvements du fluide qui l'entourait ainsi que les odeurs imperceptibles pour les autres. Pourrait-il avoir un contrôle sur toute cette eau ? Il ne le savait pas trop... Il avait bien essayé à un moment mais n'était arrivé à rien, peut-être fallait-il s'entraîner... La magie des totems lui était encore assez obscure mais il lui semblait bien que certains d'entre eux nécessitaient un entrainement avant de donner tout leur potentiel. Bien... Il essayerait donc. Mais pas tout de suite.

Il revint vers la rive, sa nage paresseuse restant malgré tout plus fluide et efficace que celle de tout autre personnage qui aurait pu se risquer à faire la comparaison. Les autres elfes s'étaient tournés vers lui avec perplexité, étonnés de déjà le voir revenir. Il restait plus longtemps que cela en général... Et eux n'avaient même pas terminé leur partie de charades. Mais Aranël avaient des projets pour aujourd'hui et ce bain quoique court lui avait permit de se décider tout à fait. L'information qu'il avait reçue une heure plus tôt méritait qu'il agisse sans plus tarder, il avait déjà fait un gros effort en prenant le temps de réfléchir alors qu'il était habituellement si impulsif. Non pas que ça ai changé grand chose évidemment...

« Où vas-tu ? Notre service ne reprend que dans deux heures... »

« J'ai des choses à faire, je serais à l'heure ne craignez rien. »

La perfection des visages sylvestres ne se troubla pas plus, ils n'étaient pas vraiment curieux et connaissaient assez bien Aranël pour savoir qu'ils n'en apprendraient pas plus. Ils le laissèrent renfiler son uniforme et reprirent négligemment leur jeu tandis qu'il s'éloignait d'un pas ferme en direction de la caverne des songes. Si ce qu'on lui avait dit était exact alors Eliowir Serillëiel s'y trouvait, ou s'y était trouvé le temps de se faire soigner. A moins qu'il ne se soit fait soigner ailleurs évidemment mais il fallait bien commencer quelque part... Quand à savoir comment il avait survécu, c'était un mystère qui intéressait à peine Aranël. Aucune importance après tout puisqu'il comptait bien le renvoyer directement vers l'Esprit de la Mort... Bon évidemment il fallait déjà le trouver... Bien décidé à ne pas perdre de temps, il attrapa au vol le bras du premier passant qu'il croisa et son regard s'emplit d'aise lorsqu'il le reconnu. C'était un baptistrel, ou un apprenti baptistrel, il ne savait plus mais en tout cas il l'avait déjà vu de loin. Il allait pouvoir lui répondre :

« Elen síla lúmenn' omentielvo herd'lin. Pardonnez mon impolitesse... »
//une étoile brille sur l'heure de notre rencontre (formule de salutation elfique) messire chanteur//

Pour de l'impolitesse c'était même carrément un mini scandale que la façon dont il avait alpagué celui là, mais tant pis. Il lui décerna de lui même un salut elfique pour tenter d'atténuer quelque peu le côté cavalier de sa démarche mais ne perdit pas de temps dans un salut plus cérémonial, il voulait insister sur l'urgence de sa demande :

« Je suis à la recherche de quelqu'un, un blessé qui aurait pu être soigné ici. Eliowir Serillëiel, banni de notre peuple. Désormais vampire. Savez vous qui s'est chargé de ses soins et où il se trouve actuellement ? »

Malgré la façon dont il s'était adressé à son interlocuteur, il était encore trop poli pour mettre la main sur le pommeau de son épée tout en lui parlant. Pourtant sa main le démangeait et ne cessait de tourner autour. Il lui tardait de retrouver cette créature...

Bon l'alpaguer de cette façon n'avait peut-être pas été l'idée du siècle pour se le mettre dans la proche mais Aranël ne l'avait aperçu qu'au dernier moment et l'avait rattrapé par réflexe. Il agissait d'ailleurs tout le temps par réflexe, ce n'était donc pas particulièrement étonnant. Il réfléchissait souvent après coup et ça ne l'empêchait pas d'être toujours parvenu à se tirer de toutes les situations. Pas de quoi s'inquiéter donc. D'autant plus qu'il ne voulait pas lui demander la lune mais juste un renseignement, ce n'était pas grand chose !

Si ? Difficile à dire... Son interlocuteur semblait s'être perdu dans ses pensées. Qu'avait-il donc à le fixer comme ça ? Il était là oui ou non ? Aranël se posa très sérieusement la question jusqu'à ce qu'une étincelle s'allume dans les yeux de l'autre elfe, pour son plus grand soulagement d'ailleurs. Il n'aimait pas beaucoup parler avec quelqu'un qui nageait de toutes évidence en plein dans ses rêveries. Qu'est-ce qui l'avait fait revenir à lui ? Le nom semblait-il... Bien, cela devait vouloir dire qu'il le connaissait. Bien sur tout le monde connaissait plus ou moins la bannis mais ça lui donnait l'espoir de pouvoir le trouver rapidement.

Ah mais voilà qu'il recommençait... De plus en plus impatienté, Aranël fronça les sourcils et son visage prit le pli autoritaire qui accentuait encore sa ressemblance avec son père. Il grogna même en réponse à l'autre :

« Oui Serillëiel. Alors vous l'avez vu oui ou non ? »

Il n'allait pas rester là jusqu'à la nuit prochaine, il avait autre chose à faire. Trucider un vampire nouveau-né par exemple. La remarque sur son épée lui tira un haussement d'épaules :

« C'est à moi d'en juger. Mais je ne veux pas vous offenser ou vous inquiéter messire baptistrel, je veux simplement trouver ce vampire »

Il ne s'attendait pas trop à la suite par contre et ne pu que pencher la tête avec une certaine gêne. Pourquoi donc semblait-il si attristé et inquiet ? Il le connaissait si bien ? Zut c'était bien sa veine si il était tombé sur l'un des seuls elfes au monde qui appréciaient le bannis... Ils n'étaient pourtant pas si nombreux ! Mais avec la chance qu'il avait en ce moment remarquez, ce n'était pas bien étonnant... Il répondit donc avec plus de prudence :

« Je suis absolument certain, j'ai combattu à ses côtés... Et... Pourquoi par le Dracos me moquerais-je de vous ? »

Là il tombait des nues. Il avait été éduqué dans le respect des règles de politesse même si il lui arrivait de les éborgner un peu, ainsi que dans le respect des baptistrels. Il ne comprenait pas très bien celui là il devait bien l'avouer, il n'était même pas tout à fait sur que ce soit un baptistrel accomplit. Mais qu'il le soit ou pas, il ne se serait pas permit de s'en moquer, d'ailleurs il n'était pas d'un tempérament moqueur, son sens de l'humour n'était pas très développé et on le faisait souvent passer pour un elfe plutôt sérieux, ce qui n'était pas vraiment faux. Désireux de faire comprendre cela à son interlocuteur, il lui donna plus d'explications :

« J'ai aussi été étonné de sa transformation. Je ne sais comment cela a pu arriver, c'est récent en tout cas. Je l'ai reconnu lors de la bataille, il combattait avec mon unité et a donc forcément attiré mon attention... D'autant plus que je me suis rapidement aperçu qu'il était aveugle... »

Il haussa les épaules à nouveau, qu'on puisse combattre sans rien y voir le dépassait mais ce n'était pas le plus important :

« Nous avons combattu férocement en l'intégrant à notre dispositif, cela ne nous enchantait pas mais il nous tenais à cœur de respecter les règles de l'alliance. Hélas nous avons eu tort au vu de la trahison des vampires... Se sentant démasqué, ce traître m'a prit en otage et mon père l'a blessé. »

Mortellement avait-il cru, mais c'était une erreur apparemment. Il comptait donc terminer le travail, même si il préférait ne pas le dire nettement. Tout à coup il réalisa qu'il ne s'était pas présenté et sa politesse le poussa à le faire :

« Je m'appelle Aranël, Aranël Terendul. Me direz vous où il se trouve ou au moins où sont soignés les blessés ? »

Et son propre nom au passage mais ça allait de soit, lorsqu'un elfe se présentait le minimum que l'autre pouvait lui offrir c'était son propre nom...

Dawan Sywel donc, un nom qui ne lui disait strictement rien. Il ne devait pas s'agir d'un baptistrel accomplit alors, plutôt d'un apprenti... Après tout ils n'étaient pas nombreux, Aranël se serait souvenu de ce nom là si il l'avait apprit à un moment ou à un autre. Bon ce n'était pas pour autant qu'il avait le moindre a-priori évidemment, jusqu'à preuve du contraire il n'avait rien contre les apprentis. Sauf lorsqu'ils refusaient de céder à ses demandes...

Il avait froncé les sourcils avec mécontentement en le voyant lui tourner le dos, et avait ouvert la bouche pour le rappeler, prêt même à le rattraper physiquement si c'était nécessaire. Mais ça ne le fut pas puisqu'il fut alors invité à le suivre. Ah ! Il se décidait donc, parfait !

Ou pas parfait... Pourquoi donc passaient-ils par là ? Bien sur Aranël ne savait pas du tout où se trouvait Eliowir mais il n'empêchait que l'itinéraire choisit par l'apprenti chanteur lui semblait... Bizarre. Et cette façon de regarder tout autour de lui comme si il cherchait un échappatoire... Il était vraiment bizarre cet elfe-ci... Est-ce qu'il lui préparait une entourloupe ? De plus en plus méfiant, Aranël ne pouvait malgré tout que le suivre docilement, il ne voyait pas comment retrouver sa cible autrement et au pire il lui serait toujours possible de l'attraper par le col et de le secouer jusqu'à ce que la réponse tombe de sa bouche.

Il était en train de réfléchir très sérieusement à cette possibilité lorsque l'autre l'interrogea. Aranël fut immédiatement sur ses gardes, de la part d'un baptistrel il se doutait bien qu'il n'aurait aucune chance d'être mené à celui qu'il voulait voir si il avouait qu'il voulait seulement lui décoller la tête des épaules. Mais d'un autre côté il était quelqu'un de franc... Il détestait le mensonge et ne se permettait donc pas de l'utiliser si il pouvait l'éviter. En plus il ignorait si les apprentis baptistrels possédaient aussi le pouvoir d'identifier les mensonges, et quand bien même ça n'aurait pas été le cas il ne voulait pas mentir, là. Ce n'était pas son genre. Il préféra donc biaiser :

« Je veux lui parler et mettre au clair ce qu'il s'est passé pendant la bataille. »

Voilà, ce n'était qu'une demie vérité mais au moins il n'avait pas mentit. Il comptait bien mettre les choses au clair non ? Plus violemment que par de simples parlottes bien sur mais il se forcerait à lui dire deux mots avant de le tuer au pire, au moins serait-il en paix avec lui-même. Un truc comme salut tu me reconnais ? Ou coucou me revoilà ! Enfin quelque chose de ce genre là...

La question suivant le désarçonna, le changement de sujet était radical et il était vrai qu'il ne savait pas trop pourquoi il n'avait pas encore réfléchit au nom de son épée. Après avoir passé tant de temps à en rêver... Son regard se posa sur la poignée qu'il tenait toujours et se troubla pendant qu'il réfléchissait. Puis il répondit, prit d'une inspiration soudaine :

« Sôlën. Elle s'appelle Sôlën »

Littéralement destin tracé, ou certitude. Elle symbolisait la seule chose dans sa vie dont il avait toujours été certain, totalement assuré. Ce nom lui allait donc très bien et avec le recul il se disait qu'elle avait été suffisamment mise à l'épreuve pendant la bataille pour avoir le droit de porter un nom. Ce serait donc celui là, il sonnait bien, il lui plaisait. Ce qui lui déplaisait par contre c'était la demande suivante. La voir ? Pourquoi donc voulait-il la voir ? Sa méfiance devint plus forte encore, sa poigne sur le pommeau se faisant plus ferme tandis qu'il pinçait les lèvres :

« Et pourquoi cela ? »

Voulait-il le désarmer ? Oh évidemment il ne risquait pas grand chose face à un baptistrel apprenti ou pas, il ne l'aurait pas agressé, mais peut-être voulait-il juste s'assurer qu'il n'aurait pas l'opportunité de s'attaquer à Eliowir lorsqu'il serait face à lui... A mains nues ça marchait aussi bien sur mais c'était bien moins efficace, surtout contre un vampire blessé ou pas. Aranël avait apprit de ses erreurs et il ne comptait pas laisser la moindre chance à son adversaire cette fois, ce qui incluait d'arriver armé. En plus Sôlën, comme elle s'appelait maintenant, était une part importante de lui même, il n'avait pas assez confiance en cette personne pour la lui confier même deux minutes. Néanmoins il voulait rester poli, il consentit donc à la tirer de son fourreau et à la lui présenter mais sans la lâcher. Voilà !

« Satisfait ? Puis-je voir Eliowir à présent ? »

Bon il n'avait pas su donner à sa voix le minimum de patience et de politesse qu'il avait voulu donner, il était fatigué de toute cette mascarade. Conscient qu'il n'allait pas tarder à perde son calme pour de bon, il se mordit les lèvres et tenta dans un dernier sursaut de bonne volonté :

« Ecoutez, je n'ai rien contre vous. Je ne veux pas m'énerver, mais il est indispensable que je trouve ce vampire le plus rapidement possible. Alors soit vous me conduisez à lui de plein gré, soit je vous y forcerait d'une manière ou d'une autre. Décidez vous. »

Voilà, tout était dit, l'ultimatum était lancé. Il n'allait tout de même pas y passer toute la journée !

[HJ: j'espère que ça t'ira. Les rp à 1h du matin... J'ai plus l'habitude °° Hésite pas à me dire si ça n'va pas]

Les miroirs gris qui servaient d'yeux à Dawan se reflétaient dans la lame de l'épée d'Aranël. Sôlen. Si Aranël avait prononcé un autre nom à la place de celui-là, le ton de sa voix aurait sans doute suffit à l'Enwr pour déduire que c'était plutôt Sôlen. Elle ne lui inspirait aucune confiance. Ce qu'il voyait là, c'était un danger, une arme qui suivrait aveuglément les divers caprices d'un porteur encore trop jeune. Encore que… L'âge n'était point le témoin de la vertu, disait-on. À ce jeune elfe, cependant, Dawan n'aurait pas concédé les qualités qui allaient souvent de paire avec la croissance. Il le trouvait bien trop insistant, bien impatient. Il lui donnait la désagréable impression d'un feu mal maitrisé qui menaçait à tout moment de se changer en explosion.
Autant dire qu'il peinait à croire que le "dialogue" qu'avait évoqué Aranël, ce dialogue qu'il voulait prétendument avoir avec Eliowir, serait pacifique et plein de bonne volonté. Aranël ne lui donnait pas vraiment de raisons de l'aider. Ce n'était pourtant pas compliqué, un rien suffisait à donner à Dawan l'impression qu'on le brossait dans le sens du poil ! Comment était-il possible de trouver aussi aisément le comportement exact à avoir pour s'attirer sa méfiance ? L'Enwr ne répondit pas au "pourquoi" d'Aranël. Question vaine. Il devait déjà savoir. Ou il le devinerait. Ou il n'en aurait rien à faire.

Un instant Dawan esquissa le geste de rapprocher ses mains de la lame. Il aurait aimé en apprécier le froid. À vrai dire, il aurait aimé pouvoir la prendre en main, et partir avec, ce qui semblait bien contraire à la volonté d'Aranël. "Aranël Terendul, Sôlën…" songea-t-il, à voix haute. Un mouvement, du coin de l'oeil. Dawan redressa vivement la tête et observa autour d'eux, sans retrouver ce qu'il avait cru voir. Mh, peut-être un chat. Il n'y avait pas grand-monde dans cette rue-là. À vrai dire… Il n'y avait personne. Une déduction qui aurait pu en inquiéter plus d'un. Surtout face à un homme armé. Mais Aranël ne lui ferait pas de mal, n'est-ce pas ?
Le jeune elfe parla à nouveau, oubliant cette politesse qui marquait théoriquement le respect entre deux êtres qui se connaissaient trop peu. Dawan connaissait suffisamment ces oublis-là pour ne pas s'en offusquer. En revanche, le ton qu'il prenait lui paraissait un malséant. Certes, il le faisait tourner en rond. Mais c'était là un moindre mal, en comparaison de ce qui était gagné. Ne pouvait-il le voir ? N'avait pas, quelque part au fond de lui, une petite voix qui lui murmurait que ce qu'il s'apprêtait à faire n'avait pas de sens, et que le petit baptistrel avait raison ? Il devait y avoir une...
En tout cas, Aranël avait récupéré l'attention de l'Enwr. Ce dernier ne ramena son regard sur lui qu'à se paroles suivantes, néanmoins, alors qu'il sous-entendait pouvoir se mettre en colère. Vraiment ? Dawan l'avait très bien deviné. Il était cependant persuadé que quelque chose empêcherait Aranël de passer à l'acte. Un fin sourire éclaira son visage, son regard se voulait bienveillant. Il n'avait pas à s'énerver, c'était vain. À moins que… À moins que s'énerver sur lui permette de protéger Eliowir de cette même ire, en l'apaisant ?

Tintement de tambourin, Dawan reculait, à pas lents, mesurés. Presque des pas de danseur. Il tendit la main devant lui, devant Aranël.

"- Milliers de fleurs au creux de sa main, je le sais, elle connait mon destin. Fille sans rubans, fille sans satin, enfant au rire cristallin…"

Il avait chantonné, sa main s'était peu à peu rapprochée de son propre torse. Aranël ne pouvait rien lui faire. Mais s'il voulait de bonnes raisons de laisser éclater sa colère, Dawan allait lui offrir cette raison. Personne ne serait blessé dans cette histoire. Mh ? Quid de sa relation avec Aranël ? Il est vrai que l'Enwr n'appréciait pas qu'on lui voue des sentiments négatifs...

"-Elle vint à moi et elle me dit, glissant contre mon coeur une fleur de lys: "ne partez pas mon jeune ami, je vous promets tant de souvenirs à tisser ici…"

…La situation actuelle lui laissait néanmoins l'impression que, pour cette fois au moins, Aranël ne l'aimait pas. Mh. Il allait falloir prévoir quelques douces intentions pour lui faire comprendre tout le bien qu'il pouvait y avoir derrière un tel manège. Brusquement, un geste de la main: la tendre devant lui, tracer une ligne dans les airs. Le sol autour d'Aranël se trouva couvert d'une sorte d'huile des plus visqueuses. Dawan reculait peu à peu, étendant le diamètre que couvrait cette substance peu engageante -et surtout, glissante !

"- Deux et trois fleurs, puis une couronne, et elle me parle de ces années que nous passâmes séparément, afin que je puisse m'en rappeler…""

Aranël n'était pas prisonnier. Il pouvait très bien s'aventurer sur cette surface, au risque d'y perdre un peu de dignité. Dawan n'aurait osé singer le belliqueux jeune homme en proposant un faux choix, créant des barrières qui n'existaient pas. Aussi, il n'avait pas peur de lui, il ne le craignait pas, sans quoi il aurait eu tôt fait de l'endormir. Cette surface, entre eux… Il ne savait pas exactement ce qu'il en attendait. Peut-être était-ce uniquement pour l'énerver, tout comme son chant, pour qu'il éclate devant lui. Peut-être voulait-il juste voir le fils Terendul glisser dessus, et lui rappeler ce qu'il semblait avoir oublié: il n'était pas autorité suprême, ses ordres et sa volonté n'avaient pas d'importance ! Dawan ramena ses mains auprès de lui, devant son ventre. Son chant cessa, et il proposa, aussi doux que s'ils venaient de prendre un thé tous les deux:

"- Ce serait indigne de ma part de vous amener à lui, alors que vous le paraissez si prompt à tirer votre lame. Ecoutez, je n'ai rien contre vous. Vous avez une couleur d'yeux charmante. Mais pour accéder à vos désirs, il me faut être certains qu'envers Eliowir vous ne puissiez avoir de mauvais desseins…"


[Invocation] Glissade
Le sort de glisse permet de recouvrir une surface matérielle d'une substance huileuse et glissante.

Geste clé : Mettre la main devant soit et tracer une ligne dans les airs.

Cet elfe lui plaisait de moins en moins. Pour tout dire plus le temps passait et plus il avait l'impression que celui-ci n'allait pas le mener à Eliowir. Pire, il se fichait de lui. Pas de façon explicite bien sur mais... Quelque chose en lui titillait l'humeur déjà bien sombre d'Aranël et le voir répéter bêtement son nom ainsi que celle de son épée sans paraître se décider à le guider aurait dû être la goutte d'eau faisant déborder le vase. Sauf qu'il alla plus loin encore.

Quelque peu perturbé, il ne pu que l'écouter déclamer ses vers en hésitant entre deux probabilités tout aussi plausible l'une que l'autre. Soit ce Dawan avait décidé de se moquer de lui de façon plus criante encore, soit il était complètement timbré, ou peut-être les deux... Dans tous les cas les choses étaient maintenant très claires, il ne le mènerait pas à celui qu'il recherchait et il ne prenait pas du tout ses avertissements au sérieux. Soit.

La suite se déroula très vite. Le rouge monta à son front, annonciateur de ces terribles colères dont il avait le secret et si il lâcha la poignée de son épée ce ne fut pas par bonté d'âme mais bien parce qu'il allait avoir besoin de ses deux mains pour frapper comme un sourd sur cet idiot là. Un pas décidé dans la direction voulu, une glissade, et il se retrouva par terre. Son coude claqua sévèrement contre le sol mais c'est à peine si la douleur le surprit, il était trop furieux pour ça :

« Vous n'auriez pas dû faire ça... »

Son grondement furieux avait précédé le mouvement qui lui permit de se relever, glissant de nouveau sur le sol huileux mais parvenant à rétablir son équilibre afin de sauter sur son tourmenteur. Un ouragan aurait pu lui arriver dessus qu'il aurait sans doute été moins violent.

Si il y avait bien une chose qu'il ne fallait pas faire, c'était rendre Aranël fou de rage. Et c'était très exactement ce que le jeune baptistrel avait fait. Avait-il cru que son statut le protégerait ? Il aurait pu tout aussi bien se présenter comme un Esprit tout puissant que cela n'aurait rien changer au poing vengeur qui vint s'abattre sur son visage.

Ceci fait, Aranël l'attrapa par le col, le soulevant presque de terre. Il allait sans doute avoir des ennuis si il corrigeait un apprenti baptistrel mais il était très loin de ces considérations et n'avait de toutes façons pas l'habitude de s'inquiéter à l'avance des problèmes qu'il risquait de se causer par la suite. L'autre l'avait cherché, c'était tout ce qu'il avait en tête. Il le secoua comme un prunier, prêt à remettre ça :

« Mes desseins me regardent et si vous voulez en avoir un plus large aperçu vous risquez de le regretter. Quand à ce qui est indigne de votre part, ce serait plutôt votre propension à vouloir protéger un vampire au détriment de votre propre peuple. Traître ! »

La colère le menait plus que la raison mais il pensait chacun de ses mots. Tremblant, il chercha tout de même à reprendre son calme et à lui donner une chance :

« Je vais le trouver de toutes façons, même si je dois passer la journée toute entière à fouiller ces cavernes. Ce que vous faites pour le protéger est inutile, d'autant plus que notre histoire ne vous regarde pas. Croyez vous que je perdrais mon temps à rechercher un sale suceur de sang si je n'avais pas une bonne raison de le faire ? »

Il perdait son temps, pourquoi cherchait-il à s'expliquer ? Il hésita une seconde, devait-il continuer à faire pression pour essayer de se faire mener à sa cible ou valait-il mieux commencer à le chercher lui-même ?

Il aurait voulu revoir l'elfe chanteur qui l'avait soigné lors de la bataille. Il aurait voulu... de nouveau échanger avec lui. Le remercier aussi. En vain toutefois, il n'avait pu le trouver. Parti disait-on. Eliowir revenait donc du quartier des soins en maugréant intérieurement. Frustré de voir une parcelle de son passé de nouveau s'envoler. Shadowsong... Ce nom tournoyait en lui souvent, encore et encore, et souvenirs menaçaient sans cesse de s'ouvrir à lui. Mais la menace, malheureusement, ne prenait pas réalité. Dans ces moments-là le jeune vampire rageait alors plus que jamais. Parfois même jusqu'à fracasser ce qui se trouvait autour de lui.

Et c'est cette même frustration, cette même rage impuissante, cette même soif insatiable insatisfaite, qu'il sentait monter en lui en cet instant. Plutôt toutefois que de tout envoyer valser dans la caverne où logeait Achroma, et où il logeait avec lui, il avait préféré ne pas de suite rentrer. Faire un détour. Détourner sa rage sur autre chose, ou plutôt la détourner tout court. Devoir se concentrer sur son environnement pour ne pas se perdre, ou pire se ridiculiser, semblait être suffisant pour la chasser quelque peu. Du moins un temps, même si fort peu.

Et c'est ainsi que le jeune vampire aveugle déambulait dans les cavernes, sa lance dégainée, s'en servant parfois comme d'un guide, quand ses autres sens affinés ne suffisaient pas à lui éviter les traitres obstacles. D'une main caressant le mur près de lui, et de l'autre tenant sa lance devant lui, il avançait d'un pas faussement tranquille. Un pas lent, nonchalant, faussement calme, par son handicap contraint. Mille sensations alors lui arrivait tandis qu'il passait devant maintes rebelles, maintes cavernes. Et quand il traversa la caverne des songes, même si plus calmes que certaines, ce n'en fut pas moins mille bribes de conversations qu'il aurait pu écouter. Mille odeurs qu'il aurait pu savourer. Mille sangs qui alors l'attisait.

Heureusement il avait bu il y a peu, et même si à l'idée de sang ses sens frétillaient, il arrivait à garder quelque maitrise pour ne pas se jeter sur le premier humain à ses côtés. Même si, songea-t-il, il ne devrait pas trop tarder à rentrer, s'il ne voulait pas perdre réellement toute maitrise, bien infime encore...

Et, alors, qu'il allait passer une alcove, il entendit une conversation, une voix surtout. Une voix qu'il reconnut sans peine. Le petit elfe avec qui il avait combattu... Le petit elfe qui l'avait menacé et qu'il avait menacé à son tour... le petit elfe dont le père l'avait empalé... Il hésita un instant entre aller titiller le petit elfe colérique ou à passer son chemin. Sa raison l'avait dissuadé de la première folle idée, quand...

« Mes desseins me regardent et si vous voulez en avoir un plus large aperçu vous risquez de le regretter. Quand à ce qui est indigne de votre part, ce serait plutôt votre propension à vouloir protéger un vampire au détriment de votre propre peuple. Traître ! »

Voilà qui devenait intéressant.

Eliowir se cacha alors dans les ombres, non loin, et ne put résister à l'envie d'écouter la suite. De quel vampire parlait-il ? Le petit elfe recherchait donc un vampire ? Se pourrait-il...

« Je vais le trouver de toutes façons, même si je dois passer la journée toute entière à fouiller ces cavernes. Ce que vous faites pour le protéger est inutile, d'autant plus que notre histoire ne vous regarde pas. Croyez vous que je perdrais mon temps à rechercher un sale suceur de sang si je n'avais pas une bonne raison de le faire ? »


...que le petit elfe le recherche lui ? Et à cette idée, un sourire carnassier s'étira. Et, raison prenant soudain congé, il ne put plus longuement résister. C'est d'un pas nonchalant, faussement serein, la lance à la main sur le côté, qu'il sortit des ombres et aux autres osa se révéler.

- Ainsi donc de suceur de sang vous parliez ? En recherchiez-vous un en particulier ? demanda-t-il, toujours en un sourire moqueur.

Il s'arrêta à quelques pas des voix qu'il avait entendues. Quelques mètres à peine, maintenant une distance de sécurité. Les environs d'ailleurs puaient la magie. Il était peut-être encore peu capable en magie vampirique, mais il sentait de plus en plus aisément les vibrations de celle-ci quand elle tintait près de lui. Il entendait également un agaçant carillon tintinnabuler près des voix, à chaque mouvement d'un des elfes.

Cela valait la peine.
Ce fut la pensée qui traversa l'esprit de Dawan, dès qu'Aranël vira au rouge. En tendant un peu l'oreille, il était presque possible d'entendre le frère d'Enetari bouillonner intérieurement. Il avait donc atteint son but, et ce sentiment allait être confirmé dès que, dans un mouvement qui lui parut magnifique, le jeune elfe dérapa, rencontra le sol. Et ce petit "splorch" visqueux qui allait avec… Dracos, Dawan n'était pas un grand amateur d'images, mais celle-ci, il allait la graver dans sa mémoire pour pouvoir y re-penser les jours où il se sentirait mélancolique. En tout cas, Aranël semblait d'humeur exécrable à souhait, et prêt à lui sauter à la gorge, le gifler… Exactement ce qu'il fallait, dans les proportions nécessaires ! Avec cela, il allait pouvoir dépenser toute son énergie, sa colère. Ainsi, Eliowir serait sauf ! Totalement imperméable à la fureur d'Aranël, bien qu'il la reconnut, Dawan affichait un adorable sourire, alors que ce dernier annonçait, en se relevant, une sombre menace. Satisfait ? Assez. Restait à espérer que cette douce joie ne passe pas pour de l'amusement. Il ne l'imaginait pas, mais c'était une possibilité, et une possibilité qui n'aurait sans doute pas été à son avantage.

Dawan fut surpris de brusquement être agrippé, avec tant de force. Pourtant son expression resta figée dans une joie discrète mais présente. Ah, oui, en effet, si Aranël devait décharger désormais sa colère il y avait des chances que cela retombe sur lui. Son petit corps n'opposait pourtant qu'une résistance présente par réflexe, il n'avait pas esquissé de geste de défense, pas d'envie de se débattre. À quoi bon ? Il était piètre combattant, Aranël aurait tôt fait de le lui rappeler.
En revanche, ce qui le fit réagir, ce furent les mots d'Aranël. Moins le contenu que le contenant. Son réflexe fut alors de vouloir fuir ce son si désagréable, qui lui faisait mal. Ne pouvant fuir par le corps, il s'enfuit par l'esprit, observa au-delà d'Aranël, autour d'eux. N'avait-il pas idée de les avoir emmené dans un coin aussi désert ! Enfin, il ne fut pas attentif du tout. Cela ne l'empêchait pas de ressentir, de plus en plus, et fur et à mesure que le fils Terendul s'exprimait, crainte et mal-aise. son expression ne s'effaça que peu à peu, pour laisser place à un air vaguement rêveur. Son attention ne revint sur Aranël que lorsque sa voix se calma un peu. Surpris par le changement, il daigna alors faire attention aux mots. Ils le confortaient dans son idée. La question rhétorique n'eut pas de réponse, mais l'ombrageux aurait sans doute été assez mécontent de s'entendre dire qu'il s'en prenait assez bien à un Enwr sans bonne raison pour que l'on puisse douter de ses intentions envers ce soi-disant vampire nommé Eliowir.

Il était encore à se répéter mentalement qu'Aranël avait quand même un magnifique regard, lorsqu'un mouvement attira son attention, un bruit de pas tranquille. Son regard quitta Aranël, son attention également, sans rencontrer la moindre opposition. Quelque chose en lui se brisa. Cette silhouette, armée…
C'était un vampire. Et c'était Eliowir.
C'était l'Infanticide, celui qui l'avait étranglé, ce jour où il avait cauchemardé le prince noir. Chose étrange, cet événement l'avait amené à éprouver une sorte d'affection pour cet elfe balafré. Cet elfe qui était mort. Cet elfe qui avait perdu ses souvenirs, dont il voyait désormais le corps, quoi que sensiblement différent, mais bien reconnaissable. Sa petite main se porta à son coeur. Eliowir… Jamais plus il ne pourrait créer de souvenirs avec cet elfe-là. Il devait donc enchaîner à la fois ce deuil, et la naissance d'un vampire, qu'il ne connaissait pas, fait de cet être perdu. Il eut de la peine pour son peuple, ce peuple qui tombait peu à peu, rongé par trop d'ennemis pour le supporter.
La bouche entr'ouverte sous l'effet de la surprise, le regard légèrement arrondi, il comprit néanmoins assez vite que tous ses plans dans l'espoir d'éviter cette rencontre tombaient à l'eau. Son regard passa très vite d'Aranël à Eliowir. Il ne voulait pas de combat, surtout pas. Pas parce qu'il estimait que ce vampire était déjà son ami, plutôt parce qu'il y avait de bonnes chances que le petit elfe y passe. Brusquement, il s'était rappelé combien les jeunes gens étaient précieux. Brusquement, il s'était décidé à le protéger, tant de ce vampire que de lui-même. Aranël l'avait lâché, pour s'intéresser à son tant désiré vampire. Sans rien dire, Dawan leva le bras, en direction de son camarade elfique.

[Invocation] Géant de pierre
Invoque un géant de pierre qui entoure la cible de ses bras (sans la blesser) et reste immobile. Sert en général à immobiliser mais peut aussi protéger un être cher.

Geste clé : Lever le bras droit, main ouverte vers la direction où le géant doit apparaitre .

Le calme presque satisfait de l'autre (ou totalement satisfait ? Il ne savait pas trop mais c'était ainsi qu'il le ressentait) le mettait encore plus en rage. Pourtant quelque part tout au fond de sa conscience assommée par la force de sa colère, quelque chose l'avertissait tout de même des possibles conséquences de ce qu'il faisait. Il s'en prenait à un baptistrel, appprenti ou pas, le résultat était le même. Il y avait de très fortes chances pour que tout ceci lui retombe sur le coin du nez à un moment ou à un autre et même l'intelligence de Nomin ne parviendrait sans doute pas à le tirer d'affaire. Il n'analysa pas cette sensation de danger, trop habitué à se laisser guider par ses sensations plus que par sa raison. Comme toujours, il réfléchirait après, c'était son fonctionnement. Et puis l'autre l'avait bien cherché après tout, et le cherchait même encore.

Il était en train de se tâter pour arracher purement et simplement ces yeux si tranquilles lorsque une voix vint le surprendre. Une voix ô combien attendue mais ô combien imprévue en la circonstance, dans son projet c'était lui qui était censé surprendre le vampire, pas le contraire. Non pas qu'il ai voulu le prendre ne traître bien sur, il était de toutes façons bien trop fier pour ça, mais il préférait avoir la main, là. Et c'était assez loin d'être le cas en l'état actuel des choses, la faute à ce baptistrel de malheur. Vraiment il allait se le...

« Héééé ! »

Il n'avait même pas eu le temps de répondre à la question du vampire, le ton ironique ne lui avait pas échappé en plus et ne serait sans doute pas fait pour apaiser la situation. Ce qui n'était pas bien grave après tout, il ne souhaitait pas la voir s'apaiser. Et l'agression dont il faisait l'objet n'entrait de toutes façons pas dans ce contexte. Il gigota dans la prise du géant, jurant effroyablement dans sa langue et repassant en commune pour ordonner avec un sens de l'autorité plus que Terendulesque :

« Relâchez moi tout de suite où vous allez le regretter ! »

Comment allait-il le lui faire regretter ? Il ne savait pas encore exactement mais il était à peu près certain de finir par trouver même si ça prenait du temps, des siècles si besoin. Il était un elfe et en tant que tel il savait garder rancune. Autant dire que celle là ne risquait pas de lui passer tout seul... En attendant d'être libéré, il gronda en direction du suceur de sang :

« Vous savez parfaitement de qui je parle et pourquoi. Comportez vous loyalement pour une fois dans votre sombre existence et dites à votre nourrice de relâcher ce sort. Si vous avez besoin d'une telle protection alors c'est que vous valez moins encore que ce que je crois. »

Un mépris sans aucune bornes transparaissait dans sa voix, plus insultant qu'aurait pu l'être la pire des injures. Son regard ne lâchait plus le vampire, terriblement acéré malgré son jeune âge. Il ressentait parfaitement l'amusement de son adversaire mais ne comptait pas se laisser intimider, son jeune âge n'avait jamais été un frein pour lui lorsqu'il considérait qu'il avait un tort à redresser. Et le dents longues lui devait cet affrontement, il n'en démordrait pas quoi qu'il puisse se passer. L'inconscience de sa jeunesse l'empêchait de douter de ses chances et même si ça avait été le cas il n'aurait pas reculé pour autant. Les chances de victoire n'entraient pas en ligne de compte dans ce genre d'entreprise, il fallait affronter l'adversaire la tête haute et c'était tout. A l'instant même où il l'avait ridiculisé devant l'armée et devant son père, Eliowir avait imposé à Aranël cette obligation. Il DEVAIT remettre les pendules à l'heure. Voyant qu'on ne le relâchait pas, il promit en fixant le chanteur :

« A moins de me garder ici jusqu'à la fin des temps, vous ne pourrez empêcher ce combat. Vous ne serez pas toujours là. »

La magie crépitait déjà à son arriva et crépita de nouveau tout près de lui. Il crut un instant qu'on l'attaquait en traître, mais... mais rien ne lui parvint. Aucun sort ne le toucha, ne le blessa. Rien ne fusa contre lui.

Et la voix offusqué d'un des elfes qui s'élevait soudain lui fit comprendre que le sort n'était pas contre lui, mais contre cet elfe. Les elfes s'entre-déchiraient donc entre eux, semblait-il ? Voilà qui était intéressant à noter. Très intéressant. Quand bien même l'urgence de la situation présente l'obligea à relayer cette information à plus tard.

S'il ne put voir le résultat du sort, il le comprit toutefois assez rapidement. Rien qui ne semblait blesser l'autre elfe, si ce n'est son orgueil, orgueil démesuré. Non, rien qui ne voulât le blesser, mais plutôt le neutraliser. L'immobiliser. Un sort qu'Eliowir mourait d'envie d'apprendre et d'essayer à son tour.

« Vous savez parfaitement de qui je parle et pourquoi. »


Donc comme il l'avait deviné, on parlait bien de lui. Encore un point intéressant. Lui qui se croyait un vampire aveugle des plus insignifiants... Il semblerait qu'il ait suffisamment marqué l'esprit de ce batailleur elfe pour que ce dernier s'entête à le chercher par delà les galeries...

« Comportez vous loyalement pour une fois dans votre sombre existence et dites à votre nourrice de relâcher ce sort. Si vous avez besoin d'une telle protection alors c'est que vous valez moins encore que ce que je crois. »

A ces mots, loin de l'agacer ou d'écorcher sa fierté souvent malmenée ces derniers temps, le jeune vampire s'en trouva fort amusé. Oui, ce petit elfe qui avait su se montrer si maladroit en plein combat pour attaquer un vampire, aussi jeune soit-il, tout en baissant sa garde, l'amusait au plus haut point. Et qu'importait que la haine qui l'agitait sembla si féroce alors. Ce ne serait, sans doute, que plus amusant... Du moins un temps.

Il ne se priva donc pas de ricaner doucement. Certes, ce n'était pas un rire à gorge déployée, mais l'amusement qu'il ressentait se percevait parfaitement derrière le sourire narquois qui ne s'effaçait pas.

« A moins de me garder ici jusqu'à la fin des temps, vous ne pourrez empêcher ce combat. Vous ne serez pas toujours là. »

- Ce petit elfe guerrier a raison, je dois le lui concéder, rétorqua-t-il enfin, de sa voix grave se musant à prendre quelques accents taquins. Puisque conflit il semble y avoir, conflit doit se régler.

De ce qu'il comprenait, l'elfe avait pris comme un affront que le vampire se soit défendu et l'ait ainsi... humilié... ou quelque chose d'approchant, devant ses paires elfes. Il souhaitait donc se venger et régler son compte au vampire qu'était Eliowir. Si tout cela était sur l'instant assez amusant de sentir l'agacement, la colère, s'agiter dans la voix de l'elfe qui semblait pour autant impuissant, il devait avouer que la situation le serait bien moins si l'elfe était libre de ses mouvements. Et surtout si l'elfe continuait sans cesse à le traquer pour une vengeance éhontée. Cela devait se régler, une bonne fois pour toute. Même si...

Même si, en l'instant, Eliowir ne savait trop comment régler la chose. Une seule option lui venait alors en tête : mordre la chair fraiche de cet elfe, goûter son sang âcre et infect et le réduire définitivement au silence et à l'impuissance. Mais....

Mais cette option avait une faille. Et une faille de taille. Elle déplairait à son aimé. Elle déplairait à son aîné, en détruisant tout ce que ce dernier tentait de reconstruire avec les rebelles au nom du peu de vampires qui n'avaient pas trahi. Et cette seule pensée suffit à ramener le jeune vampire à un semblant de sérieux. Il dut se forcer à calmer son amusement momentané, à calmer son ardeur meurtrière. L'effort fut si important en cet instant crucial, qu'il dut fermer les yeux, fermer ses sens agités et profondément inspirer.

Ce ne fut qu'après ce petit moment de calme intérieur, qu'il revint au monde réel, et à une réflexion sérieuse sur les possibilités. Aucune de celle lui venant à l'esprit ne le satisfaisait alors, mettant sa faim à l'agonie. Mais qu'importait... Qu'importait alors en pareille situation ses envies, quand les enjeux étaient si grands...

- Vous me reprocher de ne pas me comporter loyalement, mais à ce que j'ai entendu, vous comptiez m'attaquer en traitre bien indument. Conflit il semble y avoir entre nous, elfe guerrier, depuis cette sombre bataille qui nous a vu ensemble ferraillé. Stupide conflit, s'il m'est possible de donner un avis, car je ne suis pas votre ennemi. Je suis resté loyal à la rebellion.

"Et à mon Père surtout", ajouta-t-il en son for intérieur.

- Je n'ai pas suivi le Prince Noir dans la trahison.

"Et n'ai aucune envie de le suivre nulle part d'ailleurs". Pour preuve d'ailleurs, il ne serait pas là à parler librement...

- Si vous me permettez, concédez-moi au moins cela. Inversons d'ailleurs les rôles un instant durant cette bataille. Devenez moi et je deviens vous lors de ce combat. Je vois les vampires trahir, et l'un est auprès de moi... Certes, ma réaction sera méfiance et de suite je voudrais neutraliser ce vampire. En attendant de savoir ce qu'il est du moins pour ce sinistre sbire. Et vous, jeune vampire au milieu d'elfes soudain trahis... que feriez-vous en toute honnêteté, sans mensonge honni ? Vous vous défendrez, cela va de soi. Rien de plus normal n'est-ce pas ?

Il essayait, réellement, en toute sincérité, de se montrer impartial dans son raisonnement. Et cela lui demandait à faire appel à toute sa volonté inébranlable pour ne pas céder à la facile colère, à son arrogance outragée et outrageuse.

- En somme, en cette situation, nos deux réactions n'étaient que purs instincts. Tel celui qui guide les guerriers en pleine action, de la victoire leur montrant le chemin. J'ajouterai que je suis toutefois parvenu à me maitriser un tant soit peu. Ce qui, pour un jeune vampire tel que je suis, est fort miraculeux.

Là par contre, il n'eut aucun mal à forcer sincérité dans ces mots-là. Ce n'était là en fait que stricte vérité. Et il espérait bien que le baptistrel ici présent en attesterait.

- Mais soit, admettons que malgré ces raisons-là, vous continuez à prendre cela comme un affront. Je pense qu'il n'est dans l'intérêt d'aucun de nos peuples, de rompre les lois de la rébellion. Si conflit il y a, faisons appel à leurs lois. Demandez si vous le souhaitez un duel, aux hautes instances et au digne chef des rebelles. Je me plierai alors à cette volonté, si dans votre haine opiniâtre vous vous entêtez.

Là. Il ne pouvait décemment faire mieux, n'est-ce pas ? Il pensait s'être montré digne de son Père, digne d'Achroma. Ce serait là exactement ce que le millénaire aurait proposé, songea-t-il, fier de lui alors. Fier de sa maitrise, malgré sa volonté qui menaçait de s'effriter à tout moment. Et, fort de ces pensées, il redressa le maintien sans même s'en rendre compte, prenant alors cet air digne et noble qu'il avait pu arborer en un autre temps.

- Mage elfe, je crois que vous pouvez vous écarter et lever votre sort. Si ces mots ne peuvent lui faire entendre raison, alors réglons donc ce qu'il considère comme un tort.

Par mesure de sécurité toutefois, il releva légèrement sa lance. Prêt à parer toute attaque. Savait-on jamais...

Il était resté immobile, sa main toujours tendue vers Aranël. Le Géant de Pierre enserrait désormais son camarade elfique, de ses énormes bras minéraux. Pas question de le blesser, il fallait juste le maintenir tranquille loin du fruit de sa colère. Enfin, de son ancienne colère. Il se savait désormais objet d'agacement… Et regrettait que ce soit le cas. Il n'avait pas prévu qu'Eliowir vienne ici. Ou alors, après seulement qu'Aranël ce soit calmé. Cette interruption impromptue rendait sa stratégie totalement inutile. Dommage…
Alors qu'Aranël faisait preuve de maturité et de contrôle de soi, son confrère elfique, gardait ses yeux gris rivés sur Eliowir. Outre sa mort, quelque chose d'autre paraissait avoir changé chez lui. C'était troublant, il peina à mettre le doigt dessus. Il avait quelque chose qui n'était pas comme les autres, même les vampires. Quelque chose qui, au contraire, ressemblait plus à Dawan. L'Enwr dévisagea le vampire nouveau-né avec insistance, jusqu'à entendre le ricanement de ce dernier. Ah, oui, Aranël disait des choses, c'était vrai…
Il comprit alors ce qui n'allait pas. Eliowir s'était montré attentif sans en afficher les mêmes signes que les autres vampires. Son regard… Son regard était trop pâle, distant, et ne les regardait absolument pas. Eliowir était aveugle. Comment, Dracos, cela avait-il pu se faire ?

Entendre la voix de celui qu'il avait connu lui pinça le coeur. Il avait l'impression que ce n'était plus exactement la même, que l'ancien Eliowir n'aurait pas parlé ainsi, sans savoir exactement pourquoi. Sans doute se faisait-il des idées. Mais qu'avait donc dit Aranël ? Pour une fois, Dawan était incapable de se souvenir. Le ton de la voix de son cadet lui avait déplu au point où même inconsciemment il avait refusé d'y faire attention. Heureusement, d'ailleurs. Les mots de son jeune congénère l'auraient possiblement convaincu, autrement.
Son regard passa d'Eliowir à Aranël, plusieurs fois, espérant que l'un d'eux répète ou lui fasse comprendre ce qui avait été dit. Pas question de les laisser régler le conflit avec les armes quand d'autres moyens étaient à leur disposition. Eliowir était aveugle, pas muet. Il aurait aimé savoir les arguments qu'Aranël avait pu avancer. Eliowir reprit la parole, et toute l'attention du petit Enwr fut sur ses mots, à la recherche tant de leur sens que de cette différence qui l'empêchait de reconnaitre l'Eliowir qu'il avait "connu".
Ainsi il put découvrir ce qui s'était passé, de façon concrète ou presque. Lors de la trahison des vampires, Aranël s'en était pris à Eliowir, ce renier avait cherché à se défendre. Ainsi présenté, il était évident qu'Aranël était en tort, à en vouloir ainsi au vampire. Vampire qui, visiblement, ne voyait pas d'intérêt au combat. Il gagnait maints points dans l'estime de Dawan, ce nouvel Eliowir. Il n'en gardait pas moins son principal défaut: il avait pris la place d'Eliowir-elfe.

Dawan avait envie d'honorer tant les dires d'Eliowir que son pacifisme. Lui n'avait pas besoin de rébellion pour estimer ridicule de se taper dessus, mais le vampire avait de bonnes chances de mieux parvenir à convaincre Aranël que lui. Les plus guerriers n'avaient-ils pas tout de même des règles sacrées ? Ne pas attaquer son propre camp ?
L'Enwr doutait cependant qu'en l'état actuel des choses son cadet soit apte à réfléchir de façon convenable, et converger vers leurs avis. Ses perles grises se figèrent en direction d'Aranël, toujours prisonnier du Géant de Pierre. Il était quasiment sûr qu'il allait se battre. S'il ne trouvait pas de raison suffisante, il le ferait pour se passer les nerfs. Son regard revint vers Eliowir. C'était un monde, quand même, si les vampires devenaient moins dangereux que les elfes, surtout pour ces derniers !

"- Faites attention à vous. Je ne veux pas avoir à soigner l'un de vous. D'autres ont d'avantage besoin de sorts de soin, il serait dommage d'avoir à en user pour une querelle qui pourrait se résoudre sans éclats de sang."

Il ne s'était adressé à personne en particulier. Sa voix s'était teintée de tendresse et de bienveillance, alors qu'il libérait du géant de pierre un petit elfe dont il avait l'impression de se porter garant.

HJ : voilà voilà ^^ bon c'est une conclusion, connaissant mon lascars je pouvais pas trop continuer sans commettre l'irréparable si soucis n'hésitez pas.


Si il n'était pas du tout sur la même longueur d'onde que l'elfe chanteur, au moins était-il sur celle du vampire. Enfin en tout cas ils étaient tous les deux d'accords sur le fait qu'ils devaient régler leur conflit et que cela ne pouvait attendre.

Ou peut-être n'étaient-ils pas si d'accords que cela en fait... Cette créature avait décidément un esprit tortueux... Voulait-elle se battre oui ou non ? Aranël pour sa part le voulait d'autant plus maintenant que son accusation avait été retournée contre lui et sa réaction outrée ne se fit pas attendre :

« Je vous interdis de m'accuser de traîtrise. Vous ne m'avez pas laissé vous défié, vous ignorez donc ce que je prévoyais. »

Lui foncer dessus tête baissé en hurlant une imprécation plus ou moins violente arrivait en tête de ses projets, même si il n'y avait pas énormément réfléchit. Mais si hurlement il y avait alors on ne pouvait pas parler d'une attaque surprise n'est-ce pas ? Et puis c'était un vampire, qu'il ne fasse donc pas celui qui craignait de se faire surprendre, c'était ridicule. Quand à savoir si il était ou non son ennemi, ce n'était pas à lui de le décider. Et d'ailleurs ses arguments ne tenaient pas et il ne se priva pas d'en faire sèchement la remarque :

« Et qui me dit que vous ne l'auriez pas suivi si vous en aviez eu la possibilité ? Si vous êtes encore ici c'est simplement parce que l'épée de mon père vous a neutralisé. Partir maintenant serait plus difficile, peut-être même êtes vous un espion... Même un infirme peut tendre l'oreille là où il ne le devrait pas... »

Il avait craché le mot infirme comme une insulte, et d'ailleurs dans la bouche d'un jeune guerrier tel que lui cela ne pouvait qu'en être une. Jamais il n'aurait pu tolérer d'être diminué physiquement, la mort aurait eu sa préférence. Mais d'un autre côté le mot le fit aussi ciller, l'amenant à se poser une question qui ne l'avait pas effleuré jusque là. Lorenz Wintel tolérerait-il un infirme parmi les siens ? Si ce n'était le cas, alors l'aveugle avait une raison toute logique de ne pas quitter la rébellion...

Désarçonné par cette pensée, il garda le silence pendant l'argumentation de son interlocuteur et se contenta de le foudroyer du regard en l'entendant dire qu'il s'était maîtrisé. Le prendre en otage et promener ses dents si proche de sa peau c'était se maîtriser ? Et bien ça ne lui convenait pas du tout ! Et la suite encore moins d'ailleurs.  Demander un duel ? A qui ? A Aegnor ? Aux Kohan ? Il avait neuf chances sur dix de se faire envoyer promener à supposer que son père ne l'ai pas intercepté entre temps. Et puis non, d'ici là sa colère serait retombée et il ne serait plus du tout satisfait de cette confrontation... Et puis il y avait cette histoire d'infirmité... Il était encore en plein doute lorsque le baptistrel relâcha son sort, le surprenant assez pour manquer lui faire perdre de nouveau l'équilibre.

Le regard mauvais, il resserra sa prise sur la poignée de son épée. Il y eu un petit instant de flottement pendant qu'il hésitait sur la conduite à tenir, la raison se disputant à la colère. Il avait levé la main sur un futur baptistrel, au point où il en était s'en prendre au vampire ne lui coûterait pas grand chose de plus... Et il savait qu'il n'aurait plus d'autres occasions de l'affronter à moins qu'ils ne se retrouvent de nouveau un jour sur un champ de bataille. Mais plus que tout le reste, ses propres doutes avaient fait mouche. Il était trop honnête pour s'en prendre à un être dont il n'était plus tout à fait certain qu'il soit un traître. Il inspira donc profondément et dans ce qui sembla constituer un effort gigantesque, fit un pas en arrière. Son arme toutefois vint se pointer vers la poitrine face à lui tandis qu'il prévenait :

« Je ne sais plus quoi penser de votre loyauté. Mais soyez sur d'une chose. Si vous causez du tort à la rébellion ou aux miens, vous me retrouverez sur votre chemin... Quand à vous... »

Il avait tourné à demi la tête vers l'apprenti baptistrel :

« Utilisez encore une fois la magie sur moi et je vous tranche la gorge. Elfe ou pas. Chanteur ou non. »

Il ne plaisantait pas une seule seconde, son ton froid et sans appel rappelait de façon presque dérangeante l'autorité glacée d'un certain général. Ayant dit ce qu'il avait à dire, il recula à nouveau sans quitter le vampire des yeux et ne se retourna que lorsqu'il fut certain d'être hors de portée d'une attaque imprévue. Les répercussions de tout ceci n'allaient sans doute pas se faire attendre, il ne fut donc aucunement surprit lorsque le soir même un ordre de mission lui fut confié. Trop remuant, on envoyait le batailleur qu'il était à plusieurs lieux d'Aigue-Royal...