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Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE

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MessageSujet: Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Icon_minitimeLun 17 Nov 2014 - 22:12



--- 4 jours avant l'arrivée des cohortes à Althaïa - 26 Juin ---


La faiblesse avait frappée avec violence, comme si d’un seul coup, un trou s’ouvrait sous ses pieds et le faisait tomber tout en lui ôtant toutes ses forces. Surpris, il avait manqué s’effondrer au sol, retenu uniquement par Cyrène et Merveille, les deux vampiresses ayant du mal à le faire naviguer jusqu’à une couche où il pourrait se reposer sans risque de s’ouvrir les crânes comme un bruit trop mûre par terre. De simplement pâle, comme la majorité des vampires, son teint avait viré au gris cendré, tournant presque translucide en certains endroit et laissant voir de fins réseaux de veines noirâtres… Il restait conscient, même si sa vision troublée se déformait complètement. Chaque objet ou silhouette prenait alors des formes et proportions grotesques qu’il observait pourtant avec un air détaché et lointain. Par instant, il était pris de violents tremblements et de spasmes de douleur tandis qu’il sentait… La force qui le quittait, et pire encore. Encore vaguement, il se fustigeait pour ne pas avoir pris au sérieux la menace. Il n’aurait pas pensé que le sang aurait un effet aussi prononcé et délétère… et il payait le prix de sa naïveté autant que de l’audace qu’il avait montré. Allait-il mourir ? En fait cela ne lui venait pas vraiment à l’esprit. Il était plus occupé à se contrarier du manque de réaction de ses membres. Pourquoi ne pouvait-il au moins se lever et adopter une position un peu plus décente que cette parodie de couche funèbre… Ils ne voulaient pas en plus l’habiller et le brûler tant qu’ils y étaient ? Mais rien à faire, et en plus, cerise sur le gâteau, il ne parvenait pas à comprendre ce que disaient ces dames. Pourquoi donc parlaient-elles aussi vite et aussi inintelligiblement ? U tel manque de bienséance… Mais on ne lui laissa pas même le temps de pointer du doigt ce manque de manières, il n’avait d’ailleurs pas la force de parler correctement.

Cyrène sembla se décider, et elle sortit. Lui regarda la porte, vide et poussa un soupire lourd avant de relâcher la tête en arrière, sur les genoux de Merveille venue lui servir de coussin. Il cligna vaguement des yeux et se laissa flotter, en se disant qu’avec toutes ces formes étranges, il serait bien capable d’imaginer de nouveaux contes singuliers. Au bout d’un moment, il perdit cependant conscience. Cyrène pendant ce temps, était sortie et, manu millitari, avait traversé Coeurempire en demandant qu’on lui indique où se trouvait l’elfe qu’elle recherchait. Quand elle l’eut enfin trouvée, elle déboula dans le dortoir en faisant voler la porte hors de ses gonds comme s’il s’agissait d’un simple fétu de paille. Les cheveux volant derrière elle, elle empoigna fermement le vieil elfe. « Vous » siffla-t-elle « avec moi, immédiatement. Achroma a besoin de vous » Elle sembla hésiter un seul bref instant, sembla trouvé le mouvement encore trop lent alors qu’ils quittaient les lieux et, sourde aux questions qui pourraient être posées, souleva l’elfe pour le porter comme un sac de pommes de terre sur une épaule, traversant la caverne dans l’autre sens et au pas de course et évitant soigneusement la fête qui avait lieu là. Elle revint donc le plus rapidement possible à la caverne et relâcha enfin sa prise qui put constater par lui-même l’état du dragonnier que son coussin aux dents longues secoua légèrement. Il ouvrit des yeux vitreux et regarda Eliowir un long instant avant d’esquisser un sourire faible et pâle. A nouveau, il essaya de parler, mais en fut incapable, la tête lui tournant d’un seul coup alors que le sombre des veines s’accentuait, de même que le teint de plus en plus cadavérique qu’il arborait…

« C’est du sang de serviteur du Néant… Il lui faut un guérisseur. Vous êtes elfe, donc vous devriez pouvoir vous en charger… n’est-ce pas ? » Cyrène avait beau faire son possible, sa voix sonnait comme un tribunal inquisiteur tant elle s’inquiétait…


Dernière édition par Achroma Seithvelj le Lun 22 Déc 2014 - 14:19, édité 1 fois
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Icon_minitimeDim 23 Nov 2014 - 17:23

Repos. Du repos. Encore. Depuis son retour, il semblait ne penser qu'à cela : repos, calme, tranquilité. Et ce n'était pas là seulement paresse, il le sentait, ce n'était pas que le fruit de son lion qu'il s'échinait à dompter depuis quelques temps. Non, c'était tout autre chose. Il se sentait... faible. Il sentait son corps, son esprit, son âme, abandonner la lutte de cette vie de déchéance, de cette vie de misères et d'errance. Il sentait son déclin, inexorable, avancer, il se sentait arriver sur les derniers pavés de son long et vieux destin. Les embranchements qui se proposaient devant lui, lui semblaient à la fois nébuleux et limpides. Limpides car tous annonçaient une fin en soi. Nébuleux car certains semblaient promettre renouveau. Un renouveau qui lui chuchotait un nom, une voie. Achroma.

Si jusque-là il n'avait pas cédé à la belle tentation de se laisser emporter par les vents des limbes, si jusque-là il n'avait pas encore choisi de voies, restant là à ce carrefour des chemins, c'était à cause de ce nom. Un nom qui le faisait hésiter, un nom qui semblait enivrer son coeur d'une nouvelle pulsion de vie, lui insufflant une autre envie. Un autre choix. Sombre choix, obscure, maudit même. Mais un autre choix, pour lequel son coeur battait tambour rien que d'y penser, et vers lequel son esprit voguait de plus en plus. Faisant écho aux étranges propos d'un prince noir d'ailleurs. Faisant écho aux obscures malédiction d'une lumineuse archiviste aussi. Oui, il y avait cette autre voie. Une autre lutte aussi. Mais une lutte dans laquelle il ne serait plus seul, dans laquelle solitude ne serait plus sienne. Une lutte dans laquelle il pourrait chevaucher aux côtés de son prince, son dragonnier. Une voie toutefois au seuil de laquelle il restait effrayé.

Terrorisé même. N'osant plus avancer. Ne parvenant à choisir. Restant donc là, à ce carrefour honni de tous les choix, à l'agonie de sa vile et pathétique existence, peinant à en choisir une autre, plus sombre, plus trouble, plus pathétique peut-être encore, mais peut-être aussi teinté d'une majesté qu'il n'avait jamais goûté. Cette majesté d'exister, à défaut de vivre, à deux. D'exister avec un, pour l'autre, en ne formant plus qu'un. Une existence sur les chantiers étranges de la vie et de la non-vie, à deux. A deux ! A jamais et pour toujours, à deux, unis dans ce sentiment qui le faisait si fort et si palpitant... Oui, à deux. Oui, avec Achroma.

Voilà ce qui, jusque-là, le retenait encore à sa vie, en attendant qu'il ait le courage de choisir. Ces lourdes pensées l'agitaient encore, alors qu'il restait allongé sur son lit, le visage dans les mains tentant de faire le vide en lui et en son esprit, quand on fracassa la porte qui était censée protéger l'intimité de son dortoir. Une vampiresse, reconnut-il aussitôt, tout en sautant lui-même sur ses pieds. Elle avait l'air en furie. Allait-elle l'attaquer ? Que lui voulait-elle donc ? Elle était liée à Achroma, se rappela-t-il brusquement. Et aussitôt un sombre pressentiment l'étreignit, lui faisant manquer un battement.

Mais déjà elle était sur lui, l'empoignant sans ménagement. L'intimant à la suivre.

- Achroma, répondit-il, obtempérant alors aussitôt, et tentant de suivre son rythme soutenu.

C'est qu'elle était rapide la bougresse. Et lui vieux elfe peinait quelque peu à se caler sur son pas.

- Qu'est-il arrivé ? Quelque chose de grave ?

Il n'eut aucune réponse toutefois. Il pouvait lire un je-ne-sais-quoi qu'il était tenté de nommer inquiétude sur les traits altiers de la vampiresse, mais aucune réponse ne lui fut donnée. Au lieu de cela, jugeant certainement qu'il allait trop lentement, il fut vivement attraper sur une épaule. Soudain honteux de cette position ridicule, il tenta de se débattre.

- Lâchez-moi bougresse. Mais lâchez-moi. Je peux vous suivre de mes propres moyens, fit-il.

Ne croyant pas vraiment à ce qu'il disait lui-même. Rien que l'essoufflement qui marquait encore les saccades de sa respiration montrait bien ce mensonge éhonté.

- Dîtes-moi donc ce qu'il en est, maudite vampiresse. Qu'est-il arrivé ?

Toujours aucune réponse. Il se vit traverser ainsi transporté toutes les cavernes jusqu'au Coeurempire. Tentant de faire taire les affres de son arrogance outragée qui se cabrait de rebellion contre la vilénie de ce traitement, il arrêta de se débattre. Mortifié toutefois, rougissant tel un coquelicot éclatant parmi tout ce bleu caverneux.

- Vous avez intérêt à ce que ce soit d'une extrême importance, où je vous promets mille maux comme jamais vous n'en avez songé, susurra-t-il d'une voix rauque, dans le dos de la vampiresse.

Et enfin, ils arrivèrent. Il fut déposé toujours sans ménagement au sol, manqua de peu de perdre l'équilibre et... et soudain l'aperçut. Achroma. A l'agonie.

Il n'eut guère besoin d'explication pour comprendre que son millénaire était au bord d'un gouffre sans nom, et qu'il souffrait des affres d'un mal atroce. Ce marbre pur et limpide n'était soudain que granit menaçant de s'effriter sous les veinures noires qui le striaient. Allongé, telle une statue mortuaire, la tête soutenue par une Merveille se rongeant d'inquiétude, Achroma agonisait, ses belles orbes céladon déjà tournées vers les cendres d'un autre monde, son majestueux et narquois sourire semblant saluer la faux qui venait le reprendre. Non, non ! s'offusqua soudain le vieil elfe. Cela ne se pouvait, cela ne...

« C’est du sang de serviteur du Néant… Il lui faut un guérisseur. Vous êtes elfe, donc vous devriez pouvoir vous en charger… n’est-ce pas ? »

Eliowir tourna lentement la tête vers Cyrène, le regard écarquillé. Horrifié, apeuré. N'est-ce pas ? entendait-il soudain en écho en son propre esprit. Il était mage, pas guérisseur, eut-il envie de rétorquer. Il était mage, mage guerrier. Sorts offensifs étaient sa spécialité, et non pas l'altruisme de la guérison. C'était là un autre don qui ne lui avait pas été donné. Pas vraiment.

- Il lui faudrait un baptistrel, souffla-t-il tout d'abord, reportant son attention sur le vampire.

Sur SON vampire, cria une voix en lui. Oui Notre vampire. Notre millénaire. . Un millénaire qui agonisait.

- Il lui faudrait un baptistrel, répéta-t-il l'air songeur, réfléchissant toutefois rapidement alors qu'il passait en revue tout ce qu'il connaissait. Ou un miracle... Du sang de serviteur de Néant.. mais que s'est-il donc passé ? Quelle folie avez-vous encore...

Il ne finit pas sa phrase pourtant, sa voix se cassant soudain par l'émotion et refusant de continuer. Au lieu de cela, il caressa doucement les cheveux devenus argent terni, à gestes tendres et nimbés d'une profonde affection. D'une peine sans nom.

Mais de baptistrel, il n'y en avait aucun digne de ce nom dans ces maudites cavernes. Quant au miracle, les esprits ne leur en avaient que rarement concédés. Pour ne pas dire jamais.

Et son millénaire agonisait, se mourrait, là sous ses yeux, sous ses mains... Il se sentait soudain si impuissant, si... Mais non, se morigéna-t-il. Non, il ne serait pas dit qu'il ne tenterait rien. Il ne serait pas dit qu'il serait impuissant. Si miracle se devait, miracle il accomplirait.

Sa main caressante se stoppa alors brusquement. Il inspira fortement, et releva un regard affermi, résolu, vers Merveille et Cyrène.

- Je ne vois qu'une solution. Il va falloir...

Il déglutit face à ce qu'il allait proposer.

- Il va falloir purger son sang. Le soutenir pendant toute la manoeuvre pour que ses forces ne l'abandonnent pas ni sa magie, lui apporter nos propres forces, notre propre magie pendant la saignée et lui offrir du sang neuf, du sang sain.

L'idéal aurait été qu'Achroma entre en transe. Sans doute ses forces vampiriques se régénéreraient mieux alors. Mais parti dans les contrées éthérées, le millénaire n'était sans doute plus capable de controler quoique ce soit, encore moins un état de transe.

Et aussitôt il donna ses ordres, faisant fi des possibles regards offusqués des vampiresses. Elles l'avaient appelé à l'aide ? Alors elles lui obéiraient. Ils régleraient leur compte plus tard. Si... Quand... Oui, quand Achroma reviendrait au pays du réel. Au pays des non-vivants de ce monde...

- Apportez-moi tout objet qui pourrait renforcer ses forces et ses capacités magiques. L'encensoir là déjà. Une dague aussi. Et un calice. Vite, cela presse.

La peau cendrée n'était plus que transparence irisée. Son millénaire allait les quitter s'ils ne s'activaient pas. Une dague lui fut glissée dans les mains.

- Allez lui chercher de quoi boire, de quoi régénérer le sang qu'il va perdre. Le temps nous manque.

Il n'attendit toutefois pas que les vampiresses s’exécutent pour opérer lui-même. Il entonna un chant elfique d'annulation, espérant contrer le poison maudit qui souillait le corps, l'esprit, l'âme peut-être, de son lié. oui, son lié. Ce n'était peut-être pas le lien d'un dragon à son dragonnier, mais il sentait un lien tout aussi puissant l'unir au millénaire. Et à son agonie. Si le vampire mourrait... alors il mourrait avec lui.

Tout en chantant, il entailla alors une veine du vampire au poignet, puis à l'autre, laissant le sang noir s'évacuer des plaies.

Il n'y prêta pas attention cependant, et continua, enchainant cette fois avec un Vitamare, apposant une main sur l'épaule de son digne millénaire et posant son autre main sur sa propre poitrine, insufflant alors sa propre énergie vitale à son lié, son prince.

Sans prêter attention au sang noir et visqueux qui s'écoulait, s'écoulait, et s'écoulait encore, tout en semblant bouillonner, vibrer même. Un sang noir qui...
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MessageSujet: Re: Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Icon_minitimeDim 23 Nov 2014 - 21:42


Un baptistrel ? Les vampiresses échangèrent un regard entendu. Ah non, ça… Achroma sauterait du haut d'un pont plutôt que d'accepter d'être soigné par un des chanteurs. Et puis lequel accepterait de venir pour l'aider ? Y en avait-il même un qui soit encore présent à Aigue ? Elles ne savaient pas et n'avaient pas le temps. Elles ne faisaient pas confiance aux étrangers. Encore moins aux elfes. Celui-ci était singulier, il était le bien-aimé de leur chef et ils avaient partagés suffisamment pour qu'eux l'acceptent tant bien que mal. Et le fait qu'il était capable de soigner son fils encourageait Cyrène à se montrer un peu plus laxiste avec lui malgré ses oreilles en pointe. « Je doute que ce soit le moment » commenta-t-elle. Franchement, les questions pouvaient attendre non ? Elles aussi en avait, des questions, mais il y avait quand même d'autres priorités. Elle pinça ses lèvres sombres et manqua le secouer comme un vulgaire prunier pour lui remettre les idées en place et le sommer d'agir, mais elle préféra se contenir, avec difficulté. Il ne manquerait plus qu'elle lui mette le crâne à l'envers… Il serait tout cassé et ne servirait alors plus à rien. Vraiment pas une bonne idée !

Achroma, lui, voguait de nouveau sans force, ressentant à peine la caresse douce offerte par l'elfe. Il faisait tout ce qu'il pouvait pour continuer de raisonner et de garder un pied, même faible, dans le monde physique et conscient. Il n'entendit pas exactement ce qui se disait, mais il se fit la réflexion lointaine qu'il appréciait décidément la voix de l'elfe. Pour les deux 'femmes' en revanche, les choses n'étaient pas tout à fait vue sous cet angle-là. Lui purger le sang ? Le soutenir magiquement ? Voilà tout ce dont elles avaient besoin pour s'inquiéter encore davantage… oh elles voulaient bien croire qu'il savait ce qu'il disait là, le problème se situait ailleurs… Cyrène n'eut cependant pas le temps de le lui expliquer immédiatement. Toutes deux se dépêchèrent d'apporter ce qu'il demandait, la dague, l'encensoir, le suaire… tout ce qui pouvait aider, soutenir Achroma dans cette dure épreuve. Mais cela ne semblait pas assez, jamais assez… Alors qu'elle déposait l'objet fumant près de la couche, elle se pencha au-dessus de l'elfe et parvint enfin à placer ce qui la taraudait. « Ni Merveille ni moi ne sommes vraiment porter sur la magie. Je suis moi-même impuissante... »

Pour les armandéens, c'était une honte au même titre que la stérilité chez les humains, mais l'heure était bien assez grave pour qu'elle n'hésite pas. Les anciens étaient tous au courant, autant que lui le soit, cela lui éviterait des surprises. Pendant ce temps, Merveille détalla pour tenter de trouver de quoi sustenter le gisant quand il irait mieux. La matriarche vampirique pour sa part s'installa près des deux hommes, observant son fils d'un air impénétrable. Elle n'était pas certaine que l'elfe l'ai entendu en vérité, pris par sa magie, mais au moins, c'était dit, et à défaut de magie, elle pouvait offrir sa force vitale, son endurance… Elle n'était pas l'une des meilleures guerriers d'Armanda pour rien. Cela elle pouvait le faire. Alors elle restait là, tout près, attendant, prête à intervenir si le besoin s'en faisait sentir… La magie était un art qui lui était étranger lorsqu'elle était ainsi maniée. Et Achroma, très lentement, sembla aller un peu mieux, un peu moins blême et mortellement faible. Était-ce une illusion ou la réalité ? Elle n'aurait su le dire, mais il semblait bien qu'ils allaient l'obtenir, leur miracle.

Le corps du dragonnier fut pris d'un spasme de souffrance, se crispant sur lui-même et, alors qu'il ouvrait les yeux, des yeux vitreux, le sang noir sembla gicler de la plaie faite à son poignet et.. directement dans les yeux de l'elfe. Reprenant brutalement pied dans la réalité mais encore grogis et surtout mort de soif, il observant un bref instant Eliowir avant d'essayer de se laisser retomber tout en essayant de le soutenir, comprenant confusément que quelque chose venait bien de se passer… Instinctivement, il se mit à aspirer la magie de la trame, goulûment et pourtant il lui manquait quelque chose. Le sang… il avait soif de sang, affreusement soif… tellement soif qu'il sentait lentement son instinct primaire de vampire prendre le dessus. « Eli… owir… Cyrène... » Sa mère soutenait l'elfe… Il se redressa, tombant à genoux auprès de son compagnon et tenta de l'aider. De l'aider ? Oui il voulait l'aider, il voulait… Mais il semblait soudain incapable de raisonner… Il ne savait pas ce qu'il faisait, il devait l'aider, il pouvait l'aider, si seulement il parvenait à user de magie…

Mais loin de parvenir à aller jusqu'au bout de cette décision, il se sentit à nouveau faiblir, la sensation aussi vive qu'au premier jour alors qu'il plongeait ses crocs dans sa gorge…
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Icon_minitimeMer 26 Nov 2014 - 2:15

Impuissante... Une vampire impuissante... Si Eliowir en fut choqué, et plus que perturbé, il n'en montra rien. Ses vieux enseignements de haute noblesse ressurgissaient soudain en lui et lui permirent de garder un sang froid à toute épreuve, lui pourtant le seul à coeur chaud. Il ne broncha guère à la confession honteuse, et se contenta de reporter toute son attention sur le millénaire au bord du gouffre. Qu'importait leur impuissance, qu'importait qu'il soit seul mage alors à prêter sa force. Il saurait se montrer suffisamment puissant, suffisamment fort, lui vieux lion honni, vieil elfe banni, puissant Grand Maitre Mage. Oui, il saurait...

Et dès que ses chants elfiques s'élevèrent plus rien n'importa d'autre qu'Achroma. Lui et Achroma, la trame qui tendrement les berçait, vibrait autour d'eux de sa puissante magie, fin fil de magie tissée avec amour, qui soudain semblait les lier à jamais, force de l'un devenant celle de l'autre en une magnifique harmonie. Oui, plus rien n'importait. Plus rien d'autre que cette promesse éternelle plus belle encore que tous les mariages rituels.

Si sa volonté resta vaillante, il se sentait cependant faiblir, il sentait son sang pulser au même rythme que ses forces le quittaient. De plus en plus lentement, de plus en plus insidieusement. Mais le sort lui ne faiblit pas, l'elfe sut garder emprise sur ses sens et sa magie jusqu'à ce qu'enfin soubresaut agite le vampire. Achroma... Pour Achroma, il devait tenir. Encore un peu. Juste encore un peu. Sans doute bien peu encore, mais ce peu il le tiendrait. Et tout en continuant de laisser ce fil les lier, entourer leur poignet tel le végétal baptistrel des épousailles, il psalmodiait en son âme épuisée ce lent et pulsant leitmotiv chantant leurs prochaines retrouvailles. Faisant fi de ses membres flageolant, de ses mains tremblantes, de la pâleur livide qui faisait linceul sur sa peau, faisant fi de la sueur lui perlant le long de la mâchoire, ou des limbes qui menaçaient d'envahir son esprit.

Quand toutefois le sang gicla... Il porta une main hagarde vers ses yeux, rompant soudain son sort. Et sentit ses forces le quitter en un terrible flot qu'il ne parvenait à retenir. Un flot qui ne s'écoulait pas par le fil ténu d'Achroma, celui-ci était rompu, déchiré. Non, un flot qui s'écoulait... s'écoulait... par le néant, comprit-il soudain. Le sang du serviteur... s'infiltrait à son tour en lui... lui dévorait ses forces, sa magie... le tuait enfin dans une lente agonie. Et alors que péniblement ses pensées moribondes parvenaient à cette conclusion, il fut incapable de se soutenir plus longuement. Il se sentit tanguer, vaciller, tandis que ses mains tentaient d'essuyer le sang de ses yeux, il se cabra un instant, gémit faiblement, avant de finalement abandonner ce combat. Las, épuisé, et de toute force déchu.

Il sentit vaguement des bras puissants le rattraper dans sa chute, et délicatement l'étendre au sol. Sa tête roula de côté, tandis qu'un puissant tremblement l'enveloppa dans un dernier soubresaut, et dans un geste désespéré il tenta d'attraper la présence qu'il sentait à ses côtés. Désolé, pétrifié même, de ne parvenir de ses propres yeux à la voir, un voile noire semblant s'entêter à recouvrir ses orbes nuits. Déjà, il sentait un vent fort d'autres contrées l'appeler, et alors qu'enfin l'Esprit de la Mort allait daigner lui tendre sa faux...

Il sentit une terrible morsure le happer. Les crocs acérés firent perler son sang carmin, son cou soudain pulsant d'un autre flot vital, tandis qu'âpre venin en lui tentait de s'infiltrer. Peur l'étreignit soudain. Terreur lui prit la main. Douleur terrible l'envahit, et fièvre embrasa son corps et son âme sur l'autel de la folie enflammée. Frisson d'une autre agonie courut le long de sa peau pâle, caressant sa gorge d'abord de son sinistre voile, pour venir emballer son coeur en une délicieuse percussion harmonique.

Tes crocs acérés enlaçant ma faible chair,
Ton venin exalté noyant mon âme fière,
De ton sombre manteau, beau seigneur, tu me drapes,
Et en tes lumineuses ténèbres m'attrapes.

- Non, murmura-t-il, incohérence envoutant son esprit en cendres éparpillé. Non... ne... me... je ne veux... Oh oui, non, je ne veux...

Faisant brusquement écho à un étrange rêve. Réminiscence brutale d'un songe lointain, si proche soudain. D'un songe volé, envolé, emprisonné, capturé... pour mieux alors en cet instant de nouveau le libérer. Lui donner réalité.

Oh oui, digne seigneur, que mes rêves soient tiens,
Vole-les, de ta puissance enveloppe-les,
Que de tes lacs cyans ils forment les reflets,
Et ancrent sur mes rivages tes céruléens.


Il sentit une douce étreinte l'envelopper, se faire caresse et tendresse, transcender peu à peu sa peur et son effroi en confiance et joie. Paix apaisa alors son esprit agité, tandis qu'emprise des sens se fit incandescence, sous les assauts de son millénaire assoiffé. Le digne et noble vampire, sombre lumière, s'abreuvait de son sang de lion, et emportait dans son sillage délétère les lambeaux de sa raison.

- Je ne veux... maudit.. je ne veux... non... je ne... Oh oui, maudissez-moi, capitula-t-il, laissant enfin se consumer les miettes de ses résistances.

Reddition fut sienne, sous la malédiction si suave et si sereine, que cet être de si enivrantes ténèbres enfin lui offrait. Son corps une dernière fois s'arqua, avant son heure funeste son autre réclama, tandis que son âme plongeait dans les lacs céladons de la perdition. Des lacs que peut-être il ne voyait plus, ne verrait plus, mais qui à jamais en son esprit le hanterait. Le guiderait.

Rêve maudit, rêve honni, promesses nous lient,
Je suis tien, tu es mien, à toi tu m'as damné,
A tes côtés à l'éternité condamné
Avec joie ce destin j'étreins dans l'agonie.

- Je suis vôtre.... Oui, maudissez-moi... mon Seigneur.... Mon Millénaire... A vous... Oui pour toujours, et à jamais... j'ai peur, chuchotait-il la voix hachée, en un souffle à peine audible. Terreur... Mais vôtre à jamais... Ne m'abandonnez pas. Promettez... promettez... que... à jamais...

Faiblesse l'envahissait. Vie le fuyait. Oui,, son tambour rendait son dernier battement tandis que Mort étendait sur lui son noir linceul. Déjà son sang n'était plus que lac empoisonné, lac ensorcelé. Maudit dès lors il était. Maudit mais avec lui lié à jamais.

- Avec vous... à jamais, hurla-t-il, la douleur redoublant de fureur sous le brasier de ses flammes venimeuses. J'ai peur... Peur... Si peur... Ne m'abandonnez pas... je...

Un vomissement de sang manqua l'étouffer, un fil carmin s'échappant de ses lèvres bleuies. Sa respiration déjà hachée devint détresse et agonie. Son corps n'était plus que flambeau enragé.

Vile douleur de ses flammes pourtant m'embrase
Peur m'enlace, et de son venin me terrasse,
Mon digne prince, en ces ténèbres guide-moi
Aux affres de l'abandon ne me livre pas

- Je... je t'aime, furent ses derniers mots, avant que ses nuits ne se ferment et que dans un dernier cri sa conscience s'enfuit.

Ces flammes empoisonnées, je traverserai,
Pour toi cette lente agonie j'endurerai,
Mon âme à ta malédiction je vouerai,
Car d'un "je t'aime" à toi je suis lié à jamais.


Trahis-mois alors, et limbes j'incarnerai,
Avec moi ton âme en mon néant j'emporterai.
Car en mon rêve exquis, ces promesses nous lient :
A toi, je t'aime, à jamais, ton maudit je suis.


[HJ : il est normal qu'il s'agisse quasi des mêmes paroles que poison nocturne, tel un écho... si souci j'éditerai. En espérant que ca te plaira quand même...^^]
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MessageSujet: Re: Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Icon_minitimeLun 1 Déc 2014 - 0:27


Le flot de sang jaillit dans sa bouche et seule la prise qu'il maintenait sur sa proie l'empêcha d'émettre un gémissement de pur bonheur. Ramené malgré lui à son instinct primaire de prédateur, tellement affamé qu'aucune raison ne parvenait plus à l'atteindre, il n'existait plus que pour cette terrible soif qu'il avait combattu toute sa non-vie… Et le sang avait un goût si exquis, si délectable si… unique ! Enivrant. Comme le meilleur des vins, le nectar le plus délicieux que ce monde ait porté. Le velours carmin, tiède, coulait dans sa gorge sous la succion qu'il appliquait à la carotide palpitante, et le goût capiteux lui fit tourné la tête plus sûrement que tous les alcools imaginables. C'était trop bon, beaucoup trop bon. Depuis combien de temps n'avait-il pas cédé à la tentation d'un repas copieux et prolongé, d'une étreinte à même la chaire vivante et tressaillante. Il parvint tout juste à ne pas le vider goulûment, mais rien ni personne n'aurait pu le séparer de sa proie en cet instant. Un fait dont Cyrène avait parfaitement conscience, raison pour laquelle elle n'essaya pas de s’interposer, bien au contraire… à pas de loup, elle s’éclipsa. Paupières scellées, lèvres apposées sur la peau soudain brûlante, tenant fermement le corps dans ses bras puissants, il se repaissait de la vie de l'elfe qu'il chérissait, sans qu'un seul instant la honte ou le doute ne parviennent à briser la carapace de sa faim.

Il l'allongea avec douceur, sans jamais quitter sa gorge, le surplombant et l'enveloppant complètement, sa chevelure tombant comme un linceul sur leurs corps entrelacés tandis qu'il se pressait étroitement à lui, aspirant un peu plus sa vie à chaque instant. Mais il avait tellement faim, il en avait tellement envie, de cette douce chaleur apaisante, de cette liqueur qui coulait pour lui et repaissait la faim sans fin qui le torturait. Tellement bon… ce sang-là n'avait aucune commune mesure avec celui de simples humains, fussent-ils de haut lignage. Doux breuvage exotique qui l'enivrait un peu plus à chaque gorgée. Merveille des sens, rêve sirupeux mais terriblement exaltant… Il n'y avait rien de mieux et son corps le réclamait à corps et à cris. Il avait si faim ! Aucun refus ne pouvait lui parvenir. Non, refus lui était inconcevable. Mais aux émois de sa proie, d'instinct et de malice, il changea de prise et sa poigne d'anaconda se relâcha, l'embrassade de ses lèvres contre sa gorge se fit moins dure et cruelle…. Il voulait le voir y répondre, il voulait une proie offerte qui ne lui refuse rien, et il savait comment l'obtenir. C'était une danse mille fois apprise, venue de son sombre passé. Passé dont il écartait les voiles ensanglanté et dans lequel il puisait soudain toute la sensualité d'une étreinte à la fois passionnelle et mortelle.

Il se fit doux et tendre, l'enjôlant de ses attentions sans pour autant cesser la ponction qui le conduisait inéluctablement vers la fin… et le renouveau. Dans ces hauteurs, la folie primaire le quittait enfin, ne restait plus alors que la consumation de leur étreinte. Et il vainquit, se voyant remettre les lauriers de sa victoire, alors que son doux sacrifice, son précieux compagnon, s'offrait enfin à la morsure de ses terribles crocs. Offrande suprême et partagée, au fil de ce flot vermeil qui, lentement, se tarissait, la fin approchant… Mais il ne l'abandonnerait pas non, jamais. C'était la promesse d'une éternité qu'il lui offrait. Lui, le salvateur, dont l'existence s'achevait pour préserver la vie du meurtrier qu'il était… lui le meurtrier, acceptant l'offrande qui laverait un tant soit peu ses pêchers. Une éternité, pour toujours et à jamais, tous deux réunis en un lien indestructible. Et alors que le dernier battement de coeur résonnait, que la dernière goutte de sang venait l'apaiser, il le libéra enfin, le venin rongeant son corps. Une grande goulée d'air lui fut nécessaire alors qu'il soutenait le corps de son amant, souffrant mais non gisant. Le flot de sang vint entacher les tissus de leurs habits sans qu'il n'y prête attention, Eliowir seul lui important…

Il l'avait mordu. Revenu de sa transe et de sa faim, il était à présent frappé par les événements. Il l'avait mordi et lui… l'avait accepté. Lui et son don d’éternité. Ensembles à jamais, une si belle notion et pourtant… Il savait que le plus dur n'était pas encore passé. Et ses ultimes mots...Il le regarda sombrer, et un seul instant, son coeur et son âme se serrèrent, alors qu'une larme pourpre coulait le long de sa pommette. Avec une infinie délicatesse, il le prit dans ses bras et le déposa sur la couche, déterminé à le soutenir et à l'aider dans ce passage qu'il savait éprouvant, terrible de souffrances… oui il se souvenait la transformation, l'abominable douleur… Oui il serait là, il le soutiendrait et aiderait son passage autant que possible. Il le lui devait. Il serait là à son éveil, il le fallait. Il voulait le voir ouvrir les yeux, le voir reprendre conscience, pouvoir lui expliquer, pouvoir… contempler… protéger…. Son amant et son fils…. Un espoir pour sa famille autant que pour lui. Les heures seraient longues, mais la fin vaudrait l'effort. Il allait renaître et ne plus jamais le quitter. Une partie de sa peur s'envolerait, oh pas entièrement, jamais mais… il était heureux… Pas un instant il ne céda, solide pilier dans sa tourmente, il fut là, sans faillir…

Et pourtant, alors que l'orage se calmait enfin, un autre se dessinait déjà à l'horizon. Aveugle pourtant à cela, en l'instant, dans la désolation qu'était la pièce, il le gardait dans ses bras, caressant ses cheveux et chuchotant avec douceur, des paroles d'apaisement et d'encouragement… les heures se succédaient dans la fièvre du venin, avant qu'enfin le calme ne revint.
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MessageSujet: Re: Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Icon_minitimeMar 9 Déc 2014 - 2:08

Douleur... Sombre douleur qui le noyait dans son océan infini, sous l'assaut violent de ses vagues tempêtant sa folie, sous la houle de son écume amère, rugissant à tout vent sa colère. Il se sentait balloté par ce maelstrom de rage et de furie, devenant infime goutte dans cette immensité nommée mer. Il se sentait dispersé alors dans le souffle enragé de son agonie, qui semblait le morceler en milles et une poussières. Il se sentait fracassé contre les âpres rochers de ce nouveau désert, devenant grain de sable dans cet aride sanctuaire.

Il n'était plus elfe. Il n'était plus vie. Il n'était plus être. Il n'était plus lui. Eliowir lui semblait inconnu, dissolu, révolu. Disparu. Oui, disparu dans cet immense infini. Perdu dans ce marais sans fin, tout de limbes et de sombres symphonies. Embourbé dans ces marécages de douleur et de désolation, entouré des brumes de sa damnation. Dans un dernier soubresaut, un élan de peur le força à lutter encore. Non, il n'était peut-être plus, mais il ne se rendrait pas si facilement à la mort. Quelqu'un l'attendait, se souvenait-il vaguement. Quelqu'un l'appelait, sur de lointains rivages de diamant. Il cria alors en son âme sa peur et sa souffrance, mais seuls semblaient lui répondre de sombres vents d'errance.

Non, pas seulement... Pas seulement, constata-t-il avec une joie indicible. Non, pas seulement. Au loin s'entendait quelques chuchotements, lointains, si lointains, à peine audibles... Oui quelques chuchotements murmurés en son esprit agité. Apaisement et encouragement, lui soufflaient-ils. Force et courage y puisa-t-il. Force pour lutter contre cet écartèlement de son corps si frêle, de son esprit, de son âme, de sa raison même. Courage pour ne pas se laisser disperser, éparpiller en un tout qui n'était pas sien, en un tout qui semblait vouloir l'engloutir dans son immense sein. Il lutta, lutta, rugit et hurla, de rage et de hargne, mais il lutta. S'accrocha à cette belle voix. Sentit une main qui se fit soie.

Et peu à peu, nageant contre ce courant torrentiel, il se rapprocha de cette voix si sereine et si belle, de ces doux rivages où elle l'appelait, l'envoutant dans ses puissants filets. Elle vibrait avec tant de puissance qu'elle déchirait inexorablement le voile des limbes qui avait happé celui qu'elle réclamait. Elle pulsait d'une telle conviction, qu'elle fracassa les vagues, les vents et les sables de cet immense néant qui avait dispersé celui qu'elle revendiquait. Un celui qui peu à peu redevenait lui. Un celui qui peu à peu redevenait Eliowir.

Il n'était plus elfe. Il n'était plus vie. Mais il était de nouveau être. Il était de nouveau lui. A la fois autre, le sentait-il, mais lui quand même. Il n'était plus dissolu, ni révolu, il n''était plus un immense infini. Il était un, il était sien. C'était là les seules convictions qui lui restèrent, ancrées et gravées à jamais en lui, de ce sceau nommé magie, quand de nouveau en ce monde ses sens s'éveillèrent.

Où était-il ? Que faisait-il là ? Que s'était-il passé ? Qui était-il ? Un nom lui fut chuchoté. Eliowir. Il se nommait Eliowir. Pour le reste... Pour le reste... Il ne savait pas. Ne savait plus ? Il sentait pourtant en lui des pensées s'agiter, des pensées se débattre au loin, dans les ténèbres de son esprit embrumé... mais dès qu'il semblait en happer une, aussitôt elle le fuyait, s'envolait en fumée. Il sentait une panique le gagner, ses membres trembler, tandis que ses yeux tentaient de s'ouvrir. Panique, terreur, face à ce vide qui l'envahissait de son ire. Il était un, il était sien, il était Eliowir, mais rien d'autre ne semblait exister en lui.

Rien d'autre si ce n'est Lui. Lui à ses côtés. Lui... Et un autre nom souffla soudain sa puissante harmonie. Achroma. Lui, Achroma, son sien, son millénaire, son tout, son monde, son univers. Rien d'autre n'avait besoin d'exister que Lui, finalement, décida-t-il, une étrange paix envahissant soudain ses pensées.

- Achroma, croassa-t-il de sa voix grave, cassée d'avoir trop crié. Je... Achroma... Est-ce bien vous ? fit-il en langue elfique.

Une langue dont le chant lui revenait avec une étonnante facilité, à mesure que mots se faisaient nécessité.

Il ouvrit alors pleinement ses orbes nuit. Mais nuit resta sienne, et lumière jamais ne se fit pour lui. Nuit éternelle, nuit immortelle, semblèrent crier soudain ces orbes bleues, autrefois si sombres, aujourd'hui d'une pâle si nébuleux. Ce n'était plus des iris bleu nuit qui se fixaient sur l'Ancien, mais des orbes voilées d'un azur opalescent. Voile opaque de la cécité ou céruléen de son père hérité ? Ils ne le sauraient sans doute jamais. En tout cas ces yeux semblaient pour toujours à la lumière fermés.

S'il avait pu se mirer dans un miroir, sans doute aurait-il pu constater que ce changement n'était pas seul à s'être installé. Si balafres et traits marqués étaient toujours son apanage, ses cheveux autrefois indomptables semblaient être devenus plus sages. Toujours aussi abondant, telle une crinière de lion majestueux, ils offraient toutefois un drapé plus lisse et plus soyeux, comme à l'image de ceux de son aîné.

Mais plus jamais dans un miroir il ne se mirerait. Plus jamais... Et de nouveau panique manqua de submerger le jeune né, qui, se redressant soudain tâta à ses côtés, cherchant en désespoir la présence rassurante du millénaire.

- Je... Fait-il nuit ? Lumière a-t-elle fui ? reprit-il, toujours de cet elfique légèrement hésitant, sa voix prenant des accents de terreur incontrôlée. Je ne peux vous voir. Pourquoi fait-il si noir ? Où êtes-vous, vous à qui je suis lié ? M'avez-vous finalement abandonné ? Me laisserez-vous dans ces ténèbres errer ?

Et alors que la panique montait, une sourde rage s'insinua en lui, en même temps que désespoir tentait de le plonger dans une nouvelle agonie. Rage bouillonnante, violence latente, frustration exacerbée... et soif affamée !

- Faim me dévore, sang m'appelle. Oui, sang m'appelle, je l'entends presque pulser. Sang il me faut pour ma soif épancher. Oui, de sa voix d'or, sang m'appelle.

Se disant, il ferma ses yeux aveugles, et à ses sens se laissa entrainer, la tête légèrement en arrière, tandis qu'il humait l'air. Sa main soudain ne tatonna plus, et s'abattit sur l'épaule du millénaire à ses côtés sans l'ombre d'une hésitation. Enserrant alors celle-ci dans un étau puissant, comme voulant la broyer. Ou comme voulant s'assurer de cette présence près de lui, de ce soutien dans sa nuit.

- Et de vous aussi, j'ai faim, je me languis.

Aussitôt, il se tourna vers Achroma et sur lui se jeta avec férocité. Et voracité. Déposant baisers tantôt chastes, tantôt enragés, mordant et papillonnant sur la peau froide du cou, de la machoire, chassant quelques mèches de cheveux égarées d'une main péremptoire, jusqu'à ce qu'enfin il ne trouve les lèvres tant désirées. Il les happa alors en leur faisant goûter le mordant de ses tout nouveaux crocs, comme voulant leur montrer la soif affamée qui le consumait.

Et les faisant basculer par terre sous son élan audacieux.
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MessageSujet: Re: Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Icon_minitimeMer 10 Déc 2014 - 18:27


Il émergeait enfin. Après ce qui lui semblait être une éon entière. Une éon douloureuse et lancinante. Et son retour fut pour lui un soulagement, autant qu'une dague de honte plantée en plein coeur. Honte de ce qu'il avait fait, honte de ce qu'il lui avait infligé… et honte de se satisfaire de le voir émerger, de se satisfaire de ses actes. Mais regretter serait sans doute pire encore. Regretter serait une insulte...et pourtant, son doux battement de coeur lui manquerait certainement. Il y gagnait pourtant. Un compagnon d'éternité. Son compagnon, pour la vie et au-delà, pour toujours et à jamais, comme ils se l'était promis. Un sourire fragile vint flotter sur ses lèvres lorsqu'il prit la parole et, stupidement, il fut soulagé qu'il ne semble rien voir des alentours. Pourtant, ne rien voir ? Comment cela se faisait-il, alors même que vision avait été sienne dans sa vie ? Il portait indéniablement les signes de son ascendance, les traits de son père vampirique, venus s'apposer sur sa personne… la chevelure, l'aura, mais surtout les yeux. A moins que ce ne fut là un terrible outrage du sang vicié qui l'avait atteint avant qu'il ne le morde. Et en ce cas, il était entièrement responsable de son handicape. Et de tout ce qu'il engendrerait de tourments et d'aliénation. Pas à ses yeux à lui, et ce sans jeu de mots. Il le voulait et le prenait tel qu'il était. Mais… Mais le monde ne se composait pas que de sa propre personne, malgré le désir qu'il pourrait avoir de se faire son monde, son univers. Il ne pouvait voir… que n'aurait-il donné, alors, pour lui transférer sa vision. Pour lui offrir son regard à lui, quitte à ne plus jamais rien voir.

« Oui » souffla-t-il avec douceur, également en elfique, bénissant sa prévoyance quand à l'usage de cette lange terriblement compliquée. Il ne devait pas avoir un accent particulièrement fameux, mais c'était le cadet de leurs soucis, pour le moment. Il se rapprocha encore de lui, voulant l'emplir de sa présence, se voulant rassurant. Qu'il aurait lui-même aimé qu'on le rassure, lorsqu'il était revenu à lui, après sa transformation. Qu'il aurait donc aimé qu'on apaise ses craintes superstitieuses… A défaut d'avoir obtenu ce réconfort, il le prodiguerait cependant à son tour. Le laissant se redresser, avec prudence, il ne se déroba pourtant pas, immobile et l'observant toujours, moue inquiète souillant ses traits habitués à l'impassibilité et à la dignité d'expressions calculées. La terreur sourdant de la voix de son fils et amant lui était intolérable et éveillait en lui l’irrépressible instinct de protection qui l'aurait pousser à massacrer toute chose, toute créature ou tout objet pouvant provoquer pareil tourment en son aimé. Oh non il ne l'abandonnerait pas, jamais, et pourtant, nul son ne le quittait, nul son ne le trahissait, de cet élan de protection qu'il ressentait, et qu'il était incapable de réaliser. Comment le pourrait-il, alors que l'adversaire n'était rien moins que la fatalité de son propre manquement, de sa faiblesse et de ses erreurs. Aveugle il était, et par sa faute le resterait. « Je suis à tes côtés, aimé » Et oh comme cette langue semblait étrange, roulant sur le velours de ses lèvres moirées pour se perdre dans l'atmosphère dépourvue de tranquillité.

La faim sans fin. Elle naissait, oui, au creux de son être, il en était certain. Le bourgeon de vampire qu'il était se voyait finalement doté de son dernier attribut. Sa faim, dévorante et éternelle, aussi éternelle que lui l'était. Et il nécessitait une proie. Rapidement, au moins pour cette fois. Pourtant, ce ne fut pas vers un quelconque coeur battant qu'il se dirigea, mais bien vers lui, d'une main sur son épaule aux lèvres venant conquérir les siennes. Surpris, il le fut oui, et le laissa venir à lui, le laissa transmettre et posséder, tombant à terre sous l'impulsion éhontée… Cédant il accepta le brasier, mais bien vite, répondant, tenta-t-il, sinon de l'apaiser, au moins de le juguler. De sa passion il aurait voulu le parer et lui offrir ce qu'il désirait de sa propre personne, mais avant cela, il se devait de le sustenter, car cette faim-là n'était surpassée par aucune autre. Et de son trop jeune fils il en allait, de sa survie même. Il l'avait déjà bien assez outragé, sans en rajouter par l'ingérence égoïste de ses désirs. Mais d'humain, il n'avait point, ici présent. Que devait-il faire ? Le laisser là et aller en chercher un ? Fort heureusement, la réponse vint, avec le retour de ses deux vampiresses, transportant un prisonnier à la carrure appréciable. Sans nul doute guerrier, il aurait pourtant, face à son prédateur, guère plus de chance qu'un nouveau né. Caressant le visage de ce scion ardent, il le guida pour se premier repas, se faisant son guide dans ce monde obscure qu'il sentait mais ne voyait plus désormais, et c'est de douces et aimantes paroles d'encouragement qu'il le poussa vers l'agnelet sacrifié…
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MessageSujet: Re: Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Icon_minitimeLun 15 Déc 2014 - 3:02



Aimé, oh quel doux mot alors. Aimé... Qu'il aimait ce mot-là. Qu'il aimerait l'entendre encore et encore, et encore. Belle litanie qui vibrait de tous ses accords. Une autre faim que celle-là, fut la pensée qui voleta en lui, alors qu'il dévorait son millénaire sous ses baisers honnis. Oh oui il avait faim, faim de ces mots, faim de ces lèvres, faim de ce corps, faim de son millénaire. Et faim de sang aussi. S'il fut un instant porté à protester contre l'outrageux arrêt de ses élans enflammées, ces récriminations moururent rapidement sur ses lèvres quand une odeur délicieuse happa ses sens enfiévrés.

Tournant son regard vide vers cette odeur alléchante, il en huma le fumet délicieux, et sentit ses crocs salive, ses sens s'enivrer, le fauve en lui prêt à bondir sur cette proie frémissante, sans même en savourer le nectar liquoreux. Il se sentait soudain si pressé, de faim impatiente et aliénée, qu'il n'avait qu'une envie : le boire jusqu'à la lie. Et sans doute en aurait-il été ainsi, si un certain millénaire n'avait pas pris les rênes d'une main avertie. Le jeune vampire alors soudain hypnotisé, subjugué par cette douce promesse de festin, envouté par l'appel de cette vorace faim, se laisser par son amant guider.

Nulle attention ne fut accordée aux deux vampiresses, nul autre ne comptait que ce sang pulsant, cet appel à l'ivresse. Et alors qu'il n'était plus qu'à quelques pas, il n'y tint plus. Sous les encouragements de son père, il n'hésita plus. Et sur sa proie, le fauve bondit : tous crocs dehors, tel un lion il rugit, tandis que sur un corps robuste souplement il atterrit. La proie tenta bien de se débattre, et avec force elle s'y appliquait, mais le vampire enragé et affamé de colère puissamment la retenait. Il s'amusa un instant de sentir cette puissance, cette emprise, sur sa proie agitée, de ses jambes bloquant les ruades et de ses mains fracturant les bras qui tentaient de le frapper. C'est presque avec un ronronnement victorieux, qu'il plongea dans ce cou puisant ces crocs venimeux.

Et alors... Alors... Hum... Quel met goûteux. Quelle merveille des sens. Quelle puissante indécence. Quel sang savoureux ! Oui, sang, savoureux sang, sang, sang, toujours plus de sang, pensa-t-il subrepticement, alors qu'il happait ce carmin vital parfumé en de profondes goulées affamées. Sang encore, sang toujours, sang oui, il aimait ce mot-là aussi, décida-t-il, alors que peu à peu le flot se tarissait sous ses crocs alanguis. Oui, ce mot-là sonnait aussi bien qu'il goûtait, telle une belle harmonie à l'ode de ses sens exaltés. Un mot qu'il aurait voulu infini, éternel, songea-t-il déçu quand plus rien ne répondit à son vorace appel. Un mot qu'il happa jusqu'à la lie, faisant fi des tressautements d'agonie, son corps ondulant langoureusement au même rythme que les battements de ce tambour agonisant.

Ce fut avec une moue un peu déçue, son ronronnement mourant dans sa gorge repue, qu'il dut se détacher de sa proie soudain sans vie, figée alors dans l'horreur qui l'avait saisi. Un filet de sang gouttait encore au coin de ses lèvres, qu'il se lécha sans aucune gêne, son regard vide vibrant encore de cette fièvre. Quand une odeur de nouveau l'attira. Une odeur qui ne l'avait pas quitté, même si une autre faim l'avait happé. Une odeur qui une autre faim lui insuffla. Cette faim première que déjà il avait goûtée, ses lèvres que déjà il avait kidnappées... ce corps qu'il avait avec un autre l'espace d'un instant trompé... Oui, cette faim-là était restée inassouvie.

Et se pensant, le jeune vampire se releva, lentement vers son autre proie se retourna, lui offrit un large sourire, avant de lentement vers elle revenir. A pas comptés, tentant de ne pas buter sur un obstacle traitre, il avança vers son amant et son maitre, se guidant de ses autres sens exacerbés, tentant de maitriser la panique qui dans cette nuit semblait de nouveau vouloir le submerger. Oui, ne rien voir lui faisait peur, ne rien voir lui inspirait terreur, mais son millénaire, alors à ses côtés, courage et force semblait lui inspirer. En lui, en cette odeur rassurante, en cette présence envoutante, il puisait tout ce qu'il pouvait et vers lui avançait. Pour finalement juste devant la haute silhouette qu'il devinait se retrouver. Avançant une main hésitante, il stoppa un instant son geste qu'il jugea éhonté...

Puis n'y tenant plus, incapable de résister, il laissa sa main vers ce visage se hisser. Ce ne fut que cou qu'elle toucha tout d'abord, peau douce et froide, qu'elle frôla, caressa, avant de remonter le long des courbes gracieuses, caressant le menton si finement dessiné, courant le long de la joue satinée, vers ces yeux qu'il devinait profonds et merveilleux lac céladons, avant de finalement s'amuser à dessiner nez et lèvres en une caresse capricieuse. Il venait de finir son esquisse, peignant de nouveau en son esprit ce visage aimé dont il peinait à totalement se rappeler, ce visage dont les souvenirs, seuls souvenirs qui le hantaient pourtant, n'étaient que vagues et confus dans son esprit envahi de néant.

Néant. Oui, voilà tout ce qu'il semblait être. Néant. Il ne savait plus qui il était, ce qu'il était, ni ce qu'il avait été. Mais il se rappelait de lui, de son millénaire, de son amant, de son aimé. De son Achroma.

- Je me souviens de vous, murmura-t-il alors, toujours en elfique. Je crois... je crois qu'il y avait un nous.

Et comme pour le confirmer, comme pour s'en rassurer, il happa les lèvres qu'il devinait encore sous sa main en un vorace baiser. En un baiser qui n'était plus seulement faim, même si elle lui dévorait toujours les entrailles au plus profond de lui, mais qui se faisait quémandeur d'un autre destin, d'un chemin commun, d'un chemin à deux pour cette éternelle nuit.

- Je ne me souviens pas de tout, susurra-t-il entre deux baisers, ses lèvres contre celles de son aîné. Mes souvenirs, traitres, semblent vouloir s'être envolés vers d'autres contrées, si tant est que j'ai bel et bien existé. Mais je me souviens de vous. De nous. Ou serait-ce mensonge qui se seraient joué de mes beaux rêves honnis ? J'ai faim, j'ai faim de tout, de vous, et je crois que cette faim n'est pas d'aujourd'hui. Mon millénaire, mon prince, qu'en est-il réellement de tout cela ? Que suis-je pour vous et qui êtes-vous pour moi ?

Sa voix se faisait pressante, ses accents vibrant, tant il sentait monté une réelle appréhension, une réelle frustration de sentir tout cela lui échapper. De sentir des souvenirs envolés, volés, dérobés... Il s'empressa alors de reprendre son baiser, entourant de sa main la nuque de son aimé, comme pour mieux l'empêcher de s'échapper, lui aussi, de son emprise désespérée.

- J'ai faim de tout, de vous, faim de recouvrer mes souvenirs. Je voudrais qu'ils me reviennent. Que mémoire soit de nouveau mienne. S'il y a eu effectivement un nous, alors je veux pouvoir en jouir. Cela me ronge de les sentir ainsi envolés. De devoir votre image deviner...

Une main volage caressa alors le visage du millénaire, comme esquissant une oeuvre d'art, avant que de nouveau des lèvres ne le happent avec toute l'énergie du désespoir. Et qu'un corps ne se soude au sien réclamant cette fois une autre suavité, une autre danse qui avait su transcender les âges, les races et les obscurités.
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MessageSujet: Re: Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Salvateur et meurtrier [PV Eli]TERMINE Icon_minitimeLun 22 Déc 2014 - 13:55


Pas un instant il ne s'éloigna, le couvant d'un regard à la fois éploré et satisfait, tandis que son amant s'abreuvait pour la première fois. Le premier sang, la première satisfaction d'un engrenage terrible qui ne le quitterait plus jamais. Du moins pas totalement. Avec l'âge et un contrôle stricte, il perdrait cet appétit démesuré. Mais pour le moment, il était l'esclave de ses propres besoins, et lui ne pouvait lui en vouloir ni l'en empêcher. C'était un passage obligé, une initiation. Et ce premier repas serait probablement copieux. Ses dames savaient choisir, habituées qu'elles étaient à ses goût personnel et rigoureux. Un homme dans la force de l'âge qui possédait un sang fort et abondant… juste ce qu'il fallait pour rester en forme et se caler correctement. Il ne voulait pas qu'Eliowir se gave comme un vulgaire porc, encore moins qu'il prenne l'habitude de boire autant qu'il le voulait. Il lui fallait des limites claires, et des limites qui deviendraient de plus en plus strictes au fil du temps, afin de lui permettre de se détacher des chaînes de la faim. Il y parviendrait, l'ancien n'avait aucun doutes là-dessus. Et lui serait là pour l'aider, le soutenir et lui donner ce qui lui manquerait pour aller de l'avant.

Il l'observa achever son repas, se tourner de nouveau vers lui, stoïque malgré les sentiments qui l'habitaient. Il le laissa approcher, à son rythme, ne cherchant nullement à lui échapper. Pourquoi l'aurait-il fait, alors même qu'il désirait l'enserrer, dans ses bras, le tenir… Accompagnant la progression d'un regard velouté, ce fut sans un mot, qu'il l'observa approcher, élevant une main si délicate à ses yeux, qu'il aurait pu broyer s'il l'avait désirait, mais dont la caresse était tout ce qu'il recherchait. Et dont le frôlement fut soudain sur lui, voyageant sur sa peau, apaisant tant son instinct que son désire de possession, si coupable et qui, encore à présent, le titillait. Un sourire fleurit à sa lippe lorsque la pulpe froide vint les effleurer, geste franc et sans le moindre arrière-propos… Cela l'amusait quelque peu, que de le voir le découvrir ainsi, portant la vérité qui se cachait derrière un si doux échange restait délétère et rongée de ses remords. Il l'avait aveuglé… blessé… C'était sa faute si ses yeux admirables, plus jamais sur lui ne se poseraient. C'était entièrement sa faute, si faiblesse il transpirerait, au regard des autres membres du peuple de la nuit. Mais non, voulait-il se convaincre. Il serait fort, malgré cela. Il l'aiderait… toujours…

Sa voix, soudainement, venait rompre le voile de charme, mi joie mi regret, mais attirant son regard et son attention, renouvelant ses pensées à son égard, alors même qu'on lui volait un nouveau baisé. Auquel il répondit sans même hésiter, ne pouvant qu'apprécier ce qu'il contenait, et refermant ses bras sur cette silhouette désormais sienne, à jamais. Toujours et à jamais. Et les accents de sa voix essoufflée ne faisait que resserrer la prise qu'il maintenait et qu'on lui rendait. Son corps contre le sien, il l'entraîna dans un instant d'éternité, promesse de suavités, dont il conclue dans un souffle empressé alors même qu'il renvoyait les deux âmes encore spectatrices de ces retrouvailles si singulières. « Vos souvenirs je vous rendrez, aimé. Aucun mensonges, entre nous, c'est de l'éternité que je vous offre à mes côtés… Nous il y avait, et il y aura encore… toujours et à jamais » Silence se fit, lorsqu'il scella leurs lèvres à nouveau, et dans les ombres et l'intimité de cette nuit, céda à la faim, qui tous deux les étreignaient.
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