Le couloir sombre et froid était fait d'une terre désagréable et emplit d'humidité comme un morceau de tissu sous la pluie, les murs étroits et rond faisait ressembler l'endroit à un boyaux de créature monstrueuse et gargantuesque tandis que les ténèbres s'éclairaient parfois sous le coup d'une brise inexistante et ouvraient la vision de ceux d'en bas sur une faible lumière, blafarde et mouvante comme une manifestation de l'autre monde, l'éclat approfondissant les ombres davantage comme si cette possible voix de sortie n'était d'un traquenard pour attirer des êtres sans méfiances vers un destin encore plus immonde que celui qui était le leurs sous la terre. Pas un bruit dans cet environnement digne d'un cauchemar d'homme et pourtant si on prêtait attention la nuit sans fin et sans espoir du lieu regorgeait d'activité diverse, d'insectes en travailles, de créatures ailées nocturnes et bien entendu... de vampire bien que plus rare que le reste de la population du ventre de la terre et pourtant maitre du sombre royaume où se trouvait son actuelle perspective. Le royaume vampirique... l'empire sous la terre, les cavernes de l'oubli, la gueule de la Némésis... un lieu sans pareil et dont le moindre périls pouvait se révéler mortel à un vagabond insouciant, et même à un habitant si il jouait les imbéciles trop curieux... un royaume vaste et profond, la plupart des habitants restant près de la grande caverne centrale et abandonnant les sous bassement, l'ancien lieu de vie plus profond et plus sombre à l'étreinte de la nuit éternelle et au silence le plus profond et le plus impénétrable. Il avait choisit de ne pas se mêler au reste des sangs froids, refusant leurs présences vaporeuses et aussi sombre que du charbon, aussi claire qu'un os, aussi étouffante qu'une brume dense sur les marais, aussi dégoutante à ses yeux que les animaux larvaires des profondeurs, des présences dérangeantes au possible car elle lui rappelait combien lui même était vil et indigne, combien il avait put perdre dans l'échange à sens unique qui avait fait de lui l'un des monstres qu'il détestait, l'une de ces bêtes mortelles qui étaient chassées et tuées à l'extérieur des murs immondes de ce royaume de la pourriture et du désespoir, un royaume qu'il avait hait autrefois... mais qu'il en était venu à aimer avec le temps, pour sa tranquillité, pour sa paix si particulière, et pour son silence et son absence de lumière qui lui épargnait la vision terrible de sa propre personne, vision qui provoquait à coup sûr des crises de rage et de destructions qui le laissaient affaiblit et tremblant, priant pour le retour de la seule personne qui ai jamais était capable de le contrôler. Pour cette raison et pour bien d'autre il avait élu domicile dans les anciennes cavernes vampirique des grandes profondeurs où le temps même semble ne plus s'écoulait, où la seule source de lumière était le halo de son épée et où il était seul maitre de son destin, en bien ou en mal, libre de faire ce qu'il voulait, quand il voulait et où il voulait... libre en somme, de jouir de sa pitoyable existence en se languissant de la douceur d'un soleil dont il n'avait qu'un vague souvenir désagréable dans sa peau froide comme le marbre, libre d'aspiré au miel et à la viande, aux boissons des hommes et aux parfums des fleurs, aux musiques des elfes... à tous ce qui rendait la vie digne d'être vécu, mais après tout il n'était pas en vie, pas vraiment... une ironie à la hauteur de sa perte.

Il ne remontait jamais vers les autres sans une bonne raison, habituellement il passait en vitesse et sortait pour chasser puis entrait de nouveau sans bruit et sans montrer sa présence pour éviter les rencontres, mais cette fois ci il avait choisit de remonter sur un coup de tête... grondant et maugréant contre lui même, mais il était tout de même remonté, attiré hors de sa fosse par une sensation de curiosité mêlée à quelque chose qu'il n'avait pas réussit à identifier. Il avait d'abord pensé que c'était...lui, lui qui était de retour et qui lui jouait un tour pendable comme il lui en prenait parfois l'envie par le passé, comme cette journée mémorable durant laquelle il l'avait fait courir de long en large au bord de l'eau à la recherche d'un fantasme, d'un mirage, mais un mirage si réel que le vampire encore jeune à cette époque l'avait prit pour un être de chair et de sang; mais la partie froide et dure de son être, la partie totalement vampire, lui avait dit qu'il se trompait, ce n'était pas lui mais autre chose, quelque chose de semblable et de dissemblable à la fois, quelque chose qui valait la peine de monter jusque dans les galeries supérieures et d'attendre dans cet endroit détestable pendant plusieurs heures. Il n'aimait pas attendre, surtout quand la raison de son attente tardait à se montrer, et encore d'avantage quand il n'avait pas la moindre idée de ce à quoi la raison était sensée ressembler, autant dire qu'en cet instant il n'était pas dans les meilleurs dispositions pour engager une conversation aimable...

« Dans le tréfonds du fond se trouve une étoile, brillante et rare, dans le tréfonds du fond se trouve un joyaux, précieux et sans prix, dans le tréfonds du fond se trouve une larme, douce et amère... »

Il s'écoutait avec aigreur, sa voix si faible qu'elle semblait venir de l'autre monde au travers d'un tube aussi fin qu'un cheveux d'elfe, tandis que la vielle chanson de l'abime des priants lui revenait, cette chanson un peu idiote à ses yeux mais qui touchait juste par ses paroles pour donner corps à un morceau de son enfer personnel. Il s'était perché au dessus du boyaux qui menait vers la caverne centrale, droit et froid comme la statue d'un vieux roi, frémissant de rage sous ses émotions mal contenues et pourtant immobile comme un prédateur guettant sa proie, ses yeux bleus vif observant ce qui se trouvait sous lui avec attention, perçant les ténèbres et cherchant un signe qui lui indiquerait que son but était à porté de main tandis que les mots continuaient leurs danse... Il n'aimait pas attendre et commençait à imaginer faire payer à ce qu'il attendait le prix d'une telle lenteur. Et comme si la cible avait entendu ses pensées il sentit le petit quelque chose qui l'avait poussé à remonter sortir du boyaux et passer sous lui, aveugle à la silhouette sombre qui le dominait depuis son perchoir, il prit le partit de ne pas lui sauter dessus sans tambour ni trompette, d'autant qu'il n'avait pas pour but de le blesser, pour le moment, il prit plutôt le parti de laisser tomber son épée aux pieds du vampire, indifférent aux vents furieux qui s'élevèrent en réponse à son geste et il bondit à la suite de l'objet avec un sifflement.

« Sous le ciel plein de gemmes il tombe de l'eau et de la glace, sous le ciel de terre il tombe du métal et du vent »

La grimace qui suivit aurait put passer pour un sourire si il n'avait pas découvert ses crocs en même temps tandis qu'il adoptait une attitude nonchalante et qu'il récupérait sa lame adorée, il s'adossa à la paroi en relevant un sourcil couleur de neige et se mit à jouer avec la pointe de l'épée tout en surveillant l'autre du coin de l'œil.

C'était malin. Il avait voulu explorer d'autres galeries, histoire de satisfaire sa curiosité toujours si mal placée, et maintenant voilà qu'il était presque perdu. Oui, presque... enfin il était perdu, mais il savait, ne s'étant pas, cette fois, enfoncer dans les profondeurs, qu'il pourrait retrouver son chemin. Il lui fallait juste calmer la panique qui semblait vouloir le tenailler et faire appel à ses sens affinés de vampire.

C'était dans ses moments-là qu'il pensait que son mentor l'avait abandonné trop tôt. Ce dernier avait beau lui dire qu'il était fin prêt, qu'il était un vampire à part entière et brillant mage qui plus est, Eliow se permettait encore de douter. En fait, oui il était brillant mage et sentait encore sa magie se développer. Mais si justement il n'avait pas montré quelque talent en magie et ne s'était pas montré d'une magie rusée et particulière pour faire de lui un protecteur des archives inattendu, lui qui aimait tant le savoir, nul doute qu'il ne serait plus de ce monde, pas même de ce monde souterrain. Il savait être considéré comme un faible parmi les vampires. Comme un insignifiant, comme un moins que rien. Sans sa place de protecteur des archives, place qui heureusement ne demandait que des talents accrus en magie, mais aucune notion en escrime ou autre, il serait tout au bas de l'échelle. Oh, quelque part, cette situation et cet état de fait l'arrangeaient. Ainsi on ne s'occupait pas de lui, lui qui ne représentait un danger pour personne. Du moment qu'on ne cherchait pas à le supprimer pour une quelconque raison fallacieuse en fait, peu importait ce qu'on pensait de lui...

Et voilà, à se perdre encore dans ses pensées, il ne savait plus où il en était dans ses boyaux qui n'en finissaient plus. Il aurait dû prendre garde à où il tournait au lieu de réfléchir ainsi à des choses sans queue ni tête. Il avait l'air fin maintenant, à tourner en rond. Car ses sens lui disaient qu'effectivement il tournait en rond. Ridicule, n'est-ce pas ? Un vampire qui se perd... Si seulement il arrivait à se concentrer l'espace de quelques instants, juste le temps en fait de faire appel à ses sens et de retrouver dignement son chemin comme un grand. Il ne manquerait pius qu'il doive demander son chemin au premier vampire qu'il rencontrerait... Si tant est qu'il en rencontre un à cette heure indue. Parce qu'il y avait tout lieu de croie, vu qu'il n'avait croisé aucune âme qui nonvive, que les autres comataient dans leur caverne... Sans doute devait-ce être le jour à la surface.

Bon mieux valait cesser de divaguer et se concentrer. Et, fort de cette nouvelle résolution, il entra dans un nouveau boyau, dont le plafond était cette fois bien plus élevé et dont les hauteurs semblaient être traversées par des sortes de passerelles terreuses, et d'autres boyaux... Rien qui n'attire l'attention d'Eliow en tout cas, concentré qu'il était pour tenter de retrouver son chemin. Une chose de sûre : il n'était pas passé par là. En fait, il n'était jamais passé par là, et sa curiosité maladive semblait en être piquée de nouveau. Et voilà. Au lieu de chercher son chemin, il allait se perdre plus encore. Brillant. Vraiment brillant !

Et alors qu'il s'apprêtait à gagner l'autre extrémité du fameux boyau, une épée tombée du ciel lui coupa le chemin. Il n'eut pas même le temps de prendre peur que déjà un vampire venait rejoindre souplement l'épée. Lui qui s'était cru seul et tranquille. Il doutait, toutefois, vu l'aspect assez récalcitrant de l'autre, que ce vampire soit l'âme charitable qu'il aurait pu espérer pour le sortir de son pétrin. Enfin, si l'on pouvait espérer qu'un vampire ait encore une âme d'ailleurs... Et charitable, autant rêver au Dracos éveillé...

« Sous le ciel plein de gemmes il tombe de l'eau et de la glace, sous le ciel de terre il tombe du métal et du vent »

Etait-ce un fou ? Sa dernière heure était-elle venue ? Lui qui se disait justement avoir une bonne position pour qu'on l'oublie et qu'on ne pense pas à le tuer... Comme quoi dans ce monde souterrain, jamais rien n'était totalement acquis, pensa-t-il, soudain apeuré. Oui, apeuré. Car il venait de reconnaître le vampire devant lui. Oh, qu'on ne s'y trompe pas, il le connaissait pas ou peu... Disons qu'il l'avait déjà rencontré une fois, il y a quelque temps, dans ses jeunes années, et son mentor l'avait sorti juste à temps des griffes de ce vampire dégénéré, même si bien plus âgé que lui, dont la folie n'était même plus à décrire...

Qu'il n'aimait pas voir l'autre jouer avec son épée ainsi ! Qu'est-ce qu'il lui voulait tout d'un coup ? Faire mumuse avec son joujou en acier ? Non parce que lui, là, il n'en avait pas de joujou en acier... Et de toute façon, même s'il en avait, il était pas doué avec. Il ne savait pas manier ce genre de... de... ustensile ? Bon d'accord, arme. M'enfin c'était pareil...

- Euh... salutations à toi ? tenta-t-il, peu sûr de lui, et surtout persuadé que ce n'était nullement ce que l'autre attendait.

Il réprima un grondement amusé en voyant finalement à quoi ressemblait ce qu'il avait attendu, il devait avouer qu'il était un peu surprit, il avait imaginer bien des possibilités mais pas celle là, il s'était vaguement attendu à un vampire certes mais pas à ce vampire à en particulier, si frêle, si commun, si vague dans la sombre foule des sangs froids, qu'un vampire ainé soit la cause de sa monté vers les galeries occupés il pouvait le concevoir et encore pas pour tous les ainés, seulement quelques rares élus ayant la chance de recevoir sa considération et son respect, on pouvait compter de tels individus sur les doigts d'une seule main ayant perdu deux doigts, pas grand monde pour le moins... Le petit vampire en face de lui ne lui était pas étranger même si il ne s'agissait pas d'un individu qu'il aurait put qualifier de connaissance, il n'arrivait pas à se souvenir de quand et comment ils s'étaient rencontrés, l'information se tapissait dans un recoin de son cerveau comme un animal terrifié et refusait de sortir clairement, rongeant encore un peu plus son calme.

Il décida de mettre la question de coté jusqu'à son esprit retrouve de lui même le chemin de la réponse, ou plus exactement son intérêt fut soudain attiré par les paroles peu assurées de l'autre comme un ours par le miel et il se sentit bouillonner, comme si soudainement son sang s'était transformé en lave tandis que les mots faisait leurs chemins jusqu'à sa conscience, il faillit bondir en riant comme un jeune humain devant un cadeau tant le mal être de l'autre le mettait en joie, c'était presque trop facile et infiniment savoureux de voir le jeune vampire se demandait sur quel pied danser et il se mit à glousser de plaisir en plaçant un de ses doigts sur la pointe de l'épée, faisant couler une perle couleur noire, assez pour accentuer les doutes du jeune vampire mais pas assez pour le faire fuir à toutes jambes. Parfait...

« Celui qui tend son bras de candidat devant la loge au tapis carmin ne meure pas à tous les coups mais il sais qu'il s'offre lui de lui même à la poussière si il n'est pas sûr de lui »

Et la dessus il grimaça et siffla en changeant de position contre la roche, la lame de l'épée soulevant de la poussière et de la terre alors qu'il décrivait des cercles dans l'air avec elle, admirant les arabesques avec un mélange d'admiration et d'irritation. Son regard bleu aussi solide et lourd que deux pierres, fixé sur un point entre la lame et les ombres profondes qui ourlaient les tunnels comme de la soie impalpable tandis que son esprit cherchait quel mauvais tour il allait jouer à son interlocuteur qui semblait vouloir le fuir plus que la grande faucheuse elle même, et d'une certaine manière il avait raison, l'ancien avait emprunté le déguisement de la dame en noir plus d'une fois dans le passé et pas seulement pour des humains, et plus que tout il aimait ce rôle... pourtant l'idée de tuer le petit ne lui plaisait pas, bien au contraire cela le répugnait, il n'imaginait pas salir la lame de Stormbringer avec un sang noir comme celui là, il aspirait au carmin délectable non à l'infect ichor vampirique. En revanche il avait bien l'intention de jouer un peu avec cette adorable proie qui venait se jeter entre ses crocs avec une innocence des plus savoureuses, il ne pensait pas que qui que ce soit puisse être à ce point dépourvu de bon sens, n'importe qui d'autre en entendant la note dans sa voix se serait barricadé dans sa caverne sans demander son reste... il n'allait tout de même pas se plaindre bien qu'une certaine exaspération soit venue tempéré ses ardeurs. Il venait de se souvenir de leurs précédente rencontre et il lui semblait que l'autre n'avait pas changer depuis ce jour là quelques dizaines d'années auparavant lorsqu'il l'avait innocemment abordé en pensant qu'il était un vampire 'comme les autres', mais voilà loin d'être à la hauteur des attentes du jeune vampire il avait bien faillit le mettre en pièce, en proie alors à une rage terrible dont la cause lui avait échappée et sans l'intervention du protecteur de l'autre le petit ne se tiendrait sûrement pas devant lui en cette heure. Il ronronna et fermant à demi les yeux et fit claquer ses crocs avant de parler, sa voix éraillée et faible pleine de malice et d'un bonheur sinistre :

« Le petit moineau d'Alden vole de ses propres ailes, le petit moineau est libre ? Il a envie d'explorer le ventre de la terre mais les ombres aiment s'amusées, elle aime étreindre les pérégrins de leurs bras de velours pour mieux les intégrer à elles, le petit moineau ne vole pas dans les ombres, il nage et se débat pour ne pas couler et si il coule ? Le veilleur sombre vient le trouver, le petit moineau n'a pas peur du veilleur ? Il vient lui tenir compagnie ? »

Eliow, car s'était bien son nom si ses souvenirs ne lui jouaient pas de tous, Eliow savait il déchiffrer ses énigmes ? Celui qui l'avait élevé était l'un de ceux qui y parvenait, avait il transmit la clef à son protégé ? Il en doutait, il ne l'aurait pas salué si il avait était au courant, oh que non... mais puisque les choses jouaient en sa faveur il n'allait pas se plaindre et avança jusqu'à se trouver près de l'autre et avec un sourire que se voulait apaisant, bien que le concept même lui soit étranger, il rengaina son arme, et mit les mains en avant pour signifier qu'il ne lui voulait pas de mal... mensonge éhonté bien entendu mais ça l'autre ne devait pas le savoir avant qu'il ne soit trop tard.

« Alors petit moineau, le veilleur peut il t'aider ? »

La réponse risquait d'être intéressante, Eliow était piégé dans tous les cas, si il répondait oui, il se ferait un plaisir sans égale de le mener jusque dans son repaire pour le traumatisé assez pour les centaines d'années à venir, si il répondait non il feindrait d'être vexé et attaquerait sans remord. Lui en était conscient mais le petit lui l'était il ? Il ne tarderait pas à le savoir...

Non vraiment, il n'était pas en bonne posture. L'autre semblait bien s'amuser, mais l'amusement et le plaisir n'étaient nullement partager. L'autre était fou, fou à lier, Eliow en était sûr. Voir ce sourire... ce sang perler inutilement alors qu'il s'entayait le doigt sur sa propre lame... Et ces paroles... Parlait-il toujours par charade ainsi ? Eliow avait beau ne pas être un idiot fini, il devait avouer se retrouver fort déconcerté face aux paroles parfois sans queue ni tête de l'autre. Des énigmes à résoudre peut-être ? Ou des paraboles plutôt ? Hum... Voilà qui était bien nébuleux.

Et fort facheux...

Eliow préféra ne pas répondre tout d'abord et voir jusqu'où cette folie semblait vouloir hanter l'esprit de son vis à vis. Un vis à vis armé, noté le bien, alors que lui n'avait que sa magie. Bien piètre magie sans doute, face à ce vampire presque séculaire... C'était face à de tels vampires qu'il se sentait redevenir vermisseau à peine sorti de terre.

« Le petit moineau d'Alden vole de ses propres ailes, le petit moineau est libre ? Il a envie d'explorer le ventre de la terre mais les ombres aiment s'amusées, elle aime étreindre les pérégrins de leurs bras de velours pour mieux les intégrer à elles, le petit moineau ne vole pas dans les ombres, il nage et se débat pour ne pas couler et si il coule ? Le veilleur sombre vient le trouver, le petit moineau n'a pas peur du veilleur ? Il vient lui tenir compagnie ? »

Arf, pas bon ça. L'autre aussi s'était souvenu de lui. Pourquoi donc Alden avait-il dû l'abandonner ? Nul doute que personne ne viendrait alors le protéger et le sortir de ce mauvais. Il allait devoir le faire seul. Ou périr sous la lame de la folie qui semblait toujours ronger l'autre.

- Le petit moineau n'a plus peur du veilleur, car il a bien grandi maintenant et a appris aussi à dompter les ombres, tenta-t-il de répondre, même s'il aurait aimé donner à sa voix la même assurance que l'autre.

Puisque ce fou aimait tant parler parabole, lui aussi userait de charade pour tenter d'endormir sa vigilance. Et non, cette fois, il ne se laisserait pas prendre au piège. Il avait vite compris que ce... vampire... si tant est que l'on puisse parler de vampire concernant cet énergumène.... était de splus dangeureux sous ces airs faussement avenants et bienveillants. Et même ces mains tendues en signe de non agression et s alame savamment rangée ne parviendraient pas à le convaincre. En fait, rien ne parviendrait à le convaincre. Les paroles et conseils d'Alden au sujet de cette folie incarnée était suffisamment ancrée en lui pour qu'il ne se fie pas à ce que l'autre voulait bien lui offrir.

« Alors petit moineau, le veilleur peut il t'aider ? »

Et voilà. Ils étaient déjà dans une impasse. Une seule mauvaise réponse et c'en était fini de lui. Qu'il réponde oui, et il serait obligé de suivre l'autre qui se ferait un joie de s'amuser avec lui de façon plus que douteuse. Qu'il dise non, et ce serait signer son arrêt de mort de suite. Lourd dilemme. Un dilemme qu'Eliow devait rapidement résoudre s'il ne voulait pas périr prématurément. Remarquez, vous lui diriez qu'il avait déjà péri et que périr à plus de deux cents ans ne serait pas mal déjà en soi. Oui, mais voilà, s'il pouvait périr autrement que sous la lame de cette faucheuse là, il en serait comblé.

- Le petit moineau est devenu faucon maintenant, ne le voyez-vous pas ?

Oui, voilà, ne pas répondre, répondre par une autre question... et tenter de dévier le sujet si possible...

Il gloussa de rire, de ce rire mauvais et plein de malice de celui qui n'a pas réussit à tromper mais n'en est pas moins dangereux, un rire qui tenait plus d'un crissement tant la voix du vampire était fricative et désagréable et le son se transforma peu à peu alors que de gloussement il enflait en hurlement d'un rire sans joie et que ses cordes vocales sérieusement atteintes faisait des efforts pour suivre les modulations de leurs propriétaires. Il se tenait les cotes, il vacillait d'un pied sur l'autre et faillit s'effondrer contre la paroi du tunnel tant il riait, produisant un son abominable pour les oreilles sensibles, mélange du bruit du sable sur les roches et de cris de douleurs avant qu'un hoquet ne le coupe et ne l'expédie sur la roche en toussant et en gémissant... il finit par se calmer et jeta un coup d'œil autour de lui en s'appuyant contre le mur lisse et terreux, ses yeux de la couleur des flammes les plus chaud, bleu profond et brillant comme des étoiles folles pour reflétait se qui restait de son âme torturée. Il fut agréablement surprit de voir que le jeune vampire n'avait pas détalé et se félicita de l'intuition qui l'avait fait sortir de sa retraite pour piéger cette petite boule innocente et pleine de la promesse d'une partie de jeu des plus enrichissante, si seulement le mignon petit lapin se laissait piégeait par ses paroles et le suivait en bas... ce qui ne semblait pas près d'arriver à sa grande irritation. Ses doigts et ses crocs le démangeaient, il tenait absolument à jouer un tour au petit vampire et cette obsession grandissait à chaque fois que sa cible émettait un son et il dû se retenir de lui sauter dessus sans tambour ni trompette, après tout si il ratait son saut le petit s'enfuirait sans demander son reste et la perspective d'une partie de jeux serait perdu à jamais... Il mima la surprise puis la gêne alors que ses yeux brillaient toujours de malice et de l'amusement d'un enfant coupant les ailes d'un insecte, il prit un air contrit et fit deux bond pour revenir près de l'autre vampire en cachant son rictus fou derrière une main couleur d'os tandis que l'autre appendice volait presque jusqu'à agripper la manche d'Eliow puis donner un léger coup sur le bras, vif comme un serpent avant de s'éloigner de quelques centimètres en jaugeant son adversaire avec les yeux du combattant de longue date... Eliow était fin et manquait de muscle, il était gracile et ressemblait à une biche perdue dans un monde de lion ou de loup, il était rapide mais à ses yeux pas assez et que dire du fait qu'il n'avait aucune arme... une proie désignée pour n'importe quel prédateur et l'ainé se demanda si il avait la moindre idée de l'image qu'il offrait au reste du monde ce petit agneau dans un corps de sang froid.

« Il n'y a pas de battement d'aile dans les gorges d'Ygg-Chall, seulement le vide et le vent... Tu a peur tu vent ? Il est parfois si cruel mais lorsque le souffle et le mal fusion peut apparaître le chant des cors de bataille, et la mort... Tu a déjà croiser la mort petit moineau aux ailes trop grandes ? Elle chante à l'oreille des chansons de tourments dans les marais sombres, Ygg-chall en est emplit... Celui qui marche sans prendre garde aux chants de la tisseuse de fil doit se méfier car le ventre du hall des ténèbres a toujours faim, le veilleur aide les petits moineaux à ne pas se faire manger par la grande dévoreuse pour peu que l'oisillon paye sa dette... »

Il s'approcha et souffla sur l'oreille de l'autre en ce chantant d'une petite voix qui dissimulait son rire alors qu'il tournait autour de sa cible d'un pas joyeux en jouant avec la garde de son épée coincée dans son dos tandis que ses crocs d'ivoire apparaissaient de plus en plus au rythme malsain de la comptine d'enfant qu'il récitait comme un sortilège.

Fleurpageons
Les rhododendroves
Gyrait et vomblait dans les vabes
on frimait vers les pétunias
et les momerates embradent
Fleurpageons
Les rhododendroves
Gyrait et gykenblait dans les vabes

Puis il siffla et poussa Eliow, le poussant un peu en avant et désignant un tunnel noir et profond en faisant quelques pas de danse avec un partenaire invisible. Ses lèvres s'entrouvrir lorsqu'il lança un coup d'œil au jeune vampire en haussant les sourcils, interrogateur et attendant de voir si cette fois il allait essayer de lui faire oublier sa question et il riait d'avance de voir les tentatives qu'il ferait pour s'esquiver alors que l'ainé refermait son filet autour des ailes du minuscule faucon si mal à l'aise. Son visage prit une expression de défi, et dans ses yeux il grava ses piques en lettres de feu, un feu bleu et ravageur qui avait déjà consumé maint vie dans le passé, Aller viens, disaient ils, Si tu est si grand viens et affronte l'abysse, prouve moi que tu n'est pas une simple plante verte dont ton horripilant protecteur s'est entiché ! Relève le défi Eliow... Il doutait cependant que l'autre réponde à la proposition, le jeu prenait un tout autre tour désormais et il allait presser le petit jusqu'à ce qu'il craque ou qu'il parte.

« La sourie aux jolie yeux peut reconnaître l'antre du chat, la mignonne petite boule de poile sais se faufiler et éviter les pièges. Les plus forts survivent et les plus faibles suivent le chemin des cités de poussières, tu veut que je te montre le chemin des cités en plus de celui de la surface ? »

Il croisa les bras et fit face à l'autre, laissant un lourd silence tomber sur eux alors qu'il se dressait de toute sa taille, adoptant une attitude si raide qu'il ressemblait à un juge accusateur devant un coupable dont le sort dépendait de son verdict... Aller Gamin, fait le grand saut et tu sera hors de danger, reste cloué au sol et je te dévore sans plus de cérémonie...

Il n'aimait pas ce rire. Non, vraiment, il ne l'aimait pas. En fait, il n'aimait rien qui émanait de ce vampire. Si on lui avait demandé de décrire celui qui se tenait en face de lui, un seul mot lui serait venu à l'esprit : fou. Non, deux mots : fou dangereux. Tout en Eliow lui criait de courir, de fuir cette folie qui ravageait les sens de l'autre et risquait bien de le contaminer s'il restait trop longtemps dans les parages. ou pire s'il suivait l'autre dans les ténèbres de son antre. Mais Eliow était en fait comme... paralysé. Paralysé de peur ? Paralysé de curiosité ? Un petit mélange des deux sans doute.

Car oui, il avait beau être terrorisé devant ce fou qui jouait ainsi avec sa lame sous son nez, il n'en était pas moins curieux aussi. Cet être ancestral qui avait vu bien plus de siècles qu'il n'en verrait sans doute jamais, cet être aux paroles charadiques, qui semblait tant épris des énigmes, semblait aux yeux d'Eliow un sphynx tiré de la mythologie. Un sphynx qui gardait une entrée sacrée, même si pour l'heure Eliow ne voyait pas ce qu'il pouvait y avoir de sacré dans ces galeries, un sphynx qui ne vous laisserait passer ou qui ne vous laisserait repartir en vie qu'une fois que vous auriez répondu à son énigme. A sa charade. mais quelle charade ? Car pour tout dire, en énigme, le jeune vampire s'y connaissait assez, les rouages de son esprit curieux aimant jouer avec les mots tel un musicien avec les notes d'une symphonie. Mais...

Mais là, aucune véritable énigme ne lui avait été énoncée. Tout n'était que phrases sybillines et mots abyssiques de nébulosité.

« Tu a déjà croiser la mort petit moineau aux ailes trop grandes ?»

Oui, il avait déjà croisé la mort. Question idiote, pour tout vampire qui se respecte. Un vampire était par essence même... mort. Enfin ni mort ni vivant. Un mort dont l'âme n'avait pas pu passer de l'autre côté du fleuve...

"Celui qui marche sans prendre garde aux chants de la tisseuse de fil doit se méfier car le ventre du hall des ténèbres a toujours faim, le veilleur aide les petits moineaux à ne pas se faire manger par la grande dévoreuse pour peu que l'oisillon paye sa dette... "

L'oisillon c'était lui. la tisseuse de fil... une araignée quelconque... sans doute. le hall des ténèbres, les galeries sans doute aussi. Le veilleur, ce devait être ce fou d'hurluberlu... Mais de quelle dette parlait-il alors ? De la dette envers ce veilleur censé lui éviter une mort atroce d'entre les crocs d'une araignée possiblement imaginaire ? Encore fallait-il que l'oisillon suive le veilleur et lui concède cette dette... or s'il y avait bien une chose que son esprit lui criait, c'était de ne surtout, surtout, pas suivre ce "veilleur". Veilleur des galeries, veilleur de la mort oui ! Eliow était persuadé que l'autre ne ferait qu'une bouchée de lui une fois.. Une fois que quoi ? Qu'ils seraient seuls ? mais ils étaient déjà seuls ?

Qu'attendait ce fou alors pour l'attaquer ? Sans doute voulait-il s'amuser de lui le plus longtemps possible avant de lui porter le coup de grâce. Encore fallait-il savoir si l'oisillon se laisserait porter le coup de grâce. Certes, il faisait pâle figure face à ce vampire mythique, mais il avait après tout survécu jusque là. Survécu aussi à la mort de son mentor. Il devrait sans doute être capable de survivre à ça aussi... non ? Eliow résista donc quand l'autre le poussait, et parvint à se dégager légèrement de côté, pour ne plus être face à cette satané galerie vers laquelle le fou voulait l'entrainer. Mieux valait encore rebrousser chemin, quand bien même il ne savait quel chemin il devrait emprunter ensuite, plutôt que d'aller s'enfoncer dans l'antre de la "tisseuse" ou du "veilleur"...

« La sourie aux jolie yeux peut reconnaître l'antre du chat, la mignonne petite boule de poile sais se faufiler et éviter les pièges. Les plus forts survivent et les plus faibles suivent le chemin des cités de poussières, tu veut que je te montre le chemin des cités en plus de celui de la surface ? »

- Je n'aime pas suivre les chemins tout tracés, rétorqua-t-il d'une voix basse.

Peu assurée toutefois. Il savait, il le sentait, que, tout ce qu'il disait ne faisait que le condamner plus encore. Ce vampire, ce fou, ne parlait que par charade. Que par énigme. Parler comme le commun des mortels l'irritait, l'excédait. Un mot de trop, un geste de travers, et Eliow savait que les crocs du veilleur serait sur lui, comme le chat sur la souris. Il lui fallait trouver une parade. Et vite. Mais..

Mais laquelle ? Fuir ? Non, l'autre aurait tôt fait de le rattraper. Il connaissait les galeries comme personne, bien mieux qu'Eliow lui-même, et il était plus rapide surtout. Bien plus vif, bien plus puissant. Le suivre ? Hors de question. Ce serait signer son arrêt de... mort. Mort définitive cette fois. Ou mort de son esprit qui risquait bien, s'il suivait l'autre, de suivre les mêmes ténèbres de folie que ce vampire excentrique...

Alors quelle parade ? Quelle... Et soudain le déclic se fit, alors qu'il se rappelait la rencontre précédente qu'il avait faite avec ce vampire et son mentor... Son mentor s'en était admirablement sorti car il n'avait répondu lui-même que... par charades. L'autre n'était que mystère et énigme, il devait devenir lui aussi énigme et mystère...

- Cinq voyelles, une consonne,
En français composent mon nom,
Et je porte sur ma personne
De quoi l'écrire sans crayon.

Une pause. Pourquoi cete soudaine charade ? il n'en savait rien. Elle lui était venue... comme ça... sans crier gare.

- Liberté est mon crédo
Sous les étoiles lunaires
En peine ma pauvre âme erre
Pour mieux crier mon nom : oiseau

Et d'une pirouette, il fit une rapide révérence, malgré les légers tremblements de ses mains qui trahissaient sa peur et son appréhension. il jouait là quitte ou double, il le savait.

Il retint un rugissement de rage en le voyant planter comme un piquet en vomissant des paroles qui n'avait aucun sens pour lui, il n'aimait pas qu'on lui parle comme si il était n'importe qui, il aimait la poésie, le jeux des mots qui s'enlacent comme des amants, la musique et le rythme d'une devinette, pourquoi es autres ne comprenait pas, pourquoi s'entêtaient ils tous à vouloir être raisonnable et sensés, rien n'était plus fade et sans couleur qu'un discourt aux arguments étayés et bien réfléchit... Et si le son de sa colère n'explosa pas dans les moindres coins des galeries il ne retint pas une grimace d'impatience et de dégout, il était déçut d'une certaine manière, il avait espéré secrètement que le petit aurait eu une conversation intéressante à défaut de lui donner de quoi jouer, il était bien trop frêle pour ne pas se briser dans sa poigne et pas assez rapide pour lui offrir une chasse digne de ce nom.

Il semblait que le jeune vampire réfléchissait à toute vitesse et il eu un sourire de crocodile en imaginant les rouages de son esprit qui tentant de trouver un moyen de lui échapper, de fuir les griffes et les crocs de celui que tous évitaient si ils le pouvait, il voyait presque le fil des ses pensées et en savourait chaque minuscule morceau tandis qu'il restait camper sur ses positions à attendre de voir l'autre reprendre la parole, de voir à quelle conclusion il était parvenu. Il fut toutefois surprit lorsqu'enfin Eliow brisa le silence, il ne s'était pas attendu à pareil réponse, le petit n'avait pas sembler comprendre grand chose de lui, comment pouvait il avoir trouver la solution à sa menace, comment pouvait il avoir subitement comprit comme il fonctionnait... il enrageait, à présent son esprit s'était emplit de curiosité et détailler les charades avec la précision d'un boucher découpant un morceau de viande, il analysait chaque sonorité, tâtait chaque mot, cherchait le rythme, cherchait la réponse sans plus pouvoir s'arrêter et il sentait dans le même temps son envie de sang diminuée, sa volonté de perdre l'autre vampire s'évaporait, impuissant, Eliow venait de le rendre totalement impuissant, il ne résistait pas à l'appel des énigmes et ne pouvait rien contre l'enchainement des évènements, il était toujours incrédule mais la réponse le frappa soudain... Alden, le petit s'était souvenu de la façon de faire de son mentor pour le rendre inoffensif et il le maudit de toutes ses forces alors qu'une horrible expression de colère se peignit sur ses traits, puis passa successivement à l'exaspération, à la déconvenue puis au calme. Il regarda l'autre qu'il s'inclinait avec des yeux à la fois plein d'humour et plein d'irritation, notant le tremblement qui agitait le jeune vampire...

Il s'inclina à son tour, d'un geste plein de dignité dont il ne connaissait pas la provenance, courbant le buste tandis que son bras droit dessinait un arc de son torse jusque sur le coté et qu'il pliait les genoux, croisés, tel qu'il l'avait sans doute fait dans sa vie précédente. Il sourit de nouveau mais cette fois ce fut une expression de connivence qui s'afficha sur ses traits et il prit la main tremblante du vampire, fermant une poigne tel un étau d'acier sur l'appendice... il lui fit un clin d'œil et prit la parole de sa voix fricative dont le ton était passé de redoutable à amicale en quelques instants.

« Le sablier ne bouge plus »

Et la dessus il se mit à applaudir comme un enfant devant un spectacle de marionnettes, les yeux brillait. Il se remit à rire, assez heureux de la tournure que prenait les choses même si il restait irrité que le jeune vampire ai découvert comment s'en sortir sans répondre à ses questions.

« Les ailes d'argent survole l'étendu aqueuse sous la lune blafarde et un voile de deuil tombe sur le monde, si tu suis les ailes tu trouvera ton âme au bout du chemin, si tu regarde la lune tu rejoindra les cités de poussières. »

Il pencha la tête de coté en observant son vis à vis et tira sur une mèche de cheveux en réfléchissant... sil se montrait déjà bien trop gentil, si il continuait comme ça soit le petit allait cesser d'avoir peur et le suivrait, soit il partirait et ça l'ainé n'était pas prêt de le permettre, qu'Eliow réussisse à l'empêcher de le croquer comme un bonbon était une chose, qu'il se croit permit de s'en aller sans plus de cérémonie en était une autre. Le choix était difficile mais il finit par se décider et changea d'entrée de tunnel, choisissant le plus sombre et le plus large et le désignant au jeune vampire d'un grand geste...

« Le moineau aime les secrets ?Le veilleur veut bien lui montrer l'un des secrets de la tisseuse si il est courageux »

Visiblement il avait trouvé comment dérouter le vampire en face de lui. Merci Alden et son enseignement assez étrange. Voilà qui venait peut-être de lui sauver la mise. Eliow n'était peut-être pas fort, pas le plus puissant des vampires et sans doute pas le plus redoutable non plus. Il faisait sans doute pâle figure à côté de vampires tel que Lorenz, ou même encore qu'Elrorad pourtant bien plus jeune que lui ou Kylian... Eliow n'était pas de cette trempe-là. Il était un vampire un peu étrange même, un vampire n'aspirant qu'à la tranquillité, qu'à une existence sans histoire, là, au fond de ses archives, et qu'on le laisse en paix pour l'éternité qu'il était censé nonvivre... Mais aussi faible, aussi impuissant, aussi insignifiant soit-il, il avait tout de même survécu près de 250 ans parmi les vampires. Certes, une bonne partie grâce à Alden, qui avait été en son temps un vampire respecté et respectueux. Mais Alden était mort. Alden avait été tué même. Et il aurait été évident qu'Eliow était destiné à le rejoindre rapidement dans ce monde souterrain si fourbe et si dangereux. Mais non, Eliow était là. Encore et toujours. Et si ce encore et ce là pouvaient être énoncés, c'était bien grâce à une certaine intelligence, et peut-être aussi à une certaine candeur, qu'Eliow avait su conserver face aux autres.

Mais il avait beau réussir à parer ce coup-là, Eliow n'en restait pas moins tremblant et quelque peu apeuré face à l'autre. Un autre qui toutefois, quand on faisait abstraction de son fort penchant sadique et cruel, pouvait s'avérer assez... amusant. Distrayant dirons-nous. Cette façon de parler par énigmes, cette façon de répondre à sa courbette par une autre révérence plein de charme et de dignité... Cette façon de lui prendre la main... un instant. Lui prendre la main ? A cette pensée, Eliow sentit une vague de panique menacer de le noyer. Avant qu'il ne se sermonne et ne s'oblige au calme et à reprendre ses esprits.

S'il y avait bien une chose à ne pas faire face à ce vampire, c'était paniquer. Cela semblait... exciter l'autre... d'une façon plus que malsaine. Se forçant alors au calme, Eliow riva ses orbes nuit dans les perles de l'autre. Cette main lui serrant la sienne, ce regard lui faisant un clin d'oeil, cette voix suave lui susurrant encore des énigmes... Tout cela à la fois électrisa l'espace d'un instant le plus jeune. Avant qu'il ne se rappelle à qui il avait à faire. A quel danger il faisait face... Même si ce danger avait soudain un sourire enchanteur.

« Le moineau aime les secrets ?Le veilleur veut bien lui montrer l'un des secrets de la tisseuse si il est courageux »

- Plus j'ai de gardiens moins je suis protégé, Moins j'ai de gardiens plus je suis protégé, répondit Eliow dans un murmure, toujours hésitant à suivre l'autre.

Si le vampire semblait plus enclin à le laisser vivant, cela ne signifiait pas pour autant qu'il le laisserait indemne. Ni qu'il ne changerait pas d'avis au quart de tour une fois qu'Eliow l'aurait suivi.

- La tisseuses n'aimerait sans doute pas que vous éventiez ses secrets aussi impunément. Et n'est-il pas plus intéressant de les découvrir soi-même ? Continua-t-il.

Se morigénant soudain. Non, pas ainsi, cria-t-il intérieurement. parler par énigme. Pas directement de la sorte... Engime, énigme, psalmodia-t-il alors intérieurement, la panique le submergeant à nouveau.

- Dès qu'on est débarrassé des toiles d'araignée de l'ignorance, la Vérité brille avec éclat. Mais à cause de la faiblesse de nos sens, nous sommes impuissants à la distinguer. Vaut-il alors la peine de déranger la tisseuse dans sa toile ?

Hum... Ou comment dire qu'il n'avait pas envie de voir cette tisseuse ni même ses secrets. Il n'avait pas envie de suivre ce vampire, même si quelque chose d'étrange l'attirait aussi vers l'autre...

Le jeune vampire semblait un tout petit peu plus à l'aise même si il pouvait encore sentir le goût exquis de la peur et de l'appréhension, un goût dont il s'emplissait avec délectation et qu'il laissait courir sur sa peau comme un frisson, un peu plus à l'aise... sauf quand il l'avait toucher, l'élan de peur avait été absolument sublime et il s'était fait violence pour ne pas s'en gaver voracement mais il n'avait pas réussit à retenir un tremblement léger tandis que ses lèvres s'entrouvrait pour s'humecter de la liqueur métaphysique que le petit avait produite sans s'en rendre comte. Ses yeux avait eu une lueur peu amène qui heureusement avait été dissimuler par ses mèches, un regard de prédateur devant son met favoris, un chat détaillant une sourie tremblante entre ses pattes et dont il sentait la chair chaude et douce, un regard à faire frémir mais qu'il avait habilement dissimulé et qui disparue presque aussitôt qu'il s'éloigna. Eliow semblait s'être vite adapter à la manière d'être de l'ainé, il avait réussit à stopper ses envies de sang, l'avait clouer sur place et ne parlait plus que par énigme ce qui lui interdisait de lui sauter dessus sans sommation, il se forçait au calme à présent et retirait au sphinx le plaisir de le voir se débattre dans ses filets comme un petit animal, dommage, il avait adoré le voir et le sentir ainsi, c'était si revigorant qu'il aurait put se contenter de cela pendant des semaines avant le coup de grâce. Le réponse à son offre ne tarda pas et il fit un effort pour ne pas ronronner de plaisir en entendant le faux pas orale du jeune vampire, il semblait que sa nouvelle défense n'était pas encore stable et qu'il n'avait pas l'automatisme de supprimer la raison dans ses paroles, il grimaça un instant, pour la forme, pour le plaisir de sentir encore la panique gagner son vis à vis avant qu'il ne se reprenne de justesse...

Il ferma à demi les yeux et laissa quelques minutes s'étirer avec douleur avant de se décider à agir, il avait clairement comprit la manœuvre d'Eliow et allait lui prouver qu'il valait mieux ne pas dormir sur ses laurier lorsqu'on avait affaire au veilleur, il semblait caresser de plus en plus l'idée de s'en aller et cela c'était hors de question, pour une fois qu'un être était intéressant croisait sa route il avait envie de marquer cette journée d'une pierre blanche et de faire un petit geste pour aider le jeune homme à étendre sa vision des choses. Il avait déjà en tête son cadeau mais comment diable allait il lui offrir si il s'entêtait à ne pas le suivre... Il s'avança et vint se tenir de nouveau devant Eliow avec un sourire enjôleur, ses yeux brillant doucement, il se pencha légèrement en avant et d'un doigts vint frôler la joue du jeune vampire, il émit un son grave proche d'un grondement tandis qu'il s'approchait de l'oreille de l'autre pour venir lui murmurer à voix basse et veloutée...

« L'antichambre baignée de lumière est froide et grise lorsque la chaleur ne l'habite plus, la toile s'agite dans le vent tel un voile en attendant l'heure où ceux qui vole sur les ailes du ciel viendrons la restaurée, le veilleur observe ceux qui marche le chemin de la lumière et n'arrête que les plus faibles ou ceux que la tisseuse souhaite rencontré, peut tu dire de quel sorte est tu mon petit oisillon si délicat, les faibles ou les élus ? Le veilleur sais lui, il a regarder le sablier s'enfoncer dans les ombres et la tisseuse lui a dit, il a tranché les ombres et le petit moineau est apparu, alors le petit moineau ne peut repartir sans le globe de la tisseuse »

Il eu un petit rire et se coula dans le dos d'Eliow en passant un bras sur les épaules frêle du jeune vampire, son visage toujours près de l'oreille de l'autre tandis que sa poigne se referait tel un étau sur la silhouette, un étau poli et charmeur mais contraignant, si il avait réussit à lui faire comprendre qu'il n'avait pas envi de le suivre l'ainé avait répliqué également par des chemins détournés. Il joua un instant avec la fabrique de la tunique d'Eliow avant de le pousser en avant d'une pression du buste alors que sa main se refermait sur l'épaule de l'autre.

« Je suis les yeux, je suis le souffle et l'action... je suis celui qui ordonne et qui modère, par moi les désirs s'accomplissent, par moi les rêves s'incarnent ou se brisent, par moi le cristal devient pierre et l'eau sang car je suis le dernier qui entend la musique de la tisseuse. Je voit au travers des ombres, je voit par delà la lumière, je voit l'inconscient, l'inavouable, je voit les morts qui marchent sur le sentier brumeux bordés des oubliés, je suis le chrysanthème et l'asphodèle, je suis le porte bannière du champ au Iris et je cour toujours plus loin pour trouver la larme... »

Il se pencha et retira une mèche du cou d'Eliow, collant ses lèvres contre la peau froide en susurrant doucement, presque tendrement comme à un enfant ou un malade sur son lit de mort.

« Tout est outils d'Asha... »

C'était déroutant cette façon qu'avait l'autre de le regarder tour à tour comme une future proie apétissante ou comme une énigme intéressante à étudier et chatouiller. C'était déroutant cette façon qu'avait l'autre de sans cesse osciller entre prédateur et séducteur. Un prédateur séducteur... Voilà bien une combinaison redoutable. Surtout pour le pauvre jeune vampire qu'il était, qui ne savait plus où en étaient ses sens. Des sens qui semblaient partir en vrille, comme pris dans une tornade incontrolable dont il ne parvenait à atteindre le coeur pour avoir un semblant de répis. Il se sentait balloté pire qu'un charriot sur une mauvaise route, pire qu'un navire en pleine tempête, son coeur mort semblait sans cesse rebondir comme s'il cherchait à reprendre vie, hésitant entre peur pulsatile et curiosité mordante. Une curiosité plus mordante alors qu'un venin de cobra. L'autre l'attiait, l'attisait, et telle une jeune flamme grandissant dans l'âtre pour valser avec ses aînés, il sentait qu'il allait entrer dans la danse que lui proposait l'autre.

L'autre.

Oui, ce vampire n'était que autre. Aucun mot, aucun qualificatif ne pouvait mieux le décrire.

Autre.

Un autre qu'Eliow avait soudain envie de mieux connaître, de découvrir, même si cet autre le terrorisait aussi.

- Si oisillon délicat j'étais, la tisseuse voudrait-elle vraiment me rencontrer ? Mais petit moineau deviendra grand peut-être en regardant la tisseuse tisser la toile de son destin ? Le veilleur aidera peut-être le petit moineau à longer les fils de la tisseuse pour trouver ce globe ? Tenta-t-il de répondre vaillament, se forçant à chasser toute raison dans ses mots.

Mais quand il sentit l'autre se couler dans son dos, ce bras sur ses épaules, ce visage près du sien, ce souffle contre son oreille, cet étau se refermer sur lui... Nul besoin de se forcer pour sentir toute raison le quitter. Eliow n'était alors que sens mis à vif. Que lui voulait l'autre ? Qu'allait-il lui faire ? Certainement s'amuser avec lui, jouer tel un chat avec une souris, ou pire telle une tisseuse avec un insecte pris dans sa toile... Mais en cet instant, Eliow n'en avait que faire. L'autre le fascinait et son regard venait de le happer vers des contrées qu'il ne se serait jamais cru capables d'explorer. Les contrées de la folie. Folle raison dansant alors dans son esprit fort dérouté.

- Et vous venez de trouver ma larme, répondit-il sans même s'entendre. Votre ubris est pire que le torrent de l'irraison, et ne semble jamais capable de subir la némésis. Une ubris brillant en pleines ténèbres, et emportant tout dans son sillage de mort. La tisseuse doit envier son veilleur si votre ubris dépasse la sienne.

Ses lèvres contre son cou allait le rendre fou, lui aussi. L'ubris, folle démesure qui le consumait définitivement.

- Mais sans doute est-ce pour cela qu'Asha vous a choisi pour la protéger. La folie existe parce que la mort couve, que tout homme s'y sent voué, qu'il l'abhorre et qu'il se la cache. Etes-vous donc cette folie que seuls les morts peuvent suivre ? Je suivrais votre folie, si vous me promettez d'un jour suivre la mienne...

Ou comment dire que, oui, il allait sans doute le suivre. L'autre n'avait plus qu'à le guider. Eliow le suivrait. Sous réserve qu'un jour Eliow le guide dans son antre à lui, dans l'antre des archives... Un marché. Un pacte. Qui, Eliow l'espérait, obligerait l'autre à le laisser en vie. Enfin en non vie. Bref, vous avez compris.