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| [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] | |
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InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Dim 28 Sep 2014 - 13:38 | |
| Aux alentours du 10 mai Un voyage au coeur du silence. Nul doute qu'il aurait paru bien étrange vu de l'extérieur, mais les trois protagonistes semblèrent le vivre dans une totale sérénité. Ils n'avaient rien à se dire pour le moment, et le bruit des ailes de Shaynar suffisait parfaitement à emplir l'atmosphère de façon à ce que le manque de communication entre eux ne leur semble pas lourd ou gênant. Ils étaient en attente, simplement. En convalescence même en ce qui concernait le baptistrel. On ne revenait pas d'entre les morts sans en ressentir quelques effets même si le Tarenth avait veillé à ce que la blessure ne soit plus qu'un souvenir presque entièrement effacé. Il effleurait l'âme blessée de temps à autre, veillant à ce qu'elle ne se désagrège pas plus qu'actuellement et sondant régulièrement le Lien nouvellement établit, l'illuminant alors presque involontairement de toute la puissance brute du fondateur et le sentant tendre vers lui comme si sa création désirait retrouver ce partage ancien qui reliait autrefois tous les dragonniers et leur chef et qui n'existait plus désormais. Il le repoussait alors patiemment, mais séchement, comme on repousse un enfant trop démonstratif. Il y avait des choses qu'il valait mieux ne pas éveiller... Les deux liés en apprenaient tout de même sur lui grace à cela. Ils ne pouvaient que ressentir le besoin quasi viscéral que leur Lien créeait en eux de se rapprocher d'Edwyn, de se lier à lui presque aussi solidement qu'ils l'étaient tous les deux et de se soumettre à son autorité et au sentiment de sécurité qu'il leur procurait. C'était lui-même qui avait veillé à tout ceci lors de la création du Lien, maîtrisant la magie à un degré si élevé qu'il était parvenu à presque recréer un sentiment d'amour, une autre sorte de lien presque similaire à celui qui unissait le dragonnier à son dragon et qui les reliaient entre eux ainsi qu'à celui qui les dirigeait. En fait de lien, il avait carrément tissé une toile... Mais il repoussait cette toile à présent. Elle ne devait pas se recréer, il ne pouvait plus diriger. Parce que les Esprits ne le permettraient pas déjà d'une, et parce que ce ne serait pas juste de deux. Il était le passé, un passé douloureux et même honteux par certains aspects. Il ne pouvait qu'espérer que cette nouvelle génération saurait éviter ses propres erreurs, qu'elle découvrirait toute la splendeur et la force du Lien, qu'elle s'apercevrait enfin de ce qu'il était véritablement et que peut-être, un jour, il mettrait un nouveau chef à leur tête. Sentant une certaine curiosité de la part du dragon et toute l'attention soutenue du baptistrel, il rompit une seule et unique fois le silence de leurs trois esprits pour souffler dans leurs têtes : *Les nouveaux dragonniers ne sont pas très différents des anciens. Ils sont liés entre eux même si ils ne s'en aperçoivent pas. Ils possèdent des pouvoirs qu'ils n'imaginent même pas et... Oui. Ils sont aussi liés à moi. Ils me doivent respect et obéissance, parce que c'était là le marché entre nous. C'est là leur devoir. Guider et protéger est le mien. J'essaie de m'y conformer.*
Avec plus ou moins de succès, mais on ne pouvait en aucun cas lui reprocher d'avoir voulu s'y soustraire. Il avait payé très cher son acharnement à vouloir protéger son ordre envers et contre tout, et il risquait de perdre encore beaucoup. C'était pourtant là la seule chose au monde qui lui tenait à coeur, le seul véritable but de son existence. Ses deux compagnons de voyage le savaient à présent, il leur laissait un libre passage dans la plupart des zones de son esprit qui n'étaient pas dangereuses pour eux. Après tout, ils étaient de sa famille. **********
Le voyage se termina enfin, ils survolèrent la forêt Elfique et le Tarenth sentit son coeur se serrer devant la vision désolée que leur offrait la brume tenace. De l'esprit, il guida le dragon vers une clairière toute proche des sanctuaires, l'amenant à les y déposer et les protégeant tous des effets pervers du brouillard du Néant. Ils posèrent pied à terre dans le même silence religieux, et il soupira enfin distinctement, brisant ces dix jours de silence : "Il faut que tu repartes Premier-Né. Je ne peux te protéger sans m'épuiser, les sanctuaires te tueraient. Vous devez vous dire au revoir..."
Ses mots résonnèrent sinistrement dans la clairière, tranchants comme un couperet qui ne laissait pas place à la discussion. Il s'éloigna lentement, les laissant seuls pour la dernière fois. Ils l'ignoraient encore, ou peut-être le ressentaient-ils... Oui, ils ressentaient confusément sans vraiment encore comprendre ce qui leur faisait si mal. Il avait mal lui aussi, mais c'était ainsi que les choses devaient se passer. Il s'éloigna tout au bout de la clairière et demeura là, immobile et droit dans la morbide lumière qui voulait bien encore affronter Néant. Son pouvoir formait un aura invisible mais solide qui les protégeaient tous les trois mais qui ne faisait pas taires les murmures incompréhensibles de Néant qui chuchotaient désormais à leurs oreilles. Il l'écouta un moment, concentré et respectueux malgré toute la haine que l'Esprit Supérieur lui envoyait par vagues. Les mains derrières le dos, le regard perdu vers les sanctuaires à peine visibles un peu plus loin, il semblait méditer. Le dragon s'envola enfin, et son départ lui sembla déchirant. Mais il ne dit rien. Il écoutait les pas légers du baptistrel qui venait à lui. Il le laissa baigner à nouveau dans le silence pendant de longues minutes, conscient de ses inquiétudes concernant Shaynar. Mais il ne le rassura pas, il préféra prendre une autre direction, et sa voix résonna de cette calme autorité habituellement rassurante. Elle était glaçante pourtant à cet instant, tandis qu'il désignait les alentours d'un geste vague : "Voilà ce qui reste d'un lieu que tu aimais. Voilà ce que Néant en a fait. Que ressens-tu pour elle ?"
Il ne le regardait pas, et ne lui laissait pas l'occasion de croiser son regard. Il regardait les temples au loin, lui tournant le dos. Il attendait la réponse à cette question importante. Et peut-être d'autres questions que l'elfe voudrait poser.
Dernière édition par Edwyn Ruddy le Lun 13 Oct 2014 - 15:50, édité 1 fois |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Dim 28 Sep 2014 - 16:11 | |
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Le voyage fut une étrangeté de silence. Une symphonie muette au travers de laquelle il put sans aucun doute découvrir plus d’une nuance de cette absence de son… cela occupa une grande partie de son esprit pendant ses phases d’éveil, somme toute relativement restreintes. Il dormait beaucoup, ou plutôt, il plongeait régulièrement dans des phases d’inconscience, parfois volontaire, parfois involontaire, où il laissait totalement son corps à la dérive, se contentant d’exister à son stricte minimum, se perdant dans le lien qu’il partageait avec Shaynar et s’aventurant parfois jusqu’à l’autre, Edwyn. Il récupérait difficilement même si son corps était entier et sain, sa réserve sanguine se reconstituant lentement… Durant ce laps de temps, il découvrit également qu’il était à présent capable de se couper de toutes les vibrations du monde sans en ressentir aucune douleur ou aucun manque, et pouvoir s’en isoler était profondément reposant. N’avoir à entendre que le battement des ailes de Shaynar était suffisant. Le son le berçait et le soulageait mieux que tout le reste. Il aimait ce son-là. Il aimait ce son-là plus que tous les autres… mais ce n’était pas difficile après tout, il n’aimait rien d’autres. Le noir était le seul trouvant grâce à ses yeux, le seul qui éveillait ses ressentit. Le temps passa sans en avoir l’air. Parfois, il avait de la fièvre, parfois des courbatures… Une fois, il crut que son esprit mortel avait cauchemardé, mais ne s’en soucia pas vraiment. Ce n’était qu’une somatisation de quelque chose de plus profond, et de l’absence de magie. Son élément ne le réchauffait qu’à peine, et c’était un très mince filet d’énergie que lui transmettaient le soleil et la chaleur alentours…
Le voile couvrant ses perceptions ne semblait pas décider à se lever, mais, lorsqu’il était éveillé, il ne s’y intéressait pas vraiment, ne voyant même pas pourquoi il ferait le moindre effort pour se mortaliser davantage. Ça ne l’intéressait pas. Et il avait d’autres sources pour tuer l’absence qui aurait dû être le sentiment d’ennui. N’ayant foncièrement rien d’autres à faire, il se fit l’indulgence de s’offrir donc son attention, à défaut d’intérêt, aux découvertes qu’il pouvait faire involontairement. A un moment, l’autre bipède sembla daigner donner un brin d’explication. Il n’en éprouva pas grand-chose, acceptant simplement ce qu’on lui disait tel quel. Il n’avait nullement envie d’entamer de débat… d’ailleurs il n’avait envie de rien, si ce n’était peut-être, d’écouter encore des pensées et des souvenirs sans substances dans leurs deux esprits. Il replongea pourtant dans son étrange sommeil sans découvrir plus avant ce qu’on pouvait bien lui laisser en pâture. Pas besoin de se presser, il avait tout son temps pour cela. Sans doute aurait-il davantage la force de le faire en se réveillant un peu plus tard, ou encore un peu après. A une occasion, il sembla que son âme cherchait quelque chose, quelque chose ayant rapport avec le lien mais, perdue et déboussolée, elle ne trouva rien et retomba en lui avec un choc qui lui fit ouvrir de nouveau les yeux. Il contempla un instant le ciel, puis soupira et les referma en se blottissant plus près de Shaynar. Peut-être aurait-il simplement voulu se fondre en lui. Il ne savait pas vraiment. Cela importait peu, c’était passé.
A un autre moment, son âme se rebella contre ce qui l’enchaînait, le torturant encore, le torturant tellement, avec cette flétrissure au fond de lui, qu’il se serait mis à hurler s’il s’était accroché à sa conscience. A la place, il se laissa aller, ne pouvant rejeter l’agression qu’il s’infligeait à lui-même… Lorsqu’elle se fit trop intense, son âme alla se blottir contre la force venue l’observer, n’aspirant qu’au repos. Une autre fois encore, alors qu’il tentait de calibrer son degrés de réactivité physique, il divagua jusqu’à se retrouver en compagnie de Shaynar dans l’esprit du Tarenth. Lorsqu’il s’en rendit compte, il recula ne recula pas comme il l’aurait sans doute fait par le passé, mais s’arrêta simplement là sans attirer l’attention de l’autre. Il n’avait pas envie de lui parler ou d’interagir activement avec lui par mots. Il n’en ressentait pas plus le besoin que lui semblait-il, aussi poursuivit-il sa découverte… Il ne reprit pleinement la mesure de son corps qu’en arrivant. Mais n’en éprouva pas plus de joie. Laissant retomber son regard vers la forêt il observa l’immensité brumeuse et sinistre. A nouveau, il y eut cette impression d’absence. Comme s’il manquait quelque chose, à l’intérieure, comme s’il aurait dû ressentir quelque chose. De la douleur et de la tristesse, vraisemblablement. Mais il n’en avait aucune à offrir, même pour sa terre natale. Il n’essaya pas davantage de la manifester ou de la réveiller. Feindre aurait été une insulte plus grande encore.
Ils descendirent enfin et il mit pied à terre avec fermeté malgré les journées d’engourdissement. Il ne prêta pas plus attention au Tarenth, pas plus qu’à l’environnement alentours. Ce qui l’intéressait, c’était son lié, vers qui son âme et son esprit avaient bondis immédiatement à l’atterrissage. Les murmures, il les entendit, mais ne leur prêta aucune attention, les reléguant dans un coin de son esprit dont il n’avait pas l’usage. Pendant un moment, il communia pleinement avec Shaynar sans même passer par les mots, simplement dans la plus pure forme d’échange que permettait le lien… simplement l’un avec l’autre, simplement ensemble. C’était trop peu, bien trop peu. Mais c’était tout ce qui était possible d’obtenir pour le moment. Il se coupa de lui le premier, et l’enjoint à partir, l’observant s’élever dans les airs avec, cette fois, une véritable douleur dans la poitrine et l’âme. Il vacilla, cru tomber, mais se retint fermement. Une petite mort de plus, combien en faudrait-il avant qu’on en est fini avec lui ? Aucune idée. Comportait finalement. Il revint au Tarenth, s’approchant, le regard posé sur son dos, sans détours. Il ne chercha pas à rompre le silence, il pensait à Shaynar, uniquement à lui, voulant absolument que tout se passe bien…
La question lui fit vaguement cligner les yeux et il l’examina attentivement, comme il aurait examiné un insecte de grande taille mort se faisant décomposer par une armée de fourmis déterminées… Il prit son temps pour répondre, comme si la glace de la voix de son interlocuteur ne l’attaquait pas plus que la brume alentours. Tout cela était simplement, sans plus. « Je la détestais, avant » répondit-il avec une franchise neutre, la voix agréable mais dépourvu de sentiments. « Je ne ressens rien aujourd’hui » Les mots étaient difficiles, étrangers. Il parlait sans même savoir ce que les mots voulaient dires exactement… mais il comprenait le sens, il comprenait ce qu’il voulait transmettre et savait que cela se transmettait parfaitement, le reste n’avait pas d’importance. Il observa les sanctuaires. « Devrais-je encore la détester ? Entrerons nous ? »
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Dim 28 Sep 2014 - 17:48 | |
| Rien... Il ne ressentait rien. C'était ce que le Tarenth avait craint, ce qui lui tirait à présent un haussement d'épaule cynique :
"Elle a gagné alors..."
Le baptistrel s'en fichait sans doute. Lui aussi en vérité. Mais pas Néant.. La Néant de folie riait de cette réalité, il la sentait jubiler du fin fond de sa noirceur et le rire grinçant qu'elle leur faisait entendre le blessait profondément. Elle était tombée si bas... Si profondément dans l'horreur... Sa quête à lui avait-elle encore du sens ? Il se passa une main lasse sur les yeux, comme pour éclaircir sa vision déjà de nouveau fatiguée par la présence écrasante et aveuglante du brouillard. Le rire cruel ne s'éteignait pas mais il le repoussa jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un arrière son à peine audible, mais désagréable. La question du baptistrel se glissa jusqu'à son oreille et il répondit d'abord à la première, fermement :
"Non. Tu ne devrais plus la détester. Tu n'aurais pas dû la détester."
C'était un fait plus qu'un véritable reproche. Les Tarenths n'avaient pas pour habitude de chercher à remuer le passé. Il ne faisait que souligner l'anomalie qui n'aurait pas dû être, ce petit grain de sable qu'il n'avait pas prévu du tout et qui finalement avait détruit l'équilibre du monde. Il avait fait une erreur en se reposant sur la pureté qu'il avait cru voir chez les baptistrels. En ne l'imaginant pas capable d'haïr, de juger, et de finalement se venger... Sans doute lui en avait-il trop demandé, il était si jeune.. Et que connaissait-il lui-même des elfes et des baptistrels ? Il avait pêché par excès d'assurance et d'orgueil, une fois de plus. Et aussi un peu parce que les événements avaient été bien trop vite pour qu'il parvienne à les maîtriser. Il était autant à blamer que le Destructeur. Encore... Mais il ne pouvait pas se complaire dans sa culpabilité, pas plus qu'il ne pouvait laisser le Destructeur en question se complaire dans le vide qui avait envahit son âme. Ils avaient tant à faire...
"Nous allons entrer oui, nous le devons. Mais avant cela, je dois te raconter une triste histoire. Elle ne te touchera peut-être pas, dans ton état. Mais tu te dois de la connaître. Il faut que tu saches ce que tu as fait."
Là il y avait un certain reproche. Très subtil. Il vibrait à peine dans sa voix, retenu qu'il était par la volonté du Tarenth de ne pas défoncer de portes ouvertes. A nouveau, il porta le regard sur les sanctuaires mais il ne les voyait pas vraiment. Il était plongé dans le passé, dans son souvenir de cette vieille et terrible histoire qu'il relatait à présent.
"Néant est l'aînée, la première force de ce monde. Et c'est aussi le tout premier concept féminin qui a existé, toi et le reste d'Armanda l'avez apprit depuis peu. Les Alayiens eux-même l'avaient oublié, pour peu qu'ils l'aient jamais su. C'est pourtant un fait important..."
Il fronça les sourcils, comme agacé de voir que tant de connaissances s'étaient perdues depuis l'exil des Tarenths et reprit doucement.
"Elle est très différente de ses frères... Aussi puissante qu'eux tous réunis, je ne suis pas certain pour autant qu'elle y trouve une véritable consolation. Ce n'est qu'une opinion très personnelle, mais je crois que sa solitude face à l'attachement qu'ils ont entre eux est la cause de bien de problèmes. Ils sont uns à eux tous, tandis qu'elle n'est... Eh bien qu'elle n'est qu'elle même. Dans ces conditions, il est assez facile d'imaginer pourquoi elle s'est éloigné d'eux afin de vivre ses propres expériences de son côté."
La colère de l'Esprit en question déferlait sur lui à mesure qu'il parlait et faisait trembler ses protections magiques sans qu'il ne cherche pour autant à s'y opposer. Il était trop plongé dans ce qu'il disait :
"Comprend moi bien, je ne lui recherche aucun excuse. Elle est l'un des Supérieurs, nous n'avons pas à juger ses actes ou ce qu'elle est. Mais il faut que tu comprennes. Elle n'a jamais vécu parmi nous, elle n'était pas présente à la création des Tarenths et des Dragons. Pas plus quand j'ai défié ses frères, pas plus quand nous avons été châtiés et exilés. Elle s'est incarnée sur Armanda bien plus tard, alors qu'ils ne s'intéressaient plus du tout à ce continent. Je ne sais pas ce qu'elle y cherchait... Mais je sais que les dragons l'ont fascinée. Un particulièrement. Vraorg..."
Une lueur douloureuse passa dans ses prunelles à l'évocation de ce nom, mais l'elfe ne pouvait la voir. Et sa voix ne trembla pas lorsqu'il continua :
"Vraorg était un dragon exceptionnel. Physiquement déjà, puisqu'il ne possédait aucune pigmentation. Vous connaissez cette maladie, tu as déjà dû soigner quelques albinos dans ta vie je présume ? Eh bien c'est ce qu'il était. Un dragon albinos... Mais bien plus que cela il était exceptionnel par sa force mentale, son charisme, son intelligence... Et sa noirceur d'âme. Il voulait le pouvoir, il a vu sa chance dans l'intérêt que Néant semblait éprouver pour lui. Un intérêt qui devint attachement, amour même. Il se jouait d'elle comme il l'aurait fait de n'importe quel être vivant. Et c'est un peu ce qu'elle était, parce qu'un Esprit incarné n'est pas ominicient."
Il se retourna enfin pour faire face au baptistrel, et parla avec force
"L'Esprit du Néant que tu connais n'est pas l'Esprit du Néant tel qu'il devrait l'être. Elle est malade Merithyn. Terriblement malade. Tu as ressentit de la douleur lorsque j'ai forcé ton âme à réintégrer ton corps. Imagine un peu ce que tu pourrais ressentir si je te l'arrachais soudainement pour la torturer pour l'éternité... C'est quasiment ce qui lui est arrivé. C'est son coeur qu'on lui a prit. Par l'amour et par la force, Vraorg le lui a arraché. Elle a souffert exactement comme toi, elle est vide comme toi depuis. Sauf que cela fait des millénaires..."
Il le fixait durement, sans cacher sa déception alors qu'il prononçait ces mots :
"Elle n'est pas elle même. Ses rancoeurs plongent au plus profond d'un supplice que nous ne pouvons même pas imaginer. Toi, un guérisseur, je pensais que tu le verrais... Je n'attendais pas que tu la guérisses, j'attendais que tu la comprennes. Tu sais voir la beauté au coeur des plus terribles noirceurs, alors pourquoi pas cette fois-ci ?"
Le silence les enveloppa, lourd de sens. Et il ferma les yeux à nouveau comme pour chercher de la force en lui :
"Elle est belle tu sais... Pas seulement son enveloppe mortelle. Elle est belle aussi quand elle est Esprit, quand elle est ce qu'elle doit être et pas... Cette créature abjecte transformée par Vraorg. Et tu me demande si tu devrais la détester ? Par tous les Esprits, Elfe ! Les Tarenths pleurent pour elle depuis que ce sort lui a été infligé ! Si il y a un être au monde que tu n'as pas le droit de haïr, c'est elle. Elle est tombée plus bas que tu ne tombera jamais, tu as frappé un être à terre. Tu ne peux pas te réfugier dans le vide, dans l'absence d'émotion. L'heure vient Merithyn. L'heure où nous devrons choisir de la sauver ou de la laisser sombrer..."
Et le pire de cette histoire était que le choix risquait de ne pas lui revenir... Les Armandéens devraient choisir. Merithyn en premier lieu, mais en avait-il seulement encore la force ? |
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Dim 28 Sep 2014 - 21:44 | |
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Il écouta effectivement, sans ciller, sans bouger. Totalement immobile. S’il pensait quoi que ce soit de tout ce qu’on lui disait, il n’en montrait rien et c’était profondément enfouit, bien à l’abri et tut, même aux considérations mortelles. Oh oui il écoutait, ignorant sciemment le rire de la principale sujette de cette histoire-là. Rire qui l’aurait bien fait soupirer s’il n’avait été aussi absorbé par ce qu’on lui contait avec autant de… hm non pas de sentimentalisme. Disons qu’il était très impliqué dans ce qu’il disait. Le traité de sentimentaliste aurait été mal le juger. Non cela ne le touchait nullement. Il n’était pas capable d’être touché par cela, comme il était incapable de pardonner simplement sous le prétexte d’une blessure. A terre ou non, ce qu’elle avait fait et ce partout, était tout aussi impardonnable que ses propres actions. Mais, parce qu’elle était un esprit supérieur, on lui accordait ce que personne n’offrait à un mortel, quel qu’il soit. Fort bien, il concevait cela. L’autre pouvait bien lui dire qu’il ne lui cherchait pas d’excuse, il ne le croyait pas… mais ça n’avait au final que peu d’importance, qui était-il pour juger de qui que ce soit ? Peut-être avait raison, peut-être avait-il tort, mais ça ne changeait pas grand-chose à la situation. Qu’il ressente quelque chose ou non ça ne voulait pas dire qu’il n’y avait pas certaines choses qu’il pouvait condamner ou au contraire appréhender… En y regardant de plus près, avoir des sentiments n’entrait nullement en ligne de compte avec tout ceci, ça aurait presque pour le surprendre que le Tarenth fasse une telle liaison. Presque seulement. A la place, il le fixa de son terne regard un long moment.
Puis, il soupira, longuement, presque douloureusement, jusqu’à ce que ses poumons lui fassent effectivement mal. Puis il inspira légèrement et lâcha, platement. « L’obscurité n’est pas l’aveuglement. Un aveugle ne peut faire de miracle » Il pinça sensiblement les lèvres, sa première réelle expression depuis sa renaissance. Encore un qui attendait la lune. Mais il mit cette constatation de côté. Qu’il attende si cela lui plaisait, la dureté de la chute lui reviendrait entièrement. Il serait seul responsable de sa propre déception. Il l’a mis de côté oui et examina le reste, ignorant superbement le Tarenth lui-même et ce qui le concernait. Il examina le choix qu’on lui mettait sous le nez… Et un bref instant, il pensa refuser tout simplement. Pourquoi devrait-il encore porter ce fardeau et souffrir pour eux ? Pourquoi devrait-il assumer encore ? Il n’avait aucune raison de le faire. Que le monde disparaisse donc et que tout cela se termine, s’achève pour tout le monde et qu’enfin, plus personne ne vienne l’ennuyer. Ne pouvait-il être égoïste et tant pis pour la taille de ce caprice ? Mais la vérité, aussi ironique soit-elle… c’était que même réduit à rien, même amer et méprisant de ce monde, même blessé au plus profond de lui-même, il se refusait d’être ce destructeur final. La vérité, c’était que si on lui avait dit avant la destruction de Dévoreuse, il aurait certainement abandonné sa vindicte, stupide petit elfe qu’il était. Oui même dans son état il se refusait à suivre la voie de ce qui était le mal en cet instant.
Sans controverse. Qu’il ressente quelque chose ou non n’y changeait rien, il n’avait même pas à choisir, la réponse était déjà trouvée… Et il se rendit compte que l’amusement ironique était le premier éclat de sensation qu’il expérimentait. Même avec les yeux ouverts, il était la bonne poire de service. Même ainsi, il choisissait de supporter… Et il le faisait cette fois en parfaite connaissance de cause. Il était stupide. Complètement stupide. Mais puisqu’il le fallait… Lentement, il ouvrit le verrou qu’il avait apposé sur ses sens Baptistraux et fronça les sourcils sous le déferlement terrible de sons qui le frappa. Serrant les dents, il les tria et les organisa avec autorité et chercha ce qu’il voulait. Il écarta le nexus de puissance et d’histoire qu’était Edwyn pour se concentrer vers… quoi d’ailleurs ? Il n’y avait pas un mot précis, pour décrire ce qu’il recherchait. Ce qu’il recherchait, c’était la source de la voix qui résonnait dans leurs oreilles… Il attrapa la voix et laissa ses paroles fielleuses emplirent ses oreilles, puis son cœur et son âme meurtrie. Les acceptant comme il les avait rejetés jusqu’alors. Les laissant venir en lui et avec elles, les émotions transportées… et toutes celles qui y étaient liées. Silencieux, son regard se détourna du Tarenth pour se poser sur les sanctuaires. Tout comme il avait pris sur lui une part de la souffrance de Lorenz dans la tombe souterraine des dragons, il absorba ce qu’il put de ce qu’il ressentait ici…
Le vide de son âme s’emplit soudain de ce qui n’était pas lui et il vacilla un instant, laissant échapper un vague grondement d’inconfort. Il y avait trop. Il y avait beaucoup trop pour qu’il puisse le supporter… C’était comme essayer d’étreindre l’océan lui-même. Son âme vacilla, manqua éclater sous la pression qu’il fut contraint de laisser retomber. Il n’essayait pas de se faire pardonner. Il se fichait qu’on le pardonne. J’ai dit un jour que si ma mort pouvait te satisfaire, je te l’aurais alors offerte sans rechigner… Si je pensais que mon cœur pouvait alléger tes souffrances, ne serait-ce qu’un instant, je les porterais pour toi Vasà. Mais c’est impossible. Je ne suis qu’un mortel aux portes du trépas. Entend ceci, toutefois, entend cette promesse, Je vais te rendre ce que tu as perdu. Ce à quoi j’ai contribué, je le redresserais. Je doute que tu me crois en cet instant, mais je vais le faire. Considère moi comme tiens jusqu’à ce que je réussisse, et même après si tu le désir. Fait moi subir ce que tu veux, si tu le souhaite. Je le porterais. Mais cette fois-ci, je le fais de mon plein grès. Entend-moi Vasà… Tu m’as pris ce qui m’était cher, tu m’as tué. Mais je te donne ce qu’il me reste. Je ne reculerais pas. Ni mortel ni esprit n’empêchera quête. Je chercherais, même si je dois aller jusqu’aux confins du monde. Voici ma promesse.
Avait-il été entendu ? Il en doutait quelque peu. Mais au final ça n’avait pas d’importance. Il ne voulait pas être pardonné. Il voulait simplement dire ce qu’il avait à dire. Il resta un instant supplémentaire à l’écoute, puis referma ses perceptions, ne laissant filtrer que le minimum. « Allons-y » Dit-il finalement. Ce qu’il avait dit à Néant n’était pas son affaire, mais il connaissait déjà son choix. Il n'avait aucun doute là-dessus.
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Lun 29 Sep 2014 - 18:56 | |
| Tout cela ne le touchait pas. Ce n'était guère étonnant et ça ne gênait pas véritablement le Tarenth. Non ce qui le gênait plus c'était de sentir de par le lien qui le rattachait à ce tout nouveau dragonnier que celui-ci s'obtinait à juger l'Esprit Supérieur, considérant ses actes comme si il possédait seulement la légitimité pour cela. Un comportement inacceptable selon les lois de son peuple, incompréhensible aussi, sauf pour lui qui ne pouvait prétendre ne pas avoir eu les mêmes travers dans le temps. Sauf que c'était un temps révolu, il avait apprit. Le seul problème était que les Armandéens risquaient d'avoir bien moins de temps que lui pour apprendre... Il ne pouvait pas se permettre de leur laisser du temps, ils n'en avaient pas hélas... Et c'est aussi pour cela qu'il se permit un léger sourire, ironisant avec légèreté :
"Chacun peut faire des miracles. C'est en cela que ce monde est beau..."
Des miracles, ou des catastrophes... Mais la différence était parfois bien mince, Merithyn l'avait prouvé lui-même. Et qui sait ? Toute catastrophe pouvait finalement mener à quelque chose de bon... C'était là aussi la toute géniale complexité du destin, et ce qui faisait que les Tarenths eux-même et leur puissant pouvoir de divination se laissaient surprendre très souvent. Peut-être s'ennuierait-il au final si ce n'était le cas.. Peut-être les Esprits avaient-ils voulu qu'ils en soient ainsi, n'avait-il pas prouvé déjà qu'eux aussi parfois vivaient des rebondissements un peu différents de ce qu'ils avaient prévus ? Comme quoi l'omnicience avait elle aussi ses limites, et tant mieux.
L'elfe semblait réfléchir, et il le laissa faire. Ils étaient pressés, mais pas à ce point là tout de même. Et de toutes façons il y avait un autre sujet à évoquer ensuite, un terrible sujet. Il n'était pas si pressé que cela d'y arriver, aussi nécessaire qu'il soit et aussi affermit que soit sa résolution. D'ailleurs la réflexion du baptistrel était terriblement importante, il fallait qu'il fasse son choix par lui-même même si il s'offusquerait sans doute du peu de marge de manoeuvre qui lui restait. C'était une vérité... Mais Edwyn n'y pouvait rien. Il y avait des êtres, parfois, qui étaient si étroitement liés à la grande trame du destin qu'il était absolument impossible pour eux de retrouver une véritable liberté. Leurs décisions influaient sur trop de choses, leurs gestes avaient des répercussions invraisemblables et ça finissait bien souvent par les détruire. Lui-même était de ceux là, ou peut-être l'était-il devenu par la force des choses... Cet elfe là l'était aussi, et le Tarenth qu'il était ne parvenait pas à s'apitoyer vraiment pour autant sur son sort. Si son chemin l'avait mené là, c'était aussi parce qu'il avait fait certains choix. Des choix qui lui avaient permis de vivre des expériences extraordinaires, de s'approprier des richesses bien plus importantes que l'or ou l'argent pouvaient même inexplicablement l'être pour les Armandéens.
Il le fixait donc avec patience mais sans complaisance, attendant qu'il se décide et penchant la tête avec intérêt en sentant les dons baptistraux si étouffés jusque là. Une vieille magie que celle là... Son propre peuple l'avait utilisée instinctivement, trop profondément baigné dans la magie pour prendre véritablement conscience de la véritable portée et des pouvoirs enfermés dans ces chants qu'ils affectionnaient simplement parce qu'ils étaient beaux. Apparemment cet ordre en avait fait une magie à part entière, une magie dont ils tiraient une puissance parfois supérieure à celle des simples sorts raciaux. Peut-être parce qu'elle puisait plus profondément et plus naturellement dans la trame que les gestes clés... A la manière des Tarenths en vérité... C'était vraiment très intéressant. Mais ce n'était pas non plus le moment de se lancer dans une étude en bonne et due forme de la magie baptistrale.
Il fronça les sourcils en sentant tout à coup la vague extérieure se jeter contre l'âme encore convalescente. Elle n'avait franchement pas besoin qu'on la secoue encore... Mais il resta silencieux, observant de tout ses sens magiques et apprenant plus sur la magie baptistrale en une seule seconde qu'un seul humain, elfe ou vampire l'auraient fait en cent ans. Oui, il l'aimait bien cette magie... Elle était... Mignonne. C'était le mot. Très sympathique. Il ne savait pas trop comment les baptistrels prendraient son choix de vocabulaire si il leur disait ça, mais c'était pourtant ce que ça lui inspirait, et pas du tout de façon péjorative. Mignon, ce n'était pas péjoratif après tout... Pas à ses yeux en tout cas. Bref. Sentant l'esprit du baptistrel s'ouvrir à Néant, il se tint en enbuscade, prêt à intervenir pour éviter un sort atroce à l'inconscient si l'Esprit Unique décidait qu'il serait trop drôle de gaspiller un peu de sa précieuse énergie simplement pour broyer cet inconscient. Mais elle avait des projets plus grands que cela apparemment, et elle n'accepterait pas de se laisser distraire par un vivant. Avait-elle seulement écouté ? Il n'aurait su le dire... Même si c'était le cas il était à peu près certain qu'elle ne désirait pas d'aide. La Vasà de souffrance n'était sans doute même pas consciente d'avoir changé et de ce qui lui avait été retiré, aucune chance donc qu'elle prenne au sérieux cette promesse. Lui par contre l'appréciait à sa juste valeur, même si il ne le montra que d'un hochement de tête léger. Nul besoin de mots pour cette situation, c'était une affaire entre Néant et le baptistrel, il n'avait pas besoin que le lui dise pour savoir qu'il n'y avait pas sa place, d'ailleurs il n'avait saisit que le ton général de la promesse en elle-même. Ce qu'il saisit très bien par contre, c'est la soudaine résolution du baptistrel.Ainsi donc il se croyait prêt ? Lui aussi était mignon quand il y pensait... Mais il ne s'attira qu'un revers assez sec de la part du Tarenth :
"Non."
Que croyait-il ? Qu'il pouvait prendre la direction des opérations ainsi, et se considérer assez fort ou assez désespéré pour que la suite n'ai pas de véritable importance ? Il n'était qu'un enfant, un enfant fragilisé en plus et qui s'apprêtait à mettre le doigt dans un nouvel engrenage auquel il ne comprenait pas grand chose. Il ne pouvait pas le laisser se jeter dans celui-ci avant de l'avoir sorti totalement du précédent, aussi difficile que ce puisse-être. Pas pour lui, pas vraiment. Le premier responsable de ce qui allait se passer se tenait devant lui, et le moment était venu de payer le prix de ses choix. Le véritable prix, rien à voir avec ce qu'il avait cru endurer jusqu'ici. Croyait-il vraiment que ses souffrances actuelles suffisaient à rééquilibrer le mal qu'il avait fait au monde ? Ce qu'avait payé Edwyn pour ses propres actes dépassait de loin tout ceci, et si il aurait aimé que l'elfe en soit épargné, il ne pouvait cependant pas l'y soustraire. C'est donc avec un étrange mélange de douceur compatissante et de dureté inexorable qu'il annonça :
"Nous avons encore quelque chose à faire."
Et sans plus de compassion, il l'entraîna dans sa vision. Une vision nette, tranchante, pleine d'une vérité inéluctable. Elle était sombre, elle était sanglante. Elle montrait la mort et la souffrance de l'être que Merithyn aimait le plus au monde. Shaynar au sol, Shaynar se tordant dans les spasmes de l'agonie et souffrant, souffrant plus profondément qu'il n'était possible de souffrir. Une lance plantée dans le cou, l'air qui lui manquait de plus en plus et le lien d'amour qui le rattachait à son dragonnier s'étiolant à mesure que le grand noir sombrait vers l'abime et que ses yeux devenaient vitreux. Lente et interminable, la vision ne se terminait pas et Edwyn ne fit pas mine de cacher les détails les plus atroces de l'agonie du dragon. Sans pitié, il ballota l'elfe dans la poigne de sa magie et le força à observer silencieusement la scène, à s'en gorger jusqu'à plus soif. Quand enfin il fut certain que celui-ci s'en était bien imprégné, il le relacha et le laissa retomber mollement à ses pieds, l'arrêtant du doigt avant qu'il ne puisse éventuellement lui sauter dessus pour l'avoir séparé de son dragon en sachant ce qui arriverait :
"Ce n'est pas encore arrivé."
Ses prunelles s'incrustèrent dans celles du baptistrel, celui-ci aurait presque pu se mirer dans le jeu de miroir argenté qu'elles représentaient tandis qu'il énonçait froidement le jeu du destin :
"Tu as changé le cours du destin de bien des gens, parfois en bien, parfois en mal. Le nouveau destin que tu as offert à Shaynar s'arrête ainsi, très bientôt. Et nul n'est responsable, baptistrel. Nul autre que toi."
Il venait certainement de détruire le peu de vie qui restait encore à ce dernier, mais il ne pouvait pas lui mentir. C'était l'entière vérité. Avant d'attendre une plus ample réaction de l'elfe, il termina par un fait important :
"Il ne sait pas, je ne l'ai pas laissé voir cette vision et je ne ne te laisserai pas la partager avec lui. Montrer à un être vivant sa mort programmée est un crime cruel."
Dès lors qu'on ne pouvait l'éviter mais même alors ce n'était jamais judicieux de montrer à quelqu'un la façon dont il aurait pu mourir. C'était déjà la toute première fois qu'il poussait le vice jusqu'à montrer à un dragonnier la façon dont son lié allait mourir, et ça lui laissait une étrange nausée sur le coeur... Mais il le fallait, pour lui laisser l'opportunité d'éviter ça justement. Et tant pis pour la réaction... |
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Mar 30 Sep 2014 - 10:55 | |
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Il resta de marbre. Inflexible fasse à la vision qu’il observa sans rien en dire. Il resta tel qu’il était, droit et immobile même devant l’horreur. Une horreur qu’il regarda droit dans les yeux. Il n’y eut ni tremblement, ni plainte. Rien du tout. Ce n’était pas une belle vision, mais au moins était-elle à la hauteur de la propension que semblait avoir le Tarenth à attendre le dernier moment pour agir ou parler. Sans doute aurait-il perdu patience s’il en avait été différemment. Ça ne lui plaisait pas. Il aurait été étrange qu’il apprécie pareille scène. Mais il regarda donc, ne pouvant de toute façon guère faire autrement, et ce jusqu’à la fin. Il ne la laissa pas le pénétrer comme il l’aurait peut-être fait en d’autres temps, mais la regarda avec attention, s’attardant sur les détails qu’il aurait sans doute pu décrire avec une parfaite justesse. Dans toute leur horreur. Ça le peinait énormément. Pire, ça lui brisait le cœur. Il n’avait aucune envie de voir Shaynar mourir… Que lui meure, il s’en moquait éperdument, mais son lié devait vivre. Il se rappelait distinctement avoir tenté de couper le presque lien qui existait entre eux sans y parvenir, lorsqu’il agonisait. Peut-être au final aurait-il dû réussir, quitte à hâter sa propre fin et à la rendre inéluctable. Il n’y pouvait plus rien cependant, la chance était passée et il ne lui restait qu’à faire en sorte que cela n’arrive pas… Car ce n’était pas encore arrivé comme on le lui confirma soudain, la vision s’éteignant brutalement. Il vacilla, se campa sur ses pieds et rentra les épaules en un geste instinctif d’attaque… Si cela devait arriver, alors il se devait d’être avec lui, pas ici à l’écouter. C’est qu’il en avait déjà assez de ce vieillard qui croyait réellement comprendre quoi que ce soit à ce que des races plus jeunes pouvaient vivres. Il n’était pas fait pour ça, tout puissant qu’il fut.
Inéluctable ? Non, à ça, il ne croirait certainement pas. Il avait déjà changé les choses à une reprise, il les changerait de nouveau. « Alors briser notre lien et il s’en ira » rétorqua-il sans plus se préoccuper de lui-même. Bien sûr que ça ne lui plaisait pas, bien sûr qu’il en souffrait et qu’il en concevait de la tristesse, Shaynar était la seule chose qu’il aimait en ce monde. Il serait à jamais triste de devoir l’abandonner, mais le voir mort l’attristerait bien davantage encore. Si sacrifier son lien devait lui permettre de vivre, il le faisait sans une seule hésitation, sans un regret. Shaynar était plus important que lui, avec ou sans lui d’ailleurs. La question ne se posait même pas. Lorsqu’il irait mieux, il aurait sans doute beaucoup plus de mal à accepter ceci, à supporter de ne plus l’avoir avec lui. Il aurait certainement beaucoup, beaucoup de mal oui, mais pour le moment, il était assez déterminé et, n’en déplaise à Edwyn, assez fort, pour regarder ce destin en face. « Vous avez le pouvoir d’obliger un dragon à vous obéir. Faites-le. Il n’acceptera que difficilement de me laisser, voir ne l’acceptera pas du tout… » Il craignait même qu’il ne préfère mourir plutôt que de le laisser. Une part égoïste de lui l’aurait également voulu, aurait estimé que le lien valait même la mort. Mais ce n’était pas les sentiments qui guidaient son être pour le moment et peut-être ne le feraient-ils plus jamais. Il ne savait pas vraiment, en réalité, mais ça n’avait pas d’importance parce que c’était parfait en l’instant. Les sentiments auraient brouillés son jugement et sa prise de décision. Il l’effectuait en étant parfaitement conscient de ce qu’il faisait. « Brisez notre lien, et faites-le partir »
Une idée se formait dans son esprit, lentement, et il l’a dissimula dans un premier temps au noir. « Qu’il quitte Armanda et rejoigne la terre que les siens ont trouvés. Il pourra continuer à y vivre et sans doute mieux qu’il ne l’aurait fait ici » Et il leur contera le résultat de… Non en vérité, peut-être ne devrait-il même pas se souvenir de lui et de ce continent. Peut-être devrait-il tout oublier, pour ne jamais avoir le moindre regret. Il ne voulait pas qu’il ait de regrets… Connaissant un peu Shaynar, cela risquait fort de ne faire pas bon ménage du tout. Le noir n’était pas du genre à avoir des regrets. Il examina de nouveau la vision que lui avait montrée l’autre et y trouva la résolution de proposer également cet ajout-là. Qu’il l’oubli. Pas par lâcheté, mais ainsi, il n’aurait jamais la tentation de revenir en Armanda. De terne, son regard se fit dur. Dur comme un diamant noir. Le feu des sentiments qui s’étaient éteint en lui se raviva, mais sombre et différent, un feu de résolution qui vint baigner son être d’une lueur limpide et froide. Si je n’ai d’autre choix que de participer au destin, j’y forgerais ma propre liberté… je prendrais cette force de choix et je la ferais mienne… On a toujours le choix. L’avenir n’a rien de décidé, tout peut changer, à chacun instant. « Le ferez-vous ?.... Ou dois-je me passer de votre aide ? » Fou ? Peut-être bien, mais s’il devait s’arracher l’âme lui-même il le ferait, et si Shaynar devait le détester et lui perdre ses pouvoirs pour qu’il n’ait aucun regret et parte, alors il le ferait.
Je t’aime Shaynar. Et je t’aime trop pour même te garder auprès de moi, si tu dois en périr.
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Dim 5 Oct 2014 - 23:56 | |
| « Alors brisez notre lien et il s’en ira »
La réponse résonna entre eux, terrible. Etait-il seulement conscient de ce qu'il demandait ? Du sacrifice qu'il s'apprêtait à faire ? Oh bien sur Edwyn avait été sur le point de quasiment lui imposer, d'ailleurs ce n'était pas comme si il pouvait vraiment lui laisser le choix si il voulait le bien du dragon... Mais il ne s'était pas vraiment attendu à ce qu'il lui en fasse la demande lui-même. Cela dénotait d'une forme de courage particulière, une forme rare et presque voisine de la folie. L'art du sacrifice poussé à son plus extrême paroxysme... Pas une chose tout à fait étonnante pour lui qui connaissait si bien la puissance de l'amour qui pouvait s'établir entre un dragonnier et son dragon, mais malgré tout il n'en avait pas connu beaucoup qui auraient été capables d'accepter, de demander, qu'il brise leur lien.
Il en avait déjà brisé d'autres, plusieurs. Pour des raisons diverses et variées et toujours avec beaucoup de regret. Mais ce serait la première fois qu'il le ferait sur demande, et ça n'en rendrait les choses que plus difficiles. Il gardait le silence, réfléchissant lentement tandis que l'elfe continuait son terrible raisonnement. Il ne répondit pas à ce qui était plus une affirmation qu'une véritable question. Le baptistrel était conscient de ses pouvoirs particuliers concernant les dragons, il n'avait pas besoin de lui expliquer les choses et c'était sans doute mieux ainsi. Il préférait ne rien dire et le laisser terminer de prendre ce qui semblait être une décision déjà prise, s'assurant ainsi qu'il avait bien fait le tour de la question. Une lueur s'alluma pourtant dans son regard quand l'elfe parla du continent sauvage et il faillit prendre la parole, mais il se ravisa néanmoins en voyant la résolution qui s'allumait doucement dans les prunelles de moins en moins ternes. Une lueur calmement approbatrice vint baigner dans l'argent qui inondait les siennes tandis qu'il souriait, un sourire sans joie véritable mais qui semblait presque irradier d'un certain soulagement. Il ne s'était pas tout à fait trompé finalement...
Cette constatation était amère, mais rassurante. En apprenant ce que le Baptistrel avait fait, il avait cru s'être totalement mis dans l'erreur. Craignant tout à coup de l'avoir entièrement mal jugé, d'avoir raté la noirceur en lui. Bien sur il n'avait pas vu qu'il puisse être entièrement fait de lumière, nul ne l'était, mais il lui avait tout de même semblé qu'il faisait partie de ces êtres rarissimes qui possédaient un caractère et un esprit assez particulier qui faisait que la noirceur pourtant bien présente entre eux restait toujours à l'état de trace à peine esquissée. La vengeance qu'il s'était actroyé aurait dû noircir son âme, elle aurait même dû être la marque d'une âme déjà corrompue et en partie mauvaise. Et pourtant non... Bien des choses avaient changée en lui, mais rien qui ne soit suffisant pour éteindre tout à fait sa bonté naturelle, cet instinct qu'il avait pour ce qui était juste et bon, et ce sens quasi miraculeux qui lui permettait de voir le meilleur en chacun. Il s'était trompé lourdement, très gravement, mais il n'était pas mauvais. Ou si lui l'était alors l'ensemble du continent Armandéen et même du monde l'était. Quand à lui, il était hors catégorie...
Il le fixa un moment sans lui répondre. Non par désir de le faire attendre mais simplement parce qu'il avait besoin de le jauger encore un moment afin de bien s'assurer de ce qu'il venait de découvrir. Il n'était pas un Esprit, il n'avait pas le pouvoir de sonder vraiment un coeur ou une âme quand bien même il venait de la remettre dans son corps. La toute puissance qu'il possédait sur le Lien ne l'aidait pas en ce domaine, il devait s'en remettre uniquement à son instinct et à son expérience, ce qui laissait place à l'erreur. Mais pas cette fois. Il n'y avait pas d'erreur. Et il en était très heureux, aussi triste que soit ce moment. Sans doute tout n'était-il pas perdu...
Il ne releva pas l'incapacité totale que l'elfe se serait découverte de détruire un Lien, plus particulièrement le sien. C'était absolument impossible magiquement parlant, et quand bien même ce ne le serait, ça équivaudrait à vouloir se couper les deux jambes après s'être arraché les deux bras et en s'armant simplement d'une petite cuillère que l'on se retrouverait alors à manier avec la bouche. Il secoua donc simplement la tête, répondant dans un murmure comme pour ne pas le blesser plus profondément :
"Je ne te ferais pas l'affront de refuser ta demande. Elle prouve à elle seule à quel point tu méritais le titre de dragonnier. Je suis accablé par ce que tu as fait Merithyn, je méprise l'enchaînement de pensées qui t'ont fait glisser vers cette décision et finalement cet acte. Mais saches le : le choix que tu fais aujourd'hui. Je le respecte. Et je respecte l'être qui possède la force de faire ce choix. Je n'ai pas eu à le faire personnellement, mais je ne l'aurai pas eu."
Il était parfaitement honnête, et parfaitement conscient de la façon dont cette vérité cruelle venait de faire vibrer la trame. Il n'en était ni honteux ni fier, il était simplement certain que cette décision là aurait été au dessus de ses propres forces. Il y avait différents types de puissance...
"Ce sera douloureux. Pas physiquement, et pas beaucoup plus sur le coup que la manipulation de ton âme que tu viens déjà de connaître. Le problème c'est que cette blessure là ne guérira pas, jamais. Il te faudra apprendre à vivre avec, et à ne pas la laisser te détruire. Pour cela aussi, je peux t'aider..."
Il le toucha cette fois. Très légèrement, effleurant à peine la peau sur le dos de sa main. Il n'avait pas besoin de ce contact pour transmettre ses visions, mais ça pouvait lui permettre de les rendre plus nettes et puissantes. Celle qui déferla dans l'esprit du baptistrel le fut, mais elle n'était cette fois ni violente, ni douloureuse. Bien au contraire. Elle irradiait d'une chaleur réconfortante qui semblait capable de pénétrer jusqu'au tréfond de l'âme du chanteur tandis qu'il restait spectateur de la scène. Shaynar dans ce qui ressemblait bien à un nid construit avec amour et pour le long terme. Un nid dans lequel il veillait, les deux rubis de ses yeux posés sur deux dragonnets aussi sombres d'écaille que lui l'était. Un profond sentiment d'amour irradiant du coeur du noir tandis qu'une dragonne un peu plus claire se lovait contre lui, frottant son museau contre la membrane fine de son aile. Les images défilant finalement à toute vitesse pour montrer la petite famille dans différentes situations plus ou moins cocasses ou attendrissantes. Le résumé d'une vie heureuse, bien remplie, libre, sur des terres sauvages et magnifiques. Le résumé d'un bonheur, simplement. Il sortirent de la vision très lentement, comme s'éveillant d'une agréable rêverie. Et la voix du Tarenth vibra, toujours aussi basse :
"Je ne peux pas te promettre qu'il ne connaîtra pas d'autres épreuves, ou que son destin ne prendra pas finalement un autre tour imprévu. Mais pour le moment, c'est l'avenir que je vois pour lui sur les terres sauvages..."
Les dernières trâces qui restaient de la vision étaient sur le point de s'estomper, mais il les rattrapa habilement, les condensant en un seul souvenir vivace et joyeux qui vibra en lui jusqu'à ce qu'il l'expulse vers l'esprit du baptistrel en un cadeau précieux. Un refuge pour les heures sombres, un petit coin d'esprit où il pourrait se retirer... Puis il le déchira.
Il avait agit sèchement, rapidement. Avec cette brutale efficacité qu'il avait apprit à privilégier pour rompre les liens. Cela faisait mal de toutes façons, quelque soit la manière dont il s'y prenne. Il avait donc depuis très longtemps prit le parti de toujours faire vite, et net. Il sentit le dragon rugir à la mort à l'instant où le Lien se brisait et il abandonnant sciemment le dragonnier à son supplice afin de diriger toute sa force plutôt vers Shaynar. C'était ce que Merithyn voulait, il n'avait pas besoin de lui poser la question. Cela ne dura que quelques secondes pendant lesquelles il effaça la mémoire du noir tout en lui imposant une directive qu'il ne pourrait repousser et dont il ne serait même pas conscient :
*Les Terres Sauvages... Va. Vole. Tu ne te sentira plus à ta place ailleurs qu'à cet endroit...*
La pensée s'imprima dans l'âme du dragon sous l'oeil attentif du Tarenth ainsi sans doute que sous celui de son ex-dragonnier qui pouvait suivre cet échange du fond de son abime à travers le lien qu'il partageait encore avec le fondateur. L'esprit du dragon tourna un instant, perplexe devant le vide soudain qu'il ressentait et dont il ne comprenait pas la raison, puis se rassura. Tout allait bien... Il fallait juste qu'il rentre chez lui... Il avait hâte de rentrer chez lui. Il était en route...
Quelques secondes à peine... Dès qu'il fut certain que Shaynar était bien en vol vers sa nouvelle vie, Edwyn revint à Merithyn. Celui-ci venait de vivre une éternité dans l'affliction la plus totale, privé qu'il était d'une partie de lui-même et forcé d'assister au départ de son compagnon de vie qui n'était même plus conscient de son existence... Le deuil était si grand qu'il était impossible de véritablement le décrire, et très difficile de pouvoir espérer en guérir. On ne se sortait pas seul d'une telle épreuve, on en mourrait simplement avant même d'avoir vraiment commencé à prendre totalement conscience de la perte. C'est donc aussi rapidement qu'il le pu qu'Edwyn reporta toute son attention sur le dragonnier sans dragon, l'enveloppant dans une chappe presque paternelle de patiente compassion et de doux soutien. Les secondes s'étirèrent, et ils mirent finalement des heures entières à émerger enfin de cette hébétude que provoquait toujours la rupture d'un lien. Le Tarenth guidant sans le presser le dragonnier blessé vers la réalité, cicatrisant le trou béant laissé par le lien sans pour autant chercher à le guérir, conscient qu'il était que ce ne serait ni accepté, ni faisable. L'absence de Shaynar était tout ce qui restait à Merithyn, tout plus un petit souvenir brillant qu'Edwyn lui avait glissé à cet endroit et qui irradiait d'une chaleur apaisante. Ils le laissèrent là quand ils émergèrent, sachant qu'il y resterait pour l'éternité et qu'il serait la pierre angulaire de la reconstruction du baptistrel. Il se rebâtirait autour de cela, et Shaynar serait à tout jamais son pilier dans ce qui serait la suite de sa vie... Bien sur il aurait pu effacer aussi les souvenirs du dragonnier comme ceux de son dragon, mais ce serait comme mettre un pansement sur une plaie infectée. Shaynar pouvait oublier et être heureux malgré tout, Merithyn lui ne le pourrait pas. Edwyn en savait assez à présent sur lui pour en être tout à fait certain. C'est ainsi qu'il reprit la parole lorsqu'il vit que l'elfe était de retour dans l'état conscient :
"Vous n'êtes pas tout à fait séparés. Je suis lié à lui, parce qu'il est Dragon. Et tu es lié à moi, parce que tu restes Dragonnier. Je ferai en sorte que tu puisse vérifier qu'il est heureux et en bonne santé quand tu le décidera, si seulement tu le décide. Et je ne t'empêcherai pas de retourner à lui si un jour tu en trouve le moyen..."
Mais ce ne serait sans doute pas avant longtemps, et c'était sans aucune assurance. Un espoir simplement qu'il distillait avec prudence. Il ne parvenait pas à voir aussi loin, aussi ne pouvait-il pas prétendre qu'il n'existait aucun espoir de retrouvailles entre ces deux là. Il haussa les épaules, incertain de ce futur si éloigné et donc si fragile :
"Peut-être que cela n'arrivera jamais mais c'est ton droit que de le savoir : ses souvenirs lui reviendront à l'instant même où son regard se posera sur toi. Quand au Lien, il peut se reformer sans mal. Je peux le briser mais je ne peux m'opposer à la symbiose naturelle entre vous deux. Il renaîtrait de ses cendres sans se préoccuper une seule seconde de mon avis sur la question..."
Une lueur presque amusée passa dans son regard. A moins d'une véritable obligation comme ça avait été le cas pour cette fois-ci, il y avait fort peu de chance qu'il s'oppose à la naissance ou même à la renaissance d'un lien de toutes façons. Et c'était heureux, parce que cela il n'y pouvait strictement rien, tout Fondateur qu'il soit...
Il reporta son attention sur le baptistrel, laissant quelques secondes s'écouler avant d'annoncer calmement en désignant les sanctuaires d'un geste vague :
"Nous irons lorsque tu sera prêt."
Le silence revint sur la scène, total. Même Néant s'était tue... |
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Mer 8 Oct 2014 - 13:14 | |
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Sa décision était prise, et il s’y tenait. Quand bien même il sentait déjà une part importante de son être se lamenter et souffrir atrocement, prise de nausée à la simple idée de perdre ce qui lui était le plus cher au monde, la seule chose qui lui était chère… Oh il prévoyait déjà la difficulté qu’il aurait à simplement exister et survivre après ça, mais il était hors de question qu’il change d’avis. Shaynar vivrait. Il allait s’en assurer. Il donnerait son âme, son cœur même et sa vie, si cela assurait celle de son compagnon à écailles. Impassible, il continua de fixer le Tarenth en attendant que celui-ci se décide, luttant contre la sensation de panique qu’apportait l’attente et qui apportait un écho désagréable à son être déjà perclus de douleurs. Il resta là, aussi décidé et digne dans son deuil et son affliction qu’il l’avait été le jour de la glaciation d’Eliow… mais il n’était pas dupe pour autant, malgré cette façade. Seule sa certitude d’agir avec justesse la préservait de la folie et d’une violente dépression qui aurait balayé le travail accompli par son vis-à-vis pour le garder en vie. Ce n’était pas une excuse, ce n’était pas non plus une justification. Il n’avait d’ailleurs aucunement l’intention de mentionner ce qui se serait déroulé ici s’il vivait au-delà de la journée. Personne ne pourrait comprendre. Personne n’en était capable, pas même les autres dragonniers… On ne comprend pas l’impensable. Lyroë seule aurait pu, elle qui avait perdue Cymbor, encore que ce fut involontairement contrairement à lui-même. Il ne désirait pas se justifier et si c’était pêcher par orgueil, il affirmait avec sincérité qu’aucun mortel ou immortel Armandéen n’était en droit de lui demander la moindre justification quant à ses choix. Il savait, simplement, que c’était là ce qui devait être fait et ce qui était à la fois bon et nécessaire. Shaynar apporterait plus à ce monde que lui. C’était désormais tout ce qui comptait.
Sa vision revint à l’instant présent, le sortant de ces pensées amères, alors qu’Edwyn s’adressait à lui. Et un instant, il se dit que lui comprenait ce qu’il faisait en cet instant et pourquoi… comprenait la douleur qu’un choix pareil entraînait et mieux que lui-même, d’ailleurs. Mais pas entièrement en raison de ce qu’il pouvait être pour les dragonniers. Il n’appréciait pas forcément cet individu, mais la constations était un mélange de soulagement et de pitié à son égard. Il ne souhaiterait jamais à personne de perdre ainsi une part de soi-même. Il hocha faiblement la tête, n’ayant nullement le cœur à parler et s’en sentant incapable sur le moment. Une blessure qui ne guérirait jamais… Oui, il l’imaginait bien. Ce n’était pas un vide que l’on pouvait effacer ou remplir à nouveau. C’était… perdre la meilleure par de soi. Perdre sa lueur, son espoir et ce qui portait le nom d’amour à ses yeux. La plus belle chose qu’il ait jamais pu appeler sienne, la seule dont il se souvenait encore dans cette froide carcasse. Etait-il si abominable, d’avoir choisis volontairement de sacrifier tout cela ? Cela semblait bien abominable et pourtant il savait, objectivement, que ce n’était pas le cas. Il ne reviendrait pas dessus. Cette blessure, il la porterait jusqu’à sa mort… cela semblait insurmontable ainsi, impossible à faire. Sur l’instant, il ne pouvait imaginer apprendre à vivre avec ce qu’il allait être. Scindé en deux, dans l’intimité de son propre esprit, il voyait la bataille acharnée entre la part purement émotive qui reprenait doucement vie, et palpitait de désespoir, n’imaginant pas un instant parvenir à vivre avec une telle chose ; et la part déterminée et froidement objective, qui se disait qu’il y parviendrait effectivement car il le devait et que, malgré le déchirement qu’était cette décision, il devrait la supporter, comme il supportait la décision qu’il avait prise à l’égard de Néant…
Il n’avait pas le droit d’abandonner et pas l’envie non plus. Shaynar était son avenir à lui, la meilleure partie de ce qu’il avait été, qui vivrait éternellement avec sa décision de lui épargner une mort atroce. Mais maintenant, il fallait un avenir à ce continent et peut-être au-delà… Combien de fois lui avait-on promis des évènements et des réactions inéluctables, et combien de fois avait-il réussit à s’accrocher contre toutes attentes ? Mais ça n’avait rien de commun avec le passé. Tout ce qu’il pouvait faire était de jouer sa part, survivre, et continuer d’avancer pour s’assurer que le sacrifice de leur lien ne serait pas vain. Qu’au-delà d’une échappatoire temporaire, il y ait vraiment une chance solide. Il ne voulait pas souffrir aujourd’hui pour voir le monde s’écrouler tout de même si son compagnon. Oh ce n’était pas la seule raison pour laquelle il devrait continuer, mais en cet instant c’était la seule qui comptait à ses yeux… Il en était là, tentant de se rassurer, de s’assurer, lorsque le contact le surpris, et les visions plus encore. Il resta spectateur, muet devant ce qu’on lui montrait comme il avait pu l’être précédemment. Mais d’un autre silence, admirant religieusement ce qui serait l’avenir pour son lié. En voyant cela, il ne fit que raffermir sa décision. Si c’était là ce que devait être son futur après leur séparation, alors il se refusait aux regrets. Shaynar irait bien, il aurait une compagne, des petits…. Tout irait, oui, tout irait bien pour lui. Il sentit sa poitrine se compresser, sa gorge se serrer, sans savoir si c’était des pleures de joie ou de tristesse qu’il aurait voulu versé. Sans doute voulait-il croire qu’il s’agissait de joie, du soulagement de la certitude qu’il faisait là le bon choix. Peut-être y avait-il également là le fait qu’il ne savait plus ce qu’était le bonheur depuis un très long moment.
Ils sortirent lentement de la vision, et il l’abandonna avec nostalgie, mais apaisé. Il hocha à nouveau de la tête, de façon presque imperceptible. C’était une bonne vie, une belle vie. C’était bien, tout simplement. Il cligna à nouveau des yeux, les humectant un instant, avant de recevoir le souvenir qu’on lui offrait, l’observant et le chérissant déjà… puis ce fut le trou noir. Il ne comprit pas immédiatement. Il y eut un bref battement, un instant infinitésimal mais bien présent durant lequel il fut rempli d’interrogation terrifiée… puis il sombra simplement sous l’abominable douleur. Il n’y avait que du vide sous lui, ses sens et son corps lui échappant de nouveau et il tomba au sol, s’étranglant sur un cri de souffrances qui ne vint jamais, bloqué au plus profond de lui. Il n’avait même pas la force de cela. Son âme encore fragile et à présent dépourvue de soutient manqua s’écrouler sur elle-même mais elle ne parvenait pas à s’échapper, l’immense douleur l’empêchant de quitter son corps. Douleur n’était même pas un mot suffisant pour décrire ce qu’il ressentait, pas plus que souffrance ou affliction. Il n’y avait aucun mot pour exprimer l’intolérable de ce qu’il subissait. Il ne chercha même pas à combattre ce qu’il ressentait, se laissa tout simplement balloter par l’énormité des sensations qui transformaient la moindre seconde en une éternité…. Et pourtant, il se refusa à être balayé, il se refusa à être écrasé et broyé par l’odieuse torture. C’était une seconde agonie et plus intense encore en sachant qu’il n’avait même pas conscience de lui. Sans cesse, il le cherchait, répétant les mêmes mots qui l’avaient guidé vers son choix. Aveugle et sourd à tout y compris à lui-même, il n’était plus que cette immense agonie, cette peine qui dépassait tout ce qui était imaginable. Il ne sentit même pas l’aide qu’on lui apportait, pleurant intérieurement le vide immense, béant, qu’était son âme sans sa meilleure partie.
Il n’avait plus conscience de son corps ou du monde, il n’avait plus conscience que de sa perte et son âme à vif une nouvelle fois, vibrait de toute la force de sa souffrance et de l’amour qu’il avait toujours pour le noir. Et ce fut à vif qu’il remonta lentement, se laissant rappeler et conduire sans la moindre force, se laissant manipuler sans vraiment comprendre ce qui lui arrivait, tant il était focalisé sur l’absence de son compagnon. Il finit par revenir à la réalité, après de très longues heures, engourdis et le goût du sang dans sa bouche, une terrible douleur écrasant encore son corps et l’engourdissant d’un froid cruel… Il ouvrit les yeux, mais ne bougea pas tout de suite, encore incapable de le faire. Une langueur et une morosité profonde remplacèrent bientôt la douleur vivace. Shaynar lui manquait atrocement. Tout simplement. Il avait toujours eu conscience de la chance qu’il avait eu d’être lié au dragon noir, il avait toujours su qu’il tenait à son lien plus qu’à la vie… Il n’y avait aucune découverte dans cette perte, simplement la consommation plus profonde encore de tout ce qu’il pouvait nourrir de sentiments positifs à son égard. Les mots lui agressèrent les oreilles, mais il écouta distraitement. Pas tout à fait séparés ? Il se sentait pourtant tellement froid et seul… Le reste le perturba plus encore. C’était trop tôt. Tout simplement trop tôt pour lui donner cet espoir ou lui permettre de le revoir, d’une façon ou d’une autre. Beaucoup trop tôt… Il se passerait certainement des centaines d’années avant qu’il ne trouve la force de porter son regard sur lui une nouvelle fois, en dépit de tout l’amour qu’il avait pour lui. Sans doute lui faudrait-il retrouver un équilibre, d’abord, avant de penser plus avant…. Il était néanmoins reconnaissant qu’on lui en offre la possibilité.
Il resta simplement là pendant un long moment, silencieux, ne bougeant qu’à peine. Sa poitrine bougeait de façon si imperceptible qu’on aurait pu croire qu’il avait totalement arrêté de respirer. Incapable d’exprimer l’ampleur de sa peine, il finit cependant par se relever, mécaniquement. Ses mains tremblaient, des tremblements sourds et viscéraux qu’il n’essayait même pas de contenir. Et ce fut comme une âme errante qu’il se tourna vers les sanctuaires. Il les observa un instant, sans y trouver grand-chose d’inquiétant, puis il hocha simplement la tête à l’égard du Tarenth qui l’attendait et se reprit lentement en s’approchant des hautes portes closes.
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Dim 12 Oct 2014 - 17:24 | |
| Il était détruit. Entièrement, irrémédiablement, profondément. Une tempête insatiable avait balayé les morceaux épars de son âme et le peu qu'il en restait était à présent totalement hors de portée. Tel un livre vierge de toute ligne mais à la couverture terriblement abimée, il n'attendait plus que de renaître. Dans la douleur évidemment... Mais quel accouchement se passait sans douleur ? Elle faisait partie du cours naturel des choses, nul ne pouvait s'y soustraire, aussi terrible qu'elle puisse être.
L'elfe s'était relevé comme par automatisme sous le regard attentif du Tarenth. L'instant était important, il avait été tellement fragilité par la force des derniers événements qui l'avaient secoué que la moindre nouvelle secousse aurait pu infliger des dommages irrémédiables et possiblement mortels. Il n'y avait pas que les blessures physiques qui pouvaient tuer, Edwyn avait apprit depuis longtemps qu'un esprit pouvait finalement s'éteindre après avoir été trop étiré et trituré dans tous les sens. La mort par lassitude... Ce n'était pas quelque chose de très réjouissant et il ne tenait pas du tout à ce que l'histoire du baptistrel se termine ainsi. A présent que plusieurs choix avaient été fait, il avait une vision plus claire de son avenir à court et moyen terme. Surprenante vision si il en est, il n'aurait sans doute pas parié sur un destin de ce genre pour Shadowsong, pas du tout même... Bonne ou mauvaise chose ? Cela il ne pouvait pas le dire. Un sort atroce aux yeux de la majorité des gens pouvait aussi se révéler une chance pour le principal concerné. Une nouvelle chance, un nouveau fil de destin... Décidément il était écrit quelque part que cet elfe aurait un chemin bien différent de celui des autres. Et tant pis ou tant mieux pour lui.
Une lueur brève d'hésitation passa dans les prunelles d'argent tandis qu'Edwyn s'interrogeait : devait-il le mettre en garde ? L'encourager ou le dissuader dans cette voie qu'il semblait prêt à emprunter quand bien même il n'en était pas encore conscient ? L'idée lui passa bien vite. Ce n'était pas à lui de s'opposer à ce destin là, il était déjà bien assez intervenu et ne pouvait que prier les Esprits que ce soit en bien et que le dragon ai effectivement le droit à une belle vie là bas dans les terres sauvages. Ceci étant dit si ils ne sauvaient pas le monde tout ceci n'aurait strictement servi à rien, Armanda ne serait pas le seul continent touché par la folie de Néant, nul ne serait à l'abri nul part, pas même les dragons. Une chose qu'il ne pouvait évidemment pas accepter.
Ils s'approchèrent lentement des portes closes sur cette pensée farouche du Tarenth. Quand il y pensait, il n'était pas le seul à avoir tout sacrifié dans l'espoir de construire un meilleur avenir à Armanda. De nombreux anonymes avaient donné de leur sang et de leur courage parfois sans trop savoir vers où ils allaient mais toujours dans ce même espoir d'un avenir meilleur. Quoi qu'il arrive à présent, il se devait de peser de toute sa force pour que ces sacrifices n'aient pas été consentit en vain. Celui de Shaynar et Merithyn en tout premier lieu, quand bien même le baptistrel était-il en grande partie responsable de ses propres malheurs. Il avait prit ces risques aussi en espérant faire le bien, c'était un fait qu'Edwyn se devait de prendre en compte. D'ailleurs le prix qu'il venait de payer remettait largement les compteurs à zéro, restait simplement à espérer qu'ils parviendraient à réparer les dégâts causés suite à l'agression de Néant.
Néant justement... Elle gardait le silence depuis la destruction du Lien. Sans doute n'avait-elle rien à en redire. Malgré tout il continuait à sentir sa rancoeur, lourde et tenace. Elle ne pardonnait pas.. Comment l'aurait-elle pu puisqu'elle n'avait pas de coeur ? Et le pire de tout c'était que sa haine ne se concentrait pas uniquement que les deux êtres qui l'avaient agressée un peu plus tôt. Elle semblait bel et bien avoir décidé que l'ère d'Obsidienne serait la dernière et qu'il était plus que temps d'enfin en finir avec l'oeuvre de ses frères. L'action du Destructeur avait été; semble-t-il, un déclencheur à leurs malheurs mais quand il y réfléchissait sans doute que cela serait arrivé plus ou moins tard avec ou sans ce déclencheur. C'était une épée de Damoclès qui pendait au dessus de leur tête depuis le retour de Néant, voir même plus tôt... A présent, il fallait la décrocher. Et si possible sans faire trop de dégâts. Décidé, il jeta un regard en biais à son partenaire du moment et expliqua :
"Elle ne m'empêche pas réellement de passer parce qu'elle a tout à gagner à me laisser entrer. Si elle parvenait à aspirer mes forces elle pourrait les retransformer en un terrible fléau. Pourtant je n'ai pas le choix... Les trois perles qu'elle garde a l'intérieur pourraient faire disparaître ce continent en une année à peine. Et le monde entier en quelques décennies. Et il n'y a absolument aucune chance que je parvienne à éliminer cette menace. Ce sera déjà beau si je parviens à en érafler une sans m'épuiser au point de ne plus pouvoir ressortir de ce piège..."
Il semblait découragé, comme fatigué de tout ce temps passé en ce lieu maudit, à retourner un problème insoluble dans sa tête en espérant finir par y trouver une solution valable. Ah ça des solutions il y en avait, mais valables... Elles menaient tous à des catastrophes plus ou moins terribles au point qu'elle chercher le baptistrel avait fini par lui sembler l'option la moins inenvisageable à défaut d'être la plus prudente. Les dents serrées, il reprit doucement :
"Nous devons en détruire au moins une... Sinon tout ce que nous pourrons faire n'aura aucune importance, Armanda ne verra pas d'autre printemps. Fut un temps où mon ordre aurait pu m'appuyer et s'opposer de front à la folie d'un Esprit isolé et blessé, mais ce n'est plus le cas. Je n'ai plus personne Merithyn, et j'en suis le premier responsable. Je vais être forcé de m'en remettre à tes propres forces tout en sachant qu'elles ne sont pas suffisantes. En entrant, nous allons droit à la défaite. J'espère simplement que nous parviendrons tout de même à en retirer quelque chose de bon, parce que nous n'avons pas le choix."
Il ferma les yeux, plein de doutes. Faisait-il vraiment le bon choix ? Mais avait-il le choix en vérité ? Il pouvait reculer devant cette épreuve en sachant qu'il n'y avait aucun véritable espoir de réussite, mais dans ce cas la partie serait terminée. Mieux valait risquer de perdre face à un adversaire plus puissant que perdre simplement par abandon, non ? C'était en tout cas ce qu'il choisissait de croire. Une nouvelle résolution brilla dans ses prunelles tandis qu'il ordonnait :
"Quoi qu'il arrive n'oublie pas nos priorités. Détruire ce que nous pouvons des perles, et ressortir. Ressortir surtout. Ni toi, ni moi, ne devons offrir nos forces vitales à Néant. Je n'ose imaginer ce qu'elle ferait des forces conjuguées du fondateur et du gardien des baptistrels..."
Mieux valait ne surtout pas y penser... Affermissant encore sa résolution, il s'avança d'un pas ferme et fit signe à l'elfe de le suivre. Le portail s'effaça comme un rêve devant eux, ils étaient entrés...
Ils marchèrent pendant un moment dans le lourd silence surnaturel de cet endroit. L'obscurité était totale mais ils n'avaient pas besoin de voir, le couleur s'étirait en une ligne droite interminable qui aurait bien étonné le petit elfe et son compagnon plus âgé qui avaient trouvé le moyen de s'y perdre un peu plus tôt. Néant faisait évoluer son sanctuaire à sa guise sans se préoccuper des lois physiques et de l'étonnement que cela pouvait causer chez les mortels. D'ailleurs marchaient-ils encore sur le sol ou plutôt dans le vide ? Conscient du trouble qu'une telle sensation pouvait causer chez n'importe qui et plus encore chez un baptistrel désormais coupé de toute trame et plongé dans l'immobilité terrifiante des vibrations inexistantes dans ce monde, il puisa dans sa magie particulière pour émettre une lueur rassurante qui rendit son sourire tranquille visible :
"Même Néant ne peut éteindre totalement la lumière offerte par ses frères... Prie ton Esprit protecteur. Il t'aidera peut-être."
C'était un espoir auquel il espérait pouvoir se raccrocher. Feu... Le baptistrel y était lié à un niveau que lui-même comprenait assez mal. Sans doute ne serait-ce pas suffisant pour décider ce dernier à agir sur le monde réel, mais comment savoir ? Il ne fallait négliger aucune aide possible et tant pis si les Armandéens n'avaient pas trop l'habitude de prier. Au point où ils en étaient, ils n'avaient pas le droit de ne pas tout tenter.
Le pas du Tarenth se ralentit imperceptiblement lorsqu'ils arrivèrent au bout de ce couloir où ils semblaient marcher depuis des heures. Le temps n'avait pas prise ici, le temps n'était pas Néant. Le temps était ses frères, et elle ne voulait pas les voir ici. Avant de passer le seuil colossal d'une impressionnante arche aux pics acérés, il souffla à l'intention de son compagnon :
"N'oublie pas, elle n'est pas elle-même. Ce que tu va voir est le résultat d'un destin corrompu, cela n'aurait jamais dû être. Le vrai Néant est pur, le vrai Néant n'a pas besoin d'énergie vitale. Le Néant ce n'est pas cela..."
Ils passèrent le seuil sur ces mots, et le visage du Tarenth se fit plus dur lorsqu'il constata sans surprise mais non sans regret que les choses s'étaient encore empirées depuis son dernier passage. Les corps recroquevillés sur le sol étaient dix fois plus nombreux, certains s'étaient vidés de toute subtance et momifiés, d'autres étaient tout récents et semblaient même venir de loin... Des humains... C'était très inquiétant, cela voulait dire que son influence grandissait à toute allure. Les forêts Elfiques ne seraient bientôt plus le seul lieu touché par la brume. Trop rapide... Cette évolution était beaucoup trop rapide. Il avait peut-être était optimiste en parlant d'un an d'espérance de vie pour Armanda. En l'état actuel des choses, ils n'iraient même pas jusque là...
Il sentait la jubilation de Néant qui suivait ses pensées en se délectant de sa désolation. Elle savait ce qu'il allait tenter et elle ne le craignait absolument pas. Elle attendait tranquillement qu'il abatte sa dernière carte, n'ignorant pas qu'elle n'était pas assez forte pour remporter le jeu et qu'ensuite ce serait à son tour de véritablement frapper le Tarenth. Le fantôme de l'ancienne révolte irritée qu'il avait toujours ressentit contre la supériorité des Esprits vint durcir son regard tandis qu'il tournait son attention sur la perle. Gigantesque, pulsant d'une vie morbide qu'elle aspirait à travers les nombreux boyaux qui la reliaient aux corps des suppliciés, elle semblait les narguer. Elle le répugnait et l'attirait à la fois, sombre puissance si impure qu'elle en devenait fascinante. Bien trop d'ailleurs, il avait perdu des jours entiers au début à l'observer sans s'apercevoir de son effet hypnotique, et là il ne pouvait vraiment pas se permettre de recommencer.
Concentré sur elle malgré tout, il rompit le silence en tâchant d'ignorer à quel point le son de sa voix était désagréable au milieu de ce charnier sans odeur. Sans odeur oui.. Tiens, il venait juste de le remarquer... Encore une chose qui rendait ce lieu parfaitement surnaturel. Certains auraient dit qu'il ne fallait pas s'en plaindre bien sur, l'odeur de la mort n'avait rien d'agréable. Mais son absence était terrifiante. Mort n'était pas là... Ou si, mais bien trop effacé. Cherchait-il à entrer malgré tout ou bien avait-il décidé qu'il ne pouvait rien faire d'autre qu'abandonner ces âmes là ? Cette idée était désagréable, terrible. Ces pauvres gens étaient-ils donc condamnés à errer dans le Néant pour l'éternité ? Sans doute... Et il ne voyait pas très bien ce qu'il pouvait y faire. Il avait une autre priorité. Il chercha à le faire comprendre à l'elfe :
"La perle est entourée d'une barrière, je ne peux pas la franchir. J'espérais qu'avec ton aide nous pourrions la saturer, je sais que tu n'as pas accès à la trame mais tu dois pouvoir tirer ta puissance à travers moi et... Elfe ? Tu m'écoute ?"
Surprit, il tourna la tête vers lui sans pouvoir s'empêcher de lui jeter un petit regard de reproche... |
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Dim 12 Oct 2014 - 22:18 | |
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Le silence était impressionnant. Cependant, s’il persistait, Edwyn lui ne restait pas muet et l’elfe tourna son regard vers lui en écoutant ses paroles, restant lui-même silencieux. Détruire l’une des perles qui permettaient à Néant de faire disparaître leur continent ? Voilà qui était audacieux. Et pourtant, il n’avait rien contre cette solution, fondamentalement, même si elle faisait désagréablement écho à la destruction de Dévoreuse. Détruire, encore. Etait-ce là les seules solutions apportant réellement un effet, qu’il soit bon ou mauvais ? Il n’y avait jamais cru par le passé et s’il était à présent plus disposé à porter un regard pragmatique et désabusé sur les mécanismes du monde, il n’avait pas entièrement perdu son odieuse candeur qui lui faisait espérer que, contre toute attente, il y ait effectivement un autre moyen. Ils verraient bien à l’intérieur, mais le Tarenth n’était-il pas beaucoup plus expérimenté et au fait de ce qui concernait les esprits et particulièrement celui-ci ? Il n’était pas déraisonnable de se fier à lui, donc. Pourtant il avait du mal à le faire, un doute persistant étrangement, comme cette ultime petite flamme qui refuse de s’éteindre même lorsque vous vous acharnez dessus. A la mention de l’ordre il faillit cependant proposer d’aller chercher les dragonniers… n’avaient-ils pas réussi à libérer Dracos ? Edwyn n’avait-il pas dit qu’ils possédaient des pouvoirs cachés ? Ne pouvaient-ils donc pas les appuyer et faire quelque chose ? Tous répondraient il en était certain. Pourtant l’autre devait bien y avoir déjà pensé. Et avait apparemment repoussé l’hypothèse puisqu’ils n’étaient pas là. Il n’en fit donc pas part et le laissa poursuivre, se permettant pourtant un commentaire final. « Voyez, vous venez de le dire vous-même. Vous avez encore quelqu’un, aussi insignifiant soit-il ». Parce que oui, en comparaison d’un Tarenth, il était insignifiant. Pourtant il était-là.
Au rappel, il hocha la tête. Mieux valait éviter de donner ce bonus à Néant, effectivement. Il ne voulait pas faire encore plus de mal, même sans le vouloir. Laissant cela de côté, se faisant la promesse de ressortir quitte à mourir dans la brume, il reporta son regard vers la porte tandis que celle-ci s’effaçait. Ils entrèrent enfin, ensemble, dans le sanctuaire de Néant. Et immédiatement, il fut frappé par le silence assourdissant des lieux. S’il avait été l’exact même elfe qui avait péri sous la lame de Kaleï, dans l’est, il n’aurait sans doute que difficilement supporté. Depuis cependant, il avait connu pire et s’était même volontairement fermé à ses perceptions pendant un temps. Aussi aborda-t-il cela avec, certes, un certain malaise, mais sans en souffrir vraiment. C’était perturbant et inconfortable mais ça ne risquait pas d’attenter au peu de santé mentale qu’il lui restait. Il observa les environs en essayant de trouver un point de repère à cet environnement étrange et déroutant. Sans l’appui des sensations baptistrale, il se trouvait complètement désarmé et même déséquilibré face à ce silence vibratoire. Si ce n’était pas une souffrance c’était tout de même fort déplaisant d’avoir l’impression de marcher et d’être entouré par le Néant. Il n’aimait pas cela. Il savait que se reposer entièrement sur sa magie par le passé avait été une grossière erreur, une erreur de débutant…. Il en payait douloureusement le prix mais n’avait rien pour se dédouaner. Il était fautif, aussi ne put-il être que reconnaissant envers Edwyn lorsque celui-ci lui créa un point d’ancrage auquel il s’accrocha.
Prier Feu ? Oui… peut-être le pourrait-il. Il aimait à penser que son protecteur le veillait toujours mais il fallait avouer qu’après son hérésie à l’égard de Néant, il doutait de la bonne volonté du flamboyant. Néanmoins, il essaya, dans l’intimité de son esprit, d’en appeler à lui… pour se trouver à nouveau confronté à cette sensation étrange qu’il avait ressenti quelques instants auparavant. Il resta plongé en lui-même, dans cet espace ravagé, jusqu’à ce qu’ils arrivent devant la salle. Alors seulement il sembla revenir à la ‘réalité’ et contempla l’atroce scène qui se présentait à ses yeux. Combien de temps était passé ? Il n’en savait rien, ça importait peu en fin de compte. Il resta silencieux un instant. Auparavant il aurait été saisit d’horreur et aurait fermement condamné Néant. A présent, il était moins prompt à le faire même s’il ne trouvait pas ça plus beau. Personne ne pourrait trouver cela beau, ni les corps, ni la chose au centre de la salle… rien. Ce n’était pas beau, c’était terrible. Mais en même temps, une créature aussi torturée ne pouvait pas créer de belles choses. Il ne fallait pas être stupide. Il soupira doucement, complètement plongé dans ses pensées alors qu’il faisait quelques pas dans la salle, guidé par un quelque chose qu’il ne comprenait pas mais auquel il faisait totalement et éperdument confiance. Son cœur se gonflait lentement d’une certitude et d’une force dont son âme martyrisée avait bien besoin, comme si on soufflait sur les braises de son esprit, pour rallumer le feu en lui. Les paroles du Tarenth étaient lointaines et à demi-vides de sens, il n’écoutait pas vraiment.
Cette salle était vide de vibrations, et pourtant il y avait quelque chose… quelque chose qui restait, quelque chose de discret mais qu’on lui montrait, ses yeux éclairés par une lumière venue d’ailleurs. Il ne vit pas le regard de reproche, il ne regardait d’ailleurs pas Edwyn. Ses yeux caressaient avec une certaine douceur les corps à terre et il finit par souffler, bas mais audible. « Tu dois vraiment souffrir pour imaginer tout ça… mais ça ne te soulagera pas… » Il secoua légèrement la tête en faisant onduler sa chevelure. Un instant, il resta là, contemplant l’illumination qui cheminait en lui. Il le sentait oui, là, présent même si très ténu… Non le silence des lieux n’était pas total contrairement à ce qu’il avait cru. Il y avait une faible note. Mais une note reconnaissable entre toutes. Il était à présent très familier avec elle. Ne l’avait-il pas ressentit directement sur lui lorsqu’il avait failli périr ? Mais comment y avoir accès, comment permettre… Un souvenir brûlant lui vint, imposé. Celui de la glaciation d’Eliow. Un souvenir déjà extrêmement puissant pour lui en temps normal mais qui brillait soudain comme un soleil dans son cœur, et une partie de ce souvenir en particulier… Il se tourna finalement vers Edwyn, une nouvelle lueur dans les yeux, profonde et vibrante. « J’ai besoin de puiser dans la trame au travers de vous » Ni une demande ni un ordre, juste une affirmation. Il vint près du Tarenth et lui prit simplement une main. « Vous allez m’aider. Je vais devoir vous transmettre une connaissance pour que vous participiez, ce sera mieux à deux »
En général, ce n’était pas une connaissance qu’on enseignait à un novice, mais peu importait, il était absolument et terriblement certain que le Tarenth serait en mesure d’exécuter ce qu’il allait lui demander. Rien ne laissait place au doute dans son esprit, le doute en avait été proprement chassé. Avec efficacité, il lui communiqua, au travers de la magie qu’il tirait de lui et renvoyait vers lui, les éléments du chant de passage et du chant du vent sous la note de la mort douce, tous deux destinés à aider à délier les attaches des âmes aux corps terrestres. Cette magie-là était destinée à aider à la mort… et c’était ce dont ils avaient besoins. « Faites-moi confiance » Demanda-t-il simplement avec la plus ferme des convictions. Puis, il chercha la note qu’il avait sentie, infime, et s’attacha à elle en se mettant lentement à chanter. Il entonna tout d’abord le chant de passage, souhaitant soulager les âmes avant de les délier s’ils y parvenaient… Mais pour cette fois, il ne prit aucun des rythmes qu’il avait pu jouer et chanter jusqu’ici. Il en créa un neuf, un nouveau, avec tout ce qui avait pu lui être transmit en si peu de temps. Il chanta pour les morts, il chanta pour Mort et pour Néant, il chanta pour les esprits et pour le monde qui souffrait…. Un chant tel qu’il ne pourrait sans doute jamais plus en produire, plus magnifique et plus imprégnés de sentiments que tout autre. Un instant de grâce intemporelle, aidé en cela par Néant elle-même, où les sentiments n’étaient plus sa cangue mais les cordes dont il jouait, bien au-delà de toute forme de musique mortelle, pour atteindre chacune des âmes présentes et permettre, peut-être, à mort de parvenir à les enlacer enfin. Ce repos qu’on lui avait refusé, il voulait l’offrir désormais.
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Lun 13 Oct 2014 - 0:09 | |
| Il n'aimait pas du tout qu'on ne l'écoute pas. Non soyons clairs, il détestait carrément cela. Des restes de son intransigeante fierté de maître de son ordre sans doute... Si il s'écoutait à l'heure actuelle il en serait presque à envoyer une décharge électrique à l'elfe impoli afin de le ramener à plus de courtoisie. Mais ce ne serait sans doute pas très mature comme façon de faire, surtout pour un Tarenth de son âge. Tant pis pour son caractère donc, il devait de toutes façons le dompter si il voulait éviter de faire d'autre sottises monumentales qui conduirait à une autre fin du monde dans il ne savait combien de millénaires. C'est qu'il ne serait peut-être pas toujours là pour ramasser les morceaux hein... De plus l'elfe semblait plongé dans une intense réflexion. A quoi diantre pouvait-il bien penser ? Même à travers le Lien, Edwyn ne parvenait pas vraiment à le comprendre.
Il attendit donc, puisant dans la patience que sa longue vie avait fini par lui offrir. Les mots murmurés lui firent pencher la tête, à moitié intéressé. Eh bien oui elle souffrait... C'était quand même rassurant de voir qu'une personne sur Armanda avait fini par le comprendre ! Il l'aurait assez répété après tout... Suffisamment en tout cas pour se retrouver découragé devant l'opiniatreté de ces jeunes peuples de ne pas écouter la sagesse des plus anciens même si... Même si il était obligé de reconnaître qu'il n'aurait pas non plus écouté si les rôles avaient été inversés. Sans doute aurait-il été un élève affligeant... Les autres Tarenths auraient écouté, mais lui ? Peut-être était-il né dans le mauvais peuple en vérité... Il été presque sur qu'il aurait fait un humain tout à fait convaincant, et plus encore un vampire. Moins un elfe sans doute, mais ça n'avait pas d'importance, on était ce que l'on était.
Enfin, l'elfe revint à lui. Mais ce ne fut pas du tout pour suivre ses indications comme il l'entendait. Les prunelles du Tarenth s'agrandirent avec surprise lorsque la demande, mais était-ce vraiment une demande, tomba. Il avait besoin de puiser à travers lui et donc il allait le faire comme ça ? Il semblait bien que lui... Bel applomb que celui là, et drôle de situation pour un être qui était plus habitué à prendre les décisions qu'à suivre l'idée qui avait semblé germer dans la tête d'un elfe. Pourtant quelque chose en lui lui disait qu'il devait lui faire confiance. Quoi exactement il n'aurait su le dire, mais une calme confiance s'était emparée de lui tandis qu'il fixait lourdement son interlocuteur en le laissant lui prendre la main. La lueur argentée de sa magie illumina aussitôt la peau claire de l'elfe, crépitant étrangement à mesure que la magie supérieure faisait connaissance avec ce nouveau support, et le Tarenth après une certaine hésitation hocha finalement la tête. On ne lui demandait pas vraiment si il souhaitait accepter ou non bien sur, mais au moins démontrait-il que c'était le cas.
Les mots du baptistrel résonnèrent entre eux et plus que l'irritation ou la surprise ce fut l'amusement qui brilla dans ses yeux. Ainsi donc il avait été chercher le baptistrel dans l'espoir que celui-ci lui serait utile et c'était finalement lui qui allait devoir lui apporter de l'aide et l'assister... Il allait même pousser le vice jusqu'à lui apprendre quelque chose.. Etrange concept pour lui, mais qu'il appréciait. Il avait toujour aimé apprendre, et c'était devenu quelque chose de rare au fil des siècles et à mesure que ses connaissances devenaient plus vastes. En fait il avait quasiment cessé d'apprendre ces derniers millénaires... Jusqu'à son arrivée sur Armanda bien sur, car là il avait eu beaucoup à assimiler au sujet des jeunes peuples et de leur façon de vivre plus que particulière. Oui en définitive il aimait cela, apprendre... Et c'est d'ailleurs ce qui l'aida à lâcher prise et à finalement s'ancrer avec une avide curiosité à ce que l'autre voulait faire.
La magie baptistrale... Il ne la connaissait pas bien, pas telle qu'elle existait désormais en Armanda du moins. Mais il était issu d'un peuple lié si intimement à la magie que n'importe quel Tarenth était parfaitement capable de ressentir et de manier instinctivement ces vibrations et ces mélodies qui formaient tout l'art des mages chanteurs. Tel un enfant surdoué qui reconnaît les notes sans même avoir jamais entendu parler de solfège, ils savaient entendre et émettre ces sons et ces vibrations qui n'étaient ni plus ni moins que la voix du monde, des Esprits, et de la trame. Un Tarenth n'avait pas besoin d'apprendre ce genre de chose, un Tarenth savait, simplement.
C'est pour cette raison que tout lui sembla aussitôt très clair. Sérieusement concentré sur l'elfe, il commença par l'écouter en silence en analysant avec beaucoup d'intérêt l'effet qu'il parvenait à obtenir sur la trame, et pas uniquement sur elle d'ailleurs... C'était le monde qui vibrait en même que lui, tout le plan naturel et peut-être même le plan astral pour ce qu'il en savait. C'était tout simplement passionnant, et beau. Terriblement beau, comme si on lui dévoilait tout à coup des mécanismes insoupçonnés au fonctionnement du monde. Il se gorgea de cette connaissance, avalant en quelques secondes ce que n'importe quel Enwr aurait mis des décennies à commencer à assimiler. Et quand il fut absolument certain d'avoir compris ce que seul un maître baptistrel pouvait comprendre, il testa sa nouvelle connaissance ainsi et surtout ce que le gardien lui avait envoyé. Le chant du passage, le chant du vent... Tout ceci il le connaissait sans le connaître, il l'entendait depuis toujours sans vraiment y prendre garde. De même que la note de Mort... Une note qu'il avait entendue ici sans la reconnaître, lui qui pourtant connaissait Mort lui-même... L'affliction de son propre aveuglement viendrait plus tard, pour le moment il chantait. Et il chantait plutôt bien...
Moins puissante mais plus basse que celle de l'elfe, sa voix résonnait des milliers de jalons de son interminable existence. Elle vibrait sombrement, comme pour mieux représenter l'être complexe qu'il était, mélange de puissance véritable et d'orgueil éhonté, de bonté profonde et de dureté implacable. Elle lui correspondait bien... Elle était lui, simplement, et il n'en avait pas honte. Il accompagna l'autre chanteur sans jamais atteindre la perfection mais sans véritable fausse note. Sa voix était vérité, une vérité ni bonne ni mauvaise, à la fois réconfortante et terrifiante. L'autre lui demandait d'avoir confiance, et il avait confiance. La question était de savoir si en entendant une telle voix, le baptistrel pouvait lui aussi garder confiance en cette créature millénaire à l'âme parfois lumineuse et souvent ténébreuse. Edwyn prenait un risque en se dévoilant ainsi... Après avoir entendu une telle chose il était fort possible que Merithyn ne lui fasse plus confiance, et tant pis. Le jeu ne valait la chandelle, le Tarenth le savait à présent. L'elfe avait trouvé la bonne méthode. D'ailleurs, Néant venait de s'en apercevoir aussi... Ils allaient mourir.
Cette certitude le heurta avec tant de force qu'il cru un instant que son souffle avait été coupé et qu'il s'était arrêté de chanter. Ce n'était pourtant pas le cas, sa voix résonnait toujours même si son esprit venait de faire un saut périlleux en constatant la terrible et soudaine montée en puissance du pouvoir de Néant. Elle avait compris le danger, elle réagisait et ils ne pouvaient rien faire. Edwyn l'avait affrontée quelque temps auparavant mais Néant n'avait alors consentit à gaspiller qu'un très faible fragment d'énergie pour jouer avec lui, et encore avait-il eu un mal fou à sortir vainqueur de l'affrontement. Là c'était une toute autre vague qui s'apprêtait à déferler sur eux, une vague de pure fureur au potentiel de destruction si horrible qu'il su instantanément que ses défenses s'y résisteraient pas. Il allait être balayé comme un fétu de paille et le baptistrel avec lui. Leur fin était proche, tout ce qu'ils pouvaient faire c'était espérer que Néant avait compris trop tard et que le chant se terminerait avant qu'elle ne frappe. Ce fut le cas par un miracle incroyable, mais à l'instant où la dernière note s'éteignit, Edwyn hurla en projetant l'elfe au sol :
"ATTENTION ! "
La vague de puissance fit trembler le sol et les murs à un tel point qu'il sembla au Tarenth que le monde allait s'écrouler sur eux. Ses nouvelles connaissance de l'art baptistral eurent le temps de lui apprendre que la trame venait de se renverser d'une façon parfaitement invraisemblable pendant que la cellule même de leur moi-profond semblait se désagréger en eux. Néant tentait de les effacer ! Pas en douceur, pas lentement comme le faisait les perles... Non. Elle était en train de balayer le coeur même de leur existence, de les projeter dans l'infinité terrifiante du vide afin de les laisser y errer pour l'éternité. On pouvait craindre bien des sorts mais celui là était sans doute le pire, et il n'y pouvait rien. Strictement rien. D'abord renversé lui aussi par la terrible vague il avait tout de même réussi à arc-bouter ses défenses afin de résister à l'agression. Il luttait farouchement, pied à pied, contre la force de Néant. Mais c'était comme se lancer dans un bras de fer en utilisant uniquement son petit doigt. Il se faisait écraser inexorablement et l'elfe ne pouvait pas être d'une grande aide dans ce duel de titans. Il eut pourtant un aperçu tout à fait convaincant de ce que pouvait être l'opiniâtreté bornée d'Edwyn dans l'art délicat de la résistance désespérée. Malmené, secoué, battu à plate coutures, le Tarenth n'en renonça pas moins à sa rébellion sauvage et c'est d'ailleurs à cela qu'ils durent les quelques secondes d'inertie qui les sauvèrent d'une disparition totale et sans appel. Alors même qu'Edwyn lachait prise, furieux mais vaincu, une note d'abord unique puis rejointe par une deuxième et enfin plusieurs autres résonna. Mort... Puis Feu. Puis les autres. Ils arrivaient...
Leur puissance s'opposa alors à celle du Néant, laissant celle du Tarenth se désagréger tandis que son corps se recroquevillait sur le sol, terriblement meurtri par l'affrontement. Conscient pourtant, il ne pu qu'observer en même temps que l'elfe le déferlement autoritaire de magie supérieure qui repoussa sèchement Néant. Pas en la frappant non, pas vraiment... Elle la repoussa simplement, comme d'une taloche irritée mais non haineuse qui sembla tant surprendre la concernée qu'elle recula aussitôt et relâcha son emprise sur les deux êtres vivants spectateurs involontaires de ce spectacle grandiose. Le tonnerre gronda à l'extérieur, si fort qu'ils l'entendirent distinctement de là où ils étaient et ils surent que le monde astral s'agitait et que si il ne pouvait y avoir de véritable bataille entre une soeur et ses frères, il pouvait tout de même y avoir des frictions violentes... Mort souffla autour d'eux à cet instant et les âmes des suppliciés le rejoignirent avec un soulagement palpable. Néant sifflait de son côté, folle de rage mais impuissante et Edwyn devina qu'ils ne s'en sortiraient pas si ils ne quittaient pas le sanctuaire très vite ! C'était le bon moment....
"Merithyn... Nos objectifs !"
Il était affaiblit, mais pas au point de perdre le nord. La perle palpitait tout près d'eux, absolument plus protégée à présent qu'elle ne pouvait plus aspirer de force vitale. Les Esprits ne s'intéressaient plus du tout à eux, pauvres insectes qu'ils étaient dans cette phénoménale dispute de géants. Si ils ne détruisaient pas la perle maintenant, ils ne le feraient jamais. De même d'ailleurs pour le second objectif...
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Lun 13 Oct 2014 - 12:05 | |
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Chacune des occasions qui avaient poussé sa maîtrise au-delà de ses limites lui avait apporté quelque chose de différent, d’unique. Avaient fait naître de nouvelles sensations, des expériences qui étaient venues renforcer sa compréhension de son art. Mais aujourd’hui c’était différent. Aujourd’hui il n’avait rien à apprendre de plus. Il n’y avait plus rien qu’il puisse encore apprendre à l’heure actuelle… Peut-être cela viendrait-il plus tard mais pour le moment, il jouissait d’une totale maîtrise de la magie Baptistrale, telle qu’elle avait dû être aux jours du premier fondateur. C’était une sensation étrange, déroutante elle aussi, que de pouvoir parfaitement contrôler les vibrations alentours. Pas uniquement celles qu’ils produisaient, ni d’ailleurs celles vers lesquelles ils tendaient leurs puissances. Mais toutes, absolument toutes. La plus infime vibration autours d’eux, le monde entier alentours et au-delà, la trame… encore au-delà. C’était comme passer du jeu d’un seul instrument à celui de tout un orchestre au sein d’une même symphonie. Il pouvait même parfaitement saisir et reproduire les vibrations émises par le Tarenth face à lui, tirant de ce qu’il produisait un enseignement presque aussi grand que son chant-nom, qu’il absorbait goulûment, l’avalant comme s’il s’agissait d’une pleine cruche de l’eau la plus limpide et pure. Pourtant ce n’était pas du tout le cas. Avec la compréhension, il pouvait à présent saisir tout le relief de sa personnalité et tout ce qu’il était capable de faire ou de penser… Mais s’il pourrait peut-être en concevoir de la méfiance, plus tard, ça n’avait pourtant rien à voir avec ce qu’ils exécutaient pour le moment. Il ne cherchait pas à analyser ce qu’il apprenait, ayant bien autre chose en tête pour le moment. Il lui fallait officier et aider à libérer ses âmes. C’était tout ce qui importait pour le moment et c’était ce dans quoi il s’était lancé à corps perdu. Il se savait sur la bonne voie et ne s’arrêterait pas avant d’avoir réussi.
Il avait senti Néant s’agiter, mais, têtu qu’il était, il ne s’arrêtait pas. Bien au contraire. Il se mit à chanter beaucoup plus vite, créant volontairement un jeu décalé entre leurs deux voix. C’était prendre un énorme risque pour les âmes qu’ils détachaient mais il n’avait pas le choix s’il voulait réussir. Ainsi, il entamait préalablement tous les liens retenant les âmes, facilitant le travail une fois que Edwyn passait à son tour dessus. Lorsqu’il en touchait une, elle était déjà à moitié libérée et prenait bien moins de temps pour être soulagée… les sons et les vibrations galopaient hors de lui, parfaitement maîtrisés et exécutés. Sans la moindre faille. Et heureusement, il parvint enfin à la fin de son harmonique, Edwyn la finissant également, un instant plus tard. Il sursauta en étant projeté au sol par Edwyn. A moitié assommé et désorienté, il sentit la vague d’énergie s’abattre sur eux comme un cataclysme qui lui fit perdre tout repère pendant un instant, dans les vibrations de la trame avaient été bouleversées. Pourtant ce ne fut rien en comparaison de la panique qu’il ressentit lorsqu’il comprit quel serait leur sort. Il crut que son cœur allait s’arrêter. Mourir ne lui faisait pas peur, mais être engloutit par le Néant… ça non, il ne voulait pas, pas maintenant… Il avait encore des choses à faire. Et il était totalement impuissant en cet instant, ne pouvant pas aider le Tarenth à supporter cet assaut titanesque. Pourtant il essaya comme il pouvait de le soutenir, même si c’était complètement inutile. Il ne pouvait pas simplement ne rien faire c’était impossible. S’il devait vraiment être effacé ainsi, autant que ce soit en ayant essayé de résister… Pour quelques pathétiques secondes, au moins. Il crut voir la fin en face une nouvelle fois lorsqu’Edwyn lâcha prise, et pourtant, elle ne vint pas.
Ouvrant de grands yeux, les perceptions étirées au maximum pour sentir leur présence, il ne put que sentir son cœur battre douloureusement la chamade quand il comprit qu’ils étaient là, tous. Leurs notes, uniques et magnifiques, transcendaient les perceptions de toutes les autres. Ils étaient là. Les Esprits. Ils étaient venus. Mort, Feu, puis les autres… Mais eux surtout. L’Esprit qu’ils avaient aidés, puis son protecteur. Il se souvenait de leurs formes physiques quand ils étaient apparus devant eux, durant les prémices de la bataille des sombres. Glorieux et intemporels. Il resta un instant à simplement se gorger de la présence impalpable qui était venu s’opposer à Néant, puis il secoua la tête et reporta son attention sur Edwyn qu’il souleva légèrement en essayant d’atténuer le choc qu’il avait dû subir sans y parvenir. Son art de guérison n’était tout simplement pas à la hauteur. Pour peut-être était-ce lui. Mais s’il pouvait frapper Néant et libérer autant d’âmes pour Mort, pourquoi ne pouvait-il soulager le Tarenth d’un peu de sa fatigue, surtout quand il venait de le protéger. C’était proprement injuste. Mais une petite voix lasse lui rappela soudain que ce monde était tout sauf juste. Distinctement il sentit les âmes quitter enfin les lieux, emportées par Mort et il soupira. Au moins avaient-ils réussi cela. La voix qui vint le tirer de ses pensées le fit à nouveau sursauter et il porta son regard sur la créature multi millénaires qu’il soutenait encore faiblement. Il se releva, le relâchant et, sans être certain qu’il serait suivit, accéda de nouveau à la trame au travers d’Edwyn… En quelques instants, l’atmosphère devint insoutenable, tandis qu’il dirigeait une essence enflammée qui n’était ni flamme ni éclaires, mais simplement énergie brûlante sans forme, vers la perle palpitante. Il ne savait pas exactement comment s’y prendre mais devait essayer.
Projetant cette énergie avec l’aide de la note qu’il avait créé deux mois plus tôt, il la fit pénétrer à l’intérieur de la chose pour la faire exploser de l’intérieur. Elle allait se détruire d’une minute à l’autre, pas besoin de plus pour le savoir. Ne sachant toujours pas si le Tarenth avait agi mais se doutant quand même qu’il le ferait s’il le pouvait, il se tourna vers lui. « Allons-y, il faut sortir d’ici » Il ne savait pas très bien pourquoi il agissait comme ça, mais il l’attrapa fermement et prit la direction de la sortie sans attendre une seule seconde de plus. Derrière eux, la perle se consumait et se désagrégeait… de même que le plafond du sanctuaire. Il accéléra autant qu’il put, ne désirant absolument pas rester à l’intérieur. Le couloir interminable mis ses nerfs à rude épreuve, tandis qu’il suivait l’avancée des fissures du bâtiment autant que possible. Il avait l’impression qu’ils n’y arriveraient jamais. Ils n’y arriveraient jamais… Pourtant si. Son cœur faillit s’arrêter en voyant l’extérieur apparaître. Il pila, manqua s’écrouler par terre, et prit une grande inspiration alors qu’un horrible bruit le faisait se retourner. Interdit, il contempla le sanctuaire qui s’écroulait sur lui-même….
« Et… maintenant ? »
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Le dilemme de la flamme [PV Merithyn] Lun 13 Oct 2014 - 15:50 | |
| Les événements se précipitaient à une vitesse folle, Edwyn avait la désagréable impression d'être un malheureux grain de poussière balloté au beau milieu d'une tornade et parfaitement impuissant à stopper sa course. C'était d'ailleurs exactement ça, ils se retrouvaient pris entre Néant et les autres Esprits, et ce n'était pas du tout du tout une bonne idée si on voulait son avis... Il fallait qu'ils détruisent la perle et qu'ils filent de là, mais encore fallait-il avoir les idées assez claires et l'énergie pour y parvenir, ce qui n'était pas tout à fait son cas. Ses sens étaient encore totalement ravagés par la lutte qu'il venait de mener, son énergie magique faisait un rodéo telle qu'il craignait qu'elle ne finisse par le rendre malade et son cerveau lui-même peinait à s'y retrouver dans toute cette histoire. Il fixait pourtant la perle, conscient de ce qu'il fallait faire et rassemblant lentement, trop lentement, la force de s'y mettre et ce fut finalement l'elfe qui prit l'initiative.
Le Tarenth grogna et grimaça lorsque le baptistrel puisa à nouveau dans la trame à travers lui, renversant à nouveau tout ce qu'il était parvenu à remettre en place dans le chaos de sa magie. Mais c'était nécessaire, plus que nécessaire même, aussi s'ouvrit-il sans plus d'hésitation afin de lui faciliter la tâche. A eux deux ils parvinrent à leurs fins et pendant que les Esprits s'échauffaient entre eux, emplissant leur tête d'un capharnaüm absolument indescriptible, ils brisèrent le coeur de l'horrible sphère jusqu'à un niveau si profond que le Tarenth ressentit disctinctement dans son esprit la fèlure ainsi créé dans cette abominable création de Néant. Voilà qui était satisfaisant... Mais ils risquaient encore une fois de mourir si ils restaient là !
Ils ne demandèrent donc pas leur reste. La perle à peine mortellement touchée, ils déguerpirent comme deux voleurs en laissant derrière eux la formidable dispute qui semblait bizarrement se répercuter aussi bien en ce lieu que dans le plan astral. Voilà qui était intéressant pour ses recherches... Mais bon, ce n'était pas vraiment le moment. Pas du tout même. Le couloir semblaite encore plus long cette fois, pour ne rien arranger ! Ils le traversèrent à toute allure sans oser se retourner une seule fois, fuyant sans honte une scène d'apocalypse qui les dépassait de très loin et qui d'ailleurs ne les concernaient en rien. La porte longtemps close n'existait plus et c'est avec un soulagement sans bornes qu'ils se jettèrent quasiment dans la lumière comme deux affamés pourraient se jeter sur un repas gargantuesque. Ce ne fut qu'une fois dehors que le Tarenth s'aperçu qu'il était encore soutenu par l'elfe, et que tous les deux n'avaient pas fière allure du tout...
Poussiéreux, les vêtements déchirés d'un peu partout, ils se retournèrent d'un seul mouvement et manquèrent dégringoler tous les deux sous le mini séisme que provoqua l'écroulement du sanctuaire. Il n'avait pas résisté à la destruction de la perle et à la colère des Esprits... Colère qui n'en finissait par d'ailleurs au vu de l'état du ciel... Menaçant, il continuait de gronder férocement alors même qu'aucune pluie ne tombait. Sauf erreur il semblait bien à Edwyn que les Supérieurs étaient en train de s'expliquer à mots non couverts... Eh bien tant mieux après tout, une bonne dispute de temps en temps ça ne faisait pas de mal. Peut-être même que ça améliorerait certaines choses... Enfin il ne fallait sans doute pas trop rêver. Le nouvel affrontement qu'il avait eu avec Néant, si on pouvait appeler affrontement cette raclée intense, lui avait prouvé qu'elle était au moins aussi obstinée que lui sinon plus. Peu de chance que l'intervention de ses frères ne la fasse revenir à la raison donc, d'autant plus qu'il lui manquait toujours son coeur...
« Et… maintenant ? »
La voix incertaine de l'elfe vint secouer sa propre torpeur ahurie et il détacha difficilement son regard de ce qui restait du bâtiment pour poser son regard sur les deux autres sanctuaires avant de souligner ce qui était une évidence mais qu'il valait mieux préciser quand même :
"Je... Je crois qu'une perle ça suffira..."
Les deux autres sanctuaires semblaient les narguer mais rien de ce qu'on pourrait leur offrir ou leur promettre ne suffirait sans doute à les pousser à y entrer, plus jamais ! D'ailleurs leur objectif avait été de détruire une perle, une seule... C'était réussi, aussi hallucinant que cela puisse paraître. D'une voix affermie, il continua :
"Cela va ralentir énormément le processus, voir le rendre incomplet... Oui. Je ne crois pas que deux perles suffiront à engloutir tout Armanda, encore moins le monde entier. C'est une piètre consolation je sais, mais cela offre un espoir. Et j'ai bien l'intention de faire en sorte que ces deux là ne puissent pas faire leur travail non plus."
Il désigna les deux sanctuaires et donc les perles qu'elles contenaient du menton, très satisfait de se dire qu'il n'aurait plus à entrer là dedans. Pour ce que ça avait apporté de toutes façons... Sans le baptistrel il en serait encore au même point, ou très mal en point peut-être... Furieux contre lui-même, il gronda entre ses dents :
"Dire que Mort était là depuis le début, et que je ne l'ai même pas ressentit... Pour un être qui se vante d'avoir vécu aux côtés des Esprits pendant toute une ère c'est tout de même affligeant. Je le connais, je sais qui il est... Et je ne l'ai pas vu."
Il ferma les paupières quelques secondes, accablé. Les créateurs avaient décidément raison de ne pas lui pardonner, il n'avait pas changé d'un iota et continuait à insister dans ses erreurs, à se méfier d'eux à un tel point qu'il n'avait pas imaginé une seule seconde que Mort pouvait être présent, en train d'essayer de faire son travail. L'idée l'avait même effleuré d'achever brutalement les suppliciés... Où auraient-ils atterris alors ? Dans les bras de Néant très certainement... Et il aurait encore provoqué une catastrophe en voulant bien faire. Il rouvrit les yeux après ce petit moment d'accablement, et son regard se fit calme tandis qu'il acceptait ses propres fautes sans chercher à s'y soustraire. Profond, son regard se posa à nouveau lentement sur le baptistrel et il lui sourit avec bienveillance :
"Eclairer ou détruire... Le dilemme de la flamme. Je suis heureux que tu ai choisi de m'éclairer alors même que j'allais détruire. Et désolé de ne pas avoir été là pour t'éclairer toi, quand tu t'es trompé de voie..."
Son regard s'assombrit, sincèrement navré de ce qui n'était plus rattrapable. Il n'était pas tout à fait responsable bien sur, il lui était impossible d'être partout à la fois même en utilisant sa magie, mais peut-être que les choses auraient été différentes alors... Oui, c'était certain. Mieux valait ne pas trop s'attarder néanmoins sur ce qui aurait pu être et se concentrer sur ce qui serait. C'est ce qu'il fit en se concentrant à cet instant sur le futur, puisant dans son pouvoir de voyance afin de trouver le chemin qu'ils devaient suivre. La vision le heurta alors, sanglante. Et ses lèvres se pincèrent :
"Une bataille..."
Ses prunelles s'étrécirent tandis qu'il échangeait un regard sombre avec l'elfe :
"Ils vont se battre, nous arriverons trop tard pour l'empêcher. Mais si nous nous hâtons nous pourrons empêcher ton frère de faire une énorme sottise..."
L'image qu'il lui envoya était sans équivoque. Un prince noir tenant le Prêcheur entre ses griffes et s'en servant fort adroitement pour frapper Néant à nouveau en espérant la détruire. Elle ne le serait pas, elle ne pouvait l'être, mais ça acheverait de déséquilibrer le monde et provoquerait leur fin à tous. Il fallait l'empêcher afin de rassembler les Marcheurs pour le dernier acte de cette sinistre pièce.
"Nous devons sortir des bois, les animaux ont quitté la forêt mais n'ont pu se résoudre à vraiment s'en éloigner donc nous devrions parvenir à localiser quelqus chevaux sauvages. Leur vitesse nous sera plus que précieuse pour traverser le continent... Je ne peux pas nous retéléporter jusqu'à Aigue. Nous allons donc chevaucher ces drôles de créatures que vous appelez des chevaux..."
Et ça allait être quelque chose quand on savait qu'il n'avait découvert ces animaux et l'utilité que les Armandéens en faisaient uniquement après son retour sur le continent. Le dragonnier qu'il était n'avait jamais eu besoin de telles montures, et même son expérience avec les dragons ne l'aiderait sans doute pas énormément. Tant pis... Il n'était plus à un apprentissage près et il n'avait pas le temps d'hésiter. Le voyage serait long, ils ne pouvaient pas s'attarder si ils voulaient arriver à temps.
"Nous devons les empêcher de faire une bêtise. Ils ont perdu assez de temps à se battre pour de mauvaises causes, il est grand temps qu'ils utilisent leur énergie pour quelque chose de plus constructif. D'ailleurs nous aurons besoin de ceci pour les convaincre."
Les gravats tremblèrent quand il dirigea sa main vers eux, ramenant magiquement à lui un morceau de la perle détruite. Elle se logea sagement dans sa paume et il l'observa un moment, pensif. Avant de sembler prendre une décision.
"Je vais la garder sur moi... Mais je crois que je ferais mieux de t'apprendre certaines choses, au cas où..."
Sa cape était le seul vêtement de sa tenue qui n'était pas déchiré. Elle ne payait pas de mine pourtant, faites d'une matière indéfinissable elle ne respirait par la richesse. Il la désigna pourtant avec respect :
"C'est le suaire de Vent. Tu as peut-être entendu parler de mes recherches lors de mon arrivée sur Armanda. Nombreux sont les gens à avoir chuchoté sur ce Voyageur qui semblait tenter de rassembler des objets sans valeurs. Ce suaire en est un... Comme ceci..."
Il montra la chaîne sur laquelle pendant la gemme de Vie :
"La chaîne végétale et la gemme de Vie. Je possède aussi le miroir d'Eau, la pièce de Feu, la dague de Mort... Et je me suis arrangé pour faire venir le bouclier Néant à Aigue, nous pourrons le récupérer sans mal. Quand à la pierre enterrée, c'est ton frère qui la possède. Je compte sur toi pour le convaincre de te la donner, il prendrait mal ma tentative si je la lui arrachais. Et je ne veux pas le blesser."
Ou risquer de voir d'autres gens êtres blessés, connaissant l'animal... Il allait déjà sans doute très mal prendre qu'on ne le laisse pas aller au bout de son projet concernant Néant et le Prêcheur. Détail que cela selon Edwyn, il laisserait le baptistrel régler la question. Mais sans doute que Merithyn ne verrait pas cela comme un détail, lui..
"A eux tous ces artefacts forment une clé. Je vais conduire la communauté des Marcheurs à la porte qui y est destinée. Et c'est derrière que nous trouverons le coeur de Néant. Mais hélas nous n'en sommes pas encore là, le chemin sera très long... Et périlleux."
Il jeta un dernier coup d'oeil presque ironique au sanctuaire détruit, avant de reporter son attention sur le baptistrel :
"Cela ne nous changera pas beaucoup je suppose... "
C'est sur cette remarque cynique qu'ils se mirent enfin en route, entamant un voyage qui les mènerait dans le rouge sanglant de la bataille qui se profilait...
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