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| Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE | |
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| Sujet: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Mer 23 Juil 2014 - 17:58 | |
| Janvier, an II Ah, ce remue-ménage… Il y avait toujours eu une certaine tension dans l’air mais en temps de guerre qui aurait pu le reprocher à qui ? Cela montrait au moins une prudence et le qui-vive des soldats et autres habitants d’Aigue-Royal. Mais depuis l’agression de la princesse humaine, cette pression sous-jacente avait éclaté au grand jour, et la nervosité des rebelles était plus que palpable. Les regards étaient plus sombres, plus suspicieux, les gestes plus secs et les mots plus durs. Chacun savait sans vraiment savoir, mais un mot raisonnait. Trahison. Il y avait eu trahison à l’intérieur même de la ville enterrée, sur l’une des personnes les plus importantes de la rébellion. Sur l’un de leurs symboles. Esmelda Kohan était toujours sous les mains des guérisseurs, bien que sa vie ne soit plus en danger. Ambre était allée la voir dès qu’elle l’avait pu, veillant sur elle et, elle devait bien l’avouer, s’appuyant sur sa magie pour accélérer le processus de guérison. Elle ne pouvait pas rester à ne rien faire devant le corps endormi et encore meurtri de la petite princesse, et les guérisseurs étaient épuisés de leurs soins prodigués sans pause. Elle pouvait bien faire cela pour le petit oiseau de son peuple… Et qui pourrait trouver à y redire ? L’un des médecins l’avait vu et c’était avec un sourire fatigué qu’il l’avait remercié pour cette aide silencieuse. Peut-être en avait-il informé les autres, peut-être pas. Cela n’avait, finalement, guère d’importance.
Se décidant à se relever, Ambre jeta un dernier regard vers le plafond de la grotte, appréciant le calme de l’endroit une dernière fois. Elle ne prenait que peu de temps pour elle-même, mais cette fois ci elle s’était décidée à diriger ses pas vers la caverne des Songes alors que la migraine pointait. Le silence et l’atmosphère reposante de l’endroit avait été une véritable bénédiction après l’agitation constante dans laquelle la jeune blonde baignait. Un petit quart d’heure d’apaisement, et c’était reparti. Son corps néanmoins semblait lui être reconnaissant de ce cadeau, et elle se sentit un peu plus légère en quittant l’endroit. Le soleil lui manquait et la lumière si particulière de la lune également mais que pouvait-on y faire… Il fallait bien se contenter de ce qui était offert, et remercier les Esprits pour cet abri extraordinaire. Après tout, il y avait tout ici. Nourriture, soins, eau, salles de repos et d’entrainement, la terre avait offert un véritable joyau pour les anti-alayiens. Sans doute même pourraient-ils vivre ici plusieurs décennies si le besoin s’en faisait sentir. Après tout, une fois habitués, les corps et les esprits ne souffriraient plus de cet enfermement forcé. La colère de savoir leur terre volée serait toujours là mais au moins n’il y aurait-il plus de douleur dans les regards. Toutefois il s’agissait là d’un espoir pessimiste, car si une telle chose devait arriver, alors cela voudrait dire qu’ils auraient perdu, ou du moins que la guerre ne serait toujours pas finie. Qui pourrait souhaiter une telle chose ? Personne, et surtout pas l’ancienne esclave. Non, d’ailleurs plutôt que d’être si pessimiste, elle avait bien d’autres choses à faire. S’occuper des enfants, des malades, des blessés et… il y avait quelque chose qu’elle voulait faire depuis plusieurs temps déjà. Elle avait déjà dirigé ses pas dans cette direction mais c’était plusieurs semaines plus tôt, et eux aussi avaient besoin d’aide et de réconfort. Un prisonnier reste un être vivant comme les autres, quoi qu’il ait fait. Et certains d’entre eux étaient encore innocents, elle n’en doutait pas. Après tout, comment tous ces êtres pouvaient-ils avoir fait ce dont on les accusait ? Peut-être avaient-ils également leurs raisons, que quiconque ne pouvant lire leurs esprits ne pouvait comprendre. Et accusé quelqu’un sans le comprendre n’était pas juste. La justice, c’était évaluer une action dans son ensemble pour juger si elle fut bénéfique ou non, et quel était réellement le but de son exécuteur. Mais hélas cette définition, bien peu la partageait. D’aucuns estimaient que seul le résultat comptait et qu’il revenait au responsable d’assumer les conséquences de ses actes, mais la finalité n’était pas tout. Le moyen et la motivation comptaient également. Un jour peut-être d’autres comprendraient également cela. Ambre ne blâmait pas les dirigeants, après tout Korentin et son entourage faisaient comme ils le pouvaient avec ce qu’ils avaient. Il y avait tant à gérer…
Les prisons étaient devant elle à présent, et elle inspira doucement. Là-dedans, il y avait plus de malheur et de désespoir que dans la plupart des endroits d’Aigue. Mais il y avait d’autres choses aussi, d’autres émotions palpables et guère agréables : peur, colère, remord, haine… peut-être d’autres d’ailleurs. Et pourtant, au milieu de tout cela, il y avait ce petit souffle d’espoir. A peine perceptible, mais n’était-ce pas lui qui maintenait en vie ? A moins que la jeune fille ne laisse trop parler son imagination. Après tout, rien ne lui disait que toutes ces émotions étaient bel et bien présentes. Juste… quelque chose. Dans les regards, les postures des prisonniers. Même un non-initié aurait pu remarquer certaines d’entre elles. Qu’en était-il réellement ? Elle s’arrêta devant chaque cellule, tentant d’apporter un peu de réconfort, pénétrant dans certaines pour prodiguer quelques soins sous l’œil vigilant et méfiant des gardes qui prenaient soin de ne la faire courir aucun danger tout en la surveillant. Certains, beaucoup même, elle les avait déjà vus la dernière fois. Ce n’était pas le cas de tous pourtant, comme celui de cet homme effondré dont elle ne voyait pas qu’une partie du visage. Dos contre le mur de pierre, le regard levé vers le plafond, il semblait ailleurs. A quoi pensait-il ? Une vague de pitié envahie la jeune fille. Il semblait jeune, de son âge environ, peut-être un peu plus. Qu’avait-il fait ? Elle s’approcha des barreaux, doucement mais sur ses gardes, se méfiant des réactions parfois violentes des prisonniers. Il ne bougea pas, ne l’ayant de toute évidence pas remarqué. Elle hésita à le laisser ainsi avant de se décider à se manifester timidement.
- Excusez-moi ?
Elle attendit qu’il dirige son regard vers elle pour reprendre.
- Je suis navrée de vous déranger dans vos rêveries, mais je suis guérisseuse et, hum, est-ce que je pourrais faire quelque pour vous ?
Quelque chose de plausible, bien entendu. Inutile de demander les clés de la cellule ou autres requêtes semblables et totalement inutiles.
Dernière édition par Ambre Orétoile le Sam 11 Oct 2014 - 12:44, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Jeu 24 Juil 2014 - 22:47 | |
| Le temps, concept ô combien important aux yeux des Hommes, race éphémère et mortelle, mais pourtant si difficile à mesurer lorsque l’on ne voyait pas le ciel. L’Intendance Rebelle avait trouvé le moyen d’informer des heures les habitants des lieux, mais en prison, cela était inaccessible, et très vite, Amyelenor avait perdu la notion du temps qui passait. Mais en un sens, le temps, désormais, il s’en fichait. Plus rien ne comptait à ses yeux, sinon l’ampleur de son crime. Et savoir si les jours de la Princesse n’étaient plus en danger. Néanmoins, chose normale, le prisonnier était coupé du monde, ici, et les geôliers qui lui apportaient quotidiennement sa pitance du jour ne disaient pas un mot en sa présence. Le Dragonnier était bel et bien mis aux oubliettes. Allait-on le laisser moisir ici jusqu’à sa mort ? Ne pouvaient-ils pas plutôt le juger et l’exécuter convenablement en tant que régicide ? Même sans passer par la case du tribunal, s’ils le désiraient. Amyelenor appelait la mort de tous ses vœux, en ces jours de trahison. Il avait déjà penser à se suicider pour expier ses crimes, mais d’une part, il n’avait ni dague ni corde pour parvenir à ses fins et, d’autre part, ce serait une manière de fuir ses devoirs, de se déshonorer, et son esprit martial, quoique assommé sous le coup de la culpabilité, trouvait encore les moyens de se faire entendre. Bien que de manière très lointaines, il fallait l’avouer. Etendu qu’il était sur le sol de terre humide et de pierre, le dos adossé contre la paroi, et le regard perdu, il faisait peine à voir. Il bougeait à peine de cette position, et lorsqu’il le faisait, il ne tardait pas à la reprendre. Son visage le grattait, il n’avait pas l’habitude de ne pas se raser, ne serait-ce que de manière très sommaire, sur une aussi longue période. Il puait, également, comme tous les prisonniers. Mais à force, on s’habituait à l’odeur. Et puis… Amyelenor avait autre chose à ruminer. Meurtrier, régicide, … Voilà ce qu’il était. Un lâche qui se retournait contre celle qu’il avait juré de protéger. Un traître qui avait violé la confiance qu’Esmelda plaçait en lui. Un assassin qui ne méritait que la mort. C’était le châtiment qui attendait ceux qui osaient faire couler le Sang Impérial, et lui… Pour ce qu’il en savait, il avait peut-être amputé la Dynastie Kohan d’un nouveau membre.
Il y avait autrefois un hamster qui courait entre les arbres. Il chassait les noisettes pour leur voler leurs écureuils. Et lorsqu’il y arrivait, il allait chez le lion pour faire une grande fête où tous les rongeurs étaient invités ! Alala, s’il se mettait à imaginer de telles choses, c’était que son esprit se mettait vraiment à battre la campagne, non ? Ou alors, celui-ci se trouvait déjà en pleine montagne, en haut d’un précipice, s’élançant dans le seul but de toucher terre violemment des centaines de mètres plus bas. Le Plan Astral… Le Néant… Une victoire, il paraissait. Mais qui avait signé la perte de tous ceux de sa caste. Oui, il s’était laissé posséder, et il était aussi coupable en cela, autant que de son attaque envers Esmelda. Mais si lui y avait succombé, d’autres frères ou sœurs Dragonniers avaient sans doute été dans des cas similaires. Et Atalos… Les Dragons avaient-ils été maudits eux aussi ? Certainement, oui… A bien y réfléchir, le comportement de son Lié avait radicalement changé depuis leur retour.
Tout cela n’avait toutefois plus aucune importance, désormais, car tout était terminé, le chemin finissait dans une impasse. Ou plutôt dans une geôle, pour être précis, mais le résultat était le même et, pour le coup, on pouvait se permettre d’ignorer la précision. Après tout, il était derrière les barreaux, et cela était plus que mérité.
Quelqu’un s’arrêta devant sa cellule. Mais comme pour tout le reste, il n’en avait que faire. Sans doute était-ce le gardien qui lui amenait son repas du jour, du pain et de l’eau, comme d’habitude. Combien de temps s’était-il écoulé depuis la dernière « visite » ? Beaucoup ? Ou pas du tout ? Comme à l’accoutumée, Amyelenor ignora la présence, n’esquissant aucun geste, ni même un signe montrant qu’il percevait. A vrai dire, même si une part de lui était à l’écoute, la majeure partie de son esprit était… Perdue dans de sombres pensées. Mais au bout d’un certain temps, le Dragonnier abaissa son regard sur l’arrivante, une femme, une jeune, pour autant qu’il eût pu en juger dans la pénombre des lieux.
« Une guérisseuse, dîtes-vous ? commença-t-il d’un ton neutre. Et les secondes passèrent, Amyelenor donnant l’air d’être reparti dans ses pensées, comme s’il ne calculait déjà plus la jeune femme. Puis, au moment où celle-ci allait sans doute perdre patience, Amy reprit la parole. « Si vous êtes réellement ce que vous dîtes, oui, vous pouvez faire quelque chose pour moi… Il s’arrêta de nouveau quelques instants. Une seule chose… Facile… Tuez-moi. » |
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| Sujet: Re: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Mar 29 Juil 2014 - 15:24 | |
| Des prisonniers, ce n’était pas la première fois qu’Ambre en voyait. Des êtres que la vie et la justice ‒ou l’injustice‒ avaient brisés et qui, sans doute, ne seraient plus jamais ceux qu’ils étaient à l’instant où les barreaux de la prison s’étaient refermés sur eux. Oh, pour certains, c’était peine perdue que de croire qu’ils changeraient car ils étaient détruits depuis bien longtemps ; enfance traumatisante, choc psychologique, tortures, ou tout simplement folie. Pour d’autres, les besoins de survivre avaient dépassés depuis longtemps le respect des lois et de l’ordre. Les visages exprimaient toute sorte de sentiments, les regards cherchaient la lumière extérieure ou se fixaient sans bouger pendant des heures sur un point mystérieux, les corps se crispaient, s’agitaient ou demeuraient calmes. Certains attendaient, simplement, d’autres ne pouvaient ronger leur frein même en sachant que piaffer d’impatience et exprimer colère et rage ne changerait rien. Même pour ceux enfermés par erreur ; seuls détenteurs de la vérité et de leur innocence, ils subissaient pourtant la peine du coupable à sa place, côtoyaient la dureté du traitement de leurs voisins de cellule. Et pourtant, malgré que la jeune fille aux grands yeux bleus ait déjà assisté à ce triste spectacle, comme celui des malades agonisants et refusant l’idée de la mort, des amis et familles hurlant et s’accrochant à un membre dont la vie s’écoulait trop vite pour qu’il survive, malgré qu’elle ait déjà vu cette souffrance psychologique, elle ressentait toujours un pincement au cœur en les voyant tandis que son regard s’embuait. Elle ne pouvait rien pour les aider, dans la plupart des cas. Parfois certains ne la voyaient même pas. Difficile d’accepter de laisser ainsi s’enfoncer des êtres vivants dans leur propre noirceur. Mais il était impossible de sauver tout le monde, elle le savait bien, même si elle continuer d’espérer le contraire.
La cellule devant laquelle elle était ne contenait qu’un seul occupant, visiblement perdu dans ses pensées. Devait-elle le déranger ? Après tout, elle n’avait aucun droit de jouer les intruses dans la vie privée de cet homme. Il avait comme tous les autres le droit à la solitude, de même que celui de ne pas se sentir observé pendant qu’il se plongeait dans les méandres de son esprit. Mais s’il ignorait qu’elle était ici, il ne pouvait pas juger s’il avait besoin de quelque chose ou préférait sa propre présence. Il devait se sentir isolé suffisamment longtemps pour que la guérisseuse prenne le risque de l’interpeller. Ce qu’elle fit prudemment et timidement. Elle l’observa lever les yeux vers elle, hochant légèrement la tête pour acquiescer à sa première question et l’encourager à parler, attendant patiemment qu’il poursuive. Elle-même avait tout son temps. Elle était venue pour aider, pas pour presser ceux qu’elle visitait. Certes, d’autres personnes auraient pu avoir besoin d’elle mais il fallait parfois apprendre à prendre son temps et faire chaque chose dans son entier sans préoccuper du reste.
-Une seule chose… Facile… Tuez-moi. »
Une présence, un réconfort… Etait-elle prétentieuse d’avoir cru apporter cela ? D’avoir eu l’éphémère et audacieuse idée qu’elle pourrait aider, vraiment, et redonner espoir et courage à ceux qui n’en avaient plus ? Peut-être. Probablement. Mais jamais elle n’avait imaginé donner la mort. Pourtant, d’autres lui avaient déjà demandés. D’autres s’étaient déjà éteints dans ses bras, sous son regard. D’autres avaient déjà supplié que mort abrège leur douleur, quelle qu’elle soit. Et malgré tout, Ambre ressentait toujours cette horreur en l‘entendant, ce chagrin. Non, elle ne pouvait pas le tuer, c’était impossible. Il ne pouvait pas demander cela. Il était jeune, des années lumineuses l’attendaient, elle en était sûre. Il fallait seulement que la guerre se termine. Se rapprochant doucement, elle agrippa les barreaux d’une main, regardant d’un air grave celui qui faisait face.
-Vous tuer ?
Ses sourcils se froncèrent tandis qu’elle tentait de passer outre la barrière physique pour pénétrer le mental, essayant de comprendre. De le comprendre ; de les comprendre, tous.
- Non, je ne le puis. Pourquoi souhaitez-vous la mort ? Vous sortirez d’ici.
Elle baissa les yeux sur ses mains, se demandant que dire et que faire pour l’aider.
-Vous-même ne le pouvez, ne le devez pas non plus. Pourquoi souhaiter mourir alors qu’il y a encore tellement à vivre ? Peut-être que… elle s’arrêta un instant, ne sachant comme s’exprimer. Je me doute que c’est dur ; prisonnier, loin de votre liberté, de ceux que vous aimez et souhaitez protéger. Peut-être vous sentez-vous coupable de quelque chose. Mais si vous quittez la vie, vous ne pourrez plus jamais aider personne, vous ne réparez jamais vos erreurs. Certes, il vous sera facile de vous en aller mais tout le monde a encore besoin de vous. La guerre a brisé des familles, séparés des amoureux et détruit des enfants. La jeune fille soupira, se remémorant les scènes difficiles auxquelles elle avait assisté, de certains réfugiés. Le jour où vous sortirez, vous pourrez les aider, les protéger. Il y en a tellement qui périsse déjà… Tellement qui auraient voulu, pourtant, continuer. Je suis une guérisseuse, j’essaye de soigner les corps et les esprits, je ne peux pas éteindre les vôtres…
Il y en avait déjà suffisamment qu’elle n’avait pu sauver. Ambre ferma les yeux quelques instants, cherchant à éloigner la souffrance qu’elle ressentait à ne pouvoir faire plus. Elle se sentait fatiguée… Il y avait trop, tout simplement. Pourquoi ce besoin de pouvoir et de domination ? Etait-il trop simple de laisser chacun à sa place sans souhaiter tout contrôler ? Sans cela, bien des morts, bien des guerres auraient pu être évités, et le pourraient encore. Et elle, qu’était-elle ? Une flammèche d’espoir sur un océan noir. Mais elle ne pouvait pas s’éteindre. D’autres filaments d’espérance existaient encore. Et peut-être pourrait-elle en rallumer d’autres. Maigre contribution… La jeune fille rouvrit les yeux sur ses mains qu’elle avait cachées dans les plis de sa robe, avant de relever la tête et de sourire doucement à l’inconnu, espérant lui faire passer un peu de chaleur humaine… un peu de courage. |
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| Sujet: Re: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Mer 30 Juil 2014 - 12:45 | |
| Oui, la Mort. La Mort qu’il accueillerait à bras ouverts, comme un vieil ami que l’on n’aurait pas vu depuis bien des années et qui, un jour, nous faisait la surprise de frapper à notre porte. On l’inviterait à entrer, on prendrait un verre en grignotant quelque chose et en parlant du passé, et puis, on partirait ensemble, sans violence, sans haine, sans remords. On partirait ensemble, car il devrait en aller ainsi. Une blague, peut-être, afin d’être de bonne humeur, une poignée de main, une accolade. Et puis, le départ. Le dernier départ, le dernier voyage. Une mort paisible, en somme, bien plus douce que les nombreuses qu’Amyelenor avait vu au cours de la guerre. Combien de ses hommes avait-il vu mourir, les tripes à l’air, dans des hurlements de douleur. A la fin de chaque bataille, entre les cadavres, des flots de liquide rubis coulaient et scintillaient. L’herbe devenait rouge, et les lamentations des mourants remplaçaient les chants de guerre. C’était cela, la guerre. Les chanteurs étaient tous des imbéciles, ceux qui cachaient cette vérité dans leurs chants. Mais si l’horreur des combats était dévoilée aux yeux du monde, qui viendrait encore s’engager dans les rangs de l’Armée Impériale ? Quelques patriotes ? Cela ne suffirait pas. Alors, mine de rien, ces mensonges étaient utiles. Et les guerriers qui survivaient, ma foi, sortaient de là renforcés.
Et cette femme, cette guérisseuse. Qui était-elle, pour lui refuser ce qu’il demandait ? Il avait le droit de mourir, c’était son choix. Non, et Atalos ? Après ce qu’il s’était passé, entre eux, leur Lien existait-il toujours ? Etait-il toujours suffisamment fort, suffisamment présent, pour que sa mort entraîne celle du Dragon ? Cela dit, qu’Amyelenor survive représentait un danger pour la Princesse Esmelda, et peut-être pour d’autres personnes autour de lui. Qui savait si le Néant n’allait pas lui faire attaquer traîtreusement son Lié ? Dans ce cas, que ferait-il, s’il tuait lui-même le Dragon d’Or ?
« Vous ne comprenez pas, dit-il en plongeant ses yeux gris et froids dans les siens. Je ne veux pas sortir d’ici en vie. Mon crime est abominable… Abominable… »
Non, elle ne comprenait visiblement pas. Son laïus le prouvait. Elle était jeune, pour parler ainsi. Les yeux encore embrumés, l’esprit bercé d’illusions. Pourtant, une guérisseuse… Si elle avait été embarqué dans des groupements militaires pour ses talents, pourquoi parlait-elle ainsi ? Etait-elle toujours restée à l’arrière, ou bien était-elle idéaliste ? Enfin, ce qu’elle était importait peu, au final. Ce qu’elle disait n’était que la projection de son caractère et de ses croyances. S’il n’avait pas été aussi assombri par les actes qu’il avait commis, peut-être bien qu’Amyelenor lui aurait ri au nez. Ou peut-être pas, en fait, car ce n’était pas dans son caractère. Ses pensées actuelles étaient devenues par trop cyniques, conséquences de son crime.
« Vous vous doutez ? Qui êtes-vous, pour imaginer ainsi des choses ? Oh, j’ignore qui vous êtes, ainsi que ce que vous avez vécu, mais… Ne prétendez pas savoir ce que je ressens à la lumière de votre propre existence, lui répondit-il à la fin de sa tirade, ses yeux devenant glacials. Ma liberté ne m’importe que peu. Ce n’est là de toute façon qu’un concept propre à faire rêver les captifs. Quant à ceux que j’aime… Si je suis ici aujourd’hui, c’est bien parce que je n’ai pas su les protéger. Ils seraient plus en sécurité si je mourrais. »
Amyelenor s’interrompit. Oh, il lui était reconnaissant, en un certain sens, qu’elle cherche ainsi à lui remonter le moral, mais… Aucune parole ne saurait lui rendre le sourire, ni même lui détendre l’âme. Et il ne le méritait pas, il n’était qu’un assassin, qu’un lâche. La mort devait être son sort, il n’y avait pas d’autre solution. C’était tout ce qu’il devait recevoir. Même si c’était en partie par égoïsme, le reste…
« Et qui suis-je, pour vous écouter, et prétendre que je suis indispensable à beaucoup de monde ? Les Officiers compétents ne manquent pas, et nul doute que la Rébellion trouverait quelqu’un pour me remplacer à la tâche. Malgré mon rang, je ne suis qu’un homme… Non, moins qu’un homme, car je suis un meurtrier. Je ne mérite plus le don de vie. Vous, ne soignez que les gens qui le méritent. Vouloir sauver tout le monde est une utopie, et un crime à la fois. Car vous pouvez très bien sauver un enfant qui deviendra plus tard le plus dangereux des assassins. C’est ce que je suis… Alors ne cherchez pas à faire quoique ce soit qui vous paraisse bon pour moi. Tuez-moi, qu’on en finisse. Et peut-être bien que ma mort permettra à un autre de vivre. Le Général partit d’un rire sans joie, avant de reprendre. Je suis moi-même responsable de la mort de bien des hommes, quelque soit leur camp. Vous voyez ? Mes mains sont couvertes de sang. Et tout ça pour quoi ? Pour le plus grand bien. C’est ce que je me dis. J’ai sacrifié et mené des hommes à la mort, pour le plus grand bien ! Mais aujourd’hui, je suis ici, dans cette geôle mortifère, pour m’être retourné contre la femme la plus admirable qui soit… » |
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| Sujet: Re: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Sam 2 Aoû 2014 - 17:31 | |
| Non, Ambre ne comprenait pas. Elle le savait parfaitement, qu’elle n’avait ni les renseignements, ni le vécu pour cela. Mais au moins essayait-elle. Pas seulement pour le jeune homme devant elle, mais pour les autres aussi. Pour tous ceux dans la même situation. Car, sans comprendre, comment venir en aide ? Mais pour cela elle devait savoir, et cela… elle ne souhaitait pas s‘immiscer dans la vie privée et les souffrances des autres, elles ne lui appartenaient pas. C’était donc là que ses valeurs s’entrechoquaient, discrétion s’opposant au désir d’aider. Elle tressaillit néanmoins devant sa dureté, ses yeux clairs s’assombrissant légèrement. De tristesse. Parce que derrière la colère de cet homme, il y avait de la souffrance. Beaucoup de souffrance. Qu’il laissait l’envahir, le détruire. Plutôt que de lutter contre elle, il s’y abandonnait. Toutefois, il avait raison sur un point : elle était bien vaniteuse de croire qu’elle pouvait comprendre ce qu’il ressentait. Et au lieu de l’aider, elle le… elle l’offensait. Elle le blessait. Et elle s’affichait devant lui, libre, de l’autre côté des barreaux, le regard interrogateur et le cœur plein d’espoir et de chaleur. Avait-il vraiment besoin de cela ? Non, probablement pas. Plutôt de paix et de silence probablement. Encore que se vider l’esprit de la violence et les remords qu’il éprouvait pouvait également l’aider et si tel était le cas, alors la guérisseuse resterait. Subirait. Le secourrait à sa manière. Tant pis si les autres ne comprenaient pas. Après tout, ce serait quelques mauvaises minutes pour le repos d’un soldat. D’un officier, même, si elle avait bien compris ce qu’il disait. Les informations qu’il lui présentait étaient incomplètes et Ambre peinait à rassembler les pièces du puzzle, des questions naissant pour chaque réponse offerte.
- Excusez-moi, vous avez raison, je ne peux vous comprendre et savoir ce que vous ressentez. Ce que vous croyez ainsi, ce n’est pas vous qui pouvez le dire, mais vos proches. Se sentent-ils vraiment en danger ? S’ils sont les premiers concernés, alors à eux appartient le choix, n’est-ce pas ?
Sa voix était douce, et son regard mélancolique. Il était tellement triste de voir les gens s’offrir ainsi à la mort tandis que tant d’autres cherchaient en vain à l’éviter… Une si vieille âme dans un corps si jeune, semblait-il. Celle d’un homme ayant trop vu, trop vécu pour continuer à s’accrocher. Il y avait eu un temps où elle-même courrait dans les champs et cueillait les fraises des bois. C’était une époque désormais révolue. Et cet homme, avait-il vécu la même chose ? Connu la même douceur avant qu’un évènement inattendu ne fasse tout basculer ? Il y avait tant de choses qu’elle se demandait. Elle reprit la parole sans lui laisser le temps d’intervenir, de la même voix calme qu’auparavant et qui la caractérisait si bien. Certains se demandaient d’ailleurs si elle savait se mettre en colère, mais la jeune fille ne s’en rendait même pas compte.
- Un crime, que de vouloir le meilleur pour chacun ? Je ne crois pas. Si nous ne nous donnons ni les moyens, ni la volonté de réussir nos rêves et de voir se réaliser ce à quoi nous aspirons, nous ne pouvons rien faire. Si je sauve un enfant qui, plus tard, sera un criminel, je sais que j’en aurais aidé et secouru des dizaines d’autres qui ne le seront pas. Je ne peux pas prédire l’avenir, mais quand même le pourrais-je, rien n’indiquerait que je ne me trompe pas. Je ne peux refuser les soins à une personne simplement parce que cette personne est susceptible de faire le mal autour d’elle plus tard. Et quand bien même trouverais-je un tel être, peut-être changera-t-il grâce à cela, parce qu’il s’est rendu compte qu’il n’était pas seul, que des gens pensaient à lui et avaient placés leur confiance en lui. Peut-être avez-vous tué, vous-même, mais vous en avez protégé des dizaines d’autres. Epargné à des centaines, des milliers, une vie de douleur et de souffrance. Vous les avez mené, vous les avez guidés, avez tenté d’en secourir autant qu’il vous était possible de le faire mais ce n’est pas vous qui les avez tués. Ils avaient fait leur choix. Et ceux morts par votre main… Elle soupira, levant les yeux vers le plafond pourtant si dénué d’intérêt, songeant à quel point, malgré les paroles qui allaient suivre, elle souhaitait voir s’éteindre les guerres : vous avez protégé votre vie et celle de vos proches, de vos amis. Oh, la guerre est bien cruelle, mais ce n’est pas votre fait si elle a été lancée. Ceux à blâmer sont les responsables de ces luttes, pas les soldats souhaitant se protéger. Vous êtes meurtrier sans l’être, comme le sont les soldats.
Cela n’empêchait probablement pas le remord, mais il était tellement surprenant et illogique qu’un simple soldat puisse se tourmenter des jours durant pour s’être défendu alors que d’autres, comme le Prince Noir, s’en moque… C’était bien cruel. Tout l’était le fait que, finalement, rien ne pouvait légitimer la mort de quelqu’un par un autre. Mais une dernière chose l’intriguait, sur laquelle se porta soudain son attention tandis que son cœur s’arrêtait presque.
- La femme la plus admirable qui soit… Vous avez tué votre épouse ?
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| Sujet: Re: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Dim 3 Aoû 2014 - 19:09 | |
| La jeune femme avait cela pour elle, qu’elle n’insista pas en prétendant le comprendre. Combien de personnes étrangères au malheur des gens avait-il croisé au cours de sa vie, qui disaient aux victimes qu’elles les comprenaient et partageaient leur peine et leur douleur. Il s’agissait soit d’hypocrites, soit d’inconscients qui prétendaient tout savoir. Mais dans un cas comme dans l’autre, ces deux types insupportaient le Général. Lui savait ce que cela faisait de perdre quelqu’un ; c’était pour cela qu’il tenait toujours à connaître le nom et le visage de ces soldats. Certes, ce n’était pas toujours facile, quand ces derniers se comptaient par centaines, voire plus, mais Amyelenor faisait toujours tout pour les considérer comme des membres de sa famille. Il s’impliquait sans doute trop, car il savait que ses hommes étaient susceptibles de mourir à chaque instant. Il savait que, certaines fois, ce pouvait être la dernière fois qu’il les voyait. Mais Amy considérait que c’était la moindre des choses à faire envers eux. Et Ambre, donc, n’vaait pas cette espèce de "mensonge" en elle, et reconnaissait volontiers qu’elle n’en savait pas assez pour ressentir ce que lui-même éprouvait. Malgré qu’elle reste plantée là à lui parler, son degré de sympathie envers l’inconnue augmenta légèrement.
« Il est certaines fois, étrangère, où il convient de faire fi de ce que pensent nos proches, dit-il d’une voix neutre. Surtout lorsque l’on a la certitude d’être le danger. Alors non, le choix ne leur appartient pas. Pas celui-ci. Celui-ci est le mien, que je prends en connaissance de cause… Et tant pis s’il ne leur convient pas… Du reste, je suis persuadé que pour ce cas-ci, la question ne se posera pas. »
La jeune femme était une utopiste, une idéaliste. Cela s’entendait à son discours. Amyelenor le sentait, car il était comme elle. Du moins, il fut un temps où il l’était, en effet. Mais le passage des années, la longue suite de combats, avaient fini par changer tout cela. Il aspirait juste à créer un monde meilleur, quelles que puissent être les moyens employés pour y parvenir. Enfin, tout cela… Tout cela était du passé, car Néant avait justement fait de lui un criminel, comme ceux dont il reprochait à la demoiselle de sauver potentiellement la vie. Quelle ironie du sort. Devenir ainsi l’un de ceux qu’il avait juré de traquer et de détruire, tous ceux qui voulaient s’en prendre aux Kohan. S’il avait accepté la philosophie des Lames Rouges d’Amelian, s’il comptait parmi les siens des anciens membres de cette guilde, c’est qu’il avait senti que, pour eux, servir l’Empire était leur idéal. Et cette génération de Rouges n’avait jamais tué de Kohan. Non, les seuls à l’avoir fait étaient l’Usurpateur, un membre du Sang Impérial, et lui-même.
« Vous savez, jeune demoiselle, répondit le captif, un sourire sans joie sur les lèvres. Plus vous tuez de personnes en temps de paix, plus vous êtes considéré comme un horrible meurtrier. A l’inverse, en temps de guerre, plus vous tuez de gens, plus vous êtes considéré comme un grand héros. Mais n’allez pas vous méprendre, je ne regrette pas toutes les morts dont je suis responsable, au contraire. Non, mes regrets concernent uniquement mes hommes, mes frères d’armes, ceux qui étaient placés sous mon commandement. Des soldats merveilleux, ajouta-t-il par-devers lui. Et qui l’auraient en effet suivis jusqu’au bout du monde, connu et inconnu, s’il le leur avait demandé. Ceux-là… Je revois leurs visages la nuit. Ce sont mes fantômes à moi, les spectres de mon passé. Si j’avais donné un ordre différent, peut-être aurais-je pu en sauver plus. Je regrette ceux que j’ai envoyé se battre en sachant pertinemment que je les ai envoyés à la mort. Mais si c’était à refaire, je le referai, car c’était alors la seule solution, parfois. Des sacrifices inutiles, même si déchirants. Mais pour mes ennemis, par contre, continua le jeune homme. Je regrette de ne pas en avoir tué plus. Ces Alayiens… Je respecte leurs talents de combattants, mais je les tuerai sans pitié si je le pouvais. Cette menace doit être exterminée. »
Meurtrier sans l’être. L’idée, et la façon de la formuler, étaient élégantes, à n’en pas douter. Seulement, que ce soit pour la guerre ou pour le cas présent qui l’avait envoyé en prison, Amyelenor était bel et bien un meurtrier – même s’il accomplissait uniquement son devoir lors des batailles. Mais il semblait que l’on allait en venir au cœur du sujet. Les oreilles de son interlocutrice avaient retenu sa dernière phrase, et celle-ci avait éveillé sa curiosité. Fermant les yeux sous le coup de la vague de douleur qui le submergea à l’évocation de ce qu’il avait fait, Amy lui répondit doucement, mais d’une voix néanmoins claire, tandis qu’une brève image de Ninna passa devant ses yeux. Il devrait dire adieu à l’idée de la revoir, et de la prendre une nouvelle fois par le bras.
« Par chance, je ne suis ni père ni marié, alors j’épargnerai cette honte à mes enfants, commença-t-il. Non, cette femme, dont je suis l’assassin… Un diamant, une personne aussi éclatante que les étoiles, … Il s’agit de Son Altesse Esmelda Kohan, Princesse de l’Empire. » |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Sam 16 Aoû 2014 - 14:20 | |
| C’était triste, de voir combien les remords et la culpabilité pouvaient faire d’une personne un être se rabaissant, se haïssant. Il se croyait rejeté, méprisé, détesté, que ce soit par les inconnus ou ceux qui lui étaient proches. Mais il y avait toujours quelqu’un pour se souvenir de lui et espérer son retour tel qu’il était auparavant. Avant qu’un mystérieux évènement ne bouleverse sa vie et son esprit. Ici, dans ces prisons rebelles, le jeune humain qu’Ambre avait face à elle semblait exactement dans cette situation.
- Vous pourriez être surpris. Le propre de l’amour est de pardonner et de continuer à aimer, parfois même contre les pires douleurs. Il se peut que votre souhait de mourir, de vous éloigner des vôtres sans leur donner leur avis soit contre leur propre volonté, et leur cause plus de chagrin que tout ce que vous pourrez imaginer. Vous semblez vous en vouloir pour ce qui vous est arrivé, mais il se peut que vous ayez plus à leur faire perdre ainsi.
Elle s’arrêta quelques instants, observant le visage jeune aux traits tirés. Les yeux de l’homme emprisonné reflétaient chagrin et douleurs qui le vieillissaient considérablement. Il devait avoir un air fort noble, pourtant, une fois sorti de ce cachot. Il était un soldat de haut rang, après tout. Elle reprit la parole avant qu’il n’ait le temps de la couper, ne souhaitant pas se faire interrompre par les propos amers dont il semblait adepte. Elle voulait lui redonner foi et courage, non pas le laisser continuer à s’enfoncer.
- Je ne sais ce à quoi vous songez, quelles émotions vous étreignent, pas plus que je ne connais votre vie, aussi mes mots peuvent-ils paraitre vides de sens, mais je vous en prie, pensez à cela : il y a probablement plus de personnes qui vous aiment que vous ne le croyez, et votre mort pourrait leur causer le plus vif chagrin. Il vous appartient de décider que faire de votre vie, mais ne croyez pas tout perdu… Même dans les moments les plus sombres, il y a toujours quelque chose qui donne de l’espoir, il faut juste le trouver.
Même quand l’on est enlevé aux siens, même quand l’on voit d’autres êtres disparaitre et souffrir, même quand mourir semble une option si douce et si plaisante. La guérisseuse ne repensa qu’à cet instant au terme d’étrangère donné et, honteuse de ne lui avoir offert son identité, elle rougit légèrement en corrigeant cela. Pas de nom, pas de visage.
- Pardonnez-moi, je ne me suis pas présentée ; je m’appelle Ambre Orétoile.
Elle hésita à lui demander son nom également avant d’y renoncer : à lui de le faire s’il se sentait à l’aise, mais s’il préférait l’anonymat, tel était son droit. Au moins saurait-il à qui il parlait. C’était également une manière de le rassurer, nombreux étaient ceux qui souhaiter que leur interlocuteur se présente ; et, bien évidemment, cela restait une marque de politesse. Même si leur sujet de conversation n’était pas que politesse, il était bien plus profond que cela. Et les paroles du jeune captif étaient cruellement vraies, Ambre l’avait elle-même relevé plusieurs fois, pour son plus grand chagrin.
- Je sais, murmura-t-elle la voix un peu rauque. La vie et la mort sont considérées bien différemment selon le moment, la personne qui les étudies. Et pourtant, ils restent toujours égaux à eux-mêmes ; un être qui vit ou qui meurt. Les ennemis se considèrent comme bons, comme les défenseurs le font. Pourquoi l’un des deux devrait-il avoir plus raison que l’autre ? Mais il y a des familles, des valeurs, des peuples, des terres à défendre. Même si cela ne redonne pas la vie à ceux qui sont tombés et que nous regrettons.
Elle secoua légèrement la tête, le visage lourd de remords.
- Vous pleurez vos frères et vous en voulez du choix fait, moi je me maudis de n’avoir su sauvé plus de soldats et d’innocents que je ne l’ai fait. Vous avez fait ce qu’il fallait, sans doute, peut-être, mais vous ne le saurez jamais car aucun retour dans le passé n’est possible. Mais qui sait, peut-être en sauverez-vous d’autres en vivant ?
Elle y croyait. Ambre souhaitait de toutes ses forces le voir relever la tête, car il était le symbole de tous ceux qui avaient perdu espoir en ces heures pleines de sang et de peur. Néanmoins, désireuse d’en savoir un peu plus, elle s’enquit de la personne qu’il avait tué et qui lui donnait tant de remords ; son corps se figea en entendant la réponse tandis que ses yeux s’écarquillaient de surprise ; au moins savait-elle à qui elle avait affaire. La princesse Esmelda ? C’était donc lui ? Il était le dragonnier dont on parlait, le traitre à son peuple ? Pourtant de traitre il ne semblait pas en avoir l’apparence. Mais depuis que cela était arrivé aux oreilles de la guérisseuse, alors qu’elle était auprès d’une noble, cette dernière n’y avait qu’à moitié cru : tout le monde aimait la princesse. Il était impossible que ce soit l’œuvre d’un dragonnier. D’un alayien infiltré, peut-être, mais sans preuves.... Et à présent qu’elle se trouvait face au concerné, elle était plus que jamais persuadée qu’il ne l’avait pas fait volontairement. Capturant son regard, elle s’empressa de le détromper.
-Elle n’est pas morte, rassurez-vous. Elle a été blessée mais est en vie. Elle se remet doucement. Vous n’êtes pas son assassin.
Pauvre général… Au moins cette nouvelle lui mettrait-elle peut-être du baume au cœur. |
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| Sujet: Re: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Lun 18 Aoû 2014 - 17:04 | |
| Si le propre de l’amour était de pardonner, pouvait-il également pardonner la plus infâme trahison qui soit ? Amyelenor n’avait pas seulement retourné son épée contre la Princesse : en la tuant, il avait également détruit une confiance à laquelle il tenait plus que tout. Nul doute que si Son Altesse était encore en vie à cette heure, elle ne demanderait pas mieux que de l’envoyer à l’échafaud. La Princesse était une femme gentille, aimante, mais… Certainement pas au point de pardonner à son assassin. Elle était une Kohan, après tout, pas une Humaine comme les autres. Son Sang était bien plus précieux que celui de tous les Impériaux réunis. Son sang… Qui avait coulé sur le sol de ce qui aurait dû être pour elle un refuge. Dans cet état de choses, comment ne pas croire que le monde irait bien mieux sans lui ? Pourquoi cette femme cherchait-elle absolument à le détourner de ce qui devait être son destin ? Il savait pertinemment ce qui serait le mieux pour ses proches, il n’avait pas besoin de le leur demander. Ne pouvait-elle accepter cela ? Amy allait lui rétorquer qu’il était suffisamment âgé pour prendre seul ce genre de décisions, mais l’inconnue reprit la parole, comme si elle avait senti qu’il allait parler. Et peut-être cela était-il mieux, car ce qu’elle venait de dire le fit réfléchir. A qui manquerait-il, et à qui sa mort ferait-elle du mal ? Sa Majesté l’Empereur souhaiterait bien évidemment sa mort, et cela serait tout-à-fait normal. Beaucoup de ceux qu’il connaissait feraient pareil. Peut-être Ninna éprouverait-elle quelque peine, mais si elle ne voyait plus qu’en lui un régicide, elle foulerait aux pieds son souvenir. Luna… La petite Luna… Il valait mieux qu’elle l’oublie également, car après avoir subi une perte d’un proche, voilà qu’un autre d’entre eux se révélait être un assassin. Restait Atalos, son Lié. Sa mort entraînerait de facto la sienne, car il avait refusé de se séparer de lui. Atalos, qu’il avait juré de protéger… Allait-il faillir à ce serment également ? Son esprit cynique lui dit qu’après tout, il n’était plus à ça près, mais qu’en était-il réellement ? La mort d’Atalos serait un coup dur pour la Rébellion ; d’un point de vue stratégique, la cause perdrait un atout fantastique. Pourquoi diantre son écailleux avait-il refusé de le quitter ? N’avait-il donc pas vu où se trouvait son avenir ?
Le changement de ton éveilla de nouveau l’attention du prisonnier. Ambre Orétoile ? Amy chercha dans sa mémoire, mais le nom ne lui disait rien. Si elle était guérisseuse militaire, alors elle n’était pas sous ses ordres, ou n’y était entrée que récemment. Et si elle était civile, alors là… Cela faisait bien des mois qu’il n’avait plus eu aucun contact régulier avec ces personnes-là, hormis bien sûr les forgerons et autres armuriers, ou quelques spécialistes ici et là. Amyelenor hésita à lui dire son nom, ignorant que la jeune femme ressentait la même indécision quant à savoir si elle devait le lui demander, mais il y renonça finalement. A quoi bon ? Il serait bientôt mort, et son nom serait jeté dans les limbes de l’oubli, sinon conservé dans les annales de son Ordre comme étant celui d’un parjure assassin. Amyelenor Farkstein, Tueur d’Altesse. L’Épée Souillée, … Tant et tant de surnoms et d’appellations qui serviraient à le désigner, dans le seul but de ne plus prononcer son nom honni.
« J’aimerai avoir la même conception de l’espoir que la vôtre, Demoiselle Orétoile – vous avez un nom charmant, dit-il au passage, sur le même ton que s’il avait parlé de la météo à un passant. Car j’ignore où le mien s’en est allé. Et j’ignore si j’ai réellement l’envie de le retrouver. Quant à mes proches… Peut-être leur causerais-je beaucoup de mal en passant de vie à trépas, mais le temps leur permettra de m’oublier, et ils pourront passer à autre. Ce ne sera un mal – et encore, tout dépend de quel côté on considère ce "mal" – que sur le court terme. »
Un mal pour un bien. Cela résumait parfaitement son désir de quitter ce monde. D’aucuns pourraient y voir une fuite, et peut-être bien auraient-ils raison, en un sens, mais cela valait mieux pour tout le monde. Ici, en prison, il constituait une bouche inutile à nourrir pour les réserves de la Rébellion, et il ne serait jamais remis en liberté, pas après ce qu’il avait fait.
« Nous avons tous nos fantômes, qui viennent nous hanter durant les nuits, nous prenant au cœur de l’obscurité, et ne laissant au matin que le remord et l’amertume, répondit Amyelenor d’un ton qui s’était radouci malgré lui. Mais ne vous en voulez pas, vous avez sauvé autant de personnes que vous le pouviez. Et ne pleurez pas de n’en avoir pas tiré plus des griffes de la mort, car sans vous, tous auraient été condamnés à un trépas certain. Les guérisseurs sont précieux pour nous autres, militaires, et Dracos sait si nous aurions aimé en avoir plus à chacune de nos campagnes. Mais la principale différence entre nous, reprit le Général. C’est que vous, vous sauvez une personne, puis une autre, et encore une autre. Moi, j’achète la vie avec la mort, par mes décisions. Vous êtes une donneuse, ou une sauveuse, de vie ; moi, juste un… Commerçant, qui monnaye deux états de l’existence humaine. »
Et soudain, comme si tout ce qui s’était passé précédemment, tout ce qui s’était dit, n’avait jamais existé, éclata la révélation. Ce que disait Ambre ne se pouvait, c’était impossible ! Son coup était mortel, Son Altesse n’aurait pas pu y survivre. Se levant brusquement de la paroi sur laquelle il était avachie, Amyelenor se jeta sur les barreaux, qu’il agrippa, une lueur brillante dans le regard, voulant y croire, tout en le désirant pas.
« Son Altesse ?! Nous parlons bien de la même personne ? Vivante ?! Dracos soit loué, Dracos soit loué, elle est vivante. Vivante ! »
Cela était un signe, sa mort devait acheter la vie de Son Altesse ! Les Esprits avaient accepté le marché !
« Cela dit, reprit le jeune homme plus calmement, et en s’adossant contre la paroi. Cela ne change rien pour moi. Ceux qui lèvent la main sur le Sang Impérial, et a fortiori s’ils le font couler, sont punis de mort. Du reste, vous devez savoir qui je suis, si vos oreilles ont entendu les détails de cette sombre affaire. J’ignore comment on me qualifie désormais, mais je suis Amyelenor Farkstein, Général Rebelle, et Lame Noire… Ou du moins, l’étais-je, Demoiselle Orétoile. »
Dernière édition par Amyelenor Farkstein le Dim 7 Sep 2014 - 9:16, édité 1 fois |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Mer 27 Aoû 2014 - 19:03 | |
| Envie de retrouver l’espoir, c’était une idée pour le moins étrange. On ne pouvait tout simplement pas ne pas le vouloir, c’était une idée folle, absurde. Mais Ambre n’était pas suicidaire, elle ne souhaitait pas se laisser mourir, elle n’avait jamais, elle, perdu toutes ses raisons de vivre. Il y avait toujours quelque chose, quelqu’un, pour lui donner envie de continuer à faire ce qu’elle pouvait de mieux sur cette terre, de rester en vie en acceptant le reste. Il était facile de mourir, mais une fois mort, il n’y avait plus personne à aider. Elle croyait au courage de la vie, en la capacité de chacun de surmonter les épreuves qu’ils avaient pour devenir meilleurs et le faire sentir autour d’eux. Perdre l’espoir, c’était pire que perdre la vie : les morts ne choisissent pas toujours de l’être. Que le jeune homme ressente cela, c’était comme s’il s’était enfoncé dans des ténèbres dont il était presqu’impossible de revenir. C’était effrayant. C’était triste. C’était… un début de mort, une lente agonie vers les abîmes de la folie et du désespoir. Sans doute le mystérieux prisonnier tenait profondément à la personne qu’il avait blessé : un membre de sa famille ou son épouse, la jeune fille n’en savait rien.
-Vous ne pouvez pas savoir, murmura-t-elle en réponse. Peut-être songeront-ils à vous toute leur vie, leur âme hantée par votre souvenir et votre geste, par l’incompréhension, par le chagrin de l’abandon. Peut-être pleureront chaque nuit pendant des années en se souvenant de votre visage, peut-être même s’en voudront-ils à jamais de n’avoir su être à vos côtés pour vous soutenir et vous convaincre de ne pas les laisser ainsi. Oh, je ne le sais pas non plus, mais je connais la valeur du pardon et la puissance de l’amour, je sais que la haine ou la colère ne peuvent pas toujours les suppléer. Je ne suis pas vous, j’ignore ce que vous avez traversé, ce que vous ressentez, mais je vous en prie, ne lâchez pas prise. J’ai vu trop d’hommes, trop de femmes pleurer la mort de ceux qui leur étaient chers, ne rajoutez pas vos proches à cette longue liste.
C’était son choix, sa décision, on ne pouvait obliger une personne à vivre si elle ne le désirait pas mais le but était justement de rendre à ces désespérés l’envie qu’ils avaient perdu. C’était une tâche ardue et qui bien souvent échouait mais Ambre n’avait pas le droit de ne pas essayer. Pas le droit de l’abandonner ainsi seul avec ses remords. Qu’il lui crache au visage si cela lui chantait, qu’il lui hurle dessus s’il le voulait, qu’il se mure dans le silence s’il le désirait, elle essayerait jusqu’au bout. Pour lui. Pour elle et son esprit déjà torturé de trop nombreuses blessures. L’idée d’en rajouter une autre, un échec, encore, à cette longue liste lui broyait le cœur. Elle avait l’impression d’être inutile. Comme s’il avait lu ses pensées, son interlocuteur reprit la parole, cherchant à la réconforter dans sa tristesse. Oh, il n’avait pas tout perdu alors, il avait encore en lui la petite étoile qui souhaitait redonner aux autres leur sourire ; c’était là un fond d’optimisme appréciable et surprenant. L’ombre d’un sourire flotta sur les lèvres délicates lorsqu’elle finit par lui répondre :
-Toute économie a besoin de commerçants, comme tout pays a besoin de soldats tant que nous nous battrons les uns contre les autres. Ne vous en voulez pas de ce choix, vous protégez plus de personnes que vous ne le pensez, ainsi. Vous limitez le nombre de ceux qui seront blessés, et moi je tente de soigner ceux qui malgré tout en ont besoin. Soldats et guérisseurs sont complémentaires de cette façon.
Pas tous hélas, mais elle parlait de ceux qui défendaient leur peuple et la liberté ; eux avaient une cause légitime de prendre les armes, quand bien même Ambre estimait que la diplomatie devait primer sur la violence et, bien utilisée, pouvait régler tous les problèmes. Mais elle reconnaissait à ces guerriers protecteurs la légalité de leur action, au contraire de ceux ne souhaitant qu’envahir et piller. Et le Général Farkstein, puisqu’il s’agissait bien de lui, en faisait partie, quand bien même ne s’en estimait-il plus digne. D’ailleurs, Ambre avait une nouvelle à lui annoncer, quelque chose que visiblement, personne n’avait pris soin de lui dire ; peut-être aurait-il moins souffert en l’apprenant pourtant ?
-Et bien, je parle de la princesse Esmelda Kohan, la sœur de feu l’empereur Gregorist Kohan. Elle est vivante et, je le crois, hors de danger à présent. Il lui faut seulement se reposer.
Elle lui souriait à présent totalement, une lueur bienveillante dans le regard, heureuse de voir son soulagement et sa joie, n’ayant pas bougé d’un pouce malgré le réveil soudain du jeune homme ; à vivre avec les vampires, on s’habitue à tout. Cela ne dura hélas pas et Ambre fronça le nez en l’entendant, insatisfaite des paroles qui résonnaient dans l’air.
-Oui, je sais comment l’on vous appelle, Général. Je sais également que nombreux sont ceux qui pensent le plus grand bien de vous et qu’ils pensent qu’il y a une inconnue dans ce mystère. Je vous en prie, laissez à son Altesse la princesse décider de ce qu’elle veut, de votre vie ou votre mort ; c’est la sienne qui fut mise en danger, vous lui devez cela.
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| Sujet: Re: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Dim 7 Sep 2014 - 10:01 | |
| Pleurer les morts, tel était le credo des vivants. Il n’y avait rien d’autre à faire pour ceux que l’on avait perdus. C’était là une manière de se souvenir d’eux, de penser à ceux qui avaient été importants, un jour ou l’autre, dans notre vie. Pouvait-on les oublier ? Non, Amyelenor ne le pensait pas. Oh, on pouvait certes atténuer la peine et le chagrin grâce à l’action du temps, on pouvait faire semblant de ne plus se rappeler, mais la réalité était qu’au fond, il restait toujours une mémoire de ce qui avait été vécu avec cette personne. « La valeur du pardon et la puissance de l’amour », c’étaient là deux bien belles valeurs, le jeune homme en convenait, mais n’y avait-il pas un moment où elles étaient impuissantes ? Toute chose a ses propres faiblesses, quelles qu’elles soient. Et dans le cas présent… Même si lui considérait la Princesse Esmelda comme bien plus qu’une simple personne à protéger, cette dernière accepterait-elle de lui pardonner, si elle était encore vivante ? Il était conscient que Son Altesse l’appréciait, mais à ce point ?
« Je reste persuadé que le temps fera les choses, qu’ils finiront ou bien par se faire une raison, ou bien par rencontrer d’autres personnes qui leur permettront, sinon de m’oublier, du moins de ne plus être aussi touché que ce que vous me décrivez. Ainsi va le monde : certains disparaissent, d’autres continuent de vivre et d’avancer malgré leurs pertes. Et puis, si je ne lâche pas prise et m’accroche à l’existence, la Justice de mon Empereur me délivrera de ce fardeau qu’est la vie. »
Jamais Sa Majesté Korentin ne laisserait un tel crime impuni. D’ailleurs, Amyelenor était étonné de voir que son jugement prenait autant de temps à se faire. Atalos était-il derrière tout cela ? Essayait-il absolument de faire venir un Baptistrel, malgré le refus de son Dragonnier de se plier à une lecture de son âme ? Peut-être, son Lié était suffisamment têtu pour cela, et tellement protecteur qu’il ne laisserait pas le Général être exécuté sans rien faire. C’était cela que craignait Amy : s’il était reconnu coupable, comment réagirait son Dragon ? Mais dans l’immédiat, il devait garder ses pensées fixées sur la discussion qu’il avait avec cette jeune Guérisseuse. Il se surprit lui-même, en y repensant, en cherchant à remonter le moral de son interlocutrice qui, visiblement, regrettait elle aussi de n’avoir pu sauver tout le monde. Ses réflexes d’Officier proches de ses hommes, sans doute, qui continuaient de parler en lui malgré tout ce qui s’était passé, et son séjour prolongé dans les geôles Rebelles.
« Complémentaires… Oui, peut-être. Nous sauvons tout les deux des gens, mais par des voies et des méthodes bien différentes. J’imagine que nous faisons ce pour quoi nous sommes le plus doués. Le Cuisinier sauve également des vies, en un sens, en permettant de manger. Mais votre tâche est bien plus honorable, Demoiselle Orétoile. »
Lors d’une bataille, dans le feu de l’action, il était si dangereusement facile pour un soldat de commettre des actes cruels, que si la même situation se présentait dans des moments plus calmes. Il était si facile d’exécuter des soldats qui voulaient se constituer prisonniers, lorsque ces mêmes hommes avaient tués des frères d’armes de ceux à qui ils voulaient se rendre. Il était si facile de se venger, lorsque l’on avait une arme à la main, et la légitimité d’une cause à défendre. Facile… Ce mot, Amyelenor le détestait, pour tout ce qu’il permettait.
Ces funestes pensées furent toutefois entièrement effacées par les quelques mots que venaient de prononcer cette jeune Humaine, à savoir que la Princesse avait survécu, qu’elle était toujours en vie, et que ses jours n’étaient plus en danger. Une vague de joie intense, indescriptible, avait envahi le prisonnier à l’écoute de cette nouvelle. Il était soulagé, non pas pour son propre sort à lui, mais pour celui, préservé, de Son Altesse Esmelda. Elle allait vivre, vivre et continuer de faire honneur à l’Empire. Mais malgré le bonheur qu’il ressentait de nouveau, Amyelenor ne devint pas dupe quant à son avenir propre, et cela ne fut visiblement pas du goût d’Orétoile.
« Sachez que vos paroles et votre confiance me touchent, Demoiselle Orétoile, mais dans la présente affaire, un seul avis et une seule voix compteront. C’est à Sa Majesté Korentin qu’il appartiendra de décider quoi faire de moi. Son Altesse Esmelda pourra sans doute demander grâce ou, au contraire, de hâter mon exécution, mais seul l’Empereur aura le dernier mot. Inconnue, ou pas inconnue. » |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Dans les prisons rebelles, il y avait un prisonnier [Amy] TERMINE Mar 16 Sep 2014 - 18:31 | |
| Il était têtu, ce dragonnier, c’était un point qu’il était impossible de nier. Très têtu même. Ambre retint un soupir de frustration en l’entendant continuer à nier ce qu’elle lui disait pour s’accrocher à ses envies de mort. Un soldat se battait pour défendre la Vie, pourtant, c’était indéniable. Il avait beau tuer et retuer, le guerrier, le vrai, le valeureux, se devait de défendre des valeurs et des considérations nobles et pleines de bon sens, et non simplement des envies de conquête ou de sang versé. Il était tellement dommage qu’il ne voit pas tout cela ainsi mais s’enferme dans des sentiments de culpabilité qu’il ne devrait pourtant pas ressentir.
- Certes, mais l’amour que l’on porte à ses proches, c’est aussi savoir faire ce qui est possible pour qu’ils souffrent le moins, quelques soient les risques. Si eux l’acceptent, vous devez leur faire confiance comme ils le font.
Elle secoua doucement la tête, sachant pertinemment qu’il ne changerait pas d’avis ainsi, si aisément, simplement parce qu’elle le lui avait demandé. Non, il avait ses opinions et n’en changerait pas sur une simple discussion, et c’était bien normal. Peut-être, toutefois, qu’y réfléchir l’y aiderait. Il devait bien s’ennuyer, de toute facon, enfermé dans sa cellule sans pouvoir faire rien d’autre que de ressasser de mauvaises pensées. C’était bien là tout le problème de la solitude, d’ailleurs ; on réfléchit trop et, une fois partie vers les rivages des idées noires, difficile de leur échapper pour reprendre route vers des contrées intérieures plus heureuse. Et après tout, comment rester optimiste et avoir foi en la vie alors que toute chose, tout être semble brusquement braqué contre soi et cherchant son malheur ? Cela semblait impossible.
- Tant qu’il y a de la vie, Général, il y a de l’espoir ; vous avez peut-être plus de soutien que vous le pensez.
Après tout, ses hommes, ces soldats qu’il avait menés à la bataille et qui l’avaient suivi, ils devaient l’apprécier, si ce n’était tous, du moins une partie. Ambre savait bien que tous les commandants n’étaient pas aimés, mais elle savait aussi que s’il était incompétent, le meneur pouvait rapidement se retrouver privé de ses fonctions. Encore que… qu’en était-il d’un dragonnier ? Sans doute devait-il être plus délicat de le destituer de ses fonctions en sachant que l’on avait tant besoin de lui. D’ailleurs, pouvait-il réellement être condamné à mort ? Perdre un dragonnier, c’était perdre un dragon en plus d’un combattant. Et les rebelles ne pouvaient certainement pas se permettre de sacrifier leurs plus précieux atouts de cette façon, surtout si la faute n’avait pas été tout à fait avérée et que les circonstances de la blessure de la princesse n’étaient pas tout à fait claires. Un regard concentré posé sur le visage du jeune captif, Ambre esquissa un sourire en l’entendant parler de cuisine. Que n’aurait-elle pas donné pour un bon verre de lait au miel…
- L’honorabilité d’une fonction est tout à fait subjectif ; je trouve qu’être soldat pour sauver les siens, libérer son pays, épargner des souffrances est une bien courageuse et noble tâche, aussi dur soit le prix des sacrifices à payer.
Même les filles de joie, que beaucoup méprisaient ouvertement, n’avaient finalement pas de moyen de subsistance plus méprisable que les autres. Elles avaient le courage de faire ce qu’elles pouvaient pour survivre, et elles usaient de leur corps, bien qu’en des pratiques différentes, au même titre que les guerriers. Nul ne pouvait se permettre de juger la labeur des autres en ignorant ce qu’il vivait chaque jour et quelles avaient été les souffrances subies pour en arriver là et survivre. Car, finalement, chacun faisait comme son voisin : il essayait de vivre, du mieux qu’il le pouvait, avec ce qu’il avait.
- Je ne vous ferais pas changer d’avis, constata-t-elle à voix haute avec douceur. Toutefois, n’oubliez pas mes paroles, je vous en prie ; il y a bien plus de lumière autour de vous que vous ne le pensez. Enfin, pas dans cette cellule évidemment, grimaça-t-elle avec ironie.
Elle l’observa un dernier instant, espérant sincèrement qu’elle pourrait le revoir… libre. Et libéré de ses tourments.
- Je dois reprendre le chemin de la sortie, mais si vous avez besoin de quelque chose… n’hésitez pas à me faire mander. Que le Dracos vous aide, Dragonnier, et ne perdez pas espoir. La justice ne s’arrête pas qu’aux apparences.
Du moins le souhaitait-elle du fond du cœur. Après tout, Korentin Kohan était réputé être un homme juste, non ? Sur une dernière révérence, elle s’éloigna, songeant avec tristesse que ce ne serait ni le premier ni le dernier dans ces conditions.
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