Choix et conséquences [PV: Ashy, Esme] TERMINE

¤ Le retour ¤

« A.... Arrêtez !!! »

« Alors ? Où est ton cher Néant maintenant ? Alayien ! »

Un léger grincement se faisait entendre, le métal se contorsionnant. Un léger frottement se faisait entendre, celui de la peau et des écailles du dragon. Puis un craquement sinistre se fit entendre, suivit d'un dernier râle d'agonie. Un giclement se fit entendre, celui-ci du sang, s'échappant de toute part sous la pression. Le bruit de la pluie se fit entendre, celui d'une pluie de sang tombant durement au sol.

Un rire mauvais et rauque se fit entendre dans la trame spirituelle alors que le bruit d'un corps sans vie tombait mollement au sol, venant grossir le tas de cadavres. Combien en avait-il tué ? Dix ? Peut-être vingt ? Tous de la même manière. Cela avait été amusant, voir leur effronterie, puis voir leur désespoir, entendre leur supplique envers le Néant puis envers lui. Et finalement, le doux bruit de leurs os se brisant de concert sous sa poigne. Mais c'était fini maintenant, il n'y en avait plus. Un gémissement de douleur se fit entendre non loin, et un nouveau sourire éclaira le visage du dragon.

Lentement il tourna la tête, un Alayien de la troupe qu'il avait surpris, était encore vivant, agonisant au sol. Il fallait le libérer et vite de ses souffrances. Lentement le rouge tendit sa patte en direction du malheureux. Il le serra fermement dans sa poigne avant de le lever à sa hauteur.

« Néant vous détruira tous. Tous sans exception, vous les monstres que vous êtes ! »

« Ah ! Voyons voir dans ce cas, si elle va répondre à tes demandes ... comme à celle de tes frères d'armes. Aller prie ! Prie puis désespère face à la mort. Prend conscience de ta folie, laisse la peur et le regret te submerger. Parle ! Hurle ! Pleure ! Afin que Néant tout là haut t'entend et daigne te sauver la vie ! »

« Néant je suis ton humble serviteur... »

« Plus fort ! »

Le rouge commença à resserrer sa poigne autour du corps de l'humain qui lâcha un cri de douleur, crachant du sang. L'homme se remit à parler avec plus de difficultés.

« Plus fort ! Tu dois parler encore plus fort que tes frères d'armes avant toi, ou ton esprit ne t'entendra pas. »

Celui que l'on nomme Aile-de-mort resserra encore une fois sa poigne, entendant des os craquer sous la pression. Finalement, le disciple du néant hurla au secours. Un large sourire mauvais étira les lèvres de l'écailleux qui tua sa victime d'un coup d'un seul et le pressant dans sa main. Le sang gicla à nouveau à flots, venant tacher une fois de plus les pattes et le museau de l'enfant de l'orage. Lâchant, un soupire, il laissa tomber le cadavre décharner qui s'éclata au sol. Sa gueule bientôt s'alluma alors qu'il déversa un torrent de flammes sur le monceau de cadavres.

Cette besogne accomplie, Verith déploya ses ailes avant de rendre son envol. Dans les airs il regarda ses pattes. Elles étaient couvertes de sang, il aimait se napper de se voile sanguinolent lors de ses combats. Mais c'était extrêmement salissant. Il allait encore devoir trouver un lac, ou un point d'eau dans lequel se plonger pour se débarrasser de cela. Où se trouvait celui le plus proche ? À l'est ? Non... non celui qui était le plus proche se trouvait à Aigue, la ville située dans les profondeurs de la terre. Le rouge rechigna à l'idée d'aller là-bas, mais en s'y rendant il pourrait faire une pierre deux coups. Se nettoyer et retrouver tâcher de retrouver Ashy. Le dragon libre avait laissé suffisamment de temps à cette dernière pour glaner quelques informations depuis leur dernière rencontre. Il était temps de voir ce qu'il en était maintenant.

Virant dans les airs il se rapprocha l'entrée qu'il avait empruntée la première fois pour entrer dans la ville souterraine. Il savait que les tunnels seraient suffisamment grands pour le laisser passer puisqu'il avait lui-même agrandi ceux-là. Accélérant il rejoignit la ville. L'après-midi s'entamait alors qu'il commençait sa descente vers les entrailles de la Terre. En quelques minutes, le rouge se trouvait face à Aigue, les gardes une fois de plus se postèrent devant lui, terrifier, d'autant plus que le rouge arborait une mine encore moins accueillante que la dernière fois. Mais rapidement celui à la tête de cette bande de pétochard leur ordonna de se dissiper pour le laisser passer.

Verith entra dans cité souterraine se dirigeant vers le lac qu'elle accueillait. Alors qu'il s'apprêtait à y entrer pour se laver, une présence familière se pressa contre son esprit, lui arrachant un léger grognement.

Les moments passés avec Esmelda étaient toujours des plus appréciés par Ashy. Ils ne disaient pas forcément grand chose, mais dans ces moments la sa simple présence était suffisante. La jeune verte pensait d'ailleurs que ces moments étaient également appréciés par l'humaine, la sortant de son quotidien et des attentes des autres, lui permettant de juste être elle même et de dire ce que bon lui semble. Mais c'est le genre de choses qu'elle ne chercherait pas à vérifier, se contentant de profiter de ces moments tranquilles.

C'est d'ailleurs pendant un de ces moments reposants que la jeune dragonne détecta une présence familière... Rarement sentie, mais néanmoins familière par la nature de la personne détectée. Comme elle le fait souvent, Ashy s'était mise à étendre son esprit aux alentours, examinant ce qui ressemblait ainsi à une fourmilière, cherchant les quelque personnes qu'elle connaissait pour s’entraîner à reconnaître de plus en plus de monde.

Après tout, s'il fallait entraîner son corps et son souffle, pourquoi ne pas également entraîner son esprit ? Elle ne savait pas du tout si cela servait à quoi que ce soit, mais de toute façon ça lui permettait de savoir plus ou moins ce qui se passait en lui permettant de repérer les zones ou du mondes s’agglutinaient par exemple.

Et la justement, non seulement il y avait du monde qui agissait de façon inhabituelle, mais elle avait repéré l'un des responsables de la garde, qu'elle avait appris à reconnaître justement pour ce genre de situation, qui semblait faire mouvement hors de sa zone de patrouille habituelle. Le pourquoi ne mit pas longtemps à se faire comprendre, l'instant d'après elle percevait la présence de Verith à Aigue... La jeune verte se leva en regardant dans la direction de Verith, l'air un peu inquiète. Elle ne pouvait pas le voir d'ici, mais c'était surtout par réflexe qu'elle s'était tourné dans sa direction.

Le bon point, c'est qu'il n'y avait pas de cris ni de fumée ou autres indices qui laisseraient penser à un carnage. Venait il pour reparler de Dévoreuse comme il en avait été convenu quelque temps plus tôt ? Ashy tourna la tête pour observer Esmelda avant de l'informer de ce qu'elle venait de trouver.

"- Esmelda... Tu te souviens qu'il y a quelque temps, je t'avais dis que Verith, le dragon rouge, reviendrais pour savoir ce que j'avais appris concernant Dévoreuse ? Nous en avons parler plusieurs fois... Et bien il est de retour à Aigue à l’instant même, et je doute que ce soit par simple hasard. Je vais aller à sa rencontre, libre à toi de m'accompagner ou non... Mais si c'est bien Dévoreuse qui l’emmena ici, alors tu est probablement la première concernée..."

Après avoir attendu un peu pour écouter la réponse d'Esmelda, la dragonne se contenta de hocher la tête d'un air pensif, espérant que tout se passerait bien. Elle avait confiance en Verith sur le fait qu'il ne lui ferait pas de mal à elle tant qu'elle ne le chercherait pas, mais pour Esmelda,les choses étaient différentes... Elle était une bipède comme les autres après tout pour le grand rouge. Quoi qu'il en soit, seule ou avec Esmelda, Ashy avait déjà décidée d'aller à la rencontre du grand rouge. Ce n'était pas très difficile de savoir dans quel direction il marchait, aussi prit-elle directement la direction du lac puisqu'il semblait s'y rendre. En plus, ce n'était vraiment pas loin d’où Esmelda et Ashy étaient... Alors qu'elle approchait, elle envoya son esprit à la rencontre de celui de Verith.

"-- Bienvenu à Aigue, Verith, fils de Skade des tempêtes. J'espère que ça n'a pas été trop la pagaille quand tu est arrivé ? Les gardes t'ont laissés..."

Avant qu'elle n'ai pu terminer sa phrase, les yeux de la jeune verte s'ouvrirent en grand en voyant le grand rouge, couvert de sang. Cela dis, elle se rendit également rapidement compte qu'il ne laissait pas de traces de sang sur son passage et que l'odeur n'était pas trop prononcée, le sang devait déjà être sec et n'avait donc certainement pas coulé à Aigue. Cela dis, ce n'était certainement pas ce qui allait aider Esmelda à être un tant soit peu à l'aise... D'ailleurs, elle tourna la tête pour chercher l'humaine du regard et observer sa réaction...

La tristesse faisait maintenant partie de son lot quotidien. Le regard souvent ailleurs, un poids invisible sur ses épaules, un goût à rien sauf à suivre bêtement ce qu'on lui demandait de faire, sans réfléchir. A quoi bon le faire d'ailleurs, cela ne cessait que de la ramener à cette nuit où son cœur fut brisé à tout jamais. Aimer. Aimer s'était s'encombrer de sentiment qui finirait par vous anéantir. Et la princesse venait de s'en rendre compte. Car amour signifiait départ. Celui de son père, de son frère, de Morgane, et maintenant son aimé. Elle avait beau l'aimé, il partait quand même. Alors à quoi bon s'encombrer maintenant de ce sentiment ? Et pourtant, son cœur ne cessait de saigner et ses yeux de pleurer. La cage dorée avait beau s'être ouverte, le petit oiseau ne se sentait pas moins libre, tombé de haut, traînant sa peine, douce mélancolie qui ne la quittait plus. Marcher, avancer, pour qui ? Pour quoi ? Il ne restait que sa tristesse à peine dissimulé. Elle avait abdiqué. La jeune femme était posée là, comme un simple objet vivante, et pourtant morte de l'intérieure.

Le doux esprit d'Ashy la sortit de sa torpeur lors d'une de leur rencontre quasi quotidienne. La présence de la petite dragonne était un vrai réconfort. Simple présence, sans jugement, sans questions. Ashy était juste là. Et c'était tout ce dont avait besoin la princesse. Pas de paroles, pas de regards, juste une présence. Perdue l'innocence des derniers jours, restait simplement le poids des mots.
Le dragon rouge dont elle lui avait parlé il y a quelques temps était là, à Aigue. Ashy voulait le voir. La suivre ? Pourquoi pas. Qu'avait-elle à faire ? A perdre aussi ?

« -Je te suis. »

La suivant vers le lac, Esmelda ne fut pas au bout de ses surprises quand elle s'imaginait le dragon. Une sorte d'Atalos avec quelques mètres en plus. Mais ce fut un tout autre spectacle qui s'offrit à elle. Tout était triplé et même plus. Les yeux écarquillés, la jeune femme sentit une nouvelle boule se former dans son ventre.
Ashy parla la première. Ce qui valait mieux. La surprise chez une telle créature ne devait pas être qu'un petit sursaut.

Esmelda pensa fort en observant le dragon que les gardes auraient été bien fous de toute façon de chercher à lui entraver l'entrée. Parce qu'au vue de sa taille et force, de toute façon il aurait avancé voyant les hommes comme des moucherons, rien de plus.

La princesse avança en compagnie de la dragonne verte, mais en restant plus en retrait, la main sur les écailles, comme pour se rassurer face à la musculature qui était face à elle. En un rien il pourrait la faire voler contre les parois de la galerie. Que se soit conscient ou pas. Rien qu'en se retournant.
La princesse le détaillait du regard, impressionnée. Il y avait de quoi !! Pour elle, les dragons imposant c'était Atalos, voir le dragon noir qui était venu rendre visite à son frère. Certes un peu plus imposant au fil des années mais pas...ça. Une masse impressionnante, une montagne d'écailles, avec des pics, d'énormes dents et des yeux plus grands que des roues de carrosses. La jeune femme s'arrêta là, sa tête en l'aire se refusant à voir les griffes acérées.

Ashy faisait tout aussi ridicule qu'elle à côté de la créature.

« -Bo...bonjour Verith...noble dragon de fe...feu. »

Et de sang apparemment. Ses ailes en étaient immaculées, d'un sang sec et collant à ses fines membranes collées contre son corps. A cette vision, la jeune femme se rapprocha encore plus de la dragonne verte. Pourquoi avait-elle pas refusé de le voir ?

« -Je suis Esmelda, Esmelda Kohan. »

Inutile d'ajouter l'humaine qui a la bague que vous cherchez pour le moment, la princesse se demandait plus comment fuir de cette pièce. En un seul morceau de préférence, pour les blessures elle avait sa dose.

¤ Contact ¤

L'odeur du sang sécher lentement envahissait l'air autour de Verith. Douce odeur que celle-ci, bien que celui du sang chaud encore chaud et humide était plus agréable. Comme certains bipèdes qui, en mangeant, arrivaient à se mettre de la nourriture partout autour de la bouche, Verith lui se retrouvait sans cesse draper de sang lorsqu'il tuait ses créatures. Il n'y avait pas d'explication à cela. C'était ainsi, point. A chaque coup de patte, à chaque fois qu'il faisait couler le sang, celui-ci l'éclaboussait obligatoirement. Comme si le dragon rouge possédait un certain magnétisme envers ce liquide rouge si vital pour chacun. Au bord du lac souterrain de la ville souterraine du nom d'Aigue Royal, l'avatar de la l'ire s'apprêtait à se dévêtir de se voile macabre. Purifier son corps après les combats, voilà une chose qu'il faisait de plus en plus souvent après les combats. En même temps, il ne pouvait faire trois pas sans tomber sur des bipèdes et donc sans tuer.

Sa queue lentement dans son dos battait le rythme de sa colère. Se retrouver dans ce lieu, rempli de bipèdes qu'il ne pouvait malheureusement pas tuer en raison d'une promesse. Cela le mettait un peu en rage. Surtout de savoir que dans cette foule immonde se trouvait l'assassin de son frère. Surtout de savoir que dans cette foule immonde se trouvait des êtres connaissance la localisation de Dévoreuse. Ashy avait intérêt à avoir de bonnes nouvelles. À moins qu'elle ne décide de lui donner la localisation de la bague ou de ceux la connaissant. Ses griffes d'ébène griffèrent légèrement le sol à cette idée. Soupirant il approcha son museau de la surface aqueuse, son reflet immense apparaissant. Il allait y entrer. Oui il allait, c'était sans compter sur...

« Bienvenu à Aigue, Verith, fils de Skade des tempêtes. J'espère que ça n'a pas été trop la pagaille quand tu es arrivé ? Les gardes t'ont laissé... »

Un grognement peu accueillant s’échappa du rouge alors qu’il fit tourner ses orbes dorés en direction de la nouvelle venue… non… des nouvelles venues. Elle était venue avec un bipède cette fois. Ou plutôt une bipède. Le rouge retroussa légèrement ses lèvres dévoilant ses dents, signe de mécontentement, en voyant la jeune brune se presser contre la verte. Elle semblait terroriser et impressionner. Bah ! Il s’en moquait bien.

« Bo...bonjour Verith...noble dragon de fe...feu. »

Ses prunelles ardentes glissèrent de la dragonne à l’humaine, semblant la transpercer de toute sa l’ire et de toute son animosité. Même pas capable de parler sans bafouiller, piètre prestation. Qu’attentait-il des deux pattes de toute façon ? Rien. Il ne pouvait donc qu’être surpris qu’elle sache aligner plus de trois mots.

« Je suis Esmelda, Esmelda Kohan. »

Un autre grondement s’échappa du rouge, plus grave, tandis qu’il effleura de son esprit ancestral celui de la petite humaine. Kohan, tout comme celui du lié d’Ashy… cette famille était à la tête de l’empire des hommes. Finalement, de son esprit il toucha celui de la jeune femme, faisait raisonner en une cacophonie les sentiments qui l’accompagnaient. Il s’adressa à la dénommer Esmelda et uniquement à elle.

¤ Kohan hein ? Il n’y a que des bipèdes pour déchirer leur famille de la sorte. ¤

Verith lui cracha presque ses paroles avec dédain et dégout alors qu’il releva la tête en direction d’Ashy. Une lueur légèrement réprobatrice dans celui-ci.

« Il semblerait que celui qui dirige la garde est bonne mémoire … à moins que cela ne soit juste son instinct de préservation face au danger. Quoi qu’il en soit, il a vite dissipé ceux qui se trouvaient sur mon chemin. »

Celui que les bipèdes nommaient Aile-de-Mort déplia quelque peu ses ailes avant de s'avancer dans le lac. Sa patte se posa sur la surface aqueuse la troublant avant de soulever vague qui s'échoua sur la berge. Il progressa entrant dans celui-ci, alors que l'eau pourtant claire et limpide venait se tacher d'une sombre couleur pourpre. Sa queue fouetta bruyamment l'air alors qu'elle aussi vint se noyer dans le lac, Verith disparaissant petit à petit dans celui-ci, ne laissant derrière lui que son manteau de sang comme signe de son passage. Mais bientôt il fit résonner à voix spirituelle.

« Ce sang ne provient que de quelques bipèdes adeptes du Néant avec lequel je me suis amusé. Je n'ai pas encore laissé ma colère frapper les villages de ces créatures qui occupent la terre des dragons si cela peut te rassurer. À vrai dire beaucoup sont vides puisque leurs occupants se sont rendus ici. Dommage... »

Le rouge finit par disparaitre totalement sous l'eau, attendant que celle-ci le lave. Au bout de quelques instants, il ressortit la tête de l'eau, soulevant cette dernière qui se mit à dégringoler de lui comme une cascade alors qu'il retourna vers la berge. Finalement débarrasser de son accoutrement macabre, des gouttelettes d'eau ruisselaient sur ses écailles grenats, luisant légèrement sous la lumière bleutée qui éclairait les grottes de cette cité souterraine.

« Mh, je me disais bien que je connaissais le visage de cette bipède. Alors ? Pourquoi l’as-tu fait venir Ashy ? Tu ou elle pense pourvoir m’amadouer avec des citrons ? Ne faites pas l’erreur de m’insulter de la sorte. »

Verith sorti de l’eau grondant à nouveau, ses griffes d’ébènes venant creuser des sillons dans le sol. Sa queue fouetta à nouveau l’air arrosant sa gauche d’une légère pluie.

« Ah moins que tu n’ais décidé de me livrer un de ceux qui savent où se trouve Dévoreuse ou savent comment la détruire ? Je m’interroge. Vas-tu réussir à m’impressionner comme tu désirais le faire ? »

Sa voix était légèrement moqueuse et provocatrice alors l’enfant de l’orage finit par se poster face à ses deux interlocutrices, les toisant de son regard doré. La gueule du dragon commença soudainement à s’illuminer, mais il la referma, semblant avaler son feu. L’eau sur ses écailles se mit légèrement à bouillir avant de se transformer en vapeur, se délestant de ce poids.

« Ah moins que se ne soit elle que tu utilises comme objet pour entrainer ta queue. »

Esmelda avait l'air un peu hésitante et apeurée, mais elle s'avançait quand même pour saluer Verith. Avec de la chance, le plus dur était fait... Il fallait juste espérer qu'elle soit la, cette chance.

- Je suis Esmelda, Esmelda Kohan.

Ha, un peu plus de tonus dans la voix, même si ce n'était pas encore ça... Mais au moins, Ashy savait qu'Esmelda ferait face Pour le moment en tout cas. Elle n'en avait d'ailleurs jamais doutée, mais en avoir confirmation était tout de même un plus...

"– - Il semblerait que celui qui dirige la garde ait bonne mémoire … À moins que cela ne soit juste son instinct de préservation face au danger. Quoi qu’il en soit, il a vite dissipé ceux qui se trouvaient sur mon chemin."

Ce n'était pas étonnant, Ashy avait bien pris soin d'avertir tout les chefs de patrouilles qu'un dragon rouge immense allait revenir d'ici quelque temps et que, surtout, il fallait le laisser passer et s'arranger pour que personne ne lui bloque la route. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il se dirige vers le lac, mais au moins ses instructions semblaient avoir été suivies...

"– - (…) À vrai dire beaucoup sont vides puisque leurs occupants se sont rendus ici. Dommage..."

Ha, avec la guerre qui sévissait et les choix politiques de Fabius en même temps, ce n'était pas tellement étonnant... Cependant, le fait que des villages entier viennent ici posait un problème de sécurité, un espion n'aurait probablement aucun mal à se fondre dans la foule... Mais pour le moment ce n'était pas la préoccupation première.

Le grand rouge s'enfonça alors doucement dans le lac, donnant peu à peu à l'eau la couleur de ses écailles. Elle allait lui parler quand Verith s’immergea totalement. Cela n'aurait empêché ni Ashy ni Verith de communiquer, mais il semblait peu opportun de déranger le dragon de l'ire pendant son bain... A la place de parler à Verith, la jeune verte se tourne donc vers Esmelda qui s'était rapprochée tout près d'elle.

"– Il est grognon et, de ton point de vue, il peut paraître arrogant je suppose, mais il a juste des valeurs différentes de ce qu'on connaît, ayant grandis sur un continent ou il n'y avait aucun bipèdes et des dragons par légions. Je ne dis pas qu'il a raison, mais le choc culturel entre deux continents sans liens est forcément énorme... Et j'ai peur que l'on ne puisse pas changer sa façon de penser de façon très importante... Il faudra faire avec... Mais ça devrais aller, malgré tout il n'est pas vraiment mauvais... Enfin, disons qu'il tiens sa parole quand il la donne..."

Malgré les actes de Verith, Ashy n'arrivait pas à le voire comme un être malfaisant... Du point de vue d'un bipède pourtant, elle se rendait bien compte qu'il pouvait être comparé à un monstre sanguinaire, mais pour Ashy c'était avant tout un dragon qu'elle commençait à apprécier malgré tout...

Entre temps, Verith était ressortis de l'eau en prévenant que des citrons ne suffiraient pas à l'amadouer... Et bien il ne sait pas ce qu'il manque ! Quelque citrons devraient suffire à résoudre nombre de conflits de base et à rendre de bonne humeur ! Mais peu importe, s'il ne voulait pas de citrons, Ashy se ferait un plaisir de manger sa part ! Même s'il n'avait pas vraiment de part...

Quand à "livrer" ceux qui ont Dévoreuse... Ce n'était pas exactement le plan prévu, mais ça s'en rapprochait un peu... Elle n'avait cependant pas trouver le moyen de détruire cette chose. Au moins Dévoreuse étaient elle cachée dans ce coffret qui la rendait inerte...

Ashy allait répondre quand la gueule du grand rouge s'illumina. Ashy commençait déjà à de placer devant Esmelda pour tenter de la protéger d'un éventuel feu envoyé dans sa direction quand le museau flamboyant se referma brusquement. L'instant suivant, l'eau recouvrant ses écailles semblait se vaporiser, laissant Verith presque aussi sec que s'il n'était pas entré dans l'eau.

La jeune verte le regarda un instant avec des yeux si rond qu'on pourrait se demander s'ils n'allaient pas tomber de leurs orbites. Il fallait absolument qu'elle apprenne à faire ça ! En le regardant faire, ça avait l'air plutôt facile à faire en plus, même si en pratique c'était probablement plus épineux...

"– - Ah moins que se ne soit elle que tu utilises comme objet pour entraîner ta queue."

La vois du grand rouge tira à nouveau Ashy de ses rêvasseries. Elle tourna la tête rapidement vers Esmelda avant de regarder à nouveau Verith avec tellement de pensées différentes qu'il était probablement bien difficile de lire dans son regard.

"– - Esmelda n'est pas un objets voyon ! Je ne veut pas risquer de la blesser en m’entraînant... Depuis quelque temps j'utilise des moutons pour faire ça, et à force je pense commencer à être plutôt habile ! Enfin, comparé à la dernière fois qu'on s'est vus du moins..."

D'ailleurs, le nombre de vases brisés lors de son passage avait également diminué. Pas de beaucoup, mais c'était déjà un début, preuve que la jeune verte maîtrisait un peu mieux sa queue en permanence... Ou simplement que ceux qui devaient remplacer la casse en avaient mares et qu'il y avait moins d'objets fragiles, donc moins de casse...

"– - Ho, et j'ai aussi entrainé mon souffle ! Je ne vois pas vraiment de differences par rapport à avant par contre... Mais c'est peut être juste trop progressif pour être remarqué... Par contre, regarde !"

La jeune verte se mit à loucher, regardant le bout de son museau, la tête toujours tournée vers Verith. Après quelque secondes, une gerbe de flammes se mit à sortir des naseaux d'Ashy comme l'avait fais Verith lors de leur dernière rencontre. Ce n'était au final pas grand chose, mais Ashy semblait très contente d'elle.

Cependant, un regard en direction d'Esmelda lui rappela que des choses plus importantes devaient êtres discutées, et il était inutile de lui infliger une rencontre avec Verith plus longue que nécessaire... Elle pourrait peut être lui parler une fois les points importants réglés après tout. Elle repris donc aussitôt la parole sur un ton un peu plus hésitant.

"– - Heu... Enfin bref, ça peut attendre je crois... Tu a parlé de Dévoreuse. Je ne te l'ai pas apportée et je ne sait pas comment la détruire... Par contre, je sait qui peut nous y aider. Esmelda viens ici pour nous aider, de son plein grès... Je ne veut rien imposer, de toute façon ce serait futile, mais j’appréciais que tu me donne ta parole que tu ne fera pas de mal à Esmelda... Sauf si elle t'attaque ou autre si cela peut te rassurer, mais j'apprécierais vraiment... Je suppose que ça ne va pas te faire plaisir, mais Esmelda en sait probablement plus long sur Dévoreuse que toi ou moi, et que bien du monde... Mais je pense qu'il vaut mieux que je la laisse en parler elle même..."

La princesse chercha à se défendre face au dragon et ses propos erronés sur elle. Comment pouvait-il la juger ainsi en ne la connaissant pas, sans même un mot adressé pour lui ou à peine. Esmelda le comprendrait quelques instants plus tard quand Ashy lui expliquera qui était Verith.

« -Je ne suis pas ici pour amadouer qui que se soit. Et je n'ai en plus aucunement la prétention de le faire auprès d'une créature tel qu'un dragon. »

Pas sûr que cela change l'opinion du grand dragon sur elle ou les siens, mais qu'importe cela était dit. Mais au moins, il semblait tenir à sa parole et ses mots.

« -Au moins sur ce point, lui et moi nous ressemblons. »

Mais ce n'était pas pour autant que la jeune femme quitta les écailles de la petite dragonne. Rassurante Ashy face à cette montagne se lavant dans le lac. Elle ne regarderait et ne mettrait plus les pieds dans cette eau fraîche de la même façon maintenant. Puis s'il savait. S'il se doutait qu'au fond se cachait l'objet de son désir, tapis et caché dans son écrin, à l’abri des convoitises et des méfaits des uns et des autres. La jeune femme laissa son esprit revenir au présent et à la discussion concernant les informations de cette bague, mais avant tout, il fallait éclaircir un point.

« -Moi attaquer un dragon ?? Je vous respecte trop, puis quand bien même. On se rit déjà de moi quand je veux attaquer un soldat... »

La jeune femme fit un petit sourire complice à la petite émeraude avant de s'adresser au grand dragon qui finissait de se laver les ailes.

« -Mais je peux en effet vous aider pour cette maudite bague. Vous dire ce que je sais d'elle. Je vais tâcher d'être fidèle à ce que j'ai lu. Il y a quelques mois, presque une année, un grimoire a été découvert près du village de Feusacré. Un livre ancien écrit par un de mes ancêtres. Verith dragon rouge venu d'ailleurs, je puis vous raconter cette histoire plus facilement si vous voulez voir dans mon esprits et mes souvenirs. »

Esmelda lui laissa voir dans son esprit, au travers de ses souvenirs, l'arrivée du grimoire et de l'armée, après la bataille. Ce qu'elle avait pu lire des écrits d'Alderick Kohan, sa rencontre avec Dracos, la magie s'affaiblissant, sa folie, le voyage au delà des mers et la bague : Dévoreuse. Qui devait le sauver. Esmelda lui donna la garde de son ancêtre de ne jamais se rendre là bas, car seule la mort y régnait. La jeune femme continua avec ce dont elle se souvenait, la création du Dracos et la folie dont cet ancêtre sombra avec violence et un chaos indescriptible. Et enfin Esmelda lui indiqua les effets de cette bague avant de baisser la tête, les yeux embrumés de larmes.

« -Je peux comprendre que cela n'arrange en rien votre vision sur les bipèdes. Mais tous n'ont pas à cœur la puissance et le pouvoir, et encore moins de voir une telle chose se reproduire. Cette bague est un poison qu'il faut faire taire à tout jamais. Mais pas par vos soins noble dragon. Et votre force et votre magie ne sont rien en cause. »

En même temps, il ne fallait pas être stupide ou aveugle pour en douter, mais la magie, cette magie semblait dépasser celle des dragons, celles des meilleurs mages, voir même des deux ensembles.

« -Mais la malédiction de cette bague, si. »

Et Esmelda se sentait responsable de ce que cette bague ferait. Son ancêtre avait causé de nombreuses souffrances, l'Esprit de la Mort lui avait fait confiance, alors non, elle ne laisserait pas cette bague et quiconque refaire les même erreurs. Même cela voulait dire perdre beaucoup, énormément. Mais, ne fallait-il pas savoir faire des sacrifices pour le bien de tous ? On lui reprochait de penser qu'à elle et ses plaisirs... encore une erreur la concernant.

¤ Colère ¤

Le dragon venait de sortir du lac, y laissant une tache aussi rouge que ses écailles. Celle-ci devrait se dissiper au fur et à mesure. De toute manière ce n’était pas le problème de Verith. Cette terre était celle des dragons, il était un dragon, donc elle était sienne. Et tant que personne n’arriverait à le battre ou lui faire entendre le contraire, il en serait ainsi. Sa gueule s’illuminait de ses flammes avant qu’il ne les avale. Sa température augmenta et rapidement le manteau aqueux contre lequel avait troqué un manteau de sang la légendaire créature un peu plutôt commença à s’évaporer. Il s’amusa presque de la réaction d’Ashy. Décidément cette petite ignorait beaucoup de choses au sujet de ses propres capacités. Si seulement elle n’était pas née auprès des bipèdes. Tant pis.

Les deux frêles créatures répondirent ensuite presque simultanément. La dénommer Esmelda se défendait de ne vouloir amadouer quiconque et surtout pas un dragon et de n’avoir aucune prétention de le faire. Hum, il pourrait presque la croire, si elle n’avait jugé utile de s’en défendre avec force dans sa voix. Cherchait-elle uniquement à se défendre elle ? A défendre les siens ? Où à se détacher des autres bipèdes. Peut-être qu’Ashy et l’humaine c’étaient coordonnées pour tenter de lui prouver la phrase que tous les liés n’arrêtaient pas de lui rabâcher « tous les bipèdes ne sont pas pareille. ». Ils étaient têtus, mais Verith l’était encore plus.

Reportant son attention sur Ashy, il sourit presque en la voyant cracher des flammes par ses naseaux. Si seulement ce qu’elle apprenait, ce qu’il lui apprenait et faisait découvrir, n’était pas mis au service de son lié un jour. Soupirant intérieurement il chassa ses pensées de son esprit. Il allait sans doute être mis bien assez en colère pour cette conversation pour en rajouter lui-même.

« Moi attaquer un dragon ?? Je vous respecte trop, puis quand bien même. On se rit déjà de moi quand je veux attaquer un soldat... »

« La plus insignifiante des choses peut à tout moment devenir un redoutable danger. Vous bipèdes êtes une chose insignifiante. Vous êtes faible, méprisable, quand bien même vous pourriez être une armée face à moi, je vous écraserais sans la moindre difficulté. Néanmoins, malgré tous ses défauts, vous êtes un danger, un danger immense pour ma race et un danger que je détruirais. Vous vous liez à nous, vous nous corrompez, vous semez le trouble et la zizanie en notre propre race. Si bien que nous nous combattons et nous entretuons pour vos insignifiantes causes, vos insignifiantes guerres. Pourquoi les dragons sont-ils partis d’après toi bipèdes ? Nous aurions mieux fait de vous anéantir quitte à sacrifier certains des nôtres. Le nombre de nos morts aurait été bien moins important que si nous vous avions laissé vivre. Heureusement que cette erreur peut encore être rectifiée. »

L’avatar de la l’ire fusilla du regard Esmelda, une aura meurtrière s’échappant de lui. Il l’aurait tué, il aurait pu la tuer, s’il n’en avait été autrement, s’il n’avait pas fait cette fichue promesse. Le rouge laissa planer un silence et la petite bipède reprit la parole, parlant de Dévoreuse. Celle-ci lui proposa d’aller puiser les réponses dans son esprit. Le rouge frappe le sol outré par cela, qu’il prenait comme une insulte.

« Plonger mon esprit dans le tien ? Que pourrais-je bien y voir mis à part la putréfaction qui y règne ? »

Le rouge sentit le regard de la petite verte peser contre lui et il braqua son regard en sa direction affichant clairement ce qu'il pensait sur l'instant. Il avait prévenu qu'il ne tuerait nul bipède tant que ses intégrités physiques et mentales ne souffraient d'aucune atteinte. Et ces atteintes restaient à sa propre interprétation. Que la jeune dame tente quelque chose et le rouge la balayerait sur le champ. Grondant il finit par retourner ses pupilles en direction d'Esmelda. Soit, puisqu'elle le voulait. Verith vint percuter sans retenue la bipède de son esprit ancestral et y arracha ce qu'elle lui offrait.

Ce qu'il y vu, ne lui plaisait pas. Bien évidemment, comme si quelque chose plaisant pouvait venir d'un bipède.

« Je peux comprendre que cela n'arrange en rien votre vision sur les bipèdes. Mais tous n'ont pas à cœur la puissance et le pouvoir, et encore moins de voir une telle chose se reproduire. Cette bague est un poison qu'il faut faire taire à tout jamais. Mais pas par vos soins noble dragon. Et votre force et votre magie ne sont rien en cause. Mais la malédiction de cette bague, si. »

« Tait toi hypocrite ! Tes propos ne font qu’insulter les dragons. Dévoreuse est un objet ne pouvant être typiquement utilisé que par les bipèdes. Penses-tu que je serais assez stupide pour la laisser une seconde de plus entre vos mains et ceux peu importe vos soi-disant bonnes intentions ?!! »

Verith frappe de son poing contre le sol qui tremblait, sa queue fouettant dans l’air, rugissant sa rage qui se répercuta sur les parois de la cavité.

« Tous n’ont pas à cœur la puissance et le pouvoir ? Ils ne veulent pas voir une telle chose se reproduire ? Dans ce cas, pourquoi cela a-t-il été à nouveau le cas ?! Ashy a subi l’œuvre de cette aberration ! Vous êtes mauvais par nature bipède. Vous êtes un mal, vous êtes un fléau pour tout ce qui existe. »

Le rouge se remit droit se calmant quelque peu, dressant la tête, toisant la petite bipède du regard.

« Ton ancêtre, Alderick Kohan l’a utilisé. Cet homme nommer Fabius Kohan l’a utilisé. Ta lignée est l’incarnation même de la malveillance des bipèdes ! Tu l’utiliseras toi aussi, ou à défaut tu la cacheras tel un trésor afin que personne d’autre que toi ne puisse l’avoir, l’utiliser. Mais un jour son pouvoir te corrompra l’esprit et fera ressortir la véritable nature du bipède que tu es. Ce n’est qu’une question de temps. »

Le dragon leva sa patte pourvue de griffes couleur d’ébène.

« Vous sous-estimez la puissance des dragons. Tu dis que ce n’est pas à nous dragon de la faire taire, tu penses que nous ne pouvons pas y arriver ? Il y a plus d’un moyen de tuer une chose. Si je ne peux la détruire, alors je détruirais les êtres capables de s’en servir. C'est-à-dire vous. Dévoreuse mourra alors d’elle-même, de par son inutilité, son impossibilité d’agir. »

Pointant une griffe en direction de l’humain il la transperça du regard.

« Vous ne savez rien de nous. Vous avez abusé de notre gentillesse et de notre bienveillance. Nous vous avons laissé plus d’une chance. Vous êtes définitivement irrécupérable. Alors si vous voulez réellement vous racheter, si vous voulez réellement montrez qu’il y a du bon en vous. Simplifiez-moi la tâche et mettez fin à vos jours de vous-même avant que mes griffes ne s’en chargent. »

- Moi attaquer un dragon ?? Je vous respecte trop, puis quand bien même. On se rit déjà de moi quand je veux attaquer un soldat...

Il était effectivement difficile d'imaginer Esmelda attaquer qui que ce soit... Mais parce qu'elle serait forcément trop faible pour le faire, mais juste parce que... Et bien parce qu'elle est Esmelda ! Bien entendu, tout le monde change, mais Ashy ne voyait vraiment pas la jeune humaine s'ataquer volontairement à quelqu'un...

Mais Verith, lui, ne la connaissait pas... Et encore une fois, répondant à Esmelda, il prouve qu'il ne fait aucune distinction entre un bipède et... Et bien un autre bipède... De toute façon, il avait beau être fort, il ne pourrait jamais exterminer les Elfes et les Humains. Ils étaient trop nombreux et avaient des armes autres que Dévoreuses... Peut être pourrait il en tuer beaucoup s'il le voulait, et certainement d'ailleurs beaucoup ont déjà été exterminés entre ses griffes... Mais tous ? Non, c'était impensable...

Esmelda lui proposa alors de lui montrer directement dans ses pensées ce qu'elle savait sur Dévoreuse. C'était une bonne idée... Au moins, Verith saurait qu'elle ne cherchait pas à modifier les choses à son avantage ou à mentir sur certains points.

"-- Plonger mon esprit dans le tien ? Que pourrais-je bien y voir mis à part la putréfaction qui y règne ?"

Ashy observa Verith avec agacement. Esmelda lui offrait les connaissances qu'elle avait sur Dévoreuse, et tout ce qu'il trouve à faire, c'est l'insulter et refuser ? Sa haine des bipède dépasserait elle donc son désire de détruire Dévoreuse ? Leur regard se croisa un instant, regard qu'Ashy s'efforça de maintenir. Finalement, quel qu'en soit la raison, Verith se tourna à nouveau vers Esmelda en acceptant sa proposition.

Une nouvelle fois, alors qu'Esmelda lui avait parler sans aucune forme de provocation ou d'agression, Verith se montra insultant envers elle, s'énervant tout seul alors qu'Esmelda avait simplement envie de l'aider dans sa quête de détruire Dévoreuse... Le manque de sagesse dont le grand rouge faisait preuve stupéfiait Ashy... Elle savait bien qu'il détestait les bipèdes en général, mais Esmelda n'avait absolument rien fais pour attirer son venin et sa hargne !

Ashy se contenta d'écouter Verith sans interrompre, frottant doucement son museau contre le bras d'Esmelda pour lui apporter un peu de réconfort comme elle le pouvait. Cette rencontre risquait de placer ses nerf à rude épreuve... Mais Ashy serait la pour la soutenir comme elle le pourait, elle ne laisserait pas Esmelda sans soutien.

A nouveau, Verith se mit à reprocher à tout les bipèdes les méfaits dont seul une poignée sont coupables. Sa façon de raisonner avait une certaine logique, mais malgré tout elle n'avait aucun sens... Tuer tout les bipèdes n'était pas une solution envisageable pour "détruire" Dévoreuse, d'autant plus qu'ils sont peur être les seul à pouvoir véritablement briser l'objet maudis.

"-- Vous ne savez rien de nous. Vous avez abusé de notre gentillesse et de notre bienveillance. Nous vous avons laissé plus d’une chance. Vous êtes définitivement irrécupérable. Alors si vous voulez réellement vous racheter, si vous voulez réellement montrez qu’il y a du bon en vous. Simplifiez-moi la tâche et mettez fin à vos jours de vous-même avant que mes griffes ne s’en chargent."

"-- Exterminer trois races n'est pas une solution viable pour détruire Dévoreuse... Quand bien même un grand nombre seraient tués ici, les Alayiens sont la preuve que d'autres bipèdes vivent sur d'autres continents, tout comme les dragons... Peut être que le lien qui m'unis à un bipède me rend vulnérable, peut être qu'il me prive de certaines libertés... Mais il m'apporte aussi des choses que tu ne connaîtra jamais. De plus, il ne me "prive" pas vraiment de mes liberté, personne ne m'interdis de faire quoi que ce soit, c'est entièrement mon choix de rester ici auprès de Korentin, d'Esmelda et de tout les autres bipèdes que j’apprécie. De même il y a certains humains que j’aimerai tuer tout autant que toi, comme Fabius, celui qui a utilisé Dévoreuse... Tout les humains ne sont pas pareil, et encore bien moins tout les bipèdes."

Ashy poussa un soupire, regardant Esmelda d'un air triste avant de reprendre.

"-- Tu t'en prend à Esmelda alors qu'elle n'a jamais rien fais qui puisse te porter préjudice, qu'elle cherche à nous aider à détruire Dévoreuse... Pourquoi ne peut tu pas, à défaut de lui montrer un minimum de respect, au moins communiquer avec elle de façon neutre ? Cela ne te coûterait rien... Quand à ton idée de détruire tout les bipèdes uniquement pour tuer Dévoreuse... Désolé, mais c'est une idée absurde. Quitte à empêcher les bipèdes de s'en servir, il serait bien plus simple de tout simplement l'emporter sur le continent d’où tu viens, tu ne crois pas ? Jamais un bipède ne pourrait aller s'en emparer la bas. Et si un dragon est capable de détruire Dévoreuse, alors c'est aussi la bas que cela a le plus de chances d'arriver."

Si Esmelda avait déjà eu peur...eh bien ce n'était rien face à aujourd'hui, en cet instant face au grand dragon. Son cœur battait à tout rompre, à une vitesse folle, et pas de la façon dont elle aimait qu'il batte. Puis il faisait chaud, une chaleur vive et diffuse dans tout le corps. Pourtant les galeries d'Aigue n'étaient pas ce que l'on pouvait dire chauffer. Mais la jeune femme avait chaud, très chaud. Et ses mains moites sur Ashy renforçaient cette impression. Sans quitter du regard le grand dragon, elle murmura presque, la voix tremblotante.

« -Je... je ne disais pas cela pour vous insulter... Je respecte chaque créature, chaque race qui vit sur cette terre. Et je refuse de voir une magie nuire et détruire ce à quoi je tiens. »

Si elle avait pu se faire toute petite et se cacher dans un trou de souris, Esmelda y aurait couru. Quitte à avoir chaud autant que se soit pour quelque chose.

« -Oui, cela s'est reproduit et se reproduira encore. Mais oui tous ne veulent pas cette bague pour la puissance illusoire qu'elle apporte ou sa sensation de domination. Certains veulent la détruire car elle est un frein à la magie, à la vie. »

Mais surtout, elle n'acceptait pas qu'on puisse la qualifier de malhonnête et de vouloir cette bague pour des fins personnelles. Car il se trompait. Et elle ne ressemblait pas à son cousin. Le pouvoir pour soit, le pouvoir par arrogance, non merci pas pour elle. Même si on lui avait déjà dit qu'elle en faisait preuve parfois.

« -Je ne suis pas mes ancêtres et je ne suis pas mon cousin. Je me refuse à m'allier à un autre peuple qui cherche à détruire la magie, la vie aussi bien celle des elfes, vampires que dragons. Je ne veux pas garder un tel objet, et encore moins me laisser corrompre. Je veux détruire cet objet, mais de façon raisonnée en sachant où aller et comment faire. Pas dans l'impulsion et la précipitation. On ne parle pas d'un simple objet enchanté. »

Et la jeune femme ne pouvait que constater qu'il n'avait jamais vu cette bague. Il ne comprenait pas. La puissance, la force n'était pas tout. Pas dans ce cas. La preuve, une seule petite boite parvenait à faire taire ses pouvoirs.

« -Toute puissance a ses limites. Même pour une force telle que la votre. Ce n'est pas vous manquer de respect. C'est être réaliste face à une puissance qui n'a rien d'anodine et de banale. Vous ne pouvez peut être pas la détruire, seul. Car vous êtes un être rempli de magie, des griffes aux écailles. Et cette bague l'absorbe et l’annihile. Mais d'autres le peuvent peut être, alors pourquoi leur grogner dessus au lieu de les aider ? »

C'est vrai. Encore un grogneur, encore un raleur. Mais bon sang, on ne se parlait plus sur cette terre. Eh bien pour sur qu'ils allaient tous droit dans le mur. Même s'il n'avait pas tort sur toute la ligne.

« -Il est vrai que je ne sais pas grand chose de vous, des dragons en général, car je ne connais que Ashy ou Atalos. Mais peut être vient de là le soucis. Ne pas se connaître. Et il serait bien trop facile de me faire taire... »

Déjà parce qu'il n'était pas le premier à le vouloir, à le chercher. Bon, le dragon rouge était le premier à avoir un argument de poids pesant pour lui. Pas qu'une patte pleine de griffes. Il y en avait quatre.

« -Et cela ne prouverait pas ma bonté, mais ma couardise ou ma peur face à l'incompréhension entre vous et moi. »

Ajouta-t-elle, la voix tremblante. Elle ne faisait pas la maline et comptait sur Ashy et son assurance face au dragon pour vivre encore quelques minutes. La petite dragonne ne semblait pas avoir peur comme la jeune princesse et parlait avec aplomb. Esmelda restait prêt de son allié la main tremblante sur ses écailles vertes. Et dire qu'elle voulait rencontrer un autre dragon. Plonger dans le lac en attendant qu'il parte pourrait être une bonne idée. Mais, elle n'avait pas son manteau de chaleur.

¤ Colère II ¤

Verith fulminait face à ces deux inconscientes. Pourquoi Ashy lui avait-elle amené cette bipède ? Pour le faire enrager ? N'avait-elle pas dit qu'elle trouverait des informations sur Dévoreuse et un moyen de la détruire ? Certes, il avait eu des informations, au moins la dragonne avait rempli la moitié de son travail. Mais qu'en était-il de ce moyen de la détruire ? Faire confiance aux bipèdes ? C'était ça son moyen ? Faire confiance à ses ennemis, faire confiance à ses êtres insignifiants et méprisables ? Ces sangsues qui n'apportaient rien de bon en ce monde. Était-elle devenue folle ? Cherchait-elle encore à lui faire changer d'avis alors que cette situation était des plus gravissime !? Son ennemi était en possession d'une arme capable de mettre à mal la totalité de son espèce, et elle lui demandait de leur faire confiance, de la leur laisser le temps qui la détruise ? Il n'existe en ce monde plus pure folie que cela ! Il n'y a pas besoin de sagesse face à la folie.

Son temps passer à côtoyer les deux pattes l'avait donc soumise à eux ? Domestiquer telle une bête de somme ? Le rouge ne saurait en supporter davantage ! La bipède elle-même l'avouait, cela c'est produit et se reproduira et pourtant elle lui demandait de laisser la bague à leur bon soin ?

« Certains peut-être, mais pas tous ! Et ceux qui y cherchent à la détruire finiront par se faire corrompre par elle ! Et je ne prendrais pas ce risque de laisser entre les mains de mes ennemis une arme capable de détruire l’ensemble de MA RACE ! »

Le fils de l’orage fusilla Ashy du regard à la fin de sa phrase. N’était-elle pas capable de comprendre qu’il faisait cela pour son espèce ? Il était prêt à détruire chaque chose, il détruirait chaque chose, et ce sans le moindre remords ou scrupule pour garantir la survie des siens.

« Je brûlerais par mes flammes chaque créature qui représentera un danger pour les dragons Ashy ! Tuer trois peuples ne me posent aucun souci, quand bien même je devrais affronter les esprits pour cela je ne m’arrêterais pas tant que ma race ne sera pas sauve ! Les bipèdes en Armanda ont commencé une guerre à l’instant même où le premier des nôtres est tombé par leur faute ! Mon jugement n’atteindra que ceux qui ont commis une faute envers les dragons. Le peuple des elfes, le peuple des vampires, le peuple des hommes et les Alayiens ont tous commis cette faute ! Chacun a eu une chance envers nous et tous l’ont piétiné … Si un autre peuple fait son apparition, il aura une chance tant qu’il ne commettra pas de faute envers les dragons … Néanmoins tant que ceux-ci n’ont pas la capacité d’utiliser Dévoreuse bien sûr. »

Le rouge marqua une petite pause toisant tour à tour Esmelda Kohan et la dragonne d’émeraude.

« Être libre c’est avoir la liberté de l’aliéné, cependant, aliéné sa liberté avec en se liant avec un ennemi est pure folie et même une trahison. J’ai été indulgent avec toi Ashy mais ne fais pas l’erreur de gâcher cela. J’ai failli tuer Silarae la blanche écaille, mais je ne me retiendrais pas deux fois soit en certaine ! »

La queue du dragon de l’ire s’abattit contre le sol le faisant trembler. Il aimait bien Ashy, mais elle ne devait pas oublier qu’elle était une dragonne liée à un bipède et lui un dragon libre. Elle ne devait pas oublier qu’elle représentait un troublé, un danger, une erreur et un risque de zizanie pour le rouge. S’il s’était montré indulgent avec elle, c’est parce qu’elle parlait bien et n’avait pas eu la folie d’aller trop loin dans son attention de la défier… et peut-être parce qu’elle avait eu de la chance également.

« Tu me demandes d’apporter cette chose sur le continent des dragons ? Es-tu folle ?! Elle attitrera les bipèdes jusque-là. Cette chose doit-être détruite et elle le sera par un dragon et ce peu importe la manière. Je ne la laisserais en aucun cas entre les mains de ceux que je considère comme mes ennemis. »

Avec cela il répondait à la question de la verte. Il ne parlerait, ni ne montrerait la moindre once de respect à cette bipède de la famille Kohan car elle était son ennemie, car elle était un danger et, car elle était faible. Verith pouvait respecter un ennemi si celui-ci était fort or, ce n'était pas le cas ici. Cette femelle n'était rien d'autre qu'un microbe capable d'user d'un objet créé par un esprit. Elle n'avait rien pour elle qui permettrait de s'attirer le respect de l'avatar de la l'ire. Et ceux, même si elle était capable de lui tenir tête par ses propres moyens, le respect ne serait que fluctuant.

« Pourquoi leur grogner dessus ?! Car vous êtes un mal pour ma race ! Vous êtes mes ennemis, vous avez tué des nôtres, vous nous avez utilisés dans vos guerres, vous nous avez corrompues ! Alors que nous vous avons accueillis sur Armanda ! Sur notre terre !! Ta stupidité n'est-elle donc qu'un abime sans fond ?!! Laisserais-tu entre les mains de tes ennemis une arme pour capable de te détruire avec comme seul garanti leurs paroles qu'une partie d'entre-eux veut la détruire ?!! »

Verith rugis avant de s'avancer vers ses deux interlocuteurs, sa l'ire vibrant dans l'air. Lentement il baissa sa massive tête, ses yeux ardents transperçant la dénommée Esmelda.

« L’incompréhension entre nous ? Oh, mais je vous comprends bipède, je connais votre nature. Vous avez tué les nôtres, vous avez volé nos œufs tout ça pour faire subsistez ce lien. Ashy alors qu’elle était dans un œuf à tenter d’être dérobé à sa mère ! Mon propre frère Cymbor fut lui aussi volé par des mains bipèdes alors qu’il était encore un œuf ! Et ma mère est venue le récupérer à Gloria par la force en faisant flamber la ville ! Elle fut même obligée de tuer un dragon lié pour cela ! Et voilà qu’en arrivant sur Armanda j’apprends que celui-ci a été tué par la folie de sa liée et d’un vampire !! »

La queue du dragon de l’ire battait furieusement l’air, cognant le sol démontrant qu’il retenait avec violence sa rage de jaillir.

« Et vous dites tous deux que les bipèdes ne sont pas tous pareils ? Alors pourquoi ! Pourquoi une telle chose s’est produite ?! Pourquoi une telle chose s’est reproduite à nouveau ?! Et pourquoi est-ce qu’elle se reproduira à l’avenir ?!! Répondez-moi ! Comment les bipèdes qui ne sont pas comme ceux qui commettent ses actes ignobles devraient être considérés différemment alors qu’ils ne font rien pour empêcher cela, alors qu’ils n’empêchent pas cela d’arriver ?!! »

Le fils de l'orage se redressa et poussa avec force un hurlement de rage et de douleur qui résonna dans tous Aigue à en vriller les tympans. Puis il reprit avec un calme désarmant.

« Et la réponse est : parce que vous n'êtes pas différent. Et ce n'est que croire en de douce chimère que cela n'est pas le cas. Vous vous moquez bien de cela, vous êtes égoïste et nous dragons ne sommes que des bêtes et des armes utiles dans vos guerres. Et cela vous est bien égal de commettre les pires exactions envers nous. »

Les griffes d'ébène s'enfoncèrent dans le sol le creusant, se retenant de ne pas broyer les deux êtres justes à quelques centimètres d'elles.

« Alors Esmelda, me comprend(tu à présent ? Tu comprend pourquoi je vais te tuer ? As-tu encore une chose à ajouter qui ne serait pas futile ? »

Le problème avec Verith, c'est qu'il mélangeait des choses vrai avec des impression erronées... Et comment contester efficacement ce qu'il disait quand une partie était vrai, et qu'il s'y rattachait ? Non, il ne pouvait pas avoir vrai sur toute la ligne, de ça Ashy était sur. Le problème allait être de lui ouvrir les yeux sur ses erreurs...

Elle lui avait pourtant montré que tout les bipèdes n'étaient pas les mêmes, avec des faits véritables, des images partagées directement depuis sa mémoire vers la sienne... Et pourtant... Pourtant, Verith continuait de tenir le même discours, de penser la même chose... La blessure qu'il cachait était elle donc si profonde pour l'aveugler ainsi ? Y avait il un mal le rongeant de l'intérieur qui l’empêchait de s'ouvrir au monde qui l'entoure, le rendant aussi hermétique à la vérité que ses écailles l'étaient pour la pluie ?

Car en y pensant il ne pouvait s'agir que de ça, une blessure qui le poussait à se protéger du monde... Il n'avait pas l'air d'être idiot, ni d'avoir été élevé spécifiquement pour tuer des bipèdes ou autre chose d'aussi tordu, alors quoi d'autre ? Une blessure suffisamment profonde pour avaler son esprit et l'y enfermer... Mais Ashy ne connaissait pas suffisamment Verith pour comprendre d’où pouvait provenir cette blessure qui semblait le hanter. La perte de son frère ne devait pas y être pour rien, mais il devait y avoir autre chose...

En y regardant, tout son être semble rejeter les bipèdes, il devait donc y avoir un lien. C'était en concordance avec la mort de son frère, et cela devait être lié à... Autre chose... Mais quoi ? La peur que des êtres si frêles puissent lui nuire, lui qui respecte la force ? Verrait il cette capacité chez les bipèdes comme une chose contre nature ? S'il y avait de ça, alors Esmelda avait raison, incompréhension entre les dragons et les bipèdes était responsable en partie de cette façon de penser qu'à Verith.

Même si elle cherchait à ne pas le montrer, la peur montait doucement dans la tête d'Ashy, laissant un flot continu d'adrénaline lui perturber les pensées. Mais elle se refusait à montrer la moindre faiblesse, Esmelda semblait compter sur elle, et elle ne la laisserait pas tomber. Elle respirait doucement et méthodiquement pour inciter son corps à se calmer, son cœur souhaitant aller de plus en plus vite mais sa volonté tachant de ne pas le laisser s’emballer.

C'est alors qu'après avoir fais un pas vers eux, Verith sortis la jeune verte de ses pensées par son rugissement. Rugissement qui eu l'effet d'une douche froide pour un bipède sur la conscience de la petite verte. Pour Esmelda, cela n'avait probablement été qu'un rugissement de fureur à ses oreilles... Mais Ashy avait capté les nuances qu'il y avait dans la plainte du grand rouge. De la colère, oui, mais aussi de la douleur, de l'incompréhension...

Sa peur fut balayée par le cri du rouge, remplacée par de la tristesse, de l'hésitation, de l'incompréhension et toute sorte d'autres sentiments semblable, la rendant un peu désorientée l'espace d'un court instant. Elle observa tour à tour Esmelda et Verith en poussant un soupire peiné en écoutant Verith reprendre son discours.

Peut être Ashy avait elle pris le problème à l'envers... Et si ce n'était pas une blessure qui l'isolait du monde, mais le manque d'espoir ? Après tout, elle était une dragonne liée, elle représentait une chose qu'il détestait... Et quand elle lui a donné l'espoir de pouvoir former une nuée, ne l'avait il pas lui même également envisagé malgré tout ? Ne s'était il pas un peu ouvert à elle, comme il l'aurait fait pour un dragon "libre" ?

C'était une idée à creuser, ce n'est pas comme s'il y avait grand chose à perdre après tout... Verith ne pouvait probablement pas avoir une opinion pire qu'actuellement envers les bipèdes. Tenter de lui montrer qu'ils peuvent être utile pour les dragons serait peut être un point de départ ? Lui dire que les dragons ont fais couler beaucoup plus de sang chez les bipèdes que l'inverse serait probablement inutile...

Cela dis, elle ne comprenait pas ce qui l’empêchait de simplement prendre Dévoreuse dans son coffret actuel et de l'emporter sur l'autre continent... Si aucun bipède n'est au courant, pourquoi iraient ils chercher cette chose la bas ? Il suffirait de répandre la rumeur qu'elle avait été détruite, ou jetée dans un gouffre descendant dans les abîmes, ou même au fond de l'océan...

Mais ce n'était pas à Ashy de gagner quoi que ce soit de la part de Verith. Esmelda en avait bien plus besoin... De plus, elle était loin d'être bête, aussi l'humaine saurait peut être quoi faire de ses observations, en espérant qu'elles soient justes et qu'Esmelda sache en tirer profit... Alors que Verith terminait son discours, Ashy s'ouvrit à Esmelda, lui déversant toute ses pensées du moment dans son esprit, espérant qu'elle accepterait ces pensées et ne se perdrait pas dans ce flot d'informations.

Elle lui envoya tout, ses observations, ses sentiments, ses impressions, et même la façon dont elle perçois Verith. Esmelda le voyait probablement un peu comme un monstre après tout... Alors que pour Ashy, c'était un membre de sa race. Quelqu'un dont en un sens elle se sentait proche, même si beaucoup de chose les séparaient au final. Il avait ses défauts, mais il avait ses qualités. La jeune verte espérait que ce point de vue lui apporterait un peu de recule, lui permettrait de se sentir, même un tout petit peu, plus à l'aise. De mieux le comprendre, elle qui parlait du gouffre d'inconnu qui séparait leurs races. Alors que Verith adressa sa question directement à Esmelda, la jeune dragonne caressa doucement le bras de l'humaine avant de l'observer, tentant de partager le calme et la sérénité qui s'était installé en elle. Le moment n'était pas à la panique, et elle espérait ainsi aider un peu la jeune Kohan.

« -Je veux que vous compreniez noble dragon. Je ne cherche pas à vous faire entendre ma voix et la suivre. Ce que je vous explique est la façon dont je pense et accepte les choses. Je sais ce qu'est cette bague, ce qu'elle peut faire. Elle n'est que le mal et la discorde. Mais elle ne nuira pas que à votre race. Mais à l'ensemble des êtres vivants sur Armanda et au delà, d'où vous venez. »

Il avait pourtant vu ses pensées, ce qu'elle avait lu dans le livre. La création du Dracos, la déchéance de son cousin, pourquoi s'obstiner à se voir comme indestructible ?

« -J'ai un profond respect pour votre race, malgré nos différences, malgré ce que mes ancêtres ont laissé comme marque sur vous. Mais je ne laisserai pas une telle magie sombre entre les griffes d'un dragon, vous ou même Ashy. Non pas par inconscience de votre force, de votre savoir, mais parce qu'on parle de l’annihilation de ce que vous êtes : un être à la magie si forte que je suis incapable d'imaginer sa limite. »

La voix toujours tremblotante et pas très sûre d'elle Esmelda lui répondit cependant avec ce qu'elle avait sur le cœur et ce qui lui traversait l'esprit.

« -Tous n'ont pas envie de cette guerre. Pourquoi sommes-nous là à votre avis ? Ici, nous cherchons et luttons contre la guerre, contre ces personnes qui cherchent à nuire à la magie, aux races quel qu’elles soient, à la vie. »

Ça lui paraissait logique pour elle. Tous n'étaient pas rempli de haine prompt à la guerre et la violence.

« -Nous sommes peut être néfaste pour vous et selon vous mais nous sommes là, avec nos idées, nos envies. Et il serait folie que de voir ceux qui pourraient être vos alliés comme des ennemis. Je sais que pour vous cela semble impensable et inconcevable, presque une infamie, mais il faut parfois savoir mettre de côté ses préjugés pour pouvoir avancer. »

Oui, il le fallait. Pour avancer. La preuve, s'allier avec les vampires, leurs ennemis naturels. Et pourtant les ennemis d'hier sont les alliés d'aujourd'hui. Il fallait savoir faire des concessions.

« -Mais un dragon ne peut la détruire. Cette bague est néfaste contre votre magie, entêtez vous à cela et vous serez un dragon mort ! Est-ce là votre volonté ? Mourir de cette façon au lieu de faire confiance pour une fois à une autre créature que la votre ? Eh bien allez-y courrez à votre perte et au moment où la mort viendra à vous, repensez à mes mots. »

L'insuffisance de ses propos lui faisait mal au cœur. Il en avait vu des bornés mais des comme lui.

« -Vous, vous. Je ne suis pas ce vous. Je n'ai tué personne, je n'ai utilisé personne et encore moins volé vos œufs. Cessez de vivre dans le passé de nos ancêtres. Le monde évolue et change. La mort de votre frère est une tragédie, l’œuvre d'un vampire, mais de tous les bipèdes. Les vôtres n'ont jamais tué de bipèdes ? Par simple mépris ? Indifférence, ou autre ? Il existe toujours un noyau maléfique de personnes cherchant le pouvoir et la force. Mais beaucoup aspire à la paix et l'harmonie. Et je me refuse d'entendre dire que je vaux ou que je ressemble à celui qui a tué votre frère. »

Mais pourquoi continuait-il dans le sombre à ne pas l'écouter. Encore un. Esmelda allait finir par devenir muette.

« -Et je ne vois pas en vous des chevaux de bataille. Ashy est une amie, un membre de ma famille. Je me refuse de la voir comme l'animal de compagnie de mon cousin. Mais sa douce lié draconique. Je ne lui demande jamais rien que je ne ferai moi même. »

Mais qu'il était borné celui là. Il était sourd et s'enfonçait dans sa logique de dragon portant des œillères sans autre forme de discours. Et cela la désolait. Car tout leur soucis venait en grande partie de cela : l'écoute qui n'en n'était pas une.

« -Une alliance n'est pas néfaste, quel qu’elle soit. Et je ne souhaite pas faire la guerre, avec ou contre vous. Je ne souhaite que a paix des peuples. Et si ma mort vous apporte soulagement, elle ne sera que inutile. Elle prouvera juste que vous vous rongez dans le mensonge et le silence de votre arrogance. »

La princesse parla d'une voix déçue. Au final, les dragons étaient des créatures comme toutes les autres. Elle qui les avait idéalisé. Se trouvait-elle au final devant un aldakin draconique ?

« -Et non, je ne vous comprends pas. Je n'ai nul reproche à me faire concernant vos frères et sœurs d'écailles. Mais allez-y la mort ne sera qu'une douce délivrance. Vous voulez que les bipèdes comprenne les dragons, du moins ne serait-ce qu'un peu et bien faites en autant dans l'autre sens. Comprenez un peu plus les bipèdes. Vous n'êtes pas au dessus de tout reproche. »

Esmelda se resserra près de la dragonne verte et se tourna vers elle en lui parlant à voix base. Dans un murmure qui se voulait rassurant, Esmelda lui assura.

« -Rassure toi Ashy. Je ne juge pas un dragon blessé par la perte d'un être cher. Ni quiconque d'ailleurs. »

Esmelda tremblait, de peur, de rage. Oui si Verith devait la tuer maintenant et bien qu'importe. Au moins, elle arrêterait de souffrir. Mais elle était blanche et pas bien fière et évitait surtout le regard du grand dragon rouge.

¤ Colère III ¤

Alors ! Il l'attendait ! La réponse de cette bipède qui osait lui faire face de toute sa folie et stupidité. Elle qui n'apportait que des mots, que de simples paroles. Oui elle qui apportait sa simple parole et sa bonne foi. Elle qui lui disait comme nombre de personne avant, comme tous les dragons liés qu'il avait rencontrés jusqu'ici que tous les bipèdes ne se valaient pas, qu'ils n'étaient pas tous semblables. Hormis cela, hormis cette simple parole, Esmelda Kohan n'apportait rien. Sa parole et sa bonne foi ne valaient aux yeux, au coeur et à l'esprit de Verith absolument rien. Rien, non rien du tout et elle comptait lui faire changer d'avis de cette façon ? Ne venait-il pourtant pas de le déclarer. Les bipèdes étaient ses ennemis, ils ont fait couler le sang des siens, ils lui avaient pris son frère ! Comment croire en les paroles de son ennemi ?! Inconscient serait Verith s'il donnait le moindre crédit à celle-ci.

Les deux pattes ne représentaient qu'un mal qui devait à tout prix être éliminé pour permettre la pérennité des dragons. Ses ancêtres avaient donné une chance aux bipèdes, ils les avaient accueillis sur cette terre. D'abord les elfes et les vampires, suivirent des humains. Et eux ? Qu'avaient-ils amené en contrepartie ? Guerre, mort et désolation. Non elle ne méritait pas, au vu des erreurs commissent par les bipèdes, que ces paroles aient le moindre crédit auprès du grand rouge.

« Je n'ai cure de ta voix. Je me moque de ta façon de pensée. Et je me contre fou des autres espèces ! Seuls les dragons comptes, seule ma race à la moindre importance dans mon coeur. La sagesse ne doit pas être confondue avec aveuglement et idiotie ! Les dragons ont quitté Armanda pour se préserver, si vous êtes resté en vie ce n'est que par pure gentillesse et par concours de circonstances. Mais cette faiblesse qu'est la gentillesse vous ne la méritez plus ! Cette faiblesse qui consiste à prendre en compte la présence de dragon lié serait une erreur stratégique monumentale. Vous ne voulez pas la guerre, mais il est malheureusement déjà trop tard ! Vous n'avez pas su saisir la chance que certains dragons ont placée ici par pur espoir. Mon frère est mort ! Vous avez piétiné sans retenu ce qui aurait pu vous évitez ma l'ire. Vous n'êtes pas pardonnable !! »

Verith baissa lentement sa massive tête l'approchant d'Ashy et Esmelda, la plaçant au-dessus d'elles alors que tout en continuant de parler il encrait l'odeur de la bipède de sa mémoire pour le retrouver dès qu'il le souhaiterait.

« Tu oses me demander de te faire confiance, de faire confiance aux bipèdes. Tu me demandes de m'allier aux bipèdes. Si je suis entêté, toi tu es aveugle bipède ! Je ne place en cette possible alliance pas le moindre crédit, de même que tes mots. Au vu des actes, au vu des faits, la balance de ma colère penche toujours dans le sens de votre destruction ! Vous êtes impardonnable !! »

Le rouge ressentait la peur émanée des individus face à lui. Une peur parfaitement naturelle face à la colère, face à la colère d'un être qui pouvait s'il le décidait, en un claquement de griffe réduire leur existence à Néant et faire de cet endroit une gigantesque fournaise. Mais aveugler il ne ressentait pas celle décroitre dans le coeur d'Ashy. Ses prunelles enflammer toisaient la bipède à qui il s'adressait sur l'heure. Sa pupille noire reflétait le visage de cette dernière, alors que son orbite dorée entourait d'un halo de flamme ce reflet.

Non, non il ne se laisserait pas convaincre, il ne se laisserait pas convaincre par des paroles. Des paroles, rien de paroles. Elles étaient l'égale d'un pet de souris à ses oreilles. Du vent rien que du vent qui finirait par tomber. Il n'acceptait pas de se laisser convaincre. Il ne voulait pas se faire convaincre, jamais ! Il ne serait pas trompé comme trop nombreux de dragons avant lui !

« -Vous, vous. Je ne suis pas ce vous. Je n'ai tué personne, je n'ai utilisé personne et encore moins volé vos œufs. Cessez de vivre dans le passé de nos ancêtres. Le monde évolue et change. La mort de votre frère est une tragédie, l’œuvre d'un vampire, mais de tous les bipèdes. Les vôtres n'ont jamais tué de bipèdes ? Par simple mépris ? Indifférence, ou autre ? Il existe toujours un noyau maléfique de personnes cherchant le pouvoir et la force. Mais beaucoup aspire à la paix et l'harmonie. Et je me refuse d'entendre dire que je vaux ou que je ressemble à celui qui a tué votre frère. »

Si un simple regard pouvait tuer, la jeune Kohan serait déjà morte des milliers de fois pour avoir eu la folie d'oser prononcer de telles paroles. « Cessez de vivre dans le passé de nos ancêtres. », « Le monde évolue et change. », « La mort de votre frère est une tragédie. », « Les vôtres n'ont jamais tué de bipèdes. ». Verith gronda, non simplement tuer la jeune bipède ne suffirait pas. Il la ferait souffrir bien avant.

« Toi ! Tu oses me demander d'oublier ! Misérable bipède, la mémoire, la mémoire du passé, la mémoire des expériences et choses sont une chose des plus sacrée et importante chez les dragons. Je vois, je vois ce qu'ont vu mes ancêtres, ce qu'ont vu de très anciens dragons. Les méfaits, les méfaits des bipèdes, la douleur, la colère que cela a provoquée ! Tu ne ressembles peut-être pas au vampire qui a tué mon frère, mais ce n'est pas pour autant que tu vailles mieux. »

Grondant, Verith se tourna en direction d'Ashy.

« Ashy voit là toute l’arrogance et l’ingratitude des bipèdes. Les dragons ont accueilli leurs peuples sur Armanda, leur apportant leur aide. Et aujourd’hui ils prennent Armanda pour acquis, ils prennent la magie pour acquise, ils nous prennent pour acquis. Ils nous accusent d’avoir tué les leurs alors qu’ils ont débuté cette guerre. Bipède entend cela ! Une vie de bipède n’est pas égale, mais bien inférieure à une vie de dragon ! Même l’extermination de votre race ne suffirait pas en payer le prix du sang. »

Reportant son regard en direction de la jeune bipède, l’avatar de la l’ire bouillait intérieurement des paroles qu’osaient lui proférer la jeune bipède, cette faible et pathétique créature à lui un dragon !

« Comprenez un peu plus les bipèdes. Vous n'êtes pas au-dessus de tout reproche. Rassure-toi Ashy. Je ne juge pas un dragon blessé par la perte d'un être cher. Ni quiconque d'ailleurs. »

« Comment oses-tu insolente ! »

Grondant furieusement Verith plongeant vers l’avant. Rapidement il leva une première patte en direction de la bipède la plaçant derrière cette dernière pour lui couper toute retraite. Dans un second temps, la queue du dragon fondit en direction d’Ashy pour l’écarter de sa cible, ou plutôt la repousser sans pour autant la dégager avec la violence et grande force dont il pourrait faire preuve. Rugissant il approcha sa tête massive dévoilant ses ranger de dents acérer.

« Comment oses-tu nous reprochez des choses à nous dragons ! Nous impériale créatures qui dominent ciel et terre ! Toi vulgaire insecte clouer au sol, parasite qui ne sait user que de fourberie et lâcheté pour tuer les plus forts. Tu me traites d’arrogant, alors que c’est grâce à nous que tu peux user de magie. Sinon tu serais un sous-fifre du néant. Exécrable bipède ! »

Verith rugi avec violence encore une fois, hurlement de colère outrager.

« Hypocrite tu as bien l’attention de me juger moi et toute ma race. Alors qu’elle reproche oses-tu proférer à ma race ? La mort des tiens ? Cela n’est que pure justice pour la mort des miens et les liens créatures de zizanie. Tu oserais reprocher notre départ d’Armanda, de vous avoir laissé ? Où puiserais-tu l’audace d’une telle chose ? Aurions-nous dû subir sans broncher tout le mal que vous nous causiez ? Ou peut-être aurais-tu préféré que nous vous anéantissiez tous plutôt que partir ? Si cela est ton souhait ne tant fais pas, je le réaliserais sous peu ! »

Rugissant de rage profonde, Verith marchait lentement, décrivant du cercle autour de la princesse, sa queue battant furieusement pour empêcher Ashy d'approcher si elle ne voulait pas se prendre un coup qui lui ferait traverser Aigue en quelques instants.

« Je pourrais te tuer en effet, te tuer pour les offenses que tu oses proférer, mais cela serait châtiment bien trop doux ! Je pourrais lacérer ton corps, te faire connaitre une mort des plus douloureuses physiquement. Couvrir Aigue de ton royal sang ! Je pourrais aussi incendier ton esprit de ma l’ire, le faire brûler, te faire de la façon la plus amère regretter tes propos ! Non, toi qui ne me comprends pas, toi l’avorton et l’ingrat. Toi qui représentes si bien ce que les bipèdes sont devenus. Toi qui oses venir me parler de paix pour mieux insulter la race qui est la mienne. Toi qui veux nous trompons, je vais te faire un présent. Mais ne t’attend pas à quelque chose de plaisant Esmelda Kohan. »

Grondant Verith se plaça à nouveau en face de la princesse, s’immobilisant. Approchant son crâne massif, des relents de soufres s’échappant de sa gueule. Plongeant son regard dans le sien avant de venir effleurer l’esprit de la princesse de sa l’ire. Qu’elle souffre ne le préoccupait guère, mais retenant sa colère pour ne pas brûler son esprit pathétique, il lui transmit la douleur, l’immense douleur des dragons et dragonnes qui ont vu leurs œufs dérober, l’incommensurable souffrance des dragons libres qui furent obligés de combattre leurs frères dragons liés sous les ordres de leurs bipèdes. Il lui transmit le désespoir qui avait frappé les dragons en quittant Armanda. Il lui fit part ensuite de l’effroyable colère que l’agissement des bipèdes avait engendrée chez les dragons. Et finalement il offrit à Esmelda la haine, SA haine des bipèdes. À tout ses sentiments il joignit des images qui à elle seule valait mille mots.

« Que cela embrase ton esprit et te face voir ce que vous bipèdes mériter réellement ! »

Décidément, cette rencontre ne se passait pas aussi bien qu'elle l'avait espéré... Ashy savait bien que Verith n'allait pas sauter de joie en voyant une bipède venir lui parler, mais quand même... Esmelda apportait de nombreuses informations qui intéressaient le grand rouge, et peut être des idées pour détruire Dévoreuses, et il refusait pourtant de l'écouter...

Heureusement, il avait l'air de tenir sa promesse. Pour le moment en tout cas... Mais Verith avait l'air de s'énerver de plus en plus à mesure qu'Esmelda parlait, bien que les propos de l’humaine soient tout à fait sensés... Et même si elle tentait de ne pas le montrer, Ashy commençait à s'inquiéter de ce qui pourrait se passer s'il s'énervait trop.

- (...)Vous n'êtes pas au-dessus de tout reproche. (...)

A cette phrase, les yeux d'Ashy s'ouvrirent en grand, se tournant lentement en direction de Verith pour observer sa réaction. Il y avait peu de chance qu'il laisse passer ça sans réagir, restait à espérer qu'il se contenterait de rugir et de menacer...

"- Comment oses-tu insolente !"

Voyant le mur d'écaille qui leur faisait face bondir en avant, le premier reflexe d'Ashy fut de s'abaisser au sol un instant en reculant la tête vers le coté, comme pour amortir un choc imminent... Mais son regard se porta alors sur Esmelda, et Ashy tenta de manœuvrer pour se placer entre Verith et elle, et si possible pousser l'humaine en arrière... Mais c'était sans compter sur la queue du grand rouge qui la repoussa rapidement en arrière. Même avec tout la force qu'elle pouvait opposer, la jeune verte ne pouvait rien faire d'autre qu'observer avec des yeux écarquillés la patte de Verith foncer vers Esmelda et passer juste derrière elle.

"- Verith, NON !"

Une part d'elle lui criait de tenter de se tailler un chemin à coup de griffes contre cet adversaire qui s'en prenait à elle et à Esmelda, mais sa raison lui disait qu'il n'y avait pas eu de sang, et que si Verith avait voulu tuer Esmelda, ce serait déjà fait... Tenter de tailler un passage à coup de griffe ne ferait qu’attiser la colère du grand rouge et provoquerait un bain de sang, sans parler du fait que les griffes d'Ashy ne feraient probablement que quelque rayures sur les écailles rouges qui se dressaient devant elle comme un rempart...

Le cœur d'Ashy battait la chamade, et le rugissement de Verith alors qu'il avait Esmelda face à lui n'était pas pour aider non plus. Mais elle savait que si elle tentait quoi que ce soit, cela ne pouvait qu'empirer la situation. Verith était trop fort et trop rapide pour tenter quoi que ce soit contre lui...

Mais à nouveau, Verith tenait le même discours insensé, proclamant qu'il allait détruire les bipèdes, et ce pour des raisons tout aussi insensées... Il était décidément impossible de lui ouvrir les yeux sur la bêtise dont il fait preuve ? Comment est il possible de manquer autant de sagesse et de clairvoyance avec un siècle de vie et d’expérience ?

L'inquiétude de la jeune verte n'allait pas en s'apaisant alors que Verith tournait autour d'Esmelda comme autour d'une proie. La queue qui balayait l'air devant Ashy manqua de la percuter plusieurs fois alors qu'elle s'avançait lentement, avant de reculer à nouveau pour ne pas être touchée. Elle regrettait d'avoir encouragée Esmelda à rencontrer Verith à présent, c'était de toute évidence une erreur qui risquait de coûter cher... Au moins, il ne semblait pas avoir l'intention de la tuer à ce qu'il disait...

"- (...) Je vais te faire un présent. Mais ne t’attend pas à quelque chose de plaisant Esmelda Kohan. (...)"

Un présent ? Quoi comme présent, une blessure ? La plonger dans l'eau ? Non, il semblait juste... Le regarder ? Une sorte d'attaque mentale comme il venait de le décrire ? Il voulait détruire son esprit, ou quelque chose du genre ? Peu importe comment, il fallait agir avant, mais comment ?!

Ne réfléchissant pas plus longtemps, Ashy finit par plonger en avant, prenant soin d'éviter la queue de Verith en bondissant sur le coté aussi agilement que possible pour éviter de peu la queue qui fonçait sur elle encore une fois. Heureusement, Verith était concentré sur autre chose, sinon la jeune verte aurait probablement eu plus de mal à passer... Mais avant qu'elle n'ai vraiment pu approcher, Verith recula sa tête en reztirant sa patte de derrière Esmelda qui sembla simplement tomber inerte.

"- Que cela embrase ton esprit et te face voir ce que vous bipèdes méritez réellement !"

A peine le corps d'Esmelda s'était il posé au sol qu'Ashy se jetait sur elle pour l'aider, se rendant rapidement compte que l'humaine ne bouge tout simplement pas ! Paniquant de plus belle, la jeune dragonne s’empressa de se placer au dessus d'elle, la masquant du regard de Verith en se servant de ses ailes, s'en servant comme d'un bouclier illusoire avant de l'observer attentivement, chaque muscle semblant être tendus et prêt à explosés.

La poitrine de la jeune humaine se soulève et s'abaisse calmement, comme si elle dormait paisiblement. Qu'avait bien pu lui faire Verith ? Allait elle seulement se réveiller un jours ? Comment être sur sans vraiment savoir ce que venait de lui faire le grand rouge ? Mais au moins, elle respirait.

Ses craintes pour Esmelda semblèrent soudainement s'embraser dans les pensées d'Ashy dont le regard animé d'un véritable brasier se tourna lentement vers Verith, alors qu'un ras de marée de colère pure lui brouillait les sens. Jamais encore elle n'avait poussé de rugissement comme à cet instant la, bien qu'à coté de ceux de Verith il puisse paraître faible.

"- Tu ne la juge peut être pas digne de te parler, mais ses paroles n'en sont pas fausse pour autant ! Toi qui défend tant les dragons, NOTRE propre peuple comme tu l'a si bien souligné, alors ose prétendre qu'ils n'ont pas leurs propres reproches à se faire sur la situation !

Toi qui a accès à la connaissance de tout les dragons beaucoup plus ouvertement que moi, alors dis moi ce que pensait la dragonne nommée Naoma quand NOTRE peuple l'a abandonnée en Armanda en ne lui laissant que le choix de rester ici seule à veiller sur son oeuf, ou le choix de l'abandonner ici seul et condamné ! Dis moi ce qu'elle a pensée de NOTRE peuple quand elle s'afaiblissait un peu plus chaque jours, n'ayant personne pour l'aider à se nourrir alors qu'elle veillait sur son oeuf, alors que celui avec qui elle avait eu cet oeuf, Alyenor, s'était lui aussi ENFUIS vers un autre continant en la laissant seule ! Dis moi ce qu'elle a pensée de NOTRE peuple alors que ces Vampires venaient tenter de voler son oeuf et que personne n'était resté pour s'assurer qu'elle soit en sécurité !

Dis moi ce qu'elle a pensée en se rendant compte que son dernier souffle approchait et que son oeuf était destiné désormais à être lié à un bipède, ou condamné à mourrir... Combien d'autres dragonnes ont ainsi été abandonnées par leur propre peuple, ayant à choisir entre cette douleur de perdre leur oeuf ou rester seules loin de leur peuple... Peut être que certains bipèdes sont cupides, mauvais au point d'attaquer une dragonne afaiblie pour lui prendre son oeuf... Mais Esmelda ne m'a jamais laissé tombée, contrairement à NOTRE peuple, qui a abandonné ma mère à son sort.

Ce n'est pas mon peuple qui m'a apporté tout ces instant de joie et de bonheur que j'ai connu dans ma vie pour le moment, ce sont des bipèdes, comme Esmelda ou Korentin... Vois donc la terrible cruauté dont fait preuve celle que tu viens de blesser par toi même, et ose dire qu'elle n'a aucun respect pour les dragons ! Ose répondre que les dragons n'ont aucune part de responsabilité concernant ce lien que tu répugne tant, me liant à un de ces êtres que tu méprise !"

Et accompagnant ses paroles, Ashy envoya ses souvenirs à la rencontre de Verith, partageant avec lui tout ces souvenirs passée avec Esmelda à se réconfortées mutuellement quand besoin, à parler tranquillement, à prendre soin de l'autre, l'amour qu'Esmelda portait dans ses yeux, la joie de vivre, la gaité, le plaisir qui respirait à travers elle. Ces moments passés au bord du lac simplement à se tenir compagnie alors que le monde autour d'eux semblait fou, en proie à la guerre en permanence.

Ashy avait tellement de souvenirs joyeux avec elle qu'il était difficile de vraiment suivre ce flot d'informations. Puis les images ralentirent, la montrant en prise à la tristesse, mais pourtant toujours présente pour parler et passer du temps avec Ashy. Les sentiments qu'avait Ashy pour elle, la peine qu'elle avait en voyant Esmelda déprimer sans pouvoir y faire beaucoup. Sa joie en voyant enfin un sourire illuminer son visage. Son inquiétude en sachant au fond d'elle qu'Esmelda allait certainement rencontrer Verith, car c'est ainsi que les choses devaient probablement se passer.

Puis l'image de Verith leur fonçant dessus, la surprise initiale rapidement remplacée par une douleur déchirante dans son esprit en se rendant compte qu'elle ne pourrait pas aider Esmelda. La peur et l'inquiétude en la voyant si proche des mâchoire rouges face à elle. Le désespoir en la voyant s'écrouler... Et la colère devenir si forte en elle qu'elle avait du mal à contrôler ses propre mouvements, ses propre pensées.

Mais Ashy n'était pas Verith, et contrairement à lui elle ne voulait pas entretenir la colère au point d'en vivre, car c'est ce qui semblait se passer pour lui... Soupirant en se baissant doucement contre Esmelda, la gardant bien à l’abri sous son aile, la jeune verte laissa la tristesse remplacer sa rage, baissant son museau pour aller toucher doucement la tête d'Esmelda dans un geste d'affection devenu presque un réflexe.

"- Notre peuple n'était pas la quand ma mère a eu besoin d'eux... Il n'était pas la quand J'AI eu besoin d'eux... Quand j'ai eu besoin de connaître mon peuple, de partager mon temps avec eux... Korentin et Esmelda, principalement, eux étaient la. Ils ne m'ont jamais forcés à faire quoi que ce soit, ne me demandent pas de me battre alors même que la guerre fait rage et qu'ils sont directement impliqués, étant à la tête de l'empire humain. Ou du moins de ce qu'il en reste parmi la rébellion...

Alors même qu'ils ne sont pas de mon sang, ni même de mon peuple, ils m'ont vu éclore et ont pris soin de moi comme si j'étaie de leur propre sang. Ils m'ont donné leur amour, leur temps, leurs joies, leur peines... Sans jamais rien demander en retour.

Tu vois ce lien comme une abomination, et je suppose que je peut comprendre ça... Pas l'accepter, mais le comprendre oui. Mais je ne vois pas Korentin comme mon "lié". Aussi abominable que cela puisse te paraître, je les vois comme ma famille. Ils ont fais plus pour moi que mon peuple ne le fera probablement jamais. Alors dis moi, Verith. Toi qui peut savoir ce que les dragons du passé ont ressentis. Qu'a donc ressentis Naoma, ma mère ? Le sait tu seulement..."

Ashy n'attendait même pas vraiment de réponse, se contentant de rester contre Esmelda en l'observant calmement, bien décidée à ne pas bouger de la tant qu'elle ne se réveillerait pas. Verith pouvait bien dire quoi que ce soit, Ashy savait que sa façon de voire les bipèdes était juste, et non celle de Verith. Oui, ils avaient leurs défauts... Mais aussi leurs qualités, et ils étaient loin d'être tous les mêmes. Tout comme les dragons, qui étaient tout sauf parfaits. Ashy rêvait de vivre avec plein d'autres dragons, et au fond d'elle aimait profondément sa race, son peuple... Mais elle leur en voulait également terriblement pour de nombreuses choses que Verith ne pourrait jamais changer. Il pouvait bien continuer sa crise de rage à présent, Ashy n'en avait au final plus grand chose à faire, tant qu'il ne touchait pas à Esmelda...

Eh bien elle était têtue et bornée aux yeux de beaucoup, mais lui frisait les sommets.

« -Un jour j'espère que vous cesserez de vous écouter parler et que vous écouterez un peu les autres. »

Un avertissement, non un conseil vain, mais qu'importe.

« -De l'arrogance. C'est votre reflet que vous voyez. Je n'ai nul arrogance. Aucune, juste mon incompréhension face à votre colère, peut être justifiée mais en aucun cas imputable ni à moi ni à Ashy et encore moins à ceux qui sont ici, sous terre à lutter tout comme vous contre le Néant, contre l'injustice et la bêtise de tous à ne pas vouloir s'écouter et vivre dans ses idées. Pour acquis ? La magie, les dragons ? Je ne tiens pas même pour acquis l'amour des miens alors de telle chose. Mais là encore vous vous enfoncez dans le faux, préférant vivre dans l'illusion de ce monde que vous vous êtes construit. Et non, je ne vaux pas mieux que ce vampire, mais ne me rendez pas responsable de son crime, de ses crimes. »[/b]

Non, elle ne valait peut être pas mieux que le prince vampirique sur certaines choses, mais de là à l'assimiler à un assassin, non. Il y a avait une marge et une belle. Elle n'avait jamais tué personne ni même eu l'envie. Même si Fabius et ce Aldakin frisaient parfois la frontière. Mais entre le geste et la volonté il y avait un continent.

« -La gentillesse ne se mérite pas, elle se gagne. Ne vous étonnez pas de ne pas en avoir en retour ni de tolérance ni d'écoute. »

Mais allez expliquer ça à un sourd. C'était un peu comme crier contre le vent. Mais Esmelda n'en n'avait-elle pas l'habitude.

« -La preuve que vous n'écoutez pas, je ne vous ai jamais demandé d'oublier. Juste de ne pas confondre et de tout mélanger entre les accusés et ceux qui subissent. »

Pourquoi demanderait-elle une telle chose, elle pour qui le passé, la mémoire sont 'espoir pour ne pas tout recommencer comme ses ancêtres.

« -Je ne juge personne. J'observe des actes. Pour moi, chaque créature a son importance, autant les humains que les dragons que la faune ou la flore. Je ne place personne au dessus de quiconque sauf les Esprits. Alors ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit Verith ! Sinon, je comprends bien mieux dans l'injustice et l'incompréhension dans laquelle vous vivez. Et cela est bien triste. »

Dans une dernière tentative pour se faire entendre, Esmelda haussa un peu le ton, les traits contrariés devant tant d'acharnement à ne pas écouter et prendre les paroles comme bon lui semblait et pas dans leur sens premiers.

« -Je ne veux pas que vous vous trompiez, juste compreniez, mais là encore il faut écouter pour comprendre et... »

Mais Esmelda n'eut guère le temps d'ajouter un mot de plus. Le dragon dont la tête s'approchait de la sienne, écailles rouges de colère, s'avançait vers elle, en laissant des volutes acres sortir des narines. Le reste fut un lot d'images, de sensations, oscillant entre la peine, la colère, le désespoir et la haine. Des sentiments qu'elle pouvait bien connaître, qu'elle ne cessait de rencontrer depuis quelques mois. Mais les images, les sentiments étaient plus fort, plus présents, trop rapide pour son esprit pourtant fort de ce qu'elle avait pu vivre. La jeune femme se laissa tomber au sol au bout de quelques minutes, s'en était trop pour elle. Cette rencontre, le flots des images et des sentiments, la colère du dragon, mais aussi elle. Ce qu'elle avait à combattre depuis que le Néant et ses serviteurs étaient venus troubler les négociations. La mort de Gregorist, la guerre, la souffrance de son peuple, Kylian, la mort encore et toujours, mais surtout une fatigue lancinante face à la bêtise et la surdité de chacun, la sienne aussi, à ne pas chercher à comprendre, à voir au delà de ses propres pensées.

Esmelda ne put entendre l'inquiétude et la farouche attention avec laquelle Ashy prit sa défense. La petite écaillée verte était petite par la taille mais son cœur et son courage étaient bien plus grands que le dragon rouge lui même.
Au bout de quelques minutes, la princesse reprit connaissance, mais elle était vidée, de fatigue mais surtout de désespoir face à ce qu'elle venait de voir mais de vivre. Si même les dragons se mettaient à être bornés, tout était perdu. Et une question venait sans cesse dans son esprit : à quoi bon continuer de se battre.

¤ Le cadeau de Verith ¤

Ashy l’avait amené, cette bipède, cette ignoble créature. Celle-ci était venue lui parler de paix, d’entente mutuelle et de compréhension. Mais à peine ses mots parvenus aux oreilles du rouge, la Kohan avait proféré des insultes à l’égard de sa race. Comment osait-elle ?! Comment osait-elle faire des reproches à l’ancestrale race draconique. Eux des maîtres incontestés du ciel et de la terre, eux qui merveilleuses créatures de légende, eux puits de magie, ponts lumineux qui faisaient jaillir sur ce monde la trame et qui permettent à de pathétiques créatures de vivre, de respirer et d’user des bien faits de la magie. Hypocrite et ingrate créature qui se tenait face à lui. Elle ne valait pas mieux que les Alayiens. Elle était même sans aucun doute pire qu’eux. Car eux n’avaient pas la fourberie de se prétendre allier pour ensuite l’insulter. Non voilà encore une preuve de plus pour le dragon rouge, que les bipèdes ne méritaient rien d’autre que la destruction et l’anéantissement. Qu’on le traite de sourd ou d’aveugle. Mais c’est eux qui avaient l’esprit fermé. La l’ire du rouge était une balance. Et la coupelle de la culpabilité des bipèdes était bien plus fournie que celle de leur pardon.

Des paroles, rien que des paroles et toujours des paroles. Du vent aux oreilles du rouge. Aucun acte ne venait dans ce que lui présentait Esmelda. Comment pouvait-elle prétendre à quoi que se soit en retour. Celle-ci avait même l’audace de lui dire qu’elle ne faisait qu’observer les actes. Ignorante créatures. Elle ne savait rien, absolument rien. Mais bientôt elle verrait, elle pourrait ajouter à sa liste de nouveaux faits à prendre en considération. Elle osait annoncer qu’elle ne jugeait pas et pourtant elle jugeait ! Hypocrite bipède ! La rage du dragon fulminait de plus belle.

« Tu me demandes de ne pas oublier ! Tu me demandes de ne pas mélanger les accusés et ceux qui subissent ! Pourtant tous ceux qui ont commis les méfiaient, tous vos ancêtres sont morts depuis bien longtemps ! Dans ce cas que devrais-je faire ? Pardonner, glisser tout cela sous un rocher, car il est à présent trop tard pour demander justice puisque les criminels sont tous morts sans subir la moindre punition ? Dois-je demander des excuses publiques de vos dirigeants et me contenter de cela ? JAMAIS ! Cela ne sera jamais possible ! Car vous avez gâché votre chance, car un dragon est mort, car mon frère Cymbor laisser ici par mère comme espoir pour vous les bipèdes, laisser ici comme une dernière chance, laisser ici comme une marque de confiance, est MORT ! Et par la main d’un bipède ! Par la main d’un vampire et par la faute de sa dragonnière !! Je ne suis pas aveugle, ni sourd bien au contraire ! L’on ne peut me reprocher de ne pas vous écoutez, on ne peut me reprocher cela au vu du mode de vie des dragons !!! »

La voix du dragon résonna comme un tonnerre dans la trame et les esprits des bipèdes en présence. Non, non, NON ! On ne pouvait lui reprocher cela ! Il autorisait la parole à de pitoyables créatures alors qu’il pourrait les balayer comme il l’aurait fait chez lui ! Non, on ne pouvait lui reprocher cela ! Non, on ne pouvait l’insulter ! Le rouge déchaina son esprit contre celui de la bipède, la noyant sous des images et des sentiments. Il lui faisait un présent. Elle qui voulait comprendre, elle qui disait observer des actes. Voilà de quoi la contenter. Si à nouveau elle osait lui adresser la parole, Verith espérait qu’elle fasse preuve d’un peu moins de stupidité avec le cadeau qu’il lui faisait.

La bipède à présent tomba au sol l’esprit ébranlé, sans aucun doute, elle avait perdu connaissance. Faible que tout ca. Et Ashy bravait la queue du rouge pour venir se placer au-dessus de la Kohan et la protéger tenant tête à Verith. Il l’avait mit en colère, mais la colère de la verte était insignifiante face à Verith.

« Tu ne la juges peut-être pas digne de te parler, mais ses paroles n'en sont pas fausses pour autant ! Toi qui défends tant les dragons, NOTRE propre peuple comme tu l'a si bien souligné, alors ose prétendre qu'ils n'ont pas leurs propres reproches à se faire sur la situation ! »

« Prend garde Ashy ! J’ai bien failli tuer Silarae parce qu’elle à insulter ma race, nous dragon libre qui sommes parti sur le nouveau continent. J’ai toléré en ce jour un affront de plus de la part de cette bipède alors que j’aurais pu tapisser de son royal sang cette caverne ! Je ne tolèrerais pas une insulte de plus je te préviens ! Ose insulter les miens et je te tuerais sur le champ Ashy !! »

Le rouge cogna l’esprit de la verte avec le sien afin que son avertissement se fasse bien comprendre, car il n’hésiterait pas. Verith avait ses limites, il y avait des choses qu’il pouvait tolérer à jusqu’à un certain point. Avec silence le rouge écouta les paroles d’Ashy, attendant patiemment qu’elle termine.

« Ta mère a fait un choix Ashy. Elle a fait son choix comme tous les dragons l’ont fait le jour de leur départ. Tu ne peux imputer cela à personne. Je vais te dire ce que ta mère a ressenti. Elle a ressenti de la tristesse. De la tristesse, car les dragons sont partis, car ils ne partageaient pas le même point de vue qu’elle. De la tristesse, car la race draconique abandonnait une terre qui est la sienne. Elle ressentait de l’amour, de l’amour pour toi, car elle refusait de t’abandonner comme l’on fait beaucoup de dragonnes. Ashy ! Tu ne peux faire aucun reproche aux dragons ni à ton père. Car chacun à fait son choix et chacun en a assumé les conséquences. Ma mère, Skade a abandonné Cymbor alors qu’il était encore dans son œuf. Elle l’a laissé en Armanda comme un symbole d’espoir. Espoir pour les bipèdes, mais aussi pour elle, pour la confiance qu’elle accordait encore aux bipèdes. Et bien d’autres mères ont fait comme elle. »

Le dragon de l’ire marqua une pause alors qu’il fit un pas en direction de la verte, se grandissant.

« Ta mère ne voulait pas que tu grandisses seule. Sans doute attendait-elle que tu écloses pour ensuite t’amener jusqu’à notre continent. Sans doute n’a-t-elle pas voulu prendre le risque de te transporter durant ce long exode comme l’ont fait certaines mères. Elles y ont laissé leurs œufs dans cette traversée, elles y ont laissé leur vie. Et sans doute très peu ont réussi à faire venir leur œuf sur le nouveau continent. Peut-être avait-elle confiance dans les bipèdes et c’est pour cela qu’elle a décidé que tu te lierais. Ashy tu veux savoir ce que ta mère a ressenti ? Tristesse, amour, trahison. Tristesse de voir son peuple partir. L’amour infini qu’elle te portait. Et trahison de voir les bipèdes l’attaquer et lui voler son œuf. Et pourtant, malgré cela, il restait une parcelle d’espoir et de confiance, car elle a décidé que tu te lierais. »

Verith lui aurait sans le moindre doute préférer tuer son enfant, détruire son œuf que l’abandonner à se triste destin. Il aurait préféré l’emporter avec lui, dans un lieu sûr, auprès de l’esprit de la mort que de le confier à des bipèdes.

« Contrairement à ce qu’a dit la bipède que tu protèges, j’écoute et je vois. Ces choses que tu me montres et qui révulsent mon cœur, je les prends en considération. Tu es la seul en cet instant à m’apporter des actes, et cette bipède ne m’a apporté que des paroles. Sur l’heur rien ne fera pencher la balance de ma l’ire. »

Le rouge leva une griffe en direction d’Ashy.

« Retient bien cela dragonne liée ! J’aurais pu la tuer. J’aurais pu te tuer. J’aurais également pu tuer Silarae. J’aurais pu réduire cet endroit en cendre. J’aurai pu à peine après avoir pris connaissance de la mort de frère faire flamber chaque ville des bipèdes, tuer chaque dragons liés que j’ai croisé. J’aurai pu raser la forêt des elfes. J’aurai pu faire tout cela. J’en ai la force … Mais je ne l’ai point fait. J’aurai pu te tuer à notre première rencontre pour avoir souillé mon esprit avec les images de toi et ton bipède. Mais je n’ai rien fait de tout cela. Garde tout cela en tête Ashy, je suis la colère, je suis la destruction, je suis un dragon, mais je ne suis pas le mal. En ce jour j’ai fait un cadeau à ta protégée. A elle de l’utiliser correctement si elle ne veut pas que ma l’ire ravage ce à quoi elle tient. Oui, prenez conscience de la chance que je vous offre. De la parcelle confiance que je place comme ma mère avant moi, comme beaucoup de dragons avant moi. »

Ashy n'était pas vraiment impressionnée par les menaces de Verith. Au début elle l'avait été, mais il en proférait tellement qu'au final elle s'y était plus ou moins habituée... En revanche, elle ne s'attendait pas à ce qu'il réponde à ses paroles avec un calme relatif et de façon convenable, réfléchie. Du moins pour une partie de ce qu'il lui répondait... Il semblait ne pas pouvoir s’empêcher d'ajouter des menaces dans ses mots, mais au final c'est un peu ce qui le caractérisait.

Il parlait de compréhension, de confiance, d'amour... Et l'espace d'un instant, lors de leur rencontre précédente, elle avait cru percevoir un Verith qui en était capable, caché derrière cette façade de plomb et ce cœur de pierre. Mais maintenant elle doutait que cela puisse vraiment être le cas...

Comment pouvait il parler de confiance et d'espoir accordé aux bipèdes alors qu'il les hais tant ? C'était comme si Ashy prétendait espérer que le règne de Fabius soit long et prospère, ça n'avait aucun sens ! Et pourtant, il avait l'air sérieux en disant tout ça... Il semblait en avoir la conviction, sans même se rendre compte à quel point ses mots divergeaient d'avec ses actes... Se pouvait il qu'Ashy n'ai pas toute les cartes en patte ? Qu'un détail lui échappe, qui donnerait raison à Verith ? … … … Non, impossible.

Quoi qu'il en soit, il était évident qu'il était inutile de chercher à contredire Verith sur ses dires, il n'accepterait jamais le fait qu'il se contredise lui même entre ses paroles et ses actes. Et il ne changerait pas d'avis sur les bipèdes en un claquement de griffes. Il voulait des actes et non des mots ? Très bien, alors Ashy réfléchirait à un moyen d'amener Verith à revoir son jugement en utilisant des actes, et non des mots. Peut être que ce serait impossible, ou que ça prendrait plusieurs vies d'humains avant d'y arriver... Mais si elle en avait l'occasion, si un plan lui venait en tête, alors elle essaierais de tenter le coup, s'il n'était pas trop tard. En attendant, il restait cependant un point à discuter sur tout ce qu'il venait de dire.

"- Tu dis que ma mère a fais un choix, comme tout les dragons. Et effectivement, c'est le cas... Elle a choisis de protéger le fruit de sa relation avec mon père, le fruit de leur amour... Ou du moins de son amour. Mon père n'en avait il pas pour s'enfuir ainsi en la laissant seule et affaiblie ? Est-ce la la façon dont les dragons traitent leur descendance et leur compagnes ? Ils les abandonnent au premier revers ? Ne te méprend pas sur ce que je viens de dire, je ne cherche pas à insulter qui que ce soir... Je veut juste comprendre pourquoi... Pour moi, sa fuite est un acte de lâcheté qui a tué ma mère et qui a provoqué le lien que tu hais tant entre Korentin et moi... Mais comme tu l'a dis plusieurs fois, je ne connais rien de la société des... Dragons "libres", comme tu le dis. Alors, toi qui sait, dis moi... Montre moi... Qu'est ce qui pouvait justifier son abandon ? Voulait il juste se sauver, ou y avait il une raison sérieuse qui ai pu le pousser à partir contre sa volonté ?"

La jeune verte tentait de parler normalement, mais la vérité c'est que cette question lui tenait à cœur. Elle tenait à savoir si son père était véritablement partis en lâche, ou s'il n'avait pas eu le choix. Dans les deux cas, ça n'avait au final pas énormément d'importance car elle resterait de toute façon avec Korentin, mais maintenant qu'elle s'était posé ces questions... Elle espérait que Verith serait en mesure de lui en dire plus. Elle se contenta d'attendre une réponse, en regardant le sol entre elle et Verith, laissant toute sortes de pensées tourbillonner dans sa tête.

A ses cotés, la jeune verte sentie un mouvement. Esmelda reprenait doucement ses esprits, au plus grand soulagement d'Ashy. Elle était toujours allongée contre elle, recouvrant le corps de l'humaine de son aile comme une couverture protectrice. Esmelda semblait terriblement fatiguée, mais au moins elle semblait aller bien... Du moins de l’extérieur, qui sait ce que Verith avait bien pu lui faire...

"- Ne t'en fait pas, je suis la... Même si je doit utiliser mes griffes pour l’empêcher de t'approcher à nouveau, alors je le ferais... S'il ne veut pas comprendre, c'est qu'il n'est pas digne de t'écouter. Quelque soit les choses qu'il a vécu, rien ne peut justifier ce qu'il t'a fait... Je n'aurais pas du te demander de le rencontrer, j'aurais du comprendre qu'il ne pouvait pas entendre la vérité si elle ne venait pas d'un dragon libre, comme il dis... J'espère que tu me pardonnera de t'avoir mené face à lui, de t'avoir causé ces souffrances dont tu n'avais pas besoin..."

Ashy observa tristement Esmelda, caressant doucement son cou en se servant de son museau. Si l'humaine avait été blessée à cause d'elle, Ashy ne se le serait jamais pardonnée... Et elle s'en voudrait probablement longtemps de l'avoir ainsi exposée à un tel danger. Quand Korentin apprendrait ce qu'il s'est passé, elle n'osait pas imaginer la conversation qu'ils auraient... Mais au moins, Esmelda semblait se remettre.

"- Est-ce que... Tout va bien ? Qu'est ce qu'il t'a fait ? Il prétend t'avoir fais un cadeau, mais je ne crois pas que sa vision des choses soit la même que pour toi, ni même pour moi..."

¤ Le cadeau de Verith II ¤

« Tu dis que ma mère a fait un choix, comme tous les dragons. Et effectivement, c'est le cas... Elle a choisi de protéger le fruit de sa relation avec mon père, le fruit de leur amour... Ou du moins de son amour. Mon père n'en avait-il pas pour s'enfuir ainsi en la laissant seule et affaiblie ? Est-ce là la façon dont les dragons traitent leur descendance et leurs compagnes ? Ils les abandonnent au premier revers ? Ne te méprends pas sur ce que je viens de dire, je ne cherche pas à insulter qui que ce soir... Je veux juste comprendre pourquoi... Pour moi, sa fuite est un acte de lâcheté qui a tué ma mère et qui a provoqué le lien que tu hais tant entre Korentin et moi... Mais comme tu l'as dit plusieurs fois, je ne connais rien de la société des... Dragons "libres", comme tu le dis. Alors, toi qui sais, dis-moi... Montre-moi... Qu'est-ce qui pouvait justifier son abandon ? Voulait-il juste se sauver, ou y avait-il une raison sérieuse qui ait pu le pousser à partir contre sa volonté ? »

Verith toisa un instant la jeune Émeraude, tachant de trouver une réponse à sa demande, à l’interrogation profonde de la jeune écaille qui pourtant restait cruciale. Le rouge souhaitait y répondre et en même temps, il ne le souhaitait pas. Du moins pas totalement. Ashy lui avait amené une écervelée, il fallait lui faire payer cela. Les pupilles du rouge se posèrent sur la jeune bipède et sur la jeune dragonne successivement. Elle s’inquiétait réellement pour cette folle ? Cela révulsait le fils de l’orage au plus haut point.

« Ashy, tu ne connais vraiment rien à la société des dragons. Et tu m’en vois profondément désoler. Cependant, pourquoi penses-tu que ton père soit en tord ? Qu’est-ce qui te laisse penser que la société des dragons est semblable à celle des humains. Que la famille d’un dragon soit comme celle des hommes ? »

Verith baissa légèrement sa tête en direction de la jeune émeraude, ses pupilles se dilatant, reflétant le reflet de la verte protégeant la princesse.

« Je ne connais point l'histoire de tes parents. Mais je peux te dire cela. Je ne pense pas que ton père soit un lâche. Je vois mal un dragon abandonné sa compagne à pareil sort. En tout cas, ce n'est pas ce que je ferais. À moins d'une profonde mésentente. Voilà ce qui me parait le plus probable. Ta mère a chassé ton père, ou alors ils se sont séparés bien avant le départ des dragons. Il ne s'agit pas de mes ancêtres directes, je ne risque donc pas d'avoir accès à leurs mémoires. »

Le rouge leva une griffe pour pointer Ashy.

« Mais toi, tu pourras y avoir accès. Sois patiente jeune dragonne, et tu découvriras ce que tu veux savoir. La mémoire de nos parents est celle qui nous vient le plus facilement. »

Verith finit par se redresser et faire volte-face.

« Ce n'est pas aujourd'hui que je te révélerais le fonctionnement de la société des dragons libres. À notre prochaine rencontre peut-être, si prochaine il y a. »

La queue du rouge fouetta l'air et il commença à partir.

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