Citation :

Elle souffrait, il n'y avait plus que haine en elle et elle n'ignorait pas qu'elle ne serait plus jamais capable de manifester d'autres sentiments. On l'avait volée, trompée, et trahit par deux fois. La première était sans nul doute la plus douloureuse, mais la seconde n'était pas beaucoup plus réjouissante. Ses frères n'auraient-ils pas dû être ses plus solides soutiens dans une telle adversité ? A nouveau, ils avaient préféré leur création à son bonheur. A nouveau, ils rejetaient le Néant comme étant une fin inacceptable. N'était-elle pourtant pas le début de tout ?
Elle était seule désormais, seule et ironiquement vide. Son enveloppe mortelle n'était même plus utilisable, on lui avait enlevé jusqu'à son bouclier. Où était-il d'ailleurs ? Etait-il resté là où il était tombé, au coeur des anciens souterrains Tarenths ?

1. Veren
   
2. Achroma
   
3. Esmelda
   

Comment avait-elle pu en arriver là ? Ces souterrains vampiriques, que beaucoup pouvaient qualifier de maison lui sortaient par les yeux. Ils étaient tristes, humides et sentaient mauvais, imbibés de cette odeur de mort qui peuplait ce refuge, ce royaume, pour ceux de son espèce. Même les cavernes de la rébellion étaient beaucoup plus attirantes, avec au moins le fumet des humains présents, qui même si elle ne pouvait pas y toucher, rendait l'endroit beaucoup plus attirant. Mais elle n'avait pas eut beaucoup d'autres possibilités, envoyée pour le compte de la rébellion ramasser des informations sur une sorte de bouclier ou quelque chose comme ça ayant appartenu à Néant, enfin... Bouclier, ça pouvait au final être n'importe quoi vu que les légendes prenaient un malin plaisir à tout déformer !

L'obscurité n'avait aucun secret pour les vampires, ils y voyaient mieux qu'un humain en plein jour faisant ainsi fi de la peur induite par ce genre d'endroit à l'intégralité de l'espèce humaine. Car oui, il fallait être soit un fou, soit un menteur pour dire que l'on ne pouvait pas avoir peur en ce lieu. L'air putride renfermé, le peu d'oxygène qui serait consommée par les flammes des torches et autres lampes des humains osant s'y aventurer rendraient la respiration difficile et ne faisaient qu'augmenter le stress que de se retrouver dans ce genre d'endroit. Sans compter les lumières inquiétantes que les flammes pouvaient envoyer sur les parois irrégulières aux multiples cavités abritant on ne savait quel monstre ou créatures que la présence d'un être vivant pourrait malencontreusement réveiller car plus on s'enfonçait profondément et plus l'inconnu se faisait grand, aucun vampire n'avait été assez fou pour aller se perdre au plus profond de ces galeries au delà de la frontière de la connaissance.
C'est donc rassurée par cette obscurité qu'elle s’enfonça dans les premières galeries, jusqu'à ce qu'une lumière faiblarde vienne créer les fameuses ombres de lumières mais également apporter une odeur bien trop familière pour la laisser de marbre : celle d'un Kohan, ou plus particulièrement d'un kohan. Elle l'aurait reconnue entre milles !

Discrètement elle suivit cette odeur, évitant de se faire remarquer par cette dernière alors qu'elle réduisait la distance qu'il y avait entre elle et cette dernière dans les cavités sinueuses au plus profond du royaume vampirique. Puis, une seconde vint se rajouter à la première, cette fois celle d'un vampire et à la particularité de cette dernière ce n'était certainement pas n'importe lequel qui l'avait certainement sentie depuis quelques temps mais tant qu'il n'y aurait pas de menaces et surtout de voir ce que faisaient les deux protagonistes, la vampire préféra rester dans les éclats causés par la lumière de la torche, la rendant plus difficile à voir par les deux espèces à cause des contrastes de lumière.

Mais le problème était bel et bien tout autre. Une ombre venait de se glisser non loin derrière eux. Une ombre parmi les ombres et dont le bruissement fit frémir la vampire, une ombre parmis d'autres ombres dont l'odeur agressive ne prévalait rien de bon. Certainement quelque chose de bien trop ancien et dangereux pour qu'elle n'en connaisse l'odeur et la vision d'horreur qu'elle pu entrapercevoir alors que la créature se déplaçant ne fit que confirmer ses craintes : quelque chose avait été réveillé et les observait avant de... Avant de les attaquer ?!

Serait-il possible que cette forme humanoïde soit un prédateur dans ces tunnels ? Elle ne mit pas vraiment longtemps à comprendre que la proie serait certainement l'humaine ici présente, mais rien ne disait qu'elle devienne une proie potentielle, car l'autre vampire était le cadet de ses soucis. Ni une, ni deux, elle se présenta dans la lumière de la torche, les mains bien en évidence et loin de tout objet tranchant que le vampire pourrait déceler dans sa tenue, car seuls les esprits pouvaient savoir combien il y en avait. Ce qu'elle mit en avant ? Ce fut simplement la bague lié à la rébellion en guise de salut, pour signaler qu'elle n'était pas une ennemie, car aux vues du statut de la princesse c'était certainement la meilleure chose à faire pour ne pas se faire cogner dessus avant qu'ils ne posent les questions.

"Je suppose que ce qui vous suit depuis quelques temps n'est pas un amis à vous."

Elle n'avait pas mis beaucoup de temps à traverser la distance qui la séparait du petit "couple", restant tout de même à distance raisonnable pour éviter tout geste malheureux de leur part, mais également de se retrouver prise à partie par la créature qui était bien trop proches d'eux à son gout.

Les questions n’avaient pu qu’affluer, depuis la bataille des bois sombres, dans les instants où il se permettait d’observer les évènements avec plus de recule. Quand on lui en laissait la possibilité également. Et l’intérêt qu’il portait aux mystères se dévoilant un peu plus chaque jour n’était pas seulement intellectuel… On avait découvert l’existence d’un Esprit supplémentaire et, au travers de lui, on ouvrait également la porte à nombres d’autres considérations. Et si comme tout un chacun, dans la rébellion, il avait pu entendre parler d’Edwyn le Voyageur qui traversait les terres d’Armanda en compagnie du dragon rouge Verith, l’occasion de le croiser ne lui avait malheureusement pas été donnée. Qu’importe, avec la demande faite par Korentin Kohan il avait une bonne raison de fouiller plus profondément sans éveiller la moindre suspicion. Il suffisait pour cela de laisser penser que la récompense était son seul désir, alors même qu’il n’en avait strictement rien à faire. Non, ce qu’il désirait c’était étudier davantage tous ces pans d’histoire et de cosmogonie remis en cause. L’enquête qu’il avait menée avait été aussi approfondie que possible… il avait à sa disposition de nombreux ouvrages, aussi bien humains que vampiriques, pour lui permettre de chercher des indices et de recouper les différentes versions d’une même légende afin d’en établir un corps plus stable et complet que les fantasmagories des nouveaux esprits. Le travail était long, parfois fastidieux et ennuyant, mais non moins important… Aux récits et aux informations dont il établissait un plan et une chronologie précise et détaillée, il allia également les mémoires des anciens, ces vampires millénaires qui, peut-être, savaient quelque chose de plus que la lie des mortels. Même un simple fragment pouvait faire la différence, après tout. Et quoi qu’elle fût ardue à accomplir, cette tâche le motivait profondément. S’enfoncer dans les mystérieuses brumes d’un passé lié aux Esprits Supérieurs ne pouvait qu’être appréciable même en se tuant à la tâche. Cependant, pour toute l’énergie qu’il mettait dans ses recherches, il fallait se rendre à l’évidence : des pans complets de récits manquaient à l’appel et certaines informations se contredisaient profondément. Cela ne le démotivait pourtant pas, bien au contraire, surtout lorsqu’un des sujets éveilla plus encore que le reste son intérêt. Les Armandéens avaient toujours pensés que les vampires avaient creusés les galeries… pourtant, bien des détails de l’histoire amenaient à croire que ce n’était nullement le cas. Le fait qu’ils s’y soient réfugiés par exemple. S’ils avaient véritablement été pourchassés, alors creuser de tels labyrinthes aurait été hors de leur portée, en termes de temps bien évidement. Il y avait également à noter que les vampires n’étaient pas de bons artisans, et construire ces galeries, aussi saumâtres soient-elles, demandait tout de même un talent certain dans la réalisation de l’architecture, des proportions ou de l’inhérente logistique accolée à pareil ouvrage. Il y avait peu de récits datant véritablement de l’avancée glorieuse, en revanche il en existait de plusieurs dragonniers et anciens à présent disparus qui pouvaient, éventuellement, indiquer qu’autre chose que des vampires avait été maître d’œuvre de ces lieux lugubres. Qui ? Impossible de le savoir pour le moment. Si ils n’étaient ni vampires ni elfes, ni, très certainement, humains, qui étaient-ils ? Il voulait savoir. Ygg-Chall reposait-elle sur les ruines d’une civilisation antique et disparue ? Un beau rêve et si c’était le cas, il voulait absolument avoir accès aux informations que les lieux en question pouvaient receler, au-dessous de la patine et de l’usage qu’en avaient fait les siens.

Ses souvenirs des premiers temps de la vie dans les galeries n’étaient plus aussi clairs qu’ils auraient dû être, bien évidement. Cela remontait à loin, déjà. A l’époque, il n’était pas resté inactif et s’éterniser sur la contemplation des lieux n’avait pas été sa priorité… bien au contraire même. Jeune vampire, il avait désiré apprendre et combattre avant tout. Prit dans les expéditions de certains dragonniers de l’époque et fomentant des complots en compagnie d’Isendal, d’Erin et de Cyrène … Non, il n’avait vraiment pas eu le temps de s’intéresser tout de suite à l’architecture d’un lieu qui n’avait été rien moins que le synonyme d’une cuisante et insupportable défaite. Comment aurait-il pu le voir autrement d’ailleurs, alors que sa race croupissait dans ces soubassements, plus glauques et plus vicieux qu’un cul-de-basse-fosse humain ? Pourchassés comme des bêtes, contraints à la clandestinité… Comment aurait-il alors pu le supporter ? Il n’avait pas pu tout simplement. C’était au-dessus de ses moyens de l’époque, lorsqu’il était encore fougueux et tête brûlée et qu’il envisageait de s’attaquer à Gloria comme si de rien n’était. L’apaisement était venu plus tard, après des revers et des errances, des leçons durement apprises mais nécessaires. Lorsqu’il avait finalement commencé à y voir clair, au-delà du brouillard de la colère et de l’ambition, qu’il avait appris, finalement, les véritables leçons de sa mère. Alors seulement le reste du monde avait commencé à avoir un réel intérêt. Alors seulement, pour ses instants passés dans les galeries, avait-il débuté une lente étude, un apprentissage des lieux, autant pour lui-même que pour son fils, fasciné par ce qui se trouvait en-dessous du royaume vampirique, si tant est que l’on puisse nommer ces égouts sinistrés un royaume. C’était sous son impulsion à lui autant que par désœuvrement qu’il avait commencé à regarder dans ces ténèbres et sous elles… Les autres anciens étaient alors endormis, reposant dans leurs couches veloutés en attendant un réveil nécessaire. Il était seul, seul des siens encore éveillé… et il avait eu cruellement besoin de se trouver des raisons d’avancer. L’ennui était un facteur mortel pour une créature comme lui, tuant plus sûrement que toute arme ou magie. Laissant leurs luttes aux autres, il avait accompagné Adryne. Cependant, pour tout ce qu’il avait pu voir, ce qui se trouvait au-dessous du royaume lui-même, dans l’abysse, lui restait complètement étranger et inconnu. Aucun vampire ne s’aventurait jamais là-bas et certainement pour une bonne raison. Pourtant, d’après les indications qu’il avait pu découvrir, c’était bel et bien par là qu’il fallait aller pour trouver ce fameux bouclier du Néant.


Un bouclier, donc… métaphorique ou réel ? Impossible à le savoir pour le moment, et pourtant de ce qu’il avait entendu des autres objets, des infimes lambeaux d’explications, peut-être était-ce en effet un ‘simple’ bouclier dans sa forme mais autre chose dans son fond. Là-encore, une seule façon de le découvrir : trouver l’objet en question. Et puisque Lorenz avait décidé d’aller fureter du côté des montagnes, l’Ombre qu’il était ne pouvait que choisir un autre chemin, histoire d’étendre les possibilités et de ne pas se contenter de ce que l’autre trouverait. Ni une ni deux, il était donc parti en direction des galeries. Sur une monture terrestre cependant, à la grande irritation de Silarae. Mais elle ne pourrait de toute façon pas entrer dans les galeries…. Ou du moins, elle ne pourrait pas suivre jusqu’au bout. Sans doute effectuerait-elle un bout de chemin avec lui, rien de plus. Elle était préoccupée en ce moment et lui occupé tout court. Son escapade vers Gloria ne lui avait pas vraiment plu, bien évidemment. Il s’était mis en route, seul… et pourtant force avait été de constater qu’il n’était pas le seul à faire le déplacement. Il avait rattrapé le détachement impérial servant à la princesse Kohan plus rapidement qu’il ne l’avait crû et ce n’était qu’après quelques heures que la jeune femme et lui avaient convenu d’un plan pour fausser compagnie à la garde de l’humaine. Une compagnie qui de toute façon n’aurait pas aidé, là où ils allaient tous deux. L’ancien parvenait sans trop de difficultés à comprendre les motivations qu’elle possédait à vouloir s’enfoncer si profondément dans un lieu jamais encore touché par le soleil. Cependant, il y avait un pas énorme entre laisser une compagnie d’animaux en rut entrer dans ces tréfonds et y permettre le passage d’une seule. S’il avait encore vécu, son propre fils aurait sans doute préféré massacrer les soldats humains plutôt que de les laisser troubler le cœur du monde. Et puis après tout, si leur seule utilité était de protéger la princesse, il pouvait tout aussi bien lui servir de garde du corps… et sans doute avec plus d’efficacité que ces imbéciles. Sans compter la présence distante de Silarae évidemment. L’approche des galeries se fit donc à deux, alors qu’il servait galamment de guide en prenant soin de ne pas oublier la fragilité naturelle de cette enfant et ses besoins vitaux, que lui-même ne possédaient plus en grande partie. Par bonheur, ils n’eurent guère de problèmes et aucunes mauvaises rencontres, conduisant à un voyage paisible ponctué de conversations et d’un rythme soutenu quoi que loin d’être tyrannique.

Les galeries étaient égales à ce dont il en avait le souvenir. Un souvenir peu agréable il était vrai, mais qui portait également la trace de nombreux individus qu’il respectait… et même affectionnait. Sa dernière visite en ces lieux avait été pour le réveil des anciens, une journée faste. Voir les siens, ses frères et sœurs, revenir à l’existence avait été fabuleusement satisfaisant. Un grand jour, oui. Revoir Isendal, Cyrène, Merveille… mais également devoir leur parler, les mettre au courant, leur expliquer. Il y avait eu fort à faire. Ce temps-là était passé, les anciens avaient repris leurs places. Si il revenait en ces jours ce n’était nullement pour le paysage ou pour la nostalgie, mais simplement pour des questions pratiques et autrement plus passionnantes que de ressasser les actions passées desquels il ne pouvait plus rien. Il guida Esmelda Kohan à l’intérieur, usant de magie afin d’éclairer la voie pour elle qui n’avait pas d’yeux vampiriques pour lui assurer un sauf-conduit dans les traîtres passages sinueux. La gardant proche de lui, afin qu’elle bénéficie d’un écran en cas de problèmes mais également afin de la guider plus efficacement dans le cocon scintillant de la magie dont il entourait son bâton, ils avancèrent à pas lents. Bien qu’il fut profondément intéressé par les mystères qui les attendaient, il ne tenait pas à se presser et provoquer une catastrophe. Il ne voulait pas mettre l’humaine en danger, c’était également vrai… elle n’était après tout qu’une fragile enfant qui faisait, étrangement, taire ses mauvais côtés. Lentement, donc, ils s’enfonçaient, lui devant pour plus de sûreté quoi qu’il exista encore bien des terreurs derrières eux. Lentement, ils descendaient. Le chemin choisit avait été plutôt simple, au début tout du moins. En prenant au-dessous de l’Ygg-Chall et vers les passages alambiqués anciennement usités par son acolyte, il avait retrouvé un chemin vers les tréfonds qui était relativement praticable, en particulier pour la princesse. Il n’était pas très bavard, une fois sur ce long et noir chemin, ne désirant rien éveiller par un bruit trop important alors que le moindre souffle d’air prenait une ampleur remarquable et singulière dans le silence pesant des lieux.

Où allaient-ils réellement, ainsi ? La question se faisait plus présente alors qu’ils descendaient. Le chemin ne semblait avoir nulle fin… long serpent opaque dont il crevait la nuit de ses yeux de vampire sans pour autant en être illuminé d’une quelconque compréhension. Non il ne comprenait guère. Ils avançaient lentement, profondément. Toujours plus profondément et pourtant ? Ils n’étaient pas encore sortis du royaume vampirique. Il le sentait. Qu’y avait-il en-dessous ? Bien malin celui qui pourrait le prédire. En attendant il semblait bien qu’ils aient un autre problème sur les bras. Il avait commencé à sentir sa présence, inévitablement, lorsque la chose s’était glissée à l’orée de sa conscience étendue. Ayant pris soin d’user de son don quelque peu contraignant comme d’un éclaireur doué, la présence de la créature ne lui avait nullement échappée, pas plus que celle de l’autre, un peu plus tard. Mais si la seconde ne l’inquiétait nullement, la première le contrariait et le préoccupait grandement. Il avait eu l’occasion de voir l’une de ces choses, voilà longtemps… Il n’en savait pas beaucoup plus que la majorité des vampires à leur endroit, simplement qu’elles étaient puissantes, dangereuses, et animales. Des choses contre lesquels il valait mieux ne pas se battre et surtout pas dans un moment pareil. Le plus préoccupant, évidemment, était la menace planant désormais sur la jeune humaine qui ferait certainement un merveilleux en-cas à la chose qui les suivait… Il avait bien essayé de changer de route et de la perdre, mais en la voyant retrouver leurs traces à chaque fois, il était évident que c’était le sang d’Esmelda Kohan qu’il recherchait… traquait. Il ne voulait pas sous-estimer la chose, c’eut été une grave erreur et lui-même était encore un simple gamin nouvellement créé par rapport à l’autre. Néanmoins céder à la panique n’aurait servis à rien et le sérieux de la situation stimulait suffisamment son être pour qu’il se sente pleinement en éveil et en pleine possession de ses moyens. Il réfléchissait en continuant d’avancer, se triturant l’esprit en surveillant la menace plus que potentielle.

A trop la surveiller cependant, c’était l’autre, la gamine, qu’il avait oublié et la voir réapparaître devant lui amena une pression de magie à son être. Heureusement qu’il n’avait pas la violence si aisé que cela, ou elle aurait très bien pu quitter la non-vie immédiatement. Clignant des yeux pour ponctuer cette surprise, il retint ses paroles mais n’y répondit pas. Pas immédiatement. L’instant d’immobilisation avait permis à la chose qui les suivait de se rapprocher sensiblement, et ça il n’aimait pas… Elle serait certainement bien plus forte et rapide que lui, aussi fort puisse-t-il être lui-même et c’était déjà beaucoup. D’un simple geste de la tête, il indiqua à la nouvelle venue de se mettre en marche, reprenant le pas lui-même sans quitter la princesse d’un seul centimètre. Si l’autre tenait à rester avec eux pour une raison quelconque, qu’elle vienne, si non, elle retarderait bien un instant le prédateur. Mais s’arrêter n’était nullement une bonne idée. Changeant une fois de plus de parcourt et accrochant un passage descendant plus abruptement vers les profondeurs, il raffermit son soutien au corps d’Esmelda. Ayant repris quelques pas d’avance, il prit enfin la parole, pour la première fois depuis l’entrée dans les galeries. Sa voix, basse et modulée de sorte à être parfaitement audible sans trop troubler les environs, s’éleva avec calme. « Princesse, il me semble que vous maîtrisez suffisamment la magie pour user d’un sortilège d’illusionniste. Savez-vous comment l’appliquer ? Il serait bien utile pour dissimuler vos signaux vitaux » C’était le plus préoccupant après tout, puisque la chose pouvait entendre battre son cœur. Cela suffirait-t-il pour perdre l’horreur sombre ? Peut-être pas, il fallait voir. Se tournant vers l’enfant sang-froid, il lui indiqua le passage. « Si vous voulez nous accompagner, je suggère que vous passiez devant. Je me chargerais de l’autre si il venait à nous rattraper »

Spoiler:

Spoiler:

Elle ne savait pas quelle créature pouvait être la plus dangereuse entre ce que l'humaine avait réveillé par son odeur alléchante ou le vampire qui gardait la princesse humaine. A son odeur ce dernier pouvait réellement être une menace pour sa survie si elle se montrait un peu trop aventureuse et avait le malheur de trop s'approcher de la princesse et ainsi la vampire ne mit pas beaucoup de temps à obéir aux ordres de ce dernier, la loi des vampires n'avait pas mis longtemps à faire son effet, et de toute manière l'habituelle serveuse qu'elle était n'avait pas vraiment de pulsions visant à gagner du pouvoir, elle n'avait pas vraiment besoin de ceci pour se nourrir, loin de là ! Elle se greffa donc à la petite expédition, qui comprenait la princesse humaine qui n'avait vraiment pas grand chose à faire là, non sa présence était même déplacée et son odeur avait réveillé quelque chose de très ancien et d’extrêmement dangereux que n'importe quel vampire tenant un tant soit peu à sa non-vie, préfèrerait éviter. La princesse quant à elle n'eut aucun mouvement dans sa direction, la reconnaissant juste. Après tout elles n'avaient jamais discuté ni été proches, ce qui pouvait d'ailleurs être maintenant l'occasion d'y remédier.

Oh, une solution s'imposait d'elle-même pour arrêter d'être traquée et surtout ne pas être prise pour cible si la bête désirait supprimer la concurrence pour avoir l'humaine pour elle seule, il suffisait de la devancer ! L'avantage serait que la princesse humaine pouvait "survivre", certes pas de la manière dont elle s'y serait attendue, mais au moins elle ne serait pas laissée à pourrir ici, complètement vidée de ses fluides vitaux. Mais autant dire que cette solution qui lui était passé par la tête ne serait pas vraiment acceptable à entendre par ses compagnons de route et en premier lieu par le vampire qui gardait l'humaine car cette dernière n'aurait jamais la force de pouvoir contredire une telle décision. Après tout, ce raisonnement typiquement vampirique auquel la pseudo-serveuse n'échappait absolument pas n'était pas du plus adapté pour ses camarades.

A défaut, le "garde du corps" vampirique eut une solution moins... "sanglante", proposant à la princesse humaine de se faire passer pour une vampire par la magie qu'elle appliqua sans autre forme de procès, surtout après que l'odeur lui soit enfin venue au nez. Cette solution temporaire pourrait permettre de gagner de précieuses minutes voire même des heures pour tenter de semer la créature dans les tunnels, mais tôt ou tard cette dernière n'en aurait plus la force et il faudrait forcément agir. c'est donc dans le silence digne d'une non-morte qu'elle prit la tête de la petite expédition non sans se méfier du vampire auquel elle tournait majoritairement le dos, une dague entre les deux omoplates était si vite arrivée, comme si ces dernières étaient irrémédiablement attirées par ces dernières.

Le subterfuge ne dura pas bien longtemps, malgré le fait que la créature était tout ce qu'il y avait de plus bestial, cette dernière n'était pas non plus stupide ! Poussant un hurlement à glacer le sang de n'importe quel être vivant, la créature se remit immédiatement sur leur traces, s'imaginant peut-être que les deux vampires qu'elle avait sentit lui avaient volé sa proie tant attendue et cette dernière se mettant maintenant en quête d'une vengeance froide et sans pitié. Elle courrait, elle se rapprochait et elle était bien trop rapides pour eux, beaucoup trop. Le salut se retrouva en la présence d'une petite galerie, un passage que personne n'aurait pu remarquer sans les reflets de lumière liés à la magie. Un boyaux qui semblait interminable pour la vampire qui avait finit par prendre la tête dans l'avancée et dont la lumière derrière elle ne la mettait pas franchement en confiance car elle ignorait tout de ce qui pouvait se trouver de l'autre côté. La créature les avait peut-être temporairement perdus, mais elle pouvait tout aussi bien avoir fait le tour pour les cueillir comme des chatons en fuite directement de l'autre côté et cette lumière lui dirait exactement quand ils seraient là...

Elle fit donc signe au vampire d'éteindre cette fameuse lumière pour ne pas attirer l'attention et qu'elle partait devant en éclaireur. Ses sens ne la trompaient que rarement, elle n'avait beau pas avoir ceux des vampires les plus puissants, ils lui indiquaient que la salle dans laquelle ils venaient de tomber n'était pas un abris fiable, bien au contraire ! Une dizaine de "lits" de marbres, soigneusement disposés abritaient encore leurs occupants et ce qu'ils voyaient allongés dessus n'étaient pas des statues, non, c'était bien pire : il s'agissait de la petite famille de l'horreur qu'ils avaient semés temporairement.

Il ne fallait pas un mot, pas un souffle, pas une seule goutte de sang sinon ils ouvriraient les portes d'un endroit ou même la mort paraitrait être une libération. L'humaine serait l'arme qui les ferait tuer car même s'ils la laissaient en pâture à ces créatures, leur soif et leur rage se retournerait contre les vampires. Dans un silence macabre, la vampire avança de quelques pas souples en longeant les murs, cherchant une issue potentielle à cette prison mortelle dans laquelle ils s'étaient engagés passant ses doigts le long de ces derniers, comme pour essayer de repérer ce que sa vue ne pourrait voir.

Elle ne se trompa pas, un texte gravé dans la roche, quelques mots, quelques lignes qui pouvaient être une énigme posée là pour enfermer ces vampires bestiaux pour l'éternité et qui ne pouvait être que la seule issue possible et inimaginable. Elle fit signe à ses compagnons de la rejoindre et une fois qu'ils furent à proximité elle posa son index sur sa lèvre puis sur son oreille, puis avec des gestes lents et précis elle dessina un cercle pour les englober tous trois faisant en sorte de ne pas avoir à l'étendre plus que de nécessaire pour ne pas qu'un surplus de magie vienne réveiller leurs petits camarades. Une fois le sort en place elle se permit de reprendre la parole, lisant les mots à voix basse pour que l'humaine puisse les connaitre sans avoir à utiliser sa vue défaillante.

Sensible pierre pleine de douceur
Je ne tolère pas d'agresseur
Charme et magie font mon bonheur
Haine ou colère et oh malheur

Utiliser de la magie pour ouvrir un passage, c'était clairement ce que le message pouvait dire. Mais il pouvait également y avoir d'autres effets pervers liés à ce dernier comme par exemple réveiller tout ce beau monde qui piquait un roupillon juste à quelques pas d'eux car le moindre faux pas serait certainement fatal donc autant prendre toutes les précautions qui s'imposaient et laisser ceux qui avaient des connaissances magiques bien plus étendues que les siennes qui lui indiquaient juste de poser une rune sur la roche dans l'espoir que quelque chose se bon pour eux ne se produise.

En vérité, il aurait très certainement dû lui demander d’user de ce sortilège dès qu’ils étaient entrés dans la partie inférieur du royaume vampirique, par simple précaution quand à, justement, de possibles locataires encore présents là en bas. C’était la chose la plus intelligente à faire. Pourquoi ne l’avait-il pas fait exactement ? Hm Bonne question. Le plus probable était qu’il ait refusé d’épuiser la jeune femme en lui faisant maintenir un tel sortilège pendant des heures. Elle n’avait pas la même endurance et les mêmes ressources que lui pour de tels choses. Pourtant ça ne suffisait pas à l’expliquer… Peut-être avait-il tout simplement été plus absorbé par le retour doux-amer dans les galeries, ou par la perspective d’une trouvaille particulièrement intéressante et importante. Peut-être avait-il également trop concentré son attention sur le chemin à emprunter. Quoi qu’il en soit elle n’avait pas reçu ce conseil précédemment et il s’en voulait un peu. Sans doute auraient-ils évités quelques problèmes. Mais comme rien n’était tout à fait certain et qu’il n’était pas utile de se lamenter éternellement sur le passé, mieux valait se concentrer sur les ennuis présents. La jeune femme suivait donc sa prescription et, après avoir sentis la magie opérer, il tendit l’oreille à la recherche des battements de son cœur délicat… sans les trouver. Une bonne chose de faite donc, mais certainement pas de temps pour s’en glorifier, les jeux n’étaient pas encore fait et ils devaient avancer. Laissant donc la vampiresse prendre la tête, il s’adjugea la queue de l’expédition avec un lambeau d’amusement. Comment disait-on chez les humains ? Les dames d’abord ? Et bien voilà, au moins pouvait-il affirmer se montrer galant en toutes circonstances y compris quand une créature plusieurs fois millénaire et affamée les traquaient dans les entrailles d’un royaume maudit et détesté par ses propres habitants, dans le noir presque complet et sur un chemin menant Dracos seul savait où. Oui effectivement, on ne pouvait guère mieux faire.

Restant donc à l’affut et continuant de surveiller l’arrière grâce à son esprit, il chassa un instant le malaise qui l’étreignait de ses griffes froides. C’était un peu trop simple. Le souci de faire disparaître maintenant les signaux de la princesse, c’était que la chose les avait sentie, donc qu’une explication ou une autre, y compris instinctive, serait trouvée pour comprendre cette disparition soudaine. Mais peut-être allait-il chercher trop loin ? Non lui assura le hurlement strident qui retentit soudain, une poignée de minutes seulement après qu’ils aient reprit la marche avec plus de vigueur. Aïe… bon au moins avait-il essayé, pas le temps de se dire autre chose de toute façon. Ce son-là parvenait même à lui secouer l’âme, tout ancien et millénaire qu’il était et il chercha instinctivement la présence de Silarae pour se rassurer alors qu’ils accéléraient pour tenter d’échapper à la chose. Si seulement sa dragonne avait pu venir avec eux ! Il aurait été plus assuré avec elle à ses côtés, peut-être même aurait-il choisit d’affronter l’horreur. Hélas elle n’avait pas pu les suivre et à présent, mieux valait trouver un moyen de semer la chose et de se cacher. Esmelda maintenait toujours son sortilège, elle n’était plus traçable évidemment mais il y avait bien d’autres moyens de les retrouver pour un prédateur endurcit comme cette chose. Il ne chercha pas à se retourner, se contentant de suivre la progression de la chose en la gardant dans son champ de perception, chaque mètre qu’elle gagnait sur eux le mettant un peu plus dans l’embarras. Que se passerait-il si il devait se battre ? Il n’en avait pas la moindre idée, cette chose était beaucoup plus forte et rapide que lui… Alors à moins de faire s’écrouler le passage sur elle, il ne voyait pas. Mais s’il faisait ça, il risquait de se tuer lui et également les deux demoiselles avec lui. En particulier Esmelda d’ailleurs…

Heureusement, la susnommée trouva le moyen de le sortir de ses considérations suicidaires. En la voyant s’engouffrer dans un passage alternatif, il esquissa un bref rictus, laissa la vampiresse rejoindre la princesse puis se glissa à son tour avec beaucoup plus de difficultés, manquant même rester coincé un instant et s’assommer sur la voûte de pierre basse… trop basse à son goût. Néanmoins, ils n’avaient pas le choix. Rester sur le trajet de la créature entraînerait un affrontement. Court et sanglant, et certainement pas à leur avantage à eux. Il éteignit la lumière de son arme au geste qu’eut la vampiresse, convenant que, pour le moment, elle serait une mauvaise alliée malgré les sens étriqués de la princesse. Celle-ci pouvait se fier à son toucher le temps d’arriver de l’autre côté du passage. Ensuite, si tout allait bien, il pourrait toujours la rallumer. Il avança donc, en prenant garde à ce qui se trouvait à l’arrière et parvint à sortir du boyau juste derrière la princesse humaine. Il se redressa, récupéra son bâton et regarda les alentours, sa vision crevant l’obscurité… peut-être pas pour le meilleur, mais pas pour le pire non plus. Ils étaient une dizaine. Des créatures millénaires tenues endormie par un système de sommeil semblable à celui qu’ils avaient apposé sur les siens. Un sommeil qu’il savait profond… mais pas éternel. Ils pouvaient se réveiller et mieux valait que cela se fasse quand ils seraient loin. Il ne voulait pas avoir affaire à tant de ces créatures en même temps. Une seule était déjà un énorme problème et une menace mais là… là c’était une exécution en bonne et due forme, à moins d’abandonner la princesse à leurs crocs. Hm, pas seulement la princesse en vérité. A ce comptes-là, il lui faudrait un moyen de faire de l’autre enfant une cible également histoire de s’éclipser discrètement entre deux lambeaux arrachés.

Faisant quelques pas dans l’enceinte de la salle de pierre, il tourna lentement son regard vers chacun des autels où reposaient les créatures. Cette chambre avait été créée à dessein. Ces choses… étaient-elles dans le même état de bestialité que celle qui les menaçait ? Le sommeil avait-il pu préserver leurs facultés mentales ? La seule façon de le savoir était de les réveiller mais il ne tenait pas forcément à prendre le risque. Pourtant… pourtant hors de ce danger mortel, il se sentait une certaine affinité avec ces créatures. Quel était leur âge ? Depuis quand étaient-ils là ? Qui étaient-ils avant ce sommeil ? Qu’avaient-ils fait de leurs existences ? Tant de questions qui lui trottaient dans la tête… Oui, il était presque tenté de les réveiller. Presque mais non, il ne le ferait pas. On attirait déjà son attention ailleurs. La petite semblait avoir trouvé quelque chose. Il revint vers Esmelda, la guida loin des créatures et près de l’emplacement où se tenait la vampiresse, la laissant à ses préparations et attendant simplement de savoir ce qu’elle avait trouvé. En voyant où se posaient ses doigts, il se pencha pour contempler l’inscription. Magie donc… oui, mais ce genre d’appeaux étaient, en règle générale, plus complexes qu’on ne pouvait le croire. Magie oui, mais pas d’agresseurs et pas de sentiments négatifs à ce qu’il semblait. Donc certainement pas de magie offensive ou négative. Cela l’excluait donc de la liste des prescripteurs. Il n’était pas spécialement un agresseur mais il n’était pas bénéfique et maniait la magie pour tuer.

Cela dit, il n’était pas certain de l’effet exacte qu’aurait une action sur cette fameuse pierre, ni même si il y en aurait la moindre. Réfléchissant un moment, il finit par lever une main et la posa sur la tempe de la princesse. Déployant sa capacité télépathique, il entra en connexion avec elle, sentant immédiatement une douleur aiguë lui transpercer le crâne, comme à chaque fois qu’il usait de cette capacité pour glisser des paroles dans l’esprit d’un autre. Avec lenteur, il formula, regardant la jeune femme dans les yeux même si elle ne le voyait probablement pas vraiment. *Princesse* débuta-il en la préservant de la douleur *Je ne suis pas certain de ce que pourrais provoquer une quelconque action sur cette pierre. Rien ne nous garantit qu’elle nous dévoilera une sortie. Cependant nous ne pouvons rester sans rien faire… notre poursuivant revient sur ses pas dès à présent, il risque de repérer tôt ou tard le boyau que nous avons emprunté. L’inscription semble réfuter une action de la part d’un agresseur. Peut-être vaudrait-il mieux que ce soit vous, douce dame, qui déposiez un sort sur elle. Un sort de soin par exemple, ou tout autre sortilège, tant qu’il n’est pas offensif et agressif… Pensez-vous pouvoir le faire ou votre déguisement vous demande-t-il trop d’énergie ?*

Spoiler:

La tentative de la princesse humaine n'eut pas vraiment l'effet escompté et la seule réponse de la pierre attendant sa douceur fut le silence de cette pièce ténébreuse dont les occupants conservaient leur lourd sommeil dangereux. Mais le problème de l'échec était secondaire quand l'on avait d'autres considérations et surtout d'autres choses bien plus urgentes à traiter !
La créature qui les poursuivait commençait à revenir sur ses pas pour se rapprocher petit à petit de l'endroit ou elle avait bien pu les perdre et il ne lui faudrait certainement pas beaucoup de temps pour trouver le passage exigu et venir hurler sa rage aux oreilles de ses congénères qui seraient tout autant énervés et affamés qu'elle. Les choses se pressaient d'autant plus que l'humaine perdait des forces, décidément ces derniers étaient encore beaucoup trop fragiles pour survivre dans ces terres qui leur étaient plus qu'hostiles. Le maintient du sort et l'utilisation abusive de la magie allaient au final lui être fatales car si son camouflage finissait par disparaitre alors s'en était terminé d'elle, ou plutôt d'eux en général car ça serait une condamnation à mort pure et simple si elle réveillait les endormis ici présents.

La vampire se répétait sans cesse les mots inscrits sur la roche, en espérant que quelque chose soit caché dans leur sens... "Charme et magie font mon bonheur." de la magie et du charme... Un sort de charme et de séduction à l'encontre d'une pierre ? Ce genre de sorts favorisaient l'attirance physique et diminuaient la méfiance des êtres ciblés mais qu'en était-il des pierres enchantées ? Ces sorts ne demandant pas énormément d'énergie, surtout avec l'habitude qu'avait la vampire d'en user et d'en abuser pour séduire ses proies, leur utilisation n'avait plus vraiment de secret ou de difficulté pour elle surtout en ayant réussis à se nourrir avant de pénétrer dans le royaume souterrain.

Dans sa réflexion elle commença doucement à se caresser la lèvre inférieure, d'un mouvement lent et pensif comme si elle cherchait justement à charmer la dite pierre. Lentement elle croisa ses doigts de sa main droite, pour ne faire qu'un avec les deux mouvements afin de maximiser l'impact de cette tentative discrète qui pour des non initiés à la magie vampirique pouvait simplement passer pour une réflexion profonde, car en y regardant il valait mieux qu'il en soit ainsi ! Tenter de séduire un caillou ! Il y avait de quoi être ridicule ! Mais dans une situation comme celle-ci seule la survie comptait et il n'y avait rien de stupide à réellement tout essayer pour ne pas finir en casse croute pour vampire millénaire et sanguinaire.

Si ça ne fonctionnait pas ? Les issues ne seraient pas bien nombreuses et le destin qui les attendait n'aurait rien de bien enviable. Elle n'était plus un repas gastronomique pour vampire depuis des dizaines d'années et ce ne serait certainement pas ce qui dérangerait ceux qui roupillaient ! La princesse devrait réfléchir à une solution pour s'en sortir en un seul morceau car malgré ses liens avec Korentin, la vampire n'aurait pas vraiment de pulsions suicidaires.

Ce dont il était absolument certain, du moins, c’était que lui serait vu comme un agresseur où qu’il décide d’aller. Et si, en général, la magie n’était ni bonne ni mauvaise, se pliant simplement à l’usage qu’on en faisait, il y avait tout de même une certaine catégorisation qui définissait ce qu’était un sort d’agression et ce qui ne l’était pas. Hors un sort de soin, peu importe qui le lançait, c’était tout sauf une agression. Il y avait quelques autres catégories que l’on classait ainsi et qui n’étaient ni agressives ni défensives… Le tout était de trouver quel sortilège pourrait bien faire réagir ce mécanisme. Il avait foi en leurs capacités à trouver, même si ils n’avaient pas le reste de la journée pour résoudre cette énigme. Dans le pire des cas, si véritablement ils ne parvenaient pas à trouver, il effectuerait un retour au sanctuaire avec les deux demoiselles, quitte à se fatiguer plus que de raison. C’était faisable, dangereux, mais faisable, d’autant que son sanctuaire se trouvait relativement proche, dans le saint des saints appartenant aux anciens. De là, ils pourraient quitter les galeries sans problèmes et retrouver Silarae à l’extérieur. Mais cela signifierait non seulement un échec, mais également la quasi impossibilité d’y revenir par la suite. A moins que ces créatures ne se rendorment. Tenter la chance comme cela n’était pas dans ses habitudes… Dans le pire des cas, il pourrait toujours tenter de détruire le mur par magie en priant pour avoir une issue et une échappatoire loin des monstruosités endormies. Mais là encore c’était un pari extrêmement risqué qui lui coûterait probablement les deux autres. A ne penser qu’en dernier recours donc, ils avaient encore la possibilité de s’en sortir à l’heure actuelle. La jeune femme fit donc son choix, un sortilège de soin. Ce n’était pas un mauvais commencement et il fronça les sourcils en observant la trame avec attention, regardant l’effet du sortilège mais surtout sa source, l’énergie s’écoulant avec rapidité hors du corps de la jeune femme après y avoir pénétré. Elle se fatiguait beaucoup, c’était problématique mais ça n’aurait pas dû l’étonner si elle était novice et jeune. Parfois, il tendait à oublier que tout le monde n’avait pas ses réserves presque inépuisables. En la sentant vaciller, il vint immédiatement la soutenir et tenta de lui transmettre un peu de son énergie… Ce n’était pas un acte magique anodin, il s’effectuait surtout entre un dragon et son dragonnier, et pourtant, il était possible de le reproduire en s’y prenant correctement. Il ne pourrait pas lui transmettre des blocs entiers d’énergie mais peut-être pouvait-il au moins lui permettre de se sentir un peu mieux et de maintenir son déguisement vampirique, ce qui ne serait pas un luxe.

Lentement, il tenta d’influer sur la trame afin que le flot d’énergie laissant le soin à la vampiresse de se creuser les méninges en attendant. Une fois qu’il fut certain que la princesse n’allait pas s’évanouir et les faires tuer, il reporta son attention sur la roche, juste à temps pour la voir s’écarter et révéler un passage. Bien ! Il eut un signe de temps léger à l’encontre de la vampiresse, en approbation, et porta son regard vers l’arrière, cherchant la créature qui était revenue sur ses pas. Mieux valait avancer donc… ce qu’ils firent sans attendre davantage. Une fois de plus, il laissa passer les demoiselles en premier, au cas où la chose les rattraperait. Quoi qu’à ce stade il y ait possiblement autant de danger devant que derrière. Le choix s’équilibrait entre un danger connu et un inconnu. Tant pis donc, le danger connu était assez pesant pour qu’il le privilégie et puis l’enfant n’était pas empotée non plus. Dans le meilleur des cas elle pourrait se défendre et dans le pire son trépas lui donnerait juste assez de temps pour protéger Esmelda. Heureusement, le mécanisme n’avait pas provoqué le moindre bruit, preuve si besoin était qu’il prenait sa fonction dans un quelconque enchantement, qui n’avait pas diminué en intensité durant les longues années qui l’avait vu officier. Il l’aurait volontiers étudié en détail, mais il n’en avait pas l’occasion et devait donc se contenter d’être reconnaissant pour sa discrétion, puisque les endormis n’avaient pas remués un seul orteil. Une autre chose qu’il aurait volontiers examinée de plus près était l’écriture qui couvrait les parois… ce langage, ces textes, gravés dans la pierre, étaient construit dans un dialecte totalement inconnu de sa personne, ce qui le laissait pantois. Jamais encore il n’avait été confronté à une telle situation ! Ce langage lui était inconnu, des mots à la structure, en passant très certainement par la grammaire et l’orthographe, rien ne lui était connu. Tout représentait un véritable mystère. Et c’était bien la première fois qu’il se retrouvait devant pareil défi… Son âge le préposait pourtant à de nombreux secrets, quoi que pas à tous, comme lui prouvait cette découverte. Découverte qui l’aurait obnubilé en temps normal. Et même dans ces conditions, il ressentait une curiosité presque outrancière pour ce qu’il voyait, la tentation de s’arrêter et de demeurer là indéfiniment, ou au moins jusqu’à être capable de comprendre ces messages le taraudant. C’était donc avec tout son self-control qu’il avançait dans l’étroit passage, se forçant à ne pas se figer sur place, déviant son regard de la tentation que représentaient les alentours pour se focaliser sur le besoin immédiat. Mettre un pied devant l’autre et éviter de rester coincer.

Un pas, puis un autre, dans un silence sinistre, presque morbide, uniquement brisé par le frottement léger d’un tissu contre la roche ou sur le sol pierreux… Une voie étriquée, difficilement praticable. Ce lieu était absolument parfait pour un traquenard et s’ils étaient attaqués là, ils auraient bien du mal à s’en tirer. Avec une légère sueur froide, il lança son esprit de tous côtés pour essayer de déterminer si quelque chose de négatif approchait, mais il ne récolta qu’une fugitive migraine et se fustigea. Paniquer ne lui ressemblait pas, mais il n’avait pas peur pour lui-même… être menacé lui était habituel. Il avait peur pour Esmelda… c’était toujours une surprise quand il se découvrait une petite faiblesse pour qui que ce soit. Pourtant c’était le cas, il voulait la garder entière. Hors jusque-là c’était tout de même mal parti. Hm, il allait devoir redoubler d’attention alors, en espérant que rien ne vienne contrarier ses projets. Avec fermeté, il reprit sa veille, avançant avec précaution. Après de longues minutes, le passage sembla enfin se faire plus large, pour sa plus grande satisfaction, et il put retrouver un peu d’aisance. Une aisance qui ne suffit cependant pas à excuser le fait que le passage débouche sur un cul-de-sac. Pour le coup, cela le contrariait quelque peu. Voir même plus qu’un peu. Fort heureusement, le bouclier posé par terre l’adoucissait bien davantage que le confort précédemment noté. Ils avaient réussis ! Cela devait être sans nul doute le bouclier de Néant, quoi qu’il n’en émana rien pour confirmer cette hypothèse. Le bout du voyage, leur but se trouvait là, il ne restait qu’à ramasser le bouclier et repartir. Problème, jamais rien n’est aussi simple dans cette vie et il aurait dû s’en souvenir avant de crier victoire. Il sentit son instinct se révolter alors qu’une abominable odeur se faisait soudain sentir et que son esprit renvoyait en écho une sensation creuse, le mouvement à la lisière de son regard l’alarmant immédiatement. La créature… le vampire si ancien qu’il n’avait plus figure humaine, cette chose monstrueuse dont le faciès bestial aurait pu rendre n’importe quel humain complètement fou… Elle les avait suivis et se jetait sur Esmelda. Le déguisement n’avait pas suffi, quelque chose avait trahit la princesse mais quoi ? Pas le temps de se le demander.

Il n’avait qu’un battement de cœur pour la sauver, un bref instant, fugace, terriblement rapide qui semblait déjà lui filer entre les doigts. Il réagit instinctivement, de la même façon qu’il avait instinctivement attaqué Lorenz trois ans auparavant, il accrocha la trame magique désespérément, porté par la certitude de la mort de la jeune femme et l’arracha au prédateur. Il ne savait pas du tout ce qu’il faisait, il n’en n’avait pas la moindre idée mais il fallait faire… quelque chose. Il n’attendit absolument pas de réaction de la part de la créature, attrapa les deux donzelles et les propulsa manu militari dans le tunnel, certainement en les écorchant un peu « Courez ! » Lui n’avait pas l’intention de bouger, et se tint dans le passage, prêt à retenir comme il pourrait la créature, quitte à faire s’effondrer le passage. Non en fait ? C’est exactement ce qu’il ferait, si tôt qu’elles seraient hors d’atteinte… Et après ? Hm, bonne question…

Spoiler:

Citation :

Directives MDJ :

La créature se jette de nouveau sur Esmelda, ce qui est logique puisque celle-ci l'attire grâce à son sang. La bête est comme folle, totalement obnubilé par l'odeur du sang humain. Veren peut profiter de cette occasion en or pour lancer une attaque (jet de dé à 10 faces. Un score supérieur ou égal à 4 blessera la créature et permettra possiblement à Achroma de l'achever. Un score inférieur provoquera une grave blessure à Esmelda).

La princesse impériale humaine était épuisée pour de bon et malgré la chance qu'ils avaient eut que la pierre accepte d'être charmée par la vampire, les problèmes n'étaient toujours pas réglés : ils n'étaient pas encore sortis de ces ennuis que l'humaine attirait comme une mouche avec du miel. Le vampire qui les accompagnait avait visiblement fait quelque chose, utilisant ce qui semblait être une magie qu'elle ne connaissait pas pour rendre un peu de force à l'humaine qui était au bout du rouleau alors que l'odeur de la chose à leur trousse se faisait de plus en plus forte, cette dernière revenant sur ses pas pour profiter de ce repas qui lui était livré à domicile et gratuitement.

Il fallait traverser une nouvelle galerie, cette fois étroite en largeur, pour espérer atteindre une issue ou quelque chose du genre. Comme à son habitude elle passa en premier, plus discrète que le vampire et beaucoup moins odorante que l'humaine, se faufilant entre les aspérités de la roche n'accompagnant l'ambiance macabre que par le frottement de sa tenue de cuir sur la paroi. En cas de problèmes elle aurait assez de facilités pour s'enfuir ou au moins esquiver assez de coups pour trouver une issue. La roche autour d'eux était marquées d'étranges inscriptions, ne s’apparentant à aucune langue connue des hommes. Peut-être était-ce la langue liée à ces fameux Tarenth comme Alford lui en avait parlé ? Si cette dernière avait disparut de la surface d'Armanda depuis des siècles, il ne serait pas illogique que leur langue les ait accompagné pour laisser la place aux autres peuples. Mais l'intérêt de la jeune femme pour l'histoire n'était pas assez aiguisé pour attirer son attention plus que cela. Peut-être était-ce un tort car ces arabesques pouvaient peut-être constituer un jour une aide formidable, mais dans le pire des cas elle pourrait toujours guider les plus curieux jusqu'ici, si tenté que les belles au bois dormant ne les effraient pas outre mesure. Se faufilant avec agilité elle finit par pénétrer dans cette fameuse pièce recouverte d'opales scintillantes. Une lumière qui en était dérangeante quand on arrivait de l'obscurité totale, et au milieu de cette dernière ce qui semblait être le fameux bouclier tant convoité, à moins qu'il ne s'agisse que d'un faux destiné à piéger les plus pressés et que le véritable ne se trouve caché qu'encore plus loin derrière une autre énigme.

Avec prudence elle fit les premiers pas en direction de l'objet, tâtant le sol avec hésitation comme si ce dernier allait s'affaisser sous ses pieds ou encore lui propulser un quelconque rayon lumineux qui la ferait fondre sur place. Avec ces reliques potentiellement magiques il y avait toujours un moyen qu'ils inventent quelque chose pour faire griller les intrus. Mais a peine avait-elle eut le temps de faire quelque pas que leur poursuivant était déjà sur leur talons, ou plutôt directement à la gorge de l'humaine, menaçant de la tuer pour s'en repaitre sans autre forme de procès. Malheureusement pour ce dernier, le vampire les accompagnant ne sembla pas apprécie ce fait et se jeta directement sur le prédateur fou et s'interposer vaillamment entre lui et les deux donzelles qu'elles étaient, ne se gênant par ailleurs pas pour les propulser vers la sortie. Oh, on ne pouvait pas dire qu'il avait été brutal avec la princesse, mais avec la jeune vampire il n'y était pas aller de main morte comme le démontra la rencontre peu amicale que cette dernière eut avec la paroi de la grotte, ne manquant pas de la sonner quelques instants.

Le vampire retenait la créature, mais pas pour longtemps. Il fallait que l'humaine s'enfuit, mais la seule issue n'était pas vraiment recommandable pour cette dernière maintenant qu'elle avait attirée la créature à l'aide de son sang, et puis repartir ainsi sans le butin pour lequel ils était venu était complètement illogique, surtout après les risques pris ! Quoique, mis à part si le vampire voulait aller réveiller les petits copains de l'autre bestiole et leur laisser la princesse en pâture... Non, ce n'était certainement pas son objectif mais pour le moment l'heure n'était plus à la fuite mais au combat et en la faisant avancer dans le couloir étroit, ceci lui offrirait quelques instants de répit !

Mais la créature ne l'entendait pas vraiment de cette oreille, profitant du moindre instant de flottement pour sauter sur la proie qu'elle ne voulait pas lâcher, encore moins quand cette dernière se décidait de faire une action complètement suicidaire pour attirer l'attention de cette dernière et faire gagner un peu de temps au vampire pour tenter de supprimer la créature. Dans ce mouvement elle créa une sorte d'ouverture pour la vampire et qui permettrait à cette dernière de tenter un petit coup en douce pour faire pencher la balance à l'avantage du groupe et ce sans vraiment prendre trop de risques. Le tout était que la créature soit suffisamment handicapée ou au mieux reste sur le carreau pour éviter qu'elle ne se retourne contre elle et ne décide au final que la jeune vampire devant elle était tout aussi appétissante que l'humaine. Mais il n'était pas là le moment à la réflexion, le temps ne prêtait qu'à l'action et aux gestes quasi-irréfléchis guidés par les réflexes des entrainements qu'ils avaient pu suivre, ne laissant pas la moindre place aux sentiments. La survie avant tout !

D'un geste vif, la sang froid se saisit de la garde de la rapière dissimulée dans le fourreau sans fond, sortant de ce dernier une lame d'une longueur qu'il ne semblait pas pouvoir abriter en temps normal. Ce geste s'accompagna d'un coup d'estoc rapide, visant la créature au haut du corps tout en essayant de ne pas embrocher la princesse humaine au passage. Bien entendu, la gorge était toujours la cible favorite car aucun vampire ne ressortait indemne d'un coup à cet endroit qui entrainait irrémédiablement une trop grosse perte de sang.

Cette créature n'était que le problème prioritaire, car une fois ce dernier réglé pour de bon en l'envoyant rejoindre ses ancêtres, celui du partage du butin se révèlerait un peu plus épineux avec la manie de la princesse humaine de ramasser les artefacts dangereux et de les faire disparaitre pour une raison obscure sans savoir ou ils finiraient réellement. Car c'était sûr et certains, ces fameux objets n'étaient pas tombés dans les mains de la rébellion humaine, ni même dans celles des vampires et ses motivations à chercher ce genre d'objet était encore complètement obscure, tout comme celle du vampire présent. Celles de la vampire ? Éviter simplement que ce genre de choses tombe entre de mauvaises mains et plus particulièrement dans celles des Alayiens ou de ceux qui pourraient volontairement ou non nuire à la rébellion.

• Résultat supérieur ou égal à 4 : l'attaque de Veren est réussie. la créature est gravement blessée et Achroma peut lancer une attaque avec 8 chances sur 10 de l'achever.
  
  
• Résultat inférieur à 4 : l'attaque de Veren est ratée, la créature est perturbée et Esmelda parvient presque à s'échapper. Mais elle subit une griffure très profonde au niveau du dos. Achroma est à l'attaque (probabilité de réussite à 50/50)

• Résultat égal à 1 ou 2 : Achroma doit intégrer une attaque manquée dans son RP. La créature ne sait plus où donner de la tête entre ses trois ennemis et souffre de sa blessure. Elle attaque finalement Achroma mais Esmelda a la possibilité de l'achever (attaque en 50/50 dans le post suivant)
  
  
• Résultat supérieur à 2 : Achroma peut intégrer la mort de la créature dans son rp

Spoiler:

En s’offrant le luxe d’être le seul du trio à l’intérieur de la cavité évasée, il pensait au moins obtenir un très léger sursis grâce à un minimum de liberté de mouvement. D’autant qu’en se tenant entre les deux femmes et la créature, il était au moins certain qu’elle chercherait avant tout à se débarrasser de lui pour accéder à elle, leur laissant donc la possibilité d’essayer de prendre la poudre d’escampette. Néanmoins, si cette dernière volonté se réalisait effectivement, la première elle manquait… Cette chose était bien plus forte et rapide que lui, il le savait et en avait eu conscience tout du long de leur descente. Pourtant, il n’aurait jamais pu imaginer que cette différence soit si criante. Il avait l’impression d’être ralentit par un sac de pierre tant ses mouvements étaient surpassés. Et en quelques instants, il se retrouva bloqué contre le mur, piégé dans l’étreinte de cette chose puante qui lui soulevait le cœur et lui broyait la cage thoracique lentement mais sûrement. Pourtant, il se débattait et résistait autant qu’il était possible de le faire, sentant la pression trembler, s’accroître lentement, petit à petit et manquant lui briser les os. Même si il ne respirait pas, la douleur n’en était pas moins présente et la menace bien réelle. Il était blessé, d’ors et déjà. Et pourtant ça n’irait qu’en s’aggravant si il ne parvenait pas à se sortir d’affaire d’une manière ou d’une autre… Comment faire ? Il avait les bras bloqué par l’étreinte ignoble, l’empêchant d’user de la grande majorité de ses sortilèges. Son seul véritable atout aurait pu être le bond, mais la chose l’accrochait trop fort et surtout, elle lui bloquait le passage. Jamais il ne s’était sentit aussi pris au piège, autant en danger.

Oui, il se sentait pris au piège, incapable de faire quoi que ce soit, de façon bien plus criante qu’il ne l’avait ressenti en se battant contre Lorenz. C’était une sensation entièrement différente. Mais non moins attendue. Il avait accepté la possibilité d’y rester à l’instant où il avait projeté les deux autres dans le tunnel. C’était en toute connaissance de cause qu’il s’était tenu face au prédateur et c’était en toute connaissance de cause qu’il mourrait, très certainement. Il le faisait cependant pour une cause qu’il espérait méritante, quoi que, très certainement, Silarae ne l’aurait pas approuvé… C’était tendrement qu’il pensait à sa dragonne en cet instant. Tendrement et tristement, car il risquait fort de l’emporter avec lui, privant Armanda d’une part de magie. Pour cela, oui, il serait certainement coupable. Mais la magie était-elle vraiment ce que le continent attendait le plus, ce dont il avait le plus besoin, en ces temps de guerre ? La rébellion défendait la magie avant tout, ainsi qu’un idéal de justice qui avait déjà cessé d’exister. Si une seule petite princesse pouvait rallumer cette flammèche perdue d’une conception si étrangère, désormais, à ce continent, alors sans doute cela valait-il la peine que de périr ainsi, au fond de ce puits de ténèbres qui n’étaient que voiles de gaze pour lui. Le monde avait moins besoin de magie que d’un peu d’optimisme et de droiture, et ce n’était certainement pas lui qui irait le lui donner. Il fallait que cette jeune femme vive, pour tout ce qui lui restait à accomplir et que lui ne ferait que rêver de caresser.

Non mourir n’était pas si mal, même si c’était douloureux et qu’il sentait son thorax s’enfoncer un peu plus à chaque instant. Tant que sa mort servait à quelque chose, il pouvait partir avec un semblant de paix. Ce serait au moins cela de gagner. Et pourtant, il semblait qu’on n’allait pas le laisser périr en paix, hélas. Hélas ? Non, par Dracos, évidemment qu’il n’allait pas le regretter ! Et pourtant, peut-être le regrettait-il, quand il comprit la raison qui avait poussé la chose à le lâcher subitement. L’odeur du sang était reconnaissable, même au travers de la puanteur de fosse de cette chose immonde et son cœur mort sembla rater un battement en une sensation particulièrement vivace lorsqu’il comprit ce qu’avait fait la princesse. Glissant au sol avec un grondement sourd de douleur, il inspira frénétiquement, un geste instinctif malgré son état vampirique. Récupérant fébrilement son bâton tombé non loin, il s’appuya dessus, ramena ses jambes sous lui pour le soutenir et se força de toute la puissance de sa volonté à se remettre debout, clignant des yeux pour regagner de sa stabilité alors que les évènements s’enchaînaient à nouveau, très vite. Mais pas assez vite pour lui échapper. Il vit clairement l’attaque que porta la vampiresse et prit le parti de tenter sa chance, c’était après tout le moment ou jamais de porter un coup. Il s’assura tout de même de sa réussite par un sort de vol de puissance, s’offrant la force de l’abomination pour un coup du tranchant intérieur de son bâton dont le fendoir en diamant mordit la chair fossilisée et brisa nette la nuque en un craquement sinistre de bois sec.

Il sentit la chose céder sous le coup bien porté, et la vit s’effondrer, la tête à moitié séparer du corps sans qu’aucun fluide n’en sorte… Avec une grimace de dégout qui vint rompre le marbre de son visage, il s’appuya sur son arme et tourna le regard vers Esmelda. « Princesse ? Montrez-moi… » Il s’approcha de quelques pas, lui tendant sa main libre et faisant fi de sa blessure, se prit à examiner la blessure et les contusions de la jeune femme. « C’était très imprudent de votre part » affirma-t-il d’une voix calme et détachée, quoi que douce afin de ne pas troubler le silence enfin revenu à ses droits « Mais je vous remercie de votre intervention, elle fut salutaire » L’ajout fut accompagné d’un léger sourire, alors qu’il faisait appel à la magie pour soigner la princesse, se concentrant tout d’abord sur elle, alors même qu’il se tenait juste devant le bouclier, en interdisant peu ou prou l’accès, sans véritablement l’avoir remarqué. Cependant, une fois qu’il eut terminé son office de guérison et qu’il se tourna pour remercier également la vampiresse, l’ancien nota son attention pour l’artefact et le ramassa, le tendant entre eux pour qu’elles puissent l’observer autant que lui. Il le rabaissa après quelques instants. « Nous avons ce que nous voulions, cependant, plutôt que de remonter à pied avec le risque de rencontrer à nouveau des ennuis, je vous propose de vous ramener en haut par magie. Si vous voulez bien vous rapprocher un peu, damoiselles » Il n’avait de toute façon pas l’intention de repartir à pied, si la vampiresse ne voulait pas les suivre, elle repartirait comme elle le pourrait, mais quelque chose lui disait qu’elle ne quitterait pas le bouclier comme ça.

Aussi, lorsqu’il eut ce qu’il voulait, il puisa dans la trame pour se permettre l’acte magique, hautement complexe, d’un retour au sanctuaire qui les emmena dans la pièce de repos se trouvant sous Ygg-Chall, là où les siens avait reposés. De là, il s’occupa de se soigner lui-même, puis raccompagna Esmelda vers l’extérieur. Il lui aurait volontiers proposé de chevaucher avec lui sur le dos de Silarae, mais leurs montures les attendaient. De là, le voyage de retour afin de remettre le bouclier à qui de droit.

• Dé 1 : Veren
  
• Dé 2 : Achroma
  
• Dé 3 : Esmelda