|
| Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE | |
| Auteur | Message |
---|
InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Mer 7 Mai 2014 - 11:42 | |
| La peur... Elle s'était jeté sur son âme comme un vampire sur sa proie, l'enserrant de ses doigts glacés et le laissant figé, ahuri, pâle comme un mort. Le garde en avait été réduit à répéter son message afin que le cerveau du souverain se décide enfin à se remettre en état de marche. Esmelda grièvement blessée, Esmelda retrouvée baignant dans son sang alors même que deux êtres se battaient au dessus de son corps. Le général Amyelenor Farstein d'abord, dragonnier de son état et jouissant de l'entière confiance de Korentin. Et Kylian Wallam... Le vampire... Celui pour qui il avait une véritable dette et qui lui aurait presque semblé totalement digne de confiance si il n'avait pas eu ces longues canines. Ce sang-froid qui s'obstinait à rester proche d'Esmelda alors même que cela mettait tous les humains mal à l'aise, et qui avait provoqué un soupir de soulagement général lorsqu'il avait quitté Aigue et donc la princesse pour on ne savait quelle mission. Korentin avait beau faire, il n'avait jamais été totalement à l'aise aux côtés de cet intimidant et mystérieux personnage. Et dracos... Qu'il regrettait à présent de lui avoir accordé ne serait-ce qu'une miette de confiance ! Il le tuerait de ses mains. Aucun procès n'était nécessaire puisqu'on l'avait attrapé sur les lieux de son crime. Farkstein témoignerait, et l'exécution se ferait dans l'heure suivante, par lui-même. Ce n'était pas l'habitude des Kohan loin de là, mais il ferait une exception. Il aurait bien besoin de cette violence, surtout si Esmelda... Il ne voulait pas y penser. Son cerveau s'était débloqué après que le garde se soit répété. Kylian était en cellule et... Tiens ? Amyelenor aussi ? Sottise... il n'avait sans doute fait que protéger la princesse. Mais c'était une procédure qui se tenait, et il ne mourrait pas de quelques heures d'enfermement. Korentin irait le faire délivrer plus tard, et s'occuper de l'autre cinglé. Esmelda passait avant tout le reste, et c'est donc vers elle qu'il se précipita sans daigner prêter attention aux guérisseurs qui lui conseillaient de ne pas entrer immédiatement dans la chambre. Inconsciente... Etendue sur un lit et entourée de dizaine de maîtres-mages qui s'affairaient sur elle, elle avait l'air si fragile... Plus pâle encore que lui, ce qui n'était pas peu dire. Il ne pouvait pas voir la blessure de là où il était, mais le visage soucieux des guérisseurs lui suffisait. C'était sérieux. Plus que sérieux même. Un coup d'épée en plein ventre... Sale souvenir que celui-ci. L'image de Gregorist gisant dans son propre lit se superposa aussitôt à cette vision. Et il en était mort... NON ! Korentin ne laisserait pas Esmelda suivre le même chemin. Gregorist s'en serait sorti si Fabius ne l'avait pas fait empoisonner, ici Esmelda serait parfaitement bien soignée. Aucune chance qu'elle y reste, il ne le permettrait pas. "Ma... Majesté ? Voulez vous vous asseoir ?"
La voix du serviteur semblait venir de très loin et il ne comprit pas tout de suite le sens des mots. Il cligna des yeux, hébété, et s'aperçu qu'il n'avait plus été capable de détourner le regard de la scène depuis cinq bonne minutes. Aucun guérisseur n'était venu à lui pour le tenir au courant de l'avancée des soins, ils étaient tout simplement trop débordés et il le comprenait bien. Le valet par contre l'observait avec une grande inquiétude et se tenait tout proche, n'osant le toucher mais sans doute terrorisé à l'idée qu'il ne fasse un malaise et l'oblige à intervenir. Pourquoi donc ferait-il un malaise ? Il était fort, non ? Empereur, et dragonnier de surcroit. Il n'en avait pas le droit. Il chercha instinctivement l'esprit de sa dragonne avant de se souvenir qu'elle chassait à l'extérieur de Aigue puis se décida à analyser son propre corps. Faiblesse, coeur battant la chamade, jambes en coton. En fait oui... Peut-être bien qu'il allait tourner de l'oeil. Sa main droite alla s'appuyer contre le battant de la porte tandis qu'il passait la gauche sur son visage épuisé. Trop de responsabilités, trop de catastrophes enchaînées. Il allait craquer... Et quelle ironie qu'il se soit tant inquiété depuis la fugue de sa cousine pour s'apercevoir qu'au final elle se faisait agresser à son retour à Aigue ! Qu'avait-elle fait des gardes qu'il lui avait assigné ? Faisait-il tout de travers ? Il en avait assez de ces coups du destin, le sort semblait s'acharner à lui pourrir la vie autant qu'il le pouvait ces derniers temps. Et il était sur d'au moins une chose, si Esmelda mourrait il n'aurait plus la force d'assumer ses responsabilités. D'ailleurs à quoi bon vouloir protéger le peuple si il n'était même pas capable de protéger sa propre cousine ? C'était lamentable. "Sa majesté a besoin d'un remontant. Et d'un lieu au calme. Immédiatement."
La voix autoritaire le ramena sur terre, lui faisant hausser un sourcil. Pendant un instant il avait cru entendre la voix de Faudar, à sa grande joie d'ailleurs. Il aurait tout donné pour que le vieil homme prenne le contrôle des opérations au moins pendant les prochaines heures, quitte à le traiter comme un gosse immature et à lui donner des ordres. Mais Faudar n'était plus... Lui aussi avait succombé à cette guerre absurde. L'homme qui avait parlé était le chef guérisseur, un grand maître mage au talent appuyé par son totem loutre. Pas le genre de type dont Esmelda pouvait se passer à l'heure actuelle donc. Il gronda : "Retournez auprès de la princesse. Elle a bien plus besoin de vous que moi."
Mais l'homme secoua la tête, un pli buté sur le front : "Je ne crois pas. J'ai fais tout ce que j'ai pu, c'est à elle à présent de lutter. Mes assistants vont veiller sur elle, mais vous n'aiderez personne en continuant à bloquer la porte ainsi..."
Là dessus, il n'avait pas vraiment tort. Sa large stature intouchable causait bien des problèmes à ceux qui voulaient entrer ou sortir de la chambre et qui dansaient d'un pied sur l'autre en attendant qu'il veuille bien se pousser. Il s'écarta sur un nouveau grognement et se laissa guider jusqu'à ce qui semblait être le bureau du guérisseur où l'attendait un verre d'un des plus forts alcools de l'empire. Sans doute mélangé à il ne savait quel cocktail explosif spécialement concoctés pour ce genre de situation, mais il n'en avait cure. Il avait vraiment besoin de ce verre. Il le vida d'un trait, les yeux fermés. Avant de se sentir assez fort pour interroger : "Elle va s'en tirer ?"
Le guérisseur humecta ses lèvres sèches avant de répondre : "La blessure est grave, mais nous avons pu intervenir à temps. Elle est très affaiblie par la perte de sang et mettra du temps à s'en remettre, mais sauf infection ses jours ne sont plus en danger. Ce qu'il lui faut à présent, c'est du repos. Et non, vous ne pouvez pas lui parler pour le moment. A l'heure qu'il est, elle doit certainement dormir à poings fermés."
La réponse complète lui procura autant de soulagement que d'agacement. C'était bien le propre des guérisseurs ça, que de donner des ordres et des interdictions même aux Kohan... Il aurait pu passer outre bien sur, mais il était à présent à peu près rassuré et ne voulait pas gêner le repos de sa cousine. De plus il avait encore bien des choses à régler et pouvait à présent se concentrer sur le malade qui avait osé mettre Esmelda dans cet état. Oh... Et il fallait qu'il fasse délivrer Amyelenor aussi, avant que son dragon ne détruise à la fois Aigue et Althaïa dans son empressement à aller le chercher. Un peu regaillardit par la forte mixture, il se leva : "Prenez bien soin d'elle. Ou vous aurez à en répondre devant moi."
L'homme inclina la tête d'un air compréhensif qui fit grincer les dents du souverain. Rah ces guérisseurs... Mais au moins semblait-il compétent, et c'était tout ce qui comptait. Désormais confiant sur le sort de sa cousine, c'est d'un pas ferme et pressé que l'empereur se dirigea vers les prisons. ******** Les geoles de Fort Espérance étaient bien plus petites que celles qu'il avait connu à Gloria, ou même celles où il avait envoyé quelques malfrats à Aldaria. Mais cela suffisait aux rebelles, et il serait toujours temps de les faire agrandir si le besoin s'en faisait sentir. Lugubres mais propres, ces souterrains là étaient plus étroits que les autres et constituées d'un enchevêtrement de culs de sac qui n'avaient pas nécessité beaucoup de travaux. Une solide porte à chacun, quelques aménagement physiques et magiques et le tour était joué ! Des gardes à l'air farouche patrouillaient dans les couloirs et semblaient porter une attention toute particulière à deux portes parmi les plus solides. Pas difficile d'imaginer qui se trouvait derrière, l'affaire avait déjà fait le tour du quartier général et Esmelda était très aimée par la plupart des soldats. Ceux là devaient tenir fermement à ce que le coupable de l'agression soit puni comme il se devait... "Majesté ? Nous vous attendions. C'est moi qui ai séparé et fait enfermer les deux suspects. Ils se battaient férocement à côté du... De la princesse. Puis-je demander comment elle va ?"
Le regard grave du dragonnier se posa sur le garde. Un homme grand au visage honnête qui semblait sincèrement inquiet du sort d'Esmelda. "Elle devrait s'en sortir. Qu'avez vous vu exactement de la scène et plus particulièrement de l'agression ? Le général semblait-il défendre la princesse ? Pourquoi l'avoir arrêté ? "
L'homme haussa à demi les épaules avant de s'apercevoir que ce n'était pas un geste très seyant devant un empereur. Il reprit aussitôt une posture plus militaire pour reprendre : "Je n'ai pas vu grand chose Sire, et au premier abord j'ai pensé comme vous que le général Farkstein affrontait le vampire parce qu'il l'avait surprit blessant la princesse. Hélas je suis dans l'obligation d'émettre quelques réserves sur cette hypothèse au vu du sang trouvé sur sa lame. Il n'y en avait pas sur l'arme du vampire..."
Les pupilles sombres de Korentin s'écarquillèrent à cette nouvelle. Farsktein attaquant Esmelda ? C'était grotesque. Un coup monté certainement... Et habilement monté par dessus le marché... Il fallait qu'il en ai le coeur net. "Ont-ils dit quelque chose ?"
L'homme secoua la tête d'un air chagriné : "Les paroles du général sont incohérentes, il s'accuse de tous les maux du continent. Et le vampire s'est enfermé dans un mutisme furieux, j'ai préféré interdire qu'on l'approche de peur qu'il ne devienne violent et ne morde quelqu'un. Il semble... Extrêmement perturbé. En fait ils le sont autant l'un que l'autre..."
Pas vraiment étonnant au vu des circonstances, mais ça n'en rendait pas la situation plus claire pour autant. Il fallait qu'ils leur parle, et puisque le vampire était en colère alors c'était qu'il avait retrouvé ses esprits plus que l'humain. Il allait commencer par lui : "Ouvrez la porte."
Le garde hésita : "Pardonnez moi mon roi... Mais il ne s'agit pas d'un prisonnier ordinaire. Même désarmé, il reste dangereux. Je ne me pardonnerais pas si vous étiez blessé aussi."
Korentin le toisa un instant, agacé de ce retard mais conscient de la véracité de ces propos. Il acquiesa finalement : "Armez vous d'une arbalète et entrez avec moi. Ce que vous entendrez à l'intérieur ne devra pas en sortir, pas avant que j'ai pris ma décision au sujet de ces deux là. Mes Lames Noires resteront à la porte, si Wallam fait l'idiot elles entreront pour l'enchaîner. Satisfait ?"
L'homme s'inclina, rouge de confusion d'avoir été préféré plutôt que les gardes royaux pour une telle mission. Mais il inspirait confiance à Korentin, et celui-ci faisait de plus en plus confiance à son instinct depuis qu'il avait prit la tête de la rébellion. Ils entrèrent ensembles dans la pièce mal éclairée et le dragonnier dû plisser les yeux pour apercevoir le vampire recroquevillé dans un coin. En voilà un qui n'avait pas l'air d'aller bien du tout... Culpabilité suite à son geste ou au fait qu'il n'avait pas pu sauver la princesse ? Korentin entendait bien tirer cela au clair, et c'est d'une voix emplie de fermeté qu'il l'interpella : "Sortez de l'ombre Wallam, que je vous vois."
Il voulait voir ses yeux lorsqu'il allait l'interroger. Il ferait illuminer tout le cachot comme un spectacle de luciole si celui-ci ne lui obéissait pas. Le garde se tenait un peu en retrait à ses côtés, l'arbalète levée et le regard concentré. Mais Korentin ne s'en préoccupait pas, toute son attention était concentrée sur le vampire. Il décida d'attaquer aussitôt en espérant obtenir une réaction qui l'éclairerait sur ce qui avait pu se passer : "Vous êtes suspecté d'un crime grave et donc placé sous mon autorité et ma justice, comme le stipulent les règles de l'alliance. Le châtiment pour avoir fait couler le sang d'un Kohan est la mort, aussi feriez vous aussi bien de coopérer. Avez-vous blessé ma cousine ?"
Pas de détours pour cette fois. Il aurait dû commencer par lui demander de donner sa version des faits, entière. Mais il voulait d'abord savoir. L'atmosphère de la pièce était étrange, il ressentait la colère du vampire et ce qui semblait bien ressembler à de la... Détresse ? Il fronça les sourcils, cherchant une logique à laquelle se raccrocher dans toute cette histoire mais il n'y en avait aucune. Sa main se serra sur la garde d'Ondine lorsqu'il vit le prisonnier faire un mouvement, il avait volontairement omit de donner des détails de l'état d'Esmelda car il voulait d'abord en savoir plus. Et ce serait sans doute une monnaie d'échange utile, si Kylian était l'agresseur alors il voudrait savoir si son attaque avait réussi et si ce n'était pas le cas il voudrait quand même des nouvelles. Quoi qu'il en soit, Korentin comptait bien garder le total contrôle de cet interrogatoire, même sa propre colère ne devrait pas prendre le dessus. Il devait à Esmelda de trouver le coupable et de faire justice proprement. Il reprit avec autant de calme qu'il était capable de rassembler : "Les apparences semblent jouer contre Farsktein, mais cela ne concorde pas. Il adore Esmelda..."
Ce qui n'était sans doute pas le cas du vampire car... Il était vampire non ? Tout ce qu'il pouvait aimer en elle c'était l'odeur et peut-être la saveur imaginée de son sang. Bien sur Korentin ne pouvait pas nier tout l'attachement qu'il lui avait semblé voir entre ces deux là, Esmelda était honnête et si elle montrait qu'elle appréciait Kylian alors c'était forcément le cas. Mais Kylian, lui, pouvait très bien avoir fait semblant de l'apprécier pour mieux la tuer ensuite... Une lueur mauvaise d'alluma dans les sombres prunelles à cette pensée. |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Sam 10 Mai 2014 - 14:52 | |
| Ce devait être un cauchemar, voila tout. Un horrible cauchemar dont il se réveillerait bientôt, pour découvrir que rien de tout cela n'était jamais arrivé. D'un instant à l'autre, il ouvrirait les yeux en sursaut avant de resserrer tendrement son étreinte sur le corps de la belle enlacée tout contre lui, sous les draps de riches étoffes, quelque part où ils étaient en sécurité. D'un instant à l'autre. Le renégat vampirique ouvrit effectivement les yeux, mais en dépit de ses espoirs, ne découvrit que l'obscurité et l'humidité du cachot dans lequel il croupissait depuis... depuis combien de temps, au fait ? Quelques heures ? Quelques jours ? Il n'en avait pas la moindre idée, il avait totalement perdu la notion du temps. Sa vie, ou du moins ce qu'il avait considéré comme tel jusqu'à présent, s'était arrêtée à l'instant précis où la lame assassine avait transpercé le flanc de la princesse pour en épancher le sang, juste sous ses yeux. Ce devait être un cauchemar. Un horrible cauchemar. Mais ça ne l'était pas et que Dracos en soit maudit ! Il ne pouvait s'agir d'un mauvais rêve, pour la bonne et simple raison que cela faisait deux cents ans qu'il n'avait plus dormi du sommeil du juste, et cette constatation le rongeait, le détruisait de seconde en seconde, son âme s'effritant un peu plus au fur et à mesure que défilait dans son esprit les images du meurtre de la princesse. De sa princesse. Celle qu'il avait été incapable de protéger. Celle qu'il n'avait même pas eu l'occasion de serrer une dernière fois dans ses bras pour lui murmurer un ultime je t'aime, trop occupé qu'il avait été par sa propre jalousie. Et maintenant, il était trop tard. Dracos en soit maudit ! Les Esprits en soient maudit ! Armanda toute entière en soit maudite !
D'un bond, le vampire se releva brutalement avant d'arpenter sa geôle de long en large, tel un lion en cage. Sa voix résonna lugubrement dans la grotte qui lui tenait lieu de cellule tandis qu'il hurlait sa rage aux murs et aux barreaux qui l'entouraient :
« JE VOUS HAIS ! JE VOUS HAIS TOUS AUTANT QUE VOUS ETES ! »
Et sa haine se dirigeait vers l'un d'eux en particulier, vers cet esprit méprisable qu'était celui de la Mort, celui-là même qui lui avait pris la princesse si tôt, trop tôt, beaucoup trop tôt. Celui-là même qui avait approché la belle et lui avait pourtant affirmé que son heure n'était pourtant pas arrivée. Mensonge ! Trahison ! Et où restait-il maintenant, ce misérable lâche ? Pourquoi ne s'incarnait-il pas là maintenant tout de suite devant lui, pourquoi ne venait-il pas affronter les conséquences de ses actes, pourquoi n'acceptait-il pas que celui dont il avait détruit le bien le plus précieux puisse lui cracher le fond de sa pensée au visage ? Pourquoi ?!
Son corps vint s'écraser lourdement contre l'épaisse porte aux barreaux d'acier qui le retenait dans cette cavité creusée à même la roche, ses poings venant se fracasser contre le métal avec toute la force qu'il était capable de déployer. Enchanté précisément pour résister à ce genre d'assaut, le cachot encaissa sans broncher la colère du vampire qui continua de frapper encore et encore, sourd aux injonctions des gardes en faction dans le couloir qui le sommaient d'arrêter. Au bout de plusieurs heures de cet infernal tintamarre, alors même que ses poings étaient à présent noircis du sang vampirique s'échappant des jointures meurtries par les incessants impacts qu'il leur imposait, la garde fit intervenir deux mages pour l'immobiliser magiquement et bloquer ses mouvements, le temps pour eux de le reconduire dans le fond de sa cellule et d'y enchaîner ses poignets aux parois de roc. Quelques instants plus tard, la porte de la geôle se refermait avec un claquement sec suivi du son d'une clé jouant dans une serrure, laissant le vampire ainsi entravé à sa souffrance intérieure. La colère céda finalement la place au chagrin et au désespoir tandis qu'il se repliait lentement sur lui-même pour achever de peu à peu se désagréger.
Il était resté ainsi depuis lors, parfaitement immobile et silencieux, recroquevillé qu'il était contre la pierre froide auprès de laquelle il endurait son agonie. Celle-ci se promettait d'être longue, malheureusement, il s'était nourri peu avant son retour à Aigue-Royale et ne pouvait donc espérer mourir de la soif que d'ici quelques semaines au bas mot. Quelques semaines encore, et l'esprit de la Mort serait contraint et forcé de venir récupérer son âme d'immortel. Quelques semaines encore, ou peut-être moins.
Le vampire prostré ne réagit pas, indifférent aux voix qu'il entendait échanger quelques mots non loin des portes de sa cellule. L'ouïe acérée du prédateur n'avait aucune peine à en saisir le moindre terme, mais il se refusait simplement à y accorder la plus petite attention. Il entendait, mais n'écoutait pas. Il reconnaissait les voix, celles de Korentin et de l'un des geôliers, mais n'y accordait aucune importance. Car une et une seule voix eut pu trouver écho à son esprit présentement, celle de la princesse. Celle qu'il n'entendrait jamais plus. Sa main glissa jusqu'à son visage, premier geste qu'il consentait depuis de nombreuses heures, et vint caresser son oreille. A quoi bon continuer d'entendre maintenant qu'il ne pourrait plus jamais profiter de la douce voix de son aimée ?
On lui intima l'ordre de quitter l'obscurité, mais il ne réagit pas plus qu'il ne répondit et se contenta de crisper un peu plus encore ses doigts sur son oreille. L'arracher ne suffirait pas, malheureusement, il lui faudrait également percer le tympan pour s'assourdir véritablement. Il suspendit néanmoins son geste mutilateur lorsque l'empereur légitime l'interrogea. Kylian se moquait alors éperdument d'avoir à affronter la justice des Hommes et aurait même pu accueillir la nouvelle d'une condamnation à mort avec joie tant cette dernière revêtait alors les atours d'une véritable libération pour lui. Fut-il innocent du crime dont il était accusé, il ne s'en considérait pas moins coupable pour autant. C'était lui qui aurait dû protéger sa fiancée, son corps qui aurait dû s'interposer pour encaisser la lame meurtrière à la place de la belle, mais il avait échoué, et n'était donc à ses yeux pas moins responsable que celui qui avait tenu l'épée elle-même. Mais la question elle-même interpella toute l'attention du renégat vampirique. Avez vous blessé ma cousine, et non avez vous tué ma cousine. Se pouvait-il que...
Le vampire rouvrit les yeux, une lueur d'espoir traversant brièvement le fond de ses prunelles tandis qu'il se redressait lentement. La longueur des chaînes qui le reliaient aux parois rocheuses lui offrait quelques mètres de liberté de mouvement qu'il mit à profit pour s'approcher des deux silhouettes qui se tenaient au centre de la cellule. Le tintement métallique des anneaux d'acier résonna sinistrement dans l'atmosphère confinée de sa prison mais déjà, Korentin poursuivait, non sans conserver une main prudente proche du manche de son épée. Le regard du vampire glissa brièvement sur le compagnon du roi, effleurant un instant la silhouette du gardien qui pointait fébrilement une arbalète dans sa direction. N'eut été ce besoin crucial qu'il ressentait alors de savoir si Esmelda avait bel et bien survécu, comme l'avait laissé entendre l'empereur, Kylian se fut fait un plaisir de donner à l'arbalétrier une raison de décocher son projectile.
Ses yeux clairs revinrent toutefois se poser sur la silhouette du souverain de la rébellion et ses lèvres laissèrent s'échapper un rire nerveux au moment où Korentin évoquait l'amour du meurtrier pour sa victime. Il fallut plusieurs secondes au vampire pour faire cesser ce sinistre ricanement et finalement pouvoir faire entendre des mots intelligibles :
« Il adore Esmelda... »
Il avait répété ces trois mots avec un ton chargé d'ironie avant de poursuivre d'une voix plus forte et colérique :
« Alors il a une bien étrange façon de le montrer ! »
Il avait instinctivement fait un pas supplémentaire dans la direction des deux hommes, s'approchant d'eux à un point tel que les chaînes qui retenaient ses bras se tendirent à leur maximum. L'arbalétrier caressa nerveusement la détente de son arme mais retint son tir juste à temps, alors que le vampire s'immobilisait pour reculer et détendre la pression qu'il exerçait sur ses entraves, puis se laissait tomber à genoux, épaules basses et visage tourné vers le sol. La seule évocation de ce Farkstein suffisait à faire ressurgir la souffrance de ces funestes évènements, et c'est d'une voix douloureusement sarcastique qu'il reprit :
« Les apparences jouent contre Farkstein mais c'est moi que vous venez trouver. Parce que je suis un vampire, sans doute, et qu'à ce titre les apparences me désignent meilleur coupable, c'est bien cela ? Ignorant que vous êtes... »
Une pointe de pitié avait percé dans les derniers mots du prisonnier vampirique qui redressa à demi la tête, se contentant de laisser glisser son regard sur le sol rocheux jusqu'aux bottes de son interrogateur. L'ombre d'un triste sourire vint étirer ses lèvres alors qu'il continuait plus courtoisement :
« Esmelda m'a toujours dis le plus grand bien de vous, elle vous aime beaucoup, et je pense que vous lui rendez bien cet amour. Si vous vous pensez capable de voir par delà ces trompeuses apparences que vous décriez tant, je vous expliquerais le ridicule de la question que vous m'avez posée, mais j'y mets une condition... »
Finalement, Kylian consentit à lever les yeux sur le visage sévère du souverain légitime pour plonger un regard implorant et embué de sombres larmes dans celui qui le dévisageait encore avec méfiance, avant de laisser entendre sa supplique :
« Dites moi qu'elle a survécu... Dites moi qu'elle est hors de danger... »
Il avait parlé avec l'énergie du désespoir pour poser cette ultime requête, ne sachant ni si l'on accepterait de lui répondre, ni même si l'on pouvait tout simplement y répondre. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Mer 14 Mai 2014 - 20:26 | |
| Il n'avait jamais été totalement à l'aise face à Wallam. Non pas qu'il puisse vraiment l'être entièrement face à un vampire mais disons qu'il était très loin de se sentir aussi libre de ses mouvements et de ses paroles qu'avec Veren. Kylian était encore plus secret qu'elle, bien moins direct et bien plus difficile à cerner aux yeux de Korentin. On ne savait jamais trop ce qu'il pouvait bien penser, ni quels buts il poursuivait exactement et encore moins quels liens il entretenait avec ceux qui l'entourait. Etait-il aussi indifférent qu'il voulait bien le montrer, ou n'était-ce qu'une façade ? Si c'était le cas, alors il était clair qu'elle venait de s'écrouler. Terminé l'indifférence, le vampire semblait avoir perdu ses repères. Peut-être allait-il se montrer plus accessible du coup. Ou simplement plus dangereux...
La colère succéda à l'ironie dans la voix du prisonnier, et le dragonnier fronça les sourcils. C'était donc cette ligne de défense que l'autre avait choisit, il allait accuser Farkstein... C'était prévisible quelque part, et d'ailleurs les éléments semblaient démontrer que cela se tenait. Mais c'était si... Si... Facile. Oui, effectivement ce n'était pas forcément très glorieux de soupçonner plus facilement un être parce qu'il avait de grandes dents. Sauf que ce n'était pas l'unique raison et Korentin entendait bien s'en défendre avec fermeté :
"Non, je suis venu vous trouver parce que Farkstein n'est actuellement pas en état de répondre à mes questions. Quand aux éléments qui jouent contre lui, ils sont lourds mais je ne vous cache pas que j'ai tout de même du mal à croire en sa culpabilité. Et pas uniquement parce que vous êtes vampires. C'est une lame noire, un excellent officier, un dragonnier de l'empire et un homme que je connais depuis des années. Il s'est toujours montré digne de confiance alors non je ne suis pas ignorant. Je suis simplement logique. Pourquoi déciderait-il d'un seul coup de se transformer en tueur ?"
Il serait difficile de prétendre que la question n'était pas pertinente et Korentin n'en démordrait pas facilement. On ne commettait pas ce genre d'acte sans mobile et pour le moment il ne lui semblait que très peu probable qu'Amyelenor puisse en avoir un. Il ne voyait pas exactement non plus lequel pourrait avoir ce Kylian Wallam, mais il était plus facile d'accepter ce fait étant donné qu'il ne le connaissait après tout que très peu. Fort de cette constatation, le dragonnier tenta d'accrocher le regard de son interlocuteur mais celui-ci s'obtinait à fixer le sol. Signe de sa culpabilité ? De des remords peut-être ? Korentin était trop habitué à dispenser la justice pour s'arrêter simplement à ce genre de petits détails sans véritable valeur. Le vampire reprit la parole sous l'oreille attentive de l'humain qui pencha la tête avec un intérêt méfiant. Les gens que l'on accusait de ce genre de crime étaient toujours prêts à tout pour s'éviter la peine capitale. Kylian était-il de ce genre là ? C'était tout à fait possible, comment savoir ?
Il hésitait encore, les prunelles pleines de doute, lorsque le vampire releva enfin les yeux vers lui, lui tirant une grimace perplexe. Ce visage... Ces larmes... Pouvait-on feindre une telle peine ?
« Dites moi qu'elle a survécu... Dites moi qu'elle est hors de danger... »
La voix était implorante, c'était celle d'un être que l'on venait d'écorcher vif et qui suppliait qu'on mette fin à ses souffrances. Non décidément, il n'était pas assez cynique pour croire qu'il était possible de faire semblant d'avoir aussi mal. Ce serait trop... Affreux. Le vampire souffrait, aussi étrange que cela puisse paraître. Cela ne voulait pas dire qu'il était innocent bien sur, mais ça impliquait de se poser de sérieuses questions. Et si il n'était pas cynique, il n'était pas non plus cruel au point de garder ses informations pour lui comme il l'avait voulu au premier abord. C'était peut-être une bonne monnaie d'échange, mais c'était aussi de la torture. Et cela n'entrait pas dans son système de valeurs.
Un silence passa entre eux. Les prunelles sombres du souverain détaillaient l'apparence du suspect, glissant sur les larmes de sang qui le défiguraient. Farkstein était-il dans le même état, un peu plus loin dans une autre cellule ? Et si oui, lequel des deux jouait la comédie ? Avec un temps de recul et un peu de réflexion, Korentin aurait être hésité encore. Mais à cet instant, face à la détresse la plus pure qui lui ai jamais été donné de voir, il n'écouta que son instinct et répondit d'une voix sourde :
"Elle est en vie. Les guérisseurs disent qu'elle a ses chances. Elle est forte, et elle recevra les meilleurs soins."
Oh ça oui, il allait y veiller. Si il devait kidnapper le meilleur des grands maîtres guérisseurs de Fabius pour suppléer les siens il n'hésiterait pas. Et même si il devait vadrouiller lui-même à nouveau dans les couloirs du palais royal afin de le ramener lui-même, ce serait fait. Aucun sacrifice ne serait assez grand pour la vie d'Esmelda, elle était la seule famille qui lui restait avec Ashy et ses enfants désormais hors de portée.
Il n'avait pas quitté le vampire des yeux, attendant une réaction même infime et qui ne lui échappa pas. C'était ce dont il avait besoin pour se forger une conviction profonde, et celle-ci vint balayer toutes ses certitudes avec la violence d'un raz de marée. Dracos tout puissant... Il ferma les yeux avec lassitude, vacilla presque tant c'était invraisemblable. Mais il était impossible d'être aussi bon acteur, même pour un vampire. C'était donc la plus dérangeante des hypothèses qui pouvait être considérée comme une vérité... Lorsqu'il rouvrit les paupières, son regard était terni par une peine profonde :
"Ce n'est pas vous n'est-ce pas ?"
Et comme il aurait préféré mille fois que ce soit le cas... Même si il était désormais sur de lui, cela n'en rendait pas la vérité moins amère. Farkstein, un traître ? Un assassin ? Korentin perdait là un soutien de poids, un homme de confiance, un dragonnier par dessus le marché... Et autre pan de son caractère optimiste et confiant. Encore une fois, on s'était joué de lui. A quel moment Amyelenor s'était-il laissé acheter par Fabius ? Depuis quand agissait-il dans l'ombre en se moquant de cet empereur rebelle qui croyait en lui ? Jusqu'à quel point Korentin et sa naîveté étaient-ils responsables de ce qui arrivait à Esmelda ?
Il avait besoin de décrocher de ces visions de trahison. Si il continuait à penser à Amyelenor alors il se précipiterait, lame au clair, dans sa cellule et il le tuerait sur place avant même de l'avoir écouté. Peut-être même ferait-il pire et réunirait-il les deux prisonniers... A voir la façon dont le vampire réagissait, Korentin était à peu près certain que Farkstein souffrirait beaucoup de cette rencontre. Et personne n'oserait contredire un ordre du roi... Non. Il fallait qu'il cesse d'y penser, il devenait fou...
"Tenez parole à présent. Vous vous dérobez à moi depuis notre toute première rencontre. Je suis parfaitement conscient que vous me cacher quelque chose. Il est grand temps d'en finir."
Il avait parlé avec dureté, dominant avec peine les flammes de la colère qu'il ressentait contre Farkstein et qu'il craignait de voir exploser à tout moment. Il fallait qu'il la redirige ou il allait faire une sottise. Il était sensé représenter la justice, il ne pouvait simplement pas égorger le bourreau de sa cousine comme un porc dans un abattoir. Ce que Wallam avait à lui dire n'arrangerait peut-être pas les choses, mais c'était tout ce qu'il avait sous la main pour s'éviter de sortir de cet endroit. Car une chose était sur, si il passait le seuil de la porte en l'état actuel des choses, Amyelenor Farkstein était un homme mort. Peu importait ce qu'allait lui dire le vampire, pourvu qu'il le retienne assez longtemps pour que sa colère retombe. Ou pas d'ailleurs... |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Dim 18 Mai 2014 - 14:34 | |
| Le temps qui s'écoula entre le dernier mot qui composait la supplique du renégat vampirique et la réponse du souverain agacé lui sembla durer une éternité. Comme si chaque seconde se faisait un devoir de lui rendre l'attente plus insupportable encore que la précédente. A cet instant, pas même l'apparition d'un esprit supérieur dans la noirceur de sa cellule n'aurait pu lui faire détourner le regard des lèvres qu'il était impatient de voir s'agiter pour formuler des mots qu'il attendait certainement autant qu'il les redoutait. Le Kohan lui répondrait-il seulement ? Il n'en était pas certain et se surprit même à craindre le voir simplement baisser la tête en un funeste silence. Mais le doute et l'incertitude étaient probablement pires encore, il fallait qu'il sache et la réponse qui tomba finalement se révéla une véritable délivrance. Si l'homme qui se trouvait devant lui disait vrai, et Kylian était alors bien loin de ne serait qu'oser effleurer l'idée qu'il put en être autrement, la princesse était en vie et se trouvait même en bonne voie de guérison. Lentement, le vampire ferma les yeux et murmura une muette prière de remerciement au Dracos avant de se prendre le visage dans les mains, faisant tinter le métal de ses chaînes, tandis qu'il laissait échapper un nouveau rire nerveux. Mais au contraire du précédent, qui n'avait été qu'ironie et exaspération mêlées de colère, celui-ci résonnait d'une joie et d'un soulagement parfaitement sincère. Il se répéta plusieurs fois à mi-voix qu'elle était en vie, comme si entendre encore et encore ces mots l'aidaient à se nettoyer l'âme des sombres tourments qui l'avaient agitée ces derniers temps. Au bout de quelques instants cependant, il se calma et laissa échapper un unique mot à l'attention de celui qui était venu mettre un terme à son calvaire :
« Merci... »
Il apparut toutefois assez nettement que les remerciements du vampire sonnaient comme une malédiction aux oreilles du souverain et à la seule manière dont la question suivante lui fut posée, Kylian comprit que la réponse qu'il y apporterait ne ferait guère plus que confirmer une conclusion déjà établie. Lentement, méticuleusement, le renégat vampirique lui répondit d'un signe de tête négatif avant de confirmer d'une voix radoucie, presque compatissante :
« Ce n'est pas moi... »
Il ne pousserait certainement pas la solidarité jusqu'à s'en excuser, car l'on parlait tout de même de l'assassin de la princesse ou plus exactement et plus heureusement, de celui qui avait voulu prétendre à ce titre, mais l'empathie qu'il ressentait alors était bien réelle. Après tout, pour ce qu'il en savait, c'était au minimum la deuxième fois en peu de temps que le duc devenu empereur se voyait trahis de la sorte par une personne en qui il avait pourtant placé sa confiance, il y avait là certainement de quoi déstabiliser son homme.
« Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé, ils semblaient avoir une discussion certes difficile, mais pas vraiment agressive. Je me suis retourné pour m'éloigner, et ... »
La suite, le souverain légitime la connaissait déjà, il n'y avait donc aucune raison de ressasser si pénibles évènements. Éludant volontairement la fin de son histoire, il poursuivit néanmoins rapidement :
« La malveillance n'est pas l'apanage d'une race et ne s'encombre pas des différences entre nos peuples, Fabius lui aura certainement proposé une récompense suffisamment alléchante que pour s'adjoindre sa complicité. De plus, vous l'avez dis vous même, Farkstein est une lame noire, il a juré de défendre les intérêts de l'empereur et il faut bien l'admettre, en ce moment celui qui siège sur le trône des Kohan... ce n'est pas vous. »
Cela n'expliquait pas tout pour autant, notamment le fait qu'un dragonnier put décider d'accorder sa loyauté à un allié des Alayiens mais Farkstein était jeune et tout dragonnier qu'il fut, n'en demeurait pas moins un être humain avec toutes les faiblesses que cela supposait. Enfin, au contact de la matriarche draconique, Kylian avait pu découvrir qu'être dragonnier n'interdisait nullement de s'égarer sur une mauvaise pente, alors... alors cela n'excusait en rien le geste du jeune homme, si seulement l'occasion lui était donnée, le renégat vampirique lui briserait le cou sans la moindre hésitation, ou mieux encore, il en tuerait le dragon ! Comme Skade avait jadis châtié l'elfe Faelin ! L'aspirant assassin ne méritait nul autre sort à ses yeux. Sous le coup de la colère, Kylian avait crispé les poings mais le déclic de l'arbalète dont le mécanisme semblait nerveusement impatient de libérer son projectile le ramena rapidement à davantage de raison. Il ne s'agissait tout de même pas de se faire tuer maintenant qu'il avait été assuré qu'Esmelda était saine et sauve. Que du contraire d'ailleurs, il voulait désormais vivre et surtout sortir d'ici au plus vite pour aller prendre la place qui était la sienne, au chevet de sa belle.
Lorsqu'on lui intima de dévoiler ce qu'il avait encore à cacher, le vampire ne fit aucun geste, restant prudemment agenouillé au sol. Il s'était engagé à expliquer les zones d'ombre qui demeuraient encore, et tiendrait donc parole. Il aurait toutefois aimé pouvoir avoir Esmelda à ses côtés pour révéler ce qu'il s'apprêtait à dévoiler, mais comme l'avait si justement fait remarquer son impérial interlocuteur, il était grand temps d'en finir. Quelles que soient les conséquences, au moins le couple des amants interdits pourrait-il finalement s'affranchir du mensonge perpétuel dans lequel il baignait jusqu'alors, cela ne pouvait qu'être bénéfique. Ne disait-on pas que l'honnêteté était toujours récompensée ? Il valait mieux l'espérer.
« Je ... »
Il s'interrompit après avoir prononcé le premier mot, tandis que son regard glissait sur la silhouette du garde qui accompagnait le dirigeant rebelle.
« Je ne pense pas que vous souhaitiez que ce que j'ai à vous dire soit entendu d'un autre que vous. Pas avant de savoir de quoi il retourne exactement du moins. »
Il y eut un instant de flottement et les deux humains échangèrent un regard. Ni l'un ni l'autre ne semblait particulièrement rassuré à l'idée de laisser un Kohan seul en présence d'un vampire. Pour les aider à prendre leur décision, ce dernier leva lentement les mains et exhiba ses poignets solidement enchaînés, avant de rappeler le rôle qu'il avait précédemment joué dans l'évasion de Korentin :
« Si j'avais voulu vous tuer, vous ne seriez jamais arrivé jusqu'ici. Vous ne seriez pas même sorti de Gloria... »
Nouveaux échanges de regards perplexes, avant que le gardien ne soit finalement prié de se retirer. L'arbalète se baissa lentement et le soldat obtempéra, de mauvaise grâce certes, mais il ne lui appartenait pas de discuter d'un ordre émanant de celui qu'il considérait comme son empereur. La porte de la cellule claqua lugubrement après le départ du soldat mais Kylian attendit encore quelques instants pour s'assurer que celui-ci se soit éloigné suffisamment et ne soit plus être en mesure de distinguer les mots qu'il se préparait à prononcer.
« En effet, je ne vous ais pas dis toute la vérité. Vous savez déjà que j'ai rencontré Esmelda il y a de cela quatre ans, vous savez déjà que nous nous sommes entraidés et que nous nous sommes liés d'amitié... »
Il s'interrompit un instant, pesant soigneusement ses mots et s'accordant le temps de parler lentement, pour détacher distinctement chacun des mots qu'il prononçait alors et ainsi s'assurer d'être bien compris :
« Ce que vous ne savez pas encore toutefois... c'est qu'il y a... entre nous... un peu plus que cela... »
Cette fois, il ne laissa guère de temps à son vis-à-vis pour intégrer totalement l'ampleur de ce qu'il venait de dévoiler à mots couverts, poursuivant rapidement ses explications :
« Cela faisait quelques mois que nous correspondions régulièrement. Lors d'une altercation avec un de mes semblables, j'ai été grièvement blessé. Je pensais mourir, mais c'était compter sans l'entêtement d'Esmelda. Elle a refusé de m'abandonner à mon sort et s'est portée à mon secours, elle a vaincu ses peurs et a affronté ce qu'il y a de mauvais en moi pour me sauver la vie. En dépit de mes mises en garde, elle n'a pas daigné me laisser mourir, si bien qu'au fil de nos échanges, je... Nous... »
Nouvelle hésitation, Kylian avait baissé les yeux et n'osait plus les relever désormais. De toute façon, Korentin devait maintenant avoir compris, aussi ne restait-il plus qu'à prononcer les mots fatidiques :
« Nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre... »
Finalement, peut-être pour retarder encore un peu l'inéluctable réaction que semblables révélations ne pouvaient qu'entraîner, le vampire parvint à trouver la volonté de relever les yeux vers celui qui le dévisageait maintenant avec un mélange d'effroi et de perplexité avant de conclure finalement :
« J'aime votre cousine, Majesté... »
Et advienne que pourra. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Mar 20 Mai 2014 - 18:29 | |
| Il ne savait pas trop ce qui lui sembla le plus étrange. Le rire nerveux du vampire, sa façon de répéter ses mots comme si il était tout à coup devenu fou ou le remerciement qui sembla venir tout droit des profondeurs soulagées de son âme. Vraiment, Korentin n'aimait pas du tout la tournure que prenait toute cette affaire... « Ce n'est pas moi... »
Et le pire était qu'il le croyait... Impossible que le vampire ai simulé une telle peine et une telle inquiétude, c'était simplement impensable. Cela ne laissait qu'une seule possibilité et le dragonnier du lutter derechef ontre la vague de fureur haineuse qu'il ressentait à l'égart de Farsktein. Il ferma les yeux à nouveau lorsque son interlocuteur laissa ses explications en suspend. Il n'y avait pas besoin d'aller plus loin effectivement... Il secoua la tête en entendant parler de récompense : "Amyelenor n'a jamais été attiré par l'argent. Ni par aucun bien matériel d'ailleurs... Et je vois mal comment Fabius aurait pu faire pression sur lui."
Bien sur son cousin avait de la ressource, mais il y avait un certain immense dragon d'or à faire entrer dans la balance, et il pesait son poids l'animal ! Non vraiment, Korentin ne croyait pas trop à l'explication de la récompense et pas plus à une possible pression. Quand à la suite, elle l'agaça jusqu'à durcir ses traits. Autant il n'avait aucun plaisir à être roi, autant il ne supportait pas qu'on lui rappelle qu'on lui avait usurpé son trône. Le vampire avait portant raison et malgré sa colère il fut bien obligé de reconnaître que c'était peut-être bien la raison du comportement incompréhensible du général. Après tout la majorité des Lames Noires avaient choisi de croire Fabius, Aaron Dessay lui-même était persuadé de sa culpabilité. Amyelenor pouvait très bien avoir fait le même choix, mais Korentin aurait préféré mille fois le voir s'opposer à lui frontalement que de le voir ramper ainsi dans son camp comme un serpent à sonnettes. Et un serpent qui avait fini par mordre Esmelda en plus... Il le payerait de sa tête. A nouveau, le dragonnier maîtrisa la colère qui brûlait en lui mais cela devenait de plus en plus difficile de s'empêcher de se précipiter sur la porte pour étrangler proprement l'autre prisonnier. Il posa un regard impatienté sur le vampire lorsque celui-ci sembla hésiter et chercher ses mots. Alors, cela venait ? Il avait absolument besoin d'une diversion là... Même si au final et vu les doutes qu'il ressentait il n'était plus vraiment certain de vouloir savoir. Sauf qu'il n'avait pas vraiment le choix, il ne pouvait rester dans l'ignorance, même si cela incluait d'accepter de se retrouver seul dans la même pièce qu'un vampire. Le garde et son roi échangèrent un regard hésitant lorsque la demande tomba, le soldat étant sans aucun doute le plus réticent des deux. Laisser l'empereur seul avec un sang froid ? C'était tout bonnement impensable aux yeux de n'importe quel humain et en particulier ceux chargés de veiller sur sa protection. Korentin était moins formel, ses travers téméraires ne s'étaient jamais totalement effacé et après tout, il était attaché non ? Il le rappelait d'ailleurs d'un geste sans équivoque... Pouvait-il rompre ses chaînes ? Sans doute pas, il s'agissait là d'un acier enchanté pour résister à la force des représentants de son peuple. Il était immobilisé, désarmé, et franchement pas agressif depuis qu'il avait apprit qu'Esmelda était en vie. En plus il n'avait pas tort sur le fait qu'il aurait pu le tuer depuis bien longtemps si ça avait été son intention. Korentin prit sa décision rapidement, et le garde n'eut d'autre choix que d'obtempérer malgré sa mauvaise volonté manifeste. Nul doute qu'il n'allait pas se tenir bien loin de la porte, mais le principal était là, il n'entendrait rien de la conversation. Le silence dura encore quelques instants, le vampire était méfiant... Cela attisa plus encore la curiosité du dragonnier qui l'amena à enfin se concentrer entièrement sur son interlocuteur. Son sentiment de malaise grandissait, il dissimulait mal sa nervosité qui n'avait plus rien à voir avec la race de son prisonnier. Il pressentait que ce qu'il allait apprendre lui déplairait. Pire... Il en avait déjà une petite idée. Mais c'était si... Terrifiant à imaginer... Il se trompait forcément. Les paroles de Wallam résonnèrent étrangement dans la pièce, tintant dans les oreilles de Korentin qui devait faire un effort pour permettre à son cerveau de leur donner un sens. Plus que cela... D'accord. Ils s'appréciaient vraiment beaucoup. Mais cela ne voulait rien dire n'est-ce pas ? Elle l'avait peut-être prit comme confident... L'idée était dérangeante de la part d'une princesse Kohan, mais bien moins que l'hypothése qui s'osbtinait à tourner dans son esprit en lui flanquant une terrible chair de poule. Il réprima son frisson en continuant d'écouter le récit du vampire rebelle, comprenant au fil des mots que lui et Esmelda s'était rencontré bien plus souvent qu'il ne l'avait cru. Combien de fois avait elle faussé compagnie à ses femmes de chambres et à ses gardes pour aller courir dans l'empire aux côtés d'une créature sanguinaire ? Ses migraines, ses heures de lecture, de couture, ses soit disant visites à des nobles malades.. Tout faisait jour à présent dans son esprit. Elle avait réussi à se procurer énormément de temps libre en utilisant des excuses parfaitement valables. Par contre il était un peu étonnant qu'aucun de ses proches serviteurs n'ai éventé son secret. Non, elle avait forcément eu de l'aide. Des complices... Il n'eut pas besoin de réfléchir beaucoup pour aussitôt deviner sur qui elle avait pu s'appuyer. Ninna ! Il fronça les sourcils en pensant à cette petite sauvageonne qui lui avait toujours provoqué un mélange d'amusement et d'irritation. Encore une qui l'avait bien dupé... Mais encore une fois, cela ne voulait rien dire. Il s'accrochait farouchement et désespément à sa politique de l'autruche, mais le vampire fit voler en éclat cette étrange stratégie dans les secondes suivantes. « J'aime votre cousine, Majesté... »
Ses paroles résonnèrent entre eux comme aurait tinté l'acier de deux épées en plein affrontement. Korentin serrait si fort la mâchoire qu'il lui semblait bien qu'il ne pourrait plus jamais la rouvrir. Ce n'était pas cette dernière phrase qui le gênait le plus mais la précédente. Amoureux l'un de l'autre... Le sentiment était donc réciproque, il aurait beau continuer à jouer les aveugles, il ne pourrait pas éluder la réalité plus longtemps. Esmelda Kohan, sa cousine, princesse et joyaux de l'empire aimait... Un vampire. CE vampire. De quel couleur était le sang de ces créatures au fait ? Etait-il vraiment noir comme on le lui avait dit ? Le moment était bien choisit pour s'en assurer... Sa main trembla, obstinément collée à la garde d'Ondine. Il pouvait la tirer dès maintenant et mettre fin à ces sottises une bonne fois pour toutes. Mieux, il pouvait sauter à la gorge de l'objet de son courroux et prendre d'autant plus son temps pour l'étrangler qu'il savait pertinemment qu'il n'avait pas besoin d'air. Après tout, si les vampires avaient une gorge cela devait bien être pour quelque chose même si ce n'était pas respirer non ? Et en l'état actuel des choses, Korentin se sentait parfaitement capable de broyer le cou d'un vampire de ses deux mains. Voui monsieur. "Vous allez rompre."
C'était un ordre, une décision sans appel qui ne souffrirait aucune contestation. Il se tenait droit, glacial et drapé de toute l'autorité Kohan qui pour une fois ressortait clairement chez lui. Si quiconque avait pu avoir le moindre doute quand à sa légitimité en tant qu'empereur, il aurait changé d'avis en le voyant là. Le silence qui s'établit entre eux était plus lourd qu'une chape de plomb et une éternité sembla passer tandis que les deux hommes se défiaient du regard. Comprenant sans un mot, le dragonnier reprit en articulant soigneusement chaque mot : "Vous romprez Wallam. Ou bien vous mourrez. Vous n'êtes pas digne de ma cousine, je ne vous laisserait pas la deshonorer."
Il faisait cela pour le bien d'Esmelda. En plus d'être en danger à tout moment aux côtés d'un être tel que Kylian, elle ne pouvait simplement pas accorder sa main à un vampire. Ni à grand monde d'ailleurs... Korentin s'était juré de lui laisser un certain choix et de ne surtout pas faire la même erreur que Gregorist qui avait voulu la marier sans son accord. Mais il y avait des limites à ce qu'il pouvait accorder. Elle ferait un beau mariage, il lui trouverait un homme tendre et doux, quelqu'un de son rang qui saurait prendre soin d'elle et qui la rendrait heureuse. Elle aurait des enfants et jamais, jamais, elle ne s'offrirait à un sang froid. Et... Il interrompit le fil de ses pensées lorsqu'un horrible soupçon vint effleurer son esprit. Elle le connaissait depuis tant de temps... Et elle s'était révélée très douée pour s'octroyer de longs moments de liberté. Etait-il possible que... Ses doutes devaient être parfaitement visibles sur son visage car le long regard silencieux que porta sur lui le vampire répondit à sa question mieux que l'aurait fait n'importe quel discours. Sans sang sembla bouillir dans ses veines et ses membres prirent le pas sur son cerveau pour agir tout à fait instinctivement. Avant même de comprendre ce qu'il faisait, il pointait déjà la pointe de son épée sur la gorge du vampire enchainé. Tout pouvait s'arrêter ici, d'un seul geste. Il répugnait à tuer ainsi un être à sa merci, à supposer qu'un vampire puisse vraiment se trouver à la merci de quelqu'un, mais que faire d'autre ? Kylian devait mourir, et personne ne devait jamais savoir ce qu'il s'était passé entre lui et la princesse. Il en allait de l'honneur d'Esmelda... Le mieux était de le tuer dès maintenant sans faire de vagues. Sans faire de vagues... L'expression résonna en lui en lui rappelant qu'il aurait du mal à expliquer son geste. La légitime défense ne pourrait pas être facilement prouvée vu les chaînes que portait son prisonnier, et il était déjà accusé d'avoir tué Gregorist et bien d'autres nobles. Même si il s'agissait d'un vampire, cela n'allait pas faire du bien à sa réputation et donc à la cause rebelle. Il devait se montrer plus malin, retors... Comme Fabius... Cette idée le rendait malade mais la fureur qu'il ressentait à l'égart de Wallam lui permettait de passer outre. Une rage froide et destructrice qu'il connaissait pour la première fois, et qui ne pourrait s'éteindre que dans le sang du vampire. La lame trembla tandis qu'il essayait de se contrôler et d'éviter le pire. Un tel désir de meurtre brillait dans ses yeux que son visage en était méconnaissable. Enfin et avec bien des difficulté, il baissa lentement sa lame, reculant hors de portée avant d'assener : "Vous serez exécuté dans trois jours. Profitez en pour vous repentir d'avoir osé avilir une femme telle qu'Esmelda. Monstre."
L'injure crachée avec un indicible mépris claqua comme une gifle et il se détourna. Son épée au fourreau, il passa le seuil de la cellule sans un regard en arrière lorsque la porte s'effaça devant lui. Le sort du renégat vampire était scellé...
************ A l'extérieur "Faites doubler la garde du prisonnier, il se sait condamné et pourrait tenter un geste désespéré. J'interdis toutes visites sauf accord préalable de ma part."
Les gardes claquèrent des talons en recevant ses ordres, celui qui avait porté l'arbalète trouvant le courage d'interroger : "C'est donc lui majesté ? Il a blessé la princesse ? Pouvons nous relâcher le général Farkstein ?"
Le chef rebelle serra les poings à cette question mais parvint à répondre sans laisser trembler sa voix : "C'est lui. Mais le rôle tenu par Farkstein est encore flou, il a sans doute été complice. Je le verrais bientôt. Même traitement que Wallam en attendant. "Bien sire."
|
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Dim 25 Mai 2014 - 18:20 | |
| Voila, c'était dit. Étrange à quel point cela lui avait été plus facile qu'il ne l'aurait imaginé de prime abord. Dès qu'il avait commencé à parler en effet, les mots lui étaient venus naturellement, en un flot limpide et régulier, sans qu'il lui soit vraiment nécessaire de mesurer les termes qu'il utilisait. Il disait la vérité, tout simplement et d'avoir finalement pu une fois pour toute se débarrasser du poids de ce secret le soulageait. Il se sentait même plutôt serein, désormais, le couple des amants interdits n'aurait plus à mentir ou à se cacher ou du moins n'auraient-ils plus à le faire aussi soigneusement que précédemment. L'esprit du renégat s'égara quelques instants à s'imaginer pouvoir accompagner Esmelda le matin, pour le petit-déjeuner par exemple, ou le soir autour autour du repas. Simplement pouvoir partager avec elle des moments que l'on pouvait presque qualifier de familiaux, en somme. Mais avant d'en arriver là, bien sûr, il y aurait des crissements de dents. Korentin n'accueillerait certainement pas la nouvelle à bras ouverts, toutefois, Kylian demeurait confiant : le souverain en devenir aimait Esmelda comme sa propre soeur, il avait à coeur de la voir heureuse et avait fait montre d'une compréhension certaine à l'égard des précédents arguments du vampire. Il comprendrait cette fois encore. Peut-être pas tout de suite, mais lorsque la sombre et froide colère que le renégat vampirique pouvait lire dans son regard, entendre au rythme lent et profond de sa respiration, percevoir jusque de l'accélération sensible des battements de son coeur, lorsque cette fureur retomberait, il comprendrait. En attendant, la première réplique n'avait rien eu de très surprenant et Kylian y répondit presque immédiatement, empruntant le ton autoritaire avec lequel l'ordre lui avait été donné :
« Non. »
Probablement pas le genre de réponse qu'était prêt à accepter l'empereur, probablement pas non plus le genre de réponse qu'il avait l'habitude d'entendre, et pourtant la seule réponse à laquelle il aurait droit. Imperturbable, le rebelle vampirique soutenait froidement le regard suintant de rage que l'on dirigeait sur lui, sa détermination était au moins égale à celle de son adversaire et il ne serait certainement pas le premier à céder.
« Nous nous aimons, et nous ne romprons pas parce que vous n'êtes pas capable de le comprendre. N'obligez pas Esmelda à choisir entre vous et moi alors qu'elle a la possibilité d'être entourée de ceux qu'elle aime. De tous ceux qu'elle aime. Je ... »
Il s'interrompit, baissant la tête en signe de lassitude lorsque le souverain rebelle réitéra son ordre, le soulignant cette fois d'une menace de mort. Ce ne serait jamais qu'une personne de plus à ajouter sur la longue liste de ceux qui s'étaient proposé d'achever son éternité. Ça en devenait presque redondant, en fait, car pour celui qui avait défié Lorenz Wintel en personne et s'était vu promettre encore et encore les pires supplices imaginables, la menace d'un empereur humain n'était pas précisément ce que l'on faisait de plus impressionnant. Un mot pourtant l'atteignit plus que les autres : le fait qu'on l'accusa de déshonorer la princesse. Quel déshonneur pouvait-il y avoir à aimer ?
Un long silence suivit, jusqu'à ce que l'amant vampirique consente à relever son visage abattu vers celui qui l'accusait de la sorte. Ils n'échangèrent pas un mot pendant quelques instants, communiquant exclusivement par l'intermédiaire de leurs regards. Kylian pouvait y lire sans difficulté la question qui assaillait l'esprit du roi, et avait pu formuler sa réponse d'un simple coup d'oeil : vous arrivez trop tard. Qu'attendait-il exactement de cette réponse ? Il n'en savait trop rien, peut-être que le souverain se rende compte de l'ampleur de leur amour et reconsidère son opinion sur le sujet, peut-être... peut-être la réaction qui amena la lame effilée que l'on venait de lui glisser sous la gorge et dont la pointe tranchante effleurait désormais la peau claire du vampire. Kylian déglutit nerveusement tandis qu'il se rendait compte qu'il avait peut-être légèrement surestimé les capacités de compréhension et le seuil de tolérance de ce qu'était prêt à accepter Korentin. L'amour que ce dernier ressentait pour sa cousine n'était peut-être pas aussi fort qu'il l'avait pensé, et ce manque de discernement pourrait fort bien lui coûter son éternité. Sa voix lorsqu'il reprit la parole voyait son assurance retombée d'un cran, et se révéla plus tremblante qu'auparavant, presque implorante désormais :
« Je ... Je n'ai fais que l'aimer... elle s'est donnée à celui qu'elle aimait parce que c'était ce qu'elle voulait pour elle-même. Pour une fois dans sa vie, elle a pu prendre sa propre décision sans que personne n'ait eu à lui dicter ce qu'elle devait faire ou comment elle devait agir. Ne lui reprochez pas d'avoir voulu choisir au moins une fois... »
La lame pressa un peu plus fortement sur sa peau, entaillant même légèrement celle-ci et laissant s'écouler un étroit filet de sang sombre dans son cou. A cet instant, Kylian évoluait sur le fil de l'épée, dans tous les sens du terme, et considérait de plus en plus sérieusement la possibilité de ne pas survivre à cette discussion. Pire encore, l'ironie de la situation voulait que ce soit le souverain dont il avait espéré se faire l'allié qui le tuerait, et non le prince dont il s'était fait l'ennemi. Cette même ironie voulait également qu'après avoir été innocenté d'une tentative de meurtre, ce soit l'aveu de son amour qui sonnerait le glas de son existence. L'on disait souvent l'ironie cruelle, mais cette fois, elle semblait bien devoir mériter doublement ce sinistre qualificatif.
« Vous prétendez l'aimer, alors osez me dire ce que vous auriez voulu pour elle ? Qu'elle eut à s'offrir à un homme pour qui elle ne ressentait rien ? Qu'elle ne désirait pas ? Est-ce vraiment de cela qu'il est question ? Qu'elle eut accompli son devoir en se sacrifiant une fois encore pour une maudite couronne ? Est-ce ainsi que vous aimez votre cousine ? En la confiant aux bras d'un homme qui ne la considèrerait que comme un morceau de viande aux jolies formes drapées d'avantages politiques ? Je suis peut-être vampire, majesté, mais j'aime sincèrement votre cousine et cela seul devrait importer à vos yeux. »
Il pouvait maintenant distinctement sentir la lame trembler contre sa peau, mais ne détachait pas son regard de celui qui le menaçait. S'il devait le tuer, alors qu'il ait le courage de le faire en le regardant dans les yeux. Cependant, le geste fatal ne vint jamais et au bout de quelques longues secondes d'un pesant silence, l'acier effilé s'abaissa lentement, arrachant un soupir de soulagement au renégat. Dracos merci, il ne s'était pas trompé en se confiant comme il l'avait fait, et les choses semblaient finalement s'arranger. L'ombre d'un sourire s'aventura même brièvement au coin de ses lèvres tandis qu'il suivait du regard l'empereur qui se reculait lentement :
« Merci, je ... »
La suite de sa phrase demeura perdue à jamais, le vampire brisant le flux de ses paroles lorsque la condamnation tomba. Exécuté ! Pendant une fraction de seconde, il avait sincèrement cru être parvenu à faire entendre raison au cousin de celle qu'il aimait, il pensait se voir épargné, et au lieu de cela... il se retrouvait condamné. Se repentir. Avilir. Monstre. C'en était trop. Cette fois, la compréhension céda la place à la colère et il se redressa d'un bon furieux, faisant violemment claquer les chaînes qui l'entravaient alors même qu'elles se tendaient à leur maximum pour le retenir.
« Vous n'avez pas le droit, espèce de lâche ! C'est un meurtre, un assassinat pur et simple, vous le savez très bien, mais vous n'avez même pas le cran de faire votre sale besogne vous-même ! »
Mais sa hargne ne trouvait nulle oreille attentive et son regard meurtrier ne pouvait que suivre, impuissant, le départ du souverain. Cela n'empêcha pas pour autant le condamné de continuer à lui cracher sa rage, l'autre pouvait bien refuser de l'écouter, il ne pouvait s'empêcher d'entendre :
« Vous accusez Fabius de trahison et de tyrannie mais vous ne valez pas mieux que lui ! Et que direz vous à Esmelda lorsqu'elle demandera ce qu'il est advenu de moi ? Vous lui mentirez, bien sûr, à moins que vous ne la condamniez à mort elle aussi ? C'est ainsi que le juste Korentin fait valoir son autorité ! Vous... Vous... Laissez moi lui parler ! La revoir ! Au moins lui écrire ! Korentin ! Pitié... Je... Vous... Accordez moi... une lettre... juste... »
Il en perdait ses mots, mais cela n'avait plus guère d'importance maintenant car la porte de son cachot venait de se refermer sèchement. A nouveau, le vampire se laissa tomber à genoux, courbé vers l'avant de sortes que seules les chaînes qui entravaient ses poignets l'empêchaient de s'effondrer totalement. A nouveau, de sombres larmes s'écoulèrent sur ses joues.
Trois jours plus tard, la porte de sa cellule se rouvrait... |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Ven 30 Mai 2014 - 20:02 | |
|
Trois jours et quelques heures depuis l’incident mais la tension n’était nullement dissipée, bien au contraire. Elle atteindrait son point culminant d’ici un moment. Depuis l’instant où la nouvelle de l’agression de la princesse s’était répendu, avec son lot de racontars et de spéculations, Aigue-Royal bouillait littéralement. La population rebelle s’inquiétait bien entendu pour la princesse même si ses jours n’étaient plus en danger. Et une majorité, à savoir son propre peuple, les nordiques, rugissaient de rage à l’idée qu’un vampire ait pu blesser leur dame bien aimée. Esmelda s’était très tôt attirée l’entière dévotion des hommes de Glacern et la simple idée qu’une de ces créatures honnie, détestée entre toute, puisse avoir attenté à sa vie… c’était suffisant pour leur donner des envies de vampiricide sur tout ce qui portait les dents longues dans les cavernes alliance ou pas. Il ne pouvait les blâmer. Tout juste parvenait-il à leur tenir la bride, par obligation et sens du devoir mais le cœur n’y était vraiment pas tant il se sentait dans la même situation qu’eux… Il en voulait à tout ce qui avait le sang-froid et jamais sa haine de cette race n’avait été plus grande. Et pourtant Dracos seul savait qu’il s’était calmé depuis l’instant où on l’avait mis au courant. Avoir passé trois jours à évacuer la violence et la rage que tout cela lui causait avait été salutaire dans le maintien de son contrôle personnel autant que dans celui de ces ressortissants. Il se serait mal vu tenter d’éviscérer un vampire d’une main en leur demandant de se calmer et de ranger les armes… Beaucoup le faisait déjà à contrecœur, inutile d’en rajouter. Il doutait pourtant de tromper qui que ce soit tant les mots lui écorchaient la langue dès qu’il devait les prononcer.
Ça n’aurait bientôt plus d’importance. L’empereur avait ordonné l’exécution en bonne et due forme du vampire fautif et il se ferait une joie d’officier comme bourreau… Il n’aurait laissé à personne cette tâche, pas même à Korentin lui-même. Ce qu’avait fait cette créature était impardonnable, et l’acte avait éveillé bien des tensions qui n’aidaient en rien leur rébellion… autant que des interrogations personnelles qu’il préférait faire taire pour le moment. Du moins qu’il essayait de taire. La fin du vampire aiderait très certainement à sceller cet épisode lamentable. En tous les cas, il devait mourir. Il était coupable, cela ne faisait aucun doute. Pourquoi en aurait-il eut alors les vampires étaient des bêtes vicieuses et mauvaises, indignes d’exister sur ces terres. Même si il n’appréciait pas les dragonniers, Farkstein était un humain et un proche d’Esmelda mais cette créature… cette chose… Oui, sa culpabilité était avérée et il en paierait le prix. En cela au moins, les siens seraient apaisés même si ça n’effacerait pas le ressentiment latent qui avait ressurgit avec virulence. Il mettrait longtemps à s’apaiser à nouveau. Pour l’instant il était l’heure. Le verdict rendu, ne restait que l’application de la sentence. Voilà tout ce à quoi il pensait en pénétrant dans les geôles où l’on avait entreposé au frais les deux individus trouvés sur la scène du désastre. Mais Farsktein ne l’intéressait nullement, il n’avait d’yeux que pour le vampire au fond de sa cellule. Faisant signe aux gardes de s’écarter, il pénétra à l’intérieur seul, laissant son escorte à m’extérieur. C’était sans crainte qu’il approchait, dardant un regard pâle et glacial sur la créature prostrée semblant porter le poids du monde sur ses épaules.
Tsh ! Il jouait bien la comédie… mais jamais il ne le convaincrait. Cette chose était mauvaise, point finale. Son poing se resserra alors qu’il le contemplait de longues secondes en préservant un silence assourdissant. Il n’avait pas l’intention de parler, il était bourreau et pas autre chose. Mais à le voir ainsi, à l’observer ainsi, il entendait de nouveau les mots d’un certain prêcheur et une gigantesque bouffée de haine le saisissait, refermant ses griffes corrosives sur son cœur et son esprit. Il était le bourreau, son travail était de lui ôter la vie rien d’autre… mais Dracos, il ne se voyait pas laisser passer l’occasion, aussi terrible que cela puisse être. Cette chose avait blessée Esmelda ! Il avait beau être un ami de Roëric, il avait blessé sa princesse, la dame qu’il avait juré de protéger qu’importe le prix. Plus encore que de la haine, c’était du dégoût qu’il ressentait pour une chose capable de s’en prendre à sa princesse. Alors c’était sans remord qu’il saisissait l’occasion. S’approchant davantage, il éleva une main sertie de la chevalière de sa famille et l’apposa sans un mot sur le front du vampire, le vidant de ses forces. Ce n’était pourtant pas cet effet-là qu’il visait mais bien la douleur infligée à cet animal. Qu’il souffre, ne serait-ce qu’un instant, pour ce qu’il avait fait… ce n’était pas là une justice, il n’aurait pas le culot de l’affirmer, ce n’était rien d’autre qu’un retour de sa part à lui. Et en le voyant s’effondrer à moitié au sol, il l’empoigna fermement et sans ménagement, ordonnant au maître des cages de lui retirer ses fers avant de le pousser hors de sa cellule et directement dans les bras de ses deux soldats qui le traînèrent vers l’extérieur.
L’exécution ne se ferait pas devant le reste d’Aigue-Royale, mais elle était néanmoins publique, dans la cour de Fort-Espérance où s’étaient réunis ceux autorisés par Korentin à assister à la mise à mort. Un billot de bois avait été préparé, à défaut d’en utiliser un en pierre, au centre de l’espace ouvert où l’on conduisait le prisonnier. Il ne mourrait pas enchaîné, ça ne servait de toute façon à rien… il l’avait proprement vidé d’énergie après tout. Alors que les deux hommes l’installaient sans douceur, Havard tourna la tête pour observer l’Empereur, déjà présent. Attendant son signal, il hocha simplement la tête en le recevant et dégaina Audhumla, la lame de sa famille gorgée du sang des vampires qu’ils avaient tués. Une arme avec laquelle il avait la ferme intention de trancher le cou vil d’un seul mouvement. Le silence était presque palpable, alentour, alors que l’instant se faisait tendu. Occultant le reste du monde, il leva l’arme, s’apprêtant à l’abattre en un coup fatidique…
|
| | |
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Mar 3 Juin 2014 - 22:23 | |
| « -Arrêtez !!! »
La voix de la princesse tonna dans la salle caverneuse. Elle pouvait sentir des yeux se poser sur elle. Mais Esmelda ne regardait qu'une seule personne. Celle qui était au sol, une épée au dessus de sa tête. Sentait-il son cœur battre si vite, trop vite, de peur, une peur viscérale, presque tétanique. La princesse s'avança dans le froufrou de sa robe de nuit. Esmelda n'avait même pas prit le temps de se changer quand on lui avait annoncé l’exécution prochaine de son agresseur, le vampire. Un vampire ? Quel vampire ? Dans son souvenir aucun vampire ne se trouvait près d'elle. Mais de son agression, il ne lui restait que des souvenirs brumeux. Elle se souvenait de sa rencontre avec Amyelenor, de leur dispute et de la douleur. Mais pas de vampire. Alors quel vampire serait assez stupide pour se mettre au cœur de l'attaque de la princesse des hommes : Kylian. Son sang n'avait fait qu'un tour et elle avait dû user de toute sa faible force et sa persuasion pour se glisser hors de son lit de convalescence pour se diriger vers le lieux de l’exécution.
La stupeur laissa place à l'horreur puis à la peur. Que fut leur dernier mot ? Des mots de haine et de déchirement alors que son cœur brisé par ses mots ne cessait de lui dire qu'il l'aimait.
Sa blessure encore quelque peu douloureuse ne se faisait presque plus sentir. A moins que celle de son cœur soit plus forte.
« -Mais que se passe-t-il donc ici ??? Que se passe-t-il donc dans vos esprits ? Avez-vous tous sombré dans la folie ? Dans la barbarie ? La guerre en dehors de ces murs de pierres ne vous suffit plus ? Devenez-vous des esprits de rage et de violence et non plus de conscience et de réflexion ? La facilité au lieu de chercher à comprendre et à réfléchir. J'étais déçue de ce que l'empire humain était devenue et bien je vois que ce que l'on nomme rébellion, espoir de la liberté, espoir d'un lendemain de paix n'est que poudre aux yeux. »
La princesse parla de sa voix claire, chantant son ode à la tolérance et à la vie.
« -Pourquoi cet homme se trouve ainsi attaché sous la menace d'une arme. Havard, Seigneur du Nord, baissé votre arme, je vous prie. Vous vous rendriez coupable d'un meurtre qui n'a aucune justification. Enfin pas celle que l'on veut lui donner. Et je ne tolérais pas que vos mains soient salis par ce sang qui ne mérite pas de couler. »
Quelques murmures, des bruits de mouvements attirèrent l'oreille de la princesse.
« -Je vous choque. J'en suis alors fort aise, car c'est bien là la vérité. Pourquoi cet homme est-il condamné ? Mon attaque ? Ma blessure ? »
Esmelda se tourna vers son cousin, plantant son regard ambré dans celui de son cousin.
« -Il est innocent. Tout aussi innocent que chaque personne dans cette salle. Et vous le savez majesté. Alors pourquoi cette mascarade ? »
La princesse se retourna vers le reste de l'assemblée.
« -Ou bien parce qu'il est vampire ? Ai-je dis le mot qui fâche ? Ai-je mis le doigt sur la corde sensible. On condamne un homme parce qu'il a soit disant blessé la princesse impériale, mais la véritable raison et sa différence ou bien votre mépris et votre ignorance. Le mépris d'un race vous donne le droit de tuer, de tuer un homme qui a fait bien plus pour les humains que bons nombres d'entre vous. »
Des murmures s'élevèrent dans la petite assemblée présente, mais rien qui ne ferait taire la princesse.
« -Oui, je choque encore. Mais je ne fais que dire une vérité. Cet homme que l'on accuse de m'avoir blessé m'a sauvé. Sauver face à son prince et ses sbires, sauver face aux alayens, sauver votre empereur ici présent, sauver le hameau de HauteRoche et le village de la Vallée dorée d'attaques de vampires. Et on veut le condamner pour ma blessure ? Je ne servirai pas d'objet de votre instrumentalisation macabre je m'y refuse. »
Esmelda apaisa le ton de sa voix et semblait plus compatissante, prompt à l'écoute et à l'échange.
« -Alors où est la tolérance promise par le peuple des Hommes ? Le respect des êtres, la tolérance entre les races et l'alliance des peuples ? Ahh oui, la peur de l'après. Je peux le comprendre et ne le nie pas. Je le crains même. Mais tous les vampires ne sont pas fait du même moule que ceux que vous craignez. Tout comme les humains ne sont pas tous prompt à la bonté et la bienfaisance ou les elfes à l'arrogance. Il serait temps de dépasser nos préjugés et de changer avec notre monde qui lui le fait. De penser en terme d'alliés et d'ennemis, pas de races. Ou bien vous perdez dans votre vision étriquée. Être tolérant est une vertu qui permet de vivre plus facilement en société et de rester ouvert à tout au lieu de rejeter l'inconnu sans autre forme de procès. Ce qui semble être le cas actuellement. »
La princesse refit face à son empereur.
« -Ou bien est-ce parce qu'il fait parti de mon cercle privé ? »
Esmelda se doutait qu'elle touchait la corde sensible. Déjà car elle était connue pour ne faire que peu confiance dans le monde de la noblesse, préférant s'entourer des soldats, des cuisiniers du palais, ou de prisonniers comme Ninna. Mais un vampire... là elle avait dépassé les limites de l'entendement humain. Eh bien tant mieux.
« -Eh bien tant mieux que je lui ai accordé le crédit de ce que cet homme est et vaut. Sinon je serai morte et vous aussi. Est-ce là la façon de remercier ceux qui vous serve ? Qui serve votre peuple ? Et l'excuse du « c'est un vampire » n'est que le rempart de l'ignorance, car nous avons tous un quelque chose qui nous rend méprisable aux yeux des autres. Alors si c'est là la façon dont gouverne l'empereur rebelle, là la vision du monde dans lequel nous allons vivre, je n'ai plus aucune raison de me battre, car il est loin de la vision d'un monde juste et emprunt de respect, si celui le plus simple de la justice d'un homme n'est pas rendu. »
Esmelda s'approcha d'Havard de quelques pas, les premiers un peu chancelante. Si Kylian devait mourir en cet instant, sa vie s'arrêtait aussi. Mais la princesse espérait par dessus tout que la folie barbare et sanguinaire des hommes laisse place à la compréhension et à la justice. Celle qu'Esmelda défendait depuis toujours. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Dim 8 Juin 2014 - 12:34 | |
| Le claquement sec des chaînes brutalement tendues à leur maximum n'avait plus cessé de lui tinter aux oreilles depuis l'instant où il avait laissé le vampire derrière lui dans l'obscurité du cachot. Il ne regrettait pourtant pas sa décision. D'ailleurs c'était la seule possible au vu des circonstances. Il ne pouvait pas laisser sa cousine se déshonorer dans les bras d'un vampire. Personne ne devait savoir, jamais. Les conséquences sur la maison Kohan seraient bien sur indescriptibles mais c'était avant tout l'idée que le joyau de l'empire puisse être terni par une si sale affaire qui le révulsait. Tant pis pour la manière, et tant pis pour le mensonge. Si il devait ne pas être honnête une seule et unique fois dans sa vie alors ce serait au moins pour une bonne cause. Esmelda méritait tous les sacrifices. Qu'était la non-vie d'un vampire face à l'honneur de sa cousine ? D'ailleurs il était coupable. Peut-être pas du crime qu'on lui reprochait, mais d'un autre tout aussi répréhensible. Aurait-il été humain que Korentin l'aurait inculpé pour cela et peut-être condamné à la même peine, ou pas loin. Puisqu'il ne pouvait le faire sans qu'éclate un terrible scandale, il n'avait pas d'autre choix que d'utiliser une voie détournée pour en arriver au même point. Seul le résultat importait.
Et il allait le voir bientôt ce résultat. Les dernières minutes de l'éternité de Kylian Wallam touchaient à leur fin. Elles se transformeraient en secondes puis s'évanouiraient dans cette petite caverne qui avait été choisie pour être le lieu de l'exécution. Pas un grand public en ce jour, un comité réduit serait bien suffisant pour voir les derniers instants de l'agresseur de la princesse. Restait juste à espérer qu'aucun des membres de cette maigre assistance ne se demanderait jamais si il n'y avait pas autre chose derrière ce chef d'accusation. Le risque était maigre néanmoins, nul ne pourrait jamais imaginer une telle tragédie. Korentin lui-même avait encore du mal à croire en ce qu'il avait apprit en cette cellule. La colère continuait de brûler en lui en détruisant au fur et à mesure les quelques remords qu'il aurait pu ressentir suite à la petite entorse infligée à son sens de la justice. Le vampire méritait son sort, et c'était tout.
Le visage du souverain rebelle se ferma tandis qu'on que le prisonnier faisait son entrée, encadré par Svenn et ses hommes. Cette fois on y était... Le vampire ne résistait pas. Pour tout dire il n'avait pas l'air spécialement bien en point. Pourquoi donc ? Korentin n'avait pourtant pas permit qu'il soit maltraité, et il n'avait pas été enfermé assez longtemps pour souffrir de la soif au point d'en perdre ses moyens. Lui aurait-on désobéit ? Il se renfrogna plus encore à cette idée en décochant un regard suspicieux au seigneur du nord. Ils n'étaient pas des barbares par le Dracos, c'était une chose de prononcer une sentence de mort et une autre que de passer ses nerfs sur le condamné. Encore heureux que le bourreau du jour ignore tout du réel chef d'accusation, Korentin n'osait imaginer ce qui aurait pu se passer si l'autre avait pu savoir que Kylian et Esmelda... Bref. Il ne voulait plus y penser. C'était un passé qu'il fallait effacer le plus rapidement possible et ne plus jamais réveiller.
C'est cette résolution qui balaya la dernière hésitation qu'il aurait pu avoir quand à la méthode particulière de justice qu'il avait été forcé de mettre en place pour cette fois. Qu'importait la façon dont Wallam avait pu s'en prendre à la princesse. Agressivement ou amoureusement, le résultat était le même. Et c'était la mort. Droit et silencieux sur son siège, il inclina sèchement la tête lorsque son regard croisa celui du nordiste. C'était terminé. Un dernier geste et...
« -Arrêtez !!! »
L'assistance sursauta. Havard lui-même suspendit son geste, interloqué sans doute par cette intervention imprévue. Korentin de son côté ne bougea pas d'un pouce, ne tourna même pas le regard vers la source de la voix. A quoi bon ? Il l'aurait reconnue entre mille et la vague immense de lassitude qui s'empara de lui jusqu'à lui faire fermer brièvement les yeux prouva bien qu'il était plus que conscient de la gravité de la situation. Esmelda... La princesse s'était levée malgré l'interdiction qu'il avait fait signifier à ses guérisseurs. Elle avait sans doute échappé à leur vigilance et à présent elle se tenait là, prête à faire éclater en une seule seconde tout le socle de respectabilité et d'honneur qui était la base même de la vie d'une princesse Kohan. Elle allait détruire sa propre vie pour une sottise de jeunesse, et éclabousser du même coup l'ensemble de la famille Kohan déjà bien affligée par les agissements de Fabius. Il ne pouvait pas la laisser faire. Il était de son devoir de passer outre la peine qu'il sentait trembler dans la voix de sa cousine, de la faire renvoyer sous bonne garde à ses appartements et de terminer rapidement la besogne commencée. Peut-être lui pardonnerait-elle un jour, ou peut-être lui en voudrait-elle à jamais. Ceci ne devait pas entrer en considération, il était le roi et c'était sa responsabilité que de ne pas laisser une telle chose se produire. Il avait déjà fait des efforts colossaux au sujet des vampires, leur offrant un statut qu'ils n'avaient jamais connu avant cela et reconnaissant pour la première fois depuis des siècles qu'ils n'étaient plus seulement des bêtes à abattre. Mais il y avait des limites et leur offrir une membre de son propre sang en était une.
Il rouvrit les paupières pendant qu'Esmelda parlait, haranguant et subjuguant le maigre auditoire avec la même maîtrise que son frère avait eu avant elle. Si quiconque avait eu le moindre doute quand à son appartenance à la maison Kohan, il ne pouvait que se détromper devant cette vision. Elle se tenait droite et fière devant ceux qui ne pouvaient plus que l'écouter en silence, et Korentin lui-même ne pu que se raidir sur son siège lorsqu'elle se tourna vers lui et que l'ambre de ses prunelles se plongèrent dans l'or des siennes. Innocence... Le mot était prononcé et en tant que victime elle était évidemment le tout premier témoin de cette affaire. Il ne pouvait plus faire exécuter le vampire sous ce chef d'accusation. Pire, elle l'accusait en public d'avoir toujours su qu'il ne tenait pas le bon coupable et d'avoir donc volontairement détourné la lame de la justice pour servir ses propres intérêts. Nul ne devinerait de quels intérêts il s'agissait en réalité, mais il se trouverait forcément des gens pour se poser la question. A moins bien sur qu'elle ne décide carrément d'annoncer elle-même publiquement son lien particulier avec le vampire... Par les Esprits, il ne pouvait pas la laisser faire cela.
Il garda pourtant le silence. La machoire serrée, un regard dur braqué sur elle. Il la laissait continuer son discours sans trop savoir pourquoi il ne la coupait pas simplement. Il pouvait encore la faire renvoyer dans son lit en harguant que sa blessure l'avait affaiblie et qu'elle souffrait de la fièvre. Oui en tirant la corde il pouvait encore exécuter le vampire. Plus personne ne croirait en sa culpabilité mais peu de gens s'offusqueraient, justement parce qu'il était vampire. Il était le roi, il avait tout pouvoir et nul n'oserait lui reprocher ses actes. Sauf que cela lui répugnait.
Sans qu'il puisse s'en défendre, les paroles d'Esmelda avait fait mouche. L'heurtant d'autant plus profondément qu'il s'apercevait à présent que les remords qu'il avait repoussés au plus profond de lui existaient bel et bien et que, tout empereur qu'il était, il restait Korentin Kohan. L'homme qu'il était en vérité ne pouvait simplement pas marcher sur la justice comme il avait bien faillit le faire. Le dilemme était d'autant plus terrible à présent car il devait se débattre entre son sens de la justice éveillé par sa cousine et le besoin profond qu'il avait de la protéger de tous, y compris d'elle-même. Terrible situation que celle-ci... Entre la peste et la choléra, il avait bien envie d'aller se jeter au fin fond du lac souterrain... Ses mains serrèrent les accoudoirs de son fauteuil tandis qu'il analysait les faits, cherchant une échappatoire à un choix qu'il ne se sentait pas capable de faire. Et finalement, elle le lui imposa :
"Esmelda !"
Sa voix avait tonné avec reproche à l'instant où elle s'était approché du vampire dans l'intention apparemment bien arrêtée de se sacrifier avec lui. Tout ce qu'elle avait pu faire ou dire avant cela n'avait plus d'importance, sa décision irrévocable de se suicider pour un suceur de sang était plus blessante et douloureuse en elle-même que tout le reste. Elle l'aimait donc à ce point là... Cette constatation horrifiante alluma une lueur de pur désarroi dans le regard royal. Soit. Elle ne lui laissait donc aucun choix, il ne pouvait décemment pas la faire écarter de force de son protégé et ce serait d'ailleurs courir le risque qu'elle se sente assez désespérée pour se mettre à clamer son amour plus clairement encore qu'elle ne le faisait déjà. Son regard se fit glacial lorsqu'il croisa celui du vampire encore agenouillé devant le billot et les conversations passionnées s'éteignirent pour laisser place à un profond silence tout aussi passionné lorsqu'il se leva lentement.
"C'est assez. Il est inutile de vous donner en spectacle princesse. Nous avons entendu votre déposition. Si vous le dites innocent, alors il l'est. Rengainez votre épée, seigneur Svenn. Il n'y aura pas d'exécution ce jour."
Ni les jours suivants d'ailleurs, et cela le mettait dans une rage d'autant plus froide qu'elle était désespérée. Connaissant à présent un peu mieux le caractère obstiné et débrouillard de sa cousine, il pouvait légitimement douter de ses capacités à la séparer définitivement du vampire. Et puisqu'il n'avait plus d'autre choix que de le déclarer innocent il ne pouvait pas non plus l'exiler définitivement d'Aigue-Royal. C'est donc contraint et forcé qu'il continua :
"Qu'on lui ôte ses chaînes. Je déclare nulles et non avenues toutes les accusations qui ont été portées sur le vampire. Il sera dédommagé par la couronne et est libre de quitter Aigue-Royal à tout moment ou... D'y rester dès lors qu'il se soumet aux lois impériales."
La pause légère et presque imperceptible qu'il avait insufflée dans sa phrase était suffisante, pensait-il, pour que le vampire en question devine qu'il n'était malgré tout plus le bienvenu et qu'il serait bien inspiré de choisir de quitter les lieux. Korentin ne pourrait pas l'y forcer, ou pas sans éborgner les lois impériales qu'il venait de citer mais le fait d'y avoir fait mention était aussi une habile manière de rappeler aux vampires qu'il risquait gros en continuant de tourner autour de la princesse.
Ses ordres provoquèrent quelques protestations dans l'assistance mais la plupart des hommes présents étaient trop attachés à l'autorité royale pour oser s'opposer à sa décision. D'autant plus qu'elle était logique puisque Esmelda reconnaissait-elle même le vampire comme innocent. Comment avait-elle pu lui faire cela ? N'avait-elle donc aucun scrupule au sujet du bien de l'empire ? Elle avait fait vaciller son autorité, pointant même le doigt sur ses manquements en terme de justice. Pour l'amour d'un vampire, elle l'avait quasiment insulté en public et avait donc porté un coup à la couronne dans un moment où elle avait besoin de toute sa souveraineté. Il avait déjà été en colère contre elle, mais jamais à ce point.
"Sortez tous."
L'ordre avait claqué sèchement, si impérieux et glacial que nul ne s'y trompa. Les gens obtempérèrent sans tarder à l'exception des lames noires et d'un autre homme qui l'obligea à se répéter :
"Vous aussi Svenn. Dehors."
Il continuait de fixer Esmelda, refusant de la lâcher du regard alors-même qu'il s'adressait au nordiste. Quand au vampire que l'on venait de détacher, c'était comme si il n'avait jamais existé. Pour tout dire, Korentin préférait éviter de poser les yeux sur lui. Contre sa cousine il avait de la colère, mais contre lui il ne pouvait prétendre ressentir autre chose que de la haine. Une haine féroce et avide qui n'attendait qu'une erreur de la part du suceur de sang pour avoir enfin l'occasion de lui faire payer l'affront fait à Esmelda... L'autre bougea de son côté et l'empereur inspira lentement, maîtrisant difficilement la vague de fureur qui lui donnait envie de rappeler Svenn. Svenn qui d'ailleurs n'était pas sorti... Et qui irradiait d'une fureur au moins égale si ce n'était supérieure à celle de son roi... |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Mer 11 Juin 2014 - 22:10 | |
| Prostré, immobile et silencieux, au pied du mur auquel il était enchaîné, Kylian attendait. Le premier jour, il espérait encore voir le souverain rebelle franchir la porte du cachot pour venir lui annoncer qu'après une nuit de réflexion, il était revenu sur sa décision et respecterait le choix d'Esmelda, à défaut de l'approuver véritablement. Fol espoir. Vain espoir. Personne n'était venu. Le second jour, le renégat n'aspirait déjà plus qu'à se voir accorder une ultime requête : un parchemin, une plume et un peu d'encre pour coucher ses adieux sur le papier. Pour exprimer ses regrets à celle qui fut sa fiancée, pour lui rappeler une dernière fois son amour, évidemment, mais également et ce aussi paradoxal que cela put paraître, pour lui demander de ne pas tenir Korentin pour responsable et même de lui pardonner. Fol espoir. Vain espoir. Celui qui était venu n'avait pas été celui qu'il avait attendu, mais quelle importance ? Le lendemain, il ne serait plus de ce monde. Le troisième jour, le vampire s'était totalement résigné à accepter la fatalité qui était la sienne. Ainsi attendait-il, patiemment, que l'on vint le chercher et le conduire à la mort. Il se surprenait même, cruelle ironie, à souhaiter que l'on ne le fit pas attendre plus que nécessaire. La vie, si tant est qu'on lui permit d'user encore d'un tel terme, lui était devenue si douloureuse, si sombre, si insipide que la mort lui semblerait une douce délivrance.
Kylian entendit les pas de son escorte bien avant que ceux-ci n'atteignent la porte de sa cellule. Un pas lourd et régulier, terriblement martial, qui se distinguait tellement du pas traînant et ennuyé des gardes en maraude que le renégat n'eut aucun doute sur l'identité de ceux qui approchaient. L'heure était venue, et de fait, les pas s'immobilisèrent devant son cachot à l'instant même où une clé venait jouer dans la serrure. La lourde porte pivota sur ses gonds, et le rebelle vampirique put lentement lever ses yeux clairs sur la silhouette d'un nordique qui lui apparut étrangement familier. Sans un mot, l'homme s'avança dans la cellule, seul, avec un calme et une froideur déconcertants. Kylian plissa les yeux tandis que son regard acéré perçait les ténèbres pour déchiffrer les traits de ce visage connu. Mais bien sûr ! Le ''fils'' de Roëric, Havard de son prénom, ce nordique bourru qu'il avait brièvement rencontré sur le domaine baptistral. Un homme austère, qui n'avait pas semblé beaucoup l'apprécier et qui ne lui avait en retour guère donné d'opportunité d'en faire autrement, mais qui n'en demeurait pas moins l'ami d'un ami. Une lueur traversa un regard vampirique dont la flamme semblait s'être brutalement ravivée : se pouvait-il que son plus fidèle allié ait eu vent de son enfermement et de sa condamnation ? Se pouvait-il qu'une fois encore, le Maître-Lame soit venu au secours de celui qu'il considérait comme son maître, en dépit des protestations du principal concerné ? Les lèvres du condamné s'agitèrent lorsque l'homme se fut approché à moins de deux pas de lui, laissant entendre une voix suppliante d'un maigre espoir :
« Est-ce... Roëric... qui vous envoie ? »
Sa voix s'était lentement éteinte sur les derniers mots. Le seul regard que posait sur lui le nordique avait été une réponse suffisante et Kylian n'avait pas même achevé sa question qu'il comprenait déjà s'être trompé. Non pas que le colosse du nord eut jamais porté sur lui un regard que l'on eut pu qualifier d'amical, certes non, mais le tranchant glacé qu'exprimaient les prunelles bleutées demeurait sans aucune équivoque. Que lui avait-on dis, pour que son regard put se charger d'une telle aversion à son égard ? La vérité ? Ou le mensonge ? Le renégat l'ignorait mais tout vampire qu'il fut, il peinait sincèrement à se retenir de trembler devant les terribles accusations muettes que lui assénaient ces yeux aux couleurs de glace. Comment pouvait-on haïr à ce point quelqu'un ?
L'humain leva une main ornée d'une chevalière qu'il approcha du vampire. Inconscient du pouvoir qu'elle renfermait, et de toute façon bien incapable d'espérer s'y soustraire, Kylian n'eut aucune réaction et considéra comme un simple rituel morbide le geste de son bourreau... jusqu'à ce que la bague entre en contact avec sa peau. Aussitôt, le rebelle eut un geste de recul mais Havard accompagna le mouvement et maintint l'anneau maléfique en contact direct avec la peau froide du prisonnier. Une douleur intense vint immédiatement enflammer chacun des organes, chacun des os, chacun des muscles du vampire, comme si des milliers d'épées ou de lances s'étaient faites un devoir de transpercer jusqu'à la dernière cellules de son corps. L'instinct lui dicta de hurler, mais sa bouche ne s'ouvrit que sur un râle d'insupportable souffrance. L'air lui donnait la sensation de le brûler, et une panique intense s'empara de lui alors qu'il se sentait... étouffer ? Depuis deux cents ans qu'il ne respirait plus, Kylian se révélait la proie d'un étouffement meurtrier ? Impossible, pourtant, il avait bel et bien la sensation que ses poumons se déchiraient tandis que ses os se brisaient, que ses veines se vidaient de leur sang et ce quand bien même, il ne présentait nulle blessure. C'était comme si une main invisible était venue s'emparer de son âme pour l'arracher à son corps, comme si d'un coup d'un seul, ses deux siècles d'existence vampirique devaient lui être repris et que son corps eut à payer ces années de sursis dans la douleur.
Lorsque la bague se retira, le vampire s'effondra avec un grognement sourd, épuisé, vidé de la presque totalité de son énergie tant vitale que magique ou physique. En un mot, agonisant. A demi-conscient, Kylian sentit qu'on le détachait puis qu'on l'empoignait sans douceur aucune pour le jeter tel un pantin désarticulé dans les bras de deux solides guerriers, dont les mains se refermaient sur ses bras pour le soutenir. Le vampire était alors bien incapable de tenir debout, en vérité, il n'était pas même capable de garder la tête droite et son escorte eut littéralement à le porter à travers les couloirs, ses bottes glissant pitoyablement au sol. Un cadavre, un vrai, n'eut pas été moins amorphe. Le simple fait de garder un oeil à demi-ouvert lui était éreintant.
Ils atteignirent ce qui semblait être une petite cour intérieure, dans laquelle étaient rassemblées quelques silhouettes indistinctes. Les nordiques conduisirent le prisonnier devant ce qui devait être une souche, ou un tronc, en réalité un billot devant lequel on l'écrasa à genoux. Non pas qu'il eut tenté de résister, il en aurait alors été bien incapable, mais pour la simple satisfaction d'agir brutalement envers lui. On le détestait, on le haïssait, on n'attendait de lui qu'une chose : qu'il meure, avec autant de souffrance qu'il fut possible de lui en infliger, et on le lui faisait savoir. Une main puissante vint fermement enfoncer les doigts dans ses cheveux et affermir leur prise tandis qu'on le forçait à relever la tête, comme si l'on avait voulu montrer son visage à l'assistance. Du coin de son seul oeil entrouvert, Kylian croisa le visage de son juge, drapé d'une mortelle sévérité, avant qu'on ne vienne lui fracasser violemment la tête contre le billot de bois, lui arrachant un grognement geignard et douloureux. Sa résistance aux chocs semblait s'être envolée en même temps que toutes ses ressources.
Combien de temps lui restait-il à vivre ? Une minute ? Trente secondes ? Dix secondes ? Moins peut-être ? Il n'en savait fichtrement rien. Mais alors qu'il se tenait là, misérablement effondré sur le billot, il se rendit compte qu'il ne voulait pas mourir. Pas de cette manière. Pas pour cette raison. Et à en juger par l'ordre impérieux qui s'éleva soudain dans l'air, il n'était pas le seul ici présent à nourrir cette opinion. Cette voix soutenue par le rythme effréné d'un coeur aux abois, le condamné l'eut reconnue entre toutes et sitôt qu'il comprit qu'il ne s'agissait pas là d'un délire de son esprit malmené par les effets de la chevalière d'Havard, il s'agita, réunissant les maigres forces qu'il put rassembler pour essayer de tourner le visage en direction de celle qu'il avait tant aimé. Ce simple effort lui était effroyablement douloureux, à tel point qu'il crut pouvoir en mourir bien avant que l'épée dressée au dessus de lui ne s'abattit sur sa nuque. Mais s'il s'agissait là du prix à payer pour caresser du regard le visage de sa belle une dernière fois, Kylian priverait sans hésitation son bourreau de sa tâche. Il survécut néanmoins, et écouta, le regard perdu dans la contemplation des traits délicats, certes fatigués, mais bien vivants. Elle prenait sa défense, avec cette même fougue que l'imbécile agenouillé là lui avait pourtant si sévèrement reprochée, et il ne savait alors pas s'il devait l'adorer pour cela ou au contraire la détester. Car en agissant comme elle le faisait, en se dressant en totale opposition avec la décision de son cousin d'empereur, elle se compromettait dangereusement et la seule idée qu'elle put le rejoindre sur le billot le terrifiait. Elle s'approcha encore un peu plus, alors que le renégat vampirique plongeait son regard dans le sien en une muette supplique. Elle ne devait pas faire ce à quoi elle pensait à cet instant précis. Surtout pas. Mais si le vampire ne devait retenir qu'une chose à propos de sa belle, c'était bien qu'elle se complaisait à braver l'interdit.
Ce qui devait arriver arriva, et ce fut au tour de la voix du souverain de se faire entendre avec l'autorité que confère un pouvoir quasi-absolu. Kylian tourna instinctivement la tête en direction de l'empereur, en oubliant jusqu'à son épuisement pour lui adresser un regard mortellement acéré. Qu'il ne s'avise pas de la condamner à son tour, sinon ... sinon ... sinon quoi ? Il était de toute façon trop faible pour tenter quoi que ce soit, il ne pouvait que s'en remettre au Dracos. A son plus grand soulagement toutefois, les mots que prononça Korentin se révélèrent presque inespérés au vu des circonstances. Innocenté. Épargné. Libéré. Le vampire osait à peine y croire, tant les désillusions avaient été nombreuses ces derniers jours, mais l'épée de ce que l'on avait oser qualifier comme la justice regagna son fourreau, Esmelda avait réussi à gagner sa vie... au moins temporairement. La discrète menace qui enrobait encore le discours du roi ne lui avait pas échappé, mais l'amour de la princesse vaudrait toujours plus que toutes les menaces et l'empereur rebelle devrait s'en accommoder... ou terminer ce qu'il avait interrompu.
Toujours considérablement affaibli, Kylian bascula lourdement sur le côté lorsqu'on le libéra et que la salle se vidait de ses occupants. Il chercha maladroitement ses appuis avant d'abandonner l'idée de se lever pour l'instant et finalement venir s'adosser contre le billot. Au moins pouvait-il ainsi éviter de totalement s'effondrer. Il se surprit à respirer, difficilement et profondément, en un réflexe oublié depuis deux siècles mais qui semblait rejaillir des entrailles de son passé, comme si cela lui permettait de se confirmer à lui-même qu'il était encore en vie. Ou à défaut de l'être véritablement, de ne pas être tout à fait mort non plus.
Il releva ensuite péniblement les yeux vers le visage de la princesse qui venait de s'agenouiller près de lui et, sous le regard réprobateur d'un souverain agacé par l'insubordination d'un bourreau non moins courroucé, la gratifia d'un sourire chargé de gratitude. Le spectre de la mort s'éloigna de son esprit, peut-être un peu trop tôt d'ailleurs, tandis qu'il se risquait à lever une main tremblante vers le visage de son aimée. Grâce à elle, il avait encore la tête sur les épaules, bien qu'il n'en fut pas encore sauvé pour autant. Volonté délibérée d'un bourreau qui avait souhaité assurer un travail bien fait ou simple dommage collatéral, la chevalière qu'on lui avait apposée sur le front l'avait profondément meurtri. Ainsi, vidé d'une énergie qui lui faisait à présent cruellement défaut, la soif de sang commençait à se faire durement ressentir et ce alors même qu'il était désormais bien trop faible pour être en mesure de se nourrir par lui-même. Le vampire n'en dit rien, cependant, préférant consacrer ses maigres forces aux quelques mots qui lui importaient vraiment alors :
« J'ai vraiment cru t'avoir perdue, cette fois. Est-ce que... tu vas bien ? » |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Sam 14 Juin 2014 - 16:25 | |
|
La lame luisante se relevait, lentement, le tranchant de mithril prêt à mordre la chair morte et ôter la vie à cette chose ignoble une bonne fois pour toute. Il ne pouvait se mentir, en affirmant assurer cette exécution simplement par sens du devoir. Pouvoir ôter la vie à celui qui s’était voulu l’assassin de la princesse Esmelda lui était une satisfaction… un juste paiement. Il appréciait d’être à la place du bourreau, cette fois, aussi terrible que puisse être ce ressentit et la constatation que, pour une fois, la soif de sang lui venait comme à n’importe quel autre homme. Mais personne n’était parfait, après tout, non ? Et il avait plus d’une raison de pouvoir apprécier ce moment. Se chercher des excuses ? Peut-être, mais si il fallait assumer le confort de savoir ce monstre bientôt trépassé, alors il l’assumait avec les blâmes qui l’accompagnerait immanquablement de la part de certains. Tant pis, ça le valait bien. Il s’apprêtait à l’abaisser, sans remords, et à accomplir la sentence prononcée par son souverain quand une voix vint l’interrompre alors même qu’il abaissait l’arme, de telle sorte qu’il fut contrait de l’arrêter à un cheveu de la nuque vampirique pour observer l’apparition qui lui ordonnait de cesser. Ce n’était pas Korentin, et pourtant à ses yeux, cette voix-là était un commandement suprême qui aurait pu lui demander absolument n’importe quoi ou presque. Elle aurait pu lui demander de s’en aller guerroyer au bout du monde qu’il l’aurait fait sans hésiter. Pourtant s’il s’arrêta, l’arme toujours à la main, l’observant d’un œil sombre et inquisiteur. Pourquoi voulait-elle qu’il s’arrête ? Cette chose avait failli la tuer ! Elle ne méritait pas de continuer à vivre après cela ! Il savait qu’elle était pleine de compassion, mais de là à pardonner à cette chose c’était quand même beaucoup demander, trop en vérité…
Mais sur l’instant, il ne pensa même pas à passer outre, simplement soulager de la voir debout, bien qu’elle fut pâle et encore fragile d’apparence. Elle était en vie et se remettait, et était d’ors et déjà assez forte pour marcher et parler… Il ne pouvait que s’en réjouir. Et à vrai dire, à cette vision idyllique, il sentit un énorme poids quitter ses épaules et sa nuque, comme si la colère et le désespoir qu’il avait ressentis toutes ces journées, qu’il avait essayé de contenir en la sachant mal en point, venaient de s’envoler. Ce n’était pas comme si ils n’avaient jamais existés, mais l’intense soulagement et la joie de la revoir balayaient toutes traces de la cangue précédemment supportée. Elle était en vie et présente, radieuse à ses yeux malgré les restes de faiblesse… sa princesse adorée. Bien sûr, elle aurait dû rester au lit pour se remettre tranquillement, mais la voir braver sa fragilité pour se présenter devant cette assemblée le remplissait de respect et d’admiration. Elle était forte. Une véritable impératrice en devenir. Oui, il respectait cela infiniment et un bref moment, cela suffit à lui faire oublier jusqu’à l’existence du vampire qu’il avait manqué écourter d’une tête. Un bref instant seulement, hélas, avant que de ses mots elle ne le ramène brutalement à la réalité… et à une désillusion qui manquait l’étouffer. Ce qu’elle disait… Il avait su depuis un long moment qu’elle n’était pas hostile aux vampires et même si il n’approuvait pas, il ne lui avait guère fait de réflexion là-dessus car elle avait bien le droit de penser ce qu’elle voulait, aussi utopique que soient ses considérations. Cela n’avait jamais entaché le respect et l’affection qu’il éprouvait pour elle. Et si elle avait décidé de se lancer dans un débat publique en toute autre circonstance, sans doute n’aurait-il pas relevé son intervention si non pour s’amuser de son ‘manque de convenances et de respects de l’autorité’ qu’il avait également toujours apprécié.
En d’autres circonstances, effectivement, mais pas là. Pas alors qu’elle défendait son agresseur. Pas alors qu’elle cherchait à le disculper. En allant contre les ordres et les jugements de l’Empereur. Son regard se durcit, dardé sur celle pour qui il aurait pu se battre jusqu’à la mort et qui pourtant semblait soudain n’être qu’un vague souvenir. Etait-elle folle soudainement ? Pourquoi affirmer que cette créature n’était pour rien dans son attaque alors que Korentin lui-même l’avait fait condamner pour cette attaque ? Impliquait-elle que son cousin, son souverain et son sang, pouvait mentir ? L’homme ne lui avait pourtant pas semblé être de cette trempe là et avait en partie gagné son respect par ce fait, pour la droiture qu’il avait pu montrer et par l’absence de duplicité qu’il arborait. Et elle impliquait qu’il mentait ? Qu’il l’avait fait condamner en sachant qu’il était innocent ? Il ne pouvait croire ça. Pourquoi donc aurait-il fait ça, quelle était la logique là-dedans ? Il ne comprenait pas quel intérêt aurait eu l’Empereur à agir ainsi…mais il fallait éviter de se voiler la face, si effectivement il avait mentit pour une quelconque raison, Havard aurait surtout voulu être dans la confidence. D’au moins ôter la vie à cette créature en sachant le fin mot de l’histoire. Le tuer ainsi ne l’aurait pas plus dérangé il fallait le dire, il n’avait jamais eu besoin d’arguments pour tuer des vampires, c’était son métier après tout que de le faire la chasse. Mais pour l’instant, même s’il voyait naître un début d’amertume à l’idée d’avoir été dupé par Korentin, il ne voulait rien lui reprocher, pas complètement du moins. Si il croyait sur parole Esmelda, il ne pouvait, et ne voulait accuser Korentin de mensonge aussi aisément… il n’avait pas les cartes en main pour cela.
Son regard pâle oscillait entre la princesse et l’empereur, inquisiteur et mécontent. Il ne pouvait que l’être, dans une situation pareille. Les arguments d’Esmelda ne tenaient pas à ses yeux, que cette chose ai pu faire quoi que ce soit pour un seul humain ne rachetait pas l’attaque qu’elle avait subi. Oui mais et si cette attaque n’était pas de son fait ? Là par contre c’était plus compliqué et on en revenait au problème de départ. Le reste ne le regardait pas. Il ne se sentait absolument pas concerné par ces débats sur la tolérance ou l’acceptation sociétale. Pour l’instant il ne souhaitait qu’une chose, qu’on lui dise la vérité et si oui ou non il devait trancher ce satané vampire. Alors que le discourt de la jeune femme prenait fin et qu’elle se dirigeait vers eux, il fut presque tenté de relever son épée et de régler tout cela de la façon la plus simple possible, en tranchant le cou de la bête une bonne fois pour toute et tant pis si on devait le rendre coupable de meurtre, ça n’en ferait qu’un de plus. Il ne le fit pas cependant, mais ne fit aucun geste non plus en soutient à Esmelda. C’est vers l’homme qu’il avait couronné qu’il se tourna, car malgré le respect qu’il avait pour la princesse et la tolérance qu’il pouvait montrer à l’égard de ses idées, c’était à Korentin qu’il était lié par serment et lui seul aurait le pouvoir de lui faire ranger sa lame, comme de droit. Et, exactement comme il le craignait, on lui ordonna de mettre un terme à l’exécution. Aux mots prononcés par Korentin se superposèrent, comme une dentelle délétère, les paroles d’Aldakin au sujet du souverain… des paroles qui avaient fait mouche, mais qui à présent prenaient une ampleur complètement différente. Il rengaina d’un geste précis et sec, sans détourner son regard. On le lui ordonnait après tout mais Dracos, ça ne lui plaisait absolument pas….
Tout ça pour ce vampire. Qu’était-il donc pour qu’on en vienne à cela, hein ? Sans même le vouloir vraiment, il se mit à faire le tour de ce qu’il en savait. Roëric, sur le domaine Baptistral, qui lui disait que son maître était venu chercher l’humaine qu’il aimait, comment il avait évité et détourné le sujet quand il s’était montré inquisiteur, la seule fois où il avait croisé ce Kylian, pendant la bataille des bois sombres… Les paroles d’Esmelda, sa façon de le protéger, la possibilité que Korentin mente, et là, la façon qu’elle avait de vouloir mourir en même temps que lui… ses pensées faisaient leur chemin, lentement mais fatalement. Il commençait à comprendre car il fallait être véritablement aveugle pour ne pas le voir. Ce qu’il avait subodoré la première fois se confirmait pour sa plus grande rage, une rage qui bouillait de nouveau, volcanique et prête à exploser, le rendant presque sourd et aveugle au reste du monde. Il avait reposé les yeux sur le duo, et en cet instant, il avait l’impression d’être prêt à commettre tous les crimes du monde. Ces deux-là ? Ensembles ? La réalisation le frappait avec une violence d’autant plus inouïe qu’il aurait dû le voir plus tôt. Une vague de dégoût atroce monta en lui, de même qu’une vague nausée alors que des scènes vécues et d’autres imaginées se mêlaient en un chaos absolument terrible dans son esprit. Tremblant littéralement de colère, de rage, il restait planté sur place en ignorant royalement l’ordre de sortir qu’on lui avait donné. « Vous l’aimez ? » parvint-il, sans savoir comment, à articuler vaguement, bien que son élocution fut douloureuse sous la force qu’il avait dû mettre à desserrer les mâchoires. Sa voix était presque impossible à reconnaitre tant elle était étranglée et déformée par la fureur, l’incompréhension…
Par la trahison et la déception. Il se sentait trahis, blessé, profondément… Qu’elle puisse être tolérante était une chose, mais… ça ? Non ça il ne pouvait l’accepter. Soudain, cette princesse tant aimée était une étrangère, une ennemie. Il ne la connaissait pas. Ne l’avait même jamais connue. S’il avait porté un poids auparavant, à l’idée qu’un vampire ait pu la blesser, c’était une montagne entière qui venait de lui tomber dessus et il avait toutes les peines du monde à se contrôler. Instinctivement, il rentra les épaules, en une position hostile, agressive alors même que ses mains, et l’intégralité de son corps tremblait de l’envie de sauter à la gorge de l’abomination vampirique pour le frapper de toutes ses forces. Il rêvait d’empoigner son arme… Le goût âcre de la trahison emportait tout le reste. Aldakin avait raison… elle était corrompu. Elle… s’était jouée de lui, de la loyauté et de la prévenance qu’il avait montrée à son égard, elle l’avait utilisé comme un vulgaire outil… Et pourtant, pourtant il pouvait encore y avoir un petit espoir non ? Korentin…Le nordique tourna lentement, presque douloureusement, son regard assombrit par une ire sans pareille vers son souverain sans rien dire de plus, une question muette au fond des yeux, mêlée à un brin d’accusation et un lambeau de désespoir. Il ne pouvait pas avoir su ça, il avait l’air au moins aussi furieux que lui. Il ne savait pas. N’est-ce pas ?
N’est-ce pas ?
|
| | |
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Dim 15 Juin 2014 - 13:47 | |
| Les yeux sur Kylian, la princesse les poussa ensuite vers son cousin qui prenait parole pour sauver son aimé, enfin pour l'amnistier de mauvaise grasse mais il le faisait. C'était tout ce qui comptait. Pas les regards furieux sur elle ni le ton qu'il employait pour s'adresser à elle. Kylian était en vie et gracier par l'empereur.
« -Merci votre Altesse. »
Simple mais sincère. De plus, Esmelda venait de sauver un innocent avant de sauver son fiancé. Rien d'anormal quand on connaissait la princesse. Elle aurait fait de même pour n'importe qui, même un alayen si cela pouvait e sauver d'un mort injuste dont il était innocent. La haute estime qu'elle avait de la justice et de la vérité l'empêchait même de penser à une mort par complaisance, même si cette personne se trouvait être le serviteur du Néant ou même le prince noir.
La princesse se baissa pour aider le prisonnier à se redresser et se caler contre le mur. La douleur de sa blessure lui arracha une grimace mais son état n'était rien comparé à celle du vampire vidé de son énergie. D'une voix douce, elle le rassura.
« -J'irai mieux quand nous sortirons tous d'ici. »
La jeune femme tourna sa tête quand elle entendit la question du Seigneur du nord. Simple, directe, sans détour comme cet homme. Il avait été toujours franc et sincère avec elle. Esmelda en ferait de même. Elle ne lui avait jamais menti en répondant sincèrement, parfois en ayant pas la langue dans sa poche à ses questions. Elle en ferait de même en cet instant.
« -Oui, Seigneur Svenn. »
Lui dit-elle avec aplomb, sincérité et franchise, lançant un regard à Korentin. Après tout, son cousin attendait autant de cette réponse aux doutes qu'il devait avoir depuis sa libération de Gloria. La princesse se livrait pour une fois et pas pour une confession sans importance et anodine. Non, là elle se livrait entièrement, et surtout elle livrait son cœur. Ce que la jeune femme faisait rarement. Besoin d'une justification. Non, elle aimait Kylian un point c'est tout. Elle ne changerait pas ses sentiments, mais elle pouvait comprendre. Alors Esmelda la donna. Mais pas sans une explication. Car même si elle estimait ne pas avoir à se justifier, face à son cousin et à Havard, elle pensait qu'il le fallait. Ils n'étaient pas des inconnus, ils n'étaient des simples hommes, mais des personnes chères à son cœur. Tout autant que le vampire assis à ses pieds.
« -Et je sais ce vous pensez. Du moins, je l'imagine très bien. Car je connais votre aversion pour la race dont fait parti cet homme. Et elle est partagée par bon nombre d'entre nous, y compris par moi. Mais autant il y a des Hommes affables et méprisants, cela même que vous et moi exécrons au plus au point, autant il existe des vampires dont la seule envie est de vivre en paix avec nous et valent bien mieux que ces Hommes. »
Elle fit une pause en continuant de sa voix douce et claire. Il n'y avait là que les mots de son cœur qui vibraient dans la salle, comme un doux chant d'apaisement.
« -Et cet homme en fait parti. Oui la malédiction du sang coule en lui, oui cela joue en sa défaveur. J'en suis consciente et plus que quiconque. Mais il existe des solutions, il y a des façons d'apprendre à se contrôler et à vivre en harmonie. Et il est temps de voir nos alliés en tant que personne prompt à marcher à nos côtés et plus en terme de race. La preuve en est avec ce que nous vivons actuellement. L'empire humain divisé, mutilé, le peuple souffrant, la terre souillée par le sang. Certaines alliances se doivent de changer nos convictions. J'ai changé les miennes, car cet homme m'a montré son envie, son courage, ses idées, sa vision d'un monde unit. Tous ne sont pas comme lui, mais je ne tournerai pas le dos à ceux qui le souhaite. Et il y en a. D'autres vampires qui le souhaitent. Je les ai rencontrés. Et je suis en vie. »
Comme quoi cela était possible. Esmelda avait brisé les chaînes de sa peur et son incompréhension pour se faire force de l'envie de voir un monde meilleur, un autre monde possible. Celui dans lequel ils vivaient se brisait, ne fallait-il pas changer pour y parvenir ? |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Sam 21 Juin 2014 - 19:58 | |
| Le caractère entier et entêté du nordiste l'avait amusé jusque là, il appréciait sa franchise et parvenait même de plus en plus à comprendre certaines de ses réactions. Pas forcément à les accepter bien sur, mais c'était une belle avancée. Sauf qu'elle se stoppait net à cet instant, aucun amusement ne brillant plus dans ses prunelles sombres plantées directement dans le regard du bourreau frustré. Pour tout dire, il était à deux doigts de le faire jeter manu militari dans le cachot que le vampire venait de quitter même si pour cela il devait envoyer l'ensemble du nouveau corps des Lames Noires. A moins qu'il ne lui mette lui-même son poing dans la figure peut-être... Ce ne serait certes pas très royal, mais ô combien plus jubilatoire. Trop occupé à osciller joyeusement entre ces deux possibilités tentantes, il n'entendit qu'à peine les mots du vampire. Tant mieux d'ailleurs, le simple fait de le savoir si proche d'Esmelda lui flanquait déjà la nausée. Mieux valait commencer par se concentrer sur le problème humain, un problème qui devenait plus urgent encore à voir le regard pensif qu'Havard arborait soudain... Dracos, il n'avait quand même pas...
Et bien si, il avait deviné. Et ne doutait même pas d'ailleurs vu le ton accusateur de sa première question. Alors là ils avaient un sérieux problème... Un de plus mais pas le moindre, qu'était-il sensé faire d'un seigneur du nord détenteur d'un tel secret d'état ? Et par dessus le marché, comment allait-il l'arrêter si il lui prenait soudainement fantaisie de trancher pour de bon et sans aucune permission le chef du vampire ? Non pas que cela le dérangerait vraiment mais... Allons, il venait de le déclarer innocent. Il ne pouvait simplement pas le laisser tuer maintenant, et surtout pas après avoir vu à quel point Esmelda lui était attachée... Elle serait bien capable de le suivre dans la mort, cette idée le terrifia mais il ne fut pas assez troublé pour rater le regard accablant de Svenn. Allons, voilà que ça allait être de sa faute maintenant... A moins qu'il ne lui reproche simplement de ne pas lui avoir dit ? Eh quoi, il ne lui devait rien, si ? Les dents serrées, il articula avec lenteur :
"Il s'agit d'une affaire entre la famille royale et ce vampire. Vous n'auriez pas dû rester Svenn."
Il était trop tard à présent, mais d'un autre côté il aurait fini par deviner la vérité même si il avait accepté de sortir. Que faire à présent ? Il tourna la tête vers le vampire qu'Esmelda avait aidé à relever et qui se tenait à présent contre le mur avant de revenir à Svenn et enfin à la princesse elle-même. Le poids de ses responsabilités l'écrasait plus encore qu'à l'habitude et amena comme souvent l'éternelle question dans son esprit. Qu'est-ce que Gregorist aurait fait ? Se poser ce genre d'interrogation était une méthode facile, il connaissait son cousin par coeur et n'avait souvent aucun mal à répondre. Le problème était qu'il s'était rapidement aperçu que les choix de l'ancien roi n'étaient que rarement les siens, à tort ou à raison il choisissait le plus souvent une autre voie simplement parce qu'il était différent. Dans cette situation Gregorist n'aurait pas tergiversé, il aurait fait tuer le vampire sans plaisir mais avec fermeté et aurait fait comprendre à Esmelda que son devoir passait avant toute autre considération. Gregorist était Gregorist, et Korentin était Korentin. Il n'était donc pas plus avancé...
Le silence s'éternisa, seulement troublé par la voix de la princesse qui répondait au nordiste sans que son cousin ne cherche à l'en empêcher. Il était trop tard de toutes façons et il trouva à peine la force de soupirer suite aux allégations d'Esmelda sur les vampires valant aussi bien que les hommes :
"La question n'est pas là..."
Elle ne l'écouta pas, continant son discours sans qu'il ne s'en offusque vraiment. Il se sentait trop assommé par tous ces événements pour prendre la parole immédiatement mais les paroles de la jeune femme finirent par l'agacer assez pour qu'il se décide à interroger d'une voix plus basse qu'à son habitude, une voix accusatrice et emplie d'une terrible déception :
"Et cela t'autorisait à trahir ton sang ? Ta famille ? Ton devoir ? Ne viens pas me faire la leçon sur la place que nous devons nous efforcer d'offrir aux vampires qui le méritent Esmelda, je suis sans nul doute l'empereur le plus ouvert à cette question jamais couronné sur le continent. Mais ça... Rien ne légitime ce que tu as fait, cousine. En plus de risquer de te mettre tout le peuple à dos, tu as trahit ma confiance, celle de ton frère. Celle de tes ancètres. Ai au moins la décence de paraître affligée du mal que tu fais à l'empire. Et par tous les Esprits, ne met pas cela sur le compte d'un quelconque effort pour un rapprochement entre les peuples. Tu as agit par pur égoïsme et sans prendre en compte les conséquences de ta folie."
Sa voix s'éteignit sur une note plus douloureuse que véritablement méprisante. Pourrait-il seulement un jour mépriser Esmelda ? Sans doute pas... Il s'était même souvent amusé de son petit caractère et de sa propension à toujours obtenir ce qu'elle voulait. Ses capacités à tenir tête à tous et même à Gregorist alors que lui en était incapable l'emplissait souvent d'admiration par le passé, mais c'était terminé. Elle avait fait voler tout cela en éclat en même temps que la confiance totale qu'il avait toujours placée en elle. Il ne la méprisait pas non, pas vraiment, mais elle le rendait malade de désolation. Il n'ignorait rien de ce qu'était l'amour fou, mais il était un Kohan avant tout et avait toujours su qu'en cas de besoin il serait capable de faire passer ses responsabilités avant même sa femme qu'il idôlatrait pourtant, comme Gregorist l'aurait fait. Esmelda n'avait apparemment pas hérité des mêmes dispositions... Etait-elle encore digne de sa place de princesse royale ? Devait-il la punir durement, l'assigner dans ses appartements jusqu'à ce qu'elle fasse un mariage honnête ? Tout ceci le révulsait, il souffrait terriblement de l'explosion soudaine de sa relation avec Esmelda et le premier responsable était sous ses yeux... Il se tourna donc vers le vampire, le visage plein de colère :
"Quand à vous... J'ignore par quels artifices vous avez pu la séduire mais ne vous y trompez pas. Vous n'êtes en aucun cas digne du joyau de l'empire, de mon propre sang. Seriez vous humain et non vampire que je vous répondrais la même chose, vous n'aviez même pas la légitimité nécessaire pour oser lever les yeux sur la princesse impériale, soeur de feu Gregorist Kohan, fille de Rachèle et Rodrick Kohan eux même descendant des premiers hommes qui fondèrent notre dynastie. Comment pouvez vous oser imaginer seulement une seule seconde que vous pourriez vous considérer à sa hauteur ? Vous n'êtes rien Kylian Wallam. Rien et moins encore. Je n'ai arrêté la main de Svenn que par obligation, tenez vous le pour dit. Vous êtes pour moi un ennemi mortel à l'avenir."
Svenn enfin eut l'occasion de plonger dans son regard mordoré lorsqu'il se tourna vers lui pour ordonner avec la rigueur implacable d'un souverain :
"Je savais depuis peu, d'où la condamnation. Mais vous n'auriez rien dû savoir, et vous ne saurez rien. Vous oublierez ceci Havard, ou du moins vous l'enterrerez si profondément dans votre esprit que cela n'en sortira plus jamais. Vous oublierez aussi surement que je suis l'homme que vous avez couronné comme votre roi, de votre propre choix. Souvenez vous de votre parole ou bien défiez moi et vous ne serez plus connu que sous le nom de parjure. Réfléchissez bien avant de me répondre, je ne vous demande pas votre loyauté. Je l'exige. Parce que vous me l'avez déjà donnée."
Il soutint son regard sévèrement et sans faillir, droit comme un i et le front plissé. Ce premier point était important, il était hors de question que l'empire entier apprenne ce qu'Esmelda avait fait et les nordistes devaient être les premiers à rester dans l'ignorance. Dans le cas contraire les choses iraient sans doute très mal, cela porterait un sérieux coup à la rébellion et c'était la première chose à laquelle il devait penser puisque sa cousine ne le faisait pas elle-même. Ensuite... Et bien ensuite il ne savait pas encore. Comment les séparer ? Etait-ce seulement possible ? La question lui semblait décidément insoluble...
|
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Ven 27 Juin 2014 - 21:12 | |
| Sortir d'ici. Se soustraire aux regards chargés tout à la fois de sévérité, de lassitude, de dégoût ou dans le cas plus précis du vampire, de haine, qui pesaient sur le couple des amants interdits, voila certainement ce que l'on pouvait qualifier de bonne idée. Retrouver la paix et profiter d'un peu de repos dans les bras de celle qu'il aimait, voila tout ce à quoi aspirait le renégat vampirique pour l'instant. En particulier alors que son regard clair venait effleurer les contours du billot de bois qu'il aurait souillé de son sang si la belle n'était intervenue pour prendre sa défense et contraindre l'empereur à revenir sur sa décision. Toutefois, aussi salutaire avait-il pu l'être pour la survie du vampire, le geste de la jeune princesse exigeait maintenant des explications et la voix ténébreuse du nordique brisant le silence qui s'était installé après que le dernier spectateur déçu se fut retiré laissait clairement entendre qu'ils ne pourraient y échapper. Il y avait une telle colère et une telle haine dans les quelques mots que son bourreau avait prononcé qu'à l'idée que le nordique put décider brutalement de reverser sa rage sur celle qui lui affirmait résolument aimer un vampire et s'en défendait, une lueur inquiète traversa brièvement le regard du vampire. La situation était d'autant plus alarmante que le caractère particulièrement hostile avec lequel le Nord considérait les vampires et ceux qui s'en approchaient était réputé chez le peuple de la nuit.
Avec des gestes nerveux et mal assurés, Kylian s'agrippa au bras de sa belle et s'efforça de se relever tandis qu'elle poursuivait ses explications. On pouvait sentir le moineau vibrer dans ses mots, mais malheureusement pour le couple, les deux individus qui leur faisaient face n'étaient pas précisément ce qu'il convenait de qualifier comme indécis. Et leurs idées sur la question qui les intéressait présentement ne laissaient guère planer de doute, comme le confirma bien vite la réponse cinglante avec laquelle l'empereur écrasa sa cousine. Instinctivement, les doigts du vampire se refermèrent avec douceur mais fermeté sur l'avant-bras de la jeune femme, comme pour l'inciter à garder son calme. Il la connaissait en effet suffisamment bien pour savoir que pareilles accusations la feraient bondir, si bien que lorsque le jeune souverain eut terminé son discours, Kylian s'efforça de passer outre un nouveau vertige pour prendre la parole en premier. Il eut volontiers haussé le ton pour s'assurer d'être bien entendu mais l'exercice lui aurait été trop difficile et il se contenta d'une voix monocorde tandis qu'il répondait à son juge :
« Vous êtes un imbécile. »
Empereur ou non, il fallait bien que cela soit dis et Esmelda avait certainement trop de respect pour l'homme autant que pour la fonction pour le faire.
« Vous qualifiez Esmelda d'égoïste alors que je suis la seule décision personnelle qu'elle ait jamais osé prendre. Vous l'accusez de trahison, vous osez prétendre qu'elle a souillé sa famille et son sang, mais si vous pensez qu'elle se détourne de son devoir à cause de moi, laissez moi vous dire que vous faites erreur. »
Le regard clair du vampire quitta les traits courroucés du souverain pour venir se perdre dans la contemplation des prunelles ambrées de la jeune femme tandis que sa voix s'apaisait et qu'il continuait de s'adresser à l'imbécile sus-mentionné :
« Croyez le ou non mais en dépit de mes efforts, je n'ai jamais été le premier dans son coeur et je ne le serais jamais : cette place appartient au peuple de l'Empire. »
A regret, Kylian détourna les yeux de ceux de son aimée pour ramener son attention sur le souverain et poursuivre :
« Manqueriez vous donc à ce point d'ennemis que pour vouloir vous en ajouter de la sorte ? Je regrette de vous décevoir mais en ce qui me concerne, vous n'êtes pas mon ennemi, et je ne souhaite pas devenir le vôtre. Mais le fait est que j'aime Esmelda, et que je ... Que ... »
Le renégat vampirique s'interrompit lorsqu'il s'effondra à demi, difficilement retenu dans sa chute par les maigres forces de celle qui se tenait à ses côtés. Guidé par Esmelda, le vampire épuisé revint s'adosser contre le billot de bois mais alors que la belle semblait envisager de sacrifier un peu de son énergie en sa faveur, il leva la main en signe de protestation :
« Garde tes forces, tu en as besoin. Je vais bien, je t'assure, je suis juste... un peu fatigué. »
Il lui sourit tendrement, tant pour essayer de la rassurer que pour dissimuler de son mieux l'épuisement qui le gagnait lentement. Son regard se dirigea alors instinctivement vers la silhouette du nordique responsable de son état avant de revenir trouver celui de l'empereur, et c'est finalement en s'adressant aussi bien au premier qu'au second qu'il reprit d'une voix lasse :
« Pourquoi me haïr ? Vous aimez Esmelda, vous la respectez, vous désirez son bonheur autant que moi, est-il donc si difficile d'accepter qu'elle ait pu me choisir ? Il n'y a pas eu d'artifices, je ne l'ai jamais trompée de quelque manière que ce soit alors si ce n'est ma race, que faut-il pour que vous me reconnaissiez le droit de l'aimer ? De la noblesse ? Ma famille l'était, autrefois, et même si ce statut m'a été déchu à ma... première mort... vous avez le pouvoir de m'anoblir, Korentin : je vous ai sauvé la vie, cela pourrait appuyer une telle décision. »
Il désigna ensuite clairement le nordique pour conclure :
« Vous savez que je suis l'allié de Roëric, vous savez que je ne suis pas ... un monstre. Alors pourquoi vouloir vous acharner à me considérer comme tel ? » |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Lun 30 Juin 2014 - 12:50 | |
|
Il n’aurait pas dû rester ? Il n’aurait pas dû rester ?! Mais enfin bien sûr que si il devait rester ! Quoi on voulait encore lui cacher tout cela… ? Esmelda n’était pas simplement une Kohan, elle était une princesse et elle était une figure auquel la rébellion était attachée, autant qu’à Korentin en personne et particulièrement pour les nordiques. Et même si ce n’était pas le cas, on venait de lui mettre la vérité sous le nez et on lui demandait de ne pas chercher à comprendre, de ne pas s’assurer de ce qu’il avait pu comprendre ? Les mots de la princesse étaient criants, transparents… évidemment qu’il avait voulu s’en assurer ! Cette affaire le concernait effectivement et encore davantage à chaque seconde qui passait. Il faisait d’énormes efforts pour ne pas simplement exploser là tout de suite et vole dans les plumes de son souverain et de la princesse en se fichant éperdument de la légitimité, de la bienséance et de toutes ces règles de bonne entête et de respect qui l’agaçait prodigieusement. Bouillant sur place, comme un volcan sur le point d’entrer en éruption, il oscillait entre l’envie de rugir, de tout planter sur place ou tout simplement de sauter sur le vampire pour le tuer… Et voilà donc que cette… traitresse… s’enfonçait plus encore en lui affirmant calmement ce qu’il avait déduis tout seul. Comment pouvait-elle aimer un monstre pareil ! Son esprit ne pouvait le comprendre, c’était bien trop impensable, bien trop ubuesque. Il n’en avait pas la capacité au naturel, mais dans cet état de colère intense, il en était réduit à douter même de comprendre les mots qu’elle lui adressait tant ils étaient distordus à ses oreilles. Elle n’était de toute façon plus celle à qui il s’adressait. De princesse chérie elle n’était plus rien, plus rien d’autre qu’une traitresse et un objet de déception et de dégoût… Non il n’avait plus d’yeux que pour son souverain, rien d’autre ne comptait. Figé sur cette immense colère, il n’écouta que d’une oreille lointaine ce qui se disait, attendant simplement… car Korentin n’avait pas encore répondu à sa question. Il lui fallait une réponse. Et il aurait cette réponse quoi qu’il doive faire pour l’obtenir…
Et il savait, depuis peu mais il savait. L’amertume était grande, immense. Comme un couperet tombant pour la sentence. Il savait et il n’avait rien dit… Il l’avait fait condamné pour cela, et pas pour un quelconque… crime ? Si en vérité c’était un crime. Et pourtant, qu’il sache la vérité avant tout cela lui restait en travers de la gorge. Depuis peu certes… était-ce suffisant pour atténuer les choses ? C’était lui chercher des excuses. Ce n’était pas digne et encore moins acceptable mais… mais il le fallait. Il fallait qu’il puisse tempérer la situation ou il en était certain, il deviendrait complètement fou rien que d’y penser. Et pourtant, pendant un bref instant, il était visible dans ses yeux qu’il contemplait sérieusement l’idée de tourner le dos à Korentin, à Esmelda… à la rébellion même. Il caressa l’idée de faire ce qu’il devrait faire instinctivement et sincèrement, dire la vérité au reste de son peuple et les abandonner au sort qu’ils avaient choisis en tournant le dos à l’humanité. Serrant les poings, il retint les mots fatidiques… Pouvait-il réellement condamner la rébellion entière pour l’égoïsme d’une seule ? Pour la folie d’une seule ? « Fort bien » Parvint-il à articuler, juste assez intelligiblement pour être compris. Il aurait donc sa loyauté, effectivement, mais en revanche, il était clair qu’il n’aurait sans doute plus jamais sa confiance… C’était terminé. Comment aurait-il put encore la lui donner, dans une situation pareille. Et pourtant, alors même qu’il s’échinait à conserver son calme, l’abomination qui avait causé tout cela s’acharna encore à se moquer de lui. Ses yeux pâles se posèrent sur la bête et il faillit revenir sur la décision qu’il venait de prendre. A la place, il cracha avec hostilité quelques simples mots. « Une bonne action n’excuse pas une mauvaise. Un bon sentiment ne justifie pas une mauvaise action. Quoi que vous fassiez, vous n’effacerez pas le sang de vos mains. Tant que vos mains seront sales du sang de ma race, je vous considérerais comme un monstre….»
Et sur cela, sans attendre la moindre réponse car il n’ne accepterait aucune, il jeta un dernier regard sombre à Esmelda, s’inclina devant Korentin, et sortit en trombe sans laisser quiconque l’arrêter….
|
| | |
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Sam 5 Juil 2014 - 21:00 | |
| Les mots du Seigneur du Nord tombèrent comme un couperet. La princesse baissa les yeux un instant avant de le voir quitter la pièce. La jeune femme voulait le rattraper, lui parler, lui expliquer. Mais ce n'était pas le moment. L'énergie de Kylian n'était pas au mieux de sa forme et il fallait qu'il reprenne vite contenance. Surtout que cette tête de mule refusait son aide. Plus tard, elle irait le voir, lui parler. Oui, quand Kylian serait en lieu sûr, Esmelda irait trouver le seigneur de Glacern. Mais en attendant, la colère qu'elle contenait depuis un bon nombre d'années prit le dessus et d'une voix ironique, elle questionna :
« - Une affaire entre la famille royale et ce vampire ? Alors pourquoi ses reproches sur mes devoirs entant que princesse ? Ne suis-je pas simplement Esmelda dans ce cas là ? »
Car après tout, qui était-elle aujourd'hui ? Mais qu'il lui mette sur le dos, en reproche, son inattention et son mépris de son rôle, là s'en était trop. A qui voulait-il faire croire cela ? Elle qu'on avait mis sur le trône pour remplacer son frère blessé, puis remercier en la mariant à un elfe, avant de la voir comme traîtresse à son sang. Il ne fallait pas abuser et Esmelda le fit comprendre avec véhémence. Elle ne s'en était pas plainte, car il en était ainsi. Mais de là à renier ses efforts.
« -Quand à trahir mon sang, ma famille et mon devoir, rien ne te donne le droit de penser une telle chose. Rien. J'ai été à ta place durant la plus grande des épidémies de ces dernières années. Suis-je allée me complaire dans mon amour sans me préoccuper des miens ? Ai-je refusé à mon frère un mariage stérile dans tous les sens du terme, pour le simple espoir de voir la guerre se finir plus tôt et ainsi épargner des vies ? N'ai-je jamais inventé de nombreux cours de peintures, pour aller déambuler dans les rues de Gloria, apporter mon aide, écouter mon peuple, le connaître au lieu de me complaire dans le luxe et l'arrogance de la cour. Alors ne vient pas me dire que je n'ai nullement fait mon devoir, ce serait te couvrir de ridicule aux yeux de tous. J'ai à cœur plus que quiconque le bonheur de mon peuple, et je souffre de cette situation. Que crois-tu que je sois partie faire cet hiver ? Me promener pour me prouver que je sais vivre deux jours dehors sans toi. Non, je suis allée chercher de l'aide, une aide précieuse de personnes encore vu comme néfaste, mais qui font le bien chaque jour auprès de notre peuple. J'ai voulu les rallier à nous, car ils connaissent le terrain, le peuple, ses souffrances et la vie d'errance. Alors ne me dit pas que je me moque de l'empire, de ma famille, car j'ai à cœur de redonner au Kohan les lettres de noblesses qu'il mérite. Celles de souverains ayant à cœur le bien du peuple, pas de ses caisses ni de son bien être. Alors cesse d'étendre mon arbre généalogique comme preuve irréfutable de mon intouchabilité. Il est le seul qui me mérite, car il est le seul à m'aimer pour ce que je suis. Pas la princesse, le prestige, le pouvoir, l'argent et le trône. Non tout ceci est un frein pour lui. Il n'est pas question de sang, de rang, juste d'amour.»
Rien de plus ni de moi. Elle était elle à aimer cet homme. Au delà de toutes conventions et entendement, elle l'aimait. Et n'était-ce pas qui comptait. Son bonheur à avoir trouvé celui avec qui elle voulait grandir ?
« -Et je t'interdis de me prendre pour folle. Ni même penser un instant que je n'ai pas réfléchit à toutes les conséquences de cet amour. Ne crois-tu pas que chaque question que tu te poses, nous ne l'avons pas fait avant toi. Et deux fois. Mais voilà, là où tu vois une race maudite, je vois l'homme que j'aime, là où tu vois une affaire d'état je ne vois que Amour et là où tu vois trahison, je vois le bonheur qui s'est enfin dessiné à moi. »
Oui, ce qu'il devait se demander, Esmelda et Kylian l'avaient fait bien avant lui. Et plutôt deux fois qu'une. Il était deux, mais surtout, ils se posaient tout deux de nombreuses questions. Même encore maintenant, mais malgré tout, ils avançaient, à deux, se soutenant, comme le faisait tout couple.
« -Et je n'ai trahis nulle confiance, j'ai juste protégé ce qui m'est arrivé de plus beau dans ma vie. Et crois le bien, il aurait été humain et de basse condition, je n'aurai fait aucune différence en ce sens. Je ne l'aime pas pour ce peut paraître mais pour ce qu'il est. Car voilà bien une chose que m'a appris mes différents voyages au sein de mon peuple : il est des hommes et des femmes bien plus noble de cœur que toutes les richesses du monde. Et je préfère vivre au milieu de personnes de cette qualité que dans le luxe et le mensonge. Il est des qualités qui valent mieux que l'argent.»
Car oui, vivre dans le luxe des palais avait un bon avantage. Elle avait pu ainsi aider son peuple, le nourrir, lui apporter des vêtements ou des soins, chercher à les comprendre en ayant les connaissances et le regard pour le faire. Sans son statut, jamais elle n'aurait pu, ou bien elle travaillerait pour Mélusine, mais là elle l'avait fait et le ferait demain encore. Mais pas sans renier ce qu'elle était, qui elle aimait et ce en quoi elle croyait.
|
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Mar 8 Juil 2014 - 18:30 | |
| "Prenez garde à ce que vous dites vous..."
Sa réponse à l'insulte avait fusé avec la même sécheresse implacable que la lame qui aurait dû s'abattre sur la lame du vampire. Immobile face à lui, il accompagnait son avertissement d'un regard glacial qui ne trompait pas, il ne tolérerait pas un second affront de ce type. Pour tout dire il était dans un tel état de fureur à l'heure actuelle qu'il risquait de s'avérer incapable de tolérer quoi que ce soit et de se maîtriser assez longtemps pour que ce soit les poings de ses gardes plutôt que les siens qui rencontrent le pâle visage. Sa mâchoire se serra avec force lorsque l'autre continua mais il ne l'interrompit pas, il était trop occupé à maîtriser difficilement ses pulsions meurtrières.
Apparemment son avertissement ne suffisait pas puisque l'autre osait à présent prétendre qu'il était dans l'erreur. Cette situation était déjà grotesque, elle frisait à présent l'indécence. Enfin non, elle était déjà indécente avant... Voir pire. Il n'avait pas de mots pour qualifier ce qui lui tombait sur la tête ces derniers jours en fait. Wallam pourrait lui dire tout ce qu'il voudrait, aucun de ses arguments ne pourrait faire mouche tant la faute commise à Esmelda était grave aux yeux du souverain. Non, ce ne serait donc pas les mots qui le toucheraient mais il ne pouvait par contre nier que les regards tendres et complices que les deux amants s'échangeaient le troublaient plus profondément. Il avait beau faire semblant de ne pas les voir, se persuader qu'il s'en dégoûtait, il n'empêchait qu'il n'avait jamais vu Esmelda ainsi.
Elle n'était pas rayonnante non, comment l'aurait-elle pu dans ces conditions ? Mais elle semblait en paix avec elle même pour la première fois depuis bien longtemps et il ne savait pas trop si ça le vexait ou l'arrangeait. Il en était à un point où ses pensées tourbillonnaient avec trop de force pour qu'il ne puisse seulement songer à les saisir. Il reporta son attention sur le vampire au moment où celui-ci s'affaissa et esquissa un geste pour faire venir un guérisseur, mais c'est encore une fois le tendre échange qui monopolisa entièrement son attention et il ne su au final plus quoi répondre lorsque l'autre le questionna. Effectivement il voulait le bonheur d'Esmelda, il était près à beaucoup de choses pour cela mais il ne pouvait pas tout accepter non plus. Son visage se renferma plus encore au rappel et de son sauvetage et il répondit avec froideur :
"Je vous sais gré de votre participation à ma libération. Mais je n'aurai pas cru que vous me réclameriez ensuite une récompense."
Oh d'autres n'auraient pas hésité une seconde bien sur, mais il avait vite deviné que le vampire était d'une autre trempe et sans doute n'aurait-il jamais mit le sujet sur le tapis en dehors de telles circonstances. Et le fait était qu'il avait en partie raison. Il n'avait rien reçu d'autre que l'anneau de résistance en récompense de ses actes, en aurait-il été autrement si il n'avait été vampire ? Voilà une question dérangeante qui cadrait mal avec les efforts que l'empereur voulait faire avec les sang-froid... Sauf que les jours qui avaient suivi sa libération avaient été trop intenses pour qu'il ai seulement le temps d'y songer, et même après d'ailleurs. Et maintenant les révélations récentes avaient tout chamboulé. Parfaitement écoeuré, il suivit l'échange entre le vampire et le nordiste sans pouvoir s'empêcher de resonger que ce dernier avait été l'un des seuls hommes en contact avec le prisonnier avant l'exécution. L'avait-il mit dans cet état ? Et comment ? Encore un problème désagréable, mais il en avait déjà trop pour prendre le temps de s'ajouter celui-ci. D'autant plus qu'Esmelda prenait la parole à son tour, lui tirant un soupir exaspéré :
"Tu sais pertinement que tu ne peux pas être simplement Esmelda, pas plus que je ne peux être simplement Korentin."
Un long discours suivit, aussi offensif acide et maîtrisé que l'aurait été celui d'un maître orateur et il n'y répondit que brièvement :
"Juste l'amour... Est-ce que tu t'entends parler Esmelda ? Nous ne sommes pas dans l'une de tes histoires, c'est la réalité ici. Il est toujours question de rang, et il est toujours question de sang. Quelle quantité coulera à ton avis lorsqu'il faudra expliquer au peuple que la princesse Esmelda épouse un homme sans titre et qui n'est même pas homme en vérité ? Combien d'hommes tomberont quand il faudra te défendre contre la fureur de certain ? Et la ligne de succession, tu y pense ? "
La possibilité qu'une femme hérite était infime bien sur, il faudrait pour cela qu'il n'y ai plus le moindre héritier masculin et ce ne serait qu'une régence temporaire le temps que son premier enfant mâle ne soit en âge de régner. Encore un sujet fâcheux d'ailleurs et il ne pu que secouer la tête avec fureur :
"Tu n'aurais même pas d'enfants. En dehors du fait que tu en souffrira dans le privé quoi que tu puisses en dire ou en penser, c'est aussi ton devoir que de pérenniser notre famille. Tu ne peux pas sacrifier une telle chose Esmelda. Et il n'a pas le droit d'exiger un tel choix de ta part."
Le nordiste était sorti, carrément enragé par tout ceci. Les relations avec le nord en pâtiraient-elles ?C'était fort possible... Mais à l'heure actuelle il ne voulait se concentrer que sur une seule chose et c'est les yeux plongés dans ceux de sa cousine qu'il occulta complétement le vampire afin de s'adresser à elle uniquement, de cousin à cousin et plus de roi à princesse :
"J'ai aimé... Tu as toujours détesté Valentine et à juste titre mais tu sais que je l'ai aimée plus que tout. Je vois bien que tu l'aime, je sais ce que cela peut faire même si moi j'ai eu la chance ou la malchance de pouvoir faire un mariage honorable. Je sais ce que je te demande, mais je suis aussi père alors je sais ce à quoi tu veux renoncer. Ne fais pas cela, s'il te plait. Je te laisserai libre choix, mais ne le choisit pas lui. Cela ne peut pas marcher, tu le sais au fond de toi..."
Il sentait toute l'attention quasiment douloureuse du vampire tout proche d'eux, mais il était entièrement concentré sur Esmelda. Il devina sa réponse avant même qu'elle ne puisse passer ses lèvres et il serra ses mains avec tristesse. Il avait vu trop de signes prouvant l'intensité de l'attachement entre ces deux là pour ne pas savoir qu'elle n'était désormais plus capable de renoncer à ce qu'elle ressentait pour lui. Que pouvait-il faire alors ? Quels choix lui restait-il sachant qu'ils seraient tous douloureux et forcément mauvais ? Il se recula avec un soupir, reprenant son masque de souverain en s'adressant à eux deux :
"Je ne veux pas savoir le nombre de fois où vous avez déjà réfléchit à tout cela vous deux. Cela ne peut suffire. Réfléchissez-y encore, passez-y les dix prochaines années si il le faut mais prenez au moins la mesure de ce que vous désirez accomplir. Prenez la mesure des conséquences, sur vous comme sur les autres."
Et c'était tout. Car que faire d'autre encore une fois ? Il pouvait les séparer, il pouvait châtier, il pouvait maudire et tempêter mais il ne changerait plus ce lien qu'il avait vu entre eux. C'était un terrible constat que celui là et un bon roi aurait sans doute prit une décision plus radicale. Mais il ne serait pas ce roi là, c'était au dessus de ses forces. La démarche pesante, il se dirigea vers la porte sans prêter attention au protocole ou à tout ce qui pouvait bien y ressembler. Il n'en pouvait plus de toute cette affaire. Prêt à sortir, il sembla se rappeler d'un point important et se retourna finalement vers le vampire afin de pointer le doigt sur lui :
"Rappelez vous tout de même une chose Wallam. Si vous la touchez encore, je jetterai ma couronne au fin fond du lac souterrain plutôt que de renoncer à venir vous trancher la tête moi-même. Vous n'êtes pas le premier à aimer illégitimement une femme de haute naissance, et vous n'êtes pas dispensé des règles de bienséance. Suis-je bien clair ?"
Prunelles claires et prunelles sombres se confrontèrent un moment jusqu'à ce que le dragonnier soit bien certain que le message était passé. Les relations hors mariage étaient plus que proscrites dans les hautes sphères, puisqu'il prétendait en être issu et puisqu'il avait l'insolence de se croire en droit de s'y hisser à nouveau alors il allait devoir se plier à ces quelques inconvénients. En espérant qu'au terme de leurs réflexions les deux tourtereaux conclueraient qu'il valait mieux en rester là. Sinon... Et bien il préférait mettre cela à plus tard. Une ombre orageuse dans le regard, il quitta la pièce.
|
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Dim 13 Juil 2014 - 17:42 | |
| Devant la rudesse somme toute typiquement nordique des mots de son bourreau frustré, Kylian avait baissé la tête pour laisser son regard glisser vers les paumes de ses mains. Des mains sales du sang de dizaines, de centaines même, d'humains. Des gens certes pour la plupart peu recommandables et même totalement crapuleux, mais qui n'en demeuraient pas moins des êtres humains, avec des amis, des parents, des frères ou des soeurs, des fils ou des filles, peut-être. Ses doigts tremblèrent un instant et il dut se forcer à crisper les poings pour les en empêcher. Le vampire demeura ainsi, silencieusement prostré dans sa morbide contemplation, jusqu'à ce que la voix du souverain rebelle ne vienne interpeller son attention. Une récompense ? Il n'avait pas vraiment perçu les choses de cette manière. Lui préférait considérer sa requête comme un prétexte, une manière de justifier au regard du peuple qu'un vampire put se voir accorder un titre de noblesse de la part d'un empereur humain. Titre qui, au regard du vampire, n'avait d'ailleurs nulle autre valeur que celle de lui offrir un pas supplémentaire en direction de la reconnaissance d'un éventuel mariage avec la princesse Kohan.
« Je n'avais pas vraiment dans l'intention de vous en demander une, mais je ne pensais pas non plus que vous me condamneriez à mort... »
Ce seul fait se suffisait à lui-même et il n'eut guère besoin d'épiloguer. Il n'en aurait d'ailleurs pas vraiment eu l'opportunité puisque c'était cette fois Esmelda qui avait repris la parole. Le départ précipité du colosse nordique semblait en effet avoir été la goutte d'eau qui fit déborder le vase, si l'on put dire, et comme le renégat vampirique l'avait pressenti, la jeune femme ne s'embarrassa pas de gants blancs pour répliquer. Il n'y avait plus guère de princesse s'adressant à son empereur dans la salle, mais bien une cousine qui se défendait des accusations qu'avait porté sur elle un proche cousin. Pleinement conscient de sa responsabilité et particulièrement embarrassé à l'idée d'aggraver encore la tension qui régnait entre les deux têtes couronnées, Kylian conserva un mutisme strict devant leurs échanges. Il avait toujours redouté la réaction qu'aurait la famille de la jeune femme lorsque la vérité se ferait finalement connaître, et maintenant que la glace était brisée, il fallait attendre que retombent la colère et la peur pour espérer voir une quelconque amélioration. Combien de temps cela prendrait-il ? Nul n'aurait pu le dire avec précision mais une chose demeurait néanmoins certaine : à en juger par le discours terriblement... réaliste... avec lequel l'empereur répondit à sa cousine, ce temps devait se situer quelque part entre ''très longtemps'' et ''jamais''. Peut-être même un peu plus en faveur de ce dernier délai, ce qui n'augurait rien de bon pour l'avenir du couple interdit.
Toutefois, le vampire ne put s'empêcher de relever les yeux lorsqu'il perçut un changement dans l'intonation du discours du souverain. S'il ne s'en était pas pour autant totalement dépourvu, l'autorité propre du Roi s'était mêlée à un ton plus personnel. Il ne s'agissait plus pour lui d'ordonner ou de contraindre, mais bien de présenter une requête, presque une supplique en vérité. Une lueur d'espoir vint même traverser les clairs iris du vampire tandis que Korentin annonçait laisser la princesse libre de son choix, mais elle s'éteignit aussitôt. Ne le choisis pas lui, cela ne peut pas marcher. La signification qui enrobait ces mots, le vampire y avait longuement songé par le passé, mais c'était la première fois qu'il les entendait de la bouche d'un autre. Jusqu'à présent, les rares personnes qui avaient été mises dans la confidence de la liaison qu'entretenaient princesse et renégat s'étaient toujours montré optimistes et n'avaient d'ailleurs jamais manqué manifester leur soutien, chacun à leur manière. Alors, s'entendre froidement énoncer toutes les raisons qu'ils avaient de renoncer l'un à l'autre avait quelque chose de particulièrement... déprimant. Épuisé tant physiquement que mentalement, Kylian baissa de nouveau la tête lorsque l'empereur prit congé, mais ce ne fut que pour mieux la relever lorsque celui-ci revint vers lui pour le sommer de garder ses distances. Le vampire eut souhaité sourire, mais son rictus mourut avant même d'avoir atteint ses lèvres : lui ne considérait pas son amour illégitime, pas plus qu'il ne pensait transgresser les règles de la bienséance. Après tout, la seule raison pour laquelle ils n'étaient pas encore mariés était celle-là même pour laquelle le vampire s'était vu promettre le billot : le monde dans lequel ils vivaient leur interdisait de s'aimer. Ainsi, Kylian ne répondit rien, pas plus qu'il n'esquissa le moindre signe autant affirmatif que négatif, et attendit patiemment que le souverain tira ses propres conclusions. Aussi longtemps que la princesse éprouverait le désir de s'y blottir, jamais il ne lui refuserait l'écrin de ses bras, mais il n'était pas persuadé que Korentin fut prêt à l'entendre.
Lorsque la porte se fut refermée sur la silhouette impériale, les laissant seuls en attendant que daigne se présenter le guérisseur ordonné par l'empereur, le renégat vampirique laissa échapper un profond soupir d'abattement et de soulagement mêlés puis ramena son attention sur la princesse.
« Pour un premier contact avec la belle-famille, je pense qu'on peut difficilement faire pire... mais... il n'a pas totalement tort. »
Car le vampire avait bien vu le déchirement et la peine qui s'étaient emparés du regard de la princesse lorsque le Seigneur de l'hiver s'était détourné d'elle. Par la faute de son amant, elle avait perdu un ami, combien d'autres devrait-elle en sacrifier pour lui ? De plus, la question de la procréation en particulier lui posait un véritable cas de conscience et ce quand bien même le couple en avait déjà discuté. En effet, s'il s'était laissé aller à la rêverie lorsque lové dans les bras de la jeune femme, celle-ci avait évoqué cette possibilité pour la première fois, avec les mots de Korentin, c'était bien la réalité dans toute sa cruauté qui se rappelait à lui. Il ne pouvait pas lui donner d'enfant, et ne le pourrait vraisemblablement jamais.
D'un geste doux et tendre, Kylian leva la main pour se saisir de celle de son aimée et vint en presser la paume contre sa joue tandis qu'il précisait timidement :
« Je... Je ne veux pas te perdre, mais je ne veux pas plus que tu ais à souffrir de notre amour, alors sache que je respecterais ta décision, quelle qu'elle soit. »
En se confiant à Korentin comme il l'avait fait, l'amant vampirique avait espéré que sa belle put enfin concilier son amour, sa famille et son peuple mais en définitive, il n'était parvenu qu'à la pousser au pied du mur et c'était maintenant à elle qu'il appartenait de choisir. Était-ce vraiment lâcheté de sa part que ne pas avoir eu le cran de choisir pour elle ? |
| | |
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Mar 15 Juil 2014 - 20:49 | |
| Esmelda était déçue. Car s'il était une personne qui pouvait la comprendre, la soutenir, c'était bien Korentin. Depuis toujours ils avaient été comme des frères et sœurs. Le trio avec Gregorist. A faire les cent coups. Ils se connaissaient par cœur, et Korentin savait bien qu'Esme n'était pas du genre à suivre la voie tracée devant elle. N'était-elle pas toujours dans leurs bottes plus que dans ses cours de couture ou de musique. Oui, elle ne le lui avait pas dit. Car Esmelda avait voulu garder pour elle cet amour, ce secret, sa vie, pas l'étaler encore. Un secret mais pas par honte, plus par pudeur et envie qu'on la laisse vivre un peu sa vie.
« -Ce que je vis est réel Korentin. Notre amour l'est. Je ne me suis jamais sentie autant en vie. »
La jeune femme se sentit obliger d'ajouter ce qu'elle avait sur le cœur. N'était-ce pas le moment ? De mettre les choses à plat.
« -Il n'exige rien de moi, simplement mon bonheur. Et avoir des enfants voudrait dire me donner à un homme que je n'aime pas, me vendre, ne valoir pas mieux qu'une prostituée pour quoi ? Pérenniser un nom ? Je dois donc m'effacer, me vendre, devenir guère mieux que toutes ses femmes dont on se moque dans les soirées grivoises. Mais moi, j'ai un nom qui ne me fait pas passer pour une fille de joie. Chanceuse que je suis. »
Esmelda ne lui en voulait pas, tout comme Korentin était prisonnier d'un système auquel aujourd'hui elle refusait de baisser la tête sans réagir. Dans un air de princesse boudeuse, capricieuse et un brin enfantine :
« -Alors, je ne choisirai personne. »
dit-elle dans un murmure sûrement vain. Esmelda comprenait ce que son cousin voulait dire. Elle comprenait l'empereur. Oui, elle comprenait les Kohan. Mais en cet instant, elle ne voulait plus l'être. Elle voulait juste qu'on la laisse choisir pour une fois seule. Sans personne, sans pression. Elle voulait juste pouvoir disposer d'elle, de son corps, de son esprit. On lui en demandait trop de refuser l'amour de Kylian, de se trouver un époux qui ferait un bon mariage. Un bon mariage, mais pour qui ? Pas pour elle. Pour ce noble qui aura en ces termes l'honneur de devenir un Kohan, de pouvoir prétendre à un certain pouvoir, un prestige. Mais elle dans tout ça. Elle était quoi ? Une vache qu'on vendait sur le marché ? Et ses filles seraient pareilles par la suite. Vendues aux plus offrant. Non, Esmelda se le refusait. Son père, soutenu et bien guidé par sa mère, lui avait laissé le choix de sa vie, elle leur ferait donc honneur. Même si son choix n'était sûrement pas ce à quoi ils s'attendaient. Mais qu'importe c'est le sien.
Korentin ferma la porte les laissant seul. Esmelda sentit ses jambes ployées sous le poids de la fatigue et du stress un peu trop violent qu'elle venait d'avoir. Lovée près de Kylian, à moitié avachit dans ses bras, reprenant contenance, son énergie lui faisant défaut, la princesse l'écouta. Elle était épuisée, elle ne voulait plus penser à tout cela. Mais c'était sans compter sur les mots mal venu de son fiancé. Même si celui-ci s’inquiétait pour elle, Esmelda ne voulait pas entendre ces mots. Non, elle voulait juste rester contre lui. Juste se sentir en vie dans ses bras.
« -Tort ? Crois-tu vraiment que nous sommes dans le faux. Crois-tu que m'aimer est un tort ? »
La princesse sentait son cœur se serrer très fort. Pourquoi parler de ça alors qu'il avait failli être enlever à elle, qu'elle se voyait déjà devoir vivre sans lui et devoir lutter avec la mort de celui qu'elle aimait. Alors non, elle n'avait pas tort à ses yeux. Et qu'importe si elle ne pourrait donner un enfant à la couronne, elle aurait au moins connu le bonheur. Égoïste ? Non, peut être, mais ce n'est pas ce que tout à chacun recherche en ce bas monde ?
« -Ma décision n'a pas changé depuis le jour où je t'ai dit t'aimer. »
Posant sa joue contre sa main, Esmelda cherchait le réconfort de sa présence.
« -J'ai souffert quand j'ai cru te savoir mort, j'ai souffert quand j'ai su ce qu'ils allaient faire de toi. Mais je ne souffre pas quand tu es prêt de moi. Ou bien quand tu doutes de moi ? Tu crois que je ne t'aimes pas assez pour passer outre les choix des autres qui ne peuvent pas voir au delà des apparences ? »
Elle qui venait de clamer haut et fort ce qu'elle pensait de l'indifférence, des préjugés, il remettait en cause tout ce qu'elle venait de dire en quelques mots. Doutait-il lui ? Ses yeux ambrés le lui demandait. |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Lun 21 Juil 2014 - 15:06 | |
| L'amour pouvait-il être un tort ? Instinctivement, le vampire brûlait d'envie de répondre que non, qu'il ne pourrait jamais en être ainsi et que deux êtres qui s'aimaient sincèrement ne pourraient jamais être dans le tort. Ce fut pourtant une réponse totalement différente que ses lèvres laissèrent échapper dans un souffle :
« Je ne sais pas. »
Dure réalité que celle d'un monde qui n'était pas prêt à les accepter, qui ne le serait peut-être même jamais. Les souvenirs des récents évènements défilaient encore et encore devant ses yeux, la façon dont on les avait regardé, la rudesse des mots qu'on leur avait infligé, la haine et le mépris que leur amour semblait avoir suscité chez les proches de la princesse. Non pas que le vampire eut espéré se voir accueilli à bras ouvert dans la famille impériale, une poignée de main et une tape sur l'épaule n'étaient pas précisément le genre de réactions qu'il était en droit d'attendre, mais il devait bien admettre avoir sous-estimé l'hostilité qu'il susciterait. Hostilité qui malheureusement retombait sur les épaules de sa bien-aimée, c'était un comble que celui qui ne désirait que le bonheur de la belle fut également la source de tant de difficultés.
Avec un soupir fatigué, Kylian passa le bras autour des épaules de la jeune femme, l'invitant à venir se blottir contre lui tandis qu'elle lui rappelait l'amour qu'elle éprouvait. Son étreinte se resserra ensuite sensiblement lorsqu'elle aborda les souffrances que son absence avait suscité dans le coeur de la belle, et là encore le doute et l'appréhension s'invitèrent dans l'esprit du vampire transi. Ne serait-elle pas plus heureuse avec un homme dont elle n'aurait pas à constamment craindre de s'entendre annoncer qu'il ne reviendrait plus ? Ne serait-elle pas plus heureuse avec un homme qui pourrait rester avec elle sans être constamment obligé de se cacher ? Ces questions l'intriguaient et le harcelaient, quand bien même il savait parfaitement la réponse qu'y apporterait la princesse s'il lui prenait l'envie de les lui poser. Elle lui rappellerait ne pouvoir être heureuse qu'avec lui et le sermonnerait probablement d'avoir osé en douter. Quelques instants plus tôt, n'avait-elle pas encore affirmé à Korentin qu'elle ne choisirait personne, si ce n'était son vampire ? Si, bien sûr que si, et cette constatation l'effrayait autant qu'elle lui réchauffait le coeur car il ne pouvait ignorer l'étincelle déterminée qui avait illuminé le regard angoissé de la jeune femme tandis que l'épée du seigneur nordique était levée au dessus de lui. Si le bourreau avait dû exécuter sa sentence, deux têtes seraient tombées sur le billot et le couple des amants interdits se serait présenté à l'Esprit de la Mort main dans la main. Funeste romantisme s'il en était.
Mais la jeune femme poursuivait et lui exprimait ses doutes quant à ce qu'il pensait de l'amour qu'elle pouvait lui donner. Kylian laissa tendrement glisser ses doigts dans la brune chevelure de son aimée puis guida son visage vers le sien, plongeant son regard clair dans les prunelles ambrées qui le dévisageaient avec anxiété.
« Ne parle pas comme ça. Je n'ai jamais douté de ton amour, je savais que tu m'aimais avant même que tu n'oses te l'avouer, tu te souviens ? »
Le vampire approcha encore, jusqu'à venir déposer un timide baiser sur les lèvres tremblantes de la demoiselle avant de poursuivre :
« C'est même tout le contraire, j'ai peur que tu m'aimes trop pour encore penser à ton propre bonheur. Cette fois, ces ''autres'' sont ta famille et tes amis, Esmelda, des gens qui comptent pour toi. Tu voudrais me faire croire que ça ne te fait rien que Korentin puisse se détourner de toi à cause de moi ? Je te connais, j'ai ressenti la peine que tu as éprouvé sous le regard de ce Havard, le trouble qui était le tien lorsqu'il t'a tourné le dos pour quitter la pièce. Est-ce que je vaux vraiment tant de sacrifices ? »
Il n'en était pas persuadé. Lui n'avait strictement rien à perdre en décidant d'aimer la princesse, mais la réciproque était loin d'être aussi vraie et s'il savait que ses questions ne manqueraient pas déranger la jeune femme, il s'était efforcé de les lui poser car il lui importait qu'elle ne se laissa pas aveugler par son amour. Prenez la mesure des conséquences, leur avait dis Korentin, c'était exactement ce que le vampire s'efforçait de faire en ce moment.
« Je n'ai pas la solution idéale, mais je veux être sûr que tu sois bien consciente que tu ne pourras peut-être pas concilier ta famille et ton amour pour moi. Et on ne peut pas se cacher éternellement, ce n'est pas le genre de vie que je veux pour toi, c'est en partie pour cela que j'ai tout avoué à Korentin. »
Kylian laissa sa main glisser dans celle de la princesse et se mit à balancer lentement son corps comme s'il avait voulu bercer la jeune femme qu'il serrait contre lui.
« J'aurais tellement voulu pouvoir t'aimer sans t'imposer ce genre de choix. »
|
| | |
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Mar 22 Juil 2014 - 21:41 | |
| Esmelda se perdit un instant dans ses pensées. Lovée dans les bras de son aimé, elle repensait à cet instant, ce jour où Kylian lui avait dit qu'il l'aimait. Le trouble qu'elle avait ressenti. La peur, les questions, et l'apprentissage de ce nouveau sentiment : l'amour. Oui, Kylian l'avait compris bien avant elle. Comment ? Son cœur l'avait trahit à ses oreilles de chasseur. Car elle était bien loin de penser qu'elle l'aimait. Des sentiments oui, car ils avaient la même volonté, les mêmes aspirations et rêves. Mais pas aimer, enfin pas comme un soupirant. Elle en avait une ribambelle au palais, qui venait lui offrir de nombreux cadeaux et autres attentions pour faire d'elle leur fiancée. Mais pour la princesse, seule son rang et sa fortune les intéressait. Pas Kylian. Peut être est-ce cela qui l'avait fait réfléchir à la supplique du vampire, en cette triste journée où il avait failli rejoindre la Mort, sans pouvoir lui dire ces mots. Une question vint lui effleurer l'esprit. Et elle se risqua à le lui demander en amenant la chose avec diplomatie.
« -C'est vrai. C'est d'ailleurs bien étonnant de ne pas comprendre et savoir des choses sur soit alors qu'un autre le saisit bien mieux. Comment l'as-tu compris alors que moi, je ne saisissais pas ce sentiment. Tu l'avais déjà rencontré ? »
La princesse se redressa un peu pour l'entendre répondre et plonger dans ses yeux clairs et goûter de nouveau à ses lèvres. Esmelda soupira. Les mots de Kylian comme ceux de Korentin sonnaient avec une grande justesse. Mais il y avait une chose contre laquelle elle ne pouvait lutter. Elle l'aimait. La jeune femme se relova dans les bras de son aimé, comme pour reprendre force et détermination.
« -Alors que dois-je faire ? Vivre sans toi et me sentir vide, comme si on m'enlevait une part de moi. Mais j'aurai l'aval de ma famille, leur soutien dans ma détresse. Ou vivre avec toi et espérer qu'un jour ils puissent voir en toi l'homme que tu es et pas seulement le vampire. J'ai fait le choix. Les deux sont difficiles, j'en souffre oui... mais vivre sans toi, je ne veux même pas y penser. »
Non, elle en avait eu un avant goût et la peur s'était emparée d'elle. Une peur folle et incontrôlable. Puis la solitude. Le vide de se sentir seule. Si Kylian avait été tué. Qu'elle aurait été sa vie. Une vie sans vie, une mort vivante. Comment avancer par la suite. Brisé en plein vole le moineau se serait laisser mourir pour rejoindre son aimé et leurs rêves.
«-Je connais Korentin, je sais qu'il y a au fond de lui une part qui voudra faire l'effort de comprendre. Du moins de tenter. Je l'ai fait pour lui et Valentine. Ce n'était certes pas un vampire, pas une créature crainte par mon peuple, mais elle était une plaie. Et je crois que c'est pire. Mais j'ai essayé de le comprendre et d'accepter. C'est un homme bon, même si là il a été difficile de le voir. Mais tous ne sont pas comme lui. Regarde Matis.»
Le soldat ne les avait pas condamné. C'était un bon début. Il fallait se contenter des petites victoires et avancer peu à peu. De toute façon aux yeux de la princesse, personne ne satisferait la majorité. Quand elle parlait avec son cousin et son frère de ses soupirants, les deux Kohan lui faisaient comprendre qu'untel ou untel étaient soit trop empoté, avare, pas drôle, trop faible, trop ou pas assez. Pareil pour son père. Et pour son oncle d'Elena, tous les hommes étaient des poltrons pour sa nièce adorée. Alors quel choix avait-elle vraiment au final ?
« -Dans les deux cas, je souffre. Mais j'ai espoir que les gens changent et ouvrent les yeux, tout comme j'ai pu le faire. Mon cœur ne cessera de saigner si je te perds. Que cherches-tu à me dire ? Qu'il vaut mieux rompre ? »
Elle se redressa pour le regarder. Car s'il répondait oui, elle voulait le lire dans ses yeux. Mais avant qu'il réponde, elle ajouta dans un murmure lascif.
« -Tu ne m'imposes rien. Pourquoi penses-tu cela ? Nos sommes deux, nous sommes ensemble. Je pourrai dire que je te retiens sans penser à ce que ma famille pourrait te faire. »
Car les choses pouvaient aussi aller dans les deux sens. Il avait aussi à perdre. Et le plus important, car on parlait de sa vie. |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Lun 28 Juil 2014 - 20:24 | |
| La question que venait de formuler Esmelda perturba brièvement l'attention du renégat vampirique dans les bras duquel elle cherchait son réconfort. Avait-il déjà aimé, avant de la rencontrer ? Il n'y avait rien de surprenant à ce que cette question lui soit un jour posée, il était même surprenant en vérité qu'elle ne l'ait pas déjà été par le passé car après tout, si la jeune princesse n'avait pas encore vingt ans lorsque leurs chemins s'étaient croisés pour ne plus se séparer, Kylian avait pour sa part vécu deux siècles de plus. Autrement dit, un temps plus que suffisant pour rencontrer des dizaines et des dizaines de personnes et ce quand bien même le vampire avait été contraint par la force des choses à demeurer la majeure partie de ce temps enfermé dans les sombres cavernes du royaume vampirique. D'une certaine manière, l'amant vampirique avait attendu cette question autant qu'il l'avait redoutée, conscient qu'il était qu'il lui faudrait un jour y répondre. Mais il n'avait certainement pas pensé que cela se ferait dans ces conditions, alors que les deux amants épuisés étaient prostrés dans les bras l'un de l'autre et que l'un comme l'autre avaient effleuré la mort de trop près. Mais peut-être était-ce justement pour cette dernière raison qu'Esmelda ressentait le besoin de savoir ce qu'il en était du passé amoureux de son fiancé. La main de ce dernier glissa une caresse aimante le long du bras de la jeune femme et ses yeux vinrent chercher son regard ambré tandis qu'il lui répondait :
« Si tu veux savoir si j'ai serré d'autres femmes dans mes bras avant toi, je ne peux que te répondre que oui. Mais si tu veux savoir si j'ai aimé comme je t'aime depuis ces quatre dernières années, alors c'est non. Avant de te rencontrer, je pensais pouvoir prétendre savoir ce qu'était l'amour, oui, et je pense ou en tout cas j'espère que j'étais parfaitement sincère dans les sentiments que j'éprouvais alors. Mais ce que j'ai lu dans tes yeux ce soir-là, ce que j'ai ressenti quand tu t'es détournée de moi, m'ont fait comprendre que je me trompais : je connaissais l'amitié, l'affection, l'attirance, et même le désir. Non l'amour. Ce n'est qu'auprès de toi que j'ai découvert ce qu'était le véritable amour et je sais désormais que jamais je ne pourrais aimer autrement. Tu es mon premier amour Esmelda, et tu seras le dernier. »
Et à en croire le discours de la principale intéressée, la réciproque serait tout aussi vraie. Un subtil mélange d'émotions vint alors étreindre le coeur inanimé du vampire, un mélange de bonheur et de satisfaction saupoudré d'un zeste d'angoisse et de scrupule. Il ne pouvait le nier, se savoir ainsi aimé avait quelque chose de particulièrement gratifiant et agréable, mais sur l'autre face de la pièce, cela semblait contraire à ses propres sentiments que d'imaginer qu'il faisait souffrir sa belle en acceptant son amour et en lui donnant le sien. Il n'y avait tout simplement pas de bon choix, en vérité, et le couple ne pouvait qu'espérer choisir le moins mauvais ou plus précisément, celui dont les répercussions seraient les moins graves. Son étreinte se resserra tendrement avant qu'il ne consentit à remarquer :
« Au moins Korentin a-t-il accepté de me gracier pour cette fois. Je suppose que l'on peut y voir un signe... encourageant ? »
Dommage que pour en arriver là, il avait été nécessaire qu'une princesse encore convalescente s'échappa à la garde de ses guérisseurs pour venir se montrer prête à accompagner le vampire dans la mort s'il devait en être ainsi. Et puis, s'ils étaient rares, Kylian ne pouvait réfuter qu'il y avait effectivement des humains comme Matis quand bien même il préféra s'abstenir de tout commentaire au sujet du jeune maître d'armes. En dépit des efforts qu'il s'était engagé à démontrer, et qu'il s'efforçait d'ailleurs de concéder, la question de sa tolérance envers la gent masculine gravitant autour de la... de sa princesse demeurait encore délicate.
Mais la jalousie inhérente à l'instinct de propriété vampirique s'effaça rapidement du centre de ses pensées lorsque sa fiancée évoqua la possibilité que le couple put décider de rompre. Etait-ce vraiment ce qu'il essayait inconsciemment de lui suggérer ? Non, certainement pas. Il lui suffisait de poser les yeux sur les traits du visage tant aimé pour s'en convaincre. Sa première réponse fut un sourire de paix et de tristesse mêlées, un peu forcé peut-être, avant qu'il ne précise ce qu'il avait en tête :
« C'est d'avoir refusé de rompre qui m'a valu d'être traîné jusqu'au billot, je préfère mourir en criant mon amour pour toi que vivre en prétendant ne pas t'aimer. Je voulais simplement te faire savoir... que j'avais confiance en la décision que tu prendrais. »
Du revers de son pouce, Kylian caressa le coin des lèvres de sa belle dans l'espoir d'y voir naître un sourire tandis qu'il concluait :
« Il ne nous reste pas beaucoup de temps, j'entends les pas des guérisseurs qui approchent dans le couloir, mais il me semble que nous avons une promesse à nous faire. Celle de toujours nous aimer, même si l'autre devait avoir à en souffrir. »
Lui devrait accepter de faire peser sur elle le risque que sa famille, ses amis et son peuple ne se détourne d'elle, elle devrait accepter de faire peser sur lui le risque d'une éternité écourtée sur le billot. Et peut-être bien d'autres choses encore.
Avec un soupir et non sans regret, le vampire se dégagea des bras de sa belle puis s'éloigna de deux pas à l'instant précis où les portes s'ouvraient sur une poignée de guérisseurs affolés que la princesse fut restée seule avec un vampire. Quatre d'entre eux se dirigeaient déjà vers la jeune femme pour lui reprocher de s'être éloignée de son lit et lui rappeler à quel point son comportement était inconvenant chez une personne de son rang. Le dernier s'était pour sa part prudemment approché du vampire, auquel il rappela précipitamment les accords de l'alliance, et en particulier l'interdiction d'attaquer des humains porteur de l'anneau, avant de daigner lui prodiguer ses soins. Kylian n'y accorda guère plus d'attention toutefois, son regard s'était déjà tourné vers celui de son aimée tandis que ses lèvres laissaient échapper trois mots :
« Je le promets. »
Et en dépit de son état, le vampire manqua de peu éclater de rire lorsqu'il entendit le guérisseur tremblant à ses pieds le remercier gracieusement, avant de parvenir à se dominer suffisamment que pour se limiter à sourire silencieusement. |
| | |
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE Mer 30 Juil 2014 - 23:42 | |
| « -D'accord. »
Dit-elle à demi mot.
Que dire de plus. Esmelda devait se sentir rassurer, mais elle ne l'était pas. Une pointe de jalousie inutile s'empara de son cœur avant de la laisser s'enfuir pour revenir sur son aimé. Oui après tout, il l'aimait que demander de plus. D'être rassurée après tout ce qu'ils venaient de vivre : entre la fuite de Gloria, le départ de Kylian, son retour chaotique, sa blessure et la condamnation de son aimé, sans compter les mots de son cousin qui ne pouvaient que s'insinuer peu à peu dans son cœur et son esprit. Mais là non plus, la jeune femme ne l'était pas, comme si une ombre grandissante tapis dans l'ombre la guettait, attendant son heure pour mieux les séparer, et cette fois-ci parvenant à ses fins. Car sa crainte c'était qu'un jour, il puisse dire la même chose à une autre. Esmelda cacha son trouble en se lovant dans ses bras. Non, Kylian ne devait pas la voir ainsi. Il ne comprendrait pas. Ses mots étaient censés la rassurer et conforter ses doutes. Mais rien à faire. Du moins pas aujourd'hui.
Oui Korentin l'avait épargné. Mais pas parce qu'il était son amant, parce qu'il était innocent du crime dont il avait été accusé aux yeux de tous. Et cela faisait une grande différence et aux yeux de l'empereur mais aussi pour la princesse. Car tout était encore à faire. Korentin n'avait pas accepté Kylian en tant qu'amant de la princesse, il avait juste toléré sa vie pour avoir sauvé la princesse et que cette dernière soit arrivée à temps pour le dire. Et cela changeait tout. Et la colère de la princesse à l'encontre de son cousin, du moins sa déception envers celui qu'elle croyait épris de justice était sûrement aussi forte que celle de Korentin a son égard. La prochaine rencontre allait se révéler houleuse.
« -Un signe encourageant. Peut être. »
Ce qui ne l'était pas c'est que son cousin était prêt à mentir pour éliminer une gêne. La politique, le pouvoir prêt à tout pour se satisfaire et avancer sans gêne. Esmelda haïssait cela. Et elle ne se gênerait pas pour faire remarquer qu'il n'avait pas tenu sa promesse. Il avait changé. Mais après tout, le pouvoir amenait le mensonge, pourquoi Korentin en serait épargné ? La princesse espérait se tromper lourdement.
Attrapant du bout des doigt le tissu de la manche de son aimé elle ajouta:
« -Je n'ai nulle promesse à te faire. Car elles sont faites pour être rompues. Je t'aime, c'est là la seule chose que tu as à savoir. »
Une promesse, elle aussi, à demi mot, une promesse présente, qui se répétait à chaque seconde, au fur et à mesure que le temps avançait.
Esmelda se redressa avec difficulté quittant les bras de son aimé et sa douce chaleur, quand les portes s'ouvrirent pour laisser entrer des mages guérisseurs, donc un qui l'avait soigner et s'empressa de s'avancer vers elle en la sermonnant avec vigueur. L'inconscience de la princesse et sa volonté de faire fi des conseils de repos le firent marmonner dans sa barbe tout le temps qu'il s'échinait à regarder son œuvre de soin et d'aboyer sur ses disciples de ramener la princesse dans sa chambre pour ne plus l'autoriser à y sortir.
Dans un dernier regard, Esmelda eut le temps de voir la promesse faites par Kylian et de la conclure par un sourire, tandis qu'une femme d'un certain âge lui priait de la suivre en houspillant tant que tant sur son inconscience. |
| | | Contenu sponsoriséMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE | |
| |
| | | | Sang et révélations [PV Esmelda, Kylian, Havard] TERMINE | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |