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| Poison nocturne [PV Eliowir]TERMINE | |
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| Sujet: Poison nocturne [PV Eliowir]TERMINE Dim 2 Fév 2014 - 13:01 | |
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La nuit était profonde et noire comme une larme d’encre se propageant à la surface de la sublime peinture qu’était Armanda, drapé obscure et velouté reposant de nombreuses âmes d’une quatrième journée au sein du domaine de plein été des Baptistrels. Elle en éveillait d’autres cependant… telle que la sienne. Oh certes il ne dormait pas, vampire qu’il était, mais il avait passé sa journée à se laisser porter par la chaleur et la douceur du domaine autant que les vagues de souffrances du double royal. Pourtant après la rencontre avec Amyelenor et la tombée d’une obscurité qu’il avait accueilli de tout son cœur il avait quitté les flancs chauds de sa dragonne afin de s’aventurer seul à l’extérieur, loin du domaine du feu, dont le puits central dégageait encore une clarté et une chaleur insoutenable pour tout autre que les chanteurs liés au feu et les dragons… et dans les bois, vers la clairière de la grande mère qui lui avait été d’un grand secours ces derniers jours. Ce lieu, entre tous, était un parangon de puissance que l’on dédaignait beaucoup trop, piètres naturalistes qu’ils étaient. L’on voyait la furie des flammes du puits, la puissance de soin de l’eau de la fontaine ou les milles voix du vent du dolmen mais la clairière ? Un simple lieu, simplement dénué de vie bipède. Pourtant elle était, littéralement, le cœur du continent, en un sens… le lieu le plus ancré dans la nature, le lieu où le lien avec l’esprit de la terre, avec l’esprit végétal et l’esprit de la vie, était le plus puissant et le plus saisissant. Un lieu où l’on sentait battre le cœur de la terre et murmurer la vie… Une heure en ce lieu équivalait à des journées entières de repos et ouvrait l’esprit, l’allégeant et lui permettant une plus grande sensibilité à de nombreuses choses. La puissance latente était presque palpable mais pour lui ? Lui mage d’exception ? Lui, l’un des mages les plus puissants du continent ? Non en vérité… n’eut été le sang de dragon avalé par Lorenz, il serait véritablement le plus puissant, l’être se rapprochant le plus d’une icône de guerre tant les années avaient affinés sa magie comme une arme superbe… et la présence de Silarae, la magie qu’elle lui offrait ne faisait que renforcer cette place. La clairière, à ses yeux, était une terre promise de toute puissance et un lieu idéal pour ce qu’il avait en tête.
Aussi, portant les objets qui lui seraient utiles, il s’y installa, à même la mousse tendre qui faisait une superbe couche. Il y avait là tout ce qu’il lui fallait pour l’acte magique qu’il avait en tête, mais ne désirait que prendre son temps. Il n’avait pas besoin de se presser après tout. Alors il étendit tout d’abord son esprit, usant du don de télépathie qu’il avait acquis au sacrifice de sa liberté propre, étirant ses sens internes avec une souffrance qu’il imperméabilisa pour ne pas alerter Silarae. Lentement, en ce qui semblait être de très longues minutes, il se sentit toucher de l’esprit chaque pousse de la clairière, chaque animal, insecte, chaque vie et non vie… Le corps broyé par la douleur que l’exercice provoquait, il sentait des larmes de sang couler sur ses joues, les souillant de sillons carmin alors qu’il serrait les dents à se fendre l’ivoire, grinçant des crocs sans daigner arrêter. Il lui semblait que c’était son être même qui s’étirait horriblement en des proportions grotesques au travers de cet oculus forestier alors que, centimètre par centimètre, il prenait possession des lieux… L’exercice lui semblait aussi difficile à réaliser qu’au premier jour où il se l’était imposé, le faisant trembler et haleter sur un oxygène dont il n’avait pas besoin. Et pourtant, il ne cessait pas, alors même que son visage se drainait de ses dernières couleurs et qu’il basculait au sol, griffant la mousse de ses doigts en se roulant en boule, sa longue chevelure s’étalant sur le sol. A l’instant où la souffrance se faisait trop intolérable, il toucha enfin ce qu’il cherchait… le noyau de puissance du sanctuaire, la source de la pureté du lieu, une empreinte des esprits, loin dans le sol et le cœur des arbres, dont la force imprégna soudain son esprit, l’imbibant et le soulageant de sa douleur. D’un seul coup, ses muscles se relâchèrent, il cessa de pleurer et de trembler, haletant toujours lourdement alors qu’il sentait l’engourdissement le gagner. Son esprit était enfin stabilisé, pulsant partout autour de lui au travers du lien établit avec la nature qui semblait l’aider avec bienveillance. Reconnaissant quoi qu’encore vacillant, il se redressa, perturbé par sa nouvelle perception presque omnisciente des lieux et soufflant longuement avant de tendre une main vers une pousse de sauge et une autre de sarriette qu’il broya de ses mains avant de les glisser dans l’encensoir.
Allumant une petite flamme pour brûler les herbes et diffuser le parfum autours de lui en même temps que la magie de l’objet sensé aider sa transe et sa concentration, il s’installa contre un rocher moussu et se drapa dans le suaire de transe. Avec ces deux objets ainsi que le peigne des ombres, il était fin prêt pour soutenir cette première reprise en main d’un sortilège ancien qu’il n’avait pas utilisé depuis longtemps. Avec lenteur, il visualisa le visage couturé de cicatrices mais aux yeux magnétiques et laissa son esprit quitter lentement la clairière pour voyager jusqu’à lui, se glissant dans ses pensées et ses rêves en une présence insidieuse que l’on ne sentait nullement, aussi légère qu’un souffle d’air dans les ailes d’un papillon…
Dernière édition par Achroma Seithvelj le Dim 25 Mai 2014 - 20:49, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Poison nocturne [PV Eliowir]TERMINE Dim 23 Fév 2014 - 13:29 | |
| Journée éprouvante encore que celle qui venait de s’achever. Le soleil s’était déjà caché à l’horizon lointain depuis longtemps, quand ses pas trainants, las, le ramenaient, presque vacillant, au « château » des Baptistrels, et Eliowir devait avouer qu’il aurait aimé en cet instant l’imiter et disparaitre lui aussi. Ou mieux encore disparaitre dans les limbes de la terre. Il avait beau particulièrement aimer Dame Lune et ses compagnes Etoiles Scintillantes, la nuit avait beau avoir été sa compagne de solitude des années durant quand l’insomnie l’avait hanté, en cet instant… En cet instant, il rêvait d’être un astre disparaissant sous le noir et froid manteau de la nuit pour ne renaître qu’à la lumière d’un jour plein d’espoirs.
Si tant est qu’un tel jour existe réellement, ce en quoi il commençait à douter. Chaque journée passant, depuis qu’il avait franchi les barrières baptistrales, lui paraissait pire encore que la précédente. Pourtant celle-ci avait merveilleusement commencé par ses retrouvailles inespérées avec sa Reine, son Amie, sa Sœur… puis par ce fol espoir de pouvoir revenir parmi les siens malgré le sceau de l’interdit qui normalement aurait dû sceller son destin à jamais hors des terres elfiques… mais elle s’était finie ensuite en un crescendo de catastrophes calamitiques, frôlant parfois l’apocalypse, dans un imbroglio d’événements incroyables, improbables, et pourtant s’enchevêtrant entre eux inexorablement et dessinant une toile tragique que même le meilleur dramaturge n'aurait pu renier.
Exagération dîtes-vous ? Que nenni. Ou alors serait-ce exagération que de dire avoir failli voir la fin du monde à cause d’un fou mégalomaniaque odieusement doté d’une puissance sans nom, presque honnie, assoiffé de pouvoir et vengeance, aveuglé de haine et revanche, tout ça parce qu’un pauvre vieux elfe, un peu fou lui aussi, avait osé s’interposer entre lui et l’une de ses proies, et avait osé, selon lui, le défier…. ? Certes, il l’avait frappé. Giflé. Geste malheureux, déplorable, impardonnable et tout ce qu’on voudra. Mais de là à déclencher une presque apocalypse en Armanda…. Non, décidément cette journée lui semblait incompréhensible.
Et le laissait surtout… dans un état lamentable d’âpres sentiments mêlés qui s’entrechoquaient entre eux pour créer un maelström dévastateur en son âme tourmentée. Il se sentait terriblement tiraillé entre Agacement profond, amère Déception, profonde Haine, fulgurant Mépris, Regrets et Remords mordants, le tout saupoudré d’un zeste d’Incompréhension totale. Et tout cela tourné aussi bien envers lui qu’envers les autres.
Agacement que certain individu, dont il ne citerait pas le nom, ne cesse de le considérer comme un enfant en bas âge. Il était après tout bien plus âgé que ce-dit individu ! Déception aussi envers ce même être qui semblait capable de voir au-delà de certaines apparences pour des personnages au doux nom de Wintel mais pas pour un vieux Serillëiel déchu et banni. Banni était peut-être là le mot clef en fait. Sous ses airs de bon accueil et de vouloir aider, peut-être en fait le baptistrel n’avait-il aucune envie de le voir se languir ici ? Oui, cela se pourrait… Ne dis pas de bêtises. On parle d’un baptistrel. Et pas de n’importe lequel. S’il peut voir au-delà pour le Prince Noir, qui te dis qu’il ne l’a pas fait pour toi. Le chant nom… Oui, le chant nom…
Fatigue. Oui, fatigue était aussi de la partie décida-t-il. Elle s’imbriquait au tout et semblait les exacerber soudain de manière si magistrale, qu’il menaçait de suffoquer sous la pression de tous ses sentiments mêlés. Il aurait aimé pouvoir tout décharger, à défaut de pouvoir tout refouler. Mais décharger comment… sur qui…. Décharger sa haine et son mépris sur les vampires ? Sur un Kyllian Wallam ou sur un Lorenz Wintel, il pourrait encore, folie que cela, s’y essayer. Il n’avait pas grand-chose à faire pour attiser ses deux feux ardents qui brûlaient déjà violemment par moment pour ces deux êtres et pour leurs paires. Quand bien même un beau millénaire lui avait montré que tous, peut-être, n’étaient pas tels… Quand bien même, il sentait cette haine et ce mépris, si viscéraux tous deux, enfler, pulser en lui à chacun de ses pas… Tout comme il sentait le feu de ces deux sentiments brûler pour lui en lui, et s’intensifier de la même manière. Peut-être pourrait-il décharger tous ses sentiments sur lui, après tout…. Trouver un sort à se lancer qui apaise ce torrent grondant de sentiments menaçant de faire gonfler le fleuve chavirant et agité de son esprit, tout prêt alors de définitivement s’y noyer. Mais… Mais déjà Remords et Regrets le rongeaient. Lui rongeaient le peu de raison qu’il lui restait. Parce qu’il t’en reste encore ? S’il rajoutait Haine contre lui-même, que resterait-il de lui ? Elle est déjà ancrée en toi, même si tu ne veux pas la voir. Quant à ce qu’il reste de toi…
Rha… il n’y comprenait rien. Quel charabia encore que tout cela. Pourquoi fallait-il être capable de ressentir tout cela de façon si intense, si forte, et surtout de façon si intimement liée ? Qu’il aimerait parfois ne plus rien ressentir du tout. S’il était incapable de ressentir Amour ou tout autre sentiment positif, alors pourquoi devrait-il ressentir tout court ? Pour ne pas devenir vampire, lui répondit aussitôt les deux voix étrangement d’accord sur la question. Et si tu es capable de sentiments positifs. Admiration, Ambition, une certaine Compassion, Soif de savoir, et Respect. Oui, respect.
Mais visiblement respect n’était pas souvent réciproque, pas même au vu de son âge avancé. Si au moins on daignait lui concéder un certain savoir et une certaine expérience. Ou une certaine folie ? Et ses voix qui ne cessaient de le hanter… Tu te sentirais si seul sans ces voix. Mais si calme, si tranquille, si… seul. Oui, seul. Mais était-ce une si mauvaise chose d’être seul au fond ? Tu nous poses la question ? Toi qui as testé le goût de la solitude sous toutes ses saveurs pendant ces cent trente dernières années ? "Que le Néant vous emporte dans ses limbes et laissez-moi donc en paix, maudites persiffleuses", fit-il presque tout haut, pour mieux les chasser. Persiffleuses qui te manqueraient…. Moi je ne suis pas persiffleuse. Non, toi tu es juste la fausse sagesse apeurée. Tu es jalouse parce que moi je ne persiffle pas et que moi il m'écoute parfois. Je n'ai guère à être jalouse, et tu me manquerais en rien, mais à lui oui. Je crois qu’il a beau dire, il nous aime bien toutes deux. N’est-ce pas vieil elfe perdu ?
Perdu. Oui, voilà. Il se sentait perdu. Las. Eprouvé. Il se massa les tempes tout en s’asseyant lourdement sur le bord de son lit, sans avoir pris conscience d’être enfin parvenu dans la chambre qu’on lui avait offerte jusque-là. S’il n’en tenait qu’à lui, il se serait simplement allongé là, tel quel, sans plus de cérémonie. Il dut faire un effort incommensurable pour se lever, se dévêtir en jetant vrac ses vêtements sur la chaise devant lui, s’aspergeant vaguement d’eau fraiche le corps sans réellement prêter attention au chaud froid que ce dernier ressentit soudain, avant d’enfin se recoucher. A peine se recouvrit-il du drap frais, qu’il se laissa aller aux rêves obscures de la traitresse nuit. Nuit songeuse et mystérieuse qui aimait tant vous envoûter dans ses songes tissés des fins fils de vos milles et uns souvenirs, de vos milles et uns rêves, de vos milles et un espoirs.
Et alors que cette journée était passée de fous espoirs presque palpables en calamités cacophoniques incomparables, la nuit fut tout autre, tandis qu’un doux rêve l’enveloppa de son étau si chaud, si… si aimant. De cet étau dont il avait aimé enserrer sa belle archère cette nuit-là. La belle archère….
Et tout ne fut plus que flammes obscures et violentes tendresses, belle chorégraphie qui avait donné naissance au monde antan et qui parfois bénissait encore les elfes du sceau de vie… endiablés sentiments s’étaient étreints alors et avaient valsé ensemble de la plus harmonieuse façon. Même si amour n’avait pas su s’inviter dans la danse ce soir-là, à leur plus grand regret, tendresse, affection, passion et réelle envie de protection s’étaient liés pour un soir, avaient improvisé ensemble un petit opéra intime, avec pour seuls spectateurs la lune et les étoiles…
Cette même lune et ces mêmes étoiles qui scintillaient alors de milles feux au sein de ce manteau noir, si sombre, si profond, qui semblait vouloir tant assombrir Armanda... comme pour mieux définitivement le plonger dans ses rêves. Ou ses cauchemars. Ou comme pour mieux lui voler ses songes et ses espoirs...
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| Sujet: Re: Poison nocturne [PV Eliowir]TERMINE Mer 26 Fév 2014 - 17:57 | |
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L’esprit des êtres éphémères était, à leur image, un insondable réseau de croisements, d’affects, de songes, d’idées parfois informes, ou tout au contraire bien trop strictes… l’esprit des éphémères était une chose à la fois terriblement aisée à comprendre et extrêmement étrange, du fait de l’immense différence intrinsèque entre le sien et les leurs. C’était en cet instant que la vérité lui apparaissait le plus clairement… en cet instant qu’il pouvait toucher du doigt et caresser cette différence. Et pourtant malgré cela, il ne cherchait nullement à reculer, ayant décidé de ce qu’il ferait de cette première expérience… Oui l’esprit elfique qu’il pénétrait lentement était étrange et bien loin du sien, et pourtant, pas totalement incompréhensible. Il était fait de différentes couleurs, l’impalpable substance éthérée, dénudée de la chair et du crâne, de tout ce qui le matérialisait… dépouillé également des pensées parasites et volontaires, superficielles et aveuglées par les sens et la mémoire, pas l’histoire. Oui, tout cela n’était que vaines pensées… vains objets… ce qu’il désirait était enfoui plus profondément, à l’intérieur même de l’intellect et de l’âme, ce fruit magnifique et mûrit à l’ombre des années de vie de cet être si délicieux. Oh oui, il était comme un fruit bien mûr, cet esprit, et tout à fait prêt à la rencontre… Les failles étaient présentes il l’avait vu personnellement, il avait pu observer l’être, avait commencé à le cerner et à copier les clefs menant au fond de son intimité… exploiter ses fissures était aisé et avec toute la délicatesse dont il était capable, il s’introduisit au saint des saints, sa conscience et sa volonté se diluant dans l’immensité de sa conscience endormie comme une pointe d’encre dans une eau claire et limpide, cristalline bien que troublée des ridules que l’on appelait rêves. Il ne conserva qu’un sembla de lucidité afin d’être capable, au matin, de se défaire de l’emprise qu’exerçait cette intrusion sur lui… comme une phalène attirée par les flammes, il s’approchait et descendait en lui, plus loin encore, vers ces rêves qui l’intriguait. De quoi pouvaient-ils donc être faits, ces rêves d’elfes ? Des rêves d’une autre race… voilà bien quelque chose qu’il avait du mal à imaginer, à quoi cela pouvait-il ressembler ? Sans doute ne tarderait-il pas à le savoir puisqu’il n’avait qu’à tendre son esprit afin de les atteindre. Se glissant à l’encontre de ces images et ressentis inconscients, il se figea pourtant parfaitement lorsque les ondes entrèrent en contact avec lui…
Non. Ce qu’il voyait là, qu’était-ce donc ? Comment l’interpréter ? Cette femme elfe aux cheveux de feu se tordant entre ses bras, était-ce donc bien Lyroë ? La dragonnière, qu’il avait rencontré, jugé si froide dans son manteau de deuil et de vengeance. Cette même dragonnière qui s’ouvrait là… Elle et Eliowir ? Amants ? Il semblait bien que oui, effectivement… il ne pouvait le rejeter, puisqu’il le voyait à présent et cette réalisation lui était un coup de dague en plein cœur, une blessure plus terrible que toute autre, plus atroce que toutes les malédictions… Une gifle violente qui ébranlait jusqu’à son âme. Au loin, dans la clairière boisée, il ressentit le goût âcre et amer de la trahison sur sa langue, plus acide que le venin de sa condition vampirique. Un lancinant regret le parcourut, langoureux et sourd, au plus profond de lui, vibrant et pulsant doucement, comme une blessure d’où s’échappait un sang qui ne lui appartenait plus… Il avait pourtant pensé, imaginé… non, il fallait l’admettre, il s’était illusionné de l’attraction réciproque entre lui et l’elfe. Il s’était aveuglé seul et venait de se blessé, seul également… Bien entendu, pourquoi lui aurait-il été dédié, Eliowir était un lion fier et farouche même blessé et devait avoir bien du succès avec les femmes. Une illusion qu’il avait grandement appréciée il était vraie. S’imaginer qu’il pouvait, peut-être, parvenir à obtenir son affection pleine et entière, voir l’attraction qu’il exerçait sur lui retournée… Mais il était inutile d’y penser à nouveau si non à agrandir le trou qu’il avait à présent dans le cœur. Et pourtant loin de se détourner, il restait là, à contempler la substance de ce fantasme qu’il exécrait déjà sans faire marche arrière. Autre chose s’allumait en lui, plus profondément encore que la peine et le détachement navré que lui apportait son retour à la réalité cruelle de l’affect mortel. Le dragon enfermé en lui, cette chose sombre et noire qui n’avait jamais eu de cesse de susurrer au creux de son oreille tout le mal qu’elle pouvait… Il caressait les recoins de son âme d’une main de velours, proposant vengeance, proposant malice… qu’Eliowir ne profite pas de ses songes, qu’il n’ait point le droit au repos de l’âme. Il en avait le pouvoir après tout, le pouvoir de lui prendre ce rêve… si il le désirait, il n’avait qu’à lui ôter ces pensées, ainsi serait-il vengé, conservant pour lui le songe honni.
Il déploya lentement les tentacules d’encre de son esprit, cherchant plus profondément encore…
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| Sujet: Re: Poison nocturne [PV Eliowir]TERMINE Lun 3 Mar 2014 - 1:02 | |
| Flammes rousses se firent dévorantes, dévastatrices, Tornades pourpres de plaisir incandescent, destructrices.
Plus rien n'exista que cette tempête enragée des sens enivrés, ce feu ardent d'inassouvie félicité, ces bourrasques violentes et frémissantes qui l'enlisaient dans d'obscures contrées où conscience et raison n'avaient plus de sens.
Grisante volupté en cet empire des sens, Envoutante sensualité toute en indécence, En un exaltant embrasement de ces deux êtres, Qui du mot amour aimeraient apprendre les lettres.
Voilà ce qu'en cet instant il était. Ce qu'ils étaient. Unis dans ce brasier inextinguible qui ne cessait de les enfiévrer de ses flammes avides et insatiables. Un brasier qu'il aurait volontiers laisser s'enflammer plus longtemps encore, si seulement leurs corps avaient pu tenir la cadence infernale, presque dysharmonique, de cet opéra du désir. Mais bientôt souffles de ses songes se firent erratiques dans leur impudique jouissance, et corps lascifs dans leurs derniers soubresauts de licencieuse délivrance.
Mais délice de ces fous appétits avait beau lui laisser un goût suave et savoureux, persistait étrangement un parfum lancinant de manque, de vide, déroutant et douloureux.
Non jamais de ce mot-là ils ne comprendront le vrai sens En leur coeur vile haine violente jouit bien trop de puissance.
Si âcreté et amertume n'étaient pas encore invitées, ce n'était que grâce aux échos des ondes du plaisir qui hantaient jusqu'à son rêve, fourbe et lancinant, si violent qu'il en paraissait presque réel. Vaporeux et brumeux, vestiges fantomatiques d'un souvenir qui n'avait pas encore fané, mais pétris de si impétueux sentiments, de sensations si véhémentes et si déchirantes... Son coeur en battait encore chamade jusque dans son sommeil. Pourtant réveil ne l'extirpa point de ses songes, qui virèrent en d'autres teintes. Peinture désincarnée d'une scène passée...
"Tu ne m'as pas aimée, que des mots aux beaux attraits. Mort sera mienne, Amour jamais je ne connaitrais." "Non, je l'avoue, je l'ai dit. D'amour je ne sais rien. Mais plaisir et désir, ca oui, je peux faire tien."
Visage elfique encadré de rousses flammes devint peu à peu autre, yeux de braises cendres et longs cheveux soyeux couleur du chaud soleil... Serwina. Douce et belle Serwina. Douce et belle Serwina au visage convulsé de plaisir enivrant. Au visage convulsé d'immense chagrin déchirant. Sans ses bras, regard accusateur, et corps ensanglanté, poignardé, dans un cri agonisant.
"Tu n'as pas su nous aimer, toi, tendre époux pourtant. Vile arrogance que la tienne, il n'est plus temps." "Non, je l'avoue, je l'ai dit. D'amour je ne sais rien. Mais affection pour vous réel sentiment était mien."
Autre visage alors, autre époque. Visage d'une époque révolue, époque dissolue, visage de ses années d'errance, années de désespérance... Et pourtant, cet autre visage l'en éclaira de sa vive lumière, de sa vive incandescence. Ardwenna. Toutes de flammes en son coeur et en son âme, réveillant son vieux coeur d'elfe et le faisant battre à nouveau... à défaut d'amour, au moins d'espérances, de tendresses et de profondes affections. Désir de protection. Un visage aimant, caressant, un visage souriant, qu'il serrait alors dans ses bras dans les affres du désir... et qui bientôt convulsa entre ses bras sous les affres de la douleur. Vampire, de sa morsure mortelle, venait de la tuer. Vampire, dans son sang noir honni, sous sa lance vengeresse, vint ensuite succomber.
Pour mieux se relever, en une prestance charismatique et envoutante. Beau visage alors que celui qui se tourna vers lui. Traits si fins, si majestueux, couronnés de lumière chatoyante, ses longs cheveux si fins, si soyeux, de ce mordoré éclatant presque blanc... Et ses yeux... ses yeux... Tout fut balayé sous ses yeux là. Tout. Et songes étranges s'évaporèrent pour se transformer encore...
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| Sujet: Re: Poison nocturne [PV Eliowir]TERMINE Lun 10 Mar 2014 - 17:37 | |
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Plus il en voyait et plus sa venimeuse jalousie et sa possessivité prenaient le dessus… comme des mains froides, glaciales même, se refermant lentement sur sa gorge puis glissant vers son cœur, le drapant d’un voile de frimas qui en chassait la moindre douceur. Il regrettait son geste, regrettait son choix… pourquoi avait-il voulu voir ses pensées, pourquoi avait-il donc espéré ? C’était porter son cœur en bandoulière que d’attendre de qui que ce soit de tendres sentiments. Oh oui il y avait sa liée, mais elle était lui, son âme et son esprit, elle ne comptait donc pas comme tierce parfaitement objective… Non il n’avait réellement personne pour lui. Voilà donc ce que cela faisait, de voir ses espoirs déçus et balayés ? Amertume aigrie, oh oui il la ressentait, si pleinement qu’elle lui emplissait la bouche et l’étouffait alors même qu’il n’avait pas besoin d’air pour survivre et exister. Une quelconque affection désintéressée serait-elle donc fruit défendu pour lui, impossible à concevoir ou recevoir, impossible à toucher du doigt, telle une phalène délicate dont les ailes s’effritaient au moindre contact ? Se devait-il donc de n’être qu’une statue de gel au cœur d’un cercle d’hiver sans fin, qu’aucune brise printanière de viendrait jamais effleurer ? Voilà donc ce qu’on lui promettait ? La puissance inimaginable, l’immortalité, la perfection incarnée en tous les appétits des mortels et pourtant, de cette boîte de bienfaits dont il n’avait au final que faire, on scellait son être de la marque d’une autarcique virginité… Quel affront devrait-il encore subir après cela ? Choisirait-on ensuite de le jucher sur un trône de pacotille avec un royaume pour tout hochet en espérant qu’il se satisfasse de si vaine ambition ? C’était pourtant si mal connaître son intellect, son âme même… L’ire se disputait à la lassitude, soudain. Il avait été seul longtemps, très longtemps, à tous les regards… La fin des guerres antiques avait vu ses parents anciens sommeiller sous la roche, au fond du grand hall, l’abandonnant à sa veille éternelle dans l’espoir d’un hypothétique renouveau… chimérique renouveau, et pourtant il était bien là, pour l’éveil frais de leurs yeux ancestraux. Le monde n’avait cependant rien dévoilé de ses propres langueurs et peines, tout du long de cette interminable attente… liée à toutes scènes de sa profonde mémoire, il y avait la solitude intérieur d’un cœur qui ne palpitait plus de bien des manières. Le venin vampirique lui avait ôté sa vie, son départ des terres connues lui avait arraché Adryne, et son retour avait sonné le glas d’une époque douce-amère… dragonnier qu’il était, partageant l’éternité en compagnie de sa liée, mais ne s’attachant à aucune période, intemporel création sans but autre que ceux qu’il se fixait. Solitude oui, plus poignante encore en pareil instant, alors qu’il voyait la figure de cristal de ses délicats restes d’espoirs se fracasser avec une violence plus inouïe que tout sortilège de torture. Cela n’avait beau être qu’un rêve, on lui arrachait les entrailles à la main et on le pendait avec… cruellement. Etait-il, lui, si pâle et spectrale figure, incarnation de l’hiver qui jamais ne s’échauffait de la moindre passion, que les tendres pousses de l’amour et de la tendresse jamais ne pénétraient… Cœur de glace, couvant pourtant de cette étincelle de vie si fugace. Il aurait voulu se faire entendre de l’elfe, faire vibrer ses rêves à l’égal de ses femmes, non… il voulait les faire trembler, les briser, emplir tout cet espace comme un astre vengeur et venimeux pour mieux le ployer sous sa volonté et le faire sien… sien ! Il devait l’être ! Il ne pouvait que l’être ! Le dragon le lui en avait décrété voilà des jours… siens ! Car tous les serments sous le regard de Dracos et des esprits n’étaient que poussières et cendres au vent à l’aune de sa volonté maîtresse… Il le posséderait, dû-t-il sacrifier l’avenir du monde sur un autel en cet instant précis ! Et à l’écho de cette hérétique promesse apparaissait les bris surprenants d’un nouveau rêve….
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| Sujet: Re: Poison nocturne [PV Eliowir]TERMINE Dim 13 Avr 2014 - 19:11 | |
| Un regard celadon venait soudain de le happer. Et ses orbes nuit ne pouvaient s'en détacher. Emprise féroce et douce tout à la fois, joug omnipotent de la puissance à l'état pur, souveraine hypnose des sens, intense, plus même, suprématie absolue d'un charisme transcendant. Tels furent alors les filets dans lesquels il se sentit prisonnier. Il ne chercha pourtant pas à se débattre, presque trop heureux de s'y ébattre. C'était alors une prison si suave, si exquise, si... si... les mots lui manquèrent soudain, tandis que son âme tressautait sous un tambour battant à chaque seconde que ces yeux le dévoraient. Il se laissa alanguir alors sous ce regard où l'émeraude du plus doux et du plus subtil poison se mêlait aux affres du clair cyan des eaux torrentielles qui vous emportaient de leur éternelle passion.
Oui, éternelle. Voilà le mot clé réalisait-il soudain, un rapide éclair de lucidité tentant de l'empêcher de se noyer dans les méandres clairs obscures de cet étrange rêve. En vain... Peut-être avait-il envie de se noyer, fut la pensée qui balaya toute ébauche de raison. Et il se noya alors avec une joie indicible. S'enfonçant plus profondément encore dans le céladon qui l'appelait.
Ô mon âme, quand ton regard au mien se mêle, Mille et un émois en moi s'égarent, s'emmêlent, D'éphémères, poison ils deviennent pour n'être Que fourbe passion, torrents d'émotions, vils traitres.
Fourbe oui. Traître aussi. Oui, traître, traître vampire, psalmodia-t-il en son esprit de pensées délétères, tel fredonnant le leitmotiv d'un vieux chant ésotérique. Oui, traître vampire, ô beau millénaire.
Car il avait enfin reconnu ce regard. Cette ciguë de l'âme, ce venin de l'esprit, qui l'avait contaminé, condamné, et ce dès leur première rencontre. Dès que ses perles bleu sombres avaient osé se mêler à ses comparses plus claires. Lui, être de jour, au sombre charisme du lion et au regard aussi sombre que la nuit... s'éprendre de ce si majestueux être de nuit à la beauté du jour, aux yeux si éblouissant de lumière... Il s'en brulait les ailes.
Littéralement, constata-t-il, alors que dans son rêve fou les ailes qui lui étaient poussées dans le dos se décomposaient d'instant en instant, à mesure qu'il avançait sous la lumière irradiant du beau millénaire, leurs yeux incapables de se détacher l'un de l'autre. Oui papillon il était, et papillon il mourrait peut-être. En ce rêve ou ailleurs. Retournerait-il en chrysalide ? Connaitrait-il renaissance ou serait-ce fin de tout pour lui ?
Qu'importait au fond, songea-t-il. Du moment qu'il mourrait sous ce regard là. Du moment que...
Mais pourquoi ce regard se durcissait soudain ? Pourquoi devenait-il comme... accusateur ? Déçu ? Déçu de quoi ? Douloureux aussi... Douleur subtile, indicible, à peine perceptible, mais qui effectivement entachait soudain les perles poison, les faisant virer marée rageuse et orageuse. Pire même. Tout s'assombrit autour du vieil elfe à la silhouette de plus en plus éthérée. Une silhouette dont les contours devenaient de plus en plus floue, constata horrifié Eliowir, en regardant ses mains. Une silhouette qui s'estompait, perdait consistance, pour saigner soudain de tous ses pores, et se transformer en marais de sang, à mesure que tout ne devenait qu'obscurité étouffante, moiteur suffocante. A mesure que le beau millénaire s'assombrissait lui-même, devenant soudain non plus créature lumineuse et radieuse de puissance, mais soudain sombre Esprit de la nuit, mystérieuse Majesté des ombres et envoutante Force des Ténèbres.
"Tu n'as pas su aimer, toi pourtant fier lion Elfe de passion, pourquoi telle rébellion ?"
S'éleva soudain la voix, sombre caresse, de l'attirante créature de nuit.
"Rebelle, je ne suis, et d'amour je languis, Mais de vous, beau millénaire, apprendre je puis."
Tenta-t-il de répondre, sentant son coeur battre chamade à chaque mot, chaque syllabe, avant de ralentir lentement, lentement, mais inexorablement, à mesure que son sang s'échappait de lui.
Tentative échouée ? Oui, il fallait croire, songea-t-il, dépité, mortifié, les miettes de son coeur débauché s'éparpillant en lambeaux gémissant, quand silence se fit autour de lui. Il continua d'avancer, faisant fi de s'engluer plus encore dans son propre marais de pourpre vie agonisante. Il n'en avait cure en cet instant. Il n'avait qu'une envie, qu'un espoir. Réentendre cette voix, revoir cet être de lumière et de ténèbres tout à la fois. Le revoir et...
Réponds, être de mes nuits, réponds je t'en prie, En tel désarroi honni ne me laisse pas, Quelle vile agonie, je n'y survivrais pas, Réponds, je ne t'entends pas, il fait si nuit.
Mais Silence fut encore son lot. Jusqu'à ce qu'il entendît soudain un étrange sanglot monter autour de lui, tel un lent souffle d'agonie dans la nuit sombre et poisseuse qu'était devenu dès lors son songe. Un sombre espoir naquit en lui... et agonisa tout aussi vite quand il comprit que ce n'était que lui. Lui, misérable créature perdue en un cauchemar, cauchemar de son esprit et rêve éthéré tout à la fois, dont il ne pouvait, ne voulait ?, s'échapper. Quitte à mourir là, dans son sommeil, dans ses songes obscures et alanguis, quitte à mourir là, dans cette nuit qu'il avait tant redoutée, maudit, tels les êtres de nuit qu'il avait tant haïs. Oui, quitte à... il ne voulait partir de ce songe. Pas là, pas ainsi, pas tant qu'il ne l'aurait pas entendu... tant qu'il ne l'aurait pas revu... Si mourir il devait, il voulait mourir sous ces yeux là.
Ce regard là. Ces Céladons...
Réponds, être de mes nuits, réponds je t'en prie, Douleur en toi j'ai ressenti, vile et maudite, Si fautif j'en suis, vérité doit être dite, Si coupable je suis, ton pardon je supplie.
Cria-t-il dans le lourd silence qui menaçait de le rendre fou, tout comme les ténèbres environnantes effritaient déjà son peu de raison. Mots vains toutefois, crut-il, quand seuls les échos lui revinrent, se fracassant contre son corps et son esprit malmenés. Il se sentit définitivement s'effriter, ses dernières vapeurs éthérées menaçant de s'évaporer dans les limbes de son rêve, quand bien même il happait, frappait, de toutes ses forces dérisoires, les ombres obscures, impalpables, qui l'entouraient de leurs doigts glacés, mortels, empoisonnés...
Seule une voix pourrait le faire revenir. Seule une voix... un regard... doux millénaire...
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| Sujet: Re: Poison nocturne [PV Eliowir]TERMINE Mer 30 Avr 2014 - 19:25 | |
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Si satisfaction fut, au fond de son être immémorial, elle ne dura qu’un bref instant. Le temps d’un fugace émoi, de ce tremblement de l’âme à la découverte d’un rêve inattendu. Qu’en penser donc, si ce n’était qu’il lui plaisait. Sous les coupables passions d’un esprit encore drapé de lambeaux d’autrefois, il y avait une aspiration nouvelle, répondant à ces propres sentiments. L’attirance avouée qu’il avait pour cet elfe, chose si étrange et si controversée à tout autre œil que le sien… le dragon, au creux de son ventre ronronnant, impérial, à l’idée de l’ultime possession. Le contempler aux côtés de ces beautés illusoires avait été une torture. Son instinct vampirique si longtemps resté silencieux et paisible, loin au tréfonds de sa personne, s’était soudain éveillé avec virulence. Une virulence sans nom, au contact de cet elfe singulier. Telle une marée gonflant progressivement, submergeant les digues de sa conscience et de sa retenue, la volonté de cette chose grandissait, se nourrissant du puissant sentiment qu’il vouait au sylvain, le dragon au fond de lui s’élevait, reprenant des forces, de l’ampleur, déployant les vrilles de sa volonté pour prendre possession de tout ce qu’il était. Piège charmeur, enjôleur… terrible piège qu’un sentiment si ardent et virulent, si désiré et rejeté. Véhicule de tant de conspirations, de soupires, de considérations… de tant de rêves et de désirs, qu’il en devenait, parangon couronné, l’icône même. Pourtant, à l’aune de cette fabuleuse découverte, d’un retour si peu attendu, si désespérément souhaité, seule la satisfaction pouvait compter. Comme l’agréable parfum du soulagement, d’une blessure cicatrisée, d’un baume pour ce qui restait de son cœur…
Alors seulement s’était-il laissé prendre, piégé par ce qu’il y avait de pire en lui-même, une ombre au fond de son cœur, chuchotant d’une voix aussi mélodieuse que venimeuse. Alors même qu’il se rapprochait encore de lui, capable, un bref instant, de caresser son être vibrant de ses doigts éthérés, la poigne d’acier de la malice s’était refermée sur lui. C’était trop simple, trop décevant, la satisfaction d’un désir retourné n’était que le plus naturel des présents, tout comme l’affection elle-même. Il avait heurté sa conscience, il avait heurté son désir… Il avait osé, de ses bras lui appartenant, étreindre une autre. Etait-il seulement capable de puiser dans ses forces encore maigre, de parvenir à aller au-delà de son état, se matérialiser aux yeux endormis de l’elfe ? Oui, et il le fit, sa volonté drainant la magie qu’il engloutissait voracement dans cette première mais intense expérience. Ombre née des ténèbres de velours, d’abord simple spectre, simple esprit sans consistance, uniquement composé de ces vrilles sinueuses, poisseuses. Puis, alors qu’il déposait ses lèvres sur une tempe maculée, goûtant le carmin indicible rêvé, la figure millénaire prit consistance, balayant le paysage illusoire, balayant même la contrefaçon de sa personne. Resté seul dans l’obscurité, seul avec lui, révélé, fourbe visiteur au venin suave, laissant tomber les masques, il l’observait. Subtiles changements prenant alors le pas sur la lumineuse présence passée, dévoilant comme un jeu d’ombres les délicats bris du vernis de civilité, comme un coup d’œil furtif au travers d’un entrebâillement de tenture indicible.
Gaine de soie cendrée aux veinules luisantes, comme de fines ridules d’argent cicatricielles moirant sa peau d’un hâle monochrome, à la singulière luminosité. Son regard d’absinthe interdite, tombeau de tant d’étoiles mortes, ruisselant de ce cynisme cosmique qui assourdissait le monde, braqué sur lui, braqué en lui, au-delà de la chair friable, directement dans l’esprit, dans l’âme, comme la pointe cruelle d’une flèche barbelée de silences torturés. Souple mèche exsudant d’une lueur spectrale, l’or se fondant en un hiver rigoureux, étendant une mèche, tel un bras ascétique, pour caresser une joue encore tâchée de carmin. Ses lèvres noircies, s’étirant et s’entrebâillant à leur tour, laissant échapper une absence de souffle comme le baisé du trépas empli de terreur. Et de sa voix sinueuse, à la tendresse aussi redoutable que le tranchant d’une écaille draconique parcourant le vélin délicat d’une peau vierge, il susurra. « Entend moi à présent, toi qui aspire à mon regard. Et de tes actes, repends-toi, car de m’appartenir tu te dois. Douleur tu as sentis, par toi perpétrée. Cesse ton déni, jamais je ne t’abandonnerais. Fautif tu es, mais de vengeance je n’extrairais. Point de pardon, pour toi belle âme. » Il vint déposer un baisé aimant à sa gorge, se répétant « Non, point de pardon» Avant d’y plonger les des crocs affamés.
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| Sujet: Re: Poison nocturne [PV Eliowir]TERMINE Mer 14 Mai 2014 - 0:10 | |
| Son appel ne fut pas vain. Ce ne fut toutefois ni lumière, ni regard céladon, ni voix si douce et envoutante, qui lui répondit. Non, ce fut ombre, ténébreuse et caressante, ombre insidieuse et obsédante, ombre qui s'infiltrait autour de lui, en lui, en son esprit... ombre sans forme, sauvage et vaporeuse, qui peu à peu daigna dévoiler l'être qu'elle était. Ombre majestueuse alors qui se dressa devant lui, dessinant les contours d'un visage, d'un corps, d'une main... le dessinant Lui, Lui dans toute sa splendeur, sa majestueuse et sombre splendeur alors. Là où il avait été d'albâtre il n'était plus que cendres ténébreuses, là où il n'avait été que marbre impassible, il n'était plus que sombres et funestes expressions, là où il avait été céladon pur d'un ciel sans nuage, il n'était plus que poison enivrant vous asservissant, il n'était plus que lac vous noyant sous son joug puissant. Et Eliowir s'y noya.
Pétrifié, non pas de peur dévorante mais d'étranges attirances, il se noya. Lui qui avait eu peur de ces oppressantes ténèbres, il s'y noya. Se laissa entrainer vers ses abysses sans fin, alangui, happé par les flammes ardentes qui semblaient soudain bruler dans ces lacs empoisonnés. Et quand cette nemesis de sombre brume embrasée éleva un bras de feu vers lui, il ne put reculer, lion acculé déjà contre le mur de son irraison. Que ces flammes le brûlent, oui, qu'elles le consomment dans leurs limbes obscures, s'il le fallait, du moment qu'il soit enflammé avec Lui, par Lui !
Car oui. Il avait beau n'être qu'ombres de lumières ensorcelantes et non plus cette ténébreuse beauté lumineuse, il avait beau ne plus porter de masque, lui qui n'avait été que marbre parfait jadis, il était Lui. Il était là, le même, différent et pourtant inchangé. Miroir du Lui, ou dualité du Soi ? En cet instant, qu'importait. Qu'importait qu'il soit les deux facettes d'un seul être, tel une âme écartelée entre son moi paraitre et son moi être, qu'importait qu'il ne soit que bête fauve ensevelie sous les illusions de la belle courtoisie, qu'importait que cet être ne soit pas un mais deux, sauvage et bestial d'un côté et civilisé et éduqué de l'autre... Qu'importait oui. C'était Lui, et c'était là tout ce qui comptait en cet instant pour le vieil elfe transi.
Car oui. Eliowir sentait, plus qu'il ne voyait, que c'était Lui.
- Vous, ne put-il que prononcer, sa voix se vrillant d'accents empreints de solennelle révérence.
Oui, Lui, le même Lui qu'il avait rencontré. Le même Lui qui l'avait envouté. Le même Lui qui avait envahi ses pensées. Le même Lui qui soudain envahissait ses rêves. Le même Lui qui le transcendait soudain de son utopique et songeuse présence. Lui en présence de qui ténèbres et lumières ne faisaient plus qu'unes. Lui en présence de qui suavité et sensualité dansaient avec sauvage bestialité en une chorégraphie unique. Lui à la voix si caressante et si coupante... Ses mots si durs et si apaisants en même temps...
« Entend moi à présent, toi qui aspire à mon regard. Et de tes actes, repends-toi, car de m’appartenir tu te dois. Douleur tu as sentis, par toi perpétrée. Cesse ton déni, jamais je ne t’abandonnerais. Fautif tu es, mais de vengeance je n’extrairais. Point de pardon, pour toi belle âme. »
Oh oui il se repentait, répondit-il silencieusement, ses paupières éteignant un instant son regard nuit, quand un souffle contre sa gorge le fit frissonner. Peur courut alors le long de sa peau pâle, caressant un instant sa gorge avant de continuer sa course folle jusqu'à son coeur qui sembla soudain devenir tambour de guerre. Effroi et terreur s'insinuèrent en lui en même temps qu'envie et joie, tous ensemble vrillèrent son coeur, empoisonnèrent ses sens, contaminèrent son sang, jusqu'à...
« Non, point de pardon»
Jusqu'à ce que douleur, détestable mais si délectable douleur, vil venin vorace, n'embrasa sa gorge, son coeur, ses poumons, son corps enfin tout entier, ne laissant dans son sillage dévastateur que braises incandescentes.
- Non, bafouilla-t-il tout d'abord, les mots incohérents se bousculant en lui, sans qu'il ne parvienne à leur rendre intelligence. Non... ne... me... je ne veux... Oh oui, non, je ne veux...
Incandescence des sens alors, incandescence de l'inconscience, dans lesquelles Eliowir plongea corps et âme, sans même pouvoir y échapper. Douce hésitation fut son lot un instant, fugacement, sable du temps s'écoulant si rapidement, avant que finalement l'emprise des sens, Son emprise, ne submerge les lambeaux de sa raison.
- Non, point de pardon, répéta-t-il, fermant cette fois complètement ses orbes nuit pour mieux savourer ses étranges sensations. Oh oui, non, je ne... je...
Mais le "je" semblait disparaitre, s'effiler, fuyant furieusement tout comme fuyait sa vie, son sang, sous les crocs gourmands. Des crocs au venin acéré, qui allait le contaminer, qui allait le condamner, des crocs auxquels il tentait de résister, en un non toutefois bien languissant... des crocs qui toutefois était si... si... tentants. Dangereusement tentants. Ensorcelants. Envoutants. Aliénants. Et aliénés, le vieux lion l'était soudain.
Il se sentait faible, traitresse faiblesse, dans ses bras si forts, sous cette emprise si puissante, sous ses crocs si insatiables.
- Je ne veux... maudit.. je ne veux... la malédiction... je ne... Oh oui, maudissez-moi, souffla-t-il soudain, tandis que les dernières onces de raison se drapaient de leur noir linceul.
Résistance ne fut plus sienne, et le vieil elfe honni capitula, sous la malédiction si suave et si sereine, que cet être de si belles ténèbres enfin lui céda. Tout ne fut plus que faiblesse des sens et désirs enivrants. Il sentit son corps s'arquer, vibrer, réclamant l'autre, se récriant de lui, clamant désir impérieux, hurlant plaisir inassouvi. Sens en ébullition, âme en perdition...
- Oh oui, je Vous veux. Vous. Je... je suis vôtre. Maudissez-moi, mon Seigneur et Maître, maudissez-moi. Oui, si tel est le prix pour être vôtre, pour être avec Vous pour l'éternité. Je vous veux. Vous, et seulement Vous. J'ai peur, j'ai... je vais être maudit, je vais.. je vous veux mon doux Seigneur, je vous veux sombre maitre... mais si peur, j'ai si peur, vile terreur, psalmodiait-il presque, en phrases incohérentes. Ne m'abandonnez pas. Maudissez-moi, mais ne m'abandonnez pas. Promettez-moi.. promettez... promettez... que... à jamais...
Si faible, il était si faible alors, si... si mort. La vie le fuyait. Non, la vie l'avait fui, constata-t-il, alors que son coeur émit son dernier battement, et que son dernier sang s'écoula, volé, donné, telle une offrande profanée. Mort, ou plutôt non-vie... comme flottant dans un entre-deux, comme errant dans les limbes des damnés. Damné, il était damné. Mais ne regrettait pourtant en rien sa damnation, si belle damnation.
- A jamais... damné avec Vous, murmura-t-il dans un dernier souffle avant de sombrer dans un autre monde. Vous, je veux aimer. Oui, Vous...
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| Sujet: Re: Poison nocturne [PV Eliowir]TERMINE Ven 23 Mai 2014 - 22:38 | |
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A sa merci. Il était à sa merci, complètement, éperdument… Sans échappatoire. En ces lieux oniriques, il ne pouvait plus lui échapper, proie entre ses griffes, entre ses crocs, proie qui l’appelait et le rejetait, le tentait et le trahissait. Une proie sinueuse, mais qui désormais ne pouvait plus que lui exposer la pleine mesure de ses désirs et de ses pensées, là au fin fond de son être où plus aucun voile tissé de mensonges ne viendrait entraver sa vision de la créature qu’il désirait. Non ? Oh que si. Il était sien désormais et ce qu’il désirait ne comptait pas, seul comptait son venin… son venin immatériel, onirique, se répendant en lui, dans ce corps tremblant qui l’appelait à grands cris. Et il ressentait cette incandescence de douleur parfaite tandis que le poison de ses crocs parcourait l’elfe, brûlant, possédant, torturant d’une exquise souffrance l’incarnation de ce songe hérétique. Non pas de pardon, plus maintenant, plus en ce lieu… Ici, il n’y avait qu’eux et ce partage, cette danse, sinueuse et sensuelle… languissante. La danse du venin coulant en lui et le possédant de sa flamme, aussi corrosive que le pire des acides, la danse d’un sang immatériel lui coulant dans la gorge, qu’il buvait comme le meilleur des vins, comme le nectar le plus délicieux qui soit. Capiteux et boisé, et lacé de langueur et d’un abandon encore tut mais qui viendrait… Il n’en doutait pas un seul instant, Eliowir s’abandonnerait à lui. Il le devait. Il n’avait pas d’autre choix… le jeu était poussé trop loin, trop intensément. La possessivité du dragon en lui éveillée, il n’y avait plus aucun moyen de l’empêcher d’obtenir son dû. Et là où clair et calme ivoire ceignait l’auguste marbre de l’ancien, cruelle passion enlaçait la calcédoine nimbée qu’était l’impalpable esprit premier, celui qui s’éveillait au goût du sang, par le goût du sang, pour n’être plus que jeux de sensations et danse à la macabre sensualité et à l’outrageante barbarie.
Etait-ce sagesse qui plongeait ses coutelas héraldiques, à la blancheur superbe, dans la tendresse d’un cou plus offert par ces vaines et pitoyables dénégations que par sa faiblesse ? Ou bien était-ce autre chose, de ces secrets non dévoilés qui apportaient un frisson singulier à l’échine, tout en attirant l’imaginaire et le faste de l’esprit au-delà de tous voiles. Point de pardon, aux lippes de ce cavalier doucereusement moqueur qui se complaisait à l’abandon de son fruit défendu plus qu’à toute autre chose. Le sang sirupeux, caresse glorieuse et chaude se répendant en de fins ruisselets… il ne jouait pas les porcs affamés, oh non, loin de là, prenant de petites gorgées, tout en douceur, cajolant la gorge en souffrance, caressant de lèvres piquetées de poisons, léchant les gouttes carmines perlant sur la peau, fuyant la succion qu’il appliquait à la plaie causée par les pals puissants. Il savourait, le sang, la faiblesse soudaine de l’elfe et son acceptance lente mais inévitable, la caressant, la frôlant, la faisant lentement grandir en des volutes de ressentis physiques et psychiques. Dévorer sa friandise n’aurait été qu’une bien piètre façon de lui faire honneur alors qu’elle se faisait si douce pour lui… Non il se devait de la consumer lentement, aussi lentement que le venin pouvait s’avérer rapide à forte de dose. Et ne le serait-elle pas si il plantait réellement ses crocs en lui ? Son venin si peu utilisé… Oui il serait fort, rapide, implacable. Il le ferait entièrement sien, pour toujours, balayant tout le reste sur son passage, de la vie aux souvenirs… La raison se dissipait dans son étreinte. Là, les mots qu’il avait tant désiré… l’acceptation. Une malédiction oui, et pourtant bien davantage que cela. Une possession et une renaissance. L’éveil d’autre chose, venu du fin fond de l’être comme lui-même l’était, dragon sombre et chatoyant.
Avec le bris de cet ultime rempart vint autre chose. Un rêve fiévreux des sens, une douce folie, une hallucination ondoyante… Ici le venin ne transformait pas en froide créature. Il ôtait simplement un voile, laissant l’être à nu dans ses désirs et passions. Dans son besoin grandissant. Ses yeux sourirent un instant, sous la satisfaction éprouvée, profonde, de le voir ainsi se donner. Cette litanie si douce à ses oreilles, aussi douce qu’avait été la tromperie un peu plus tôt, ces aveux tant attendu qu’il lui semblait entendre un chant plein de nectar unique. Il sentait le désir, il sentait la peur… les mots vibrant de plus que de simples sons. La vie le fuyait ici sans l’avoir jamais habité alors même qu’il s’accrochait à lui. Le venin faisait son œuvre, bourreau sans merci, sans jalons et sans failles. Qui ne pouvait qu’intimement contaminer tout ce dans quoi il se répendait. Il vint boire l’ultime goutte de son sang condamné avant de le libérer finalement de l’emprise de ses crocs. Et ces ultimes mots transformèrent encore ce monde onirique… le venin devint eau fraîche, et l’acide une crème d’asphodèle. La cruauté se fit douceur tendre et affectueuse, aimante, plus réellement que tout battement de cœur trompeur. Son âme battait pour lui, satisfaite, repue et apaisée de savoir qu’il n’était à personne d’autre qu’à lui, au final. Oui à personne d’autre, il était l’unique et plus que passion, c’était d’amour qu’il se peignait. Il vint se pencher auprès de lui, le soulevant et le déposant sur une couche confortable, sans consistance, mais simplement de sa volonté. Il vint caresser son visage, son front, ses cheveux, ses lèvres et la blessure encore apparente à sa gorge, se repaissant de cette vision qu’il voulait finale et magistrale… cette vision qui était le désir profond de son cœur mort et de son âme aspirant à un repos bien mérité auprès de cet être des forêts qu’il conduisait lentement dans les ténèbres. « Damné en ma compagnie, doux sylvain, mais non perdu et non rejeté »
D’un sourire, il illumina les ténèbres, figure d’albâtre contre figure d’étoile… un lion étoilé contre ses doigts. « Jamais tu ne seras abandonné. Je serais là. Toujours près de toi, toujours dans l’ombre et la lumière. Aime, elfe-étoile, sans peur et sans regret »
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