La fin de son voyage vers la ville d'Althaïa fut bien plus rapide que le début, forcément lorsqu'on avait un dragon comme transporteur... L'autre conséquence de l'alliance qu'il avait forgé avec Verith fut le fait qu'ils ne passèrent bien évidemment pas inaperçus. Leur arrivée provoqua un mouvement de panique qui poussa tout ce petit monde à bien vite se réfugier dans les maisons et les tours de garde mais après s'être aperçu que le grande dragon rouge ne leur voulait aucun mal, les habitants d'Althaïa se ne firent pas prier pour venir le voir de plus près, se faisant même assez envahissant pour risquer d'agacer quelque peu l'écailleux. Mais la patience infatiguable d'Edwyn fit merveille, à moins que ce ne soit l'air inquiétant de Verith... Quoi qu'il en soit, à la nuit tombée et après que le Voyageur ai fait quelques achats en ville, ils s'aperçurent qu'ils étaient enfin seuls. Enfin presque... Quelques incorruptibles continuaient de les suivre partout où ils allaient, ils y gagnèrent une bonne nuit de sommeil à même le sol après que le Tarenth eut décidé que c'était assez et que seule sa magie leur permettrait de rejoindre Aigue Royal sans emmener d'intrus avec eux.

Enfin seuls donc, et pas vraiment inquiet pour les quelques humains qui dormaient paisiblement sur le sol, les deux compagnons repassèrent les murailles de la ville afin de trouver une entrée assez large pour laisser passer le dragon. Non pas qu'il n'y avait pas d'entrées dans la ville, mais elles étaient pour la plupart discrètes et donc de petite taille... Les pouvoirs de voyance d'Edwyn lui avait permit d'en localiser plusieurs, aussi n'eurent-ils aucun mal à se frayer un chemin jusqu'au quartier général rebelle. La plus grosse difficulté consista à y entrer, mais Verith étant déjà venu, ils finirent par obtenir l'autorisation de passer. Dès lors, ils pouvaient se concentrer sur leur mission. Ou presque... Difficile de refuser une convocation royale lorsqu'elle vous parvient, et il était difficile de reprocher à ce Korentin Kohan de se poser des questions sur ce célèbre Voyageur qui s'était frayé un chemin jusqu'à son antre et avait trouvé le moyen de se faire accompagner d'une si gigantesque créature.

La rencontre se fit en privé, le roi restait méfiant vis à vis de lui et ne voulait sans doute pas laisser croire qu'il accordait une trop grande importance aux fables d'un fou de son genre. Et Edwyn en avait profité pour conseiller à Verith de se restaurer et de prendre un peu de repos avant la suite, non pas que le dragon ai été particulièrement ravis de le quitter des yeux pendant tout ce temps mais ce n'était pas comme si cette rencontre était importante. Il ne s'agissait que d'une formalité qui l'aurait sans doute vite impatienté, mieux valait l'envoyer plutôt se faire servir dans les reserves des rebelles, quitte à terroriser tous les cuisiniers du quartier général. Quelques heures plus tard, les choses étaient réglées et ils ressortaient tous deux de leurs occupations respective. Verith le ventre certainement plein, et Edwyn énigmatique, un sourire vague sous sa capuche. Amusant concept que la royauté... Dommage qu'il n'ai pas de temps pour étudier ce genre de choses.

"Rassasié ? Tu n'as pas dévoré de cuisinier pendant que je ne surveillais pas l'avenir j'espère ? Nous avons plusieurs personnes à rencontrer ici , il vaudrait mieux continuer à faire bonne impression."

Ou pas d'ailleurs... Son regard compréhensif accrocha celui, plus dubitatif, d'un curieux qui cherchait à voir sous sa capuche et il salua son impertinence d'un petit sourire patient. Il en serait pour ses frais, même si il parvenait à distinguer quelque chose avec cette lumière bleutée alors ce serait les traits d'un homme banal. Aussi banal que puisse être le fait de se promener en compagnie d'un dragon... Il rejeta cette pensée avec tranquillité, le roi rebelle avait décidé de tolérer sa présence à Aigue tant qu'il ne ferait pas de vague, tout allait bien donc. Même si il n'était pas certain d'être capable de ne pas faire de vagues... L'avenir le lui dirait, et tiens d'ailleurs...

Il ferma les yeux quelques secondes afin d'analyser les différents chemins qui s'offraient à lui. Celui qu'il cherchait lui sauta aux yeux presque aussitôt et il se concentra sur le visage qui y était lié. Un homme... Grande taille, cheveux châtains portés longs, nombreuses cicatrices. Un guerrier donc... Mercenaire peut-être ? Ou soldat... Il plissa les yeux en cherchant à en voir plus et tressaillit lorsque le nom de l'être qu'il recherchait lui sauta en plein visage. Cela et une autre vision. La dague... Il possédait donc bien la dague. Ils devaient le trouver absolument.

"Matis Falkire."

Il avait prononcé le nom à voix haute, autant pour lui que pour Verith dont il ressentait à présent la perplexité. Il s'expliqua :

"C'est lui que nous devons trouver. Il possède la dague de Mort. Tu crois que tu pourras le repérer ?"

Son esprit se lia sans aucune difficulté à celui du dragon et il lui transmit le portrait qu'il avait vu de leur cible. Il aurait pu utiliser sa magie pour le trouver bien sur, mais dans ce genre de cas il suffisait souvent d'un peu de jugeote pour arriver à ses fins. Son regard pétilla lorsqu'il interrogea :

"Je sais que ce lieu est grand, mais nous avons quelques indices. Je crois savoir qu'il s'agit d'un guerrier, il n'est pas bien difficile d'imaginer où nous avons le plus de chances de le trouver... N'est-ce pas ? Allons-y, repérons le. Il faut récupérer la dague."

L'instant d'après, ils se dirigeaient vers la Caverne des Héros. Avec de la chance, l'homme qu'ils recherchaient y serait. En train de s'entraîner peut-être... Edwyn poussa un léger soupir en arrivant sur place et en s'apercevant que le lieu était bondé. Petit comme il était, cela allait être difficile de voir quelque chose... Il ferma donc à nouveau les yeux, cherchant à trouver des indices dans ses visions sur le lieu où sa cible se trouvait. Il se concentra sur l'avenir très proche, séparé de leur présent par moins d'une minute et sursauta lorsqu'il y aperçu Verith toisant Matis Falkire de toute sa taille. Allons... Son nouvel allié n'avait peut-être pas tout à fait compris comment il voulait que les choses se déroulent... Il pivota vers le dragon rouge pile au moment où celui-ci aperçu l'humain recherché et assena sèchement :

"En douceur Verith de l'Ire. J'ai dis que nous allions récupérer la dague. Je n'ai à aucun moment spécifié que je souhaitais aussi lui prendre son bras."

Il leva un doigt impérieux avant que la grande créature ne riposte :

"Ne prétend pas n'avoir pas pensé à cette possibilité. Je t'ai vu faire."

A l'avance, d'accord. Mais le fait qu'il l'ai vu dans un futur encore improbable ne rendait pas la chose moins désagréable pour autant. Il ne le laisserait pas faire, et son regard en disait long à ce sujet. Tant pis si le rouge avait encore envie de le dévorer pour la cinquante et unième fois depuis leur rencontre. Leur échange houleux terminé, ils se dirigèrent ensembles vers l'humain qui semblait diriger l'entraînement de quelques recrues.

"Attendons le ici, il viendra bientôt à nous."

Et il n'avait pas besoin d'être voyant pour le savoir. La simple présence du dragon perturbait complétement l'entrainement des jeunes trop occupés à béer d'admiration devant lui pour prendre garde à ce que pouvait bien leur raconter leur instructeur. Impassible, le Voyageur demeura immobile, les mains dans ses manches. Ce n'est que lorsque l'homme se décida à venir à eux qu'il s'inclina profondément :

"Salutations Matis Falkire. Je suis honoré de faire votre rencontre. Je me nomme Edwyn, vous avez dû entendre parler de mon arrivée. Et voici Verith, mon compagnon de route."

Il effleura le dragon d'un regard affectueux qui ne dû lui plaire qu'à moitié et pencha la tête dans l'attente courtoise de la réponse de son interlocuteur.

Il attendait une nouvelle mission avec les nordiques, alors pour le moment il s'occupait des nouvelles recrues avec ses anciens officiers et compagnons de route. Pour le moment, et surement grâce au peu de missions confiées aux nouvelles recrues, il n'y avait aucun mort à déploré. Mais il savait parfaitement que cela ne durerait pas éternellement car tôt ou tard les nordiques laisseraient la place à ses hommes, et à ce moment là, rien ne sera pareil car ils connaîtraient la guerre. Ce serait peut être la première fois pour beaucoup d'entre eux, pour d'autres il ne s'agira ni plus ni moins que d'une nouvelle journée en enfer. Cela l'inquiétait, il savait parfaitement que nombreux étaient ceux qui n'étaient pas prêt à la guerre... Malgré cela, quand l'ordre viendrait, il devra les envoyer au front et les conduire combattre les loyalistes pour défendre l'Empire. Alors il les faisait travailler, encore et encore, sans relâche ni compassion. S'il fallait faire d'eux de véritables combattant autant s'y mettre tout de suite et les entraîner autant que faire ce peut.

Pour le moment c'était l'entrainement des armes qui avait lieu, pas tous avaient le même niveau dans la maîtrise de moyen de donner la mort, mais si certain sortaient du lot d'autres se verrait confier d'autres tâches. Il fallait rester lucide, pas tous ses soldats pourraient rejoindre les troupes de choc qui iraient au premier contact avec l'ennemi. Mais tous auraient leur place dans l'armée rebelle, que ce soit à des postes d'éclaireur ou de support, Matis n'était peut être pas le seul à gérer ses soldats de cette manière, mais lui essayer d'obtenir une vision globale du champ de bataille. Alors il faisait des plans de bataille, essayait de mettre en pratique ses plans et ses tactiques de combat lors d'entrainement avec d'autres unités. Et à chaque fois il se remettait en cause quand cela échouait et il essayait d'améliorer la tactique quant elle fonctionnait. Ne jamais être satisfait de ce qu'il avait entre les mains était bel et bien sa marque de fabrique.

C'était alors qu'il réfléchissait à un moyen d'utiliser certaines combinaisons de compétences qu'il remarqua la perte d'attention de ses soldats. Tous regardait dans sa direction en montrant du menton quelque chose de particulier. Matis ne pensait pas qu'on parlait de lui, alors il essaya de comprendre de quoi il retournait en regardant derrière lui. Là il vit pas moins d'un dragon rouge de taille respectable et un homme encapuchonné dont il ne put voir le visage et étrangement il n'essaya pas de voir son visage. Si c'était eux la source de la perte de concentration de ses hommes il allait devoir y remédier, mais avant cela il allait mettre les points sur les i à ses hommes.

Il s'approcha d'eux rapidement en laissant ses papiers sur la petite table de bois brut et rassembla rapidement le petit groupe. Une fois tous autour de lui il s'expliqua rapidement.

Les petits gars il y a quelque chose que vous n'avez pas compris il me semble. Ici c'est pas les vacances où le champs ! Alors oui il y a un dragon immense pas loin, mais c'est pas à cause de cela que vous devez vous arrêtez de bosser c'est clair ! Ce que nous nous efforçons de vous apprendre ici c'est pas du superflu quand je vois certains d'entre vous !

Alors vous allez vous remettre au travail tout de suite sinon je vous laisse vous démerder tout seul avec les nordiques. C'est clair ? Il entendit quelques bougonnement. J'ai pas bien entendu. Vous êtes des soldats ou pas ?! Les paroles se firent plus fortes et il sourit. J'aime mieux ça. Allez, remettez vous au travail.

Il quitta ses hommes et se dirigea vers la table sur laquelle se trouvait ses armes et document. Rapidement il attacha son épée dans son dos et sa nouvelle dague dans le bas du dos. De sa chemise à manche courte on pouvait voir dépasser les manches des deux armes, cela lui donnait un air un peu martial qu'il ne cherchait pas tellement mais qui était bien pratique. Les deux manches étaient simples et basiques tout autant que les lames d'ailleurs, mais elles avaient fait leurs preuves au cours des mois voire des années précédentes aussi il ne voulait aucune autres armes que celles là.

Il se dirigea rapidement vers les nouveaux venu, il voulait savoir ce qu'ils venait faire ici. Bon après tout il n'était pas le maître des lieux, mais jamais il n'aurait cru possible qu'un dragon entre à Aigue. Le pauvre devait se sentir mal dans un endroit si exigu. Arrivé à leur hauteur, l'homme se présenta ainsi que son compagnon de route et salua respectueusement Matis. Si l'homme était courtois et maîtrisait ses propos, ce n'était pas le cas du dragon. Mais allait il lui dire alors qu'il faisait trois voire quatre fois sa taille ? Peut être pas.

Salutation à vous Edwyn, ainsi qu'à vous noble dragon. Mes hommes ne vous dérangeront plus et quand bien même vous ne pourriez même pas en faire un combat ou un repas convenable, pas encore tout du moins.

Mais je suis étonné que vous connaissiez mon nom honorable voyageur, je n'ai hélas pas eu le plaisir d'entendre parler de votre arrivé ici. Quoi qu'il en soit si je peux vous être utile dites le moi, ce n'est pas tous les jours que l'on peut voir un dragon et quelqu'un de votre prestance en ce bas monde.

Une lueur taquine brillait encore dans les yeux du Tarenth mais il s'était retenu de commenter le surnom donné au dragon. Au moins une race qui ne changeait pas... Les prétentions du rouge sur le monde et sur les bipèdes l'amusaient plutôt que de l'inquiéter, c'était typiquement dragon. Si chacun d'entre eux avaient dû soumettre le monde à chaque fois qu'ils l'avaient dit, alors celui-ci aurait une physionomie bien différente. Il n'avait donc pas répondu à la réplique cinglante et pas plus à la question qui était tombé alors qu'il se plongeait dans l'avenir. Il avait terriblement besoin de concentration à ces moments là et ce n'était pas comme si il pouvait se passer de cet outil même si on le lui demandait ! Il ne s'était d'ailleurs pas privé de répondre calmement :

"Je suis un Tarenth, lire l'avenir fait partie de mes responsabilités et de ma façon d'être. Je ne peux pas plus y renoncer que toi tu renoncerais à te nourrir."

Il n'exagérait qu'à peine. Aucun Tarenth n'était mort à sa connaissance de ne pouvoir lire l'avenir, mais c'était d'autant plus logique qu'il n'en connaissait aucun qui avait été confronté à ce problème. Ce pouvoir faisait partie d'eux depuis toujours, il leur était aussi naturel que de respirer et malgré ses efforts il ne pouvait tout simplement pas s'imaginer s'en passer. Peut-être bien qu'il en mourrait pour de bon au final, allez savoir ? Il se décida tout de même à lui répondre brièvement au sujet de la dague juste avant que l'objet de leur intérêt n'arrive à portée de voix :

"La dague de Mort et les autres objets que je recherche sont indispensables si nous voulons éviter ce que nous avons vu. Si nous ne les rassemblons pas, le chemin vers l'avenir alternatif que j'essaie de suivre se coupera net."

De cela au moins il était certain. Il n'avait vu aucun moyen de se passer de ces objets pour éviter la fin du monde. Le dragon fut sans doute frustré de ne pas en apprendre plus mais ce n'était plus le moment d'en discuter puisque l'humain en possession de la dague s'était approché d'eux. L'échange de salut fut courtois entre les deux bipèdes, plus houleux de la part du dragon mais cela n'était pas très surprenant. Edwyn ferma à demi les paupières lorsque la menace fusa, pas que sa patience fut vraiment heurtée mais il n'aimait pas commencer une conversation par le conflit. D'ailleurs il n'aimait pas le conflit tout court, cela aussi c'était ancré en lui. Il répondit pour eux deux :

"Leur curiosité est légitime. Mais mon ami écailleux est sans doute un peu trop timide pour la supporter."

Le tout soupoudré d'un petit sourire innocent et d'un regard très clair envers le dragon. Si il piquait une crise à cet instant, le voyageur qu'il était n'aurait absolument aucun scrupule à utiliser ses pouvoirs pour l'obliger à bien se tenir. La politesse avant tout n'est-ce pas ? Lorsque la rage draconique qu'il ressentait aux bords de son esprit lui prouva que le message était bien passé, il se réintéressa à l'humain, amusé par son extrême courtoisie :

"Vous m'honorez. Je ne suis qu'un humble nomade et Verith ne me suit que parce que nous allons dans la même direction. Je ne suis en aucun cas supérieur à quiconque ici, pas plus à vous qu'à un autre. Traitez moi comme votre égal voulez vous ?"

Il ne poussa pas le bouchon jusqu'à demander le même traitement pour Verith, il y avait des limites à ce que le dragon pouvait supporter et ils en effleuraient déjà les limites sans doute... Sentant toute la frustration de la grande créature, il la contacta mentalement :

"Allons allons... Un peu de patience. On obtient parfois plus facilement ce qu'on désire par la persuasion plutôt que par la force."

Du moins il l'espérait... Ce qu'il avait vu de l'avenir proche ne lui avait pas dit si il allait obtenir facilement la dague ou pas. Le choix était entre les mains de l'humain et il ne pouvait qu'attendre de savoir lequel il allait faire et donc quel embranchement le destin allait prendre. Il jeta ses dés soudainement, curieux de voir ce que l'autre allait décider :

"Pour tout vous dire, j'ai effectivement un service à vous demander. Vous possédez un objet que je convoite pour diverses raisons. Me l'offririez vous ?"

Il désigna la dague avec un nouveau grand sourire assuré. Il n'était pas certain qu'offrir des cadeaux à un inconnu soit dans les moeurs des humains, mais il fallait essayer n'est-ce pas ?

Il écouta parler l'homme en face de lui, et contrairement à de nombreuses personnes qu'il avait déjà rencontrer, il faisait preuve d'une très, voire trop, grande humilité. Matis n'était pas né de la dernière pluie, il savait particulièrement que seul des gens exceptionnels arrivaient à se faire suivre par un dragon. Mais il n'y avait pas que cela, il émanait de lui une aura. Quelque chose qu'il n'avait tout simplement jamais rencontré, quelque chose qu'il n'avait senti auparavant. Étrangement il se sentait bien à côté de lui, même la présence belliqueuse du dragon rouge n'arrivait pas à le mettre mal à l'aise. Un peu quand même, mais il ne lui avouera jamais car il sentait bien que cela lui ferait plaisir. Il n'y avait qu'à regarder comment il avait réagit aux paroles de l'homme. Il n'était pas des plus amical, mais ça avait fait rire Matis, et il en avait profité pour placer une petite phrase.

Je vois. Je peux comprendre ce comportement, mais comme je l'ai dit avant, je ne pense que ces soldats soient du niveau de cette noble créature. Ils ne feraient que lui faire perdre du temps.

Par contre je peux vous traitez en égal monsieur, mais ne me faite pas croire que vous êtes un simple voyageur. Un simple voyageur ne fait pas route avec un dragon de ce gabarit et qui semble bien puissant. Si vous ne souhaitez pas me dire pourquoi vous voyagez ensemble il n'y a aucun problème. Mais vous n'êtes pas n'importe qui. Et c'est assez rafraîchissant de parler simplement avec vous alors que tant d'autre se gargarise de la moindre poussière de pouvoir qu'ils croient avoir.

Tout cela avait été dit sans animosité de sa part, c'était la vérité qu'il avait dit. Cela l'avait fait sourire, en même temps il était vrai comme garçon. Pas la peine de cacher ses sentiments et appréhension devant de telles personnes, sans parler qu'ils pouvaient sans doute "voir" ce qu'il ressentait. La suite de l'échange allait être bien plus intéressante.

Matis écouta l'étranger parler et observa le dragon bouger, remuer et faire de petites flammes. Il semblerait qu'en plus de lui parler, l'étranger dialoguait avec la noble créature ailée. Après tout pourquoi pas, mais que pouvaient ils bien se dire ? Il se le demandait et essayait de réfléchir quant il entendit la question de l'homme en capuche. Il fit les yeux ronds l'espace d'un instant et entendu le dragon réprimander l'étranger. Comment ça sa dague ? Elle n'avait absolument rien d'exceptionnel, elle était même d'un qualité très moyenne et Matis ne l'avait prit que pour couper du saucisson ou, en cas de réel besoin, se défendre. Alors pourquoi un étranger, de surcroît accompagné d'un dragon rouge, viendrait quémander une simple dague à un soldat tout aussi simple ?

Il se gratta le menton l'espace d'un instant et réfléchit rapidement. Il attrapa la dague d'une main et l'observa rapidement. Il n'y avait rien dans cette lame qui prouverait sa valeur. Mais peut être était ce un objet qui avait de la valeur pour son interlocuteur ? En tout cas il savait déjà quoi répondre au dragon le temps de réfléchir un peu plus.

Seigneur Dragon, vous avez une bien piètre estime des gens de ma race. Je ne sais pas sur quel spécimen vous êtes tomber, mais sachez que vous ne pouvez pas nous mettre dans le même sac. Sinon qu'est ce qui nous empêcherait de faire de même avec ceux de votre antique race ? A trop généraliser on en vient à devenir des extrémistes au mieux inconscient, au pire complètement fou.

Il n'en avait rien à faire de sa réaction, peut être la créature essayerais de lui faire quelque chose. Mais qu'elle le fasse, il en avait connu d'autre et il en connaîtrait d'autre. Mais avant de ranger la dague il voulait en savoir plus, alors il questionna le voyageur.

Cette dague n'a que peu d'importance pour moi, mais je trouve étrange que vous veniez accompagner d'un dragon pour me la prendre. Cet objet a t'il une quelconque valeur à vos yeux ? J'ai beau l'observer sous toutes ses coutures je ne voit rien que sorte cette dague de l'ordinaire. Mais je me trompe sans doute n'est ce pas ?

L'amusement pétilla dans l'esprit du Tarenth suite à la proposition du dragon. Il avait rarement vu un capital de patience aussi peu fourni ! Il lui répondit d'un effleurement mental :

"Aucune urgence ne justifie l'utilisation abusive de la force. Si les Esprits raisonnaient à ta manière, ils t'écraseraient comme un fétu de paille simplement parce qu'ils en ont le pouvoir."

Et autant dire que cela ne plairait pas beaucoup au concerné, ni à aucun habitant de ce monde d'ailleurs. Il revint à l'instant présent et à la conversation avec l'humain juste à temps pour l'entendre contrarier ses prétentions d'égalité. Têtu celui là... Et même pas assez écailleux pour qu'il puisse prétendre le faire obéir d'un simple éclat de voix. Il haussa les épaules :

"Je vous l'ai dit. Nous avons simplement pris le même chemin. Ainsi en décide le destin."

Non pas qu'il cherchait spécialement à frustrer l'humain en ne lui répondant pas tout à fait, mais les Tarenths étaient ainsi fait qu'ils ne répondaient pas facilement aux questions en particulier lorsqu'elles n'étaient pas posées de façon claire et précise. C'était leur façon d'être, Edwyn ne dérogeait pas à la règle bien qu'il se considère plus accessible que la plupart des représentants de son peuple aux yeux des Armandéens. Il les avait étudiés longuement après tout...

La suite l'étonna quelque peu. Il n'avait pas croisé beaucoup d'humains insouciants au point de se laisser aller à faire la morale à un dragon et ce n'était pas franchement très malin. Courageux peut-être, mais imprudent considérant la différence de puissance entre les deux et la totale incapacité qu'aurait l'humain à résister à une attaque draconique. Conscient de l'agacement de plus en plus prononcé de son compagnon, il intervint :

"Hélas, l'incompréhension entre les peuples n'est pas une nouveauté. Mais ne soyez pas trop prompt à juger non plus, les dragons sont parfaitement capables de distinguer un ennemi d'un potentiel allié. Quoi qu'ils en disent. Et ils ont quelques bonnes raisons de juger durement les peuples bipèdes. Les Armandéens devront concéder certains efforts pour atténuer cette impression négative."

Eh quoi, il voulait bien taquiner quelque peu son compagnon, mais un dragon restait un dragon avec le respect qu'ils méritaient. La conversation se réorienta sur la dague et il réprima un sourire, encore une question insuffisamment précise... Il pourrait l'éluder sans le moindre mal et répondre qu'elle n'avait effectivement rien d'extraordinaire, à l'oeil du moins. Ou en ce qui concernait ses pouvoirs. Mais il fallait que cette conversation avance, aussi fit-il l'effort de lui apporter quelques éclaircissements :

"C'est une dague, ni plus ni moins. Elle ne possède pas de pouvoir particulier, et n'a aucune valeur aux yeux des votres. Même si vous souhaitiez la revendre, vous n'en tireriez guère plus que le prix du métal. Elle m'est précieuse pour son histoire."

Son regard effleura la lame brillante avant de revenir à celui de l"homme. Celui-ci avait gardé le silence, attendant la suite sans doute... Si il y avait une valeur que les Tarenths partageaient avec les humains, c'était bien la curiosité. C'était un travers qu'Edwyn comprenait très bien, il pouvait donc comprendre toute la cruauté qu'il y aurait à laisser son pauvre interlocuteur sur sa faim à ce sujet. Il s'expliqua donc après ce court silence :

"A la fin d'un âge que vous appelez Platine, ne restait plus sur ce continent que le fier peuple dragon. Il avait oublié que jadis il n'était pas seul, et il régnait sans partage sur le reste de la faune. Une seule et unique créature leur rendait parfois visite. Bipède lorsqu'elle le souhaitait, draconique si cette forme avait sa préférence. Elle semblait dotée de pouvoirs infinis et les dragons n'avait encore rencontré aucun bipède autre que les Tarenths dont ils avaient oublié l'existence... Elle ne s'intéressait qu'à l'un d'entre eux. Vraorg l'éclatant à l'arrogante blancheur. Elle se présenta à lui sous le nom de Vasà."

Le nom résonna étrangement entre eux, et il accorda un regard intéressé à Verith, ne sachant pas très bien si cela avait fait ou non un écho dans son esprit. Il ne lui laissa de toutes façons pas le temps de réagir et reprit :

"Le lien entre eux devint indestructible, et dangereux. Vasà était allée trop loin, elle n'était même pas sensée se trouver en Armanda et elle le regrettait amèrement car elle frôla la destruction. Sans l'intervention des sept Esprits, ce monde serait bien différent... Les objets que je recherche, y compris cette dague, ont joué un rôle central dans tout ceci. Mais l'histoire n'est pas terminée. Si je n'obtient pas cette dague, Matis Falkire, Vasà sera détruite. Et quoi que vous puissiez penser, je peux vous assurer que vous n'aurez absolument aucune raison de vous réjouir de la mort d'un Esprit Supérieur, même si il s'agit du Néant."

Les choses étaient dites, et elles seraient sans doute très difficile à admettre pour un homme qui combattait les Alayiens et le Néant depuis qu'il connaissait leur existence. D'ailleurs Verith n'allait peut-être pas apprécier non plus d'apprendre que la mission du Tarenth passait aussi par le sauvetage de Néant. Mais Edwyn n'était pas un menteur, il fallait bien qu'ils apprennent la vérité à un moment ou à un autre, sinon ils ne risquaient pas de réussir un jour à l'admettre... Avec douceur, il insista :

"Je me doute bien que c'est difficile à appréhender pour vous. Vous faites l'erreur de considérer Néant comme une ennemie, d'ailleurs elle se comporte comme tel... Mais sa destruction causerait de terribles dommages à ce monde. Je ne le permettrais pas."

Son visage presque invisible s'était durcit à cette idée. Une chose était certaine, il ne repartirait pas sans la dague.

Répondre ainsi à un dragon n'était sans doute pas la chose la plus intelligente qu'il avait faite depuis longtemps, mais la manière hautaine et totalement injustifiée que le reptile utilisait pour lui répondre n'était pas à son goût. Certes il se trouvait tout en haut de l'échelle alimentaire, mais ce n'était pas une raison pour venir la ramener de cette manière. C'est vrai quoi ! Si les dragons de ce gabarit était plus nombreux alors cette terre ne se serait qu'un vulgaire champ de ruine, même s'il fallait reconnaître qu'actuellement c'était en grande partie à cause des hommes que la terre n'était qu'un champ de bataille. Matis le savait et le reconnaissait volontiers, après tout il ne pouvait tout simplement pas dire le contraire n'est ce pas ? Comment soutenir quelque chose d'absolument faux quant on était honnête ? On ne pouvait pas.

L'homme tenta de jouer la médiation et le dragon le menaça ouvertement. Il ne porta son attention que sur l'homme et non pas sur le dragon. En même temps s'il avait cru toutes les personnes qui lui avait tenu ce discours là il serait sous terre depuis belle lurette. Sans compter qu'il n'avait aucun intérêt à vexer un dragon, car c'était bien de ça qu'il était question. La noble créature avait sans doute un ego surdimensionné, complètement déplacé et elle ne semblait pas accepter grand chose qui pourrait venir remettre en cause sa façon de voir le monde. Mais, il ne savait pas vraiment pourquoi, il sentait que cette créature avait largement les capacités pour mener à bien ses menaces. Était ce à cause de sa taille ? De ses griffes ? Du fait qu'il crachait du feu ? Ou tout simplement le fait qu'il soit dragon ? Surement l'ensemble de ses paramètres entraient en compte, et au final il ne pouvait pas faire le poids contre si forte partie. Logique imparable.

Matis ne répondit rien pour le moment et écouta avec attention les paroles de l'homme, il savait bien que cette dague n'avait de valeur que par l'acier qui en forgeait la lame. Mais il ne s'attendait pas à pareille histoire, et c'est là que son intellect prit le dessus sur les vaines émotions humaines que le dragon semblait détesté. Si seulement il savait à quel point il n'était pas le seul à penser ainsi... Mais il ne pouvait tout simplement pas donner raison au dragon, question de principe. Sa curiosité fut piquée au vif par les explications de l'homme, et il ne s'était tout simplement pas attendu à cela.

L'arme qu'il avait entre les mains n'était pas qu'un simple bout de métal tout juste bon à couper du casse croûte ou à tailler des morceaux de bois. Rien qu'en écoutant les paroles de son interlocuteur et surtout en comprenant peu à peu l'histoire de cette lame très ancienne, il eut honte de l'utilisation qu'il lui avait donné. Matis avait un profond respect pour les œuvres des temps anciens, tout aussi simple soient ils, ces objets devaient être respecté pour le travail fourni à leur création. Les ancêtres avaient conçu de véritable merveille qu'il n'était sans doute plus possible de recréer aujourd'hui.

Lorsqu'il eut fini, Matis prit le temps de réfléchir et de tenter de comprendre ce qu'il venait d'entendre, mais ce n'était pas chose facile. Au bout de quelques instants il remit la dague dans son fourreau. Vous vous trompez tout deux. Calmement il défit le conteneur de la dague ainsi que l'arme elle même et la tendit à son interlocuteur avant de poursuivre.

Je ne considère pas Néant comme un ennemi, ce serait complètement stupide car l'Esprit fait partie de la vie elle même. Et que serait la vie sans la mort ? Les deux sont imbriquées dans un balais complexe définissant la trame même de ce monde. Cette lame peut entraîner des choses qui me dépasse et doivent dépasser une bonne partie des personnes vivantes sur cette terre.

Vous vous trompez en pensant que tout les humains sont comme les êtres qui nous dirigent, la majorité ne cherche qu'à vivre paisiblement avec leurs voisins. Mais, en effet, si la guerre ravage ces terres c'est en grande partie à cause de nous.

Matis donna l'arme tant convoitée à son interlocuteur avec un petit sourire.

Je vous la donne sans regret si ce n'est de l'avoir utilisé sans savoir ce qu'elle était véritablement. Juste une chose, si vous pouvez me le dire néanmoins, pourquoi venir la chercher maintenant ? Après tant d'années écoulée ? Pourquoi aujourd'hui ?

Vous devez être personne à aimer les questions bien posées, mais mon esprit est tellement embrouillé dans ces questions et ces révélations que tout ceci me dépasse. Néanmoins je sais que vous en avez réellement besoin pour faire quelque chose qui empêchera le monde de sombrer. Alors si vous pouvez faire quelque chose de bien avec cette arme, prenez la. Je n'attend rien en retour.

Jusque là l'arrogance des dragons et plus particulièrement celle de Verith l'avait plutôt amusé. Mais il y avait des limites à ce qu'il pouvait tolérer, et le rouge venait de les franchir joyeusement. La réaction fut cinglante :

"Il suffit, dragon. Si tu n'as pas la jugeote de respecter les Esprits alors tâche au moins de me respecter moi. Je ne tolérerai de toutes façons pas le contraire."

La voix d'autorité claqua contre l'esprit ancestral, risquant de le rendre à nouveau fou de rage. Mais Edwyn ne daigna pas s'en inquiéter. Il y avait des choses qu'il ne pouvait accepter, le manque de respect envers les Esprits en faisait parti et Verith allait devoir le retenir. Il n'allait pas lui laisser le choix de toutes façons. Il haussa les épaules au sujet des interrogations suivantes :

"Ils ont le droit de savoir. Ils risqueraient de mal réagir si ils s'apercevaient plus tard qu'ils ont agit pour le bien d'un Esprit qu'ils n'apprécient pas..."

Bon ils pouvaient très bien mal réagir, là tout de suite, à commencer par cet homme. Mais cela ne semblait pas être dans ses intentions. Edwyn n'avait pas le temps de consulter l'avenir à court terme mais son instinct lui disait qu'il avait fait le bon choix en refusant d'utiliser la force pour obtenir ce qu'il voulait. Verith en revint alors à Väsa, s'attirant une nouvelle réponse sybilline :

"Elle sait parfaitement ce qu'elle fait. Mais je ne suis pas certain qu'elle sache encore qui elle est..."

Et si c'était le cas, elle s'en fichait pas mal. Une profonde tristesse passa dans les yeux du Tarenth lorsqu'il y songea mais l'humain prenait la parole enfin et c'est vers lui qu'il reporta son attention. Lui décernant un sourire affectueux en l'entendant dire qu'il se trompait ainsi que Verith. L'esprit de contradiction des humains était une chose fascinante... Il était bien plus développé que chez les autres peuples, extrême même sur certains sujets.

"Les soubresauts du monde nous dépasses tous. Mais nous n'en sommes pas moins concernés pour autant."

Il tendit la main pour saisir la dague avec douceur et précautions, satisfait de se rapprocher encore du but de sa quête. Il restait encore beaucoup à faire évidemment, mais c'était déjà une énorme avancée. Il releva la tête en entendant de nouvelles questions, et répondit après un petit temps d'hésitation :

"Je... Disons que je ne suis pas le bienvenu en Armanda. J'ai mis longtemps à me décider à revenir, et je crains encore de devoir en payer le prix à un moment ou à un autre. Que l'on soit courageux ou pas, certaines décisions sont plus difficiles à prendre que d'autres. Il m'a fallu du temps. Et le temps est un concept très abstrait à mes yeux."

Un réponse relativement claire pour une fois, même si il n'expliquait pas pour autant en quoi il était malvenu sur le continent. C'était un sujet sensible, qu'il ne souhaitait pas évoquer à cet instant. Ni jamais d'ailleurs, si seulement il avait le choix... Mais il doutait largement que ce serait le cas. Revenir ici l'avait aussi forcé à accepter que le passé soit dévoilé peu à peu, aussi douloureux que cela puisse être. Il n'aurait d'autre choix que de l'accepter, c'était son fardeau.

La suite des paroles de l'homme le toucha et son visage s'adoucit plus encore si c'était possible. Il tendit la main, dans un élan instinctif, et la posa sur son épaule :

"Soyez en remercié, Matis Falkire. Et soyez sur que je ferais ce que je pourrais pour offrir un avenir à Armanda. J'espère que vous garderez confiance, même quand tout semblera aller au plus mal... Il faut parfois rouvrir une plaie dans la douleur afin d'en expurger toutes les mauvaises choses qui empêchent la guérison."

Et les Esprits savaient qu'il y avait beaucoup de mauvaises choses à expurger dans le cas présent... il frissonna en songeant à ce qui dormait dans le chemin d'avenir qu'il entendait emprunter. Les Armandéens comprendraient-ils son choix lorsqu'ils s'apercevront qu'il avait empiré les choses au lieu de les arranger ? Se douteraient-ils que la lumière existait derrière la noirceur et qu'il était obligé de les mener vers le chaos pour espérer ensuite leur offrir l'ordre et la sérénité ? Il en doutait... Peut-être iraient-ils jusqu'à le haïr... Qu'importait. C'était nécessaire.

Avec gravité, il reprit :

"J'aurai pu vous offrir beaucoup si vous l'aviez exigé. Des tonnes d'or, du pouvoir, un souhait... Je n'utilise la force qu'en tout dernier recours, et cela m'aurait dérangé. Laissez moi tout de même vous remercier pour votre humilité"

Sa poigne se raffermit sur l'épaule de l'humain, et un étrange courant sembla passer entre eux lorsqu'il ferma à demi les paupières. Il s'expliqua :

"J'ai bien vu que vous étiez un guerrier, aussi je souhaite vous offrir une expérience différente. Lorsque vous en aurez besoin, vous pourrez lancer le sort humain de votre choix à l'exception des sorts offensifs. Qu'importe votre niveau. Mais choisissez bien votre moment, cela ne fonctionnera qu'une seule et unique fois. Cela ne vous épuisera pas car la puissance sera puisée directement dans la trame Armandéenne. Faites en bon usage."

Un dernier sourire, il se recula pour s'incliner en un salut sincère.

"Je dois à présent repartir. Bonne route Matis Falkire. Et à bientôt..."

Un coup d'oeil vers Verith, un dernier échange de regard avec l'humain. Et il tourna les talons...

Le dragon n'aimait rien qui ne sortait de sa bouche semble il, qu'importe, ce n'était pas son problème. Aucun intérêt de discuter avec une créature qui ne prenait en compte que son avis et qui n'avait qu'une seule envie, détruire le monde. Comme c'était drôle, un dragon qui souhaitait la mort de toute chose, et tellement ridicule en même temps. Il voulait être la source de la destruction humaine ? Grand bien lui fasse, cela faisait une belle jambe à Matis, mais il ne lui dirait pas car il n'était pas dans son intérêt d'énerver un dragon rouge. Alors il ne cherchait qu'à s'occuper de son principal interlocuteur, le voyageur.

Il semblait heureux de récupérer sa lame, Matis ne l'aurait pas cru à ce point mais il fallait bien se rendre compte de cela. L'homme semblait avoir mis la main sur une pièce de son puzzle, puzzle capable de sauver ou de détruire le monde semblait il. Il semblait d'ailleurs chercher à comprendre pourquoi le soldat n'avait rien demandé, cela semblait l’intéresser. Peut être n'avait il eu affaire qu'à des gens de mauvais fond, à demander des choses en échanges d'autres. Matis n'était pas de ce type là, il était vrai et franc. Il n'avait besoin de rien, alors pourquoi demander ? Il répondit calmement au voyageur avec un petit sourire.

Pourquoi vous demander tout cela ? Qu aurais je fais d'or ou de pouvoir ? Je suis un homme simple, avec des besoins simples et des principes. Je n'ai besoin de rien, pourquoi vous demander quelque chose ? Je vous remercie du cadeau que vous me faite, c'est un honneur pour moi et je ferais attention de l'utiliser à très bon escient.

Bonne route à vous, si un jour vous avez besoin d'aide dans votre quête, sachez que vous trouverez ici un allié et un ami.

Il observa son interlocuteur et son compagnon partir tranquillement et réfléchit calmement. Cet entretien avait amené trois choses importantes et différentes. La première était que le dragon était une menace claire et précise de la race humain, il faudrait donc le surveiller de très près. Le second était que cet "homme" semblait prendre les choses en mains pour sauver le monde en acquérant des objets. Et la dernière, et sans doute la plus importante, c'était que quelque chose était en marche. C'était quelque chose qu'il ne comprenait pas bien mais qu'il craignait d'avoir de l'importance dans les semaines ou les mois à venir. Il ne comprenait pas bien, mais il craignait foncièrement ce qu'il se passerait si l'homme n'aurait pas ce qu'il voudrait...

Dans son cas il devait s'occuper de la rébellion, s'occuper de ses hommes mais ne pas oublier la vision sur le long terme. Il devait penser à surveiller le dragon rouge et tenter, si cela était possible, d'aider cet homme. Il fallait ce qu'il faudrait pour aider les hommes à rependre le pouvoir et la puissance qu'il leur est dû. Et si pour cela il devait aider un être étrange à sauver les esprits, alors soit.

Il fallait prendre ses responsabilités ainsi que la mesure de son devoir. Que ce soit envers les hommes ou envers Armanda.