Du haut de sa chambre officielle, il observa avec satisfaction les évènements avancer. Son armée gagnerai, cela ne faisait aucun doute. Il en avait toujours été ainsi. Elle était protégée, ce n’était pas le cas des intrus. Il hocha la tête, satisfait, et reprit ses activités jusqu’à ce que l’un de ses esclaves arrive en courant le prévenir de l’intrusion d’un groupe d’étranger. Mais que faisait-il ? Son armée ne les avaient-elle pas arrêtés ?
Chaussant rapidement une paire de botte, il troqua son manteau rouge et blanc pour un plus sobre, d’un gris difficilement salissant qu’il utilisait pour les travaux, avant de sortir de la salle à grand pas nerveux, agacé. Ils allaient encore tenter de lui tirer dessus ces idiots. Impossible d’avoir la paix.
Un couloir, deux couloirs, et il se trouva face à un dernier, observant avec fascination ces créatures étranges venues lui chercher querelle ne s'accordant pas le moins du monde à la tapisserie joyeuse accrochée sur le mur à côté d'eux. Seule une elfe semblait accordée au lieu, et bien que son accoutrement soit fort étrange, il ressemblait presque à ce que Père Noël demandait, non, ordonnait à ses lutins de porter lors de la distribution de cadeau. La magie de Noël avait frappé, dommage qu'elle ne soit seulement habillée ainsi. Une simple tenue de travail aurait suffit, elle aurait été prête pour aller travailler avec ses compagnons.

Des vampires faisait partie de cette.. délégation. Fasciné, le vieillard les observa avec attention, notant l'air mauvais brillant dans leurs yeux. Quelle drôle de race. Leur peau pale scintillait doucement dans la lumière du château de glace, ici le soleil, écartés par les hauts murs, n'avait guère d'emprise sur eux. Ils pouvaient faire de solides travailleurs, mais si un intrus comme l’imbécile humain venait observer le travail et que la rumeur se propageait que Père Noel travaillait avec ces effroyables créatures, son image en serait grandement ternie. Et sa réputation était l’une des choses les plus importantes pour une légende comme lui. Si les enfants cessaient de croire en lui, que ferait-il ? Hormis se venger sur ses esclaves ? Le moment n’était pas venu à la réflexion.
Avançant en souplesse malgré son ventre bedonnant, il sourit aux nouveaux arrivés, leur souhaitant tout aussi agréablement la malvenue dans sa demeure. Peu importait après tout, rien ne les ferait changer d’avis, il en était certain. Peut-être allait-il s’amuser ?

… Elle se sentait vraiment mais alors vraiment agacée la mère des elfes et que l'un de ses enfants soient là pour la voir dans cette déchéance l'horripilait grandement ! Et bien entendu, impossible de retirer ses frusques parfaitement humiliantes ! Tout ça à cause d'une magie qui maintenait le tout bien en place... Et pourtant, comme elle aurait adoré les arracher et déchiqueter, quitte à finir nue sur la neige et cela ne la dérangerait aucunement parce qu'elle n'avait pas la pudeur des humains et que la nudité était plus que naturel chez les elfes. Marmonnant et grommelant à voix basse en tirant sur la petite jupe à dentelle et velours rouge bien trop courte à son goût, fulminant toujours plus à chaque bruit de grelot qu'elle émettait, ce fut dans une logique évidente qu'elle suit l'archer dans la quête du père Noël, bien déterminée à récupérer ses enfants et lui expliquer sa façon de penser !

S'élançant à ses côtés en évitant l'armée de jouets, encore assez preste et souple malgré son grand âge, elle aida Chess à délivrer les autres elfes en laissant la tâche de s'occuper des gardes aux guerriers pendant qu'elle les rassurait et guidait les plus faibles dans un coin tranquille et en sécurité. Enfin si tant est qu'on pouvait l'être dans un endroit pareil... Quand aux plus vaillants encore debout, ils s'armèrent comme ils pouvaient pour les suivre, bien décidés à se venger pour recouvrer définitivement la liberté et gagner la sécurité de leurs bois. Comme elle les comprenait d'ailleurs ! Une fois cela fait, elle se dépêcha de rejoindre Chess et son loup, ses yeux prenant des reflets métalliques alors que la silhouette bedonnante du coupable s'avançait vers eux, son visage avenant malgré ses paroles acides qui demandaient clairement qu'ils étaient loin d'être les bienvenues chez lui. Et bah l'impératrice s'en moquait comme de sa première dent de lait !

« Père Noël c'est ainsi qu'on vous nomme non ? Par les instances elfiques de ce continent, nous vous jugeons de rafle interdite et abusif sur la personne de mes enfants, d'en faire des esclaves et de les maltraiter, de les tuer à la tâche ! Que vos prisonniers soient libérés sur le champs et que vous preniez vos affaires pour débarrasser nos terres de votre présence écœurante ! Ou ce sera la peine de mort comme châtiment ultime en cas de refus de votre part face au jugement retenu par l'autorité en place de votre demeure, c'est-à-dire moi-même, Galadrielle Evanelle, impératrice et mère des elfes d'Armanda ! »

Bon c'était peut-être un peu pompeux mais là, elle était vraiment remontée qu'elle en vibrait de colère, ses grelots teintant alors que le velours de ses vêtements se hérissaient sous l'effet de sa magie difficilement contrôlée. Bras croisé et le regard fier et tranchant, la blonde c'était donc avancé vers lui, un peu devant Chess.

Un vieux barbu bedonnant qui parvient à kidnapper des elfes et à habiller de manière ridicule, la reine impératrice elfe? Il fallait qu'Isendal voit cela. Et pourquoi pas proposer un partenariat avec ce vieillard que tout le monde semblait vouloir tuer. La petite troupe parti, un peu chacun dans tous les sens. Isendal se retrouva seul. Il serra sa canne enchantée, capable de balancer des bourrasques de vent à chaque coup, haussa des épaules et se mit en route, s'il pouvait assister de son vivant à un combat dans lequel serait prit à partie la Mère des elfes, cela valait le coup d'œil. Et comme Isendal était la créature la plus curieuse de l'univers, chaque occasion lui permettant d'avoir vécu quelque chose de rare et nouveau était un trésor pour lui. Il se mit donc en route et longea le chemin de neige qui était sillonné par avance par deux elfes et un loup.

"Quel drôle d'endroit!"

Puis ils arrivèrent dans le repère étrange, des bruits, des jouets, des mercenaires, des portes défoncés, des prisonniers. Isendal surpris par derrière un des mercenaires et avala quelques bonnes goulées de sang frais, presque glacée, quel parfum intéressant que ce sang sucré et congelé. Il s'essuya la bouche avec la manche du désormais cadavre desséché et rejoignit la troupe. Il pu alors apercevoir ce gros barbu, vieux et à l'air au moins aussi mauvais que celui du maitre espion. Il aurait pu donc y trouver un ami, mais il y avait quelque chose de plus, une arrogance trop grande, une saleté, un manque de splendeur ... à moins que ce ne soit un excès de sucre dans le sang? Isendal n'eut pas le temps de mener son questionnement au terme voulu, la reine prit la parole. Sa voix horrible vrilla presque les oreilles du chuchoteur qui lui lança dans le dos un regard noir comme les abysses. S'il ne s'était pas retenu, pour il ne savait quelle raison, il lui aurait donné un coup de pied dans le derrière des genoux pour qu'elle s'effondre comme une loque au sol. Mais il y avait un autre homme dans la pièce, qui s'adressait au gros lard antique, en l'appelant Père Noël. Le vampire millénaire fit la moue et laissa le discours pompeux aller jusqu'au bout. Dés la seconde où elle termina sa phrase, il plaça

"Haaaa ces elfes ... toujours bon qu'à ordonner mais jamais capable d'agir plutôt que de parler hein?"

Puis il dégaina son épée cachée dans sa chère canne et se mit en position : une main tenant sa fine lame bien droite, horizontale, en direction du gros sucré, l'autre main levée, l'avant bras vertical, le bras vers l'arrière, en bel escrimeur qu'il était.

"Aller vieux taré, j'espérais pouvoir créer contrat avec toi, mais tu n'es qu'une vieille baderne! Je ne veux pas travailler avec un gros lard sucré comme toi! Tu vas donc rendre gorge!"

Puis un sourire carnassier vint s'afficher sur le visage du vampire meurtrier. Il lança la première attaque en donnant quelques coups de sa lame enchantée, créant donc des bourrasques aptes à décontenancer un adversaire normal. Ainsi une attaque à distance avec une épée pouvait créer l'effet de surprise. Comme ce vieux fou allait y répondre, Isendal n'en avait aucune idée, mais il avait la peau solide et des aptitudes incroyables, des reflexes surhumains puisque vampires et une envie folle de tuer une telle loque qui osait donner l'impression qu'il allait s'amuser avec eux.

Eh bien, ils étaient têtus et vaniteux. Ils croyaient vraiment qu’ils pouvaient faire leur loi ici. Un ramassis d’ordures sur pattes, les déchets de chaque race. Deux elfes, un vampire et un humain. Et u loup ! Quant à savoir ce que ce dernier faisait ici, c’était une bonne question. Il aurait dû être en liberté, à courir les forêts. Père Noël fronça ses sourcils broussailleux, fixant d’un regard perçant l’elfe mâle. Il venait délivrer ses camarades sans même accorder la paix de la solitude à un loup ? Voilà qui était fort.
L’interpellation derrière lui tira un sourire amusé, tandis qu’il songeait en souriant avec presque douceur qu’il aurait aimé voir la tête de l’humain qui tentait de le faire se retourner, en vain. Allait-il l’attaquer de dos ? Possible, mais peu probable. A moins qu’il ne soit lâche à ce point. C’était également possible mais étrangement il en doutait.

La voix décidée qui s’éleva en revanche le surprit davantage. Observant avec étonnement l’elfe qui jouait à la lutine avec ses frusques rouges et blanches, il se contenta de lever la main pour lui répondre, faisant sonner les clochettes de la blonde. Il lui suffisait de voir sa tête furieuse pour retrouver toute la bonne humeur que l’arrivée de la bande avait en partie chassée.

-Je ne doute pas de votre grande autorité, petite, mais il se trouve que les elfes n’ont aucun pouvoir ici. Que croyez-vous donc ? La magie de Noël est plus forte que la vôtre, sans quoi mes [color] travailleurs auraient déjà fuis depuis longtemps. A moins bien sûr qu’ils ne soient à leur place ici. Peut-être souhaitez-vous les voir ?[/color]

Il se tapota le ventre tandis que des fers sortaient du mur pour accrocher la cheville de l’impératrice elfique. Une de plus, elle ne semblait pas bien forte, mais elle pouvait toujours servir. Il ne fallait pas être très musclé pour bourrer une peluche. Puis, amusé, il tourna un regard moqueur vers le vampire, tandis que les bourrasques de vent s’éteignaient en s’approchant de lui.

-Que croyez-vous, que vous pouvez m’agresser impunément dans ma propre demeure ? Pensez-vous à ces pauvres enfants qui attendent mon arrivée avec frénésie ? N’avez-vous donc jamais eu de rêves, pour les priver ainsi des leurs ?

Il secoua la tête tristement, navré par cette constatation.

-Vous ne pouvez rien faire, ici. Hormis vous soumettre.

Il adressa un sourire affectueux, observant les chaines qui unes à unes venaient emprisonner les membres de la petite délégation de rebelles. Finalement, les trois peuples pouvaient fort bien s’entendre.

En même temps, il était vrai qu'avec une tenue pareille, l'impératrice des elfes manquait cruellement de crédibilité. Quelle idée aussi de débarquer sur un continent et de lui affubler une tenue pareille tout ça parce qu'elle était la mère des elfes ! Et lui qui la remettait à sa place, faisant bouger ses grelots ce qui l'horripila de plus belle ! Un couinement de surprise puis de rage franchit le barrage de ses lèvres alors qu'elle vit les chaînes s'enrouler autour de ses chevilles, l'immobilisant comme un vulgaire fétu de paille.

« Vous êtes sur Armanda ! Les elfes ont davantage de pouvoir que vous qui avez besoin de la croyance d'enfant innocent et crédule de vos merveilles alors que vous n'êtes qu'un pantin fantoche, un odieux personnage ! »

Ce n'était pas les chaînes qui allaient impressionner l'impératrice qui continuait de bravait sa suffisance en espérant suffisamment le distraire pour donner l'opportunité à un guerrier de profiter du moment de distraction pour asséner un coup à cet homme bedonnant afin de briser cette malédiction qui venait de s'abattre sur Armanda...

« Mes enfants n'ont rien à faire ici, esclaves de vos délires et vos caprices ! Je vous le répète encore une fois, libérez-les et disparaissez de nos terres, c'est vous qui n'avez pas votre place ici ! »

Il était vraiment imbu de lui-même celui là ! Grognant de frustration en secouant ses chaînes comme si cela allait l'aider à se libérer, elle ne retint pas son reniflement moqueur.

« Nous avons toujours vécu avec nos rêves et vous n'y avez jamais fait partit ! Je sais que les enfants arriveront à vivre très bien de leurs rêves et de leurs espoirs sans vous ! Jamais nous nous soumettrons ! »

Ses chaînes ne coupant pas le flux de la magie, Galadrielle tendit rapidement ses paumes vers le Père Noël, les doigts à moitié repliés, pour invoquer une prison végétale avant d'enchaîner rapidement en levant rapidement son index et son majeur, les autres doigts toujours repliés pour invoquer cette fois-ci un parfum soporifique. A défaut de tuer le coupable, au moins aura-t-elle essayé de l'immobiliser et, bien que cela soit des sorts mineures, elle espérait que sa puissance magique bien supérieur serait suffisant pour que ce ne soit pas un échec.

"Nous soumettre?"

Isendal lâcha cette remarque, avec au moins autant de dégout que de surprise et d'étonnement, voir même de dérision. Isendal était la nuit, les ténèbres, la puissance maléfique tapis dans l'ombre. Il n'était jamais soumis, il soumettait ou manipulait, mais jamais l'inverse. Et, pour garder son rôle de maitre des chuchoteurs, il était prêt à faire tout ce qui était nécessaire. Son ouïe d'une finesse vampirique, ainsi que ses reflexes millénaires l'aidèrent. Il bondit, d'un pied sur l'autre, dansant avec une habileté de virtuose. Oui, Isendal dansait, sans doute une réminiscence de son ancienne vie, celle où il n'était pas un non-mort, mais un noble humain et qu'il avait forcément apprit quelques pas des danses les plus célèbres de l'époque. Une chaine qui voulait attraper la cheville droite, demi-pivot sur la gauche, coup de canne sur les chaines, pas de trois, appuis sur la jambe droite et demi tour. Saut en arrière, coup de canne, pas de deux, demi-pivot et ainsi de suite.

Dans une valse endiablée, dans laquelle il aurait pu entrainer l'impératrice si seulement elle n'avait pas été une horrible elfe immonde. Des coups vifs et rapides, une ou deux bourrasques et un dernier coup sec, avec toute la force d'un vampire rempli de sang jusqu'aux artères pulmonaires et les chaines se brisèrent. De temps en temps, un petit coup en direction du vieux bonhomme autour duquel Isendal tournait en ronde concentrique. Ayant compris que la magie du Père Noël était puissante dans son domaine, l'espion envoyait valser dans la tête du gros lard barbu, des tas de chose à l'aide de sa canne-épée : des morceaux de jouets cassés, une grosse pierre arraché du sol endommagé, un bout de chaine qui avait survécu, et ainsi de suite. Il sentit la magie de l'impératrice se mettre en œuvre, et en lui même il se dit

"Si j'utilise les effets de cette garce d'impératrice, et des déconcentrations des autres humains et du loup, nous pourrions finir par l'avoir ce gros tas rouge ... non mais pour qui se prend-il?"

Isendal continua donc sa petite danse avant d'en finir définitivement avec les chaines ... pour le moment. Il resta donc attentif au premier signe de faiblesse, afin de venir planter son épée dans le ventre abjecte du vieux taré.

Non seulement les envahisseurs venaient lui faire perdre du temps, mais en prime ils avaient le culot de lui faire des leçons de moral. Une voix l’interpella, et il fit un pas de côté afin de conserver tous ses ennemis dans son champs de vision. Le mercenaire. Il lui proposait un duel, c’était tout à son honneur.

-Et pourquoi accepterais-je alors qu’il me suffit de faire ceci pour te voir hors d’état de nuire, jeune impudent ?

Il tendit le doigt vers l’épée et un carillon se fit entendre, tandis qu’un tourbillon de neige fraiche et scintillante emportait l’arme au travers de la fenêtre. Vraiment, ils étaient intenables. De plus, ils n’avaient compris qu’il ne pouvait pas mourir. Il appartenait à la trame d’un univers qui ne pouvait s’effondrait, il était la création d’un esprit génial et fou qui dominait tous les autres. Aussi toutes les tentatives et récriminations des nouveaux venus étaient inutiles.
L’elfette, si croquante dans ses habits rayés, semblait particulièrement véhémente et la voir s’insurgeait ainsi était tout à fait amusant, d’autant qu’avec ses chaines elle ne pouvait guère faire grand-chose pour lui nuire. Hormis… Hormis la magie, qu’elle ne se priva pas d’utiliser. D’abord le vampire, puis elle… Décidément, ils n’étaient pas aimables. Père Noël fronça les sourcils et étendit les mains devant lui, créant un vortex qui aspira le sort, du moins en partie. L’autre l’atteignit et il secoua la tête en grondant, furieux de se sentir faiblir. Il était hors de question que cela se termine ainsi. Il agita les mains, et la chaine rampa le long du corps de la jeune femme, enrobant la taille et serrant le cou, tentant de l’étrangler. Un tremblement de terre lui sauva la mise ; Père Noël, surprit, stoppa la pression, rassemblant son attention sur ce nouveau problème.


La fillette grimaça en s’extirpant du sol. La magie de Noël était décidemment bien étrange. Contrairement à son frère qui s’était laissé totalement envouté par la force qui les avaient envoyés en sauveurs, chacun de leur côté, elle-même n’avait aucune envie de se laisser ainsi dicter ses lois. Mais la voix qu’elle entendait lui vrillait le cœur et elle ne pouvait qu’aider celle à qui elle appartenait. Mais avant cela… elle baissa les yeux et haussa un sourcil devant l’ustensile qu’elle tenait en main. A quoi cela servait-il ? Bah, peu importait, elle allait se contenter de transmettre les ordres… et l’objet. Elle leva donc les yeux vers l’homme qui la regardait avec stupeur, lui fit un clin d’œil et s’approcha de lui…

Ses affaires finies, elle dégringola l’escalier et, sautant par-dessus les chaines, escalada en un rien de temps le dos de l’elfe, l’attrapant avec amour. Contrairement à son jument, elle n’avait pas besoin de faire dans le grandiloquent. Elle posa son front contre la chevelure blonde et, ne pouvant parler sur ordre de son supérieur, activa un étrange appareil qui permit à leurs esprits de se joindre. Son aide apportée, elle disparu dans un grondement du ciel, s'évanouissant sans laisser de trace, si ce n'était le parfum délicat d'une forêt de pins.

L'éclat de concupiscence dans le regard du Père Noël quand il observait Galadrielle lui donnait la chaire de poule, un frisson de répulsion lui secouant l'échine alors qu'elle se montra plus véhémente à son encontre, usant de la magie contre lui malgré les chaînes qui l'entravaient. Cependant, survoltée par ce qu'il se passait ici, la blonde sentait ses forces décuplées par la rancoeur et la colère, lui donnant la puissance d'agir tout de même. Malheureusement ce ne fut pas un succès complet et elle ne put qu'observer avec impuissance son vortex avaler ses sorts... Du moins en parmi lorsqu'elle pu observer avec une surprise satisfaite le second sort passer le maillage du vortex pour le toucher, sa conscience luttant contre l'endormissement qui l'assaillait peu à peu.

Cela ne l'empêcha pas pourtant de l'étrangler avec sa chaîne, enfin brièvement puisque quelque chose de stupéfia se déroula sous leurs yeux, les perturbant tous...

Une petite fille apparut et se fondit contre l'impératrice, la faisant doucement frissonner avant qu'un gémissement de pure surprise franchit le barrage de ses lèvres quand leurs fronts se rencontrèrent.

« E-Elÿssia ? »

Bien vite, l'apparition disparut et un homme, un humain, bondit vers elle, usant de sa tenaille pour couper les maillons de la chaîne qui enserrait sa gorge délicate. Une bouffée d'air frais la fit tressaillir lorsque l'acier tomba à terre dans un cliquetis mélodieux, Galadrielle lui offrant un sourire éblouissant. Maintenant c'était à elle de jouer ! Relevant encore une fois son index et son majeur, les autres doigts toujours repliés, pour lui lancer de nouveau la fleur exhalant son parfum soporifique, elle en profita pour bondir vers lui, déterminée à lui faire boire cette eau-de-vie elfique, espérant qu'en ingérant la boisson cela le mettra hors d'usage à défaut de le tuer.

Isendal, après sa petite danse, pu bénéficier d'un instant de répits. Les chaînes étaient brisées, l'ennemi était acculé : L'impératrice elfe, libérée par un vieil humain, se jeta sur le Père Noël plein de sucre. D'où sortait ce vieux fou à la pince coupante? Le vampire se posa la question quand il entendit les affirmations oisives du ... Destructor? Mais quelle était donc cette mascarade dans laquelle il avait plongé? Relevant avec intensité un sourcil, le droit pour être précis, et fronçant le gauche, il observa la scène sans bouger.

"Je suis vraiment tombé sur une équipe de bras cassés!"

Siffla-t-il au travers de ses crocs acérés. Il en profita pour aider un peu, après tout, se rabaisser à aider des elfes et des humains étaient sans aucun doute humiliant, mais ridiculiser ce gros tas de sucre barbu, ça ne semblait pas avoir de prix. Il frappa donc dans une chaise en bois proche, pour la briser en morceau à l'aide de sa canne et se mit en position. Les jambes bien écartées au dessus d'un lambris de bois, la canne sur le côté, il se concentre, relève doucement la canne vers l'arrière, puis dans un magnifique mouvement circulaire, il vient frapper dans le lambris, qui glisse sur le sol jusqu'à atterrir derrière le pied du gros barbu rouge. Si l'impératrice le fait un brin reculer et qu'il fait un pas en arrière, il tombera en glissant sur ce morceau de bois. Sans trop savoir pourquoi, Isendal, fier de son frappé, dit tout haut

"Hole-in-one! Nice shot"

Puis il observa la scène en se tenant prés, il aimerait bien goûter à ce sang, peut-être un peu trop vieux mais sans aucun doute délicieusement glacé et sucré. Cette satanée impératrice allait-elle parvenir à mettre le vieux cinglé à terre? Ils allaient tous vite le savoir, lui comme le vieux à la pince ou el destructor.

Tout partait à vau-l’eau et c’était peu de le dire. Entre l’arrivée de la gamine et le vieil homme qui avait accouru en tenant dans les mains la pince d’El-mani était la seule insensible à la magie. Toutefois la dernière fois que Père Noël l’avait vu elle reposait dans un présentoir dans la salle d’un riche personnage n’habitant pas ce continent, ni ce monde. Par le ventre de lui-même, comment cet ustensile s’était-il retrouvé ici ? Il devait il y avoir plus que de la magie de Noel ici, ou bien elle s’était encore échappée. Pourtant le barbu avait pendant de longues années eut toute emprise dessus, qu’elle le trahisse maintenant était tout à fait horripilant. Et c’était sans compter sur l’arme que tenait l’elfe dans la main. Un poison délicieux et merveilleux, il le savait. Et il était hors de question qu’il se laisse ainsi défaire par cette bande d’éclopés. Rugissant de colère, il se dégagea tant bien que mal de la masse, tachant d’éviter au maximum les attaques qui, si elles l’atteignaient, ne le blesserait pas mais ferait de lui la cible du sommeil de la blonde. Il se retourna, aperçu l’hurluberlu avec son masque, celui même destiné à l’un des seigneurs d’un autre monde, avança d’un pas pour lui arracher du visage et s’effondra sur le sol au milieu des débris de bois. Apercevant le loup, il tendit un doigt dans sa direction, l’envoyant de force attaquer l’impératrice avant qu’elle ne parvienne, avec ses compagnons, à lui faire quoi que ce soit. Qu’ils soient tous maudits. Il n'allait certainement pas se laisser effrayer et anéantir par ces créatures pitoyables.

Quand elle le vit commencer à paniquer et se débattre pour fuir et les mettre hors d'état de nuire, repoussant avec plus de vice et de désespoir, le visage blanc en voyant la tenaille et la boisson, Galadrielle ne put s'empêcher de laisser fleurir sur ses lèvres un sourire de pur satisfaction, les yeux pétillants de ravissement. Enfin ! Enfin ils tenaient le bon bout et ce n'était plus qu'une question de temps avant de le faire enfin tomber, de le faire ployer l'échine et d'effacer ce passage de leur histoire ! En parlant de ça, voilà justement qu'il trébuche et embrasse quelque peu douloureusement le sol, le visage déformé par la rage et la frustration. Bien fait ! Ça vous apprendre à croire que vous pourriez vous servir impunément parmi ses enfants ! Di diou !

La potion en main, la blonde se jeta sur lui, à califourchon, et se battit avec lui pour la lui faire boire de force pendant que le vieil humain s'occupait du loup pour l'empêcher de faire du mal à l'impératrice (faudra d'ailleurs qu'elle le remercie à la fin de tout ce cirque tiens!) et un autre humain tentait de le distraire en les asphyxiant avec des choses innommables et aux odeurs immondes qui firent pleurer l'impératrice au nez beaucoup plus développé que ceux des humains et plus délicat. Ça se trouvait, avec l'aide de Dracos, ce serait peut-être ce « parfum d'ambiance » ignoble qui aurait raison de tous et surtout de l'envahisseur qui sait ? Le hasard peut bien faire les choses...

C'est donc avec une angoissante persévérance, et de lourds sanglots alors que ses yeux la piquaient à cause de cette odeur atroce, qu'elle put voir petit à petit le goulot de la fiole d'eau-de-vie se rapprocher des lèvres du Père Noël. Encore un peu, juste encore un tout petit peu...

Le piège était refermé, le gros bonhomme venait de reculer d'un pas grâce à l'intervention du dresseur de loup et donc de glisser de toute sa lourde masse sur le sol. L'impératrice elfe, chiffonnière de son état, se jeta sur lui sans vergogne une étrange fiole à la main. Voulait-elle lui faire boire du poison? Non, ce n'était pas très elfique ça, sans doute voulait-elle absolument lui faire profiter d'un met délicat et raffiné fabriqué par ces abjectes oreilles pointues? Oui c'était sans doute cela. Quoi qu'elle fasse, elle ne parviendra pas à faire grand chose contre ce barbu magicien. Il fallait profiter de l'état horizontal du vieux cinglé pour intervenir. Et puis il devait en avoir le cœur net, car oui, une question avait lentement émergé, après sa première rencontre, après son utilisation de la magie, après sa danse contre les chaines, oui une question importante résonnait dans son esprit immense et tortueux. Il n'allait pas résister longtemps et il fallait le faire, oui maintenant, il allait le faire.

"Hooo et puis tant pis!"

Il se jeta sur le vieux fou, lui saisit la main, la retourna et planta ses crocs puissants et avides dans la partie charnue de la main droite, sous le pouce. Oui là, c'était un bon endroit, juteux et délicat. Il croqua sans attendre et aspira un maximum de sang, autant que possible, sur la main droite, de sorte que, si c'était un poison qu'elle tentait de lui faire boire, il lui restait quelques secondes avant de boire du sang infecté. Il eut le temps de prendre trois grandes gorgées. Et il se releva pour se délecter. Ce que c'était doux, sucré, chaud. Oui presque quelque chose de gentil et généreux. C'était une sensation rare mais intense. D'autant plus sur le retour, quand après avoir salivé, le sucre était digéré et déployé. Isendal eut en même temps dans la bouche milles gouts : celui d'enfants joyeux criant à tue-tête, celui d'enfants méchants et malheureux d'être puni ou privée d'une récompense longuement attendu, celui aussi d'adulte mélancolique, il eut enfin des gouts de sucette à la fraise, de bonbon à la menthe, de pain d'épice, de lait, de gâteau au beurre, de petit sablé. Il termina enfin sur une note de foie gras de canard et de vin liquoreux. Il tourna alors lentement la tête vers le vieillard et administra en plein air

"Houuuu mais c'est trop d'un coup! Même pour toi vieux fou."

Comment cet homme pouvait avoir autant de choses en lui? Autant de gout, de souvenirs, d'identités et d'unicité à la fois? Ce n'était plus une mais des milliers de questions qui vinrent à l'esprit d'Isendal. A tel point qu'il finit par ne plus faire attention à rien et ne put donc pas voir ce que le vieux fou faisait, ni comment il réagissait à toutes ces attaques plus ou moins réussis en même temps. Allait-il déchainer sa colère et ses pouvoirs pour envoyer valdinguer tout ce petit monde? Sans doute, mais il saignait abondamment de la main et l'impératrice avait peut-être réussi à lui faire boire sa potion. D'autant plus qu'Isendal n'avait pas bu que trois petites gorgées, il avait aspiré prés d'un litre de sang dans ses ponctions. Cela fatiguerait le vieillard, quoi qu'il en soit.

L’odeur était trop forte et l’appelait inexorablement. Douce tentation… et horrible condamnation. Il le savait, et pourtant il la voulait tout en la repoussant. Et ce fichu loup qui n’était même pas capable d’obéir, stoppé dans son élan par le vieux homme qui avait déjà déjoué ses plans en délivrant ses esclaves. Maudits ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de leurs races ! Et si possible plus loin encore ! L’elfe qui l’écrasait de son poids plume n’était rien face à lui, après tout ce n’était qu’une simple blonde en tenue ridicule, dont les clochettes tintaient gaiement ! Mais l’odeur affreuse qui se dégageait pour embaumer l’air d’une délicate odeur d’égouts, de fosse commune et d’œufs pourris à la fois suffisait à le laisser au sol, tentant d’atteindre sa manche pour se couvrir le nez, de grosses larmes dégoulinant sur ses joues rebondies.
Puis vint la douleur, horrible, atroce et brulante. Il avait la sensation qu’on lui arrachait la main, que chaque parcelle de son corps se vidait de son énergie, tandis que ses pensées s’effaçaient et son imagination avec. Or cette dernière était la clé même de Noël, c’était grâce à elle qu’il pouvait inventer chacun des jouets qui garnissait sa réserve.
Il avait sous-estimé la haine des peuples, songeait-il en louchant sur le goulot qui se rapprochait de ses lèvres. Il ne ferait plus la même erreur. Ses narines saignaient littéralement de l’odeur immonde, sa tête bourdonnait après le choc de la chute associé au vacarme de la musique qui résonnait et il se sentait, pour la première fois depuis son existence, totalement dépassé. En désespoir de cause, il fouilla en lui, agrippa la magie de Noël qui le fuyait… et une goutte tomba sur ses lèvres. Non, pas une ! Deux… trois… chacune plus rapprochée de la précédente, tandis que lui tendait les lèvres comme un petit oisillon attendant sa becquetée. L’effet fut immédiat. Ses yeux rougir, il se mit à gazouiller et, se redressant, il embrassa passionnément la jolie lutine aux oreilles pointues qu’il avait en face de lui, se demandant un instant pourquoi il était allongé, et elle sur lui, une bouteille à la main. Il s’effondra avant d’avoir la réponse, et un léger sifflement, signe d’une respiration défaillante, se fit entendre. Père Noël était vaincu.
Le sol ondula, et engloutit finalement le corps endormi, l’avalant pour mieux le protéger… ou le digérer. Libres, les vainqueurs virent arriver un enfant aux boucles blondes qui, sourire malicieux aux lèvres, les conduisit à bon port et chez eux... ou pas.