Ils avaient continué à fuir, évitant soigneusement les patrouilles des Alayiens et des soldats impériaux qui s'occupaient de pacifier le territoire pour retourner dans une brève période de paix et d'entente mutuelle. Bien évidemment ils ne refusaient pas de se mettre un petit en cas sous la dent en la personne de Korentin Kohan dont la tête semblait avoir une très grande valeur pour ces derniers. Il était une épine dans le pied de Fabius Kohan mais également des Alayiens puisqu'il pouvait remettre en cause le pouvoir de l'actuel empereur. Ainsi les terres humides et marécageuses de l'Est s'avéraient de grandes alliées avec ces chemins boueux impraticables ou ces passages dangereux au sein des marécages quasiment impossible à traverser à cheval, mais l'humidité ambiante pesait lourd sur la forme des humains et surtout sur leur moral. Elle rendait la respiration difficile, cette impression d'être tout le temps recouvert de crasse qui ne semblait attendre qu'un moment de faiblesse pour vous dévorer vivants. Il suffisait d'ailleurs que l'un d'eux ne boive une eau souillée pour qu'il se transforme en petit pousset derrière chacun des buissons qui avaient le malheur de croiser sa route. La vampire qui avait l'habitude d'un simili de respiration, la rendant d'apparence plus humaine avait arrêté cette manie tellement l'humidité de l'air semblait peser lourd sur sa poitrine, se contentant de ne "respirer" que pour parler ou sentir les odeurs qui les entouraient.

Les humains avaient finis par accepter, un peu à contrecœur la présence des deux vampires qui se montraient plus ou moins discrets et surtout n'avaient montré aucun signe d'agressivité. Bien qu'ils avaient eut à se nourrir, ces derniers l'avaient faits avec suffisamment de discrétion pour que ça ne se remarque pas. Ils n'étaient pas stupides, ils avaient compris pourquoi ces derniers s'absentaient régulièrement. En plusieurs semaines de voyage il était facile de comprendre ce qu'ils avaient besoin de faire. Mais jamais ils ne l'avaient fait devant les humains ce qui avait permis de créer un climat de confiance tout relatif, en particulier entre elle et l'empereur déchu qui lui avait accordé plusieurs entrevues pour simplement parler des possibilités pour la suite..

Les humains étaient épuisés, mais dans leur honneur mal placé ils continuaient à vouloir protéger en personne l'empereur et la princesse déchue et refusaient catégoriquement l'aide des deux vampires qui malgré le régime forcé étaient en bien meilleure forme. De plus protéger ces deux là permettrait au moins à Sylira, qui n'avait pas les mêmes remords que Kylian de se nourrir sans qu'on ait quelque chose à lui reprocher vu qu'elle ne tuerait qu'en protégeant un des humains du groupe. Et comme elle détestait le gaspillage ! Pourquoi tuer un humain d'un carreau d'arbalète alors qu'on peut simplement le vider de son sang et faire ça proprement ? Enfin, c'était dommage, ainsi elle les laissait se débrouiller gardant tout de même un œil distrait sur ces derniers comme le faisait une enfant face à une fourmilière jusqu'à ce que ces dernières soient assez acculées pour accepter l'aide d'un des vampires qui s'étaient mis dans la même galère que ces derniers.

Une odeur suspecte avait attiré son attention depuis quelques jours et l'attirait souvent à l'extérieur de la ville, poussée par l’ennui et la curiosité elle s'était laissée prendre au petit jeu de cache cache avec ce qui produisait cette odeur qui tentait visiblement de l'éloigner de l'empereur déchu. Bon, elle l'avait compris au bout d'un moment et voulait voir jusqu’où le jeu irait et qui gagnerait cette chasse. Ramenant le challenge grisant du jeu du chat et de la souris, du prédateur et de la proie. Elle finirait par attraper cette petite souris, jouerait un peu avec avant de la dévorer vivante comme le ferait n'importe quel prédateur un tant soit peu affamé et ennuyé.

Cette nuit là, la souris n'était pas loin. Elle pouvait sentir l'odeur de son excitation et de sa transpiration, elle pouvait déjà saliver au petit gout salé qu'aurait sa peau quand ses crocs rentreraient en contact avec sa gorge pour délicatement la vider de son sang, la faisant saliver d'avance de ce repas qui serait mérité. Elle avait capté l'odeur de l'empereur non loin, ce dernier s'étant éloigné de la sécurité dans l'inconscience et l’égoïsme de la noblesse, mettant inutilement les gardes humains épuisés en danger. L'odeur du sang vint confirmer cette crainte et elle aurait été moins rapide et agile que l'empereur déchu aurait finit à se vider de son sang.

Elle était intervenue à temps, c'était le moins qu'on ne pouvait le dire, la lame de l'assassin manquant sa cible que d'une paire de centimètres au moment ou elle l'avait tirée avec une brutalité toute bestiale accompagnant le mouvement par une clé de bras qui avait au minimum déboité l'épaule de l'humain qui sous l'effet de la douleur avait laché son arme. Un craquement avait certainement trahis qu'un de ses os du poignet n'avait pas apprécié le traitement infligé. Elle avait gagné cette partie de chasse et s’apprêtait à dévorer sa proie sans autre forme de procès sous les yeux de l'empereur déchu qui devait à peine se remettre de cette mésaventure et c'est à peine si elle entendit son cri pour lui demander d'arrêter au point qu'il faillit se jeter sur elle pour les séparer. Mais son regard vint le dissuader, c'était SA proie. Elle l'avait chassée et attrapée toute seule ! Et il n'en avait pas besoin de se nourrir ! Et elle avait faim, la salive venimeuse envahissant sa bouche rien qu'à l'odeur de peur de SA proie.

"L'interroger est toujours possible après, et c'est beaucoup plus efficace que vos méthodes." Elle peinait à dissimuler ses crocs comme elle faisait habituellement avec les humains pour les ménager. "Vous pourrez le juger et le condamner à mort par pendaison à loisir après sans gaspiller du sang."

C'était bien le jeu des humains ça, juger leurs criminels, pour s'offrir un moyen de détente et de passer leur frustration pour ensuite les pendre haut et court gaspillant ainsi le sang si précieux. Ils avaient tellement tué d'humains de cette manière qu'ils auraient pu nourrir un grand nombre de vampire sans que ces derniers n'aient besoin de chasser. L'empereur essaya de la raisonner en venant la tutoyer, une preuve certes de confiance et de familiarité qu'il avait toujours refusé quand elle s'approchait de lui, et il faisait le premier pas ? C'était SA proie !

"Autrement ? Il savait ce qu'il faisait. Et je ne pense pas que vous désiriez sacrifier un innocent pour cet homme."

Il était bien entendu inconcevable que Korentin Kohan accepte de sacrifier un innocent en échange de la vie d'un criminel et elle le savait, d'ailleurs le ton était calme mais clairement au reproche. Qu'aurait-il dit si elle lui retirait son steak de la bouche en prétextant que c'était cruel pour la pauvre vache de finir ainsi ? Cet homme était venu se frotter à la mort et à des vampires en parfaite connaissance de cause vu que ce petit malin avait essayé de jouer avec elle. Il avait perdu, elle avait gagné, il était son repas de récompense ! Surtout qu'avec son petit jeu il l'avait encore plus mise en appétit, jouant avec son instinct de chasseur. Peut-être espérait-il faire qu'elle se retourne contre Korentin ensuite ? Ca n'avait que peu de chance de se produire.

Elle était une vampire affamée, et il lui retirait sa nourriture de la bouche. Il fallait qu'il se rende compte qu'il ne pourrait pas empêcher un vampire de se nourir malgré toute la bonne volonté de ces derniers.

Il ne voulait pas qu'on le "châtie" ? En quoi était-ce un châtiment ? C'était l'ordre naturel des choses, il était devenue la proie d'un prédateur. On ne parlait pas de châtiment quand un loup égorgeait une brebis, on parlait d'ordre naturel des choses et c'était la digne image de ce qu'il se produisait sous les yeux de cet empereur déchu qui n'arrivait toujours pas à accepter la nature réelle des vampires. En quoi un prédateur ne pouvait pas chasser sans que l'on ait jugé sa proie avant ? Elle lui laisserait une chance de s'expliquer, même si de toute manière le résultat était couru d'avance, qu'importe les arguments, s'ils concernaient seulement la nature humaine ceci ne sauverait pas l'homme en question.

Non, il n'était pas stupide il savait que si la Vampire avait attrapé cet homme ce n'était pas pour le plaisir de la chasse mais bien pour se nourrir. Ainsi fallait-il proposer quelque chose en échange d'au moins une valeur égale pour que ceci puisse la réfléchir, ce qu'il semblait envisager de faire... Avec son propre sang ? La prenait-il pour une idiote ? Jamais il ne ferait ça, quoi qu'il arrive la dragonne l'en empêcherait et ne se gênerait pas pour tuer la vampire. Et dans le cas ou c'était envisageable, c'était hors de question de s'y rabaisser ! C'était comme un insulte qu'il lui faisant et tant bien même, en plus pour gaspiller du sang ! Mais elle n'eut pas le temps de lui jeter un regard furieux que la proie décida de tenter sa chance avec les excuses habituelles "J'ai des enfants" "On m'a forcé" bla, bla, bla et bla qui n'emmenèrent qu'un soupir de lassitude à la vampire.

"Quand vous mangez vos bêtes ce genre de considération ne semble par contre pas vous toucher." siffla-t-elle

Le ton était clairement accusateur car en plus de la faim, on pouvait également y lire également une sorte de fureur vexatoire montrant que l'humain en face d'elle était allé bien trop loin avec ces différentes offres car même si la vampire répondait à ses instincts de prédateurs, il n'avait pas de mal à visualiser l'émotion de la colère en son encontre car elle était bel et bien dirigée contre lui.

Ce ne fut pas l'empereur déchu qui paya les frais de cette colère, tout du moins pas pour le moment. S'il avait quelque peu une connaissance en comportement humain il devait fortement se douter qu'une certaine rancune ne s'installe et que la vampire, non plutôt la femme, lui en voudrait un certain moment. Ce furent donc les pauvres gardes qui purent voir le colis leur atterrir brutalement dans les bras quand la vampire s'en sépara avec force. Peut-être même un peu trop car la proie manqua renverser le premier garde qui tenta de la réceptionner pour ne pas qu'elle ne s'enfuit. Bien entendu cette dernière après le mauvais traitement de la capture ne pu retenir un cri de douleur quand elle malmena encore plus son bras.

"Çà se voit que jamais vous n'avez faillit mourir de faim." conclu-t-elle d'un ton accusateur

Car pour elle ils allaient gaspiller la nourriture, ils n'avaient pas le temps de s'encombrer d'un prisonnier donc soit ils le tuaient, soit ils le libéraient et après ce qu'il avait fait cette dernière option était plus qu'improbable quand on connaissait le sens de la justice très "personnalisable" des humains. Ce n'était pas une queston de confiance et l'humain ne semblait pas vraiment s'en apercevoir. C'était une question de survie ! Elle ne l'avait jamais empêché de se nourrir, jamais ; que ce soit lui ou un autre humain.

Elle jeta un dernier regard froid à sa proie qui était emportée au loin, une menace silencieuse qui signifiait clairement que la prochaine fois qu'elle l'attraperait il n'aurait pas la possibilité de recevoir une quelconque pitié et serait vidé de son sang avant même de pouvoir émettre le moindre son. Il comprit bien évidemment le message, à son regard apeuré et son comportement vide de toute résistance.
C'est sans le moindre regard à l'empereur déchu, tournant le dos à ce dernier qu'elle s'en alla et peu importe ce qu'il pourrait lui dire il pouvait être sûr que ce ne serait pas entendu pour le moment. D'ailleurs elle ne mit pas longtemps à comme s'évaporer dans l'obscurité de la nuit.

Il fallait bien un jour qu'il se rende compte qu'il ne pourrait pas combattre la nature profonde des vampires malgré tous les efforts que ces derniers pouvaient faire et seuls les esprits pouvaient réellement comprendre ceux dont avait fait discrètement preuve la vampire. Elle était ainsi, les esprits en avaient décidé ainsi mais les humains voulaient changer cet état de fait alors que c'était impossible. Qu'ils arrêtent de se nourrir de leur congénère mais sans avoir d'autres solutions viables derrière ! C'était comme si lui demandait de redevenir humaine si elle le pouvait ! Autant qu'il l'enferme dans une cage pour voir le résultat et comprendre que c'était vital pour eux !

Deux journées étaient passées, deux longues journées pendant lesquelles elle avait soigneusement évité l'empereur déchu des hommes le temps qu'il réalise sa basse besogne d'amuser les foules avec une condamnation à mort et gaspille son repas si durement gagné, car cet humain avait été doué, trop doué pour être honnête, pour tenter d'attirer l'attention de la vampire ailleurs au point d'emmener doucement le plaisir et l'excitation de la chasse entre deux prédateurs dont les rôles pouvaient s'inverser au dernier moment. Et cette chasse ne lui avait laissé qu'un gout amer d'un repas que l'on abandonne pour le caprice d'un humain qui en plus ne s'était pas gêné pour presque l'insulter ! Il aurait mérité qu'elle le morde pour lui faire comprendre ce qu'était le besoin de sang et le mal-être que la faim procurait. De sentir son corps se refroidir, de perdre en "vitalité" mais également et au fur et à mesure du temps le contrôle sur soi-même. A défaut, une gifle aurait été un premier pas et amplement suffisante, bon pas une gifle avec la force d'un vampire qui aurait eut pour effet direct de lui dévisser la tête, mais avec la même force que celle d'une humaine pour bien lui faire comprendre.

Ainsi elle l'évita soigneusement pendant deux jours, bien consciente que ce dernier semblait quelque peu à sa recherche pour une raison qui lui était propre. Et bien qu'il cherche ! Il ne manquerait plus que ce soit à elle de venir lui présenter des excuses pour simplement avoir voulu se nourrir ! Elle n'avait jamais volé une proie animale aux humains depuis le début du voyage sous prétexte que c'était cruel pour cette pauvre bête qui pouvait avoir des enfants !
Elle erra donc pendant deux jours, cherchant vraisemblablement une nouvelle proie qui pourrait lui procurer presque autant de plaisir que celle qu'elle avait laissé filé, et la seule qui semblait presque digne d'intérêt c'était ce pseudo tavernier pervers qui abusait de sa serveuse et qui coupait sa bière à l'eau. Et même si seulement le premier argument était valable pour l'égorger, car le second elle n'en avait rien à faire, il ne serait jamais passé devant ce pseudo-tribunal amateur de pendaisons qui aurait trouvé amusant de la dépecer aux quatre coins du village !

Elle finit par trouver refuge sur le toit de l'auberge, qui était presque le plus haut de la ville, permettant d'observer la vie de ses habitants sans être remarqué sans que ces derniers ne puissent voir l'éclat prédateur qui brillait dans ses yeux un peu comme le ferait un chat observant avec attention et envie un couple d'oiseau en train de faire son nid et réfléchissant au meilleurs moment pour s'emparer des oisillons et de la mère par la même occasion pour les dévorer tous autant qu'ils étaient.

Ses pensées diaboliques de plans de chasse et de comment elle s'y prendrait pour dévorer vivante la personne en contrebas qui semblait maladroitement cuver sa vinasse furent interrompues par l'approche absolument pas discrète de Korentin Kohan, ce dernier ne semblant pas apprécié d'avoir dû la chercher à travers toute la ville alors qu'elle était juste sous ses yeux. Ça lui ferait les pieds ! Ainsi l'atmosphère déjà glaciale qui accueilit ce dernier se refroidit encore plus alors qu'il tentait l'approche par la plaisanterie. Ne lui avait-elle pas fait comprendre que la plaisanterie et les vampires ne faisaient pas bon ménage et qu'il fallait qu'ils soient dans de très bonnes disposition pour que ça passe bien et ne prennent pas les choses au pied de la lettre ? Il jouait avec le feu et risquait de s'y brûler surtout s'il continuait ainsi. Ce qu'il ne se gêna pas de faire ! En réponse elle continua de fixer une autre proie potentielle détaillant le moindre des détails de cette dernière, allant jusqu'à imaginer la douceur de sa gorge et le sucré de son sang alors qu'elle laissait ce dernier crapahuter sur le toit sans aucune agilité et une maladresse digne d'un humain.

Bon, au moins il avait compris qu'elle était en colère contre lui ! Bon, elle n'était pas vraiment en colère, certes il y en avait un peu mais pas seulement. Ce sentiment d'injustice chronique, elle se rapprochait des êtres humains en beaucoup de choses parce qu'elle ne savait pas faire autrement, mais au final elle restait un monstre à leurs yeux. Pour eux tous ses efforts étaient normaux et ne méritaient pas plus d'attention que cela alors que eux n'en faisaient aucuns Il avait fait l'effort d'écouter ses explications, mais entre écouter et comprendre il y avait un monde. Il avait également pris l'avis des vampires pour les déplacements car après tout ces derniers participaient à la sécurité du groupe et s'étaient montrés honnêtes du début à la fin.

Enfin, au moins cette fois-ci il avait osé l'approcher seul, sans ses habituels gardes trop zélés qui refusaient toute approche de moins de 2 mètres pour éviter tout contact. Ce qui jouait en sa faveur, mais après tout si elle avait voulu le tuer, elle aurait laissé faire l'assassin, donc risquait-il réellement quelque chose ? Au pire une gifle ou deux dans le pire des cas ! Donc ainsi il voulait qu'ils discutent ? Et bien qu'il discute, il en était libre et elle l'écouterait, après libre à elle de ne pas le comprendre et de jouer le même jeu que ces humains obtus pour leur faire comprendre ce que ça faisait.
En guise de réponse elle se recroquevilla sur elle même, ramenant ses genoux vers sa poitrine et les cerclant de ses bras pour y poser son menton, ne laissant dépasser que son nez, alors que son regard se posait toujours droit devant elle, accompagnant le tout par une sorte de "humpf" signifiant qu'il pouvait commencer.

Elle avait l'air humaine, d'être une femme blessée dans son honneur qui s'était isolée dans l'espoir de retrouver un tout petit peu d'amour propre et qui s'était repliée sur elle-même dans l'espoir de conserver un peu sa chaleur et ne pas grelotter à cause de l'humidité ambiante. D'une femme qui s'était isolée pour ne pas avoir ces regards de pitié ou cette fausse compassion des humains. Elle avait l'air humaine, mais elle ne respirait pas trahissant sa nature choisie.

Ces humains étaient bien trop compliqués, ils toléraient de voir un humain en tuer un autre par pur plaisir, ils acceptaient de voir des cadavres et mêmes s'agglutinaient pour observer avec curiosité, mais dès qu'il s'agissait de prédation c'était forcément monstrueux. Voilà ou ils en étaient, et l'empereur déchu des hommes n'étaient pas une exception. Malgré tout il essayait de lui dire quelque chose et ça serait certainement très maladroit. A sa manière dont il s'éclaircit la gorge il semblait certain qu'il avait déjà tenté de préparer son argumentaire ou alors le meilleurs moyen d'essayer de se faire pardonner sans se faire égorger.

Ainsi donc il avait fait relâcher l'assassin ? Certainement qu'il leur avait raconté assez de mensonges logiques sur une pseudo histoire d'enfant pour arriver à ses fins et disparaitre sans autre forme de procès. S'il revenait de toute manière elle ne lui laisserait pas de seconde chance, elle avait retenu son odeur et cette fois il ne ferait pas plusieurs jours. Et ce ne fut qu'un haussement d'épaules désintéressé qui vint répondre à l'information, comme si ce qui avait été décidé n'avait pas vraiment d'importance, le laissant avancer dans ses explications et ses réflexions.

"Pour comparer simplement, nous forcer à nous nourrir de sang animal c'est un peu comme forcer un humain à se nourir que de copeaux de bois."

L'explication avait été jetée un peu comme l'on donne un os à ronger à un chien. Il ne comprenait pas, ou plutôt ne souhaitait pas comprendre les choses comme elles étaient. Une image simple valait mieux que des heures d'explications. Il n'y avait pas besoin de justifier, c'était un fait ! Le sang animal n'avait pas de gout en plus de ne pas être nourrissant sans oublier qu'il pouvait rendre malade s'il s'éloignait trop du sang humain. Le sang de porc par exemple était plus nourrissant que celui du bœuf, mais ce genre d'explication était du l'ordre du détail.

Elle retourna se muer dans son silence pour ne pas couper plus l'humain dans ses tentatives d'explications et de justifications maladroites. Ainsi il proposait des règles simples à mettre en œuvre... Des règles ! Non mais et puis quoi encore ? Elle devait lui faire passer en jugement toutes ses proies avant d'avoir une chance de pouvoir se nourri ? Le pressentiment de l'empereur déchu fut correct car la première réaction de la vampire fut un regard noir alors qu'il les énumérait et il ne tarderait d'ailleurs pas à se prendre le retour du bâton, qui claquerait sèchement avec les premiers mots.

"Vous faisiez encore pipi au lit que je vivais déjà comme une humaine au milieu de "votre" peuple." furent les premiers mots. "Si ca peut vous rassurer, vos règles je les applique depuis le début, car personne ne s'inquiète du sort d'assassins ou de bandits reconnus et ça évite de se retrouver avec une foule armée de torches et de fourches qui vous recherche activement pour vous bruler vive."

Elle avait insisté sur le mot "votre" comme pour faire passer un message obscur qu'elle seule semblait comprendre, mais qui pouvait peut-être faire réagir l'empereur déchu. Oui, ses "règles" elle n'avait pas besoin qu'on les lui impose pour les appliquer, sinon certainement qu'elle serait déjà morte. Elle les appliquait depuis qu'elle savait se contrôler et n'avait quasiment jamais fait d'exceptions. Elle avait tué à chaque fois des humains qui soit en savaient un peu trop, soit l'avait trahie même de la manière la plus bénigne qu'il soit. Dans tous les cas c'était quasiment tous des sales types pour la seconde catégorie. La première c'était surtout des malchanceux.

"Sauf que, vos "sales-types", certainement que vous trouverez encore un moyen de les protéger par des circonstances atténuantes. Un violeur peut avoir des femmes et même plusieurs enfants, dont la plupart illégitimes, et trouvera comme excuse que sa femme ne le satisfait pas et que si on écoute ses proches, c'était certainement un coureur de jupon, mais qu'il ne mériterait certainement pas d'être tué par un vampire. Voilà une parfaite raison pour l'épargner n'est-ce pas ? Je suis même persuadé que cette charmante famille serait également ravie de faire dépecer le vampire à qui l'on a enlevé le repas de la bouche parce que ce dernier avait osé porter la main sur le violeur."

Le ton était parfaitement calme et ne laissait transparaitre que quelques onces de sentiments qui avec l'ambiance glaciale faisait claquer sèchement chacun des mots tel un fouet manié d'une main experte. On sentait une pointe de colère derrière ces derniers, comme s'il s'agissait d'une sorte d'expérience déjà vécue. Mais elle n'avait pas finit, elle l'avait laissé parlé sans le contredire et en écoutant son argumentaire et ses conditions. La première fois elle avait mis des formes et de la diplomatie dans ses propos, pour qu'il y réfléchisse. Cette fois elle le mettait face à cette réalité, lorsqu'elle rouvrit la bouche pour reprendre la parole, l'empereur déchu pu remarquer plus facilement les crocs qu'elle dissimulait habituellement, se dessinant clairement derrière ses lèvres, pointus et tranchants comme une lame de rasoir. Il était impossible de ne pas les remarquer, ils étaient cette marque de prédation bien trop présente dans la bouche des vampires et qui ne manquait pas de faire paniquer les proies quand ces dernières les repéraient bien trop tard.

"Lorsque l'assassin a égorgé sous vos yeux votre garde, lorsque vos gardes du corps actuels ont frappé et tué des gardes du palais impérial pour vous protéger avec leurs armes, ceci ne vous à certainement pas choqué, tout comme ceux que vous avez potentiellement jugé que vous avez fait passer par le billot et une hache ou alors par la corde. Mes crocs, sont comme vos dagues, vos épées et autres engins de mort. Vous tuez avec vos bouts de métal, je tue avec mes crocs. Voilà ce que vous avez vu, mais je ferai attention de ne plus m'en servir devant vous."

Non, elle n'était pas assez stupide pour faire deux fois la même erreur, surtout après l'argumentaire qu'elle venait de lui tenir avec cette histoire de violeur. S'il la voyait faire il risquait de l'en empêcher à chaque fois, alors que si elle le faisait discrètement au moins elle ne risquait pas de se faire retirer le sang de la bouche ! C'était d'ailleurs ce qu'elle sous entendait avec ces derniers mots, ce qui n'était pas bien difficile à comprendre. Après tout c'était ce qu'il demandait non ? Qu'il ne soit pas informé de ses victimes et puisse la voir comme autre chose qu'un prédateur sanguinaire.

L'histoire des dons volontaire la firent soupirer, les volontaires pour la morsure étaient extrêmement rare, et d'ailleurs dans toute sa vie elle n'avait connue qu'une véritable volontaire qui avait cédé son sang en échange d'une vengeance. Cette dernière était maintenant cette même vampire qui se tenait en face de cet humain qui abordait ce sujet. Pour le reste il s'agissait généralement d'humains acceptant de donner un tout petit peu de sang via un bol de la manière la plus dégradante qu'il soit, un peu comme quand l'on nourrit un animal de compagnie.

"Dans mes deux vies, je n'ai vu qu'une seule personne offrir son sang à un vampire, et il y avait une contrepartie. Ne me faites pas croire que vous trouverez facilement des personnes qui acceptent de se faire mordre."

Autant dire qu'ils auraient beaucoup de mal à se comprendre et à s'accepter mutuellement. Elle était une vampire et avait été traitée comme telle si bien qu'elle avait depuis quelques jours à se sentir humaine et les derniers mots de l'empereur déchu n'étaient pas vraiment pour l'aider dans le bon sens. C'était un peu comme si par maladresse il cherchait absolument à ce qu'elle soit cette prédatrice sanguinaire comme il imaginait tous les vampires. Oui, elle était une prédatrice, oui elle aimait le sang plus que tout et était d'une très grande gourmandise. Mais non, elle n'était pas un "monstre", elle avait été dressée à être humaine ! Elle se faisait passer pour humaine et le retour à la réalité vampirique avait été très dur - hormis pour le sang qui lui était à ses yeux une normalité.

Ainsi alors qu'il trouvait normal l'absence totale de volontaires elle haussa simplement les épaules en guise de réponses. Quel humain avait envie de mourir ? Et parfois pire encore aux yeux de ces derniers, de devenir un vampire tant détesté, membre d'une race de créature trop violentes pour offrir une "vie" digne de ce nom ? Ce n'était pas bien difficile à comprendre, seuls les suicidaires ou les désespérés pouvaient à la limite accepter leur sort une fois devant le fait accomplis, c'est à dire une mort imminente. Ce n'était pas de l'acceptation véritable, juste de l'abandon de soi.

Elle le regarda avec un étonnement à peine dissimulé lorsque ce dernier sortit sa dague, parlant de tenir une promesse qu'il aurait faite alors qu'elle avait relâche l'assassin. Ces mots lancés dans une ultime tentative d'éviter un incident auraient été pensés ? Non, ce n'était tout bonnement pas possible, il voulait certainement juste tester sa réaction et voir jusqu’où la patience ou la résistance des vampires pouvait aller pour mieux les comprendre. Et ce n'est que quand l'odeur exquise de ce sang lui arriva jusqu'au nez qu'elle compris réellement ce qu'il venait de faire !

Elle resta littéralement sans voix ! Il était complètement fou car il n'était pas sans savoir les effets du venin sur les humains normaux, et même si seule la morsure contaminait quasiment à tous les coups, les échanges de ce genre pouvait également y parvenir selon comment la chose était faite et à la moindre maladresse des deux parties les effets se feraient sentir avec un changement qui débuterait dans le corps du donneur.

Il était hors de question de gaspiller et ce sang appelait délicatement ses lèvres. Du sang noble, le sang d'un Kohan. C'était un peu comme tous les mets les plus délicats que pouvaient trouver les humains et les réunir dans un seul banquet, car malgré la diète récente il était difficile de renier les origines de son sang et de dizaines d'années d'éducation. Ce sang serait l'équivalent d'une cuisine gastronomique et... Et elle ne résista guère plus longtemps face à cet appel, que ses lèvres se posèrent sur la blessure avant même que la première goutte de sang n'ose essayer de faire le moindre mouvement vers le sol. Et ce fut l'explosion de saveur qui vint lui envahir la bouche, faisant écho à sa faim mais également à sa gourmandise et à ses gouts, son corps en voulait plus, plus de ce met exquis si bien que l'empereur déchu pu sentir un tremblement de la part de la vampire qui avait fermé les yeux, il pu même sentir les crocs frôler sa peau sans pour autant qu'ils n'y pénètrent, mais à peine eut-il le temps de comprendre qu'elle n'avait accepté que le strict minimum qu'un doux souffle frais vint à la rencontre de sa blessure, la faisant doucement disparaitre, ne laissant qu'un mince filet de sang que la vampire vint délicatement cueillir à l'endroit ou se situait la blessure quelques instants plus tôt. Doucement elle les décolla pour poser ensuite son front sur le poignet, comme n'osant pas regarder l'humain en face d'elle. Elle resta silencieuse quelques longues minutes, comme si elle cherchait à se remettre de ses émotions et comme si les saveurs l'avaient profondément choqué et il était clair pour l’humain, aux légers tremblement d'une des mains de la vampire qu'il ne valait mieux pas briser ce silence afin qu'elle puisse se remettre de ses émotions, le second signe était qu'elle semblait également écouter quelque chose. A cet endroit l'on pouvait clairement sentir le pouls, signe du rythme artériel et donc des battements du coeur. Ce cœur qui l'appelait à corps et à cri, comme tous les autres mais qu'elle savait qu'elle ne devait pas satisfaire, alors elle le laisserait pleurer jusqu'à ce qu'il se calme un peu comme le ferait une mère face à un nourrisson trop capricieux.

"Vous n'auriez pas du faire ça." Dit-elle accompagnant les mots d'un soupir calme, d'une voix tellement basse qu'il devrait tendre l'oreille pour la comprendre. "Vous devez garder vos forces."

Depuis de nombreuses années elle se faisait passer pour humaine, une humaine distante et solitaire ou alors aguicheuse pour des relations d'un soir. Mais généralement les choses n'allaient pas plus loin que le ponctuel. Ces derniers temps, deux humains avaient essayé de rentrer dans sa vie, le pauvre mercenaire Alford Gorder maladroit au possible, qui malgré une maladresse catastrophique et une méfiance envers les vampires transpirant par tous les pores de sa peau, tentait de reprendre un peu confiance en la vampire qui n'avait jamais fait défaut. Puis cet empereur déchu qui l'aurait dans d'autres circonstances condamné à une mort dans une des cages des prisons impériales sans aucun remord et qui maintenant acceptait de lui donner son sang pour une promesse stupide faite sur un coup de tête. Mais malgré tout, ça la touchait. Il en fallait peu, juste des ébauches de confiance qui cependant faisait reprendre les combats à un conflit intérieur qui la déchirait sans qu'elle ne s'en rende compte depuis des décennies.

Elle se redressa, plantant ses yeux émeraudes dans ceux de l'humain en face d'elle, comme cherchant une réponse franche à la question qui arrivait. Question pour laquelle il ne serait certainement pas facile de répondre surtout à ce stade car il était, à ses yeux, impossible de parler de confiance.

"Vous jouez avec le feu. Qu'auriez-vous fait si j'avais décidé d'aller plus loin ?"

Il s'était laissé aller, sans combattre, sans même aucune hésitation, la laissant se sustenter de son sang sans teinter son gout par la saveur de la peur inhérente au comportement humain quand un vampire se nourrit d'eux. Il s'était laissé porter par la sensation de cette douce mort qu'était celle de se faire vider de son sang par un vampire, ou plutôt par cette vampire qui contrairement à certains de ses congénères était relativement douce avec ses proies.
Il mit quelques secondes avant de reprendre contenance et s'apercevoir qu'elle avait refermé la blessure, essayant certainement de remettre en place ses idées et sa réflexion suite à cet instant qui devait être plutôt perturbant pour la personne qu'il était. Non, il n'était pas habitué au contact humain et encore moins à celui avec une vampire et s'était bien là toute la difficulté qu'il aurait pour comprendre ceux qui l'entourent.

On lui répétait de ne pas faire les choses depuis qu'il était né... Ainsi donc avait-il l'habitude de se mettre dans des situations inextricables et improbables par des gestes qu'il serait emmené à regretter beaucoup plus tard ? La vie, quelle qu'elle soit jouait beaucoup de tour, et l'humain devant elle devait en avoir vu passer quelques uns dont un dernier particulièrement violent qui avait emmené à leur rencontre. Et s'il n'était également l'empereur de la maladresse, et bien il le devenait actuellement en répondant simplement que sa dragonne en furie viendrait le venger avec pertes et fracas. Heureusement qu'il essaya de se rattraper avec une pointe d'humour qui tira un simple soupir à la vampire, comme si cette dernière rendait les armes face à ce genre de comportement typiquement humain, ainsi ce fut sa seule réponse, préférant garder le silence plutôt que de faire à son tour une maladresse qu'elle regretterait, elle devait le laisser parler, le laisser exprimer ses pensées afin de comprendre ce qu'il cherchait exactement car pour le moment cet humain était plutôt difficilement compréhensible, passant de la haine à une certaine confiance au point d'essayer de nourrir une vampire.

Elle s'était doucement rapprochée de lui, après avoir dégagé d'un mouvement discret son vêtement comme pour mettre en avant son corps, à moins que ça n'avait déjà été le cas avant ? D'un geste souple et discret elle se saisit délicatement de la main de se dernier pour l'emmener se poser entre ses seins, au niveau de son cœur qui ne battait plus depuis plus de 50 années, tout contre sa peau portant à ce moment précis la fraicheur de la mort. En faisant ainsi, elle voulait bien qu'il comprenne sur quel chemin vers lequel il s'engageait : froid et dangereux, ou plutôt mortel.

"Je dois vous avertir que cette main vous risquez de la perdre." Elle le regardait droit dans les yeux. "Sentez mon cœur et ma peau. C'est ça que vous devez approcher."

Doucement elle lâcha la pression sur la main de l'humain, le libérant de l'obligation qu'il avait de la toucher pour lui permettre de prendre le temps qu'il voulait pour comprendre. Elle n'était absolument pas gênée de la chose, mais gardait tout de même sa main posée sur celle de ce dernier. Les vampires restaient des êtres froids et calculateurs et il n'avait pas beaucoup de mal à imaginer quel pouvait être l'usage de guérir une blessure de la taille d'une morsure... Comme par exemple mordre un serviteur, dissimuler la marque et le laisser devenir un vampire au milieu du château de son maitre qu'il égorgera sans aucun remords.

"Vous devez comprendre que les vampires fonctionnent sur une règle simple : la loi du plus fort."

Il n'y avait pas beaucoup à savoir et pourtant il y avait énormément de choses à ne pas faire ou à savoir. Malheureusement les humains n'avaient pas ce même instinct que les vampires qui réagissaient par le biais de ce dernier face à leurs congénères au point que tout ceci passe complètement inaperçu. L'expliquer à un humain relevait du défi, du véritable challenge pour que ce dernier finisse par comprendre.

"Au moindre signe de faiblesse ou faux mouvement et vous êtes mort. J'aurais été comme n'importe lequel de mes semblables... Et bien vous seriez en train d'essayer vos nouveaux crocs sur vos anciens fidèles sujets." Elle fit mine de réfléchir. "Et ces derniers jours vous avez au moins fait 3 erreurs qui pouvaient vous être fatales.

La première était simple en lui volant une proie, la seconde en faisant preuve d'un humour complètement déplacé et de sentiments et la troisième en lui proposant son sang sans qu'elle ne le morde. Elle avait fournit ses explications d'un ton neutre et froid comme pour l'imager encore plus, cependant une légère pointe de douceur et de calme venait l'assaisonner de manière à essayer de ne pas effrayer l'humain en face d'elle. C'était le prix à payer s'il voulait son aide, elle ne pouvait pas se permettre de le ménager mais surtout il ne fallait pas l'effrayer au point de le faire fuir. Indirectement elle avait répondu à la demande de ce dernier, mais fallait-il encore qu'il comprenne le message et la réponse qu'elle lui donnait derrière ces mots.

Il devait lui accorder sa confiance, certes mais ça allait également contre l'avertissement qu'elle venait de lui faire. il devait vaincre ses tabous, que ce soit ceux d'empereur ou d'humain car si elle devait lui apprendre, ça serait à sa manière car elle n'avait jamais fait ainsi et certainement que les gestes seraient bien plus parlant que les mots par moment mais le moindre geste qu'il considèrerait comme déplacé pouvait faire faire de gigantesques pas en arrière.

"Ce n'est pas quelque chose que l'on apprends dans des livres, ni par des mots. En vous l'expliquant ainsi je ne ferai qu'effleurer la surface."

Il était gêné par le geste qu'elle venait de faire, elle le sentait à pleine narine alors qu'il retirait aussi rapidement que possible sa main de son cœur. Peut-être était-ce la proximité avec sa poitrine ? Un noble qui n'avait jamais touché beaucoup de femmes pour se retrouvé intimidé ainsi ? Non c'était impossible et il ne pouvait être que comme les autres qui avaient fait visiter à toutes les servantes un peu jolies leur couche. Elle le regardait fixement alors qu'il donnait sa réponse, il fallait qu'il soit sûr de lui avant de se lancer dans ce projet. D'ailleurs ce projet s'agrémenta d'une question quelque peu plus personnelle, à l'attention de la vampire.

Comment pouvait-elle être si différente des autres ? C'était une bonne question, mais dont la réponse ne lui plairait pas forcément ou bien qu'il ne comprendrait certainement pas. Après tout, pouvait-il le faire ? Lui qui avait vécu dans sa cage dorée nommée "palais" toute sa vie avec tout ce qu'il lui fallait pour devenir le partisan du moindre effort ? Chacun avait eut sa cage et certaines étaient plus confortables que d'autres. Il fallait juste s'arranger pour la rendre assez confortable pour ne pas vouloir la fuir. La seule réponse qu'il reçut à sa question fut un haussement d'épaules pouvant signifier tout et n'importe quoi, et un regard dans le vide du ciel nocturne qui s'étendait devant eux.

"Ce n'est pas changer votre personnalité, c'est savoir comment réagir face aux situations qui vous tomberont dessus." Son regard se posa de nouveau dans celui de l'humain. "Je peux accepter vos règles car elles font déjà parties de mon mode de vie, mais n'oubliez pas que vous allez négocier avec Lorenz Wintel et s'il désire se nourrir en face de vous, je vous déconseille de l'en empêcher si vous ne voulez pas être son prochain repas. Et s'il comprends que vous désirez le trahir en premier, je ne donne pas cher de votre vie."

Oui, s'il voulait mourir vieux ou rester humain il ferait mieux de ne pas trahir Lorenz Wintel en premier car ce dernier ne se gênerait certainement pas pour l'égorger sans autre forme de procès. Car oui, une fois les Alayiens chassés, ca serait le concour de celui qui trahirait l'autre en premier de manière à faire en sorte que l'autre soit suffisemment affaiblit pour se rendre ou bien n'être plus une menace pour le siècle à venir. Autant dire qu'elle ne donnait pas vraiment Korentin vainqueur.

"Et pour y réagir correctement, vous devez comprendre pourquoi les choses fonctionnent ainsi et pas essayer de les changer pour qu'elles s'adaptent à vous."

En prononçant ces mots elle avait rapproché sensiblement son visage de celui de Korentin, elle aurait été une humaine normale on pourrait croire qu'elle avait simplement du mal à le voir à cause de l'obscurité et d'une mauvaise vue. Il voulait la connaitre. Alors pourquoi la fuir ainsi dès le moindre contact "humain" ? Il lui demandait son nom et rien que cet élément la forçait à se révéler complètement pour expliquer ses origines alors que le moindre geste le faisait s'éloigner brutalement. D'ailleurs le simple fait d'approcher son visage créa un mouvement de recul chez l'humain faisant ainsi se dessiner un doux sourire sur le visage de la vampire, ne manquant pas de révéler doucement les crocs de cette dernière.

"Pourquoi un nom revêt-il autant d'importance pour vous ? Sylira n'est qu'un nom de scène, je suis connue à Gloria sous ce dernier comme étant très douée dans ce que je fais." dit-elle avec un air sous entendu signifiant clairement ce qu'elle faisait dans les bas quartiers. "S'il ne vous plait pas, vous pouvez toujours m'appeler autrement, j'ai tellement eut de noms différents que je me suis appropriée que ça n'a plus d'importance pour moi."

Par ces mots elle signifiait clairement qu'elle ne voulait pas révéler son vrai nom, quel qu'il fut. Son véritable nom n'était connu que d'elle seule et l'avait gardé bien profondément en elle comme un secret honteux que l'on ne révèle que sur son lit de mort. Quant à son nom Vampirique, il n'avait d'importance que pour ceux la connaissant, et au final ils n'étaient que très peu nombreux. Elle n'était connue de personne, sauf de son maitre, une ombre parmi les ombres et visiblement elle le resterait pour des siècles encore mais le révéler pouvait également lui être fatal...

"Mon véritable nom n'a plus été prononcé depuis des années, et il n'y a plus personne en vie pour s'en souvenir maintenant, tout comme mon histoire. Ce qui est mieux ainsi, car de toute manière vous ne pourriez pas le comprendre, pas encore.

Elle ne mentait pas complètement, le seul à connaitre juste une partie de son histoire était celui qui l'avait façonnée indirectement. Et encore, il ne devait pas tout savoir et au final elle restait seule maitresse de son passé et elle n'était visiblement pas prête à le partager comme si ce dernier était trop horrible pour l'être.

"Ce que vous avez à savoir est que je fais partis des faibles aux yeux des vampires de par l'humanité qui émane de moi. Je ne pourrai pas vous protéger éternellement alors que je peine à me protéger moi-même."

Oui, celà lui suffisait. Il comprendrait certainement pourquoi elle vivait parmi les humains. Tout du moins pourquoi elle préférait vivre avec ces derniers plutôt qu'au milieu des siens de par la violence de ces derniers. Cela se lisait en elle, elle n'avait rien de la violence de ses congénères, quels qu'ils soient et ses méthodes étaient certainement plus douces mais bien plus fourbes que la plupart d'entre eux et elle cachait très bien son jeu. Et qui sait, restait-elle justement faible à leurs yeux pour ne pas s'attirer les foudres de ceux encore plus puissants qui peuvent la tuer ?

"Vous dites ne rien m'avoir caché, même si votre sang en dit beaucoup sur comment vous avez pu vivre de par sa saveur, mais vous ne m'avez finalement rien dit sur vous que je n'ai découvert par accident lors de l'évasion. Je ne sais même pas comment je dois vous appeler et vous fuyez à chaque fois que je m'approche un peu trop.

Le langage du corps en disait également long sur les personnes, et c'était ça qui généralement piégeait ces dernières dans les filets des prédateurs. Prédire leurs mouvements ne pouvait se faire que par une lecture attentive de leur posture et ainsi anticiper des réactions, qu'elles soient physiques ou verbales pour les manipuler beaucoup plus facilement.

Elle aimait jouer avec lui, ou plutôt elle aimait jouer avec les émotions humaines en général. Mais tous les humains n'étaient pas des bons joueurs et certains étaient même de très mauvais perdants, détestant voir leurs émotions ainsi manipulées en les faisant passer du chaud au froid en l'espace de quelques secondes. Mais l'empereur déchu avait un très bon contrôle et restait un bon joueur, n'hésitant pas à lui répondre sans aucune hésitation alors qu'elle mélangeait subtilement le sérieux et le moins sérieux pour le faire passer du coq à l'âne. Beaucoup perdaient déjà le nord au bout de quelques minutes préférant la facilité de se plonger dans son décolleté que de tenter d'argumenter avec elle. C'est ainsi qu'il réussit à tirer un sourire discret mais franc à la vampire qui ne mit pas bien longtemps à disparaitre un peu comme un éclair en pleine journée.

Les négociations entre Lorenz Wintel et Korentin Kohan seraient forcément tendues, s'il se laissait trahir en premier, et ça lui serait fatal. Lorenz Wintel n'était pas du genre à laisser une seconde chance à ses ennemis, car si ce dernier se relève il pourra essayer de frapper ensuite. Non, il fallait frapper un grand coup pour le soumettre ou alors le faire disparaitre définitivement. S'il voulait survivre face à ce dernier et à cette alliance, il devait se préparer à la guerre avec les vampires avant de faire la paix pour que la fin de cette dernière ne soit pas une surprise. Et forcément ce genre de préparatif finit toujours par se remarquer quoi qu'il arrive. Tout finit par se savoir.

Par chance, l'humain ne s'attarda pas sur son nom, ni sur ce qu'elle faisait, ne souhaitant certainement pas aller beaucoup plus loin dans les questions de crainte de la froisser, ou simplement avait-il assez de patience pour lui laisser le temps de se décider à lui révéler. Mais pour cela fallait-il encore qu'elle ait confiance et que ses sentiments finissent par prendre le dessus sur sa raison mais également sa nature induite par des années de torture et d'entrainement. Oui, il fallait qu'elle s'attache réellement à lui et la difficulté serait bel et bien là car il s'agissait au final de simplement réveiller son humanité.

Il la fit sourire lorsqu'il employa des termes dignes... D'un humain en fait : il était un grand garçon capable de se protéger. Mais de se protéger de quoi ? Ou plutôt de qui ? Oui il savait certainement se battre mais il n'avait pas la robustesse d'un homme habitué à la guerre et aux conditions difficiles comme pouvaient l'être Alford Gorder. Il n'avait pas les mêmes réflexes que l'assassin envoyé pour le tuer et pour être presque intouchable il dépendait au final d'autres êtres tels que la dragonne ou même ceux qui avaient la force pour le faire. Elle se retint de le remettre à sa place de faible créature en prenant comme exemple la nécessité d'aller le secourir, ou simplement son intervention sur l'assassin et la seule réponse fut simplement un haussement d'épaules qui voulait en dire long. Il fallait alimenter le jeu, mais pas non plus le bloquer et là était tout le challenge.

Elle resta silencieuse, écoutant l'empereur déchu s'énerver quand elle sous entendit qu'il cachait quelque chose. Oui, il cachait son "lui" profond derrière ce masque hideux de la noblesse et du nom qu'il portait. Ce masque qui avait certainement le don ce faire fuir les gens mais qui lui donnait cette aura d'autorité. Il ne semblait presque pas humain, si bien qu'elle même semblait presque plus humaine que lui. Portant elle même plusieurs masques, elle n'avait pas eut grand mal à le sentir, et le soupir lui donna raison quand ce dernier s'aperçut qu'au final elle avait visé juste et se confia à elle, mettant en place une sorte de relation de confiance avec elle.

"Nous portons tous des masques en fonction des rôles que nous avons à tenir et ça pour des raisons de survie. Plus vous les portez, plus vous deviendrez ces masques et vous pourrez vous y perdre."

Le masque que l'empereur déchu portait finirait par l'isoler dans son monde et par le perdre. S'il s'endurcissait trop il finirait comme une huitre impossible à ouvrir et finirait par imploser sans que personne ne finisse par le savoir. Il finirait par devenir un être froid dont les vampires n'auraient strictement rien à envier, mais après toutes ces trahisons il arrivait souvent à des humains dans ce genre de situations de finir tels quels.

Elle esquissa un mouvement d'approche, comme si elle allait encore essayer de toucher l'humain à côté d'elle. Mais elle se ravisa en détournant son regard vers le ciel nocturne dont la couverture nuageuse quasi permanente de la région laissait passer un simple pan étoilé de la voute céleste. En silence elle s'allongea doucement sur la toiture, pour fixer ce petit bout de ciel qui semblait combattre pour garder sa place sous les yeux de ceux qui pouvaient daigner essayer de le regarder. Le prochain mouvement physique devait venir de lui.

"Il faut prendre le temps d'apprécier les petits plaisirs que la vie nous offre." Elle faisait le premier pas par les mots. "Beaucoup oublient simplement de regarder le monde autour d'eux. Depuis combien de temps n'avez-vous pas pris le temps de simplement regarder les étoiles ?"

La question était une invitation muette de faire de même, certainement un moyen de l'aider à s'évader temporairement et de perdre pour de bon ce masque qu'il portait quelques heures auparavant. Cela voulait-il dire qu'elle acceptait ses conditions ? Certainement. Fallait-il maintenant qu'ils réussissent à communiquer, car le seul moyen qu'il avait de la connaitre mieux était de la découvrir et de lire dans les mots qu'elle pouvait prononcer.

"Certains humains pensent que les étoiles ont quelque chose d'apaisant, elles leur permettent de s'évader de leur réalité et de rêver d'une vie meilleure. J'ai connu une humaine qui pensait que ces dernière iraient exaucer certains de ses vœux les plus chers." Elle resta pensive quelques instants. "Je crois qu'ils ont été exaucés."

Avait-ils réellement été exaucés ? D'une certaine manière on pouvait dire que oui, ou plutôt tout dépendait du point de vue et rien ne disait qu'aujourd'hui cette humaine serait heureuse du fameux résultat. A la manière dont elle en parlait cette dernière était certainement morte depuis très longtemps et l'on pouvait facilement imaginer que la vampire avait été proche d'une manière ou d'une autre de cette humaine, peut-être l'avait-elle tuée ? Ou alors l'avait-elle faite tuer ? Face à un vampire on pouvait facilement se le demander, car très peu se souvenaient de leur vie d'avant et peut-être était-ce une des réminiscences liées à son passé en parlant de l'humaine qu'elle était à la troisième personne.