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La lisière Elfique est en place à la frontière du 27 octobre au 27 novembre . L'entrée ou la sortie du Royaume Elfique sont donc compliquées entre ces deux dates.
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L'art et la manière [flashback Katharina]

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MessageSujet: L'art et la manière [flashback Katharina] L'art et la manière [flashback Katharina] Icon_minitimeLun 16 Déc 2013 - 22:46

An 1746 de l'âge d'argent, fin de l'été.

*****

Une journée comme il y en avait rarement eu ces derniers temps sur le hameau de Blaenes : des trombes d'eau et un brouillard froid. Lové à l'ombre d'une colline à quelques lieues d'Aldaria, le village était surtout connu pour son auberge, qui voyait les voyageurs éreintés y faire étape en venant ou en repartant de la grande cité impériale. Et ce jour ne faisait pas exception, en cet été de l'an 1746. Un temps humide et froid enveloppait la région, au grand damne des patrouilles et des chariots marchands embourbés le long des chemins.
C'est dans cette atmosphère au goût d'automne qu'une ombre massive se détacha dans la brume sur l'une des routes menant à travers la campagne. Un cheval noir courbait l'échine sous le crachin glacial, emportant sur son dos une silhouette étrange. Une cape grossière jetée sur les épaules, épée au côté lui battant le flanc, l'eau ruisselant sur l'armure à l'éclat terni par la crasse, voilà le duo improbable s'enfonçant dans la plaine en direction de la civilisation.
L'un des marchands, occupé à pester après son chargement impossible à tirer hors de la charnière, ne se retourna pas. Son compagnon en revanche, leva les yeux vers le cavalier qui passait là.
« Eh ! Eh vous là ! Vous avez l'air costaud non ?! Vous pourriez pas donner un coup d'patte à un malheureux commerçant en péril ! On est coincé là ! »
Il fit un grand signe du bras, dégageant d'une main, sa capuche et les mèches trempées qui lui barraient le visage. Le cavalier tourna la tête sur le côté, stoppant sa monture. Derrière le rideau de pluie, l'homme plissa les yeux.
« Je vous le revaudrais, n'ayez crainte ! Mon or récompensera votre peine ! »

Sous l'étoffe alourdie, les mailles de 'armure crissèrent légèrement. Le masque pivota pour laisser deux yeux blancs scruter le visage de l'humain.
Avait-on le temps pour ce genre d'opportunité ?
Pas vraiment.
Quel dommage. Non. Ceux-là étaient trop verts et bons pour des goujats...

Elle laissa s'échapper un sifflement rauque.


Le cheval renâcla. Un coup de bride, et l'inconnu s'éloigna. Le marchand laissa s'échapper un juron.
« Que le Dracos vous maudisse ! Les gens de nos jours... Que des égoïstes et des mécréants ! Rentrez donc chez vous vous vautrer dans votre suffisance crasse ! »
Le poing brandi, il insultait copieusement l'ombre disparaissant de nouveau dans la brume. Sa voix finit par se tarir, et malgré la colère qui lui nouait les entrailles, il ne put réprimer un frisson, et une petite voix dans un coin de sa conscience.
« Tu l'as échappé belle, inconscient. »

*****

Sous ses airs de mercenaire solitaire, Althaïa Actaaë se présenta aux portes de Baenes. La patrouille, ce jour-là, ne s'était pas attardée dans le bourbier qui faisait office de travée, et le garde en charge de la porte principale ne lui jeta qu'un rapide coup d'oeil, qui se résuma à l'examen de son masque, sa poitrine... et au sac en cuir rebondi pendu à sa ceinture.
D'un signe de main, il lui indiqua de ne pas s'attarder d'avantage. Certainement y avait-il autant d'eau à l'intérieur de ses bottes qu'à l'extérieur...
Tiahanloth, caparaçonnée inutilement d'un harnachement humain pour le voyage, ruminait sa hargne en émettant de temps à autre un ronflement sourd, signe manifeste de sa désapprobation. Quelques visages inquiets se tournèrent vers elles. Mais nul ne s'enquit de les interpeller, surtout lorsque, d'une main leste, Althaïa déposa une belle poignée de pièces rutilantes dans la main tendue d'un mendiant... en échange d'une indication pour le moins incongrue, que le vieux malade ne garda pas pour lui une seconde de plus.
Les gardes n'étaient pas vraiment un problème. Les mages en revanche... Elle n'espérait pas en croiser, du moins pas d'assez près pour que l'un d'eux ne ressente son aura. Mais les êtres sensibles, même dans la cohue abominable de l'allée principale rendue nauséabonde par la boue et les ruissellements, s'écartaient vivement d'elle et de son destrier. Il fallait faire vite. Forte de ses nouvelles informations et du fonctionnement du microcosme dans lequel elle évoluait à l'instant, Althaïa ne s'attarda pas d'avantage. Direction : les ruelles étroites et peu recommandables des extrémités de la ville des mages. L'arme et l'attirail dérobé à sa dernière victime lui avait été d'une grande utilité pour se fondre dans la masse humaine interloque qui y avait élu domicile. Car pour les profanes, rien ne la distinguait d'une mercenaire particulièrement précautionneuse. Un atout qu'elle avait décidé de jouer. Elle avait attendu plusieurs semaines avant d'entamer la traversée de l'Est de l'Empire. Juste pour profiter de ce climat déplorable, qui voilait le soleil et diminuait considérablement l'attention des badauds. Ainsi, Althaïa avait mis en œuvre l'une de ses entreprises les plus périlleuses depuis longtemps : s'aventurer dans l'une des cité humaines les mieux gardée. Aldaria, ville d'albâtre sertie de magie. Tout son être oscillait entre le ronronnement de satisfaction et le reniflement de mépris propre à sa condition de vampire.

Arrivées aux devants des portes de la cité, la monture et sa cavalière se mêlèrent avec une discrétion surnaturelle au cortège incessant des charrettes bâchées, sous le regard pourtant vigilant des gardes. Althaïa avait pris soin d'observer avec attention le comportement de ses proies avant de s'aventurer parmi elles. Elle avait prudemment levé un à un les leviers pour trouver ceux qui permettaient d'obtenir telle ou telle réaction. Et l'argent avait occupé une place privilégiée. Tout autant que l'intimidation ou le charme.
Grâce à sa petite sortie de la dernière lune, elle avait les trois. Les sabots claquèrent sur les pavés, et la robe obscure de la jument disparut dans l'ombre d'une ruelle étroite.
Là, des miséreux arpentaient les quartiers en contre-bas. Les maisons, bien loin du faste éclatant qui s'élevait sur les hauteurs de la ville, faisaient penser à un enchevêtrement complexe édifié année après année, dont l'équilibre précaire ne semblait assuré que par l'exiguité même des lieux. Un acordéon de façades délabrées d'où filtrait parfois la lueur d'une chandelle. C'est dans l'amas de taudis gris plongé dans la mélasse boueuse que la Dame de Fer s'enfonça sans hésiter, laissant son sens de l'orientation travailler pour elle. Ce labyrinthe là n'était pas plus terrible que ceux des profondeurs. Sa présence provoqua néanmoins quelques émois parmis les jeunes humains désoeuvrés. Certains lancèrent des cris apeurés en croisant son regard. Mais elle avait disparu lorsque les parents, affolés, sortaient le nez dehors.

Enfin, elle mit pied à terre dans une impasse. Les humains qui se terraient ici n'étaient certainement pas parmi les plus appréciés de leur espèce. Mais elle même contrastait sans doute bien plus encore dans ce décors... La vieille enseigne de boutique qui pendait lamentablement en façade indiquait que, peut-être, dans un lointain passé, cet endroit fût fréquenté. Actuellement, il n'y avait pas la moindre trace de vie. Sinon celles que son nez de prédateur détectait au travers des fissures et des pas de portes.
Ils n'avaient probablement pas programmé de visite. Sûrement pas la visite de conseiller vampirique, ni celle de mage en quête de renseignements précis. Dommage.
La main griffue s'abattit sur la poignée.

Tiahanloth dressa les oreilles. Althaïa perçut alors une odeur. Une odeur que nul autre qu'elle ici n'aurait pu aussi formellement identifier.
Vampire.

Tiens donc.
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MessageSujet: Re: L'art et la manière [flashback Katharina] L'art et la manière [flashback Katharina] Icon_minitimeVen 20 Déc 2013 - 11:44

C’est la fin de l’été. On aurait pût escompter, pleins d’espoir, un automne prochain plus chaud qu’à l’accoutumée, en raison de l’ardente chaleur prépondérante ayant affaibli les braves et fait suer les bêtes tout au long de la saison, mais cela aurait été sans compter cette journée : au climat étonnamment glacial. En dépit de l’habitude, la fameuse, sur laquelle les paysans se fixent sans réflexion et sur laquelle les empiristes élaborent leurs thèses les plus fausses, le temps avait décidé de radicalement changer, afin d’opter pour de la pluie. Ainsi miroitaient à travers les nuages les derniers lumineux rayons, quoique quelque peu affaiblis, sur une brume tant épaisse qu’elle semblait être faite de coton. Le sol à peine visible, quant à lui, se devinait boueux et difficile à traverser. Et c’est ainsi que marron et blanc s’étaient associés pour former un climat plus que désolant à subir en cette fin d’été, et quand bien même se distinguait une forme de vie, en cette brume illusoire.

« Quel temps de chien ! »

Pensée perdue parmi tant d’autres identiques, celle-ci provenait d’un être quelque peu différent, si ce n’est marginal. Perchée à un mètre quarante du sol, et pestant contre le froid, une fillette paraissant être âgée d’une douzaine d’années seulement, guidait seule, son poney, sous la pluie battante : Katharina Says, 1200 ans, vampire ancestrale de son état.

- Allez Chétif ! On ne devrait plus être très loin !

Lança la petite fille à l’œil fou sous une paupière de velours, de longs cheveux dorés venant parsemer ses épaules. Elle avait mit un manteau de cuir à capuchon pour se protéger de l’averse. Elle donna un grand coup de jambes à son mini équidé, qui traînait faiblement des pattes au trot dans la gadoue. Celui-ci dressa les oreilles par attention, mais, trébuchant, les rabaissa aussitôt, contrarié. Néanmoins, la vampiresse n’avait pas tort, le couple loufoque était arrivé à destination. Après de longues heures de trajet pour satisfaire son vieux maître Edgar, la jeune Katharina allait enfin pouvoir récupérer l’objet de sa quête. Une fois devant l’imposante ouverture introduisant la ville d’Aldaria, la fillette n’eût plus qu’à interpréter son rôle habituel, afin d’utiliser la bonté des gardes pour se jouer d’eux. Alors que l’un des soldats la balayait du regard de haut en bas, la fillette répondit simplement par un sourire quelque peu gêné, mais surtout épuisé, qui suffit amplement à faire pivoter le bras de l’homme en direction de l’entrée.

« Accès, autorisé. »

C’est donc avec une facilité risible que la vampiresse se glissa au sein de la ville des humains. Elle laissa néanmoins son Chétif à l’entrée, attaché dans l’écurie, à l’abri des cordes, et lui donna un dernier regard affectueux avant de s’enfoncer dans la cité impériale, ne songeant plus qu’à son unique objectif.

Aldaria la Superbe. La cité portait remarquablement bien son nom en raison de la beauté manifeste qui regorgeait les bâtisses de blancheur, de dorures, et d'inscriptions relatant la magie omniprésente de la ville. La hauteur des piliers et la finition parfaite des bâtiments, pour la plupart faits de marbre et autres matières peu courantes, surprendrait toujours la fillette. Mais le sol, bien qu'initialement constitué de pavés nacrés, était en grande majorité recouvert d'eau boueuse accumulée par l’orage. De multiples personnages croisèrent la route de la petiote, aussi différents soient-ils, allant du mendiant se traînant, mourant sur le sol boueux, jusqu'au noble chef de guerre ayant dirigé maintes batailles. L'avantage incontestable de la vampiresse était sa petite taille ; qui se méfierait donc d'une candide enfant, à l'allure si innocente ? Sa traversée fût rythmée d'un pas de course, bien que ses pieds furent trempés, et elle dédia de brefs sourires narquois aux pauvres villageois inconscients qu'elle scrutait.

" Un vampire chez les humains... Quelle ironie. "

Katharina ricanait intérieurement. Un groupe de soldats marcha vers elle. Un coin de rue à gauche et elle tournait brusquement. Son avancée était certaine, son pas sûr. Elle n'avait inquiétude de rien, pour elle aucun humain ne pouvait discerner sa véritable nature. Son but s'annonçait proche, elle le sentait. Sa route se détourna rapidement vers des quartiers moins sûrs, et de moins en moins fréquentés. Le bruit tonitruant de la pluie sur les tuiles horripilait la jeune fille, mais elle se concentra d'autant plus sur sa recherche, la fameuse boutique. Moins les quartiers étaient éclairés, et plus son chemin s'y orientait. Elle décela de loin l'endroit convoité, et soupira de soulagement en s'y trouvant enfin. Le lieu était étroit et malpropre, mais cela l'importait peu, après tout, le Royaume vampirique était de loin la résidence la plus insalubre de sa connaissance. C'est alors qu'un évènement complètement inattendu se produisit. Il n'était plus question de simple humain, une odeur très fortement familière se fit ressentir : la présence d'un vampire. Impossible ! Elle n’aurait jamais pu le prévoir. Son regard désorienté balaya alternativement toutes les directions, avant de déceler l'individu à l'odeur perçue : une dame vampiresse, à cheval, entièrement vêtue d'armure d'acier, postée devant la porte même de sa destinée. La petite innocente ne pût se camoufler, en effet la femme des ans semblait déjà à la connaissance de sa présence. Celle-ci se tourna vers elle, et la figea d'un regard aussi brut que son apparence. Se voulant être discrète, Katharina lui répondit par un air interrogateur, et fit mine que le moment n'était vraiment pas propice à un quelconque affront. La vampiresse dégageait une aura particulièrement glaciale, que la fillette n'escomptait ainsi absolument pas devoir confronter. Alors, elles entrèrent toutes deux dans la boutique, et firent mine de ne pas se connaître. La scène s'annonçait drôle.

L'intérieur reflétait parfaitement la lugubrité de l'extérieur. La pièce qui fût dévoilée n’était pas très grande, et un certain amas de poussière ornait le vieux parquet. Au centre, une table rectangulaire au bois pourri, que quatre pieds maintenaient bancale, était surplombée d'entassements d'objets divers. Des fioles, en majorité, contenant de mystérieux liquides, mais aussi des parchemins, boussoles, et autres instruments magiques y figuraient. Les côtés de la pièce, eux, étaient entièrement cachés par des étagères emplies de livres en tous genres, et une atmosphère étrange englobait la totalité de la boutique, se traduisant par des senteurs d'encens et une certaine odeur de pourri dans un recoin. Passé la porte d'entrée, une petite marche, et voila les deux vampiresses au cœur de l'endroit, dont les pas firent craquer le vieux parquet. L'intérêt de chacune différa immédiatement, elles se séparèrent et entamèrent leur recherche. L'homme, au fond, arborait un air sinistre, un chapeau miteux et tordu cachant une partie de son visage au teint pâle, où un œil blanc pouvait se distinguer, et une bouche coupée au couteau ornait son menton prononcé, elle-même devancée d'un nez prépondérant et crochu. Il lança à la fillette s'avançant vers lui un très surprenant :

- Bienvenue...

D'une voix râlante. Alors, Katharina lui chuchota le fruit de ses demandes, afin d'être indiqué par le commerçant. C'est à ce moment que l'autre sembla s'intriguer de ses recherches, et la petite fille se sentie observée. Katharina s'avança sur le petit meuble en question, et saisit, un rictus aux lèvres, la volonté de son maître. Elle se tourna pour se rendre de nouveau au comptoir, mais sursauta brusquement à la vision de la vampiresse en face d'elle.
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MessageSujet: Re: L'art et la manière [flashback Katharina] L'art et la manière [flashback Katharina] Icon_minitimeVen 27 Déc 2013 - 23:30

Au coin de la ruelle, à peine découpée sur les murs sombres de crasse, une petite silhouette chétive recouverte d'un manteau de cuir aussi grand qu'elle s'était figée à sa vue. Deux yeux dorés luisaient faiblement dans l'ombre, une lueur de surprise s'y reflétant quelques instants. Sans détourner le regard, Althaïa abaissa lentement la poignée.
La présence d'un être sombre parmi la gente humaine, à des lieues de leur retraite, ne pouvait être le fruit du hasard. La Dame analysa rapidement la situation : aucun espion vampirique ne se serait risqué à découvert d'une façon aussi maladroite, d'autant plus que le seul qui aurait pu s'enquérir de la suivre n'avait aucun intérêt à le faire. Et quand bien même, entrer à sa suite dans un lieu clos avec une intention à son égard se solderait par une mort fort douloureuse. Elle n'aimait pas la compagnie, d'autant plus si celle-ci n'était pas dument demandée avec les formes. L'autre lui lança un regard équivoque. Elle avait l'air sincèrement surprise. Qu'elle le soit ou non, Althaïa avait juger que ses intérêts immédiats n'étaient pas en contradiction avec cette présence trop fortuite pour être innocente.
Tiahanloth, autour du pilier rongé qui soutenait encore l'appentis, tira sur la bride. L'odeur de l'autre l'attirait visiblement, et elle lançait un regard intéressé à la petite vampire.
La porte pivota dans une série de craquements, le bas raccommodé tant bien que mal ripant sur le sol irrégulier.


L'air était saturé d'humidité et du parfum âcre de parchemin moisi. On respirait au travers d'un rideau de poussière collante, et l'on était bien en peine de se demander comment humain pouvait vivre dans une telle atmosphère. N'ayant point ce souci là, les vampires se fondirent dans l'ombre de la morne boutique. Althaïa se coula comme un reptile entre deux rangées. Direction : les parchemins. Il devait forcément s'y trouver. Peut-être pas complet, mais une bonne partie tout du moins... Après quelques minutes, elle arrêta sa main à hauteur d'un gros rouleau sur lequel un beau lichen blanc avait élu domicile. La Dame s'en saisit vivement et le déroula d'un geste. Elle le replaça aussitôt. L'opération fut réitérée plusieurs fois, sans plus de succès. La vampire se rabattit vers l'allée centrale, attrapant quelques ingrédients intéressants au passage et les glissants dans le sac de sa ceinture sans aucun scrupule.
Y avait-il quelqu'un ici pour croire qu'elle paierait ses articles... ? L'argent est une préoccupation purement mortelle, et les rares fois où elle avait échanger quelque babiole contre monnaie sonnante et trébuchante, c'était dans le cadre strict d'achat officiel chez les marchands de son peuple. Pas de recherches personnelles dans les bas-fonds Aldariens...
Althaïa enregistra une silhouette voutée derrière les piles hétéroclites qui garnissaient le comptoir.
Elle laissa ses doigts glisser le longs des tranches irrégulières des vieux livres en piteux état plus ou moins alignés sur les étagères. Entre deux volumes d'un registre sur les plantes comestibles des régions du Nord, elle vit l'étrange fillette se diriger d'un pas conquérant vers le propriétaire, qui, bien loin d'être un mage clairvoyant malgré son aspect de sorcier vermoulu, ne sembla pas troublé le moins du monde par l'aura puissante dégagée par la drôle de gosse qui se présentait à lui, souriante. La situation avait quelque chose de particulièrement jouissif pour les vampires. Bizarrement, les humains les plus prudents envers les autorités de leur empire étaient parmi les plus naïfs face aux créatures d'autres races. À moins qu'il y ait eu par le passé des vampires assez sots pour laisser ce marchand véreux s'en sortir sans une égratignure... Althaïa n'aimait pas les magouilles, et sa franchise prenait souvent la forme d'un tranchant acéré ou d'un sort bien placé. En l'occurrence, ne pas trouver l'objet de sa convoitise menait son esprit à considérer le marchand non plus comme un simple élément du décors, mais comme une cible verrouillée dans son collimateur. À ce moment, la petite vampiresse sortit quelque chose de sous le manteau. L'œil froid de la mante ne mit pas bien longtemps à en reconnaître la forme, et un nouveau paramètre entra dans l'équation : une tractation des plus intéressantes avait lieu en parallèle, et il était idiot de ne pas en prendre connaissance. Les mages vampiriques puissants étaient rares, car la majorité des sombres voyaient leur magie comme un accessoire accompagnant très bien leurs capacités physiques surhumaines. Il n'existait dans les profondeurs aucune école autre que la survie pour développer un hypothétique talent dans ce domaine complexe. Ceux doués naturellement, cependant, y trouvaient là un fabuleux terrain d'entraînement.
Pour posséder une aura aussi imposante, celle-ci devait faire partie du cercle restreint. Loin de se laisser abuser par l'apparente candeur du petit être vicieux, Althaïa s'approcha sans un bruit dans l'ombre des deux compères. L'humain s'emparant avec avidité de la somme dorée que lui présentait la fille, la fille posant un regard adorateur sur l'artefact. Althaïa détailla rapidement l'étrange scène, avant de se concentrer sur la vampire qui jubilait en silence devant sa trouvaille. Intriguée, elle l'était, car alors ce qu'elle voyait soulevait plus d'une question. Qui était cette mage dont le visage lui évoquait vaguement quelque chose. Sa mémoire n'était pas si bonne, et sa sociabilité plutôt catastrophique.
Et puis... allons... depuis quand l'un des siens trafiquait aussi naturellement avec les sang-chaud ? Elle avait l'air d'une habituée. Sans doute n'était-ce pas sa première manœuvre.

Althaïa se trouvait maintenant juste derrière elle, et le contraste de leur taille devint saisissant. L'inconnue lui arrivait à peine à la taille, et pourtant sa magie fluait à travers elle avec une intensité peu commune. Mais d'une manière très inhabituelle. Le marchand, les yeux rivés sur son butin, ne vit pas plus loin que le bout de la table. En revanche, lorsque la demoiselle se retourna pour disparaître avec sa trouvaille, elle manqua de se heurter le front contre les écailles d'acier. Avec un souffle de surprise, elle s'écarta d'Althaïa, tournant vers le masque ses grands yeux d'or. L'iris blanc se planta un instant dans les billes brillantes, avant de dévier vers l'artefact, puis de revenir.
L'humain releva lui aussi le regard, et le rictus de satisfaction perverse qui s'était brièvement peint sur son visage s'évanouit, remplacé par une grimace de terreur mêlée de stupeur. Étrange clientèle que voilà. Mais les deux autres ne lui prêtaient plus aucune attention.

« Il n'est pas courant de voir les nôtres s'intéresser à ce genre de vieillerie, dit Althaïa d'un ton parfaitement neutre, sa voix trainante emplissant d'un coup l'espace confiné de la boutique. Qui plus est, a-t-on vu un mage s'adonner au commerce avec les diurnes d'une si sotte façon ? Vous dépensez votre fortune pour ce que vous pouviez obtenir en levant un doigt. Épargnez-vous ces manières inutiles et coûteuses, et trouvez-là un gain de temps inestimable. »

L'objet aux formes obscures luisait faiblement dans la main de la petite. Il lui aurait suffi d'une fraction de seconde pour s'en emparer. Mais pas de cela avec l'un des siens. On pouvait lui prêter les traits de la sauvagerie, elle ne s'y adonnait qu'en certaines circonstances, et les siècles avaient depuis bien longtemps affuté sa tempérance. D'un léger mouvement du menton, la Dame de Fer désigna l'artefact. Rien en elle n'était plus agressif que sa froideur naturelle, et sa curiosité envers cette comparse intrigante pouvait presque la faire passer pour aimable, si tant est qu'un spectre vêtu d'acier jusqu'aux yeux puisse inspirer un tel sentiment.

« Trois exemplaire en tout Armanda à ce jour. Peu de personnes connaissent leur existence, et bien moins encore se donnent les moyens de les retrouver. J'en déduis donc que votre source était sûre. À moins que vous n'ayez joué de chance. La première hypothèse me semble plus plausible néanmoins. »

Althaïa appuya sa remarque d'un regard pénétrant.
L'autre ne sortirait pas de la boutique sans qu'elle ne fut sûre de ses prétentions, ni de l'origine des flux étranges qui émanait de la frêle dentue. Une découverte en valait bien une autre. Sa recherche pouvait attendre, l'humain aurait de toute façon droit à un interrogatoire en règle, histoire de le mettre à égalité avec son acolyte, rencontré trois mois auparavant.
Mais les choses ne sont pas forcément ce que l'on croit.
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MessageSujet: Re: L'art et la manière [flashback Katharina] L'art et la manière [flashback Katharina] Icon_minitimeVen 10 Jan 2014 - 20:00

Dans l’étroite boutique à l’odeur nauséabonde, la rencontre entre les deux vampiresses fût physiquement marquée. Le choc physique ne fût rien comparé à la crainte que ressentit la petite envers sa consœur raciale. Le regard de chacune se planta dans l’autre, le temps fût comme suspendu et l’air ambiant gelé. L’inconnue, très haute de taille, et donc très impressionnante pour la petite fille, demeura une stature de marbre dans son armure d’acier. Mais l’agressivité présente au prime abord sembla se fondre lorsqu’elle prit la parole.

Son premier discours fût purement argumentatif, bien que volontairement rabaissant, et visait à faire gagner du temps, tout simplement. Une vraie pensée de vampire. Plutôt que de se perdre à parlementer, préférer la flemme à la peine. La fainéantise, l’oisiveté, et toutes ces sortes de sentiments ne s’exprimant sans réflexion que par la violence, l’égoïsme, rendant en fin les vampires solitaires : égaux à eux-mêmes. Cette remarque dessina un sourire en coin sur les lèvres de la petite. En l’apercevant, l’autre aggrava la mine et les pupilles de ses yeux noirs semblèrent se dilater. Son égotisme avait-il pour limite la susceptibilité ? Non, cela serait trop commun.

Elle sembla alors prêter un intérêt pour son artefact, l’objet de sa quête. Devant le regard perçant de l’étrangère, Katharina, effaçant son sourire narquois, resserra la poigne. Geste bien inutile en réalité, mais vieux reflexe que la petite avait gardé. Le sentiment d’agression de la grande semblait s’être changé l’espace d’un instant en curiosité, adoucissant le contour de ses prunelles. L’étrangère reprit. Et cette fois-ci, aborda uniquement le sujet de l’objet, émettant avec un certain sarcasme l’hypothèse que la petite ait joué de chance pour le dénicher. Le rabaissement avec lequel l’autre la dénigrait offensa la petite, qui l’exprima par un nouveau très grand sourire, découvrant ses petites canines acérées, ornant ses lèvres rouges et fines.

* Qu’ai-je fais pour qu’elle me parle comme ça ? Moi qui espérait œuvrer en secret... *

La petite fille jeta un regard inquiet au gérant, qui semblait très inquiet devant leur duo. Elle exprima discrètement la déception de son échec diplomatique par un soupire râlant.
La vampiresse, quant à elle, demeura raide, les sourcils droits, l’intention neutre, à la recherche de l’explication de la petiote. D’un mouvement de poignet, celle-ci rabattit sur son large manteau de cuir sa chevelure châtain.

- Bizarrement, j’entends de la jalousie derrière votre conseil faussement amical. Certes mes manières semblent étranges, mais comme tout acte elles ont un fondement. Si j’avais usé d’illégalité en ma première venue en ces lieux, aurais-je pu ensuite y revenir aussi fréquemment sans m’attirer d’ennui ?

La petite, bien que dans le fond insolente, avait parlé de manière totalement logique et dépitée d’agressivité. De la même voix aigüe, elle enchaîna :

- Quant à cet objet, dont j’ignore parfaitement l’utilité, elle le posa sur un meuble miteux pour le désigner et libérer ses mains avec lesquelles elle s’exprimait, geste prouvant à la fois son incrédulité et pouvant aussi initialement être interprété comme de la provocation. J’ignore ce que vous m’en énoncez mais je me contente de réussir à la tâche, soit de le ramener.

Presque comme pour illustrer ses propos, la petite fille récupéra furtivement l’objet et s’apprêta à quitter banalement l’échoppe, mais fût brusquement retenu par son interlocutrice. Le gérant de la boutique, quant à lui, semblait se terrer derrière son comptoir poussiéreux, arborant la volonté de quitter l’endroit. La poignée de la vieille porte d’entrée n’avait pas tourné depuis la présence des deux vampiresses. Grâce sûrement, au temps, ou à l’obscurité de l’endroit. Le silence entre leurs discours demeurait très pesant, et aurait donné froid dans le dos à n’importe quel humain assistant à la scène. En la retenant, la vampiresse revigora l’esprit de la petiote d’une interrogation nouvelle. Visiblement, celle-ci suscitait un intérêt très prononcé chez l’étrangère.


NB : c'est peut être un peu court, je sais, j'ai voulu faire vite à cause de mon retard imprévu, je peux réécrire si tu le souhaites
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MessageSujet: Re: L'art et la manière [flashback Katharina] L'art et la manière [flashback Katharina] Icon_minitimeMer 15 Jan 2014 - 18:19

Rp abandonné par départ de la joueuse de Kath
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