Partie 1 (an 1656 de l'âge d'Argent) : Avant le commencement d’une vie…
… Il faut qu’un amour naisse entre deux êtres. Danaëlys était la troisième fille d’un marchand des environs d’Elena la Robuste. Quelques temps après le seizième anniversaire de sa cadette, il décida qu’il était temps de lui trouver un époux respectable. L’adolescente n’en savait rien. Un jour, alors qu’elle se rendait chez un fournisseur de son père, sa route croisa celle d’un jeune homme charmant. Ceci se passa ainsi…
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Danaëlys marchait dans une rue animée d’Elena. Elle traversait la foule sans prêter attention aux protestations des personnes dont elle écrasait les pieds. Une légère brise joua un instant avec ses longs cheveux d’un noir de jais. Elle souriait à la vie, comme à son habitude. Son regard s’attardait parfois sur une échoppe de bijoux. Soudain, tandis qu’elle rêvait de s’évader de cette ville trop étouffante à son goût, elle heurta un homme. Le sac de farine qu’il portait tomba lourdement sur le sol et son porteur jura. Puis, il releva les yeux et son regard sombre croise celui azur de la jeune femme. Il se confondit en excuse et s’inclina. Elle sourit et ses joues devinrent écarlates. Elle ne put s’empêcher de le trouver charmant avec ses cheveux bruns en bataille, ses traits fins tout comme sa silhouette. De son côté, il la détailla un instant et la trouva très belle avec ses doigts délicats et son sourire angélique.
Les jours puis les semaines passèrent et les deux jeunes gens apprirent à faire connaissance au fil de leurs rencontres. Danaëlys cachait cette relation naissante à son père. Le jeune homme s’appelait Solinrë Elaryn et était fils de meunier. Autant dire que le marchand de tissus n’en voudrait pas pour gendre. Après deux mois de cette relation cachée, ils échangèrent leur premier baiser et la jeune femme décida que le moment était venu d’annoncer la nouvelle à son père. Arrivée chez elle, elle s’arrêta sur le seuil. Un homme parlait avec son père. Les deux hommes se tournèrent vers elle dans un même mouvement et l’inconnu sourit. Ses yeux étaient d’un vert émeraude et ses temps étaient grisonnantes, trahissant son âge.
-Ma fille, je te présente Jilanill Gertis, ton futur époux, annonça le marchant avec fierté.
Danaëlys n’en crut pas ses oreilles. Elle, avec ce vieil homme ? Cela ne pouvait pas être vrai. Une larme perla à son œil et coula sur la peau lisse de sa joue. On ne discute pas les ordres d’un père, elle le savait. Et pourtant, elle ne put se résoudre à abandonner Solinrë, son premier et seul amour. A cet instant précis, elle prit une décision qui influença toute son existence, celle de mentir.
-Père, je me suis offerte à un autre homme. L’homme à qui elle était promise partit en jurant. La jeune femme aux yeux bleus poussa un soupir de soulagement. Soulagement qui fut de bien courte durée puisque son père lui dit :
-Comment as-tu osé faire une chose pareille ? Je ne veux plus de toi dans ma maison et tu n’es plus ma fille ! Danaëlys partit en pleurant. Elle erra dans les rues d’Elena à la recherche de son amour. Elle ne tarda pas à le retrouver. Solinrë la prit dans ses bras et tenta de la rassurer, de savoir pourquoi elle pleurait ainsi. Entre deux sanglots, elle parvint à lui expliquer la situation. L’homme était d’un naturel optimiste.
-Ne t’en fais pas. Je ferai de toi ma femme et nous vivrons ensemble près du moulin de mon père. Je t’aime Danaëlys. Celle-ci se blottit dans ses bras comme pour se protéger de la vie. Ils partirent pour la campagne où ils s’installèrent. Il l’épousa deux semaines plus tard, pour leur plus grand bonheur.
Une année s’écoula et une petite fille vint au monde. Le jeune couple l’appela Gabriela. L’enfant avait les yeux et les cheveux de sa mère mais les traits de son père. Elle grandit et s’épanouit sous les regards protecteurs de ses parents. Sa mère n’eut pas d’autres enfants aussi Gabriela fut choyée.
Partie 2 (an 1683 de l'âge d'Argent) : Tout commence…
… Et tout a une fin. Gabriela venait d’entrer dans sa vingt-troisième année et n’avait jamais été aussi heureuse. Son père lui avait offert un arc splendide pour son anniversaire et elle comptait bien s’en servir. Les deux complices étaient donc partis à l’aube pour espérer trouver quelques proies. La jeune femme avait l’habitude de ces parties de chasse imprévues et les appréciait beaucoup. Elle lui offrait le sentiment de liberté dont elle rêvait. Cette fois, ils avaient prévu de partir pendant plusieurs jours vers l’est. La jument de Gabriela renâcla et la cavalière lui flatta l’encolure. C’était un autre cadeau de Solinrë pour ses dix-huit ans.
Le premier jour, il ne se passa rien. Ils installèrent leur campement dans un bosquet et Gabriela prépara de quoi se restaurer. Puis, ils se couchèrent et les ronflements du père ne tardèrent pas à venir perturber le silence de la nuit. Un sourire s’esquissa sur les lèvres de la jeune femme. Soudain, elle s’immobilisa, aux aguets. Elle avait cru entendre un bruit. Après de longues secondes de silence, elle secoua la tête et se dit qu’elle avait du rêver.
-Tu deviens paranoïaque ma vieille, il faut te ressaisir.Elle entendit de nouveau le bruit et sut que, cette fois, ce n’était pas le fruit de son imagination. Elle se redressa doucement et tendit la main vers son arc. Un sifflement qu’elle connaissait bien se fit entendre et elle plongea vers le sol. Heureusement d’ailleurs, car le trait porteur de mort ne fit qu’érafler sa joue, y traçant une ligne de feu. Gabriela n’osa pas se relever et rampa jusqu’à la couche de l'époux de Danaëlys. Mais elle eut beau le secouer, il ne se réveilla pas. Après quelques secondes, la jeune femme sentit un liquide poisseux couler sur ses doigts. Elle leva les yeux et vit la flèche plantée dans la poitrine de l’homme. Une larme perla au coin de son œil et glissa doucement sur sa joue. Elle l’essuya avec rage du dos de sa main et se redressa, restant tout de même accroupie. Elle plaça une flèche sur la corde de son arc et effectua un tour sur elle-même, le regard fixé sur la lisière des arbres. Elle ne vit rien et prit une décision dangereuse.
Soudain, aussi vive qu’un félin, Gabriela se leva et courut sur quelques mètres avant de plonger au sol. Le trait brûla son dos cette fois, transperçant sa tunique. Une grimace de douleur tordit un instant ses traits. Mais, maintenant, elle savait où se cachait le meurtrier de son père. Dans sa chute, son arc lui avait échappé. Heureusement, il n’était qu’à deux mètres. Sauf que, si elle allait le chercher, elle se retrouverait à découvert. Du regard, elle chercha celui de son père. Elle ne le trouva pas et décida de tenter le tout pour le tout. La jeune femme aux cheveux noirs rampa jusqu’à l’arme, s’en saisit et retourna à couvert. Ce qu’elle ignorait, c’est que son agresseur était une créature de la nuit. Elle ressentit brusquement une vive douleur dans sa jambe gauche. Lorsqu’elle s’adossa à un tronc d’arbre, à l’abri des flèches de l’intrus, elle sut qu’elle ne pourrait pas s’enfuir en courant. La tige d’une flèche dépassait de la chair de sa cuisse et le tissu qui l’entourait commençait à s’imbiber de sang. Elle perçut un bruit de pas et devina que l’inconnu s’avançait dans la clairière, sûr de sa supériorité. Il ignorait toutefois que Gabriela ne se laisserait pas tuer sans lutter jusqu’à son dernier souffle.
Attendant que son agresseur soit suffisamment avancé pour ne plus pouvoir rejoindre l’abri des arbres, Gabriela calma sa respiration jusqu’à ce que celle-ci devienne lente et profonde. Puis, elle s’agenouilla avec difficulté, sa jambe la faisant souffrir atrocement. Elle n’aurait qu’une seule chance, elle le savait. L’archère plaça une flèche sur la corde et se leva. Elle tendit aussitôt la corde et laissa le trait filer vers le meurtrier. Il ne fit qu’effleurer l’épaule de l’homme mais un liquide noirâtre jaillit de la plaie. Gabriela s’immobilisa et observa l’inconnu. Il avançait d’un pas sûr. Le clair de lune éclaira son visage et elle ne put que remarquer la pâleur de sa peau et son regard glacial. Un frisson parcourut son échine et elle sut qu’elle ne pourrait pas s’échapper. Il lui faudrait se battre ou mourir. Mais elle n’ignorait pas que ses chances étaient très minces. Elle se trouvait devant le meilleur prédateur au monde après tout et le vampire semblait déterminé à boire son sang.
La jeune femme aux yeux violets tenait toujours son arc à la main, mais esquisser le geste de l’armer aurait risqué de signer son arrêt de mort. Aussi, malgré ce qu’elle avait entendu dire sur les vampires et l’état déplorable de sa jambe, se mit-elle à courir vers les arbres, espérant semer la créature nocturne. C’était une cause perdue mais jamais elle n’aurait accepté de s’avouer vaincu. A chaque pas, la douleur se faisait plus intense et elle risquait de trébucher à tout moment. Elle sursauta et faillit s’arrêter lorsqu’une voix suave s’éleva.
-Cesse de courir, viens me voir, je ne te ferais aucun mal tu sais. Je peux même te soigner si tu es une gentille fille…
Cette proposition était si tentante que Gabriela faillit céder. Heureusement, l’image de son père mort lui rappela la nature de son poursuivant et elle reprit sa course boiteuse. Après plusieurs minutes, elle s’arrêta. C’était étrange qu’il ne l’ait pas déjà rattrapée. Peut-être était-elle parvenue à le semer ? Elle en doutait. Décidant qu’elle avait suffisamment couru pour cette nuit, elle s’assit contre un arbre et inspecta sa plaie. Elle n’avait pas osé retirer la flèche et le sang coulait toujours. Soudain, elle sentit une présence devant elle. Relevant les yeux doucement, elle trembla en découvrant le vampire à deux mètres d’elle. Elle était perdue, elle le savait. Toutefois, elle lutterait encore. Se saisissant de son arc, elle plaça une flèche sur la corde… Trop tard, l’être maléfique venait de plonger ses crocs dans la peau de son cou. Gabriela hurla, se débattit. Jamais auparavant elle n’avait connu une telle souffrance. Le venin qui coulait en elle la brûlait. Si elle avait encore été capable de parler, elle aurait supplié qu’on la tue.
Elle sentit le vampire la mordre de nouveau au bras puis à la jambe. Elle avait l’impression que chaque morsure allumait un nouveau brasier en elle. De longues minutes s’écoulèrent durant lesquelles le feu qui coulait en elle la détruisait de l’intérieur. Elle ne s’aperçut même pas que son créateur l’avait jetée sur son épaule et marchait vers une destination inconnue. Non, Gabriela était entrain de perdre la raison sous l’effet de la souffrance et de la fièvre. Les heures passèrent et ses souvenirs s’envolèrent de son esprit. La jeune femme se mit à vomir un liquide poisseux et sombre. Malgré sa conscience embrumée qui refusait d’accepter l’inévitable, elle sut que c’était du sang. Peu à peu, sa respiration devient plus difficile et les battements de son cœur plus faibles. Elle mourait de l’intérieur…
Partie 3 : Renaitre…
… De ses cendres. Ce fut l’impression qu’eut Gabriela en ouvrant les yeux. Sa gorge lui parut sèche et une soif tenace la tiraillait. Une soif de… Sang ! Elle n’avait aucun souvenir de sa vie humaine et de sa transformation. Une seule chose l’obnubilait, sa soif. Elle regarda autour d’elle et vit un homme assit sur une chaise. Il leva les yeux sur elle et quitta la pièce. Il revint quelques secondes plus tard, un être à l’odeur alléchante l’accompagnant. Ce fut sans réfléchir que la nouvelle-née se jeta sur sa première victime qu’elle vida de son sang en quelques minutes.
-C’est bien, bois mon enfant, dit une voix vaguement familier tout près d’elle.
Elle releva la tête pour voir qui parlait. Un filet de sang coulait de sa bouche, allant tacher sa tunique. Mais elle n’y prêta pas attention. Sa soif était étanchée, du moins pour l’instant. Elle put donc observer l’inconnu sans avoir envie de le mordre lui aussi. Son teint était pâle et ses yeux sombres portaient un regard glacial sur elle. Il avait de longs cheveux châtains et une cicatrice barrait sa joue droite. Il était vêtu d’une tunique noire et d’une cape de la même couleur.
-Je me nomme Connor Tahel et je suis ton créateur, se présenta-t-il.
N’ayant aucune raison de mettre en doute ses paroles, la jeune femme lui demanda :
-Et moi, qui suis-je ?-Gabriela Elaryn.Ainsi commença la nouvelle vie de Gabriela. Son créateur attendit toute une année avant de l’amener parmi les siens. Bien des années passèrent pendant lesquelles la jeune vampire vécut auprès de son créateur dans les souterrains du royaume vampirique. Et puis, vint l'an 1750 de l'âge d'argent et la guerre contre les humains. Bien vite, sa capacité à manier l’arc lui valut d’être enrôlée dans l’armée du Prince Wintel. Pas une seule fois cependant elle ne se porta volontaire pour participer aux raids commandés par Lorenz. La jeune femme aux yeux bleus ne fit jamais rien de plus que suivre les ordres, ne tuant que pour ne pas être tuée. Tachant de se faire aussi discrète que possible, elle ne put toutefois échapper aux railleries de ses camarades et des sbires du Prince des vampires. Comme ce jour où elle avait eu le malheur de rencontrer Norwen Ullylan…
Comme depuis son entrée dans l’armée, elle s’était rendue auprès de son lieutenant au lever du soleil pour recevoir ses ordres du jour. Un raid dans un village humain proche. Lorsqu’elle ressortit de la tente de son supérieur, elle s’étala de tout son long sur le sol dur. Etourdie et surtout surprise, Elle se releva avec prudence et son regard croisa celui d’une vampire qui lui était inconnue. Elle épousseta sa tunique et remit son arc en place. Puis, elle fixa la jeune femme avec étonnement.
Depuis ce matin-là, chaque rencontre avec Norwen se termine par un mauvais tour. La vampire aux cheveux d’ébène en porte d’ailleurs les nombreuses traces. Gabriela voue une haine silencieuse à sa semblable.
A part ses incidents récurrents, l’existence de Gabriela était comparable à ceux de tous les soldats de cette armée vampirique. Elle s’était plutôt bien adaptée à cette nouvelle vie et aux contraintes qu’elle impliquait. Très vite, elle avait cessé de jouer avec la nourriture et avait tenté d’espacer ses repas. On pourrait la qualifier de gentille vampire. De trois années s’écoulèrent ainsi et Gabriela ne se plaignit jamais de sa condition. Un jour, des soldats venus d’ailleurs débarquèrent sur Armanda, transformant le destin de chacun.
Partie 4 (an 1753 de l'âge d'Argent) : Certains choix…
… Peuvent changer le cours d’une vie. Ce fut le cas de Gabriela qui se retrouva impliquée dans une guerre qu’elle n’avait pas voulu. Aussitôt que la nouvelle du débarquement alayien parvint aux oreilles de Lorenz Wintel, celui-ci ordonna à son Général Blanc de préparer son armée pour l'affrontement. Tous les soldats furent ainsi envoyés au combat. Un combat dont l’issue était plus qu’incertaine.
Que faisait-elle là, au milieu de ses vampires déterminés à exterminer les assaillants ? Gabriela se sentait comme une étrangère parmi ses êtres agressifs. Elle contempla l’arc qu’elle tenait dans la main gauche et se murmura que sa place était ici, sous les ordres du Général Blanc, pour repousser les Alayiens vers la mer. Afin de conserver son calme, elle observa la courbe harmonieuse de son arme, le bois aux sculptures élégantes. Son regard s’attarda un instant sur le G gravé dans le bois. Elle se souvint de la première fois qu’elle avait touché un arc. Elle s’était sentie bien, rassurée. Depuis, elle faisait en sorte de toujours en avoir un à portée de main.
Du haut de son arbre solitaire, elle entendit les cris de guerre de l’armée étrangère. Elle saisit une flèche dans son carquois et la plaça sur la corde. Puis, elle attendit. La jeune femme aux cheveux noirs jeta un coup d’œil aux siens et vit qu’ils étaient prêts. Les premiers soldats ennemis furent bientôt suffisamment près pour qu’elle passe à l’action. Elle décocha une première flèche qui se ficha dans une main. Alors, tout s’enchaina très vite. Gabriela dut descendre de son perchoir pour ne pas se retrouver isolée et trébucha. Malgré ses efforts, elle fut rapidement coupée du reste de l’armée et se retrouva seule. Des cris de souffrance lui parvenaient de toutes parts. Désorientée, la vampiresse ne savait pas où se trouvaient ses semblables. Ils l’avaient abandonnée, contraints de reculer sous l’assaut Alayien.
Perdue en territoire hostile, risquant de croiser un ennemi à tout moment, la jeune femme s’empressa de se relever et de passer son arc dans son dos aux côtés du carquois. Elle se saisit de son poignard et s’avança, laissant les cris derrière elle. Nerveuse, elle cherchait un abri provisoire pour reprendre ses esprits et établir un plan pour rejoindre le prince Wintel au plus vite. Sinon, elle risquait de devenir une fugitive et elle ne s’imaginait pas devoir faire attention jusqu’à sa mort. Enfin, sa deuxième mort. Bientôt, elle entendit des bruits de voix. Aussitôt, elle se glissa derrière un rocher et demeura immobile de longues minutes. A en juger par le vacarme qu’ils faisaient, il devait s’agir d’une bonne dizaine de soldats Alayiens. Gabriela savait qu’elle n’était nullement de taille à les affronter de face. Aussi choisit-elle de rester cacher. Elle attendit encore dix bonnes minutes après que les voix aient disparu au loin avant de se relever et de reprendre ses recherches.
La nuit était bien avancée lorsqu’elle découvrit un bosquet. Elle décida d’y rester un peu pour réfléchir. L’archère ignorait tout de sa situation géographique mais elle savait pertinemment qu’elle ne pourrait rejoindre l’armée vampirique tant que les Alayiens seraient en Armanda. Sa décision était donc prise : elle essaierait de retrouver le renégat Kylian Wallam et se joindrait à lui. Elle pesa encore une fois le pour et le contre de ce choix. D’un côté, elle deviendrait une hors-la-loi aux yeux de Lorenz Wintel et de ses sujets, d’un autre, elle aurait plus de liberté. Et puis, le Prince des Vampires et son Général Blanc ne lui avaient rien apporté de toute façon, peut-être que ce serait différent avec Kylian. Elle l’espérait du moins.
Après une heure passée dans le bosquet de pins, elle reprit sa route en quête de ce vampire qu’elle ne connaissait que de vue. Tandis qu’elle marchait d’un bon pas vers le sud, elle se retrouva nez à nez avec un soldat ennemi. Les deux adversaires se toisèrent et Gabriela sut de suite qu’au combat rapproché elle n’avait que bien peu de chances. Trop peu pour qu’elle tente cette option. Elle s’enfuit, courant aussi vite qu’elle le pouvait. L’homme encombré de son armure ne parvint pas à la rattraper. Cependant, la jeune femme ne préféra pas prendre trop de risques et ne cessa de courir que lorsqu’elle commença à ressentir la faim. Ce fut à cet instant qu’elle comprit que survivre seule en territoire ennemi ne serait pas facile, surtout qu’il lui faudrait trouver de quoi se nourrir…
Gabriela Elaryn se refusait à abandonner. Ce n’était ni le moment ni l’endroit pour rêver de tranquillité. Elle se ressaisit et poursuivit son chemin, toujours vers le sud, fuyant les Alayiens, Lorenz Wintel et cherchant Kylian Wallam. Il lui fallait le trouver au plus vite, sinon, elle ne survivrait pas à cette guerre. Elle chercha sans relâche celui qui pourrait l’aider, assoiffée et apeurée. Elle croisa plusieurs fois la route d’Alayiens toujours isolés et s’enfuit à chaque fois. Cette guerre, elle n’en voulait pas. Elle n’aspirait qu’à retrouver sa tranquillité, avant que le Général Blanc ne l’enrôle dans son armée. Et pourtant, elle n’aurait d’autre choix que celui de se battre ou de périr sous les lames Alayiennes.
Gabriela passa les jours qui suivirent à chercher celui qu’elle avait décidé de rejoindre. Marchant droit vers l’est, elle finit par apercevoir la capitale humaine, Gloria la Magnifique. Peut-être le vampire s’y trouverait-il ? Elle l’espérait, épuisée par ce long voyage. En chemin, elle avait vu nombre des siens et d’elfes se faire exécuter par les Alayiens qui semblaient vouer une rancœur terrible à ces deux races. Il fallait que Kylian soit là, sinon elle n’aurait peut-être pas la force de poursuivre ses recherches…