Ah, Aldaria... Aldaria la Superbe, Aldaria la Délicate, Aldaria l′Excentrique également, si l′on s′en référait à certaines habitations. De là où elle se trouvait, la jeune fille pouvait apercevoir la haute silhouette épurée du Palais Blanc, la demeure de la famille régente de la ville. Un duc, si sa mémoire était bonne. Comment s′appelait-il, l′actuel ? Carolin ? Korental ? Korentin ? Oui... c′était cela, Korentin Kohan, Seigneur d′Aldaria. Hyrriena n′avait jamais eu le grand honneur de le voir, mais elle en avait entendu parler. Un homme bon, si ce que les rumeurs disaient étaient vraies. Un dragonnier également. Un point important à noter, puisque cela conférerai sans aucun doute une extravagante longévité audit dragonnier. Quoi qu′en réalité la vampiresse ne savait pas grand-chose des lois étranges qui liaient les deux êtres pour n′en faire qu′un esprit dans deux enveloppes charnelles différentes. Elle n′avait jamais ne serait-ce que vu ou entraperçu les énormes lézards écailleux, et elle devait bien reconnaître qu′elle en mourrait pourtant d′envie. Peut-être aurai-t-elle d′en croiser un un jour, d′autant plus que, toujours selon les murmures que la voleuse avait réussit à entendre, la bestiole était encore toute jeunette.

Hyrri soupira, s′étira, et fixa d′un regard paresseux la lune qui brillait au-dessus d′elle. Elle s′ennuyait profondément. Elle avait en quelques jours amassé suffisamment d′argent pour se permettre quelques jours de repos. Lui restait une question des plus intéressantes : que faire à présent ? Quitter la ville et ses environs ? Y rester ? Elle n′avait plus grand-chose à y faire à dire vrai. Sa rencontre avec le rebelle quelques jours plus tôt lui avait donné à réfléchir. Elle n′avait spécialement envie de rejoindre son camp, mais elle gardait, dans un coin de son esprit vampirique, la possibilité d′utiliser son aide contre de possibles services. Mais en attendant... ce n′était pas cela qui l′occupait.

Sa vie de voleuse, par moments, l′agaçait et la frustrait. C′était toujours la même chose, les mêmes gestes, et des objets semblables qui se succédaient au creux de ses mains. Parfois il lui arrivait de faire quelques surprenantes trouvailles ; ainsi avait-elle vendu la veille, à son receleur attitré, une superbe dague d′apparat qu′elle avait volé un peu plus tôt. D′argent, d′onyx et de lapis-lazuli, finement travaillée pour que sur la poignée apparaisse distinctement un scrarabé prenant son envol. Il lui avait rapporté une jolie somme, bien que beaucoup moins que ce que representait sa valeur réelle. Le risque, selon son acheteur, le risque. Il allait devoir la cacher un certain temps, jusqu’à ce que l′on oublie à qui appartenait pareille merveille.
Mais dans la plupart des cas, il s′agissait de statuettes, de vaisselles, de milles et uns objets ordinaires bien que précieux. A croire que tous les nobles avaient les mêmes goûts. C′en était exaspérant.

De nouveau, la vampiresse bougea, sentant sous son dos le piquant d′une petite branche. Elle souffla, agacée, et s′assit finalement à califourchon sur son siège improvisé pour observer les alentours. Elle se trouvait non loin des hauts remparts entourant la ville, à la lisière d′un petit bois des plus charmants.Devant elle, l′étendu d′herbe faisant office de tapis, moelleux et verdoyant. Elle laissa ses yeux mordorés parcourir la campagne, et aperçu rapidement les petites lumière qui dansaient aux fenêtres d′un village voisin... et large feu qui flamboyait joyeusement. Et bien, que se passait-il donc là-bas ? Probablement un mariage avait-il eu lieu dans la journée, ou une naissace ; mais quoi qu′il en était, tout ce petit monde semblait s′amuser allégrement. Et en se concentrant, même à peine, Hyrri pouvait entendre les notes de musique résonner avec entrain à ses oreilles à l′ouïe fine. Et bien, voilà qui sous-entendait probabablement quelques imprudents ivres qui se promènerai à des heures indues dans les rues. L′heure de la chasse avait donc sonné, songea-t-elle avec un sourire des plus innocents.

Un bond souple sur le sol tendre, dans un silence parfait, et la chasseresse fut au sol. Longeant la lisière des arbres, noire silhouette à peine visible dans l′ombre de la nuit, elle progressa rapidement... et s′arrêta brusquement. Quelle était donc cette odeur âcre qui lui revenait portée par le vent ? De la fumée et de la poix... des torches ? Alarmée, la voleuse se tourna brusquement vers les hauts remparts de la ville. Oui, c′était bien la lumière d′un groupe de soldats qu′elle apercevait, se rapprochant, et droit vers elle ! Par le sang du Dracos, que faisaient-ils donc là ? Voilà qui bouleversait ses plans.. un bond en arrière, et elle fut accueillie par la saine protection des arbres. Cela n′allait pas du tout... Elle commençait à se demander si finalement, elle n′avait pas un jour croisé la route d′un dragon qui l′aurait, d′une façon ou d′une autre, maudit.
Tel un écureuil à la longue crinière brune, elle se réfugia de nouveau dans la relative sécurité qu′offrait le ramage des arbres l′entourant. Penchée en avant, un genou sur l′écorce la soutenant et l′autre pied en équilibre sur les orteils, elle posa prudemment une main sur le tronc pour, de l′autre, dégainer une de ses lames. Elle savait fort bien que l′éclat de la lame risquerai d′alerter les nouveaux venus, mais... c′était plus fort qu′elle.

Ils s′étaient rapprochés bien plus que prévu. Que cherchaient-ils ? Curieuse, Hyrriena les observa faire des allers et retours dans les bois. En tendant l′oreille, elle capta sans problème aucun leur discussion. Il y avait une voix d′enfant parmi. S′était-il perdu ? Voilà qui aurait fait une rencontre intéressante. Mais à présent, il était trop tard pour qu′elle prenne le risque de descendre. Sa dague toujours en main, la jeune fille fronça les sourcils en entendant les ordres donnés. Pourquoi ce « rentrez en ville » ? Et lui, le dirigeant, que faisait-il seul ici ?
Décidément, les humains étaient de bien mystérieuses créatures. Ils se haïssaient et se protégeaient ; les guerres entre eux ne les gênaient pas, mais cela ne les empêchaient de risquer leurs vies pour sauver l′un des leurs, quand bien même ils ne le connaissaient pas.

Un vampire affamé aurait-été heureux de l′opportunité s′offrant à lui. Un homme seul, de nuit dans les bois, que demander de plus ? Un vieux vampire, rôder à l′art de la chasse, aurai sans aucun doute songé à la même chose. Hyrri, elle, se contenta de pincer les lèvres. Elle se méfiait toujours des hommes, certains étaient habitués à chasser les vampires, d′autant plus qu′ici il s′agissait d′un gradé.
Elle semblait avoir raison de se méfier. Rapidement, elle sentit son odeur se faire plus précise ; il se rapprochait. Elle se redressa et, dans un silence complet, recula jusqu’à ce que sous ses pieds, elle ne sente plus que le vide. Perchée sur le bout des pieds, elle finit par se décider à ranger son arme, mais trop tard. Le bruit s′approcha et elle sentit une présence non loin, jusqu’à ce qu′une lumière vienne l′éblouir. D′instinct, elle mit le bras devant les yeux, se protégeant tant qu′elle le put de la douleur causée par ce brusque changement de luminosité.
Enfin, ses pupilles s′habituèrent et elle distingua les halos lumineux qui flottaient plus bas. Elle se trouvait donc devant un mage... Ou plutôt, au-dessus de lui. Il était amusant de constater que sa magie était lumineuse, tandis que celle de la voleuse était pleine de ténèbres. Deux opposés.

-Vous devriez descendre de votre arbre et vous présenter si vous ne souhaitez pas que je le fasse brûler...

Quelle impolitesse ! Brûler l′arbre ? Etait-il donc fou ? Le feu ramperai jusqu’à ses frères branchus, se répandrai dans tout le petit et serai incontrôlable. Quel était donc cet humain près à tout détruire pour être sûr de ne courir aucun danger ? Sourcils froncés, crocs découverts, Hyrriena hésita. Elle n′avait aucune envie de se trouver face à magicien humain. Peut-être n′était-il pas très puissant, mais elle ne voulait courir aucun risque.
Enfin, elle se décida. D′un ample geste de la main, elle mit sa capuche et ajusta sa cape avant de sauter souplement au sol, arme toujours en main. De son visage, on ne voyait que ce qu′elle voulait bien montrer. Rien. Elle n′était qu′une simple silhouette se découpant avec peine dans la faible lumière que la lune voulait bien leur accorder.

Ses yeux de chat parcoururent rapidement le visage qui lui faisait face. Un visage jeune sur un corps musclé... et bien plus grand qu′elle. Une épée au côté, il ne semblait pas bien dangereux.
Prudente, la voleuse vérifia qu′elle se trouvait à une distance raisonnable, c′est à dire suffisamment lion pour que même en avançant d′un pas, il ne puisse la toucher. Elle ne doutait pas de ses réflexes, non. C′était plutôt que les longues années de sa non-vie lui avaient apprit qu′il valait mieux faire preuve de trop de prudence que pas assez.

-Auriez-vous peur ? Je ne vais pourtant pas vous manger...

Elle se contenterai simplement d′aspirer toute force vital en lui si elle le pouvait. Mais cela, il n′était pas censé le savoir. Sous le noir tissu qui la couvrait, un fin sourire éclaira son visage, moqueur. C'était une plaisanterie qu'il ne pouvait comprendre.

-Voyez ? Je range mon arme.

Ce fut effectivement ce qu′elle fit. Sans préciser non plus que ses crocs restaient sa meilleure arme. Où était l′intérêt si elle lui faisait peur en reconnaissant être une vampire ?

Peu conventionnel de se cacher ? Certes, Hyrriena n′avait pas grand-chose à redire là-dessus, mais elle n′était quelqu′un de tres « conventionnel » de toute facon. Comment une voleuse pourrait-elle l′être ?
Méfiante, elle observa l′etrange sourire qu′abordait l′inconnu qui l′avait dérangé. Qu′est-ce qui pouvait donc l′amuser et amener sur son visage pareil rictus, symbole de bonne humeur, de jovialité ou d′amusement ? Voilà qu′elle se trouvait face à un fou... C′était bien sa chance. Soupirant mentalement, elle se retint de grincer des dents et de prendre la fuite, et attendit patiemment qu′il enchaine. Au moins ne lui avait-il pas demandé d′ôter sa capuche. Du moins pas pour l′instant.

-Ne savez vous pas que les Bois sont particulièrement dangereux de nuit ? On y croise de nombreux prédateurs, tels les loups ... ou encore des Vampires, sans parler des Vagabond et des Pillards.

Un large sourire se dessinant petit à petit sur son visage toujours caché, la voleuse se retint de rire. Oh si, elle savait parfaitement qu′il y avait des vampires et des vagabonds ! Voilà qui était fichtrement amusant de s′entendre dire qu′il y avait des êtres comme elle dans les bois dont il fallait se méfier. Quel naïf... Quel idiot. Elle avait finalement eu raison de ne pas le tuer, au moins lui aurait-il permit de se divertir un instant.

-Oh, vraiment ? Mais ce n′est qu′un petit bois et, dans les arbres, je ne risque rien. Ne vous en faites pas pour ma sécurité, c′est aimable à vous, mais je sais me débrouiller.

Une aimable façon de lui signifier qu′il pouvait disposer. Mais malheureusement, il semblait ne pas comprendre le sous-entendu... ou ne pas vouloir le comprendre. Il ne bougea pas d′un pouce, et, frustrée, la vampiresse se demanda si elle pourrait retourner dans son arbre avant le début du petit jour. Il semblait bien bavard, et elle n′avait aucune envie de parler avec qui que ce soit. Cette fois-ci, il lui demanda de se dévoiler. Grinçant des dents, elle écouta la suite avec attention, sans vraiment savoir si elle était plus amusée qu′agacée ou vice-versa. Ainsi donc, il la prenait soit pour une jeune femme tres laide, soit pour une criminelle. Voilà qui était amusé. Quelle expression aurait-il, s′il savait qu′elle ne faisait que dissimuler son teint pâle sous le tissu ? Partirait-il en criant ou la tuerait-il ? Etrangement, elle opta plutôt pour la deuxième solution. Malgré son air sympathique et naïf, il était commandant de sa garde, si ce qu′elle avait entendu était vrai, et donc devait être doué pour les armes.

-L′anonymat est un art, Sire, que l′on se doit de cultiver. Dites moi, que préfrérez-vous, que je sois un laideron cherchant à dissimuler ses traits grossiers sous sa capuche ou une charmante fuyarde évitant les autorités ?

Un brin sarcastique, elle étouffa de nouveau un sourire. Elle n′avait aucune intention de montrer son visage, ni de loin ni de près.
Préférant detourner son attention de cette idée qu′elle jugeait mauvaise, elle lanca à son tour :

-Et vous, qui êtes-vous ? Et qu′êtes-vous ? La forêt est dangereuse, vous l′avez dit vous même... Que faites-vous donc ici ?

Elle n′allait certainement pas avouer que son ouïe était assez fine pour ai entendu tout ce qu′il s′était dit, et qu′elle savait parfaitement ce qu′il faisait ici. Inutile de l′effrayer. Elle avait rangé sa dague pour lui montrer qu′elle était inoffensive, il n′était pas utile de tout gâcher. N′avait-il pas dit qu′il n′avait pas peur ? Hyrriena n′avait de plus aucune intention de se retrouver enchainer ou tuée simplement par qu′elle avait joué au chat et à la souris avec un humain. Elle n′était pas ce genre de vampire. Sans doute nombre de ses pairs l′auraient-ils fait, mais pas elle. Elle était suffisement prudente pour savoir que tuer un soldat alors que toute la garnison savait où il était n′était pas ce qu′il y avait de plus intelligent à faire.
Sans bouger, elle posa donc la main sur son arme et joua avec la poignée de la dague, tête à peine penchée sur la droite, dos à la lune pour s′assurer qu′aucun rayon ne viendrai la trahir et éclairer son visage.

L′humain en face d′elle semblait quelque peu étrange. Il était un soldat, et il cautionnait l′art de la furtivité, comme Hyrriena l′appelait. Pourtant, la plupart des représentants du roi tel que lui avaientt l′habitude de préférer la franchise à tout le reste ; reste qu′ils attribuaient d′ailleurs aux hors-la-loi.
Elle se contenta donc d′un haussement de sourcils sceptique qu′il ne vit même pas puisqu′il que l′ombre enveloppait la jeune femme de ses bras protecteurs.

-Je pense qu'il serait préférable en plusieurs point que vous soyez une fugitive.

Là, elle ne put s′empêcher de détailler avec attention son interlocuteur. Etait-il ironique ? Ce ne semblait pas être le cas. Se moquait-il d′elle alors ? Non, non, il avait l′air tout à fait sérieux, bien que légèrement amusé. Peut-être était-il un espion à la solde de elle ne savait quelle guilde, ayant eu pour but d′infiltrer la garde ou de la surveiller. Ou les deux. Sceptique, elle crispa le poing, se demandant comment réagir. Prendre la fuite semblait être une bonne idée, là tout de suite. Etait-il un de ces jeunes arrogants rêvant de se trouver face à un criminel ou un voleur, pour ainsi avoir le plaisir de l′annoncer à ses amis ? Ou bien était-il un pervers psychopathe cherchant un rendez-vous dynamique... et dangereux ? L′un ou l′autre n′étant absolument pas pour elle, la voleuse pinça les lèvres et fléchit une jambe pour prendre appui dessus, prête à sauter et à attraper la branche au-dessus d′elle. Après tout, elle n′aurai aucun mal à se débarrasser de l′importun.

Elle fut toutefois coupée dans son élan par les mots qui suivirent ; ainsi, il finit par répondre à sa question, calmant en même temps ses interrogations intérieures. Un lieutenant... Il avait donc un haut poste de la garde. Donc il n′avait probablement que cherché à l′amadouer pour qu′elle lui révèle son identité et qu′il puisse la mettre aux fers si nécessaire. Quel... goujat ! Elle ne lui ferait certainement pas ce plaisir, ayant apprit à mentir au fil de sa vie vampirique.

Fronçant le nez, la jeune fille écouta son explication –hahaha, elle avait donc eu juste pour l′enfant perdu ! Quel dommage qu′elle ne l′ait pas rencontré avant qu′il ne soit retrouvé...– et moqua grogner son mécontentement lorsqu′il lui demanda de nouveau d′ôter sa capuche. Il n′avait donc pas oublié, et tenait à voir à qui il avait affaire. C′était intéressant, d′autant plus que la concernée n′avait aucune intention de se plier à pareils ordres. Il n′en était donc pas question.
À présent, tout autant qu′une question de sécurité, il s′agissait d′un duel avec l′autorité humaine. Que celle lui cherche à la contraindre à l′obéissance était hors de question, tout simplement.

-Sans façon merci, répondit-elle fermement mais poliment. Mettez-moi donc aux fers, si le cœur vous en dit. Veuillez m′excuser mais... cette capuche m′a évité des remarques désobligeantes.
Voyons, elle vous rend nerveux ? Vous m′en voyez navré, vraiment...

Petite question ironique, un brin provocatrice également. Restait à régler le problème de l′identité. Après un instant d′hésitation, elle se décida à « oublier » cette partie de la phrase de son vis-à-vis. Ainsi n′aurait-elle pas de problème avec lui s′il ne le remarquait pas. Et s′il le faisait et bien... il n′aurait tout de même pas le manque de courtoisie de le faire remarquer ! Jeune homme probablement issu de bonne famille, elle ne doutait pas qu′il avait reçu une éducation stricte correspondant à son rang, et que savoir faire preuve de délicatesse envers les dames lui avait également été enseigné. Ce fut du moins ce que la vampiresse espéra.

-Oh, vous savez, quand on a toujours eu l′habitude de vivre au grand air, il est difficile de s′enfermer dans ces villes, d′autant plus qu′il faut avoir les moyens de payer une chambre à l′auberge, ce qui n′est malheureusement pas toujours le cas...
Mais non, je ne vous rassure, je ne suis nullement embêtée par qui que ce soit, seul mon sommeil l′a été par l′intervention de votre groupe, ajouta-t-elle d′une voix amusée contrebalançant la dureté de ses paroles.

Passer pour une jeune campagnarde habituée à dormir au bel air, et pourquoi pas ? Si ses habits pouvaient laisser quelques doutes planer quant à la véracité de cette affirmation, sa petite taille et le fait qu′elle soit très mince jouaient en sa faveur, semblant démontrer un manque de nourriture constant tout au long de sa vie. Y croirait-il ?
Avec un peu de chance, oui, et elle pourrait s′éloigner de cette conversation qui commençait à lui peser...

Christophe vit que le fait d'avoir répondus qu'il la préférait en criminelle plutôt qu'en laidron l'avait quelque peu perturbée. S'attendait elle à ce que l'Homme en face d'elle n'aime pas profiter des beautés de la vie en observant les jolies femmes ? Enfin, après il est vrais qu'il pourrait paraître bizarre qu'un officier de la garde Impériale puisse souhaiter que le brigandage existe, mais là il s'agissait de choisir entre le monstre du Lockness et une belle femme en illégalité, le visuel étant tout de même relativement important, la réponse peut aussi paraître logique, tout étant cependant une question de point de vus, comme beaucoup de chose de ce monde. Enfin, tout cela était relativement sans importance, ce qu'il lui importait c'était de savoir si il avait en face de lui une belle hors la lois ou un laidron en accords avec la législation Impériale. Mais le femme en fasse de lui semblait ... réticente, et encore, le mot était faible, à l'idée de montrer son visage et elle s'efforça de se trouver une bonne excuse pour essayer de détourner Christophe du chemin de la vérité. Elle essaya même de retourner l'attention de Christophe sur lui plutôt que sur le capuchon et par dessus le marché, elle avait, volontairement ou non, oublié de révéler son identités.

Vous savez,  je peut vous assurer que je ne me permettrait pas de vous faire des remarques désobligeante. Elle ne me rend pas nerveuse, je vous assure, mais j'ai comme l'impression que vous, l'idée de la retirer vous rend anxieuse et je ne peux pas croire que le simple fait de ne pas être dans le stéréotype appelé belle soit la seule cause de ce malaise.

Il eut un instant d'hésitation, devait il lui faire remarquer qu'elle n'avait pas donné son nom ? Si il le faisait, il devait se débrouiller pour le faire remarquer d'une façons subtile ou du moins indirect. Peut être la manière direct serait elle la meilleurs ? Christophe finis par dire :

Je crois avoir mal entendus, pourriez vous répéter votre nom gente damoiselle ?

Peut être allait il enfin voir à quoi ressembler sa mystérieuse interlocutrice et comment elle s'appelait, mais elle semblait s'accrocher à son identité comme un tique. Christophe espérait qu'il aurait la réponse maintenant, mais il savait qu'elle ne déposerait pas les armes si facilement, elle semblait être battante, et maligne en plus pour couronner le tout ! Sur toutes les femmes d'armanda, il était surement tombé sur l'une des plus aptes à passer entre les mailles d'un filet, quelle chance pour lui. Enfin, elle lui répondit que les murs de la ville la dépaysait un peu trop de sa vie au plein air et que de toutes façons, il fallait avoir les moyens de se payer une chambre dans les Auberges, et que ce n'était pas toujours le cas. Christophe resta silencieux, écoutant ce que la femme lui disait, elle lui dit qu'elle n'était pas menacé par quelqu'un d'autre mais qu'elle avait été dérangée par le bruit fait par le groupe de Christophe. Elle devait avoir une bonne ouïe puisque Christophe et son groupe se trouvaient à bonne distance de la vagabonde ! Christophe dit :

Nous faisions tant de bruit que ça pour vous déranger si loin du sentier ! Au moins vous avez une ouie très développé, ce doit être utile pour vous camoufler en cas d'arrivée de personnes indésirables dans votre périmètre de campement ! 
 


[HJ : Désolé pour le temps de réponse et pour le rikiki post U_U]

Patience, patience… Se retenant de grincer des dents, la jeune vampire se contenta de souffler par le nez, ne pouvant s’empêcher de manifester son agacement. Cet interrogatoire était des plus pénibles, il fallait bien le reconnaitre. Un bref instant, s’imagina planter ses canines dans la gorge palpitante, sans plus se préoccuper des ennuis que cela pourrait lui procurer, laissant libre cours à ses pulsions vampiriques. Mais non, ce n’était qu’une illusion, une impression, le caractère excessivement prudent de la jeune fille l’empêchant de mettre en place de telles réactions.
Prenant sur elle, elle se força à écouter, réfléchissant à un moyen de se débarrasser de l’importun. Une vraie teigne, impossible à faire lâcher. Aurait-il été vampire qu’elle se serait trouvée en mauvaise position, empêtrée dans une situation difficile face à un autre vampire, comme cela avait été si souvent le cas dans le passé. Mais il était humain, lui échapper ne devrait pas être bien difficile.

-Oh, je crois que vous ne comprenez pas vraiment. Après tout, la notion de beauté est purement subjective, chacun la voit en ce qu’il veut. Non, disons simplement que… je n’aime guère me dévoiler. Les jugements extérieurs m’importent peu, mais le mien me souffle que retirer cette capuche ne ferai que soulever nombre de questions guère agréables ; la curiosité des gens dépasse bien souvent les règles de bienséance.

Sa voix s’était adoucie sur la dernière phrase, prenant les accents d’une jeune fille défigurée souffrant du manque de compréhension et de compassion du monde extérieur. Sous sa capuche, la vampiresse retint un sourire satisfait. L’inflexion était des plus satisfaisante, nul doute que le jeune soldat se laisserai prendre au piège, bien que cela ne suffirait de toute évidence pas à calmer sa méfiance. Bien, elle devenait vraiment douée dans le mensonge, voilà qui était une excellente chose. Au moins savait-elle que si un jour il lui prenait l’envie de changer de profession, celui de comédienne pourrait sans doute lui être parfaitement adapté. Elle se mordit les lèvres en oubliant avec précipitation l’image joyeuse que lui avait fourni bien aimablement son cerveau : celui d’une petite troupe de vampires déguisés. Malheureusement, cela allait rester une bien belle fiction qui ne se réaliserait jamais, la voleuse n’aimant ni les siens ni le monde en général. Quant au fait de se reproduire devant un public… C’était peine perdue. Rien qu’imaginer cela donnait envie à la voleuse de prendre ses jambes à son cou pour les regards imaginaires qui l’observait au travers de son imagination.

-Vous n’avez pas mal entendu, je ne vous l’ai pas dit.

Cette façon qu’avaient les nobles de chercher à être polis alors même que ce cela ne faisait que leur donner l’air stupide était particulièrement pénible. Il n’était pas question que la jeune fille révèle son identité ; certes ceux qui la connaissaient étaient rares, très rares même, mais nom signifiait bien souvent pouvoir et emprise sur le porteur, la vampiresse n’avait aucune envie de semer le sien aux quatre coins d’Armanda.

-On m’appelle Syrine, je viens d’un petit village au sud d’Aldaria.

Pourquoi Syrine ? C’était simple : il s’agissait simplement du dernier prénom qu’elle avait entendu et dont elle se souvenait. Ne voulant rien laisser suspecter au jeune guerrier, elle avait choisi le seul prénom ayant réussi à passer la barrière de ses lèvres grenats.

-J’ai l’habitude de chasser, mon ouïe est extrêmement bien entrainée à repérer les sons inhabituels… et même ceux habituels.

Cela, chasser, elle en avait l’habitude, bien que ce ne soit pas exactement le genre de traque que pouvait imaginer l’étranger. Aussi bien en tant que proie que prédatrice d’ailleurs.
Un bruit de porte que l’on ouvre se fit entendre, et la lumière dansante des torches apparue au loin, trahissant la présence d’autres humains. Ils devaient venir chercher leur capitaine… Bien, bien ! C’était parfait ! Exactement l’opportunité dont avait besoin Hyrriena. Elle sourit, remerciant les Esprits auxquels elle ne croyait par ailleurs qu’à moitié.

-Je crois que… je crois qu’il y a du monde.

Petite voix effarouchée, celle d’une jeune fille intimidée par l’arrivée d’étrangers, apeurée par eux. Le temps que son interlocuteur se retourne, réponde aux appels des siens et regarde de nouveau dans la direction de la voleuse, celle-ci avait déjà disparu, ne laissant derrière elle qu’un rayon de lune éclairant la place vide. Traversant la forêt en silence, elle s’éloigna à longues enjambées et petits sauts souples, sa capuche dissimulant toujours son visage.