[Milieu de l'été]

La cité de rhapsodie, qui d'ordinaire devait être un havre de paix, était en ébulition. Ninna était presque déçue de ne pas avoir pu venir plus tôt pour contempler les lieux avant la mise en scéne du spectacle des accords inédits qui allaient se derouler ici. La guerriére se plaisait à imaginer à quoi devait ressembler ce lieu où si l'on faisait tomber un cailloux au bout du jardin est, on l'entendrait raisonner du balcon ouest, si telle chose n'était pas une série d'histoire que l'on raconté au coin d'un feu elfique. Elle n'avait pas vraiment eut le temps d'interroger des elfes du coin d'ailleurs, tous trés occupé à recevoir la caravane de la princesse Esmelda et la cour elfique imperiale. Tout ce beau petit monde étant arrivés les premiers, puisqu'ils étaient les plus prés. Esmelda craignait que son frére et le reste de la cour de Gloria ne puisse venir à temps, ou même venir tout court, à cause de la guerre qui frappait durement les remparts même de la capitale humaine.
Un pincement au coeur, Ninna ne pouvait elle, s'empêcher de croire qu'elle aurait pu être utile là-bas, sur place. Aprés tout, elle aurait peut-être était plus utile sur le champs de bataille qu'a érrer dans des jardins elfiques, à attendre sans rien faire que des polititiens aient finit de jouer avec leurs mots pour s'entendre sur une conduite à tenir alors que des centaines de milliers de gens se faisaient massacrer en attendant de l'aide...

Mais sa mission premiére était de veiller sur sa princesse, mais sa mauvaise conscience la malmenait parfois au point de souhaiter une petite attaque, même insignifiante contre Esme qui justifirait sa presence ici... Mais rien, heureusement pour elles, et Ninna devait se contenter de se rappeler qu'elle n'était pas qu'un soutient physique, mais aussi et surtout moral!
Aussi, quand la jeune femme repéra son amie, le regard dans le vague , appuyée à une fenêtre, perdue dans ses pensées, Ninna su que c'était le moment d'intervenir : elles ne pouvaient pas être deux à se morfondre!
Elle s'adossa à son tour à la fenêtre, jetta un regard negligent sur le paysage féérique et ajouta:
"Eh ben, on peut pas dire que les elfes aient des problémes de divergences de gout en matiére de déco : où qu'on aille ça se ressemble ... ! A force de manger vegetarien moi, je ne supporterait plus de voir autant de verdure partout!" dit-elle avec un sourire complice.
Elle n'eut pas longtemps à attendre avant que la princesse lui rende son sourire. Elle la connaissait bien, et savait qu'elle avait besoin de se changer d'air. Coincées dans cette bâtisse au nom imprononçable, il était difficile d'arranger des rencontres secrêtes avec Kylian, aussi allait-elle devoir se contenter de son amie.
"Vous avez finit de deballer vos affaires? " lui demanda-t-elle tout en sachant qu'elle n'avait jamais vraiment defait toutes ses valises depuis leur depart de Gloria. Ninna non plus d'ailleurs, et elle avait du batailler pour que leurs chambres soient côtes à côtes pour sa protection, malgré les protestation des batistrel qui lui soutenait que aucune violence ne serait possible dans l'enceinte du Tomingorllo. Rien à cirer, Ninna n'avait pas laché prise et avait obtenu gain de cause face aux elfes qui avaient rennoncé devant l'opiniatreté de la dame.

Encore un voyage. Un de plus. Un qui la ramenait encore plus près de son futur et une marche de plus franchit vers son mariage programmé après les négociations.
Alors malgré la beauté, la quiétude du royaume des chanteurs aux voix d'or, la chance inouïe qu'avait la princesse de pouvoir faire partie de ce voyage, de côtoyer aussi près les elfes et les baptisrels, Esmelda n'arrivait pas à sourire et à saisir sa chance. Pour la jeune femme, son cœur saignait toujours de tout ce qu'elle avait pu quitter et ne faisait que survivre, allant là où on lui demandait d'aller, de faire ce qu'on lui demandait de faire, poliment, sans broncher, juste une pâle copie de l'ombre d'elle même.
Elle qui autrefois refusait qu'on fasse d'elle une princesse potiche, incapable de réfléchir, juste bonne à être montrer dans les beaux salons de parades était devenu bien pire.

L'arrivée au cœur des négociations ne changerait rien. Une fois celle-ci finit, on la marierait pour de bon à un elfe. La jeune femme serait coincée au royaume elfique à contempler l'herbe poussé au lieu de pouvoir aider son peuple, qui plus que jamais avait besoin d'elle. La guerre aux portes de son empire en était la preuve et les premiers à souffrir étaient les paysans, les ouvriers, les orphelins. Son frère était trop occupé a tenir le navire à flots et les nobles à profiter de l'empire pour se préoccuper de ceux qui souffrent. Alors Esme, comme sa mère auparavant, avait choisit d'aider ceux qui composait l'empire, ceux qui le bâtissaient, le faisaient vivre et vivaient avec lui. Mais ce mariage avait tout chambouler, et la princesse avait l'impression d'avoir non seulement échouer, mais de les avoir abandonner en se cachant dans la foret elfique. Comme un frêle oiseau que l'on veut protéger du vent violent de la tempête qui grondait au loin.

Et pourtant, Esmelda savait se battre. Vivre dans un panier de crabes depuis sa naissance aidait à survivre, à se faufiler entre les mailles du filets et à pincer la première. Cela aidait aussi à développer une vision très net et clair de la personne, surtout quand celle-ci vous caressait dans le sens du poil en vous promettant mont et merveille. Dommage pour eux, la petite princesse avait toujours aimé la franchise directe et la simplicité d'un regard ou d'un sourire.

Comme celui que lui offrit Ninna. Son amie aussi devait souffrir de reste là, à juste attendre. Attendre que la princesse soit juste mariée et après. Après de nouveau attendre dans ce décors végétal. Le vert, trop de vert. Il apportait la paix, la tranquillité, le repos de l'esprit, il était une torture pour la princesse. Cette luminosité devait guider vers la méditation de l'âme, Esmelda ne voulait plus que vivre dans l'obscurité de la nuit, repeindre ce palais en noir, jusqu'à la dernière porte. Tant qu'elle ne pourrait revoir la beauté des fleurs de son palais, le visage de son aimé, elle ne chasserait pas l'idée du noir de sa vision et ses propres noirceurs d'âme ne partiraient pas. Si elle pouvait, elle repeindrait même tout Armanda en noir, juste pour revoir et reconnaître dans l'obscurité les yeux clairs de son aimé.

La princesse quitta un instant son observatoir pour revenir plus près de son ami.

« - Dès le premier jour, instant, mes dames s'en sont chargées pour moi. Sachant déjà quelles robes je porterai jusqu'aux mariage. »

Esmelda jeta un bref regard aux grandes armoires garnies.

« - Mais si cela m'était permis, mes malles seraient encore bouclées, dans l'espoir que mon frère change d'avis. Quand à mes effets personnel, ils sont toujours dans ce sac à malice où je peux les entasser au cas où demain, je puisse enfin rentrer. »

Qu'importe les robes, demain, l'autorisation lui était donné de rentrer dans l'empire, Kylian venait a sauver de ce cauchemar, elle avait l'essentiel des objets auxquels elle tenait dans une sacoche.

« - Même si cela est utopique d'y croire. Mon frère est buté et la guerre gronde. On peut même entendre d'ici le cris des nôtres qui souffrent et meurent. »

Esmelda s'assit sur le bord de son lit.

« -Et Kylian a dû m'oublier, pensant que ce mariage est ce qu'il y a de mieux pour moi finalement.  »

Ninna savait trés bien ce que ressentait sa princesse : elles n'étaient pas chez elles, et qu'importe ce que feraient les elfes, les dames de compagnies, qu'importe les paysages magnifiques, les contrées magiques, la magnifiscence des lieux, que de maigres affaires à elles étaient déballées autour d'elle comme pour leurs rappeler durement que ce n'était pas leur foyer.
Ninna l'entendit parler de sa petite valise pour, au cas où, l'empereur changerait d'avis, et elle pensa instantanément à son propre sac que la guerriére gardait également à côté de son lit, qui contenait le strict necessaire. Mais connaissant Gregorist, elle l'avait surtout préparé au cas où il y est un probléme avec Esme, et qu'il faille partir en catastrophe. Que ce soit une attaque ou une fugue pour rejoindre Kylian, elle avait d'ailleurs entassé dans sa sacoche des affaires à elle, comme des armes ou un kit de survie, mais aussi des petites affaires pour sa princesse.

"La guerre occupe suffisament l'esprit de Gregorist en ce moment, les histoires de mariages passent bien aprés, mais je doute qu'il viennent nous chercher actuellement pour nous ramener chez nous, il prefére sans doute vous savoir en sureté ici..." Et moi aussi songea-t-elle avec tristesse, fermant son esprit pour ne plus entendre elle aussi les cris et les larmes du peuple de Gloria... Ne pas penser à tous ses gens qu'elle connaissait bien et qui se retrouvaient sans doute sans defenses et à la merci des Alayens.

Elle fut tirer de ses songes quand Esme alla s'aseoir sur son lit et dire que même son amoureux l'avait abandonné. Cette fois, elle allait touché le fond, c'est sûr! Il allait falloir que la guerrière trouve les bons mots et qu'elle les utilise avec soin si elle voulait lui remonter le moral!
Elle tripota sa longue natte quelques secondes et finit par s'asseoir sur le lit à ses côtés et passa un bras autour de ses épaules pour la ramener contre elle. Posant sa tête contre la sienne, elle lui dit doucement :
"Il n'oublira jamais, il ne peut pas, son coeur est à vous pour aujourd'hui et jusqu'à la fin des temps! Un jour cette guerre prendra fin, et il vous reviendra, vous verrez...! Avec ces nouveaux accords, des alliances vont naître entre les hommes et les elfes sans que vous ayez besoin de vous unir à qui que ce soit, et avec un peu de chance, les vampires prouveront leurs valeurs et Kylian pourrait bien gagner même les grâces de votre frère!"
Elle lâcha un soupire tout en lissant des plis imaginaires de sa tunique avec sa main libre, esperant que sa princesse y croirait plus qu'elle-même...
"Il n'est pas encore temps de perdre espoir!" lui souffla-t-elle en lui prenant la main, comme pour lui transmettre un peu de force vitale par le biais de ce simple contact. Elle aurait aimé faire plus, voir sourire à nouveau sa belle princesse, si elle savait où il se trouvait, elle courrait pour aller chercher Kylian, sachant qu'il était le seul au monde à pouvoir réélement lui changer les idées, même si cela ne serait que de courte durée et que dans tous les cas Ninna la ramasserait à la petite cuillère dés son départ.

La main chaude de son amie était le réconfort dont elle avait besoin. Un simple geste qui voulait dire beaucoup. Car peu le faisait. Mais aussi car la jeune princesse en connaissait la teneur. Ninna était là, et elle resterait à ses côtés, quoiqu'il arrive demain. Le monde pouvait s'écrouler sous leurs pieds, Ninna serait près d'elle, à lui tenir la main pour sauter dans le précipice s'offrant à elle.
Et Esmelda ne put que lui offrir un regard rempli de reconnaissance. Les mots, des paroles seraient dérisoire et superflu pour dire à quel point la présence de la jeune épéiste à ses côtés était un réconfort et une force. Quelle chance avait la princesse d'avoir été mise sur le chemin de l'ancienne fille des rues. Ninna était une personne de confiance, de valeur. Elle aussi avait été jugée et méprisée sans qu'on puisse mettre en relief ses véritables qualités. Une femme de cran, aux parler franc et au cœur généreux. Même si la princesse était la seule à le voir. Au moins quelqu'un était là pour voir et défendre la jeune Galliang.

« - Je me demande si cette alliance n'avait que ce but au final, pour mon frère. Et que l'aide elfique n'était que prétexte. Avons-nous vu l'armée elfique venir en aide aux soldats humains ? Nullement. Rien que par ce fait, la mariage devrait être caduque. Et pourtant. Je suis là, à l'abri de ces murs végétal. Une prison de lierre, cela me change de la pierre. »

Mais voilà le réel problème. Son frère, son allié, sa famille, lui avait failli. Il l'avait abandonné, vendu presque, au loins, sans un mot, presque en lui assommant de faire son devoir rien de plus. Cela n'avait rien de Greogorist, du moins pas de celui qu'elle connaissait. Qui avait eu suffisamment de pouvoir pour le faire devenir cet être froid et borné ? En plus de quitter les siens et son aimé, Esmelda devait faire face à la blessure du cœur infligé par son propre frère.

« - Crois-tu que mon frère soit aussi fou, aussi désespéré face à cette guerre pour faire une tel chose ?? A quoi cela lui servirait ? Je ne le comprend plus. C'est bien cela qui m'attriste le plus. Qu'il se soit fermé à moi. Pourquoi d'un coup, je ne suis que princesse, femme, et plus sœur, confidente ? Je lui en veux pour cela. Pas d'agir comme un empereur, mais de ne pas me parler comme un frère. J'aurai accepté bien plus, j'y serai aller sans une larme, si j'en connaissais les aboutissements. Mais là rien, pas un mot. »

Heureusement, son amie la rassura sur son aimé. Elle avait juste besoin de quelques mots de certitude, rien de plus. Car loin des yeux, loin du cœur. Ou bien encore un adage de mari volage ?

« -Si seulement, tu pouvais dire vrai. Que l'avenir montre la qualité d'une personne bien avant sa provenance. Mais la route sera longue. J'ai bien peur que ce ne soit pas à moi de voir ce beau dessein ni de le vivre. Les mentalités humaines sont bien ancrées dans la haine du vampire, les vampires ne nous perçoivent que comme aliment et les elfes se cachent dans leur foret à laisser le monde tourner. Les quelques âmes qui ont réussit à percevoir au delà n'auront pas assez de leur vie, surtout aussi courte que la mienne pour voir les trois races se serrer la main et accepter une humaine épouser un vampire. Crois-tu que l'on soit fou d'espérer aussi vite ? Ou est-ce que je vis dans l'illusion d'un amour inexistant, que je prive Kylian de vivre quelque chose de mieux avec une des siennes ? A mon dernier souffle, il dit vouloir venir avec moi. Je m'y refuse, il a encore mille vies à vivre et peut être pourra-t-il voir enfin ce rêve s'accomplir ?»

Trop de considération pour sa personne en quelques phrases, Esmelda se leva d'agacement et pesta contre elle-même.

« -Je suis désolée. Je me plains comme une enfant, alors que toi, mes dames, mes soldats, eux aussi subissent un déracinement, loin des leurs sans houspiller un instant, faisant leur devoir avec fierté. Je ne vous rends pas honneur. Je m'en excuse. »

Même avec toute la bonne volonté du monde, Ninna n'avait pas totalement réussit à remonter le moral à sa princesse, et elle avait même induit de nouvelles questions existentielles...
*Bien joué Galliang...* se maudissait-elle interieurement en la voyant se lever brusquement du lit.
Elle choisit de rester assise sur le lit et de ne pas la rejoindre, pour la laisser respirer et au passage, reflechir à ce qu'elle pourrait bien lui dire de plus... La guerrière n'était pas trés familières des choses de la politique, mais elle devait bien avouer, elle non plus ne reconnaissait plus le jeune empereur... Il n'y a pas si longtemps, avant qu'il soit officiellement sacré empereur, il passait plus de temps avec Esme, et parfois avec Ninna, même si leurs point de vue divergé souvent. Leurs differents se basaient souvent sur la tenue et l'attitude de Ninna en société, et parfois sur leurs points de vue de l'avenir du royaume ou sur les decisions concernant la gestion du château ou de la capitale. Mais elle se souvenait de lui comme un homme qui lui montrait de la consideration, un certain respect et une confiance presque aveugle pour assurer la securité de sa soeur.
Cependant, ses derniers temps, et surtout depuis le debut de la declaration de guerre, il était beaucoup plus distant, plus froid, établissant une barrière entre eux, comme si il était évident qu'un empereur n'avait pas à discuter de ces decisions avec un simple soldat. Mais ce traitement n'était pas reserver à la jeune femme non, même sa propre petite soeur en avait fait les frais!
Comment un homme pouvait-il diriger tout un royaume en se coupant ainsi de ces sujets?

"Il y a bien longtemps que votre frère ne partage plus ses projets, et la politique reste un sombre mystere pour moi... N'y a-t-il personne de confiance dans l'entourage de Gregorist qui puisse vous donner quelques informations fiables?"
Car elle avait raison, faire quelque chose qui nous parrait injuste est plus facilement réalisable si on nous explique pourquoi... Mais si elle ne pouvait que peu defendre son frère, Kylian lui, la considerait encore comme sa confidente et Ninna pouvait se permettre de parler en son nom sans prendre de risque.
Alors oui, leur plus gros probléme residait dans le fait que Kylian était immortel, et que Esme finira par viellir et se fâner comme une jolie fleur... Comment pourraient-ils concevoir un avenir? Aujourd'hui tout était beau et rose, mais demain... Ninna tentait souvent d'eviter la question quand l'un des deux la lui mettait sous le nez, n'ayant aucune reponse positive à leur apporter. La logique et la raison leur criait que leur histoire n'avait pas d'avenir, mais un coeur amoureux n'a pas d'oreilles et les arguments tombaient dans le vide sans espoirs d'être entendus.
Il faut dire que la brunette n'aidait pas en les encourageant toujours à ne pas perdre espoir, bien qu'au fond d'elle, la question de l'immortalité du vampire ne se poserait peut-être jamais, car leurs differences de statut et la guerre entre les races ne leurs permettrait jamais de se marier un jour...

Les soupirs de sa princesse firent s'envoler les meditations interieurs de Ninna, la forçant à se reconcentrer sur le present et les problémes qui allaient avec. Bien sûr, c'était tout à fait le genre d'Esme, de se soucier de ces gents avant elle-même!
"Ne vous en blâmer pas, nous vous avons suivit de notre propre chef, et certains se sont battus pour avoir l'honneur de vous soutenir dans cette epreuve! Nous savions dans quoi nous nous engagions, mais nous, nous avions le choix, et je ne regrette pas cette decision!" dit-elle en se redressant à son tour, droite comme un I, ajoutant une legère courbette avec son bras replié contre son ventre.

Il lui restait tout de même une dernier point à eclaircir : où se trouvait Kylian et comment le contacter... Voilà qui redonnerait le sourire à coup sûr à la belle...
Mais faute de mieux, il venait de lui arriver une idée pour changer un peu d'air à toutes les deux.
"En attendant que le destin decide pour nous de notre avenir, que diriez-vous de nous appreter pour aller decouvrir un peu ce que cette cité peu bien cacher comme mystères?" dit-elle en l'invitant à s'asseoir devant la coiffeuse pour l'aider à réajuster sa coiffure et sa tenue pour sortir se ballader. Elle avait repéré les écuries un peu plus tôt, avec un peu de chance elles pourraient prendre les chevaux pour aller parcourir le domaine et s'isoler un peu plus loin des elfes et du remue-ménage de leur arrivée.

Esmelda ne put que sourire à la remarque de son amie. En effet, Greg ne lui confiait pas ses secrets ni lui faisait par de sa façon de gérer son empire. Et pour cause, il n'aimait pas vraiment Ninna. Ou plutôt il n'aimait pas sa façon d'être. Car la jeune femme n'avait en rien la prestance et le suivi de l'étiquette politique et encore moins celle de la cour. Une chance pour la princesse, mais un calvaire pour l'empereur. Avait-il peur que sa sœur suive son amie ?? Fallait-il lui avouer que les deux se suivaient mutuellement, s’entraînant comme un parfait rouage sans avoir besoin de personne. Elles se complétaient parfaitement tantôt apaisante, tantôt rugissante. Mais toujours liées par un désir ardent de vivre leurs vies sans s'encombrer de carcan pesant et bien souvent inutile. Puis Esmelda avait toujours été espiègle et remuante, bien avant de connaître Ninna.
Non, le problème résidait qu'elle avait avec elle, maintenant une alliée de choc et de marbre, un poids de plus, avec une épée, dans le sillon de la petite Kohan. Mais bien loin de ces soucis de commérages, la princesse était ravie d'avoir prêt d'elle quelqu'un qui ne la voyait pas toujours comme une princesse, mais une personne à part entière qui n'hésitait pas à lui remettre les deux pieds sur terre et très vite quand elle restait trop longtemps à la cour à côtoyer la noblesse corrompue au luxe et au vautrage de richesse. Redevenir simple mortelle parmis les Hommes en un mot était un plaisir et une nécessité que la princesse ne remercierait jamais assez à son amie.

Sans compter en plus les milliers de discussion à refaire le monde, l'empire, les faux ragots et les histoires inventées sur tels ou tels membres de la cour, les cavalcades à cheval et les excursions en dehors du palais que la princesse avait toujours aimé. Ninna les encourageait et l'aidait à ouvrir les yeux sur la réalité de la vie de peuple. Se rendre dans les lieux de vie, les quartiers marchands, les hameaux environnants, la princesse pouvait voir de ses yeux et parler avec la population, et mieux saisir leur quotidien. Parfois sous sceau de l'anonymat, parfois ses couvertures de jeunes filles de marchands ne trompaient pas. Qu'importe. Il n'y eut jamais de violence envers elle, peut être quelques mots bien vite tut sous la joug verbales de son amie.

Esmelda se retourne vers son amie pour revenir près d'elle lui faire face.

« - Si, il y en a. Des conseillers qui lui sont fidèles et fiables. Mais parleront-ils ? Il s'agit de l'empereur et parler en son dos...Et n'est-il pas trop tard ?? Je ne renie pas mon statut de princesse et la place qu'il lui est dû. Je sais que je suis la clé d'une bonne alliance, mais les elfes. Pourquoi pas les hommes du nord ? Ou bien ceux de l’extrême sud ? Ils nous seront plus utiles et concernés dans cette guerre. Certes, cela prouve la loyauté humaine pour les elfes que de leur proposer la princesse, mais dans deux ans, que restera-t-il ? Rien. Je sais que mon frère a été subjugué par le beau peuple, et je en peux que le comprendre, mais une telle alliance... Je ne comprends pas. »

Esmelda secoua la tête avant de reprendre.

« -Et j'ai de la chance de vous avoir. Vous tous et surtout de t'avoir près de moi. »

La princesse lui posa une main douce sur la sienne, en même temps que son amie se redressait fière, comme à son habitude. Esmelda ne put que sourire largement à la stature droite de son amie. Oui, il fallait se tenir ainsi pour avancer, et la jeune princesse le ferait tant que l'épéiste resterait à ses côtés.
Et oui, une sortie ne pouvait faire que du bien, rester entre ces quatre murs ne pouvait qu'appeler la morosité et la tristesse. Et rien de tel que le faire à cheval.
La princesse prit une brosse pour aplanir un peu ses cheveux rebelles et laisser Ninna les natter pour ne pas les laisser trop filer au vent, une fois le galop entamer.

« -Il doit en avoir pour les elfes restent ainsi, presque muets, parlant par intrigues, et se déplaçant avec une lenteur déconcertante. L'autre jour, j'ai eu envie d'en pousser un des escaliers tellement il les descendait sans mouvement. Comme si chaque marche méritait une admiration sans borne. On parle de la vitesse des humains, mais parlons de la lenteur des elfes. »

Une fois les cheveux en ordre pour l'équitation, Esmelda se changea pour être à l'aise dans une tenus moins froufrouteuse. Une jupe longue d'un bleu foncé, simple sans arceau et autre jupon. Une veste cintrée pour accompagner le tout et la voilà prête pour un moment calme bien loin des tumultes de son futur mariage.

Esmelda suivit Ninna jusqu'aux écuries elfiques et demandèrent deux chevaux. Une fois en selle, les deux femmes prirent un petit chemin de terre qui semblait mener vers nul par autre que des bois, ou une foret, question de point de vue. En tout cas, des arbres. Esmelda n'en n'avait jamais vu autant.

« -Heureusement nous sommes deux et pas une armée. »

Cette fois semblait être la bonne, sa princesse souriait à nouveau et lui donnait l'impression d'avoir réussit à lui changer les idées... Et cette petite balade à cheval lui allait également trés bien, de loin préferable à tourner en rond dans cette chambre comme un lion en cage! Une fois prête toutes les deux, emprunter un cheval ne fut pas le plus dur, mais se debarasser des elfes et de leurs regards mefiants , comme s'ils les soupçonnaient d'aller jeter des detritus à même le sol de leur forêt sacrée... Il fallut plus que la carrure et le regard mauvais de l'épéiste pour les convaincre de les laisser aller seules, et si elles se perdaient et bien temps pis pour elle, ça n'était pas leur probléme.

Les deux jeunes femmes se lancèrent sur une piste, ou sentier, enfin c'est ce qu'ils disent, car ici la nature semblait constament reprendre ses droits sur les maigres traces que l'homme ou les elfes pouvaient laisser pour marquer leurs territoire ou s'approprier les lieux. Et même si tout se ressemblait autour d'elles au fur et à mesure qu'elles avançaient, Ninna ne pu resister plus longtemps, et , aprés un coup d'oeil complice vers son amie, talonna son cheval pour se lancer dans un galop à travers la forêt , le tout dans un grand rire franc.
Quel bonheur de sentir le vent dans ses cheveux, les rayons du soleil qui réchauffaient son visage per intermitence lorsqu'il arrivait à percer la cîme des arbres, les muscles du cheval se contracter sous ses cuisses, les branches et les feuilles qui la frolaient, cette sensation de liberté et de contrôle de sa vie, bref, le bonheur! Un vrai souffle d'air frais qui n'était vraiment pas du luxe!
Aprés quelques minutes de chevauché et de rire, Ninna freina son cheval et, se mettant à la heuteur d'Esme. Elle fronça les sourcils en regardant tout autour d'elle: finalement les elfes avaient peut-être raison, les alentours du palais batistrel étaient vraiment vastes et elle n'y avait aucun repères, elles seraient bien capable de se perdre! Et il était hors de question de demander son chemin ou d'avouer qu'elles avaient eut tord face aux elfes...
"Pour notre première sortie, on ferait mieux de s'en tenir là, tout se ressemble ici, on devrait faire demi-tour tranquillement..." dit-elle en tirant sur la bride de son cheval pour faire demi-tour, essayant de retrouver la trace du chemin qu'elles avaient emprunté...
Tendant ses oreilles autour d'elle, elle se laissa envahir par l'absence de bruit familiers dans cette immense forêt.
"C'est incroyable comme c'est ... calme... Presque trop à mon goût... C'est même ... étrange..." dit-elle à voix basse, comme de peur de troubler cette quietude, ou de se faire repérer par... Ben elle ne savait pas quoi d'ailleurs!Et c'était bien là le probléme. Le tout était de ne pas se laisser démonter et de ne pas laisser transpirer la moindre faille. Une grande respiration et hop, le tour était joué. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander néanmoins, si elle s'habituerait un jour à ce décord et ce style de vie...

Rien de tel que de sentir le vent fouetter sur ses joues et jouer dans ses cheveux noués. De se sentir libre, dans un galop effréné où seul comptait les pas de sa monture. Esmelda lui laissa la bride, la belle alezane devait bien mieux qu'elle connaître le chemins et les aléas du sol elfique. Jolie jument elfique à l'allure gracieuse et à la robe aux couleurs des feuilles des arbres, à l'écorce des arbres, parfaite pour se fondre dans la nature.
La princesse se laissa même à la liberté de lâcher les rênes et de mettre ses bras en croix. Libre, aucun obstacle devant elle, rien que la nature. Si elle pouvait s'envoler au dessus de ses hauts arbres et s'enfuir de sa nouvelle cage dorée. Partir loin, très loin, haut dans le ciel, là où personne ne pourrait venir l'enfermée dans ce carcan qu'elle arborait plus que tout. Mais en attendant, rien de tout cela, et le ralentissement des pas de sa jument la firent revenir à la réalité. Moment bénit offert par l'esprit de la vie. Car, là oui, elle se sentait vivante.

Esmelda se coucha sur l'encolure de sa monture alors que celle-ci se mit au pas, tête ballante, reprenant son souffle, les naseaux soufflant, grappillant quelques brins d'herbes ici et là. Ninna arriva à ses côtés et la princesse lui sourit largement. Enfermée entre les murs de sa cage elfique, Esmelda se sentait oppresser, là avec Ninna près d'elle, les arbres autour d'elles, la jeune femme se trouva toute petite, une enfant, au milieu de ces arbres millénaires. Ils avaient dû en voir des choses, passés des elfes, quelques humains sûrement, eut être même une de ses ancêtres.

« -Oui, c'est calme. Bien loin du tumulte de Gloria. Ce silence me pèse. J'ai l'impression qu'à tout instant, il va être brisé par l'arrivée fracassante d'un soucis. Au moins à Gloria, il y a toujours du monde pour crier avant. »

Esmelda suivit Ninna quand cette dernière fit demi-tour.

« - Mais tout ne se ressemble pas. Regarde ce vieil arbre au fond, le ambré comme ma jument. Il a une forme bien étrange qui nous permet un beau point de repère. Le vert n'est pas toujours le même partout. Et le soleil nous guidera. »

Esmelda prit une grande inspiration alors que leurs chevaux s'étaient stoppés pour grignoter un peu, profitant du bavardage de leurs cavalières.

« -Écoute, il doit aussi y avoir un point d'eau non loin, on peut l'entendre couler grâce à la brise. Et je t'avoue que si on est perdue, plus personne pour me dire comment me coiffer pour ce mariage. Je vais me raser la tête pour cesser de les entendre. »

La princesse mit pied à terre en glissant le long de sa selle d'amazone. Un tapis d'herbe moelleuse l’accueillit et la jeune Kohan se dirigea vers le bruit de l'eau qui coule.

« -Nous pourrions faire boire les chevaux et mettre nos pieds dans l'eau fraîche. Il fait un temps splendide pour cela, non ? »

Bride à la main, le petit groupe se dirigea au travers des arbres et autres fourrés verdoyants avec comme seul accompagnement le pas des montures et les oiseaux chanteurs. Après quelques minutes de marches, elles débouchèrent sur un petit ruisseau, nourricier de la verdure environnante. Esmelda ravie laissa sa jument à sa liberté gourmande et profita de la sienne en enlevant ses bottes, non sans mal, avant d'aller glisser ses pieds dans l'eau fraîche.

« -Par le dracos, quel bonheur !! Je remercie l'esprit de l'eau d'avoir placé en ce lieu un tel bonheur. »

Le sourire de sa princesse pour compléter ce tableau de bonheur, il ne manquait pas grand chose effectivement que quelque chose de familier dans le décor ! Elle savait qu'elles n'avaient aucune chance de croiser quelqu'un qu'elles connaissaient de la capital dans ces bois, autre que les gens partis avec elles dans la caravane... ! Ce petit pincement au cœur qui venait la surprendre quand elle se demandait si elles auraient un jour la chance de revoir à nouveau tous ses visages qui venaient à leurs manquer, même parfois les plus inattendus ! Ce qui arrachait parfois un maigre sourire à la jeune femme.

Perdue dans ses songes, elle souleva un sourcil en entendant sa princesse repérer un bruit d'eau non loin, alors que Ninna n'y avait même pas prêter attention . Oui, voilà une bonne idée, aller profiter d'un point d'eau isoler au milieu de nulle part, et avec un peu de chance elles ne se trouveraient pas au milieu d'un point de rassemblement de bêtes étranges et peu accueillante !
Elle releva la remarque des cheveux et ajouta avec un sourire complice :
« Si vous avez le droit de couper vos cheveux, alors moi aussi ? » dit-elle avec une pointe d'espoir amusée . En effet, depuis qu'elles se connaissaient, Esme avait toujours interdit à Ninna de se couper les cheveux, et elles les avaient regarder pousser ensemble au même rythme, à la différence que la princesse avait une armée de dames de compagnie pour l'aider à les coiffer, la jeune guerrière elle n'avait que elle-même et parfois son amie qui s'amusait à la faire ressembler à une dame de haut rang en la coiffant avec goût, mais le plus souvent elle se contentait de cette longue natte qui ne la gênait pas trop pour le combat.

« Mais va pour le point d'eau, un peu de fraîcheur pour mes pieds ne serait pas de refus ! » dit-elle avec enthousiaste. Et elles continuèrent au pas, tranquillement, laissant leurs pensées aller au grès du vent , lui rappelant de lointains souvenirs.
« Ce genre de petites balades, ça me rappelle celles que je faisait avec mon père ! On chevauchaient jusqu'au delà de la colline qui surplombé la maison, puis on longeait la petite rivière jusqu'à arriver à un espèce de petit lac où on allait se baigner quand j’étais petite... » dit-elle en laissant sa voix se faire murmure au fur et à mesure, comme pour ne pas perdre le fil de son monologue.
Elle se souvenait de se gros rocher qui lui semblait être une falaise immense, qu'ils escaladaient et d'où ils se servaient de plongeoir pour se jeter dans le petit lac. A l'époque, elle se sentait si brave de sauter de si haut, mais quand elle avait grandit et qu'elle y était retournée pus tard, elle s'était rendue compte qu'il n'était à peine plus grand qu'elle... Comme quoi, tout est affaire de point de vue! Qui sait ce qu'elles allaient decouvrit prés de ce point d'eau!

Esmelda aimait plus que tout laisser ses pieds subir les effluves tranquilles d'un cour d'eau, de sentir l'eau fraîche et sauvage délasser sa peau et son esprit. Entendre ce son si apaisant, ce clapotis de vie qui est force tranquille. Assisse dans l'herbe cotoneuse, la princesse se laissa tomber en arrière. Les cheveux en éventail, les pieds dans l'eau, un sentiment de bien être intense l'envahit. Même si elle se sentait épier. Ce sentiment étrange qui ne la quittait pas depuis qu'elles étaient entrées dans les profondeur de la foret.

Esmelda ferma les yeux et n'y pensa plus. Encore une lubie, une habitude du palais royal. Elle écouta Ninna et lui répondit avec ardeur en se relevant quand elle évoqua ses cheveux.

« - Ahhh non !! Hors de question de couper une telle beauté !! Tu te sentirais nue sans eux. Et puis courts, il te sera plus difficile de te faire passer pour moi. »

La princesse luit fit un clin d’œil accompagné d'un regard complice. Oh elles le faisaient moins maintenant. Mais plus jeune, de loin, un peu accoutrée comme la princesse, cela suffisait à duper certaines personnes. Maintenant, non, Ninna était beaucoup plus carrée que la princesse.
La jeune femme se rallongea pour écouter son amie parler de son passé. Chose qu'elle faisait que trop peu au goût de la princesse. Mais Ninna était discrète ou pudique, voir un peu des deux.

Esmelda se releva et prit la main de Ninna.

« -Alors vient. Baignons-nous. Comme dans le lac de ton enfance. L'eau est bonne et il n'y a personne. »

La jeune femme enleva sa robe d'équitation, laissant apparaître un pantalon en lin fin, puis la veste tomba au sol. La princesse garda son chemisier et rentre dans l'eau fraîche mais agréable. Elle grimaça cependant quand l'eau atteint son bassin. Ce passage était bien plus délicat et sa peau lui faisait bien comprendre en frissonnant.

« - Allez vient. On s'y fait et crois moi, qu'est-ce que ça fait du bien. »

Ria Esmelda, qui se mit à marcher en jouant avec l'eau qu'elle déplaçait à grand bruit. Les pierres roulaient sous ses pieds et les poissons fuyaient quand elle arrivait vers eux.
C'est là que la jeune femme aperçut devant elle, au sortant de deux rochers qui étaient dressés fièrement dans l'eau, une ombre grise la fixant. Deux billes luisantes qui ne la lâchait pas du regard. Esmelda se tourna vers Ninna, qui en cet instant lui tournait le dos. La princesse revint vers l'ombre qui s'avançait vers elle, dans une ondulation sereine et apaisante. L'ombre grise se joua de l'eau, fendant de sa jambe et se son sabot, comme la jeune femme quelque instant plus tôt. La jument aussi grise que les pierres secoua la tête, comme pour inciter la jeune femme à venir ou faire de même, secouant ainsi sa crinière de perle.

Esmelda se retourna pour voir où Ninna se trouvait et si elle ne faisait pas l'objet d'un mirage. Qu'une jument sauvage se trouvait bien là face à elles, semblant vouloir jouer avec les deux humaines. D'une beauté surprenant et quasi irréelle, une ombre argentée qui se fondait parfaitement dans le décors de la rivière. Esmelda croyait rêver. Un esprit incarné dans ce magnifique équidé.

Aller se baigner, oui, une douce idée, trés séduisante dans ces bois humides et parfois étouffants . Surtout aprés cette petite chevauchée jusqu'à cet endroit qui lui rappelait tant son enfance. Un seul point la contrarié toute fois : elle n'allait pas se baigner avec son armure, et elle rechignait à l'enlever, ici au milieu de nulle part et à la merci de on ne sait qui! Déjà qu'elle n'avait pas le droit d'arborer une arme, quelle qu'elle soit, alors les escapades sans armures dans le coin...
Quand elles faisaient leurs sorties incognito dans les rues de Gloria, elle ne portait pas son armure, trop visible même sous une cape, mais elle avait son épée bien au chaud dans son fourreau à sa ceinture!
Ici, on avait beau lui répéter qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter de leur securité, malgrés la présence des représentants de toutes les espéces, les elfes et les baptis parlaient de "confiance", l'un d'entrd eux avait même osé insinuer qu'il ne fallait pas être paranoïaque. A gloria, le dernier à avoir traiter la jeune guerrière ainsi avait entendu parler du pays pendant un long et penible moment! Mais ici... La jeune femme se promit de mettre les points sur les I et les poings sur les visages quand toutes ses affaires seraient finies!

Quoi qu'il en soit, pendant que sa princesse se déshabillait, Ninna entreprit de retirer chaque couche de plaque d'acier protectrice. Oh ce n'était pas bien difficile, voilà des années que la jeune femme avait prit l'habitude de l'enfiler et de la retirer en un rien de temps toute seule. Mais pendant qu'elle retirer et plaçait précautionnesement les élèments de son armures pas trop loin du point d'eau, histoire de pouvoir la revêtir le plus rapidement possible au cas où, elle cherchait du coin de l'oeil une arme éventuellle ....
Ne remarquant pas alors ce qui avait hypnotisé sa princesse, elle continuait à projeter son regard derrières elles en poursuivant la discution comme si de rien n'était:
"Bah, je suis sûre que si je ne peux plus me faire passer pour une princesse, on peut toujours se debrouiller pour vous faire passer pour moi! Un peu de rembourrage sous l'armure et le tour est..."Laissant sa phrase en suspend, elle s'était retournée vers l'étendue d'eau et avait finalement suivit le regard de son amie : un cheval, non, plutot une jument, d'apparence sauvage mais qui n'avait pas l'air affamé ni ébouriffé , bien au contraire! Elle n'était pas grise non, mais plutôt argentée, elle ne semblait pas farouche, et invitait presque les deux jeunes femmes à les rejoindre dans l'eau. Ninna s'avança, confiante, légère, mais quand ses pieds touchérent l'eau fraîche, elle frissonna et s'arrêta , reprenant ses esprits, elle réfléchit : et si c'était justement un piège? C'était presque trop beau pour être vrai! Les elfes étaient connus pour ce genre de magie envoutante!
Elle s'approcha de sa princesse, juste assez pour pouvoir l'attrapper , la jeter sur son épaule tel un sac à patate et courir jusqu'à leurs propres cheveaux, si ces derniers n'étaient pas de conivence avec la jument magique!
Qui a dit paranoïaque?!?

La jeune femme continuait à s'avancer tout en douceur pour ne pas effrayer l'animal sauvage. La présence de bipèdes ne semblait cependant pas l’inquiéter outre mesure, car la jument les regardait jouant de l'eau entre ses jambes. Ne cessant de remuer la tête, la beauté grise appelait la princesse à venir près d'elle.
Esmelda était comme hypnotisée par un tel animal. Et pourtant, elle pouvait se targuer d'avoir dans ses écuries les plus beaux chevaux de l'empire. Mais rien en comparaison avec cet animal.

« -Regarde Ninna la beauté de cet animal. On dirait un doux songe qui vient se frotter à nos yeux. »

Comme si elle rêvait éveiller. Oui, Ninna avait bien fait de lui demander de sortir prendre l'air et cesser de ressasser les mauvais souvenirs qui hantait son esprit. Son mariage proche, le vide laisser par l'absence de Kylian. Pour la première fois depuis longtemps, la princesse se sentait libre, perdue au milieu de nul part, en pleine nature, sentait l'eau fraîche et indomptable sur ses pieds, l'air jouant dans ses cheveux, et rien d'autre autour d'elle que des arbres et une faune discrète.

« - Une beauté sauvage, comme il ne peut y avoir que chez les elfes. »

Esmelda avança sa main pour caresser le chanfrein de l'animal.

« -Vient ma douce, ne craint rien. Auprès de nous tu ne peux recueillir qu'admiration et quelques caresses. »

Elle posa une main douce et délicate sur l'animal. Ce qui se passa en cet instant Esmelda ne put se l'expliquer. Un frison, une sensation de bien être étrange et familier. Ses inquiétudes s'envolaient, comme si l'animal lui apportait une confiance et une sérénité. En un instant son esprit se sentit plus léger et son corps moins tendu. La jument au regard doux lui murmurait du bout du naseau de garder confiance et espoir. La perle grise pose son bout de nez dans la main de la princesse, dans un geste doux et délicat. Esmelda s'approcha un peu plus pour la caresser de son autre main. Son encolure était fine et gracieuse, douce comme de la soie.

« - Je crois qu'elle m'a adopté, Ninna. Mais Beauté de l'eau ta place est dans cette foret luxuriante. T'enfermer dans une écurie serait une honte à la liberté de ton âme. Tu dois luire comme une étoile dans le ciel.»

La jument ferma les yeux, comme pour confirmer ses dires, avant de relever la tête droite et fière vers Ninna. Elle hennit avec douceur, renâclant l'air à pleins poumons.

« - Ninna, si je reviens un jour sur Armanda, quand l'esprit de la mort aurait posé sur moi son baiser, j'aimerai être une belle jument sauvage, telle celle-ci. Libre, fière, indépendante, ayant la nature comme seule amie et parfois deux jeunes femmes éprises des mêmes choses. »

La douce étoile bougea ses oreilles dans tous les sens, aux aguets. Elle fit un pas en arrière, non sans allonger son encolure pour une dernière flatterie de la princesse, et partit comme elle était venue, sans un bruit, seule celui de l'eau qui coule au travers de ce paysage de verdure.

« - Au revoir, Songe de l'eau, je garderai en mémoire la beauté de tes yeux et la douceur de ta crinière. Prends soin de toi en ces temps incertains. Les esprits de l'eau et de la terre ont beaucoup à faire pour protéger la faune et la flore que nous négligeons au détriment de notre bien être. »

Esmelda se retourna vers Ninna, le regard plus vivant que quelques heures auparavant.

« -Ne devrions-nous pas rentrer ? »