¤ Dreaming ¤

Une étendue d’eau. Elle s’étendait à l’infini, ne connaissait aucune frontière. Non, ce n’était pas cela, une brume l’enveloppait totalement, si bien que les berges n’étaient visibles. On ne pouvait donc qu’en déduire que cette eau ne connaissait aucune limite et recouvrait tout l’endroit. Au milieu de tout ceci, des oscillations puis des remous se formaient. Quelque chose remontait. Bientôt un être au teint pâle émergea. Allonger dans l’eau, seul son visage en sortait, ainsi que le bout de ses doigts. Il flottait paisiblement. Bientôt l’être ouvrit les yeux, il était bleu, bleu azur. Nettement plus clair que cette eau. D’ailleurs de quelle couleur était telle ? Bougeant les orbites, il regarda à droite puis à gauche, ne pouvant voir l’eau et incapables de bouger la tête il souleva un bras. Il vit l’eau en glisser avant de retomber lourdement. Elle était, à la frontière entre le gris et le blanc, et lumineux à la fois. Cependant… Elle était beaucoup plus dense et trouble. Soupirant l’être papillonna des yeux, il se mit à frissonner. Le liquide dans lequel il baignait se mit se rafraichir, devenant de plus en plus froid. Regardant le ciel, il vit une lumière bleutée qui prit rapidement la forme d’un dragon. Levant à nouveau la main, et pointant du doigt, il fit un trait devant lui, un voile de fumée noire se forma venant cacher cette lumière. Dès lors, l’eau se mit à se réchauffer pour redevenir comme avant.

° Comme si ce n’était pas assez péniblement il faut que des éléments extérieurs viennent rendre le tout encore plus flou. °

De nouveaux remous eurent lieu, provenant d’en dessous de l’elfe. Fermant les yeux ce dernier espéra inconsciemment qu’il s’agissait d’un monstre marin qui sortirait des flots pour le happer et le sortir de cet endroit. Malheureusement pour lui ce ne fut pas le cas. Quelque chose surgit des flots justes en dessous de lui, le soulevant. Le sylvain resta neutre et immobile, les yeux fermer attendant. Une gigantesque feuille d’une plante aquatique venait de se former. En son milieu se trouvait l’elfe qui fut rapidement enveloppé. Un bourgeon rouge de taille démesurée, mais proportionnelle à la feuille se forma l’avalant. Immobile l’elfe dragonnier ne bougea pas, il reconnaissait tout cela, mais ne fit rien pour autant. Il resta là un bon moment les yeux perdus dans l’obscurité de ce cocon jusqu’à ce qu’il décide de s’assoir. Le bourgeon éclot dévoilant une fleur de nénuphar ainsi que l’être se trouvant en son sein. Les yeux mis clos, plonger dans le vide, fixant le par terre face à lui. Devant son inaction la fleur se mit à tressauter comme pour le saquer, le forcer à bouger. Néanmoins Elrond resta là, sans bouger, se laissant balloter, jusqu’au moment ou plus violemment son corps se souleva et il tomba, roulant sur le côté, ne faisant rien pour retenir ça chute et tomba à nouveau dans l’eau ou il fit la planche. Un soupire s’entendit au loin auquel l’Amarië répondu par son propre soupire. Un flash se forma et une elfe assis sur l’un des pétales de la fleur de nénuphar apparut.

« J’ai l’impression de te revoir, à cinq ans alors que je refusais de sortir du lit. »

« Et moi j’ai l’impression qu’une erreur a été commise, je suis lié au lynx pas au cygne alors pourquoi tous ces rêves ? »

« Tout le monde rêve, tu ne dois pas en faire une fixette sur ta propre personne. »

Faisant la moue Elrond se tût, se redressant lentement pour s’assoir, flottant à la surface de l’eau comme si elle était un solide et qu’on pouvait marcher dessus telle la terre ferme.

« Pourquoi as-tu… »

« Voilé le ciel ? Les nénuphars ne poussent pas dans la glace, j’ai quelques notions. »

Passant sa main au-dessus de sa tête la fumée noire disparut laissant à nouveau apparaitre le dragon bleu et blanc. L’eau se refroidit à nouveau, se faisant bientôt glace, le nénuphar le devant aussi, une sculpture de glace vert et rouge. Le dragonnier se redressa pour venir s’assoir à côté de la femme qui était apparue.

« Quand cela finira-t-il ? »

« Quand tu t’arrêteras de douter. »

« Pfeu, facile à dire, d’après ce que j’ai compris si j’ai la moindre parcelle de doute jamais ça ne finira. Mais qu’y puis-je, je n’ai pas demandé à ce que l’on me montre ma ‘destinée’ j’ai demandé à ce que l’on m’extirpe de ce mariage »

« Tu ne t’es pas demandé si tout cela était lié. »

« Donc c’est quand j’aurai rempli ma part du contrat que l’autre se réalisera, et bien, autant dire que je ne suis pas dans la… »

« Elrond Amarië ne soit pas impoli »

La voix avait retenti telle un claquement de fouet dans tout le rêve, grondant sourdement, Elrond se redressa, tournant le dos l’air boudeur. Regardant autour de lui, il fit la glace commencer à se craqueler, à fondre, la lumière dans le ciel venait de disparaitre. Bientôt toute la glace vint à disparaitre. Ce tournant vers l’apparition de sa mère, il leva une main l’agitant d’un air désinvolte, presque blasé.

« On reparlera de tout cela dans mon prochain rêve. »

Un grand flash apparut avant que tout l’endroit ne soit plongé dans l’obscurité la plus totale.


Ouvrant les yeux, Elrond reconnut immédiatement l’endroit. C’était chez lui, c’était sa chambre. Il était dans son lit, allonger sous une couverture et non à flotter au milieu d’une étendue d’eau. Se redressant lentement il regarda par la petite et unique fenêtre de sa chambre qui donnait sur le ruisseau face à sa maison. Néanmoins la vue du ruisseau était obstruée par la taille imposante de Möebius. N’interférant pas dans son esprit pour lui indiquer qu’il venait de se réveiller, l’Amarië se redressa et se glissa hors de sa couche en toute discrétion. Se dirigeant vers sa commode il vint se vêtir d’une simple tunique avant d’attraper sa cape rouge et sortir de chez lui. Pied nu, il marche de pierre en pierre qui composait son allé plutôt humble, passant sa jambe au-dessus de la queue de son lié pour reposer son pied de l’autre côté et venir se mettre à côté de lui, au bord du ruisseau, s’asseyant et enfilant ses chausses qu’il avait portées jusque-là.

¤ Tes cauchemars perturbent mes rêves mon petit et ce depuis que tu es sorti de sa coquille. Que s’est-il passé cette fois ? Tout ce que je sais, c’est que ça devait être particulièrement froid, tout mon rêve en était gelé. ¤

Elrond leva sa main et vint la poser contre l’une des pattes avant du bleuté le caressant lentement.

¤ Indescriptible ¤

La fatigue baignait les yeux de l’elfe, des cernes étaient formés sous ses yeux, bien qu’encore légers, elle devenait cependant plus prononcer chaque jour. Ces nuits étaient emplies de rêve qui ne lui permettait de trouver le repos. Un repos qu’il commençait à convoité, bientôt il serait obliger d’utiliser la magie pour se plonger dans des sommeils sans rêves et ainsi retrouver ces forces, être totalement reposé. Néanmoins son esprit resterait toujours ailleurs,  hagard, divaguant. S’envolant vers de lointaines sphères ou il s’embrumait de plus en plus. Seul un grand choc parviendrait à le sortir de cet état de trouble. Sortant de son lit pour rejoindre son dragon, assis au bord du petit ruisseau qui bordait sa maison, lui aussi était dans une brume qui troublait son esprit. Venant s’assoir à ses côtés, il posa sa main contre sa peau écaillée. C’était toujours aussi étrange que ce contact, les mots n’étaient pas… enfin, il n’y avait pas de mot pour le décrire. Ce contacte était-il amplifié à cause de leur lien dans quel cas une personne lambda touchant la peau d’un dragon n’aurait pas le même sentiment ? Aller savoir. S’emmitouflant un peu dans sa cape, l’elfe rouge vint se coller, s’adosser contre la patte avant de son dragon, fermant les yeux quelques instants. Il aurait pu s’endormir là. Combien de temps n’avait il pas dormi auprès de lui ? Trop peut-être, depuis qu’il avait grandi et était incapable de rentrer dans la maison leur nuit séparer s’était fait plus fréquente. Elrond avait déjà à faire bâtir un local appart, suffisamment grand pour que le dragon bleu et blanc puisse y rentrer et y être à l’abri, avoir un toit au-dessus de sa tête et non simplement le ciel étoilé. Mais un tel projet était sans doute impossible, l’archer ne savait pas quelle taille Möebius était capable d’atteindre, jusqu’à quand il s’arrêterait de grandir. Le plus simple aurait été de bâtir un toit partir de la cime des arbres, chacun de ces colosses d’écorces servant de pilier. Néanmoins, le bleuté finirait peut-être par les atteindre, cette cime des arbres. Légèrement endormit il se mit à rêvasser, pourtant, il était toujours attentif à son lié. Passant le rêve que l’être de la quatrième race voulut bien lui montrer. Il ne saisit pas bien ce qu'on lui montrait là, s’il avait été plus éveillé sans doute qu’il aurait décelé le tourment de son lié. Mais ayant la tête dans le pâté ce ne fut pas le cas.

Appuyer contre le colosse de saphir, l’elfe blond fut remué quand ce dernier se mit à bouger quelque peu. Grommelant dans sa barbe, lui qui était bien calé contre son dragon fut chassé de son confort. Ouvrant les yeux tournant la tête il remarqua que Möe c’était positionné de telle sorte qu’il puisse monter, bien que son esprit ne soit encore dans les bras de Morphée il comprit instinctivement ce que tout cela signifiait. Un sourire se dessina sur les lèvres du jeune dragonnier, le moment était venu. Se redressant rapidement, trop brusquement même, son corps ne suivant pas quelques étoiles apparaissant devant ses yeux. Il en fit néanmoins abstraction, se faisant violence et retourna dans la bâtisse derrière lui. Enfilant sa paire de bottes et se saisissant de la selle, Elrond rejoignit le dragon bleu et le sella correctement. Cette selle était un peu trop petite dorénavant, il la changerait dans la journée, un peu plus tard. Caressant un peu son lié il monta dessus avec toute sa grâce elfique avant de se positionner correctement. Mettant ses bottes dans les étriers, attachant ses poignets aux attaches en cuir. Une fois prêt il le fit savoir à Möebius. Après une petite chevauchée, les deux âmes liées se retrouvèrent au sommet d’une falaise, ce serait leur point d’envol. Alors que Möebius s’approcha du bord, Elrond qui jusque-là avait le sourire aux lèvres commença à pâlir, aller savoir pourquoi bien que l’excitation et la curiosité étaient présente il fut prit d’un léger vertige il ne se souvenait ne pas avoir eu le vertige avant qui plus est. Respirant calmement il tacha de garder cela pour lui.

Enfin, le dragon de saphir déploya ses ailes, il avait encore plus l’air majestueux qu’avant. Prenant son courage à deux mains il envoya son esprit dans celui de Möebius pour ne faire qu’un avec lui. Il sentit ces puissants muscles se tendres, ses ailes se battirent alors qu’il se propulsa à l’aide de ses pattes. Sans hésitation il sauta alors que le vide faisait face à lui. Instinctivement les mains de l’elfe se resserrèrent sur ses prises. Son lié plongea, le long de la falaise, dans ce vide, se laissant emporter par la gravité. Elrond sous les sensations ne tint pas et réinvestit son corps par peur ne lâcher prise s’il se laisser aller pleinement dedans comme lorsqu’il regardait Möe s’entrainer à voler. Se penchant en avant il vint se coller contre la croupe de l’écailleux. Alors que le sol s’approchait de plus en plus, les ailes de son lié se déployèrent. Se redressant également suivant le rythme, le vent provoquant un sifflement assourdissant, le bleuté se redressa alors commençant à planer quand ses ailes massives se mirent à battre lui faisant prendre de la hauteur. Haletant légèrement, venant de se rendre compte qu’il n’avait pas respiré de toute la manœuvre tant les sensations étaient grandes, l’elfe manquait d’air.

Montant encore et toujours, prenant plus d’altitudes, l’elfe vit au loin le soleil naître dans l’horizon, ses rayons venant l’éblouir quelque peu. Se risquant à regarder en bas il vint une mer d’arbre se faire de plus en plus petit, une sensation de vertige commença à naître en lui, mais soudainement, cette vision disparut pour laisser place à un vaste champ de nuage blanc cotonneux. Oubliant sa peur qui fut écrasée par sa curiosité il lâcha une de ses prises pour tendre la main et essayer de toucher l’un de ses nuages, mais il n’eut rien. Lui qui s’était demandé si ces bateaux du ciel étaient faits de coton, il se révéla qu’ils n’étaient pas palpables. Souriant légèrement Elrond vint poser une de ses mains contre la peau de son dragon pour lui faire passer tout ses remerciements pour ce cadeau.

En profitant pour regarder ce monde inaccessible pour le commun des mortels il s’illumina devant la beauté de cet endroit, ce territoire des dragons qu’était le ciel. Pris à de nombreuses reprises de vertige, son cœur se soulevant sous la peur bientôt il ne le sentit plus comme si ce sentiment était devenu une partie de lui. Riant légèrement face à tout cela, il s’attelait surtout à garder son calme pour ne pas déraper, bien que son esprit était émerveillé, son corps lui était tétanisé, sa main gauche refusant de lâcher prise, une seul de ses mains semblant sous son contrôle. Une idée de folie lui traversa l’esprit, elle lui permettrait de vaincre cette terreur qui paralysait son corps, enfermant son esprit dans une prison.

¤ Möebius, mon corps ne me répond plus, il est temps que je lui montrer qu’il n’a pas à être aussi terrifier. Nous allons tenter quelque chose de dingue. ¤

Faisant part de ses attentions par des images, Elrond de sa seule main libre vint détacher l’attache de sa main gauche avant qu’il ne fasse de même avec celle de droite. Prenant parle la suite une grande respiration et toujours de la seule partie de son corps voulant bien lui obéir il se souleva avant de se pousser, se laissant tomber sur côté, se désarçonner et commencer une chute vertigineuse. Fermant les yeux il se laissa tomber avant de se stabiliser, descendant droit en direction du sol, passant à travers de nombreux nuages, voyant à nouveau apparaitre la canopée du royaume des elfes. Möebius lui n’était pas très loin descendant en piquer pour le rattraper, arriver à sa hauteur et le permettre de s’attacher à nouveau.

Möebius avait bien vu qu'il y avait une certaine tension chez son lié, il avait beau cacher son esprit, son corps lui communiquait suffisamment, la prise de ses muscles contre son flanc en disait long. D'habitude ses jambes étaient plus relâchées pour une meilleure chevauchée, mais ici, il semblait légèrement nerveux. Même après la longue chute et l'envol majestueux du couple, Elrond restait interdit. Le paysage sembla néanmoins faire plaisir à l'elfe puisqu'il le remercia par leur lien unique. Il est vrai que la mer des nuages avait quelque chose de différent et de particulier qui donnait envie de s'y baigner comme dans un océan. Cependant, l'idée fut sans doute trop forte pour Elrond, car même après son explication, Möebius n'en saisit pas le sens et ne fit qu'une grimace de surprise en le voyant se jeter dans le vide. Forcément le dragon fit demi-tour sur lui-même pour tenter de rattraper son lié. Descendant aussi vite qu'il le pouvait, il en venait même à battre des ailes pour parvenir à sa hauteur et encore il n'était pas sur de l'atteindre avant qu'il soit trop tard. Son esprit semblait en train de s'éveiller, de se libérer de quelque chose jusqu'ici. C'était un concepts que Möebius ne comprenait pas, mais il était hors de question de laisser son lié mourir. Encore quelques battements d'aile et il put se saisir de son elfe, le saisissant entre ses griffes pour lui permettre de reprendre place sur son dos, en espérant que cela serait la dernière fois qu'il tenterait une folie de ce genre.

Avait-il une raison de faire cela ? Le bleu communiqua son incompréhension vis-à-vis de son lié. Ce dernier lui répéta alors plus calmement ce qu'il lui avait dit juste avant. Vaincre sa peur de l'altitude par une chute libre ? Il n'était pas sûr que cela soit vraiment une méthode appropriée, aussi resta-t-il dubitatif et lui fit clairement comprendre que s'il recommençait il n'irait pas le chercher cette fois. Bien sûr après quelques plaisanteries et propos rassurant, ils continuèrent dans le ciel ainsi, tandis que le soleil continuait sa course contre l'obscurité de la nuit. Battant des ailes silencieusement dans le ciel accompagné de son lié, son esprit divaguait, réfléchissait et repensait à certaines choses. Notamment à une décision que son elfe avait choisie assez récemment. Le choix de devenir Baptistrel. C'était une noble ambition, mais le dragon ne savait pas quelles seraient les répercussions sur leurs liens et sur leur avenir dans les combats à venir. Il en fit part en pensée à Elrond. Un océan de doute et la question si c'était bel et bien le bon choix pour lui ? D'après ce qu'il se rappelait, sa vie d'avant et celle de Baptistrel était totalement opposé. Serait-il à la hauteur ? La possibilité que cela affecte leur relation ou même leur lien n'était pas à exclure. Bien qu'il ne connaissait qu'assez peu la magie de ce cercle de mage spécial, il savait qu'elle ne fonctionnait pas comme les autres et de grands pouvoirs impliques de grande responsabilité, mais également de grands prix à payer.

Elrond était-il prêt à payer ce prix ? Puis estimant que c'était suffisamment important Möebius décida qu'il était temps de parler avec sa vraie voix, plutôt que ces images imprécises. Déployant son esprit au sien pour communiquer mentalement avec plus de facilitée, il entonna de sa voix sa réflexion à ce sujet. Une brume glacée s'échappait de son esprit tandis que les mots continuaient de couler en lui. A mesure qu'il continuait son exposé le froid et la glace ne faisaient que croître, finalement il se décida pour finir la conversation et éviter que cela n'aille trop loin pour ne pas déranger son lié.

« Je pense que devenir Baptistrel n'est pas une décision que l'on prend à la légère. Si tu t'en sens capable fais-le, mais sache qu'il n'y aura pas de retour possible. De plus cela pourrait t'affecter tout autant que moi puisque nous sommes liés. Et puis, je ne connais pas vraiment vos coutumes, mais ton histoire de mariage est compatible avec cet objectif ? »

Tandis qu'ils conversaient, Möebius se dirigeait vers un endroit qu'il supposait être son lieu de naissance. Les montagnes au loin s'apercevaient et semblaient indiqué que le sommet en était gelé, ce gel qui était si familier pour le dragon. Il n'y avait quasiment nul part ailleurs ou il régnait un froid aussi intense. Aussi, supposait-il que c'était là que se trouvait son œuf avant qu'on ne le trouve. Aurait-il quelques réponses la-bas ? Il n'en savait rien, mais tant qu'à voler, autant avoir une destination.

¤ Quand le moment est venu ¤

C’était magnifique et terrifiant à la fois. Voler provoquait une incroyable sensation de liberté, Elrond sur le moment aurait aimé être un dragon pour pouvoir voler pour l’éternité, sentir le frottement de l’air sur la totalité de son corps, se plonger dans une ivresse infinie que le manque d’oxygène provoquait en altitude. Oui ce sentiment, cette sensation de bien-être avaient pris le pas sur la peur qui ressentait son esprit pour petit à petit l’évaporer totalement. Oui son esprit n’avait plus aucune trace de peur, il était presque prêt à rire d’émerveillement. Si cela n’avait été de son corps. Son corps lui ne c’était pas laisser envahir par l’ivresse, non bien au contraire, il avait succombé à la peur, succomber à la terreur. Une paralysie totale venant le rendre interdit, le glaçant, l’immobilisant. Seul son bras droit était encore fidèle à son esprit, celui-ci étant habité par la curiosité. L’Amarië était aux prises dans une lutte mentale pour parvenir à recouvrer le contrôle de son corps. Sans succès malheureusement. C’est donc par la force que l’elfe devrait vaincre et c’est avec une folie qu’il y parviendrait. Prenant une grande respiration, expliquant sa manœuvre à son lié il détacha ses attaches avant de se laisser tomber dans le vide.

Il se sentit comme aspirer, comme si une main invisible était venue l’enserrer pour le tirer violemment et le ramener vers la terre, là ou était sa place. Oui la place d’un mortel n’était pas dans les airs, mais bien sur terre, son esprit et son corps avaient tenté de lui rappeler, mais le sylvain refusait d’entendre raison et comptait bien rallier à sa cause son corps à présent que son esprit était déjà dans son camp. Elrond commença alors une longue chute, vertigineuse, au début il était toujours aussi tétanisé, sur le dos, il c’était laissé aller à chercher ses yeux pour profiter de la sensation. Quand enfin l’esprit inquiet de son dragon ne vient rejoindre le sien. Toujours ce même sourire aux lèvres il se fit violence et réussis à se retourner se mettant sur le ventre pour ensuite se mettre en piquer, son corps lui obéissant à nouveau. Möebius se mettant parallèle à lui, le dragon de saphir le guida de ces pattes, rejoignant la croupe de son lié il s’attacha à nouveau alors que le bleuté, défiant le vent et la gravité, déploya plus ces ailes afin de décrire un arc de cercle et remonter. Pousser par la vitesse gagner lors de la chute il remonta au-dessus des nuages. Riant de l’incompréhension et l’agacement de son lié, il vint le rassurer quant à son action et à sa non-récidive, quoi que, il réessaierait bien une autre fois, non pas pour vaincre un engourdissement quelconque de son corps, mais par pur plaisir.

Alors que le vole se faisait à nouveau paisible, Elrond regarda autour de lui avec plus d’attention, essayant à plusieurs nouvelles reprisent d’attraper un ou du moins un morceau du nuage, s’entêtant sans résultat. S’entant l’esprit de son dragon s’égarer il revint détacher ses attaches, et de toute sa grâce et agilité elfique, il se redressa lentement afin de se mettre debout, cherchant un équilibre, veillant à ne pas tomber à nouveau, de sa main il suivait le voile d’obscurité qui fuyait face aux vagues de lumière dans le ciel. Concentrer sur ce qu’il faisait, il ne suivit pas le cours des pensées de son âme liée, trop absorber dans la recherche d’un équilibre. Les frottements du vent rendaient ici les choses bien plus ardues que sur terre. Mais bientôt il y arriva, se tenant debout sans chanceler. Les questionnements de son dragon parvinrent finalement à sa personne quand ce dernier vint lui en faire part. Ah oui, son possible avenir en tant que Baptistrel, Elrond comptait lui en parler sous peu, il aurait préféré régler cette histoire de mariage avant, mais le Dracos en avait voulu autrement. Coupant le dragon dans ces élans il lui partagea avant tout la conversation qu’il avait eue avec Merithyn Shadowsong, du moins pas toute la conversation, uniquement les paroles du Baptistrel de feu expliquant ce qu’imposait ce choix et les transformations à venir.

¤ Je pense que devenir Baptistrel n'est pas une décision que l'on prend à la légère. Si tu t'en sens capable, fais-le, mais sache qu'il n'y aura pas de retour possible. De plus cela pourrait t'affecter tout autant que moi puisque nous sommes liés. Et puis, je ne connais pas vraiment vos coutumes, mais ton histoire de mariage est compatible avec cet objectif ? ¤

La voix du dragon résonna dans l’esprit du rouge, il perdu presque l’équilibre, mais le retrouva rapidement, cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas entendu. Elle avait bien changé depuis.

¤ Ça ne me dérange pas d’en parler Möebius, c’est un sujet que nous devions traiter un jour ou l’autre. J’aurais préféré attendre un peu pour éviter quelques emmêlements avec une autre situation qui nous atteint. Avant de me lancer dans cette aventure, je me dois d’avoir ton soutient, car comme tu l’as dit, la magie des Baptistrels est une magie bien particulière soumise à de nombreuses lois uniques en leur genre, leur serment pour commencer apportera des changements que même les Baptistrels ignorent au vu de notre situation. Nous sommes un cas particulier qui sait quelles répercussions auront les effets du serment sur toi. Seras-tu soumis aux mêmes conditions que moi ou non ? Je dois  d’abords m’assure que tu es prêt à courir le risque de changer avec moi. Dans mon cas il n’y a pas à de doute, j’ai conscience de l’importance de cette décision et je suis prêt à la prendre. Mais avant toute chose je dois savoir ce qu’il en est de toi. Si tu es prêt à me suivre dans cette folle aventure pour m’y apporter ton soutient. Dans quel cas, j’arpenterais une autre voie. ¤

Soupirant quelque peu, ce soupire ce perdant dans le vent qui frôlait son visage. Regardant un nuage au loin il vint rapidement agiter sa main devant comme pour l’effacer, le repousser. Se retournant lentement ayant choppé l’équilibre il fit deux pas le long du dos de Möebius, s’approchant de sa queue.

¤ Quant à cette histoire de mariage…. Eh bien… Je ne sais pas si cela entravera ou nous la réalisation de cette cérémonie… Mais une chose est sûre, jamais ce mariage n’aura lieu ! Ni la princesse ni moi ne voulons de ce dernier, peu importe la politique, peu importe les souverains, j’obtiendrais son annulation. ¤

Tout en disant ses mots le Sylvain frissonna quelque peu, l’air se faisant plus frais, revenant lentement à sa place, s’essayant il vit des montagnes aux pics geler ce dessiner. Interrogeant son dragon il lui demanda où ce dernier comptait les amener ainsi.

¤ Recherche ¤

Une discussion des plus sérieuse, rien de tel pour venir entacher le tableau d’un évènement des plus magique dans la vie d’un dragon et de son dragonnier, le premier vol ensemble. Elrond aurait aimé en profiter un peu plus avant de se mettre à converser sur des sujets épineux. Malheureusement il ne put. Möebius n’était sans doute pas encore capable de répondre à toutes les fantaisies qui pouvaient passer dans l’esprit de l’elfe, un entrainement rigoureux les attendrait sans aucun doute avant qu’il ne puisse danser tous les deux avec aisances dans les airs. Le vol se poursuivit donc dans le calme, calme qui ne convenait pas réellement au rouge qui, maintenant que sa peur et son vertige avaient été vaincus, c’était mis à coordonner ses mouvements avec celui de son dragon pour se mettre debout et se déplacer en plein vol. Le fait d’être un elfe l’aida grandement, il eut une pensée pour Atalos et Amyelenor, se demandant si l’humain arriverait à une telle prouesse. Sans aucun doute, ce jeune humain avait de la ressource. Suivant l’esprit du bleuté, la question de son avenir en tant que Baptistrel pour son lié l’intriguait et l’inquiétait. Il est que ce serait une première, un dragonnier Baptistrel, si cela se faisait qu’elle en serait les conséquences ? Le Draco y gagnerait-il un Baptistrel qui lui serait propre comme chaque esprit ? Aller savoir, Elrond voulait se lier à Océan l’esprit de l’eau, en payement pour sa dette. Oui le sylvain était en proie à de nombreuses questions ces temps-ci, le mariage n’arrangeant pas les choses, Möebius ne comprenait pas et sans doute ne comprendrait il pas, la notion de mariage lui était déjà confuse, sa propre vision des liens étant fortement ancré en sa personne. Alors si par-dessus cela il venait y ajouter la politique, le pauvre écailleux ne s’en sortirait pas, même Elrond avait du mal, tout le monde à du mal avec la politique, sauf ce qui la pratique. C’est une science à part et bien détestable.

Au loin se profilaient les hauts pics des montagnes gelées. Avait-il déjà parcourut dans de lieux ? À vol de dragon, le continent semblait bien petit. L’air déjà frais, dû à l’altitude, se rafraichit encore à mesure qu’ils approchaient de la montagne. Non pas qu’Elrond était frileux, loin de là il appréciait bien plus le froid que la chaleur. Le problème était que l’elfe n’avait pas l’accoutrement idéal pour une randonnée en montagne, à peine vêtu, il risquait de prendre froid. Utilisant donc la magie, il se réchauffa quelque peu. Cessant de regarder face à lui, il jeta un œil sur les côtés pour voir le sol, il aurait bien aimé voir l’armée Alayienne, bien que nombreux vu d’en haut elle devait être toute petite. D’ailleurs, à peine y pensait il que son lié d’âme vint le questionner à ce sujet. Il est vrai que la réunion ne s’était pas très bien passer, il avait été incompris dans ces propos par-dessus le marché. Ce sommet avec les trois races, il n’était pas contre, dû moins en théorie. Pour lui, rien de bon n’en découlerait, après tout, jusqu’à présent rien de bon n’était jamais survenu même sans réunion. Au lieu d’une joute physique, ce serait une joute mentale et verbale qui se tiendrait. Mêler homme et vampire sans préparation ultérieur était pure folie. Le temps était compté direz vous, mais une telle chose aurait pu être évité si les hautes instances elfique ne c’était pas contenter d’observer en se tournant les pouces. Que les sylvains sont beau cacher dans leur forêt, protéger par une barrière magique. Ils sont fous de se croire à l’abri, leur suffisance et naïveté finira par les perdre. Depuis longtemps déjà les maux frappant Armanda auraient pu être résolus. Les elfes ne sont pas aussi sages que l’on-dit. Sortant de sa pensée il répondit au bleuté télépathiquement.
Pour lui, les Alayiens étaient une véritable menace. Ils avaient eu le privilège de connaitre le contenu du grimoire, alors ils connaissaient très bien le risque qu’ils représentaient.  Möebius et Elrond étaient des êtres magiques et ces barbares exécraient la magie. Il faut les chasser hors de ce continent qui souffre déjà bien assez du manque de magie. Ils ne sont que désastre envoyé par un esprit malveillant, sans doute en guerre avec ses frères.

Finalement, les deux êtres arrivèrent à la montagne, quelques cavités étaient visibles, le dragon vint se poser près d’une d’entre elles et se mit à l’explorer avec son esprit. Elrond s’infiltra dans ce dernier pour savoir ce qui cherchait, il en profita pour répondre à une dernière interrogation du bleuté. Son absence de feu l’inquiétait et inquiétait également Elrond. Était-ce une malformation ? Une malédiction ? Ou en était-il tout simplement incapable. Aller savoir, l’elfe lui promit de poser la question auprès des Baptistrels afin de savoir si ces derniers en avaient une quelconque idée. Sinon, les deux liés devraient se rendre auprès d’un autre dragon plus ancien pour avoir des réponses.

Finalement voyant que l’endroit ne correspondait pas aux attentes de son dragon, l’elfe commença à chercher dans ses poches et il y trouva une boussole, une boussole du cœur. Sautant du dos de son lié, il vint se placer devant lui, venant lui annoncer ses attentions, tout en lui tendant la boussole.

¤ Touche-la, et sers tant. Avec de la chance, elle t’indiquera la grotte que tu cherches, sinon,  c’est que ton cœur n’a pas comme priorité de trouver cet endroit. ¤

¤ Ce que l'on désire le plus ¤

La boussole du cœur, voilà un objet bien pratique, Elrond savait qu’il avait bien fait de l’acheter. Même si elle ne lui avait pas beaucoup servi, il avait espoir en des jours ou ce petit instrument lui serait utile. Il est vrai que dans son cas, il était peu probable que l’artéfact ne pointe vers une autre direction que son lié. Toutefois, de ce désire qui unissait leurs âmes, il était possible de l’aveuglé l’espace d’un petit instant. Leur cœur comme leur âme était lié, il suffisait que tous deux désire la même chose afin de permettre à cette boussole de pointer vers une autre direction. Tendant l’instrument à Möebius, l’aiguille pointait l’écailleux, lorsqu’elle fut entre les pattes avant du monarque de glace, elle se mit pointé l’elfe, pour finir par se déraille. Bientôt elle se mit à tourner sur elle-même tel un dément. S’arrêtant de temps à autres sur l’un ou l’autre des deux êtres en présence, l’Amarië ferma les yeux. Il n’avait qu’un seul désire que son dragon soit heureux. Masquant d’un voile leur lien, l’artefact magique put enfin indiquer une autre direction. Le nord-est, était-ce vers là que ce trouvait le lieu tant désirer ? Rangeant la boussole, l’elfe revint sur le dos de son partenaire.

L’excitation sembla le gagner, l’elfe le perçut non seulement dans leur lien, mais également dans son attitude. Le bleuté c’était empressé de décoller pour ensuite opter pour un vol moins tranquille. Le rythme fut plus rapide, les ailes de l’écailleux se mirent à battre plus fort, démontrant toute la puissance qu’il était capable de déployer. Le rouge s’agrippa à ses accroches tant-dis qu’ils filaient tous deux entre les pics neigeux, bravant les courants d’air puissant qui eux aussi sillonnaient les montagnes. Passant avec une facilité étonnante quelques passages escarpés, rentrants ses ailes pour se mettre à faire la toupie. Le dragon rugissait son empressement. Ce vol des plus tumultueux mit l’elfe à rude épreuve, pourtant le blond appréciait. Même si il était difficile de se maintenir, toutes les positions à adopter pour ne faire qu’un avec son dragon et facilité son vol apparaissaient d’elle-même dans son esprit tel une évidence. Finalement les deux liés trouvèrent l’endroit. Du moins ils pensaient. Un dernier obstacle les attendait, un mur de neige et de pierre les séparait de la cavité. Sur le dos de son lié, l’elfe commença à concentrer sa magie. Tendant les bras et commençant à chanter, la roche se mit à devenir friable pour finalement devenir pour et éclater aux premiers coups de patte du dragon.

Enfin la brèche fut suffisamment grande pour que lui et son dragon ne puissent y rentrer. Quittant le dos de ce dernier, Elrond entra dans la grotte, pour l’observer, passant sa main sur les parois, il semblait être à la recherche de souvenir quelconque qui pourrait satisfaire son lié. Enfin son attention fut retenue par un piédestal, s’en approcha également, il ressenti un grand froid, pourtant si familier. Passant de l’autre côté il l’effleura de sa main. Sous yeux, tromper par ses souvenirs et ceux de Möe, il lui sembla voir apparaitre un œuf fait de glace, approchant lentement sa main, il passa à travers ça vision se dissipant, sa main venant finalement se poser sur le museau du dragon bleu de l’autre côté. Souriant tristement l’archer quitta finalement l’endroit pour attendre dehors. Le froid y sévissait, et de la neige semblait tomber, d’ailleurs ses bottes étaient enfoncées dedans. Prudemment et lentement il s’approcha du bord pour jeter un coup d’œil en bas. Malheureusement il ne parvenait pas à voir le fond malgré ses yeux d’elfe. Attendant patiemment, le perçut l’aura du bleuté revenir vers lui. Il semblait avoir pris une décision. Parcourant son esprit il prit connaissance de ses intentions, il ne dit mot, après tout, il n’y en avait pas besoin. Venant calmement se repositionner sur la croupe du dragon de glace pour s’envoler à nouveau, tous deux s’en retournant vers le royaume elfique ou une rencontre les attendaient.