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Quand Néant vous court après [Terminé]

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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeSam 17 Aoû 2013 - 22:51

In extremis. Il venait d'être "sauvé" in extremis par cet incident avec les alayens. Ironique quand on y songeait, si l'on considérait le fait que lesdits alayens cherchaient par tous les moyens à exterminer ce que son peuple représentait, notamment. Vraiment ironique.

Bon pour tout dire, il n'était plus vraiment en état de goûter cette douce ironie. Il n'était plus que souffrances et faiblesses et était à deux doigts de laisser tomber ses dernières onces de dignité pour se laisser choir dans les bras de l'inconscience. La pulsation de sa blessure à la cuisse, que Lorenz lui avait infligée par sa dague d'ombre, se faisait de plus en plus tenace et continuait à faire perler son sang, même si en plus faible quantité. Son corps semblait dès lors un patchwork de diverses couleurs, allant du pâle originel au rouge sang de ses plaies, dont celle de son arcade sourcilière fendue, en passant par les bleus violacés et jaunâtres de ses diverses écchymoses, les précédentes qu'il avait déjà subies lors de son altercation avec le fameux Havard Svenn quelques jours plus tôt, alors tout juste en voie de guérison, se ravivant soudain de douleur. Sa mâchoire légèrement cassée l'élançait aussi de façon fort inconfortable. Sans compter...

Sans compter ce vide incommensurable qui l'étreignait de son froid manteau. Plus de magie. Pulvérisée. Détruite. Brisée. Sa magie complètement aspirée. Comment donc Lorenz Wintel avait-il réalisé l'exploit de voler sa magie à un autre être ? Il en avait une vague idée, très vague, qui se résumait en trois mots : sang de dragon. Mais qu'importe le comment au final. Le résultat était là. Inexorable. Le laissant vide, seul, étrangement seul. Fragile. Démuni. Perdu. Désespérément perdu sans cette magie qui avait toujours fait partie de lui, qui avait fait sa force, qui avait fait son essence même dès sa naissance, toute sa vie durant, cette magie qui l'avait maintenu en vie tant de siècles même. Cette magie, sa magie... sa vie. Il avait l'impression soudain de mourir à petit feu, alors que l'on tentait d'étouffer les dernières braises de son être le plus profond.

Il se rappellerait sans doute à jamais de cet épisode. Un déchirement, le cri de la magie, se mêlant ensuite au cri de sa magie, son déchirement, cette force déferlant sur lui, en lui, l'enserrant, le ballottant, le faisant sentir si petit, si misérable, si impuissant... pour finalement le laisser réduit à néant. Il n'était plus que néant. S'il n'était pas elfe, sans doute aurait-il pur rejoindre les alayens très facilement, eux qui l'adulaient tant.

Mais voilà il était elfe. Un elfe sans magie. Un elfe se mourant alors... petite mort abjecte...

Reviendrait-elle ? Magie serait-elle à nouveau sa compagne ? Ou devrait-il quitter ce monde sans elle, vivant ses derniers instants en sa sinistre absence ? Oui, vraiment petite mort abjecte...

Eliowir n'eut guère le temps de s'apesantir toutefois plus longuement sur ces questions existencielles, qu'une main ferme le tira hors de la tente. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Il n'aurait su dire, incapable de reprendre sens dans le monde réel. Son monde à lui semblait n'être que cette absence. Qu'on le jetât à terre comme un vulgaire vermisseau lui était à cet instant totalement indifférent.

Jusqu'à ce qu'une voix, terrible voix, le tire plus ou moins dans sa torpeur tout de brume éthérée. Une voix qui murmurait des ordres à un autre vampire, dont il ne put rien voir. Murmure dont il ne put d'ailleurs rien comprendre, si ce n'est que Lorenz Wintel parlait de lui, de ne pas le mordre et de l'amener avec eux. Les sons étaient vagues, les mots difficilement compréhensibles et la nuit noire semblait tout faire pour l'empêcher de voir quoique ce soit qui aurait pu apaiser ses sens apeurés. Il dut faire un effort incommensurable pour revenir parmi les vivants, même si cette voix l'y aida étrangement beaucoup.

Des bruits de pas, des ordres hâtifs, des tentes qu'on démonte... Enfin il comprit. Les vampires levaient le camp en quatrième vitesse et comptaient visiblement s'en aller. Non, fuir plutôt, s'il avait bien compris les commentaires inquiets qui sifflaient autour de lui. Il était à terre, les mains liées, et pouvait presque sentir la terre soulevée par les pas pressées fouetter son visage ravagé. Il n'était déjà pas un des elfes les plus beaux à voir avec ses balafres, dont une due aux vampires eux-mêmes des années précédentes, celle qui barrait son visage de droite à gauche, en dessous des yeux, mais après le traitement infligé par Lorenz, il n'était pas bien sûr de pouvoir de nouveau se regarder dans une glace sans grimacer.

Quand soudain, sans plus de cérémonie, une poigne ferme le releva, lui arrachant un gémissement quand il essaya de poser sa jambe droite meurtrie, et qu'une voix lui murmura...


Dernière édition par Eliowir Serillëiel le Dim 6 Oct 2013 - 23:30, édité 1 fois
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Kedrildan Maralawë
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MessageSujet: Re: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeJeu 22 Aoû 2013 - 13:11

L'humiliation restait encore cuisante après la discussion sous la tente de leur seigneur. Comme ça il était inutile ? Comme ça il n'était qu'un rat ? L'humiliation et la vexation laissa place à la colère et la rage. Ah ouais ? Et bien seigneur Lorenz vous vous en mordrez les doigts de juger ainsi un rat de cette manière, vous le regretterez très profondément même... Remonté à bloc, Kedrildan s'était simplement contenté de le fixer froidement et avec une haine brûlante jusqu'à ce que la réunion se termine et que tous regagnent leurs quartiers. Ils leur montreraient que le sacrifice d'Achroma ne serait pas en vain et qu'il lui rendrait honneur, qu'il deviendrait un vampire et un dragonnier digne de ce nom ! Quitte à ce qu'ils trépassent sous le fil de sa lame s'il n'y avait que cela pour les convaincre du diamant brut qui venait de se réveiller et qui ne demandait qu'à être poli pour devenir un pur joyaux... Attendant patiemment son heure et le départ de la délégation, le roux ne cessait de prendre soin de la lame que le Général lui avait offert, s'entraînant avec, la nettoyant et l'aiguisant sans se lasser. Il avait découvert que l'opportunité que ce vampire lui avait donné le détendait prodigieusement... Ca et le fait que sa dragonne continuait de grandir en toute insouciance, restant fidèle à elle-même avec ses bêtises, son indépendance et son sale caractère, c'était réconfortant d'avoir quelque chose d'aussi immuable après tout ce qu'il s'était passé et ce qui était en train de se passer. Dire qu'elle devait venir avec eux chez les elfes... Il espérait sincèrement que ce voyage ne sera pas de trop pour elle et qu'il ne rencontrerait pas d'ennuis en chemin, il ne voulait pas qu'il lui arrive quoique ce soit tant qu'ils n'étaient pas en sécurité chez les elfes.

Puis, un soir sans lune, le départ fut lancé et Kedrildan posa les sacoches de cuir contenant ses affaires sur Hunleff, prenant le temps de les accrocher à la selle de sa monture vampirique avant de grimper dessus et de donner un léger coup de talon pour le diriger vers le convoi, gardant un œil sur Trissi qui marchait à leur côté. Apparemment sa jeune demoiselle avait très envie de peaufiner son vol durant leur chevauchée urgente jusqu'au royaume sylvestre, mais il espérait que cela ne les ralentirait pas et que tout se passerait bien pour elle... Il n'avait toujours pas digéré le fait de ne pas avoir pu assister au premier vol de sa moitié d'âme. L'ordre de départ fut donné puis la colonne s'élança dans l'obscurité profonde, cachée dans les ténèbres d'une nuit sans lune ou étoile comme pour protéger ses enfants de leurs ennemis. Et les jours continuèrent à se dérouler de cette manière même si par moment, il devait plier bagage à la vitesse de la lumière parce que les patrouilles des Alayens manquaient de leur tomber sur le coin du museau ou encore que Trissi se fatiguait à trop voler : elle restait encore jeune au fond.

Pourtant, cette nuit là fut quelque peu particulière pour deux raisons. La première fut que les éclaireurs du campement avait mis la main sur une proie des plus alléchantes qui allait plaire sans aucun conteste à leur seigneur qui n'était toujours pas à prendre avec des pincettes : ce voyage le stressait prodigieusement et la délégation le ressentait pleinement. Pauvre elfe... L'odeur fruité du grand cru qu'il était agita légèrement l'assemblée mais personne ne se permit de dépasser les limites parce que la colère de Lorenz serait sans limite pour le fautif qui regretterait bien vite son outrecuidance... En tout cas, alors qu'il polissait une nouvelle fois sa lame, les yeux verts du roux se posait avec une légère pointe de pitié sur le blond que l'on conduisait dans la tente du chef. C'était peut-être un mangeur de salade mais il n'en restait pas moins le « dessert » du soir du maître et ce dernier allait très bien en profiter, il avait vraiment pitié de celui qui avait décidé de quitter les bois sécuritaire de son peuple. Et les cris et l'odeur de chaire brûlé, de sang calciné, lui démontra à juste raison les pensées qu'il avait eu précédemment pour l'elfe...

Cependant, une fois encore une troupe d'Alayen les avait débusqué et ils durent de nouveau plier bagage de toute urgence pour survivre alors que le royaume des éleveurs de fougères se trouvait non loin. Grognant légèrement alors que Lorenz décida de scinder la délégation en deux groupes et fulminant silencieusement en se rendant compte qu'il se retrouvait avec cette Althaïa qu'il ne supportait absolument pas, Kedrildan se contenta pourtant d'obéir en silence, de ranger ses affaires en quatrième vitesse dans ses sacoche. Il mit sa pierre à aiguiser dans une petite sacoche qui pesait à sa ceinture puis enfila de nouveau son épée dans le fourreau qu'il avait arrangé pour plus de confort en travers de son dos avant d'attraper le prisonnier pour le soulever et le mettre sur la selle de sa monture. C'était pas un poids plume mais grâce à sa force vampirique ce ne fut pas un poids mort cet être... Okay il n'avait pas été très délicat quand il l'avait soulevé pour le poser rapidement sur Hunleff mais prévenance et urgence étaient plutôt antinomique même s'ils rimaient.

- Désolé sire elfe mais je serais plus doux avec vous plus tard, là nous sommes quelque peu pressé, bougonna le roux en vérifiant au moins qu'il ne saignait pas à outrance avant de grogner de faim et de frustration quand il remarqua la plaie à la cuisse : merde il sentait vraiment bon ce prisonnier... Seigneur Lorenz a prit beaucoup plaisir avec vous... Et il ne vous a pas ménagé...En même temps il est tellement stressé par tout ce qu'il se passe que cela peut être compréhensible je suppose... Soupira-t-il tout bas, compatissant en se souvenant de ses propres tourments, avant d'attraper une de ses chemises en coton noir et de déchirer une bande de tissus pour l'enrouler étroitement autour de la plaie pour enrayer l'hémorragie et limiter le flux sanguins qui commençait sérieusement à lui aiguiser les crocs. Si j'étais vous, je m'accrocherais parce que nous allons devoir galoper et vous risquez de souffrir, lui murmura-t-il de nouveau pour ne pas se faire remarquer : à force de parler à l'elfe, il allait avoir des problèmes à se montrer aussi « vivant et compatissant » dirons-nous. Trissi ! Tu restes près de moi et tu fais gaffe ! S'exclama le roux en bondissant derrière l'elfe, enroulant un bras autour de sa taille pour le maintenir contre lui alors que de l'autre il attrapa ses rêves et donna un coup de talon dans les flancs de son destrier, le faisant bondir et galoper loin du campement.

Qu'Althaïa le suive ou non ne l'intéressait aucunement : on lui avait donné pour ordre de se rendre avec le prisonnier jusqu'au bois elfique et il le ferait, que cette boîte de conserve le suive ou non.

---

{hrp: voilà voilà ^^' désolé pour le retard :/ j'espère que ma réponse te plaît du coup et que je n'ai pas fait de non-sens ou d'incohérence ^^' sinon tu me dis et je change sans souci Smile C'est donc à Althaïa de répondre à ma suite}
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MessageSujet: Re: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeLun 26 Aoû 2013 - 1:24

Dans l'obscurité feutrée de la tente, seul le grattement de la plume venait troubler le silence qui y régnait depuis quelques minutes. Les rares bruits suffisamment fort pour traverser la toile étaient étouffés par le sortilège qui l'imprégnait.
Althaïa laissait l'encre traduire sa pensée, consciente malgré tout de l'imprécision générée par ce transfert d'un monde à l'autre. Pour l'instant, l'étude de la pointe de lance n'avait pas beaucoup progressé. Faute en était au harcèlement continu du campement par les Alayiens, qui depuis le « prélèvement » sauvage de l'un des leurs, n'avaient de cesse de les prendre en chasse sur des centaines de kilomètres.
La Dame commençait à se lasser de ce petit jeu stupide du chat et de la souris. Alayien ou pas, elle n'était pas une souris, et ne le serait jamais. Son totem faisait bouillir son sang noir à chaque fois que Lorenz ordonnait une fois de plus la levée du camp. Il aurait été si jouissif de provoquer un tremblement de terre et d'enterrer vivant ces rats fangeux...
Mais non. Pas de magie. Un comble pour une assemblée de mages tous plus compétents les uns que les autres. Il lui fallait alors toute la puissance de son esprit pour refouler la mante avide au plus profond d'elle-même. Un jour, l'Alayia payerait sa frustration au centuple.

Alors qu'elle entamait un nouveau paragraphe, une étrange odeur filtra au travers des pans de la tente. Althaïa se redressa lentement, glissant un regard en coin au prisonnier dépouillé de ses armes et armures qui gisait, inconscient, ligoté sur une table improvisée. Elle s'en approcha, vérifia d'un geste que son état léthargique était réel et non feint. L'odeur venait de l'extérieur.

À peine avait-elle mis un pied dehors que l'odeur, fine et musquée, lui emplit les narines. Cette odeur était suffisamment rare et suffisamment particulière pour attirer toute son attention.
Elfe.
Qu'est-ce qu'un rôdeur sylvestre pouvait fabriquer hors du territoire de son peuple, si près d'un attroupement de vampire ? Était-il suicidaire ? Ou s'agissait-il d'autre chose ?

La réponse lui apparut très clairement lorsque un elfe blond, défiguré, fut jeté sans ménagement hors de la tente princière. Il s’étala de tout son long au milieu d'un cercle de curieux, tout émoustillés par l'odeur particulière que dégageait son sang encore chaud.
La haute silhouette d'Althaïa se profila entre les tentes, provoquant le recul précipité des gardes attroupés là. La voix de Lorenz résonna dans le camp : des Alayiens. Encore. Toujours.
Pour une fois, la vampire était trop attirée par l'être recroquevillé au sol pour s'en inquiéter le moins du monde. Ce sang... Ses pupilles rétrécirent sous l'effet de la surprise : un elfe... non immunisé !
Un cadeau tombé du ciel. Un met aussi rare et cher que le diamant pur.
Un léger sifflement s'échappa de ses lèvres. Elle n'y goûterait pas, hélas. Celui-ci était sans nul doute pour le prince. Tout se déroulait très vite, le campement devait être levé sur-le-champ. Il fallait fuir. Fuir ! Ah, quel mot exécrable ! Seules les proies fuient. Pas les prédateurs.
Son instinct n'était cependant pas plus puissant que sa raison, et dame prudence avait tôt fait de calmer son ardeur meurtrière.

En l'espace de quelques minutes, il ne restait plus rien du camp vampirique. Tiahanloth s'agita lorsque les gardes vampiriques menèrent l'un de ses congénères à ses côtés, le paquet alayien soigneusement emmailloté sur son dos. Le cheval de bât n'avait pas sa taille impressionnante ni sa fougue sombre, mais il dégageait une grande assurance et son pied était sûr. Le soldat qui en était responsable devait composer avec le caractère volcanique de la jument noire, qui ne tolérait ce drôle de compagnon de voyage qu'à une distance bien précise de ses postérieurs. Althaïa s'empara des rênes d'un geste ample et se hissa sur la selle d'une brève impulsion. L'armure émit un cliquetis sec, indiquant à la monture que sa cavalière était installée. D'un pas précipité, elle se dirigea vers le reste de la troupe, flanquée des trois soldats et de leur encombrant colis.

Au sortir du couvert des arbres, la masse sombre de la forêt elfique dessinait une ligne noire à l'horizon. Alors que le convoi prenait de la vitesse, elle enregistra à sa gauche une silhouette curieuse juchée sur l'un des destriers. Il s'agissait en réalité du dragonnier Kedrildan emportant avec lui l'elfe balafré. L'inconnu au visage et au corps tuméfié semblait au bord de l'évanouissement. Les cavaliers reformèrent rapidement les rangs et elle les perdit de vue. Lâchant quelques centimètres de rênes, Althaïa laissa sa jument dépasser la monture qui la précédait pour s'octroyer un angle de vue sur le nouveau prisonnier.
Finalement, ce voyage prenait une tournure des plus intéressantes. Un Alayien, un elfe... la chasse était bonne. Qui aurait cru qu'autant d'âmes égarées arpentaient les terres ravagées de l'Empire en des temps si troublés ? Les renards enfumés sortaient de leur terrier sans prendre garde aux pièges tendus droit devant eux. Certes, les alayiens restaient une priorité. Mais un prédateur reste un prédateur. Et les vampires n'étaient pas du genre à laisser passer leur tour.
Le fil de ses pensées fut coupé net par l'apparition soudaine d'un éclat inhabituel au loin. Des flammes.
Un pan entier de la forêt millénaire brûlait. Des murmures surpris parcourent la petite cavalerie alors qu'Ethan faisait changer de cap. Impossible de s'aventurer au travers de cette couronne en fusion, il faudrait contourner. D'où venait ce furieux incendie ? Était-il vraiment nécessaire de poser la question ?
Althaïa, droite comme un i, laissa sa nuque se renverser. La poussière éthérée de son âme s'agita brièvement en laissant s'échapper un souffle de haine qu'elle s'appropria aussitôt, libre à nouveau de ressentir une émotion l'espace d'un instant.
Alayia, maudite nation, tu périras par le feu et le sang. Sachez, fanatiques impies, qu'il n'y aura pour vous en ces terres qu'une mort à la hauteur de votre hérésie. Nous y veillerons.
Elle se redressa.
J'y veillerai.

Lentement, elle se replongea dans ses considérations passées et futures, le regard fixé devant sans y voir vraiment. L'écaille rouge à son côté lui fit songer au géant rouge qui survolait ces mêmes terres, loin d'ici. Elle caressa mentalement l'idée qu'il lui viendrait en aide au moment propice. Mais ce n'était qu'un début. Ce qu'il lui avait fortuitement laissé entrevoir avait ajouté sans qu'il ne s'en doute, une foule de paramètres à son équation. Du pain béni. Désormais, ils ne lui restait plus qu'un nombre très restreint d'inconnues, dont certaines, elle le sentait, ne tarderaient pas à être dévoilées. Dont certaines, avaient encore... beaucoup de secrets à livrer. Il fallait pourtant remettre à plus tard cette petite gymnastique mentale, car le souffle rauque des chevaux ne présageait rien de bon.

Ethan, en général avisé, avait anticipé le problème bien avant qu'il ne les embarrasse pour de bon. D'une invective haute et forte, il commanda un arrêt immédiat aux abords d'un bosquet avant que le premier destrier ne s'écroule de fatigue. Dans un ordre plus qu'approximatif, le groupe fit halte sous les premières voutes d'arbres.
Tiahanloth stoppa net, la respiration aussi bruyante qu'un soufflet de forge. Il était temps, ils avaient largement dépassé leurs limites. Désormais, plus personne ne pourrait être bon à rien s'ils ne s'accordaient pas un peu de repos, un temps pour reprendre leur souffle et régénérer leurs forces.
Quelques anciens s'avancèrent à découvert pour observer la progression des flammes au loin. Nombreux étaient ceux qui doutaient de l'efficacité des barrières magiques elfiques face aux alayiens.
Althaïa avisa le dragonnier roux qui déchargeait son précieux bagage vivant. Elle même mit pied à terre et s'apprêtait à s'occuper de son propre chargement, lorsque son sixième sens lui intima d'attendre. S'immobilisant instantanément, elle perçut le murmure d'un petit groupe de jeunes soldats restés en arrière. Contournant sa monture, elle leur coula un regard en biais alors que la tension montait d'un cran. Leurs yeux brillaient de colère contenue et d'une avidité proche de la folie.
Le dragonnier Kedrildan et son invité se trouvait à quelques mètres d'eux, trop isolés à son goût. Plusieurs fois, le risque d'une révolte de jeunes affamés avait été évoqué par les plus anciens, mais faute de temps et d'opportunités, le sang n'avait plus coulé depuis des jours entiers.
Une véritable traversée du désert pour les nouvelles recrues qui ne se contrôlaient qu'à peine.
Sous son regard insistant, les soldats eurent un mouvement de recul, cessant leur conciliabule avant, finalement, de se disperser en hâte, non sans jeter quelques coups d'œil à la silhouette affaissée de l'elfe.
En quelques minutes, la troupe s'organisa pour réaliser un camp de fortune. Althaïa s'en retourna auprès de son prisonnier et de la garde, non sans constater l'agitation qui régnait au sein des rangs...
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeLun 26 Aoû 2013 - 22:41

Eliowir redouta un instant ce qu'on allait faire de lui. Pas le tuer, pas ainsi, pas alors que le chef des vampires semblait vouloir s'amuser avec sa nouvelle proie. Pas le laisser aux alayens non plus, pour les mêmes raisons. Cela voulait dire donc l'emmener, et les paroles murmurées qu'il avait surprises confirmaient ses pensées. Mais comment les vampires escomptaient l'emmener avec lui ? Là était toute la question. Question qu'il n'eut guère à se poser, quand il se sentit soulever de terre et qu'il fut déposé rudement sur une selle. Eliowir peina à retenir un gémissement quand sa cuisse blessée heurta douloureusement celle-ci. mais au lieu de cela il préféra serrer les dents, pendant que tout son corps endolori s'arquait sous ce nouvel assaut.

Il s'arqua d'autant plus quand une voix lui susurra à l'oreille. Les mots, autant que la voix suave, le firent frissonner. Pas forcément de peur. Mais de surprise, parce qu'il ne s'attendait pas à ce que l'autre lui parle, encore moins à ce qu'il s'excuse. D'appréhension aussi, quand le vampire, de chevelure claire à ce qu'il aperçut vaguement par dessus son épaule, évoqua le traitement infligé par leur chef. Comme si le stress suffisait à excuser une pareille sauvagerie... Non, Lorenz Wintel n'avait pas besoin d'être stressé d'une quelconque manière pour infliger pareil traitement. Cela se lisait dans ses yeux : c'était en lui, au plus profond de lui, ancré dans son âme. Il aimait faire mal, il aimait la douleur qu'il infligeait aux autres, signe de sa puissance sur les autres, signe de sa domination. Oui, il aimait cela, et s'en délecterait certainement plus encore s'il n'était justement pas pressé par les circonstances.

L'elfe se garda bien toutefois de répondre cela. De répondre quoique ce soit d'ailleurs. Dans ces circonstances pour le moins étranges, il préférait garder ses pensées pour lui. Il était déjà dans une situation plus que désespérée, ainsi entouré d'une petite armée de vampires et tenu en selle par l'un d'entre eux, alors qu'il avait parfaitement conscience d'attiser une possible soif avec le sang qu'il perdait... Il sursauta d'ailleurs sans grâce quand une main glacée vint enrouler un morceau de tissu sur sa jambe. Si le garrot lui raviva la douleur, il eut au moins le mérite d'apaiser le flot de sang qui continuait de vouloir filtrer de la plaie. Toujours sans un mot, incapable de prononcer le moindre son pour être honnête, Eliowir offrit un regard ahuri qui montrait clairement sa surprise et peut-être un peu de reconnaissance à cet étrange vampire.

Mais déjà ils partaient à une allure soutenue, et un bras fort et vigoureux le retint par la taille. Si au début l'elfe s'efforça effectivement de se tenir tant bien que mal, bien rapidement, après quelques heures de cette chevauchée infernale, il fut incapable de tenir seul, et remercia intérieurement ce bras solide qui le maintenait contre le vampire. Sans cela, nul doute serait-il tombé. Le monde se déroula follement autour d'eux, le tambourinement des sabots marquant la cadence de leur fuite. Il entendit vaguement des cliquetis étranges à leur droite, mais il lui fut tout juste possible d'entrapercevoir une vampire tout en armure chevauchant près d'eux. Et bien vite, c'est à peine s'il eut conscience du paysage défilant sous ses yeux. Ou plutôt sous les pas du cheval vampirique qu'ils montaient. Le monde qu'il voyait n'était plus que terre voltigeant sous les sabots, alors que, las et épuisé, sa tête s'acharnait à rester baissée, et que tout son corps semblait vouloir rejoindre le sol. Un monde qui lui semblait devenir néant, noir, par moment.

Le temps défila ainsi sans prise sur l'elfe, tant son esprit voguait vers d'autres contrées, luttant contre les vagues de douleur qui le harcelaient, tandis que le désespoir le gagnait peu à peu. Les limbes de l'oubli l'appelaient à elles, il les entendait, et fut bien tenté à maintes reprises de les écouter. Mais, il ne savait quoi, sans doute un brin de fierté, ou d'arrogance, il ne saurait dire, le retenait encore, et chaque fois que les lames de cette marée appelée inconscience tentaient de l'emporter, il faisait appel à toutes ses ultimes forces pour revenir au pays des vivants. Son cœur battant chamade alors au milieu de ces cœurs morts...

Un cœur qui manqua soudain un battement quand le cheval marqua l'arrêt. Ils s'arrêtaient ? Ou n'était-ce que le fruit de son imagination ? Non, ce ne devait pas être son imagination, quand il sentit qu'on le fit descendre. Ni trop brutalement ni trop doucement. Suffisamment douloureusement toutefois pour que cette fois gémissement se fit entendre. Son gémissement, comprit-il soudain, mortifié, et se mordant alors la lèvre pour se taire. Il aurait voulu avoir la force de ne pas leur donner cette victoire. Mais visiblement, cette force-là ne semblait pas vouloir lui être accordée par le Dracos.

Il garda toutefois le silence quand une voix lui conseilla de rester là. Comme s'il avait la force d'aller où que ce soit dans son état. Il se sentait à bout de force, incapable du moindre mouvement, à peine capable de penser d'ailleurs, en sueur... fiévreux ? Sa plaie à la cuisse pulsait, à la fois de douleur, mais aussi... d'autre chose. Infection commençait à naître, sans doute... Mais au final, qu'importait, puisqu'il allait mourir, n'est-il pas ?

Sur cette morose pensée, son regard se releva... et aperçut un petit groupe de vampires le fixant avec insistance au loin. Soif semblaient-ils crier. Et à l'idée du danger qu'il courait alors, son cœur manqua un deuxième battement. Etrange comment la peur s'insinua si facilement en lui, lui faisant redouter de perdre la vie qu'il désespérait de toute façon de garder quelques instants plus tôt. Était-ce un dernier reliquat d'instinct de survie ?

Instinct de survie, ou pas, ce dernier ne l'avertit pas cependant quand trois vampires déferlèrent sur lui, par leur droite, à vitesse redoutable.... Lui qui aurait cru que l'attaque serait venu du petit groupe précédent...

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Kedrildan Maralawë
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MessageSujet: Re: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeVen 30 Aoû 2013 - 1:06

Il en avait marre qu'on continue de le juger sur son passé. Est-ce que cela leur trouerait la langue que de reconnaître qu'il avait évolué dans le bon sens depuis la punition et le sacrifice d'Achroma ?! Okay il avait encore beaucoup de chemin à parcourir mais déjà il était plus réfléchit, intelligent, cultivé, fort, et c'était loin d'être grâce à Lorenz... Celui-là... Ce qu'il avait fait à son corps, son bras et sa jambe si atrocement brûlé par ses flammes... Si quelqu'un avait un jour la possibilité de le changer ou de lui trancher la tête pour mettre fin au problème qu'il était de façon radicale, Kedrildan espérait pouvoir filer un précieux coup de main. De la pitié se disputait à la haine en lui à chaque que le sujet « Seigneur des Vampires » arrivait sur le tapis et cela finissait tellement par le mettre dans un état de rage que soit il cherchait querelle soit il affûtait encore et encore sa lame. A force, elle finirait par disparaître pour ne laisser que le pommeau dans sa main s'il continuait à faire passer sans s'arrêter sa pierre sur le fil de l'arme...

Alors qu'ils venaient à peine de finir de monter le campement et qu'ils étaient prêt d'enfin se reposer et se sustenter comme ils auraient déjà dû le faire depuis plusieurs jours si ces horreurs d'Alayens ne les avaient pas empêchés, voilà que ces derniers surgissaient de nouveau en mettant le feu aux bois elfiques avant de se diriger vers eux... N'auraient-ils dont jamais la paix ?! Ne serait-ce qu'une nuit pour reprendre des forces ?! Tch... La panique et la faim croissante les poussèrent à plier de nouveau bagage alors qu'il hésita d'un drôle de paquet qu'il installa rapidement sur la selle d'Hunleff, ce dernier protestant brièvement avant qu'un claquement sec sur son encolure ne le pousse à se taire : eh ! Que croyait-il ! Son maître aussi rêvait de nourriture et de repos ! Le souci était que tant qu'ils n'étaient pas à l'abri chez les Baptistrels, ils ne pourraient rien faire d'autre que de vivre, enfin survivre serait le mot adéquate, sur leurs dernières réserves le temps de trouver mieux. Enfin, faudrait pas non plus exagérer sur la durée du « trouver mieux » parce qu'une hors de vampire affamé cela ferait sûrement beaucoup plus de dégât que les Alayens... Vérifiant que l'elfe prisonnier était près, Kedrildan rangea toutes ses possessions dans sa bourse magique sans fond avant de fermement la sangler sur sa ceinture et de grimper derrière le blessé, enroulant un bras autour de ses hanches pour le maintenir, l'autre main sur les rênes pour donner le rythme à son destrier qui s'exécuta malgré ses frissons désapprobateurs, l'écume de son encolure n'ayant même pas encore eu le temps de sécher qu'ils repartaient déjà et au triple galop s'il vous plaît.

La troupe de Lorenz se scinda en deux pour perturber l'ennemi, prenant des chemins différents pour se rejoindre plus tard à l'orée des bois afin d'y entrer ensemble. Le plan bien intégré dans le crâne de tous, cela se fit et le roux suivit le général en priant Dracos tout puissant que ce plan fonctionnerait assez pour leur donner tout le temps dont ils avaient besoin. Seulement l'incendie que leurs ennemis avaient créé plus tôt s'était embrasé de plus belle et les hennissements mêlés aux chuchotis de surprises des cavaliers figea brièvement la colonne alors que le chef de colonne ne se reprennent et leur fasse faire un détour. Ils n'avaient pas le choix de toute façon ou alors celui de rôtir à point avant de se faire manger et s'il y avait bien une chose que Kedrildan voulait éviter c'était bien de sacrifier son immortalité dans les flammes. D'ailleurs, le prochain qui lui disait à haute et intelligible voix que le feu était purificateur, il lui arracherait les ongles, la langue, les dents et les yeux avant de forcer le fautif à avaler la bouillie qu'il en aura fait au préalable puisqu'il lui aurait précédemment arraché les chicots. Pour le roux, le feu ça faisait mal et c'était destructeur, il en avait développé une peur phobique que même sa nouvelle et fraîche intelligence n'arrivait pas à étouffer ou au moins apaiser de façon rationnelle.

Suivez l'exemple de Lorenz et vous finirez planter comme lui, quoiqu'avec l'amélioration de ses capacités, il serait bien capable de vous enlever votre immortalité ou votre souffle de vie comme on arrache le doudou à un enfant. Cette peur du feu le rendait vraiment très dangereux et instable alors à bon entendeur, salut !

Ils continuèrent à galoper encore et encore, contournant le plus efficacement possible l'incendie et les Alayens afin qu'un autre problème vienne assombrir leur horizon : avant cette attaque ils étaient en piteux état, fatigués et affamés, cavaliers comme montures, mais avec leur précipitation le résultat était encore pire et les destriers commencèrent à montrer des signes de lentes agonies. L'arrêt devenait plus que primordiale le général profita d'un bosquet pour y mener la troupe, tous se fondant dans les buissons hauts et épais, le manteau de la nuit et le silence propre à leur race leur promettant assez de répit pour qu'ils reprennent des forces ou en tout cas suffisamment pour atteindre la portion des bois sylvestres qui n'était pas atteint par les flammes de l'incendie ravageur. Péniblement, Kedrildan descendit de sa monture une fois à l'abri dans le bosquet et attacha vaguement les rênes de Hunleff à une branche basse pour qu'il ne se prenne pas les sabots dedans, tapotant son encolure en lui souriant d'un air las. Son jeune compagnon, il était vraiment heureux de l'avoir à ses côtés... Il attrapa son prisonnier par la taille et l'aida à descendre avec le plus de précaution qu'il savait avant de l'aider à s'asseoir sur le sol, grimaçant en se prenant une bouffée de cette odeur si exquise en plein visage : le prisonnier apprécierait peut-être de comater brièvement sur un lit de mousse apparemment bien moelleux mais le roux, lui, était au supplice avec ses plaies suintantes de sang ! Il fallait faire quelque chose et vite parce que déjà il apercevait les plus jeunes leur tourner autour en murmurant entre eux, des chiens affamés, des charognards ayant trouvé le lapin agonisant.

Seulement il devait défendre le prisonnier et ce même au prix de sa vie...

- Décidément... Ce n'est vraiment pas une bonne nuit ce soir... Soupira-t-il en se frottant la nuque avant de s'agenouiller devant l'elfe pour agripper son menton et lever son visage vers lui afin qu'il le regarde. Eh... Eh ? T'es réveillé ? Dit-il en tapotant légèrement sa joue. Bon, va falloir faire quelque chose parce que tu es sur le point de participer à un banquet digne de Dracos en personne, et je te laisse qui est l'entrée, le plat de résistance, le dessert et le digestif... Alors si tu pouvais m'aider ça serait vraiment génial... Grommela-t-il avant de se relever en fusillant du regard ces chiens galeux. Eh oh ! Ya pas un guérisseur là ?! Parce qu'on va pas tenir si le prisonnier continue à perdre son sang ! S'exclama-t-il bruyamment en regardant autour d'eux avant de s'agenouiller de nouveau devant lui, esquissant un léger sourire qui dévoilait ses longues canines sorties à cause de la faim tellement douloureuse. Moi c'est Kedrildan mais Ked c'est plus court... Murmura-t-il doucement en badinant pour le distraire alors qu'il retira lentement le bandage sommaire de sa cuisse pour voir si l'hémorragie s'était enfin arrêtée, ce qui serait une bénédiction pour tous.

Bien mal lui en prit parce que l'odeur se fit encore plus forte et trois vampires surgirent à leur droite pour sauter à la gorge de la larve presque agonisante que le roux essayait de rafistoler tant bien que mal. Sous le choc, Kedrildan grogna de douleur en percutant durement son prisonnier, à moitié sonné par leur force décuplée par l'appétit, avant de reprendre tant bien que mal ses esprits et de sortir sa dague simple pour planter et détruire la rotule de l'un d'entre eux qui s'affala à terre dans un grognement de rage frustré avant qu'il ne lui coupe la tête. Le second, lui, sauta sur le roux pour l'immobiliser et le mettre hors d'état de nuire pendant que le troisième se dirigeait à pas de loup vers l'elfe abandonné dans son lit de mousse, un sourire énorme et étincelant dévoilant ses crocs cariés et luisants de bave, un regard fou. En prise avec son adversaire, le peu de sang qu'il avait encore dans son organisme s’échappant par les plaies que l'autre lui faisait en riant d'un air dangereux alors qu'il tirait peu à peu sur ses boucles dans l'intention de lui arracher la tête du corps à la barbare, le dragonnier finit par dégainer Plaie et la lui planter dans le pied, le prenant suffisamment par surprise pour retourner la situation et le faire s'asseoir à califourchon sur son torse avant de la lui arracher de la jambe pour la planter profondément dans sa gorge et lui clouant la tête au sol.

Haletant sous l'adrénaline, la fin et l'épuisement, il leva un regard paniqué vers son prisonnier au prise avec le troisième vampire dont les crocs n'étaient plus qu'à quelques petits centimètres de sa gorge pendant que ses doigts étaient délicieusement enfoncé dans sa plaie à la cuisse au vu de son air de pur extase. Trop tard... Ou pas ?

---

{hrp: s'il y a le moindre souci, prévenez-moi d'acc? Je laisse Miss Althaïa enfiler son costume de super-héros pour venir à la rescousse de princesse Eliowyr xD}
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MessageSujet: Re: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeDim 1 Sep 2013 - 19:09

Les allers et venues des vampires ne cessaient plus depuis un petit moment, chacun ayant fort à faire dans le peu de temps qui leur était imparti. Althaïa avait déchargé l’alayien d’un sort et s’appliquait à tisser soigneusement l’enchantement qui le maintenait inconscient pour la durée du voyage.  Longue serait son agonie lorsqu’il reprendrait ses esprits en sa compagnie. Autant qu’il profite des précieuses heures passées dans les limbes opaques qu’elle lui offrait contre son gré.
Après tout, plus longue est l’attente, meilleure est la récompense.
Quelques secondes venaient de s’écouler lorsque son instinct la titilla, fil gênant enroulé autour de sa cheville. En un éclair, elle enregistra un mouvement furtif à sa gauche, à travers les taillis. L’instant d’après, une bonne dizaines d’actions se déroulèrent de manière parfaitement synchrone...

Trois vampires bondirent hors des feuillages en prenant l’elfe pour cible. Les anciens se retournèrent . Tiahanloth se figea. Althaïa se redressa de toute sa hauteur. Kedrildan tourna la tête vers les assaillants. L’elfe, lui, n’avait pas bougé.
La seconde d’après, le premier vampire avait percuté le dragonnier de plein fouet. Les corps s’écrasèrent au sol dans le plus grand désordre, les deux combattants roulant pêle-mêle au devant de l’elfe agar, incapable de réagir. Le premier vampire tomba sous la dague du roux, mais les enragés n’en avait pas terminé. La furie des assaillants laissa bon nombre de spectateurs perplexes. Hésitation qui manqua d’être fatale au prisonnier.
Au moment où le jeune vampire s’était plaqué contre sa proie, les yeux presque exorbités d’excitation, son totem s’était cabré, insufflant sa force surhumaine dans chacune de ses fibres. Un rugissement mental avait oblitéré toutes ses pensées. Son intellect mobilisé, sa magie s’était mise en marche, et la tentative de l’assoiffé tourna court.
Cette proie devait rester intacte, coûte que coûte. Le prince avait pourtant été clair. Ces incompétents allaient payer cher leur bêtise.

_____

La poigne invisible se referma sur la gorge du soldat, ce dernier bascula violement en arrière avant d’être traîné à terre sur plusieurs mètres par le sortilège. La Dame ne relâcha sa prise qu’une fois le corps gesticulant à quelques centimètres de la pointe de son pied armé. Le vampire, un fantassin sans aucun grade vêtu d’une armure légère, tentait de se redresser sur son coude gauche en se tenant les côtes de l’autre main. Une scène pitoyable qui n’émut pas grand monde.

Althaïa projeta toute sa volonté meurtrière vers la petite larve qui avait osé désobéir aux ordres du seigneur vampire et qui, dans sa folle jeunesse, piétinait allègrement les principes hiérarchiques de leur race. S'imaginaient-ils, ces insectes, que l'absence du prince suffisait à leur octroyer le droit de balayer leur autorité ? Soif ou pas, il lui faudra apprendre à se tenir, et elle y mettrait un point d’honneur. Elle leva nonchalamment son pied au-dessus de la tête du cadavre encore mouvant, qui gémissait de douleur sous les regards indifférents de ses pairs. Le métal toucha la pointe du nez éraflé, alors qu’Althaïa se penchait légèrement pour jauger le regard terrifié du soldat qui n’osait plus bouger de peur d’aggraver d’avantage sa situation, déjà fort délicate. Le son dissonant de sa voix serpenta jusqu'à ses oreilles, ses lèvres se fermèrent en un rictus évocateur.
« Vous avez soif, soldat ? Bonne nouvelle, le sang va bientôt couler. J'espère... qu'il y en aura suffisamment pour étancher votre incommensurable... avidité. »
Ses muscles se tendirent, et toute sa force se concentra sur l'arrête fragile sous sa semelle. Ses paroles furent suivie d'une série de craquements écœurants, le tout accompagné d'un cri, strident et bref. Du visage fin et racé ne restait qu'une bouille sanguinolente. Mais ce simple geste n'était rien d'autre qu'une entrée en matière pour Althaïa, qui, désormais, avait à cœur de remettre les choses à leur place. Ils n'avaient que trop tardé à encadrer cette troupe malmenée par un voyage bien trop long. Les maîtres ne gagnaient pas leur siège au tirage au sort. S'il fallait le rappeler, elle serait là, encore, toujours.

La Dame retira son pied sali et laissa le soldat se recroqueviller autour de sa blessure, les paumes recouvrant à peine sa face mutilée. Elle laissa ses pupilles glisser brièvement sur le côté pour voir Kedrildan se débarrasser du cadavre qui l'encombrait et se redresser. La comparaison était tirée par les cheveux, mais la coïncidence avait quelque chose de vaguement... comique. Elle reporta aussitôt son attention sur le seul survivant de l'incartade, qui allait séance tenante servir d'exemple à toute l'équipe.
« Un soldat suit les ordres. Et quels étaient les ordres ? »
L'écho rauque fit grincer des dents quelques recrues mal dans leurs bottes. Le coupable ne put qu'émettre un petit bruit inintelligible. Les doigts métalliques s'élevèrent au-dessus de lui, meurtrières araignées dont la fine silhouette dansait à la lueur du soir.
« Quels étaient les ordres ? »
Un court silence à peine coupé par une petite note de rire sans joie venue de la petite foule. Pas de réponse ? Bien.
Les phalanges se replièrent une à une, et l'Œil du Dragon se lança à l'assaut de chaque nerf qui parcourait le corps mort-vivant. Indifférente aux hurlements, elle dit encore :
« Mauvaise réponse. »
La tentation était forte de lui infliger des tourments mille fois plus raffinés, mais elle n'en avait ni le temps ni intérêt. Sa souffrance actuelle faisait déjà effet, les éclats farouches des regards se teintant de couleurs ternes. Derrières leurs masques d'indifférence monumentale, certains avaient du mal à endiguer l'odeur de peur qui se dégageait d'eux. Non, aucune mise en scène grandiose, pas d'exécution en grande pompe, ni même de sermon interminable. Juste l'obligation d'assister au brisement d'une âme, à une mort lente et calculée.
Car il en serait assurément mort, crachant ses tripes à force de crier, si la Dame avait eu quelques raison de l'abandonner à la grande faucheuse. Mais elle ne lui laisserait pas ce plaisir. Oh non, il vivrait. Il souffrirait, encore. On ne donne pas le repos éternel à qui le demande.
Althaïa relâcha le sort juste avant que la cible ne bascule dans l'inconscience. Les chairs mutilées du visage commençaient à se refermer lentement sous l'effet du venin vampirique.
Bien qu'elle détestât se donner en spectacle de la sorte, ce petit jeu lui permettait de se dégourdir et les jambes, et l'esprit. Elle dut mobiliser toute sa puissance mentale pour retenir l'instinct de la mante qui s'agitait en elle comme une armée de fourmis rouges attirées par le sang. Une leçon comme celle-ci était ce qu'un garrot est à une hémorragie. Mais ils auraient tout loisir de soumettre les plus belliqueux un par un une fois les alayiens distancés. En d'autres temps, une solution radicale aurait été de les envoyer au front. Aujourd'hui, il faudrait se contenter du minimum.
« Cet elfe est la propriété du seigneur Lorenz. »
Son regard balaya l'assistance alors qu'elle distillait toute son autorité dans sa voix, devenue forte et tranchante comme le fil du rasoir. Le ton neutre et détaché ne faisait que rajouter à la menace sous-jacente de la phrase qui tomba dans le silence. Un silence qui la projeta des années, des siècles en arrière. Ce silence qui l'accompagnait toujours. À lui seul porteur de tant de sens que tous les discours du monde n'auraient fait qu'effleurer la surface de ces sous-entendus. Elle se détournait du soldat encore tremblant quand un bruit la stoppa dans son élan.


Dernière édition par Althaïa Actaaë le Mar 3 Sep 2013 - 23:05, édité 1 fois
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeDim 1 Sep 2013 - 23:27

Doux coma que celui qui avait été le sien. Il aurait peut-être bien préféré y rester au final. Mais une voix, la voix de celui qui l'avait si bien gardé tout ce temps, le força à l'éveil. Ainsi que la poigne ferme qui le força à relever le menton, manquant de lui arracher un gémissement de douleur alors qu'elle appuyait à quelques centimètres à peine de sa précédente fracture. Ce ne fut toutefois que lorsqu'il sentit la tape sur sa joue qu'il se réveilla pleinement et reprit conscience de ce qui l'entourait.

Il peina à comprendre les mots cependant, son esprit restant quelque peu embrumé. On lui parlait de devoir se réveiller, de servir de dessert... Servir de dessert à des vampires... Kedrildan qu'il disait.

- Eliowir, baragouina-t-il laborieusement, sa langue pâteuse peinant à vraiment formuler ses mots.

Il siffla entre ses dents quand l'autre sembla tenter de s'occuper de sa blessure à la cuisse. Mais ils n'eurent guère le temps d'en voir davantage qu'ils se faisaient assaillir par les trois vampires. Eliowir se retrouva quasiment assommé par l'impact sous le poids de l'un des agresseurs et de Kedrildan. Sa tête percuta le sol, ses mains liées l'empêchant d'amortir un peu la chute. Ce ne fut que les grognements voraces au dessus de lui, tandis qu'un poids lui comprimait la poitrine, qui le sortirent de sa torpeur. Pour se retrouver face à des crocs qui bavaient littéralement sur lui.

La panique le gagna. Il essaya de se débattre, tenta de ruer ou de donner des coups de pieds, tout en tenant à bout de bras, à aussi bonne distance qu'il le pouvait, le vampire affamé qui le menaçait de la sorte. Mais la force de son adversaire eut vite fait raison de lui, et il se retrouva bien rapidement incapable de se débattre davantage, ses mains liées rabattues au dessus de sa tête contre la terre sableuse par une poigne ferme, tandis que la créature l'écrasait de tout son poids. Il entendait des bruits de lutte auprès de lui mais était complètement tétanisé par le vampire qui le tenait ainsi à sa merci. Son cœur battait à un rythme effréné, qui, il le devinait, devait encore attiser la faim de l'autre. Il sentait son haleine fétide contre son oreille et les crocs menaçaient de le percer... quand soudain le poids s'envola.

Il n'aurait su dire ce qui venait de se passer, mais quand il parvint à se redresser sur un coude, haletant, suffocant, et à deux doigts de perdre conscience, il aperçut une vampire tout en armure, la même qu'il avait cru entrapercevoir galoper auprès d'eux, tenir son agresseur en respect à ses pieds. Il assista, terrorisé, et au bord de la nausée, au spectacle d'agonie qu'elle leur offrit. Certainement pour donner un exemple, pensa-t-il. Et il n'allait certainement pas demander grâce pour le vampire qui avait failli le mordre. Il préférait pour l'heure se faire petit. Tout petit. Ce qui était de toute façon bien difficile quand toute l'attention du reste du camp était focalisé sur eux...

Les cris eurent toutefois raison de lui, quand bien même il avait déjà connu spectacles atroces lors de la guerre, et il dut détourner la tête pour régurgiter la bile qui lui montait à la gorge, faisant écho aux cris du supplicié. Abominations, ces créatures étaient des abominations. Et dire qu'à la moindre morsure, s'il n'en mourrait pas, il risquait de devenir cette abjection qu'il redoutait... Il en était là de ses pensées, suppliant Dracos intérieurement de le faire mourir là, maintenant, si c'était pour devenir comme ces maudites créatures, quand...

« Cet elfe est la propriété du seigneur Lorenz. »

Cette phrase eut le don de réveiller ses derniers relents de fierté. Propriété ? On le traitait de propriété ? Il laissa un instant flotter, comme pour mieux soupeser la réalité des mots entendus... Non, ses sens ne lui avaient pas joué de tour. La vampiresse avait bien osé parler de propriété... Mais...

- Un Serillëiel n'est la propriété de personne !

Et le silence se fit de nouveau quand il réalisa, un peu tard, qu'il venait de cracher ces mots tout haut. Il n'avait pas fière allure, sa cuisse ne saignant qu'en petites gouttes mais suintant dès lors d'une infection naissante, à demi écroulé à terre tout juste redressé sur un coude, les mains liées écorchées, le visage en piteux état, les vêtements déchirés par endroit révélant sa peau pâle... Oui bien peu fière allure. Mais qu'importe. La fierté n'était pas que dans l'aspect mais aussi, surtout, dans l'esprit...

Et sur cette pensée, il releva le regard, redressant quelque peu le menton en une expression des plus arrogantes, tout en toisant de son regard sombre la vampiresse tout de métal vêtue.
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Kedrildan Maralawë
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MessageSujet: Re: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeJeu 5 Sep 2013 - 14:47

La faim poussait chaque être raisonnable vers ses instincts les plus primaires afin de satisfaire en urgence les besoins nécessaires de son porteur. C'était le cas pour ces trois vampires, trop âgés pour être encore des enfants mais pas assez pour réussir à dominer le gouffre qu'était le jeun imposé. Mais il y avait toujours un animal plus dangereux que soi quand la faim submergeait la raison pour basculer dans la folie dévorante et carnassière. Deux de ces imprudents avaient finir par voir leur éternité s'achever d'un coup de dague bien placé mais le troisième en avait profité pour faire un détour salvateur et se presser langoureusement contre leur prisonnier, caressant et palpant son corps avec une avidité non feinte pendant que ses lèvres se pressant presque amoureusement contre sa pommette, une langue gourmande lapant le sang coagulé sur la peau blanche... Il le voulait. Tous les pores de sa peau désirait plier l'elfe sous lui puis de le vider consciencieusement, souillant son être et sa fierté pour nourrir ses propres désirs malsains. Il imaginait déjà le bouquet parfumé de ce liquide des dieux rouler le long de sa gorge alors qu'il le sucerait avec langueur et volupté, absorbant ce nectar jusqu'à la dernière perle carmine. Mais, alors qu'il allait enfin pouvoir assouvir son fantasme et sa soif dévorante, il ne put aller au bout de son envie : une main avait attrapé sa crinière pour l'éjecter menu militari le plus loin possible du blessé qui avait faillit être son repas.

Le moins que l'on pouvait dire c'était que les vampires étaient tenus pour dit de ne plus s'approcher de l'elfe pour en déguster un morceau ou deux. Douée l'armure vivante... Rassuré de voir que au moins l'un d'entre eux avait la situation en main et ne jetant, même pas l'ombre d'un regard aux cadavres sur lesquelles il marcha dans un craquement d'os se brisant net sous le poids, Kedrildan s'avança vers son prisonnier, son regard assombrit par la colère et ses doigts cajolant amoureusement le manche de Plaie qu'il avait retiré dans un chuintement gluant de la gorge de l'un de ses adversaire : il ne méritait aucunement un tel bijou sur lui. Attrapant rapidement une outre d'eau et une foulard de coton blanc, le roux l'imbiba du liquide salvateur et entreprit de nettoyer son visage et sa plaie dans un silence glacial afin que le guérisseur constate de façon net l'étendu des dégâts avant de faire de même pour sa cuisse. L'odeur... Une odeur tellement enivrante, qui vous montait à la tête... Un lourd et sensuel grondement animal roulait dans sa gorge alors qu'il plissa les yeux, massant avec une extrême délicatesse le haut de sa jambe abîmée.

- Je ne vous prendrais pas votre sang Eliowir... Rassurez-vous... J'attendrais que vous me l'offriez en gage « d'amitié » dirons-nous... Après tout, vous êtes peut-être au seigneur Lorenz même si vous protestez vigoureusement, mais vous êtes d'abord à moi.... Mon cher prisonnier... Lui souffla-t-il dans le creux de l'oreille avec une sensualité gourmande, un sourire amusé aux lèvres alors qu'il recula pour faire de la place au guérisseur maugréant contre ses vampires qui ne se tenaient pas correctement.

Seulement, pas un seul mot de ses propos n'avait été un mensonge. Oh il ne fallait pas se tromper hein : en aucune façon il ne voulait faire souffrir le mangeur de salade mais lui aussi avait faim, vraiment très faim même, et on pouvait remercier son âge pour le contrôle exemplaire de sa soif dévorante. Mais l'image de l'elfe remplissant un verre de cristal en-dessous de son poignet ruisselant de sang le faisait bouillir et gémir en silence... S'il ne faisait que laper amoureusement sa cuisse, son prisonnier ne craindrait rien après tout n'est-ce pas ? Mais, avant même d'aller jusqu'au bout de son désir, les plaies furent soigner au maximum possible avant d'être bandées et recouvertes avec soin, les dissimulant au regard avide du dragonnier.

Bon bah tant pis, une prochaine fois alors... Un vrai gosse ce rouquin, non ?

Affichant tout de même une moue déçue, Kedrildan s'accroupit et chassa son air de bête affamé, reprenant leur badinage comme si rien venait de se passer tout en l'aidant à se rasseoir tranquillement, le fixant avec curiosité à demi avachit contre l'arbre : heureusement que ce dernier était là parce qu'il semblait désirer faire corps avec son lit de mousse, était-ce si confortable que cela ? Sûrement. N'empêche, même soigné, il paraissait éreinté... Tiens, peut-être avait-il faim et soif ? Attrapant sa besace sans fond accrochée à sa ceinture, il fouilla dedans en sifflotant un air sans vraiment de nom avant de sortir triomphalement son outre d'eau et de glisser l'embout entre ses lèvres fendues pour faire couler l'eau avec précaution : faut nourrir la fougère et pas la noyer ! Quand il jugea qu'il avait assez bu, il donna le reste de l'eau à sa monture qui le fixait partager ses vivres avec réprobation et lui sécha les membres avant de lui donner un peu de fourrage pour qu'il reprenne des forces : n'empêche, il était content que tous puisse se reposer et surtout son compagnon, il avait tout de même vu deux montures mourir sous leurs cavaliers pendant la fuite et ne souhaitait aucunement que cela arrive au sien. Une fois fait, il s'agenouilla de nouveau devant son prisonnier et glissa gentiment une main sous son menton pour l'inviter à le regarder, penchant la tête en lui offrant un sourire qu'il espérait gentil même si ses crocs étaient en partit dévoilé.

- Je me doute bien que vous rêver de dormir Eliowir mais il faut que vous mangiez un morceau. Comme je suis sûr que vous ne buvez pas de sang et que vous ne vous nourrissez pas de viande au vu de votre réputation de mangeurs de salades, on va aller tous les deux voir s'il y a quelque chose qui vous plairait dans ce bosquet, le prévint-il gentiment avant d'enrouler ses bras autour de lui et de le soulever pour aller fouiller dans les buissons en quête de feuilles, de racines, de branche, d'écorce ou même de fruit ou légume, Kedrildan n'avait aucune idée ce qu'un elfe pouvait bien manger pour ce sustenter ; mais en tout cas, il ne le lâcha pas, déambulant en lui laissant le soin de regarder et décider : ce serait vraiment dommage s'il laissait la fougère non ?
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MessageSujet: Re: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeMar 10 Sep 2013 - 12:10

Intervention du Dracos

Un bruit vint, une vampire s'éteint. Ou presque pourrait-on dire. Alors qu'un vampire se jetait sur Althaïa, n'attendant que le bon moment pour cela, une faille s'ouvrit dans le sol et les deux adversaires tombèrent dedans sous les yeux ébahit mais non pas attristés du reste de la troupe, la mante s'effondra proprement au fond d'un trou. Que faisait-il là ce trou ? Absolument aucune idée, mais il était profond et trop abrupte pour que l'on puisse escalader jusqu'à son embouchure. Fichtre, celui qui l'avait mit là était un sacré génie... n'importe qui aurait put y tomber sans le savoir ! Mais pour le coup, l'assemblée des soldats vampiriques trouvaient quelques bienfait à ce revirement soudain et ô combien dérisoire. Une humeur aussi joyeuse que mauvaise s'échangea, dans le scintillement de leurs yeux alors qu'ils se rapprochaient du trou.
Pourtant, alors que leurs viles satisfactions se faisait pleutrement sentir à l'abri du regard de la femme en boite, une autre exclamation vint.
« Des cavaliers ! Là au delà de la colline ! »
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MessageSujet: Re: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeSam 28 Sep 2013 - 16:56

Althaïa posa doucement son pied sur l'herbe et fit lentement volte-face sur les talons. Elle planta son regard blanc dans celui, furieux, de l'elfe, qui tremblait presque sous l'indignation. À moins que ce ne fut sous l'effort prodigieux qu'il fit pour se hisser au dessus-du sol, le menton relevé en une position des plus inconfortables. Si son être brisé n'entendait rien aux sentiments qui agitait cette âme rebelle, elle appréhendait très bien le fonctionnement qui le sous-tendait. Combien de ses victimes d'autrefois avaient en leur temps adopté un comportement similaire ? Comme si leur fierté pouvait se résumer à une action aussi dérisoire que risible. Si ce n'était que cela, alors, aucun intérêt. C'est certainement ce que s'apprêtait à conclure le mécanisme mental quand l'éclat du regard brûlant du prisonnier vira l'espace d'un instant. Derrière l'arrogance flamboyante qu'il érigeait en bouclier, Althaïa perçut la souffrance. Contenue à grand peine, jugulée avec une détermination farouche. Cette découverte lui fit hausser un sourcil. Tiens donc ? Du courage ? C'était donc la définition que l'on en faisait ? Intéressant.
Elle pencha légèrement la tête à gauche, laissa glisser un doigt songeur sur l'arrête saillante de la mâchoire métallique, avant de se détourner nonchalement. Déjà, le dragonnier s'était avancé à son chevet pour lui rappeler qu'il n'était pas en état de jouer les chevaliers au grand cœur. Une bonne chose pour sa survie, certainement.
Althaïa continua son chemin vers les montures sur quelques mètres. Quand soudain, son regard enregistra un mouvement vif sur sa droite dans les rangs vampiriques. Son instinct s'éveilla, décelant un changement radical dans l'atmosphère. La seconde qui suivit confirma l'anticipation quand un soldat, armé d'une courte épée ondulée et d'une dague, bondit sur elle tous crocs dehors, sous le regard interloqué de ses compagnons d'armes. Le peu de temps qu'il lui fallut pour parcourir la distance qui les séparait avait suffi à Althaïa pour calculer sa position. L'esprit de la mante se dressa à nouveau depuis les confins de son âme, ouvrant les portes du combat. Car il n'y avait plus aucun doute sur les intensions hasardeuses du fantassin qui se jetait sur elle comme il l'aurait fait sur une vulgaire proie.

Sa mort aurait plausiblement été bien plus courte et bien moins douloureuse si la Dame n'avait pu achever sa prise et lui briser proprement les cervicales. Mais il se déroula alors un événement qui, à bien des égards, parut totalement incongru et sans cohérence aucune.
En prenant en compte l'activité sismique armandéenne et la configuration géographique du lieu dans lequel ils se trouvaient séant, qui aurait pu croire qu'un tremblement de terre se produirait précisément à cet instant ? Et pourtant. Il y eut bel et bien un séisme. Très court, très bref, mais si puissant qu'il ouvrit le sol sous leurs pieds, faisant apparaître une faille de plusieurs mètres de long dans la plaine.
L'équation du combat vola en éclat alors qu'Althaïa sentait soudain la gravité la saisir comme une poigne irrépressible et la tirer vers les abysses obscurs. Elle vit son assaillant continuer sa course par dessus son épaule sans que rien ne le retienne. Ces quelques secondes de perplexité suffirent à les voir tomber de plusieurs mètres, l'assemblée vampirique et le paysage disparaissant soudain pour laisser place à une paroie rocheuse abrupte et torturée.
Passée l'hésitation, son instinct de conservation reprit le dessus, et tout son être se concentra sur le but immédiat : trouver un point de chute. Althaïa se renversa d'un tour de reins, écartant bras et jambes pour se stabiliser. Une vingtaine de mètres plus bas, elle avisa une saillie large d'un pied à peine.
Ses membres se refermèrent, la vampire se ramassa sur elle-même, puis, d'un geste vif et puissant, bascula en arrière, déployant d'un coup sec les jambes vers le bas. L'onde fit craquer le roc sous le choc. D'un geste vif, elle s'agrippa au mur qui se présentait devant elle et s'immobilisa au-dessus du vide.
Quelques instants plus tard, suivirent un bruit sourd accompagné de grognements. Son regard glissa vers les fonds invisibles et accorcha un éclat loin en dessous. Le vampire s'était brisé les os sur ce qui ressemblait à un promontoire, la faille s'élargissant encore dans les profondeurs armandéennes. Althaïa prit le temps de contempler la roche qui se trouvait sous ses yeux. Les siècles passés aux confins des abysse lui revinrent en mémoire, toutes ces sensations si particulières qui avaient été son quotidien en ce temps béni ou rien n'importait plus que l'étude et le travail acharné. La Dame fut projeté de nouveau dans le présent par un lointain vacarme au-dessus de leurs têtes. Des cris lancés, des cavalcades dont l'écho rebondissait dans le puits sans fond.
Althaïa s'en détourna avec une interrogation agacée : comment un tel prodige était possible ? Une faille ouverte en quelques secondes, juste sous leurs pieds, sans même déformer la trame magique ? Aucun mage en présence, aussi puissant soit-il, n'avait un tel pouvoir. Un phénomène naturel ? La Dame ne s'accordait pas une telle naïveté. Alors ?
Les solutions les plus accadabrantesques ne faisaient que soulever plus d'interrogation encore. Les flots de son esprits s'agitèrent. L'idée lui vint que, si le gouffre s'était ouvert instantannément, il pouvait fort bien se refermer tout aussi vite. La réflexion lui tirait un rictus lorsque son infortuné partenaire d'escalade se rappela à son bon souvenir.
Il était donc encore en vie ? Plus pour longtemps.

La Dame en armure se sépara de son perchoir d'un bond vif et se laissa tomber, non sans avoir préalablement calculé son point de chute. De même elle frappa violement le sol pour contrer l'onde qui remontait en vague le long de sa colonne vertébrale. Elle se déplia sans trop de mal après un vol de plus de vingt mètres. Un petit courant magique parcouru son corps depuis le médaillon caché jusqu'à son oreille interne pour lui en rendre l'usage. L'équilibre retrouvé, Althaïa contempla la scène : le vampire, à plat ventre, avait replié un bras à l'angle bizarre contre lui, gémissait doucement en tentant de ramper jusqu'à son arme qui gisait au bord du précipe. Au son de l'atterrissage fracassant d'Althaïa, le soldat s'était recroquevillé, les dents serrées.

Elle l'avait reconnu : un petit vampire bien bâti toujours en binôme avec le supplicié. Leurs lien était évident, et il expliquait certainement son geste. Si Althaïa avait été à même d'appréhender ce sentiment qu'était l'amitié... Mais, avec des si, on referait le monde.

Le premier geste de la Dame fut d'envoyer d'un revers du pied la lame ondulée dans les grands fonds. Puis, sans plus de cérémonie, elle s'approcha de lui d'un pas décidé.
Le soldat avait suivi son geste sans mot dire. Mais lorsqu'elle se tourna vers lui, ses seuls yeux blancs brillants dans l'obscurité, il montra les crocs et tenta désespérément de se redresser sur ses jambes brisées.
« Vous le saviez ! Hurla-t-il, vous saviez que ça allait arriver ! Et vous n'avait rien fait ! Nous mourrions tous de soif et les anciens... ha, ils s'en fichent. »
Althaïa s'immobilisa à deux mètres de lui, le toisa de son regard vide.
« Qu'est-ce que ça coûtait, feula le vampire, quelques gouttes, quelques misérables gouttes... Et vous l'avez châtié... Pourquoi ? Il avait soif... nous... allions mourir ! Du sang d'elfe... »
Ses paroles se délitaient, il déployait toutes ses forces pour juguler sa douleur et rester conscient. La conseillère n'avait pas bougé.
« C'est mon ami. Mon seul... vous ne pouvez pas... non, je ne vous laisserais pas... »
La pointe de son ongle vint toquer contre l'armure.
« J'ai toujours servi avec honneur ! Je ne mérite pas de... »

La fin de sa phrase fut avalée corps et bien quand une poigne d'acier le souleva de terre pour le plaquer sans ménagement contre la roche.
La vampire masquée approcha son visage du sien jusqu'à l'engloutir dans l'éclat blafard de ses yeux adamantins. Son totem jubilait alors que sa magie serpentait le long du corps de l'être de la nuit qui luttait gaillardement contre le mur qui l'écrasait. L'esprit mécanique analysait la situation calmement, laissant le soin au pouvoir de la mante d'insuffler cette haine glaciale qui accompagnait toujours une telle mise à mort. Ce voyage prenait décidément une bien étrange tournure, et certainement n'était ce que le début. Le sang n'avait certes pas fini de couler. Mais du moins pourrait-elle retirer un avantage de cette situation.

Le mortel étau se referma d'un coup sec sur la gorge, faisant craquer les lanières de cuir qui la recouvraient. Un borborygme inintelligible s'échappa de la bouche de la victime qui se débattait de son seul membre valide. Oh, il ne se laisserait pas faire. Après tout, c'est ce que l'on enseignait à tous les soldats vampiriques, la victoire ou la mort, définitive. Et celui-ci n'avait pas intégrer la délégation pour ses seuls beaux yeux. Althaïa referma encore un peu sa prise, jaugeant avec attention la pression qui s'exerçaient sur la nuque du mort-vivant. Qu'il montre donc de quoi il était capable, elle n'en attendait pas moins.
Loin, vers la surface, le tonnerre d'une cavalcade. Un hennissement furieux détourna une seconde l'attention d'Althaïa. Tiahanloth s'était libérée pour rejoindre la faille où sa maîtresse avait disparu une minute plus tôt.
Le soldat réussit à passer sa main sur la sienne.
La Dame reposa son regard sur lui, et, appuyant lourdement sur chaque syllabe, lui parla en ces termes :
"Il est un temps pour chaque chose en ce monde. J'en suis profondément convaincue. Mais les mécanismes obscurs qui sous-tendent à son équilibre n'influent en rien sur le libre-arbitre de chacun. Ainsi, votre geste était-il parfaitement conscient et maîtrisé."
La glace de sa voix se faisait plus dense, et elle laissa remonter en elle l'idée selon laquelle cet être, lui, son semblable, avait voulu sa mort. C'était ici sa première et dernière erreur.

« Vous me pensez obtuse, aveugle ou même stupide ? Peut-être est-ce le cas, si c'est ainsi que votre... esprit – si tant est que l'on puisse en parler en ces termes – le conçoit. Il est de votre ressort de vous imaginer bien des choses sur ce que vous ignorez. Quand bien même, je suis ici dans un seul but : celui de faire triompher notre cause aux négociations qui vont avoir lieu. Devrais-je faire grand cas de ceux qui, par leur incapacité à se maîtriser, nous retardent, et mettent en péril notre autorité ? Cela ne se peut. Et cela ne sera pas. Peu me chaut que votre loyauté ait été grande, si à l'instant où nous parlons, elle a été sciemment bafouée. »
Lentement, elle enfonça les lames dans la chair froide, jusqu'à rencontrer une vertèbre. Le vampire grogna, les dents serrées.
« Il fut un temps – la lame se glissa entre deux disques – où nombre de mes semblables voulurent m'évincer d'une place si chèrement acquise. Pourquoi ? Ah, la question fatidique. Aimait-il à ce point la violence ? Certains peut-être. Mais la majorité pensait juste – le fil pivota doucement – que j'étais... incompétente. Après tout, qu'est-ce qu'un mage forgeron peut apporter à la politique d'un royaume ? »

Le ton détaché de sa voix prenait presque une pointe doucereuse. La pression magique des défenses du soldat avaient décru de façon progressive. Bientôt, il ne subsisterait en lui qu'une peur obsédante, celle de voir ses pauvres os se déboiter comme deux vulgaires pièces de bois encastrées. Mais quel espoir lui restait-il ? Il ne remonterait pas.
Son regard avait avalé tout le reste. Il la fixait, hagard, tendu tel la corde de l'arc bandé, attendant indéfiniment que vienne le dernier instant.
«Un par un, je les ai détrompé. Année après année, j'ai saisi la beauté des rouages qui animait le pouvoir et ses tenants, aujourd'hui, il y a une possibilité, énorme, que notre peuple redevienne la légende qu'il était jadis. La possibilité pour qu'enfin, notre travail à tous, aboutisse. »
La tête du vampire bascula en arrière contrainte. Un bruit métallique. En désespoir de cause, il tenta de se jeter sur le côté, ce qui ne fit que lui déboîter davantage l'épaule.
« Pensiez-vous pouvoir m'abattre comme une vulgaire proie soldat ? C'est un pari audacieux. Et d'un irrespect écœurant. Sans parler du geste le plus idiot de votre non-vie. Surtout lorsque l'on sait... que j'ai un penchant pour... »

Ce penchant, oui, était autant source de malheur que de réjouissance pour un être damné parmi les damnés. Le silence complice et la terre immuable gardèrent pour eux la fin de cette entrevue macabre, à l'abri des regards du monde.

Alors que les flammes couraient sur la cime des arbres, un éclat argenté apparut sur le rebord de la faille. Lentement, avec une infinie attention, Althaïa Actaaë émergea, contre toute attente, de ce qui aurait pu être son tombeau. Pour autant, rien ne laissait penser qu'elle venait d'essuyer une ascension d'une bonne centaines de mètres.
Ses réserves d'énergies bien entamées, mais sa peau de métal intacte, elle se fit léviter jusqu'à hauteur du sol armandéen, et retomba dans un bruit mat. Suivi un ronflement sourd et quatre pas lourds. La jument noire dressa les oreilles, intriguées par ce jeu bizarre dont elle n'avait pas l'habitude. Althaïa passa sa main sur le museau sombre.
« Allons, ne tardons pas trop. Il se pourrait que nous soyons en retard. Ne faisons pas attendre »
Jetant un rapide coup d'œil en arrière, elle fit tourner un petit objet dans sa main, avant de le glisser rapidement dans la première sacoche de la selle.
Dans une tornade de poussière et d'herbes, Tiahanloth démarra au quart de tour pour rejoindre le groupe rassemblé, passant au grand galop au milieu du rang vampirique sans crier gare. Sa disparition avait du délier bien des langues. Mais qu'en avait-elle à faire ? Ils ne changeraient jamais. Elle s'occuperait en temps voulu du rescapé, histoire de lui soutirer quelques... précisions. Son attention se reportait sur l'horizon lorsque une douce odeur lui fit légèrement tourner la tête. L'elfe. Celui-là, elle l'avait presque oublié... Presque.
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: Quand Néant vous court après [Terminé] Quand Néant vous court après [Terminé] Icon_minitimeDim 6 Oct 2013 - 19:07

Eliowir se sentait tremblant et bien misérable. Il pouvait encore sentir les mains du vampire sur lui, son poids sur lui menaçant de l'étouffer, il pouvait sentir sa langue léchant le sang sur son visage... Il pouvait... Il revoyait encore ces rapides secondes comme s'étirant en longueur dans son esprit, se répétant encore, et encore, et encore... lui donnant la nausée et une envie de rugir de frustration et de dégoût mêlés. Il sursauta presque quand le roux qui semblait chargé de lui entreprit de laver ses plaies. Il ne put réprimer un frémissement d'appréhension quand un grognement sourd monta entre eux, tel un animal soudain affamé devant sa proie blessée. Ce qui au final était exactement ca, pensa Eliowir en son for intérieur. Il se garda bien de prononcer ces pensées à haute voix, mais le vampire avait visiblement aisément lu dans ses yeux, vu ce qu'il lui répondit doucement.

Gage d'amitié... Prisonnier... Comment donc pouvait-on concevoir qu'un prisonnier puisse donner un quelconque gage d'amitié à son geôlier ? Comment pouvait-on oser ainsi concilier dans une même phrase, une même pensée, ces deux mots censés être antinomiques ? Ces vampires ne semblaient douter de rien. Vraiment de rien. Toutefois...

Toutefois Eliowir devait aussi avouer de curieux sentiments envers ce geôlier là. Après tout, même s'il obéissait aux ordres de son prince, le vampire avait été... doux, délicat, attentionné. Il ne s'était pas contenté de remplir son devoir, à savoir veiller sur le prisonnier pour que personne ne vole son précieux sang, mais il s'était aussi montré réellement attentionné, attentif à l'état de l'elfe, et ses gestes étaient... doux, presque... gentils. Gentil n'était pourtant pas un mot approprié aux vampires, pas même à celui-là qui venait de lui montrer de quoi il était capable envers ses paires, en les tuant sans l'once d'un remords, sans même une once d'hésitation, et surtout avec un plaisir presque sadique. Non, pas gentil. Et pourtant... ces gestes, si attentifs à ne pas lui faire mal, cette voix si... sensuelle... caressante... étourdissante même. Une voix qui vibrait jusqu'aux tréfonds de l'âme de l'elfe, alors encore passablement sonné par ce qui venait d'arriver. En cet instant, Eliowir comprenait un peu mieux l'attirance si étrange que décrivaient certains êtres, souvent humains, envers les créatures de la nuit. Oui, les vampires étaient envoutants, attirants, à leur manière, même si manières barbares. Et cette simple constatation, qui piétinait à elle seule quelques convictions si profondes de l'elfe, menaça de faire rendre trippes et boyaux à Eliowir.

Cependant, il se laissa faire. Le soi-disant soigneur tenait plus du charlatan tout juste formé que du véritable guérisseur, mais Eliowir se garda bien de critiquer quoique ce soit. Si sa propre magie n'avait pas été ainsi anéantie, sans doute aurait-il pu se soigner, et quand bien même il n'était pas le plus doué des elfes dans les sorts de soins, sans doute aurait-il fait bien mieux que ce mécréant de vampire. Mais c'était toujours mieux que rien, il préféra donc ne pas aggraver son cas et sa position précaire par des paroles mal avisées. Il ne s'attendait toutefois pas à ce que les soins prodigués aillent jusqu'à lui offrir à boire. La sensation du précieux liquide sur ses lèvres sèches, puis dans sa gorge nouée, était à elle seule une bénédiction des esprits, et intérieurement il remercia Dracos de lui offrir encore ce précieux don. Soif. Oui, lui aussi avait soif et ne l'avait pas autant ressentie qu'une fois apaisée.

- Merci, chuchota-t-il enfin à l'intention du vampire roux.

Ce n'était presque qu'un murmure à peine audible. Mais qu'importe que l'autre ait entendu ou non, il se sentait incapable de plus.

Il serait bien resté ainsi, à attendre le nouveau départ, mais visiblement son gardien en avait décidé autrement. Eliowir retint avec peine un nouveau frisson quand la main ferme de son geôlier lui prit le menton et le força, à gestes doux toutefois, à relever la tête, leur regard se croisant alors. Qu'était-ce donc que cette grimace ? Un sourire ? Une menace ? Un mélange des deux ? Les crocs luisants qui dépassaient des lèvres ne l'engageaient guère à répondre à son tour, mais l'elfe se crut obligé de rendre un léger sourire à son interlocuteur. Ce n'était assurément pas le moment de vexer l'autre, n'est-ce pas ?

Oui il avait envie de dormir, plutôt que de manger. Mais encore une fois, on ne lui laissa pas le choix. Exténué, las, incapable de protester en quoique ce soit en cet instant, il se laissa donc faire quand on le releva. Ou plutôt qu'on le souleva. Il sentait ses forces réellement l'abandonner et s'appuya de tout son poids contre le vampire qui le maintenait debout. Cela ne semblait toutefois nullement gêner ledit vampire. Ils ne firent guère plus qu'une vingtaine de pas, qu'un bruit fracassant retentit derrière eux. Une faille. Une faille venait de s'ouvrir au milieu du campement improvisé, et venait d'engloutir la vampiresse en cuirasses de fer.

Eliowir retint un cri de stupeur et la seule manifestation de sa surprise et de son effroi fut sa crispation soudaine dans les bras de son gardien. Et sans doute, mais il n'en eut aucunement conscience à ce moment-là, son rythme cardiaque qui s'accéléra prenant une saccade effrénée. Il s'attendait à ce que le groupe de vampires s'empressent de porter aide aux deux engouffrés. Mais...

Mais rien de tout cela. Certes, la curiosité les poussa, avec précaution, à jeter un regard par dessus bord, mais cela s'arrêta là. Une joie malsaine montait du groupe, les sourires se formaient, cyniques, sur les lèvres carnassières tandis que leurs regards se montraient presque avides. Avides de quoi ? L'elfe redoutait d'en avoir la réponse. Avides de mort, avides de sang... Les vampires étaient-ils donc bel et bien des bêtes sanguinaires qui étaient même capables de s'entredéchirer entre eux et de s'entretuer à la moindre occasion ? Visiblement, cela en avait tout l'air. Il en avait eu un rapide aperçu déjà lors de l'attaque des trois vampires. Et s'il avait cru alors qu'il ne s'était agi que de correction dans une armée militaire particulièrement dure et cruelle, il eut à cet instant la conviction qu'en réalité, la cruauté et cet esprit de tuerie semblaient l'essence même de ces soldats. De ces vampires. Il l'avait déjà pressenti quand il les avait combattu sur les champs de bataille, mais le voir, entre eux, au sein même de leur propre armée, était une tout autre chose. Ils étaient entre eux tels qu'ils étaient également avec leurs ennemis. Des bêtes de combat, des bêtes assoiffées de sang, de mort, des bêtes sauvages. Non, pire même... Des bêtes sauvages avaient au moins encore un certain instinct de la famille... Mais les vampires... pires que des bêtes sauvages.

Ses sombres considérations prirent rapidement fin quand un cri les tira tous de leur contemplation. Des cavaliers. Les armées alayennes avaient rattrapé leur retard et déjà se montraient sur une colline au loin. Pas si loin que ca. Proche mine de rien. Bien trop proche au goût de l'elfe. Et sans même qu'une parole ne soit échangée, il sentit son gardien faire demi-tour, le monter sur la selle de sa monture, avant de prendre place derrière lui... et de partir au galop avec le reste de la troupe.

- Et votre... ? s'enquit rapidement l'elfe, en se retournant vers Kedrildan d'un œil interrogateur.

Il n'eut pas besoin de finir sa question ni de réponse, les mots mourant sur ses lèvres rapidement, au regard que lui offrit Kedrildan. La vampiresse en armure n'avait qu'à se débrouiller seule. Ou périr. Ainsi voilà donc les légendaires lois vampiriques : chacun pour soi et Dracos pour tous. Si tant est que le Dracos darde son regard sur ces créatures d'outre-monde... L'elfe se tut donc, et lança un rapide regard vers la crevasse, une onde d'étrange culpabilité l'étreignant. Il détestait laisser des "alliés" en arrière, dans une situation si désespérée. Et oui, il se sentait coupable. Coupable, car il ne prononça aucun mot pour tenter de persuader son gardien ou les autres vampires. Il ne s'en sentait ni la force... ni le courage. Il voulait fuir loin de ces alayens de malheur. Et si on lui demandait son avis, sans doute aurait-il voulu fuir loin de ces vampires de malheur. A son grand désarroi toutefois, il devrait encore faire du chemin avec eux...

Et avec la vampiresse tout d'armure, constata-t-il alors qu'il la vit de nouveau chevaucher à leurs côtés. Ainsi donc elle avait réussi à s'extirper de sa crevasse... Voilà qui était intéressant. Il l'observa un instant, avant que finalement la course effrénée qui était la leur ne lui redemande toute son attention pour ne pas bêtement tomber de selle. Quand bien même une poigne ferme le maintenait férocement et presque avidement contre le torse de son gardien.

Combien de temps dura la course ? Une minute ? Une heure ? Une journée ? Eliowir n'aurait su dire. Quand ils arrivèrent enfin sous le couvert des arbres de la forêt elfique, dont certains au loin étaient embrasés par des feux alayens, l'elfe oscillait entre conscience et inconscience, tendrement bercé par la voix encourageante de Kedrildan qui susurrait à son oreille des mots ineptes n'ayant aucun sens pour lui, mais qui lui faisait maintenir une prise, bien maigre, mais assez forte, avec le temps présent et le réel.

Réel...

Réel qui le rattrapa rapidement quand leur troupe vampirique rejoignit enfin son prince, Lorenz Wintel. Wintel. Voilà bien un nom qu'il aurait aimé oublier, songea-t-il, alors que déjà ils se retrouvaient presque acculés. Et qu'il se vit contraint de les guider, autant que faire se pouvait, pour éviter les flammes et semer autant que possible leurs poursuivants. Direction le royaume baptistral....


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